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Manifeste d'une

République
Alternative !

Manuscrit – Janvier 2019

Stratégie libertaire pour


survivre à l'effondrement
Andéol Lê Quan Phong − andeol.lequanphong@sciencespo.fr
59 rue Sadi Carnot 93170 Bagnolet

1
Introduction
Ce monde se fracasse et nous prive d'avenir. Le chaos climatique gronde
tandis que les États autoritaires progressent. Les inégalités économiques se
renforcent largement. D'autre part, le déclin régulier de l'énergie fossile
condamne notre civilisation pétrolière à l'effondrement. Nous n'avons pas
choisi de naître au bord de ce chaos, pas plus que nos parents. Les décisions
politiques et économiques importantes sont confisquées par une petite élite
d'humains – qui se trouvent aujourd'hui fort embarrassés. Eux-mêmes se
trouvent ici grâce des institutions injustes, dont ils profitent pour le moment.

Ce texte est un manifeste. Il s'appuie sur la connaissance de l'histoire et


sur les expériences pratiques ; il propose des changements institutionnels à
réaliser pour survivre tous ensemble au désastre. Ces changements impliquent
une forte entraide, une réorganisation du pouvoir commun, et une
participation directe des citoyens.

Les actions qui peuvent nous sauver seront celles qui construiront des
mondes plus justes. Tel le Conseil National de la Résistance écrivant sous
l'occupation le programme des « jours heureux », nous avons besoin
d'imaginer un avenir désirable, et de lutter pour celui-ci. Nous avons besoin
d'une République Alternative ; d'une économie, d'une société nouvelle. Ces
idées doivent nourrir les luttes et faire corps avec elles. Car les insurrections
échouent parfois, de n'avoir pas su accoucher d'autre chose que d'une nouvelle
tyrannie.

Le premier chapitre de cet essai est un bref survol de l'histoire de notre


civilisation, expliquant comment nous en sommes arrivés là. Plus théorique, le
deuxième chapitre est une analyse philosophique des rapports de pouvoir dans
un groupe. Le troisième chapitre explique pourquoi nous allons devoir faire
face à un effondrement systémique, et propose des pistes d'actions pour y
survivre ensemble. Le quatrième chapitre énonce des propositions
démocratiques radicales. Le cinquième chapitre propose un changement
profond du fonctionnement de l'économie. Le sixième chapitre explore
quelques questions de société. Enfin, le septième chapitre est un exemple de
Constitution Alternative.

2
Sommaire
Introduction 2

Perspective Historique 5

Philosophie de l'agir collectif 11

Écologie, Industrie, Énergie 17

Politique 27

Économie 40

Société et convivialité 49

une Constitution Alternative 53

Conclusion 113

Sources 114

Remerciements 117

3
Comment
en sommes nous
arrivés
« là » ?
les
chemins des
puissants ont

tracés nos
impasses.

4
Perspective Historique
La lutte pour le pouvoir politique traverse toute l'histoire humaine. Les
civilisations se sont construites sur la production d'inégalités, matérielles et
politiques, dont elles ont été, par les guerres et les catastrophes écologiques,
les premières victimes. Puisque notre objectif est la construction d'une
civilisation conviviale, nous allons faire un bref détour par une petite histoire
critique de notre civilisation.

Petite histoire politique de la civilisation globale

Préhistoire et révolution néolithique

Les populations de chasseurs-cueilleurs nomades ne peuvent pas


véritablement accumuler de capital, ni revendiquer un territoire exclusif. Les
inégalités sont très réduites. Les ethnologues observent que le le chef est
souvent un porte-parole dénué de toute autorité – c'est le paradigme observé
chez notamment des Indiens d'Amazonie par Pierre Clastres. Le passage, pour
une partie de l'humanité, de la vie nomade à la vie sédentaire et de la chasse et
cueillette à l'agriculture s'est produit progressivement, entre il y a – 10 000
ans et jusqu'au 19e siècle pour certaines populations. Cette « révolution
néolithique » a permis un accroissement de la population. De plus la
sédentarisation sur un territoire donné et l'apparition du stockage a fait naître
des enjeux politiques plus étendus : la répartition des terres, des stocks et des
rôles sociaux. L'invention de l’agriculture a entraîné l’apparition des inégalités
politiques et sociales.

Une « loi d'airain de l'oligarchie » ?

Dans un groupe donné, l'acquisition et la communication de


l'information et des biens a un coût. Le hasard fait donc qu'il y a toujours un
sous-groupe en capacité de maîtriser plus d’informations et de ressources que
les autres. Ce sous-groupe va rapidement être plus efficace et va prévaloir
dans les décisions de l'ensemble du groupe, jusqu'à devenir souvent une élite
dirigeante. C'est la « loi d'airain de l'oligarchie ». C'est un phénomène
systématique si l'on ne tente pas de l'empêcher. Ainsi, un groupe plus grand,
dans lequel des ressources peuvent se concentrer, et dans lequel la

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communication de l'information à un certain coût, va générer des inégalités.
Ces inégalités vont finir par être une menace pour le groupe, le menaçant de
désintégration, de surconsommation, de guerres, etc.
Il est donc nécessaire, dès que la population est importante, de mettre en
place des règles et des institutions pour garantir l'égalité, la liberté et la
convivialité. C'est l'objectif même de ce manifeste. Ces institutions, si elles
sont justes, évitent la concentration du pouvoir politique et économique. Mais
des institutions injustes, mises en place pour et par les puissants, vont au
contraire renforcer leur pouvoir.

Antiquité et Moyen-Âge européen

Bien sûr, les élites arrivées au pouvoir avec l'apparition des grandes
civilisations ont tout fait pour maintenir leur pouvoir, par des justifications
religieuses notamment. On observe dans l'Antiquité et au Moyen-Âge des
sociétés organisées en trois fonctions. La fonction sacerdotale, celle des
religieux, des nobles et des chefs politiques, qui dominent toute la pyramide
sociale - ils considèrent leurs naissances comme sacrées. La fonction guerrière
des soldats, aux ordres des précédents. Et la fonction productive des paysans et
des petits artisans.
À ces catégories s'ajoutent des élites favorisées, qui possèdent beaucoup
de richesses : c'est la bourgeoisie. L'élite au pouvoir a voulu s'assurer un niveau
de vie luxueux et ostentatoire. En l'absence d'énergie mécanique abondante,
elle instaura l'esclavage dans l'antiquité, puis le servage, du Moyen-Âge
jusqu'au 19e siècle. La lutte entre des paysans exploités et des propriétaires des
terres agricoles traverse toute l'histoire et toute la géographie occidentale.
La bourgeoisie s'est enrichit peu à peu au fil des évolutions techniques.
Elle renverse la noblesse et instaure un nouveau système d'accaparement des
richesses : l'extension de la propriété privée des moyens de production. Le
capitalisme moderne apparaît ainsi en Angleterre au XVIIe siècle, lorsque par
le mouvement des enclosures, de grands propriétaires s'emparent de toutes les
terres jusque là communes aux paysans. Peu après, les paysans chassés de
leurs terres sont contraints de travailler dans des ateliers et puis dans des
usines possédées par quelques-uns. Le capitalisme moderne naît, il y a près de
250 ans.

Les Révolutions libérales du XIXe siècle

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Influencés par les idées des Lumières, les bourgeois des révolutions
américaines et françaises ont voulu se débarrasser du pouvoir du roi et de la
noblesse pour assurer le leur propre. L'idée n'était bien sûr pas de donner le
pouvoir au peuple ! Mais de le réserver à une élite riche et éclairée, parlant au
nom de la « Nation ». C'est pourquoi on parle de la « Nation » imaginaire
plutôt que de la « population » ou des « gens », le peuple réel.

Le 7 septembre 1789, l'abbé Sieyès , déclarait : « Les citoyens qui se


nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes
la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des
volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État
démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une
démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut
agir que par ses représentants. ».

Ainsi commençait l'ère des régimes oligarchiques bourgeois, plus ou


moins soutenus par des élections. Celle-ci furent d'abord censitaire – réservés
aux plus riches - puis universelles. Elles furent tout le temps le moyen pour
une classe politique formée de se maintenir au pouvoir. En somme, les États
modernes sont des royaumes dont on a simplement remplacés le roi par un
groupe un tout petit peu plus grand de monarques.
Au cours du 19e siècle, les États cessèrent de se justifier par le droit divin
pour revendiquer la légitimité « populaire » ou « nationale ». C'est la grande
ère des États-nations, du nationalisme, de la colonisation et des guerres de
rivalités. Le service militaire obligatoire prépare les guerres totales du XXe
siècle. Les États, suivant l'exemple de la dictature de Napoléon Ier, se
modernisent. Ils se centralisent, construisent une administration verticale et
efficace. Le contrôle sur les populations s’accroît, avec le soin d'éviter les
révoltes populaires. L'État moderne occidental naît, et avec lui la possibilité
des totalitarismes du XXe siècle.

Le Capitalocène

Pendant ce temps, du XVIIIe siècle au XXe siècle, la révolution


industrielle eut lieu. Elle permis des progrès matériels et scientifiques uniques
dans l'histoire de l'humanité, ainsi qu'une forte croissance de la population.
Cette modernité s'est construite sur les énergies fossiles – le charbon, puis le
pétrole. Elle a permis l'émergence d'inégalités économiques et politiques très

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fortes. La principale force géologiques devint l'influence de l'homme. Non pas
celle de l'ensemble des humains, mais d'une petite minorité de dirigeants et de
propriétaire des moyens de production. C'est l'ère du Capitalocène, des rejets
massifs de gaz à effet de serre, et de la Sixième Extinction de Masse des
espèces vivantes.

Après les guerres mondiales, apogée de la puissance des États et


massacre sans nom de populations civiles, le monde entra dans un nouveau
cycle. Les trente glorieuses, de 1948 à 1971, période de croissance forte, de
réduction des inégalités, d'expansion de l'American Way of life et de la société
de consommation. Le premier choc pétrolier, en 1973, mis fin à cette période.
Des années 1970 aux années 2020, l'occident connu une croissance plus
lente, et de violentes crises financières. La production de pétrole
conventionnel atteint un pic discret en 2005, masqué par l'illusion du pétrole
de schiste américain. À la crise de 2008, conséquence de l'augmentation des
inégalités et de la spéculation financière, succède l'apogée finale des années
2010-2020. Il était, dès les années 1970, prévisible que le chaos du
réchauffement climatique et la surconsommation des ressources allait mener
une catastrophe humaine. Mais les plus riches continuèrent à nier les réalités
matérielles, et prêchèrent la Croissance économique infinie, voire l'illusion
d'un capitalisme « vert » et d'une croissance « durable » dans un monde fini.
Nous sommes aujourd'hui à l'ère de l'effondrement de cette civilisation
industrielle globale.

La longue histoire de la Commune

On le voit, « l'Histoire », est l'histoire des riches et des chefs ; tout


absorbés à accroître leur puissance, ils nous nous menés au désastre. Et si nous
les laissons faire, tout va très mal se passer, et recommencer. Il y a pourtant un
espoir, qui trouve racine dans l'organisation autonome des populations, fruit
d'une longue tradition souvent occultée.

Les États modernes se sont construits parce que les rois n'avaient de
cesse, notamment en France, de briser le pouvoir politique autonome des
régions et des villes. L'organisation en villages et villes autonomes est
pourtant une constante dans l'histoire de l'humanité, que l'on retrouve en
Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique. Il y eut des assemblées de
villages indépendants en Afrique subsaharienne, en Kabylie et dans la

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Républiques des Escartons (dans les Alpes). Il y eut des cités-États et des
Communes libres dans toute l'Europe, de l'antiquité jusqu'au 19 e siècle – et il y
a toujours des cités-États en Allemagne. La cité d’Athènes fut, dans l'antiquité,
la première à inventer la démocratie par tirage au sort, qui fut refusée par les
bourgeoisies du XIXe siècle.
La Commune libre est l'expression du droit démocratique le plus
fondamental : le droit à l'autonomie politique. Le droit d'une population à se
donner ses services publics sans subir la tutelle d'un chef lointain et
potentiellement égoïste. Cette tradition d'organisation au plus près des
citoyens est à l'origine des théories du fédéralisme et du municipalisme
libertaire, développés respectivement par Proudhon et Bookchin. Elle fut
réprimée, lors de la Révolution Française, lors de la Commune de Paris, lors
de prise de pouvoir des Bolcheviques en 1917 et lors de la guerre d'Espagne.
L'élite aujourd'hui au pouvoir se trouve dépassée par l'effondrement qu'elle a
elle même déclenchée. C'est la chance de reconstruire des mondes nouveaux,
libérés de la domination des puissants et des riches. Cette lutte s'appuie sur les
luttes passées des humanistes : démocrates, anarchistes, féministes et
écologistes.

9
Parce
qu'il faut penser
à côté
pour ne pas tourner
en rond

Un peu de
réflexion
théorique
sur le pouvoir,
l'organisation
et
ce concept
« d'Anarchie »

10
Philosophie de l'agir collectif
Les humains vivent ensemble. Ils doivent consciement se demander ce
qu'ils peuvent faire ou ne doivent pas faire les uns par rapport aux autres. C'est
pourquoi nous sommes des « animaux politiques ». La question la plus
importante à laquelle une personne doit répondre est toujours celle de l'agir :
« Que faire ? ».

L'Éthique et la Liberté individuelle

Lors d'une action individuelle tout individu doit être libre d'agir, à la
seule condition de ne pas porter du mal à autrui. Ce principe « la liberté
s’arrête là où commence celle d'autrui » est libérateur. Il permet de se
débarrasser des interdits irrationnels et d'observer véritablement les
conséquences de ces actes. C'est le principe premier d'une éthique humaniste.
Cependant, ce principe de liberté individuelle n'est pas suffisant pour nous
guider vers une vie sociale juste. Nous allons définir pour cela une éthique
pour agir ensemble.

Agir ensemble

Lorsque l'action implique plusieurs personne, c'est à dire lorsqu'elle est


collective, les enjeux et les dangers sont plus grands. Le groupe formé
pourrait exploiter certains membres, ou leur imposer une volonté absurde. Le
résultat serait un tort causé à certains membres du groupe et à l'extérieur du
groupe – si par bêtise collective, le groupe décide de s'en prendre à autrui.

Pour bien agir ensemble, il faut respecter des principes universels qui
s'inscrivent dans ce que nous appelleront l'éthique de l'association. Elle
comprend les principes suivants :

- Liberté de participation des membres.

Nul ne doit être contraint de participer – ce que rappelle l'article 20 de la


Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Par ailleurs, il est souhaitable
que le groupe permette à chacun de choisir ses actions en son sein. Nous
verrons plus loin que la Permaculture promeut la polyvalence et la rotation

11
des tâches : « plusieurs personnes pour assurer une fonction, plusieurs
fonctions pour une personne ».

- Équité dans la répartition des efforts et des fruits

Les efforts réalisés dans l'action, et ses résultats doivent être partagés
égalitairement entre tous les participants. Dans le cas contraire, une
exploitation de certains par d'autre peut se mettre en place. Cela finit par
abîmer la liberté. Il n'y a pas de liberté réelle sans égalité réelle.

- Démocratie et Autogestion

Les décisions collectives doivent servir l'intérêt partagé des participants


et du reste de la société – et non pas l'intérêt exclusif de quelques membres du
groupe. C'est le principe de Démocratie.

- Responsabilité envers les personnes et la Terre, et respect des non-


participants

L'action collective doit bien sûr respecter le principe premier de l'éthique, de


ne pas nuire à autrui.

Ces quelques principes d’honnêteté permettent la coopération, c'est à


dire une action collective libre et qui profite à tous. Cette situation est
qualifiée ainsi par le philosophe Michael Bakounine « la liberté des autres
augmente la mienne à l'infini ». Nous appellerons l'ensemble de ces principes
Éthique de l'Association.

Qu'est-ce que le pouvoir politique ?

Selon la philosophe Hannah Arendt, le pouvoir politique est la capacité


des humains à agir de manière concertée. Notamment pour des tâches
complexes demandant de l'autorité, telle que : rendre la justice, assurer des
services publics, assurer la sécurité, énoncer des lois, etc. Le pouvoir politique
n'est pas mauvais en soi. Mais il peut être mal conçu et dangereux, s'il
n'appartient plus « à tous et à personne » mais à une minorité.

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Qu'est-ce qu'une Institution ?

Les humains sont instinctivement altruistes dans l'immédiat. À long


terme, ce sont des coopérateurs conditionnels. Ils sont prêts à s'entraider s'ils
sont assurés que les autres le feront aussi. C'est la règle centrale de la
réciprocité. Pour garantir la réciprocité, et éviter que les inévitables conflits
ne soient violents, les humains doivent instaurer des règles et des
fonctionnements relativement stables. Ce sont des organisations par lesquelles
le groupe se préserve. Une loi, une coutume, l'école, la justice, les files
d'attentes… sont des institutions. Les institutions peuvent être de type variés.
Il est nécessaire qu'elles n'existent que pour l'épanouissement du groupe, et
non pas pour satisfaire un ou plusieurs tyrans. Si les Institutions respectent cet
aspect de l'éthique de l'association, elle vont aller vers le bien commun. Sinon,
elles vont aller vers la Domination.

La Domination

Si le « pouvoir d'agir ensemble » est confisqué et confié à un petit


nombre, celui-ci va agir pour ses intérêts particuliers. Il aura tendance à
prendre des décisions inadaptées, imposer ses règles et son exploitation aux
autres. C'est le régime de la Domination. Les humains agissent alors ensemble,
mais ce n'est pas de la coopération. C'est de l'exploitation et de l'obéissance.
Alors, une élite détient le « pouvoir d'agir ensemble » – dans les domaines des
lois, des actions publiques, et surtout de l'économie. Cette élite va mettre en
place une société qui lui est favorable exclusivement, et elle va s'accaparer les
richesses et l'énergie. De plus, elle va mener la société à ne plus agir en
fonction des ressources disponibles. La nécessité d'accumuler des richesses
pour paraître, imposer sa puissance ou croître, prévaut. Les personnes
dominées vont devoir obéir et vont être tentées d'imiter l'élite en consommant
plus et en renforçant leur autorité.
Deux désastres apparaissent avec la Domination. D'une part, l'inégalité
matérielle extrême entre les personnes. D'autre part, le désastre écologique,
lorsque les écosystèmes ne peuvent plus soutenir les dégradations infligées.
Après un certain temps et des souffrances dans toute la société, celle-ci peut
s'effondrer.

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L'organisation pyramidale et verticale de la domination

Les institutions de la domination peuvent être assez simple : la force


brutale d'un chef de meute, d'un seigneur de guerre, sur un petit groupe.
Cependant, la forme la plus stable et la plus efficace est celle d'une pyramide
hiérarchiques de rôles fixes, d'obéissance et de surveillance. Cette organisation
donne à priori le pouvoir aux dirigeants (le « sommet ») sur la « base ». Bien
que très stable, la pyramide hiérarchique est peu susceptible d'évoluer
rapidement et n'est pas capable de beaucoup d'écoute. Ce qui mène à des
comportements et situations absurdes.

L'organisation horizontale de la démocratie

La démocratie nécessite une organisation collective relativement


horizontale. Des principes de fonctionnement ont été pour cela été
notamment développés dans les théories d'holacratie et de sociocratie.
Il ne doit pas y avoir de règles ou de hiérarchies inutiles, mais une
structure évolutive, regroupée par compétences. Des cercles d'activités,
coordonnés par un cercle spécifique (la coordination, la « direction »)
responsable devant l'assemblée de l'organisation – qui peut être élue, tirée au
sort, générale… selon le choix des participants. En conséquence, les sous-
groupes « de base » doivent avoir leur autonomie. Ils peuvent se fédérer dans
un plus grand groupe pour se coordonner à grande échelle. Ce sont les
principes d'autogestion et de fédération. Un double lien peut être établi entre
les groupes (un envoi réciproque de délégués).

Chaque décision doit être prise au plus près par les personnes qu'elle
concerne. C'est le principe de subsidiarité et d'autonomie. Plus précisément, les
décisions importantes, impliquant l'ensemble des participants, doivent être
définie par consensus – ou au moins à la majorité qualifiée. La sociocratie
promeut pour cela la décision par consentement, c'est à dire qu'une décision
est adoptée lorsque plus personne n'émet d'objection importante. Les décisions
de moindre importance peuvent être définies par un vote simple, après
consultation des personnes impliquées ou compétentes vis à vis du sujet.
Enfin, certaines décisions peuvent être des initiatives effectuées sans
validation du groupe à priori, mais un contrôle à posteriori (c'est la
stigmergie). Les règles doivent donc être modifiables avec la participation de
toutes les personnes affectées. Cela implique la transparence, l'accès de tous

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aux informations qui les concernent et qui concernent le groupe - une
surveillance commune des ressources est aussi souvent nécessaire.

La vie d'un groupe demande un sentiment d'écoute et de confiance entre


les participants. Pour cela, le sentiment d'égalité entre les membres du groupe
est indispensable. D'autres pratiques – s'asseoir en cercle, encourager
l'ouverture à l'extérieur du groupe, distribuer et respecter la parole, laisser sa
place au silence… font partie d'un véritable art de la coopération.

Émancipation et Démocratie

Nous vivons dans un monde de domination politique et économique


puisqu'une élite s'accapare le pouvoir d'agir. Nos malheurs actuels viennent de
cette organisation générale, qui favorise la surexploitation, la bêtise et
l'irresponsabilité. Pour espérer vivre nous avons besoin de l'intelligence
collective ; il nous faut donc reconstruire des mondes sans domination. Cet
idéal est parfois appelé « Anarchie », ce qui l'amène à être confondu avec «
désordre ». L'anarchisme n'est pas un état paradisiaque, mais une méthode
rationnelle de critique des institutions ; une exigence de liberté et d'égalité,
réalisé en pratique de manière autonome – par les gens. Il s'agit de dénoncer
les dominations qui nous oppriment, et proposer des alternatives.

Toutes les actions collectives doivent alors suivre les principes de


l'éthique de l'association. Dans tous les domaines de la société, et
particulièrement dans les domaines de la politique et de l'économie – « la
démocratie partout », la démocratie sociale. Pour cela nous avons besoins de
nouvelles institutions. La démocratie - gouvernement du peuple, par le peuple,
pour le peuple - sera l'application de l'éthique de l'association aux fonctions
les plus difficile du pouvoir politique : se donner des lois, une justice et des
services publics.

15
Collapse !
Le souffle brûlant
des torchères de pétrole
vacille

les derniers oiseaux ont


nostalgie des sols fertiles

rejetant leur monde de


plastique,
les humains
réalisent
l'urgence d'atterrir.
16
Écologie, Industrie, Énergie
Accrochez-vous, la « civilisation thermo-industrielle » va s'effondrer.
Pour bien des gens cependant, un « effondrement » a déjà eut lieu. Pour les
populations les plus exposées au chaos climatique dans le « Sud global ». Pour
les classes populaires, après des décennies de « crise » et de précarisation. Pour
toute personne observant la montée des fascismes dans les États. Et tout cela
va empirer. Loin de condamner toutes les luttes populaires à la vacuité,
l'effondrement va les rendre toujours plus nécessaires. Mais pour cela, il faut
une analyse lucide de la situation.

1. Vers l'Effondrement
Extraction fossile et Chaos climatique

Notre système industriel est entièrement basée sur l'exploitation non-


renouvelable des ressources. Les minéraux terres-rares, les sols, le pétrole, les
écosystèmes… tout s'épuise en même temps. C'est le peak everything. Nous
avons atteint le maximum de production de pétrole conventionnel en 2005, et
tous les champs de pétrole déclinent - à l'exception des pétroles de schistes au
États-Unis, très chers à produire. Brûler du pétrole ou du charbon produit le
chaos Climatique. Si nous dépassons certains seuils de réchauffement, la
planète commencera à se réchauffer brutalement toute seule – ce qui
causerait l'extinction de notre espèce.

Agrobusiness et 6e extinction de masse

Un des plus graves problèmes est que notre agriculture industrielle


actuelle est entièrement dépendante du pétrole pour les machines, les engrais,
la transformation et le transport des aliments. Comme le résume le chercheur
« collapsologue » Pablo Servigne : « Nous mangeons du pétrole ».
L'agriculture industrielle épuise les sol et détruit la biodiversité à coup de
poisons chimiques et de déforestation. Elle est largement responsable de
l'effroyable destruction de la biodiversité et des populations d'êtres vivants. Et
lorsque la quantité d'énergie disponible baissera, l'agriculture industrielle
nous condamnera à mourir de faim.

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Descente énergétique

Nous allons vivre la Descente Énergétique, c'est à dire que toute


l'énergie aujourd'hui disponible va diminuer fortement, pour ne plus jamais
ré-augmenter au niveau actuel. Les énergies renouvelables ne seront jamais
assez efficaces pour compenser complètement la perte du pétrole, et nous
allons nécessairement passer par une décroissance de notre « niveau de vie ».

Effondrement de la civilisation industrielle globale

La quantité d'énergie disponible va connaître une chute peut-être


progressive, mais définitive. Ce phénomène s’accompagnera d'une hausse du
coût des besoins de premières nécessité. Les plus pauvres seront d'abord les
plus touchés. À défaut de l'instauration de nouvelles institutions réellement
démocratiques, des troubles politiques auront lieu – émeutes, élections de
dirigeants autoritaires. Les conséquences du réchauffement climatique
accentueront les risques d'affrontements géopolitiques, ainsi que les
migrations humaines des réfugiés climatiques. Celle-ci resteront cependant
très probablement des migrations intra-continentales.

Notre fonctionnement économique et politique oligarchique trace la


voie pour l'avènement dans un premier temps d'un « capitalisme (éco)-fasciste
». C'est à dire un régime politique autoritaire, qui se servira de justifications
environnementales pour se maintenir, et maintenir de fortes inégalités
sociales ; il est probable que beaucoup de régimes fascistes s’appuieront plutôt
sur le nationalisme, le fanatisme religieux et le rejet des étrangers. Cette
évolution politique tragique est inévitable si d'autres institutions ne
supplantent pas les États et les entreprises actuelles.
À terme cependant, l'ensemble des systèmes industriels vont défaillir,
causant de graves problèmes d'approvisionnement et de survie lorsque la
production locale n'aura pas pu prendre le relais. Ce processus de
désintégration ne sera pas uniforme partout. Il peut être lent ou brutal. Si
nous ne nous adaptons pas, il sera très meurtrier, y compris en Europe. Un
effondrement de civilisation peut tuer la grande majorité de la population –
par les famines et les épidémies bien plus qu'avec les guerres. La prise de
conscience de la tragédie actuelle passe par un réel processus de deuil et de
bouleversement des imaginaires.

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2. Résilience et décroissance solidaire
Il faut préciser que la survie à l'effondrement est collective. Le
survivalisme égoïste et agressif n'est d'aucune utilité. Les observations lors des
catastrophes naturelles montrent que la plupart des gens développent des
capacités d'entraide et d'organisations très élevées, bien loin de la violence
panique des « films catastrophes ». Dans cette partie, il sera vu quelques pistes
techniques nécessaires pour survivre tous ensemble au proche effondrement
de la civilisation thermo-industrielle.

Tout se fera dans les lieux, selon la géographie concrète. L'adaptation


sera différente selon que l'on vit déjà en banlieue, en centre-ville, à la
campagne, etc. De « clients » de lieux désincarnés, nous deviendrons
réellement des habitants, dépendants et espérons-le, guérisseurs d'un territoire
particulier, liés aux autres.

Résilience – relocaliser le pouvoir et la production

La capacité d'un système vivant à se maintenir malgré les perturbations


s'appelle la résilience. Les systèmes étendus et centralisés étant les plus
fragiles, la résilience passe par la relocalisation de toute la production, et sa
décentralisation. Cela implique aussi que les systèmes soit composés de parties
relativement autosuffisantes, capables de survivre lorsque les communications
s'interrompent.
Notre système logistique et industriel actuel est horriblement peu
résilient. Il fonctionne en flux tendu, sans stocks. En cas de pénurie, le
manque sera donc très rapide. Il est donc nécessaire de s'assurer que des biens
de premières nécessités – médicaments, nourriture, énergie – puissent être
produits et stockés sur l'ensemble du territoire.
C'est pourquoi la décentralisation du pouvoir et l'organisation autonome
des citoyens est indispensable. Dans cet esprit, le mouvement des « Villes en
Transition », initié par Rob Hopkins, vise explicitement à préparer les
populations à la transition catastrophique vers un monde post-pétrole.

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Low-tech

Les techniques ne doivent plus être High-tech mais Low-tech. C'est à


dire, réparables, durables, et peu consommatrices de ressources et d'énergie.
C'est l'avènement d'une technologie « conviviale », c'est à dire maîtrisable par
son utilisateur, qui peut l'utiliser, la comprendre et la réparer.

Une approche nouvelle : la Permaculture

La permaculture est une méthode de conception de systèmes efficaces et


durables utilisant le fonctionnement du vivant. Elle a été développée
notamment par Bill Mollinson et David Holgrem. Ses deux principes éthiques
sont les suivants « prendre soin de la Terre et des Humains » et « fixer des
limites à la consommation et redistribuer les surplus ». Elle utilise une
douzaine de principes techniques généraux pour créer des systèmes intégrés.

1. Observer et interagir
2. Capter et stocker l’énergie
3. Obtenir une production
4. Appliquer l’autorégulation et accepter à la rétroaction
5. Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables
6. Ne produire aucun déchet
7. Conception des grandes structures jusqu'aux détails
8. Intégrer au lieu de séparer
9. Utiliser des solutions lentes et à petite échelle
10. Se servir de la diversité et la valoriser
11. Utiliser les bordures et valoriser la marge
12. Face au changement, être inventif

Agriculture

La priorité absolue de notre époque est de relocaliser la production


agricole, et d'augmenter la part de la population pouvant travailler la terre. À
terme, des millions de nouveaux paysans seront rapidement nécessaires. Cela

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va nécessiter de déconcentrer la population, des villes vers les campagnes.
Nous devons préparer un réel exode urbain, et un retour vers les villages et
villes moyennes. Il faut par ailleurs pérenniser les champs autour des villes, et
organiser la production agricole dans les villes, pour compléter la production
des campagnes.
L'île de Cuba a réalisé dans les années 90 une transition rapide vers
l’agriculture biologique, face à une brutale pénurie d'énergie. La population
affamée a commencé par cultiver de petits jardins. Le gouvernement décida
alors d'organiser une diffusion des pratiques agroécologiques et de
redistribuer les terres. Des aides ont été données pour l'installation de
nombreuses petites installations. L'agriculture urbaine, dans de grands bacs, se
développa. Grâce à une mobilisation de la population, le pays peut aujourd'hui
se nourrir grâce à l’agriculture biologique de proximité. Cela demande un
travail important pour former massivement de nouveaux maraîchers et
paysans. À Cuba, la diffusion du savoir a mis les paysans et les universités à
contribution, et a permis d'enseigner aux urbains.

Un changement radical dans les techniques agricoles permettra de


nourrir la population et de restaurer les écosystèmes. Passer à une telle
agriculture « de conservation » permet également de stocker plus de carbone
dans le sol, et donc de lutter contre le chaos climatique. Cette agriculture est
très productive, y compris sur de petites surfaces, mais elle nécessite plus de
main d'œuvre et de réflexion.

Voici quelques grands principes de cette nouvelle ère agricole :

- La perturbation minimale du sol. Le labour ne doit plus être utilisé, car il


dégrade le sol. La technique de semis direct doit être utilisée.

- La couverture maximale du sol, avec le paillis et les plantes associées.

- Des rotations de cultures, associations de plantes et couverts adaptées. C'est la


fin de la monoculture, et le retour de la polyculture-élevage.

- le bannissement des poisons chimiques. La replantation d'arbres et de haies


dans les champs.

- les semences autofertiles (paysannes), les céréales pérennes, les

21
légumineuses.

- L'amélioration de l'efficacité énergétique des machines agricoles. Le


développement de la traction animale. L'équipement des fermes en énergies
renouvelables.

- La redistribution des terres auprès des paysans.

Il va être nécessaire de diminuer la consommation de viande – les


recommandations de santé donnent 300 grammes par semaines pour
maximum. Cependant l'élevage d'animaux doit être maintenu. Nous avons
besoin d'exploiter les animaux, au moins pour leur énergie mécanique et leur
production de fertilisant. Le retour à un élevage fermier permettra d'éliminer
les souffrances dus à l'élevage industriel et de produire une viande plus rare
mais plus saine.

Transports, énergie, logement

La voiture individuelle doit être abandonnée pour les transports


collectifs, le vélo et la traction animale. Les véhicules à moteur qui resteront
devront être très légers. Le vélomobile, un vélo tricycle couché assorti d'une
coque et d'une petit moteur électrique, sera développé. Il peut atteindre près
de 40 et jusqu'à 100 km/h, en consommant une quantité minimale d’énergie.
Nous pourrions en développer des modèles permettant transporter plusieurs
personnes, et une carriole détachable.
Il pourra être produit de l'énergie renouvelable, mais dans des quantités
relativement faibles. Elle doit être réservée aux usages les plus vitaux.
L'éclairage public doit être éteint. L'électricité, énergie « noble », doit être
réservée à l'éclairage domestique, aux télécommunications et à l'électronique.
L'isolation passive des bâtiments doit être systématisée pour se passer le plus
possible de chauffage actif.

Rationnement

En cas de manque d'un bien, la meilleure méthode pour préserver la société et


garantir la survie et d'appliquer le rationnement à part égales. Les inégalités
brisent l'entraide dans un groupe.

22
3. Transition : préparer l’atterrissage
Diffuser les informations

De nombreuses personnes ignorent que nous allons à un Effondrement


très proche, ou demeurent dans le déni. Un travail permanent d'avertissement
doit être fait. Il ne faut pas hésiter à faire peur, et ne jamais oublier de parler
d'entraide et de solutions.

Apprendre les techniques

Les citoyens ordinaires doivent apprendre les savoirs techniques qu'ils


ont perdus et se préparer à les appliquer. Ainsi, il est possible de se former aux
bases de la permaculture et d'apprendre à jardiner. Il faut aussi diversifier ses
connaissances – en mécanique, en médecine, en énergie… Les savoirs les plus
utiles seront ceux des paysans biologiques, des électriciens, des mécaniciens,
des infirmiers, des professeurs. Tout ceux qui étaient jusqu'alors socialement
déconsidérés. Cependant, ces savoirs techniques sont plus efficaces lorsqu'ils se
conjuguent avec la compréhension de plusieurs domaines de savoirs
« intellectuels ». Il faut promouvoir la pluralité des compétences pour
favoriser la compréhension de la complexité, qui passe par un croisement des
domaines scientifiques.

Se préparer à l'entraide

La survie ne passe pas par le survivalisme égoïste et le retrait du monde.


Elle passe par l'entraide et l'organisation collective. L'être humain est
naturellement doué pour s'organiser en cas de catastrophe, et cette capacité
doit être cultivée. Contre notre culture moderne de la compétition, il faut
valoriser la coopération. Cette coopération est maintenue lorsque la
réciprocité, le sentiment de sécurité et de confiance sont préservés dans le
groupe.
Un réel travail personnel est nécessaire pour se préparer à des temps
très difficiles. Dans un monde qui va s'effondrer, il faut trouver les points de
repères sur lesquels on va pouvoir s'appuyer pour trouver un réconfort stable.
Il faut apprendre à écouter ses émotions et à les apaiser. De plus, sans aller
jusqu'à saturer son logement de stocks, une dizaine de jour de réserves de
pâtes et de pommes de terres (qui peuvent, de plus, germer et se replanter)

23
sont recommandées très officiellement par le gouvernement Allemand depuis
l'été 2018.

Redistribuer les terres

Il est nécessaire de préparer l'installation de millions de nouveaux


paysans, pour nourrir la population en circuits cours. Mais les exploitations et
leur propriété actuelle ne le permettent pas. Il faut revendiquer la
redistribution des terres, l'aide aux nouveaux paysans, le protectionnisme
agricole. Cela nécessite de recréer les services publics dans les petites villes et
villages, pour préparer leur repeuplement lors de la transition.

Narration fictionnelle

« J'ai bien cru que j'allais crever de faim » est à peu près le récit commun de
toutes les générations qui ont vécues les années 2020-2036. Incapables de
cultiver quoi que ce soit, elles ont bien entendu paniquées très vite.

Heureusement les techniques d'agriculture biologiques productives


commençaient à être à la mode, et l'on put passer des reportages aux gens
(une décision des journalistes de France Télévision, en insurrection contre
leur direction) pour leur assurer que des techniques existaient. Après la
pénible phase de rationnement des premiers mois, on lança une mobilisation
générale pour commencer à cultiver dans les villes, dans des grands bacs.
Bien sûr tout cela était insuffisant, et la population continuait d'avoir faim, vu
les prix de l'alimentation toujours indexés sur le prix du pétrole.

Les Communes libres décidèrent la redistribution des terres aux nouveaux


paysans, et l'enseignement obligatoire de l'agriculture dès l'école secondaire.
Des sessions furent organisées pour les adultes. Les maisons des villages
furent vendues aux nouveaux arrivants, qui cherchaient les Communes libres,
offrant plus de services publics et de garantis d'une relative paix sociale.

L'emblématique vélomobile fut distribué aux gens, dont les automobiles


devenaient bien trop chères pour quoi que ce soit. L'Europe est aujourd'hui un
paysage de villes moyennes, reliés par des vélotoroutes silencieux.

24
La baisse incalculable du niveau de vie fut un réel traumatisme pour toute la
population. Étonnamment, les générations les plus jeunes ne furent par les
plus sonnées par ce phénomènes, elles qui n'avaient connus que la crise
comme perspective. Le niveau de vie atteint aujourd'hui est-il le bon « niveau
stable » ? Difficile d'en juger. Nous n'avons pas encore rattrapé l'espérance de
vie d'avant l'Effondrement, même si elle progresse à nouveau. La médecine
reste moderne et l'alimentation variée. Il est certains que nous vivront, à
terme, bien plus longtemps et bien mieux qu'au Moyen-Âge, même si nous
utilisons à nouveau des chevaux et des moulins à vent…»

25
Révolte :
le pouvoir
au peuple,
et une
institution proclamée
pour
chaque coin de
rue insurgé,
Zone d'Autonomie
Durable
par[tout] par[tous]
26
Politique
« Nous ne sommes pas en démocratie », la chose est entendue. Les
mouvements pour une république plus démocratique sont sortis de l'ombre.
Les institutions actuelles, bureaucratiques et centralisés, seront bien
incapables de gouverner longtemps le chaos montant. La transition nécessite
donc de construire, par l'organisation locale des citoyens, une République
Alternative ; démocratique et adaptée au monde post-pétrole.

1. Échecs et mensonges actuels


L'élection

La démocratie est aujourd'hui confondue avec l'élection de


représentants. Et pourtant, qu'elle soit proportionnelle ou majoritaire, elle ne
revient qu'à changer une élite pour une autre. Le peuple décide tous les quatre
ou cinq ans et est dépossédé de sa voix par une élite relativement stable entre-
temps.
Ce sont toujours les appareils des partis qui prévalent, que l'élection soit
majoritaire ou proportionnelle. Ils déterminent leurs idées en fonction des
opportunités de l'opinion. Or l'opinion se fait et défait au fil des campagnes
médiatiques. Il est assez facile de manipuler l'opinion et le vote lorsque l'on est
riche et que l'on peut influencer les journaux. Les partis ne représentent pas
beaucoup d'adhérents. Les électeurs s'abstiennent ou votent par dépits. Un jour
ils votent pour celui qui n'a jamais été encore élu, et c'est bien souvent le pire
des candidats qui vient au pouvoir.
L'élection est en soi un système conçu pour qu'un petit nombre
gouverne. Elle était qualifiée « d'Aristocratique » par Montaigne au 18 e siècle.
Cette élection est représentative, les élus ne sont donc pas contraints de suivre
les instructions de leurs électeurs – ce serait alors une élection à mandat
impératif.

27
L'État

Il sera nécessaire d'avoir des lois, une justice, des services publics. Mais
notre État moderne n'est pas la meilleure solution pour que cela soit fait par et
pour les citoyens.
L'État moderne est la centralisation du pouvoir politique dans une
institution verticale. Les décisions, souvent inadaptées au terrain, sont prises
rapidement dans le cabinet du ministre. Elles redescendent la chaîne
administrative pour être mal appliquées. Le gouvernement veut alors prendre
de nouvelles lois et de nouveaux arrêtés, mais ne parvient pas à améliorer la
situation. Ce gouvernement lointain et vertical gouverne des administrations,
elle-même verticale et rigides. Les services publics et l'administration se
trouvent hors de la décision des citoyens, des travailleurs, des usagers. Cette
nature verticale et centralisée de l'État le rend inefficace pour entendre les
citoyens et évoluer rapidement. D'autre part, il permet à des personnes de
jouir d'un pouvoir considérable à sa tête, et de renforcer leurs pouvoir.
L'État n'est plus au service des citoyens. Ce sont les citoyens qui
deviennent les serviteurs de l'État et du gouvernement. C'est le principe de la
tyrannie. La structure centralisé, verticale, autoritaire de l'État est issue de la
domination des rois et des empereurs. Elle n'est pas adaptée à la démocratie, et
nous allons exposer plus loin l'alternative nécessaire à cette mauvaise idée.

28
2. Propositions
Nous allons maintenant proposer des institutions nouvelles pour la
démocratie et l'organisation de la résilience.

__Les assemblées tirées au sort

La démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.

Comment faire que le peuple se gouverne directement ? On ne peut


exiger qu'il se réunisse en assemblée générale en permanence. Ce n'est pas
pratique, il faudrait y passer la journée pour garantir l'équité du vote. Il existe
cependant une solution pratique, et fort ancienne : une assemblée tirée au sort
dans la population. Les grecs utilisaient cette solution dans la démocratie
d’Athènes.

Le tirage au sort a été expérimenté très récemment avec les conventions


de citoyens. Ces expériences ont montrés que les tirés au sort font
généralement preuve d'un grand engagement, et recherchent le bien commun
plutôt que leurs intérêts privés. Le philosophe Jacques Testard a qualifié cette
capacité du joli nom « d'Humanitude ». Il y a bien sûr des abrutis et des fous.
Il y a des gens dont les idées sont dangereuses. Mais dans une assemblée tirée
au sort ils sont toujours minoritaires et incapables de nuire. En effet, la loi
mathématique des grands nombres garantit qu'un ensemble suffisant tiré au
sort dans une grande population est toujours représentatif. En d'autres termes,
le hasard fait bien les choses.
Le tirage au sort ne produit pas l'arrivée au pouvoir d'une élite
professionnelle. La qualité des décisions est généralement plus grande qu'avec
une élite triée sur le volet, comme le constatait le philosophe grec Aristote.
Les tirés au sort représentent la diversité du peuple. Ils ne peuvent pas être
corrompus par des lobbys leur promettant de l'argent pour leur réélection. Ils
sont aussi plus enclins à exprimer des points de vue différents.
L'Assemblée tirée au sort est renouvelée d'une fraction chaque année,
afin de ne pas faire de rupture dans son fonctionnement. Les tirés au sort sont
indemnisés et formés par leurs pairs. Il est préférable que le tirage au sort soit
réalisé dans une liste de toute la population plutôt que dans une liste de
volontaires. Car l'objectif est de donner temporairement le pouvoir à des
personnes ne le souhaitant pas initialement, afin qu'elles soient complètement

29
honnêtes. En cas de refus absolu de participer, il suffit de tirer au sort une
autre personne.

Proposition d'Assemblée Citoyenne

L'institution souveraine d'un lieu libre, une Commune par exemple, doit
être une assemblée populaire, ouverte à tous. Nous avons vu que s'il devient
difficile de faire participer tous le monde (parce que la population est grande,
par exemple), l'assemblée souveraine doit alors être une assemblée tirée au
sort dans la population – et elle peut être associées à d'autres assemblées
participatives, selon les circonstances changeantes.
Elle débat, cherche le consensus, et décide par vote. L'Assemblée tirée au
sort entend directement les citoyens, par des requêtes soutenues par des
pétitions. C'est l'idée importante de Referendum d'Initiative Citoyenne. Elle
entend directement les associations civiles, et peut déclencher des votations
pour trancher telle ou telle question. L'Assemblée peut être associé à un
Congrès de représentants des entités fédérées, qui participe aux décisions et
donne son accord – nous avons alors un parlement avec deux chambres, ou le
Congrès tient lieu de Sénat.
La population peut aussi décider d'élire auprès de l'Assemblée tirée au
sort une assemblée de représentants élus, de préférence au scrutin
proportionnel. Mais cette assemblée élue doit rester simplement consultative
et se limiter à émettre des propositions auprès de l'assemblée tirée au sort. Il
est également préférable que la population puisse se prononcer
périodiquement sur sa volonté de maintenir ou non une assemblée élue.

L'Assemblée nomme et révoque ses portes-paroles et les personnes


chargées d'accomplir ses vœux, selon le principe du mandat impératif.

__Le mandat impératif et les exécutifs de conseils

Pour accomplir certaines tâches, toute assemblée peut nommer des


porte-paroles ou des chargés de missions. Ils ne doivent pas être investi d'un
pouvoir personnel illimité mais « gouverner en obéissant », selon la formule
des Zapatistes. Ils doivent être étroitement surveillés par leur assemblée, qui
décide de leur mission. Ils doivent être révocables à tout moment par une
motion (signée par une partie des électeurs, un dixième peut être) et un vote –
un referendum lorsque les électeurs sont tous le peuple. Il est peut-être

30
préférable cependant que les élus soit responsable devant une Assemblée qui
les élit et les contrôle, plutôt que devant le suffrage universel direct qui
permet aux élus de manipuler le scrutin. L'élection au suffrage universel
direct du président de la République Française à d'ailleurs beaucoup contribué
à en faire un monarque. Il est aussi conseillé des mandats courts, et une
rotation des tâches lorsque cela et approprié.

Plutôt que d'investir des chargés de missions guidés par un chef – un


premier ministre qui nomme des ministres subalternes – il faut pouvoir
nommer directement des titulaires, sans hiérarchie des uns sur les autres. Il
faut donc un exécutif de conseil, un groupe de « ministres » sans réel
Président. Ce régime « directorial » utilisé en Suisse, évite la personnalisation
du pouvoir. On nomme directement la personne que l'on souhaite, au poste
que l'on souhaite. Il n'y a plus de président, ni de premier ministre. Il n'y a que
des conseillers responsables devant l'assemblée et indépendants les uns des
autres.

__Les Services Publics participatifs et coopératifs

Les citoyens ne sont pas simplement représentés par tirage au sort. Ils
agissent directement, en s’adressant aux assemblées, et en participant aux
services publics. Une partie de l'État est transformée en un ensemble de
Coopératives de Services Public, encadrées par la loi. Elles sont financés et
mandatés par les Communes, les Régions ou la Fédération, au cas par cas.
Ainsi, les structures inutilement bureaucratique sont organisés de façon
plus horizontale et plus efficace. Car elles consultent leurs membres et leurs
usagers pour parvenir au meilleur résultat possible. Les coopératives de
services publics sont fédérées. Ainsi, même si elles sont mandatés par des
Communes et Régions différentes, elles peuvent s'entraider et gagner en
efficacité.

31
__Le fédéralisme libertaire

Relocalisation

Plutôt qu'un État, central, vertical, absurde, nous voulons une réelle
démocratie, respectant le principe d'autonomie. Les citoyens doivent donc
pouvoir se gouverner localement pour garantir que les décisions sont
adaptées. Ce principe de relocalisation est très important. Il ne faut pas en
effet oublier que la transition écologique passe par une moindre utilisation
d'énergie et de transport : d'où l'obligation pratique de s'organiser à échelle
humaine ! Ce n'est pas une surprise, certaines villes sont aujourd'hui plus
actives que les États pour les enjeux écologiques. Cette idée a aussi été
développée dans le mouvement bio-régionaliste, qui promeut des régions
relativement autosuffisantes et écologiques.

Il y a un fondement important à ce principe selon le quel il faut « penser


global et agir local » : la taille de l'organisation influe sur son efficacité.
Lorsqu'une organisation devient trop grande, elle perd en écoute. Elle ne peut
plus traiter tout l'information qui lui arrive. La solution est alors de se diviser
en plusieurs sous-ensemble coordonnés. Ainsi, les institutions locales de la
base se rassemblent pour être plus efficaces sur un territoire bien plus grand.

Subsidiarité et exacte adéquation

Le pouvoir de décision reste « à la base », avec une autonomie de


décision et d’exécution au niveau local – toujours pour garantir une décision
faites par et pour les citoyens. Le pouvoir part de la base et va au sommet,
lorsque cela est nécessaire (ascendant, « bottom-up »). La « base » ne confie au
« sommet » que les tâches qui doivent être confiée à une entité plus grande. Et
elle garde le pouvoir de reprendre ses compétences, et de faire prévaloir ses
décisions. Ainsi, l'entité fédéré et l'entité fédérale coopèrent, mais l'entité
fédéré reste la plus importante.

Une importantes part des règles doit être partagée par tous : respect des
droits humains, de la Terre, de l'économie coopérative… ces valeurs et
principes forment un Contrat Social détaillé et commun, dont l'enseignement
est très important.

32
__République Fédérative

Voici une proposition pour concilier autogestion locale, démocratie


réelle et organisation sur un territoire vaste – un pays, la France, ou peut-être
un continent : l'Europe. Elle rompt avec la tradition de centralisation jacobine,
pour une complète « décolonisation de province ». Cette proposition est bien
sûr inspiré les encourageantes expériences menées au Chiapas par le
mouvement Zapatiste depuis 20 ans, et par les idées du « Confédéralisme
Démocratique » du Rojava Kurde. Il ne s'agit pas en revanche, d'un retour aux
guerres entre cités moyenâgeuses : les villes sont fédérées et chacune des
assemblée accueille en permanence des membres des autres assemblées, de
Commune et de Région.

Commune libre

L'institution de base est la Commune. Selon ce que souhaitent les


habitants, elle correspond à la ville, au village, à l'intercommunalité ou à la
métropole. La Commune a des assemblées de quartier – ouvertes à tous — et
des mairies locales élues, représentées au sein de l'Assemblé de la Commune.
Cette Assemblée est composée d'habitants tirés au sort. Elle nomme et
révoque un Conseil Municipal pour appliquer ses décisions. La Commune est
autonome. Elle exerce à priori toutes les fonctions de la République, sauf la
justice. Les Communes sont libres de s'associer pour des fonctions
particulières.

Régions

Les Communes se fédèrent en Régions, et se rassemblent en son sein en


groupes informels de département. La Région est structurée comme la
Commune, avec un Congrès où sont représentées les Communes et son
Assemblée tirée au sort parmi la population de toute la Région. Cette
assemblée nomme et révoque un Conseil Régional, chargé d'appliquer ses
décisions. La Région permet de s'organiser sur un échelon du territoire assez
vaste, mais suffisamment restreint aux limites naturelles. La Région exerce les
compétences que lui ont données – provisoirement – les Communes. Un
système fédéral permet de répartir le budget entre les Régions riches et plus
pauvres.

33
Fédération

Les Régions se fédèrent dans l'ensemble le plus vaste de la République,


la Fédération. La Fédération a son Congrès des Régions, et son assemblée tirée
au sort souveraine. Elle a son Conseil Fédéral pour proposer aux régions et
aux communes des directives unifiées.

La loi est faite par les Communes, les Régions et la Fédération. Les
assemblées jugent au cas par cas s'ils veulent une loi qui soit locale ou
fédérale. Par exemple, les protections sociales sont les mêmes pour tout le
territoire. Les Communes et leurs Assemblées participent à la réflexion des
lois. En cas de désaccord, elles peuvent promulguer les leurs propres, dans la
limite de la Constitution.

34
3. La révolution : nous instituer face au désastre
Saisir les Insurrections

Ce texte vise à faire de notre désastre l'occasion de reconstruire un


monde plus juste. Cette lutte doit être revendiquée en tant que telle, car elle
ne se fera pas d'elle-même. Lorsqu'une protestation, plutôt que de se limiter à
contester quelques iniquités, récuse le système qui les produits, elle devient
une insurrection. Lorsqu'une insurrection affirme et propose un nouvel ordre,
elle devient une révolution. Il faut donc affirmer sans cesse qu'il y a bien une
alternative cohérente d'ampleur, face au monde actuel. Une radicalité est
nécessaire contre la catastrophe en cours : le refus de cette république
oligarchique et l’exigence d'une autre.

Archipel : lieux et luttes

Plutôt que d'attendre de former un grand mouvement monolithique, les


partisans d'une République véritablement alternative devraient faire de cette
idée un signe de ralliement disséminé dans des lieux et des mouvement
divers. La meilleure stratégie est de créer un archipel de lieux et de
mouvements partageant cette sympathie pour la République Alternative. De
nature fédérative, elle est capable de commencer à exister dans des lieux
disjoints.

Se saisir des lieux

Les luttes actuelles, notamment le mouvement des « gilets jaunes » en


France, ont placés les idées de réformes institutionnelles sur le devant de la
scène. Des occupants d'un rond-point à Commercy se déclarent « assemblée
populaire ». Ils s'organisent pour débattre et ont décidés de se coordonner au
niveau national avec les assemblées populaires d'autres ronds-points.

Avant ces ronds-points il y eut la ZAD victorieuse, et les mouvements de


l’éphémère « démocratie des places » (place Tahrir, Occupy Wall Street, le
mouvement 15-M, Nuit Debout). Les citoyens lorsqu'ils décident de donner
corps à leur révolte, créent des institutions organisées, selon la culture de
démocratie directe dont ils héritent où qu'ils (ré)-inventent. Ces institutions
d'autonomie populaire sont locales, et l'expérience suggère que c'est

35
lorsqu’elles peuvent s'enraciner dans la vie d'un territoire particulier qu'elles
peuvent tenir tête au pouvoir de l'État. Les mouvements de la « démocratie des
places » ont été dissous ou trahis, tandis que la ZAD et le Chiapas zapatiste,
solidement établis dans leurs lieux et dans la vie locale, se tiennent toujours
en alternatives vivantes.

L'action auto-satisfaisante

Pour échapper au spectacle et à l'impression lassante de « jouer à la


révolution », la meilleure action est celle qui donne immédiatement une
satisfaction à ces revendications. « L'auto-réduction » (pillage d'une grand
super-marché industriel) en fait par exemple partie.

Destituer les imbéciles, et nous Instituer

Les périodes de crises sont des périodes de remises en question des


valeurs et des autorités. Si les gens sont convaincus d'avoir un modèle
alternatif, et d'être capable de de l'appliquer localement, ils serons bien plus
forts que les chefs de l'ancien monde. Tandis qu'ils chercheront toujours à
garder leur pouvoir par plus d'autoritarisme et de gestion inégalitaire du
désastre, nous pourrons leur opposer notre résilience. Peu à peu, nos
institutions démocratiques deviendront plus crédibles que les leurs. Et la
crédibilité d'un pouvoir politique se mesure souvent à sa capacité à fournir de
la nourriture et l'électricité… Cela nécessite d'autre part que nous nous
instituons comme la relève citoyenne face au désastre. Une assemblée,
lorsqu'elle se constitue, est toujours « illégitime ». Le tiers-État n'a pas attendu
l'accord du roi pour se proclamer « Assemblée Nationale ». Proclamons des
Communes Libres, des Assemblées tirées au sort. Saisissons nous des lieux,
comme l'exemple pratique des ZAD le montre. Proclamons l'abolition de
l'ancienne économie, proclamons la fin de la voiture. N'ayons jamais peur du
ridicule. Ce sont ceux qui nous mènent au désastre qui sont à jamais ridicules.

36
Narration fictionnelle

« Le premier tirage au sort est passé, bien sûr, complètement inaperçu ! C'était
pour une liste municipale dissidente dans les années 2020-2025, hors même
du cadre de l'élection normale. »

[Lucie, 54 ans, éleveuse de chevaux et participante à un réseau d'édition, fut


l'une des premières tirées au sort de l'Europe contemporaine.]

« Tout s'effondrait déjà, la biodiversité, le climat… mais surtout les gens. Et


nous, nous revendiquions des solutions radicales et nous voulions que le
peuple s'en saisisse directement. Le gouvernement n'aurait jamais accepté de
nous filer les clés pour décentraliser le pouvoir bien sûr ! Alors il a fallu
entourlouper tout le monde. Nous avons mis en place des assemblées dans les
villes importantes et nous les avons faits pactiser avec les mairies progressistes
– traiter avec nous était vue comme un gage de modernité… »

« En fait, nous avons réellement commencer à gagner quand notre première «


assemblée fédérale » a subie une attaque légale du gouvernement – inquiet, il
voulait nous interdire en tant que menace pour le pays. Mais nous avions la
confiance que les politiciens n'avaient plus…»

[Elle sourit. À une dizaine de mètres, une carriole de livre de sa maison


d'édition est emmenée par un vélomobile]

« Enfin. La suite, vous la connaissez. Quand l'État centralisé s'est encore


affaibli, les services publics ont continués à flancher, et les milices privées ont
fait leur apparition. Une partie de la population et les fonctionnaires ont finis
par revendiquer avoir plus de confiance dans les délibérations des
Assemblées de Commune et de Région pour tenter de maintenir l'ordre et
pour gérer les services publics. Ils décentralisèrent l'école pour commencer.
Pouf ! Plus de tutelle du Ministère ! Remplacé par la Fédération
d'Enseignement Autogéré ! Puis les mesures de transition écologiques
vraiment concrètes ont été pu mis en place, sans l'accord des députés.

37
« Les autres États qui se prétendaient démocratiques étaient bien sûr sidérés
par ce qu'il voyait comme une décomposition. Mal leur en pris de vouloir
étouffer le mouvement ! Comme chez nous, cela mena bien plus les gens à se
méfier de leurs gouvernements. »

« Deux régions – la Bretagne et l'Occitanie, qui encore aujourd'hui se


disputent le titre de première région en insurrection – décidèrent finalement
de proclamer leur appartenance à la République alternative fédérative de
France. Et non plus à la Ve République ! Les conflits de cette époques furent
très pacifiques, par rapports aux précédentes révolutions. Le gouvernement
n'abdiqua jamais vraiment, l'Élysée ne fut jamais « pris ». Un jour, le dernier
conseil des ministres, lassé de ne plus contrôler qu'une armée extérieure en
faillite, finit un beau mercredi midi d'avril 2033. ».

38
si cher
Capital de
la douleur
où vont
pics et courbes
de son horreur
économique ?
Pour quelle dette
paie
le travail absurde
qui nous abat
sans bruit.
39
Économie
Où l'on sort du capitalisme sans regret.

1. « l'Horreur économique »
Les inégalités augmentent

26 personnes possédaient en 2018 autant que la moitié de la population


humaine, et ces statistiques effarantes sont appelées à se répéter. Un biais
psychologique pousse de plus les membres d'une société à sous-estimer le
niveaux réel des inégalités. Les inégalités matérielles sont une source
d'anxiété dans une population, qui se retrouve divisée entre dominés et
dominants. C'est une source de surconsommation pour l'ensemble, qui veut
parvenir au niveau de vie des plus riches.
Voici le paradoxe d'Easterlin : le bien être est lié au confort matériel,
mais après avoir atteint un certain seuil de confort maximal, il stagne et
décroît. Car l'humain estime ses avantages en les comparant avec les autres, et
il se sentira pauvre dès que les autres deviennent plus riches. Les données
observables confirment la vieille sagesse populaire selon lequel les richesses
ne font pas le bonheur. Il vaut mieux donc un confort stable, sobre et égal
pour tous, plutôt qu'une course à l'enrichissement. Mais la division du monde
entre salariés et actionnaires, exploités et exploiteurs ne peut résulter que
dans cette course absurde à la marchandisation de tout.

La croissance « infinie »

Les économistes classiques nous ont fait croire qu'une croissance infinie
dans un monde fini était possible. C'est faux. Les richesses proviennent
toujours de ressources matérielles et d'énergie. Or nous consommons plus que
ce que la Terre peut renouveler. La croissance stagne de toute façon en
Occident, et l'augmentation du coût du pétrole en est une des cause. Les
économistes classiques prétendent que la « croissance verte » est possible
grâce aux énergie renouvelables. C'est faux, elles produiront toujours
beaucoup moins que les énergie fossiles.

40
Les entreprises sont possédées par un petit nombre de propriétaires et
d'actionnaires, qui exploitent des salariés. Les propriétaires ont besoin que
l’entreprise génère plus d'argent que ce qu'ils ont investi. Les banques font la
même chose, en exigeant des intérêts sur leurs prêts. Notre système
économique a donc besoin de cette croissance impossible pour vivre.
Inévitablement, puisque cela est impossible il génère des crises et du
chômage.

Tous les capitalismes vont dans le mur

Notre système actuel capitaliste va donc systématiquement concentrer


les richesses et surexploiter les ressources. Le capitalisme est un système dans
lequel les moyens de production – terres, machines, ressources naturelles,
argent des dépôts − sont une propriété privée. Immanquablement, de fortes
inégalités apparaissent très vite.
D'autres systèmes dysfonctionnent gravement, comme les tentatives «
communistes » de capitalisme d'État, centralisé et absurde, de l'URSS. De
manière générale, la propriété des moyens de production par une petite classe
– les entrepreneurs ou le Parti unique – est une mauvaise idée. Nous devons
abandonner ces systèmes oligarchiques et productivistes pour un système
décentralisé et stable.
Les expériences du micro-crédit dans les pays pauvres démontrent que la
diffusion des moyens de production est un moyen efficace pour diminuer la
pauvreté : un crédit permet au bénéficiaire d'acquérir un capital minime, qui
augmente la productivité de son travail et la richesse produite.
Ce n'est pas le capitalisme (possesion des moyens de productions par
quelques-uns), qui fait sortir des gens de la misère, mais au contraire le
partage des moyens de productions auprès des plus pauvres. Là où le micro-
crédit voulait réaliser cela par la « petite propriété » - toujours, bien sûr,
dominée par la grande propriété des multinationales… - nous pouvons aller
bien plus loin en changeant la nature de la propriété.

41
2. une proposition : le mutuellisme
Une économie différente n'est pas si difficile à imaginer, car nous
héritons d'une longue tradition de lutte des humains pour le partage des
ressources, depuis les terres communales du moyen-âge jusqu'au entreprises
autogérées du XXe siècle. Nous appellerons ici ce système « mutuellisme »,
par hommage à Pierre-Joseph Proudhon. Nous parlerons aussi d'œconomie
plutôt que d'économie, pour marquer une différence avec l'ancien régime, et
revenir à la racine grecque : oikos nomia, la bonne gestion du foyer.

__ Les Propriétés

« Quand tout est privé, on est privé de tout »

Pour avoir un système réellement juste, il faut profondément changer le


droit de propriété des choses. Il est nécessaire d'avoir plusieurs propriétés
différentes. Les biens personnels doivent être sous le régime de la propriété
personnelle, qui correspond à notre actuelle propriété privée.
Les biens et services qui sont utilisées en commun, comme les
possessions d'une entreprise, doivent appartenir à la communauté qui les
utilise collectivement. Chacun de ses membres en a la propriété d'usage
personnelle ou collective. Il peut utiliser, mais ne doit pas détruire, les vendre
ou en confisquer les fruits.
Les terres cultivables, les moyens de production, la finance, les
transports publics, le logement, les réseaux de communications… doivent être
appréhendé sous ce régime de propriété d'usage – collective ou personnelle -
qui donne le droit d'utiliser, mais pas de vendre, d'accaparer ou de sous-louer.
Car nous avons tous droits d'utiliser ces biens, mais aucun de nous n'a le droit
d'en priver les autres. Ainsi, le capitalisme est aboli.

__Les Communs

Un bien ou service possédé à plusieurs par une communauté


démocratique qui en prend soin est appelé un Commun. Les moyens de
production, les terres agricoles, Internet, l'eau potable… peuvent être des
Communs. Le Commun est une façon universelle de s'organiser, efficace si
l'on respecte des règles – selon les observations de l'économiste Elinor Ostrom.

42
– La définition claire des bénéficiaires et des limites de la ressource. Cela
dépend évidemment de la nature de la ressources. Dans certains cas,
l'humanité entière est bénéficiaire.
– L’adaptation des règles de gouvernance aux conditions locales, puisque
chaque communauté agit dans un environnement spécifique : habitudes
culturelles, degré d’incertitude climatique… ;
– La participation des membres à la définition des règles communes.
– La surveillance du respect des règles par les membres eux-mêmes ou leurs
représentants ;
– L’existence de sanctions graduelles en cas de non-respect des règles ;
– L’accès facile et local à des mécanismes de résolution des conflits ;
– Le droit des membres d’élaborer leurs propres institutions sans remise en
cause par un gouvernement externe ;
– Pour les communs de grande taille, l’organisation des activités de
gouvernance sur plusieurs niveaux imbriqués.

__Coopérative et ouvrage

« licencions les patrons.»

Les travailleurs s'organisent en entreprises coopératives, et remplacent


les anciennes entreprises capitalistes. Ce sont des entreprises démocratiques,
sans patrons, dans lesquelles les travailleurs ont tous un pouvoir égal sur la
direction de l'entreprise. (« une personne, une voix »). Ils peuvent alors mieux
aménager leurs conditions d'ouvrage, et varier leurs tâches. Ils peuvent se
distribuer équitablement les revenus. C'est une idée là encore, ancienne et
éprouvée. Les coopératives sont aujourd'hui représentées en France par les
SCOP et les SCIC. Ce secteur n'emploie que près d'un million de personnes,
pour deux dizaines de milliers de coopératives. Leur viabilité économique n'est
plus à démontrer, de même que le caractère rationnel de leur organisation.

Les coopératives peuvent être tentées de surexploiter les ressources ou


d'être malhonnêtes avec leurs usagers. Pour éviter cela, le chercheur et
militant Benoît Borrits propose que les usagers de toute coopérative aient le
droit de former une assemblée pour co-diriger la coopérative avec l’assemblée

43
des travailleurs. La coopérative est alors guidée vers l'intérêt général des
travailleurs et de toute la société. Elle devient un « commun de production ».

Le temps de travail doit, dans l'ensemble, être répartit et réduit au


minimum nécessaire. Il est aussi souhaitable que le travail implique une plus
grande rotation des tâches, un passage permanent des activités manuelles aux
intellectuelles, des activités de répétition à celle de créations. C'est une idée
humaniste très ancienne visant à l’épanouissement de tous et du passage du
mauvais travail (de tripalium, instrument de torture) au bon ouvrage
(réalisation d'une œuvre).

Quel que soit l'objectif, le passage à l'économie coopérative est la


meilleure stratégie pour prendre le contrôle de l'économie. Beaucoup
d'entreprises ne devront cependant pas être transformées en coopératives,
mais purement et simplement abandonnées, si elles consomment et polluent
trop, pour des buts futiles. On n'autogère ni une mine de charbon, ni une
agence de publicité !

__Mutuelles de prêts et de salaires

Les coopératives existent depuis le 19e siècle, mais n'ont jamais triomphé
car elles ont besoin d'une révolution économique complète. Les banques ne
doivent plus être privées et lucratives. Ce doivent être des mutuelles
gouvernées par des citoyens tirés au sort. Elles doivent recevoir les dépôts et
prêter aux coopératives sans intérêt, en fonction de l'utilité sociale de la
coopérative.

Les coopératives ne doivent pas posséder de fonds propres, pour éviter


les dérives capitalistes – présentes dans certaines des grandes coopératives
actuelles. Elles se financent entièrement par des emprunts auprès des banques
mutuelles. Les membres de la coopératives ne seront plus par ailleurs des «
propriétaires de parts » de leur coopérative.
Une partie du revenu de toute coopérative doit être prélevée pour
financer les services publics. Une autre partie du revenu de toute coopérative
peut être cotisée dans une Caisse de Péréquation qui redistribue la collecte aux
travailleurs de toutes les coopératives. Une partie du salaire est alors
mutualisé, ce qui favorise l'égalité et la solidarité en cas de coups durs – et
évite que les travailleurs souffrent des concurrences entre leurs coopératives.

44
__Services Publics et Gratuité du logement

Les services publics gratuits doivent être assurés et défendus, pour la


santé, l'éducation, l'eau et l'énergie, les transports, l'accès à la culture. Cette
démarchandisation de la satisfaction des besoins essentiels permet une
prospérité non-marchande, financé par la contribution de tous. Il est
également désirable d'y ajouter le logement gratuit. En effet, l'accès au
logement représente un coût absurde pour tous, uniquement « justifié » par le
marché – on paye un logement qui ne coûte plus grand-chose puisqu'il est
déjà construit ! Une commune doit de plus avoir le droit de créer un service
public en « réquisitionnant » une activité pour l'exercer directement.

__Faut il garder de l'argent, et comment ?

Allant plus loin certains prônent l'abolition complète de l'argent, du


travail et de l'échange – pour une économie de don et de partage. Il proposent
pour cela un développement de l'autoproduction locale, et l'on peut imaginer
aussi une organisation informatique décentralisée pour s'assurer que « l'offre
» soit coordonnée avec la « demande ».

Cependant, l'échange d'argent est assez pratique, parce qu'il donne une
forme de réciprocité immédiate lorsqu'un bien ou service est fourni. Ce choix
« faut-il utiliser ou non de l'argent » reste donc à décider pour tous ceux qui
souhaitent sortir de cauchemar du capitalisme. Néanmoins, même si l'on
décide de garder de la monnaie, des changements sont à faire sur celle-ci. La
monnaie est aujourd'hui émise par les banques lorsqu'elle octroi un prêt. En
d'autres termes, elle créent gratuitement de l'argent, que nous devons par la
suite rembourser (!) – c'est l'absurdité de l'argent-dette. L'État paie lui aussi des
intérêts sur cette argent-dette. L'émission de monnaie doit désormais être
contrôlé par les citoyens, à travers les échelons de la Commune, de la Région
et de la Fédération. Pour assurer la résilience des économies, il est préférable
d'avoir des monnaies locales, complémentaires entre elles. C'est à dire qu'il y
aurait, sur un territoire donné, plusieurs monnaies utilisables.
Il est également possible, comme le suggèrent Jacques Duboin, de créer
des monnaies fondantes (qui perdent de la valeur au fil du temps), afin qu'elle
serve à la consommation immédiate, et non plus à la spéculation.

45
3. Vive la Crise ! Situation grave mais ouverte

Profiter de la crise pour reprendre et transformer l'économie

À la faveur d'une grave crise financière, nous pouvons reprendre


l'économie. Premièrement, en forçant la reprise des entreprises par leurs
salariés, sous un nouveau statut obligatoire de coopérative. Plus radicalement,
en nationalisant toutes nos banques et en réinvestissant toutes leurs fonds
dans les coopératives nouvelles, selon leur capacité à mettre en œuvre la
transition vers les Low-tech. Les banques seront ensuite transformées en
mutuelles non-lucratives.

Nous ferions alors défaut sur notre dette publique, et la Zone Euro
plongerait. Mais c'est une bonne nouvelle ! Notre économie ne peut passer que
par une crise pour être transformée. Si l'on décide de conserver l'argent, il
faudra émettre en parallèle des monnaies locales complémentaires à l'euro et
s'assurer de relocaliser toute la production utile, pour éviter une trop grande
inflation.

Narration fictionnelle

« Des horribles communistes, bien sûr. Voilà comment on nous appelait,


même après la crise de 2008. »

Naaman a 36 ans. Il est agriculteur périurbain et professeur d'œconomie à


l'Université populaire de Lyon.

« Une expression de l'époque disait « il est plus facile d'imaginer la fin du


monde que celle du capitalisme ». Il n'était pas particulièrement populaire !
Simplement on nous avait dis que l'on ne pouvait pas faire autrement.
Beaucoup de monde était favorable à l'époque à la « relance », avec de grands
emprunts, du déficit public… pour mettre fin à la rigueur. Les plus radicaux
disaient même vouloir désobéir aux marchés financiers. On leur répondait
d'être « réaliste » et de ne surtout pas provoquer une nouvelle crise (qui était
de toute façon inévitable).

46
Si nous n'avions pas désobéis aux marchés financiers, la planète aurait
continué à se réchauffer, et on ne parlerait plus d'humanité du tout. Mais nous
avons pris la décision d'assumer la faillite. Discrètement, nous avons passé une
loi officielle (dans le cadre de la Ve République, qui aujourd'hui n'existe plus)
pour faciliter bien plus la reprise des entreprises en coopératives. Puis nous
avons émis des monnaies locales dans chaque région, et payé en partie les
fonctionnaires dissidents ainsi.

Nous avons commencés à gagner lorsque les trois plus grosses banques
françaises furent placées sous tutelle, officiellement pour les redresser
provisoirement. Le système financier mondial, déjà mal en point avec la
fameuse « Crise Finale » des années 2020, était à genoux. Des lois rendant
obligatoires les investissements à taux zéros dans les coopératives vitales
furent promulguées. Nous avons aussi obtenu que les banques soient dirigées
par des assemblées tirées au sort.

L'inflation était d'abord terrible, mais elle était amoindrie par la production
locale et les monnaies régionales. En 6 ans, l'immense majorité des
entreprises avait fermé ou avait été reprise en coopérative. Le prêt à intérêt
avait disparu, ainsi que les dividendes et la Bourse. Le capitalisme avait été
remplacé par l'économie coopérative, sans qu'il y ait besoin de sang, ni de
guillotine.»

47
vivre,

apprendre et
festoyer dans les
mondes
libres

Quelle
société
vous ferait
sourire ?

48
Société et Convivialité
Tisser des liens

La convivialité est l'art de vivre ensemble en favorisant les liens heureux


entre les gens. Nous tournons le dos à la consommation effréné et la
réalisation de soi passera bien plus par la résonance que chacun cherchera
avec le reste du monde – pour citer le philosophe Hartmut Rosa. Elle sera
favorisée par la promotion d'une plus grande écoute des personnes, tant pour
les autres que pour leurs propres émotions.
Tisser des liens entre les gens est en soi un épanouissement social. C'est
aussi un chemin pour créer des communautés plus résilientes face aux
catastrophes. Cela nécessite une réciprocité des droits et des devoirs entre les
gens, et une réelle solidarité.

Préserver l'héritage humaniste

Les détracteurs de la décroissance craignent que nous ne vivions un


retour au Moyen-Âge et à des valeurs violentes et patriarcales. Ce risque existe
en effet. Un manque de redistribution des terres pourrait faire un nouveau
féodalisme. L'effondrement encouragera les fanatismes religieux. Il faut
consciemment se décider à préserver les avancées humanistes qui participent
à l'émancipation : principe d'autonomie de l'individu et de sa réflexion, usage
de la raison, détestation du fanatisme religieux, promotion du plaisir de vivre
plutôt que de préparer sa mort, acceptation des minorités, tolérance.
La lutte pour l'égalité femme-homme et les droit des femmes ne doivent
surtout pas abandonnés au prétexte qu'ils ne seraient pas « traditionnels ». Si le
progrès techniquo-industriel va marquer une rupture importante, le progrès
spirituel de l'humanité doit être poursuivi.

Accueil des réfugiés et Métissage

Bien qu'il s'opère un certain retour à une vie locale, doublé pour une
part de la population par un retour à la terre, il ne s'agit pas de reconstituer
des communautés fermées et bornées. Le métissage entre les cultures et les
personnes doit être continué pour que nous puissions bénéficier de toute la
richesse culturelle des mondes. Le pluriel est important. Nous passons de la
Nation, unique majuscule autoritaire, à la Multitude, diverse et libre.

49
Le 21e siècle sera un siècle de migrations humaines. Le chaos climatique
est d'ors est déjà la source d'une grande part des migrations. D'autre part, les
habitants des pays d'occidents seront aussi contraints de se déplacer par
l'effondrement de la civilisation thermo-industrielle. Demain, nous seront tous
des migrants, et peut être dans la peur de voir se refermer sur nous d'autres
frontières de barbelés. Ces frontières, justement, sont très récentes : jusqu'au
19e siècle, la circulation entre pays était libre et les passeports quasiment
inexistants – ils étaient réservés aux suspects. Par ailleurs, les flux de
migrations restent et resteront très probablement intra-continentaux pour la
plupart – « l'invasion » est un mythe. Au-delà de l’accueil des réfugiés, nous
pouvons défendre l'ouverture des frontières. Les Communes n'auront pas de
frontières fermées. Leurs citoyens seront citoyens du monde.

Éducation et Transmission

L'éducation doit bien sûr enseigner la coopération, le respect de la Terre


et la compréhension de la complexité. Elle doit également mêler les
apprentissages intellectuels et manuels. Il est désirable que toute la
population, même celle voulant se consacrer à des métiers plus ouvriers,
passent par des études supérieures. Pour cela, il faudra mélanger les diplômes
en alternance et décloisonner les savoirs. On pourra alors, gratuitement et
sans sélection, suivre des études mixtes « permaculture et ethnologie », «
plomberie et psychologie », « électricien et histoire de l'art »…
L'enseignement supérieur pour l'ouvrage et pour le plaisir et un moyen
d'élever la compréhension d'une population. La transmission des savoirs par
les anciens devra être revalorisée.

Démographie

La fécondité naturelle d'un couple est d'une dizaine d'enfants par


femme, lors qu’aucune technique de contraception n'est employée. Jusqu'au
XIXe siècle, le taux de natalité et de mortalité infantile étaient très élevés.
Ainsi, la moindre amélioration de la situation matérielle provoquait une
rapide augmentation de la population. Les énergies fossiles et la baisse de la
mortalité infantile au XIXe siècle ont permis une augmentation considérable
de la population – le taux de natalité baissant après le taux de mortalité.
L'Europe connaît un taux de natalité proche du taux de renouvellement
de 2 enfants par femme. La population est donc stable. Il est important que

50
cette situation – une faible mortalité infantile et un taux de natalité proche de
2 – perdure malgré la survenue de temps difficiles. Il faut éviter le retour au
l'ère malthusienne, avec ses hausses et ses baisses douloureuses de la
population en fonction des récoltes.
Le régulation naturelle de la démographie passe par un ensemble
d'incitations. D'une part, l'accès des femmes à la contraception et aux études
supérieures – qui retardent l'âge des premiers enfants. D'autre part, la
décorrélation entre le nombre d'enfants et le revenu des parents. Par exemple,
les systèmes publics de retraites permettent, aux enfants de ne plus être les
seuls soutiens de leurs parents dans la vieillesse.

Laïcité

Aucun changement ne doit être fait vis à vis de l'idée française de laïcité
telle qu'énoncée par la loi de 1905 - Une stricte séparation de la religion avec
l'État. Et dans la société, une religion à caractère plutôt privée, ne
monopolisant pas toutes les relations spirituelles entre les personnes.

Rapport à la Terre et au Vivant

Le terme réducteur d'environnement est délaissé pour celui de Terre et


de Vivant. Notre dépendance vis-à-vis des écosystèmes doit être
intellectuellement et spirituellement compris et célébré. Il est à ce titre très
probablement judicieux de faire de la Terre un « sujet de droit » envers lequel
l'humanité et ses collectivités politiques ont des devoirs. Cette approche,
héritée des visions du monde de peuples indigènes d'Amérique du Sud, nous
permet de dépasser l'idée occidentale selon laquelle la nature est un objet
neutre et exploitable sans retenu. En pratique, elle permet à des communautés
isolés de faire valoir leur droit à une « environnement sain » en parlant « au
nom des droits de la Terre ». Un nouveau rapport au vivant passe simplement
aussi par la fin de l'élevage industriel et le retour d'un élevage digne des
animaux.

51
Les loisirs et la fête

Puisque nous ne consommons plus à outrance, ni ne travaillons plus


pour une croissance absurde, nous nous réaliserons dans la participation
démocratiques et dans les loisirs. Nous avons eu une société de guerre de tous
contre tous, nous voulons une société de tous avec tous. N'oublions pas que
nous allons passer par des temps très difficiles, et qu'il faudra de fréquents
moments de réjouissance pour se réconforter et continuer à faire société.

52
une
Alter/Anar/-constitution :

déclaration d'indépendance
juridico-poétique

[Rêv]
[vol]
[lut/t/e-ionnaire

pour le vocabulaire
de l'écriture
déchaînée
53
une Constitution Alternative
Ce texte est une Constitution Alternative proposée pour la République
Alternative. Loin d'être figé et fixé, ce texte a pour vocation d'inspirer le
mouvement d'émancipation – et de démontrer son caractère réaliste. Vous
pouvez proposez à ce titre critiques et améliorations
à l’adresse : alter-constitution@protonmail.com

Il s'agit aussi d'un Contrat Social complet, avec des droits individuels
(Titre I), des droits sociaux, culturels (Titre II) et des droits matériels concrets
(Titre III). Il y a donc des règles, mais aussi des objectifs de sociétés, et des
valeurs sociales et individuelles. Le Titre II formule les principes de la
coopération, qui doivent guider toute action collective. Le Titre IV formule le
passage à une œconomie coopérative et redistributrice, sans nécessiter de
centralisation autoritaire. C'est la sortie du règne de la croissance et des
inégalités. Le Titre V est une déclaration des droits de la Terre, du Vivant, des
animaux et des ressources – il inspiré des récentes déclarations éponymes.

Le Titre VI est la Constitution matérielle de la République fédérative. Il


inscrit le fonctionnement des Communes, des Régions et de la Fédération.
C'est probablement le titre le plus complexe, et qui nécessitera le plus de
critiques. Enfin, le Titre VII, une association internationale remplaçant
l'actuelle Organisation des Nations Unies.

Ce texte est dont tant la proposition d'un ordre légal nouveau, un « droit
libertaire », qu'un exemple poétique de ce que pourrait être un nouveau
contrat social libre. Il est fondé sur quatre grands paradigmes successifs :

- la liberté individuelle de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.

- la liberté collective d'association démocratique et de convivialité.

- l'œconomie coopérative, la propriété d'usage, la gestion durable des


ressources.

- le droit à l'autonomie locale, par des assemblées tirées au sort fédérées.

54
Constitution Alternative
Article Premier — Proclamation Universelle
Tous les êtres Humains naissent et demeurent libres et égaux en dignité
et en droits. Ils sont doués de conscience et de raison et doivent agir les
uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

L'Humanité est une ; diverse et solidaire. Les humains, comme leurs


peuples, sont tous interdépendants ; ils le vivent par les liens de
reconnaissance, d'entraide et d'affection qu'ils se portent. La
reconnaissance de la liberté de chacun et la réciprocité sont les condition
d'un monde ou coexistent beaucoup de mondes.

La République est le pouvoir politique autonome et fédéré des peuples


libres. Ils l'instituent pour la protection des droits de tous les humains,
dans une société juste, sur la même Terre vivante.

Elle est fédération des Provinces et des Communes libres. Elle est
Démocratique, Sociale, Écologique, Laïque, Pacifiste, Cosmopolite,
Plurielle et Indivisible.

Sa devise est « Liberté, Égalité, Fraternité », son principe est le


« droit du peuple, par le peuple, pour le peuple ».

55
Titre I — Droits individuels de la personne humaine

La vie et la dignité de la personne humaine sont sacrées. Sa liberté et ses


droits sont inaliénables, imprescriptibles et indivisibles.

Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés ici
proclamés, sans distinction aucune, notamment de genre, de race, de
couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute
autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou
de toute autre situation.

Chacun à la droit à un équitable partage des ressources et richesses, selon


ses besoins.

Femmes et hommes sont égaux en droits et en dignité. Ils vivent en


mixité ; ils ne peut être imposé à personne une coutume qui soit
particulière à son genre.

Chapitre I.1 Liberté et Éthique

Toute personne a droit de vivre en pleine Liberté d'agir et d'être, dans la


seule limite Éthique consistant ne pas faire du mal, ni à autrui, ni à la
Terre ; la liberté ne s’arrête que là où celle des autres commence ; toute
contrainte ne défendant pas ce seul principe est illégitime.

Chapitre I.2 Droits vitaux

Article 2

Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

Article 3

Toute personne a droit à un nom dès sa naissance, à la reconnaissance de


son nom et de son identité subjective.

56
Article 4

Toute personne a le droit de voyager librement sur la Terre et d'y établir


pacifiquement sa résidence. Toute personne a le droit de quitter tout
pays, y compris celui où il réside, et de revenir dans ce pays.

Toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en


d'autres pays. Les frontières sont ouvertes entre tous les territoires
engagés au respects des droits universels ici proclamés.

Article 5

Toute personne a le droit de voir respectées ses préférences amoureuses


et sexuelles, lorsqu'elles ne portent pas atteinte à autrui.

Tout individu a le droit de disposer de son corps. Tout individu a le droit


de consentir à ses quinze ans à tout rapport sexuel. Nul ne doit subir de
relations sexuelles sans son consentement.

Article 6

Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui


implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de
chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les
informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.

Ce droit ne connaît de limite que l'interdiction de la diffamation, de


l'incitation à la haine, et de l'incitation la discrimination.

Le blasphème n'est pas reconnu, et ne peut être interdit.

Article 7

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion

57
; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction
ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en
commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le
culte et l'accomplissement des rites.

Article 8

Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille,


son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa
réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de
telles atteintes et immixtions ; les communications doivent être chiffrées.

Toute personne a droit de disposer des données informatiques


recueillies sur sa personne. Elle a le droit de s'opposer à leur
enregistrement, qui ne peut découler que de son consentement explicite.
Elle a le droit à la rectification, à la consultation et à l'effacement de ses
données.

Article 9

Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des


esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. Nul ne sera soumis à la
torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

La peine de mort est abolie définitivement.

Chapitre I.3 Droits Civiques

Article 10

Toute personne à droit à sa majorité et à la citoyenneté de la République.

Article 11

Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.


Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.

58
Article 12

Tout peuple a le droit de se gouverner lui même pour assurer la


satisfaction des droits humains. Ce pouvoir est exercé par la plénitude du
peuple ou par des assemblées de citoyens tirées au sort recevant les
requêtes des citoyens. Ces assemblées se fédèrent et s’envoient
réciproquement des délégués.

Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires


publiques de sa Commune, de sa Région et de sa République soit
directement, soit par tirage au sort, soit par l'élection de porte-paroles.

Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux


fonctions publiques de son pays.

Article 13

Le tirage au sort doit être offert à toute personne majeure


indépendamment de sa volonté initiale. Les tirés au sort ont droit de
refuser leur mandat, mais sont encouragés à l'accomplir. Il doit être
offert une indemnité pour ce mandat.

Le vote doit être universel, personnel et à bulletin secret.

Les mandats élus ou nommés sont impératifs. Les élus sont responsables
devants leurs électeurs. Ils peuvent être démis par une motion soutenue
par une fraction des électeurs, si elle est confirmée par un référendum à
la majorité simple.

Chapitre I.3 Droits Juridiques

Article 14

Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale
protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute
discrimination qui violerait la présente Constitution et contre toute
provocation à une telle discrimination.

59
Article 15

Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité


juridique.

Article 16

Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.

Article 17

Toute personne a droit à une conciliation de justice prévenant


l'aggravation d'un conflit l'opposant à un tiers.

Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions


nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux
qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.

Article 18

Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue


équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial,
qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute
accusation en matière pénale dirigée contre elle.

Article 19

Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente


jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un
procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront
été assurées.

Article 20

Les mineurs ou accusés mineurs au moment des faits incriminés


jouissent d'une juridiction et d'une indulgence adaptée.

Article 21

60
Les sanctions judiciaires privilégient la réparation et la réinsertion dans
la société.

Les peines de prisons supérieure à 10 ans et la privation de liberté ne


peuvent être justifiée que par la dangerosité avérée de l'accusé.

Chapitre I.5 Épanouissement, Vertu et Devoirs

Article 22

Toute personne a droit de s'épanouir en tant qu'être singulier et subjectif,


part irremplaçable de la diversité du monde.

Article 23

La personne a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le


libre et plein développement de sa personnalité est possible.

Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun


n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue
d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui,
l'équité sociale et la préservation de la Terre.

Article 24

Toute personne porte la responsabilité de porter une aide aux autres


humains dans la mesure de ses moyens. Sa liberté, et les droits de la
Constitution doivent être défendus et exercés pleinement.

Article 25

Toute personne est responsable d'accomplir en soi l'apprentissage


subjectif de sa vertu, sagesse d'agir de manière juste et bienveillante
envers les autres et envers soi même, par sa liberté, ses équilibres et ses
liens.

61
Ce chemin est celui de l'émancipation ; la culture de sa liberté par
l'exercice de ses droits fondamentaux, par sa réflexion et son action
personnelle, par la création permanente de sa vie et de ses situation, par
sa résistance à toute oppression.

Ces vertus sont la confiance, le courage, l'indépendance, l'ouverture


d'esprit, la réflexion, la curiosité, l'esprit critique et l'autonomie d'action.

Cet apprentissage celui de la recherche d'équilibres ; par l'observation


des tempérances nécessaires à l'épanouissement des êtres vivants, par la
responsabilité envers les autres et soi-même.

Ces vertus sont l'écoute, la responsabilité, la prudence, la tempérance,


l'observation et la tolérance.

Ce chemin est celui du tissage de liens, familiaux, affectifs, sociaux,


culturels, de reconnaissance et de solidarité, avec les humains et
l'ensemble du Vivant ; de la recherche de tout ce qui participe à sa joie et
à son bonheur.

Ces vertus sont la compassion, l'amabilité, la générosité, la créativité, la


mémoire et la transmission.

62
Titre II — Droits Sociaux culturels

Chapitre II.1 Société, Convivialité et métissage

Article 26

Les humains vivent en société. La convivialité est l'art de vivre dans une
société favorisant les rencontres, les liens et les coopérations heureuses
entre les personnes et les groupes.

Elle se fonde sur la reconnaissance des droits et l'équité du partage des


ressources, racines d'un sentiment de justice permettant de coexister et
d'éventuellement s'opposer sans violence.

Article 27

La liberté humaine proscrit toute domination – qu'elle soit politique,


économique, culturelle, religieuse ou autre. Il ne doit pas exister de
hiérarchie sociale.

La dignité humaine proscrit la perpétuation de la violence, dans et entre


les sociétés. Celle-ci doit être apaisée par la conciliation, la justice et
l'ouverture.

Article 28

Les sociétés sont constitués de groupes et de communautés entrelacés


dans la vie commune. Elles sont part d'un monde fait de beaucoup de
mondes. Elles doivent être tolérantes et ouvertes les unes aux autres.

Le métissage des personnes et des cultures est indispensable à la vitalité


des sociétés humaines.

Article 29

63
Toute personne a le droit d'appartenir et de s'intégrer à un ou plusieurs
peuples et communautés, et sans que cette appartenance ne soit
sanctionnée par toute autre groupe.

Chapitre II.2 Libre Association, Autogestion et fédération

Article 30

Toute action collective doit être une libre association, selon les principes
d'équité, d'indépendance, de démocratie, de solidarité et de responsabilité.

Une association est la réunion d'êtres humains et de moyens partagés


afin d'accomplir ensemble une activité.

Toute personne a droit à la liberté de réunion pacifique et à la liberté


d’association, y compris le droit de fonder avec d’autres des syndicats et
de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

Son principe est « la liberté de autres augmente la mienne à l'infini » ; ce


second principe d'Éthique fonde toute la société.

Article 31

La participation à une association est libre ; Nul ne peut être obligé de


participer à une association.

L'association doit être ouverte à l'intégration de nouveaux membres. Les


savoirs et principes de l'association doivent être diffusés auprès des
personnes non-membres.

L'association préserve les droits et la liberté de ses membres.

Article 32

L'association est indépendante, son organisation est autonome et doit

64
servir la satisfaction de l'intérêt partagé de ses membres et de la société.

Article 33

L'association est équitable, ses efforts et ses fruits doivent être également
partagés entre tous ses membres.

Ses ressources sont gérées et surveillées collectivement, pour leur


préservation et leur mise à disposition de ses membres

Article 34

L'association est responsable de son action auprès de tous les autres


humains et du Vivant.

Elle est solidaire, et doit porter une aide dans la mesure de sa possibilité
d'action, à ses membres, aux autres associations, et à la société en
général.

Article 35

Tous les membres disposent d'un égale voix à la direction de


l'association, soit directement en assemblée générale, soit par délégation,
par vote ou établissement d'une assemblée tirée au sort.

Les décisions les plus importantes de l'association sont déterminées par


consensus ou à la majorité qualifiée. Les autres décisions peuvent être
déterminées par vote majoritaire ou par délégation.

Article 36

Les compétences au sein de l'association sont distribuées selon le


principe de subsidiarité et d'exacte adéquation.

La direction est nommé et contrôlé par l'assemblée. Il n'y a pas de

65
hiérarchie arbitraire, ni définitive.

Article 37

Les membres de l'association jouissent de leur liberté d'initiative à priori.


Ils peuvent agir dans le cadre des principes de l'association et créer des
commissions et groupes de compétences.

Ces commissions se coordonnent et agissent selon les délibérations


communes de l'association, et de son assemblée.

Article 38

Tous les membres doivent pouvoir accéder facilement aux informations


liées au fonctionnement de l'association et aux décisions qui les
concernent.

Article 39

Les règles de l'association assurent son fonctionnement, la préservation


de ces ressources et l'équité des participations des membres.

Tous les membres de l'association doivent pouvoir participer à


l'élaboration et à la modification des règles.

Les règles peuvent êtres revues périodiquement et être adaptées.

Les règles sont soumises au respect des droits humains.

Article 40

Les personnes en conflit au sein de l'association doivent accéder à une


conciliation impartiale.

Article 41

66
Les manquement répréhensibles au règles causant du mal aux autres
membres de l'association peuvent être jugés et sanctionnés en dernier
recours. La sanction doit être juste et proportionnée. Elle ne peut aller
contre les droits humains et la Loi.

Article 42

Les associations peuvent se fédérer pour se coordonner et assurer des


compétences communes. La fédération préserve l'indépendance des
associations fédérées ; celles-ci peuvent décider de se retirer de la
fédération.

Les décisions de la fédération sont issues des représentations des


associations fédérées et d'une assemblée, tirée au sort ou élue,
représentant l'ensemble des membres de toutes les associations fédérées.

Les délibérations de cette assemblée prévalent sur les désaccords au sein


de la fédération.

Article 43

Toute organisation irrespectueuse de ces principes est appelée à être


subvertie.

Chapitre II.3 Couple et Famille

Article 44

À partir de leur majorité, les couples de sexe différent ou de même sexe,


ont le droit à la reconnaissance de leur amour par l'union libre, civile ou
le mariage, sans aucune restriction quant à l'ethnie, la nationalité, ou la
religion.

Le couple et le mariage ne peuvent exister qu'avec le libre et plein

67
consentement des futurs époux. Ils ont des droits égaux au sein de leur
couple, au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution.

Nulle dot ne peut être exigée pour le mariage.

Article 45

Les couples ont le droit de donner la vie ou d'adopter des enfants, et de


les élever.

La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à


la protection de la société et de la République.

Article 46

Les femmes peuvent exercer leur droit inaliénable de choisir si elles


souhaitent donner la vie, et de la période à laquelle elle souhaite le faire
dans la période de leur fécondité. Elles ont droit d’accéder à l'éducation
sexuelle, à la contraception et à l'interruption volontaire de grossesse.

Chapitre II.4 Enfance et adolescence

Article 47

Les enfants jouissent de tous les droits humains reconnus par la


Constitution. L'intérêt supérieur de l'enfant prévaut dans toutes les
décisions qui le concerne.

Article 48

L'enfant, pour l'épanouissement harmonieux de sa personnalité, a besoin


d'amour et de compréhension.

Il doit, autant que possible, grandir sous la sauvegarde et sous la


responsabilité de ses parents et dans une atmosphère d'affection et de

68
sécurité morale et matérielle ; l'enfant en bas âge ne doit pas, sauf
circonstances exceptionnelles, être séparé de sa mère.

Tout enfant a droit de n'être pas séparé de ses parents. Il a le droit à


l'affection de sa famille, parentale et élargie.

Article 49

La société et les pouvoirs publics ont le devoir de prendre un soin


particulier des enfants sans famille ou de ceux qui n'ont pas de moyens
d'existence suffisants.

Article 50

Les enfants ne peuvent subir de châtiment corporels.

Article 51

Les enfants s'émancipent progressivement de la tutelle de leur parents et


de l'école.

Les adolescents à partir de quinze ans sont libres d'accomplir leurs


activités, et la confiance de leur parents leur doit être à priori accordée.

Chapitre II.5 Cultures et Langues

Article 52

La Culture recouvre les valeurs, les croyances, les convictions, les


langues, les savoirs et les arts, les traditions, institutions et modes de vie

69
par lesquels une personne ou un groupe exprime son humanité et les
significations qu'il donne à son existence et à son développement.

L'art de vivre est constitué de toutes les activités et œuvres humaine


destinées à rendre la vie agréable.

Article 53

La diversité culturelle s'incarne dans l'originalité et la pluralité des


identités qui caractérisent les groupes et les sociétés composant
l'humanité. Elles sont le fruit du métissage culturels et poursuivent ce
métissage. Chaque création puise aux racines des traditions et s'épanouit
au contact des autres cultures.

Article 54

Le patrimoine, sous toutes ses formes, doit être préservé, mis en valeur et
transmis aux générations futures en tant que témoignage de l'expérience
et des aspirations humaines, afin de nourrir la créativité dans toute sa
diversité et d'inspirer un véritable dialogue entre les cultures.

La richesse et préservation de la diversité des langues parlées et écrites


participe de la liberté d'expression.

Article 55

Toute personne, aussi bien seule qu'en commun, et sans considération de


frontière, a le droit de choisir et de voir respecter son identité culturelle
dans la diversité de ses modes d'expression. Elle a le droit de choisir de se
référer ou non à une ou plusieurs communautés culturelles, et de
modifier ce choix ; Nul ne peut être assimilé à une communauté
culturelle contre son gré.

Elle a le droit d'accéder, notamment par l’exercice des droits à l’éducation


et à l’information, aux patrimoines qui constituent des expressions des

70
différentes cultures ainsi que des ressources pour les générations
présentes et futures.

Article 56

Toute personne, aussi bien seule qu'en commun, a le droit d'accéder et de


participer librement, sans considération de frontières, à la vie culturelle à
travers les activités de son choix ; et de participer, selon des procédures
démocratiques, au développement culturel des communautés dont elle
est membre.

Article 57

Les œuvres de l'esprit humains, culturelles ou scientifiques, sont


diffusées librement et gratuitement ; toute personne a le droit d'y
accéder.

L'auteur d'une œuvre a droit de décider s'il autorise ou non la


modification de cette œuvre. Il a droit s'il le souhaite à une juste
rémunération et à voir son nom cité.

Article 58

Toute part de la Culture peut être critiquée, parodiée et moquée.


L'humour participe de l'intelligence et de la joie de vivre humaine.

Chapitre II.6 Arts, Loisirs et Fête

Article 59

Toute personne a droit de jouir de sa pleine liberté artistique pour la


création d'œuvres et d'imaginaires nouveaux.

71
Article 60

L'enseignement donne à tous l'exercice d'activités culturelles, ludiques et


sportives. Il favorise l'expression artistique autonome et la créativité.

Article 61

Toute personne a droit au loisir. Les activités individuelles et sociales, de


création et de loisirs participent à l'épanouissement de tous.

Article 62

Toute personne a droit de participer à l'embellissement de la vie en


société selon ses conceptions de la beauté.

Article 63

Tout groupe a droit à la festivité et à l'organisation autonome de ses


festivités. Il y a des fêtes communes à toute la société, notamment aux
solstices et équinoxes.

Chapitre II.7 Éducation

Article 64

Toute personne a droit à l'instruction et à l'éducation. L'éducation


primaire, secondaire et supérieure est publique, gratuite et laïque.
L'enseignement élémentaire et secondaire est obligatoire.

Article 65

L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité


humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des
libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la
tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes.

72
Article 67

Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à


donner à leurs enfants.

Article 68

L'éducation vise l'émancipation progressive de l'enfant, et son accession à


l'indépendance
intellectuelle et critique. Elle prend soin de la diversité des enfants et de
leurs éventuels besoins particuliers.

Elle mêle apprentissage théorique et pratique. Elle prépare l'enfant à


l'exercice de ses libertés et responsabilité de citoyen.

Article 69

La littérature, les mathématiques, la biologie, la géographie, les arts, la


philosophie, l'expression orale, les sciences et les techniques d'ouvrages,
sont enseignés.

L'enseignement de l'histoire favorise la compréhension des


responsabilités de l'humanité envers elle-même et envers la Terre.

Article 70

L’enseignement supérieur en Université est gratuit, ouvert à tous et


encouragé pour l'ensemble de la population.

Les étudiants ont le droit suivre simultanément des enseignements


différents, comprenant des apprentissages manuels et intellectuels.
L'étude à des fins de loisirs et développement de l'esprit est promu.

73
Chapitre II.8 Information, Internet, Journalisme

Article 71

Toute personne a droit d'informer et de bénéficier d'une information


libre, vérifiée, et pluraliste.

Article 72

Les journalistes et journaux sont indépendants de tout pouvoir politique


ou pécuniaire. Ils ne peuvent être contraints à révéler leurs sources. Les
personnes dénonçant une iniquité ont droit à une protection contre les
attaques et procès abusifs.

Article 73

Les réseaux radiophoniques et de télécommunications sont des biens


d'usage collectif, et sont assurés par des associations indépendantes.

Article 74

Les réseaux de communication, parmi lesquels Internet, assurent la


liberté d'expression hors de toute censure. Ils assurent la confidentialité
et la protection technique des échanges. Leur infrastructure est neutre et
assure l'égalité d'accès à l'information et à l'expression.

Chapitre II.9 Science et Technique

Article 75

La connaissance humaine repose sur la recherche scientifique


d'observation factuelle et de compréhension du monde. Les méthodes et
savoirs scientifiques doivent être vulgarisés auprès de toute la
population.

74
Article 76

Les sciences permettent l'inventivité technique et l'élaboration d'une


technologie adéquate à l'humanité. Celle-ci doit être sobre en énergie et
matériaux, réparable et accessible au plus grand nombre.

Article 77

Les Universités participent à la discussion, la transmission et


l'amélioration des techniques d'ouvrages. Elles mêlent la recherche
scientifique, l'enseignement supérieur et l'apprentissage des techniques
d'ouvrage.

75
Titre III — Droits Sociaux matériels

Article 78

Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la satisfaction


de ses besoins sociaux, culturels et matériels, par l'emploi prudent des
ressources et par leur répartition équitable.

Cette satisfaction des besoins matériels est réalisée par une adéquate
sobriété, permettant de se réaliser dans les loisirs et non dans
l'accumulation de richesses.

La recherche permanente d'une égalité matérielle entre les personnes est


la condition de la justice dans une société.

Les ressources communes doivent être gouvernées et préservées par la


communauté qui les utilise.

L'accès à l'eau potable, à l'éducation, à la médecine, à l'énergie, à la


culture, aux transports publics, à la culture, à la retraite, au logement,
aux systèmes d’assainissement sont des services publics. Ils doivent être
assurés à tous gratuitement par les Communes et Régions de la
République.

Chapitre III.1 Alimentation et Eau

Article 79

Toute personne a droit à une alimentation variée, saine et suffisante, lors


de trois repas par jour. Les repas pris en commun et l'art culinaire font
partie du patrimoine vivant de l'humanité.

Article 80

76
Toute personne a droit d'accéder à l'eau potable, par les rivières, les puits
et un réseau public d'eau.

Article 81

L'eau doit être préservée et recueillie dans les paysages, les nappes
souterraines et les réserves.

Article 82

L'assainissement des eaux usées est assurée pour la préservation de l'eau


et le recueil des déchets biologiques pour la fertilisation des champs.

Chapitre III.2 Sécurité Sociale et adaptation aux handicaps

Article 83

Toute personne a droit à une protection contre les dommages des


accidents, des maladies, de la vieillesse ou du chômage, fournie par la
République. Cette protection est appelée sécurité sociale.

Article 84

La sécurité sociale, ses services et son financement, sont uniformes à


toute la République.

Article 85

Les personnes portant un besoin spécifique, tel qu'un handicap, ont droit
à une adaptation de la société à leur égard, leur permettant d'accéder à
ses activités.

Chapitre III.3 Santé

Article 86

77
La santé est la préservation du bien-être corporel, psychique et affectif
tout au long de la vie.

Article 87

Les soins sont pris en charge gratuitement par le service public. La


médecine promeut la prévention des affections, la vaccination, la
diminution de la mortalité infantile, la prophylaxie.

Article 88

Les soins apportés doivent respecter l'intégrité du patient en tant que


personne complète. Le patient dispose de son corps et ses choix doivent
être respectés.

Article 89

Les personnes le voulant peuvent exercer leur droit à mourir dans la


dignité. Nul ne doit être incité au suicide.

Chapitre III.4 Vêtement, Logement et Ville

Article 90

Toute personne a droit de se vêtir et de se chausser pour sa protection et


l'expression de ses préférences esthétiques.

Il n'y a pas d'uniforme.

Article 91

Toute personne a droit à l'usage d'un logement adapté à ses besoins, et à


une intimité dans son logement.

78
Les habitations doivent être salubres, lumineuses et isolées des
intempéries. Elles doivent, permettre la réception d'amis, et, à la
demande de la personne, la vie familiale.

Article 92

Le regroupement des habitations en villages et villes favorise la socialité


et la démocratie.

L’aménagement urbain favorise la rencontre des habitants, l'exercice de


leurs activités sociales et l'accès aux services publics. Les quartiers sont
ouverts et accessibles les uns aux autres.

La ville mêle les activités d'habitation, d'ouvrage, de loisirs et


d'agriculture. Elle vit dans son espace public et dans ses tiers lieux ; parcs
publics, jardins arborés, bibliothèques publiques, cafés, bars, musées,
cinémas, théâtres, bals, terrains de sport.

Chapitre III.5 Transports et Énergie

Article 93

L'énergie utilisée provient de sources renouvelable. Sa production, son


stockage et sa distribution sont locales. L'entretien de ses infrastructures
et la fourniture d'énergie est un service public.

Article 94

Les transports en commun et routes, vélocipèdes, chevaux, chemins de


fer et navigations assurent le droit à la mobilité des personnes, de tout
lieu d'un territoire à tout lieu d'un autre.

Article 95

79
Les transports en communs sont un service public gratuit. L'usage du
vélocipède est promu pour tous.

Chapitre III.6 Retraite

Article 96

Toute personne a le droit dans sa vieillesse d'être assuré contre le besoin


par la société.

Article 97

Les personnes âgées ont le droit de poursuivre leur participation à la vie


sociale et démocratique.

Elles ont le droit de rester auprès de leur proches, et de transmettre à la


société les conseils que leur prodigue leur expérience.

80
Titre IV — Droits Sociaux œconomiques

Chapitre IV.1 Ouvrage et Rémunération

Article 98

Toute personne a droit au libre exercice d'un ouvrage selon ses capacités,
contribuant à la satisfaction des besoins de la société.

Le travail doit être organisé de sorte que l'ouvrage soit épanouissant et


constitué de tâches variées, de travail manuel et intellectuel.

Article 99

Toute personne a droit à des conditions équitables et satisfaisantes de


travail et à la protection contre le chômage.

Article 100

Toute personne a droit au repos, au loisirs et à la paresse.

Le temps de travail sera limité et réparti sur l'ensemble de la population,


afin que tous puissent jouir du maximum de loisirs. Il y a des jours de
repos chaque semaine et des congés payés périodiques.

Article 101

Toute personne a droit, sans aucune discrimination, à une rémunération


égale au sein de sa coopérative.

Chapitre IV.2 Propriété

Article 102

81
Toute personne a droit a la propriété personnelle des biens dont l'usage
lui est personnel ou familial. Toute personne a le droit d'user de ces
biens, d'en abuser, de les donner et échanger. Seuls les biens matériels
peuvent faire l'objet d'une propriété personnelle.

Les enfants héritent à égale part des biens personnels de leurs


ascendants.

Article 103

Tous les autres biens et ressources sont propriété d'une association


commune ou publique. Leur administration est indépendante et
démocratique. Elle vise à leur préservation et leur partage égalitaire.

Les Communes sont garantes de ces biens et ressources. Elles peuvent les
réquisitionner et les redistribuer.

Article 104

Toute personne a droit à la propriété d'usage personnelle des biens et


services dont la propriété est commune, mais dont l'usage est privé. Il ne
doit pas les détériorer. L'usage de ces biens et service et libre et ne peut
faire l'objet d'un contrôle abusif.

Ces biens et services sont prêtés par les Communes ou par les
coopératives de partage de ressources.

Cela comprend notamment, le logement, les terres cultivables, les


moyens de transport partagés, les système informatiques, etc.

Article 105

Toute personne a le droit à la propriété d'usage collective, c'est à dire de


disposer au sein d'une coopérative, de l'organisation et des objets

82
permettant d'accomplir une activité organisé collectivement.

Les moyens de production œconomiques appartiennent à cette catégorie.

Chapitre IV.3 Coopérative

Article 106

Une coopérative est une association volontaire, indépendante et laïque de


personnes, en vue de produire des biens ou de réaliser des services, et de
les mettre à disposition d'eux même et de toute la société.

Article 107

La coopérative et ses moyens de production appartient à ses travailleurs.


Ils disposent d'un égal pouvoirs, selon le principe « une personne, une
voix ». Ils dirigent directement leur coopérative selon le principe de
subsidiarité ou établissent une assemblée et une direction élue.

Article 108

Les coopératives sont responsables de leurs réalisations, et de leur


incidence sur la société et sur la Biosphère. Elles publient leur
comptabilité et leur utilisation des ressources naturelles.

Article 109

Lorsqu'ils l'estiment utile, les usagers d'une coopérative ont le droit


d'établir une assemblée citoyenne élue ou tirée au sort pour seconder
celle des travailleurs et orienter la coopérative vers l'intérêt général.

Les deux assemblées se concertent et disposent d'un même pouvoir de


renverser et de nommer la direction de la coopérative.

83
Article 110

Une coopérative organise les tâches nécessaires à son ouvrage selon les
capacités des personnes volontaires.

Article 111

Elle transmets les savoirs techniques et permet à ses membres de réaliser


des tâches variés. En association avec les Universités, elle conçoit et
améliore ses réalisations pour le bien de la société.

Chapitre 4 Moyens de Production et Financement

Article 112

Les coopératives ne possèdent pas de capital propre. Elles peuvent


acquérir leurs moyens de production en empruntant sans intérêt auprès
des banques communes.

Article 113

Les banques communes sont des coopératives. Elles recueillent les dépôts
et font crédit aux coopératives. Elles peuvent demander une légère
cotisation périodique pour couvrir leurs frais de fonctionnements.

Elles sont dirigées par des assemblées citoyennes non rémunérée. Elles
orientent le crédit selon l'intérêt général de la population.

Chapitre IV.5 Cotisations, impôt, allocation universelle

Article 114

Une proportion déterminé par la loi des fruits de toute coopérative peut
être prélevée dans une caisse commune et répartie entre toutes les
personnes adultes.

84
Article 115

Une proportion déterminée par la loi de la rémunération de chacun est


prélevée selon ses capacités pour le financement des services publics et
de la sécurité sociale. Le prélèvement est progressif et participe à la
réduction des inégalités.

Chapitre IV.6 Transferts, échanges et monnaie

Article 116

Les Communes décident d'utiliser ou non l'échange d'argent pour le


transferts de biens et de services.

La monnaie est alors émise par la Commune ou la Région, en


complément de celle émise par les autres Région ou la Fédération. Elle
porte l'inscription « Tu préféreras les gens à l'argent ».

Les Communes n'utilisant pas d'argent mettent en place une Plateforme


autogérée pour l'organisation de la distribution des biens.

Chapitre IV.7 Abolitions

Article 117

La propriété privée des moyens de production est abolie ; Les ressources


et biens sous ce régime sont saisis par les communes pour être alloués
aux coopératives.

Ce principe est énoncé par la formule « La terre appartient à ceux qui la


cultivent ».

Article 118

85
Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l'esclavage et la traite des
esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. Il est de même interdit
d'imposer à autrui un travail ou des conditions de travail dégradées, ou
de causer la dégradation durable d'une ressource de la Biosphère.

Article 119

Le prêt à intérêt, le travail forcé, le métayage ou servage, l'accaparement


des ressources et richesses au profit d'une partie de la population, et
toute forme de marchandisation du corps humain sont abolis.

86
Titre V — Terre et Vivant
Chapitre V.1 — Terre et préservation

Article 120

La Terre est un être vivant ; elle porte la vie.

Tous les êtres vivants interdépendants qui peuplent la Terre représentent


une partie de sa diversité constitutive.

Le terme “Vivant”, «Terre » et « Biosphère » intègre les écosystèmes, les


espèces et toutes les autres entités naturelles qui existent comme partie
de la Terre.

Article 121

Tous les êtres humains ont le devoir de respecter la Terre et de vivre en


harmonie avec les vies qui la constituent.

Le Vivant et ses espèces possèdent le droit d'exister et de se perpétuer, le


droit à la régénération de leurs capacités biologiques et à la bonne
continuité de leurs cycles et processus vitaux ;

Les êtres humains ont la responsabilité de respecter, de protéger, de


préserver et là où ce sera nécessaire, de restaurer l’intégrité des cycles et
équilibres vitaux de la Terre, de mettre en place des mesures de
précaution et de restriction pour éviter que les activités humaines ne
conduisent à l’extinction d’espèces, à la destruction d’écosystèmes ou à la
modification des cycles écologiques.

87
Article 122

Toute personne a droit de jouir gratuitement des ressources du Vivant, et


de ces espaces d'existence.

Article 123

Chaque génération humaine est garante des ressources de la terre pour


les générations futures et la nature. Elle a le devoir de les préserver, d'en
user avec prudence et les partager égalitairement.

Toute ressource doit être observée par une association civile ou une
Commune de la République. Elles établissent des conseils et régulation
du prélèvement, pour la perpétuation et le partage équitable de la
ressource.

Toute personne ou association peut porter plainte auprès de la Justice, au


nom de la défense de la préservation d'une ressource du Vivant.

Chapitre V.2 — Rapport aux animaux

Article 124

Toute espèce vivante doit être honorée, respectée et perpétuée quelle


qu’en soit l’utilité pour l’être humain.

Article 125

Tous les animaux, sauvages ou domestiqués, ont le droit à la dignité, au


bien-être et à vivre libres de tortures ou de traitements cruels infligés par
les êtres humains.

Article 126

L'élevage sera mené avec respect du bien-être des animaux.

88
La chair animale pourra être consommée occasionnellement. La mise à
mort d’un animal d'élevage, doit être instantanée, indolore et non
génératrice d’angoisse.

Chapitre V.3 — Ressources et recyclage

Article 127

Les procédés techniques ne doivent pas générer de pollution, ni de


consommation des ressources au-delà de leur équilibre naturel de
renouvellement.

Article 125

Les déchets de toutes catégories doivent être collectés et recyclés ou


utilisés à la fertilisation des terres.

Article 126

Les objets doivent généralement être conçus de façons à être durables,


réutilisables, réparables et compréhensibles par leurs utilisateurs. Ils
doivent s'adapter aux besoins humains et à son corps.

Chapitre V.4 — Agriculture et Paysages

Article 127

L'être humain doit contribuer à composer, là où cela est nécessaire, des


paysages vivants et nourriciers, aptes à recueillir l'eau, les minéraux, et le
carbone de l'atmosphère dans les sols.

Article 128

L'agriculture nourrit l'humanité et préserve les sols. Elle associe, les

89
plantes ; arbres, céréales, légumineuses, fruits ; les champignons et
animaux.

La semence est un produit vivant de la vie que les paysans utilisent,


multiplient et reproduisent dans leurs champs depuis que l’agriculture
existe ; pouvoir la ressemer est un droit inaliénable des paysans.

Chapitre V.5 — Transmission et Univers

Article 129

Les êtres humains ont le devoir de promouvoir et de prendre part à


l’apprentissage, à l’analyse, à l’interprétation et à la transmission des
modes de vie en harmonie avec la Terre.

Le système solaire est une infime partie de l'Univers. Sa beauté est


célébrée et la quête de sa connaissance doit être poursuivie.

90
Titre VI — Démocratie et République
Fédérative

Chapitre 1er – Principes et droits politiques

Article 130

Le pouvoir politique est exercé pour la juste société des humains. Il


n'appartient à personne.

Article 131

Le pouvoir politique réside dans tout le peuple, qui l'exerce par sa


participation directe aux assemblées et coopératives publiques, par la
délégation au mandat impératif, par la représentation par tirage au sort
et par le vote lors de referendum.

Article 132

La délibération d'une décision appartient à ceux qui en seront affectés.

Les décisions les plus importantes doivent s'appuyer sur le consensus le


plus large, déterminé par le vote à majorité qualifié. Les décisions d'une
moindre importance peuvent être déterminée par le vote à majorité
simple.

La fédération de collectivités ne peut assumer que la coordination des


tâches expressément déléguées ne pouvant être assumées par les
collectivités fédérées, selon les principes d'exacte adéquation et de
subsidiarité.

La volonté générale est établie par le peuple, de bas en haut, de ses


assemblées de quartier à son assemblée Fédérale.

91
Article 133

Toute collectivité a le droit de s'autodéterminer et de se gouverner


directement. Les collectivités sont fédérées et solidaires.

La République est l'ensemble des institutions publiques par lesquels le


peuple s'assemble et délibère pour se donner des services publics et des
lois.

Les institutions de la République sont laïques, démocratique, solidaires


pluralistes et écologiques.

La République est composé des Communes, des Régions et de la


Fédération.

Les services publics décidés par les Assemblées sont effectuées par les
coopératives publiques. Les coopérative publiques sont démocratiques et
participatives.

Article 134

La Constitution et les droits humains priment sur toute loi et sur tout
pouvoir.

La loi est issue de la volonté générale. Elle est écrite.

La Loi ne peut interdire ce qui fait du mal à autrui, elle ne peut obliger
que ce qui est utile à l'intérêt partagé de tous. Cette considération à
l’égard d’autrui et de la Terre est le fondement du sentiment de justice.
Nul ne peut être obligé de faire ce que la loi n'ordonne pas.

Il y a une loi commune pour les sujets nécessitant un règlement


uniforme, et une loi locale pour les sujets nécessitant une régulation
particulière au territoire.

92
La loi de l’entité fédérale est appliquée par l'entité fédérée à titre de
compétence propre, sauf si elle décide de déléguer cette compétence.

La loi de l'entité fédérale prime à priori sur la loi de l'entité fédérée, sauf
si celle-ci décide de s'y opposer par un vote à la majorité qualifiée.

Article 135

Les représentants tirés au sort, les porte-paroles élus, les mandataires


investis, sont responsable de leur action devant la population.

Les tirés au sorts représentent le peuple, libre des intérêts particuliers. Ils
prêtent serment sur la constitution de défendre la liberté, l'intérêt
général de la population et du Vivant. Ils développent leur réflexion
propre, leur pouvoir de vote est personnel.

Ils jouissent d'une indemnité et de services leur permettant d'accomplir


leur tâche sans interrompre leur vie familiale. Après leur élection par le
sort, il suivent une formation dispensés par leurs prédécesseurs.

Les mandats des porte-paroles sont, courts, impératifs et révocables.

Chapitre 2 – La Commune
Définition

Article 136

La Commune est le gouvernement autonome du peuple d'une ville et des


terres alentours. Les habitants de tout lieu décident de se constituer en
Commune ou de rattacher leur territoire à une Commune proche.

Les villégiatures rattachées se constituent en assemblée ouverte à tous et


élisent des porte-paroles pour les représenter auprès de leur Commune.

93
Fonctions

Article 137

La Commune assure les services publics, l’aménagement territorial et


urbain, la protection des ressources du Vivant ; elle assure l'application
de la Loi, commune et locale. Elle est garante de la propriété d'usage et
de l'égalité œconomique. Elle protège la population et soutient les
activités associatives et culturelles.

La Commune assure à priori toutes les compétences de la République, à


l'exception de la justice.

La Commune peut déléguer certaines de ses compétences à sa Région et


à la Fédération, et décider de les rétablir si elle le souhaite.

Article 138

La Commune participe à l'écriture de la Loi fédérale et régionale. Elle


peut établir ses propres lois locales.

Article 139

La Commune applique les décisions générales de la Fédération et la


Région fédérée, à l'exception de celles proscrites par son devoir de
résistance à toute tyrannie.

Fonctionnement

Article 140

Les assemblées de quartiers sont ouvertes à tous. Elles décident lorsque


l'importance de la population l'exige, de se fédérer avec une Assemblée
de la Commune.

94
L'Assemblée de la Commune est formée des portes paroles des
assemblées de quartier et, si les habitants le souhaitent, de quelques
centaines de personnes tirées au sort pour un mandat court de quelques
années. Elle est renouvelée par fraction tous les ans.

Article 141

L'Assemblée de la Commune entend les requêtes directes des citoyens,


des assemblées de quartiers et des associations.

Toute association peut plaider directement devant l'assemblée, à


condition de s'inscrire quelque temps à l'avance, et de n'être pas refusée
par un vote la majorité simple.

Article 142

L'Assemblée de la Commune consulte, pour toute action, les citoyens


impliqués ou touchés. Après débat, elle délibère et élit des motions à la
majorité absolue.

Article 143

L'Assemblée de la Commune est souveraine sur toutes les décisions


administratives prenant place sur son territoire. Elle peut les guider, les
modifier et les annuler.

L'Assemblée de la Commune élit au scrutin selon la méthode de borda,


des chargés de missions pour coordonner l'accomplissement des
missions données par la Commune. Ces chargés de missions forment le
Conseil municipal.

Les membres du Conseil municipal peuvent être révoqués


indépendamment et à tout moment par l'Assemblée de la Commune.

Article 144

95
La Commune assure ses fonctions par son administration directe et par
le mandat donné à des coopératives de service public.

Article 145

La Commune et ses Assemblées de Quartier participent à l'écriture de la


loi régionale et fédérale. Ses débats sont publiés officiellement.

La Commune peut formuler une requête législative auprès de la Région


et de la Fédération. Sur proposition d'une association de citoyens,
appartenant ou non à la Commune, l'Assemblée vote à la majorité
simple l'envoie d'une requête.

Article 146

La Commune peut écrire et appliquer ses lois propres, ratifiés par les
deux tiers de son assemblée.

Les habitants d'une commune peuvent demander par pétition la tenue


d'un référendum, portant sur la révocation d'un élu, ou la demande de
modification d'une loi. À partir de cette demande, l'Assemblée de la
Commune réalise des propositions.

La Commune applique à priori la loi fédérale et régionale à titre de


compétence propre. Elle peut s'opposer à une loi, par un vote au deux
tiers de son assemblée.

Article 147

Par une résolution non contraignante, l'Assemblée de la Commune peut


inviter tout organe de la République et toute personne physique ou
morale a poursuivre ou modifier son action dans un but d'intérêt
général.

96
Liens avec les autres collectivités

Article 148

L'Assemblée de la Commune élit au scrutin selon la méthode de borda,


deux délégués auprès de la Région, une femme et un homme. Leur
mandat est impératif.

Article 149

Les séances de l'Assemblée de la Commune sont publiques. La


Commune accueille en permanence des délégués de la Région, et tout
autre délégué de Commune ou d'Associations souhaitant être présents.

Article 150

La Commune dispose du budget alloué par sa Région, de la part de cette


Région et de la Fédération.

Article 151

Les conflits entre Communes sont notifiés aux Régions. Un jury de


conciliation, composé de délégués et de citoyens tirés au sort des deux
Communes est constitué. Il est chargé d'examiner le différent et de
trouver une conciliation.

Article 152

Les Communes se réunissent en départements au sein de leurs Régions.

Chapitre 3 – La Région

Définition

Article 153

97
La Région est la fédération de toutes les Communes d'un territoire vaste,
délimité par ses limites et ressources naturelles, les possibilités de
déplacement au sein de son territoire et sa cohérence urbaine.

Fonctions

Article 154

La Région exerce les compétences déléguées par les Communes le


souhaitant.

La Région applique les décisions générales de la Fédération, à l'exception


de celles proscrites par son devoir de résistance à toute tyrannie.

La Région assure le prélèvement de l'impôt pour les Communes et pour


la Fédération.

La Région peut établir ses lois locales.

Fonctionnement

Article 155

L'Assemblée Régionale représente la population de l'ensemble de la


Région. Elle est formée de quelques centaines de personnes tirées au sort
pour un mandat de quelques années. Elle est renouvelée par fraction
tous les ans.

Article 156

L'Assemblée Régionale entend les requêtes directes des citoyens et des


Communes. Elle consulte pour toute action les citoyens impliqués ou
touchés. Après débat, elle délibère et élit des motions à la majorité
absolue.

98
Toute association peut plaider directement devant l'assemblée, à
condition de s'inscrire quelque temps à l'avance, et de n'être pas refusée
par un vote la majorité simple.

Article 157

L'Assemblée Régionale est souveraine sur toutes les décisions


administrative des compétences déléguées par les Communes et par la
Fédération. Elle peut les modifier et les annuler.

L'Assemblée régionale nomme un conseil régional pour


l'accomplissement de ses missions. Les mandats des membres du conseil
régional sont individuellement révocables à tout moment par le vote
d'une motion comprenant le nom d'un successeur

Article 158

Les Assemblées de Communes sont représentées par leurs délégués au


sein du Congrès Régional.

Article 159

Les Communes volontaires, au sein et hors de la Région peuvent adopter


toutes les décisions conjointes volontaires qu'elles souhaitent, si
l'Assemblée Régionale ne s'y oppose pas.

Article 160

Le Congrès Régional peut obliger une Commune à se conformer à une


décision, si et seulement si la majorité des délégués du Congrès et la
majorité des membres de l'Assemblée Régionale y sont favorables.

Article 161

99
La loi est votée par l'Assemblée Régionale à la majorité absolue, avec
l'accord de la majorité des représentants du Congrès des Communes.

Après réception d'une requête législative d'une Commune ou d'une


association de Citoyen, l'Assemblée Régionale débat, et décide de porter
à la requête devant la Fédération ou devant elle-même, selon que la loi
concerne un domaine fédéral ou régional.

La Région consulte le Congrès des Communes pour l'organisation de la


consultation locale et associative relative à la requête législative. Cette
consultation ne peut durer moins d'un mois.

Si l'Assemblée fédérale décide de se saisir de la requête législative,


l'Assemblée Régionale s'en dessaisit et lui transmet ses délibérations
pour participer à l'écriture de la loi.

Liens avec les autres collectivités

Article 162

Par une résolution non contraignante, l'Assemblée Régionale peut inviter


tout organe de la République et toute personne physique ou morale a
poursuivre ou modifier son action dans un but d'intérêt général.

Article 163

L'Assemblée Régionale élit au scrutin selon la méthode de borda, deux


délégués auprès de la fédération, une femme et un homme. Leur mandat
est impératif.

Article 164

Les séances de l'Assemblée Régionale sont publiques. La Région


accueille en permanence des délégués de la Fédération, et tout autres
délégués de Commune ou de Régions souhaitant être présents.

100
Article 165

Les Régions peuvent établir des associations et confédérations distinctes


de la Fédération.

Ces confédérations ne peuvent exercer aucun pouvoir normatif ou


décisionnel supérieur aux Assemblées Régionales, et à l'Assemblée de la
Fédération.

Chapitre 4 – La Fédération de la République

Article 166

La Fédération de la République est la réunion de toutes les Communes et


de toutes les Régions.

Article 167

La Fédération de la République coordonne les Régions, établit la Loi


fédérale, redistribue les budgets et exerce l'administration déléguée par
les Régions et Communes.

Chapitre 5 – Le Parlement fédéral


Article 168

Le Parlement fédéral est composé de l'Assemblée Fédérale et de la


Conférence des Communs.

Article 169

L’Assemblée Fédérale entend les requêtes des citoyens, des Communes et


des Régions. Elle vote la Loi. Elle vote le Budget, sur proposition de la

101
Conférence des Communs.

L'Assemblée Fédérale décide des grandes orientations de la politique


publique. Elle nomme et contrôle le conseil exécutif.

Article 170

La Conférence des Communs représente les Régions, les Services


Publics, les Ressources Communes autogérées, les Universités, des
Associations civiles laïques et les diverses part du Vivant. Ces membres
sont délégués par les parties qu'ils représentent.

L'Assemblée Fédérale vote tous les deux ans pour déterminer les
associations invitée à siéger provisoirement au sein de la Conférence des
Communs, en complément des délégués des Régions et des Services
Publics. Une association ne peut voir sa représentation renouvelée plus
d'une fois.

Article 171

L'Assemblée Fédérale est composée de quelques centaines de personnes


majeures tirées au sort pour un mandat de 4 ans. Elle est renouvelée d'un
quart tous les ans.

L'Assemblée Fédérale élit au jugement majoritaire, parmi ses membres,


trois premiers secrétaires, dont un membre est renouvelé chaque année.

Article 172

L'Assemblée Fédérale reçoit les requêtes des citoyens, des Communes ou


des Régions. Toute requête appuyé par plus d'un millième de la
population d'une Région ou par une Commune, fait l'objet d'un examen
en séance ordinaire et d'un débat.

Toute association peut plaider directement devant l'assemblée, à

102
condition de s'inscrire quelque temps à l'avance, et de n'être pas refusée
par un vote la majorité simple.

Article 173

L'Assemblée Fédérale invite les assemblées de quartiers et des


Communes à débattre des sujets sur lesquels elle travaille. À partir de
cette invitation, les assemblées de quartiers ont vingt-cinq jours pour lui
rendre compte de leurs débats.

Article 174

Après ses recherche documentaire et débats, elle délibère pour


rechercher un consensus sur l'intérêt général de la population.

Elle rédige et vote à la majorité relative des motions exprimant ses


délibérations. Elle inscrit dans un registre de délibération ses
conclusions.

Article 175

Après délibération, elle consulte la loi actuelle et s'interroge sur la


nécessité de légiférer dans ce domaine, assisté par le conseil de
formulation du droit du conseil constitutionnel. Elle décide de se saisir
de la loi, ou de la laisser à l'initiative des Régions.

Si elle conclut à cette nécessité, elle reçoit des Communes et des Régions
des propositions de loi conforme à ses délibérations, et rédige ses propres
propositions.

Elle vote la loi fédérale à la majorité absolue, avec l'accord de la majorité


des délégués de la Conférence des Communs.

Article 176

103
Par une résolution non contraignante, l'Assemblée Fédérale peut inviter
tout organe de la République et toute personne physique ou morale a
poursuivre ou modifier son action dans un but d'intérêt général.

Article 177

La Conférence des Communs formule des requêtes auprès de


l'Assemblée Fédérale. Elle propose un budget fédéral à l'Assemblée
Fédérale.

Article 178

La Conférence des Communs reçoit de l'Assemblée Fédérale et du


Conseil exécutif des requêtes vis-à-vis de l'action de ces composantes. Elle
concoure à l’évaluation des actions d'intérêt général et à la promotion
des meilleures pratiques auprès de l'ensemble des Régions et Communes.

Article 179

La Conférence des Communs vote ou refuse à la majorité les directives


générales du Conseil fédéral relatives à l'application de la Loi et au
développement de l'action publique par les Régions et Communes.

Chapitre 6 – Le Conseil fédéral

Article 180

Les conseillers fédéraux disposent de l'administration fédérale de la


République. Ils assurent la coordination des services publics.

Ils proposent à la Conférence des Communs l'adoption de directives


générales applicables par l'ensemble des Régions et Communes.

Article 181

104
Le Conseil fédéral est composés de huit membres indépendants,
nommés par l' Assemblée Fédérale. Leur mandat est remis en jeu au
moins tous les cinq ans.

Article 182

L'Assemblée Fédérale nomme les titulaires des postes exécutifs fédéraux


par une élection au jugement majoritaire, sur une liste proposée par les
membres de la Conférence des Communs.

Article 183

À la fin du mandat d'un titulaire, l'Assemblée Fédérale vote à la majorité


absolue sa prolongation ou son remplacement.

Article 184

L'Assemblée Fédérale et la Conférence des Communs émettent des


résolutions pour orienter les mandats des Conseillers, et contrôlent leurs
actions par les commissions permanentes.

Toute acte exécutif peut être contesté et annulé par l'une des deux
assemblées, par un vote à la majorité simple. En cas de différent entre les
deux assemblées, les décisions de l'Assemblée Fédérale prévalent.

Article 185

Les Assemblées peuvent démettre un titulaire d'un poste exécutif de son


poste par une motion de censure comprenant le nom d'un candidat au
remplacement, si l'Assemblée Fédérale le valide par un vote à la majorité
simple.

Article 186

105
Parmi les membres du Conseil fédéral sont : le Conseiller des Affaires
d'Infrastructures, d'Énergie et de Transport, le Conseiller à aux affaire
d’Environnement et d'Agriculture, le Conseiller à l'Éducation, à la
Recherche et à la Culture, le Conseiller à la Sécurité Sociale et à la Santé,
le Conseiller aux affaires étrangères, le Conseiller à l'œconomie et aux
finances publiques, le Conseiller des Affaires de maintien de la paix.

Article 187

La présidence du conseil est assuré par un membre différent chaque


année. Il est secondé par un secrétaire général choisit par les huit
membres.

Chapitre 7 – Le service public


Article 188

Les collectivités de la République assurent des activités universelles


utiles à la population.

Les transports en commun, l'entretien des routes et des villes,


l'éducation, le logement, les réseaux d'eau, d'énergie, de communication,
la médecine, la retraite, la culture, sont, sans exhaustivité, des services
publics garantis.

Article 189

Les services publics fonctionnent selon les principes de continuité, de


mutabilité, d'égalité de service, de primauté de l'intérêt général et de
gratuité du service. Ils sont laïcs et neutres.

Article 200

Les services publics sont financés par la collectivité grâce à l'impôt.

106
Article 201

Les Communes, Régions et la Fédération assurent leurs services publics


par leur administration directe, et par le mandat donné aux coopérative
participatives de service public.

Article 202

Les coopératives de service public sont des coopératives indépendantes,


mandatés et financés par les Communes ou les Régions ou la Fédération
pour accomplir une mission donnée, encadrée par la loi.

Article 203

Les coopératives de service public organisent en leur sein la consultation


de leurs membres et de leurs usagers, selon des assemblées générales et
des assemblés élues ou tirés au sort. Elles se fédèrent.

Article 204

L'administration de la Fédération est dirigée directement par les


conseiller fédéraux.

Chapitre 8 – Le pouvoir judiciaire


Article 205

La Justice est indépendante.

Article 206

Le Conseil Supérieur de la Magistrature est une Assemblée tirée au sort


parmi les magistrats. Les tirés au sort sont membres pour 6 ans, et
l'Assemblée est renouvelée d'un tiers tous les deux ans.

107
Il nomme les magistrats du parquet et du siège, selon le principe de
qualification progressive. Il établit la discipline des magistrats par des
sanctions en cas de manquement.

Article 207

Les affaires sont jugées dans une ville autre que celle où le délit ou le
crime a été commis.

Article 208

Les Communes assurent une première conciliation d'apaisement et


nomment pour cela un juge local.

Article 209

Le juge d'instruction conduit l'enquête judiciaire.

Article 210

Il y a une seule cour de cassation pour la République, elle siège en


dernier recours et juge de l'application de la loi par les cours précédentes.

Article 211

Tout juge peut, si l'inconstitutionnalité d'une loi ou d'un acte lui est
montrée dans un cas particulier, suspendre l'application de cette loi le
temps d'en référer au Conseil Constitutionnel.

Article 212

Pour tout crime ou délit faisant encourir une peine importante, l'accusé
peut demander la réunion d'un échevinage de citoyens tirés au sort.

Chapitre 9 – Le Budget

108
Article 213

L'Assemblée Fédérale assure la cohérence des politiques fiscales


régionales et la solidarité des Régions entre elle.

Les décisions de l'Assemblée Fédérale prévalent sur celles des Régions


pour les décisions de politique fiscale.

Article 214

L'impôt est prélevé par les Régions. Il est collecté et redistribué aux
Régions au sein du Budget fédéral.

Article 215

Le Budget des Régions est redistribué au Communes selon un Budget


proposé par le Congrès des Communes, voté par l'Assemblée Régionale.

Article 216

Une Cour des comptes indépendante est mandaté par l'Assemblée


Fédérale pour enquêter sur l'utilisation des fonds publics par les
différentes collectivités.

Chapitre 10 – Le Conseil Constitutionnel

Article 217

Le Conseil Constitutionnel est garant du respect de droits humains, du


respect de la Constitution, du respect des procédures démocratiques. Il
assure la lisibilité et la qualité de la rédaction de la loi.

Article 218

109
Il est composé d'une Assemblée tirée au sort et d'un conseil de
spécialistes du droit, nommés par l'Assemblée Fédérale, au scrutin de
valeur selon la méthode borda, sur proposition du Conseil Supérieur de
la Magistrature et des Universités de Droit.

Article 219

Les membres du conseil sont élus pour 6 ans. Les membres de


l'Assemblée tirée au sort siègent 3 ans, l'Assemblée est renouvelée d'un
tiers tous les ans.

Article 220

Le décisions du Conseil Constitutionnel sont prises à la majorité absolue


de l'Assemblée tirée au sort et du conseil des spécialistes.

Article 221

Les lois sont examinées à priori par le Conseil Constitutionnel. Il peut


censurer des articles inconstitutionnels. Il aide à la rédaction d'une loi
claire.

Article 222

Le Conseil Constitutionnel peut être saisi par tout tribunal ordinaire,


dont les juges de conciliation, ou toute Commune, vis à vis de la
Constitutionnalité d'une loi ou d'un acte administratif. Il peut alors
décider de mettre en cause la loi en ce cas précis ou en général.

Chapitre 11 – du maintien de la paix

Article 223

110
L'administration de la police est assuré par la Commune.

Elle est relevée de cette mission par l'Assemblée Fédérale, en cas


d'utilisation de cette prérogative contre les droits humains. Le maintien
de la paix est alors confié à la Région.

Article 224

La mission de la police consiste essentiellement à éviter les conflits et les


dangers portés à la sécurité publique.

Article 225

La police fédérale est chargée des enquêtes judiciaire, et ne peut


intervenir que sur réquisition d'un juge. Son administration est confiée
au Conseiller Fédéral chargé de la Sécurité.

Article 226

La fabrication et la détention d'armes létales, dont les armes à feu, est


strictement réservée à la puissance publique, sur autorisation spécifique
et provisoire de la Commune.

Les armes de guerres ne peuvent être vendues ou fournies à une autre


puissance.

Chapitre 12 – de la Révision

Article 227

La révision de la Constitution intervient à l'issu d'une demande de deux


centièmes de la population précisant les motifs et objets d'une révision.

Article 228

111
Les Assemblées de quartier et des Communes délibèrent sur les
modifications à apporter.

Article 229

Une assemblée indépendante tirée au sort est créé pour proposer une
révision fondée sur la demande et sur les contributions des Communes.

Article 230

La révision est adoptée ou rejetée par référendum de toute la population.

Article 231

Les droits humains, le principe de tirage au sort des assemblées, la nature


coopérative de l'économie et la nature fédérative de la République ne
pourront faire l'objet d'une diminution.

112
Titre VII — Confédération des Mondes
Article 232

Les communautés politiques démocratiques de toute la Terre se


rassemblent pour assurer leur coopération pour la paix, la protection des
droits humains, la promotion de la démocratie et la protection de la
Terre.

Article 233

Les parties représentées y ont toutes une voix égale.

Article 234

L'Assemblée de la Confédération est composée des porte-parole des


parties représentées, nommées par leurs Parlements Respectifs. Les
décisions de l'Assemblée sont votées au deux tiers des voix.

Article 235

Toute intervention armée d'une communauté politique autonome dans le


territoire d'une autre doit être autorisée par la Confédération.

Article 236

La Confédération assure la solidarité des territoires entre eux. Elle


soutient la fédération des associations et des coopératives de services
publics de toute la planète pour la satisfaction des droits humains.

113
Conclusion
Permettez moi, avant de conclure, de me présenter. Je m'appelle Andéol,
j'ai 18 ans. Le 21e siècle commence avec un goût de cendre. Et voilà que tout
ce monde, de pétrole et de chômage, de consommation et de misère, va
s'effondrer. Il ne faut pas minimiser ce qui nous attend : la transition sera
douloureuse. Mais si nous sommes inspirés et organisés – et c'est le but de ce
texte de nous inspirer − nous pourrons faire de la transition la chance de
construire un monde bien plus juste. Plus démocratique, plus égalitaire, plus
écologique et plus libre. Plus sobre, mais plus joyeux. J 'espère pour cela que
ce texte vous auras fait découvrir des propositions désirables, dont vous
pourrez nourrir vos discussions, vos débats et peut-être vos banderoles.

Arrivés à la fin du texte, vous avez vus que des générations d'humains
engagés ont fait vivres des institutions bien meilleures que la domination
capitaliste et étatique qui nous a mené à la catastrophe. Il devient même
véritablement difficile de parler « d'utopie » sans insulter leur mémoire. Nous
pouvons donc affirmer fièrement une alternative absolument radicale mais
pacifiste ; en propager le plan, les idées, les images. Le fracas de
l'effondrement nous rattraperas. Mais là où les idées d'une survie solidaire, par
la démocratie autonome, et par le partage des précieuses ressources de la
Terre, auront été semées, nous saurons nous tenir debout.

Avec espoir,
Vive la Commune !

Andéol Lê Quan Phong


Montpellier, janvier 2019

114
Sources
Collapsologie

Comment tout peux s'effondrer, Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Seuil,


Anthropocène, 2015, 304 pages

Effondrement, Jared Diamond, Gallimard, Folio essais, 2009

L'Entraide, l'autre loi de la jungle, Pablo Servigne et Gauthier Chapelle, Les


Liens qui Libèrent, 2017, 224 pages

L'âge des Low-techs, Philippe Bihouix, Seuil, Anthropocène, 2014, 336 pages

Agriculture

Permaculture, principes et pistes d'actions pour un mode de vie soutenable,


David Holgrem, Rue de l’Echiquier, 2014, 584 pages

Nourrir l'Europe en temps de crise, vers des systèmes alimentaires résilients,


Pablo Servigne, Actes Sud, Éditions Babel, 2014, 208 pages.

Le guide Marabout de la Permaculture, Andrew Mikolajski, Marabout, Côté


Jardin, 2018, 216 pages

Démocratie et Anarchisme

Décoloniser les provinces, Michel Onfray, J'ai Lu, 2018

Le municipalisme libertaire, Janet Biehl, Écosociété, 2014

Du principe fédératif, Pierre-Jean Proudhon, Tops Eds H.trinquier, 2014

Les principes du fédéralisme, Collectif, Tops Eds H.trinquier, 2017

115
L'Humanitude au pouvoir, Jacques Testard, Seuil, Documents, 2015, 160 pages

Petite histoire de l'expérimentation démocratique - Tirage au sort et politique


d'Athènes à nos jours, Yves Sintomer, La Découverte, Poche, 2013, 290 pages

La société contre l'État, Pierre Clastres, les éditions de minuit, 1974

Histoire

Sapiens : Une brève histoire de l'humanité, Yuval Noah Harari, Albin Michel,
2015, 512 pages

Une Histoire populaire des États-Unis, Howard Zinn, Agone, Mémoires


Sociales, 2003, 810 pages

Une Histoire populaire de la France, Gérard Noiriel, Agone, Mémoires


Sociales, 2018, 830 pages

Futurs désirables

La voie, pour l'avenir de l'humanité, Edgar Morin, Hachette Pluriel Références,


2012, 544 pages

Petite histoire de la révolution française, Grégory Jarry et Otto T, FLBLB, 2015,


128 pages

Écotopia, Ernest Callenbach, Rue de l'Échiquier, 2018

Économie

Au-delà de la propriété, pour une économie des communs, Benoît Borrits, La


Découverte, L'Horizon des Possibles, 2018, 250 pages

Commun, Pierre Dardot et Christian Laval, La Découverte, 2014, 400 pages

Le Capital, Karl Marx, Verlag von Otto Meisner, 1867

116
Blogs

La pompe à phynance, Frédéric Lordon


https://blog.mondediplo.net/-La-pompe-a-phynance-

Association Autogestion,
https://autogestion.asso.fr/

Low-tech Lab,
http://lowtechlab.org/wiki/Accueil

Vers une nouvelle constitution française,


http://www.vuncf.org/

A2C, le site de l'agriculture de conservation,


https://agriculture-de-conservation.com/

PopulAction, Base d'information sur la démocratie directe et les assemblées


locales d'habitants,
http://populaction.com/

117
Remerciements

Les réflexions qui ont menées à ce texte sont nées pour moi lors de la
participation au bref mouvement Nuit Debout. Ma philosophie s'est enrichie
par la participation à de nombreuses soirées et rave-party du Nord de
l'Hérault. Ce monde délicatement en marge de squats et de transe, m'a
beaucoup influencé. Je dédie donc ce texte à notre génération, ingouvernable
et déterminée à ne pas se laisser mourir.

À ma famille, à Lætitia Bonnefoy - Ministre de la Culture et de la Fête, à


Magdaleine, à Imâne et à Sofia.

Le réel est éclat mat, laine de pull écrue, froid de course urbaine /
c'est l'amer le premier goût qui éveille au désir, l'univers entier est froid inutile
d'y ajouter /
nous sommes fugaces moments de chaleur, chants, clameurs /
importent moins que les yeux dans lesquels se plonger /

On voit autour de soi tomber les mots et ce qu'ils cachent une fois décharnés :
"patrie", "croissance", "compétition", le beau vocable qui fait la chair à
canon /

Alors puisque tout s'effondre et que je doit être prêt à lutter /


devenir fou et chercher certitude à laquelle raccrocher /
ce sera de croire en l'humanité /

Ami, que c'est dur, je le sais ! /


il n'y a pas tâche qui paraisse plus vaine /
nous devons planter les graines /
en espérant les forêts /

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