leibniz
critique de descartes
En s'attachant uniquement a Descartes et a Leibniz,
cette enquéte s'efforcerait de retrouver, a p.ttir de la
métaphysique, tels qu'ils pouvaient les concevoir, I'es-
prit de la méthode, le modéle mathématique, la vision
philosophique du monde. Ces trois questions sont
caractéristiques d'un siécle qui, par contraste avec
'age suivant, mériterait d'étre appelé le si&cle de la
méthode et de l'idéal mathématique.
Yvon Belavai
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YVON BELAVAL
leibniz
critique de descartes
TEL gollimard~ 168 368 —
m[L42-% 7390
Yvon Belaval
Leibniz
critique
de Descartes
GallimardCe livre @ initialement paru dans
4a « Bibliothique des Idées » en 1960.
Tous droits de traduction, de reproduction et i
3 de reproduction et d'adaptation
ATT sents pour tous les pays, =
‘ditions Gallimard, 1960.
FLOZORE
comes
AVANT-PROPOS
« Descartes ne dit pas autre chose. » Par cette phrase
‘ou autre phrase de ce genre, le trés regretté Jean Laporte
avait coutume de conclure, ‘sinon toujours & la mauvaise
foi, du moins au mal-fondé de certaines critiques contre
Descartes. Il visait, en particulier, Spinoza et Leibniz.
Que répondre? et je n’étais pas convaincn. Passe panr la
mauvaise foi! II parait trop difficile de sonder les intentions
dautrui, et combien d’arguments de bonne foi sont faible
combien, de mauvaise foi, excellents! Mais les raisons
analyse’ des idées selon leur degré de clarté, ou le critére
de Pévidence. A quelques nuances de vocabulaire prés,
ne retrouvais-je pas dans les Nouveaux Bssais ce que j/avais,
déja lu dans les Principes? Leibniz prévenait_lui-méme
il suivait le vocabulaire cartésien. Et d’ailleurs
er au critére de l'évidence? N’est-il
pas vrai qu’é Ie combattre on agit comme ces sophistes,
dont parle Aristote, qui ne peuvent mener 'attaque contre
le principe de contradiction qu’en s'appuyant sur lui? Il
faut, par conséquent, se rendre : Descartes ne dit pas autre
chose. Non, pourtant! A la lecture répétée, les deux philoso-
phes devenaient de plus en plus différents. Un mot passant
de un a autre, changeait His signification, alors méme que
Teibniz. prétendait en user & la cartésienne. Ainsi, le mot
idée, Incontestablement, Leibniz lui laisse le sens cartésien
Torsqu'il s'en sert pour désigner, non plus, avec les scolasti-
ues, les archétypes éternels dans lesquels Dieu pense Jes
choses, mais un contenu de pensée humaine’, Or, voici que
ce contenu est actif, qu'il envelope Vinfini, qu'il exprime une
Idée du monde intelligible, qu'il se rattache & la réminiscence
du Ménon — bref, qu’il s’oppose, point par point, 4 la nature
de l'idée selon Descartes. Dés lors, comment maintenir
que les degrés de clarté dans T'idée donnent lieu, chez nos
hilosophes, aux mémes analyses, 4 quelques nuances de
vocabulaire prés? Et comment ramener 4 une évidence
euclidienne, celle de Descartes, I"évidence axiomatique dont
1. Cf, chap. mt.