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En 1951, les États-Unis sortaient à peine de la période de la Prohibition, et Eliot Ness était

encore un héros fraîchement salué pour son combat contre le crime. Oui, fraîchement, parce
qu'en 1933 s'achève cette triste période, sans alcool, et que 18 ans plus tard, même Mickey
Mouse et son pote Dingo ont besoin de décompresser. Et de se droguer.

« La drogue, çay le mal ! » Qu'elle est noble, cette sentence lancée vers les nues ! Et pourtant,
quand Mickey et Dingo découvrent le médicament miracle, baptisé Peppo, leur enthousiasme est tel
qu'ils deviennent VRP pour en commercialiser en Afrique.
Que l'on ne se méprenne pas une seconde : Peppo, cela désigne l'amphétamine, ou plus précisément,
dans le langage du dealer, le speed. Or, plongeant dans l'inéluctable piège que dénonce Tony
Montana — « Ne tombe jamais accro de ta propre camelote. » — Mickey devient immédiatement
addict.

Or, on le sait, la triste réalité du junkie est de revendre le produit avec lequel il se drogue, pour
assurer sa consommation personnelle. L'euphorie à portée de main, les paradis artificiels, et autres
substances illicites.

Les années 50 étaient une période de vaste concurrence entre les entreprises pharmaceutiques, et
avec Mickey et Dingo comme évangélistes, la marque Peppo ne pouvait que se démocratiser en
Afrique.

Ce qu'il faut savoir, c'est que la mini BD où se développe cette histoire est le fruit d'une
collaboration entre Walt Disney et General Mills, entreprise américaine, aujourd'hui 6e groupe
alimentaire mondial. On comprend mal comment la marque a pu avoir intérêt à promouvoir des
psychotropes, mais on se rassurera en découvrant que le comic était proposé dans les boîtes de
céréales Wheaties — et que nombre d'adolescents et de jeunes américains l'ont donc lu.

Les références à l'Afrique — société tribale, chaman avide de pouvoir, immense crédulité — sont
bien dans l'air du temps de cette époque. On devine toute la supériorité des médicaments américains
sur les pratiques primitives, sans même avoir à lire entre les lignes - de coke, évidemment.

Surtout qu'à cette période, les stimulants et sédatifs étaient particulièrement en vogue, et disponibles
en pharmacie sans même une ordonnance. Probablement la raison pour laquelle Mickey se permet
de donner son médicament à deux personnages, sans même leur consentement.

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