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CLAREE
Centre Lillois d’Analyse et de Recherche sur l’Evolution des Entreprises
UPRESA CNRS 8020
ENTREPRENEURIAT ET STRATEGIE
ENTREPRENEURIALE : QUELS MODELES POUR LA
RECHERCHE ET L'ACTION
Responsable de la publication :
Alain DESREUMAUX
Professeur à l'Université
des Sciences et
Technologies de Lille
Résumé :
la visée de ce cahier est double. Premièrement, il lie entrepreneuriat et
stratégies entrepreneuriales, mais en dénonçant les amalgames qui sont parfois
faits. Il tente ainsi de clarifier l’expression « stratégies entrepreneuriales ».
Deuxièmement, en prenant comme illustration la notion de facteurs clés de
succès, il montre que des conceptions anciennes d’analyse peuvent être
réhabilitées sous réserve de les faire évoluer. Certes, une part de dénaturation
colore forcément le propos. Mais dépasser l’acception réaliste qui prévalait lors de
l’apparition de la notion de FCS pour en proposer une conception intégrant la
dimension socio-cognitive ne devrait pas étonner, même si elle remet en cause
son utilisation comme base de la segmentation stratégique. Une grille de lecture
des FCS dans les contextes entrepreneuriaux conclut l’article.
1
Introduction
Ces deux acceptions sont liées. Pour servir l’élaboration d’un modèle
économique, les modèles stratégiques se réfèrent aux contextes dans lesquels il
est envisagé d’engager des affaires. Les contextes évoluant, l'analyse ne peut
s'appuyer durablement sur un modèle stratégique présumé universel et a-
temporel. La pratique nous enseigne que les modèles d’affaires s’amendent dans
une logique où l’outil et le résultat de son utilisation interagissent. De plus, au
delà des singularités, le temps use les stratégies les mieux conçues (qualité
forcément exprimée a posteriori). En effet, lorsque celles-ci se trouvent
appropriées par une partie sensible des concurrents, tout avantage supposé
distinctif souffre inévitablement de l'homogénéisation des pratiques et des
référentiels. Comme illustration, force est de constater que depuis quelques
temps, les modèles selon lesquels une firme doit s'adapter à l'environnement et
parvenir au « fit », sont remis en cause. Les approches deviennent plus
ambitieuses en offrant des perspectives de façonnage du contexte d'évolution. Il
« suffirait » d’entreprendre… Le nouveau paysage de la compétition économique
[the competitive landscape de R.A. Bettis, M.A. Hitt, 1995] conduirait les firmes
vers un âge entrepreneurial, en ce sens qu’elles devraient recouvrer la motivation
de leur jeunesse et, ainsi, bénéficier d’une cure de jouvence pour développer des
stratégies entrepreneuriales et façonner leur structure en conséquence [ce qui
transparaît à la lecture de l’ouvrage de G.D. Meyer, K.A. Heppard, 2000]. Dans
cette perspective, la question du rapprochement du champ de la stratégie et de
l’entrepreneuriat apparaît d’une actualité aiguë.
2
elles rompent avec certains modèles d’analyse stratégique inadaptés aux
environnements compétitifs subissant la pression combinée de l’accroissement de
la vitesse d’échange d’informations et de la globalisation des marchés [R.A.
Bettis, M.A. Hitt, 1995 ; C.M. Ford, D.A. Gioia, 1995 ; T.D. Kuczmarski, 1996 ; C.
Carrier, 1997 ; M. A. Hitt, B.W. Keats, S.M. DeMarie, 1998 ; O. Torrès, 2000].
Dans une première section, tout amalgame est écarté par la présentation d’une
conception de l’entrepreneuriat permettant de distinguer les champs. Il ne s’agit
aucunement d’exclusion, les domaines d’étude se recouvrent en partie. Le point
d’articulation pourrait résider dans l’analyse schumpéterienne de l’évolution
économique. La pensée de cet auteur conduit directement vers les stratégies
entrepreneuriales (seconde section). Pour déployer celles-ci, encore faut-il
disposer d’une ressource humaine relativement autonome et créative (troisième
section).
1
On se tournera aussi vers le numéro spécial sur l’entrepreneuriat d’automne 2001 de la revue Management International
3
présente a priori un caractère délibéré, sans que soit toutefois écarté le côté
émergent puisque les opportunités détectées par les membres de l’organisation
peuvent remonter jusqu’à lui. En général, ce type de stratégie conviendrait, selon
les auteurs, aux firmes positionnées sur une niche.
Outre cet article, on pense également aux travaux basés plus ou moins
franchement sur la métaphore biologique du cycle de vie. Ils usent du terme de
façon variée, il peut concerner :
- une des premières phases d’évolution d’une firme [L.E. Greiner, 1972 ; I.
Adizes, 1979, 1991]
- une phase d’un cycle récurrent dans lequel se succèdent des périodes de
maintenance alternées de périodes créatives ou entrepreneuriales et
revitalisantes [Aplin, Cosier, 1980 ; G. Vargas, 1984 ; D. Miller et P.H. Friesen,
1979]
- un choix fait parmi un ensemble de scénarios dont un seul autorise la
pérennité [M. Masuch, 1985],
- une alternative entre stades où la firme puise dans ses contacts avec
l'extérieur les moyens de sa propre évolution et stades où elle revient sur elle-
même de sorte à intégrer les apports des contacts, en agissant par exemple sur sa
structure [B.R. Scott, 1971 ; M. Basire, 1976 ; J.A. Murray, 1984].
4
relatifs aux multiples positionnements de l'entrepreneur et de son organisation
dans chaque espace dans lesquels ils s'insèrent. La troisième est structurale. Elle
correspond au contexte au sein duquel l'organisation va émerger et avec lequel
l'entrepreneur doit composer pour s’efforcer de rendre l'environnement congruent
à la représentation qu'il s'en fait. Les trois dimensions de ce modèle de
l'entrepreneuriat spécifient les enjeux liés à la vision sur laquelle l'entrepreneur
s'appuie, pour agir, de sorte à matérialiser et positionner "sa" structure au sein
de l'environnement. Elles pointent également les efforts qu'il doit déployer pour
convaincre durablement les parties prenantes d’adhérer au registre
conventionnel d’affaires qu’il propose. Dans cette approche, l'entrepreneur est vu
comme un créateur d'organisation, l'entrepreneuriat comme une dialectique entre
l'entrepreneur et l'organisation, le phénomène perdurant tant que l'impulsion
place ces deux niveaux d'analyse dans ce qu'on pourrait qualifier de relative
symbiose. Ce phénomène organisationnel donne lieu, à plus ou moins brève
échéance, à la naissance d'une ou plusieurs entités à finalité socio-économique.
En effet, l'apparition de cette entité ne met pas forcément fin à l’organisation
initiée par l’entrepreneur. L’apparition d’une entité dotée d’une structure
d’entreprise par exemple peut n’être qu’un jalon dans l’organisation impulsée,
laquelle peut donner lieu à la création de plusieurs entités. Sous certaines
conditions, l'entrepreneuriat peut être étendu au développement d'organisations
antérieurement impulsées (cas par exemple de la reprise d'entreprise). Il ne se
restreint aucunement à la création d’entreprise (d’autant plus que, certes
paradoxalement aux yeux de certains, toute création ne constitue pas un acte
entrepreneurial) et revêt des formes d’expression multiples [T. Verstraete, 2000].
5
Une seconde articulation des champs trouve son origine dans le travail de J.A.
Schumpeter. La pensée de cet auteur est la plupart du temps réduite pour faire
de l’innovation la clé de la compétitivité et de l’entrepreneur le destructeur de
l’équilibre économique (le célèbre processus de destruction créatrice), ces deux
facteurs constituant les fondements de l’évolution économique. Sans qu’ils s’y
réfèrent toujours explicitement, cette approche guide les chercheurs en
management stratégique défendant la nécessité de déployer des stratégies
entrepreneuriales. En y ajoutant les discours sur la mobilisation du potentiel
humain de l’entreprise par la créativité et l’autonomie, on entre dans « l’âge
entrepreneurial » pour les uns [ex : G.D. Meyer, K.A. Heppard, 2000], dans « l’âge
de la créativité » pour les autres [ex : J. Kao, 1996].
2
Nous n’effectuerons pas de comparaison avec d’autres approches (Marx, Say, Cantillon, Sombart, Keynes, Knight,
Leibenstein). Pour une analyse historique, voir S. Boutillier, D. Uzunidis [1995, 1999]
6
créée. Là réside la distinction, reprise par P.F. Drucker [1964] et A.D. Chandler
[1994], entre fonction administrative et fonction entrepreneuriale3.
L’entrepreneur réalise : « quelque chose d’autre que ce qui est accompli par la
conduite habituelle » [1935, p.116]. Il possède « un coup d’œil » particulier et sait
agir en dehors « de la routine » ; il ne suit pas le chemin, il le construit ; il ne suit
pas un plan, il l’élabore. « Le nouveau est une image d’une image » [p.120].
Imposer cette nouveauté n’est pas sans difficulté.
Par exemple, l’entrepreneur ne dispose pas d’une information aussi complète
que s’il était resté dans les « voies habituelles ». Il doit « deviner ». Le passage
suivant est intéressant à cet égard : « les actions et les réactions de l’entreprise
projetée ne peuvent être saisies de manière à être entièrement connues et
épuisées … pour le succès tout dépend du coup d’œil, de la capacité de voir les
choses d’une manière que l’expérience confirme ensuite » [p.122].
Schumpeter relève une autre difficulté majeure. Elle concerne la conduite de
l’agent. Ce dernier se heurte au défi de faire du nouveau alors qu’il est plus aisé
de faire ce qui est accoutumé. Schumpeter appuie son argumentation sur
l’histoire des sciences pour démontrer les difficultés d’assimilation d’une nouvelle
conception scientifique, la pensée revenant toujours dans « la voie accoutumée ».
Dès lors, la volonté doit être de conquête et l’agent doit voir, dans l’élaboration de
nouvelles combinaisons, des possibilités réelles et non un rêve ou un jeu. « Cette
liberté d’esprit suppose une force qui dépasse de beaucoup les exigences de la vie
quotidienne, elle est par nature quelque chose de spécifique et de rare » [p.123].
Autrement dit, l’esprit d’entreprise et la capacité à se forger la vision associée
sont des ressources rares mises au service de réalisations spécifiques et
singulières sortant des cadres habituels. Conséquemment, le milieu social oppose
une réaction « à celui qui veut faire du nouveau en général ou spécialement en
matière économique » [p.123].
3
La conception de J.A. Schumpeter de la gestion est réduite à une fonction avant tout administrative. Cette assertion est
contestable et conduit à faire de l’entrepreneur un être mythique. H. Bouchikhi dénonce la dichotomie entrepreneur-
gestionnaire
4
ne présentant aucune validité scientifique.
Pour une utilisation de la théorie des conventions, articulée à la théorie des représentations sociales dans l’étude de
l’entrepreneuriat, voir T. Verstraete [1999].
7
Dans cette veine, pour une firme, grande ou petite, les stratégies
entrepreneuriales consistent à développer ses compétences dans l’élaboration de
nouvelles combinaisons (essence de l’entreprise) plus vite et mieux que les
concurrents [on rejoint les propos de G. Hamel et C.K. Prahalad]. Ainsi, en
s’inscrivant dans le processus de destruction créatrice, par l’innovation, une firme
prend un avantage en posant les règles du jeu de demain, en construisant le
chemin plutôt qu’en empruntant celui tracé par d’autres. Pour y parvenir, elle
doit apporter suffisamment de valeur aux parties prenantes pour que celles-ci
acceptent d’adhérer au registre conventionnel qu’elle propose. Encore faut-il que
les membres de l’organisation adoptent la vision de l’entrepreneur ou celle que la
direction générale cherche à faire partager.
5
On consultera avec beaucoup d’intérêt le chapitre de ces auteurs, posant des questions fondamentales s’agissant des bases
d’une GRH centrée la régulation et l’incitation à ce qu’ils appellent « l’entrepreneuriat salarial ».
8
permet d'entretenir, de rendre plus accessible et plus utilisable les connaissances et
les compétences des salariés. Elle est un outil de flexibilité, d'adaptabilité et l'on
s'accorde désormais pour reconnaître que le potentiel créatif est partout dans la
firme, du sommet de la hiérarchie à sa base [voir aussi A.F. Osborn, 1988 ; W.B.
Nilsson, 1994]. Enfin, les comportements des clients imposent de telles exigences
notamment en matière de nouveauté, qu'une firme ne sachant utiliser son potentiel
créatif ne saurait répondre aux enjeux du marché. Selon T.D. Kuczmarski [1996],
on peut repérer ce potentiel dans le discours des salariés. Lorsque l’esprit
d’innovation les gagne, leurs propos mettent en avant l'intérêt des clients, le leur
n’est pas la préoccupation première. Bref : "l'avenir est de plus en plus incertain, la
technologie se développe à un rythme effréné, les marchés éclatent et le client-roi
ne promet plus fidélité" [C. Carrier, 1997, p.1]. C. Carrier poursuit en insistant sur
le fait que le jeu complexe auquel se livrent les firmes les oblige à dépasser la pure
logique pour mobiliser l'imagination créatrice, force motrice du développement.
Ces différents points sont relevés dans le modèle proposé par T.M. Amabile.
Elle identifie deux familles de critères favorisant la créativité dans l’organisation.
La première concerne la créativité des individus, laquelle résulte de trois
dimensions : l’expertise (connaissances techniques, intellectuelles, etc.), la pensée
créative (capacité à résoudre les problèmes, à transformer les idées en nouvelles
combinaisons, etc.) et la motivation (extrinsèque ou intrinsèque). La motivation
extrinsèque est liée à une récompense attendue (ex : rémunération). La
motivation intrinsèque est plus forte, comme par exemple une passion animant
l’individu.
La deuxième famille de critères concerne l’environnement organisationnel au
sein duquel la créativité trouve à s’exprimer. Le type de management à
développer compose avec l’autonomie laissée au salarié, la clarté des projets
menés, les ressources mises à disposition pour les réaliser, l’aspect challenge, etc.
Pour favoriser la créativité, il faut lui offrir un environnement favorable [pour
une tentative d’opérationalisation du modèle, voir T.M. Amabile, R. Conti, H.
Coon, J. Lazenby, M. Herron, 1996].
On retrouve, ici, certains aspects des théories de la motivation, bien connues de
nos collègues de gestion des ressources humaines.
9
Evidemment, les chefs d’entreprise français ne sont pas bien à l’aise avec une
conception du management provoquant chez eux la crainte de perdre en contrôle.
Il faut avouer que peu d’entre eux basent ce contrôle consciemment sur le
triptyque finalisation-organisation-animation [P. Tabatoni, P. Jarniou, 1975].
Corrélativement à l’autonomie donnée, le leader doit développer une vision
claire dans laquelle les salariés vont trouver un guide pour l’action, et dans une
certaine mesure des valeurs à partager. J.C. Collins et W.C. Lazier [1992]
utilisent les expressions « Touch the Spirit » et « Touching People’s Spirit » pour
décrire l’élément indispensable pour qu’une vision soit partagée dans
l’organisation, en fait, pour qu’une vision, par essence idiosyncratique, devienne
un concept organisationnel guidant les membres de l’organisation. Cela rejoint la
notion de contrôle a priori par la culture d’entreprise et les théories de
l’apprentissage organisationnel.
Dans ce contexte, nous nous sommes posé la question des modèles pouvant
servir l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie. Ce questionnement fut
provoqué par quelques lectures condamnant les modèles existants. Pour notre
part, nous avons convoqué une notion bien connue du stratège, celle de FCS, pour
la soumettre au cadre posé par les stratégies entrepreneuriales. La raison de ce
choix est double. D’une part, c’est une des plus anciennes et elle est à la base de
modèles dont tous les manuels rendent compte. Ainsi, en la réhabilitant, peut-
être quelques idées seront données pour une « nouvelle combinaison » de ces
10
modèles. D’autre part, tant dans la théorie que dans la pratique et
l’enseignement, elle nous séduit par son pragmatisme.
6
Daniel utilise ce terme, celui de Key Success Factor serait du cabinet AD Little. Mais les nombreux vocables employés
("signes vitaux", "facteurs stratégiques de l’industrie", etc.) témoignent d'un relatif flou, ce qui est dans le fond
symptomatique
7
d'une notion ne constituant pas véritablement un concept.
En pédagogie, nous prenons un exemple certes trivial, mais très parlant, de FCS : le délai de livraison pour une société de
livraison de pizzas à domicile.
11
Avec cette idée, la notion de FCS naissait. Le tableau placé en annexe livre
quelques définitions données par la littérature depuis maintenant près de trois
décennies.
8
Préfigurant ainsi ce que l'on dénomme à présent "EIS" (Executive Information Systems, ou Enterprise Information System
selon M. Gervais, 1997). Un EIS a comme fonction de fournir aux managers un accès facile à l’information [voir Watson,
Rainer & Koh, 1991]. Selon Gervais [1991] : Un EIS est un outil informatique qui met au point, filtre et organise
l’information du manager afin que ce dernier en tire le meilleur parti. Le dirigeant peut ainsi se concentrer sur l’information
qui l’intéresse réellement, sans se perdre dans des données secondaires foisonnantes.
9
S’agissant de cette acception du contrôle voir aussi Bouquin [1986, 1991, 1997], Ardoin, Michel & Schmidt [1986],
Anthony
10
[1965, 1988].
C’est dans ce principe aussi que se fonde la pertinence d’une comptabilité basée sur les activités puisque c’est le coût et la
valeur dégagée par les activités engagées pour la maîtrise des facteurs qu’il est pertinent de mesurer. Les auteurs travaillant
sur
11
ces questions fondent généralement leur développement sur la conception de M.E. Porter [1986] de la chaîne de valeur.
Notre acception est plus large que celle récemment proposée par H. Bouquin [1997], qui nous a inspiré pour le
développement de cette notion. H. Bouquin identifie deux FSR. Le premier résulte du caractère spéculatif de la stratégie et
doit conduire à la mise en place de procédures d’alerte. Le second concerne la déclinaison de la stratégie et plus
spécifiquement le "risque d’agence", lequel traduit la divergence des intérêts d'une hiérarchie avec ses subalternes. Ces deux
FSR s’intègre à notre proposition.
12
Un FSR se distingue d’un FCS parce qu’il n’est pas maîtrisable, soit
temporairement, soit définitivement. Ainsi, les conditions météorologiques
peuvent être qualifiées de FSR pour une entreprise agricole. Elles influencent
l’évolution de ses résultats. L’exploitant peut prévoir des parades (serres,
drainage, etc.) à certaines conditions défavorables, mais ne peut maîtriser les
aléas climatiques. Ainsi vu, un FSR serait une donnée exogène avec laquelle il
faut composer, notamment en prévoyant des parades à ses influences
éventuellement néfastes (car, après tout, les conditions météorologiques, ayant
servi ici d’illustration, peuvent être favorables). Mais on n'oubliera pas que les
facteurs a priori internes peuvent aussi être FSR. Au sein d'une firme, des
"désordres", par exemple certains conflits, peuvent contrarier l'atteinte du futur
désiré par la direction générale12. L'identification des facteurs susceptibles
d'influencer la trajectoire souhaitée est faussement simple et dépasse le cadre
rationnel ayant prévalu dans certains manuels présentant essentiellement les
modèles dits "d'adaptation". Attachée à ces modèles stratégiques, l'utilisation de
la notion de FCS s'est soit trouvée délaissée, soit, à l'opposé, relativisée à tout
type de projet (on entend parler des FCS de l'internationalisation, du passage en
norme ISO, du lancement de nouveaux produits, du management de projets, des
FCS de la création d'entreprise, etc., J-L. Chaix [1996] s'amusant à relever un
texte publicitaire parlant des FCS d'une cure d'amaigrissement…). La notion
s'est banalisée au point de faire oublier son caractère résolument stratégique et
fondamental. Elle s'est diluée et a perdu de son corps lors de l'évolution de la
pensée stratégique (sans doute est-ce le prix de la vulgarisation). Outre cet
aspect, il faut bien avouer que le contexte lors duquel elle est apparue n’incite pas
à son emploi.
12
Nous proposons de distinguer trois types d’ordre dans l'organisation : le symbiotique, le commensal et le parasite.
Rappelons que le commensal vit sur son hôte en détournant une partie de la nourriture de ce dernier mais sans lui causer
préjudice, tandis que le parasite infecte son hôte et peut causer sa mort. À l’inverse, dans une relation symbiotique, les
protagonistes bénéficient réciproquement des apports des autres.
13
Nous considérons que les sciences de l’administation, terminologie québécoise, sont identiques aux sciences de gestion,
même si une étude épistémologique peut faire apparaître quelques différences.
13
l'évolution de la pensée stratégique, notamment en cessant de prendre
systématiquement ces facteurs comme des données exogènes et objectives. Mais
est-il possible de la faire évoluer pour la mettre au service des stratégies
entrepreneuriales ?
14
Le lecteur se réfèrera par exemple à A. Desreumaux [1993], G. Kœnig [1996].
14
Dans la littérature en stratégie, le terme "vision" prend, plutôt, une dimension
organisationnelle alors que dans la littérature en entrepreneuriat elle reste
attachée aux représentations de l'entrepreneur. Nous nous bornerons ici à
restituer quelques éléments convergents des différentes conceptions, tout en
écartant les approches amalgamant vision et mission.
15
définies, dans l’espace et le temps ; elle n’est pas non plus celle d’entités
complètement et immédiatement repérables et identifiables du point de vue
stratégique et/ou organisationnel" [J.-P. Bréchet, 1994]. La conception
systémique de l'organisation démontre que toute organisation s'imbrique à
d'autres organisations de type plus ou moins proche selon le découpage artificiel
auquel nous procédons pour rendre "notre" monde intelligible. Friedberg [1993]
parle d'interstructuration, processus transcendant les frontières d'organisations
pensées en termes d'entités cloisonnées : "la délimitation de l’organisation en tant
qu’objet d’étude ne peut plus se faire a priori à partir de critères formels tels que,
par exemple, l’appartenance ou la non-appartenance". Les frontières d’une entité
ou son degré d’ouverture ou de fermeture ne sont pas stables et varient selon les
circonstances, les problèmes, les enjeux, la capacité de ses membres à jouer de ses
frontières. Dès lors, il devient moins pertinent de procéder à un repérage des
facteurs internes/externes à l'organisation pour servir la stratégie de
l'entrepreneur que de relever les facteurs autour desquels il construit sa vision.
16
l’insertion, dans ces membres, des autres parties prenantes (et non seulement des
salariés).
L’une des difficultés que rencontre le consultant ou le chercheur impliqué dans
une recherche action consiste à appréhender ce système complexe d’interactions
cognitives au centre duquel l’action joue un rôle crucial.
17
Pour une large bibliographie, voir la page suivante http://www.banxia.com/dexplore/debiblio.html
Pour prendre connaissance de ce champ d’étude, consulter : H.P. Sims, D.A. Gioia [1986] ; A.S. Huff [1990] ; P. Cossette
[1994] ; C. Eden, J.-C. Spender [1998] ; ainsi que les numéros spéciaux des revues : Journal of Management Studies de mai
1992, Organization Science d'août 1994. Pour une utilisation de la cartographie cognitive dans un cadre collectif, on se
reportera au travail de F. Allard-Poesi [1997] ; dans un cadre entrepreneurial à T. Verstraete [1997].
18
Evidemment ces propos sont à pondérer sur la base de considérations juridiques. S’il n’existe pas de définition juridique de
l’entreprise [Supiot, 1994 ; Robé, 1999], le droit permet toutefois de tracer des frontières où physiquement il n'y en a pas. Ces
frontières "artificielles" permettent, outre une réponse aux principes de responsabilité et de propriété (donc aussi de
répartition du capital dans une perspective socio-économique), de fixer momentanément et partiellement le cadre d’action et
de contractualisation de l’organisation en lui donnant une relative stabilité.
17
souligner la pertinence des approches de nature heuristique dans le contexte qui
nous intéresse. A ce titre, la distinction court terme – long terme opérée à des fins
de planification stratégique peut certes être vue comme une instrumentation de
la planification cognitive19, mais la réflexivité (cf. Giddens) de l’entrepreneur
déjoue les tentatives de formalisation, principalement dans les environnements
fortement turbulents où le temps joue un rôle tout à fait particulier : « la très
grande rapidité des changements incite les entrepreneurs à percevoir l'urgence
de l'action comme facteur de réussite. Ce lien entre cognition et action conduit les
entrepreneurs à se soumettre à un rythme d'activité accéléré, lequel, en retour,
remet perpétuellement en question l'équation économique imaginée par
l'entrepreneur. Les entreprises gagnantes semblent être celles qui, grâce à leur
forte capacité d'improvisation, procèdent à une recombinaison fréquente des
ressources » [C. Benavent, T. Verstraete, 2000, p.90]. Cette recombinaison s’opère
sur deux plans, qui ne relèvent pas de l’interne pour l’un, de l’externe pour
l’autre, en raison du phénomène d’imbrication abordé précédemment. Le premier
concerne la configuration organisationnelle mise en place. Il s’agit de procéder à
des changements de design et de comportement organisationnel. Le second est
relatif aux relations avec les parties prenantes et le marché. Il relève donc du
positionnement vis-à-vis de chacune des parties prenantes et des parties
concurrentes. Les questions du design organisationnel et des multiples
positionnements sont éprouvées en gestion et constituent l’essence de l’activité
entrepreneuriale. Les FCS et FSR relèvent, en grande partie, de ces deux
dimensions irréductibles et indissociables. Dans la mesure où chacune des parties
prenantes et chaque concurrent tentent de rendre l’environnement congruent à la
représentation qu’ils s’en font, l’entrepreneur a deux possibilités. Soit il repère les
facteurs inhérents à la dynamique entrepreneuriale impulsée par d’autres
(comprendre la carte composite du système concurrentiel). Soit il s’efforce
d’imposer les facteurs autour desquels va se construire le succès (les stratégies
d’innovation en sont des exemples). Imposer ou, plus souplement, faire adhérer
les parties prenantes à une vision originale, renvoie à une lutte d’ordre
sociocognitif. Dans certains contextes, elle est même d’ordre idéologique, en
témoignent l’évolution de l’Internet (pouvant être vu comme une lutte entre
visions de ce que doit être le marché ; C. Benavent, T. Verstraete, 2000) ou encore
le discours élitiste de quelques gourous du management. Fondamentalement, ce
qui importe, c’est de maîtriser les moteurs (FCS) et freins potentiels (FSR) de
l’évolution.
19
Le rapprochement de la planification stratégique avec ce que les psychologues appellent la planification cognitive paraîtra
évident au gestionnaire à la lecture de A. Nguyen-Xuan., J.-F. Richard, J.-M. Hoc [1990]
18
consciemment ou inconsciemment et par utilisation de méthodes stratégiques (de
type analytique ou heuristique) plus ou moins formelles, comme facteurs
d’évolution en engageant des actions permettant de concrétiser et de maîtriser
ces facteurs.
19
L’action entrepreneuriale crée les opportunités [C. Beaucourt, P. Louart,
2000]. Sans écarter l’idée que des opportunités puissent être découvertes, toutes
n’existent pas forcément, et évidemment, a priori. Elles résultent également,
d’une part, d’une mise en scène d’un entrepreneur tentant de rendre
l’environnement congruent à la représentation qu’il s’en fait, d’autre part, des
parties prenantes au projet qui, en y tirant la valeur satisfaisant suffisamment
leurs attentes, rendent le projet viable. Les facteurs explicatifs de la réussite
d’une affaire sont des construits socio-cognitifs, auxquels certes participent
grandement les clients. Finalement, pour les parties prenantes, il s’agit de parier
sur la vision de l’entrepreneur. Cette vision donne sens à l’opportunité rpérée ou
créée.
Sur la base d’une approche par les FCS et FSR, une stratégie d’innovation
réussie par une entreprise aurait l’effet suivant sur ses concurrents.
Champ
d’investigation
20
Ainsi, tout secteur d’activité est ouvert sur d’autres secteurs. Ce que découvre actuellement la littérature en avançant des
exemples d’intrusions de nouveaux entrants provenant de secteurs a priori éloignés.
20
Pour une firme initiant ce type de turbulence dans l’environnement, il pourrait
sembler exister une sorte de cercle vicieux qui s’instaurerait à vouloir s’engager
perpétuellement dans la production de nouvelles combinaisons. Il ne faudrait pas
tomber dans le paradoxe d’Icare en suivant une trajectoire innovatrice aveuglant
la stratégie de rêves avant-gardistes mais utopiques [D. Miller, 1991]. Pourtant,
et sous certaines précautions, il peut s’agir d’une stratégie à part entière. Plus
qu’une compétence clé, cette attitude constitue le cœur de la culture de certaines
firmes, le changement y étant endémique [S.L. Brown, K.M. Eisenhardt, 1997].
K.M. Eisenhardt et S.L. Brown [1998] en livrent quelques exemples : Intel,
Cisco Systems, Netscape, Gillette, Sony, 3M, … Alors que souvent les compagnies
engagent des changements suite à la survenue d’évènements (event pacing)
susceptibles de modifier le jeu concurrentiel (demande des consommateurs,
disponibilité d’une nouvelle technologie, changement d’attitude d’un concurrent,
performance en baisse, etc.), les firmes suscitées s’imposent un programme
rythmé par un calendrier (time pacing) cadençant le changement (par exemple,
tous les 18 mois, Intel double la capacité des microprocesseurs mis sur le
marché). En résulte un certain degré d’urgence ayant comme impact, d’une part,
de focaliser les salariés autour d’un projet commun et, d’autre part, de conduire à
manager la transition. Il s’agit « d’orchestrer », ou de « chorégraphier » le
changement. L’autre défi posé aux managers est celui de synchroniser le rythme
des changements aux possibilités d’assimilation du marché et aux capacités de
l’organisation (on retrouve l’essence de l’activité entrepreneuriale, se positionner
et modeler la structure en conséquence). En fait, le rythme doit être
suffisamment soutenu pour que les évènements ne puissent à nouveaux dicter la
conduite stratégique de l’organisation (event pacing vs time pacing), mais doit
laisser la possibilité de développer et de capitaliser les compétences nécessaires.
Selon la vulgate, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, mais dans les
industries à forte vélocité, le changement perpétuel est crucial [L.J. Bourgeois,
K.M. Eisenhardt, 1988 ; K.M. Eisenhardt, 1989 ; R.A. D’Aveni, 1994].
21
Prahalad, basés sur une idée générique : il vaut mieux poser les règles du jeu que
les subir.
K.M Eisenhardt, S.L. Brown et H.M. Neck [2000] démontrent que cette faculté
n’est plus réservée aux grandes entreprises pour plusieurs raisons. Tout d’abord,
les PME gardent l’avantage d’une forte proximité avec les parties prenantes
(notamment avec leurs salariés) et avec le territoire. Ensuite, par le
développement des nouvelles technologies de l’information, elles entrent sur des
marchés internationaux qui leur étaient auparavant fermés faute d’obtenir des
informations.
Avec le B to B, les TIC facilitent aussi le fonctionnement en réseau et les
alliances participent largement à ce qu’on appelle les nouvelles formes
d’organisation21, elles permettent d’accroître le capital social.
Imposer les règles du jeu peut se faire selon différents degrés. Il ne s’agit pas
de révolutionner systématiquement le marché. Selon D.F. Kuratko et R.M.
Hodgetts [2001], quatre types d’innovation peuvent servir les stratégies
entrepreneuriales22 : l’invention, l’extension, la duplication et la synthèse.
L’innovation s’appuyant sur une invention constitue une rupture fondamentale
par la proposition d’une nouvelle combinaison ; l’extension consiste à trouver de
nouvelles applications à une combinaison déjà exploitée ; la duplication reproduit
une combinaison existante mais avec la « touche personnelle » de celui qui la met
en œuvre ; enfin, la synthèse utilise les concepts de différentes combinaisons pour
en trouver de nouvelles utilisations. A côté de ces attitudes plus ou moins
proactives, il reste possible de réagir en s’adaptant. Fondamentalement, cela
renvoie à deux comportements dans la résolution de problèmes : l’adaptation et
l’innovation [M. Kirton, 1976].
21
Ces "nouvelles" formes sont au centre d'études avec comme questionnement fondamental : correspondent-elles à un
nouveau design organisationnel ou ne sont-elles que le fruit d'une interrelation entre d'autres types de forme ? Dans ce dernier
cas, l'importance actuelle des "nouvelles" formes ne s'expliquerait que par un recours grandissant des formes les plus
anciennes au fonctionnement d'essence réticulaire. La contraction du temps (notamment via les technologies de l'information)
et l'élargissement de l'espace (la globalisation par exemple) étant les principales contingences à ce recours [sur ce point voir
O. Torrès, 2000].
22
La littérature centrée sur l’innovation regorge de typologies. Nous avons retenu celle de ces auteurs car fondée sur les
travaux de M. Kirton, ayant fait l’objet d’une validation empirique dans un contexte entrepreneurial H.E. Buttner, N.
Gryskiewicz [1993].
22
Capacité à effectuer un travail très Peu de tolérance pour les routines
détaillé
Sensibilisation à la cohésion et à la N’attend pas le consensus
coopération au sein du groupe
Bien qu’un individu tend vers l’une ou l’autre des attitudes, il faut voir
l’adaptation et l’innovation comme des tendances, ou comme les extrêmes d’un
continuum entre lesquels oscillent, selon les situations et l’expérience, la
résolution effective du problème à résoudre. Alors que l’analyse semble mieux
servir l’adaptation, et l’heuristique l’innovation, la réflexion stratégique gagne à
combiner les démarches. Selon A. Desreumaux [1993] : « il est admis depuis
longtemps que la gestion stratégique est autant affaire d'intuition et de vision
que d'emploi de méthodes quantitatives plus ou moins sophistiquées ». Comme
M.-J. Avenier [1988], il invite à la combinaison des approches en précisant que
les méthodes analytiques sont précieuses dans la structuration des problèmes,
mais gagnent à bénéficier de l'intuition et du questionnement inhérent à la
créativité entrepreneuriale. Dès lors, l’identification des FCS et FSR doit
s’appuyer sur les deux types de démarche. J.K. Leidecker et A.V. Bruno [1984]
proposent des modes d’investigation prévoyant la consultation d’experts et l’étude
des intuitions et visions d’individus familiers à la firme. Ce type d’investigation
est déployé dans les études prospectives, dont la finalité est d’anticiper ce qui
peut advenir pour d’autant mieux s’y préparer [références]. M. Godet [1997] parle
de « préactivité » pour caractériser l’attitude consistant à se préparer aux
changements attendus. En s’inspirant des méthodes afférentes (par exemple celle
des scénarios), deux étapes sont essentielles : l’identification des variables clés et
l’appréhension des jeux d’acteurs [M. Godet, 1997]. Ainsi, résolument tournées
vers le futur, les méthodes prospectives n’en restent pas moins
fondamentalement attachées, d’une part, à l’identification de ce que nous
appelons FCS et FSR dans la littérature en stratégie et, d’autre part, au
caractère sociocognitif de leur évolution, comme en témoigne l’analyse des jeux
d’acteurs prévue par la méthode. Sur la base de ces investigations, le décideur
amende sa vision.
23
facteurs qu’elle perçoit comme base de sa réussite et provoquer du changement
[base de l’activité entrepreneuriale selon I. Ansoff, 1989]. Elle peut aussi
souscrire au changement posé par d’autres (ex : externalité de standard) ou
imiter, ou suivre. L’innovation n’est pas l’inéluctable voie de la réussite. Nombre
des firmes étudiées par J.C. Collins et J.I. Porras [1994] ne sont pas parties d’une
idée innovante et « géniale », l’entreprise elle-même est la plus grande des
créations, comme le confirment les propos d’un interview de D. Parckard mené en
1964, ayant donné lieu à un papier au titre évocateur : « Hewlett Packard
Chairman built Company by Design, calculators by chance » [Ibid. p.30]. Il ne
faut pas confondre innovation et entrepreneuriat, ou innovation et créativité.
Enfin, le comportement des acteurs varie entre l’adaptation et l’innovation, cette
dernière n’est pas forcément radicale ou de rupture. Quelle que soit l’attitude
adoptée, et sans que l’ambition soit de systématiquement construire une grande
entreprise, la construction d’une vision la plus claire possible semble le point de
départ d’une stratégie pouvant se décliner. Au risque de paraître normatif, sans
reprendre les détails de l’article, toute vision devrait se bâtir autour des pôles
interactifs suivants.
24
celles-ci possèdent un intérêt dans le projet collectif, par la valeur qu’elles en
tirent, elles devraient être fidèles (finalement, la valeur se mesurerait a
posteriori par la fidélité de la partie prenante, qu’elle soit un client, un salarié, un
fournisseur, un acteur du développement économique, un actionnaire, etc.).
Sinon, lorsqu’une d’entre elles perçoit un intérêt plus grand à passer chez la
concurrence, l’entreprise ne récolte plus la valeur qu’elle attend elle-même en
retour de celle (principe d’échange) qu’elle distribue. Pour la direction générale,
la principale difficulté est de satisfaire des attentes éventuellement antinomiques
et de trouver un équilibre permettant de jouer, souvent de façon alternative, avec
la satisfaction des uns pendant la patience des autres.
25
sur la nécessité de relever les représentations des individus familiers à
l’organisation, la cartographie cognitive peut être un outil utile pour, d’une part,
repérer la présence des pôles dans la vision des individus, d’autre part, repérer
les facteurs d’évolution du système : les FCS et FSR [T. Verstraete, 1996, 1997].
Au système d’information de relayer cette phase afin de permettre des allers-
retours entre local et global. En suivant les recommandations de J.F. Rockart
[1979], l’idée maîtresse réside dans une prise en charge locale des facteurs à
maîtriser.
26
Annexe 1 : quelques définitions données par la littérature de la notion
de FCS
Hofer C.W., Schendel D [1978] : les FCS sont ces variables grâce
auxquelles le management peut influencer, par ses décisions, de façon
significative la position de chaque firme d'une industrie. Ces facteurs varient
généralement d'une industrie à l'autre. Mais à l'intérieur d'une industrie
particulière ils dérivent de l'interaction de deux ensembles de variables, d'une
part les caractéristiques économiques et technologiques du secteur et d'autre part
les armes compétitives sur lesquelles les différentes firmes du secteur ont
construit leurs stratégies.
Boynton & Zmud [1984] : les FCS sont le petit nombre de choses qui
doivent bien marcher pour assurer le succès d’une organisation ou d’un manager,
les domaines auxquels il faut donner une attention spéciale et constante pour
obtenir une performance élevée.
Leidecker J.K., Bruno A.V. [1984] : les FCS sont ces caractéristiques,
conditions ou variables qui, lorsqu’elles sont correctement suivies, maintenues et
gérées, peuvent avoir un impact significatif sur le succès d'une firme dans un
secteur donné.
Bouquin H. [1991] : on appellera FCS les atouts sur lesquels l’entreprise
compte pour atteindre ses objectifs à long terme en résistant aux forces du
secteur investi (cf. les cinq forces de la typologie de M. Porter) pour être
compétitive dans son groupe stratégique et ne pas subir la concurrence des autres
groupes, ou au contraire, si c'est souhaitable, de préparer le passage dans un
autre groupe. Les FCS peuvent prendre deux formes : 1) des barrières qui
confèrent à l'entreprise un avantage concurrentiel 2) des performances critiques
qui, sans donner à l'entreprise un avantage distinctif, lui permettent de proposer
une offre génératrice de résultats conformes à ses objectifs ; performance dont, à
l'inverse, l'insuffisance ou la dégradation éliminerait la firme ou compromettrait
sa position....
Kœnig G. [1990] : éléments constitutifs de la réussite dans un secteur, pendant
une période de son histoire.
Atamer T., Calori R. [1993] : un FCS est un élément de l'offre qui a une valeur
pour les clients (utilisateurs, distributeurs, prescripteurs) et un savoir-faire et/ou
avantage de coût essentiel dans la chaîne de conception-production-distribution
du produit (ou du service) qui permet de créer un avantage concurrentiel.
Stratégor [1993] : Eléments sur lesquels se fondent en priorité la concurrence,
correspondant aux compétences qu'il est nécessaire de maîtriser pour être
performant.
27
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