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de Rome
Résumé
La création par Cicéron du vocabulaire philosophique latin a été un acte d'une grande audace intellectuelle, à l'égard duquel
Atticus et Varron ont d'abord été très réservés, pour des raisons à la fois culturelles et philosophiques. C'est l'élaboration dans
les Académiques d'une terminologie fort complexe, destinée à rendre les concepts gnoséologiques stoïciens et académiciens,
qui a renforcé la confiance que Cicéron a toujours eue dans les possibilités philosophiques de la langue latine. L'étude de ce
vocabulaire (έποχή, καταληπτόν, συγκατάθεσις, έννοια, πρόληψις) montre que, si le principal souci de Cicéron était de concilier
précision et uarietas, il a néanmoins exprimé, par son choix ou sa création de certains termes, une vision du monde qui ne
coïncidait pas nécessairement avec celle des philosophes grecs. La construction du concept de «probable» à partir du πιθανόν
et de l'εύλογον confirme à quel point cette démarche aura été féconde.
Lévy Carlos. Cicéron créateur du vocabulaire latin de la connaissance : essai de synthèse. In: La langue latine, langue de la
philosophie. Actes du colloque de Rome (17-19 mai 1990) Rome : École Française de Rome, 1992. pp. 91-106. (Publications
de l'École française de Rome, 161);
https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1992_act_161_1_4266
quodam modo dicenda causa est. Nostris enim uitiis, non casu aliquo, rem publi-
cam nerbo retinemus, re ipsa uero iam pridem amisimus.
10 Ibid., I, 32, 65 : Turn fit illud quod apud Platonem est luculente dictum, si
modo id exprimere latine potuero : difficile factu est, sed conabor tarnen. Le texte
de Platon auquel il est fait allusion est Rep., VIII, 562c-563d.
11 Cicéron, Ac. post., I, 1, 3-3, 12.
12 Cicéron, Tusc, II, 15, 35.
13 Lucrèce, Re. not., I, 832; III, 260. Pour le point de vue d'un linguiste sur
cette egestas, cf. l'article de J. Marouzeau, Patrii sermonis egestas, dans Eranos,
1947, p. 22-24, où l'histoire de la langue latine est interprétée comme une
longue conquête de l'abstrait.
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48 Cf. Luc, 31, 99 (la source est Clitomaque) : Duo placet esse Cameadi
genera uisorum, in uno hanc diuisionem : «alia uisa esse quae percipi possinî,
alia quae non possint»; in altero autem : «alia uisa esse probabilia, alia non pro-
babilia».
49 Cf. Luc, 15, 48.
50 Cf. Ac post., I, 11, 40.
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58 M. Liscu, op. cit., p. 122, affirme la parfaite synonimie des deux termes.
Pour H. J. Härtung, au contraire, op. cit., p. 76, adsensio serait uniquement actif
et adsensus purement duratif.
59 Cf. n. 57.
60 Cicéron, Luc, 34, 108.
61 Sénèque emploie adsensio dans Ep., 20, 2; 102, 16; 113, 18 et 19. Il
emploie adsensus dans De ira, II, 3, 4 et 5; Vit. be., 1, 3. La seule exception est
Br., 20, 2.
62 H. J. Härtung, op. cit., p. 80. Les termes cicéroniens sont : intellegentia,
notio, notitia, anticipatio, praenotio et praesensio.
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79 Off., I, 8.
80 Cette interprétation est majoritairement admise depuis l'article de
P. Couissin, Le stoïcisme de la Nouvelle Académie, dans Rev. hist, phil, 3, 1929,
p. 241-276. Elle a été combattue par A. M. Ioppolo, op. cit., p. 121-130.
81 Cf. Sext. Emp., Adu. math., VII, 173.
82 Cicéron, Luc, 10, 32.
83 K. F. Hermann, De Philone Larissaeo disputatio altera, Progr. Göttingen,
1855, a cru pouvoir affirmer que uerisimile correspondrait chez Cicéron au
concept ά'&χκός que Philon de Larissa aurait redécouvert, mais cette
affirmation ne repose sur aucun texte.
84 Augustin, Contra Ac, II, 7, 19.
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85 Cicéron, Inu., I, 19, 46 : Probabile est autem id quod fere solet fieri aut
quod in opinione positum est, aut quod habet in se ad haec quandam similitudi-
nem, siue id falsum est, siue uerum.
86 C'est un point sur lequel M. Burnyeat, op. cit., insiste beaucoup. On peut
néanmoins remarquer que dans le § 100 du Lucullus, dont la source est
néoacadémicienne, affleure quelque chose qui ressemble à la notion de fréquence.