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Circuits magnétiques

par Marcel JUFER


Docteur ès sciences techniques
Professeur à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne
Directeur de l’Institut d’Électromécanique et Machines Électriques
Dr HC Cluj (Roumanie), Mons (Belgique) et Grenoble (France)

1. Généralités................................................................................................. D 1 050 - 3
1.1 Équation de Maxwell en régime stationnaire ........................................... — 3
1.2 Formulation intégrale.................................................................................. — 4
2. Circuits électriques et magnétiques .................................................. — 6
2.1 Inductances propres et mutuelles .............................................................. — 6
2.2 Énergie magnétique .................................................................................... — 8
2.3 Modèle de l’aimant permanent .................................................................. — 9
2.4 Effet pelliculaire ........................................................................................... — 11
3. Circuits ferromagnétiques .................................................................... — 13
3.1 Matériaux ferromagnétiques ...................................................................... — 13
3.2 Pertes dans le fer ......................................................................................... — 14
4. Forces magnétiques ................................................................................ — 16
4.1 Dérivée de l’énergie magnétique ............................................................... — 16
4.2 Tenseur de Maxwell .................................................................................... — 17
5. Exemples et applications....................................................................... — 18
5.1 Circuit électromagnétique avec entrefers ................................................. — 18
5.2 Relais polarisé.............................................................................................. — 20
5.3 Conception d’un transducteur .................................................................... — 21
5.4 Électroaimant ............................................................................................... — 22
5.5 Exemple de dimensionnement d’électroaimant ....................................... — 28
6. Conclusion ................................................................................................. — 30
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 1 050

a conversion d’énergie électrique en énergie mécanique ou en énergie élec-


L trique de tension différente (transformateurs) recourt à deux types de
phénomènes :
— les phénomènes électriques associés au courant ;
— les phénomènes magnétiques associés au flux magnétique.
Ces deux types de phénomènes, liés par les équations de Maxwell, inter-
agissent de façon très directe dans les systèmes électromécaniques et électro-
6 - 1996

magnétiques. En effet, les circuits correspondants, supports respectifs du


courant et du flux, sont toujours imbriqués.
L’étude de tout système électromécanique peut se rattacher à deux modèles
situés à des niveaux différents.
■ Le modèle de Maxwell [7], caractérisé par des équations locales, suppose les
D 1 050

milieux continus. Il permet, principalement, l’analyse de la distribution des


lignes de champ (induction magnétique, densité de courant) associées à un
milieu électrique ou magnétique.

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■ Le modèle de Kirchhoff, caractérisé par la notion de circuits, comprenant des


composants (résistance R, inductance L et condensateur C) et des grandeurs
(tension U, courant I et flux magnétique Φ ), résulte de l’intégrale de champs ou
de variables locales.
Le recours à un tel modèle et aux équations associées, lorsque cela est pos-
sible, simplifie l’analyse et en accroît l’efficacité.
L’analyse de circuits magnétiques implique principalement le passage du
modèle de Maxwell à celui de Kirchhoff. Cela se fait en prenant en compte les
propriétés des phénomènes magnétiques reposant principalement sur la
conservation du flux et la perméabilité des divers milieux ; par ailleurs, l’ana-
logie avec les circuits électriques permet une meilleure compréhension des
phénomènes.
La maîtrise des circuits magnétiques, sous forme locale ou intégrale, permet
de traiter les aimants permanents et les circuits ferromagnétiques, afin de cal-
culer les forces et couples résultants ainsi que les effets parasites tels que satu-
ration et pertes dans le fer.
En dernier lieu, la conception de systèmes utilisant des circuits magnétiques
met en évidence, au travers d’exemples, la démarche spécifique.

Notations et symboles principaux Notations et symboles principaux

Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition

a m dimension δ m 1/α, profondeur


b, B T champ d’induction magnétique ε m épaisseur
c, C coefficient Λ H perméance
d, D C/m2 déplacement (ou induction) électrique µ H/m perméabilité
d m dimension µ0 H/m perméabilité du vide
e, E V/m champ électrique ρ Ω·m résistivité
f Hz fréquence σ coefficient de dispersion
F N force σ S/m conductivité
G m/s2 champ de forces τ N/m2 contrainte surfacique
h, H A/m champ magnétique  N/m2 tenseur
i, I A courant ϕ, Φ Wb flux
j, J A/m2 densité de courant ψ, Ψ Wb flux totalisé
j –1 ω s–1 pulsation
k coefficient de couplage
 m longueur
L H inductance Liste des Indices
 kg masse
m, M T aimantation A aimant max maximal
N nombre de spires a, air d’air M magnétique
p, P W puissance b bobine n normal
r m rayon c central n noyau
R Ω résistance C contour N nominal
RM H–1 réluctance d droite p d’ordre p
S m2 section el électrique p parallèle
t s temps e externe r relatif
T s période e d’extrémité R relatif à la résistance
T N/m2 tenseur eq équivalent r rémanent
u, U V tension électrique f, fer fer s série
UM , uM A potentiel magnétique F de Foucault T tube
v m/s vitesse g de gravitation t tangentiel
V m3 volume g gauche th thermique
W, w J énergie h de champ principal tot total
W’, w’ J/m3 énergie volumique H d’hystérésis u relatif au potentiel
x, y, z m directions, variables h horizontal v vertical
Z Ω impédance i interne δ d’entrefer
α m–1 ωµ ⁄ ( 2 ρ ) j d’ordre j σ de fuite
J Joule 0 sur l’axe
α rad angle
lat latéral 0 de référence
β rad angle
m direction m 1, 2 extrémités
β m–1 j ωµ ⁄ ρ mec mécanique 1, 2, 3 directions
δ m entrefer min minimal

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1. Généralités

1.1 Équation de Maxwell


en régime stationnaire

1.1.1 Rôle des équations de Maxwell

C’est au cours des XVIIIe et XIXe siècles que l’électromagnétisme


a fait l’objet de recherches expérimentales et théoriques qui ont Figure 1 – Imbrication de circuits magnétique et électrique
abouti à de nombreuses lois spécifiques : lois de Coulomb, de Biot
et Savart, d’Ampère, de Laplace, etc. En 1865, James-Clerk Maxwell
en réalisait une formulation globale et synthétique. Depuis lors, ces avec µ (H/m) perméabilité (1 H = 1 V · s/A),
équations permettent, par une formulation condensée, de contenir
toutes les autres, dans le cadre de milieux macroscopiques. Il faut µ 0 (H/m) perméabilité du vide (= 4 π · 10–7 H/m).
entendre par là un espace, un ensemble de matériaux formés de Pour la plupart des matériaux, la perméabilité relative µr est très
milieux continus, caractérisés par des propriétés locales telle que proche de 1.
résistivité, permittivité et perméabilité, linéaires ou non. La nature
corpusculaire de la matière (protons, électrons, neutrons) n’est donc ■ Pour un matériau ferromagnétique (Fe, Ni, Co et leurs alliages) [9],
pas prise en compte. on peut écrire :
b = µ0 h + m (3)
1.1.2 Champs m (T) étant l’aimantation, correspondant à la densité des moments
magnétiques résultants.
Toute particule de l’univers est soumise à l’influence combinée
de toutes les autres, que ce soit de type gravitationnel, électro-
magnétique ou nucléaire. En tout point de l’espace, il est possible 1.1.4 Lois de Maxwell
de représenter l’ensemble des effets d’une nature déterminée par
un champ. Celui-ci est défini comme un vecteur, quotient du vec- Ces lois sont à considérer et à admettre globalement pour les
teur force par la grandeur caractéristique sur laquelle s’exerce cette milieux macroscopiques. Elles sont énumérées dans un ordre arbi-
force. traire. Pour plus de détails, on se référera à [7].
■ Pour la gravitation, la force F g s’exerçant sur une masse  est
associée à un champ G tel que : ∂d
■ rot h = j + --------- + ρ v (4)
∂t
G = Fg   Cette expression établit la corrélation entre le champ magné-
tique et trois formes équivalentes de densités de courant :
■ Dans le domaine électromagnétique (figure 1), plusieurs champs — la densité de courant j ;
sont définis : — la dérivée temporelle du déplacement électrique, qui en
représente le pendant sous forme d’onde électromagnétique (une
— le champ électrique E , e ......................................... en V/m ; antenne de radio assure la conversion de l’une des formes dans
— le déplacement (ou induction) électrique l’autre) ;
— le vecteur ρ v , qui est une forme particulière de la densité
D , d ............................ en C/m2 (avec 1 C/m2 = 1 A · s/m2) ;
de courant, correspondant à un mouvement de charges libres
— le champ magnétique H , h .................................... en A /m ; (avec ρ densité volumique des charges et v leur vitesse), comme
— le champ d’induction magnétique dans un plasma ionique.

B , b ......................................... en T (avec 1 T = 1 V · s/m2) ; ■ rot e = – ∂ b  ∂ t

— la densité de courant J , j ..................................... en A/m2. Cette relation établit principalement l’interaction entre phéno-
mènes électriques ( e ) et magnétiques ( b ).

1.1.3 Propriétés des matériaux ■ div b = 0


Cette relation établit la conservation du flux d’induction magné-
■ Les matériaux conducteurs sont caractérisés par la proportionna- tique, qui est à la base du concept de circuit magnétique.
lité entre la densité de courant (en A / m2) et le champ électrique (en
V/m) : ■ div d = ρ

j = σ e (1) Cette relation montre que, dans un champ électrique, la diver-


gence du vecteur déplacement est donnée par la densité de charge
avec σ (S / m) conductivité (1 S = 1 A / V). volumique.
■ Le champ magnétique h et l’induction magnétique b sont liés
par la relation :
b = µ h = µ0 µ r h (2)

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1.1.5 Domaine stationnaire

On entend par domaine stationnaire des équations de Maxwell [8]


les propriétés électromagnétiques à basse fréquence dont la limite
est à situer aux environs de quelques dizaines de kilohertz. Le cou-
rant de déplacement ∂ d  ∂t est alors très inférieur au courant de
conduction j .
Cette propriété souffre d’une exception : le condensateur, dont la
Figure 2 – Tube d’induction magnétique
zone située entre les plaques est le siège d’un phénomène lié au
terme ∂ d  ∂t . Sous réserve de ce dernier cas, le terme ∂ d  ∂t
sera négligé. Le théorème de la divergence permet d’écrire :

De plus, on exclura, a priori, le terme de courant de charges libres


en mouvement, qui correspond à des applications particulières rele-  b ⋅ dS =  div b ⋅ dS = 0 (9)
vant de la physique des plasmas et de la magnétohydrodynamique.
Enfin, les applications au transport d’énergie électrique à grande avec :

   
distance sont également exclues.
Dans ces conditions, les équations de Maxwell en régime b ⋅ dS = b ⋅ dS + b ⋅ dS + b ⋅ dS (10)
S1 S2 S lat
stationnaire deviennent, en valeurs instantanées :
Sur la surface latérale S lat , les vecteurs b (tangentiel) et dS
rot h = j (5) (perpendiculaire) sont orthogonaux. Leur produit scalaire est donc
nul et on a, d’après (9) et (10) :
rot e = – ∂ b  ∂t (6)

S1
b ⋅ dS + 
S2
b ⋅ dS = 0 (11)
div b = 0 (7)
On leur associe deux équations caractéristiques des matériaux :
— pour un milieu conducteur [d’après (1)] : 1.2.3 Flux magnétique
On définit le flux d’induction magnétique ou flux magnétique ϕ
j = σ e = e ρ (8) comme étant la grandeur :


où σ est la conductivité et,
ρ la résistivité ; ϕ = b ⋅ dS (12)
St
— pour un milieu magnétique, la relation (2) :
où S t est la section associée à un tube d’induction.
b = µh Compte tenu de l’orientation des vecteurs surfaces dS 1 et dS 2 ,
on a d’après (11) et (12) :
— ou pour un aimant permanent, la relation (3) :
– ϕ1 + ϕ2 = 0 ou ϕ1 = ϕ 2 (13)
b = µ0 h + m
Le flux d’induction magnétique, associé à un tube est
conservatif.
1.2 Formulation intégrale
1.2.4 Potentiel magnétique
1.2.1 Objectifs
À partir de la relation (5), en appliquant le théorème de Stokes,
La formulation locale des équations aux dérivées partielles de la circulation du champ h le long d’un contour fermé C s’écrit :
Maxwell ne permet généralement pas une résolution analytique.
Seule une résolution numérique (le plus souvent par éléments
finis [1] et [9]) offre une solution à des problèmes techniques. En c
h ⋅ d = Sh
rot h ⋅ dS = Sh
j ⋅ dS (14)
contrepartie, la formulation intégrale des équations de Maxwell
permet de décomposer une structure complexe en sous-systèmes Sh étant la section délimitée par le contour C.
intégrés, formant un réseau électrique ou magnétique. Le but de ■ On définit le potentiel magnétique scalaire uM (ou force magné-
cette démarche est de faciliter l’analyse d’objets techniques ainsi tomotrice f.m.m.) comme suit :
que leur conception.

1.2.2 Tube d’induction


uM =  Sh
j ⋅ dS (15)

Si ce potentiel est associé à un bobinage à N spires (figure 3), on


Un tube d’induction est défini par un contour fermé 1 (figure 2) a:
sur lequel s’appuient des lignes d’induction, tangentes en chaque
point aux vecteurs induction b .
Un tel tube est délimité par deux sections S1 et S2 . Il est possible
uM =  Sh
j ⋅ dS = Ni (16)

de lui appliquer l’équation (10).

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Tableau 1 – Analogie circuit électrique-circuit magnétique


Circuit électrique Circuit magnétique
Relation Densité de courant : Induction :
de base
div j = 0 div b = 0
courant : flux :

i =  j ⋅ dS ϕ =  b ⋅ dS
Figure 3 – Bobinage à N spires
Tube conservatif de courant conservatif de flux

soit :  h ⋅ d = u M (17)
Différence de potentiel
électrique :
Différence de potentiel
magnétique :

 
c 2
2
■ On définit également la différence de potentiel magnétique u M 12 u 12 = e ⋅ d u M12 = h ⋅ d
1 1
entre deux points d’une ligne de champ comme suit :
Loi d’Ohm u 12 = R 12 i u M12 = R M12 ϕ
u M12 =  2
h ⋅ d (18) Résistance : Réluctance :

σ µ
1
2 2
d d
R 12 = --------- R M12 = --------
1 S 1 S
1.2.5 Loi d’Ohm magnétique
En considérant le tube d’induction magnétique de la figure 2, on
peut écrire, d’après les relations (18) et (2) :

u M12 =  1
2
h ⋅ d =  1
2
b
------ ⋅ d
µ

Les vecteurs h et d sont colinéaires. On peut donc écrire,


avec (12) :

   ϕµ
2 2bS 2
bd T d d
u M12 = ----------- = -------------------
- = ------------
1 µ 1 µ ST 1 ST

S T étant la section perpendiculaire du tube.


Figure 4 – Analogie circuit électrique-circuit magnétique :
Le flux ϕ, étant conservatif [relation (13)], peut être sorti de
représentation graphique
l’intégrale :

u M12 = ϕ µ
1
2
d
------------ = R M12 ϕ
ST
(19)

avec : R M12 = µ 2

1
d
----------
ST
(20)

La relation (19) est la loi d’Ohm magnétique, exprimant la pro-


portionnalité entre la différence de potentiel magnétique u M et le
flux ϕ.

La réluctance ou résistance magnétique R M est caractéris-


tique de la géométrie et des matériaux du tube.

Figure 5 – Tension induite dans un bobinage : convention française


1.2.6 Analogie
Il y a analogie entre circuit électrique et circuit magnétique, avec 1.2.7 Équation de la tension induite
les équivalences suivantes données dans le tableau 1 et la figure 4.
(0) La relation (6) devient, en appliquant le théorème de Stokes :

c
e ⋅ d =  Se
rot e ⋅ dS =  ∂b
– --------- ⋅ dS
∂t
(21)

Si cette relation est appliquée au bobinage de la figure 5, on a


les particularités suivantes.

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■ L’intégrale curviligne peut être décomposée en deux termes :


2. Circuits électriques
   et magnétiques
2 1
e ⋅ d = e ⋅ d + e ⋅ d
1 2

● Le premier terme correspond à l’intégrale dans le conducteur.


Elle peut s’écrire (d’après (8) et tableau 1) :
2.1 Inductances propres et mutuelles
 ρ
2 2
e ⋅ d = j ⋅ d = R 12 i chute ohmique de tension
1 1 2.1.1 Réluctance et perméance
● Le second terme correspond à l’intégrale directe entre les
bornes : ■ Pour un bobinage isolé, flux et potentiel magnétique sont liés par
la loi d’Ohm magnétique (19) :


1
e ⋅ d = – u 12 opposé de la différence de potentiel u M = RM ϕ
2
où R M représente la réluctance du tube de flux fermé, associé
■ L’intégrale de surface s’applique à l’aire sous-tendue par le au bobinage.
contour de l’intégrale curviligne, soit le conducteur du bobinage. La On définit la perméance Λ, inverse de la réluctance :
figure 6 met en évidence la forme de cette surface Se. On définit le
flux totalisé ψ tel que : Λ = 1/ R M (25)

ψ =  Se
b ⋅ dS (22)
Réluctance et perméance, obéissant à une loi de proportionnalité
entre potentiel magnétique et flux, ont des propriétés similaires
aux résistances et conductances du circuit électrique. Pour des
Pour un bobinage présentant N spires entourant un tube réluctances en série (parcourues par un même flux), on peut, en
d’induction de section ST , on a : particulier, définir une réluctance et une perméance équivalentes

 
telles que :
n
b ⋅ dS = N b ⋅ dS
Se ST R Meq = ∑ R Mj
soit, d’après (12) et (22) : ψ = Nϕ (23) j=1

1
Les grandeurs spatiales et temporelles étant indépendantes, il Λ eq = ----------------
n
-
est possible de permuter les opérateurs correspondants : 1
∑ Λj ------
-


Se
∂b
∂t

– --------- ⋅ d S = – -----
∂t

Se
∂ψ
b ⋅ d S = – -------
∂t
j=1

Pour des réluctances en parallèle (avec même différence de


potentiel aux bornes), on peut définir une réluctance et une per-
■ L’expression (21) devient alors : méance équivalentes :
∂ψ 1
R Meq = ---------------------
-
– u 12 + R 12 i = – ------- n
∂t 1
∂ψ ∑ R Mj -----------
-
ou : u 12 = R 12 i + ------- (24) j=1
∂t
n

Le terme ∂ ψ  ∂t est la tension induite et l’équation (24) lie


Λ eq = ∑ Λj
j=1
les phénomènes électriques et magnétiques.
■ Lorsqu’un circuit magnétique peut se décomposer en circuits élé-
mentaires en série (figure 7), on peut écrire :


2
d
R M12 = ------- (26)
1 S
Si un circuit se décompose en circuits élémentaires en parallèle
(figure 8), on utilise la forme intégrale suivante, associée à la
perméance :

Λ 12 = µ
s
dS
-------------

(27)

Figure 6 – Aire sous-tendue par le conducteur d’un bobinage


2.1.2 Inductance propre
Pour un bobinage de N spires, on a d’après (16), (19) et (25) :
ϕ = Λ u M = Λ Ni (28)
et, avec (23) :
ψ = N ϕ = N 2 Λi

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On peut définir, pour deux bobinages couplés, les perméances


Λ h , Λσ 1 , Λσ 2 , par les relations [d’après (28)] :
ϕ σ 1= Λ σ 1 u M1= Λ σ 1 N 1 i 1
ϕ σ 2= Λ σ 2u M2= Λ σ 2N 2 i 2
ϕ h = Λ h u M tot = Λ h (N 1 i 1 + N 2 i 2)

2.1.4 Inductances mutuelles


Figure 7 – Circuits magnétiques élémentaires en série
■ La loi de la tension induite (24), pour le bobinage 1 de la figure 9,
s’écrit :

u 1 = R 1 i 1 + ----------1-
dt

avec ψ 1 = N 1 ( ϕ h + ϕ σ 1 ) = N 12 ( Λ h + Λ σ 1 )i 1 + N 1 N 2 Λ h i 2

La perméance propre de la bobine 1 :


Λ 1 = Λ h + Λσ 1
est liée à l’inductance propre L1 , d’après (30), par :
Figure 8 – Circuits magnétiques élémentaires en parallèle
2
N1 Λ1 = L1

On définit l’inductance propre L comme étant le facteur de pro- On en déduit :


portionnalité entre flux totalisé ψ et courant i associés à un
ψ 1 = ψ 11 + ψ 12 = L 1 i 1 + N 1 N 2 Λ h i 2
bobinage :
L = ψ /i (29) En définissant l’inductance mutuelle L 12 par :
soit : L 12 = ψ 12 i 2 = N 1 N 2 Λ h (32)
L = N2 Λ (30)
il vient :
L’équation de la tension induite (24) peut ainsi s’exprimer en
ψ 1 = L 1 i 1 + L 12 i 2
fonction du courant seul :
∂ ( Li ) ■ Il en est de même, pour le second bobinage ; on a :
u = Ri + ------------- (31)
∂t dψ
u 2 = R 2 i 2 + ----------2-
ou, pour une inductance constante : dt

∂i et : ψ 2 = ψ 22 + ψ 21 = L 2 i 2 + N 1 N 2 Λ h i 1
u = Ri + L ------
∂t L’inductance mutuelle est définie par :
L 21 = ψ 21 i 1 = N 1 N 2 Λ h
2.1.3 Perméances de champ principal et de fuite
et : ψ 2 = L 2 i 2 + L 21 i 1
Lorsque plusieurs bobinages ont des lignes d’induction
■ On constate que l’inductance mutuelle est réciproque :
communes, on peut distinguer les flux suivants (figure 9) :
— le flux commun ou flux de champ principal ϕh ; L 12 = L 21 = N 1 N 2 Λ h (33)
— les flux de fuite, qui sont liés à un seul bobinage (flux exclu-
sifs) ϕ σ 1 et ϕ σ 2.
2.1.5 Coefficients de couplage et de dispersion

Pour un système présentant un flux de fuite nul, on peut écrire :


Λσ1 = Λσ2 = 0
2
L 11 = N 1 Λ h = L 1

L 22 = N 22 Λ h = L 2

L 12 = N 1N 2 Λ h

d’où : L 12 = L 11 L 22

Figure 9 – Bobinages couplés Dans le cas général, on peut poser :


L 12  L 11 L 22

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■ Le coefficient de couplage k est le quotient de l’inductance ■ La variation de l’énergie thermique, due aux pertes par effet
mutuelle par l’inductance correspondant à un couplage parfait : Joule est :
k
k = L 12  L 11 L 22
∑ Rj ij
(34) 2
dW th = dt (44)
j=1
■ Le coefficient de dispersion σ est défini par la relation :
Par substitution de (40), (42) et (43) dans (41), on obtient :
2
2 L 12
σ = 1 – k = 1 – --------------------  1 (35) k
∂ WM k
L 11 L 22 dW M = ∑ -------------
∂ψ j
dψ j = ∑ ij d ψ j (45)
j=1 j=1

∂W M
ou, encore : ------------- = ij
2.2 Énergie magnétique ∂ψ j

Pour un système indéformable, on peut écrire :


2.2.1 Système électromagnétique
dW M d ψ j = i j
Soit un système caractérisé par k circuits électriques repérés par Il s’ensuit :
l’indice j (j = 1 à k ). On peut lui associer le même nombre de cou- k
rants ij , de tensions u j et de flux totalisés ψ j . dW M = ∑ ij d ψ j (46)
■ Pour un système déformable possédant n degrés de liberté, la j=1
position peut être caractérisée par n coordonnées généralisées xm
 ψj
k
(m = 1 à n ). et : WM = ∑ 0
ij d ψ j (47)
Le flux totalisé est une fonction du courant et de la géométrie : j=1

k
ψj = ∑ N j Np Λj p i p (36) L’expression (47) définit l’énergie magnétique associée à un
p=1 système électromagnétique.
ψ j = ψ j (i 1 ... i k , x 1 ... x n ) (37)
Pour un système linéaire, on peut poser d’après (29) :
Dans tout système électromagnétique, on postule l’existence
k
d’une énergie électromagnétique W M avec :
W M = W M (i 1 ... i n , x 1 ... x n ) (38)
dψ j = ∑ L jp d i p
p=1

D’après (37), on a : On en déduit, à partir de (45) :


W M = W M (ψ 1 ... ψ n , x 1 ... x n ) (39) k k

■ Pour un système indéformable (x1 ... xn = constante), on peut dW M = ∑ ∑ i j L jp di p


poser : j=1 p=1
W M = W M (ψ 1 ... ψ n ) k k
1
et on a donc :
ou : W M = ---
2 ∑ ∑ L jp i j i p (48)
j=1 p=1
k
∂W M k
dW M = ∑ ( ∂ψ j )
- d ψj
--------------- (40)
ou encore :
1
W M = --- ∑ ψ j ij (49)
j=1 2
j=1

Pour un système non linéaire, l’énergie magnétique, corres-


2.2.2 Énergie magnétique pondant à un flux variant de 0 à ψ j , est représentée par l’aire bleue
de la figure 10.
En exprimant la conservation de l’énergie pour un système
électromagnétique indéformable, on peut poser :
dW el = dW M + dW th (41)

■ La variation d’énergie électrique dWel s’écrit :


k
dW el = ∑ uj ij dt (42)
j=1

ou, par l’expression (24) :


k k
dψ j
∑  Rj ij + ----------
- ∑ ( Rj ij
2
dW el = ij d t = d t + ij d ψ j ) (43)
dt 
j=1 j=1

Figure 10 – Énergie magnétique pour un système non linéaire

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2.2.3 Forme locale de l’énergie magnétique


Pour un seul circuit, la relation (46) devient :

 ψ
WM = i dψ
0
avec, d’après les relations (23) et (16) :
i dψ = Ni d ϕ = u M d ϕ
Compte tenu de (12) et (18), on peut écrire pour un tube
d’induction :

i dψ =  v
h ⋅ db ⋅ dV = 
v
h dbdV

′ (en J/m3 ) est définie par :


L’énergie magnétique volumique W M


b
W ′M = hdb (50)
0

donc : WM = v
W ′M dV

Pour un milieu linéaire, on a :


b = µh


b
1 1 b2 1
d’où : W ′M = --- b d b = --- ------ = --- bh (51)
µ 0 2 µ 2

2.3 Modèle de l’aimant permanent Figure 11 – Caractéristique B (H ) d’un aimant permanent

2.3.1 Caractéristique B-H


Un aimant permanent peut être caractérisé par le vecteur aiman-
tation ou par son cycle d’hystérésis dans le plan BA-HA [3] [4] [5].
C’est ce dernier qui permet de définir le modèle magnétique équi-
valent d’un aimant permanent.
■ Pour une courbe de désaimantation non linéaire (aimants AINiCo
par exemple), un rebroussement de la caractéristique emprunte une
droite de retour de pente µ d , pratiquement constante, et d’abscisse
à l’origine – H0 (figure 11a ).
■ Dans le cas d’une courbe de désaimantation linéaire (ferrite, Sm-
Co, Nd-Fe-B), cette caractéristique est confondue avec la droite de
Figure 12 – Structure élémentaire d’un aimant permanent
retour (figure 11b ).
associé à un circuit magnétique externe
■ En conséquence, dans un domaine de fonctionnement stabilisé,
un aimant peut être caractérisé par une droite de retour. On admet, et la conservation du flux magnétique (§ 1.2.3) donne :
pour la suite, que la même caractéristique BA-HA est valable en tout
point de l’aimant et, de ce fait, présente la même droite de retour. BA SA = Be Se = µ e He Se
Selon la structure du système et la géométrie de l’aimant, cette Par combinaison des deux relations ci-dessus, il vient :
hypothèse peut présenter un caractère restrictif.
BA Se A A
------- = – µe ------------- = – Λe ------- (52)
HA e SA SA
2.3.2 Caractéristique externe
où Λ e est la perméance externe totale associée à l’aimant.
Soit un aimant permanent (de longueur  A et de section SA)
L’équation (52), dans le plan BA-HA de l’aimant, est celle d’une
associé à un circuit magnétique externe, caractérisé par une lon-
droite, lieu de points de fonctionnement associés au circuit de per-
gueur équivalente  e , une section Se et une perméabilité µ e . Ce
méance externe Λ e . C’est une droite passant par l’origine, dénom-
circuit externe peut résulter de la combinaison de plusieurs per-
mée caractéristique externe ou droite de charge (figure 11b ).
méances partielles. La figure 12 décrit une structure élémentaire
correspondante.
La relation (17) permet d’écrire : 2.3.3 Domaine de fonctionnement
HA A + He e = 0
L’intersection de la caractéristique externe et de la caractéristi-
que de désaimantation ou de la droite de retour définit le point de
fonctionnement P (figure 13).

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En introduisant la perméance interne de l’aimant [d’après (25) et


(26)] :
Λ i = µ d S A  A = 1  R Mi (57)

il vient :
Φ A = Λ i (U M0 – U MA)
ou :
U MA = U M0 – ( Φ A  Λ i ) = U M0 – R Mi Φ A (58)

■ L’équation de la droite de charge (52) devient :


A
B A S A = – Λ e --------- S A H A
Figure 13 – Domaine de fonctionnement SA
d’un aimant permanent linéaire
d’où [d’après (55) et (56)]
En pratique, un système électromécanique offre à l’aimant une ΦA = ΛeU MA
perméance externe variant entre deux limites, Λ e min et Λ e max . Le
point d’induction B min (figure 13) est défini par l’intersection de la et : U MA = Φ A  Λ e = Φ A R Me (59)
caractéristique de désaimantation et de la droite de charge de
pente minimale. La droite de retour passe par ce point. Le point de Les expressions (58) et (59) peuvent être illustrées dans le plan
fonctionnement se déplace alors entre le point d’induction B min et U MA-Φ A (figure 14). On peut faire le parallèle avec une source de
le point d’intersection de la droite de retour et de la caractéristique tension réelle de tension à vide U 0 , de résistance interne R i et de
externe pour Λ e max , d’induction B max . résistance externe R e (figure 15) avec :
Tout point de fonctionnement P est donc caractérisé par l’équa-
tion suivante : U = U0 – Ri I
BA = B 0 + µ d HA (53)
U = Re I
et l’équation (52) de la caractéristique externe
B A = – ( Λe A  S A ) H A

Le point d’intersection est caractérisé par les coordonnées


suivantes :
µ d SA 
B A = B 0   1 + ---------- --------- 
 Λ e A  
 (54)

HA = – B0  µ d + ( Λe  A  S A ) 

2.3.4 Modèle macroscopique

Compte tenu de l’hypothèse d’un aimant parallélépipédique de


caractéristique B-H et d’état interne homogène, il est possible de
définir un modèle équivalent de l’aimant. La droite de retour et la
caractéristique de charge peuvent être représentées dans un plan
UM-Φ, par la transformation suivante :
Figure 14 – Modèle équivalent d’un aimant permanent
U MA = – H A  A 
 (55)
U M0 = – H 0  A 

Φ A = BA SA 
 (56)
Φ 0 = B0 SA 

■ L’équation de la droite de retour s’écrit alors :


BA = µd (HA – H0)
On en tire :
µd S A
B A S A = ------------------ ( H A – H 0 )  A
A

ou [avec (55) et (56)] :


Figure 15 – Circuit électrique analogue du modèle
µd S A de l’aimant permanent
ΦA = --------------- ( U MO – U MA )
A

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L’analogie déjà mise en évidence à la figure 4 nous conduit à la 2.4.2 Conducteur d’épaisseur constante
représentation équivalente de l’aimant permanent de la figure 16.
Compte tenu des hypothèses définies paragraphe 2.4.1 et des
relations (1), (2), (5), (6) et (7), on peut écrire :

e = ρ j

b = µ h

∂h
rot e = ρ rot j = – µ ---------- (60)
∂t
En prenant le rotationnel du 2e membre de (60), il vient, à partir
de la relation (5) :
Figure 16 – Représentation équivalente de l’aimant permanent
par un circuit magnétique ∂ j
ρ grad ( div j ) – ∆ j = – µ ---------
∂t

D’après le théorème de Norton, l’aimant peut également être soit, puisque div j = 0 :
représenté par une source réelle de flux (figure 17).
µ ∂ j
∆ j = --- --------- (61)
ρ ∂t
Compte tenu des particularités de la géométrie du conducteur de
dimensions infinies selon x et y, l’expression (61) devient :

∂2 j µ ∂j x
---------2x- = --- ------- (62)
∂z ρ ∂t

Par séparation des variables espace et temps, on pose :


jx = j ( z ) f (t )
Figure 17 – Représentation équivalente de l’aimant permanent
par une source de flux Le courant étant sinusoïdal, le caractère linéaire de
l’équation (62) implique une densité de courant sinusoïdale. On
peut donc appliquer le calcul complexe à la résolution de cette
équation, en associant à la densité de courant un phaseur :
2.4 Effet pelliculaire
J˜ = J ( z ) exp [ j ω t + θ ( z ) ] = J ( z ) exp ( j ω t ) (63)
2.4.1 Définition du problème L’équation (62) s’écrit alors :

Un circuit électrique homogène présente une distribution uni- ωµ


∂ 2 J ( z ) ∂z 2 – j -------- J ( z ) = 0
forme de la densité de courant dans une section perpendiculaire à ρ
celui-ci, si le courant est continu. Ce n’est généralement pas le cas
pour un courant alternatif, par suite d’une interaction électro- La solution est de la forme
magnétique. Pour mettre en évidence ce phénomène, on
considérera un cas particulier. Il s’applique à un milieu conducteur J ( z ) = A 1 exp ( β z ) + A 2 exp ( – β z ) 

d’épaisseur ε (figure 18), de résistivité ρ et de perméabilité µ uni- 
ωµ
formes et constantes. Ce milieu est infini selon les directions x et y. avec β = j ωµ  ρ = ( 1 + j ) -------- = ( 1 + j ) α 
Un courant circule dans la direction x . Il présente les caractéris- 2ρ  (64)
tiques suivantes : 
ωµ 
— il est sinusoïdal de pulsation ω ; α = -------- constante d ′ espace. 
^ 2ρ 
— son amplitude par unité de longueur selon y vaut I ′ .
L’objectif est de déterminer la distribution de la densité de cou- Les conditions aux limites peuvent s’écrire comme suit :
rant selon la direction z. — par symétrie on a :

J (z) = J (– z )
(65)
J ( z ) = C ch ( β z )

— le courant i par unité de longueur est imposé et supposé de


la forme i = I ’ 2 cos ω t ; on a donc :

 ε⁄2

–ε ⁄ 2
J ( z ) dz = I′
Figure 18 – Représentation d’un milieu conducteur homogène

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Il s’ensuit :
β I′
C = -------------------------------
2sh ( βε  2 )

La distribution de la densité de courant est ainsi donnée


[d’après (63) et (65)] par la relation :
βI′
J˜ = ----------------------------- ch ( β z ) exp ( j ω t ) (66)
2sh ( βε  2 ) Figure 20 – Définition d’un élément de conducteur
pour le calcul des pertes

2.4.3 Densité de courant et profondeur


de pénétration où  x et  y sont les longueurs respectives dans les directions x
et y.
La figure 19 illustre la distribution de la valeur de crête de la La résistance équivalente en alternatif R~ peut être définie
densité de courant pour diverses épaisseurs et un courant linéique comme suit :
constant. 2
R ~ = P z  I = 2P z  ( I′  x ) 2
L’exemple traité correspond aux valeurs suivantes :
— milieu en cuivre de résistivité ρ = 20 n Ω · m ; On obtient alors, compte tenu de (66) :

1 ρ y
^
— fréquence du courant de f = 50 Hz, avec I′ = 1Am ;
R ~ = --- --------- Re β coth ( βε  2 ) (69)
— perméabilité du milieu égale à µ 0 . 2 x

À un courant continu de densité uniforme correspond la


résistance :
ρ
R – = ---------x- (70)
ε x

On peut définir un coefficient k R de majoration de la résistance


par :

kR = R~ /R–
Des relations (69) et (70), on déduit :
ε
k R = --- Re β coth ( βε  2 ) (71)
2
La figure 21 représente l’évolution du coefficient k R de majora-
Figure 19 – Distribution de la densité de courant tion de la résistance en fonction de la fréquence, pour une plaque
pour diverses épaisseurs du milieu de cuivre de 10 mm d’épaisseur.

On constate une concentration de la densité de courant en sur-


face du milieu, d’autant plus marquée que son épaisseur est
importante ou que la fréquence est élevée [relation (64)]. Ce phé-
nomène, connu sous le nom d’effet pelliculaire, est caractérisé par
la constante d’espace de l’exponentielle caractéristique de la
relation (64).
On définit la profondeur de pénétration comme l’inverse de cette
constante d’espace :
1 2ρ
δ = --- = -------- (67)
α ωµ
Cette grandeur caractérise, en première approximation, l’épais-
seur de la couche dans laquelle se trouve concentrée la plus
grande partie du courant (63 %). Figure 21 – Coefficient de majoration de la résistance
Exemple : pour une fréquence de 50 Hz dans le cuivre, cette pro- en fonction de la fréquence, pour une plaque de cuivre de 10 mm
fondeur est d’environ 10 mm. d’épaisseur

2.4.4 Majoration de la résistance L’application de l’équation (60) à un conducteur cylindrique,


exprimée en coordonnées cylindro-polaires, conduit à une solution
Les pertes dans un conducteur d’épaisseur constante peuvent sous forme de fonction de Bessel. On peut en déduire une profon-
être exprimées en fonction de la densité du courant (figure 20) : deur de pénétration similaire à celle de l’équation (65) [6].
La figure 22 montre l’évolution du coefficient de majoration de
Pz = ρV
2
J dV =  ε2

–ε  2
2
ρ J x y d z (68)
la résistance pour un conducteur cylindrique de rayon r en fonction
de z, avec :
z = 2αr

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Figure 22 – Évolution du coefficient de majoration de la résistance


pour un conducteur cylindrique
Figure 24 – Schéma de principe d’un circuit ferromagnétique

3. Circuits ferromagnétiques

3.1 Matériaux ferromagnétiques

3.1.1 Caractérisation

Tous les matériaux ont une perméabilité très proche ou égale à


celle du vide, à l’exception des matériaux ferromagnétiques. Ceux-
ci sont constitués de fer, de nickel, de cobalt et de leurs alliages. Ils
sont caractérisés par une perméabilité µ f nettement plus élevée Figure 25 – Schéma équivalent d’un circuit ferromagnétique
que celle du vide :
µ f >> µ 0
Pour des sections identiques S du fer et de l’air et des longueurs
La perméabilité relative µ rf = µ f  µ 0 varie de 10 à 10 000, selon les respectives  f et  a , on peut définir les perméances :
matériaux et le niveau de saturation. µ0 S
Un matériau ferromagnétique [9] est caractérisé par des proprié- Λ a = ---------
-
a
tés de saturation (diminution de la perméabilité avec le niveau
d’induction) et d’hystérésis. Celles-ci sont représentées par le dia- µ fS
gramme de la figure 23. et : Λ f = ---------
-
f

La perméance totale des deux circuits en série (§ 2.1.1) vaut :


µ0 S
Λ tot = --------------------------------
- (72)
 a + (  f  µ rf )

µ rf = µ f  µ 0 étant la perméance relative du matériau ferromagné-


tique.
La relation (72) montre qu’une perméance ferromagnétique est
caractérisée par une longueur équivalente égale à la longueur de
fer divisée par la perméabilité relative du fer. En d’autres termes,
une perméance ferromagnétique crée une chute de potentiel
magnétique plus faible, dans un rapport µ rf , qu’une perméance
d’air de même longueur.
Figure 23 – Cycle d’hystérésis d’un matériau ferromagnétique On recourt donc le plus possible au choix de ces matériaux pour
la création de circuits magnétiques.

Les propriétés des matériaux ferromagnétiques sont utilisées 3.1.3 Continuité


dans la conception et la construction des transformateurs et des
moteurs. Elles sont caractérisées dans les paragraphes suivants.
Lors d’un changement de milieu, des conditions de continuité de
l’induction ou du champ magnétique peuvent être établies.
3.1.2 Perméance ■ Si l’on considère un tube d’induction de section dS infiniment
petite (figure 26), on peut écrire d’après (13), que le flux magnéti-
Le circuit magnétique de la figure 24 comprend une partie ferro- que est conservatif :
magnétique et de l’air. dΦ1 = dΦ2
Il peut être représenté par le schéma équivalent de la figure 25.

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ou :

B 1 ⋅ dS = B 2 ⋅ dS

soit, en introduisant les composantes normales de l’induction Bn1 et


Bn2 :
B n1 dS = B n2 dS

On en tire :
B n1 = B n2 (73)

Figure 27 – Continuité des composantes tangentielles du champ


magnétique à la limite de deux milieux de perméabilités différentes

On en tire :
tan α B t1 B n2
-----------------1- = --------------------
-
tan α 2 B t2 B n1

Compte tenu de (72), il vient :


tan α B t1 µ 1 H t1
-----------------1- = --------
- = -----------------
tan α 2 B t2 µ 2 H t2

et d’après (74) :
Figure 26 – Continuité des composantes normales de l’induction tan α µ
----------------1- = ------1- (75)
magnétique à la limite de deux milieux de perméabilités différentes tan α 2 µ2

Si le milieu 1 est de l’air (µ 1 = µ 0) et le milieu 2 du fer,


(µ 2 = µ 0 µ rf ), la relation (75) s’écrit :
Il y a donc, à la séparation de deux milieux de perméabilités dif-
férentes, continuité de la composante normale de l’induction. tan α 1
-----------------1- = --------
■ Si l’on considère (figure 27) les deux champs magnétiques H 1 et tan α 2 µrf
H 2 de part et d’autre de la surface de séparation, on peut appliquer
Pour toute ligne de champ sortant du fer (α 2 < π / 2), l’angle α 1
la relation (14) à un contour fermé de longueur d et d’épaisseur
devient très petit. On peut donc affirmer que l’incidence des lignes
infiniment petite : de champ sur une surface ferromagnétique est pratiquement per-

   
pendiculaire.
H ⋅ d = H 1 ⋅ d 1 + H 2 ⋅ d 2 = J ⋅ dS = 0
1 2

soit, en introduisant les composantes tangentielles du champ H t1 et 3.2 Pertes dans le fer
Ht 2 :
H t1 d – H t2 d = 0
3.2.1 Circuit magnétique à flux alternatif
ou encore :
H t1 = H t2 (74) Dans la plupart des systèmes électromagnétiques tels que trans-
formateurs, inductances, transducteurs, moteurs et générateurs, le
Il y a donc continuité de la composante tangentielle du champ flux d’induction magnétique est variable de façon alternative ou
magnétique. transitoire. Les matériaux ferromagnétiques étant conducteurs et
caractérisés par un phénomène d’hystérésis, tout flux variable y
génère des pertes :
3.1.4 Réfraction — par hystérésis ;
— par courants de Foucault dans la structure conductrice.
Une ligne d’induction passant du milieu 1 au milieu 2 forme avec
le vecteur surface les angles α 1 et α 2 (figure 26) définis par : En conséquence, des mesures liées au choix des matériaux et à
la structure du circuit magnétique doivent être prises de façon à
tan α 1 = B t1 / B n1 minimiser ces pertes. L’analyse simplifiée de ces pertes donne les
lois de variation en fonction des paramètres caractéristiques : la
tan α 2 = B t2 / B n2 fréquence et l’induction. Elle fournit de plus des indications quant
B t1 et B t2 étant les composantes tangentielles de l’induction. aux moyens de les réduire.

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3.2.2 Pertes par hystérésis La tension induite est :


^
Si l’on se réfère à un champ magnétique alternatif appliqué à un u i = d ϕ dt = ωΦ sin ω t
milieu ferromagnétique, tout point du circuit parcourt, à chaque
de valeur de crête :
période, un cycle complet (figure 23). L’énergie magnétique volu-
^ ^
mique dissipée (en J/m3), d’après la relation (50) :
^
U i = ω Φ = ω Ba 2

w ′MH =  h db
La valeur de crête du courant est :
^ ^
I = U i R
correspond à la surface du cycle.
Pour une fréquence f du champ alternatif, les pertes par hystéré- La valeur de la résistance R peut être approchée, conformément
sis valent : à la figure 29, sous la forme :

PH = f  V
w ′MH dV R = ρ S

Expérimentalement, on constate que la surface du cycle est avec  = 2a longueur moyenne d’une ligne de densité de
approximativement proportionnelle au carré de l’induction de crête. courant,
1
Pour un circuit ferromagnétique à induction de crête constante, on S = --- ad section moyenne,
peut écrire : 2
ρ résistivité du matériau magnétique.
^
PH = c H f B2 

avec c H (W · s /kg · T2) coefficient de pertes par hystérésis,


 (kg) masse du circuit.
On peut aussi écrire en valeur relative :
^
B 2
P H = C H  ----  ------ 
f
(76)
 f 0  B 0
Figure 29 – Représentation d’un circuit ferromagnétique
pour le calcul de la résistance et de ses pertes
avec CH (W/kg) coefficient de pertes spécifique par hystérésis,
f0 fréquence de référence (généralement 50 Hz),
B0 induction de référence (généralement 1 T). On en déduit :
R = 4ρ /d

3.2.3 Pertes par courant de Foucault Les pertes Joule résultant des courants de Foucault valent :

^2 ^ ^
Un circuit ferromagnétique conducteur parcouru par un flux alter- 1 Ui ω 2B 2a 4d ω 2B 2a 2
P F = --- -------- = --------------------------- = ---------------------- V (77)
natif est soumis à des courants induits générant des pertes. Ce phé- 2 R 8ρ 8ρ
nomène est caractérisé par l’équation de Maxwell (6). Sous forme
intégrale, l’équation de tension induite (23) peut s’appliquer à une où V = a 2 d est le volume du circuit magnétique conducteur.
spire équivalente en court-circuit (figure 28) pour laquelle on a : On constate que les pertes par courants de Foucault sont propor-
0 = Ri + dϕ /dt tionnelles au carré de la fréquence et au carré de l’induction.

Pour un flux variant sinusoïdalement, on peut écrire :


^ 3.2.4 Réduction des pertes par courant de Foucault
ϕ = – Φ cos ω t
Une façon efficace de réduire les pertes par courants de Foucault
avec ω = 2 π f.
consiste à fractionner le circuit magnétique en N tôles parallèles
aux lignes d’induction. La figure 30 en illustre le principe.

Figure 28 – Spire en court-circuit dans un matériau ferromagnétique


Figure 30 – Réduction des pertes par courants de Foucault
par fractionnement du circuit ferromagnétique

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L’approche simplifiée du paragraphe précédent peut être appli- Exemple : à une fréquence de 50 Hz, pour une tôle de 0,5 mm
quée à une structure décomposée en N tôles. d’épaisseur, les pertes par hystérésis représentent environ 40 % des
pertes totales. Les pertes par courants de Foucault représentent donc
■ Pour une tôle, on obtient : environ 60 %.
^ ^
U i1 = ω Φ 1 = ω Ba 2 N

Soit R 1 = ρ  1  S 1 la résistance d’une tôle.


4. Forces magnétiques
1 ad
En posant  1 = 2a et S 1 = --- -------
2 N
il vient : 4.1 Dérivée de l’énergie magnétique
R1 = 4ρN /d
Les pertes correspondantes s’écrivent
4.1.1 Principe de conversion électromécanique
^ 2
ω 2 B 2 a4 d
^
1 U i1
P F1 = --- ---------- = --------------------------
- L’étude de la conversion électromécanique est basée sur le prin-
2 R1 8ρN 3
cipe de conservation de l’énergie. Celui-ci fait appel à une forme
■ Pour N tôles, les pertes totales P′F deviennent : intermédiaire : l’énergie électromagnétique ou magnétique.
Une force électromécanique résulte de trois formes possibles
^ ^
ω 2 B 2a 4 d ω 2 B 2a 2 d’interaction :
P′F = NP F 1 = ------------------------ = -------------------- V (78)
8ρN 2 8 ρ N2 — l’interaction entre deux courants ;
— l’interaction entre un courant et un circuit ferromagnétique ;
et, d’après (77) : — l’interaction entre un aimant permanent et un courant ou un
PF circuit ferromagnétique.
P′F = -------
- (79)
N2 Deux modèles principaux permettent d’exprimer une force
électromécanique dans le cas le plus général :
En appelant ε = a / N, l’épaisseur d’une tôle, on a : — la dérivée de l’énergie magnétique associée aux circuits
électriques ;
ω 2 B 2ε 2
^
P′F = -------------------- V — l’intégrale du tenseur de Maxwell.

Dans les paragraphes suivants, la première démarche sera ana-
On constate donc que les pertes par courants de Foucault sont lysée. Dans le paragraphe 4.2, la forme tensorielle sera exprimée,
proportionnelles au carré de l’épaisseur des tôles. puis décrite, sous forme de pression locale.
De façon générale, les pertes par courants de Foucault se mettent
sous la forme :
4.1.2 Système électromécanique
^
f 2 B 2 ε 2
P F = C F  ----  ------  -----  (80)
 f 0  B 0  ε 0 Un système électromécanique est caractérisé par k circuits élec-
triques, repérés par l’indice j (j = 1 à k ). Un tel système est géomé-
avec CF (W/kg) coefficient de pertes par courants de Foucault, triquement déformable. Il possède n degrés de liberté, caractérisés
par n coordonnées généralisées (déplacement ou angle) xm . Ces
f0 fréquence de référence (généralement 50 Hz), coordonnées sont repérées par l’indice m (m = 1 à n ).
B0 induction de référence (généralement 1 T), Par le biais des perméances, le flux totalisé est lié aux courants
ε0 épaisseur de référence (généralement 0,5 mm), et aux degrés de liberté.
 (kg) masse du circuit. Il en résulte les dépendances suivantes [relation (37)] :
ψ j = ψ j (i 1 ... i k , x 1 ... x n )
3.2.5 Pertes totales dans le fer Réciproquement, on peut écrire :

Des relations (76) et (79), on tire l’expression globale des pertes i j = i j (ψ 1 ... ψ k , x 1 ... x n ) (82)
dans le fer :
Compte tenu de ce qui précède, les forces généralisées (force ou
^
f 2 ε 2  B 2 couple) d’origine électromagnétique F m sont associées aux degrés
P fer = C H ---- + C F  ----  -----
f
------ 
f0  f 0  ε 0  B 0 de liberté x m . On postule que ces forces sont des fonctions des
courants et des coordonnées :
Malheureusement, les fabricants de tôles pour la construction de Fm = Fm (i 1 ... i k , x 1 ... x n ) (83)
machines ne donnent généralement pas les coefficients C H et C F ,
qui sont difficiles à mesurer. D’après (82), on peut également poser :
Fréquemment, c’est la relation approchée suivante qui est Fm = Fm (ψ 1 ... ψ k , x 1 ... x n ) (84)
proposée :
^ 2
P fer ≈ C fer  ---f- k  -----
B
-  (81)
 f 0  B 0

avec Cfer coefficient total de pertes fer (de 0,9 à 3,4 W/kg),
k facteur compris entre 1,5 et 1,8.

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∂W M
4.1.3 Bilan énergétique et : -------------
∂x m
= – Fm (92)

Compte tenu de l’existence de l’énergie magnétique, le bilan L’expression (91) permet de définir l’énergie magnétique :
énergétique associé à la conversion électromécanique peut s’écrire,
sous forme d’accroissements : k

dW el =dW mec + dW th + dW M (85)


dW M = ∑ ij d ψ j x m = Cte
j=1
Ces divers termes peuvent être définis et explicités comme suit :

k ψj
— la variation d’énergie électrique dWel [relation (42)] : WM = ∑ 0
ij d ψ j (93)
k j=1
dW el = ∑ uj ij dt La relation (92) permet de définir et de calculer la force électro-
j=1 magnétique F m associée au degré de liberté x m :
— la variation d’énergie mécanique dW mec : ∂W M
F m = – --------------
n ∂ xm
dW mec = ∑ F m dx m (86)
La dérivée partielle implique une dérivation à flux constants,
m=1
d’où :
— la variation d’énergie thermique dWth [relation (44)] : d WM
F m = – -------------- (94)
k d xm
ψ j = Cte
∑ Rj ij
2
dW th = dt
j=1

— la variation d’énergie magnétique dWM [relation (45)] : 4.1.5 Système linéaire


k
Pour un système linéaire (sans saturation ni hystérésis), on peut
dW M = ∑ ij d ψ j écrire [d’après (29)] :
j=1 k
En appliquant la loi de tension induite (24), la variation d’énergie dψ j = ∑ L jp di p
électrique [relation (42)] s’écrit : p=1

k et la relation (93) devient :


∑ ( Rj ij
2
dW el = dt + d ψ j i j ) (87)
k k

∑ ∑
j=1
dW M = i j L jp di p
Il vient donc pour (85) : j=1 p=1

k n Comme, d’après (39), Ljp = Lpj , on a :


∑ d ψ j ij = ∑ F m dx m + dW M (88)
k k k
1 1
∑ ∑ ∑ ψ j ij
j=1 m=1
W M = --- L jp i j i p = --- (95)
2 2
D’après (82), l’énergie magnétique peut s’écrire sous forme j=1 p=1 j=1
d’une fonction des flux et des coordonnées :
L’expression (95) peut être introduite dans (94). Il vient :
W M = W M (ψ 1 ... ψ k , x 1 ... x n )
k
1 d ij
On en tire : F m = – ---
2 ∑ ψj -----------
d xm
k n j=1 ψ j = Cte
∂ WM ∂ WM
dW M = ∑ ------------- d ψ j +
∂ ψj ∑ ------------- d x m
∂ xm
(89) En se reportant aux références bibliographiques [2] et [3], on
j=1 m=1 obtient :
k k
Par substitution de (89) dans (88), il vient : 1 dL jp
k n
F m = ---
2 ∑ ∑ -----------
dx m j p
- i i (96)
∂ WM
 -------------  ∂--------------
WM j=1 p=1
∑ – i j d ψ j + ∑ + F m d x m = 0 (90)
 ∂ ψj   ∂ xm  Cette dernière relation permet de calculer les forces d’un
j=1 m=1
système linéaire pour n’importe quel type d’interaction (courant-
courant, courant-circuit ferromagnétique, aimant-courant, etc.).
4.1.4 Propriétés de l’énergie magnétique

Dans (90), les variables ψ j et x m sont indépendantes. En 4.2 Tenseur de Maxwell


conséquence, les coefficients des accroissements dψ j et dx m doi-
vent être nuls séparément, d’où les relations :
4.2.1 Formulation tensorielle
∂W M Si les relations (94) et (96) permettent le calcul de tout type de
------------- = i j (91)
∂ψ j force, elles présentent l’inconvénient de recourir à une dérivée.
Cette opération présente des difficultés de précision pour un calcul
numérique, indispensable pour une structure géométrique

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complexe. Le tenseur de Maxwell permet de contourner ces diffi-


cultés. On trouvera la démonstration des relations qui suivent dans
la référence bibliographique [3].
Tout système électromécanique peut être décomposé en deux
(ou plus) structures indéformables, mobiles l’une par rapport à
l’autre. C’est par exemple le cas du stator et du rotor d’un moteur.
Les grandeurs qui suivent s’appliquent à la surface externe de
l’une ou l’autre des structures indéformables.
Le tenseur de Maxwell est défini par le biais de ses composantes
τ jk (en N /m2), qui ont la nature de contraintes surfaciques (ou pres-
sions). Celles-ci sont caractérisées comme suit :

τ jk = µ  H j H k – --- δ jk H 
1 2
2
Figure 31 – Décomposition du champ magnétique
avec µ perméabilité du milieu externe (généralement air, à la surface externe d’un milieu
µ = µ0),
^ ^ ^
j, k directions [ j , k = 1, 2, 3 avec x = 1 y = 2 z = 3 ] , tion de surface. Les pressions locales, normale p n et tangentielle
p t , ont pour expression :
δjk = 1 si j = k

= 0 si j≠k ,
1 2 
p n = dF n dS = --- µ ( H n2 – H t ) 
H module du champ magnétique, 2  (100)
Hj , Hk composantes j et k du champ. pt = d Ft  d S = µ Hn Ht 

Le vecteur T m est constitué de trois composantes du tenseur de
Maxwell : Les angles respectifs du champ magnétique (α ) et de la force
locale (β ) avec le vecteur surface dS sont liés par la propriété
T m = i τ m1 + j τ m2 + k τ m3
suivante :
On définit le tenseur de Maxwell T :
tan α = H t H n
T  i
 1  τ 11 τ 12 τ 13  dF 2H n H t 2 tan α
  tan β = ----------t = -------------------- - = tan 2 α
= ---------------------------
      dF n H n2 – H 2t 2
T =  T 2 =  τ 21 τ 22 τ 23  1 – tan α
     j
   τ 31 τ 32 τ 33    d’où : β = 2α (101)
 3
T k
L’angle incident de la force est double de celui du champ.
Ce tenseur est assimilable à un tenseur de contraintes. Si j = k, il
s’agit de contraintes normales à la surface. Pour j ≠ k, ce sont des
contraintes de cisaillement [1].
La force résultante s’exerçant dans la direction xj , sur un volume 5. Exemples et applications
délimité par la surface S, vaut :

Fm =  S
T m ⋅ dS (97)
5.1 Circuit électromagnétique
avec entrefers

4.2.2 Pression électromagnétique 5.1.1 Structure et démarche


Il est possible de formuler l’expression tensorielle sous forme de Un électroaimant présentant deux entrefers (figure 32) est excité
pressions locales. En se référant à la figure 31, le champ H en un par un bobinage concentrique à la colonne centrale. La perméabilité
point de la surface externe peut être décomposé en une relative du fer est µ r .
composante tangentielle H t et une composante normale H n . La
Le but de l’étude est de déterminer l’induction dans chacun des
force résultante surfacique se situe dans le même plan que le
entrefers pour un courant I circulant dans un bobinage de N spires.
champ magnétique et présente les composantes suivantes :
Dans l’exemple de la figure 32, on a N I = 1 200 A.
— composante locale normale à la surface :
La démarche proposée est basée sur les hypothèses suivantes :
1 2 2 — la distribution de l’induction est uniforme dans chacune des
dF n = --- µ ( H n – H t ) d S (98)
2 sections perpendiculaires aux lignes de champ ;
— les lignes de champ forment des angles droits dans les cou-
— composante locale tangentielle à la surface : des du circuit magnétique ;
dF t = µ H n H t d S (99) — les effets de frange dans les zones d’entrefer sont négligés ;
— la perméabilité du fer est supposée constante (µ r = 500).
où l’indice « n » correspond à une composante normale et l’indice La marche à suivre consiste à remplacer le système par un cir-
« t » à une composante tangentielle. cuit magnétique équivalent. Pour ce faire, les réluctances relatives
À partir de ces composantes, il est possible de déterminer à chaque tronçon de section constante sont déterminées. Il est
n’importe quelle composante résultante par projection et intégra- ensuite possible de calculer les différents flux intervenant dans le
schéma et d’en déduire les inductions correspondantes.

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Il est, a priori, indifférent de recourir à des réluctances ou à des


perméances. Dans le cas particulier présenté, les éléments en série
sont plus nombreux que ceux en parallèle ; il est donc plus avan-
tageux de passer par les réluctances magnétiques. Celles-ci peuvent
être déterminées en recourant à la relation (20). Pour une distribu-
tion uniforme de l’induction, il vient :

R M = -------
µS
Pour l’exemple, on obtient donc :
0,07
R M c = --------------------------------------------------- = 1,238 ⋅ 10 5 H –1
500 µ 0 ⋅ 0,03 × 0,03

0,055
R M hd = --------------------------------------------------- = 1,459 ⋅ 10 5 H –1
500 µ 0 ⋅ 0,03 × 0,02

0,05
Figure 32 – Coupe d’un électroaimant : exemple R M hg = --------------------------------------------------- = 1,326 ⋅ 10 5 H –1
500 µ 0 ⋅ 0,03 × 0,02

0,345
R M vd = --------------------------------------------------- = 0,915 ⋅ 10 5 H –1
5.1.2 Schéma magnétique 500 µ 0 ⋅ 0,03 × 0,02

Les figures 33 et 34 donnent la représentation du schéma 0,03375


R M vg = --------------------------------------------------- = 1,790 ⋅ 10 5 H –1
magnétique équivalent. Sur la figure 33, il est superposé au circuit 500 µ 0 ⋅ 0,03 × 0,01
magnétique réel. Il est toujours avantageux de représenter le
schéma équivalent selon une disposition correspondant à la géo- 0,001
R M δd = ----------------------------------------- = 13,263 ⋅ 10 5 H –1
métrie du système ; les risques d’erreur sont ainsi limités. µ 0 ⋅ 0,03 × 0,02

0,0025
R M δg = ----------------------------------------- = 66,315 ⋅ 10 5 H –1
µ 0 ⋅ 0,03 × 0,01

Le schéma magnétique équivalent peut se transformer en un


schéma magnétique simplifié selon la figure 35, avec :

R Md = 2R Mhd + 2R Mvd + R M δ d = 18,011 · 105H–1

R Mg = 2R Mhg + 2R Mvg + R M δ g = 72,548 · 105H–1

Figure 33 – Schéma magnétique équivalent superposé


à la structure d’un électroaimant

Figure 35 – Schéma magnétique simplifié d’un électroaimant

Les réluctances R Md et R Mg sont en parallèle. On peut ainsi


déterminer une réluctance équivalente R M gd (figure 36) :
1
R M gd = ------------------------------------------------------ = 14,429 ⋅ 10 5 H –1
( 1  RM d ) + ( 1  RM g )

La réluctance R M eq équivalente aux réluctance R M gd et R M c en


série est :

R M eq = R M c + R M gd = 15,667 · 105H–1

Figure 34 – Schéma magnétique équivalent d’un électroaimant

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— pour l’entrefer de droite :


B d = 1,023 T

S δd = 6 · 10–4 m2
soit :
F δd = 249,8 N

5.2 Relais polarisé


Figure 36 – Détermination de la réluctance équivalente
d’un électroaimant
5.2.1 Structure et principe

Le relais polarisé représenté à la figure 37 permet de commuter


5.1.3 Flux et inductions un contact double, tout en maintenant la position acquise, sans
courant. Le système comprend deux aimants et une bobine. Pour
D’après les relations (16) et (19), on peut calculer le flux magné- la position particulière dessinée, la distribution respective des
tique Φ c dans la colonne centrale : lignes d’induction des aimants et de la bobine est représentée. On
U M = R M eqΦ c constate que, pour le cas particulier, le flux créé par la bobine affai-
blit le flux de l’entrefer de gauche, favorisant ainsi le basculement
soit Φ c = UM /R M eq = NI /R M eq = 7,66 · 10–4 Wb de l’élément mobile.
La chute de potentiel magnétique dans la réluctance R Mc vaut :
U M c = R M c Φ c = 94,82 A
d’où l’on déduit le potentiel U M gd :
U M gd = U M – U M c = 1 105,2 A
Toujours à l’aide de la relation (19), on peut déterminer les flux
Φ g et Φ d :
Φ d = U M gd /R M d = 6,136 · 10–4 Wb

Φ g =U M gd /R M g = 1,523 · 10–4 Wb
On peut vérifier la loi de Kirchhoff pour les flux :
Φg + Φd = Φc
Il est maintenant possible de déterminer les inductions :

B d = Φ d /Sd = 6,136 · 10–4 / (0,02 × 0,03) = 1,023 T

B g = Φ g /Sg = 1,523 · 10–4 / (0,01 × 0,03) = 0,508 T

5.1.4 Forces
Figure 37 – Structure d’un relais polarisé
Il est possible de déterminer les forces s’exerçant sur les deux
structures d’entrefer en recourant aux pressions de Maxwell.
Compte tenu des hypothèses, les structures délimitant l’entrefer 5.2.2 Schéma équivalent
sont soumises à des composantes normales de champ. Ainsi,
d’après (97), la composante normale de la force vaut :
La figure 38 représente le schéma équivalent du relais de la
2 figure 37. Les perméances de fer sont considérées infinies, à
1 1 Bn
F n = --- µ 0 H n2 S δ = --- ------- S δ (102) l’exception de celle de la partie mobile. Les fuites des aimants per-
2 2 µ0 manents sont prises en considération.
avec Bncomposante normale de l’induction,
Hncomposante normale du champ, 5.2.3 Couple
Sδ section d’entrefer.
Le couple résultant prend l’expression générale suivante,
On obtient ainsi (§ 5.1.3)
d’après (96) :
— pour l’entrefer de gauche :
B g = 0,508 T 1 ∂ Λb 2 1 ∂ Λ A1 2 1 ∂ Λ A2 2
C = --- ----------- U M b + --- -------------- U M A1 + --- ------------- U M A2
2 ∂α 2 ∂α 2 ∂α
S δg = 3 · 10–4 m2 ∂ Λ A1 A2 ∂ Λ A1 b ∂ Λ A2 b
+ --------------------- U M A1 U M A2 + ----------------- U M A1 U M b + ------------------ U M A2 U M b
soit : ∂α ∂α ∂α
F δg = 30,8 N

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■ La perméance mutuelle aimant-bobine est, pour la source U M A1


non nulle avec U M A2 et U M b nuls :
Λ A1b = Φ b A1 / U M A1

5.3 Conception d’un transducteur

5.3.1 Cahier des charges


Le transducteur électrodynamique à bobine mobile de la
figure 39a est destiné au déplacement d’une des coordonnées
d’une machine de connexion de circuits intégrés (machine de
bonding ). Il est constitué d’une structure ferromagnétique double
à aimants permanents. La bobine est alimentée par une source de
courant continu bipolaire.
Les performances souhaitées sont les suivantes :
— masse entraînée : .................................... 0,5 kg ;
— accélération maximale : ........................ 100 m /s2 ;
Figure 38 – Schéma équivalent d’un relais polarisé — course totale : .......................................... 80 mm ;
— matériau des aimants : NdFeB [11], de caractéristiques :
• induction rémanente : B0 = 1,2 T,
• perméabilité différentielle : 1,1 µ 0 .

5.3.2 Paramètres de conception


En vue de la conception du transducteur, les valeurs des para-
mètres sont fixées ainsi :
— masse de la bobine : .............................. 0,3 kg ;
— masse totale à accélérer : ...................... 0,8 kg ;
— force maximale d’accélération : ............ F = 80 N ;
— induction dans l’entrefer : ...................... Bδ = 0,6 T ;
— induction maximale dans le fer : .......... Bc = 1,8 T ;
— chutes de potentiel magnétique dans le fer : 10 % de la chute
de potentiel dans l’entrefer.
La dernière hypothèse, ainsi que celle relative à la masse de la
bobine, sont des hypothèses de départ, qui sont facilement levées
par un processus d’itération.

5.3.3 Relations caractéristiques


du circuit magnétique
Le circuit magnétique est relativement simple. La relation (54)
montre que l’amplitude de l’induction dans l’aimant est liée à la
perméance externe.
Avec les notations de la figure 39a, on a :
— pour la perméance interne :
µd SA
Λ i = --------------
-
Figure 39 – Transducteur à bobine mobile A

— pour la perméance externe :


Les différentes perméances peuvent être déduites du schéma µe Se
équivalent. À titre d’exemple, on a les perméances suivantes. Λ e = -------------
-
δ′
■ La perméance de la bobine (associée à la source U M b est, pour avec Se = SA ,
les potentiels U M A1 et U M A2 nuls :
δ ’ = 1,1 δ entrefer équivalent, par hypothèse.
Λ b = Φ b /U M b
L’expression (54) peut s’écrire, comme Bδ = BA :
■ La perméance de l’aimant (associée à la source U M A1 ) est, pour
B A µ dr δ ′
les potentiels U M A2 et U M b nuls :  A = ----------------------- (103)
B0 – BA
Λ A1 = Φ bA1 / U M A1
avec µdr = µd / µe perméabilité différentielle relative.

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Si l’induction d’entrefer, égale à l’induction de l’aimant, est On admettra une densité de courant maximale J = 7 A/mm2.
imposée, la longueur de l’aimant  A est définie par (101). Cette valeur est à vérifier par une modélisation thermique, liée au
Le flux total créé par les deux aimants vaut : mode d’exploitation du transducteur.
Il en résulte pour la section de cuivre Scu :
Φ tot = 2B δ  t d (104)
S cu = N I /J = 136,1 mm2
Ce flux se partage symétriquement.
La section de bobine est la section de cuivre divisée par le coef-
Le flux maximal dans la culasse centrale vaut ainsi :
ficient de remplissage k cu , estimé égal à 0,55, soit :
Φ c = Φ tot 2 = B δ  t d (105)
S b = S cu /k cu = 247,5 mm2
Dans les culasses externes, le flux est égal à la moitié du flux de Si l’espace d’air entre bobine et culasse ou entre bobine et
la culasse centrale : aimant est de 0,25 mm, l’épaisseur de bobine e b est de 4,5 mm, ce
1 qui correspond à une longueur de bobine :
Φ e = Φ c 2 = --- B δ  t d (106)
2
 b = S b /e b = 55 mm
La section de la culasse centrale vaut :
Cette dernière est compatible avec l’hypothèse de départ
Sc = t ec (  b = 60 mm ).
En imposant l’induction maximale B c dans la culasse, il vient : Sur la base des résultats que l’on vient d’obtenir, certains para-
mètres tels que la chute de potentiel dans le fer, le choix de certaines
e c = Φc  ( B c  t ) (107) dimensions et d’autres aspects tels que les coûts sont à vérifier par
un processus d’itération et une étude paramétrique. La figure 39b
et l’on a, de même : donne les dimensions obtenues.
e e = Φe  ( B c  t ) = e c  2 (108)

5.4 Électroaimant
5.3.4 Force

La force peut être déterminée par la dérivée de l’énergie ou par 5.4.1 Définition et caractéristiques
la loi de Laplace. Par cette dernière il vient, pour une bobine de N
spires : L’électroaimant peut être défini comme un système générateur
F = N I 2 t Bδ (109) d’un champ d’induction magnétique ou d’une force unilatérale
d’attraction, créée par un bobinage fixe, associé à un circuit ferro-
Le signe de la force est directement lié à celui du courant. magnétique. Dans le cas de la création d’une force, il s’agit d’un
système réluctant.
5.3.5 Application numérique L’électroaimant est souvent un composant d’un système tel que
relais, contacteur, électrovalve, etc. Il peut se composer du seul
système d’attraction (figure 40a ) ou comprendre également l’élé-
Faisons un premier choix de quelques paramètres : ment ferromagnétique attiré (figure 40b ).
— entrefer δ = 5 mm = 0,005 m ;
Les électroaimants ouverts ne comportent que le système
— largeur du transducteur  t = 70 mm .
d’attraction (figure 40a ). L’élément sur lequel s’exerce la force fait
Avec B 0 = 1,2 T, B δ = 0,6 T et µ dr = 1,1, alors partie intégrante du système dans lequel l’électroaimant est
la longueur de l’aimant est, d’après (103) : utilisé (figures 40a ou 40b ). Il s’agit généralement d’une surface
ferromagnétique plane.
 A = 6,05 mm

De plus, avec d = 80 + 60 mm = 140 mm (= course + longueur


supposée de la bobine), et  t = 70 mm , les relations (104) et (105)
donnent :
— le flux total
Φ tot = 1,176 · 10–2 Wb
— le flux dans la culasse centrale

Φ c = 5,88 · 10–3 Wb
À partir des relations (106), (107) et (108), on a, avec Bc = 1,8 T :
ec = 46,7 mm ≈ 47 mm

ee = 23,3 mm ≈ 23 mm
et la relation (109) donne :
F
N I = -------------- = 952,4 A
2 t B
Figure 40 – Structures d’un électroaimant

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Trois dispositions géométriques sont envisageables :


— un noyau en forme de U ;
— un noyau en forme de E ;
— un noyau cylindrique.
La dernière solution présente l’avantage d’une protection opti-
male des bobinages et d’un volume minimal de cuivre. En effet, il
n’existe pas de développantes. En revanche, elle se prête mal à
une alimentation alternative, une structure feuilletée étant très dif-
ficile à construire.
■ Les électroaimants en forme de U ont quatre dispositions de
principe (figure 41) :
(a ) armature plate ;
(b ) armature à clapet ;
(c ) armature plongeante ;
(d ) armature tournante.

Figure 42 – Électroaimants en forme de E

Figure 41 – Électroaimants en forme de U

Ce sont essentiellement des considérations d’intégration ou


d’efficacité qui font adopter l’une ou l’autre de ces solutions. Dans
cette conception, une structure feuilletée ne présente pas de diffi-
culté.
■ Les électroaimants en forme de E ont également quatre disposi-
tions principales (figure 42) :
(a ) armature plate ;
(b ) armature plongeante ;
(c ) noyau plongeant ;
(d ) armature tournante.
Figure 43 – Électroaimants cylindriques
Cette technique conduit à une meilleure protection mécanique et
magnétique (flux de fuite) du bobinage. Elle peut également être
réalisée en exécution feuilletée.
raisons économiques, cela n’est pratiquement possible que pour
■ Les électroaimants cylindriques ont deux dispositions principa- de grandes séries.
les (figure 43) : Les électroaimants à double effet et à effet réversible sont la
(a ) armature plate ; duplication d’un électroaimant à simple effet. Le système comporte
(b ) armature plongeant. deux bobines.
Dans ce dernier cas, la protection de la bobine est optimale, ● Dans la structure à double effet (figure 44), une position
aussi bien mécaniquement que magnétiquement (flux de fuite). Un médiane est assurée par une cause extérieure (un ressort par
fonctionnement en alternatif peut éventuellement être envisagé en exemple). L’excitation de l’une des bobines provoque un déplace-
recourant à un matériau ferromagnétique fritté (ferrite) ; pour des ment.

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5.4.2 Circuit magnétique

Pour les électroaimants à noyau plongeant, on recourt fréquem-


ment à des circuits magnétiques de géométrie très étudiée. Le but
est de réaliser une caractéristique de force en fonction de la posi-
tion adaptée à l’application. Il s’agit également d’accroître la force
résultante dans un volume donné. On recourt fréquemment au
phénomène de saturation, en créant des zones de faible section.
L’électroaimant cylindrique des figures 46a et 46b présente la
même exécution dans les deux cas, à l’exception de la géométrie
Figure 44 – Électroaimant à double effet : les ressorts assurent
du noyau et de la contre-pièce correspondante. Les caractéris-
une position intermédiaire ; le déplacement s’effectue
tiques respectives de force en fonction de la position sont données
à gauche ou à droite selon la bobine excitée
pour les deux cas. On voit apparaître aussi bien des différences sur
l’allure des caractéristiques que sur leur évolution en fonction du
courant. La saturation est en effet plus marquée pour la structure
conique (figure 46b ).
● Dans la structure réversible (figure 45), l’électroaimant
Dans les paragraphes suivants, les principales dispositions rela-
comprend deux positions extrêmes définies par l’alimentation de
tives seront examinées ainsi que les caractéristiques de force qui
l’une ou de l’autre des bobines.
en résultent.
■ Les principales solutions adoptées pour la géométrie du noyau et
de la contre-pièce sont représentées sur la figure 47.
● Les solutions (a ) et (b ) ne conduisent qu’à une modification de
la force au voisinage de la position collée. On ne peut pratiquement
pas agir sur la courbe d’attraction correspondant à des entrefers
importants. On recourt à cette solution pour des applications
nécessitant une force de maintien importante ou une
consommation réduite d’énergie d’excitation au collage. L’exécu-
tion des pièces coniques est, par ailleurs, relativement délicate.
Figure 45 – Électroaimant réversible : le déplacement s’effectue
en direction de la bobine excitée ● La solution (c ) convient pour des systèmes devant atteindre la
position finale d’équilibre sans choc.
● Les solutions (d ) et (e ) conviennent pour de petits électroai-
mants présentant une faible course.

Figure 46 – Structure et caractéristiques


d’un électroaimant cylindrique à noyau
plongeant

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Figure 47 – Géométries du noyau et contre-


pièces d’un électroaimant à noyau plongeant

● Ce sont les solutions (f ), (g ) et (h ) qui conviennent le mieux à 5.4.4 Caractéristiques dynamiques


un ajustement de la caractéristique d’attraction, en jouant à la fois
sur la géométrie et la saturation. Pour une alimentation en tension continue, le comportement
■ Pour illustrer l’influence de la saturation, on considérera les trois d’un électroaimant est caractérisé par les équations (24) et (96).
géométries particulières d’un électroaimant à noyau plongeant, Il est à remarquer que, pour une structure massive du circuit
représentées sur les figures 48. magnétique, il peut se produire une modification de la constante
Dans la solution de la figure 48a, il n’y a pratiquement pas de de temps à l’enclenchement par suite de l’apparition de courants
saturation avant le collage. La caractéristique de flux est linéaire en induits. On recourt fréquemment à des structures feuilletées pour
fonction du courant, à l’exception du domaine de très faible entre- limiter l’importance de ce phénomène.
fer. La caractéristique de force peut être approchée par la fonction ■ Lorsque la constante de temps mécanique est d’un ordre de gran-
suivante : deur comparable, ou inférieur, à la constante de temps électrique, il
K peut être souhaitable d’abaisser la constante de temps électrique.
F = --------------------2-
(a + δ ) Deux solutions sont alors possibles.
● Mise en série d’une résistance Ra et augmentation de la tension
Les grandeurs K et a sont deux constantes spécifiques du sys-
d’alimentation : ce schéma est établi de façon à maintenir le courant
tème.
nominal (figure 50) ; on a la relation :
Dans la solution de la figure 48b, on constate un état de satura-
tion qui se modifie avec la position. Il est très marqué lorsque le U R = U N (R + R a) / R
noyau atteint l’entrée de l’alésage et lorsque le fond de celui-ci est
Les grandeurs, U N et U R sont respectivement la tension nomi-
atteint. Cela ressort des caractéristiques de force. La conséquence
nale et la tension aux bornes de l’alimentation ; la résistance pro-
de cet effet est l’apparition d’un maximum de la caractéristique de
pre de la bobine d’excitation est R ; la constante de temps est ainsi
force (entrée dans l’alésage), puis un nouvel accroissement de
abaissée dans le rapport R / (R + Ra) ; simultanément, la puissance
celle-ci en approchant du fond de l’alésage.
d’excitation est augmentée dans le rapport inverse.
Dans la solution de la figure 48c, le niveau de saturation de la ● Alimentation par deux sources de tension U 1 et U N (figure 51),
partie conique est pratiquement indépendant de la position, dès avec U 1 > U N .
que le noyau a pénétré dans l’alésage. Il est ainsi possible d’obte-
nir une caractéristique de force presque constante. L’enclenchement se fait au niveau le plus élevé, jusqu’à ce que
le courant nominal soit atteint ; on commute alors le système sur
la tension nominale.
5.4.3 Exemple ■ Dans un système réluctant, la force d’attraction est généralement
maximale au collage et minimale à l’enclenchement. En
L’exemple de la figure 49a, correspondant au cas de la conséquence, un courant nettement inférieur à celui d’enclenche-
figure 48c, montre l’influence des paramètres géométriques sur la ment suffit à assurer le maintien. Le passage de l’un à l’autre peut
saturation. Cet effet est mis en évidence par les caractéristiques de être assuré par l’insertion d’une résistance en série avec la bobine
force. d’excitation, selon le schéma de la figure 52. L’ouverture de l’inter-
La figure 49b donne les caractéristiques de force sous forme rupteur ➁ assurant le court-circuit de la résistance est généralement
paramétrique. réalisé par un contact auxiliaire de l’interrupteur principal ➀.
L’ouverture du second intervient avec un certain retard sur l’enclen-
Apparemment, un ajustement de cette caractéristique peut être chement du premier.
réalisé dans une plage importante. Cependant, il est à remarquer
que, pour de faibles dimensions, les tolérances d’usinage peuvent Cette technique permet de réduire d’une façon importante l’éner-
créer une grande dispersion. Il en est de même en ce qui concerne gie d’excitation de l’électroaimant.
la caractéristique magnétique du matériau. ■ Pour certaines applications, on peut être conduit à retarder l’ins-
tant de déclenchement d’un électroaimant, par rapport à un ordre

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Figure 48 – Influence de la saturation


d’un électroaimant à noyau plongeant

déterminé. Cet effet peut être obtenu en plaçant une résistance en Un électroaimant présentant une durée relative d’enclenchement
parallèle avec la bobine d’excitation, puis en coupant l’alimentation de 40 % ne doit pas rester enclenché plus de deux minutes de
principale (figure 53). façon continue.
La caractéristique de tension induite associée à l’extinction Les valeurs normalisées de cette grandeur sont de 5, 15, 25, 40
s’écrit : et 100 %.
di dL
0 = ( R + R p ) i + L ------ + i ------- v
dt dx
5.4.5 Alimentation par une tension alternative
avec v vitesse de la partie mobile du relais.
La constante de temps d’extinction est une fonction de la résis- Il est possible d’obtenir une force d’attraction unilatérale au
tance R p . moyen d’une source de tension alternative appliquée à un
La durée d’enclenchement T e est l’intervalle de temps durant électroaimant. En effet, pour un courant sinusoïdal :
lequel l’électroaimant est excité de façon continue. On définit par ^
ailleurs la période T qui correspond à l’intervalle de temps sépa- i = I sin ( ω t + β )
rant deux enclenchement consécutifs. La durée relative d’enclen- la relation (96) s’écrit :
chement est définie par le rapport suivant :
1 dL 1 d L^2
ED = Te /T F = --- ------- i 2 = --- ------- I sin 2 ( ω t + β )
2 dx 2 dx
Cette grandeur s’exprime fréquemment en pour-cent. La période 1 dL 2
T est normalisée à 5 minutes. F = --- ------- I [ 1 – cos ( 2 ω t + 2 β ) ]
2 dx

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Figure 51 – Réduction de la constante de temps électrique


d’un électroaimant dans le cas de deux sources d’alimentation

Figure 52 – Réduction de l’énergie d’excitation d’un électroaimant

Figure 53 – Retardement de l’instant de déclenchement


d’un électroaimant

Cette force présente une composante moyenne non nulle :


1 dL 2
F = --- -------- I
2 dx
Figure 49 – Influence des paramètres géométriques Une composante pulsant à une fréquence double de celle d’ali-
sur la saturation d’un électroaimant à noyau plongeant mentation se superpose à ce terme.
Lors de l’enclenchement d’un électroaimant, l’entrefer passe
d’une valeur δ 0 à une valeur minimale δ min . À chacune de ces
positions, on peut faire correspondre une inductance, soit respec-
tivement L 0 et L min .
D’après (27) et (30), on a :
L min > L 0
En l’absence de mouvement, le courant alternatif est lié à la ten-
sion d’alimentation correspondante par la loi d’Ohm, qui s’écrit en
Figure 50 – Réduction de la constante de temps électrique
notation complexe :
d’un électroaimant dans le cas d’une seule source d’alimentation
I = UZ

d’où :
U
I = -------------------------------
R2 + ω2 L2

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Il s’ensuit une diminution du courant lorsque l’entrefer diminue. perméabilité. Ces grandeurs ne peuvent être vérifiées que dans un
Ce phénomène agit favorablement. stade ultérieur, ce qui peut nécessiter une correction en cas
L’alimentation par une source de tension alternative implique la d’hypothèse erronée.
création d’un flux également alternatif. Il est donc indispensable de Dans le cas d’un système réluctant, on adopte un certain niveau
recourir à un circuit magnétique feuilleté. d’induction dans la zone active. Cela permet de déterminer la sur-
Au collage, la composante oscillante de la force peut créer des face active en partant de la force ou du couple imposé. On en déduit,
phénomènes de vibration très bruyants. Il s’agit alors de les amor- ensuite, le potentiel magnétique en supposant les chutes de poten-
tir. Cela peut s’effectuer par l’adjonction de spires en court-circuit tiel dans le fer. On détermine ainsi la section des bobinages, en par-
dans le circuit magnétique, au voisinage de l’entrefer (figure 54). À tant d’une densité de courant. Il est alors possible de définir le circuit
l’enclenchement, les lignes d’induction se concentrent dans la zone magnétique par des contraintes d’induction ou mécaniques. On
sans spire. Au collage, l’accroissement du flux provoque la satura- peut vérifier à ce stade les chutes de potentiel dans le fer et corriger
tion de cette section. Une partie du flux alternatif intéresse alors la si nécessaire.
spire en court-circuit. Celle-ci provoque un effet d’amortissement
par diminution du flux.
5.5.2 Calculs

Soit un électroaimant de type cylindrique, ouvert, qui doit exer-


cer une force d’attraction F = 100 N pour un entrefer minimal
δ = 0,25 mm.
La tension d’alimentation de la bobine est de 24 V.
Il s’agit de déterminer la géométrie des circuits électrique et
magnétique, ainsi que le nombre de spires du bobinage.
■ La disposition géométrique est celle de la figure 43a.
Dans une première étape, les effets de frange sont négligés. La
chute de potentiel magnétique U M dans le fer est supposée égale
à 20 % de celle dans l’air U M air .
D’après les relations (51) et (98), l’expression de la force est :

1 B2
F = --- -------- 2 S M
2 µ0

la section S M étant celle du circuit magnétique du noyau.


L’induction B dans l’entrefer est admise égale à 1,6 T, de façon à
ne pas imposer une saturation trop grande du fer dans son
voisinage ; d’où :
Figure 54 – Amortissement des phénomènes de vibration
d’un électroaimant S M = µ 0 F / B 2 = 4,91 · 10–5 m2 = 49,1 mm2
Le diamètre correspondant du noyau est de 7,9 mm.
Le potentiel magnétique nécessaire à la circulation du flux vaut,
5.5 Exemple de dimensionnement d’après (17) et compte tenu de la supposition relative au fer :
d’électroaimant B
U M = 1,2U M air = 1,2 × 2 ------ δ
µ0
1,6
5.5.1 Méthode et spécifications = 1,2 × 2 -------- ⋅ 0,25 ⋅ 10 –3 = 764 A
µ0
En pratique, le choix des dimensions d’un transducteur ou d’une
machine électrique est une opération de synthèse des aspects tech- En admettant une densité de courant J = 4 A / mm2, la section de
niques et économiques. Les données sont à la fois de nature élec- cuivre S cu a pour valeur :
trique (tension, fréquence, etc.) et mécanique (puissance, couple,
S cu = U M /J = 764 /4 = 191 mm2
force).
La détermination des grandeurs géométriques des circuits Il s’agit de la section nette du bobinage. En utilisant du fil rond
magnétiques et électriques est caractérisée par les contraintes émaillé, la section brute S b est plus importante. On peut définir un
suivantes : coefficient de remplissage k cu tel que :
— pour les circuits ferromagnétiques, il s’agit de travailler au k cu = S cu / S b
voisinage du coude de saturation, entre 1 et 1,9 T selon la longueur
des domaines considérés ; En admettant un coefficient k cu = 0,54, il vient :
— pour les circuits électriques, il s’agit de ne pas dépasser cer-
taines valeurs de la densité de courant, afin de maintenir un S b = S cu /0,54 = 354 mm2
échauffement compatible avec la tenue thermique des isolants ; la On choisit une section de 30 × 12 mm2.
densité de courant acceptable est comprise pratiquement entre 3 et
6 A/mm2, selon les dimensions et le mode de réfrigération. Ces Le diamètre actif du noyau est d a n = 7,9 mm. Pour diminuer les
valeurs correspondent à une alimentation permanente. chutes de potentiel dans le fer, on réalise un élargissement du
noyau en forme de cône, de façon à atteindre une section présen-
De façon générale, le dimensionnement fait appel à une démar- tant une induction de 1 T environ ; le diamètre correspondant est
che itérative. En cours de calcul, il est nécessaire de supposer cer-
taines grandeurs telles que chutes de potentiel, flux de fuite ou d n = 10 mm

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Dans ces conditions, le diamètre intérieur d int de l’enveloppe du


circuit vaut :
d int = 10 + (2 × 12) = 34 mm
Le diamètre extérieur d ext , déduit de la relation

2 2 π
( d ext – d int ) --- = S M
4
est :
d ext = 34,9 mm
L’épaisseur de paroi est ainsi de 0,45 mm. Mécaniquement, elle
est insuffisante. On adopte alors une épaisseur de 2,5 mm, soit un
diamètre extérieur φ ext = 39 mm, le raccord entre la section active
et la paroi étant effectué par un chanfrein conique (figure 55) de
5 mm. Pour des raisons mécaniques, on choisit l’épaisseur de la
culasse de l’électroaimant égale à 4 mm.

Figure 56 – Circuit magnétique équivalent de l’électroaimant


de la figure 55

Pour la culasse horizontale (indice « c »), on a :

µ  r ext
r ext
------------------------ = ------------------- In  --------
dr dr 1
RM c = ---------- = - (110)
S r int µ ec 2 π r 2 π µ ec  r int 

La grandeur e c est l’épaisseur de la culasse. Les rayons d’inté-


grations r int et r ext valent approximativement (valeurs corres-
pondant à un trajet moyen des lignes de champ) 2,5 et 18,25 mm.
La réluctance R M c vaut :
R M c = 1,40 · 105 H–1
On admet une réluctance égale pour la partie métallique attirée :

R M f = 1,40 · 105 H–1


Pour les zones de forme conique, on adopte une section
moyenne constante :
R′M n = 2,50 · 105 H–1

R′M e = 0,95 · 105 H–1

La réluctance totale pour le circuit ferromagnétique vaut ainsi :


6 –1
Figure 55 – Dimensionnement d’un électroaimant : exemple R M fer = R M n + R M e + 2R M c + R′M n + R′M e = 1,4 ⋅ 10 H

La réluctance totale d’air vaut :


La géométrie du circuit magnétique est ainsi définie. δ
R M air = 2R M δ = 2 --------------- = 8,11 ⋅ 10 6 H –1
■ Il est possible de calculer la chute de potentiel magnétique dans µ0 SM
le fer. On a le schéma magnétique associé représenté figure 56.
Dans les zones d’induction inférieure à 1 T, on admet une perméa- Le facteur de majoration de la chute de potentiel dans l’air vaut
bilité relative du fer de 450. Dans les zones de forme conique, on ainsi :
adopte la valeur de 250. Les différentes réluctances peuvent s’écrire R M fer + R M air
[d’après la relation (20)] : k u = -------------------------------------
- = 1,17
R M air
n 5 –1
R M n = ----------- = 6,08 ⋅ 10 H La valeur supposée était de 1,2. L’écart est favorable et faible. On
µ Sn
conserve donc les dimensions obtenues qui se trouvent présentées
 ext figure 55.
- = 1,67 ⋅ 10 5 H –1
R M e = --------------
µ S ext Le circuit électrique a donc une surface brute de 30 × 12 mm2 et
une surface nette S cu = 191 mm2.
L’indice « n » correspond au noyau central et l’indice « ext » au
cylindre extérieur.

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■ La tension d’alimentation continue U est de 24 V. On peut écrire : La puissance dissipée par effet Joule vaut alors :
UM = N I PJ = R I2 = 4,65 W
ρ s N ρ s UM L’échauffement peut alors être calculé.
U = R I = ------------------- I = N --------------------
S cu  N S cu

La longueur d’une spire moyenne est :


 s = π d moy
6. Conclusion
avec d moy = (d n + d int)/2 = 22 mm
Les circuits magnétiques peuvent être décrits par analogie avec
d’où l’on tire le nombre de spires : les circuits électriques. La principale difficulté réside dans la déter-
mination de valeurs numériques pour les différentes perméances
U S cu
N = -------------------
- = 3 946 ou réluctances. Celle-ci implique en effet la connaissance de la dis-
ρ s UM tribution des lignes et tubes de champ d’induction. D’autre part, le
caractère non linéaire des circuits ferromagnétiques nécessite sou-
La résistivité du cuivre a été définie à chaud, à une température vent un processus d’itération. L’apport des éléments finis à l’ana-
de 75 oC ( ρ = 2,2 · 10–8 Ω · m). lyse de telles structures est indéniable. Mais cette méthode est
La section d’un conducteur vaut : essentiellement analytique, car impliquant la connaissance de la
géométrie du système.
S = Scu / N = 0,0484 mm2
Le recours à un circuit magnétique équivalent à un système offre
Le diamètre du fil correspondant est de 0,25 mm. un outil puissant d’analyse et de conception. Les exemples présen-
tés au paragraphe 5 illustrent le processus de choix des dimensions,
La résistance vaut :
en fonction d’un cahier des charges et de contraintes spécifiques à
2 une application et à un choix de matériaux.
ρN 
R = ------------------s- = 124 Ω La plupart des applications recourant à des circuits magnétiques
S cu
relèvent de systèmes électromécaniques. Le calcul de forces ou
couples peut s’appuyer directement sur l’analyse des circuits
Le courant permanent est donc :
magnétiques, par le biais de la méthode de la dérivée de l’énergie
I = U /R = 24 /124 = 0,194 A ou du tenseur de Maxwell.

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P
O
U
Circuits magnétiques R

E
par Marcel JUFER N
Docteur ès sciences techniques
Professeur à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne
Directeur de l’Institut d’Électromécanique et Machines Électriques
Dr HC Cluj (Roumanie), Mons (Belgique) et Grenoble (France)
S
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Éléments finis et CAO. Ed. Hermès, Paris,
(1986).
Akademische Verlagsgesellschaft, Geest &
Portig, Leipzig, (1969).
Calcul des champs électromagnétiques.
D3020, déc. 1988. O
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juin 1994.
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ger Verlag, Berlin, (1970). 1996.

P
L
U
S
6 - 1996
Doc. D 1 050

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