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Machines électrostatiques

par Georges FRICK


Ingénieur de l’École Supérieure d’Électricité
Docteur ès Sciences
Ingénieur au Centre de Recherches Nucléaires de Strasbourg

1. Considérations générales ...................................................................... D 3 710 - 2


2. Grandeurs et paramètres usuels
dans les machines électrostatiques ................................................... — 3
3. Forme générale d’un générateur électrostatique ........................... — 3
4. Dimensions d’un générateur électrostatique .................................. — 5
4.1 Isolation dans les gaz .................................................................................. — 5
4.2 Considérations géométriques sur les structures électrostatiques .......... — 6
4.3 Isolateurs solides ......................................................................................... — 7
4.4 Éclateurs ....................................................................................................... — 8
4.5 Le Vivitron, exemple de générateur électrostatique................................. — 8
5. Système de charge .................................................................................. — 10
5.1 Système Van de Graaff................................................................................ — 10
5.2 Le Pelletron .................................................................................................. — 12
5.3 Machine à cylindre isolant dans l’hydrogène ........................................... — 12
5.3.1 Principe................................................................................................ — 12
5.3.2 Fonctionnement.................................................................................. — 12
5.3.3 Tension et courant .............................................................................. — 13
5.3.4 Régulation de la caractéristique tension-courant ............................ — 14
5.3.5 Sécurité................................................................................................ — 14
5.3.6 Nature du courant............................................................................... — 15
5.3.7 Caractéristiques d’utilisation ............................................................. — 15
6. Accélérateurs de particules .................................................................. — 16
6.1 Machines à simple étage et tandem .......................................................... — 16
6.2 Tube accélérateur ........................................................................................ — 16
6.2.1 Généralités .......................................................................................... — 16
6.2.2 Phénomènes de décharges dans le vide .......................................... — 17
6.2.3 Réalisations ......................................................................................... — 17
6.3 Dispositifs complémentaires des accélérateurs électrostatiques............ — 18
7. Réalisation des accélérateurs électrostatiques .............................. — 19
7.1 Familles d’accélérateurs.............................................................................. — 19
7.2 Le Vivitron .................................................................................................... — 19
7.3 Autres accélérateurs.................................................................................... — 19
8. Applications des accélérateurs électrostatiques ........................... — 23
12 - 1994

Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 3 710

a machine électrostatique est ainsi nommée parce qu’elle fait appel aux lois
L de l’électrostatique à la différence d’autres machines dites électromagné-
D 3 710

tiques. Bien que des moteurs électrostatiques aient été imaginés, ils n’ont pas
eu de succès ; par contre, en tant que générateurs de très haute tension
(  0,3 MV), les machines électrostatiques connaissent leur principale application
dans le domaine des accélérateurs d’ions ou d’électrons. Cet article porte essen-
tiellement sur ce dernier sujet.

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MACHINES ÉLECTROSTATIQUES __________________________________________________________________________________________________________

Après quelques considérations générales (§ 1), nous étudierons, d’abord, les


grandeurs et paramètres usuels d’un système électrostatique (§ 2). Nous verrons,
ensuite, la forme générale que prend un tel système (§ 3), forme principalement
déterminée par sa fonction, pour en arriver au dimensionnement (§ 4). Celui-ci
est dû à des contraintes physiques comme celles attribuées à l’isolation dans
le gaz, qui détermine la géométrie des électrodes conductrices. Le dimension-
nement est aussi lié aux propriétés des isolants de structure dans le gaz et dans
le vide. Enfin, nous étudierons le système de charge (§ 5), partie essentielle d’une
machine électrostatique (le paragraphe 5.3 est repris du texte original rédigé par
Noël J. Félici), et le tube accélérateur (§ 6) qui entraîne d’autres problèmes.
Avant d’en donner une description complète (§ 7), nous illustrerons les dif-
férents paragraphes par le Vivitron. Nous présenterons également d’autres appa-
reils utilisés couramment (§ 7). Enfin nous parlerons des applications de ces
appareils (§ 8) [1] [84] [85] [86].
Le lecteur pourra utilement se reporter, dans ce traité, aux articles Électricité
statique. Principes. Problèmes. Applications [87] et Électromagnétisme. Dif-
férents aspects [88].

1. Considérations générales Un électron qui se déplace dans un champ électrique augmente sa


vitesse et gagne de l’énergie. Celle-ci est très vite suffisante pour
donner lieu à des interactions avec des atomes ou des molécules et
conduire à l’excitation ou ionisation, c’est-à-dire à la création de
L’électrostatique, qui, dans un cours d’électricité, est souvent le nouvelles charges électriques libres ; on amorce ainsi une décharge
premier chapitre abordé, semble assez simple dans sa présentation électrique.
et dans son développement. En effet, on y postule qu’il existe des
● La force de Coulomb, enfin, est importante dans le sens où c’est
charges électriques dans des positions fixes, c’est-à-dire qu’il y a
elle qui est responsable de la cohésion de la matière. Aux tempéra-
absence de courant électrique, et l’on étudie les forces pouvant appa-
tures normales, elle est le plus souvent suffisante pour donner à la
raître entre ces charges. On y introduit un formalisme : on définit
matière cette stabilité et cette cohérence que nous lui connaissons.
le champ, le potentiel et encore d’autres notions. On dit ce que sont
Mais c’est aussi une force qui décroît en fonction du carré de la dis-
un corps conducteur, où il peut y avoir des charges, et un corps iso-
tance et, par conséquent, très vite elle n’agit plus.
lant ou diélectrique, où il n’y en aurait pas.
Dans la réalité, c’est-à-dire dans le domaine du physicien et de ■ La machine électrostatique est le plus souvent celle où l’on uti-
l’ingénieur, on remarque que les phénomènes qualifiés d’électro- lise une tension élevée (des millions de volts), pour donner de la
statiques ne présentent pas le caractère de simplicité et de pureté vitesse à des électrons ou des ions, afin qu’ils atteignent des énergies
qu’il a dans les cours d’électricité. qui correspondent aux forces de liaison dans la matière. Il se trouve
que cette énergie peut, alors, être suffisante pour se comparer à la
■ Au cours de l’histoire des sciences, les phénomènes électro- force qui unit les constituants des noyaux, c’est-à-dire la force
statiques ont été étudiés en premier, et la loi de Coulomb, qui nucléaire, et donner lieu à des réactions sur le noyau, dont la
évalue les forces entre charges, a beaucoup satisfait les esprits de connaissance et l’exploitation sont des plus intéressantes. Nous
l’époque pour sa similitude avec la loi de l’attraction universelle de avons ainsi défini un accélérateur électrostatique de particules,
Newton. principale application de ces machines ; il comporte un générateur
Les premiers physiciens électriciens ont étudié la foudre ou électrostatique, une source d’ions ou d’électrons et un tube accélé-
construit des machines qui faisaient des étincelles. Ainsi, ils ont pu rateur (§ 3).
observer le phénomène de libération de charges électriques, au
cours duquel des courants apparaissent, mais, alors, on ne se trouve
plus dans l’électrostatique au sens pur du mot. Nous savons, La gamme de tensions qui nous intéresse ici va de 0,3 à 35 MV.
aujourd’hui, que les charges électriques, bien que liées, sont pré-
sentes en surabondance dans la matière. La physique des gaz et des Dans notre esprit, machine électrostatique et accélérateur électro-
matériaux dit qu’il suffit de peu d’énergie pour les libérer et l’on se statique sont un seul et même équipement.
rend compte que 1 µA, c’est-à-dire 6 · 1012 électrons par seconde,
est un nombre dérisoire par rapport au nombre d’électrons présents ■ Il existe, bien sûr, d’autres applications où des hautes tensions
dans la matière environnante. On sait aussi que tous les isolants sont sont utilisées. Des machines aussi répandues que les photocopieurs
un peu conducteurs. sont basées sur des phénomènes électrostatiques. Il en est de même
pour le dépoussiérage dans les applications industrielles. Les hautes
● Le vide pourrait être un espace idéal pour l’électrostatique. Mal-
tensions dans les multiples applications de tubes oscillographiques
heureusement, il est loin d’être parfait et le gaz résiduel contient peuvent, encore, entrer dans ce domaine.
encore des charges électriques qui jouent un rôle ; il en est de même
pour les nombreuses charges électriques dans le matériau de Nous ne les traiterons pas ici, étant donné que, même si l’on y
l’enceinte à vide. En outre, on sent bien que les charges électriques utilise occasionnellement des machines électrostatiques, le plus
se déplacent plus facilement dans le vide que dans la matière isolante souvent on pourra se servir, à moindre compte et de façon plus fiable,
ou conductrice. Dans une situation réelle, il ne faut donc parler d’élec- de systèmes électrotechniques, du type transformateur-redresseur-
trostatique qu’avec beaucoup de nuances. condensateur.
● Un autre point doit attirer notre attention. La force de Coulomb
sur une particule non liée, électron ou ion, est une force accélératrice.

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Enfin, bien que la force électrostatique soit importante – à 6 MV, Il s’agit d’une énergie minime en comparaison de ce que l’on ren-
une électrode d’accélérateur de 60 kg peut entrer en lévitation – on contre dans des applications électromagnétiques. Notons que cette
n’a jamais pu construire un moteur électrostatique très économique. énergie augmente comme le carré de la tension.
Exemple : pour V = 30 MV, on a W = 45 kJ. Lors d’une décharge
Les applications électrostatiques sont donc celles où l’on privi- électrique, cette énergie est libérée et est susceptible de produire des
légie la tension élevée et le courant faible ; cela peut être une défi- dommages notamment aux isolants.
nition de ces machines. ■ Dans la même hypothèse, le champ électrique est :
E = V/d (2)
■ Au cours de cet article, on verra que les problèmes rencontrés lors
de la construction de telles machines sont pour l’essentiel des avec d distance entre les deux électrodes.
questions d’isolants et de tenue de tension. En effet, pour obtenir des Nous savons que c’est cette grandeur qui détermine la limite de
tensions élevées, il faut de grandes dimensions et, pour les limiter, fonctionnement et que c’est toujours une valeur trop élevée du
les constructeurs sont amenés à augmenter les champs électriques champ, et non pas de la tension, qui détermine le seuil de déclen-
sur les structures isolantes. Autrement dit, ils essaient toujours chement des décharges.
d’obtenir la tension la plus élevée dans l’espace le plus faible.
Dans l’air, on admet, à la pression atmosphérique, une limite maxi-
● Après les premières réalisations des années 30, on a construit les
male ou champ critique :
accélérateurs à l’intérieur d’enceintes sous pression, et ainsi gagné
en dimension et en sécurité de fonctionnement. Ec = 0,8 MV/m (3)
● Très rapidement, on a su construire des accélérateurs à simple
Exemple : il en résulte que, pour le condensateur de l’exemple, la
étage, qui pouvaient atteindre 6 MV. R. Van de Graaff et R. Herb furent
distance entre électrodes pour V = 1 MV doit être > 1,25 m.
les pionniers dans ce domaine. Ces machines étaient dites à simple
étage, par opposition aux tandems où la même tension est utilisée Bien sûr, il faut se placer bien au-dessous de cette valeur du champ
deux fois pour l’accélération. et des distances de plusieurs mètres sont convenables.
● Les tandems ont atteint, dans les années quatre-vingt, 20
à 25 MV. Le Vivitron, accélérateur tandem conçu et réalisé au Centre ■ On sait que la capacité d’un condensateur plan, à air, dont la sur-
de Recherches Nucléaires de Strasbourg, doit atteindre 35 MV. Il a été face d’électrode est S, est :
mis en service en 1994 avec une tension réduite et la performance –9
10 S
finale devrait être obtenue en 1995. C = ε 0 S ⁄ d = ------------- ----- (4)
36 π d
● À l’extrémité inférieure de la gamme de tensions, il existe une
grande variété d’appareils, dont certains fonctionnent à l’air libre. avec ε0 permittivité du vide.
Souvent, la partie haute tension est du type à redresseur et conden-
sateur (dont nous ne parlerons pas ici), mais on a fréquemment uti- Exemple : pour C = 100 pF et une distance d = 5 m on trouve, une
lisé les générateurs inventés par N. Félici (§ 5.3), qui peuvent fournir surface d’électrode :
des tensions jusqu’à 1 000 kV et des courants de quelques milli- –12
ampères. 36 π × 5 × 100 ⋅ 10 2
S = -------------------------------------------------------
–9
- = 56,5 m
10

Cet exemple est une illustration des grandeurs à prendre en


2. Grandeurs et paramètres considération.

usuels dans les machines


électrostatiques 3. Forme générale
Lors de la mise en œuvre d’une machine électrostatique, il est d’un générateur
convenable de la considérer comme étant constituée par deux élec-
trodes dont l’une est à la masse. À l’aide d’un moyen approprié, décrit électrostatique
au paragraphe 5, des charges électriques sont amenées sur l’élec-
trode isolée. Dans un accélérateur ou un générateur électrostatique, on se
L’isolation est réalisée par le vide dans le tube accélérateur, par trouve placé dans une géométrie imposée par des considérations
un gaz souvent sous pression en dehors de ce tube et, enfin, par pratiques.
des isolateurs solides pour maintenir la structure mécanique ■ Comme on l’a vu (§ 2), le champ limite E c dans l’air impose des
(figure 12). dimensions de plusieurs mètres et, par conséquent, des bâtiments
Si les deux électrodes sont parallèles, elles constituent un conden- encore plus vastes. Si l’ensemble est enfermé dans une enceinte
sateur plan de capacité C (figure 2b ). Si la charge déposée est égale sous pression, on peut gagner, en dimensions, environ un facteur
à Q, la tension est : 5, en utilisant, au lieu de l’air, un gaz tel que le SF6 avec des pressions
allant jusqu’à 8 bar.
V = Q/C (1)
Il y a d’autres avantages à travailler en enceinte étanche ; cela
Exemple : avec une capacité C = 100 pF permet de fonctionner dans une ambiance sans humidité et sans
la tension obtenue est V = 106 V poussières. Enfin, il n’existe plus de problème de sécurité vis-à-vis
avec une charge Q = 100 · 10–12 · 106 = 100 µC. du personnel, la haute tension (HT) n’étant jamais accessible.
Les charges sont difficiles à mesurer ; on ne les connaît que par On devine l’inconvénient d’une machine sous pression, on ne peut
déduction à partir de la tension. sortir la tension que par une traversée et un câble isolé à des millions
L’énergie emmagasinée dans le système est : de volts, solution peu concevable. Par ailleurs, l’accès aux différentes
parties du système est impossible sans avoir, au préalable, transféré
W = 1/2 CV 2 le gaz.
Pour l’exemple, on a : W = 50 J.

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■ Si l’on a ainsi considérablement renforcé l’isolement à travers le ● Dans ce système, le champ E, au point M, varie radialement en
gaz, on n’a par contre rien changé quant à l’isolation dans les solides 1/r ; il est plus élevé au centre que sur le rayon extérieur. La limita-
ou à celle représentée par le vide dans le tube accélérateur. Il en tion pratique de 10 MV/m correspond à la valeur du champ au cen-
résulte une structure en colonne, verticale ou horizontale, où la dis- tre uniquement.
tance radiale entre électrode haute tension et masse est plus faible
Si le rapport des rayons est, par exemple, r 2 / r 1 = 3, le champ E, au
que celle dans le sens longitudinal. La faible tenue en tension du tube
niveau extérieur, est seulement E 2 = 3,3 MV/m. Il y a donc une mau-
accélérateur contribue également à son caractère cylindrique
vaise utilisation de l’espace.
allongé.
● Dans le sens de la longueur, où se trouvent les isolateurs qui
Exemple : on admet, dans le sens radial, un champ E = 10 MV/m
et, dans le sens longitudinal, seulement E = 1,5 à 2 MV/m. maintiennent la structure du point de vue mécanique, le système de
charge et le tube accélérateur, on se rapproche d’une géométrie de
Des travaux récents sur les tubes font espérer que cette valeur condensateur plan (figure 2b ).
pourra être augmentée dans l’avenir et permettra des constructions ● Sur la figure 3, on voit le tracé des équipotentielles dans un tel
plus ramassées. arrangement :
Il en résulte une géométrie cylindrique à simple étage ou en — à l’intérieur de la colonne C, elles sont horizontales et peu
tandem (figure 1). denses (1 MV/m) ;
— à l’extérieur, le long de la colonne, elles sont verticales et rap-
■ La zone la plus contrainte est celle proche de l’électrode ou ter-
prochées (10 MV/m) ;
minal haute tension. On peut en faire une étude générale, sur la
— autour de l’électrode E , elles se répartissent de façon serrée
base d’un condensateur cylindrique coaxial (figure 2a ), r1 et r 2 étant
entre électrode et réservoir extérieur R [28] [29] [61].
les rayons intérieur et extérieur des électrodes.

Figure 1 – Formes usuelles des machines électrostatiques

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Une manière de se trouver dans un champ électrique plus homo-


gène à l’intérieur de la colonne consiste à blinder celle-ci, mais cela 4. Dimensions
n’est possible que par des électrodes isolées distinctes ou des
anneaux. Si l’on se place du point de vue électrostatique, il y a une
d’un générateur
répartition de tension due aux seules capacités. On voit qu’elle
n’est pas linéaire ; pour la rendre linéaire, on met en place une
électrostatique
chaîne de résistances entre l’électrode haute tension et la masse à
laquelle les électrodes sont reliées. Nous étudierons successivement dans le cas particulier des accé-
lérateurs électrostatiques :
Nous ne sommes donc plus du tout dans l’électrostatique au sens
strict du mot, mais nous avons bien affaire à un système électro- — l’isolation dans les gaz ;
— les considérations géométriques sur les structures électro-
cinétique.
statiques ;
— les éclateurs de protection ;
— les isolateurs solides.
Avec l’exemple du Vivitron, nous verrons, pratiquement, comment
les dimensions d’un accélérateur sont déterminées à partir des
contraintes imposées par ces problèmes.
Il est certain que ces quatre premiers points présentent un intérêt
général pour l’ingénieur en électricité. Nous les développons ici dans
le contexte particulier des machines électrostatiques.
Ensuite, nous verrons les systèmes de charge et les tubes accé-
lérateurs.

Figure 2 – Condensateurs
4.1 Isolation dans les gaz
Aux pressions qui nous intéressent, on analyse des situations
extrêmes correspondant à la décharge entre deux électrodes paral-
lèles planes et à celle entre une pointe et une électrode plane
(cf. [89]).
■ Dans le premier cas, le lieu de la décharge est quelconque à la sur-
face de l’électrode. Les valeurs du champ électrique et de la tension
disruptive V d devraient être celles déduites des courbes de Paschen
(figure 4). Avec une bonne approximation [2] [3] [52] [53] [54] [55], le
champ critique dans le SF6 est :
E c (MV/m) = 8,8 p (5)
avec p (bar) pression.

Figure 3 – Tracé des équipotentielles dans un accélérateur


électrostatique [28] [29] [61]

Figure 4 – Courbe de Paschen dans l’hexafluorure de soufre SF6

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■ À l’opposé, dans le cas d’une pointe et d’une électrode plane, il y


a en général apparition d’effet couronne. À l’extrémité de la pointe,
le champ atteint la valeur critique de Paschen ; il y a multiplication
d’électrons comme pour la production d’un arc entre électrodes
parallèles. Par contre, le champ moyen environnant diminue très vite
car il est très divergent ; la multiplication cesse et l’arc ne se déve-
loppe pas. Le courant reste limité à quelques microampères. La
tension d’apparition de l’effet couronne est toujours inférieure à la
tension de Paschen. Bien sûr, en augmentant la tension appliquée,
un arc, qui partira alors toujours de la pointe, va se former.
● Cette classification n’est pas tout à fait conforme à la réalité. En
effet, la surface, même la mieux traitée, présente des inégalités, des
micropointes. De ce fait, le résultat pratique est que, même dans le
cas de surfaces les mieux préparées, des arcs apparaissent pour des
champs (figure 5) ou des tensions inférieurs à la valeur de Paschen
[41] [42] [43] [44] [45] [46] [51].
On peut retenir que, dans une situation à champ uniforme (à 7 bar
par exemple), une valeur de claquage E d = 20 MV/m constitue une
limite extrême, alors que la valeur de Paschen aurait été de 56 MV/m.
● Les décharges dans les gaz, observées lors du fonctionnement
des machines électrostatiques, suivent la plupart du temps les règles
ainsi définies. Cependant, d’autres causes de claquage peuvent
apparaître [87].
■ La plus importante est due à la présence de poussières, qui occa-
sionnent des décharges à des tensions très inférieures. Ces pous-
sières sont en suspension dans le gaz, mais se déposent sur les
isolants. Conductrices ou non conductrices, ces poussières agissent
de façon différente. L’attention la plus intense doit être portée à ce
point et le système de transfert de gaz SF 6 est équipé en consé-
quence.
■ Une autre cause de claquage est due à un déséquilibre permanent
(ou transitoire) de la répartition des potentiels et des champs. C’est
toujours le point où le champ est le plus élevé qui est à l’origine du
claquage.
Figure 5 – Champ disruptif Ed dans le SF6 , sur des conducteurs
avec micropointes (d’après C. M. Cooke [50])
4.2 Considérations géométriques
sur les structures électrostatiques Dans les deux cas, le champ tend vers l’infini. Dans le premier
cas, l’effet couronne apparaît d’abord ; dans le second, il n’y a que
■ Reprenons la géométrie du condensateur cylindrique qui est des décharges par arc. Entre les deux, le champ passe par une
celle du terminal, avec r1 et r2 rayons intérieur et extérieur des élec- valeur minimale lorsque le rapport devient :
trodes (figure 2a ). Si V est la différence de potentiel entre les élec-
trodes, le champ électrique à la surface de l’électrode intérieure est : r1/r2 = 1/e = 1/2,718

V Nous avons ainsi les données essentielles pour un projet de sys-


E = ------------------------------- (6) tème électrostatique cylindrique.
r 1 ln ( r 2 ⁄ r 1 )
Exemple : on impose sur l’électrode :
Le champ varie dans l’espace entre électrodes, avec la coordonnée
radiale r ’, selon la relation : Emax = 10 MV/m

Er En choisissant r 2 / r 1 = e, donc ln(e) = 1, on obtient, d’après la


E = --------1- (7) relation (6) :
r′
V (MV) = 10 r 1 (m)
La différence de potentiel entre les électrodes varie selon :
soit pour V = 1 MV ........... r1 = 0,1 m et r 2 = 0,272 m
r2
V r ′ = Er 1 ln  -----
pour V = 35 MV............ r1 = 3,5 m et r 2 = 9,52 m
(8)
 r ′

Sur la figure 6 est tracée, pour une valeur donnée de la tension Cela donne une règle pour déterminer les dimensions radiales
V sur l’électrode centrale, la valeur du champ E sur cette électrode d’une machine électrostatique.
centrale, en fonction du rapport r1/r1a (qui varie de 0 à 1) :
— si r1/r 2 tend vers zéro, nous arrivons à la situation où cette élec- ■ On peut obtenir des résultats similaires pour d’autres arrange-
trode devient un fil infiniment mince ; c’est le cas rencontré dans ments, par exemple deux barres parallèles, deux sphères, une
les détecteurs de particules, compteurs proportionnels ou Geiger- sphère et un plan, etc. On trouve toujours des courbes champ élec-
Muller ; trique en fonction des dimensions géométriques du même type.
— à l’opposé, si r1/r 2 s’approche de l’unité, on se trouve dans un
cas semblable à celui d’électrodes parallèles infiniment proches.

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■ L’étude de la courbe de la figure 6 permet de préciser la struc- 4.3 Isolateurs solides


ture électrostatique.
● La partie gauche correspond à un champ divergent ; toute Les électrodes sont maintenues par des isolateurs solides. Le
décharge se manifeste par un effet couronne qui a pour conséquence plus souvent, on utilise le verre, la céramique, l’époxyde chargé ou
une augmentation apparente du diamètre électrique à cause de l’époxyde-fibre de verre. Le matériau de la courroie ou d’un autre
l’espace ionisé et un déplacement du point de fonctionnement vers système de charge (§ 5) est également un isolant solide.
la droite ; il y a donc un effet stabilisateur. La décharge est alors
Une décharge dans le gaz n’a pas, habituellement, de conséquence
retardée et ne pourrait apparaître que pour des valeurs de champ
destructive, des produits de décomposition éventuels étant filtrés et
plus élevées.
piégés dans le système de manipulation de gaz. Il en est différem-
● À l’opposé, si l’on se trouve sur la partie droite de la courbe, le ment pour les diélectriques solides pour lesquels des dommages
contraire se produit ; il y a un effet qui va dans le sens de l’augmen- peuvent être irréversibles.
tation du champ, donc qui facilite l’apparition d’un arc.
● La partie gauche de la courbe correspond aux zones à protéger, ■ Bien que la résistivité ρ d’un isolant soit toujours très grande (1012
celle de droite au cas d’un éclateur. à 1014 Ω · m), il y a toujours un faible courant dans l’isolant et l’éta-
blissement d’ équipotentielles déterminées par ce courant
À l’extrême limite, la situation avec une structure à deux plans (figure 7).
parallèles, à champ sans aucune divergence, ne présente aucun de
ces caractères. C’est donc la plus mauvaise des situations.
● Revenons aux géométries imposées par les caractéristiques de
champ maximal, soit 10 MV/m dans le sens radial et 2 MV/m dans le
sens longitudinal (§ 3) :
— dans le sens radial, on respecte la règle de dimensionnement
des condensateurs cylindriques ;
— dans le sens longitudinal, on a affaire à un champ quasi uni-
forme, mais de valeur plus modeste [27] [28] [29] [30] ; la complexité
de détail d’une machine conduit souvent à choisir des valeurs encore
plus réduites.

Figure 6 – Diagramme représentatif du comportement


d’un condensateur cylindrique coaxial
(d’après M. Letournel [27] [28] [29] [30])

Figure 7 – Carte des équipotentielles autour du point triple,


point de liaison d’un isolant sur un conducteur dans le SF6 [61]

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Lors de la mise sous tension d’un isolateur, on montre que le cou- 4.5 Le Vivitron, exemple de générateur
rant décroît avec une constante de temps :
électrostatique
τ = ρε r (9)
La majorité des accélérateurs électrostatiques intègrent les idées
(ε r étant la permittivité relative de l’isolant) pour atteindre finalement
développées dans les paragraphes 4.1, 4.2, 4.3 et 4.4, en respectant,
une valeur stable.
en particulier, la règle d’un rapport de 3 environ entre rayon extérieur
Cette constante de temps est, dans la pratique, de l’ordre de et rayon intérieur (§ 3). On se rend compte, cependant, qu’une
l’heure. La décroissance du courant n’a, cependant, pas grande machine de 35 MV atteindrait un diamètre prohibitif.
importance, si la mise sous tension est progressive.
L’idée de base du Vivitron est de placer, entre la colonne et le réser-
La plupart du temps, la surface de l’isolateur, en raison de diverses voir, des électrodes discrètes (électrodes longues et de faible lar-
pollutions et de l’humidité absorbée, a une résistivité plus faible geur) mises à des potentiels intermédiaires, déterminés par une
(donc une résistance différente) que celle du corps de l’isolant. Cet chaîne de résistances. En fait, ces électrodes sont reliées à la colonne
effet peut être accentué par le dépôt d’une mince couche de graisse même. La figure 25 illustre bien cette position.
aux silicones. On note, alors, une tenue en tension améliorée.
On voit, sur la figure 8, l’effet de ces électrodes, sachant que la
Dans le gaz environnant l’isolant, les équipotentielles et la carte différence de potentiel est l’intégrale du champ électrique sur le
de champ sont déterminées principalement par les charges dépo- rayon. Pour un champ maximal identique sur les électrodes, une ten-
sées sur les conducteurs. sion plus élevée est obtenue, ou, inversement, pour une tension
En fait, ce n’est que par un calcul d’ordinateur que l’on peut établir donnée, le champ est diminué. On note, sur la figure 9b, que, dans
la carte des champs à l’intérieur et dans le voisinage d’un isolateur l’espace où il n’y a pas d’électrodes (θ = π / 7), le champ est quasi
(figure 7) [61]. uniforme. Ainsi, grossièrement, la tension (figure 9a ) est donnée
par :
■ De tels calculs, associés à des mesures, permettent d’obtenir V = E (r 2 – r1)
quelques règles pratiques pour la mise en œuvre d’un isolateur.
Dans l’isolateur même, il ne faut pas dépasser une valeur critique On n’est plus lié à l’obligation d’un rapport 3 entre les rayons, et
E c du champ, ni pour un fonctionnement statique, ni pour le cas le diamètre de la colonne est déterminé uniquement par des contin-
de surtensions liées à un phénomène transitoire suivant une gences pratiques. Par contre, entre électrodes, on voit sur la figure 9
décharge. On admet, en pratique, des valeurs extrêmes de 10 que le champ électrique est toujours décroissant et l’on se trouve
à 20 MV/m, bien qu’au laboratoire des champs plus élevés aient été pratiquement dans les conditions de la partie gauche de la courbe
appliqués dans certains cas. Il faut également, dans le diélectrique de la figure 6 (cf. [27] [28] [29] [30] [31] [56]).
Remarque : le Vivitron est un tandem de 35 MV. Les dimensions radiales sont fixées,
gazeux, rester au-dessous du champ critique. comme il est indiqué au paragraphe 4.2.
● On constate que la zone la plus fragile est celle, dite du point
triple PT, où gaz, conducteur et isolant se touchent. Il faut éviter, dans ■ Le choix du système d’électrodes discrètes impose une structure
cette zone, une liaison conducteur-isolant qui ne soit pas parfaite ou mécanique avec des isolateurs dans le sens radial. Pour le Vivitron,
qui présente des vacuoles. Dans celles-ci, le champ peut être multi- il consiste dans l’emploi de plots isolants en époxyde chargé de
plié par la permittivité relative ε r (dans bien des cas usuels ε r = 5) et silice et d’alumine (figure 10). La mise en œuvre de ces isolants cor-
on dépasse largement la valeur d’apparition des effets couronne ou respond bien aux règles préconisées paragraphe 4.3. Le champ à
des arcs. l’intérieur du diélectrique est quasi uniforme et, à la surface, il est
● Lors de phénomènes dynamiques, l’équilibre dans les isolants
toujours tangent. Les extrémités, munies d’inserts métalliques, sont
n’est pas atteint et le comportement est encore différent. Dans une placées dans un champ réduit. Un soin particulier (absence de
machine de grandes dimensions, des phénomènes transitoires appa- vacuoles, adhérence parfaite, métal isolant) a été apporté à cette
raissent à la suite de décharges entre électrodes et amènent à des fabrication ; le champ moyen dans lequel ces plots sont placés est
surtensions de l’ordre de 100 %. Dans le choix et la mise en œuvre 10 MV/m. Cela est bien illustré par la figure 11 donnant le tracé
des isolants, il faut tenir compte de ce fait. Des calculs et des mesures d’équipotentielles autour d’un plot isolant.
très fines ont permis de mieux prendre en compte ces phénomènes.
● En conclusion, pour bien protéger un isolateur, en régime sta-
tique, il faut soigner les fixations ; en régime dynamique, il convient
de diminuer le champ statique autour de ces mêmes points. Des
champs de 1,5 à 2 MV/m sont des valeurs limites communément
admises pour des assemblages mécaniques isolants-conducteurs.
Comme on le verra au paragraphe 4.5, pour fonctionner dans des
champs plus élevés, il faudra prendre d’autres précautions [48] [49]
[50] [56], et, notamment, ajouter des électrodes de protection. Les
études et les essais sous tension correspondants ont permis la mise
au point de ces protections.

4.4 Éclateurs
Une protection est également assurée par des éclateurs et des blin-
dages. En réalité, le projet électrostatique doit être réalisé de sorte
que, si des surtensions statiques ou dynamiques apparaissent, elles
soient écrêtées par l’apparition d’arcs entre électrodes et non pas
par des phénomènes couronne ou des arcs apparaissant autour des
points de fixation des isolateurs. Les électrodes réalisent ainsi une
fonction d’éclateurs. Lorsque cette possibilité ne peut pas être rem-
plie de façon convenable, on met en place des éclateurs sphériques
ou cylindriques à des endroits déterminés par le calcul et
l’expérience [60]. Figure 8 – Vivitron : disposition des électrodes discrètes
et carte des équipotentielles entre V = 35 MV et V = 0

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Figure 10 – Plot isolant du Vivitron [27] [28] [29] [30] [56]

Figure 11 – Tracé d’équipotentielles autour d’un plot isolant


Figure 9 – Vivitron : variation radiale du potentiel dans le Vivitron
et du champ dans une structure à électrodes discrètes

Nota : dans le Vivitron, 250 plots de ce type (développés par C.M. Cooke du MIT) sont
installés [27] [28] [29] [30] [56].

■ Dans le sens longitudinal, la colonne est tenue par des planches


isolantes en époxyde-fibre de verre (figure 12), convenablement
protégées aux points de fixation. À la différence des machines plus
anciennes munies d’anneaux équipotentiels, les électrodes colonne
du Vivitron constituent, l’une par rapport à la suivante, des systèmes
éclateurs (§ 4.4).
■ Si le système ainsi décrit présente des avantages, son inconvé-
nient majeur réside dans l’apparition de surtensions lors de phéno-
mènes transitoires consécutifs à une décharge intempestive. Au
cours des essais, lors de la première mise en service, ces surtensions
ont conduit à des destructions d’isolants. Une meilleure protection a
amélioré considérablement cette situation [47] [57] [58] [59]. L’essai
en vraie grandeur des électrodes de protection, barres cylindriques
métalliques placées à proximité des points de fixation isolateurs- Figure 12 – Planche isolante en époxyde-fibre de verre
conducteurs (cf. coupe sur la figure 7), a montré leur effet : une fois de la colonne du Vivitron
mises en place dans le Vivitron, les destructions ne se sont pas
reproduites.

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Le Vivitron est une machine classique en ce sens qu’elle


intègre les problèmes et caractères généraux d’isolation ; c’est
une machine nouvelle par d’adjonction d’électrodes discrètes,
de plots isolants radiaux en époxyde (figure 10), d’électrodes
colonnes longues (47 cm), d’isolateurs (planches isolantes)
longs (2,82 m) en époxyde-fibre de verre dans la colonne
(figure 12). Le champ moyen dans la colonne est de 1,5 MV/m.
Le Vivitron reste classique par l’emploi de la courroie de charge
(§ 5.1) et par le tube accélérateur utilisé (§ 6.2).
Sa longueur, déterminée par les propriétés des tubes accélé-
rateurs est de 2 × 25 m. Le rayon de la colonne est de 0,7 m et
celui du réservoir de 4,2 m.
Nous donnerons paragraphe 7.2 une description détaillée de
la réalisation du Vivitron.
Les anciens accélérateurs horizontaux n’ont, quant à eux,
aucun isolateur radial, de même que les autres machines perfor-
mantes récentes.

5. Système de charge
Nous avons décrit précédemment les conditions que devait
remplir une machine électrostatique pour tenir la tension (§ 4.3).
Nous abordons, maintenant, la question de l’obtention de cette ten-
sion. Comme déjà dit (§ 1), nous excluons dans cet exposé les solu-
tions électrotechniques du type redresseur-condensateur, pour ne
parler que de systèmes de charge électrostatiques. Avec les solutions
classiques, on atteindrait des dimensions trop importantes, des prix
prohibitifs et des conditions de fonctionnement difficilement compa-
tibles avec les règles établies aux paragraphes 2 et 4.2.
Cependant, sans les décrire ici, signalons que les multiplicateurs
de tension du type Greinacher ou Cockcroft-Walton, les dynamitrons
et les ICT (Insulated Core Transformers ) permettent d’atteindre des
tensions de 2 à 3 MV et sont parfois utilisés lorsque des courants
élevés, dépassant quelques milliampères, sont nécessaires.

5.1 Système Van de Graaff

Pour toute une famille d’appareils, le système de charge est celui


de la courroie isolante. Le matériau utilisé est du néoprène sur
une structure de coton ou du polyester.
■ La figure 13a décrit le principe général de charge du système
Van de Graaff.
● La courroie tourne sur deux poulies :
— l’une située au potentiel de la masse, à la base, est entraînée
par un moteur ;
— l’autre placée à l’intérieur d’une électrode isolée, ou terminal
haute tension, constitue une cage de Faraday ; l’électrode HT est sup-
portée mécaniquement par une structure isolante, la colonne.
● La mise sous tension du terminal s’effectue comme suit : la cour-
roie (figure 13b ) est chargée par un peigne métallique, l’ioniseur,
porté à une tension de quelques milliers de volts. Un effluve cou-
ronne crée des charges libres dans le gaz, qui sont attirées vers la
courroie et déposées sur celle-ci. La différence de potentiel est établie
entre l’ioniseur et un inducteur situé sur la face opposée de la
courroie, le plus souvent la poulie. Dans l’électrode haute tension, un
peigne semblabe décharge la courroie. Dans la cage de Faraday
constituée par le terminal, les charges se déplacent vers l’extérieur Figure 13 – Système de charge par courroie [32] [35] [36]
de l’électrode et s’y accumulent. La tension à l’électrode terminale
est :
V = Q /C
si Q est la charge accumulée et C la capacité du terminal.

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La courroie transporte des charges de façon continue et sans inter-


ruption, la tension augmente indéfiniment et ce système ne peut
évidemment pas fonctionner tel quel.
● Il faut que le courant I transporté par le système soit égal à un
courant de décharge de l’électrode terminale, réparti pour partie
dans des chaînes de résistances, dans le faisceau de particules et
dans diverses autres sources de fuites. Le courant transporté par ce
système de charge est modeste, inférieur à quelques centaines de
microampères.
Les faisceaux de particules accélérées sont, quant à eux, de
quelques dizaines de microampères aux maximum.
La résistance de charge a une valeur très élevée.
Pour le Vivitron, par exemple, la valeur résultante est :
R = 120 · 109 Ω
répartie en quatre chaînes de résistances parallèles, disposées deux par
deux de chaque côté du terminal.
La tension sur l’électrode terminale est :
V = RI
On se rend compte, à nouveau, que le terme de machine électro-
statique est impropre, puisqu’il faut des courants permanents dans
un tel système.
On note, aussi, que la puissance reste modeste ; par exemple pour
V = 1 MV et I = 10 µA, la puissance transportée n’est que de 10 W.
Des machines à irradier, qui demandent de grandes puissances, par
exemple 50 kW, correspondent à V = 5 MV et I = 10 mA ; elles restent
à ce jour des réalisations marginales, si elles doivent utiliser ces
principes.
Notons que la très grande partie du courant transporté (90 %)
traverse la résistance (plutôt que le faisceau) et est dissipée sous
forme de pertes. Cela est voulu afin de rendre la tension plus stable
et indépendante des fluctuations d’intensité du faisceau.
■ Une machine Van de Graaff fonctionnant dans l’air avec les seuls
éléments décrits n’atteindrait pas une tension très élevée. Dans la
machine actuelle, on place cet ensemble dans un réservoir rempli
de gaz sous pression, aujourd’hui du SF6 . La paroi du réservoir au
potentiel de la masse est une électrode bien définie et constitue un
condensateur à symétrie cylindrique avec le terminal (§ 2). La limite
de tension est donnée, d’une part, par les propriétés du gaz et la géo-
métrie des électrodes et, d’autre part, par celle des isolateurs.
Dans le condensateur cylindrique, on respecte (§ 4.2) la règle du Figure 14 – Carte de champ et des équipotentielles
rapport des rayons pour porter l’électrode au potentiel le plus élevé autour de la courroie
pour un champ maximal donné.
Dans le sens axial, celui de la colonne, où se trouvent isolateur
et courroie (figure 13c ), la distribution du champ électrique serait La densité de charge σ, pour un seul brin chargé, est liée au
déterminée uniquement par la géométrie des électrodes et du réser- courant I transporté, à la largeur  de la courroie et à sa vitesse v
voir, s’il n’y avait pas d’autres éléments ; comme on l’a dit au para- par les relations :
graphe 4.5, on entoure donc la colonne d’électrodes circulaires σ = I ⁄ v (10)
(souvent des anneaux ou, dans le cas du Vivitron, des électrodes
tronconiques) reliées à la chaîne de résistances. On crée ainsi à l’inté- Eσ = σ / ε 0 (11)
rieur de la colonne un champ quasi uniforme entre le terminal et
la base. On peut avoir, par exemple, une largeur  de 0,4 m et une vitesse
de défilement de 25 m/s.
■ Une des principales limites d’utilisation du système Van de
● La valeur limite théorique, en pratique, est plus faible que Eσ , à
Graaff est due, comme pour tous les problèmes considérés ici, à une
valeur de champ électrique trop élevée sur la courroie et dans son cause de la structure environnante qui conduit à une variante de
environnement. Il faut, également, que la courroie soit peu condu- champ non homogène dans l’espace, du fait des rendements de
ctrice. On sait que dans l’air, surtout si la courroie a absorbé de commutation inférieurs à l’unité, des non-uniformités, des charges
l’humidité, le transport de charge est toujours très aléatoire. Par parasites et pour diverses autres raisons.
contre, dans les accélérateurs sous pression, avec un gaz asséché, le Exemple : des études faites dans des conditions réelles de réalisa-
fonctionnement est plus que satisfaisant. tion montrent que, pour une machine à 13 MV avec une densité de
● Les charges déposées, avec une densité σ uniforme, donnent charge de 40 µC/m2, le champ électrique atteint la valeur moyenne de
lieu à un champ Eσ perpendiculaire à la courroie, qui est la résultante 5 MV/m avec des maximums de 11 MV/m, valeur limite pour se prévenir
de ses deux composantes E L et E T (figure 14a). des décharges.

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■ Jusque dans les années quatre-vingt, les machines existantes se 5.2 Le Pelletron
contentaient de ces limitations, qui handicapaient cependant le fonc-
tionnement à tension et courant élevés et conduisaient à des destruc- Utilisé dans un certain nombre de machines récentes [33] [34],
tions rapides de la courroie. Beaucoup d’utilisateurs ont alors adopté c’est un dispositif dans lequel on substitue à la courroie une chaîne
le système de charge à pellet (Pelletron), décrit paragraphe 5.2. de transporteurs conducteurs, isolés les uns des autres. Ces trans-
D’autres utilisateurs ont étudié le fonctionnement des courroies et porteurs sont chargés et déchargés par le mécanisme classique
apporté des améliorations. d’influence et de contact. La chaîne Pelletron ressemble à un chapelet
● Dans les réalisations anciennes, que nous appelons structures dont les grains, les pellets, ont une forme cylindrique de diamètre
fermées et semi-ouvertes, la courroie était placée à proximité d’élé- de 1 à 3 cm. Ils sont réunis entre eux par des tiges isolantes articulées
ments conducteurs destinés à mieux définir le champ près de la cour- (figure 15). La chaîne sans fin passe sur deux poulies à gorge
roie. On voit (figure 14a) que cette disposition conduit, par contre, à conductrices. La vitesse linéaire est de 10 à 20 m/s et le courant donné
des inhomogénéités de champ en raison même de la répartition dis- par une chaîne de 50 à 100 µA.
crète (et non continue) du potentiel le long des électrodes.
Plusieurs chaînes en parallèle sont parfois utilisées.
● Le Vivitron utilise les courroies avec un certain nombre d’amé-
nagements. Une variante de ce système est le Laddertron, installé dans plu-
sieurs accélérateurs et, en particulier, dans celui de Daresbury en
— En premier lieu, on utilise une structure découplée (figure 14b). Grande-Bretagne (figure 28). C’est un système qui ressemble à une
On appelle ainsi la disposition géométrique où la courroie est placée échelle ; on peut supposer qu’il s’agit d’une chaîne double de pelle-
le plus loin possible des électrodes et de tout autre conducteur, trons où les pellets sont reliés par une barre transverse. Grâce à la
pouvant influencer le champ sur la courroie. Ceux-ci, en effet, ont surface plus grande, on peut transporter quelques centaines de
des potentiels bien définis. Dans cette structure, le champ entre la microampères.
courroie et les électrodes est très homogène et moins intense que
pour les cas précédents ; il est plus élevé entre les deux brins.
— En second lieu, on charge les deux brins opposés de la courroie,
avec des signes opposés, ce qui contribue encore à une diminution
5.3 Machine à cylindre isolant
du champ. dans l’hydrogène
■ On a également étudié le phénomène des charges parasites dues Les courroies ou les pelletrons sont utilisés dans les machines à
à la triboélectricité. Ce phénomène est difficilement contrôlable, mais tensions très élevées. Un type de machine électrostatique à tension
on sait qu’il dépend fortement (au cube) de la vitesse de la courroie. intermédiaire, la machine à cylindre isolant dans l’hydrogène, a été
Exemple : dans le Vivitron, celle-ci est de 10 m/s, soit trois fois infé- développé par N. Félici [62] à [79].
rieure à celle d’autres machines.

5.3.1 Principe
Le système de charge du Vivitron se décrit comme suit :
— structure découplée ; Dans les machines à cylindre isolant (figure 16), le transporteur
— rouleaux de guidage pour soutenir la courroie ; est un cylindre creux de révolution, de quelques millimètres d’épais-
— distance entre brins de la courroie comprise entre 0,025 seur, choisi dans un matériau de bonnes qualités mécaniques et
et 0,080 m ; diélectriques et résistant bien aux effluves. Ce cylindre, ou rotor, joue
— distance entre la courroie et la structure extérieure 0,40 m. le rôle de la courroie et tourne autour d’un stator qui remplace à
La structure découplée est plus avantageuse. Le champ est la fois la colonne et la sphère terminale.
plus homogène sur la courroie, car non influencé par le caractère La pièce principale du stator est un cylindre de verre légèrement
discret des électrodes plus éloignées entre les deux brins, il est conducteur (ρ = 1012 à 1013 Ω · cm), de quelques millimètres d’épais-
égal à 80 % Eσ [relation (11)] ; d’une façon générale, il est plus seur, séparé du rotor par un interstice de quelques dixièmes de milli-
faible à l’extérieur de la courroie, c’est-à-dire entre celle-ci et les mètre seulement. La petitesse de cet interstice permet au champ
électrodes (20 % Eσ), en raison de la compensation des charges électrique d’y avoir une intensité relativement grande, compte tenu
de signe opposé sur les deux brins. de la nature et de la pression du gaz qui s’y trouve.
On peut, toutes conditions égales par ailleurs, fonctionner Le cylindre de verre joue le rôle de la colonne, avec ses résistances:
avec une densité de charge plus élevée avec la structure le courant très faible (de l’ordre du microampère) qui le parcourt
découplée. assure une variation parfaitement continue du potentiel d’un pôle
À pression de SF6 de 8 bar, on peut charger à 26 µC/m2. à l’autre.
La courroie a une largeur de 0,52 m et sa vitesse est égale La charge et la décharge du transporteur sont produites par
à 10 m/s. Elle est tendue d’une extrémité à l’autre du tandem. l’influence de deux inducteurs métalliques situés à l’intérieur du
Dans ces conditions, on peut charger sur 4 brins, atteindre cylindre de verre et en contact avec lui. Ces inducteurs créent, sur
500 µA et diminuer les contraintes de champ d’un facteur deux. le verre, deux zones équipotentielles de quelques centimètres de
Dans les conditions pratiques d’utilisation à ce jour, les besoins largeur qui font face à deux ioniseurs, analogues aux peignes, et
en courant sur la courroie ne dépassent pas 40 µA. situés sur la face extérieure du rotor. Ces ioniseurs sont constitués
par une lame d’acier très mince (0,03 mm) venant à quelques
dixièmes de millimètre de la surface rotorique, sans la toucher.
■ Longtemps, la société HVEC (High Voltage Engineering Corp.) fut L’appareil est enfermé dans une enceinte étanche contenant de
le seul fabricant de courroies. Celles-ci avaient une âme en tissu de l’hydrogène pur et sec, à une pression de 10 à 30 bar.
coton revêtue de néoprène. Depuis une date récente (1980), et dans
le Vivitron, on utilise des courroies en polyester fabriquées par
Wennerlunds en Suède. Cette société n’a aucune connaissance par-
ticulière en matière électrique ; la mise au point et l’étude de ce type
5.3.2 Fonctionnement
de courroie se sont faites en particulier au Centre de Recherches
Un des ioniseurs est relié au sol et l’autre à l’inducteur isolé qui
Nucléaires de Strasbourg en vue de son application au Vivitron. Le
lui fait face, formant avec lui le pôle isolé ; une source de tension
produit est dénommé WE 16/20 + 10 NITRIL [32] [35] [36].
(10 à 40 kV) porte l’inducteur côté terre à la tension d’excitation
convenable. La source d’excitation n’a ainsi à fournir que le courant

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Figure 15 – Générateur de tension du type Pelletron

(quelques microampères au maximum) demandé par les défauts


d’isolement et la conductivité du verre. Elle peut être très réduite
et très facile à régler.
Sous l’action du champ électrique intense provoqué par l’ioniseur,
l’hydrogène est dissocié et le rotor reçoit et emporte des charges
de signe opposé à celui de l’inducteur. Ces phénomènes ont lieu avec
le minimum de pertes d’énergie, grâce à l’exceptionnelle mobilité
des ions, tant positifs que négatifs, dans l’hydrogène. À l’arrivée
devant l’ioniseur isolé, les charges sont collectées comme dans la
machine à courroie (figure 13a).
Deux faits très importants sont à noter :
— dans la machine à cylindre isolant, le double transport se produit automatiquement,
bien que l’agencement des organes corresponde en apparence au simple transport ;
— bien que l’ioniseur isolé ne soit pas entouré par un conducteur quasi fermé jouant
le rôle de cylindre de Faraday, comme dans la machine à courroie, la collecte des charges
apportées par le rotor est pratiquement totale et l’isolement du pôle isolé satisfaisant. Ces
résultats sont atteints grâce à une chemise isolante en matériau de haute résistivité, qui
sépare les ioniseurs du réservoir métallique à pression relié à la terre. Cette chemise isolante
se recouvre, dans les premiers instants du fonctionnement, d’une couche d’ions de même
signe que l’ioniseur, et cette couche joue ensuite le rôle d’un cylindre de Faraday conducteur.

5.3.3 Tension et courant

Le potentiel de l’ioniseur isolé est limité par les étincelles éclatant


avec l’ioniseur de terre ou le réservoir à pression.
Dans les conditions habituelles, le gradient moyen de potentiel,
le long du rotor, entre les ioniseurs, peut dépasser 30 kV/cm sans
claquage, et l’on peut fonctionner couramment avec 15 à 25 kV/cm
sans aucun amorçage. Avec des cylindres de quelques dizaines de
centimètres de diamètre, on peut donc atteindre aisément, et même
dépasser, 1 000 kV.
Le courant résulte de la densité de charge, de la vitesse de rotation
et de la surface du cylindre. Malgré la rigidité diélectrique relative-
ment faible de l’hydrogène, la densité atteint des valeurs impor-
tantes, comme 300 µC/m2. En régime normal, on peut admettre 150
à 200 µC/m2. La vitesse linéaire du rotor peut aussi être assez grande,
grâce à l’hydrogène et à l’absence de frottement entre solides ; on
atteint couramment 40 à 50 m/s. Il résulte des chiffres précédents
que le débit par unité de longueur des ioniseurs est relativement
Figure 16 – Machine quadripolaire à cylindre isolant grande. On obtient aisément 10 à 20 mA par mètre d’ioniseurs. La
puissance surfacique est de l’ordre du watt par centimètre carré de
surface rotorique.

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Nota : le cylindre isolant se prête bien à la disposition multipolaire, avec un nombre


pair d’inducteurs et d’ioniseurs, reliés entre eux de deux en deux. Le demi-pas polaire peut
être réduit à quelques centimètres sans que la puissance de la machine en souffre sensible-
ment, ce qui permet de couvrir avec les mêmes cylindres une gamme de tensions et de cou-
rants très large à puissance constante.

5.3.4 Régulation de la caractéristique


tension-courant

À tension d’excitation constante, la caractéristique est très sensi-


blement à courant constant depuis une tension nulle jusqu’à la ten-
sion maximale permise par la construction. Cette caractéristique
étant très incommode pour la plupart des applications, on emploie
des régulateurs pour obtenir une tension de débit sensiblement
constante.
■ Pour un générateur de faible puissance, on peut employer un
effluve pointe-plateau ou mieux un tube stabilisateur à hydrogène
(construit par The Victorieen Instrument Co).
■ Dès que la puissance atteint quelques dizaines de watts, il y a avan-
tage à utiliser une régulation électronique qui permet en outre un
réglage continu de la tension.
● La figure 17 représente le schéma d’une régulation typique de
générateur industriel, assurant une constance de la tension de l’ordre
du centième, dans toute la gamme de courants fournie par le géné-
rateur. La tension est mesurée par potentiomètre de forte valeur
consommant 50 à 100 µA selon le modèle, sous pleine tension,
c’est-à-dire en courant absolument insignifiant. La tension réduite
fournie par le potentiomètre est mise en opposition avec celle d’un
générateur étalon, réglable de 0 à 200 V, et dont la commande Figure 17 – Générateur à cylindre isolant : régulation
constitue, en fait, celle du générateur électrostatique lui-même. La
différence des tensions fournies par le potentiomètre et le générateur
étalon agit sur la grille d’un tube haute tension (20 000 V) à grand
gain ( 1 000) de fabrication courante (6BK4B par exemple). La tension
anodique du tube agit sur l’excitation du petit générateur électro-
statique amplificateur de tension, dont le débit crée, aux bornes
d’une résistance de 1 000 mΩ environ, la tension d’excitation du
générateur principal. Les connexions des différents organes du
système sont, bien entendu, choisies de façon à assurer une contre-
réaction, la tension d’excitation baisse quand celle du débit monte,
et inversement. Les constantes de temps et les bandes passantes
sont telles que la réponse du régulateur est aussi rapide que possible
sans toutefois amorcer des oscillations dues aux retards de réponse
inhérents aux deux générateurs électrostatiques.
Le gain du système précédent étant très grand, la chute de tension
en charge et l’influence des variations du réseau d’alimentation sont
très faibles. On peut mieux faire encore et annuler par exemple la
chute de tension de façon totale par l’introduction d’une compen-
sation ou compoundage qui tend à relever la tension d’excitation
quand le débit croît. Il suffit d’introduire une simple résistance R c
sur le circuit principal.
Figure 18 – Générateur à cylindre isolant :
La caractéristique tension-courant d’un générateur ainsi régulé est
caractéristique tension-courant
représentée figure 18. Elle est parfaitement plate jusqu’au courant
maximal, et tombe ensuite très brusquement, assurant ainsi une
exploitation parfaite du générateur dans les conditions normales,
ainsi qu’une protection totale contre les surintensités. respecter les règles très sévères valables pour le courant fort. Le
générateur électrostatique apporte alors l’avantage d’une sécurité
L’emploi d’une régulation électronique permet, bien entendu, la
absolue, indépendante de tout système de protection ou de coupure,
commande à une distance quelconque par un câble à basse tension
qui résulte de trois propriétés caractéristiques :
ne transmettant qu’une puissance négligeable et supprime les auto-
transformateurs et les régulateurs d’induction. ■ la capacité est négligeable (quelques dizaines de picofarads) ; la
décharge brusque est donc absolument inoffensive quelle que soit
la tension ;
5.3.5 Sécurité
■ le courant est automatiquement limité, par le principe même de
la machine, à une valeur peu supérieure au courant de pleine charge ;
Une propriété extrêmement précieuse du générateur électro-
aucun danger non plus de ce côté puisque, dans la pratique, on ne
statique à cylindre isolant est sa sécurité absolue. Dans bien des ins-
construit pas de générateur dépassant quelques dizaines de milli-
tallations à haute tension à courant faible, il n’est matériellement pas
ampères ;
possible, sans compliquer l’exploitation de façon insupportable, de

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■ le courant est parfaitement continu, d’ondulation négligeable ; il Dans les machines à cylindre isolant, on utilise généralement le
ne provoque aucun phénomène pénible ou dangereux de contrac- même amplificateur pour agir électriquement sur le condensateur
ture musculaire permanente comme le courant alternatif ou et sur le générateur (figure 19). On obtient ainsi une stabilité totale,
redressé. même après des perturbations de grande amplitude comme un
Nous avons supposé dans ce qui précède qu’aucun système auxi- court-circuit.
liaire n’intervenait pour limiter le temps d’application du courant à La qualité de la stabilisation obtenue est très élevée. Il est courant
un opérateur maladroit. En fait, tous les générateurs sont munis de d’atteindre mieux que 1/100 000. Toutefois, si l’on veut atteindre cette
circuits auxiliaires interrompant le fonctionnement en cas de sur- définition sur une longue période de temps, se pose le problème
tension, surintensité ou même décharge brusque, de telle sorte que d’un moyen de mesure de la tension.
le courant ne peut être appliqué accidentellement à une personne
que quelques dixièmes de seconde tout au plus. ■ Amorçage. Polarité
En fait, les générateurs électrostatiques sont utilisés sans aucune Dans la quasi-totalité des cas, les générateurs à cylindre isolant
précaution et jusqu’à présent on n’a pas enregistré un seul accident, sont amorcés par un dispositif auxiliaire (redresseur, machine à
ni même une seule commotion réellement désagréable. transporteurs conducteurs) qui impose en même temps la polarité.
Nota : le problème de sécurité ne se pose pas pour les générateurs à courroie, puisqu’ils
Les machines à transporteur isolant sont en effet incapables de
sont entièrement enfermés dans un récipient étanche. s’amorcer d’elles-mêmes, car les charges résiduelles toujours pré-
sentes n’engendrent pas, en général, de tensions suffisantes pour
provoquer l’ionisation aux peignes. C’est là une des rares infériorités
5.3.6 Nature du courant des transporteurs isolants. Toutefois, des recherches ont permis
d’établir l’efficacité d’un système d’amorçage applicable à ce type
Si le cylindre était parfait, le courant serait rigoureusement de transporteur : l’amorçage radioactif. En ionisant le gaz au voisi-
continu. Les irrégularités de forme du cylindre, considérées comme nage du transporteur par une source de rayons alpha (polonium ou
une déviation par rapport au cercle, sont une fonction périodique radium), on permet le jeu de la machine pour des tensions d’exci-
de l’azimut développable en série de Fourier. Il en résulte la création, tation de quelques centaines de volts seulement qui peuvent être
par couplage capacitif avec les inducteurs, de composantes alter- aisément fournies par une pile. Le courant débité est naturellement
natives du courant dont les plus marquées sont celles qui se trouvent très faible, mais il est suffisant pour charger les inducteurs à un
en résonance sur le nombre de pôles (par exemple, pour une potentiel assez élevé pour déclencher l’ionisation aux peignes.
machine tournant à 50 tr/s, 50 Hz pour 2 pôles, 100 Hz pour 4 pôles, ■ Entraînement
etc.). L’amplitude de ces composantes est de l’ordre du centième du
Les machines à cylindre isolant, travaillant dans une atmosphère
courant continu de pleine charge, le plus souvent moins. Elles sont
spéciale, comportent une enveloppe d’une étanchéité absolue,
complètement éliminées dans les montages stabilisés (§ 5.3.7).
gonflée pour plusieurs années. L’entraînement peut se faire commo-
En raison de la nature de la commutation, on pourrait se demander dément par un moteur électrique intérieur à l’enveloppe, comme
si les effluves des ioniseurs n’engendrent pas de composantes à dans les machines à courroie. Ce système très séduisant présente
haute fréquence. Il résulte des expériences faites que ces compo- toutefois plusieurs inconvénients : les pertes du moteur contribuent
santes restent très faibles et sont incapables de créer des pertur- à augmenter notablement l’échauffement de l’appareil, et les cou-
bations radiophoniques ou autres. Des générateurs électrostatiques plages en série nécessitent des transformateurs d’isolement ; il y a
ont été employés pour l’alimentation de récepteurs de télévision, par enfin de grandes incommodités quand on ne dispose pas du courant
exemple, sans causer aucun parasite détectable, ni requérir aucun nécessaire pour le moteur, etc.
filtre pour l’élimination de la haute fréquence.

5.3.7 Caractéristiques d’utilisation

■ Stabilisation
Une des caractéristiques les plus intéressantes des machines
électrostatiques à transporteur isolant est la facilité avec laquelle on
peut obtenir des tensions stabilisées avec une extrême précision
(mieux que 1/100 000), moyennant des circuits électroniques régu-
lateurs relativement simples.
La stabilisation n’est pas, dans son essence, différente de la régu-
lation. Toutefois, comme il s’agit d’éliminer toutes les perturbations
parasites, on est conduit à donner à la bande passante de l’ampli-
ficateur une largeur importante (par exemple 0 à 1 000 Hz) ; dans
ces conditions, la boucle générateur-amplificateur-générateur est
instable, le déphasage causé par le temps de transfert du générateur
étant beaucoup plus grand que 180o du côté haute fréquence de la
bande passante.
Pour maintenir la stabilité malgré le déphasage dû au générateur,
sans diminuer le gain en fréquence élevée, on emploie un système
à deux voies, dont l’une agit sur le générateur et l’autre directement
sur la tension de débit à travers un condensateur. Cette seconde voie
ne présente pratiquement aucun retard de phase dans toute la bande
intéressante, et on s’arrange pour que son gain devienne pré-
pondérant aux fréquences élevées, de telle sorte que le déphasage
causé par la machine soit sans inconvénient.

Figure 19 – Générateur à cylindre isolant : montage stabilisé

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Aussi a-t-on développé l’emploi de garnitures étanches permet-


tant l’entraînement mécanique par un accouplement extérieur. Ces
garnitures, qui dérivent directement de celles employées dans les
compresseurs frigorifiques, assurent une conservation parfaite de
la pression et n’absorbent que peu de puissance. Les machines à
entraînement extérieur permettent l’emploi de la force humaine ou
animale, des moteurs à combustion, des accouplements isolants
pour la mise en série, etc.

6. Accélérateurs de particules
Les machines électrostatiques, que nous décrivons ici, ont prin-
cipalement comme application la production d’ions ou d’électrons
accélérés [10]. Une composante essentielle, qui influe sur la conce-
ption même de tout le système, est le tube accélérateur.
■ Pour les faibles tensions (§ 5.3), où celles-ci peuvent être sorties
du générateur par un câble ou une autre liaison conductrice, les fonc-
tions de production de tension et d’accélération peuvent être
séparées. Le tube est alors généralement placé dans l’air.
■ Dans les machines à tension élevée, Van de Graaff ou Pelletron,
le tube fait partie intégrante de la conception du système électro-
statique. Dans ces machines de grande énergie, on se trouve dans la
situation difficile de placer un tube sous vide dans une enceinte à
haute pression. L’extérieur du tube est conçu en tenant compte des
isolations dans le gaz et la réalisation rencontre les problèmes
concernant à la fois l’isolement dans le vide et le passage du faisceau
de particules.

6.1 Machines à simple étage et tandem


Dans les machines à simple étage (figures 1a et c), la source Figure 20 – Accélérateur électrostatique de type tandem
d’ions est placée dans le terminal et est alimentée par une génératrice
mue par la courroie de charge. Pour obtenir des ions avec des états
de charge élevés et avec de grandes intensités de courant, il faut Dans la partie du tube T2, côté à haute énergie, les ions acquièrent
une source d’énergie au terminal plus grande et un appareil de une énergie supplémentaire zeV (z étant le nombre de charges à la
dimension importante, donc une source volumineuse, or il y a peu sortie de l’éplucheur). Un deuxième éplucheur (E2) peut être placé
d’espace disponible dans un terminal de ce type de machine à simple dans le tube T2, ce qui permet de gagner encore plus d’énergie.
étage. La puissance de la génératrice et la place limitent, par
conséquent, les caractéristiques que l’on peut obtenir. L’épluchage et la dispersion des nombres de charges autour d’une
valeur moyenne a comme conséquence une diminution du nombre
La tension des machines construites ne dépasse guère 6 MV. de particules par seconde et, par conséquent, d’une énergie donnée.
Aujourd’hui, on continue à les employer. Un analyseur magnétique (AA) à la sortie de l’accélérateur sélec-
■ La machine tandem (figure 20) est un générateur de tension posi- tionne les ions avec la masse, le nombre de charges et l’énergie
tive, muni de deux tubes accélérateurs, l’un du côté basse énergie, souhaités.
l’autre en haute énergie [5] à [11] [18]. Nota : un injecteur très élaboré, avec sélection de masse, a été réalisé pour le Vivitron.

Une source d’ions négatifs placée sur une plate-forme à haute ten-
sion (V = 100 à 300 kV) constitue l’injecteur, qui est un petit accélé-
rateur en soi. Il y a, dans cette machine, moins de limitation en 6.2 Tube accélérateur
espace, donc en puissance électrique, pour l’alimentation des appa-
reils placés sur la plate-forme que dans le terminal d’une machine 6.2.1 Généralités
à simple étage.
Le faisceau, le plus souvent protons ou ions lourds, produit par Le tube est essentiel pour le fonctionnement de l’accélérateur. La
la source et faiblement accéléré, traverse un aimant d’analyse qui plupart du temps ce sont ses possibilités qui limitent celles de
agit en séparateur de masse. Les ions négatifs de charge e injectés l’ensemble.
dans le tube accélérateur arrivent au terminal HT en ayant acquis ■ Le faisceau de particules doit être focalisé, c’est-à-dire qu’on
une énergie eV. À cet endroit, on place un éplucheur (E1), feuille demande au tube de jouer un rôle de lentille ; un faisceau de parti-
mince de carbone ou cylindre avec une légère pression de gaz. Au cules, divergent à l’entrée de la machine, est amené à converger vers
cours de la traversée de l’éplucheur, les ions deviennent positifs. La un point image à la sortie.
valeur moyenne du nombre de charges dépend de l’énergie des ions
au terminal. ■ Le tube est surtout un isolateur sous vide placé dans le champ
Pratiquement, aux tensions usuelles, pour les ions lourds, le électrique entre le terminal à haute tension et la masse. Nous retrou-
nombre de charges moyen est situé entre 10 et 20. vons ainsi les problèmes d’isolation qui dominent dans tous les
composants d’un accélérateur. L’extérieur du tube se trouve dans le
gaz sous pression et ne présente pas de problèmes différents de ceux
déjà vus.

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Les tubes sont constitués d’anneaux isolants séparés par des élec- ■ Les microdécharges sont des décharges de courte durée (10–5
trodes métalliques, avec des techniques d’assemblage différentes à 10–2 s) qui disparaissent lorsque la densité des atomes dans l’élec-
selon les fabricants (figures 21 et 23). trode est diminuée par le sputtering (création d’ions à partir d’un
Si l’isolateur, verre ou céramique, demande beaucoup d’atten- matériau, suite à l’impact de particules à haute énergie) ou à la
tion, les problèmes d’isolation les plus importants se situent dans désorption-absorption durant la décharge. Ces effets sont observés
le vide [4] [37] [38] [39] [40] [45]. Dans les conditions habituelles de par les rayons X qu’ils génèrent ; on peut avoir une action sur eux par
vide, une avalanche par multiplication d’électrons est en principe un choix et un traitement appropriés du matériau des électrodes.
impossible et, cependant, des décharges sont observées. Elles ■ Un autre phénomène important est lié aux microparticules. On
doivent être dues à un processus qui crée de la matière ionisée admet, dans ce cas, que la décharge est consécutive à l’impact d’une
dans l’espace interélectrode. La connaissance approfondie de ce poussière accélérée sur une électrode du tube, qui peut donner lieu
processus est d’une grande aide pour améliorer les tenues en ten- à un dégagement d’énergie suffisant pour la fusion ou l’évaporation
sion des tubes. de la particule. Il faut que la densité d’énergie sur la surface d’impact
dépasse une valeur critique caractéristique du matériau de l’élec-
trode. On suppose également que la charge transportée est propor-
6.2.2 Phénomènes de décharges dans le vide tionnelle au champ. Dans ces conditions, on retrouve une règle
expérimentale qui dit que la tension de claquage est proportionnelle
Nous évoquons ici plusieurs types de phénomènes étudiés par les à la racine carrée de la distance entre électrodes ; c’est un argument
physiciens des décharges dans le vide [87] [90]. qui a conduit à la division du tube en éléments courts.
R. Hyder [25] [37] distingue, selon la taille des microparticules,
plusieurs régimes qui conduisent à ces claquages. La majorité des
microparticules a un diamètre inférieur à 10 µm.
■ L’émission de champ est encore un autre phénomène qui
conduit à des décharges dans le vide. Pour les valeurs usuelles du
champ dans les tubes, cette émission ne devrait pas apparaître si les
électrodes étaient parfaites, plates et propres. Ces phénomènes sont
cependant observés et sont attribués à des champs élevés à l’extré-
mité de micropointes, à des inégalités microscropiques à la surface
du métal, à des processus thermiques, par exemple des électrons qui
échauffent la surface d’électrodes à la suite des processus décrits
précédemment ou encore à des inclusions ou des contaminations qui
agissent en émetteurs d’électrons. Il existe aussi des émissions de
champ explosives, liées à des variations de tension très rapides,
phénomènes transitoires pouvant apparaître dans l’accélérateur.

6.2.3 Réalisations

■ Principe de construction
Les constructeurs de tubes ont tenu compte des différents pro-
cessus (§ 6.2.2) dans leurs réalisations. Une étude expérimentale
montre à cet égard la supériorité du titane (utilisé par NEC) par rap-
port à l’acier inoxydable (utilisé par HVEC).
Dans la pratique, lors de la mise sous tension, on effectue le condi-
tionnement. Il s’agit d’une montée en tension progressive jusqu’à
ce qu’une décharge dans le tube ait lieu. Souvent, on se rend compte
que, lors d’une nouvelle montée en tension, le seuil de claquage se
situe à un niveau plus élevé. Un fonctionnement sûr à la tension
limite nécessite un conditionnement qui peut durer de nombreuses
heures.
Les tubes, avec des électrodes droites, construits pour les pre-
mières générations d’accélérateurs, ont montré deux types de
limites :
— l’une est due à des décharges rapides totales dans le tube ;
— l’autre est celle qui amène des instabilités au-delà d’une
certaine tension.
On constate, aussi, que l’augmentation de la longueur d’un tube
ne permet pas de maintenir la même valeur du champ ; il s’agit de
l’effet de tension totale, c’est-à-dire que la tension que l’on peut
appliquer à un tube n’est pas proportionnelle à sa longueur.
Les instabilités sont initialisées par des courants dans le tube dont
l’origine correspond aux phénomènes décrits (§ 6.2.2). Par contre,
le développement de la décharge est dû à la production de photons
et de particules chargées secondaires dans le tube. Ces particules,
elles-mêmes accélérées, produisent d’autres électrons et d’autres
Figure 21 – Tube à champ incliné [HVEC] particules ionisées.
Nota : deux types de tubes sont fabriqués et utilisés aujourd’hui : le tube à champ incliné,
développé par la firme High Voltage Engineering Corp. (HVEC), et le tube droit, construit par
National Electrostatic Corp. (NEC).

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■ Tube à champ incliné Enfin, un tel accélérateur est équipé de pompes à vide, d’un sys-
Il est, même avec des variantes, très souvent utilisé dans les accélé- tème de transfert de gaz SF6 et, pour toute machine moderne, d’un
rateurs et, en particulier, pour le Vivitron. Son développement, décrit contrôle-commande informatisé [10] [18].
par R. Van de Graaff, se présente comme suit.
La solution proposée par HVEC (figure 21) consiste en une dispo-
sition en électrodes inclinées. Les électrons produits dans le tube
sont fortement déviés par la composante radiale du champ et ne
peuvent pas atteindre une énergie suffisante pour provoquer des
effets décrits (§ 6.2.2). Les ions accélérés sont par contre faiblement
déviés. En inversant de part en part l’inclinaison des électrodes, on
arrive à maintenir le faisceau d’ions dans la direction axiale.
L’introduction de la technique des électrodes inclinées en même
temps que le passage des électrodes en aluminium vers les élec-
trodes en acier inoxydable a permis d’augmenter considérablement
(40 %) les performances des accélérateurs. Par exemple, une tension
de 17 MV a été atteinte dans un tandem MP avec 4 sections de tubes
(4,25 MV par section). Le champ moyen dans le tube est de
1,7 MV/m ; on a éliminé l’effet de tension totale, le temps de condi-
tionnement est réduit, la tension appliquée peut être augmentée [5]
et les rayons X ont considérablement diminué d’intensité.
La figure 22 montre le flux de rayons X observés à l’extérieur du
tube accélérateur dans les cas d’un tube droit et d’un tube à champ
incliné.

Les éléments isolants du tube ont une épaisseur de 25 mm.


L’ensemble verre-métal (acier inoxydable) est collé pour former
des assemblages pouvant atteindre 2,5 m. Le vide pour les tubes
est de 10–7 à 10–9 mbar.

■ Tube à champ droit


Le tube NEC (figure 23), développé par R. Herb, est utilisé dans
les machines NEC et a été également construit dans le laboratoire
même, pour la machine britannique de Daresbury. Il est assez dif-
férent dans sa conception du tube HVEC.
On a tenu compte, ici, de toutes les connaissances acquises sur
les décharges dans le vide et sur les matériaux à utiliser. Pour ce
tube, le pas entre deux électrodes successives est de 0,012 m. Trois
sections séparées par des éléments de découplage (sections
mortes) sont conçues pour 1 MV. Il n’y a pas d’électrodes inclinées.
Aucun produit organique ne se trouve dans cette construction et
les tubes peuvent être étuvés.
L’effet de tension totale est diminué par la conception géomé-
trique, représentée schématiquement sur la figure 24 [33] [34].
Nota : les éléments isolants du tube ont une épaisseur de 12,5 mm. Le métal est du
titane, l’isolant une céramique et l’assemblage est soudé. Les éléments de tube ont une
longueur de 0,50 m. Le vide dans les tubes est de 10–8 à 10–9 mbar [4] [37] [38] [39] [40] [45].

6.3 Dispositifs complémentaires


des accélérateurs électrostatiques Figure 22 – Spectre de rayons X observé auprès du terminal
à haute tension

Un accélérateur ne devient opérationnel que s’il est équipé, en plus


des systèmes décrits, de dispositifs complémentaires que nous ne
décrirons pas ici. Ainsi, il y aura une source d’ions positifs pour les
machines à simple étage, d’ions négatifs pour les tandems. Ceux-ci
seront munis d’éplucheurs à feuilles de carbone ou à gaz. Il faut une
régulation pour la haute tension.
Généralement, on se sert de l’aimant d’analyse à la sortie et on
mesure l’énergie des ions accélérés. On agit en contrôlant une fuite
de courant entre le terminal à haute tension et la masse du réser-
voir, fuite obtenue par une pointe à effet couronne.
À travers un ensemble de lentilles et de prismes magnétiques, le
faisceau de particules bombarde une cible autour de laquelle on
dispose les détecteurs qui analysent les produits de réaction.
Figure 23 – Tube à champ droit [NEC]

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7.2 Le Vivitron
Le Vivitron (figure 25), construit au Centre de Recherches
nucléaires de Strasbourg et conçu par M. Letournel, est un accélé-
rateur tandem Van de Graaff de 35 MV. Nous avons montré, tout au
long de cet article et, plus spécialement, paragraphe 4, les idées nou-
velles apportées dans sa conception.
Si le tube accélérateur est du type classique à champ incliné (§ 6.2),
par contre, la philosophie et les règles de construction sont nouvelles
et différentes de celles utilisées dans les réalisations précédentes.
Le Vivitron est une machine à électrodes discrètes, décrite dans son
principe paragraphe 4.5.
L’un des principes nouveaux utilisés pour la conception du Vivitron
est lié à la volonté de réduire le champ électrique moyen à des
valeurs modestes en tout point de la machine. On accepte des
champs localement plus élevés, là où des décharges peuvent être
tolérées, et on a des champs plus faibles, là où les parties sensibles
doivent être protégées.
Ces principes conduisent aux électrodes discrètes, à l’utilisation
d’isolateurs non divisés et à un grand soin dans la réalisation. Le
problème général de géométrie est pris en compte ainsi que cela
a été exposé (figures 8 et 9, § 4.5). Sur les électrodes discrètes, les
champs sont très homogènes, l’excursion maximale de champ étant
de 1,4.
Sachant que l’énergie électrostatique emmagasinée dans l’espace
est proportionnelle au carré du champ, on voit que l’utilisation des
électrodes discrètes amène une répartition très homogène de cette
énergie, dont 99 % se trouve en dehors de la colonne, où sont placés
les éléments sensibles.
Le réservoir (figure 25a ) de forme biconique a 51 m de long et
8,44 m de diamètre au milieu. De chaque côté de l’électrode ter-
minale (diamètre 1,4 m), il y a 14 sections de tube (7 tubes de 2,54 m
Figure 24 – Géométrie d’un tube à champ droit et 2 de demi-longueur). La colonne est assemblée en une structure
utilisant des planches isolantes en époxyde-fibre de verre, qui sup-
porte le tube, les chaînes de résistances et les électrodes colonnes.
Celles-ci, au nombre de 48 de chaque côté du terminal à haute ten-
7. Réalisation sion, fonctionnent comme des éclateurs. Cette colonne est supportée
par le réservoir à travers des plots isolants en époxyde. Ceux-ci, en
des accélérateurs même temps que les électrodes discrètes, constituent la structure
mécanique de la machine ; ces électrodes discrètes sont assemblées
électrostatiques par 7 en 7 portiques connectés à la colonne. Les isolateurs radiaux,
les plots, sont installés entre les électrodes discrètes comme décrit
au paragraphe 4.5.
7.1 Familles d’accélérateurs
Le système de charge est une courroie qui traverse la machine
Nous avons décrit les éléments constitutifs des accélérateurs élec- d’un bout à l’autre (§ 5.1). Elle tourne à la vitesse de 10 m/s ; les
trostatiques. Pour leur emploi, on peut les classer en trois catégories. 4 brins peuvent être chargés (figure 13b ).
Un injecteur, accélérateur de 300 kV de tension maximale, équipé
■ Machines de faible énergie (avec une tension inférieure à de plusieurs sources d’ions négatifs et d’un analyseur magnétique,
500 kV) : ces machines pour injecteurs, irradiateurs et implanteurs, est associé à l’accélérateur. Dans ces conditions, on pourra atteindre
dont le tube est souvent placé dans l’air, sont alimentées par des une énergie de 15 à 20 MeV/nucléon pour les ions les plus légers
générateurs à haute tension séparés. Elles sont parfois conçues pour et 5 à 6 MeV/nucléon pour les plus lourds, avec des intensités de
des intensités de courant élevées (1 000 µA) et utilisent alors des 1010 à 1012 particules par seconde.
techniques du type redresseur-condensateur.
Au cours des essais préalables à la première mise en service pour
■ Machines de moyenne énergie (avec une tension comprise les physiciens, on a obtenu un faisceau stable (28Si de 25 nA par
entre 500 kV et 5 MV) : elles sont souvent du type Van de Graaff et particule, soit 150 · 109 particules par seconde) à 145 MeV. Des tra-
sont fabriquées actuellement par plusieurs firmes (HVEC, NEC). Ce vaux sont en cours pour amener progressivement la tension jusqu’à
sont toujours des machines avec des réservoirs sous pression. Leur sa valeur ultime [27] [28] [29] [30] [31].
technologie, qui intègre les éléments exposés dans les paragraphes
précédents, ne pose aucun problème particulier. La modestie de
l’énergie emmagasinée, la tension relativement faible, les marges
de dimension suffisantes, en font des machines très fiables et utili-
7.3 Autres accélérateurs
sées dans de nombreuses applications.
Le tableau A (Annexe, [Doc. D 3 711]) indique quelques-unes des
■ Machines de grande énergie (avec une tension comprise entre réalisations majeures de ces dernières années [25].
5 et 35 MV) : ce sont presque toujours des tandems, machines deve-
loppées principalement pour la recherche fondamentale. Dans cet ■ Les accélérateurs tandem MP du type Empereur de HVEC
article, nous nous sommes attachés à décrire plus particulièrement (figure 26), construits en 13 exemplaires, représentent une réussite
les problèmes qui concernent leur construction. exemplaire dans le domaine des accélérateurs électrostatiques.
Conçus initialement pour 10 MV, ils ont atteint, après quelques modi-
Nous décrivons ici le Vivitron et les machines construites et uti- fications, des tensions de 17 MV.
lisées au cours des vingt dernières années.

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Figure 25 – Vivitron

composée d’éléments fabriqués à partir de pavés de verre et de


plaques de métal collés. Ces machines, dont la première fut installée
à l’université de Yale en 1966, ont intégré la plupart des connais-
sances acquises à cette date. Le Vivitron est construit à partir du tra-
vail effectué auprès de ce type de machine [11] [18] [19] [20] [24].
■ Les machines du type 14 UD de NEC atteignent 14 MV, dans
cette version. Ce sont des machines verticales, équipées de chaînes
Pelletron et de tubes à champ droit [21].
■ Une autre machine de NEC est celle construite à Oak Ridge aux
États-Unis (Holifield Heavy lon Research Facility ), pour 25 MV. Il
s’agit d’une construction originale. C’est une machine verticale du
type tandem replié [23], c’est-à-dire que la haute tension est du type
à un seul étage.
Deux tubes sont placés dans la colonne. Le faisceau est injecté
à partir d’un système situé à la base. Dans le terminal, le faisceau
est dévié par un analyseur magnétique et épluché avant d’être injecté
dans le deuxième tube.
Le bâtiment qui abrite le réservoir a 14 m de diamètre et 47 m de
Figure 26 – Accélérateur tandem MP Empereur hauteur. Cette machine utilise des tubes droits et deux chaînes de
Pelletrons. Le diamètre du réservoir est de 10 m et le diamètre de
Ces machines ont été équipées dès l’origine avec des tubes à la colonne de 3,35 m. La hauteur de la colonne (sans terminal) est
champ incliné. Le réservoir des MP avait une longueur de 22,6 m de 18,9 m. Cette machine, toujours en service, a été inaugurée en
et un diamètre de 4,6 m. La structure de la colonne horizontale était 1979 (figure 27) [11] à [18].
d’un type nouveau pour l’époque, en forme de poutre de pont

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Figure 27 – Accélérateur tandem replié


[Oak Ridge, États-Unis]

■ Une autre machine importante est celle du laboratoire de en 1973. C’est une machine tandem verticale munie d’un écran inter-
Daresbury en Grande-Bretagne. Elle a été entièrement conçue et médiaire, solution qui permet de diminuer le champ à l’électrode
construite par ce laboratoire, qui s’est investi de façon importante terminale.
dans la recherche de concepts appropriés pour une machine de Le réservoir a 45 m de hauteur et 8,2 m de diamètre. Mise en
30 MV. C’est une machine verticale qui emploie un Laddertron, service en 1982, cette machine a été arrêtée en 1993 (figure 28) [11]
variante des Pelletrons (§ 5.2). Le tube utilise les principes que R. à [18] [22] [26], suite à des décisions gouvernementales liées à des
Herb appliquait aux productions de NEC. Les études ont commencé difficultés budgétaires.

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Figure 28 – Accélérateur tandem


[Daresbury, Grande-Bretagne]

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8. Applications des D’une façon générale, ces méthodes sont de mise en œuvre très
simple. Les utilisations industrielles sont nombreuses. En dehors de
accélérateurs électrostatiques la grande finesse dans l’identification des composantes de l’échan-
tillon étudié, en jouant avec l’énergie, la nature des ions, l’analyse
peut être en surface ou en profondeur (de 50 µm à 1 cm). On peut
effectuer des mesures d’épaisseur et d’homogénéité de couches
■ Ces appareils ont été développés, en premier lieu, pour la
minces, étudier la corrosion en surface ou en épaisseur, déterminer,
recherche nucléaire fondamentale et ont conduit à une connaissance
en cours de fonctionnement, l’usure de pièces mécaniques, etc.
très approfondie de la structure et de la dynamique du noyau de
l’atome. Les grandes machines ont essentiellement cette vocation et ■ Des machines à tensions encore plus faibles (quelques centaines
sont particulièrement adaptées à cette étude en raison de leurs qua- de kilovolts) servent dans l’industrie des semiconducteurs. On peut
lités de faisceau. Pratiquement, tous les éléments du système pério- ainsi, par exemple, injecter dans la matrice de silicium des impurétés
dique peuvent être accélérés. dans des conditions bien déterminées d’homogénéité et de quantité.
La stabilité en énergie peut atteindre couramment 1/10 000, avec Des recherches, dans ce domaine, sont en cours avec des injecteurs
des faisceaux ayant une émittance, une dispersion angulaire et une de quelques mégavolts, pour des applications futures.
dispersion spatiale très faibles. Ils constituent ainsi une sonde idéale
■ Les domaines d’application, que l’on vient d’évoquer utilisent des
par la finesse et la précision des mesures expérimentales possibles.
faisceaux d’ions lourds ou de protons. Mais, les accélérateurs élec-
Ces appareils ont été équipés de nombreux dispositifs accessoires
trostatiques servent également à produire des faisceaux d’électrons.
– non décrits ici – pour améliorer leur utlisation.
Il s’agit alors toujours de machines à simple étage de moins de 5 MV,
■ À des tensions plus faibles (quelques mégavolts), dans les munies de tubes droits. Ces appareils constituent le domaine des
versions tandem ou à simple étage, il y a de très nombreux domaines irradiateurs. Le faisceau d’électrons peut irradier directement un pro-
d’applications. duit ou encore, arrêtés par une cible, produire des rayons X.
D’abord, ces machines sont très prisées en physique fondamen- ● On les utilise pour la stérilisation de produits ou pour la chimie
tale, dans le domaine de la physique nucléaire ou celui de la physique sous irradiation. Les intensités de courant demandées sont élevées
des matériaux. (quelques milliampères) et nécessitent des systèmes de charge qui
tiennent compte de ce fait.
Ensuite, les procédés développés par les chercheurs en science
● Enfin, ce type de machine est utilisé pour la production de rayons
fondamentale sont utilisés pour la caractérisation non destructive
des matériaux. En effet, les interactions entre particules accélérées X pénétrants pour la radiographie de pièces métalliques de grande
et la matière bombardée ont une grande spécificité, où interviennent épaisseur.
la nature du projectile, son énergie, les distributions angulaires, etc. ■ N’oublions pas l’utilisation de rayonnements ionisants produits
On observe les produits de réaction ou les rayonnements gamma par des accélérateurs électrostatiques pour des applications médi-
qui suivent ces interactions. cales. Celles-ci se divisent en deux parties, la radiothérapie et la pro-
Le tableau B (Annexe, [Doc. D 3 711]) donne une indication des duction d’isotopes à vie courte pour les diagnostics [80] [81] [82] [83].
possibilités offertes. Retenons-en le procédé PIXE (rayons X induits
par protons) ou encore les procédés basés sur les réactions
nucléaires (NRA et TLA), qui permettent de déceler des impuretés
de l’ordre d’une partie par million.
Exemple : Le musée du Louvre, par exemple, a acquis un accéléra-
teur tandem de 2 MV (AGLAE, Accélérateur Grand Louvre d’Analyse
Élémentaire ) qui s’ajoute aux autres équipements d’étude du musée.
Ses analyses donnent des renseignements précieux sur les œuvres
d’art ou les objets archéologiques. On peut déterminer l’âge, ou encore
trouver des indications sur les procédés de fabrication.

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P
O
U
Machines électrostatiques R

E
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P
O
Annexe U
(0)

Tableau A – Accélérateurs électrostatiques


R
PÉRIODE DES PIONNIERS

E. Rutherford : première réaction nucléaire


J.D. Cockcroft et E.T.S. Walton : première réaction
1919 G. Breit : premier accélérateur complet
Department of terrestrial magnetism de l’Institution
0,8 MV

1,2 MV
1931

1932-1933
E
nucléaire avec un accélérateur 0,5 MV et 1,2 MV7 Li Carnegie à Washington (États-Unis)
(p, α) 4 He 1932 R.J. Van de Graaff : accélérateur avec tube au
Massachusetts Institute of Technology (MIT) (États- 2,75 MV 1937
N
Unis)
R.J. Van de Graaff : premier générateur à courroie 1929 R. Herb : premier générateur à courroie dans une 1 MV 1932
enceinte sous pression au Wisconsin (États-Unis) 2,4 MV 1935
premier brevet déposé 1931 4,5 MV
S
DÉVELOPPEMENT DES ACCÉLÉRATEURS ÉLECTROSTATIQUES APRÈS 1940
Famille des tandems EN de HVEC
A
R.J. Van de Graaff et J.G. Trump : machine sous
pression (MIT), reproduite à plusieurs exemplaires
(dont un à Chalk River, Canada)
4 MV 30 exemplaires
dont Saclay
6 MV 1958-1973

1962
V
Création de la société High Voltage Engineering Famille des tandems FN de HVEC
9 MV 1963-1969
O
Corporation (HVEC) (États-Unis) 1947 17 exemplaires
dont transformation EN-CN à Saclay 1969 I
Accélérateur Van de Graaff de tension nominale
12 MV [au MIT et à Los Alamos (États-Unis) ] : ten-
sion de travail
8-9 MV 1948-1952 Famille des MP de type Empereur de HVEC [13 exem-
plaires (dont Orsay et Strasbourg)] Le MP de Yale
University à Newhaven (Connecticut ; États-Unis) est 14 à 17 MV 1965-1973
R
Saclay, Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) 4 MV 1952 modifié pour atteindre 20 MV
(France)
Famille des CN de HVEC : Autres tandems
26 exemplaires
dont Strasbourg
6 MV 1951-1966

1959
Harwell (Grande-Bretagne)
Oxford (G.B.), tandem replié
5 MV
9 à 10 MV
1956
1979
P
EGP 10 (Russie) 5 MV 1965-1968 L
Universités de Tokyo, de Kyoto et de Kyushu 1965

Machines tandems National Electrostatic Corporation


(Japon)
SUPER-TANDEMS
U
(NEC) (États-Unis)
Sao Paulo (Brésil) 8 UD 8,6 MV 1971
Daresbury
Oak Ridge (États-Unis)
20 MV
22 MV
1983
1981
S
Canberra (Australie) 14 UD 12 à 14 MV 1972 Strasbourg (Vivitron) 35 MV 1994
Rehovot (Israël) 14 UD 12 à 14 MV 1977
Tsukuba (Japon) 12 UD 12 MV 1976
Tokai (Japon) 20 UR 16 MV 1981
Buenos Aires (Argentine) 20 UD 15 MV 1984
Bombay (Inde) 14 MV 1988
New Delhi (Inde) 15 MV 1992

(0)

Tableau B – Techniques utilisant des accélérateurs électrostatiques


➀ Régime atomique [50 à 500 keV] ➂ Régime coulombien
implantation d’ions diffusion élastique (EBS)
spectrométrie de masse d’ions secondaires (Elastic Back Scattering )
(Secondary Ion Mass Spectrometry ) (SIMS)
détection et analyse des noyaux de recul (ERDA)
(Elastic Recoil Detection and Analysis )
➁ Régime électronique ➃ Interaction nucléaire
énergie par nucléon > 0,5 MeV/nucléon (PIXE) analyse par réaction nucléaire (NRA)
(ou 0,5 MeV/A) émission de rayons X (Nuclear Reaction Analysis )
induits par proton activation en couche mince (TLA)
(Proton Induced X ray Emission ) (Thin Layer Activation )

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