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Nihil prosunt :

La Généalogie des Princes de Savoye, du latin de Julian Taboet, traduit en français par P.T.A.
(Pierre Tredehan), 1560.
Gabriel Ayala, Carmen pro vera medicina ad reverendissimum ac illustrissimum cardinalem
Granuellanum. Ad eundem de lue pestilenti elegiarum liber unus, Anvers : Guillaume Sylvius,
1562. Rien.
« Droit et éthique de la guerre dans Gargantua », in Bénédicte Boudou et Bruno Méniel, dir.,
Éthique et droit du Moyen Âge au siècle des Lumières, Paris, Classiques Garnier (Coll. «
Esprit des Lois, Esprit des Lettres »), 2012, p. 127-146. Rien.
De morte clarissimi..., Franciscus Merula, Paris : Gulielmus Tibutius (Guillaume Thibout),
1553. Rien d'artillerie.
Jacob Marchant, « Neoportuanus », De rebus gestis a Flandriae Comitibus, Elegiarum liber
unus. Eiusdem Phaleucii. Louvain : Antoine Marie Bergaingne, 1557. C’est l’éloge respectif
de chaque comte des Flandres. Se termine sur un éloge paradoxal de l’hiver, comme saison de
l’étude. Sinon Rien.
Pierre de la Primaudaye, Quatrains du vray heur, 1586
François Bonade, Ad Augustissimam pacis dominam Leonoram Franciae reginam… rien.
Art et humanisme à Florence au temps de Laurent le Magnifique, Paris : P.U.F., 1959
Béranger de la Tour, Le Siecle d’or, Lyon, 1551 Il y a plus loin un « Blason du miroir », un
tout petit peu technique, rien de ouf, et une énigme.
Pontaymeri, Hymne de La Rochelle. Court et inintéressant pour moi.
L’Imaginaire du changement en France au XVIe siècle
Nicolai Barptholemaei Lochiensis Epigrammata. Momiae. Et dyllia (sic). Relié avec un
certain Neapolitani. Il faudra utiliser les notes pour dire quand le travail mécanique est absent
du poème, par exemple chez Nicolas Bartholomey qui est pourtant si peu soucieux de la
dignité de ses destinataires qu'il echaîne un « ad correum » (à mon coaccusé) avec un
épigramme à un cardinal.
Jean Du Bellay, Epigrammata, éd. Geneviève Demerson. C’est à la suite de Salmon
Macrin, trois livres des Odes, 1546. Rien.
A. de Pontaymeri, Discours d'estat sur la blessure du Roy. Il y a des vers mais surtout prose.
Guillaume de Salluste Du Bartas, La Sepmaine ou Creation du monde, éd. Victor Bol, Actes
Sud, 1988
La Variatio. L'aventure d'un principe d'écriture, de l'Antiquité au XXIe siècle, dir. Hélène Vial,
Paris : Classiques Garnier, 2014. Rien.
La Muse et le Compas : poétiques à l’aube de l’âge moderne, anthologie sous la dir. de Jean-
Charles Monferran, Paris : Classiques Garnier, 2015.
Le Tombeau de reverend pere et venerable docteur fr. Jaques Hugonis religieux de l'ordre de
Sainct François, Predicateur ordinaire du Roy. Paris : Nicolas Roffet [sur le pont Sainct
Michel, à la Rose blanche], 1574. Rien.
Dans l’énorme tome de Christine Pigné, De la fantaisie chez Ronsard, malgré que La Lyre est
cité plein de fois, RIEN sur l’allégorie de la naissance d’Athéna !...
Le Tombeau de hault et puissant seigneur Jean Lois de la Rochefoucault, comte de Randan,
Nicolas Le Digne, 1600 [réimpression de 1844] Rien de technique
Turnèbe, contre Joachim du Bellay
« Éthique de l’épopée romanesque en France (fin XVIe-début XVIIe siècle) », Cahiers de
l’Association Internationale des Études françaises, n° 65 (mai 2013), p. 277-296. Rien.
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8702509c/f18.image Oracle de Godard. Rien.
Sapphicae Petri Busseroni, Lyon : Jacob Huguetan, 1538. Aucun intérêt ; vers pieux.
Hugonis Ambertani Colungiani Silvae, Paris : Gormontium, 1516. Rien. L'horreur. S'il est fait
mention de l'art de Vulcain, c'est dans une liste topique.
Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, janvier 1949, 305- « Un rarissime ouvrage de
Pierre Enoc de la Meschinière poète Genevois ».
Valerand de la Varanne, poète inutile à mon propos.
Rien dans les Hymnes de Salmon Macrin
J. Mathorez, Le Poète Olényx du Mont-Sacré, bibliothécaire du duc de Mercoeur (1561-
1610), Paris : Librairie Henri Leclerc, 1912.
J. Mathorez, Julien Guesdon, poète angevin et ligueur breton, Paris : Librairie Henri Leclerc,
1913
Filleul, La Couronne, A Henry le victorieux, Roy de Pologne, Paris : Gabriel Buon, 1573.
Acta Conventus Neo-latini Turonensis, 1976, éd. 1980, éd. Jean-Claude Margolin. Rien.
Acta Conventus Neo-latini Sanctandreani, 1986, éd. I. D. McFarlane. Rien.
Acta Conventus Neo-Latini Cantabrigiensis, éd. Rhoda Schnur, Tempe, Arizona : Arizona
Center for Medieval and Renaissance Studies, 2003. Rien.
Absolument rien alors que c'est un éloge mythologisant.
Carmina de Louis des Masures
Henri Estienne, « Le I. livre des proverbes épigrammatizez, ou des épigrammes
proverbializez », http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70514g
Il y a cette prose burlesque, La requeste des femmes presentée à Vulcan, Prince des forgerons.
Contre l'operateur cephalique dit Lustucru, Éditeur : [S. l, 16..?]. C’est du XVIIe.
Hymnes de Jean Salmon Macrin. Rien.
Pierre Énoc, Opuscules poétiques. Rien, ce qui est assez surprenant...
Hubert Sussanneau, Ludorum libri, nunc recens conditi atque aediti
Circulation des matériaux et des objets dans les sociétés anciennes, Ph. Dillmann. C’est de
l’archéométrie, on n’en tirera rien.
Pierre Le Chevalier, La Parthénie, uniquement sur le repas.
Nicolas Rapin. Rien.
Philibert Guide. Le livre de 2013 est une comparaison des éditions, il n'en est pas auteur !...
Triumphales Odae, 1558, Dorat, Google Books. Rien.
Les Forges du pays de Châteaubriand, càd du Maine-et-Loire. Il n’y a pas de forge avant le
XVIIe.
Hymni aliquot et carmina Jacobi Meyeri Baliolani, Louvain, Rutger [Rescif], 1537. Pieux.
Rien.
Alain Cuillère, Les écrivains et le pouvoir en Lorraine au XVIe siècle. Rien pour moi.
Hierosme de La Pra, Hymne à la louange du Duc de Guyse. Rien du tout.
Hiérosme d'Avost, Poésies. Adressés à des nobles de la Cour.
Rimes de Christophe Plantin. Rien. Et c’est un typographe !
Jehan Mallard, La Muse cosmopolitique. Pas seulement des vers, très court, et pieux.
La Perrière, Morosophie. C’est un livre d’emblèmes qui n’est pas répertorié par le site de
Glasgow ! Mais rien sur ce qui nous concerne…
Louis de la Bellaudière, Rimes provensalles. Rien.
Le retour de la paix en Erance (sic), 1544. Devise : « Plus que moins. » (qui est-ce?) Rien, très
angélique.
Pierre Sorel, Plaincte sur la mort d’Anne de Montmorency
Nicolaus Horius, Poemata, slnd. Rien sur des centaines de pages.
Jacques du Perron, Stances sur la victoire du Roy. Rien.
Panagius Salius, Varia poemata, 1589.Rien.
Margarit Pageau, Les premières œuvres poétiques, essentiellement des tragédies
Jean Desplanches, Les Oeuvres poetiques
Guillaume Michel, Le Siècle doré, pieux, s’adresse surtout aux clercs. Mais, 1521 !!... On
dirait 1490.
Ça y est, j’ai écumé les Camenae et les Camnulae.
Jacques d'Adonville, La Deffaicte des faux monnoyeurs. Très très court, rien.
Les Œuvres du seigneur de La Bergerie [Gilles Durant], Paris : L’Angelier, 1594. Rien sur
500 pages lyriques.
S.n., Himne de la guerre et de la paix, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k703127, rien.
Guy Coquille, Poemata, Gallica intra muros. Rien de rien.
Jehan Grisel, Les premières œuvres poétiques. Les « Vœux aux dieux antiques » écrivent un
poème par dieu… mais Vulcain en est absent, même en 1599 !
Jean-Jacques Boissart, Emblemata
François Girault, Le Moyen de soy enrichir, court et théorique.
Jean Robelin, Poemata, rien de rien. C’est un hellénisant ; en général quand il y a du grec il
n’y a pas d’arts du feu.
Ligier du Chesne, La Forest Paraenetique, càd une admonestation, à Charles IX. Mais rien
sur la forge.
Rien dans Claude d’Espence, Urbanarum meditationum in hoc sacro & civili bello elegiae
duae . Eucharistia. Parasceve. Aenigma
Faustus, De moralibus et intellectualibus…
Le Poète au miroir de ses vers. Etudes sur la représentation du poète dans ses œuvres, éd.
Hélène Casanova-Robin et Alain Billault, 2013. Rien sur les artisans.
François de Lisle, Papillae. Non : ce mot désigne les tétons.
Alain Chartier Livre de l’Espérance
Passionnant mais pas pour moi : Marie de Romieux, Les premières œuvres poétiques
Marc Antoine Flaminius, poète néo-latin religieux.
Corrosion and conservation of cultural heritage metallic artefacts
Conversation entre les Muses, dir Lise Sabourin. Rien.
Œuvres poetiques de Guillaume Alexis, Gallica intra muros.
Blasons domestiques de Corrozet, 1539
Guillaume Belliard
N. Rapin, Ode mezurée. Rien.
Les odes pénitentes / du moins que rien (par Nicolle Bergedé, de Vézelay) 1550
Nicolaï Horii Remensis praefecti auxiliaris Poemata noua. In laudem nostrae sanctae fidei
catholicae edita in septem partita libellos..., Nicolaus Horius, Sacon, Jacques Sacon, 1507.
Rien.
Julien Pié, Epigrammatica nec non Moralia opuscula. Rien. En fait le savoir technique et la
poésie néo-latine c'est une rencontre ratée : quand Agricola latinise le savoir technique, la
poésie néo-latine est déjà à la traîne...
Pierre de Laval, Rimes. C’est de la poésie amoureuse, avec même une ode à Binet, le mécène
de Ronsard, cité explicitement. Alors pourquoi il n’y a rien ???
Les Foresteries, de Vauquelin de la Fresnaie, éd. Marc Bensimon, Droz 1956. Rien !!
Jacopo Sannazaro, Gryphius, Heitlerus, Bubani, apud Seb. Gryphium, 1536. Rien.
Emblemes sur les actions perfections et mœurs du segnor espagnol, 1608. Rien.
Etienne Forcadel, Polonia, prose.
La Harangue de la déesse Astrée… avec dix sonnets héroïques…, François Habert de Berry,
Paris : Guillaume Thibout et Estienne Denise, 1556.
La Vie, faictz, passion, mort, resurrection, et ascension de nostre Seigneur…, Michel
Foucqué, Paris : Jehan Bien né, 1574.
Sonnets héroïques sur le mariage de monseigneur Charles, François Habert, Paris : L’Homme,
1559.
Les Pescheries de Christophle de Gamon, divisée en deux parties où sont contenus... les
plaisirs inconnus de la mer et de l'eau douce [Texte imprimé] Lyon : T. Ancelin, 1599. Ce
n’est pas un traité d’halieutique mais des pièces bucoliques marines. « Halieulogues ». Rien.
Le fameux Recueil des inscriptions par Jodelle en 1558. Rien.
La Forest paraenetique ou admonitoire, de Ligier du Chesne, trad. Claude de Pontoux, Lyon :
Melchior Arnollet, 1569.
Rymes de Pernette du Guillet
Fernand de Bez, Les épistres héroïques amoureuses aux muses, 1579
Brief discours sur les troubles…, Jean Le Masle, Angevin, Lyon : Benoist Rigaud, 1573.
Le Philopolème, ou exhortation à la guerre… Lyon : Melchior Arnoullet, 1569.
Le citadin de Geneve. Ou Response au Cavalier de Savoye, Paris : Pierre Le Bret, 1606. Rien
Les Amoureuses Occupations de Guillaume de la Tayssonière, Lyon : Guillaume Rouille,
1555. J’aime sa devise : « Rien sans zèle ».
Rien à tirer de la traduction par N. Renouard des Métamorphoses d’Ovide, début-XVIIe.
Ovide, Sus la complainte du noier , traduite en françois, par R. Le Blanc, 1554. Rien.
Ovide, Le procès d'Ajax et d'Ulisses pour les armes d'Achilles, contenu au treziesme livre de
la Métamorphose ... Prémisse la description desdictes armes, translatée du grec Homère en
françois. Et à la fin du Procès, aulcunes élégantes épistres par ledict M. J. Colin, 1547. Rien.
Un peu déçu : rien dans l’Enchiridion cosmographiae de Johannes Honterus, de 1602.
Sans surprise, rien dans les Poemata varia de Jacobus Lectius, 1609. Poésie religieuse.
Rien dans Claude d’Espence, Urbanarum meditationum in hoc sacro & civili bello elegiae
duae . Eucharistia. Parasceve. Aenigma
Rien dans Ollenix du Mont-Sacré ni dans Pierre Motin. Les Poésies de Germain Colin
Bucher : Rien.
Rien dans la Poésie d'Estienne Forcadel 1551.
Discours de la tres-noble tres-illustre et tres-ancienne maison de Lorraine. Bruand. 1591 rien
Poeme heroique de saincte Magdeleine, Jean Balin, 1607.
Le premier livre de l'Amedeide, par A.D.A.D.H. 1586
Filleul, La Couronne, A Henry le victorieux, Roy de Pologne, Paris : Gabriel Buon, 1573.
Rien dans Le mirouer des pécheurs et pécherresses , par Jean de Castel, 1505.
Rien dans Les hymnes de Synèse ,... traduits de grec en françois par Jacques de Courtin de
Cissé, 1581
Rien dans Les plaisirs du gentilhomme champestre , augmenté de quelques nouveaux poèmes
et épigrammes, par Nicolas Rapin, 1583
« Œuvres poétiques sur la main », Estienne Pasquier, 1584 : rien sur la main laborieuse, mais
la main y est fréquemment une métonymie de l’œuvre, de l’esprit (mens) et de l’âme, en
rivalité avec le visage.
L’Épique : fins et confins. Mythologies de l’Etna, dir. Dominique Bertrand.
Science, Medicine and Society in the Renaissance. Essays to honor Walter Pagel, ed. Allen G.
Debus, New-York : Science History Publications, 1972, t. 1 et 2 : beaucoup de choses sur
l’histoire de l’alchimie mais rien sur la poésie.
Technology and culture : une vieille revue américaine inutilisable.
Early Metal Mining and Production, Paul T. Craddock

Chronologie :
1489 Hymni Marulle “doctrine orphique”
1495 De Aetna de Bembo
1503 Officina Ravisius Textor
1509 Les Eneydes Saint-Gelais
1515 Chrysopoeia; Polydore Virgile De Inventoribus rerum, poèmes latins avec;
1516 Complainte de la nature à l’alchimiste errant Perréal
1527 Vida, De Arte poetica
1529 La rouge myne de H. Gross
1530 Dictionnarium poeticum d’Hermannus Torrentius
Ferraria
1530-1550 apogée de la mine
1536 Mort de Jean Second
1540 Hécatomgraphie de Gilles Corrozet ; Pirotecnia Biringuccio
1541 Pandora Olivier ; mort Paracelse
1543 Horapollo Vulcain=devin
1544 Délie ; trad. De L’Arcadie de Sannazar
1546 Pyrotechnie trad Vincent ; Ion trad Le Blanc
1548 Chrysopée Habert
Art poetique françois de Sebillet
1549 Du Bellay Musaeognomachie Ignorance=forgeron
1550 « refondu dedans la propre forge Françoyse » Ronsard
1551 Mythologies à Venise Natale Conti
1555 Fracastor Naugerius universalité du poète ; Art poetique Peletier
1556 De re metallica
1558 « Exhortation pour la paix » Ronsard
1560 Trois traitez Gohory volonté pratique ; Oeuvres de Ronsard ; L’Eneide des Masures
1561 Poetices Scaliger
1562 Microcosme de Scève
1565 Theatrum humanae vitae Zwinger, portée éthique ; Abbregé Ronsard
1571 Emblemes ou Devises chrestiennes Georgette de Montenay ; chanter en travaillant chez
De Brach Amours d’Aymée
1572 orfevrerie = art libéral
1574 La Taille Geomance influence feu caractère ; Scaliger poèmes latins
1575 Oeuvres de Jamyn
1578 Guy Le Fevre de la Boderie, La Galliade
La Sepmaine
1580 Palissy Discours admirables
1582 Guy Le Fevre de la Boderie, Diverses Meslanges Poetiques ; Du Monin, Nouvelles
oeuvres
1584 Seconde Sepmaine ; « Discours du verre » de Ronsard
1587 Grand miroir du monde de Joseph du Chesne
1588 Palinodie Du Gault
1591 réédition de Vincent de Beauvais
1593 Paul Perrot de la Salle, Le contr’empire des sciences, et le mystere des asnes
Sébastien Garnier, Les Huict derniers livres de la Henriade
1596 La Dernière Semaine
1597 Alchemia Andreas Libavius
1600 « Discours de l’Astronomie inférieure » Gamon
1602 Lydiade
1603 La Franciade de Pierre de Laudun accident de forge
1605 Bacon Du progrès refuse réduction en art, tjs prématurée
1606 Grand Tombeau du monde « brûlé forgeron », art quitte la terre
1609 Semaine Christofle de Gamon ; Conqueste des Enfers
1617 Atalanta fugiens
Pour s’entraîner à la paléo : L, 944.030 2 BARBe
[Il y a une « forge de Vulcain » dans la salle de Bal du château de Fontainebleau !! IL y a
aussi des illustrations des cyclopes au travail dans l’édition de 1544 desz P. Virgilii Maronis
Opera. Il y a une Vénus dans la forge de Vulcain attribuée à un « Master L. D. », 322 x 444
mm.]

¤
Guy Le Fèvre de la Boderie, La Galliade, éd. Fr. Roudaut.
Préface, 7 : épigone de Postel, syncrétiste kabbale-chrétienté-platonisme.
29 : dans l’Advertissement aux lecteurs, précise qu’il écrit une Galliade, et non « une
Gaillarde ». Il ne s’agit nullement de plaire.
40 : Calepin et Robert Estienne ont servi à Le Fevre « lorsque sa mémoire était défaillante ».
55 : Le Fèvre connaît la kabbale par le Liber Ietzirah, Livre de la Création, traduit par Postel,
qui fonde une cosmologie sur une mystique du langage, 32 sentiers de la Sagesse composés
des 10 Sephiroth (les 10 manières dont Dieu se révèle à nous, beauté, gentillesse,
compréhension…) et des 22 lettres de l’alphabet. Le Bahir, Livre de la Clarté, lui aussi traduit
en latin par Postel,
56 : aide Le Fèvre sur la métempsychose. Le Zohar est la glose des Ecritures par Moïse. Le
Tiqqune Zohar nous est parvenu annoté par Le Fèvre ;
57 : il propose diverses interprétations de la Bible. Le Talmud est moins essentiel pour lui.
78 : le parti-pris est de louer une nation sans évoquer ses exploits guerriers, mais seulement
grâce aux « Arts et sciences ». Le Fèvre n’obéit donc aucunement aux recommandations
poétiques de Ronsard qui veut limiter l’action à une année (elle dure plusieurs siècles)
79 : et la choisir pour sa beauté (il s’agit ici de vérité).
80-81 : une simple comparaison des passages de Du Bartas et de Le Fèvre sur la boussole
montrent que ce dernier ne cherche aucune figure et entasse plutôt les informations.
83 : la disposition du livre métallurgique est celle de tous les livres : éloge d’un inventeur,
puis histoire de l’invention de l’Antiquité au XVIe siècle.
La Galliade ou De la revolution des arts et sciences, Paris : Guillaume Chaudiere, 1582.
119 La signature grecque anagrammatique de Guy LFDLB est « Le Saint David revit
orphiquement (Ophikôs) en Guy ».
132 : selon les strophes d’une ode de Nicolas Le Fevre, frère de l’auteur, les « révolutions »
en question sont le cycle des quatre éléments et des saisons. Succession des contraires.
153 : le titre de « Galliade » entend faire concurrence et non prolonger L’Iliade.
161 : « Galal, dont est deduit le mot de Galliade, signifie retourner & reployer », dit une
manchette. C’est pourquoi la Galliade est composée en cercles.
277 : Cercle Second. Marge : « Magog est ainsi dit Mingag, du Toict, pour l’invention de
couvrir et bastir les maisons ».
279 : GLFDLB suit dans l’invention du feu Vitruve (II, 1, pour qui c’est aussi l’occasion
d’apprendre la parole), et Pontano, Urania, I (parole également).
V. 43 « Adonc sortit le feu des fourneaux, que la terre
En son sein caverneux retient, clost, et en serre,
Soit que des vents soufflans vis-à-vis par courroux,
Par fortune et rencontre il fust du Ciel secoux, [c’est l’hypothèse Vitruve]
Ou soit qu’il fust tiré du caillou plein de veines
Par art et industrie, et par forces humaines :
Tant y a qu’il se print aux fueillards assechez
Qui estoient par monceaux dans les bois épanchez… »
p. 280 : peu à peu les hommes s’accoutument au feu, mais on ne saura pas comment.
v. 65 « Du depuis peu à peu en usages divers
Le feu fut employé l’Autonne et les Yvers,
Tant qu’en fin fut contreint en la fornaise vuyde [le creuset]
A la fonte éprouver chasque metal liquide,
Et de faire vomir aux forges promtement [pas très mélioratif]
Du fer et de l’acier l’escume et l’excrement.
De là le courbe soc, les marres, et le coutre
Dequoy le Laboureur le sein de la terre outre :
De là les courbes fauls, et l’aceré trenchant
De la hache et congnee, et le vouge penchant
Dequoy le Bucheron abbatit les gros Chesnes,
Le Tilleul… » [suivent toutes les essences d’arbres du monde].
Bref, le poète connaît très bien les outils agricoles mais reste très approximatif sur ceux de la
métallurgie. De même à partir du vers 91 les outils de l’architecture.
285-6 : Il faut bien choisir où bâtir lorsqu’on est architecte : or la Gaule est le lieu idéal.
v. 195 « Mais le riche terroir, ny les forests et bois
des Ethiopes noirs, des Séres, ny Medois…
201 Ne peuvent s’egaller en honneur ny en los [egaller la Galliade]
Au terroir de deux monts, et de deux mers enclos [trois monts et trois mers même
maintenant],
Au beau terroir de Gaule… »
Le poète vante les champs et les fleuves, les villes et les ports bien avant les mines.
v. 272 « Tant de concavitez des cavernes sauvages,
Tant et tant de rochers, tant et tant de façons
De marbres, de quarreaux, que l’œuvre des Maçons
Peut changer en Palais : tant et tant de carrieres,
Tant de mines de fer, tant et tant de perrieres,
Tant de hauts monts pendants qui voisinent les Cieux,
Tant de forests et bois à merrain precieux, [bois de construction]
Tant de prez verdoyans, tant de belles collines,
Et aux bords de la mer tant de riches sallines
De non moindre valeur au Roy de nostre gent
Que sont aux autres Roys mines d’or et d’argent. » cf André Mage, le sel est en rivalité directe
avec l’or. En somme dans tout ce passage la fierté du poète n’est pas tant la mine que tous
les métaux précieux qu’on en tire, alors que l’industrie minière est une fierté géopolitique à
l’époque, en tout cas militairement… Refus de chanter les exploits guerriers = refus d’évoquer
les mines ?
289 : là il délire :
v. 291 « Et quoy ? ne void on pas or’ à la Normandie
En Dïamans ceder et la Perse et l’Indie ?
Quel roc diamantin est plus beau rencontré
Aux Indes d’Orient, qu’au terroir de Hartré,
Où lon a découvert la Roche toute entiere
Eclattant en splendeur de durable matiere ».
306 : est décrit le travail des stucateurs
308, v809 : travonaison (dans un contexte de planchers)

L’Esotérisme de Guy Le Fèvre de La Boderie, François Secret, 1969


Galliade, f. 67 : chant des Ravissements :
Seul un prophète aidé de la lumière divine peut
« … oster les ombres et les fueilles
De qui les pommes d’or sous argentines treilles [le métal précieux du savoir mystique]
Se couvrent à demy, pour faire percevoir
A clair jour le jour clair du mystique sçavoir. »

Le Philosophe parfaict et le Temple de Vertu de François Habert, Henri Franchet, Slatkine


1976
Notice, I : école de Marot
La famille Habert : François et son frère Pierre gagnent en grade et travaillent auprès du roi
alors que leur père est mort gratte-papier sans aucun bien. Le fils de Pierre est Isaac Habert,
auteur des Météores.

Ne pas oublier le François Habert traducteur des Métamorphoses. Rouen : l’oyselet, ?


p. 25 : « L’Age dernier fut dit l’Age de Fer
De tous metaux le pire, & le moins cher » [c’est un ajout de F Habert]
26 « Ils vont fouiller de la terre le Centre,
En y prenant les richesses mondaines,
Et les metaux cachez dedans ses veines,
Qui sont (pour vray) aux humains animaux [cette expression étonnante n’est pas ds Ovide]
Les aiguillons à tous crimes & maux,
Desja le fer hors de la terre sortoit [une syllabe de trop],
Et l’Or, qui plus de ruine apportoit… »
Les xylographies de cette édition sont stupéfiantes (p. 27 p. ex.), mais pas libres de droits sur
gallica.
p. 79 début du livre II :
« Du blond Soleil le Palais precieux
Hault erigé estoit parmy les Cieux,
Maint Escarboucle avec Or de grand lustre
Rendoit par tout ceste Maison illustre,
Et le sommet de ce sejour serain
Estoit couvert d’artifice Yvoirin.
De fin Argent le Portail double estoit
Dont les valeurs l’ouvrage surmontoit,
Car par Vulcain y estoit entaillée
p. 80 De l’Ocean la grand Onde salee
Environnant le tour de Terre ronde
Avec le Ciel vouste, couvrant le Monde,
Vulcain a sceu pourtraire & exprimer
Les Dieux Marins en ceste saincte Mer,
Car l’on eust veu en son ouvrage insigne
Le Dieu Triton avecques sa Buccine,
Protée aussi, qui en diverse forme
A son plaisir se desguise & transforme, … » etc. Très long ekphrasis qui tient d’Homère.

Miernowski, Jan. "La Littérature Anti-scientifique a La Renaissance Comme Réflexion Sur


Les Limites D'une Culture." Nouvelle Revue Du XVIe Siècle 14.1 (1996): 91-100. Web.
91 : La Musagnoeomachie de Du Bellay est une gigantomachie inversée : non pas l’assaut du
ciel par la terre, mais l’assaut de la Terre (l’Ignorance) par les forces ailées du savoir. Ronsard
aussi veut chasser « le vilain monstre Ignorance » qui oppresse la France (ode à Marguerite,
voir aussi ode à Michel de l’Hospital).
93 Or un courant poétique déprécie le savoir humain. Les Prisons de Marguerite de Navarre :
l’acharnement aux études est délié par le souffle divin qui balaye les livres et la paperasse. La
science est ignorante elle-même.
98 Paul Perrot de la Salle, Le contr’empire des sciences, et le mystere des asnes…, 1593 puis
1599 : ressemble au De Incertitudine d’Agrippa.
99 Mais si Agrippa a une énonciation ambiguë, pas Perrot. Lui assume l’éloge de l’âne, et
même pas au nom d’une théologie qui fait des sorbonnards des ignorants : la Vérité est
contradictoire avec les « sciences publiques ». Eloge de la bêtise satisfaite, du « doux air des
champs », de l’écriture rare et de divertissement. Sonne le glas de la culture renaissante.
Appelle « Le paresseux » de Saint-Amant.

Janik, Dieter. "L'IMAGINAIRE DE L'ENGRENAGE DANS LA POÉSIE FRANÇAISE." Les Études


Philosophiques 1 (1985): 125-37. Web.

126 la nomenclature technique n’est pas un langage : ses termes sont « autolimités » parce qu’ils
veulent décrire une réalité précise. Or « le poète ne s’approche pas de la machine en technicien, mais
en homme, dans le sens le plus complet du terme ». « Vaut-il la peine d’apprendre le vocabulaire
technique » ? Si les techniques sont des « produits culturels absolument éphémères », alors elle ne
dit rien de la nature humaine profonde.
127 Pour Leconte de Lisle l’alliance de l’homme et de la technique signifie la fin de la poésie : « J’ai
beau tourner les yeux vers le passé, je ne l’aperçois qu’à travers la fumée de la houille, condensée en
nuées épaisses dans le ciel ; j’ai beau tendre l’oreille aux premiers chants de la poésie humaine, les
seuls qui méritent d’être écoutés, je les entends à peine, grâce aux clameurs barbares du
Pandémonium industriel. »

Esculape et Dionysos

Marie-Madeleine Fragonard, « Imaginaire du monde souterrain e sciences expérimentées », p.


343-354
343 « curiosité restreinte » pour le souterrain, beaucoup moins que pour le « monde de
l’Empyrée ». Terra incognita.
345-6 : « le monde souterrain des minéralogistes comme Agricola ou Palissy accepte une
vision cohérente, externe et interne, de la vie souterraine, construction constante et
dangereuse, structurante de tous nos constats, dynamique de combat, qui lance, hors de la
portée de nos yeux, les éléments les uns contre les autres. […] Les macro-représentations
parlent toutes de violence. »
346 L’observation des pierres précieuses oblige à supposer des phénomènes lents de
formation et donc, pour Palissy, Recepte veritable, Berton 1563, p. 91, un rôle actif de la
Providence dans toute chose. [ « Un pur esprit s’accroît dans l’écorce des pierres »…]
347 « Il est encore un peu tôt pour que le fantasme de la seconde ville enterrée sous la
première ou sous l’espace naturel soit vraiment concevable : Pompéi n’est pas ressurgie, et les
villes souterraines catacombales ou troglodytes le sont bien peu encore. »
349 Pour Paracelse, chaque être a son lieu, seul l’homme en a plusieurs. Or des créatures, les
Bergleute (Gnomes et Pygmées), ont la terre pour lieu : ils voient à travers la pierre et
respirent autrement que nous. (Liber de nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de
caeteris spiritus).
350-351 « même Agricola, qui n’en fait pas son thème le plus suivi, atteste que le
Bergmanlein (daemon metallicus) des montagnes du Sneeberg ou du Anneberg, et les démons
des fosses d’argent, auxiliaires de l’invention des veines les plus riches, sont aussi des tueurs
potentiels. Viennent des mythologies nordiques.

« La science comme objet esthétique dans la poésie française de la Renaissance », Jan


Miernowski, p. 595-605
595 « l’une de ces monstruosités renaissantes qu’est l’accouplement de la poésie avec le
savoir scientifique et philosophique ».
598 Le phénomène d’antipéristase décrit dans La Sepmaine (le renforcement du froid par
proximité du chaud ou inversement) est servi par une métaphore militaire, « l’involucrum
d’un combat épique pour la foi ». « permet au poète protestant d’éviter la fable païenne, qui
sied mal à la célébration de la Création divine. »
599 « Ceste antiperistase (il n’y a point danger
De naturalizer quelque mot estranger,
Et mesme en ces discours, où la Gauloise phrase
N’en a point de son crû qui soit de telle emphase)
Est celle qui nous faict beaucoup plus chaud trouver
Le tison flamboyant sur le cœur de l’hiver… » (II, v. 439-444).
Le mot technique est apprécié non pour sa précision mais pour son « emphase », qui est une
figure du style orné, selon Quintilien, VIII, 83-86. Valeur esthétique peut-être similaire à celle
d’un ancien astrolabe exposé à des amateurs.
Le terme d’ « antiperistase » se retrouve dans le D293 de Délie, et sert la métaphore
pétrarquiste de la chaude froidure, mais avec « une tonalité quelque peu discordante ». En
effet l’antipéristase suppose que si Délie se réchauffe, le poète tiédira.

« Un siècle de minores ? », p. 1081-1088, Louis-Georges Tin


1081 Un processus de « minoration » a fait oublier toutes les grandes plumes du XVIe siècle
pour le public français.
1082 Le XVIe pâtit de l’image du Grand Siècle, le XVIIe.
1083 Mais le XVIe est en partie responsable. Il s’est posé pour normes esthétiques des critères
qui le disqualifiaient, tirés de l’Antiquité. L’épopée était pour eux le sommet de la hiérarchie
et c’est aussi le domaine où ils ont « le mieux échoué ».
1085 C’est dans les genres définis par les humanistes comme « mineurs » que les écrivains du
XVIe siècle ont écrit des œuvres majeures. Les Essais ne sont pour son auteur qu’un
bavardage sans suite. Rabelais n’écrit que pour divertir. Les Amours de Ronsard sont une
œuvre de délassement.
1088 À l’université moins de 10% des étudiants en master travaillent sur un auteur antérieur à
1800. Entre 1960 et 2000, l’œuvre du XVIe siècle n’est tombée que 3 fois à l’agrégation…

La forme des choses. Poésie et savoirs dans La Sepmaine de Du Bartas, V. Giacomotto-


Charra, Presses Universitaires du Mirail, 2009.
15 La Sepmaine et ses continuateurs, Quatre premiers livres de l’univers, Miles de Norry,
1583 ; Grand miroir du monde de Joseph du Chesne, 1587 ; Le sette giornate del mondo
creato du Tasse, Paradise Lost de Milton, sont la seule poésie décrivant le monde sublunaire.
Le reste garde les yeux fixés sur les étoiles.
16 Si les poètes sont savants, si leurs poèmes sont informés dans leurs structures profondes
par leur savoir, celui-ci n’est que rarement l’objet du poème. Ainsi Pouey-Mounou, p. 12-13 :
« nous définissons « l’imaginaire cosmologique » de Ronsard par le retentissement et
l’élaboration d’une vision du monde dans une conscience de poète », non comme un objet.
(17-18 tentative de définition de la poésie scientifique de Du Bartas)
19 « La Sepmaine relève d’une poésie des savoirs, plutôt que du savoir, qui n’est pas tant la
reproduction au miroir d’un monde certain que la lecture personnelle d’une vaste
bibliothèque, dont l’exploitation passe par les deux procédés de la lecture choisie et du
réagencement. »
287 « Au terme de cet essai, il apparaît que les quatre éléments constituent un modèle
étrangement stable, modèle de classification pour le savant, modèle de pensée pour le
philosophe, modèle d’écriture pour le poète, qui a fondamentalement pour but de saisir
l’instable. »
292 La valeur pédagogique de la Sepmaine « est, malgré les assertions des lecteurs, quasi
nulle. »
293 Du bartas se rapproche du scientifique en ce que « les livres des savants ne sont pas
moins polysémiques que ceux des poètes », pensons à Aristote et ses nombreuses gloses au
cours des siècles.

Ovide moralisé, Vulcain = satan, Pallas = virginité.


--

François Habert, Chrysopée, sur Gallica intramuros


A iii r° F. Habert s’attend à ce qu’on rie de son texte et qu’on ne le prenne au sérieux
qu’ensuite.
v° Habert se contente d’avoir « transmué le transmueur », traduit l’alchimiste.
« Par ton Habert se produit Jean Aurel / Pour en françois de ça & la courir » : fortune
incertaine du livre.
L’épître dédicatoire d’Augurelli au Pape Léon X s’excuse des références païennes, et en
particulier de Vulcain, à mon avis parce que dans l’Ovide moralisé il est la figure de Satan.
Satanisme implicite des alchimistes. Le « billon » c’est le lingot de métal moins précieux que
l’or, qu’il s’agit de rendre « lingot ».
p. 7 v° : Commencement des ennuis. Vers techniques de physique renaissante : s’adressant à
Vulcain, « Par toi en l’air les métaux on voit pendre
Dedans un pot, & soubdain mis en cendre
Au fons du pot, puis par toy reschaulfez
Liquides sont de matiere estofez. »
p. 8 v° Se présente comme un paradoxe ; on croit les minéraux stériles, et pourtant…
Il s’agit de libérer l’esprit de l’or capable de reproduction comme toutes autres créatures. Tout
est vivant. Un pur esprit s’accroit sous l’écorce des pierres.
13 Dans la poésie alchimique la transmutation en or (chrysopée) est la condition de
l’immortalité des vers (ceci explique l’importance mineure des textes).
15v° Le mercure (« argent vif » ici) et le souffre sont comme la femelle et le mâle dans la lave
vulcanique.
Véronique Macrou, L’Ambivalence de l’or à la Renaissance. Ronsard, d’Aubigné,
Shakespeare, L’Harmattan, 1998.
7 or=point de convergence des tensions de la Renaissance.
8 cohabitation au XVIe siècle d’une économie de marché naissante et d’une économie du
guerdon finissante.
9 dettes des Etats guerriers (la France dépasse les 133 millions de dettes en 1588).
10 Tout travail est à la Cour considéré comme de la roture et même la poésie ; D’Aubigné
avoue avoir dans sa jeunesse, pris honte de son savoir et « jeté livres au feu devant les
compagnons pour faire le bravache à la mode ». Le statut de poète de cour se « précarise ».
12 Le métier, comme l’indique Max Weber dans son livre sur le protestantisme, devient la
seule certitude de salut, une véritable vocation.
14 « or » (au sens de métal) est l’un des mots les plus fréquents chez Ronsard, 370
occurrences.
19 Or et argent affluent des mines de Bohême et du Potosi, mais ne provoquent pas le luxe,
plutôt une flambée des prix qui met la plupart dans la misère.
20 Le livre au MÂ est un don de Dieu et doit être donné gratuitement. Mais à la Renaissance
les livres deviennent des biens de consommation courante, difficile de donner son livre quand
il faut bien vivre… ce changement « place le poète dans une position incommode, tiraillé
entre les exigences de structures mentales chrétiennes qui ont perdu toute adéquation avec la
réalité, et la nécessité de vivre. »
23 Ronsard a un rapport ambigu à la religion chrétienne, Abbrégé sur les Muses « tu les
tiendras chères et sacrées, comme filles de Jupiter, càd de Dieu ».
24 Ronsard opère distinction entre « or monétaire », convertible en biens, synonyme de
civilisation, et « or métal », adoré par le thésaurisateur.
26 « L’Hymne de l’or » est un poème de jeunesse qui résume la posture de Ronsard face à ces
questions et constitue aussi une sollicitation matérielle de mécénat.
29 L’or est capable de reconstituer une parcelle d’âge d’or mais aussi de dévaloriser tout ce
qu’il touche ; en particulier l’amour, qui devient vénal, v. 147-153.
31 dans l’Hymne des astres, l’or est un élément de la triade des métaux (or, argent, fer) qui
sont responsables de tous les malheurs du monde.
59 L’or est toujours un métal utilisé pour sublimer, et en particulier en contexte religieux
(dans les bâtiments religieux). Mais « l’or feint », la dorure, est boudée des peintres qui
restent soucieux de se distinguer de l’artisanat dont le savoir est requis pour une telle pose.
65 Ronsard « dore » volontiers ses protecteurs et mécènes.
100 La célébration des plaisirs de la vie dans « L’Hymne de l’or » précède immédiatement la
vanité exprimée dans « l’Hymne de la mort ».
112 La circulation sanguine n’est inventée qu’en 1628 par Harvey mais le sanf, flux vital, est
déjà comparé à l’or, flux vital de la société. C’est un poncif au seizième siècle. 113 On se
souvient que Palissy s’oppose à l’idée de l’or potable : impossible et toxique s’il était
possible.
117 Flux vital, l’or est aussi excrément, du moins dans la psychanalyse (Freud, Nouvelle suite
des leçons d’introduction à la psychanalyse). Panurge compare l’or à l’urine dans son éloge
des dettes et Palissy s’extasie sur le fumier : pas toujours comparaison dépréciative.
171 ronsard est ambigu dans le statut de poète : tantôt son abbrégé le compare à un jardinier
ou à un joailler sertissant la langue de vocables nouveaux ; tantôt il en fait un poète inspiré,
aristocrate, au-dessus des autres métiers. Néanmoins les métiers de forge et de verrerie
n’étaient pas dérogeants.

Jan Baetens, Cent fois sur le métier, Paris-Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2003 :
poèmes qui décrivent des métiers. Genre très en vogue aujourd’hui.
Pierre Lartigue, La Forge subtile, Paris : Le temps qu’il fait, 2000. Encore une forge image de
l’écriture poétique, qui s’appuie d’ailleurs sur des sources de la Renaissance italienne.

L’Indice de Simon Goulart, commentaire surajouté à la Sepmaine de Du Bartas.


Airain [III, 755] : « On distingue les metaux, et dit on qu’il y en a deux purs, asavoir l’or et
l’argent : les autres impurs, comme l’airain, le laiton, le fer, l’estain, le plomb. Quant à
l’airain, ou cuivre, c’est un metal de rougeur pasle, engendré de vif argent le moins espuré et
de soulfre rouge et espais, le moins impur a ses mines à part, et se trouve aussi es mines
d’argent ». Car airain artificiel = fait de « marchasite » (pyrite). L’airain permet de faire du
vitriol et de la chalcite, et si on le cuit, Cadmie, Pompholix, Spodium. « Mais laissons ce
discours aux medecins », càd Fernel en sa Médecine, J. Desgorris en ses Definitions
medecinales, Agricola en De re metallica, Pline, livre 34, chap 1 et suiv.
Amethiste [III, 759] : pierre précieuse, couleur d’un vin clairet, empêche l’ivresse.
Antimoine [III, 755] : les latins l’appellent Stibium, les frecs sinimi. Dioscoride, Pline,
Matthiole, Agricola sont des sources mais Goulart préfère Jaques Grevin, chap 34 du livre 2,
car il y a débats sur les vertus de ce métal.
Argent [III, 756] : métal qui « suit l’or en bonté », s’étend en lames et pieces fort desliees, pcq
d’une « substance fort tenue ». C’est pk on a dit du « fin argent » qu’il était de l’or moins la
consistance. « Il se polit et rend tresclair, se laisse filer et tistre, estant procreé de pur vif
argent et de soulphre luisant et blanchastre. Es veines il se trouve en petites pieces plates
entrelassé parmi des pierres, prenant à ceste occasion diverses formes » [En quoi toutes ces
précisions éclairent le vers de Du Bartas ?]
Chevre de feu [II, 633] : Goulart éclaire ce terme avec Pontanus, Météores, v. 525-535 et II, v.
625, « pour inciter ceux qui aiment la poesie à conferer l’un avec l’autre, et voir le jugement
de nostre auteur ».
Cuivre : engendré du vif-argent « non suffisamment épuré » et de souffre rouge. Renvoie à
Agricola.
Chrystal [III, 758] : « Il y a deux sortes de glace, selon que le froid, qui estraint les eaux, est
roide ou lasche. » Le lâche est le courant, fond vite ; le roide est celui qui dure plusieurs
décennies et crée le crystal. On en trouve dans les montagnes et on en fait « vases, verres,
miroirs, et autres choses assez connues ».
Diamant [III, 760] : créé « d’un suc non gueres different de celuy du chrystal mais plus dur, et
plus obscur » : l’adamas (indomptable, résiste au feu, au fer…). C’est pr cela qu’une pointe
de diamant grave tous les métaux. [Puis compendium de croyances sur le diamant amolli au
sang de bouc etc.]
Esmeraude [III, 762] : Pierre précieuse verte.
Fer [III, 756] : « Metal de commun et necessaire usage à la vie humaine, engendré de vif
argent le plus impur meslé avec soulfre espais, crasseux et bruslant.[...] Il y aen a grand
nombre en Europe, surtout en Alemagne. » Goulart rappelle l’expression de Pline sur le fer :
« optimum pessimumque vitae instrumentum ».
Mercure [III, 754] : « Le vulgaire l’appelle vif-argent ». Renvoie immédiatement à Agricola,
qui « traite doctement de ce qu’on sauroit desirer de savoir touchant les choses cachees es
entrailles de la terre ».
Or [III, 755] : « seul pur des métaux ». Soulphre rouge trespur et mercure trespur, rouge et
non bruslant l’engendrent. Goulart cite les mines du Pérou et de l’Inde occidentale.
Plomb [III, 755] : « metal livide, engendré d’excrement de vif argent et de soulfre ».
Vulcan [II, 266] : synonyme du feu, à la manière des poètes anciens, que Goulart cite.
Le Bel objet. Les paradis artificiels de la Pléiade, Françoise Joukovsky
32 de m^me que Ronsard voulait être le ruban et le collier sur la gorge de sa belle dans
Cassandre, « ode à sa maîtresse », de mm Pierre de Brach s’adresse au collier à mailles qui
retient le vêtement d’Aymée dans les Amours d’Aymée, pièce XXXVI : imagine la force que
cette gorge exerce sur la chaîne et le tourment discret qu’elle exerce sur la femme (érotisme
sadique). On retrouve ce thème dans les Basia, etc.
Somme toute l’ouvrage tend à démontrer que la poésie amoureuse est la recherche d’un
« paradis artificiel » censé avoir un signification claire et close. 83 : cherche à représenter
l’humain proche de l’objet, d’où la fréquence des nus qui assimilent la personne à une statue.
119D’où els modes du blason et de l’ekphrasis.
170 « Rien n’est pris trop au sérieux, ni l’amour, ni même la poésie ». C’est une esthétique
qui s’oppose au stylus gravis. [Lequel est plus adapté pour évoquer la forge].

Microcosme Maurice Scève éd classiques garnier. 1562


Introduction
14 Poésie scientifique, Albert-Marie Schmidt, 1970, p. 15 « une poésie dont la fin dernière
consiste à exposer sur le mode lyrique, épique ou gnomique, à quels principes de synthèse
s’est soumis l’écrivain qui la cultive, pour ordonner en une cosmologie les résultats épars de
la philosophie naturelle. » Toutes les pages suivantes sont un point très complet sur la notion.
17 Fernand Hallyn, dans Poétiques de la Renaissance (l’ouvrage collectif), introduit une
notion plus précise de « poésie philosophique », qui pose d’autres problèmes de rapport
poésie/philosophie.
18 Du reste le savoir dans le Microcosme est une philosophie au sens montaignien puisqu’il
est une réponse à la mort.
Scève imite la Margarita philosophica, càd une encyclopédie néo-latine en prose…
60 Ce n’est pas un ouvrage évangéliste pcq Evangiles évincés. Plutôt mise en scène de la
Felix culpa, l’homme collabore activement à son salut par le savoir permis depuis la Chute.
77 D’où une version féministe du Péché originel. Ève nous a sauvés de l’ignorance et non
Jésus.
155 Sans doute le poème s’intéresse à la métallurgie dans la mesure où la Création est
« Si grand Machine, et belle, alors fut à Nature / Commise en seure garde, et elle en prit la
cure / Par la sedulité, soin, et veille de l’œil… » v. 67-69.
287 Scève emprunte sa distinction des arts à Ange Politien, artes liberales / mechanicales /
artes sordidae ac sellulariae (les plus nécessaires sont donc les plus vils).
292 sept vers sur le travail de la monnaie, livre tiers, v. 791-797. Puis la peinture etc. puis
295-7 v. 861-879 la forge, qui a de l’Homme « l’esprit tant éveillé ». v. 880-893 l’alchimie, v.
8943-910 le travail du verre, cet « art non nécessaire » (c’est un compliment). v. 911-922
l’artillerie, art des artificiers.
En tout 68 vers techniques, qui relatent une invention et des finalités mais descriptions
techniques très brèves, comme synthétisant un savoir complexe que Maurice Scève semble
avoir acquis. Problématique intéressante -> impression de savoir.

Joseph du Chesne, Le Grand miroir du monde, Gallica, 1587.


18 quatre vers de comparaison de Dieu avec un Monnayeur.
61 Livre II, « Les Ciclopes Vulcans » sont cités dans les « démons ignés », passage sur les
anges.
79 livre III, description de Vulcain et de son royaume, ainsi que d’un épisode égyptien :
Séthon roi d’Egypte prie Vulcain qui envoie des rats sur les Arabes et les fait ronger les arcs et
les flèches des Arabes pour les désarmer ; Du Chesne est très elliptique sur cet épisode qu’il
suppose connu, surtout pour lui Vulcain est avatar de Satan. 12 vers.
141-144 développements sur les « liaisons » cachées des pierres et métaux.
Autour des pages 170 il discute de la formation des pierres et des mutations des éléments,
réfutant l’antipéristase (l’argument du « vulgaire ») à la page 177.

Poétiques de la Renaissance, chap. premier, Jean Lecointe : « La poésie parmi les arts (XVIe
siècle) ».
70 Une sorte de « théologie politique », qui dispenserait des savoirs à travers des symboles,
s’accorde avec l’ambition encyclopédique de la poésie de la Renaissance, tout en traçant les
linéaments d’une « culture générale » réticente à la spécialisation, voire à la technicité
« mécanique » et indigne de l’honesta disciplina ; la compétence universelle du poète, que
Scaliger place en tête de sa Poetice (1561), n’implique pas de connaître toute l’histoire
naturelle qu’il ne faut traiter que breviter ac parce. Pour Vida, sans avoir exploré les terres de
la science, le poète se contente d’en connaître les « ports ». Lecointe : « la poésie suppose-t-
elle vraiment un savoir universel ou seulement un savoir de l’universel ? »
617 dans « Les arts plastiques dans la poésie latine en France au début de la Renaissance » par
Perrine Galand-Hallyn : Ce sont les juristes qui s’y intéressent le plus : André Tiraqueau, en
1549, « étudie la question de la dérogeance, pour savoir si les nobles pourraient pratiquer la
peinture, en plus de la verrerie ». C’est vers 1575 que la peinture n’est plus un art mécanique.
Vigenère en est un témoin…

Grahame Castor Pléiade


71 La poétique horatienne exigeait une collaboration de l’ars et de la natura. Mais les
poétiques des XVe et début-XVIe siècle faisaient pencher la balance du côté du studium ; la
Deffence marque un contrepoint. 74 Ronsard méprise « l’art aux Muses inutile » des
versificateurs dans l’Ode à Michel de l’Hospital. 75 L’art véritable pour Ronsard est l’art
caché, que l’ignorant est incapable d’apprécier.

Commentaire… sur le Tresor des tresors de Christofle de Gamon, c’est un traité d’alchimie.
3 « Je veux voler plus haut qu’onq ma plume n’a faict », l’alchimie c’est un peu la géorgique
de Gamon. « Poëme doré ».
7 finalité de al chrysopée : « …pour sobrement vivre, et le pauvre assister ». et 147 « Pour
pouvoir tous les jours cent mile hommes nourrir ». et 163 « … pour montrer aux mortels /
Combien plus seront beaux les biens spirituels ».
14 « Nature se faschant de l’Humaine nature / Cacha l’or precieux dedans la Terre obscure »,
ici il ne s’agit pas de pudicité comme dans Le Microcosme…
18 Semble discréditer l’alchimie toute entière ! « L’on s’est enquis plustost d’où le metal
provient / Que pourquoy tant caché Nature le detient. »
30 Le commentaire est absolument passionnant et recèle des liens vers d’autres textes. le
poème, lui, semble mettre en vers le commentaire de Simon Goulart sur La Semaine de Du
Bartas, ce qui pose de nombreux problèmes vu que Gramon a écrit un « Contre Du Bartas »…
39 Les bons alchimistes sont comparés à Jupiter changeant en or pour approcher Danaë, et les
mauvais des « Acteons en cette chasse Spagirique, & un nombre infini de Vulcans cornus en
la forgerie alchimistique »
56 Il parle des nymphes des grottes. Pour le commentaire, c’est clair : il s’agit des « démons »
que Agricola remarque dans les mines (ici je pense qu’il délire un peu plus qu’Agricola),
preuve que les Anciens n’avaient pas tort d’y voir des créatures…
59 Chercher l’or dans la mine est une curiosité coupable pour Gramon, « Le martel au
cerveau, le marteau en la main ». Signe d’obsession mentale, alors que l’alchimiste peut avoir
de l’or plus subtilement.
123 Le mauvais alchimiste est « lachrymiste »
135 Le bon alchimiste est « L’Ouvrier ».

Ronsard, Le Premier livre des Amours, sonnet CXLVII, réécriture de la belle matineuse en
femme qui fait arrêter l’orage et cesser « les marteaux des Cyclopes » dans la « forge
cognue ». Interruption de l’élan épique qui caractérise les poèmes amoureux de Ronsard. Pour
Ronsard la forge de Vulcain est un cadre mythologique récurrent.

Jean de la Gessée, Les Premières Œuvres françoyses, tome 1, Google Books, 1583. p. 695,
forge métaphore du combat, « Monomachie d’Amadis et de Gadaran », dans le 6e livre des
Meslanges. 5 vers.

Jean Passerat, Recueil des Œuvres poétiques, Google Books, 1606, « Stances sur la différence
de Jalousie et d’Amour », p. 34-35, 6 vers sur Vulcain mari jaloux.
Jehan Tagaut, « Quatorze odes », dans Odes chrestiennes, c’est-à-dire cantiques, Google
Books, 1556, p. 19, 16 vers sur même thème.

Ronsard, le Cinquiesme livre des Odes, Pléiade


Ode I p. 846 : note 1 « lettres d’airain » est imité d’Horace qui a inventé à la fois l’ode et
l’immortalité de l’airain. Il semble dans toute cette ode que la guerre est ole contraire de
l’artisanat synonyme de paix.
Ode V, « hymne triomphal d’elle-même » [Marguerite], p. 865, martèlement de l’ennemi.2
vers
Ode Vi, 875, « l’airain, le marbre et le cuivre » pas assez féminins, 2 vers
Ode VII, p. 879, « maçon » traduit « euplokamos », épithète homérique d’Apollon.
La dernière strophe de l’ode XIV est très étonnante et émouvante. « Puis la mort vient, la
vieille escarse »
Ode XXXVI, « ouvrage plus dur que fer », p. 926.
p. 992 « Sonnet à elle mesme », le mot « mine » fait tache dans un éloge de la femme : « de
quelle mine estoit l’or qui dora/ Voz blonds cheveux… ».
p. 997 Ronsard, dans sa préface de 1550 « stile à part, sens à part, œuvre à part », compare le
lecteur « ardans de la vertu » aux mâtins qui refusent « la pierre qu’ils ne peuvent digerer »,
càd la poésie marotique. Cf. le « pesant faix » qu’est la Franciade pour qui n’est pas Grec et
Romain étant François, p. 1013
p. 1030 Franciade : les bûcherons préparent les bateaux de Francion. 40aine de vers. Le bois
est « detranché » par le « fer artizan », le fer est la matière-artisan. V. 405 « un art maistrier ».
p. 1037 on retrouve cet « art maistrier », 6 vers sur les armes de Francus qui revient se venger
des grecs (contrairement à Enée qui fuit et passe le livre entier à s’en excuser).
p. 1045 Vulcain a fait les palais des Dieux, 2 vers. On rappelle aussi que Neptune a fait les
murs de Troie, « Dieu fait maçon ». 5 vers
p. 1086, encore un don fictif de « pompeuse richesse » ouvragée. C’est la spécialité de
Ronsard.8 vers
p. 1091 encore un épisode de bûcheronnerie. 20 vers. Le fer est encore le sujet du verbe
« abattre le bois ».
p. 1101 la bague ouvragée perdue se recouvre « à force d’or », mais pas la vie. Somme toute
Francus est toujours dans l’impératif vital, jamais assez installé pour penser à l’artisanat du
feu. Plutôt besoins primaires : chasse, pêche, bois pour le feu et les abris. 4 vers
1113 20 vers sur les parures d’Hyante, ouvrages de Vulcain, offerts à « Rhée » (le nom crétois
de Cybèle) et qui passent de main en main. Vulcain est appelé « l’artisan » et le serpent sur le
carquois est écaillé « en arc-en-ciel » ce qui rappelle la « Société de l’arc-en-ciel » à Altdorf
cf. fiche suivante.

Le Bocage royal pléiade tome 2


42 Ronsard loue Charles IX d’avoir refusé le bling-bling des « Rois d’Assyrie, « tous chargez
de riche orfévrerie / D’argent et d’or ».
53 le « Discours à Elizabeth, Royne d’Angleterre » montre bien le rapport des forgerons aux
maçons. Neptune crée l’Angleterre d’une côte de la France comme Eve d’Adam, et il est
comparé à un maçon qui crée un château à force de coups de marteau sur la pierre. 15 vers
57 le même poème imagine une société anglaise essentiellement guerrière, cite quelques noms
d’outils de « paix » puis une foule d’armes de guerre. 6 vers
70 Penelope au métier, 15 vers
96 « À elle-mesme » (Catherine de Médicis), les métiers peuvent travailler parce que les
guerres de religion sont finies, 15 vers.
149 pas que de l’agriculture dans les églogues ! la « Bergerie » présente un exercice de
menuiserie, 10 vers, complété p. 150 par une forge, 15 vers, pour faire une houlette ouvragée,
« que j’estime en valeur autant qu’une musette ».
152 « Les Chansons des pasteurs » plaignent l’impossibilité de travailler en temps de guerre.
194 et suiv « Chant pastoral à tres-illustre et vertueuse princesse madame Marguerite de
France duchesse de Savoye », « Je me faschois de la pompe des Rois, / Et pour la Court je
vivois par les bois… », c’est le chant laboétien de Ronsard. Déplore que les déesses et dieux
antiques aient abandonné les champs de France. Appuie la tristesse du départ de Marguerite
de France.

« Stances à chanter sur la lyre, pour l’avant-venue de la Royne d’Espaigne à Bayonne », p.


244 : lorsque les Dames passeront, « Vulcain és mains n’aura point de marteaux ».
Discours I, 307 : « Je suis, dis-je, Ronsard, et cela te suffise : / Qui ma belle science ay des
Muses apprise… »
Elégie XXIIII, p. 408-9 : Ronsard décroissant. 68 vers sur les dégâts de la coupe des forêts et
de l’agriculture…

Le « Discours de l’alteration et change des choses humaines » laisse entendre ce vers p. 745
« Femmes, enfans, artizans, serviteurs », qui place bien les artizans dans une certaine
compagnie qui n’est pas celle où se situe le poète.
« Discours à odet de colligny, cardinal de chastillon », p. 836 : les rôlse dans la société sont
un jeu, thème baroque étonnant chez Ronsard. « mercadant » hapax. 4 vers
p. 837 « L’Excellence de l’esprit de l’homme, preface sur Tite Live, traduit en françois par
Hamelin » : v. 45 les artizans sont placés au troisième rang de la société, après les Sénateurs et
les marchands, et avant la « Populace ».
Dans Les Regnars traversant les perilleuses voies des folles fiances du monde,
Vue 99, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15106066/f99.item.r=regnars%20traversant
Les arts de la forge sont réputés peu fiables, vanités, parce que l’artillerie les condamne à une
mort inéluctable qui est une véritable leçon chrétienne (retournement très étonnant de la
valeur morale des arts respectifs de l’armurerie et de l’artillerie).
À la page suivante Bouchet appelle « architethonique » la fonderie. Leur vanité est que la
moindre erreur fait tout perdre.

1506, un livre publié à Lyon par Jehan Petit, les Sylves de F. Battista Mantova (1447-1516,
Baptistae Mantuani sex opuscula sylvarum). F. CX les Chalybes sont décrites dans la note de
l’éditeur anonyme parce que cités dans le poème dans la page précédente. C’est une très
longue élégie, Elegia de pugna Virtutis et Fortunae (ad Falconem scripta, parce que c’est dans
le recueil des Epigrammata ad Falconem). Vers 85 à 90, la vertu forge une muraille que la
Fortune n’atteint pas, allégorie de l’âme stoïque. (Pour comprendre ce texte
http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus%3Atext%3A2011.01.0559%3Asection
%3D1%3Asubsection%3D76 il faut lire Aegida comme Aegide, c’est un mot à déclinaison
grecque, gare).

Dictionnarium poeticum d’Hermannus Torrentius, 1530


« Chalybes » viennent de Chalybs, le fleuve, qui donne aussi chalybs, nom latin de l’acier.
« Betulus est hispaniae fluuius, quo optime temperatur ferrum »
« Brontes dicitur vnus Cyclopum & minister Vulcani. Et interpretatur tonitrus. Alter vocatur
Steropes, id est, fulgur. Tertius dicitur Pyracmon, quasi ignita incus. Virgilius, « Ferrum
exercebant vasto Cyclopes in antro, Brontesque, Steropesque & nudus membra Pyracmon. »
Hic ab Ouidio vocatur Acmonides IIII Fastorum. » Le premier « Pyracmon » est écrit par
erreur « Pryacmon ».
Scaliger a répondu à Cardan quinze Exotericae exercitationes de subtilitate, 1557, où il parle
des Chalybes et de tout ce qui a trait aux métaux de manière générale ! Peut-être de là vient
son passage sur la syphilis.
Dans les épigrammes de Martial, commentées dans certaines éditions, apparaissent les
Chalybes : Epigrammata cum Domitii Calderini et Georgii Merulae commentariis. - Venetiis,
Pincius 1510 : f. XLVII, c’est l’épigramme Ad Lucium ; c’est l’épigramme IV, 55. Il s’agit
d’une énumération. « Lucius, la gloire de ton siècle, toi qui ne souffres pas que l'antique
Graius et notre Tage le cèdent à l'éloquente Arpi, laisse le poète, né au sein des cités de la
Grèce, chanter dans ses vers Thèbes ou Mycènes, la fameuse Rhodes, ou les athlètes fils de
Léda, que célèbre la licencieuse Lacédémone : nous, enfants de la Celtique et de l'Ibérie, ne
rougissons pas, dans des vers inspirés par la reconnaissance d'exalter les noms assez durs de
notre terre natale : chantons Bilbilis, renommée pour la supériorité de son métal redoutable,
qui ne craint pas de rivales dans les Chalybes et les Noriques ; Platea où retentit le bruit du fer
qu'on y travaille, et qu'entoure le Salon, dont les eaux peu volumineuses, mais agitées donnent
aux armes une trempe acérée ; Tutela, Rixamare, et leur musique et leurs danses ; Cardua, aux
fêtes et aux festins si vantés ; Peteron, étincelante de ses guirlandes de roses ; Rigas, où
naguère nos aïeux avaient des théâtres ; Silas, et ses habitants habiles à lancer le javelot léger ;
les lacs de Turgens, de Petusia et les ondes pures de la petite Vetonissa ; le bois sacré où
croissent les yeuses, du Baradon, bocage recherché du promeneur même le plus indolent ;
enfin la plaine recourbée de Matinessa, que Manlius féconde avec ses taureaux vigoureux.
Lecteur délicat, tu ris de tant de noms grossiers ? ris à ton aise : tout rustiques qu'ils sont, je
les préfère à Bitonto. » La source de ce ressentiment pour Butuntus (Bitonto auj) est inconnue,
aventure privée selon Grand Dictionnaire Géographique 1730.
Polydore Virgile, De inventoribus rerum, 1515. Le chap. 19 est sur la métallurgie et les
métaux. L’inventeur de l’or est selon pline (livre 7) Cadmus Phoenix ad Pangaeum montem
(mont Pangée), selon d’autres, Thoas, & Eaclis in Panchaia. Le vif-argent ou mercure, soit
Erichtonius Atheniensis, soit Ceacus ; « Ferrum Idaei Dactyli in Creta adinvenerunt », les
Dactyles du mon Ida. « Aes Cynira Agriopae filius reperit » mais selon d’autres,
Damnameneus in Cypro. « Aerariam fabricam alii Chalybas, alii Cyclopes invenisse volunt. »
Aristote rapporte que Lydos a appris à la Scytie à « aes conflare ». Strabon attribue fer et aes
aux Telchines. Glaucus Chius.
Polydore Virgile rappelle que selon certains Vulcain atout inventé, et selon d’autres les juifs
ont tout inventé puisqu’ils sont le premier peuple terrestre. Tubalcain aurait ainsi assigné l’ars
ferraria à son fils. Les chapitres suivants sont sur les utilisations de ces inventions, il faut lire
aussi sans doute.
Dans une édition du De invetoribus rerum, Schürer 1515, un poème en latin suit
immédiatement, qui résume tous les chapitres dont les métaux. On a une traduction en
français De l’invention des choses, 1576.

Il faut savoir aussi qu’il y a eu un Liber novus de metallorum causis et transsubstantiatione,


editus per Thomam Moresinum, doctorem medicum, remonté contre les « chimici ». Francfort,
Ioannem Wechelum.

Officina de Ravisius Textor, Bâle, 1566.


C’est le « Titulus VI » qui s’intitule « De artibus liberalibus ac manuariis, item de variis etiam
artificibus »
761 « Laboriosi et variarum artium periti » dans la section des écrivains, célèbre les écrivains-
artisans : p.ex. Textor célèbre Helius Hippias qui était capable, selon Quintilien, de se
fabriquer « vestem, calceos, ampullam, anulum, gemmam », en plus de son esprit de sophiste.
Textor rapporte aussi que Pline travaillait in agendis molis quas trusatiles vocant.
937 et suiv : très longue section des sculpteurs et ciseleurs, où l’on retrouve tous les noms
cités par Salmon Macrin comme Mentor, etc.
943 et suiv « Fabri et alii artifices » : le premier est Vulcain. « Vulcanum Poetae faciunt
fabrum deorum & Iovialium fulminum artificem. » Le second Dédale, le troisième Phereclus
qui accompagna Pâris à l’enlèvement d’Hélène… D’autres noms mythiques, Epeus qui fit le
cheval de Troie etc.
« Glaucus Samius primus aeris ferruminationem invenit »
Polyanthée de 1604 :
Aurum, cite Cadmus Phoenix comme inventeur de la monnaie et « Aurum ex intimis terrae
visceribus eruitur magno cum malo hominum », expression de Pline, livre 33, chap1.
Le poète Balbus, époque de Maximilien : « Aurum cuncta movet… » peut-être imité ? Un
certain Jacobus Philomusus Poeta (Jacob Locher), « Aurum destructor vitae, princepsque
malorum… », longue pièce. (Ambros. lib. 2 de Offic. Cap. 21).
« Argentum accepi, imperium perdidi », j’ai gagné l’argent, j’ai perdu ma liberté, c’est la
seule ligne sur l’argent.

Enéide :
Livre III, v. 550 et suiv., l’Etna est le lieu de Charybde et Scylla, ainsi que du Géant Encelade
qui est enfoui. Fournaise etc.
Livre VIII, v. 370-453 pour la forge et v. 608-fin du livre pour l’ekphrasis, le « non enarrabile
textum » du « clypes ». Séparés par le discours d’Evandre.

Des Masures, L’Énéïde de Virgile, Lyon, J. de Tournes, 1560 (bcp d’éditions différentes, Du
Bellay a fait un sonnet liminaire ici)
p. 160 « il desgorge […] les parts du roc » traduit « viscera montis / Erigit eructans ».
p. 416 Le discours de Vénus est vu comme attisant les flammes de la fournaise, les réactions
passionnelles de Vulcain sont comparées à un éclair de désir qui jaillit des nuages.

Les Iliades de Homere, poete grec et grant hystoriographe . Avecques les premisses et
commencemens de Guyon de Coulonne souverain hystoriographe. Additions et sequences de
Dares Phrigius, et de Dictys de Crete. Translatees en partie, de latin en langaige vulgaire par
maistre Jehan Samxon licentie en loys, lieutenant du bailly de Touraine, a son siege de
Chastillon-sur-Yndre. Paris : Jean Petit, 1530. C’est une traduction en prose.

Schmidt, V. "Dans La Chambre D'or De Vulcain (à Propos De Virg. En. 8, 370 Sqq.)."
Mnemosyne Fourth Series 26.4 (1973): 350-75. Web.

350 Enéide 8, 370 sq., Vulcain forge les armes d’Enée. Pour ce passage, deux
sources homériques : Il., 14, v. 292-353 (la Dios apatè, ruse divine, Héra séduit Zeus
pour le divertir) ; d’autre part Il., 18, v. 369-467, Thétis auprès d’Héphaïstos.
351 Virgile a condensé les 169 vers d’Homère en 37. L’affaire et les malheurs privés
et très personnels de Thétis et d’Héra sont changés en une affaire publique, celle du
destin des énéides qu’il faut préserver pour obéir aux vues de Jupiter.
360 Vulcain de Virgile surenchérit sur Héophaïstos d’Homère. Les armes de fer et
d’electrum surpassent celles de bronze, d’étain, d’argent et d’or qu’on trouve dans
L’Iliade qui ne connaît pas le fer (l’electrum n’appaît que dans L’Odyssée).
Le travail de Vulcain, dès tôt le matin, v. 308 sq., a pour source L’Il., 12, v. 433 sq.
avec un tertium comparationis : Apollonius, 3, 291 sq.
365 Ce passage est teinté d’une ironie dépréciante vis-à-vis de Vulcain, dont l’atelier
n’a plus la féérie et la magie de celui d’Héphaïstos (avec ses meubles qui bougent
tout seuls etc.)/ Vulcain est un simple « chef d’atelier » qui répartit le travail parmi ses
ouvriers. Ignipiotens est de sens ironique.
368 De manière générale Virgile veut donner de la dignitas et de la caritas à ses
dieux.

Rajko Djuric, Les Disciples d’Héphaïstos, trad. Du serbo-croate Mireille Robin, Troyes :
Librairie bleue, 1994.
10 « Arrivée d’Héphaïstos » : « n’attends pas de louange pour le travail accompli / telle est
notre loi »

Traductions de Virgile et d’Homère à surveiller : Jean Bertaud, Versions de Virgile, 1619 ; Des
Masures, L’Eneïde de Vergile ; Le Chevalier d’Agneaux, Aeneide de Virgile, 1582 ; Claude
Malingre, Aeneide de Virgile, 1618 ; Saint-Gelais, Les Enéydes, 1504.
Traductions d’Homère : Sébastien Castellion, Homeri Opera, 1567 ; Du Souhait, L’Iliade,
1617 ; Portus, Homeri Ilias, 1609 ; Hugues Salel, Les Iliades d’Homère, 1570 ; Samxon, Les
Iliades, 1530 ; Jean de Sponde, Homeri quae extant, 1583.
La Henriade de Sébastien Garnier : le poète décrit le bouclier d’Henry qui s’apprête à
combattre Charles de Lorraine.

Dans l’édition des Missives de Mesdames des Roches de Poitiers (mère et fille), Paris,
Abel l’Angelier, 1586, f. 41r. et suiv., se trouve la trad. du poème Le Ravissement de
Proserpine, de Claudius Claudianus, Ve siècle ap. J-C. C’est une épopée imitée de Virgile et
qui cite les cyclopes comme Virgile. Les prairies de l’Aetna (f. 45 r.) y jouent un grand rôle et
servent de lien à des « imitations » à la fin du recueil, qui utilisent les flammes de l’Etna pour
en faire un locus amoenus de l’amour. En fait Proserpine est enlevée sur l’Etna dans les
Fastes d’Ovide, récit plus conventionnel que Les Métamorphoses, V, 341-571. C’est pour la
fête de Cérès, les ludi cereri.
f. 46 v° : Vénus, Pallas et Diane se rendent en Sicile :
Elles voyans le lieu si beau & si plaisant,
Où paroist de Ceres le palais reluisant,
Regardent à l’entour & le marbre & l’yvoire
Et l’electre & l’airain qui du temps ont victoire.
Les murs sont rehaussez, redoublez, rafermis
Par les ouvrieres mains des Cyclopes amis.
Au-dedans du logis les portes sont ferrees,
Et de chaisnes d’acier plus fortement ferrees.
Sterope & Piracmon jamais n’ont travaillé
Avec plus de sueur, ny le fleuve mouillé,
Metal plus endurci. Par ceste grande espace
Proserpine chantoit d’une mignonne grace,
Et pour sa Mere absente elle tissoit en vain
D’un art laborieux & d’une docte main
Une toille admirable. (suit une ekphrasis)
52 r° : la sortie à la surface de Pluton interrompt le travail de Vulcain :
Les rocz Siciliens, & tous ceux de Lipare
Resonnent effroiez. Mulciber qui s’esgare
Autour de ses fourneaux jette de touytes parts
Tenailles & marteaux, & les foudres espars.
65r incendie final :
Tout le mont retentit, & Mulciber travaille,
Afin que la vapeur estouffante s’en aille.
Rien, dans les Imitations qui suivent, n’imite ce dieu au travail.

Arioste, Roland furieux, vol. 1, trad. Jean Fornir de Montaulban, Anvers : Christophe Platin,
1555.
f. 17 v° :
D’un brave assault la guerre est demenee,
Entre ce pair de Chevaliers gaillard :
Chaque brant bruit, hault & bas demenee,
Que le marteau de Vulcain va plus tard : [je ne comprends pas ce « que » : demander à MM
Quand maint un fouldre en l’antre qui tout fume,
A Jupiter forgé sus son enclume.
Claude Du Pré, Pratvm Clavdii Prati: continens anthologiam, epistolarum, orationum…, Jean
Libert, 1614, p. 97 : « Regrets de la deesse Venus sur sa conjunction avec Vulcain ».
Cela commence par un locus amoenus : « C’estoit au temps plus beau de toute la carriere… »
Or ce locus amoenus est immédiatement désenchanté :
La Cytheree un jour de ce temps gratieux
Atteinte fut au cœur du sejour ennuyeux
Qui ja par un long temps l’essourdoit environ
L’antre Sicilien du boiteux forgeron.
Ou sans jamais cesser des Cyclopes la force
Rouant à tour de bras le dur metail efforce…
Suit une longue plainte de Vénus, bel exercice oratoire où les accessoires rituels de l’hymen
deviennent des signes funestes. J’aime p. 98 l’expression : « Ce boiteux contrefaict & de nul
entretien », parce que cela suppose qu’on ne parle pas avec Vulcain…

François Le Poulchre de La Motte-Messemé, Les sept livres des Honnestes Loisirs, 1587, p.
9 : dans la Lune, sur la différence des conditions humaines, attribue la condition de Prince au
désir de gloire :
… Les autres au contraire,
N’ayans soing qu’amasser avares des deniers,
Du labeur de leur terre emplissans leurs greniers,
Ou bien ne s’amusant qu’en choses les plus villes,
Remplirent artisans les boutiques des villes,
Serruriers devenus, Marechaux, Portefaix.
De l’inégalité de ces susdicts effects, etc.

Jean Bertaut, Œuvres poetiques, 1601. « Discours funebre sur la mort de la Royne mere du
feu Roy »
93 v° montre bien qu’il s’agit de s’inspirer de Ronsard : « On fait tort à Ronsard, tant s’en faut
qu’on l’honore… »
112r° « Sur les figures de marbre & de bronze qui sont au petit jardin de Fontainebleau »,
c’est le dernier poème du recueil :
Toy qui vis affamé de voir un bel ouvrage,
Assouvy maintenant ta genereuse faim,
Voicy les plus beaux traits dont le cizeau Romain,
Ou la fonte Gregeoise ait orné le vieil age.

La, de Laocoon la douloureuse rage


Fait pleindre le metal par un art plus qu’humain :
Icy gist Cleopatre : ô qu’une docte main
A vivement portrait la mort en son visage.

La, Diane chemine : icy le Tybre ondeux


Verse des flots de bronze, arrestant aupres d’eux
Le passant transformé de merveille en statue.

Aussi raviroient-ils l’esprit le plus brutal ;


Et qui n’est point émeu d’une si rare veue,
Il est certes comme eux de marbre ou de metal.

Jean Bosquet, Reduction de la ville de Bone, par Messire charles, Duc de Croy. Raconte en
1599 un événement de 1588. À un banquet un poète dit (vue 121
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54600m/f121.vertical ) :
J’espère un jour, Seigneurs, sur ma poetique enclume
De vos nobles valeurs forger quelque volume,
Duquel l’acier frappé sur le coing des Croy
Rendra de … les peuples …ïs (illisible).

Pierre de Brach, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1171401/f164.image


Il y a une « Complainte de Marie » où le coup de marteau de Joseph pour déloger les clous du
corps de Jésus est décrit. P. 552, peut-être important.
Germain Colin Bucher, dans l’éd. Joseph Denais, Slatkine reprints 1970.p. 237 « Comme le
diamant excede toutes gemmes / Janne qui gist ici exceda toutes femmes ». p. 284 une épître
est signée « Cil qui a plus les Muses que l’or cher / Ton serviteur, Germain Colin Bucher ».
Dans l’ensemble rien :’(

Hécatomgraphie de Gilles Corrozet, chez Denys Janot, 1540, éd. Oulmont 1995
p. XXV-XXVI : « Gilles Corrozet parisien aux bons espritz et amateurs de lettres »
Voulant, Seigneurs, ce petit livre faire,
Pour au vouloir des muses satisfaire,
J’ay à part moy pensé bien longuement
A ce qu’on dict assez communément,
Qu’ilz sont assez, voire trop de volumes,
Tant d’imprimez que d’escriptz par les plumes,
Et que plus sont de livres que lecteurs,
Plus de lecteurs que vertueux facteurs,
Plus d’escripvains & plus de bien disantz,
Que d’auditeurs & que de bien faisantz ;
Cela pensant, ma main qui estoit preste
Pour commencer à escripre, s’arrête,
Joignant avecq la sentence première
Qu’on ne mect riens maintenant en lumière,
Qui n’ait esté ou veu ou deguisé.
Mais, en voyant que n’est poinct desprisé,
Le bon ouvrier qui l’ouvrage varie,
Comme un orfevre en son orfavrerie,
Qui d’ung argent faict ung pot, une ymage,
Puis en changeant & deguisant l’ouvrage,
Il en faict tout ce qui luy vient à gré.
Ainsy suyvant celluy en mon degré,
Je ne doibs pas aulcun blasme encourir, etc.
p. XXVII : il a mis des gravures :
Ainsi ay faict, affin que l’œil choisisse
Vertu tant belle, & délaisse le vice,
Aussy pourront ymagers & tailleurs,
Painctres, brodeurs, orfévres, esmailleurs, [Tout en italique. Indique une pratique d’époque
Prendre en ce livre aulcune fantasie,
Comme ilz feroient d’une tapisserie.
p. 22-23, le poème « De tribulation vient prospérité », avec une gravure de forge cassée !! Les
vers dans l’emblème :
C’est ma vie & ma soustenance,
Quand en moy brusle ung feu ardent,
Mais si le feu se va perdant,
Je péris en grand desplaisance.
p. 23 : Souventes foys prospérité
Procède de l’adversité,
Et de la tribulation
Vient grande consolation.
Le feu en monstre la manière,
Auquel est substance & lumière ;
La substance est chaulde & ardente,
La lumière est clère apparente,
La grande ardeur note tristesse,
Et la clarté joye & liesse.
Et comme après nuyct sans séjour,
Succède le cler & beau jour,
Tout ainsi la joye succède
A douleur dont elle procède.
La forge en faict la clère preuve ;
Sy grand feu en elle se treuve,
Elle en sera mieulx soustenue,
Du maistre dont elle est tenue,
Et tant plus elle bruslera,
Tant mieulx soustenue sera ;
Si nous sommes doncq tourmentez,
Et par adversité tentez,
Nous debvons avoir l’espérance
Qu’il en viendra joye & plaisance.
p. 38-39, « Noblesse de science », loue Achille le noble mais aussi Homère qui l’a chanté :
« J’en dy autant du facteur poétique, / De toute esprit bon & scientifique, / Qui, pour ses dictz,
mérite honneur & gloire. »
p. 135, « S’aider de tous ses membres », faire feu de tous bois :
Et tout ainsi qu’ung ouvrier bien subtil
Ne treuve poinct jamais maulvais oustil,
Et mect s’il peult toutes pièces en œuvre,
Semblablement l’homme prudent recoeuvre
Tousjours secours, quand il veult par raison
Se gouverner selon temps & saison.
« Beauté compagne de bonté », p. 164-165. Les vers intégrés à l’emblème :
Comme la pierre précieuse,
Est à l’anneau d’or bien conjoincte
Ainsi la beaulté gracieuse
Doibt estre avecq la bonté joincte
Et les vers sur la page d’à côté :
La pierre bonne,
A l’homme donne
Joyeuseté,
Quand la personne
A voir s’adonne
Sa grand clarté,
Mais sa beaulté,
Et dignité
Augmente quand l’or l’environne,
Que je compare à la bonté
Pour sa très grande utilité,
Qui à telle vertu consonne.

Forme élégante,
Beaulté patente
De personnage,
Du tout augmente,
Se rend luysante,
Quand il est sage,
Non au visage,
Mais au courage,
Reluyct la bonté excellente,
Et alors c’est ung chef d’ouvrage,
Quand on est très beau de corsage,
Et qu’au cueur est vertu latente.

L’Austriade de Pierre de Deimier, Lyon : TH. Ancelin, 1601.


p. 83 l’expression révélatrice « de feu, de fer, d’horreur, de rage » qui qualifie souvent les réf
au fer et au feu.
p. 105 un trait est décoché contre la cuirasse d’un chrétien :
Mais La ferme cuirasse où les pesans marteaux,
Avoient tant esclairci la noirceur des fourneaux,
Ne feit qu’un peu de largue à la pointe cruelle

Sébastien Garnier, Les Huict derniers livres de la Henriade, 1593


Livre IX, p. 7 : … & print sur son chamoys
Pourfilé de fin or un plus puissant Harnoys
Pour soustenir les coups : entre autres sa cuirasse
Qu’il mist incontinant sans bouger de sa place
Forgee de nouveau dans le pays de foix
Par un qui se vantoit estre yssu autresfois
Du forgeron Vulcan : qui pour gaingner la grace
Du Roy luy avoit faict ceste bonne cuyrasse,
Et aussi estoit il entre les Armuriers
Retenu le premier, soit de Foix ou Pasmiers.
Ceste Cuyrasse estoit a la veue admirable
Et d’un art nompareil : presque du tout semblable
A celle que Vulcan le boyteux feist jadis
Pour aller contre Hector au preux fils de Thetys
Achille Pellean : & estoit un chef d’œuvre
Faict tout expressement de n’aguere a l’espreuve,
Surpassant en valleur par sa trampe & bonté, [ici la manchette dit : « Armes D’Achile,
Homere Iliade 18. Livre. »
Tout autre que jamais en France auroit esté.
Il ceingnit pardessus une forte ceinture
Façonnee a l’entour d’une belle bordure,
Construicte par l’ouvrier d’un riche passement
Les boucles d’un fin or agencez proprement.
Puys pend a son costé une puissante espee
Qui dans le Fleuve Stix avoit esté trampee,
Faicte d’un fin Acier du Pays de Damas
A la forme & façon d’un tranchant coustelas.
En beaucoup de Pays le bruit & renommee
Entre les Villageoys de Gascongne est semee
Que cestoit Durandal : (l’espee de Rolland)
Recongneu en son temps le plus fort & vaillant…

-- Fin du bazar, début du rangement ----------------

£Alchimie
Sonnets spirituels, par Jacques de Billy, Paris : Nicolas Chesneau, 1573.
« Les tromperies du monde sous la personne d’un penitent », p. 156 r°-v° :
Mais tout ainsi qu’on voit ces charlatans,
Par leurs fourneaux d’enrichir promettans
Ceux qui trompez estiment l’alquemie
Estre vraye art, & non pure folie,
Du premier coup quelque somme doubler
De petit gaing, qui les fols ensorcele,
Pour puis apres du tout les accabler,
Et tous leurs biens leur tirer dessous l’aile.
Ainsi me feis, usant de ton mestier,
Fort beau recueil à l’abbord le premier,
Ne me monstrant, par externe apparence,
Que tout amour, douceur, & bienveillance.

Mythologie, càd explication des fables… extraite du latin de Noel Le Comte. Lyon : Paul
Frelon, 1607. C’est la trad. Natalis Comitis Mythologiae, sive explicanationis fabularum libri
decem…, Genève : Stephanus Gamonetus, 1602. Càd « Natale Conti » écrit-on en français
moderne.
« Explication physique de Vulcain » p. 1021
« Vulcain est dict fils de l’air, dautant que l’air extenué se convertit en feu. Ainsi cette fable
signifie les mutuels changemens des elemens. Or ses parens le jetterent hors du ciel à cause de
sa deformité ; pource que le feu qui s’amasse és nues, & conste d’une grosse matiere, est aussi
grossier et deforme au prix de celui qui est placé en la plus haulte & plus pure region de l’air.
Thetis & les Nymphes marines le recueillirent & esleverent ; car d’elles s’engendre la nature
de la foudre & des feux celestes qui se font és nues. On dit qu’il forgeoit les foudres de
Jupiter, dautant que cette vapeur de laquelle s’entassent & s’escachent les foudres, s’esleve &
s’engendre par la chaleur. Voila comment par cette fable ils enseignoient la nature des
Meteores. Cettui-ci mesme amoureux de Minerve espanche en terre sa semence, pource que la
chaleur d’en-hault ne parvient pas jusques ça-bas avec sa purité, ains se peslemeslant avec une
plus grosse matiere, devient impure & avance la generation de toutes choses. »
« Explication morale. »
« Vulcain boiteux, mal dispost de jambes, & sans valeur, envelopa dans un filé Venus & Mars
viste de pieds & tres-vaillant Dieu des armes : parce qu’il n’y a force ni puissance qui soit
bastante de garantir les meschants de la juste vengeance de Dieu. Et pourtant par cette
traditive ils exhortoient les hommes à integrité & innocence, & les destournoient de tout acte
vilain. »
p. 83 il y a une traduction de Callimaque « au bain de Delos », 8 vers sur la forge de Vulcain.
p. 133 Il y a un chapitre « De Vulcain », c’est le chap. 6. p. 134 rappelle que Cicéron, De la
nature des dieux, donne plusieurs Vulcains, de plusieurs traditions différentes, Opas chez les
Egyptiens, etc. p. 135 traduction de l’hymne homérique d’Apollon, qui raconte la chute de
Vulcain, quelques vers mythologiques. Et Platon, Rep., 2 : « Il fault contraindre les Poëtes de
n’user de propos absurdes : comme de dire que Junon ait esté enchainee par son fils, &
Vulcain precipité par son pere. »
138 le mythographe donne pour source de la répartition Lipare = île de Vulcain et Strongyle =
île d’Eole (répartition qu’on trouve dans les Argonautes IV mais aussi Juvénal, satire 13) les
Commentaires d’Agathocle [qui est-il ???], qui parleraient de forge.
Dans tout ce livre les vers cités sont traduits en français, même le livre 8 de l’Enéide, p. 139,
dans une traduction qui est celle de Le Chevalier avec 2 mots changés en 18 vers.
140 « De ce passage il appert où c’est que Vulcain tenoit sa boutique, quels personniers &
serviteurs il avoit, & quelle besongne ils forgeoient.
Rappelle aussi l’hymne homérique de Vulcain, qu’il faudrait peut-être aller voir… :
Douce Muse chantons Vulcain l’ingenieux,
Qui se joignant jadis à Minerve aux pers yeux,
Aux humains enseigna tant d’inventifs ouvrages :
Qui lors vivoient encor comme bestes sauvages
En des trous caverneux pour le froid eviter.
141 je suis stupéfait d’entendre parler des « enfants de Vulcain » : « Ardale, qui bastit à
Troezene une sale basse pour les Muses, & fut inventeur de la fluste & flageollet : Brothee,
qui se voiant mocqué de tout le monde à cause de la laideur de sa bouche, se jetta dans le feu,
aimant mieux mourir que de se voir toute sa vie exposé à la risee d’un chascun : Corynet,
AEthiops, qui fit porter son nom aux AEthiopiens, au lieu qu’on les nommoit auparavant
Aetheriens, comme dit Aristote au 4. Livr. Des rivieres » etc., très long.
146 Natale Conti cite ici une épître qu’il a écrite en latin contre les alchimistes, je ne sais pas
si celle-ci a déjà été traduite :
Art qu’un homme de bien ne peut voir de bon œil,
Art trompeur, plein de dol, que tu mets au cercueil
Doucement & sans bruit celui qui fol s’amuse
A tes subtils appasts ! qui circe, qui meduse
Par tes enchantemens & charmes doucereux !
Penses tu surmonter nature par tes feux ?
Quelle rage est ceci ? de loing elle te quitte,
Et trouves que ta peine est à neant reduitte.
Le feu boit tes travaux, le vent boit tes sueurs.
Elle deçoit tes yeux par cent & cent couleurs,
Par maint trompeur object, par mainte faulse forme.
Ainsi comme Proté quant il veut se transforme
Or’ en eau, or’ en feu, or’ en hideux serpent,
Or’ en roche, or’ en arbre, or’ en beste, or’ en vent.
Tu fais alambiquer ton bien à la fournaise,
Que la fumee en l’air evapore à son aise.
Qu’engendrent ces fourneaux ? une peste, un venin,
Un desir detestable, une enragee faim
A ce pauvre idiot, qui court à gueule bee
Apres l’or & l’argent : une rage enflambee,
Un triste desplaisir, un cuisant creve-cœur
Qui ronge ceux desquels elle a trompé l’ardeur.
Vid-on jamais aucun pris de telle manie,
Que l’ire vengeresse apres ne le manie ?
Dieu punit tel meffaict & leur temerité
Les contraint à la fin par grand mandicité
Courir à l’hostel-Dieu. Un œil plein de chassie,
Un front de crasse hideux, une barbe espaissie
Leur affre le visage ; un habit enfumé,
De vapeurs de charbon salement perfumé.
S’ils manquent au besoing, d’une menteuse fourbe
Ils paient resolus la trop credule tourbe.
Ils sçavent le moien de convertir Mercur,
Le metamorphosant en lingots d’or fin pur.
Mais si ces alterez tiennent en leur cordelle
Quelque homme bien renté, qui ait bonne escarcelle,
La bourse trop pesante, & croie de leger,
{147} Ils ont l’invention de la bien alleger.
Mais il verra qu’en fin leur fournaise importune
Le contraindra courir une mesme fortune,
Le faisant eschouët contre un semblable escueil,
S’il se peult à la longue eschapper du cercueil.
147 Il cite Suidas, qui a un argument pour l’alchimie égyptienne en particulier, mais « tout ce
que dit Suidas n’est pas texte d’Evangile ». Ensuite Mars.

D. de Courcelles (dir.), D'un principe philosophique à un genre littéraire : les « secret »,


Paris : Honoré Champion, 2005
Barbara Obrist, « Alchemy and Secret in the Latin Middle Ages », p. 57-78.
60 « the manipulation of occult forces is necessarily an act of violence » ; Combats
cosmiques.

Il faut comprendre que l’alchimie est un art et un savoir-faire impossible à vulgariser. Certains
secrets de l’art, dit le poète, ne doivent pas être révélés, « [s]inon qu’ilz soient d’une
ambiguité /
Enveloupez, & pleins d’obscurité » (f. 62 v°-63 r°). La poésie alchimique est alors tout le
contraire
de celle d’un Peletier : elle ajoute volontairement de l’obscurité à sa matière.
La proprietas étant inaccessible au poème alchimique
(les métaux les plus nobles doivent être nommées par des moyens détournés, comme l’ont fait
les
Anciens), l’illustration sera de facto interdite à un tel sujet, au temps de la Pléiade (f. 63 r°) :
Et mesmement ces miens escripts & vers
Sont (mais bien peu) de mensonges couverts
Et ne croy pas que ce que je recite
En verité totalement consiste
Lors que je tasche a conduire en usage
Cest art secret soubs ambigu langage
En declairant selon reigles, & droicts
Loix, & statuts de cest art fort estroicts
Par quel moyen, & subtile manière
Experience on doibt mettre en lumiere.
Frank Greiner, Les Métamorphoses d'Hermès. Tradition alchimique et esthétique
littéraire dans la France de l'âge baroque (1583-1646), Paris : Classiques Garnier, 2018
[mais cette thèse a été soutenue sous Daniel Ménager en 1995...
57 Trois ensembles de poèmes alchimiques : d'abord les rimes alchimiques, qui sont à la
fois mnémotechniques et se servent de l'harmonie imitative. 59 On redécouvre au XVIe
la valeur esthétique des poèmes alchimiques médiévaux ce qui justifie la réédition des
trois traités De la Transformation métallique.60 Ensuite, certains poèmes ont une visée
« incantatoire », comme Augurelli ou Nuysement. Ambiguïté de cette catégorie où la
magie n'est plus alchimique mais poétique. 61 Enfin, des poèmes où l'oeuvre n'a plus
rien d'une recette mais constitue seulement une métamorphose esthétique et spirituelle.
62 l'alchimie est alors celle du coeur et la poésie alchimique est poésie amoureuse.
81 « l'image philosophale a manifestement changé de fonction au cours de son transfert
du manuscrit à l'imprimé » ; les icônes alchimiques sont désormais « sur le seuil des
textes ».
151 Qui lit des ouvrages d'alchimie ? D'abord des pharmaciens, aucun populaire,
magistrats, religieux, ou même coutisans.
363 « Le XVIe sièce vit fleurir de nombreux écrits poétiques qui contribuèrent imposer
l'alchimie comme un sujet d'inspiration littéraire. » Les fleurs du style comptent alors
autant que le contenu.
371 Il fait sur Augurelli le commentaire qu'il s'agit d'un « livre-labyrinthe », augmenté
encore par la faconde d'un Habert qui doublerait le volume du poème [mais dans un vers
deux fois plus court !
383 La théorie ficinienne inspirée de Platon et Pythagore fait de la poésie le fruit d'un
esprit plein d'une harmonie céleste et divine. « De ce point de vue, la poésie serait l'un
des meilleurs véhicules de la vérité et, pour la littérature scientifique, un moyen
d'expression incomparable, puisque tout en désignant précisément les choses, elle
établirait entre elles et leurs signes un lien quasi organique, une relation nécessaire et
mélodieuse. »
393 Les deux poètes français de la chrysopée arrivent bien tardivement (Gamon et
Nuysement) ; c'est qu'il fallait attendre que l'alchimie ne soit plus la chasse gardée de
telle ou telle tradition scientifique.[ suivent quinze pages de remarques faciles et
douteuses sur Gamon, rien par exemple sur ses sources scientifiques
405 Gamon use et abuse des « figures de nombre », paronomases, épanalepses,
anaphores, tout ce qui donne un rythme. Très belle épanalepse : « Nature se faschant de
l'humaine nature... »

François Habert, La manière de trouver la pierre philosophale aultrement que les anciens
Philosophes, avecques le Credo de la catholique eglise, Paris : Denis Janot, 1542 [Bern,
Universitätsbibliothek, Bong V 270].
A ij r° « À monseigneur le reverendissime cardinal d’Allebrot messire David Breton, Fracoys
Habert son humble et obeissant, Salut. »
A iij v° la pierre philosophale, dans un poème liminaire expliquant le thème, s’oppose à la
pierre des « gentilz », « philosophes » « trop subtilz », et aux pierres précieuses connues,
diamant etc. Le colophon de ce poème, A iiij v° : « Sans la pierre philosophale nous ne
pouvons avoir la vie aeternelle. »
A iiij r° : poème liminaire de Habert : la pierre philosophale est la pierre que Jésus donne à
Pierre : « sur cette pierre… »
Le début du poème est clair, il ne va guère s’agir d’alchimie : « Veu que la pierre (ainsi que je
l’explique) / N’est rien sinon que loy evangelique ». A v v°
B v r° :
Doncques il fault par vertu de la pierre
Philosophale, et ensuyvant sainct Pierre
Abandonner tous les plaisirs charnelz :
Et pourchasser ceulx qui sont aeternelz,
En ce faisant il convient militer
Contre le mal, au vice relucter
B vi r° D’ung cueur ardent, d’ung couraige qui vaille
Pour maintenir tousjours ceste bataille :
Mais ce n’est pas ung conflit de dieu Mars
Pour prendre en main dagues et braquemars,
Encores moins ung conflict de Venus,
Pour esmouvoir contre Mars Vulcanus,
C’est ung conflict que l’apostre divin
Nous a appris qu’il ne fault mectre en vain…
f. vii r° Suit le « Credo de la Catholique Eglise ». Il y a des bois pieux. C’est une paraphrase,
vers par vers, du credo. « Credo in deum » :
Je croys en dieu, non point en Juppiter,
Non point en Mars, Mercure ou Vulcanus
V° Ou Cupido, je le veulx despiter
Avec son arc et sa mere Venus…
f. C v r° « Cinq Ballades Evangeliques »
f. D iiij r° « Dixain a tresillustre princesse Marguerite de France, sœur unique du Roy
Francoys premier de ce nom »

Philippe Morel (dir.), L'Art de la Renaissance entre science et magie, Rome : Académie de
France à Rome / Somogy éditions d'art, 2006.
Introduction, Philippe Morel : XI-XXI
XI distinction science/magie est anachronique.
« Lo Studiolo di Francesco I e l'alchimia : nuovi conributi storici e conologici, con un
carteggio in appendice (1563-1581) », Valentina Conticelli, p. 207-268
Nous parlons de François I de Médicis dans le Palazzo Vecchio à Florence. Le tableau de
Stradano le représentant aux fourneaux alchimiques est repris par Philip et Theodor Galle, La
distillazione, après 1589, gravure, Florence, Bibliothèque nationale centrale. Biringuccio était
déjà très disert sur la distillation. Voir aussi Beccafumi, Vulcano e il Maestro si accingono a
raccogliere i metalli, xylogravure de 1530-1535, Rome. La conclusion de Conticelli (p. 224)
est que la décoration du studiolo a été guidée par des considérations « ésotériques ».
« Arte e alchimia negli ultimi anni del Parmigianino », Elisabetta Fadda, 295-324

Alfredo Perifano, « L’alchimie dans De la pirotechnia de Vannoccio Biringuccio », Revue des


études italiennes, 42 (1996),p. 189-202.
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858417t
189 Liste des voyages scientifiques que Biringuccio a effectués dès 1507 (le livre est de 1540,
posthume) pour connaître tout ce qu’il sait. 190 Biringuccio serait précurseur de la méthode
expérimentale, ce qui serait évident dans sa critique des alchimistes. 191 Prend ses avis de
« savants et ingénieuses personnes » (ingeniose persone). 200 IL faut quand même préciser
que Bringuccio se déclare débiteur de l’alchimie et inclut beaucoup d’artisanats dans la
catégorie d’alchimie. Il n’est ni alchimiste ni opposé à l’alchimie car pour lui le discours pour
ou contre l’alchimie n’a jamais abouti à une conclusion certaine.

Hiro Hirai, Le Concept de semence dans les théories de la matière à la Renaissance de


Marsile Ficin à Pierre Gassendi, Brepols, 2005
63 Selon Hirai, Augurelli a introduit de novuelles nuances dans le concept médiéval de
semence. [Hirai adopte sans modification la traduction de Fr. Habert ! Lui aussi
65 C’est que la semence pour Augurelli est la même pour l’utérus, pour le blé et pour le
métal : la nature « consonne » harmonieusement.
80-81 A.-M. Schmidt a montré que Jean Perréal reprenait le concept de semence tel qu’il est
exposé dans la Chrysopeia d’Augurelli. Nature est « gardienne des semences ». 82 Mais Hirai
juge que « l’application du concept de semence est minime » dans ce texte, et que d’ailleurs le
texte n’a pas eu une grande notoriété scientifique.
293 Du Chesne est quant à lui largement dépendant de l’Idea medicinae de Séverin. La
semence divine est placée par Dieu dans le monde sub-lunaire et dans la terre ; mais comme
elle est invisible pour les humains, il ne la recherche pas.

William R. Newman, Promethean Ambitions. Alchemy and the Quest to Perfect Nature,
University of Chicago Press, 2004
“A note on terminology”, p. XIII : le mot “alchimie” signifie plus que seulement la chrysopée.
“Introduction : From alchemical gold to synthetic humans. The Problem of the Artificial and
the Natural”.
1 L’expression d’ “ambition prométhéenne” est de Jean-Paul II. 7 En fait les « bébés-
éprouvettes » sont un imaginaire qui existe dès le Moyen Âge (homunculus).
Les deux premiers chapitres retracent la querelle art/nature et ses rapports avec l’alchimie
dans l’Antiquité et au Moyen Âge.
Chapitre 3, 129 : l’alchimie prétend être la reine des « artes » précisément parce qu’elle n’est
pas une « ars ». 130 Biringuccio dira que l’alchimie veut contrôler ce monde et aussi le
suivant. Dans la suite du chapitre, Newman généralise le terme d’alchimie en parlant de
Palissy, etc. pantoufle.
Le chapitre 5 s’intéresse à la notion d’expérience : mais au XVIIe.

Didier Kahn, « Alchemical interpretations of Classical Myths », chap. 11 de A Handbook to


the Reception of Classical Mythology, éd. Vanda Zajko et Helena Hoyle, John Wiley & Sons,
2017, p. 165-178
166 L’alchimie grecque n’a pas utilisé la mythologie. C’est le MA et la Renaissance qui l’ont
interprétée ; c’est l’idée d’une « prisca (theologia, sapientia, philosophia) ».

Les notes de D. Kahn à propos de Melissus :


Pierre Enoc et Melissus : cf. Melissus, Schediasmata poetica, 1586, III, p. 18, 39, 98, 162, 177, et I, p. 236.
Recueil de 1574 ou de 1575 : vers français d’Enoc (P. de Nolhac, p. 4, n. 5). Relations Enoc-Melissus : Nolhac,
p. 27-28. Autres vers d’Enoc : voir Catal. Rothschild, IV, p. 247 (et l’index ?).
Voir Enea Balmas, Paul Melissus : viaggiatore italiano, Vérone, 1969 (Quaderni del Seminario di lingue e
letterature moderne straniere dell’Università di Padova, 1).
Sur Melissus et la tolérance religieuse, voir Yates, Académies, p. 285.
Penot connaît Enoc et reproduit une de ses lettres en 1607 (datée des calendes d'avril 1607, d’Aubusson
(chez J. de La Fin) : cf. fiche sur Du Chesne). Cf. Penot, De denario medico, p. 82 (lettre de Pierre Enoc) et 130.
Signalé par Secret, Melissus et l’alch., p. 508 (F. Secret, B.H.R., 35 (1973), 499-531 : “Littérature et alchimie”).
Melissus connaît Giacomo Antonio Gromo da Biella : cf. Melissus, Schediasmata poetica, Paris, 1586, I, p.
360 sq. et III, p. 273 sq. (Secret sur Melissus). Sur Melissus, cf. Nolhac, Rev. de litt. comp., I (1921) ; II (1922).
Sur Gromo, voir Gilly, « Iter Rosicrucianum », p. 87-88, n. 37 ; Paulus dans Analecta, p. 358 et 342 ; Ivo
Striedinger, Der Goldmacher Marco Bragadino, index, s.v. ; Cambridge, Trinity College Libr., ms. 1412 (= ms.
R.14.36), XVIIe s. (descrip° Internet) ; Copenhague, GKS 1722 4° (de la main d’Isaac Habrecht), n° 2 :
Gromida (descr. Internet + catal. Copenhague).
Melissus connaît Penot (Secret sur Melissus) : cf. Ægidius de Vadis, Dialogus inter Naturam et filium
philosophiæ, éd. Penot, Francfort, 1595 : épigramme de Melissus, datée de Heidelberg ; Penot, Tractatus varii de
vera præparatione et usu medicamentorum chymicorum, Urselles, 1602, p. 125 (?) : poème de Melissus.
Melissus connaît Croll : il lui dédie une ode en tête de la Basilica chymica.

Barbara Obrist, « Art et nature dans l’alchimie me´die´vale », Revue d’histoiredes sciences,
N. 49, t. 2 (1996), p. 215-286.
215 L’exergue est d’Albert le Grand : « de tous les arts, l’art alchimique imite le mieux la
nature », Minéralogie, III, l. 2, 1250-1260.
216 Les procès en tromperie des alchimistes datent du XIIIe : au XIIe, on peut encore y croire
et l’accueil est plutôt favorable.
217 « Les vicissitudes de l’alchimie sont liées à l’impossibilité pour les philosophes du
Moyen Age d’établir entre la philosophie de la nature et le savoir artisanal un rapport
comparable à la relation dynamique entre théorie et données empiriques qui, aux yeux du
chercheur contemporain, caractérise la science expérimentale ».
218 L’artisanat du verre, nouveau, connut dans ces siècles (12-13e) un « essor spectaculaire »
sur lequel les théoriciens alchimiques s’appuient.
221 Elle analyse l’aristotélisme d’Albert le Grand comme une stratégie de légitimation de
l’alchimie, mais cet aristotélisme est bien autre chose… En tout cas elle parle des « artisans
alchimistes ».
226 Selon Obrist l’une des difficultés réside dans le fait que l’or effectivement produit par les
alchimistes ne résiste pas à « l’épreuve du feu », comme l’or naturel. 228 Mais
traditionnellement c’est plutôt l’incapacité des objets artificiels à se reproduire qui marque la
limite entre art et nature.
230 Avicenne, dans le De congelatione et conglutinatione rerum stipule qu’il n’est pas
possible à l’art de changer les espèces, mais seulement les formes accidentelles des choses.
234 « L’intelligence étant commune à la nature et à l’artisan selon sa perspective téléologique,
Aristote lui-même a constamment recours à l’activité artisanale pour en inférer celle de la
nature. »
241 En français, c’est Le Roman de la Rose qui répond à l’argument d’Avicenne par la
distinction entre espèce générale et représentant particulier d’une espèce, et Meung prend le
verre pour exemple.
280 Ainsi l’alchimie conçoit une « collaboration » d’art et de nature, ce qui est contraire à la
vision médiévale et aristotélicienne d’une opposition absolue. [Du Chesne est alchimiste
paracelsien donc platonicien, pas lié à cette défense-réinterprétation d’Aristote

Jean-Marc Mandosio, « La place de l’alchimie dans les classifications des sciences et des arts
a` la Renaissance », Chrysopoeia,4 (1990-1991), p. 199-282.

https://books.google.fr/books?id=oMNbAAAAQAAJ
Paulus Melissus, Schediasmata, suite
Il y a un « Mulciber » p. 323
Une « fornax » p. 331
Une fabrication d’armes en métaux p. 90
Et je crois que le poème p. 427 est une satire de l’alchimie, mais pas sûr. **

Joachim Telle, Alchemie und Poesie, Band 1, De Gruyter, 2013


Wilhelm Kühlmann, “Wissen als Poesie. Zu Formen und Funktionen der frühneuzeitlichen
Lehrdichtung im deutschen Kulturraum des 16. und 17. Jahrhunderts”, p. 1-84
1, n. 3 : à propos de poésie didactique : “Der Begriff ›Lehrdichtung‹ ist ein jüngeres
wissenschaftliches Abstraktum für ein traditionsreiches
Konzept. Spätestens seit Harsdörffer war (als Lehnübersetzung) der Terminus ›Lehrgedicht‹
möglich, rein funktional verstanden im Sinne fabulöser oder parabolischer Didaxe
(Frauenzimmer Gesprächspiele VII, 1647, Nr. CCLVIII; dann im Titel der erbaulichen
Sammlung
Nathan und Jotham. Das ist Geistliche und Weltliche Lehrgedichte, 1659); dazu Heßelmann
(2006) und Stockhorst (2008), S. 384–398. In der Frühaufklärung überschnitt sich der
Begriff im Sinne handlungsloser Poesie mit verwandten Bezeichnungen (Lehrlied, Lehrode,
Lehrgesang, philosophisches oder moralisches Gedicht); Belege dazu bei Albertsen 1967, bes,
S. 10–39; seine von totaler Ignoranz gekennzeichnete Darstellung der »Neolatinisten« (!),
d. h. nur zu Rapin und Heinsius (S. 58–63!), und sein Kategoriensystem als ganzes bedürfen
der gründlichen Revision; dazu trefflich auch schon Jäger (1970); zum genregeschichtlichen
Überblick in Kurzform nützlich, jedoch noch sehr vorläufig, was die Frühe Neuzeit
angeht, die Artikel ›Lehrdichtung‹ von Liebermann u. a. (2001) sowie Kühlmann (2001).”
15 Il classe la satire dans les genres possibles de la poésie didactique. Car 13 la poésie
didactique est génériquement « hétérogène ». (Mais il y met aussi les épopées, et les
psaumes… c’est beaucoup pour la seule poésie didactique).
Didier Kahn, “La poésie alchimique dans l’Europe médiévale et moderne », p. 85-147
85 « La poésie fut présente dans toutes les cultures où se développa l’alchimie. »
86 On ne connaît pas d’exemple de poème alchimique arabe qui ait été traduit en vers
latins. Le poème d’Ibn Umail est sans doute le seul poème alchimique arabe à avoir
connu une traduction latine, mais ce fut une traduction en prose : Epistola solis
ad lunam crescentem. Les premiers poèmes alchimiques en latin naissent donc ex
nihilo, ou, si l’on préfère, par l’imitation formelle de modèles non alchimiques. Les
premières traces que nous en ayons datent du XIVe siècle. On notera par contraste
que dès le XIIIe siècle, on rencontre en ancien français une section alchimique d’un
peu moins de 100 vers dans le Roman de la Rose de Jean de Meun. »
« Il faut bien sûr se demander si l’apparition de poèmes alchimiques latins au
XIVe siècle ne coïncide pas avec le changement de statut épistémologique qui
s’observe précisément à cette époque dans un certain nombre de traités d’alchimie.
Comme l’a bien montré Barbara Obrist, l’alchimie avait connu au cours du
XIIIe siècle une grave crise de confiance due à l’absence de résultats probants, les
alchimistes ne parvenant à produire qu’un or de qualité inférieure à l’or naturel.
Plusieurs d’entre eux cherchèrent alors à asseoir l’alchimie sur des bases théoriques
plus solides, tel le pseudo-Geber ou l’auteur du Testamentum pseudo-lullien.
D’autres évoluèrent, dans leur conception de l’alchimie, vers une théorie de la
connaissance de type platonicien : la transmutation n’étant plus considérée comme
compréhensible par l’intellect, elle ne dépendait plus de la connaissance rationnelle,
mais de la volonté de Dieu. L’alchimie elle-même devenait un art en partie naturel et
en partie divin, comme l’écrivit en 1330 le théoricien de cette nouvelle conception,
Petrus Bonus — qui d’ailleurs s’efforça aussi d’asseoir l’alchimie sur des bases plus
philosophiques. C’est à cette époque que les traités d’alchimie se multiplièrent sous
forme de songes et de visions et que se répandit une forme d’écriture allégorique qui
ne résultait plus de l’héritage de l’alchimie arabe. »
Mais DK ne se risque pas à émettre une relation de cause à effet entre ce changement de statut
et la poésie alchimique.
89 « Le gros des poèmes alchimiques latins représente un ensemble de près de 2000 vers,
tous anonymes, ou attribués à des auteurs fictifs ». 92 Donc elle est ultraminoritaire dans la
littérature alchimique en latin, ce qui est étrange, considérant que la poésie didactique en latin
est particulièrement développée au Moyen Âge.
93 En vernaculaire, des sections alchimiques sont apparues dans des poèmes encyclopédiques,
surtout Le Roman de la Rose, et ont été extraites par les manuscrits, ce qui n’arrive jamais
concernant la prose : on n’extrait pas de Barthélémy l’Anglais ce qu’il dit de l’alchimie, etc.
96 (très étrangement le conte du valet du chanoine a été traduit dans les manuscrits
alchimiques catalans, accréditant l’idée d’un Chaucer alchimiste, parce qu’il avait mis
beaucoup de compétence alchimique dans ses descriptions.
98 Les trois poèmes des Trois traitez… montrent l’influence du Roman de la Rose. Le
Sommaire philosophique du pseudo-Flamel ne connaît pas de fortune alchimique avant 1560,
sa première édition : par contre La Fontaine des amoureux de science « rencontre dès le XVe
siècle un vif succès auprès des alchimistes ». « On reste dans la tradition du poème
didactique »
99 Enfin DK passe à la Renaissance : « Lorsqu’on en vient à la Renaissance, on est vite
confronté à deux phénomènes majeurs : l’irruption massive de la mythologie classique et
l’évolution du statut de la poésie, notamment grâce à la notion de « théologie poétique ». De
ce fait, « Virtuellement, toute lecture alchimique des fables antiques est dès lors susceptible de
relever du domaine de la poésie ».
100 Augurelli : « Son poème allie le genre didactique à l’élégance de l’expression, fourmille
de réminiscences antiques et, tout en s’appuyant sur un des traités d’alchimie les
plus solides du Moyen Age, la Summa perfectionis du pseudo-Geber, il contribue
à répandre dans la littérature alchimique le goût de la mythologie classique et y
introduit la doctrine du spiritus mundi alchimique avancée par Ficin dans son De
vita libri tres (1489), laquelle va exercer dans l’alchimie une influence considérable
jusqu’au XVIIIe siècle ». [Pour toute la réception, voir Martels, 2000.
106 « La Pléiade, tout comme les humanistes, a en effet
dédaigné l’alchimie, voyant en elle une discipline privée de tout modèle antique,
dont les auteurs s’expriment dans une langue obscure et barbare ».
« Il faudra donc attendre
Clovis Hesteau de Nuysement pour voir appliquée à l’alchimie la poésie telle que
la concevait Ronsard, car si Nuysement a reçu sa formation littéraire sous le règne
d’Henri III, ce n’est qu’en 1620 qu’il publiera son Poème philosophic de la verité de
la phisique mineralle, réplique tardive à la Palinodie chimique (1588) d’Antoine
Du Gault (alchimiste repenti qui, comme Pierre Chastellain un siècle auparavant,
avait narré en vers sa passion révolue pour l’art transmutatoire112) et ses Visions
Hermetiques qui transposent en images verbales, comme on l’a vu, les illustrations
du poème de Lamspring113. Nuysement aura en cela un concurrent, le sieur de
Beauvallet, qui à la même époque (1621) publie un poème tout semblable, Les
Prodiges chimiques, dédié à Louis XIII, auquel Beauvallet espérait vendre son secret
de la pierre philosophale ».
107 « On multiplierait encore aisément les exemples de poésie alchimique en France
entre la fin du XVIe et le milieu du XVIIe siècle en soulignant, d’un point de vue
formel, une prédilection marquée pour les stances et pour les sonnets ».
108 Sur le Grand miroir : un des correspondants de Du Chesne écrit en 1601 :
« J’ay envoyé cercher vostre Grand miroir à ce dernier voyage de Lyon et l’ay leu fort
ententivement. C’est une excellante oeuvre pour rendre tesmoignage des choses que vous
scavez mais non pour les enseigner [,] les retenant par devers vous comme devant sans qu’il
vous eschape rien dont on puisse faire profit. A vray dire les vers ne sont point pour enseigner
les sciences, ains pour faire voir la gaillardise de l’esprit ».
109 « L’auteur de cette lettre comptait donc recueillir dans Le Grand miroir du monde
quelques secrets de la médecine alchimique dont Joseph Du Chesne, si habile au
laboratoire, passait pour être le détenteur125. Sa déception lui dicte un jugement
sur la poésie scientifique qui est déjà, en 1601, celui que portera la partie la plus à la
mode des poètes du XVIIe siècle français sur ce genre désormais décrié, mais bien
loin d’être abandonné ».
112 « Comment le domaine de la poésie alchimique néo-latine se présentait-il depuis
Augurelli ? Une grande part de cette poésie relevait de la littérature polémique : c’est
celle qui naissait tout spontanément des querelles médico-alchimiques suscitées par
le paracelsisme un peu partout en Europe, notamment dans les milieux académiques
où se pratiquait une poésie savante145. C’était là de la poésie de circonstance, souvent
dictée davantage par les modes humanistes et par les moeurs académiques que par le
désir de produire un traité d’alchimie en vers néo-latins. C’est un vaste continent
qui vaut d’être exploré, mais ici, nous ne pouvons que le signaler, sous peine de n’en
jamais finir. »
117 Synthèse : fonctions de la poésie alchimique médiévale : En raison des déformations
évidentes dues aux diverses traductions du grec en arabe et d’arabe en latin, les alchimistes
ont très tôt pris conscience de l’état de dégradation des traités qui constituaient leur bien
commun. L’une des raisons qu’ils eurent d’écrire en vers a-t-elle pu être le désir d’éviter cette
corruption des textes, la forme versifiée étant plus stable et plus contraignante que la prose ?
C’est du moins l’une des raisons avancées par Robert M. Schuler pour expliquer l’abondance
de la poésie alchimique en moyen anglais ».
118 « Une autre raison d’écrire de l’alchimie en vers, soulignée par Schuler à juste titre,
c’est le désir de se concilier la faveur d’un Grand ».
122 Qui édite la poésie alchimique ? Uniquement des alchimistes. « Je ne connais qu’un seul
contre-exemple à cette règle : les premières éditions — gothiques — de La Fontaine des
amoureux de science de Jean de La Fontaine (c. 1506, 1521 et 1527), où l’accent est mis de
toute évidence sur la forme littéraire et non sur le contenu, le poème alchimique étant
accompagné ici de nombreux poèmes non alchimiques, telle La Fontaine des amoureux
mondains, moralité inspirée de la légende de Narcisse et Écho, un Congé d’amour anonyme et
des ensembles de rondeaux et de ballades ».
124 « c’est surtout l’influence de Paracelse (mais aussi celle du spiritus
mundi ficinien) qui marque le partage entre « Moyen Age » et « Renaissance »
en matière d’alchimie »
127 C’est Elias Ashmole, éditeur de poésie alchimique dans son Theatrum chemicum
Britannicum (1652) qui est le premier à théoriser une spécificité (en fait, une préséance) de la
poésie sur les autres modes de transmission de l’alchimie. 129 Encore ces tentatives
théoriques n’eurent-elles « guère d’influence hors d’Angleterre ».

Olivier de Magny, Les Souspirs


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70681w
« Sonet LXXXIX. » f. 30 r° premier quatrain :
Je sens mon cueur par larmes distiller,
Sous les rayons d’une flamme subtile,
Comme au Soleil la neige se distille,
Ou comme au vent se perd la nüe en l’air.
Il y a aussi, clairement, une opération magique alchimique dans le Sonet CLXIX, 56 r° :
Les astres clers éparsement semez
Ja par le ciel commençoient leur carriere,
Quand delaissant toute crainte en arriere,
Je regarday voz soleils enflammez :
Mais tout soudain mes espritz animez
Furent raviz par si belle lumiere,
Moy despouillé de ma franchise entiere,
Et de mon cueur les desirs alumez.
Ainsi le bras de l’archer qui m’entame
Darde ses traictz au plus vif de vostre ame,
Vous embrasant de l’ardeur qui me cuyt :
Afin qu’un temps, nous rencontrans ensemble,
De noz moytiez l’une en l’autre s’assemble,
Soubz la frescheur d’une pareille nuict.

Les Nouvelles œuvres 1582 Du Monin


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15101927 Du Monin
Du Monin est né à Gy, près de Vesoul, nord-ouest de la Bourgogne, presque en Alsace. Son
allégeance va à la couronne d’Espagne qui possède alors cette part de la Bourgogne et à qui il
dédie ses Nouvelles œuvres… (p. 319-321 de Barbier). Quand il meurt, en 1586, c’est un
monstre d’érudition, ruiné mais savant en tout, parlant toutes langues, connaissant toutes
sciences, brouillé avec tout le monde.
148 « Discours de la quinte essence des metaus, extrait d’un plus ample traité de l’auteur,
contre un chemiste Flamand imposteur. A messieurs de Gy en Bourgougne. » Pas clair de quel
ample traité ça s’agit : en fait il n’y a rien sur l’alchimie dans l’Uranologie.
L’alchimie est représentée comme un scandale d’autant plus qu’elle advient dans une « petite
patrie », dans un paradis anti-aulique (149), à savoir au « sejour Gyen ».
150 En fait les Gy s’intéressent à l’alchimie et Du Monin veut les sauver du naufrage (image
du phare).
Donc ce n’est pas une satire éthique de l’avarice, classique dans l’alchimie. Il y a une
énonciation didactique très nette :
151 Aprenés donc amis, d’un poëte liberal,
Le but de vos souflets, le penible metal […]
Nos chemistes pipeurs, dont les yeus à l’or visent,
Les metalliques cors en deus membres divisent,
Desquels l’or, et l’argent ils nomment chefs parfets,
Tous autres appellant metalleaus imparfets :
Faisans croire aus niaiz que la lourde Nature
Vicaires les crea en la soigneuse cure
De son œuvre mi-fait. Ha, Synon Argolois,
N’empourpre tu ton frond à cette fausse vois ?
Donc l’erreur scientifique tient ici lieu de vice que la satire va corriger. Très clairement la
satire est un poème scientifique ici.
152 Dis moi, mange-fumée, ô engence deforme,
Que te dicte le mot de Naturelle Forme
Sinon perfection de son cors épousé ?
Tout imparfet metal de Forme est composé,
Ainsi cet imparfet (ô infet) est parfet,
Mais ton forneau fumeus sotement le defet. […] [Ici Du Monin a utilisé les termes de la satire
pour réfuter une théorie scientifique.
Tu devois mesurer cette perfection,
Non au compas menteur de nôtre passion,
Ains au juste niveau de Nature la sage
Qui fournit les metaus à nôtre humain usage. […]
152-3 Finit par donner la supériorité au fer sur l’or, pour les mille utiles usages qu’on en fait.
Contre d'anciennes théories alchimiques, Du Monin cite explicitement Gerogius Agricola
(rebaptisé
« George Laboureur »). Mais comme, nous l'avons dit, l'époque de Palissy est celle où
l'artisaninventeur
est à la fois théoricien et praticien, Du Monin lit le De re metallica comme un traité de
théorie chimique capable de faire pendant au Péri métallôn d'Aristote qui classait les métaux
en six
espèces (p. 153) :
De George Laboureur l’art plus industrieus
Donne à huit le Metal à diviser entre eus,
L’or, l’argent, le plomb noir, l’airain, et le mercure,
L’étain, le fer, l’huitiéme antimoine en nature :
Mais nombrant aus metaus l’inconstant vifargent,
Il se montre en ce point bien peu docte regent,
J’ai pour mon bastion (ou je porte la hote)
Le ferme boulevar de ce grand Aristote :
Le vifargent ne peut danser au commun bal
Du defini festin du liquable metal :
Peus tu, notre beurrier, ni aucun ton complice
Faire que le Mercure en metal s’endurcisse ?
Dans le genre si éculé de la réfutation de l'alchimie en vers, c'est l'invention de détails et de
tournures tirées de sources inattendues qui doit assurer au poète son originalité, voire son
génie.
Ainsi lorsque le poète répond, dans une prolepse argumentative tout à fait topique, à
l'argument
alchimique qui consiste à voir dans cette science un simple accompagnement de l’oeuvre de la
Nature. Le propos est simple, mais l'invention de Du Monin le rend presque inintelligible (p.
158) :
L’architecte puissant des celestes lambris
Veut il privileger tant de brouillons espris
Qui tachent singaier la dextre nompareille,
Affin que des metaus la non veüe merveille
Soit leur ministres faus des Medeiques ars,
De l’amour Sodomique, et que leurs cris agars [Lui aussi est choqué de l’association des
dieux masculins ; mais dans Le Quaresme (1584) il avoue son amour pour Claude
Demongenet, donc c’est un peu curieux aussi… (cf. Barbier p. 319). En fait il a déjà critiqué
Théodore de Bèze pour son protestantisme en reprenant la médisance de Claude de Sainctes,
soupçonnant Bèze d’avoir aimé Germain Audebert : « La haine des calvinistes, exprimée
ailleurs, guidait Du Monin, l’incitant à faire semblant de soupçonner le vénérable
Réformateur d’une faiblesse que lui-même cultivait sans se cacher le moins du monde. » (p.
327 Barbier.)
Praignent pour leur jouet le chetif populace
Frissonnant de disette en la pauvre paillace ?
Plutôt le Cerf rameus iroit d’un pied ailé
Prendre chambre garnie au plancher etoilé :
Et si de mon Credo ce sens est hipocrite,
Je change ma livree au tané Jesuite.
Mais quoi ? tu me diras que tu sers de support
A la foible Nature à mener en bon port
Son fiston metaillard, dont l’enfance morveuse
Epure en ton fourneau sa morvette baveuse,
Et ce poupon plombin par ton gai souflement
Devient adolescent d’argentin element
Appelle aussi Albert le Grand, Aristote, Clement Gorri…
154 Nos chemistes cendreus au terrestre amari
Font de la viv-argente un souphre le mari, [oui c’est plutôt ça que j’ai lu
155 Et du lien heureus de ce bel hymenée
Ils tirent des metaus la feconde portée :
Mais le vent eventé de leur venteus forneau
Fait la grote AEolide en leur vanteur cerveau.
Chetifs, qui ne savés que cette Mercurée
Tourne son air subtil en sottile fumée :
Puis vôtre père souphre a les reins secs et gras,
Impropre à engendrer ces citadins d’enbas.
Le souphre fait de soi une moite riviere,
Ainsi que fait le sel en humide matiere :
J’en appelle en temoin maistre Clement Gorri
Appliquant l’eau souphreuse à tout membre pourri :
Mais nous voions à l’œil que tout lingot avare
Vaincu du seul Vulcan ses richesses separe. […] 157
Le Dieu donc du Lycee enfant Nycomachois
Pour cause des metaus produit les rochers frois
Qui couvent en leur sein cette matiere aqueuse
Qui se metallifie en leur poitrine creuse.
De vrai si par l’efort du fevre Lemnien
Tous les metaus forcés fondent leur entre-sein,
Il faut que de leurs cors la constante jointure
Reconnoisse le froid auteur de sa facture :
Tout ainsi que le sel, qui se fond par humeur,
Eut pour mastic le sec ennemi de l’humeur. […]
158 Les métaphores didactiques sont déjà polémiques, la polémique est dans l’exposé de la
théorie adverse :
Mais quoi ? tu me diras que tu sers de support
A la foible Nature à mener en bon port
Son fiston metaillard, dont l’enfance morveuse
Epure en ton fourneau sa morvette baveuse,
Et ce poupon plombin par ton gai souflement
Devient adolescent d’argentin element
159 Charbonnier infernal, Gargantua enorme [charbonnier est un terme péjoratif fréquent
pour qualifier l’alchimiste, les représentations de charbonniers sont donc peut-être
d’alchimistes, cf les réponses d’Annick Texier
De tant d’or en auré ? la naturelle forme
Congnoit la seule vois du seigneur foudroiant,
Qui lui commande, au clin de son œil clair voiant, […]
Or sus, roc enroché, ta pierre folsophique
Idée voltigeante au bal Mathematique,
Peut elle dans l’airain cornifistibuler
La forme d’un bon or que tu ne crains bruler ?
Veus-tu que je te croie, imposteur Sathanique ? […] [En fait les invectives rythment les
exposés savants sur la métallogenèse.
161 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15101927/f183.image S’achève sur la mention « Fin
en attendant mieux », avec une gravure du Jugement (est-ce ça, attendre mieux ?)
« Jean Edouard Du Monin voleur de feu… d’artifice. Essai biographique », Jean-Paul Barbier-Mueller, p. 311-
330, BHR 66, n. 2, 2004.
Donne à l’assassinat de Du Monin une source attestée par une main de la fin du seizième siècle écrivant
directement sur la page de couverture : c’est un mot satirique latin sur la porte d’un cocu qui lui valut la mort par
le fer, au sein même du collège de Bourgogne où il logeait.
323 Du Monin « croyait avec fermeté que son savoir lui tiendrait lieu de fureur poétique ».
323 Il faut comprendre sa traduction de La Sepmaine au sein de la « réaction humaniste » qui prend peur d’un
retour à l’âge gothique cf l’article de Claude Faisant : « Un des aspects de la réaction humaniste à la fin du XVIe
siècle : la paraphrase latine des poètes français », in Acta Conventus… 1979.
327 « C’est une curiosité : on le visite comme on va voir une femme à barbe »

Jean Lecointe, « Le « Langage de la my-nuict » : la poétique de Du Monin au regard de l’Academie de l’art


poëtique (1610) de Pierre de Deimier », p. 269-292, Albineana 22, Niort 2010.
270 Du Monin est la tête de turc de Pierre de Deimier : « Du Monin faisoit gloire d’escrire ainsi en langage de la
my-nuict ». C’est la seule attaque ad hominem avec Le Tasse, association dont Du Monin n’a pas à rougir. 272
« Certains escrivains […] ont formé leurs Poëmes sur des conceptions par trop quintessencieuses » , écrit
Deimier (condamnation utile pour comprendre la poésie alchimique…).
273 Lecointe : « En un sens, effectivement, la poétique de Du Monin « retarde », elle revient en-deçà de 1550,
mais en un autre, elle peut également figurer une avant-garde, celle du conceptisme européen, surtout
d’inspiration méridionale, à laquelle Deimier en opposera une autre, celle du premier « classicisme » français. »
278 Le Phoenix, 1585, est la partie de l’Aristotéliade (œuvre rêvée par Du Monin) qui correspondrait à la
psychologie. Du Monin signe P P (Poète Philosophe).
279 Le Phoenix dans ce poème n’est pas seulement la métaphore filée de l’âme, Du Monin la travaille « en
jouant de toutes les associations d’idées possibles : déplacements métaphoriques, mais aussi métonymiques,
synecdochiques, paronomastiques, etc., en exploitant toutes les possibilités d’une large polysémie allégorique : le
Phénix peut donc être successivement, de correspondance en correspondance, évidemment dans le cadre de
l’exemplarisme platonicien, Dieu, l’Ame humaine, le Christ, l’Intellect, … et le Cardinal Charles de Bourbon ».
C’est parce que (p. 289) « L’Unité célébrée par le Phénix dans toutes ses dimensions, microcosmique et
macrocosmique, philosophique et stylistique, se résout dans l’Unité chrétienne, autour du Pape, et, comme par
délégation, du Cardinal de Bourbon. »

Erasme, Alcumistica, éd. Amsterdam, 1972, p. 424-429


p. 424. Dialogue entre Lalus et Philecous (bavard/qui aime écouter. Le dialogue « rappelle
Chaucer », selon l’édition). Aussi une satire de l’alchimie dans le dialogue Ptochologia
Raconte comment un certain Balbinus, grand savant et lettré, se pique d’alchimie parce qu’il
est vexé de ne pas la comprendre. Ce n’est pas un « naevus » (verrue, tache) mais un
« morbum », une maladie, di Philecous. Balbinus est trompé par un sacerdos, un prêtre, qui
est un faux alchimiste : qui lui demande l’argent mais ne fait rien d’alchimique du tout. Il y a
chez Erasme une synonymie entre alchimiste et faux-alchimiste. Artis tantum tenebat,
quantum asinus quivis (p. 429, conclusion de Lalus). C’est une satire, mais du prêtre bien
plutôt que de l’alchimiste : « Si on lui eût intenté une accusation de vol, l’onction le mettait à
l’abri de la potence »

Dante, Enfer, chant XXIX, p. 367-369, trad. Danièle Robert, Actes Sud 2016.
Les alchimistes achèvent le chant XXIX, huitième cercle (ruse et tromperie, l’avant-dernier
cercle), dixième « bolge ». Le poète rencontre le compositeur d’Arezzo, qui lui dit :
« … Mais c’est dans le dernier des dix fossés [bolgia]
Pour l’alchimie qu’au monde j’exerçai,
Que Minos, qui ne faillit pas, m’a damné. »
Ensuite, Capocchio achève le chant, puni comme alchimiste lui aussi, « com’ io fui di natura
buona scimia », « à quel point la nature, je l’ai singée », 369.

Cymbalum mundi, Bonaventure des périers, 1537


La satire est au Dialogue second. Le comique, quasi beckettien, vient de l’absurdité complète
de la recherche des alchimistes : Mercure dit lui-même qu’il est impossible de trouver la
pierre philosophale, tandis qu’il encourage les hommes à la rechercher.
Néanmoins il y a chez Des Périers un jeu de syllepses perpétuel qui s’appuie sur les termes de
l’alchimie pour leur donner un sens moral (dans une tirade de Mercure, mine d’or/mine déçue
des alchimistes qui n’ont rien trouvé). En fait il s’agit d’un dialogue critique au sens kantien :
on discute des conditions de possibilité de l’alchimie. Un personnage alchimiste (Rhetulus)
refuse même les pouvoirs thaumaturgiques que lui offre Mercure, par crainte que la médecine
devienne inutile et caduque : « Et de quoy serviroient les medecins, & apothicaires, & leurs
beaulx livres de Galien, Avicenne, Hippocrates, Egineta, & autres qui leur coustent tant ? Et
puis par ce moyen tout le monde vouldroit tousjours guerir de toutes maladies, & jamais nul
ne vouldroit mourir, laquelle chose seroit trop desraisonnable. » (p. 62 de l’ed Yves Delègue,
Honoré Champion, 1995. Ce n’est donc nullement une satire de l’alchimie.

Pétrarque, Les Remèdes des deux fortunes. T. II, à propos du chapitre I, 113 : « De
Alchimia », notes de Christophe Carraud :
383 « L’alchimie, quant Pétrarque écrit, n’a pas toujours fait l’objet d’un traitement aussi
sévère, loin s’en faut. Albert le Grand, Raymond Lulle, à peu de distance de notre auteur,
n’avaient pour elle aucune aversion […] ; Vincent de Beauvais y voyait autant d’utilité qu’à
l’agriculture. »
384 à propos du mot « sufflatores » : c’est Pétrarque qui l’invente, avec un sens peu clair :
« forgeron, fondeur (cf. conflator) ? ou écornifleur, qui souffle sur les braises pour que le
repas cuise mieux ? »
Tome 1, p. 486-489, « De Alchimia »
C’est, comme tout le De Remediis, un dialogue entre Spes et Ratio. La première croit à
l’alchimie, la seconde n’y croit pas. La réfutation ne s’appuie pas sur des raisons alchimiques
mais sur des principes moraux : , « il est si plaisant d’espérer pour rien ! » Le dialogue
annonce celui d’Erasme puisque les scénarios envisagés par la raison sont ceux qui
s’accomplissent pour le malheureux Balbus.

Didier Kahn, « Quelques parodies mordantes de l’alchimie (XVe-XVIIe siècles) », p. 325-345


Cite encore Noël Du Fail, Ben Jonson et Béroalde de Verville pour les satires de l’alchimie…
Il y a eu aussi un certain nombre de poèmes liminaires dans la querelle entre Jacques Aubert
et Joseph Du Chesne cf. Alchimie et paracelsisme en France, p. 240-265. Il y a notamment
dans l’Alexipharmacum de Jean-Antoine Fenot, grand ami d’Eraste (le pourfendeur de
Paracelse) des « épigrammes et pièces versifiées de toutes sortes » qui prend nommément
pour cible les défenseurs de l’alchimie. Mais nous allons nous limiter aux vers français.

La Nef des fous, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1106492/f229.item


Et Rivière : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k858429c/f208.item
Les alchimistes sont des demi-fous, pas des fous complets, puisqu’ils dupent les vrais fous,
peut-être. Non ! En réalité Rivière traduit le « classes » de Locher :
Inde opus est ratibus / plures superaddere classes
Ut per longinquas sulcent me remige terras
Intégré à une satire morale :
Donc directement moral, pas de technique alchimique, pas de réfutation de fond. De ce fait, ce
n’est pas l’alchimie qui est visée, mais la société entière qui répand de la fausse monnaie, à la
manière de Gide :
Contaminat totum & nunc falsa pecunia mundum
Argentum minuunt : miscent quodcumque metallum :
Auri confundunt spem : gemmasque dolosas.
Pro veris vendunt : nummus sua pondera nescit.
Les references de manchettes prouvent qu’il s’agit d’une métaphore. Il y a à ce moment-là
Ezech. Xiii ; Lucae. Xiii. Puer. Xviii. Rivière (avec les mêmes manchettes) est encore plus
clair

Didier Kahn, “Historique des rapports entre littérature et alchimie, du Moyen Âge aux débuts
des temps modernes », Annuaire de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, vol. 101 section V
(sciences religieuses) (1992-1993), Paris, 1994, p. 347-356
347 « sans méconnaître les travaux de E.R. Curtius, de P. Bénichou et de M. Fumaroli mais
pour des raisons évidentes de curiosité, nous avons convenu ici d’entendre le mot littérature
par opposition au domaine scientifique dont relève avant tout l’alchimie »
Trois formes de collusion entre littérature et alchimie : a) la littérature utilise l’alchimie (« le
plus souvent à des fins satiriques »), b) l’alchimie utilise la littérature (exégèse alchimique de
l’Antiquité par exemple) c) « les deux champs entrent en symbiose et produisent des œuvres
aussi bien conçues dans une optique littéraire qu’alchimique », exemple La Fontaine des
Amoureux de science, les Della tramutatione metallica sogni tre de G. B. Nazari 1572 [est sur
Gallica mais pas de traduction http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k67941z
348 Ligne de partage difficile à situer entre texte littéraire et alchimique. Les allégories
alchimiques sont-elles de la littérature ? Allégories = « la forme rhétorique par laquelle on
quitte le terrain strictement scientifique pour entrer dans le domaine de l’élaboration
littéraire ». Une question controversée : la littérature médiévale a-t-elle parfois cherché à
transmettre secrètement un savoir alchimique, comme dans le Conte du Graal ? 349 Il semble
que les interprétations faites à ce sujet soient absolument fumeuses.
350 Les interprétations se sont fourvoyées parce que 1) elles ont cru à un caractère hérétique
de l’alchimie, soutenu par Jung et 2) nombre de symboles polysémiques n’auraient qu’un sens
caché, en l’occurrence alchimique. Or l’alchimie n’a jamais eu besoin de se cacher sous
d’autres habits.
Dès lors un développement alchimique dans un texte se reconnait à un vocabulaire spécialisé,
à un contexte, à une réception comme tel, enfin à un auteur.
Le vocabulaire de l’alchimie, c’est celui de l’ancienne chimie, mais aussi des métaphores
usuelles, le lion ver, le noir plus noir que le noir, l’eau permanente, etc. 351 Il faut se garder
de confondre alchimie et métallurgie qui ont parfois des vocabulaires semblables – l’affinage
de l’or est connu depuis l’Antiquité indépendamment de l’alchimie.
« Absence remarquable de l’alchimie dans la littérature médiévale ».

Pascal Debailly, La Muse indignée. Tome I : la satire en France au XVIe siècle


7 « La satire en vers est une parole qui agresse un individu ou une institution tout en faisant
miroiter dans sa critique l’idéal qu’elle juge offensé. »Attaque/ ambition éthique ou
esthétique. [et pas scientifique ?] « forte dimension référentielle en liaison avec l’actualité ».
9 L’indignation, beaucoup plus que le sentiment de dignité, est une « expérience immédiate et
viscérale » [contrairement à la science] 10 C’est l’indignation, disent les anthropologues, qui
a fait surgir le concept de dignité, et non l’inverse. 12 Souvent les philosophes condamnent la
satire, le ris moqueur. Spinoza donne la Satire pour le contraire de l’Ethique. 13 Toute satire
est donc d’abord apologia pro satira sua, justification du droit d’écrire des satires. 16
Debailly pense que la satire est impossible aujourd’hui tant les idéaux absolus sont
manquants.
Le livre se cantonne à la satire lucilienne, c’est-à-dire au genre de la satire et non au registre
satirique.
25 Etude chronologique plutôt que par types : Olga Rossettini avait réparti les poètes
satiriques du XVIe en « satire littéraire », « satire contre un type », « satire bernesque »,
« satire de mœurs », « satire contre une personne nommée ou anonyme », « satire des
confidences ». Or cette méthode risque de faire voir la satire comme une succession de lieux
communs.
28 Satire = « pis-aller poétique ».
181 Sur scène « la satyre n’est qu’une forme dramatique du coq-à-l’âne ».
Dans les neuf cent pages de sa Satire en France au XVIe siècle, Pascal Debailly ne fait pas
une seule fois allusion à l’alchimie.

La Satire humaniste, éd. Rudolf de Smet, 1994


Selon Bartolomé Pozuelo, « Méthodologie pour l’analyse des satires formelles néo-latines »,
p. 19-48, traits de la satire formelle latine : Auteur (monologue personnel, indications méta-
argumentales, confidences autobiographiques, langage colloquial), Matière (personnages et
lieux connus, épisodes narratifs brefs, référence au cercle social), Intention (objectif moral,
auteur-modèle, émission de normes de conduite, allusion à des vitiosi), Apparition du
comique.

Satyre contre les charlatans, et pseudomedecins empyriques : en laquelle sont amplement


descouvertes les ruses & tromperies de tous les theriacleurs, alchimistes, chimistes,
paracelcistes, distillateurs, extracteurs de quintescences, fondeurs d'or potable, maistres de
l'elixir, & telle pernicieuse engeance d'imposteurs... / 1610 (hélas) par M. Thomas Sonnet,
sieur de Courval http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58063t/f1.image
« AU PEUPLE FRANCOIS. / STANCES. »
3.
Tous leurs certificats, ne sont rien que des fables,
Des bourdes, des chansons, du fatras & du vent,
Dont ces madrez souffleurs trompent le plus souvent
Le Populaire sot, qui ne sçait leurs cabales.
Non signé. Il y a aussi, à propos de la satire, un problème de destinataire : évidemment la
satire n’est pas destinée au savant comme la poésie scientifique, mais au peuple. Cependant,
discutable : il y a des satires en latin. Sans doute l’alchimie s’adresse aux artisans : aussi il y a
un rapport entre culture du secret chez les artisans et chez les alchimistes. Mais ce n’est pas ce
qu’écrit Erasme ni cette satyre, qui s’adresse manifestement aux médecins et magistrats (il y a
un poème adressé au Parlement de Normandie pour louange d’avoir amélioré le sort des
médecins). Même principe qu’avec les médecins et d’ailleurs dans le même livre, une « Ode
satyrique. À la satyre du sieur de Courval » compare dès la première strophe les alchimistes
avec les médecins (Angot L’Eperonière). « Ad Satyram nobilissimi medici Domini de
Courval Normani » (Jac. Du Crioult Medicus) « À Monsieur Sonnet, sieur de Courval »
(signée J. D. R.), « Sonnet contre les charlatans. A Monsieur de Courval » (Jean Tournet). En
prosimètre, la satire principale du livre, « Contre les Charlatans » (c’est là que commence la
numérotation des pages) est pour une bonne part un exposé scientifique sur les Eléments et
leurs assemblages (« concorde ») puis exposé de médecine (citant Hippocrate) ; seuls les vers
liminaires expriment une satire légère et non docte. En fait la satire de l’alchimie devient au
XVIIe une controverse médicale tant le paracelsisme a déplacé l’alchimie du côté de la
médecine.
p. 19 : « Au contraire elle [la République] tombe au perigee de tous les malheurs, & en un
profond abysme de confusions, lors qu’on void en icelle, chacun se mesler impudemment &
temerairement d’exercer un estat, soit mechanique ou liberal, auquel il n’est nullement
experimenté. Quelle peste plus dangereuse ? quelle chancre plus pernicieux ? quelle plus
desesperée gangrene, peut gaster & alterer le corps d’icelle, lors qu’on void un pauvre &
ignorant Savetier disputer effrontement de la disposition des couleurs, des ombrages,
{20}reliefs, racourcissemens, proportions, draperies, & autres traicts & perfections, qui sont
des appennages de la peinture, avec un appelle… » [Il y a un élitisme libéral : « estat
mechanique » ne doit pas se mêler d’art libéral de médecine, d’ailleurs nommé « art &
science » (p. 20).

Palinodie chimique, où les erreurs de cest art sont non moins plaisamment que sérieusement
réfutez par le sieur Du Gault. Livre utile à toutes gens. À Madame de Villeroy, dame
d’honneur de la Royne, mère du Roy. Paris : Pierre Sevestre, 1588.
Un sonnet et une « odelette » à la destinatrice, puis un « argument contre l’envieux », puis en
prose une préface « Au lecteur benevole », 4r :
« Pource que d’ordinairement la plus grand partie des Alchimistes sont gens sans lettres,
extremement aheurtez aux termes de leur art, qu’ils aprenent fort curieusement : & que
plusieurs au contraire n’y ont jamais regardé, lesquels les ignorent. Il me semble qu’il ne sera
hors de propos de dire pour les premiers, que Palinodie est le rechantement, qui declare avoir
esté failly au chant de premiere instance. D’où il se prend pour repentance & publique
confession d’une faute, telle que je la chante en ce petit traitté : Et pour les derniers que les
Alchimistes donnent le nom de sept Planetes à sept metaux : appelans le Vif-argent Mercure,
le Plomb Saturne, l’Estain Jupiter, l’Argent Lune, le Fer naturel & ayant receu trempe, dict
acier, Mars, le Cuivre naturel & teint par la pierre calaminaire, dit Laiton, Venus, l’Or bas ou
hault, Sol ou Soleil.
[Ainsi les alchimistes sont sages d’une certaine manière : ils sont sages par leur but. En tout
cas l’auteur a le goût de l’hermétisme, cela il ne s’en est pas départi… Suit un dialogue avec
une allégorie de « l’Hipocrisie », puis un éloge de la Prodigalité opposée à l’Avarice.
8v On apprend des choses, lorsque l’alchimie est abordée, la satire est comme retardée par
une définition encyclopédique de l’alchimie. Mais au bout d’une page, 9r, ouf !
l’encyclopédie est récupérée par le registre satirique :
Voila ce que j’ay peu de ce monstre comprendre,
Lequel estant sans poil on ne sçait où le prendre.
Peut-être réminiscence de Pétrarque lorsque Du Gault écrit :
9v Cest espoir seulement
Au sombre de la nuict faict viser clairement.
10r Si en bonne maison Pierre Philosophale
Peut escrire son nom les rentes elle avale… [avertissement adressé aux « bonnes maisons »
9 r° la quintessence « fera que lemoindre seigneur / Des mines, se rendra au haut degré
d’honneur ». 10 v° : l’alchimie ruine une famille entière si on s’y adonne avec passion.
11r L’alchimie se lit sur « un vieil volume
Tout de noir enfumé, de vieillesse roüillé ».
Cela donne lieu à une satire qui se rapproche du premier portrait de Brant, le lecteur curieux :
… le plus docte & sage
Se repute à honneur d’y noter un passage,
Et le plus ignorant d’avoir un truchement,
Qui parle, où il n’entend que le haut Alemand :
Le grand monsieur le prend avecques ses mains netes :
Le chassieux le lit avecques ses lunettes :
Et par signes le sourd y comprend sa leçon.
Tant bien de plaire à tous ell’entend la façon ! [c’est l’une de ses malices que de s’adresser au
peuple tout entier : l’alchimie est dangereuse d’autant qu’elle est populaire
Aussi c’est bien raison que livres authentiques,
Surnommez des autheurs les plus grands & antiques
Qu’on sçauroit rechercher, soient leus reveremment.
La science au cerveau n’entreroit autrement.
De faict Adam, Noë, on ne faict conscience
De nommer pour autheurs d’une telle science :
Les autres moins hardis laissans les surnommez
Disent premier autheur le trois fois grand Hermés :
13 v° « Pierre philosophale est la pierre à Sisyphe… »
14r Je l’ay eu quatorze ans tous entiers en pensee,
Et parole asseuree aux plus grands avancee,
Que l’unique Phenix je me tenois de l’art,
Qui a sur moy tourné l’insatiable esgard. […]
Ores que je suis seur que ce travail est vain.
Mais on m’estime expert, on veut que j’y retourne
Et de tous les costez mon courage on contourne…
14v Jusques à la mommie & salive, il n’est rien
Que ces esprits vagans ne tournent à leur bien.
L’œuf des poules est bon, le sang de bouc fort propre,
Et le sang du Dragon enfermé dans un cofre,
Pour esclorre un poussin de panage fort beau :
Qui sera faict Colombe estant passé Courbeau :
15r Le lion verd aura pour compaigne enfermee
L’eau de liqueur puante, & la blanche fumee.
Et si ne faudra pas aux douceurs de ce ciel :
Oublier pour matiere esprouvee le miel :
C’est de luy que tu prens ton animal mercure :
Ce disent ces espris, qui d’enseigner n’ont cure…
C’est là le cœur de la réfutation théorique de la Palinodie. Ensuite on revient à la satire, cette
fois-ci des Grands :
16r Et j’y pourrois monstrer Roys a nez Aquilin,
Duc qui en Chrestienté n’a son pareil voisin…
Puis un songe allégorique du château d’erreur et du château de vérité.
24 r° les alchimistes sont des rats (c’est l’attribut de Vulcain cf. Ronsard, Premier livre des
Amours) qui mêlent toute la mythologie et la mettent en pièce, faisant les Dieux bigames et
trouvant ça beau.
Souvent l’invention langagière sert à moquer l’alchimique, il y avait « acconsuivre » pour
suivre la voie alchimique, et 18r il y a « l’encharbonnement ». L’ « amalgame », mot moins
commun alors qu’aujourd’hui, est défini en préface et sert à la critique ensuite, 24r :
Or ainsi que les Rats conchiants le fourmage,
Congelent leur morsure, a ceste Royne hommage [la Reine d’Alchimie, au château d’Erreur
Est deu de congeler par ceux qu’elle faict Rats,
Qu’ores ronger, friper en mietes verras
Leurs chairs ingrediens en leurs ords Amalgames,
Où bien souvent les Dieux se voyent faits bigames.
En fait il y a un reproche d’homosexualité des alchimistes qui marient « Sol avec Saturne »,
« Mercure avec Sol », ce qui « est du tout pecher contre nature »…
27r le poète « laisse là » l’allégorie et envisage le but de l’alchimie, « faire l’or ».
29r Il y a une sorte de réfutation théorique ici :
La nature animale a pour genre imparfaict
Le reptile & tout autre animal fors que l’homme
Ou la perfection d’icelle se consomme.
Or faudroit-il qu’ell’ feit d’un vers un gros crapaut,
D’un crapaut un liron, d’un liron un levraut.
Et ainsi poursuyvant la nature animale,
Par degrés arriver jusqu’à la principale.
Ce que nature abhorre, au contraire taschant
Que la mort du parfaict produise le meschant.
29v Car le reptile naist quand l’homme se consomme
Et jamais de reptile on ne veit naistre l’homme.
Ce que de tout metal la nature suit bien.
Voila pourquoy Vulcan te multiplie en rien [Vulcan = feu ici
La grande quantité des choses minerales,
Qu’il te destruit & ard, pendant que tu avales
En prodigalités ton riche revenu…
31v La satire topique est coprophile : « les mots ne puent point »…
Il y a quelques pages sur la théorie alchimique mais dans une modalité parodique, assez
simplifiée (en réalité pas beaucoup, reproches pertinents).

Du Monin
Le Rationalisme dans la littérature française de la Renaissance (1533-1601), Henri Busson,
1957. Second tirage, 1971.
Dernier chapitre : « Poètes apologistes ». Uranie de Du Bartas, p. 583 : cette Muse de la
poésie savante se plaint que la poésie française soit pleine « de feints soupirs, de feints pleurs,
de feints cris, d’impudiques discours et de vaines querelles », de blasphèmes aussi. Bref,
qu’elle ait oublié sa source religieuse pour l’inspiration antique. Jean-Edouard Du Monin (le
très-savant) a publié aussi dans ses Nouvelles œuvres un éloge de la poésie philosophique. Il
invite tous les poètes à une célébration mystique, d’où il rejette tous les poètes « n’estans
habillés de la livrée de nos noces, sçavoir la couleur d’Aristote » (p. 584)

C’est effectivement chez Du Monin que le


pédantisme est le moins un souci d’écriture : « le langage des métiers, prudemment admis par
la
Pléiade, s’impose ici sans gêne : le vocabulaire des notaires ajoute sa petite note aux doctes
précisions du philosophe, et les coquetteries poétiques, pourtant dispensées sans compter,
n’ont plus
l’air de sortir de la bouche des Muses : ce sont des particularités linguistiques qui marquent,
elles
aussi, l’appartenance à une certaine profession. Dans L’Uranologie, la poésie a cessé de venir
d’un
autre monde, et la science en a fait autant. Toutes deux se présentent manifestement comme
des
productions humaines, comme une habileté et un savoir acquis dans les écoles et dans les
livres. Les
racines sacrées ou mythiques sont définitivement coupées, malgré les proclamations
emphatiques
qui semblent dire le contraire. Nous nous garderons d’apprécier le résultat artistique de ce
déracinement ; et le résultat scientifique, dont il sera question un peu plus loin, n’est pas
exceptionnellement brillant. Quoi qu’il en soit, la voix de Du Monin […] nous transmet un
peu de
la réalité des collèges parisiens aux alentours de 1580 ». [Pantin p. 412. Ce jugement cruel s’appuie
sur l’analyse d’un extrait de L’Uranologie, f. 87 v°.] Du Monin lui aussi s’est acquis la réputation d’un
pédantisme effréné, surtout depuis
la condamnation d’A.-M. Schmidt qui a donné pour source de ses « manies scolaires » un souci
exclusif de la « gloriole savante » : « il semble prendre en guignon qu’un régent de collège, un
collègue, comme Buchanan, ait la noble pudeur de vouloir dissimuler les origines de sa science et
s’avancer sous le masque »29. [Schmidt cité par Pantin, p. 403

--- fin des chutes de l'article satire alchimie ---

Didier Kahn, « Les manuscrits originaux des alchimistes de Flers », dans Alchimie : art,
histoire et mythe, dir. Didier Kahn et Sylvain Matton, 1995, p. 345-427
Il y a un poème appelé Le Grand Olympe, dont un commentaire en prose est daté par les
manuscrits de 1430, mais qui est selon Kahn (p. 350) postérieur au poème lui-même
postérieur au De incertitudine de 1530. C'est une interprétation alchimique d'Ovide : rien à
voir avec un texte technique donc. On l'attribue à Pierre Vitecoq, mais rien dans cette paternité
n'est assuré (p. 409).
357 La Satyre de Thomas Sonnet de Courval « est en réalité (comme l'avait signalé F. Secret)
un plagiat éhonté, très souvent littéral, d'un texte de 1580 d'André Du Breil Angevin,
« Docteur régent en la Faculté de médecine de Paris, et ordonné pour la ville de Rouen » : La
Police de l'art et cience de médecine... » (Paris, Léon Cavellat, 1580).
362 Problème : le destinataire de cette Satyre, Nicolas de Pellevé, est le petit-fils d'un
alchimiste renommé, auteur de l'Abrégé de Théorique, Nicolas de Grosparmy. « Une
explication simple est que Nicolas de Pellevé, hostile à l'alchimie, aurait profité de cette
Satyre et de sa dédicace pour se désolidariser d'un aïeul jugé encombrant », dont le manuscrit
circulait en Normandie dès la seconde moitié du XVIe.

Phenix
f. 50 r°, Du Monin tente de comprendre l’alliance des éléments dans toute matière : après
l’avoir fait pour l’air et l’eau,
Suivons la même route au peuple Metallique :
Dans un billon seulet tu vois une boutique
D’or, de cuivre, d’argent, & sont si bien collés,
Qu’à peine en Paracelse on les void de-collés
Par un feu calciné, par chaleur fienteuse,
Par un bain de marie, ou par l’eau Vaporeuse,
» Le vinaire, le sel, le soufle ; ils sont si bien
» En leur centre enlassés d’un fort nœud Gordien,
» Qu’ils se baisent encor apres la Quintessence
» Au sein qui est nommé par Chimique Eloquence,
» La matrice natale. Et les plantes encor… etc.
Dieu est « Le Feuvre de ce Tout », f. 35 v°

Alchimie et philosophie mécaniste. Expérimentateurs et faussaires à l’âge classique, 2015


Michel Blay, Préface : VIII « Tout s’est joué, si l’on peut dire, au tournant des XVIe et XVIIe
siècles lorsque Galilée transforme l’ordre copernicien de la nature, baigné de présence divine,
pour en faire, en le désincarnant, un ordre mécanico-mathématique inspiré par son « ethos de
l’ingénieur ». »

Les Clefs de la philosophie spagyrique, 1622 : une succession d’aphorismes, sur presque 400
pages.

Sylvain Matton, Philosophie et Alchimie à la Renaissance et à l’Âge classique. Scolastique et


Alchimie (XVIe-XVIIe siècles), 2009
1 Quelle attitude la Compagnie de Jésus avait-elle vis-à-vis de l’alchimie ? Martha Baldwin a
déjà commencé cette recherche. Acte fondateur : en 1599, la Ratio studiorum (sorte de
programme scolaire) prescrit aux professeurs jésuites d’avoir saint Thomas d’Aquin pour
maître en théologie scolastique.
2 Dans sa Summa theologiae, Thomas répond à la question de si « une vente est rendue
injuste et illicite en raison d’un défaut de la chose vendue », et prend pour exemple l’or
« impur et sophistiqué » des alchimistes. 3 Cependant le cardinal Cajetan, dans un
commentaire entrepris entre 1507 et 1520, note que « L’Auteur ne suppute pas dans sa
réponse au premier argument qu’il set impossible de faire de l’or véritable au moyen de l’art,
pourtant, parce que cela n’arrive jamais ou rarement, mais que c’est le contraire qui survient
le plus souvent – à savoir que [les alchimistes] produisent de la fumée à partir d’or véritable
lorsqu’ils font de grandes dépenses qui se résolvent en fumée -, un tel art ou bien n’est pas du
ressort de l’homme, ou bien relève des princes après qu’ils en aient délibéré avec des
personnes sages.
5 Pourtant il semble que Thomas ne croyait nullement à la possibilité de la transmutation, car
dans une question sur les démons il rappelle le principe d’Avicenne « Sciant artifices alkimie
species metallorum transmutari non posse », « Que les alchimistes sachent que les espèces
des métaux ne peuvent être transmutées », principe qui se lit dans le Livre de la guérison
traduit vers 1200 sous le titre Aristotelis de mineralibus.
11 En somme Thomas d’Aquin pouvait être sollicité par les uns et par les autres au sujet de
l’alchimie, mais le sentiment général était qu’il y accordait une possibilité.
Pour le reste le livre est nettement trop érudit et ne parle pas de poésie.

[INSERE dans satire alchimie] Les Nouvelles œuvres 1582 Du Monin


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15101927 Du Monin
8 dans l’ « avant-discours », le bastion de Philosophie a des « Vulcaniques murs ».
102 Dans l’ « Hymne de la Musique », Du Monin lie la musique à la forge. [C’est amusant
parce que le forgeron s’appelle « marechal » le moment où il s’agit du bruit qu’il fait avec ses
marteaux, cf Montaigne
148 « Discours de la Quintessence des metaus, extrait d’un plus ample traité de l’auteur,
contre un chemiste Flamand imposteur. A messieurs de Gy en Bourgougne. »
150 En fait les Gy s’intéressent à l’alchimie et Du Monin veut les sauver du naufrage :
Mon œil, sec, ne peut voir cet imposteur infame,
Qui pour sucer vos os alambique son ame,
Cet egout empesté, dans qui de toute part
D’un Geber circoncis coule l’infernal art,
D’un Lulle, d’un Arnoud, d’un Morin Arabique,
D’un Guillon Parisin, d’un Ulstade Hidropique
De forneaus billonneus : ce galifrard beurrier
Par qui Gy sera fait magazin savonnier. […]
152 Dis moi, mange-fumée, ô engence deforme,
Que te dicte le mot de Naturelle Forme
Sinon perfection de son cors épousé ?
Tout imparfet metal de Forme est composé,
Ainsi cet imparfet (ô infet) est parfet,
Mais ton forneau fumeus sotement le defet. […]
Tu devois mesurer cette perfection,
Non au compas menteur de nôtre passion,
Ains au juste niveau de Nature la sage
Qui fournit les metaus à nôtre humain usage. […]
154 Nos chemistes cendreus au terrestre amari
Font de la viv-argente un souphre le mari, [oui c’est plutôt ça que j’ai lu
155 Et du lien heureus de ce bel hymenée
Ils tirent des metaus la feconde portée :
Mais le vent eventé de leur venteus forneau
Fait la grote AEolide en leur vanteur cerveau.
Chetifs, qui ne savés que cette Mercurée
Tourne son air subtil en sottile fumée :
Puis vôtre père souphre a les reins secs et gras,
Impropre à engendrer ces citadins d’enbas.
Le souphre fait de soi une moite riviere,
Ainsi que fait le sel en humide matiere :
J’en appelle en temoin maistre Clement Gorri
Appliquant l’eau souphreuse à tout membre pourri :
Mais nous voions à l’œil que tout lingot avare
Vaincu du seul Vulcan ses richesses separe. […] 157
Le Dieu donc du Lycee enfant Nycomachois
Pour cause des metaus produit les rochers frois
Qui couvent en leur sein cette matiere aqueuse
Qui se metallifie en leur poitrine creuse.
De vrai si par l’efort du fevre Lemnien
Tous les metaus forcés fondent leur entre-sein,
Il faut que de leurs cors la constante jointure
Reconnoisse le froid auteur de sa facture :
Tout ainsi que le sel, qui se fond par humeur,
Eut pour mastic le sec ennemi de l’humeur. […]
159 Charbonnier infernal, Gargantua enorme [charbonnier est un terme péjoratif fréquent
pour qualifier l’alchimiste, les représentations de charbonniers sont donc peut-être
d’alchimistes, cf les réponses d’Annick Texier
De tant d’or en auré ? la naturelle forme
Congnoit la seule vois du seigneur foudroiant,
Qui lui commande, au clin de son œil clair voiant, […]
Or sus, roc enroché, ta pierre folsophique
Idée voltigeante au bal Mathematique,
Peut elle dans l’airain cornifistibuler
La forme d’un bon or que tu ne crains bruler ?
Veus-tu que je te croie, imposteur Sathanique ? […] [En fait les invectives rythment les
exposés savants sur la métallogenèse.
161 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15101927/f183.image S’achève sur la mention « Fin
en attendant mieux », avec une gravure du Jugement (est-ce ça, attendre mieux ?)

Jacques van Lennep, Alchimie. Contribution à l’histoire de l’art alchimique, 1985


Il y a un index avec tous les motifs iconographiques rencontrés. Très utile pour tous mes
futurs commentaires de textes !! Il y a aussi une très grosse iconographie, tirée d’imprimés et
de manuscrits.
33 La toison d’or a été décrite comme un parchemin avec le savoir alchimique dessus.
45 Le manuscrit est inséparable de l’alchimiste. « L’état de certains d’entre eux, brûlés par des
acides, noircis par la fumée, démontrent qu’il s’agissait souvent d’ouvrages qui étaient
consultés en cours d’expériences ».
47 van Lennep n’est pas du tout d’accord avec l’affirmation de Barbara Obrist selon laquelle
l’iconographie alchimique découle d’une volonté de masquer un échec technique patent dès le
XIVe siècle. Surtout, Van Lennep proteste contre le fait de traiter les thèses de Jung d’
« élucubrations anti-historiques » comme le fait Obrist.
95 Lennep propose une analyse passionnante et érudite de l’enluminure de la Remontrance de
Nature de Jean Perréal. D’un côté l’opus mecanice, légende de la forge à droite, c’est un bain-
marie dans un athanor, comme l’indiquent les initiales M. B. (mariae balneum). De l’autre la
forge de nature avec symboles alchimiques que Lennep sait analyser.
Il faudrait faire la recension de toutes les images d’ateliers dans ce gros tome pour une étude
iconographique éventuellement.
390 Il y a un chapitre sur « l’art du potier et le très noble art du verre »
« Les connaissances des métaux, des minerais et des divers produits que l’alchimiste
accumula au cours des siècles, sa maîtrise du feu, eurent une incidence capitale sur le
développement de la céramique et de l’art du verre ». Pour plusieurs raisons : d’abord des pots
et des verres sont nécessaires à l’alchimiste. « Ainsi connaissait-il les glaçures rendant la
matière non poreuse ».

Didier Kahn, “Historique des rapports entre littérature et alchimie, du Moyen Âge aux débuts
des temps modernes », Annuaire de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, vol. 101 section V
(sciences religieuses) (1992-1993), Paris, 1994, p. 347-356
347 « sans méconnaître les travaux de E.R. Curtius, de P. Bénichou et de M. Fumaroli mais
pour des raisons évidentes de curiosité, nous avons convenu ici d’entendre le mot littérature
par opposition au domaine scientifique dont relève avant tout l’alchimie »
Trois formes de collusion entre littérature et alchimie : a) la littérature utilise l’alchimie (« le
plus souvent à des fins satiriques »), b) l’alchimie utilise la littérature (exégèse alchimique de
l’Antiquité par exemple) c) « les deux champs entrent en symbiose et produisent des œuvres
aussi bien conçues dans une optique littéraire qu’alchimique », exemple La Fontaine des
Amoureux de science, les Della tramutatione metallica sogni tre de G. B. Nazari 1572 [est sur
Gallica mais pas de traduction http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k67941z
348 Ligne de partage difficile à situer entre texte littéraire et alchimique. Les allégories
alchimiques sont-elles de la littérature ? Allégories = « la forme rhétorique par laquelle on
quitte le terrain strictement scientifique pour entrer dans le domaine de l’élaboration
littéraire ». Une question controversée : la littérature médiévale a-t-elle parfois cherché à
transmettre secrètement un savoir alchimique, comme dans le Conte du Graal ? 349 Il semble
que les interprétations faites à ce sujet soient absolument fumeuses.
350 Les interprétations se sont fourvoyées parce que 1) elles ont cru à un caractère hérétique
de l’alchimie, soutenu par Jung et 2) nombre de symboles polysémiques n’auraient qu’un sens
caché, en l’occurrence alchimique. Or l’alchimie n’a jamais eu besoin de se cacher sous
d’autres habits.
Dès lors un développement alchimique dans un texte se reconnait à un vocabulaire spécialisé,
à un contexte, à une réception comme tel, enfin à un auteur.
Le vocabulaire de l’alchimie, c’est celui de l’ancienne chimie, mais aussi des métaphores
usuelles, le lion ver, le noir plus noir que le noir, l’eau permanente, etc. 351 Il faut se garder
de confondre alchimie et métallurgie qui ont parfois des vocabulaires semblables – l’affinage
de l’or est connu depuis l’Antiquité indépendamment de l’alchimie.
« Absence remarquable de l’alchimie dans la littérature médiévale ».
353 et suiv. : histoire de l’interprétation alchimique des textes littéraires.

Blaise de Vigenère, poète et mythographe au temps de Henri III. Cahiers saulnier 11


Marc Fumaroli, « Ouverture » : 8 Vie apparemment dispersée, mais que la diplomatie unifie :
pari sur la paix et la rhétorique. 9 Même l’alchimie est une conciliation des contraires typique
du diplomate.
« Alchimie, kabbale et mythologie chez Blaise de Vigenère : l’exemple de sa théorie des
éléments », 111-137, Sylvain Matton
111 Trois mondes : intelligible (théologie et Caballe), céleste (astrologie et magie),
élémentaire (alchimie et physiologie). Vigenère accorde une importance toute particulière à
« l’alchimie, art du feu », car il faut connaître la destruction que leur cause le feu pour
connaître la composition des choses.
112 C’est l’alchimie qu’ont professé sous le voile de la fable les antiques poètes, « enveloppez
soubs ces belles fictions et Allegories ». Ainsi, au travers du mythe de Prométhée, c’est la
puissance de l’alchimie qu’ont enseigné les Anciens. 113 La vraie fin de l’alchimie n’est pas
la pierre philosophale, dont il doute, mais la connaissance du monde.
117 Curieusement, Blaise de Vigenère a une théorie de la distillation bien à lui. Les quatre
produits de la distillation (huile, eau, sel, terre) sont des espèces particulières de quatre
« grands éléments » (soufre, mercure, sel, verre) qui ne se trouvent ni chez Hermès et Lulle, ni
dans le corpus paracelsien (qui a la triade soufre, mercure, sel). Correspondent à la
prédominance de certains éléments simples (respectivement air eau terre feu).
132 Les Images ou Tableaux de platte peinture sont des tentatives d’explication alchimique de
la fable antique.

François Habert, poète français (1508 ?-1562 ?)


« Avant-propos », Sylviane Bokdam et Bruno Petey-Girard
7 cinquante-cinq titres recensés, « poëte du Roy » Henri II : grand succès. 9 passeur entre les
règnes, les langues, les courants religieux et les disciplines. 10 Il est ouvert à la nouveauté
puisqu’il saluera les Odes de Ronsard.
Un article de Jean Balsamo soutient que Habert a travaillé sa carrière éditoriale en discutant
sans cesse avec ses imprimeurs.
« Profession de foi catholique et manifeste politique à l’intention de Marguerite de Navarre et
François Ier. La Pierre philosophale (1541-1542), une œuvre retrouvée de François Habert »,
p. 249-263, Elsa Kammerer
249 Ce livre (Paris : Denis Janot, 1542) est à la bibliothèque universitaire de Berne, cote
« Bong V 270 ». 410 décasyllabes à rimes plates. « Exemple précoce de moralisation
religieuse de l’alchimie ». Dédicace significative à David Beaton, très puissant cardinal
d’Albrot et ambassadeur d’Ecosse à la cour de France.
250 Ecrit pour subvenir à ses besoins car il n’a pas de situation, interrompu ses études en
droit.
252 l’alchimie se banalise alors à Lyon : cf. M. M. Fontaine, « Banalisation de l’alchimie à
Lyon au milieu du XVIe siècle et contre-attaque parisienne », dans Il Rinascimento a Lion,
Rome : Ateneo, 1988, vol I. Moralisations religieuses pas nombreuses : Exempla d’Arnaud de
Villeneuve, et quelques autres qu’Habert n’a pas exploités.
256Dans cette œuvre Habert exploite finalement très peu la métaphore alchimique. L’image
de la pierre philosophale est là pour plaire aux dévots de la cour et en particulier à Marguerite.
257 Du reste Habert n’a pas pris très au sérieux l’alchimie. 258 Malheur aux alchimistes (les
« anciens philosophes », aveuglés par l’illusion qu’ils vont trouver la pierre ! On ne peut
l’acquérir en effet qu’en connaissant l’essence divine de Dieu. Elle « n’est rien sinon que loy
evangelique ». 260 « On recherche l’Evangile comme on recherche la pierre philosophale,
inlassablement. » Rien de dogmatique donc. 263 « Il serait trop dommage de laisser cette
image aux seuls alchimistes ».

Gratarolo, Verae alchimiae… 1561. C’est une somme qui contient 53 traités d’alchimie.
L’édition alchimique atteint alors son âge d’or. Le recueil se clôt sur les poèmes, pas
seulement alchimiques, d’Augurelli.
Ensuite je cite la pagination de la chrysopoeia chez Jean de TOurnes
Chrysopée, remarques de traduction à partir de la Verae alchimiae et de la trad. En prose
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87041887/f8.image
Le premier vers « L’invention, l’art, manière et usage » : artem en latin seulement.
Pas grand-chose à dire sur la dédicace à Léon X, elle s’achève sur le mot « délectable » alors
que le latin terminait par « labore »… La préface en prose termine sur ce colophon : « faire
l’Art egal a nature. » (2v)
La traduction en prose est atroce, pleine de latinismes (« spargé » pour répandu…)
Le latin ne cite aucun nom de dieu antique à part Phoebus (Soleil), mais Habert explicite
systématiquement, à l’aide du nom du dieu, la périphrase descriptive de Augurelli dans ses
invocations.
Denique tu pater ignipotens quem fervida flammis
Antra juvant, tentisque expressae follibus aurae,
Fornacesque, incudesque, & liquefacta caminis
Massa aeris ducti, aurique, electrique, recocti
Invictum exercent semper : tu maxime praesis
Artifici vatique simul tua facta canenti.
Ici Habert suit très exactement le texte. « solers ars » = art subtil. Quelques lignes plus loin
« ars » est traduit par « invention ».
La p. 4r de prose a une manchette qui explique ce qu’est l’electrum (« sorte d’or qui ha la
cinquiesme partie d’argent. Pline 36 l. ch. 2 & 3 »).
Le problème est qu’à la fin des invocations Habert rappelle Vénus (« Princesse Cytheree ») ;
or Vénus est déjà passée, il s’agit d’une autre déesse, Perséphone peut-être, ou Diane.
Demander à Magnien, voilà son adresse :
Nec tu non faveas tantis aequissima votis
Prisci perpetuum saecli decus heroine,
Quam circum exultant laudata ad flumina Nymphae
Minciades, Phoebique chorus comitatur euntem,
Aut fovet Andino recubantem in gramine Manto
Laeta trium nodo neptem complexa sororum.
“manum artificis” deviant 9v “la main de l’ouvrier bien polie”, souvent amplifications
versificatoires.
« croyez fermement » : « credite… »
J’aime mieux la traduction de l’objection contre l’alchimie : on ne peut « comparer » les
conditions naturelles de formation de l’or avec l’atelier d’un orfèvre. Chez Augurelli c’est une
question de quantité de chaleur, quantité de pression et quantité d’années : « aequare » est
traduit par « comparer » chez Habert. L’alchimiste voudrait « mensura exaequ[are] ».(10)
L’Elixir, plus pur, est dans Augurelli « nobilius » (11)
L’appel aux Muses seules capables de révéler les « arcana » (12) de la terre :
Vos Musae, quas nosce decens & dicere par est / Omnia… (13)
Vers dorés = « aurea carmina ». Or « Carmen aureum » est le titre de deux poèmes (p. 79 et
81) qui sont imprimés à la suite par Jean de Tournes, poèmes de Nathan Albineus (Nathan
d'Aubigné de la Fosse, né en 1601, fils d’Agrippa).
« Muses soyez toujours continuelles » traduit en fait… « carmine perpetuo » dans Augurelli !
C’est le carmen perpetuum d’Ovide, le texte didactique qui apprend sans discontinuer mille
choses diverses.
Le « orfevre » de 31v traduit « faber argentarius » de 32. Le « un chascun instrument
mecanique »traduit « quicquid fabrilibus artes / Exercent »
Le simple « obscuris » est traduit par « Science (au vray) de clairté ennemie ».
« quisquisque fabrili / Arte valet » (33) est traduit par le fameux « art fabrile » rabelaisien ;
Le « si grands faicts escrire en petits metres » est « parvo vadentes grandia passu » 51.
L’allongement « ce pot à nostre art tres utile » correspond simplement à « id » 57, lien affirmé
par Habert entre poterie et alchimie, que ne suggère pas le texte latin.
De Tournes imprime à la suite le Vellus aureum d’Augurelli.

Didier Kahn, Alchimie et Paracelsisme


3 visiblement on se heurte au cartésianisme français ; les ouvrages sur l’alchimie sont mal
diffusés et peu traduits cf note 12.
7 L’alchimie n’est connue que par clichés, les inévitables trois phases du grand œuvre,
nigredo, albedo, rubedo popularisées par Yourcenar qui les tenait de Jung. Il faut suivre
Robert Halleux et considérer l’alchimie comme une pratique.
9 L’hermétisme est un faux synonyme. Les traités « hermétiques » antiques sont sans une
trace d’alchimie et inversement. La magie aussi. L’alchimie ne fut jamais suspecte d’hérésie.
13 Paracelse meurt en 1541 après avoir beaucoup écrit mais peu publié. A partir des années
1560 les humanistes sectateurs de Paracelse le publient et traduisent dans toutes les langues.
L’édition de 1589-1591 par Johann Huser est en langue allemande l’aboutissement de ce
processus.
15 Paracelse : « c’(est l’art de guérir quif ait le médecin[…] et non l’empereur, ni le pape, ni
la faculté, ni les privilèges, ni aucune université », vise Conrad Gessner qui le hait. Paracelse
ne croit pas du tout dans l’autorité des anciens, Galien ni Avicenne. 16 le paracelsisme est
donc un épisode de l’histoire de l’humanisme.
18-19 Toute chose est composée d’humide (le mercure), de gras (le soufre) et de cendres (le
sel). La corruption d’un de ces éléments est la cause de toutes les maladies chez l’homme.
C’est l’innovation du paracelsisme : l’alchimie médiévale considérait ces trois éléments
comme psts ds tous les métaux, mais pas dans toutes choses.
20 Pour Paracelse comme pour toute l’époque ancienne, le microcosme est à l’image du
macrocosme ; d’où l’influence maligne des astres gigantesques sur les individus.
21-22 Les innovations thérapeutiques de Paracelse sont : l’inoculation interne de métaux et
plantes considérés comme dangereux mais préparés par distillation et autres opérations dans
le laboratoire, emploi interne de médicaments jusqu’ici exclusivement externes. Paracelse ne
croit pas aux maladies incurables ; le médecin doit être capable de tous les miracles.
72 Poème La Fontaine des amoureux de science 1413 de Jean de La Fontaine est édité entre
1506 et 1527 environ, en compagnie de poèmes qui n’ont rien d’alchimique.
77 Vivant Gaultherot, imprimeur parisien de Marot, Ovide etc, est aussi un imprimeur
d’alchimie, le Coelum philosophorum d’Ulstad en 1543 puis la Chrysopoeia d’Augurelli
traduite par Habert. Gaultherot « s’inspire des éditeurs lyonnais, en l’occurrence Pierre de
Tours et Thibault Payen, qui venaient de faire paraître en 1548 une traduction en prose du
même ouvrage, peut-être due à Guillaume Roville lui-même ». (titre : Facture de l’Or).
François Habert est connaisseur d’alchimie.
79 Ses publications laissent envisager un public d’étudiants et de professeurs. Mais les livres
s’adressent aux médecins eux-mêmes.
126 Guillaume Guillard imprime en 1561 le recueil De la Transformation metallique, trois
anciens tractez en rithme Françoise, contenant La Fontaine des amoureux ainsi que La
Complainte de nature de Jean Perréal (sous le nom de Jean de Meun, 1516) et Le Sommaire
philosophique (c1400) attribué à tort à Nicolas Flamel qui n’a jamais été alchimiste.

Histoire de l’alchimie, Bernard Joly, 2013.


Introduction
12 Jung a fait de l’alchimie une « rêverie cosmique », rapprochée des religions et de
l’imagerie mystique, mais comme l’a remarqué Barbara Obrist en 1982, Jung a brisé l’unité
des textes alchimiques pour isoler des expressions picturales dont il a fait, grosso modo, des
gravures surréalistes alors que c’étaient des schémas scientifiques.

Alchimie et philosophie à la Renaissance, actes du colloque international de Tours (4-7


décembre 1991), dir. Jean-Claude Margolin et Sylvain Matton, Paris : Librairie philosophique
J. Vrin, 1993.
« Allocution d’ouverture », Jean-Claude Margolin
« L’Alchimie dans les classifications des sciences et des arts à la Renaissance », Jean-Marc
Mandosio, p. 11-41
18 Ce qu’il y a de sûr, c’est que le groupe social des alchimistes est indiscernable : selon
Agrippa dans son De Incertitudine, « tout alchimiste est ou médecin ou savonnier », pauvres
gens livrés à une recherche ruineuse et vaine.
29 Dans le De Subtilitate (1550) Cardan range la « chimistique » avec les « arts seulement
utiles » (et plus précisément dans les arts « subtils mais non divins »).
33 4. La philosophie alchimique : il y a selon les alchimistes une philosophie naturelle
dans l’alchimie. 34 : Cette philosophie leur est souvent reniée sous prétexte qu’ils tentent de
« singer » la nature, comme dans La Divine comédie, dixième bolge. Francis Bacon en 1592,
Mr. Bacon in praise of knowledge : « Les deux seules philosophies de la nature acceptées
aujourd’hui sont celle des Grecs et celle des alchimistes ».
Cf. Joly, « Bacon réformateur de l’alchimie », dans Revue philosophique de la France et de
l’étranger, 128, 1. Eventuellement.

BHR 35, 1973


François Secret, « Littérature et alchimie à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle », p.
103-116
François Secret, « Littérature et alchimie », p. 499-531
499 Pierre Bureteau (c. 1485- c. 1537) poète et alchimiste, rien publié
505 Poète Paul Schede = Paulus Melissus (1539-1602), fut ami d’alchimistes, Gromo da
Biella, Penot, Pierre Enoc.
J’apprends p. 527 que Mlle de Gournay a pratiqué l’alchimie.

Festugière, La Révélation d’Hermès Trismégiste. I, L’Astrologie et les sciences occultes, 1981


[1950, 2e édition].
VII Préface : « Vers la fin de la période hellénistique et sous l’Empire, il se répandit dans le
monde gréco-romain un certain nombre de sagesses révélées que l’on attribuait soit à des
mages perses (Zoroastre, Ostanès, Hystaspe), soit à un dieu d’Égypte (Thoth-Hermès), soit à
des oracles venus de la Chaldée (Oracles Chaldaïques), soit même à des prophètes ou
philosophes de la Grèce… ».
218 Le mot « alchimie » vient d’un substantif pré-arabe dont l’origine est discutée, soit chemi
(noir en grec), soit kyma (fonte du métal en grec). 219 Trois étape de « fusion » de l’orfèvrerie
avec les rêves mystiques : l’alchimie comme art, l’alchimie comme philosophie, l’alchimie
comme religion. De toute antiquité, c’est en Egypte, riche en or, que l’alchimie comme art
était la plus pratiquée. 220 Il s’agissait de recettes de teinture (baphaï ou baphikaï technaï).
240 Des écrits du Hermès Trismégiste, impossible de fixer exactement la date. Du IIe avant
J.C. au IIIe de notre ère. IL nous en reste une trentaire de fragments pas clairs [ils sont
reproduits dans l’ordre chronologique probable des témoins ensuite]

Robert Halleux, « Modes de transmission du savoir chimique, alchimique et technologique,


avant la création des chaires de chimie », Academiae Analecta, 48, n° 4 (1986), p. 1-12

Early Science and Medicine, 5 n° 2 (2000)


Michela Pereira, “Alchemy and Hermeticism : an Introduction to this issue”, p. 115-120
Zweder von Martels, « Augurello’s Crysopoeia (1515) – a Turning Point in the Literary
Traditions of Alchemical Texts”, dans Early Science and Medicine, 5 n° 2 (2000), p. 178-195.
179 C’est cette perspective qui explique Augurelli. « The first great alchemical poem written
in a pure classical style ». Giovanni Aurelio Augurelli (Rimini 1453- Treviso 1524) enseigna
le latin et le grec.
180 Dans un poème de ses Carmina édités en 1505, Augurelli annonce un poème à venir, à la
manière des Géorgiques, mais prenant pour sujet les matières dans la terre et non les créatures
à sa surface. « The unattractiveness of the latter subject was part of its attraction ». Il affirma
que personne avant lui n’avait chanté l’alchimie en latin (ce qui, vu combien peu était connue
la poésie de Lodovico Lazzarelli (vrai poète, Opere ermetiche), est possible)
183 Le poème d’Augurelli, condamné par Scaliger, en devint pas un « text-book » comme put
l’être la Syphilis de Fracastor, mais devint cependant très courante à partir des deux
traductions françaises de 1548 et 1549 (les deux à Lyon) et surtout de l’explosion d’éditions
(pas moins de 16) dans les pays germaniques dans la décennie 1560. (Guglielmus Gratarolus,
Verae alchemiae artisque metallicae…, Bâle 1561).
187 et suiv. : Zweder von Martels prouve que Henricus Cornelius Agrippa (le père de
Iohannes) a écrit un centon alchimique tirant des phrases entières d’Augurelli, de même
qu’Allegretti dans De la trasmutatione de metalli (c. 1555). 191 Son fils a écrit un Vellus
aureum.

André Vernet, Etudes médiévales, Paris : Etudes augustiniennes, 1981.


« Jean Perréal poète et alchimiste », p. 416-454.
421 Après avoir détaillé la tradition imprimée du recueil De la Transformation metallique,
André Vernet met au jour une édition de D. M. Méon du Roman de la Rose en 1813-1814,
contenant ces pièces corrigées avec un manuscrit qui fait passer la Complainte de Nature de
1824 à 1980 vers, interpolés en maints endroits du texte. 422 « Sur le fond des choses, ces
additions sont sans valeur, car elles se bornent à gloser et à étirer le texte », mais sur la forme
elles sont un compendium d’expressions de différents siècles, du XIIIe au XVIIIe, parfois
avec des unica (illui pour icelui, prévoyeux) recueillis comme tels par F. Godefroy.
423 Une dédicace à François Ier, dans un manuscrit de la Complainte repéré en 1836,
explique que ce texte a été traduit du latin en 1516 à Lyon.
Or nous avons 6 manuscrits de la Complainte, 3 sont des copies d’imprimés et 3 sont
antérieurs à l’édition princeps = 1561. [Ce n’est pas ce que dit Didier Kahn…
428 Or dans le manuscrit Paris, Bibl. Sainte-Geneviève 3220, après l’épître dédicatoire à
François Ier, un poème acrostiche révèle le nom de l’auteur, Jean Perréal.
434 Le récit de la découverte du manuscrit par Perréal dans sa dédicace à François Ier n’est
pas vraisemblable. Il faut considérer que ce manuscrit n’est pas une traduction du latin.
Gargantua se donnait pour une traduction du grec en latin et du latin en français.
[Ensuite Vernet analyse les différents emprunts de Perréal à Jean de Meung].
445 Conclut sur la grande « influence que Jean Perréal, à notre insu, a pu exercer pendant plus
de deux siècles sur la littérature alchimique de l’Europe et sur la poésie scientifique en
France. »
Ensuite il y a…… une reproduction du ms. Sainte-Geneviève !!! 447 sur le manuscrit trouvé,
« Ce livre ne fut jamais veu que de moy et l’a escript ung esperit de terre et soubz terre ». 448
Le poème est adressé à François Ier parce qu’il a connaissance des « arts tant sermocinaux
que mathematiques », « a cause que Mercure vous a fait participant de sa noble influence en
vostre nativité, c’est promptitude d’eloquence »

Charles Sterling, « Une peinture certaine de Perréal enfin retrouvée », l'Œil, no 103-104,
1963, p. 2-15 ; 64-65 [pq deux paginations ?], un article sur la miniature de la Nature qui est
assise sur un fourneau, insérée dans le manuscrit de la Complainte offert à François Ier et
retrouvée en 1963.

Chrysopoeia, 3, fasc. 2, 1989


Joachim Telle, « Astrologie et alchimie au XVIe siècle. À propos des poèmes astro-
alchimiques de Christoph von Hirschenberg et de Basile Valentin », p. 163-192, traduit de
l’allemand par Jean Letrouit.

Chrysopoeia V, 1992-1996
Pierre-Yves Badel, « Lectures alchimiques du Roman de la Rose », p. 173-190
Les poèmes alchimiques dans La Fontaine des Amoureux de science de Jean de la Fontaine
(autrement nommé Jean de Valenciennes) « n’a pas intéressé les historiens de la littérature ».
Toutefois un article « magistral » d’André Vernet a restitué aux Remontrances de Nature leur
titre authentique, à savoir La Complainte de nature, et l’a attribué à Jean Perréal, son auteur.
[PAS DANS LE CATALOGUE Arsenal, la Recapitulacion d’iceste art par manière de
versificacion…, c’est le poème médiéval de Jean de Murs, mais allongé ; en fait il a été
allongé tout au long du XVIe, la version initiale a 252 vers.]
[Inséré] Didier Kahn, « Recherches sur la tradition imprimée de La Fontaine des amoureux de
science de Jean de La Fontaine (1413) », p. 323-385
323 Jean de La Fontaine (1381-ap. 1413). 324 L’édition princeps de sa Fontaine est anonyme,
chez Antoine Vérard, à Paris, vers 1506. Il ne s’en trouve qu’un exemplaire à la British
Library, relié à L’Amoureux transy sans espoir de Jean Bouchet, également édité chez Vérard
et daté dubitativement de 1507.
326 : L’édition de Paris : Jean Jehannot, c. 1521, reproduit probablement Vérard, comme
Paris : Alain Lotrian, c. 1527, qui est une reproduction exacte. Tout ça anonyme. 327 En dépit
de son contexte littéraire (Vérard s’est spécialisé dans les romans de chevalerie et la poésie de
cour ou allégorique), l’édition de Vérard est le premier ouvrage alchimique imprimé en
France.
327 Antoine Du Moulin, 1547, réimprime La Fontaine…, nouveautés : nom d’auteur, pièces
annexes différentes, corrections nombreuses au texte, bois gravés représentant des fourneaux.
Voir la préface aussi.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f28.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f34.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f37.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f43.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f46.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f53.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f56.image
En fait Antoine Du Moulin a utilisé un manuscrit plus complet, qui comportait les vers finaux
indiquant le nom d’auteur. 328 : une autre édition, complètement identique à part des
variantes de graphie et même recomposée page par page, est parue chez le même éditeur en
1571.
328 Rivalité (mise en évidence par Marie Madeleine Fontaine) sur le plan de l’édition
alchimique entre les éditeurs lyonnais et parisiens explique l’édition de 1561 chez Robert
Duval et Guillaume Guillard, De la Transformation metallique. 329 : ironie de la rivalité,
l’édition a été rééditée à Lyon, chez Benoît Rigaud en 1590 et Pierre Rigaud 1618. Traduction
allemande à Halle en 1612.
« Quelques précisions sur Robertus Vallensis alias Robert Duval, de Rugles (av. 1510-ap.
1584 ?) », Didier Kahn, p. 439-442

[inséré déjà] Robert Halleux, « Modes de transmission du savoir chimique, alchimique et


technologique, avant la création des chaires de chimie », Academiae Analecta, 48, n° 4
(1986), p. 1-12
1 L’Alchemia d’André Libavius coïncide avec l’organisation d’acquis positifs, ou réputés tels,
de plusieurs traditions de l’alchimie. C’est la création des premières chaires de chimie. Le
mode de transmission de la philosophie naturelle est assez bien connu. Mais deux autres
traditions, l’alchimie et les “arts et métiers”, sont plus difficiles à appréhender “en raison du
role qu’y joue la tradition orale”.
« Alchimistes, métallurgistes, teinturiers, verriers, pyrotechniciens n’ont pas fréquenté
d’écoles spéciales. Chez les artisans, le père instruit son fils et le patron son apprenti ; quant à
l’alchimie, elle serait selon l’opinion commune, initiation par excellence. Artisans et
alchimistes partagent le goût du secret, même si leurs raisons ne sont pas les mêmes.
6 L’Antiquité n’a pas de traité de métallurgie. Le Péri métallôn de Théophraste et le Péri
métallikôn de Straton de Lampsaque ne sont pas des instructions pratiques mais des ouvrages
théoriques sur l’origine et la classification des minéraux, comme le sera au XIIIe siècle le De
mineralibus d’Albert le Grand. Le Moyen Âge n’en a qu’un, le Diversarum artium schedula
de Théophile, pseudonyme pieux d’un Bénédictin de l’Eifel, Roger de Helmarshausen, dans la
première moitié du XIIe siècle. Trois livres consacrés respectivement à la peinture, au verre et
au métal. Le travail d’atelier y est conçu comme « une louange au Créateur ».
7 Il semble que l’hiatus soit complet entre Théophile et la Renaissance ; pourtant Georg
Agricola posséda un manuscrit de la Schedula. [il y a ici une bibliographie sélective des Berg-
et Probierbücher parfois anonymes, livres de recettes pratiques, note 23]. Il faut défendre
l’idée de cupiditas du mineur, comme dans le Judicium Jovis de l’humaniste saxon Paulus
Niavis (Schneevogel) ; les dieux des enfers, des eaux, de la nature et du ciel viennent se
plaindre du mineur qui trouble leur séjour par ses galeries, ses puits, ses déchets et ses fumées.
Le mineur défend son utilité sociale ; Jupiter renvoie les parties dos à dos au jugement de la
Fortune.
8 Après avoir résumé le De re metallica, Halleux conclut : « Purs produits du capitalisme, ces
bréviaires pour maîtres de forges fraient le chemin aux écoles d’entreprises et aux académies
minières. »
9 « L’alchimie n’a jamais fait l’objet de leçons », à part les neuf praxeis d’Etienne
d’Alexandrie devant l’empereur bizantin Héraclius au VIIe siècle. « L’alchimiste est d’abord
un homme seul devant un livre. » 10 C’est ce que décrit le Rosier d’Arnaud : « Celui qui est
paresseux en lisant les livres ne pourra pas être rapide pour préparer les choses. Car un livre
en ouvre un autre, et un discours en explique un autre ; parce que ce qui est incomplet dans
l’un est complet dans l’autre. » 11 De ce fait le savoir alchimique ne pouvait s’organiser en
discipline pédagogique, et surtout pas la transmutation, subordonnée à la grâce spéciale de
Dieu, incommunicable, pour laquelle l’image est un meilleur support, comme l’a montré
Barbara Obrist, Les débuts de l’imagerie alchimique, 1983.

Chrysopoeia, 3, fasc. 2, 1989

Joachim Telle, « Astrologie et alchimie au XVIe siècle. À propos des poèmes astro-
alchimiques de Christoph von Hirschenberg et de Basile Valentin », p. 163-192, traduit de
l’allemand par Jean Letrouit.

Chrysopoeia V

Didier Kahn, « Recherches sur la tradition imprimée de La Fontaine des amoureux de science
de Jean de La Fontaine (1413) », p. 323-385

[INSERE]

Robert Halleux, « Le mythe de Nicolas Flamel ou les mécanismes de la pseudoépigraphie


alchimique », dans Archives internationales d’histoire des sciences, n. 33 (1983), p. 234-255.

236 Les textes attribués à Flamel : « un cas singulier de pseudoépigraphie ». 143 ans séparent
la mort de Flamel et la publication du Sommaire Philosophique. [Donc publié pr la première
fois en 1561]194 ans du Livre des figures.

237 L’alchimie a interprété allégoriquement les monuments qu’il avait restaurés ou bâtis :
« deux arcades au Charnier des Innocents, le petit portail de Saint Jacques de la Boucherie,
celui de Sainte Geneviève des Ardents, celui de la Chapelle Saint Gervais, un tombeau pour sa
femme et un pour lui ». Cela a suffi…

238 C’est en 1561 avec le De antiquitate et veritate artis chemicae que Robert Duval donne à
Flamel sa légende en premier. C’est un hasard malheureux si les éléments gravés (dragons,
Lune et Soleil) par Flamel ont un sens précis en alchimie.

242 « En 1561 parut chez Guillaume Guillard et Amaury Warancore un recueil anonyme
intitulé De la transformation metallique… On s’accorde à en attribuer la paternité au même
Gohory. » C’est en tout cas l’hypothèse de La Croix du Maine, 1584, 343.

243 Ce recueil contient plusieurs textes : un anthentiquement médiéval, La Fontaine des


amoureux de science, achevé à Montpellier en 1413, qui avait fait l’objet d’au moins 3
éditions in-4° en caractères gothiques. Les Remontrances de Nature sont attribuées à Jean de
Meung mais sont en fait de Jean Perréal, cf. A. Vernet, « Jean Perréal, poète et alchimiste ».
Cf aussi la fausse attribution du Miroir d’alchymie édité à Lyon par Antoine du Moulin en
1557. « Tout donne à penser que, loin de falsifier les textes, Gohory a travaillé en philologue
rigoureux, rassemblant les rares manuscrits et les collationnant, choisissant les meilleures
leçons… »

244 Claude Thiry, dans une communication en 1981 [qui doit être publiée maintenant…],
estime la composition du Sommaire entre 1380 et 1425, au vu de la métrique moyen-
française.

« structure classique d’un livre d’alchimie, avec une theorica traitant de métallogénie et une
practica traitant de transmutation ». La practica fondée sur le mercure seul, considéré comme
réceptacle des deux semences, est fréquente avant la diffusion du corpus lullien.

245 Gohory livre dans le recueil la raison de l’attribution : les dragons et un lion, présents
dans le cimetière des Innocents, sont dans le Sommaire et d’ailleurs Du Verdier a déjà fait la
comparaison en 1585.

255 En somme les attributions à Flamel sont dues à une « exégèse pervertie de l’art
médiéval »

[/INSERE]

Albert-Marie Schmidt, Etudes sur le XVIe siècle, 1967


« Haute science et poésie française au XVIe siècle », p. 125-171
125 essai sur « l’influence ésotérique sur la notion du monde qu’illustrèrent divers poètes
français »
126La « Haute Science » est celle des causes premières. Elle vénère l’Académie Florentine
(Ficin, Mirandole) qui a permis de redécouvrir le platonisme. 127 Une seule dissonance : les
« poètes-alchimistes ». Ficin est pour eux « un profane présomptueux » ; leurs sources sont
plus anciennes et ne viennent pas seulement de Grèce, mais de Byzance, d’Egypte et d’Asie.
L’école lyonnaise, menée par Scève et que Tyard tente de faire découvrir à la Pléiade, est par
exemple férue d’arithmosophie.
Suit une interprétation numérique des dispositions des emblèmes chez Scève. 132 Les deux
dizains qui évoquent les « Flèches d’Amour » (de Plomb et d’Or) dans la Délie ont un « sens
caché » parce que « pour les alchimistes, l’or est un emblème solaire, et le plomb, un métal
saturnien ».
136 Le Microcosme serait régi par une mystique trinitaire, poème de 3003 vers (trois chants
de mille vers + un tercet) [champ de mil vert]. Le Microcosme ne traite a priori pas de Haute
Science mais elle est évoquée par le récit sommaire de la Chute.
142 Selon Schmidt, Ronsard croit dur comme fer aux Daimons.
148 Selon Schmidt, on lit l’influence de l’alchimie dans les vers des Amours et nouveaux
échanges qui disent :
Même les pierres les plus dures,
Soient Rubis ou soient Diamants,
Sentent les cruelles morsures,
La force et la pince des ans.
[INSERE]158 Auprès des poètes de la tradition, l’alchimie ne jouit que d’une « mince
faveur » : Scève respecte l’ascèse de celui qui espère, « curieux, de pouvoir réussir/ A sont
tant difficile et cherché Elixir ». Mais Ronsard vilipende celui qui « Souffle en deux jours le
meilleur de son bien ». Cf nouvelles XIII et XIV de Bonaventure des Périers. Les raisons en
sont diverses. Le pape Jean XXII fulmine contre l’ « Art Royal », au XIVe siècle, la terrible
bulle « spondent pariter ». Méprisée au XVIe comme une discipline « passablement désuète ».
160 Sur Augurel, Schmidt cite « sa version française, pauvrement rythmée et rimée par
l’honnête François Habert, ce marotique attardé. Nous ciretons cette dernière, tout en
déplorant son impardonnable prosaïsme. » 161 « En somme, les cinq figures divines […]
forment une sorte d’hiérogramme d’une lecture relativement aisée. Il semble signifier (qu’on
nous excuse d’en épaissir le beau filigranne !) que la « Chrysopée » consiste à unir, dans l’
« Œuf Philosophique », une masse, convenablement proportionnée, d’or fin (Phébus) et
d’argent épuré (Lune) avec le vif-argent des sages (Mercure) ; puis à exposer ce « Compost »
à l’ardeur bien réglée d’un feu constamment entretenu (Vulcain), qui active en lui les
puissances séminales dont la « Pierre », agent de régénération universel est l’aspect
palpable. » Interprétation un peu brutale et partiale.
Ce « vif-argent des sages » est le spiritus mundi analogue à l’ « Âme du Monde » de Ronsard.
[Suivent ce genre d’analyses chez Nuysement, Verville, Gamon.
164 « Les Verville, les Gamon, voir e trop souvent Nuysement, se piquent fâcheusement de
rigueur scientifique. Leurs vers sont décantés jusqu’à la sécheresse, et techniques jusqu’à la
platitude. Et pourtant ils lisaient assidûment les chefs-d’œuvre de la mythologie alchimique
française… »
Il admire par exemple la publication par Jacques Gohory, avec une glose qui le rend illisible,
du « Livre de la Fontaine périlleuse », poème du XVe siècle. [/INSERE]
« Voyage de l’alchimiste Béroalde », p. 237-240
238 Le Voyage des Princes fortunés est une allégorie du Grand Œuvre. Trois fils de rois
traversent des péripéties pour connaître l’honneur de connaître la couche de la nymphe Xyrile
(Elixir). C’est un prosimètre.

Chomarat Jacques. « Jules César Scaliger (1484-1558) », dans Vita Latina, N°134, 1994, p. 2-
8.
« Ata (70 pages, plusieurs milliers de sénaires iambiques) est une suite d’imprécations contre
les « artes nefandas », tels que la divination »

L’historiographie alchimique s’est peu intéressée à la poésie renaissante et les critiques


de poésie renaissante ont peu touché le domaine alchimique. Rien, dans la bibliographie de
l’immense Alchimie et paracelsisme en France à la fin de la Renaissance (1567-1625), ne
concerne la poésie. À peine la Chrysopée est-elle évoquée parmi les publications alchimiques
de Vivant Gaultherot à Paris [c’est la première éd., 1549, et Kahn remarque qu’Antoine Du
Verdier attribue à Habert La manière de trouver la Pierre Philosophale, autrement que les
anciens Philosophes ; avec le Credo de l’Eglise Catholique : ensemble cinq Ballades
Evangéliques, Paris : Denis Janot, 1542, et que Blaise de Vigenère a donné des vers liminaires
au recueil des Epistres cupidiniques de Habert en 1541. Est cité Claude Buridan, « Les
paramètres de la traduction chez Blaise de Vigenère », dans Blaise de Vigenère poète et
mythographe au temps de Henri III (1994). Cite quand même Noël Chapuis, Le Grand
Olympe, poème alchimique inédit (XVIème-XVIIème siècles). Edition critique et commentée,
thèse dactylogr., Université de Paris X, 2001 A part le texte, « travail peu utilisable » dit
Kahn. Cite Deloince-Louette, Sponde commentateur d’Homère, 2001, mais ne l’utilise pas
dans son étude. Léon Gautier, « L’activité poétique et diplomatique de Joseph Du Chesne,
sieur de la Violette », Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Genève, 3 (1907).
Kahn cite aussi l’étude classique de V. L. Saulnier sur Maurice Scève].

James Corbett, Catalogue des manuscrits alchimiques latins, II : Manuscrits des bibliothèques
publiques des départements français antérieurs au XVIIème siècle, 1951.
http://www.sudoc.abes.fr/DB=2.1/SET=1/TTL=5/PRS=HOL/SHW?FRST=5
Database de manuscrits alchimiques : http://www. levity.com/alchemy/manuscrp.html (j’ai
fait les bibliothèques françaises, mais il y a des bibliothèques étrangères qui ont des poèmes
latins inédits). Je m’en remets à Didier Kahn.

Il y a des vers dans Paris, Bibliothèque Nationale MS. Français 2019. C’est le testament de
raymond lulle, XVe
Paris, Bibliothèque Nationale MS. Français 12792 [Supp. Fr. 1305] : Responces aux
calumnieuses invectives publiées par un soufleur renié contre le vray art chimique (en vers).
C’est un manuscrit : une réponse à Du Gault ?

INSERE Owen Hannaway, The Chemists and the Word. The Didactic Origins of Chemistry,
Baltimore et Londres : John Hopkins University Press, 1975.
Préface, IX : il s’agit d’expliquer l’émergence de la chimie comme discipline distincte au
XVIIe siècle. X : on a pris comme point de repère l’Alchemia d’Andreas Libavius (1597),
mais sans expliquer la motivation d’un tel traité.
[Dans tout l’ouvrage on apprend que Libavius fonde la chimie moderne surtout en tentant de
s’opposer au renouveau du paracelsisme et en voulant réformer la chimie.
151 « He took the program initially formulated for training in eloquence and applied it to the
realm of chemical technology ».

Scaliger, oe complète 1600


https://books.google.fr/books?
id=299DAAAAcAAJ&pg=PA35&dq=poemata&hl=fr&sa=X&redir_esc=y#v=onepage&q&f
=false
Ata
621
Esprit du très grand Jupiter, à qui les sièges des Pôles profonds
sont apparents, qui vois présentes toutes choses
Qui soit ont été, soit seront où que ce soit,
Comme tu contemples les monstres affreux, et tiens pour monstres
La vie pour mort, la récompense pour la peine,
La peine en retour pour la récompense, la louange pour l'opprobre,
L'opprobre pour la louange, les choses droites et perverses mêlées,
Ne trembles-tu pas ? Âme, à laquelle un Dieu a demandé
D'agir bonnement, simplement, pieusement, droitement,
Et qui t'a formé et réformé ainsi,
Ne trembles-tu pas ? Si quelque part tu vois le chien
Cruel enflé par le tribunal menaçant,
Couvrant les vols manifestes du sauvage brigand ?
Et les chiens cruels (quelle légion!) couvrant les loups terribles,
Suintants de sueur, la bouche dégoulinante,
Portant une male mort à des innocents,
Si aucun espoir n'a pu éclater dans la monnaie frottée :
Envoyant de terribles peines aux coupables
Quand le salut de la monnaie efficace rayonne (?)
Âme, qui recherches les siècles de l'infamie expiée,
La vérité contraignant, puisque ne le peut la peine :
Si tu dis vrai, à qui sembleras-tu menteresse ?
622 Aux menteurs. Qui persécutera l’innocent ?
Le coupable à persécuter. Qui menacera le juste ?
Celui qui veut cacher des faits impurs, non nommé.
Qui absoudra les impudiques larcins du voleur ?
Celui qui est né voleur d’une impudique catin.
Apporte l’or, les torches, l’élan, l’esprit,
La terre, l’eau, l’air, le globe d’éther, le ciel
Tout ce que tu es des dieux, si tu es quelque chose au-dessus des Dieux,
D’abord, … ??
À la prison de la vérité, et de la bonne paix,
Dans laquelle réside la vieille peste des mortels.
En effet tu verras que cela avait établi une vile chaise
A partir de bois, d’où il s’efforce de souffler
Fait et refait deux fois et trois fois d’un fumeux
Plaideur, pauvre suppliant,
Qu’un avocat fait être mendiant.
Faux demandeur d’héritages,
Adultérateur terrible des lois.
Le grand tribunal a partie avec le petit
Sans aucune vertu, mais avec une brûlante urgence.
L’apellation rapporte sa sentence :
Quelque œuvre que ce soit, soit doit se réformer, soit doit s’affirmer,
Mais celle-ci est déformée, non réformée.
Plus du Juge ultime elle sera formée plus amplement trois fois.
Ne vois-tu pas d’un front sourcilleux comme l’impur
Corrupteur de la monnaie, et usurier,
Ciseleur et arrondisseur par la monnaie,
(Que la naissance de Pippus ou son père ne rapporte rien :
En effet chaque côté tente d’être pire que l’autre)
Compact s’entourant de faux témoignages,
Secoue les piliers effrayés du forum crédule ?
Ne vois-tu pas les milliers de cruels fils à un wagon méprisable
Auquel ils sont habiles, conduit par un as mesuré,
Et chauffant au char leur main de fer :
623 Avoir sous eux les rois ?
Ne vois-tu pas les toits de marbre de Volsellus,
Dont il replace les frères, après qu'ils soient nus ?
Ne vois-tu pas les stupides ordres de l'obtus Buccaeus,
À qui les confitures pendent inutilement des doigts,
Et du nez les médicaments poissonneux,
pointer les armes et porter des ailes mobiles ?
Ne vois tu pas le pire de tous, le fourchu,
Oublieux du soc ancestral, des arts de la patrie,
Grâce auquel le semeur porte les épis,
Battre la guerre, les règnes, les sceptres et les fortunes ?
La vierge reine,épouse du roi immense
Et intacte néanmoins, compagne pure d'embrasements,
Maintenant admirée des bêtes triples, [cristas]
Rejette l'opiniâtreté des visages assoiffés de sang,
Qui s'oublie dans les fards de la marâtre,
abominée, entachée ne se connaît pas soi-même.
Passons cela, s'il te tient plus à cœur :
Seul entre tous, le Traducteur [Sculna] s'est offert pour eux,
Qui a écrasé le château des péchés.
Et maintenant il est suspendu, sous un soleil brûlant, entre les fourches,
Autant que brille l'or du belliqueux Neptune,
Et la lune fait don à la porte courbe de son nom.
En effet il fut convaincu par tout le palatin,
L'appariteur, le messager, le voyageur,
Le scribe, sourd à moins qu'on lui porte de l'argent,
Une seule potence n'étant pas assez au pendu.
Le jeu des bûchers, les écoles, sont les preuves,
Alors pour une fourniture ou du reçu ou de l'accepté.
S'il te plaît de voir mieux, regarde
Le maître de jeux,hirsute d'un horrible front,
Et semidocte, petit pédagogue vétilleux,
Qui attise des rixes tenaces les ayant produites.
Soit ce Calvin, soit pire encore que Calvin,
624 Qui est plus amateur de coups que le petit maître chez Horace,
Troubles qu'il aura donné soit chez lui, soit en public.
De là, la souillure de l'assentiment, le dominateur courtois
du stupre coupable des menteurs,
De là d'une bouche d'or, mais d'un front oblique, cruel,
Débiteur aux fourches vengeresses selon le droit,
Voleur, bateleur, traître, marchand d'esclaves, délateur
Autrefois connu de l'Empereur facétieux,
Vendant de la fumée fut consumé par la fumée. [TH : l'alchimiste au bûcher !
De nouveau le médecin déserteur de Pergame,
Dont la langue est meilleure que l'art, combien qu'il pérore sur le sien,
Mais leur fièvre et leur fatigue amuse,
Et troisième à la suite rit et tombe.
Alors les dures fins de semaine du quartanier,
Et la difficile goutte, soldat invaincu.
En effet de Vénus qui dénoue les flancs, et de Bacchus
qui dénoue les flancs, est venue la goutte aux mains, qui dénoue les flancs.
La Pêche n'a pas eu peur, soit diurne, non pas errante,
Elle qui ne s'est pas retournée, ou qui a fait défaut, ou
Qui a crû, et qui n'a pas d'une prise été contente.
Donc il est suffisant qu'elle tire la robe de soie,
Donne à l'entour Epomide, sonne rauque,
Torve, comme le pédagogue de celui-là,
À qui un monde ne suffit pas, et à qui il est trop cependant [Alexandre le Grand?].
Elargie telle la pompe des Archiatres,
d'un fastidieux accord tous ceux qui lisent
abhorrent les choses lues d'une bouche gonflée, d'un ton méprisant.
Et la mort excitée les suit comme son terrible but.
Dis feuille à l'alchimiste dévorant,
Que telle imposture nombreuse enrichit,
Puisque tu es fait pauvre par cet art ruisselant d'or,
et qui es plus inconséquent et plus inane qu'un fou ou que le vent
il cède à la vérité et au droit pudiques.
Extracteur de chair/Pickpocket d'un âge si sot.
625 Pâlissant à cause de l'or jamais, à cause de la faim toujours.
Et par quel moyen, quel discours, quelle mine
Il demande de l'or, celui qui doit d'abord en donner ?
Celui qui demande de l'or, devra-t-on lui en promettre ?
Tu réclames de l'or en récompense et tu le fais reluire ?
Celui-ci donc, de qui hors de la veine métallique,
Qui sue l'étain des îles Cassitérides, le plomb de Molybdène,
L'argent de Lithargyre, ou d'Hydrargyre, ou le fer de Sideritis,
Professera, jurera, affirmera,
Être allé excité aux lumineuses preuves de l'or,
d'un front impudent, et plat d'un visage de plomb,
Autant de fois qu'il se dira heureux, qui n'aura expédié
aucune mesure de dix pieds du géomètre,
autant l'insolence en aura racheté, et qui que ce soit
qui domestique par les vices de la fraude les collines [ingrates : ingatos]
Par l'art du mineur, du viniculteur, du laboureur,
Comme, par sauts, avec ses palmes, il enfonce la borne
ou, le plongeon courbé, double le pas.
Ou il conduit les boutures les liant longuement, pour que
la petite tante soit reformée dans les neveux,
par la fourche ou les pioches creusant un sillon,
pour remplir le pli de la noire presse.
Ou le gâteau assure des repas fastes,
Des gâteaux vitreux de la savoureuse patrie Lynienne,
ou, pendant, portant des raisins préservés,
Par la rosée humide larges ils sont renouvelés.
Parce que diligemment elle observe en méditant,
la Mère, pour ne pas que l'écorce soit ôtée, mais
que soit retombé le sarment, qui s'épuise et demeure
furoncle protubérante, gardien de ses frères,
s'il est fatigué en son vieil âge.
Celui-là est malheureux, s'il a ri des prêtres Aquiloniens.
Aussitôt que chacun cultive une vie de voleur par effraction (vecticularia vita)
de ce monde perdu nous avertit
626 Et l'assassin, et le voleur, et l'infâme brigand,
Desquels la taverne triomphe et rit.
Quelle cohorte de déserteurs de cohorte
Bloque les voies courbées d'un but cruel ?
Le vagabond de la milice, traître à la foi,
à la sieste des haltes, observateur très vigilant des replis,
dont il a, le vilain, fait injustice aux épouses.
Car le capital pour lui est de sobrement et modestement
Penser, faire, réfléchir, sentir.
Violeur, méchant, et criminel
impunément, sous le blanchissement des pôles et de la terre,
Dilapideur d'as, ils ne sont pas renversés par le fer [jeu de mots sur aes !.
Ah je le reconnais, ah je dirais, par celui qui favorise, par celui qui participe,
par celui qui participe à l'extorsion et au pillage, je dirais
qui font les bons et celui qui devait l'être.
Gouvernant à mille larrons, parent des vices
Non pas mille, mais les servant tous à la fois
Autant qu'ils sont, autant autrefois qu'ils étaient, autant qu'ils seront,
autant qu'ils peuvent être et qu'ils ne peuvent être.
Celle qui a dévoré avec plume, la peau et les poils,
La gorge ignée a dévasté par les oiseaux la cohorte.
Elle a reçu l'une et l'autre souche. Comme le trompettiste
sonne son vent pour qu'on aille au combat,
alors il abjure le bouclier et le serment :
Ah appréhension, ah [exbaltheatio] tardive.
Ah tardif châtiment, ah homme qui mérite la mort.
Quelle ignominie, qui envoyé d'un sang de fer,
ou quel massacre peut être encore assez ?
Ainsi est le parricide, comme fut plein de vent
Celui qui a assassiné son père par une faim livide,
qui porte le nom du loup famélique. [Lycurgue]
Et le charbonnier à la bouche pleine de braises
qui représente par la bouche le misérable alchimiste.
Comme les bouffons parfumés [portant sabots]
627 dont les Cours chauffent aussitôt d'éructions
Comme le glouton macérateur, comme le lécheur de plats
Le dévorateur, le glouton, parasite peste terrible des glands.
Ah rusé comme un bâtard,
Toi, qui adules la cuisine, et non les principes,
Chasseur pour la palpation des cœurs :
De la ténèbre inférieure de Pluton resurgit
la nuit invaincue de la faim, blessée par Erisichthon.
Elle est ingurgitée dans ton ventre inane,
Vengeresse de la sévère vérité et de la lumière.
Oh, il feint d’être, rend un autre fou.
Ô agréable peste des temps plus anciens,
Ô mort indolente, ô tare de la généalogie,
Ce qui sans vertu, par l’opinion s’augmente,
Hait celui qui avertit des vérités, et suit les mensonges :
Mais il ne peut plus même se sauver par des vœux.
La nature ne sème pas les choses admirables qu’elle a fait.
Les siens sont là pour elle, et peuvent se cacher un instant,
S’absenter à ses propriétaires nulle chose ne peut.
Crispé, tordu, sordide, dégarni sur le devant
Les pieds bots, dont les genoux se touchent, veaux, vaches,
Et le pied-plat et le [plotius] : [puis enchaîne, littéralement, des noms d’oiseaux]
Qui donc trouveras-tu pire laboureur ?
Il en est de pires, qui sont pires que les pires,
Qui ont un esprit double sous une apparence simple.
Le mal ne t’a pas trompé ? Donc tu sais,
628 Il n’a pas refusé, mais il a fait qu’on ne sache pas refuser.
Cohi, avertissez qui mérite dans les larcins.
Te voici en effet, courbé et ceint
sous le filet, les flancs resserrés,
Vendeur d’esclaves, plus grand menteur de toute
La Grèce, plus grand fraudeur en effet, que seraient
Une troupe de mille homards, de mille chenilles.
Ou chien poussant des mûres,
Ou faucon entourant de ses plumes les passereaux tourbillonnants,
Les lapins, les lièvres captifs,
Ou les attrape, ou les emmène dans des espaces étroits,
Une ligne vétuste, ligne, ou charbonniers,
Avec l’accord ou l’ignorance d’un héros, qu’importe,
Il a amputé en cachette le gibier qu’il portait ouvertement
Gardien danseur d’une forêt coupée,
Qui manque plus de gardiens, que d’un méchant.
Sous le jugement, hélas, à qui ils sont permis en leur fureur voleuse.
En effet sous ses attentions il a tissé des fraudes,
Qu’aussitôt il a machinées impunément.
[…donne des noms de cuisines ; en gros il indique des mets de choix et :]
À la lie du peuple il vend des hardes immondes.
629 Et là où il répand une moutarde qui fait pleurer,

Ce que tu verras, crois-le à peine, s’ils ont les reçu
Pour eux, et reçus, s’ils les ont rachetés.
Le courbe puisatier, le sourcier, l’aqueduc,
Le libérateur de l’eau profonde, et la citerne
L’éviscérateur de mine de montagnes profondes,
Pâle et uni par le métal repurgé,
630 sous la lumière brillante duquel est la ville d'Abdère
Autrefois obscur. Maintenant misérables témoins,
Ah, que Struma ruina par l’airain minuscule
Qui éviterait les ennuis, si tu n’y prenais garde,
A qui le bât à fait le dos courbé,
Contre l’impuissance des brumes rassemblées.
[Exécration des procrastinateurs]
631

Et il n’est pas meilleur qu’eux, mais pire, ou vraiment leur égal
Mais méritant les châtiments des bêtes très vicieuses.
Car nu et inane, et tombant de faim
Le dur sophiste, borné, léger, vain,
Comme il vibre d’un esprit mensonger sa langue vipérine :
Aussitôt contredit il grimace de mensonges.
Et en effet il est renfermé dans les fosses bouillonnantes
Pendant qu’il voudrait irriter quiconque a le poing
Orgeuilleux et gonflé d’acides fermentés
Lui-même usé et travaillé hors des braises
La tête enveloppée fuit les ronflements hors des cercles.
Mais par ceux-là ou celui-ci de la fontaine de Paris
Comme il boit tous les fleuves de mensonges
Celui-là ne trompe pas les oreilles les plus profondes du monde,
Les oreilles et les cœurs, d’autant moins qu’ils cherchent la confiance
Ignrere par quelque bon jugement d’être absout.
Déjà qui craignant les strates étendues rigole,
Celui qui rompt les globes de silice d’un marteau lourd
Qui tire le dos horrible avec une dent sordide,
Une cornemuse, et une flûte, et une timbale
Un chant, un …
632 …
Scortebrioludicolaepopinones.
** CONTINUER la traduction

Dictionnaire des lettres françaises, XVIe, pour le fichier « vulcain sujet caduc » :
Jean Le Masle : « angevin, il fit ses études à Paris vers 1550-1555 et eut le privilège de
suivre les cours de Dorat et de Turnèbe, devenant de la sorte le condisciple de Ronsard et Du
Bellay à quelques années de distance. Il doit cependant s’installer magistrat à Baugé, en
Anjou. C’est un auteur satirique, connu pour ses piques contre d’obscurs personnages de
Baugé ou d’ailleurs.
Jean Paradin : poète bourguignon (Louhans 1510-Belleneuve 1588). La Micropaedie est sa
seule œuvre.
Jean Vatel : poète né à Blois v. 1550, encore en activité à Paris dans la première moitié des
années 1570. « Soldat-poète », donc insolent.
Rosselet n’a pas de notice, mais le poète néo-latin Rosset (Rossetus) en a une, il est antérieur
de quelques décennies.
Nicolas Barthélemy (Bartholomoeus), Loches, 1478-v.1540 : professeur en divers collèges
parisiens, ami de Guillaume Budé, surtout connu pour une tragédie latine, Christus wylonicus
(Christ crucifié)., 1529.
Jean Doublet : Dieppe, c. 1529-1604. Poète ronsardien mais sans l’ambition : resté rimailler
chez lui, à Hautot-sur-mer près de Dieppe, traducteur de Xénophon et élégiaque. Fait publier
sa poésie à Rouen, sa traduction à Paris.
Jean de Clauso n’est pas dans le dico.
Philibert Bugnyon : Mâcon, 1530-Lyon, 1587. Fait ses études à Paris sous Dorat et Turnèbe,
mais sans se lier à la Pléiade. Vit à Lyon à partir de 1557, devient disciple de Scève. C’est
surtout un juriste, qui déplore longuement la guerre civile, etc.
Pierre Gringore : 1475 en Normandie-Nancy 1538 ou 39. Surtout moraliste et satiriste, a
commencé dans la confrérie des Enfants-sans-souci au service de Louis XII. Parfois aussi
poète et polémiste catholique.
Antoine Héroët de Maisonneuve : Paris, 1492-1568
Très haute et très facile carrière ecclésiastique, finit évêque de Digne dès 1552. « À la fois
poète de cour et platonicien ». Loué de tous, et même de courants contradictoires. En fait c’est
le meilleur néo-platonicien des poètes marotiques, meilleur que Marot même de ce point de
vue, en tout cas dans L’Androgyne par exemple. La Parfaicte amye aura un très grand rôle
dans la querelle des amies, répondant à L’Amye de Court de La Boderie, misogyne.
Nicolas Chesneau : Tourteron, 1521-Reims, 1578. Etudiant à Paris au collège de la Marche.
Participe à la renaissance de l’augustinisme catholique par ses œuvres pieuses et par sa
participation à la traduction de La Cité de Dieu (Paris, 1570). Mais surtout poète sous le nom
de Querculus.
Étienne Dolet : Orléans, 1509-Paris, place Maubert, 1546. Part étudier à douze ans à Paris, et
à dix-sept à Padoue puis Venise. De retour à Paris, il est envoyé en 1533 à Toulouse comme
« orateur de la nation française », il fait scandale et est emprisonné trois jours. Libéré, il
rejoint Lyon en 1534. Devient quatre ans correcteur chez Gryphe. Il tue en 1536 un peintre
lyonnais qui l’avait attaqué dans la rue et parvient à se faire gracier avec l’aide de Marguerite
de Navarre. Il obtient au passage un privilège d’imprimeur pour dix ans et s’installe à son
compte à partir de 1538. Il soutient les revendications des ouvriers typographes de ses
concurrents, qui le dénoncent à l’Inquisition : il est jeté en prison quinze mois, de 1542 à
1543. Un complot le fait arrêter encore en 1544 : il s’évade et passe en Piémont six mois ;
lorsqu’il revient, on l’emprisonne à nouveau ; son procès dure deux ans, après quoi il est
brûlé. C’est l’éditeur de Clément Marot et de beaucoup d’autres ; la somme de son travail est
impressionnante.
Jacques Tahureau : le Mans 1527-1555. A combattu en Italie, un peu écrit à Paris à la mode
ronsardienne, se retire dans le Maine, où il meurt très vite.
Marc-Claude de Buttet : Chambéry c.1530-Genève 1586. Étudie en Savoie et travaille à la
Cour à Paris. Poète de la Pléiade, meurt en chemin entre Paris et Genève où il venait
régulièrement surveiller ses affaires domestiques.
Marc-Antoine Muret : 1526 (près de Limoges)-1585. Professeur à Bordeaux où il eut
Montaigne pour élève. Il arrive à Paris vers 1551 et se fait aimer de toute la Pléiade, Ronsard
en particulier. Mais il doit quitter Paris pour Toulouse en 1554 et quitter Toulouse même
précipitamment, accusé d’hérésie et de sodomie. Reste à Venise jusqu’en 1558, il vient à
Ferrare puis à Rome en 1560, où il reste et travaille jusqu’à sa mort (avec un passage à Paris
en 1561-1562 pour le colloque de Poissy). Il y est professeur de philologie et poète. Lorsqu’il
commente les Amours de Ronsard, « Muret se livre sur le recueil des Amours de Ronsard au
même travail d’annotation que pour les œuvres d’Horace et de Térence. De la sorte, il confère
à ce recueil pétrarquiste l’éminente dignité d’un texte déjà classique »
Charles Curre (Currus) : Mamers, mi-XVe-début XVIe. Connu seulement pour son poème
latin traduit par Jean d’Ivry : on ne connaît pas l’original latin.
Jean d’Ivry (ou Divry, Divrius) : Hyencourt-le-Grand près de Péronne 1472- c. 1547.
Médecin, poète, traducteur. Etudie le droit à Paris, puis publie quelques trucs, corrige la trad.
De l’Enéide par Saint-Gelais.
Jean de Boyssonné (ou Boysson, Boyssonus, Boyssoneus) : Castres c. 1505-1558 ou 1559
en Savoie. Juriste toulousain, il rencontre Dolet en 1532 lors d’un voyage à Rome, et il aura
part aux troubles que sème Dolet en 1534. Il échappe à la prison grâce à des soutiens ; en
voyage à Paris et Lyon en 1536, il se lie avec Scève. En 1539, il prend une charge à
Chambéry, où il aura toutes sortes de procès dont il est réhabilité seulement en 1556 : on perd
alors sa trace.
Guillaume Des Autels : 1529 à Genouilly-sur-Guye au manoir de Vernoble-1581. Etudie le
droit à Valence et devient « juge mage » de l’abbaye de Cluny de 1570 à sa mort. Il écrit des
poèmes, se prend de passion pour la querelle de l’orthographe que veut moderniser Louis
Meigret, puis imite Rabelais en 1559, avec assez de succès. Il fut un précurseur rapidement
éclipsé, cherchant fortune auprès de la couronne d’Espagne et des Guise.
Pour l'article aimant :
Guillaume Telin : mort en 1550, n'a écrit que le Bref sommaire de 1533. Secrétaire du duc de
Guise et ami de Charles Fontaine et Guillaume Michel de Tours.
Richard Le Blanc : c. 1510-c. 1574. Sa vie ne nous est connue que par ses préfaces. En 1547,
il était précepteur des fils d'Estienne de Morainville, maître de l'hôtel du duc de Guise. « Sa
traduction de Cardan, six ans après la publication de l'original latin, a contribué à répandre les
thèses du philosophe italien. » « Ensemble de traductions d'ouvrages techniques et
littéraires » : [peut-être la traduction impose-t-elle ce mélange comme elle impose le poème
en prose au XIXe ?
Pontus de Tyard : trait d'union entre la Pléiade et l'école lyonnaise. Idéal du « docte poète ».
1521 au château de Bissy-sur-Fley près de Chalon-1605, Bragny-sur-Saône. Premier recueil
publié anonymement en novembre 1549, les Erreurs amoureuses, adressées à Pasithée. Il
revendique une antériorité sur Du Bellay qui pourtant publie l'Olive à Pâques 1549 : mais
Ronsard, Baïf et les ennemis de Du Bellay accréditeront cette thèse. Fut présenté très tôt à
Maurice Scève dont il demeura l'ami. Mais demeure solitaire : sa devise Solitudo mihi
provincia est traduit bien la marginalité du cercle littéraire de Bissy. En 1562 il semble s'être
retiré et ne publie rien ; en 1570 il entre au service de Charles IX, dédicataire de la première
réédition de Mantice, ainsi que son entrée au salon de la maréchale de Retz, « sanctuaire du
néo-pétrarquisme » (H. Chamard). Mais à partir de Henri III, 1574, Tyard trouve dans le roi
un disciple idéal, qui le comble de faveurs. Il lui dédie un manuel de rhétorique, lui lit des
passages de son Univers.
Charles de Sainte-Marthe : fils de Gaucher I (le modèle de Picrochole) et oncle du fameux
Scévole, né à Fontevrault en 1512, mort à Alençon en 1555. Docteur en droit de Poitiers,
suspect de luthéranisme, s'exile à Grenoble où il reste 30 mois en prison. De 1540 à 1543 il
enseigne au Collège de la Trinité de Lyon l'hébreu, le grec, le latin et le français. Marguerite
de Navarre le nomme précepteur de Jeanne d'Albret. Après la mort de Marguerite, il est pris
sous la protection de Françoise d'Alençon et devient procureur général dans le duché de
Beaumont. « Très lié avec les écrivains français de son temps », il consacre quelques vers à
chacun dans l'Elégie du Tempé de France.
Maurice Scève : c. 1500-?. Vers 1533, étudiant à Anvers, il prétend avoir découvert le
tombeau de Laure avec un sonnet manuscrit de Pétrarque. Publie une traduction en 1535,
Flamete. Meurt probablement vers 1560, car on perd sa trace, même si certains le disent exilé
en Allemagne à cause des troubles. L'entrée de Charles IX dans la ville en 1564 contrastera
piteusement avec celle d'Henri II (1548).
Joachim Blanchon : né en 1553 en Limousin. Cite maints personnages limousins et
notamment des émailleurs (les seuls à peindre l'émail dans la France de la Renaissance).
Guillaume de Saluste Du Bartas : Montfort près d'Auch 1544-Mauvezin 1590, des suites
d'une blessure. Elève au collège de Guyenne à Bordeaux, puis étudiant en droit à Toulouse, où
il suit les leçons de Cujas, achète en 1571 une charge de juge. Protégé par Jeanne d'Albret,
reine de Navarre, prend part aux guerres de religion : à partir de 1576 il est écuyer tranchant
du roi Henri de Navarre, futur Henri IV. Entre-temps il a publié Judith et Uranie, des épopées
chrétiennes. La Sepmaine paraît en 1578, la Seconde Semaine incomplètement parue en 1584,
reste inachevée.
Simon Goulart : 1543-1628). Ministre du culte expatrié à Genève, traducteur de Plutarque,
Juste Lipse, Xénophon et commentateur de Du Bartas.
Rémy Belleau : naît en 1528 à Nogent-le-Rotrou, va étudier au collège de Boncourt, sous
Muret et Buchanan, et avec La Péruse, Jean de La Taille et Jodelle : il tient un rôle dans la
Cléopâtre de son camarade. Publie d'abord une traduction d'Anacréon en 1556, célébrée par
Ronsard. Prend les armes dans la cavalerie du marquis d'Elbeuf en Italie, pendant un an.
Devient ensuite précepteur de son fils au château de Joinville en Bassigny, et publie des
plaquettes de circonstance, puis La Bergerie. De temps en temps, il revient à Paris, où il
publie Les Amours et nouveaux eschanges en 1576 et meurt en mars 1577.
Jean Second : poète néerlandais (1511-1536), élève d'Alciat, dont les Opera paraissent en
1541 à Utrecht.
Hesteau de Nuysement : c. 1550 ou 1560-c.1623, élève de Dorat, publie des Juvenalia en
1578 ; secrétaire de la chambre du roi Henri III puis de Monsieur (le duc d'Alençon), après la
fuite duquel (protestant, subit les brimades de la cour de son frère, s'enfuit vexé) Nuysement
est à Anvers et travaille chez Plantin. Il traduit le De Constantia de Juste Lipse (1584). C'est
l'année de la mort du duc d'Alençon. Il se remet à écrire des vers et rédige un Poeme
philosophic de la verité de la Phisique mineralle [c'est un alchimistème de finir les mots en
-ic] qui paraîtra en 1620. Fidèle à Henri IV, s'installe en Lorraine, à Ligny, en 1591, où il se
marie et a des enfants. En 1624 son matériel alchimique est saisi pour être vendu à Ligny.
Isaac Habert : Paris, c.1560-c.1615. Neveu de François. Valet de chambre de Henri II.
Œuvres poétiques de 1582 : « leur principal mérite est d'être fort courtes », en dit Goujet.
Trois ans plus tard, Les Météores, avec d'autres œuvres. Ecrit enfin des vers pour la mort de
Ronsard et d'Henri IV.
Maclou de la Haye :?-1575. Ami de jeunesse de Ronsard, valet de chambre du roi, il épouse
une Angevine et publie en 1553 des Œuvres poétiques.
Guillaume Du Peyrat : rien dans le dico. Mais la BNF dit : (15..?-164.?) A écrit aussi en
latin. Ecclésiastique et homme de lettres. - Fut substitut du procureur au Parlement de Paris,
conseiller at aumônier d'Henri IV et de Louis XIII. - Fils du seigneur de Feyzin, canton de
Saint-Symphorien (Isère).
Pierre Enoc de la Meschiniere : 1550- ?, fils de Louis Enoc. Publie d'abord des Opuscules
poétiques, Genève 1572 puis La Céocyre (c'est-à-dire brûle-coeur), Lyon, 1578. En 1617
encore il publie des quatrains sur la mort.
Salomon Certon : Gien c. 1550-c.1610. Etudie médecine puis droit puis laisse tomber les
études pour la poésie, s'étant lié avec Baïf, Du Bartas et Rapin. 1604, publie in-8° la
traduction en vers de L'Odyssée. Un imprimeur de Sedan, Jean Jannon, publie ses Vers
leipogrammes.
Claude de Pontoux : c.1540-avant 1579. Médecin bourguignon. Traducteur et poète
ronsardisant.
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£Didactisme
Die nicht mehr schönen Künste, éd. H. R. Jauss, 1968.
Bernhard Fabian, « Das Lehrgedicht als Problem der Poetik », p. 67-90.
69 Les remarques contre le genre didactique trouvent chez Aristote leur origine.
Le dialogue Péri poiètôn n’est pas en opposition avec la Poétique, plutôt une conclusion de
celle-ci. La Poétique définissait la poésie d’une manière trop étroite (zu schmal).
71 Il y a un Tractatus Coislinianus en grec qui distingue deux sortes de poètes « amimètos » :
les « historikè » et les « paideutikè » (ces dernières séparées en hyphègètikè et théôrètikè).

Sophie Laniel-Musitelli, « The harmony of truth ». Sciences et poésie dans l’oeuvre de Percy
B. Shelley, Grenoble : PUL, 2012
61 Percy Shelley dans « Letter to Maria Gisborne (1820) examine les plans du futur bateau à
vapeur de Henry Reveley, fils de ses amis les Gisborne : « dread engines, such / As Vulcan
never wrought for Jove to clutch / Ixion or the Titan ». 62 Shelley compare même l’ouvrier du
feu au Christ. 64 Le feu étant un pneuma. Il prépare une « refonte de l’ordre social ». 65 « Et
sans doute le choix de placer Démogorgon au cœur d’un volcan, forge de Vulcain, est-il une
façon de prédire que les futures révoltes de son siècle viendront des ouvriers, des hommes du
feu. »

Pour l'introduction :
En 1920, dans sa thèse à la syntaxe sibylline, René Ghil expliquait l’existence de la
poésie scientifique par la revendication poétique d’un mystérieux « phénomène universel ».
Selon lui la poésie scientifique « entend que nul domaine où se répartit pour l’intelligence
humaine le phénomène universel ne lui soit étranger »1. Trouve-t-on cette emphatique
déclaration universelle dans les poétiques du XVIe siècle ? À supposer que oui, la technique
met-elle en œuvre une « intelligence humaine » relevant d’un « phénomène universel » ?
Nous en verrons quelques exemples à travers les poèmes de J.-C. Scaliger2.
C’est véritablement la possibilité d’une poétique du savoir en-dehors de l’esthétique
de la « grâce » qui est en question. Telle est précisément la problématique de l’ouvrage
collectif édité par H. R. Jauss en 1968, Die nicht mehr schönen Künste, qui tente une
« Ästhetik des Unästhetischen »3. La contribution de Bernhard Fabian, « Das Lehrgedicht als
Problem der Poetik »4, est particulièrement éclairante. La poésie scientifique, rappelle Fabian,
échappe depuis l’Antiquité à toutes les définitions un tant soit peu précises de la poésie. Pour
Platon dans le Théétète (152e), Homère est un poète, mais Empédocle, auteur du Péri
phuséôs, n’en est pas un ; Aristote aussi, dans la Poétique (1447b), émet un avis catégorique
au sujet d’Empédocle : il se montre « physiologon mallon è poiètèn », physicien plus que
poète5. Mais l’affirmation ne touche qu’Empédocle, et pas la poésie didactique elle-même 6 ;
on ne se trouve donc pas dans le cas, explique Fabian, de la satire, qui est proprement un
genre post-aristotélicien dans la mesure où rien chez Aristote ne permet de la théoriser. La
poésie didactique chez Aristote est discutée négativement et même définie négativement : elle
est présentée « sozusagen als nicht-dichterische Dichtung »7. En effet la mimêsis est au centre
de sa définition de la poésie. Dès lors, le statut du poème d’Empédocle De la nature est
déterminé par la physique d’Aristote : cette physique immuable, divine, n’est pas de l’ordre
de l’imitable, dans la mesure où ce qui est imitable est muable (on peut en jouer avec
l’imagination), alors que (selon Aristote) on ne peut pas jouer en imagination avec les lois de
la physique8.
Néanmoins Aristote ne constitue pas le point final du débat, tant sur la poésie
didactique qu’au sujet d’Empédocle. Lactance par exemple écrit dans les Institutiones
divinae : « Empedocles, quem nescias utrumne inter poetas, an inter philosophos numeres,
quia de rerum natura versibus scripsit, ut apud Romanos Lucretius et Varro ». À l’inverse
chez Quintilien, qui apprécie l’utilitas des poèmes didactiques, Empédocle et Lucrèce sont
1 René Ghil, La Tradition de poésie scientifique, Paris : Société Littéraire de France, 1920, p. 11.
2 Poemata omnia, Leyde : Commelinus, 1600 [JCS].
3 Die nicht mehr schönen Künste, Münich : Wilhelm Fink Verlag, 1968, « Vorwort », p. 11.
4 Ibid., p. 67-90.
5 Ibid., p. 68.
6 Ibid., p. 69.
7 Ibid.
8 Ibid., p. 70.
des poètes sans hésitation : « Empedoclea in Graecis, Varronem ac Lucretium in Latinis, qui
praecepta sapientiae versibus tradiderunt » (1, 4, 4). Les considérations d’utilité du poème
viennent bien sûr d’Horace (miscere utile dulci). L’Art poétique d’Horace est d’ailleurs déjà
en soi un poème didactique, qui laisse entendre que sa forme poétique est plus apte à
transmettre le contenu de son apprentissage9. C’est ainsi que va s’en servir la postérité. Du
reste, Les Géorgiques rendent « ridicule » (lächerlich) la « Teilung » de l’auteur Virgile en
poète dans l’Enéide d’une part, agronome dans Les Géorgiques d’autre part. C’est en tout cas
l’avis qui s’est imposé dans les Arts Poétiques de la Renaissance européenne. Ainsi étaient
permise une tradition didactique qui inspira le De Bombyce de Vida, la Syphillides de
Fracastor, etc10.
Il fallut donc, à la Renaissance, soit réévaluer la mimêsis d’Aristote, soit réévaluer le
lien entre mimêsis et poésie. Dans les Explicationes de Francesco Robortello en 1548 par
exemple, la poétique d’Aristote est dépassée ; Robortello donne au poème seulement deux
critères définitoires : le poème prodest et oblectat (instruit et plaît). Dans le De Poeta
d’Antonio Minturno (1559), il n’y a pas un mais trois types de poètes : ceux qui ont
l’inspiration divine (« divino spiritu afflati ») et qui traitent de sujets religieux ; les poètes
« mimétiques » (eux-mêmes divisés en deux types, lyrique et épique) ; enfin les poètes
didactiques, ceux qui « dicunt, quae sunt, naturas causasque cognosci. Eiusmodi Empedoclis,
Lucretiique poemata fuerunt »11.
Même si les poéticiens se sont attelés au « sauvetage » du poème didactique, ils ont eu
à cœur de l’intégrer à une théorie valide et cohérente. L’alternative la plus radicale à Aristote
fut peut-être la Poétique de Scaliger en 1561. Scaliger refuse en effet l’étymologie qui fait du
poète un « imitateur » et lui substitue l’étymologie « faciendus versus », ce qui signifie que le
poème peut être didactique, dit-il expressément : « nihil enim solidioris eruditionis a
Musarum sacrariis alienum est »12. Ainsi Scaliger contredit mot à mot le jugement d’Aristote
sur Empédocle : « Quod poetae nomine defraudat Empedoclem minus recte fit »13.
En somme, la place marginale accordée à la poésie didactique a peut-être découlé de
cette difficulté théorique à la situer exactement. C’est pourquoi Goethe a pu écrire, dans son
Über das Lehrgedicht (1827) qu’aux trois genres poétiques (lyrique, épique, dramatique)
s’ajoute le genre didactique, qui reste à la marge : « zwischen Poesie und Rhetorik », un « Ab-
und Nebenart ». Goethe remarque cependant que la poésie didactique n’est plus aussi
appréciée (ou riche : schätzbar) qu’auparavant14.
Ainsi s’expliquerait le paradoxe soulevé par Isabelle Pantin dans La Poésie du ciel
dans la seconde moitié du seizième siècle : « La valorisation du savoir » par les humanistes
aurait dû conduire à un fort « enthousiasme » vis-à-vis de la poésie scientifique, mais on
constate au contraire une « modération notable »15. Certes, les anciens poètes didactiques sont
loués et étudiés. Ainsi le dialogue de Pontano, Sannazar, fait entendre par ce dernier un éloge
des poètes du cosmos, à savoir Empédocle, Lucrèce, Manilius, Virgile et Pontano lui-même :
« Salut, donc, mère si féconde de toutes les sciences ; salut de nouveau ! Car tu as lutté contre
notre condition mortelle par la perpétuité de tes inventions et de tes écrits ; tu as arraché les
hommes des forêts et des grottes. » De même, Jean Edouard Du Monin, en français, rêvait de
devenir le nouvel « Empedocle françois » pour remplacer Ronsard. Selon lui et d’autres, la
poésie didactique (« la poésie qui donne un enseignement sur le monde » écrit I. Pantin) doit
notamment aboutir à une meilleure reconnaissance de la divinité, ce que l’épopée seule « ne
9 Ibid., p. 73.
10 Ibid., p. 76.
11 Ibid., p. 77.
12 Ibid., p. 78.
13 Ibid., p. 81.
14 Ibid., p. 67.
15 Isabelle Pantin, La Poésie du ciel dans la seconde moitié du seizième siècle, Genève : Droz, 1995, p.185.
permet pas toujours »16. Et pourtant, l’épopée est bien plus fréquentée que la poésie
didactique. Les Arts poétiques, sous lesquels se cachaient bien souvent des manifestes,
appelaient les poètes futurs à la composition d’épopées en français et jamais à celle de traités
de métallogenèse.
À l’absence de mimêsis soulignée par Bernhard Fabian s’ajoute selon I. Pantin un
second problème théorique pour les Arts poétiques : la « sécheresse » de ces poèmes. Or les
arts poétiques appellent le poème à « soulev[er] de grandes émotions ». Chez Vida (en 1527),
le poème doit « suspensos animos novitate tenere », créer un « savant suspense » (écrit
Pantin), et Horace disait déjà : « semper ad eventum festinat et in medias res […] auditorem
rapit » (v. 148-149)17. Quant à la Deffence, elle « ne recule pas devant les sentiments forts,
l’indignation, la haine, l’admiration et l’étonnement » : « Saches, lecteur, que celui sera
véritablement le poète que je cherche en notre langue qui me fera indigner… », (II, 11)18.
Deux risques menacent dès lors le poème didactique, qui conduiraient tous deux à
vider le poème de tout sentiment fort : l’obscurité et le pédantisme. L’« obscurité » est
d’ailleurs le premier des « vices de poésie » selon Peletier, qui adopte la règle de Quintilien,
« nobis prima sit virtus perspicuitas » (VIII, 12, 22), tout en l’adaptant cependant à sa propre
sympathie pour les expériences poétiques novatrices (L’Amour des amours n’est-il pas un
poème didactique?). Peletier accorde à Lucrèce un crédit limité : « les faits de la Nature se
peuvent aussi traiter en Poésie : combien encore que l’âpreté des termes et la contrainte de la
matière, qui est sans ornements et figures, fasse que l’entreprise est rare pour le Poète. Si est-
ce pourtant que Lucrèce y a assez heureusement traité ses conceptions Epicuriennes, selon la
pauvreté de la langue de son temps, dont il se plaint »19.
Le « pédantisme » est quant à lui une affaire d’ethos. Ainsi Bernardino Tomitano
préférait Pétrarque à Dante car il reproche au second « l’essere più dotto philosopho, et
Theologo, che soave rimatore »20. Du Monin lui aussi s’est acquis une réputation de
pédantisme effréné, surtout depuis la condamnation d’A.-M. Schmidt qui a donné pour source
de ses « manies scolaires » un souci exclusif de la « gloriole savante » : « il semble prendre en
guignon qu’un régent de collège, un collègue, comme Buchanan, ait la noble pudeur de
vouloir dissimuler les origines de sa science et s’avancer sous le masque »21. I. Pantin
distingue cependant deux temps dans la perception du pédantisme au XVI e siècle. « Les
poètes de la Pléiade avaient d’abord enrichi et amélioré les diverses manières de se passer des
noms » d’auteurs pour ne pas alourdir une démonstration 22. Néanmoins, « après Ronsard, la
poésie philosophique devint réellement didactique et se mit à défendre des thèses facilement
identifiables ». La Galliade est selon I. Pantin la première œuvre à ne pas se passer de noms
propres « envahissants »23. C’est effectivement chez Du Monin que le pédantisme est le moins
un souci d’écriture : « le langage des métiers, prudemment admis par la Pléiade, s’impose ici
sans gêne : le vocabulaire des notaires ajoute sa petite note aux doctes précisions du
philosophe, et les coquetteries poétiques, pourtant dispensées sans compter, n’ont plus l’air de
sortir de la bouche des Muses : ce sont des particularités linguistiques qui marquent, elles
aussi, l’appartenance à une certaine profession. Dans L’Uranologie, la poésie a cessé de venir
d’un autre monde, et la science en a fait autant. Toutes deux se présentent manifestement
comme des productions humaines, comme une habileté et un savoir acquis dans les écoles et
dans les livres. Les racines sacrées ou mythiques sont définitivement coupées, malgré les
proclamations emphatiques qui semblent dire le contraire. Nous nous garderons d’apprécier le
16 Ibid., p. 186.
17 Ibid., p. 187.
18 Ibid., p. 189.
19 Ibid., p. 49.
20 Ragionamenti della lingua toscana, Venise : G. de Farri, 1546, p. 96, cité ibid., p. 189.
21 Cité ibid., p. 403.
22 Ibid., p. 405.
23 Ibid., p. 406.
résultat artistique de ce déracinement ; et le résultat scientifique, dont il sera question un peu
plus loin, n’est pas exceptionnellement brillant. Quoi qu’il en soit, la voix de Du Monin […]
nous transmet un peu de la réalité des collèges parisiens aux alentours de 1580 »24.
Fracastor semble s’être souvenu de ces deux écueils lorsqu’il rédigea le Naugerius,
sive de poetica dialogus, un véritable « Traktat pro domo » selon B. Fabian25. Dans ses choix
théoriques, Fracastor souhaite apparemment éviter à tout prix un « didactisme naïf »
(« Fracastoro wollte offenbar einem naiven Didaktizismus ausweichen »). En effet il veut
éviter au poème didactique l’accusation de n’être rien de plus qu’une notice d’instruction
(« es gehe über einen Prosa-Traktat nicht hinaus »). Le poète, dit Fracastor, touche au
contraire à ce qu’Aristote appelle universale, l’Universel26. Le poète se définissant par une
« Erkenntnisfähigkeit », une capacité à connaître, toute poésie est en dernier ressort
didactique ; on peut alors être poète sans avoir écrit le moindre vers : « est autem ille natura
poeta, qui aptus est veris rerum pulchritudinibus capi moverique » (163 C)27.
Le XVIIe siècle, enfin, dissociera résolument la science et la poésie, à travers des
affirmations comme celle de Bacon : « it [poetry] doth raise and erect the mind ; whereas
reason doth buckle and bow the mind unto the nature of things »28.

Martianus Capella, Astronomie, trad. André le Boeuffle, Vannes : éditions Burillier, 1998.
Le De Astronomia est en fait le huitième des neuf livres des Noces de Philologie et de
Mercure, Ve siècle. C’est une encyclopédie des sept arts libéraux. Le dernier livre est de la
musique. Il n'y a nul art poétique au début.

Martianus Capella, Les Noces de Philologie et de Mercure, livre I, Paris : Les Belles Lettres,
2014, trad. Jean-Frédéric Chevalier.
Il n’y a pas non plus d’art poétique au début du De Nuptiis. Faux informateurs ?

Echange avec Hugues Marchal :

Bonjour,

Une lecture récente de L’Architecture… de Ledoux m’a fait repenser à votre message. Voyez
ses pages sur la maison du mécanicien (projetée pour la ville idéale qu’il voulait construire
autour de la saline d’Arc-et-Senans) :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5401411f/f99.image
Idées très proches de celles exposées par Delille (les deux hommes étaient proches, au point
que Delille reçoit aussi sa maison dans la ville idéale) dans l’Épitre au docteur Laurent (que je
citais déjà dans le powerpoint) et à la fin du chant V de L’Imagination (après l’éloge de
Newton).

Bien à vous,

24 Ibid., p. 412. Ce jugement cruel s’appuie sur l’analyse d’un extrait de L’Uranologie, f. 87 v°. Suit, dans
l’ouvrage de Pantin (p. 190-191), une analyse de la place que Vida, dans le De arte poetica, accorde au
savoir des Géorgiques : il s’agit d’un art de la variété, et par le savoir les poètes « cachent leur ruse et
recherchent par-dessus tout la douceur des transitions » (« astum / Dissimulant, aditusque petunt super omnia
molles »).
25 B. Fabian, op. cit., p. 81.
26 Ibid., p. 82.
27 Ibid., p. 83.
28 Ibid., p. 85.
HM

Cher M. Marchal,

merci de me signaler ce chef-d’œuvre (dans au moins un sens du terme). Quelle démesure !


C'est "l'architecte et ses pauvres" : j'y lis un écho aux préoccupations de Rancière sur les
masses muettes.
Par exemple p. 145 : "Qui n'a pas fait construire des écuries, des remises, et ne les a pas
livrées à l'ouvrier qui ne voit dans l'expectative de la dépense prévue que les produits qu'il
attend pour exister? Les fautes s'accumulent sur l'imprudence qui méconnoit les dangers. Tel
l'aveugle, guidé par un barbet qui convoitant la subsistance qu'il apperçoit sur le bord de la
rive escarpée, appuie sur la chaîne qui l'attache à son maître, est entraîné vers l'abyme."La
métaphore de l'aveugle suggère la condition commune de l'architecte et du poète, et d'ailleurs
la poésie elle aussi est toujours fort soucieuse des mauvaises mains dans lesquelles elle peut
tomber, une fois imprimée !

Bien à vous,

Oui, le propos de Ledoux combine nombre d’arguments progressistes qu’on trouve à la même
époque chez certains économistes (Turgot, Malesherbes, etc.) à l’idée que l’art (ici
l’architecture) doit être dispensé de manière égale à tous les niveaux de la société (ici, les
chaumières ou les usines comme les palais) et être mis au service du progrès des techniques.
Incidemment, il s’agit aussi en 1804 pour Ledoux de se défaire de son image – de fait
caricaturale – d’architecte emblématique de l’ancien régime (il avait conçu les barrières des
Fermiers généraux juste avant la révolution). Le texte est néanmoins un compendium fort
indigeste (je ne suis donc pas sûr qu’il faille me remercier !), qui fut peu goûté de son temps
et au fond peu lu par les architectes qui ont redécouvert avec admiration Ledoux dans les
années 1980. Je m’y suis plongé seulement à la demande d’un collectif d’historiens de
l’architecture qui en préparent une édition savante et se demandent, entre autres, comme
l’appréhender comme objet littéraire, et quoi faire de la place centrale accordée à Delille (par
delà le leitmotiv de l’alliance entre poésie et architecture, la « maison » du poète – planche 69
– est décrite au centre de celle du directeur de la ville idéale, tandis que Delille livre un
vibrant hommage de Ledoux dans L'Imagination). Si ça vous intéresse, les études de
références sur Ledoux sont celles de Daniel Rabreau, Anthony Vidler et Michel Gallet (ils
évoquent notamment l’influence sur Ledoux du Songe de Poliphile), et il y a aussi de bons
articles de Béatrice Didier et de Fabrice Moulin autour du style (recours au fragment, mélange
des genres, instabilité de l’énonciation, etc.); mais je doute que ce soit crucial pour vous de
vous plonger dans ce vaste massif.

Bon courage !

Guillaume Carnino, L’Invention de la science, Seuil, 2015,


« le déploiement de l’empire de la science se fait en lien étroit avec l’industrie » (p. 167).
« Passés au crible de la science, les anciens savoir-faire deviennent technologiques et servent
le progrès industriel », « rationalisation scientifique de la technique devenue techno-science »
(p. 198)
[La dernière partie de l’ouvrage s’attache à montrer que la science a liquidé l’héritage de la
Révolution et qu’elle est au fondement de la IIIe République

Marta Caraion, Les Philosophes de la vapeur et des allumettes chimiques. Littérature,


sciences et industrie en 1855, Droz, 2008.
L’introduction se concentre sur Maxime Du Camp.
47 Théophile Gautier : « Un tour en Belgique » : Caprices et zigzags, 1852 : « À quelques pas
de Liège, fume et bouillonne Serin, où M. Cockerill a ses usines. Les forges de Lemnos, avec
leurs trois pauvres cyclopes, étaient peu de chose à côté de cet immense établissement,
toujours noir de charbon, toujours rouge de flammes, où les métaux coulent par torrents, où
l’on puddle, où l’on cingle le fer, où se fabriquent ces énormes pièces, ossements d’acier des
machines à vapeur. Là, l’industrie s’élève jusqu’à la poésie, et laisse bien loin derrière elle les
inventions mythologiques ».
[pas d’utilitarisme au XVIe siècle, stratégie nouvelle de valorisation des techniques ;

Les bras des machines hyperboliques.


Fauchant les blés évangéliques,
Ont effrayé le vieux semeur mélancolique
Dont le geste semblait d’accord avec le ciel.

Mail Hugues Marchal 15/05/2018


Cher M. Marchal,

merci pour ces lectures qui se sont montrées très stimulantes! Je connaissais ce qui concerne
les périodes proches (Ph. Chométy et Cusset) mais je découvre tout du reste, et il y a des
pages magnifiques (même dans Lignes et lettres !). Elles soulignent en effet combien nos
siècles son distants, ce qui permet déjà des mises en relief ; je suis frappé maintenant de
constater combien la poésie du XVIe siècle est prudente et timide à l'égard de l'investigation
de la nature et combien elle déprécie, même à la fin du siècle, la curiosité scientifique dans
son ensemble (Lucrèce a mauvaise presse jusqu'aux dernières années du siècle). Une des
raisons étant que le XVIe ne connaît pas l'utilitarisme, et n'accorde presque aucune valeur
(sociale, philosophique, poétique) à l'utilité. Ce n'est pas l'utilité mais l'ordre et la paix civile
que les poètes admirent dans les pratiques des techniques.

À l'intérieur du champ des techniques, le partage se fait aussi très différemment au XVIe.
L'agronomie a une place à part, non pas parce qu'elle touche aux sciences de la nature (les
techniques agricoles étant hermétiques aux débats naturalistes) mais parce que le modèle des
Géorgiques rend évident qu'elle fait partie des connaissances techniques "exigibles" du poète.
Les sciences de l'ingénieur, elles, n'existent encore qu'en théorie. Et les techniques nouvelles
ne sont pas (comme chez Maxime Du Camp) un coup porté à l'admiration de l'Antiquité mais
au contraire le moyen de confirmer sa préséance. Ce qui autorise un peu plus, je crois, le
recours ou la référence au lyrisme dans la poésie didactique : si l'imprimerie est une invention
admirable (de l'avis de beaucoup de poètes), c'est entre autres parce qu'elle permet de montrer
en médaillon le buste de Ronsard couronné comme poète lyrique, etc.

Pourtant il y a certaines persistances et même des phénomènes du XIXe siècle qui semblent la
conclusion de débats poétiques engagés au XVIe, comme la distinction que fait Pierre Hadot
entre "attitude orphique" et "attitude prométhéenne", distinction que la poésie du XVIe établit
progressivement et qui triomphe au XIXe. L'attitude prométhéenne où l'expérience et la
pratique doivent permettre de "faire parler" la nature, on la retrouve d'ailleurs dans les poèmes
"d'attitude orphiques" qui dévoilent les secrets de nature à l'aide d'expériences de pensée,
proposées au lecteur : "si vous...", par un poète divin qui a reçu la science infuse. Au XVIIe
siècle, l'expérience de pensée devient une expérience réelle et concrète, mais je ne crois pas
que ce soit dû à la pratique poétique, plutôt à celle de la science : les ingénieurs veulent
accéder "par force" à la connaissance divine offerte au poète inspiré...

[…] serai-je insensible à ces talents utiles,


Qui portent l’abondance à nos Cités tranquilles ;
Qui pour nous en tous lieux, multipliant leurs soins,
Consacrent le Génie à servir nos besoins ?
Non, ces Arts bienfaiteurs sont respectés des Sages ;
Et moins ils sont brillans, plus on leur doit d’hommages.
([Jacques Delille], « Épitre à M. Laurent, chevalier de l'ordre de S. Michel, à l'occasion du
bras artificiel qu'il a fait pour un soldat invalide », Londres : s. é., 1761, p. 6.)
{Cela pour un éclaircissement de la querelle de l'utilité au XVIe ?

À propos de Lucrèce : au XVIIIe siècle déjà, la poésie scientifique a pour but de rivaliser avec
Lucrèce, d' « allier Lucrèce à Newton », comme le dit Ponce-Denis Ecouchard LEBRUN,
« Exegi monumentum, Ode qui doit terminer le cinquième et dernier livre des Odes de
l'auteur, lue à la s »ance publique de l'Institut national, le 15 Germinal, an Ve », in Décade
philosophique, 1797, vol. 13, p. 103.

[Hugues Marchal note que la poésie qui chante l'innovation donne une place à part à
l'innovation militaire : « cas épineux »

« La poésie scientifique : autopsie d’un genre », Muriel Louâpre


1 Poésie scientifique = un genre « toujours cru mort ».
28 Les « techniques » dominent la production de poésie scientifique dans les années 1842-
1871, avant il s’agit surtout d’éloges de la médecine (figure du médecin balzacien). 30 « C’est
le faire qui est désormais à l’honneur », avant un « retour aux sources » de la poésie
scientifique

Lignes et lettres. Anthologie littéraire du chemin de fer, éd. Marc Baroli, Hachette/SNCF,
1978.
Le préfacier, Jean Mistler, de l’Académie française, trouve qu’il est « sot » de dire comme
Jean-Pons Viennet :
On n’entend que des mots à déchirer le fer,
Le railway, le tunnel, le ballast, le tender,
Express, trucks et wagons… Une bouche française
Semble broyer du fer et mâcher de la braise. (p. 11)
[Mais moi je trouve cela assez juste. En tout cas la « bouche française » est toujours le
problème de la technicité.
55 Pereire et Rothschild réalisent le chemin de fer du Nord. Une fête extraordinaire, à Lille en
1843, réunit 1700 invités parmi lesquels deux fils du roi, quatre ministres, Victor Hugo,
Lamartine, Théophile Gautier, etc., pour un magnifique repas. L’évêque de Lille bénit les
locomotives. Berlioz dirige une cantate.
84 Alfred de Vigny, La Maison du berger, 1842 :
« Qu’un ange soit debout sur sa forge bruyante (…)
Pour jeter en éclats la magique fournaise,
Il suffira toujours du caillou d’un enfant. »
92 Maxime Du Camp, Les Chants modernse, « La Locomotive », c’est une locomotive qui
parle dans ces septains (1855). [Paroles de la forge ?
97 Et dans « La fête », il célèbre les forgerons par-dessus les rois :
Avec ces lourds engins que vous forgez ensemble,
En sueur, les bras nus, sur l’enclume qui tremble,
Vous régnerez plus tard sur le monde exaucé
Bien mieux qu’avec le sceptre et mieux qu’avec le glaive,
Le glaive sombre et rouge, absurde et méchant rêve
Des adorateurs du passé !
99 Victor Hugo, « Le satyre », dans La Légende des siècles, 1859 :
Avec ce qui l’opprime, avec ce qui l’accable,
Le genre humain se va forger son point d’appui…
101 Le train est comparé par Villier de L’Isle-Adam à un « fauve cyclope » (1866), entres
autres (dragon, etc).

Ordre et désordre du monde. Enquête sur les météores, de la Renaissance à l'âge moderne
2013
« « De l'orage civil forcenant par la guerre » : les météores dans la poésie scientifique de Jean-
Antoine de Baïf et d'Isaac Habert », Claude La Charité, p. 117-134
117 1567, Premier des Meteores, de Jean-Antoine de Baïf, s'inspirant librement du Meteorum
liber de Pontano. « Seul Isaac Habert prolongera en 1585 l'oeuvre de Baïf ». Baïf parle, pour
le contexte politique, d'un « orage civil » (118 le grec stasis signifie tant « sédition » que
« tempête »).
119 LTLDM ne connaîtront pas de réédition. 120 Baïf et Habert accordent plus grande place à
Aristote que Pontano : en fait ils ne rencontrent Pontano que lorsqu'ils imitent Aristote.
132 L'auteur arrive vite à la conclusion que pour Haabert, « la comète n'a pas de prise sur le
roi » et que l'absence de signification fatidique des 133 « C'est [le roi] qui, astre fatal, fait en
sorte que les météores ne sont rien d'autre que ce qu'en dit Aristote ».

Isabella Oliveira, Nature et fonctions de la métaphore en science. L’exemple de la cardiologie,


Paris : L’Harmattan, 2009.
« Avant-propos » par Philippe Thoiron :
13 L’autrice réinsère la métaphore terminologique dans la diachronie de sa création puis de
son figement. 14 La fonction heuristique de la métaphore médicale, qui vient pallier un
manque de la terminologie scientifique, montre assez que la métaphore sert à la science.
« Introduction »
19 Max Black (1962) définit trois conceptions de la métaphore : la substitution, la
comparaison et la « théorie de l’interaction », selon laquelle la métaphore crée des
ressemblances en plus de s’appuyer sur celles qui la justifient.
21 « La métaphore vive s’arrête où commence la métaphore terminologique ».
22 « Ce qui n’est pas nommé ne peut exister durablement » : la métaphore permet d’imposer
une découverte, avec l’aide de la part de vulgarisation qu’elle implique : le poids de
l’adhésion du vulgaire peut faire pencher la balance scientifique. 24 La métaphore est donc un
objet de « socioterminologie ».
Première partie : « Métaphore et terminologie »
31 Oliveira souhaite détacher la métaphore de l’idée d’ornement rhétorique : la métaphore
n’est jamais ornementale en science, dit-elle. Elle a d’autres fonctions. Fontion heuristique (p.
115), dénominative (c’est-à-dire que le concept métaphorique entre dans la terminologie et
fait lien avec les autres notions, p. 118), catachrétique (c’est-à-dire qu’on n’a pas d’autre
manière de parler, p. 120). 62 La métaphore est en effet considérée dans ce livre comme « un
processus cognitif qui a trait essentiellement au raisonnement ». La métaphore est
« informationnelle » (p. 140).
(Comme elle le rappelle dans ce chapitre le « cœur » est l’objet de mille métaphores en
français et en portugais.)
65 Un espace mental d’ « amalgame » est créé selon certains auteurs par la métaphore, espace
qui mélange les espaces source et cible.
95 Pour caractériser le figement d’une métaphore, Oliveira a recours au dictionnaire… Au
XVIe siècle, ça ne marche pas, si ?
149 La métaphore est aussi un outil pédagogique.

Max Black, Models and Metaphors. Studies in language and philosophy, Ithaque, New-York:
Cornell University Press, 1968 [1962].
25 « To draw attention to a philosopher’s metaphors is to belittle him ». 34 C’est lié au statut
de la métaphore comme décoration.
Sa réflexion sur la métaphore conduit Max Black (p. 194) à réhabiliter aussi l’induction.

Pour une littérature savante : les médiations littéraires du savoir, éd. Nella Arambasin, 2002
« Avant-propos », Nella Arambasin, p. 9-18
Cite Jérôme de Gramont, 1991, à propos du siècle des Lumières : « Le Savoir n’est plus la
pensée d’un Je pense – c’est pourquoi il n’a plus maintenant son lieu dans l’âme, mais bel et
bien dans le Livre ».
Gilles Banderier, « L’intégration des sciences naturelles dans la poésie encyclopédique du
XVIe siècle », p. 21-37
23 Il remarque que, si toute littérature est savante, néanmoins les Pascal (scientifique et
littéraire) sont rares : « Certains auteurs, tel Jean de Sponde, pratiquèrent l’alchimie sans que
cela paraisse dans leurs œuvres ».

« Raisonnement et poésie dans le chant I de Lucrèce, vers 1-950 », dans Vita latina n°175,
2006, Kany-Turpin, José, p. 69-78.
J. Kanty-Turpin, « Absinthe et miel. Doctrine et poésie dans le De rerum natura », L’Ecole
des Lettres, 1998.
69 « La parole de Lucrèce ne se présente pas comme un « discours sur » la nature, mais
comme une révélation. Elle est poétique au sens étymologique du terme : elle « crée » la
réalité, en la dévoilant brusquement à nos yeux. Pour l’épicurisme, en effet, la sensation est
critère de vérité. 70 « Synergie entre le raisonnement et la poésie »
75 Pour JKT, un passage marque l’échec du didactisme : celui sur les atomes. « L’exposé des
parties minimales constitue heureusement une exception. Le plus souvent, chez Lucrèce,
l’élément esthétique éclaire le raisonnement et en facilite la compréhension. »

Isaac Habert, Les Météores, avecques autres œuvres poëtiques, 1585


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k704742
Là il faut chercher une édition critique, pour les sources scientifiques.
Les météores : métaux qui tombent du ciel, puis divers phénomènes météorologiques, puis les
mines :
Au sujet « des Impressions » (c’est-à-dire les nuages), p. 18v
Nature nous fait voir dans la plaine aerée,
Sur le dos de la terre, & sur l’onde azuree
Mille sortes de feus, & nous en fera voir
Qui ne furent jamais, tant grand est son pouvoir.
Elle en engendre encor dans les minieres creuses,
Et dans l’obscurité des cavernes pierreuses,
Ceux qui tirent la pierre, & les metaus charmeurs
Voient luire meints feus de diverses couleurs.
24v « Du Fouldre, du Tonnerre, & des Esclairs. »
Mais tout premier je veus dire comment ta mere
Te jetta hors du Ciel forcenant de cholere,
Mere indigne & cruelle, & dont la cruauté
Hostesse de son coeur surpasse la beauté.
On dit qu’un jour Junon voiant le corps difforme
Du Dieu Vulcan son fils, laid, boiteus, & enorme,
Afin qu’il ne fust veu de la troupe des Dieus,
D’un courage malin le fit tomber des Cieus,
Thetis au pied d’argent en son royaume humide
Receut ce pauvre Dieu tournoiant par le vuide,
Neuf ans entiers il fut caché secretement
Dans un antre creusé, dont le bas fondement
Par tout se remparoit de roches durcissantes,
Les ondes de la Mer d’escume blanchissantes
Alentour de cest antre en grondant s’eslançoient,
Et contre ses durs flancs en cercle s’amassoient.
[… INSERE] 25r
Mais je veus raconter comme une fois son pere
Demeura desarmé, & s’en mit en colere.
[un jour Jupiter se déchaîne contre la terre :]
25v Vulcan le Dieu boiteus à forger bien habile
Qui habite au plus creus des antres de Sicile
Fumans de souffre vif & de bitume noir,
Pour secourir Jupin entra dans son manoir
Clochant & boitignant, il appella la trope
De ses Cyclopes noirs, Pyragmon & Sterope,
Et Bronte aus membres forts, & leur dit en ce point,
Cyclopes hastez vous, mettez l’enclume en point,
Apprestez vos marteaus, donnez moy ma tenaille,
Esbranlez les soufflets, il est temps qu’on travaille
Pour le grand Jupiter maistre de tous les Dieus,
Il n’a plus maintenant de fouldres dans les Cieus :
26r Sus sus donc, hastez vous, ralumez la fournaise
Afin que ce metal je jette dans la braise.
Ainsi parla Vulcan aus borgnes Aetneans.
Au son de ses propos tout soudain ces Geans
Du labeur indontez se sont mis en besongne,
Le manche des soufflets l’un diligent empongne,
Et haussant & baissant d’un egal mouvement
Fit de leur ventre creus sortir estroitement
Le vent, que leurs canaus à gueule ouverte hument
Et redonnent sifflant, tous les charbons s’allument
Sautans, estincelans sous l’air chassé du fond
Des soufflets abbaissez à l’estomach profond.
L’autre à ses compagnons fasché de ne rien faire
Aporta les marteaus, l’autre amassa sur l’aire
De la caverne basse où rougist son fourneau
Les metaus destinez pour cest œuvre nouveau.
Tandis que les soufflets vomissent de leur gorge
Un air emprisonné de tous costez la forge
S’esclaircit de lumiere & paroist toute en feu
Des flammes du fourneau qui croissent peu à peu.
Alors le Dieu forgeur dedans la braise ardante
Estouffe le metal, sa tenaille mordante
Le presse, le remue, & froid l’ensevelit
Sous le charbon bruslant, lors l’acier s’amolit,
S’eschauffe & devient rouge, aussi tost il le tire,
Sur l’enclume le met, le retourne & revire
D’un & d’autre costé, les Cyclopes nus bras
Nerveus, forts, & charnus le battent par compas
A coup entresuivis, l’acier rouge estincele,
Pendant qu’à tour de bras on le bat & martele
Mainte paille resaute, on diroit qu’en ces lieus
Le tonnerre esclatant tombe du hault des Cieus,
26v Et que les vents bruyants dans cest antre s’entonnent,
Mille coups de marteaus sur l’enclume se donnent
Essourdant la caverne & semble à tout moment
Qu’elle doive abismer par bruit & tremblement.
Vulcan alors forgea des fouldres à trois pointes,
Aus pointes du milieu les gresles il a jointes,
Les pluis & les vents rouants en tourbillons,
A la pointe senestre il a mis trois rayons
De feu, de soufre ardant, de tempeste, & d’orage,
A l’autre la frayeur, l’horreur, l’ire, & la rage,
les nuages noircis en rayons alongez
D’un subtil artifice ensemble il a rangez.
Tost apres que ce Dieu, industreus manœuvre,
Tout suant de travail eut mis fin à son œuvre,
Il quitta son enclume & son fourneau flammeus,
Son marteau, sa tenaille, & son antre fumeus,
Il prit ses vestemens, se nettoya la face,
De fouldres se chargea, se partit de la place,
Et monta dans le Ciel où le grand Jupiter
Il trouva desarmé prest à se depiter. [Ainsi Jupiter accepte d’épargner l’humanité
La reprise du discours scientifique se fait sans transition : « Discourons maintenant par quel
moyen se fait/ Le tonnerre... »
27v le retour de l’antipéristase. Il faudrait faire un article là-dessus…
37r preuve que le discours scientifique n’est pas uniformément de stylus mediocris : passant
du thème des fontaines à celui des tremblements de terre, Isaac Habert écrit :
Renforçons nostre vois d’une agreable peine,
Et chantons maintenant d’une plus forte haleine
Le tremblement de terre, & disons bassement
La cause & les effets de ce grand tremblement.
Après deux livres de météo, Isaac Habert commence ainsi le troisième livre, 51r
[… INSERE] Eslevons nostre vois, & chantons hautement
Les pierres & metaus…
Le livre III commence par une invocation aux Nymphes de la terre, 51v :
Nymphes, germe divin, qui saintes habitez
Dans le profond des eaus & aus concavitez
Du grand corps terrien, vous qui gardez soigneuses
Metaus & mineraus & pierres pretieuses,
Et sans cesse fouillez dans les conduits dorez,
Aus veines d’argent vif, aus canaus sulfurez,
Et dedans les destours des minieres profondes,
Ou par petis rayons faites couler les ondes
Qui detrempent les grains du cuyvre & de l’estain,
Que vous rendez liquide ainsi comme l’airain,
Comme l’or & l’argent, roulant leurs ondes pures
Dedans les flancs cavez de ses mines obscures.
Nymphes, troupeau sacré, qui dedans les fourneaus
Les fondez & purgez, puis les trempez aus eaus
Froides comme la glace, & par vostre industrie
Les formez en lingots & en masse endurcie :
Belles, faites moy voir vostre sejour profond…
Une nymphe alors apparaît et conduit le poète à l’intérieur de la mine, tout comme dans
Fracastor qu’Habert imite ici évidemment.
52r Quand elle fut au bas de ceste abysme creuse,
De ses seurs le sejour, ell’ dit me regardant,
Voi ces torrens de feu, voi ce bitume ardant,
Voi ce souffre qui brule, & ses flammesches perses,
Voi ces rouges fourneaus, & ces mines diverses,
Voi ces Nymphes mes seurs qui cherchent les metaus
Et les pierres sans cesse avec les mineraus
Aus conduits de la terre, & sans repos travaillent. [Suit une énumération des arts du feu :
Celles ci que tu vois les durs diamants taillent
Or’ en table, or’ en pointe, & polissent encor
De leur poudre leurs corps, les autres dedans l’or
Les enchassent apres, lors estans mis en œuvre,
Clairs, esclattans au jour leur beauté se descoeuvre.
Celles que pres d’ici tu vois, vont enchassant
Dedans ces anneaus d’or le rubis rugissant,
Le zaphir, l’emeraude, & l’opale, & l’agathe,
52v L’escarboucle rougi qui vivement esclate,
La topasse, l’iris, le lapis dont le teint
De couleur azuree en brunissant se peint.
Ces autres de delà affinent sur la braise
Tous les metaus impurs dans l’ardante fournaise :
Ces autres de deçà d’un soin laborieus
Cherchent diligemment dans l’obscur de ces lieus,
Où Plute avarement ses richesses enserre… [suit une énumération des pierres
59v Après avoir listé toutes les pierres, l’imprimeur ajoute un guillochis, puis un grand titre
« DES MINERAUS » (c’est la première fois qu’un livre est découpé de telle manière). Il
commence ainsi, avec lettrine :
Maintenant il nous faut parler des mineraus
Qu’on appelle moyens, pour n’estre ni metaus
Ni pierres mesmement, mais seulement matieres
Qui croissent dans les monts & dedans les fondrieres…
60v A propos du premier minéral, le vif-argent, Habert s’autorise une satire alchimique
express :
L’Alchemiste ignorant en vain dans son fourneau
Ainsi que les metaus, corrompant son cerveau,
Tasche du vif argent avoir la connoissance
(Reservee à Dieu seul) & changer sa substance.
61r « De l’aimant ou Calamite » :
Il ne faut oublier à parler en ces vers
Des effers de l’aimant, de ce grand univers
Le corps plus admirable, aussi veus-je descrire
Ses plus rares vertus, que mon esprit admire.
[…] O secrettes vertus, ô effets admirables,
Qu’on voit, dont on ne peut rendre raisons probables,
O causes que Dieu seul connoist tant seulement,
Et dont en vain discourt l’humain entendement !
Qui la cause dira que de la calamite
Le fer estant voisin d’une amoureuse suite,
Soudain d’elle il s’approche, & semble estre animé,
Tout ainsi qu’un Amant de l’Amour enflammé,
Favori de sa Dame, estroitement la baise,
Et comblé de tout heur en jouit à son aise. [Mais Habert tente quand même une explication
Une vapeur subtile, ainsi qu’ils disent, sort
Hors du corps de l’aimant, qui par secret effort
Ecarte l’air prochain & le dur fer inspire,
Anime doucement, echauffe, emeur, attire
Par occulte vertu, tout à l’heure dans l’air
Le fer pesant s’elance, & s’en va droit couler
61v Vers la pierre d’aimant, chasque trou de sa masse
Reçoit ceste vapeur qui legerement passe,
Et l’air d’autour espars s’assemble puis apres
Faisant suivre ces corps, & se toucher de pres.
63r rebelote, il y a ce guillochis et « DES METAUS ». je pense que pour l’expliquer, il suffit
de comprendre qu’aux livres I et II Habert versifie l’encyclopédisme médiéval, qui disait déjà
ce qu’il dit des impressions météorologiques. Mais dans le troisième livre il parle de choses
qui sont nouvelles (aimant, travail du métal…) et de ce fait l’imprimeur leur applique une
mise en page renaissante.
A propos des divers métaux le travail du feu est comme une particularité de leur nature. L’or,
65r :
… le feu point ne luy nuit,
Bien qu’il nuise à tout corps, plus dedans la fournaise
On le met & tant plus il s’affine en la braise,
Sans point diminuer…
L’argent, 67r :
L’argent se bat en lame, & sur l’enclume dure
Les coups entre-suivis des lourds marteaus endure,
On le jette, on le coule, & fond fort aisément…
En mille & mille endroits lon trouve des minieres
De ce luisant metal, l’Espagne en ses fondrieres
En recele beaucoup, en grande quantité
v L’Angleterre en aporte en son terroir vanté,
Il en naist en Escosse, en l’Inde Orientale,
En celle mesmement qu’on nomme Occidentale [à la fin de chaque description des métaux il
donne la localisation des mines
Se termine très abruptement au sujet du fer ; la Nymphe sans mot dire s’enfuit.
Il y a ensuite des poèmes courtisans, des Amours, des Baisers et des Odes.

La Tradition de poésie scientifique, René Ghil, 1920.


11 la poésie scientifique « entend que nul domaine où se répartit pour l’intelligence humaine
le phénomène universel ne lui soit étranger » [Y a-t-il cette déclaration d’universalité de
l’intelligence dans les poétiques du XVIe siècle ? La technique met-elle en œuvre cette
intelligence ?]

Longtemps l’expression « lyrisme scientifique » est demeurée un oxymore. Pour


Albert-Marie Schmidt, « lyrique » et « scientifique » sont des antonymes ; il déplore ainsi
chez Philippe Peletier « l’abandon du mètre lyrique » pour la « poésie scientifique » : « [t]riste
histoire d’un poète que la science pétrifia ! »29. Michel Pierssens emploie la formule « lyrisme
scientifique » ironiquement, à propos d’une rimailleuse du XIX e siècle, Mary Dabernat30.
Préladan l’utilise en 1910 à propos de Léonard de Vinci, pour des raisons d’ordre plus
stylistique que critique31. Néanmoins, récemment, Guy Demerson l’a employée, quoiqu’en
gardant l’adjectif « scientifique » entre de prudents guillemets, à propos des Hymnes de
Ronsard. Dans le contexte de l’analyse des Hymnes, « philosophique » eût aussi convenu ;
Demerson reformule d’ailleurs aussitôt cette notion par les termes de « lyrisme de la
connaissance » puis de « lyrisme investigateur »32.
Depuis l’étude fondatrice d’Albert-Marie Schmidt, un grand nombre de critiques se
sont penchés sur le champ oublié de la « poésie scientifique », au point qu’est paru en 20,
sous la direction d’Hugues Marchal, une anthologie des scientifiques et des poètes ayant
versifié, aux XIXe et XXe siècles, un savoir scientifique ou technique précis. Or, parmi ces
textes, plusieurs semblent relever sans ambiguïté de la tradition lyrique. Hugues Marchal et
son équipe ont ainsi consacré à « la science des amoureux » une section dans leur anthologie
(p. 161-168). Les poèmes cités proposent, sous la forme d’une fable amoureuse, une
vulgarisation scientifique en vers ; la notice explique cette herméneutique lyrique par

29 (p. 62 éd. 1970). Il consacre plus de quarante pages (95-137) aux Hymnes de Ronsard sans en soulever une
seule fois le lyrisme.
30 « La prose des savoirs et le poème du monde », dans La Poésie scientifique, de la gloire au déclin, revue en
ligne Epistémocritique [URL : https://halshs.archives-
ouvertes.fr/file/index/docid/932985/filename/POESIESCIENTIFIQUE.pdf, 23/10/2017]
31 https://fr.wikisource.org/wiki/L%C3%A9onard_de_Vinci_:_les_14_manuscrits_de_l
%E2%80%99Institut_de_France/Texte_entier
32 [dans La Mythologie classique dans l’œuvre lyrique de la Pléiade, p. 295. P. 441 : « Les Hymnes
représentent un lyrisme de la connaissance, avide de compléter et d’unifier par les fables les notions révélées
à l’esprit » ; « lyrisme investigateur ». Noter que p. 444 Guy Demerson donne une explication du refus de la
poésie scientifique par Du Bellay].
l’apparition d’un public féminin curieux de vulgarisation 33. Nulle part le caractère lyrique des
textes choisis n’est cependant mentionné. Un « index des principales notions » fait le choix de
ne pas marquer la notion de « lyrisme » ni quelques autres « trop fréquentes pour que leur
recension fasse sens ». Mais à feuilleter les plus de 600 pages de l’anthologie, on n’est pas
parvenu à voir apparaître une seule fois les termes « lyrisme » ou « lyrique », excepté dans
l’introduction, comme synonymes de poésie et poétique.
[ptérodactyles 493 : « La poésie scientifique est le produit fragile d’une négociation
temporaire entre arts et sciences. Elle fleurit à un moment historique où l’aura du poète peut
encore rivaliser avec celle du chercheur, et se poursuit tant que la culture et la pratique
poétiques restent partagées par les élites, ne serait-ce que durant leurs études. Il existe donc
une poésie relativement abondante due à des savants. » ]

Dauvois note que Scévole de Sainte-Marthe, connu pour ses vers didactiques, a aussi
écrit des Lyricorum libri duo. Mais elle ne commente pas les auteurs latins. Et elle n’inscrit
pas les Amours et nouveaux eschanges dans les « recueils lyriques de la Renaissance en
vernaculaire » utilisés pour sources.
Dauvois, Vocation Lyrique, 32 : les années 30-40 voient les formes fixes bien
représentées et la poésie amoureuse aussi, mais « on constate une tendance générale à la
narrativisation du discours amoureux dans les élégies et les épîtres »
Les poètes scientifiques ont pu déjà se pencher sur l’aimant, mais rarement en vers : Fracastor
s’y arrête dans un traité de physique, le Girolamo Fracastoro, De Sympathia et antipathia
rerum, éd. Italienne bilingue et critique. Chap 9, p. 60 : « De anthipathia contrariorum et
quomodo se mutuo pellant »
« Est et magnetis genus quod ferrum abigit, ex quo cultelli ita praeparari solent, ut alter
ferrum ad sese trahat, alter pellat, quamquam nos, cum hoc experimentum in medium olim
inductum esset, monstravimus non id accidere
Chap 4 : De consensu partium in toto. Chap 5 : de attractione et motu similum ad simila.

Margarett Llasera, Représentations scientifiques et images poétiques en Angleterre au XVIIe


siècle. À la recherche de l’invisible, CNRS éd., 1999
9 La littérature porte l’empreinte de la révo sc au XVIIe mais « il s’agit d’un vaste domaine
de recherches qui est loin d’avoir été épuisé ».
10 « La dimension religieuse est également très importante chez le savant comme chez le
poète : la manière dont le savant conçoit l’amour divin et la structure chrétienne de l’univers
peut avoir une influence sur l’élaboration de ses théories scientifiques ; dans la poésie
religieuse, les métaphores façonnées à partir de ces théories seront à leur tour employées pour
se représenter Dieu. »
11 « La poésie didactique ou élogieuse n’a pas retenu notre attention. Lorsque Cowley célèbre
la découverte par Harvey de la circulation du sang, cette notion n’est pas nécessairement
incorporée par le poète à sa façon de penser : il constate une découverte, il l’admire, il en
reconnaît l’importance, mais il ne l’intègre pas à sa manière de voir et de parler d’autre chose.
Autrement dit, il n’en fait pas une image.Henry Vaughan, en revanche, forge une image
scientifique lorsqu’il utilise la théorie de la circulation des vapeurs météorologiques pour
évoquer l’état létharfique de son âme. Cette image scientifique fait partie d’une esthétique qui
lui confère sa valeur poétique : par une subtile alchimie du verbe, le poète transforme une
donnée scientifique en objet d’art. »
12 Elle commence par définir « analogie », « métaphore », « image » et « concept ».
Analogie : « a ses racines dans l’instinct d’imitation et dans les mécanismes profonds du
33 162 [Il y a aussi une section « Les ambivalences du progrès »]
cheminement de la pensée ». 13 L’ouvrage de Max Black, Models and Metaphors (1962),
montre qu’entre les modèles scientifiques et les métaphores poétiques, il existe des « relations
significatives ». « Une analogie peut être à l’origine d’un concept scientifique, qui
éventuellement en restera chargé. »
Il faut savoir que le chapitre 5 de cette thèse publiée en 1999 se consacre à la poésie
alchimique. Il ya au début un résumé de l’histoire de l’alchimie à la Renaissance. Catégories :
Alchimie spirituelle (« crucifixion et résurrection », « purification par le feu »,
« vitrification »), Mariage philosophique (« L’union du souffre et du mercure », « le blanc et
le rouge », « la maison », « les larmes »), John Donne et le mouvement de la matière. P. 205 :
« De l’alchimie en vers à l’alchimie du verbe », sur les poèmes hermétiques. P. 214 : « Il y
avait aussi au XVIIe siècle une autre tradition, bien établie, qui rapprochait le poète de
l’alchimiste. Le poète, comme l’alchimiste, estimait qu’il avait des dons et des connaissances
spécifiques », permettant de comprendre « les secrets des opérations de nature ».

Savoirs et savants dans la littérature, Pascale Alexandre-Bergue...


Intro des dir : p. 9, Prométhée dans Eschyle apprend aux hommes des techniques, la
médecine, la navigation... pas seulement les arts du feu. Menacent la suprématie divine.

Vérité poétique et vérité scientifique, dir. Yves Bonnefoy, André Lichnérowicz et M.-P.
Schützenberger.
« Les poètes « scientifiques » », Marc Fumaroli, p. 123-135
123 La notion de « poésie scientifique » n’a pas été proposée sans ironie par Albert-marie
Schmidt. On s’y attache faute de mieux. Ovide est un poète « scientifique » même si personne
n’a jamais considéré qu’il faisait de la science.
125 Chez les Anciens, un rôle de synthèse des sciences était réservé à la poésie. « Par la
subtilité de leurs analyses allégoriques, de Philon à Porphyre, les érudits hellènes firent voir
dans le texte de l’aède, sous la forme à la fois condensée, voilée et dévoilante, propre à la
poésie, un résumé énigmatique et originel de tout le savoir. » Homère = « traité de théologie,
de physique, de météorologie, d’astronomie-astrologie, mais aussi de philosophie morale et de
sagesse politique. »
127 La trilogie Homère, Moïse, Hermès, détenteurs de la première révélation, source de toute
sagesse préchristique, mais aussi garants de la « science » antique de la Nature, domine la
Renaissance ». C’est la prisca theologia.

Acta Conventus Neo-Latini Bonnensis, éd. Rhoda Schnur, 2006.


P Galand-H “Quelques orientations spécifiques du lyrisme néo-latin en France au XVIe
siècle”, p. 27-48
[C'est surtout sur la famille Deloyne et Morel, qui est un havre d'humanistes et une famille
d'imprimeurs.

Acta Conventus Neo-latini Guelpherbytani, Binghamton, 1988


Bernd Effe, “Die Funktionen narrativ-fiktionaler Digressionen im antiken Lehrgedicht”, p.
403-407
403 Comme Aristote tient la mimesis pour critère de poéticité et exclut Empédocle du rang
des poètes, la fictionnalité a parfois une fonction de légitimation.
404 Il reprend sa théorie des trois types de poésie didactique, on a lu ça ailleurs chez lui…
Dans le type Lucrèce, l’apparente digression qu’est l’éloge de Vénus n’est rien d’autre qu’une
précision du rôle de la voluptas dans la nature conçue par Epicure. Le type Nicandre, au
contraire, n’utilise la digression fabulatoire que comme un ornement. 405 Chez Arat les
digressions guident le lecteur vers la matière, ce ne sont pas des digressions mais de la
propédeutique.
F. Akkerman, « Auf der Suche nach dem Lehrgedicht in einigen neulateinischen Poetiken », p.
409-417
409 C’est une étude des arts poétiques en latin à la Renaissance.
410 Les deux grands modèles de poésie didactique, Lucrèce et Virgile, ne transmettent
nullement un contenu concret étudiable par des praticiens ; ils enseignent des doctrines
(Heilslehren). Le poète n’enseigne pas son enseignement, mais « au moyen de son
enseignement »…
411 Les arts poétiques de la première Renaissance n’évoquent pas les poèmes didactiques en
tant que tels mais on y reconnait des remarques sur la matière poétique (Stoff) qui sont
valables pour les poèmes didactiques.
Le premier art poétique est Boccace, Genealogie gentilium deorum, lib. XIV, c. 1365. Les
poètes sont « non fabulosos homines, sed eruditissimos ». Boccace compare ainsi la poésie au
Droit. Il n’évoque nullement la poésie didactique (on ne connaissait pas Lucrèce à l’époque)
mais tout poème est nécessairement érudit selon lui.
412 Les dialogues de Pontano, publiés entre 1491-1500. Dans Aegidius, les interlocuteurs
essaient d’expliquer le début abrupt des Géorgiques, Puccius dit que le début in medias res
convient aux épopées mais pas au genus didascalicum.
413 Le poème de Vida trouve une source formelle dans les Géorgiques qu’il cite tout le
temps.
414 Fracastor ouvre la voie à la poésie didactique, qu’il ne mentionne pourtant jamais,
lorsqu’il étend la mimesis non seulement aux personnages et objets, mais aussi aux
phénomènes naturels.
Georg Roellenbleck, « Erzählen und Beschreiben im neulateinischen Lehrgedicht », p. 419-
423
419 La doctrine de l’imitation en poésie a pour effet un alignement du descriptif et du narratif
sur les modèles antiques les plus représentés. 421 Dans la poésie néo-latine, ce qui n’existe
tout simplement pas, c’est l’organisation de la narration autour d’une seule action ; à
l’exception près du Jeu d’échecs de Vida, qui est significativement une parodie épique.
Parlons-en
« The Schaccia ludus of Marco Girolamo Vida. The Didactic Poem as Fictional Text”, Mario
A. Di Cesare, p. 425-432
425 Publié l’année du sac de Rome, 1527
426 Il fut aimé et publié sans discontinuer pendant des siècles ; quand on ne l’apprécie pas
pour sa représentation du jeu d’échecs, on le lit plutôt pour la parodie d’épopée, que parfois
on exagère. Vida le présente comme un jeu de jeunesse, « ludimus » en est le premier mot.
Difficile de distinguer le narratif du didactique dans ce poème.
427 Très étonnant de constater que la littérature échiquéenne a été influencée par ce poème.
La tour et le fou ont gardé dans certaines langues les noms que leur donne Vida et certains
livres d’échecs appellent la dame « Amazone ».
428 Le problème est que techniquement il est difficile de suivre le déroulé de la partie.
Apollon perd ses deux cavaliers au vers 264 puis encore un au vers 333. Il reste à Mercure un
fou au vers 426 mais il en a déjà perdu deux.
En fait l’étude génétique à l’aide des manuscrits prouve que Vida a commencé son texte
comme un éloge didactique des échecs, mais les digressions mythologiques y étaient comme
automatiques et forcées.
What is literature ? France 1100-1600, Jan Miernowski : « La Poésie scientifique française à
la Renaissance : littérature, savoir, altérité », p. 85-99
85 La référentialité est l’interdit de l’art et de la poésie modernes. Quelle place donc pour la
poésie scientifique ?
89 Dans les manchettes et ailleurs, « il semble que le poème scientifique manifeste une
singulière prédilection à parler de lui-même ». 91 Ainsi « la poésie scientifique mobilise en
même temps les marques de la littérarité et celles de la scientificité ». La description de la
Remore par Du Bartas est citée par Ambroise Paré à côté des références à Pline et Rondelet.
Mais en même temps, le poème est un modèle d’éloquence cité dans les manuels rhétoriques
d’Abraham Fraunce ou du Père Binet. 92 Dès lors comment former une unité artistique à
partir d’une dualité de réceptions ?
95 « La poésie est le domaine de l’ordre et de la distinction ».

William Crossgrove, « The vernacularization of science, medicine, and technology in late


medieval Europe : broadening our perspectives », dans Early Science and Medicine, 5 n° 1
(2000), p. 47-63.
48 Crossgrove deplore le manqué d’unité des recherches en Europe dans le domaine des
littératures scientifique, médicale et technologique, qu’il regroupe sous le terme de
Fachliteratur (c’est un allemand) ou, mieux selon lui mais moins utilisé, Sachliteratur. 49 Ce
nom général masque des différences : la distinction entre livres de remèdes et médecine
académique n’a pas d’équivalent dans les autres domaines ; et la distinction de Bert S. Hall
(dans « Editing Texts in the Early History of Technology », Levere : 69-100) entre les textes
techniques pour experts et les « courtly fantasies » ne se retrouve pas dans d’autres domaines
scientifiques.
50 La vulgarisation (vernacularization) suppose une langue vernaculaire, qui n’est pas
vernaculaire partout ni pour tout le monde (le français vernaculaire à la Cour d’Angleterre,
mais perçu comme érudit ailleurs en Angleterre, au bas Moyen Âge). 51 La langue technique
(Fachsprache) ne suffit pas à définir la Fachliteratur.
52 Les domaines techniques dans lesquels la recherche a le plus franchi les frontières et donné
une vision générale sont la chasse au faucon et les almanachs fermiers. 54 Le domaine où une
vue générale ne sera jamais possible est peut-être la chirurgie.

Die Nicht mehr schöne Künste, Zweite Diskussion: “Die Poetische illegitimität der
Lehrdichtung”, p. 549-558

Le Rationalisme dans la littérature française de la Renaissance (1533-1601), Henri Busson,


1957. Second tirage, 1971.
Dernier chapitre : « Poètes apologistes ». Uranie de Du Bartas, p. 583 : cette Muse de la
poésie savante se plaint que la poésie française soit pleine « de feints soupirs, de feints pleurs,
de feints cris, d’impudiques discours et de vaines querelles », de blasphèmes aussi. Bref,
qu’elle ait oublié sa source religieuse pour l’inspiration antique. Jean-Edouard Du Monin (le
très-savant) a publié aussi dans ses Nouvelles œuvres un éloge de la poésie philosophique. Il
invite tous les poètes à une célébration mystique, d’où il rejette tous les poètes « n’estans
habillés de la livrée de nos noces, sçavoir la couleur d’Aristote » (p. 584)
584 : La Boderie « savant au reste, mais l’esprit obscurci de nuées néo-platoniciennes », a
écrit contre l’athéisme.
[D’où peut-être une valorisation de la chanson des techniques humaines plutôt que de la
poésie théologique ou astrologique.

Bernd Effe, Dichtung und Lehre. Untersuchungen zur Typologie des antiken Lehrgedichts,
1977.
Einleitung : 9 Goethe encore, Über das Lehrgedicht : “Alle Poesie soll belehrend sein, aber
unmerklich…”
11 La distinction entre poésie didactique ou non devrait être plus raisonnablement nommée
distinction entre poésie directement didactique, et indirectement didactique.
[Je crois comprendre que c’est différent d’écrire un poème scientifique dont on maîtrise le
contenu parce qu’on pratique l’art qu’on apprend, et dont on ne maîtrise pas du tout le
contenu mais qu’on se considère autorisé à évoquer par la grâce de la fureur poétique à la Ion
30 Le type le plus pur de poème didactique est celui qui met en conformité Thème et Matière
(Stoff und Thema). C’est le type d’Arat [C’est amusant parce que « Stoff » signifie matière et
tissu…
32 Le type inverse est celui où le savoir technique est relégué à l’arrière-plan. Le poème se
plie alors à des « exigences » poétiques. On pourrait appeler cette poésie didactique le type
« formel ». Le Thème et la Matière restent identiques. Ce type est très rare. C’est peut-être
celui de Nicandre.
Cependant, un troisième terme entre les deux extrêmes différencie le Thème et la Matière. La
Matière n’est qu’une apparence pour traiter le Thème véritable. La Matière savante permet
simplement la « propagation » (Verbreitung) du Thème. « Der Autor lehrt nicht den Stoff, er
lehrt vermittels des Stoffes ». Ce type est celui de Lucrèce.
34-35 Reste que cette typologie souffre d’être anhistorique et nécessite la nuance de l’histoire
de la poésie, ce à quoi servent les chapitres finaux du livre.
39 Les derniers chapitres s’intéressent à deux genres très marginaux, la poésie
mnémotechnique et le poème didactique parodique ou ludique (dans lequel il classe Ovide).
[Dans la suite du livre, les trois modèles sont étudiés séparément, puis les « autres poèmes
didactiques » sont classés en : agricoles, astrologiques, halieutiques et cynégétiques,
géographiques, médico-pharmacologiques, ainsi que trois exemples singuliers, l’Etna, les
Lithika et le Carmen de ponderibus.

£Eléments d'une technique


http://numerique.bibliotheque.toulouse.fr/cgi-bin/superlibrary?
a=d&d=/ark:/74899/B315556101_INCTOULOUSE0108_198V#.WRmhftykKM8
La gravure ne représente pas « différentes activités humaines » mais la filière métallurgique
du début à la fin. Barthélémy l'Anglais, Liber de proprietatibus rerum, traduit par Vincente de
Burgos, Toulouse : Meyer, 1494. C’est une encyclopédie, en espagnol dans la plupart des
exemplaires.

Histoire des techniques, dans L'Encyclopédie de la Pléiade, Pléiade, 1978, éd. Bertrand Gille
Section « Technique et langage », Bernard Quemada, 1146-1240
Trois procédés de création de mots techniques : 1162 la spécialisation, 1166 la
métaphorisation, 1176 les archaïsmes techniques
à propos de métaphorisation : 1166 « L'oiseau a désigné pour les maçons, non seulement une
sorte d'auge avec des supports en équerre (suggérant des ailes), mais aussi dans leur langue
traditionnelle l'apprenti, soit parce qu'il est principalement chargé du transport et du
remplissage des auges, soit aussi parce qu'il se déplace rapidement au-dessus du vide pour
envoyer les briques au vol. »

Histoire des techniques, dans L'Encyclopédie de la Pléiade, Pléiade, 1978, éd. Bertrand Gille
Préface
VII les techniques « sont à la fois connaissance et activité ». « On admire L'Encyclopédie de
Diderot, on ne suit guère son exemple » [et pour cause
[Présupposé structuraliste : VIII le système technique est « ensemble cohérent de structures
compatibles »
XI Une histoire technique de la technique, dirait L. Febvre : cherche les « mécanismes du
progrès technique »
Section « Prolégomènes à une histoire des techniques », 1-118, Bertrand Gille
3 Cite Lucien Febvre« Histoire technique des techniques, oeuvre de techniciens,
nécessairement, sous peine d'erreurs graves, de confusions forcées, de complète
méconnaissance des conditions générales d'une fabrication.
[En fait il faut décrire l'histoire des techniques comme une science sans arrêt en cours de
refondation : ce que montre l'historiographie de la technique dans les p. 4-8, qui sont une
succession d'ouvrages fondateurs pendant deux siècles.
8 « Après la Seconde Guerre mondiale, l'histoire des techniques est définitivement constituée
en discipline. »
15 c'est 'exemple de la fonte qui permet à Bertrand Gille de définir la notion d' « ensemble
technique », quand il y a plusieurs techniques en une.
28-29 les limites de la notion de « système technique » sont définies à partir d'une critique de
l'ouvrage des chercheurs du M.I.T., The Limits of Growth, qui montre les impasses du système
technique actuel d'ici 2100 mais est incapable d'en prévoir les inflexions.
79 à propos de la « littérature technique » : « Dès lors que la technique avait quitté le caractère
magique et religieux qu'elle avait à ses origines, elle pouvait, dans une certaine mesure, être
codifiée et enseignée. » 82 « En fait, le niveau scientifique acquis à cette époque, les
mauvaises liaisons entre science et technique, malgré les espoirs et quelques réussites,
bloquaient le développement d'une technologie parfaitement raisonnée. » au XVIe
A propos des sources indirectes, p. 88 : « Le premier exemple de scie hydraulique nous est
donné dans le poème Mosella, d'Ausone. » 89 « iL est un domaine où cette littérature
historique possède une exceptionnelle valeur [pour l'historien des techniques] : l'art
militaire. »
Section « Les systèmes classiques », p. 580-676, Bertrand Gille
582 la période renaissante est caractérisée par « l'ouverture de nombreuses mines de métaux
précieux, un peu partout, surtout en Europe centrale » et « la naissance d'un capitalisme de
grandes unités »
596 l'ingénieur « est généralement artiste au départ ». 602 « L'oeuvre la plus originale sera
encore celle de Bernard Palissy ».
Section « La Géographie et les techniques », 1062-1110, André Fel
Parle surtout de mondialisation.

[« manière de » est synonyme de « technique, moyen pour »]

http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87024573/f29.image
Les Mémoires et histoire de l'origine, invention et autheurs des choses. Faicte en latin et
divisée en huict livres, par Polydore Vergile,... et traduicte par Françoys de Belle-Forest,...
avec une table très ample des noms, matières et choses mémorables y contenuës, Paris : R. Le
Mangnier, 1576
« Table de Polydore Vergile » :
Alemant, qui inventa les grosses artilleries, pour tuer les hommes. 190
Alemans guerriers & larrons, & ne s’adonnans point à l’agriculture. 837.838
Anneaux par qui inventez. 237.238
Anneaux n’ont certain inventeur ny autheur. 355
Apollon, inventa les mirouers. 236.237
Architecture comment inventee, & à qui attribuee 299
Argent par qui inventé, et mis en usage. 228.229
Argent par qui premierement monnoyé. 233
Argent monnoyé pourquoy appelé pecune. 236
Armes par qui inventees. 185.586
Armes legeres quand commencerent. 188
Armets et crestes par qui inventez. 188
Arondelles ont enseigné la manière de faire maisons. 198.300 [c’est en effet des nids que se
font Adam et Eve dans la Seconde Semaine…
Artillerie quand, & par qui inventee. 187.188.190.191
Artilleries inventees par le diable. 353
As, quelle piece de monnoye jadis à Rome. 158
Bombardes inventees par le diable.353
Cadme inventa l’or. 224
Canon, mot Grec, que signifie. 610
Canons ou bombardes inventees par le diable. 353
Canons foudroians ou artilleries, par qui inventez. 190.191
Cariens inventerent les crestes et armets. 188
Catapulte, quel instrument de guerre, et par qui inventé. 189
Cearque inventa l’argent. 229
Cecrops fut le premier bastisseur de villes. 303
Chaisnes et ceps par qui inventez. 161
Chalybes ont trouvé l’acier. 230
Cinire trouva le fer. 230
Cinire trouva l’art de faire des tuiles. 300
Creste et armets par qui inventez. 164
Cyclopes trouverent l’acier. 230
Cyclopes ont inventé les tours. 303
Dactyles Idees inventerent le fer. 229. Et l’usage du feu. 230
Diable, inventeur des artilleries pour ruiner les hommes. 353
Effigies des gens de sçavoir ès librairies. 178
Egyptiens inventerent l’espee. 188
Enclumes par qui inventees. 230
Erain par qui inventé, et mis en usage. 228.229.230
Erain par qui et où premierement monnoyé. 235
Erain jadis monnoyé à Rome. 157
Erichtonie Athenien inventa l’argent. 229
Espees par qui mise en usage. (sic) 188
Ferremens propres pour le labour, par qui inventez 263
Forgerons quand commencerent à estre. 231
Gorgase, excellent potier. 255
Haches d’armes par qui inventees. 188
Haches, ornement des Rois. 156
Hyperbie bastit les premieres maisons de briques. 300
Idees Dactyles, inventerent le fer. 229. Et l’usage du feu. 230 [Le suivant : « Idees
Dactyles, inventeurs de la musique. 77 Les arts du feu puis aussitôt la musique, comme dans
La Seconde Semaine : mais pas comme Polydore Virgile qui distingue les deux !
Images d’or, et d’argent massif. 249
Instrumens necessaires au labourage, par qui inventez. 263
Instrumens de guerre par qui trouvez. 189
Instrumens des artisans par qui inventez. 228.229
Inventions des arts et des sciences, filles de necessité. 19
Machines de guerre par qui inventees. 189
Mercure estimé avoir esté le premier marchant. 346
Mercure second, inventeur des poids et mesures. 104
Mercure cinquiesme inventa l’argent. 229
Metaux par qui inventez, et mis en usage. 229.230.231
Art Militaire quand inventé, et son excellence. 185
Monnoye d’or et d’argent par qui inventee. 233. Et pourquoy appellee pecune. 236
Monnoye do’r et d’argent defendue par Lycurgue, 150
Monnoye d’erain quand signee à Rome.
Moulins a eau sont de nouvelle invention. 355
Moyse inventa les couronnes. 220
Moyse, inventeur de tous instrumens de gueres. 189
Le Nez à quels usages faict. 692
Or par qui inventé, et mis en usage. 228. Et pourquoi est palle. 229
L’Or par qui premierement monnoyé. 233
Outils des artisans par qui inventez. 228.229
Pallas a inventé l’architecture. 229
Penthesilee inventa la hache d’arme. 188
Perdix inventa la sie, et le compas. 336
Phidon feit le premier monnoye d’argent. 234
Phidon inventeur des poids et mesures. 104
Plomb
Poinçons a graver par qui inventez. 230
Promethé dict premier autheur du genre humain. 17
Promethé, premier astrologue. 97
Promethé enseigna à garder le feu en un ferule arbriçeau. 232
Promethé ayant desrobé le feu à Jupiter, commen puni, puis delivreé. 237.238
Pyromantie par qui inventee, et que c’est-à-dire. 124.125
Pyrods, le premier, qui tira le feu de la pierre. 232
Salades par qui inventees. 188
Sie par qui inventee. 335.336
Statues d’or, et d’argent massif. 249
Le Tour à menuisier par qui inventé. 336
Tubal Cain, le premier forgeron. 230.231
Tubal Cain, inventeur de l’art militaire. 186
Tuiles par qui inventees. 300
Tyriens, excellens architecteurs. 337
Vases de terre par qui inventez. 254
Verouils des portes par qui inventez. 230
Vulcan, premier forgeron. 231
Vulcan, dieu des Lemnites. 8
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87024573/f117.image
184 « Qui fut l’inventeur de l’art militaire, & s’il est plus excellent que les lettres : de l’ordre
& mot des armees, des sentinelles, & premiere façon de combatre. Chap. 10 » (du livre II)
Juste après le chapitre « de la mémoire » (c’est un art aussi)
185 L’art militaire est meilleur que les lettres, « comme les effects surpassent le babil & la
parolle ». La guerre « fut vilaine & detestable durant la rudesse & sottise d’esprit des
hommes, à cause qu’on batailloit encor comme les bestes sans art, ordre, ny discretion. »
186 C’est Pallas ou Mars qui a inventé la guerre, « Toutesfois nous trouvons dans Josephe
[manchette : Josephe ant. liv. I. chap. 2 »] que Tubal Cain, lequel estoit avant le deluge, & qui
excelloit sur les autres en force, à pratiqué fort les choses de la guerre ». Donc « je pense qu’il
seroit impossible d’en dire au vray l’auteur & l’inventeur » du fait de sa « tresgrande
ancienneté ».
187 « Du premier usage des armes, & de l’Artillerie. Chapitre 11 »
« Mars fut le premier qui ayant fait 188 forger des armes, en vestit, & arma ses soldats ».
[Ensuite il attribue à chaque arme un peuple inventeur. Puis à chaque machine de guerre :
bélier, scorpion, catapulte, tortue.]
190 « Toutes ces choses ont esté inventees pour la ruine & deffaite des hommes, mais pas une
ne s’esgalle à ce nouveau tonnerre, qu’on appelle Bombarde, le plus terrible et effroiable qui
fut jamais pourpensé par esprit humain, & l’inventeur duquel on dit que ce fut un Alemant de
basse condition, qui y fust induit en telle sorte : Cest homme né pour le peril, & deffaite de
l’humain lignage gardoit un jour pour certain affaire dans un mortier de la poudre à canon, &
l’avoir couverte d’une pierre : advint qu’en tirant du feu d’une pierre avec son fusil, une petite
estincelle tomba 191 dans ce mortier, & soudain la poudre ayant pris feu feit sauter ceste
pierre en haut : ce qui l’estonna & ensemble l’apprist de la force de ceste matiere : de sorte
que faisant un petit canon de fer, & composant la poudre il essaya ceste machine, & voyant
son fait reüssir à son souhait, fut le premier qui enseigna aux Venitiens l’usage de ceste
diablerie en la guerre qu’ils eurent contre les Genevois l’an de nostre salut 1380. en un lieu
nommé jadis Fosse Clodiane, à present Chioggia. [Manchette : « En ceste bataille les
Venitiens eurent le dessus par le moyen de l’artillerie. »] L’inventeur de ceste machine a eu
pour recompence, que son nom est incogneu à tout le monde : affin qu’à jamais il ne fust
maudit de tout les hommes, qui meritoit d’estre tout ainsi foudroyé que fut jadis Salmonee. »
[Ici rappel de Salmonée] « … aussi ceste machine estant desserree a similitude au tonnerre en
odeur, splendeur, esclat, & impetuosité : car par la force du feu qui sort & se ramasse dans le
canon, gettant hors les balles & boulets, il n’y a rien que ceste tempeste ne mette à bas… .
Pource est il venu en usage que la plus grande force de la fanterie, consiste en cest instrument,
& que indignement la cavalerie prenne son ornement d’une pistole ou harquebouse, & que
toute la vail- 192 lance s’assoupissant, & devenant aneantie la seule gloire des combats gise
en un canon ou autre telle piece. [Il faut dire que Polydore Vergile cite très souvent les poètes
et même les donne pour historiens « veritables » (195)]
228 « Les premiers inventeurs de l’or, & argent, fer, erain, & plomb, & des instrumens &
outils des artisans, & qui tira le feu de la pierre, ou du boys, & l’usage de la lampe. Chap. 19 »
« … dés le commencement les hommes ont esté si convoiteux [de l’or], que pour le
desentrailler de la terre, on a presque penetré jusqu’aux enfers » [puis cite Ovide longuement,
8vers. Ovide ne dit pas « presque », il dit « au Styx ». Puis 229 cite le mot de Phaleree
rapporté par Strabon, Géogr. 1, selon lequel Pluton allait sortir sur terre par les trous des
mines. Puis rapporte le mot de quelqu’un cité par Diogène Laërce, selon qui l’or est pâle
parce qu’on lui dresse des embûches.]
229 « Ce metal, comme dit Pline [manchette : Pline liv 7. chap. 56.], dut premierement trouvé
par Cadme au mont Pangee, ou comme d’autres veulent par Thoas, & Eacle en Panchaïe, ou
par le Soleil fils de l’Ocean. L’argent est de l’invention de Mercure cinquiesme du nom, &
pource apelle l’on vulgairement l’argent vif Mercure : ou ce fut Erichtonie Athenien, ou
Cearque. Or dit on qu’ils ont esté trouvez au mont Pangee, comme je cuide, à cause que
comme dit Herodote, ceste montaigne abonde en mines d’or & d’argent [manchette : Herod.
liv. 8]. Les Idees Dactils en Candie furent les premiers qui introduirent l’usage du fer en leur
pays. Le plomb fut trouvé és Isle opposees à la Celtiberie que Strabon apelle Cassiterides :
230 desquelles le tira un nommé Midacrite. L’erain Cinire fils d’Agriope le trouva en l’Isle de
Chipre, il inventa aussi les tenailles, le poinson à graver, le verrouil des portes, & l’enclume :
ce que Pline dit liv. 3. & 34. [manchette : Pline liv. 7. chap. 56. & 34. ch 8.] contre lequel
s’oppose Solin, lorsqu’il parle de Crete, ou Candie, escrivant ainsi. Les anciens l’ont estimee
estre Calthis, ainsi que dit Aristodeme, à cause que l’erain y fut trouvé premierement.Clement
aussi ne s’accorde point à Pline touchant le fer, veu qu’il dit, que Selines, & Damnamenee,
Juifs l’ont trouvé en Chipre. Quant à forger l’erain, les aucuns disent que les Chalybes, les
autres Cyclopes en furent les inventeurs, lesquels aussi battirent, & façonnerent le fer avant
que tout autre, ainsi que dit Pline. Mais Clement monstre que les Pannoniens furent ceux qui
nous enseignerent l’usage de l’erain : & le mettre en œuvre, ce fut Lyde Scythe qui le
monstra, ainsi que dit Aristote : & Theophraste pense que ç’ait esté un Phrigien nommé Dele.
Mais Strabon tient que les Telchines peuples mirent les premiers en œuvre le fer, & l’erain,
comme ceux qui forgerent pour Saturne une espee faite en faucille, nommee Harpé
[manchette : Strabon li. 14 Telchines.]. La soudure du fer est de l’invention de Glauque natif
de Chie, ainsi que tesmoigne Herodote [manchette : Herod. liv. I.]. A fondre & graver, &
signer l’or, Pline dit que ce fut Cadme qui l’inventa : Toutesfois Diodore [mancehtte : Diodo.
liv. 6. chap. 15.] semble qu’il vueille attribuer tout cecy aux Idees Dactiles de Crete, escrivant
ainsi au livre sixiesme. On dit que les Idees Dactiles trouverent l’usage du 231 feu, & la
nature de l’erain & du fer en quelle sorte on les forge, & met en besoigne, en un lieu qu’on
apelle Berecynte. Et en autre passage il dit, Vulcan a esté celuy comme l’on dit, qui trouva
l’art du fer, erain, or, argent, & autres choses qui se manient par le feu, & la forge. Toutesfois
l’usage des metaux est dés le commencement au monde, & en ont usé les Hebrieux, qui sont
les premiers nez en la terre ». Rappelle alors que Tubal Cain « fils de Lamech » est donné par
Joseph comme premier qui « forgea & mania le fer ». De même Clement attribue la trempe du
fer à « Dele Juif, quoy que Hesiode vueille dire que ce Dele fut Scythe de nation ».
« Quant au feu, Diodore dit, que quelques prestres luy asseuroyent que Vulcan l’avoit inventé,
& que pour ceste occasion les Egyptiens l’avoient fait leur capitaine, &
gouverneur. [manchette : Diodor. liv. I. chap. 2. Ensuite Vergile rappelle l’invention du feu
selon Vitruve, par la forêt qui dans le vent s’entrefrotte.] … Aucuns attribuent cecy aux
Dactiles de Crete : mais ils feroient mieux, s’ils l’attribuoient à ce grand Dieu du Ciel, & de la
terre… » « Quant aux soufflets pour allumer le feu Anacharse Scythe les inventa ainsi que
Strabon nous tesmoigne : & comme dit Clement, les lampes sont de l’invention des
Egyptiens. »
233 « Qui trouva le premier la monnoye d’or, & grava sur l’argent, & erain, & inventa les
mirouers d’argent. Chap. 20 »
234 Si Pline dit que le nom de l’inventeur de la monnaie est inconnu, « Neantmoins Herodote
auteur grave & ancien dit en sa Clio, que les Lydiens furent les premiers qui bastirent onc
monnoye d’or, & d’argent pour l’usage du trafic & de la vie. » [cf. les « vers trafiqués » de
Ronsard !!] Strabon dit que c’est Phedon qui a battu l’argent pour le monnayer et Ephore dit
que c’est Phidon, mais Vergile suggère qu’une lettre a été prise pour une autre.
235 Citant Ovide, Janus (ancien roi du Latium) est l’inventeur de la monnaie d’airain.
236 Le miroir d’argent, selon Pline 33, est inventé par Praxitele du temps de Pompée. Après
furent les miroirs « d’acier, de plomb, de voirre, de cristal, & plusieurs matieres
entremeslees », dont la plupart 237 sont inventés par Esculape, selon Cicéron, nature des
dieux, 3.
237 « De l’origine des anneaux, & premier usage des pierres precieuses & pourquoy en la
main gauche le doigt plus proche du petit est honoré sur tout autre des anneaux. Chap. 21 ».
Rappelle le mythe de Prométhée, puis : « Promethé afin de se reconcilier, & gaigner la grace
de Juppiter couroucé usa de cest art & industrie pour sa delivrance » (savoir qu’il prévint
Jupiter d’un grand danger) puis : 238 « afin qu’il eust à jamais mémoire de sa delivrance,
faisant un anneau & du rocher auquel il estoit lié, & de la chaine qui le tenoti captif, il luy mit
au doigt voisin du petit en la main gauche. » 239 Homère ne parle jamais d’anneaux, mais la
Bible, plus ancienne, en parle.
240-241 Macrobe soutient que l’anneau est à main gauche parce qu’elle est oisive et qu’ainsi
l’anneau ne va pas se casser, et qu’à l’annulaire il y a un nerf qui monte jusqu’au cœur.
241 « De l’origine du voirre, & ambre jaune, & qui le premier trouva le fard, & introduit à
Rome les confections de Myrrhe & de Cristal. Chapitre 22. »
Il résume ici ce que dit Pline, liv. 36, chap. 26. : c’est l’histoire des marchands de Nitre. 241-
242. Cela est cité très vite dans le « Discours du verre » de Ronsard.
[Dans tout ceci est un souci de justice, problèmes d’attribution dès qu’on touche aux métaux
puisque diverses traditions se croisent. Pour être juste avec un art, il faut être juste avec son
inventeur.]
Livre III, p. 351 : « Qu’il y a diverses choses tant anceinnes que de nostre temps, desquelles
on ne sçait les inventeurs. Chap. 18. »
352 Cite l’horloge, la cloche et la boussole (« Boëtte de l’esguille »). Puis « Ajoustez y encor
ce tourment de bronze qu’on appelle canon, ou Bombarde, lequel est & admirable &
execrable, comme trouvé pour la ruine des hommes, de sorte que je ne 353 pense point
qu’esprit humain en soit auteur, ains que c’est le diable qui a monstré l’usage de chose si
mauditte aux mortels, que non seulement ils combatent les armes au poing, ains encore ils se
foudroient, comme d’un esclat vehement de foudre… » Ici rappelle le mythe de « Perille »
dans Ovide (L’Art d’aimer, I), « ingenieur » qui inventa un taureau de plomb à l’intérieur
duquel on brûle les suppliciés qui poussent des cris de taureau enragé. Le tyran Phalaris le tua
par sa propre invention, 354 « D’autant que celle loy est juste & equitable / Qui punist
l’artisan, par son art execrable » dit Ovide. [Le livre IIII est sur les inventeurs de la religion.
[Fait partie de l’article à écrire sur les tyrans pyromanes

Ed. Yves Gallet, Ex quadris lapidibus.


« Un tailleur de pierre comblé d’honneurs dans le Paris flamboyant : l’architecte Jean Poiteau
(1419-1491) », Etienne Hamon, 177-188.
177 À Paris l’emploi précoce du français a permis de distinguer assez tôt les maçons des
tailleurs de pierre, contrairement aux termes vagues latins de cementarius ou de lathomus.
(Le second a perdu son sens de tailleur de pierre, l’étymologie grecque est oubliée). Cisor
lapidis ou lapicida ne se sont jamais imposés en France.
« ‘Led. art de maçon est un des sept arts libéraux et qu’il est raisonnable que l’on fasse chef
d’œuvre’ : projet de statut des maîtres maçons dijonnais en 1587 », Catherine Chédeau, 487-
496
487 En France les métiers du bâtiment sont assez peu réglementés : pas de statut, pas de chef
d’œuvre, mais un contrôle par jurés nommés chaque année, en tout cas à Dijon. Les maçons,
dans une supplique de 1587, exigent que les maçons qui s’établissent produisent un chef-
d’œuvre : « les habitants bourgeois de la ville sont abusés et trompés dans les bâtiments qu’ils
font faire ».
488 Se veulent un « art libéral » et non « mécanique ».
495 Leur Mémoire propose des exercices s’inspirant de la stéréotomie chère à Ph. De l’Orme,
qui sont radicalement nouvelles.

Paolo Rossi, Les Philosophes et les machines, 1400-1700, trad. Patrick Vighetti, PUF, 1996
[1962 en italien].
Préface de la seconde édition, X-Xi : « à la différence des artisans et des « mécaniciens » de
l’Antiquité et du Moyen Age, les techniciens de l’époque moderne naissante ont écrit et publié
des livres, exprimé des idées sur les arts, les sciences et leurs rapports, tenté de se mesurer
d’une façon polémique à la tradition, et opposé leur mode de savoir et d’approche de la réalité
naturelle à celui qu’ont théorisé et pratiqué les universités ». XI-XII : le rôle exact du progrès
des techniques dans les avancées du savoir a été beaucoup discuté, mais il faut être subtil et ne
pas en faire une cause de tout l’humanisme évidemment.
Avant-propos, 2 Défendre les arts mécaniques contre l’accusation d’indignité suppose deux
choses : 1) ne pas faire de la philosophie un loisir permis uniquement lorsque les besoins
matériels sont remplis, comme le pensait Aristote ; 2) « le savoir suppose publicité et
collaboration », et non secret sacerdotal.
7 n. 1 : A. B. Hanschmann a émis l’hypothèse que Bacon avait suivi les leçons publiques
d’agriculture, de géologie et de minéralogie de B. Palissy à seize ans à Paris. Les deux ont
pour opinion que la nature est infiniment plus complexe que ce qu’en disent les livres :
« primitivisme scientifique ». 8 De même Robert Norman, dans The newe attractive (1581)
défend les artisans contre les savants qui voudraient leur soutirer des faits bruts à quoi donner
du sens. 10 Pour Luis Vives dans De tradendis disciplinis (1531, deuxième partie des De
disciplinis libri XX), l’homme cultivé « ne doit pas avoir honte d’entrer dans les ateliers et les
fermes, de poser des questions aux artisans et de chercher à se rendre compte des détails de
leur ouvrage. À propos de la nature, écrit-il, « melius agricolae et fabri norunt quam ipsi tanti
philosophi », dans la première partie, De causis corruptarum artium. [Mais l’auteur, ici
comme ensuite, mélange tous les genres et toutes les époques du XVIe
26 « passage des artistes du rang d’artisans à celui de bourgeois » date du XVIe. « C’est
l’époque où Charles Quint se baisse pour ramasser le pinceau qu’avait laissé tomber le
Titien ». Dans le Quattrocento, où l’artiste n’était encore qu’artisan et en général fils
d’artisans, il y a eu néanmoins une conjointure des « activités techniques et scientifiques », de
la pratique manuelle et de la théorie : pas tout de suite lié à un changement de statut social !
L’atelier du sculpteur Ghiberti « devait se transformer en véritable laboratoire industriel ».
Brunelleschi est évoqué ensuite évidemment. 33 Il faut ensuite distinguer deux étapes :
l’inclusion de la peinture et de la sculpture dans les arts libéraux, et le dépassement de la
distinction arts mécaniques/libéraux [dépassement qui n’est pas acquis à la fin du XVIe.
38 P. Francastel 1977 a montré que Brunelleschi faisait de l’architecture une science
spéculative ; pour construire la coupole, l’artisan ne peut plus voir à chaque instant la forme
globale, il doit suivre une méthode calculée à l’avance [cf Valéry sur prévoir/pourvoir. C’est la
poésie de la Renaissance, cela ; Valéry n’a-t-il pas écrit un livre sur Léonard ?
43-44 Comme le rapporte Edgar Zilsel, le dixième du De magnete est consacré à la
cosmologie, à peine plus de la moitié traite de magnétisme, un autre dixième est consacré à
l’extraction et au travail du fer ; un quart à la navigation et aux instruments nautiques. Gilbert
connaît parfaitement les techniques de fonte des métaux.
Rossi fait de Biringuccio et Agricola des « livres des machines ». 49 Biringuccio refuse
l’alchimie pour cause d’absence de méthode technique, démontre Rossi.
55 Agricola, lui, reproche surtout à l’alchimie son absence de clarté terminologique (telle est
sa pierre de touche de la scientificité)
59-60 Guidobaldo del Monte (1545-1607) publie à Pesaro en 1577 des Mechanicorum libri :
« Mais parce que ce mot Mécaniques ne sera peut-être pas compris par tous selon son
véritable sens, et qu’il s’en trouvera même qui estimeront qu’il s’agit d’un terme insultant (on
a coutume, dans de nombreuses régions d’Italie, de traiter quelqu’un de Mécanicien par
moquerie et insulte, et certains, pour être traités d’Ingénieurs, se montrent indignés), il ne sera
pas hors de propos de rappeler que Mécanicien est un terme très honorable […] qui convient à
quelqu’un de haute extraction et qui sait de ses mains et de son sein mettre à exécution de
merveilleux ouvrages pour la seule utilité et l’agrément de la vie humaine ».
141 Appendice I : la thèse selon laquelle l’art n’est que le vicaire de la nature s’oppose à
Aristote pour qui la nature est un idéal que l’art imite (mal).
171 Appendice III : « La nouvelle science et le symbole de Prométhée ». 175 « Prometheus
est philosophus », écrit Pomponazzi dans le De fato (1554).

D. Bacon, Daedalus sive mechanicus, sur le danger mortel des arts mécaniques, qui sont très
utiles mais aussi outils de mort.

[Tant d’historiens se sont intéressés aux théâtres des machines ! Il faudrait peut-être leur faire
un sort, d’un mot, en rappelant que les théâtres des machines n’ont pas abouti à des
réalisations techniques la plupart du temps.

Dir. M. Figeac, L’Ancienne France au quotidien. Vie et choses de la vie sous l’Ancien Régime,
Armand Colin, 2007.
« Avant-propos », de M. Figeac.
8 L’histoire matérielle, souvent négligée, est parfois aussi devenue une « investigation de
fonds d’armoires ».
C’est un dictionnaire.
« Artisanat du bâtiment », Paul Delsalle : Les mots varient ; un menuisier-charpentier se dit
« chapuis » jusqu’au XVIIe. À Versailles on appelle un « Limousin » quelqu’un qui lie le
moellon avec mortier et terre, à la différence des maçons qui utilisent le plâtre. Par ailleurs
certains métiers, ayant pignon sur rue, n’ont pas de règlement : le premier règlement des
plombiers à Paris date de 1549, en Province ils n’en ont pas. Le port du Havre, dont les
travaux commencent en 1517, illustre le passage d’une main d’œuvre « corvéable » (les chefs
de feux 6km à la ronde devaient aux seigneurs des services) à une main d’œuvre salariée
(presque l’ensemble des travailleurs au Havre).
La consommation de cordes pour les chantiers est considérable : pour Le Havre, plus de
100kg par semaine.
« Bronzes d’ornement », Marc Favreau : Objet de luxe, nécessitent trois métiers (fondeurs-
ciseleurs, mouleurs, ciseleurs-doreurs). En France au XVIe, surtout liturgique (lutrins,
garnitures d’autels).
« Cloche », Youri Carbonnier : La cloche est baptisée collectivement, elle est ôtée par le
pouvoir royal des assemblées révoltées (Bordeaux en 1552, Montpellier en 1574).
« Ferronnerie, Serrurerie », Marc Favreau : La ferronnerie (le fer) revient par tradition aux
corporations des serruriers. 1625, parution de La Fidèle ouverture de l’Art du serrurier de
Mathurin Jousse.
« Métallurgie et sidérurgie », Paul Delsalle : Grande dispersion des entreprises métallurgiques
dès 1500. Le circuit est relativement simple : on lave le minerai pour supprimer la terre et les
déchets dans un patouillet. Ensuite le minerai est transformé en fonte dans un haut fourneau,
qui se diffuse d’abord dans la région de Liège au dernier quart du XVe siècle. Vers la fin-
XVIe, un troisième atelier, la fenderie, ancêtre du laminoir, permettra de débiter des produits
commercialisables. « Des hauts fourneaux sont attestés dans le Berry vers 1534-1543 à
Belâtre, Charneuil, Charnoble. Ils se généralisent au cours du XVIe siècle et surtout au XVIIe
siècle. Ce sont des tours de 7 à 8 m. de hauteur et de 6 à 7 m. de côté », qui produisent 1 tonne
de fonte par jour. On transforme la fonte en fer par fusion dans un feu d’affinerie. La forge
ayant besoin d’eau, elle est tributaire des aléas climatiques (sécheresses). Une forge peut
employer une centaine d’ouvriers au XVIe, plus après. Il y a plus de 400 forges à l’époque de
François Ier. Totalement absentes lorsque la région est dépourvue de massifs forestiers,
comme dans l’Artois ou la Picardie. Le XVIe siècle connaît une explosion de la coutellerie :
de 27 en 1476 à 170 maîtres couteliers en 1567 sur le cours de la Durolle. Au XVIe, la plus
grande ville métallurgique est Saint-Etienne, qui devient une puissante cité grâce à
l’armement.
« Mines et carrières », Paul Delsalle : le sous-sol appartient à l’Etat, mais son exploitation est
libre, moyennant reversement d’un dixième, dès le début du XVIe. En 1515 apparaît un
« garde et contrôleur général des mines » qui nomme les différents contrôleurs des mines et
vérifie les concessions accordées par le roi. L’édit de Henri IV, en juin 1601, crée la charge de
grand maître des mines et minières de France. Les machines d’exhaure sont des merveilles de
perfectionnement ; la première est conçue en 1519-1522 en Alsace. Bertrand Gille a vu dans
l’ordonnance de Philippe II, publiée en 1578 et destinée aux mineurs de Franche-Comté, une
législation sociale très avancée : journée de huit heures, conventions collectives, congés payés
aux fêtes, logements et jardins ouvriers.
« Monnaie », Reynald Abad : les fraudes monétaires sont regroupées sous le terme générique
de « billonnage ». Frapper des fausses monnaies d’un pays contre lequel on est en guerre est
une méthode militaire comme une autre.
« Orfèvrerie », Michel Figeac : rien sur la Renaissance.

Penser la technique autrement, XVIe-XXe siècle. En hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, dir.
Robert Carvais, Anne-Françoise Garçon et André Grelon, Classiques Garnier, 2017.
Pascal Dubourg-Glatigny, « Réduction en art et Erkenntnissteuerung : deux tendances
historiographiques actuelles sur l’écriture des savoirs à l’époque moderne », p. 31-41.
En gros l’Erkenntnissteuerung (pilotage du savoir) est une méthode allemande qui considère
les contraintes du texte imprimé comme extérieures au savoir enseigné, comme si l’imprimé
n’avait pas à voir avec le livre technique. Mais la réduction en art, il est vrai, avait tendance à
oublier ces contraintes techniques vu qu’il y a déjà de la réduction en art dans les manuscrits.
Et les Allemands sont toujours plus objectifs.

Robert Halleux, Le Savoir de la main. Savants et artisans dans l’Europe pré-industrielle,


Armand Colin, 2009.

Les livres de Hiérome Cardanus,... intitulés de la subtilité et subtiles inventions, ensemble les
causes occultes et raisons d'icelles, traduis de latin en françois par Richard Le Blanc, Paris :
G. Le Noir, 1556.
Premier livre, f. 1 r° : « Si certainement savoir & cognoistre la nature des choses est laborieus,
qu’est-il plus laborieus, que ce livre, ou j’ai auteurs que je doi fuir, comme Pline & Albert,
ausquels principalement en ce genre de matiere on n’adjouste foi, pource qu’ils mentent
apertement, & n’ai aucuns que je suive ? […] Que dirai-je des causes, lesquelles touchees de
nul, toutefois il me convient les declarer comme receues & entendues par quelque oracle &
advertissement divin. Mais jadis on adjoustoit foi aus oracles sans demonstration : quant à
moi, {v°} on ne me croira, si je ne fai demonstration & probation de mon dire. »
f. 34 v° : Il y a une distinction, dans les « substances subtiles » qui intéressent Cardan, entre
celles qui sont subtiles par nature (comme l’air, le sang ou l’or, pour des raisons différentes),
celles qui sont subtiles à cause du feu (qui atténue les espèces crasses ou épaisses), et celles
qui sont subtiles par art, comme le plomb, quoique l’art ne sache pas mêler les substances
comme le feu sait faire.
[Dans l’ensemble ce traité est un bazar, ce qui conduit Cardan à se répéter, par exemple sur
l’utilité des soufflets pour fondre les métaux]
« De la mixtion et matieres composees, ou des metaus, & choses metalliques, Livre
cinquieme. » (f. 97 v°)
Ce livre parle d’abord des potiers, qui font des pots de terre mêlée, comme les métaux : c’est
cela aussi que potiers et forgerons ont en commun. Puis parle des vins et des huiles.
f. 107 v° : « Je trouve en Agricola une mine d’argent, quoi que l’argent soit un metal le moins
fecond, estre en longueur de trente piés, en largeur de dix piés, & de soixante piés en
profondité. Donques il est manifeste qu’elle estoit semblable à un arbre ». Cardan veut
absolument que les mines de métaux soit l’image des végétaux, mais sous terre et plus
grandes, « comme sont les balaines de la mer plus grandes que les animaus terrestres ». C’est
intéressant de voir aussi que Cardan récupère Agricola, un ouvrage technique, pour de la
théorie métaphysique. Agricola est cité plusieurs fois par la suite.
f. 120 r° : « Des metaus, livre sixieme » cite Biringuccio (« Vannocius Biringutius de Senes
en son euvre intitulé Pyrotechna », f. 126 r°).
« Des pierreries, livre septieme », f. 129 v°)
f. 147 v° : L’aimant couleur de fer « attire le fer, & le fer touché de l’aimant, attire un autre
fer, en sorte qu’il avient que les anneaus de fer s’entreattirent par succession perpetuelle. »
Cardan en profite pour vitupérer Albert en prétendant que la boussole (pixis) était connue des
Anciens.
La seule explication de l’aimantation par Cardan, c’est que le fer est son « aliment », et que
l’aimant est vivant, f. 148 r° : « Ceci avient, pource que l’aimant desire le fer, comme son
aliment ».
Plus encore, f. 150 r° : « Aus choses qui ont sentiment le masle est mouvé vers la femelle, car
il est attiré par le sentiment. Aus choses qui n’ont de sentiment la femelle est attiree par le
masle. Pour ceste cause le fer est attiré & ravi de l’aimant : toutefois, comme j’ai dit, mutuel-
{v°}lement ils sont mouvés l’un vers l’autre. »
[Je ne trouve pas mention des montagnes d’aimants, qui doivent se trouver dans d’autres
livres consacrés aux inventions…
152 v° : une manchette : « Si les pierres ne vivoient, les pierres precieuses pourroient estre
faites par artifice »
318r « Des ars et inventions artificieuses, livre dixseptieme ».
Navigation, « tormens belliques » (machines de guerre), imprimerie.
V° « Les ars qui sont grandement illustrés, enrichis & ennoblis par subtilité, sont la peinture,
l’art de sculpture, & de poterie ». « Les ars qui seulement sont aidés par subtilité, & non
ennoblis, sont l’art militaire, la magie, l’alcmie, l’art de faire les machines, qui est contenue
sous l’architecture. Car la peinture est la plus subtile de tous les ars mecaniques, & la plus
noble. Et 320 v° : « La pure poterie, dit plastice, est la plus difficile de tous les ars, fors la
peinture »
325v « L’art Chymistique, vulgairement dit alcmie, contient plusieurs choses admirables,
plusieurs inutiles, plusieurs doubteuses, plusieurs belles, aucunes salutaires, aucunes
d’efficace, aucunes presque divines, plusieurs de nulle consequence, aucunes de grande
esperance, aucunes de grande jacture & peril, qui surmontent les autres en nombre.
329v « Toutefois l’usage de la chose souvent est caché & incognu avec la chose mesme : car
l’utilité & necessité des artilleries, & des caracteres dont sont imprimés les livres, n’estoit
cognue, & ne l’avoit esté avant l’invention de l’art. » Donc on ne sait ce que nous réserve
l’alchimie plus tard, dit Cardan. Dans l’ensemble il a cité quelques opérations chimiques très
précises (fonte de tel ou tel métal, opération sur le verre) qui ne font pas une théorie
cohérente, comme d’habitude.
346r On retrouve « toutes grandes choses sont de petits commencements » (c’est une
manchette)
358v La « moumie », la revoilà.
Ensuite Cardan remonte aux Esprits, puis aux Anges, puis à Dieu : c’est une encyclopédie à
l’envers !

Man and Nature in the Renaissance, Allen G. Debus, Cambridge University Press, 1995.
1 Francis Bacon loue la « force, vertu et conséquence des découvertes », en particulier de
« l’imprimerie, l’artillerie et l’aimant » (Novum organum, 1620), qui sont inconnus des
Anciens.
9 Je suis étonné de voir apparaître déjà la notion de « technology » pour décrire les causes de
la Renaissance (après mathematics, vernacular, experiment, etc.). Les anglais sont en avance
grâce à leur vocabulaire, mais ils sont aussi moins précis. Debus parle d’un processus
d’« instrumentation ». Sauf que l’auteur confond tout lorsqu’il écrit (9-10) : « This may be
interpreted partially as a revolt against the authority of the ancients, as most ancient and
medieval studies of nature were totally divorced from processes employed by workmen » :
c’est vrai, mais les artisans en question ne sont pas les mêmes. Debus parle immédiatement
des arts du feu : There may be few descriptions of the practical arts in the books of the
fifteenth century, but handbooks of mining operations began to appear from the presses as
early as 1510.

La Transmission du savoir dans l'Europe des 116e et 17e


p. 8 savoir = trésor qu'on accumule
"Bernard Palissy : héritage de la science écrite et transmission des connaissances techniques",
p. 27-42, Marie-Madeleine Fragonard.
27 Auteur qui est une série d'anomalies, "que l'on prenne comme norme la tradition lettrée ou
le savoir artisanal".
La parabole du talent qu'il ne faut pas enfouir est reprise par Palissy pour décrire la science
qui ne doit être "celée" (Art de terre, I, p. 286 ds éd. 1996). C'est charité envers les humbles et
même envers les arbres qui souffrent.
61 Pour Palissy le savoir s'adresse aux humbles par l'intermédiaire des Grands et des lettrés
ignorants...
32 Palissy est furieux que le secret du verre se répande, car le savoir artisanal est "savoir de
groupe clos", "divulguer ce qui apartient au groupe serait un sabotage".
33 Palissy veut qu'on traaille à trouver ce qu'il a trouvé, "autrement tu aurais trop bon marché
de la science, et peut-être ce serait la cause de te la faire mépriser".
40 Les nobles n'ont qu'une valeur symbolique, pas amenés selon Palissy à exercer. Croisement
du mécénat et de l'Académie.
42 Changement de statut social du savoir technique.

**Chacun de ces termes dans mes fichiers pour comparer...


Dictionnaire de la langue française du seizième siècle, Edmond Huguet, Paris :
Classiques Garnier, 2004 [?]
t3 p. 22183
Fabricateur. Celui qui fabrique, qui construit, qui crée; constructeur, créateur.
— Il adore et honnore ce commun Pere de tout le genre humain et fabricateur de choses
admirables. Trad. de BULLINGER, la Source d'erreur, I, 31, p. 427. — Ce grand et puissant
fabricateur de toutes choses, par la permission duquel ce faict se conduisoit. Amadis, I, 2. —
Si Saturne est avec la Lune, il fait des meusniers experts et bons fabricateurs de moulins.
ANT. DU MOULIN, trad. de J. D'INDAGINE, Complexions des hommes, p. 282. — Celuy
qui pretend comprendre quel est cestuy grand fabricateur de nous autres. E. PASQUIER,
Monophile, L. I (II, 727). — Les nostres construisoient le cheval... et en estoit Epé maistre et
fabricateur. J. DE LA LANDE, trad. de DICTYS DE CRÈTE, L. VI, 124 v°. — Ouvrier et
fabricateur de la premiere matiere. AMYOT, De Isis et d'Osiris, 45. — Celuy là reprenoit le
dieu fabricateur du taureau, pour n'avoir posé les cornes plus bas que les yeux. F. BRETIN,
trad. de LUCIEN, Nigrin, 32. — Dieu, qui est par dessus les anges createurs... et fabricateurs
du monde. LE LOYER, Hist. des Spectres, V, 10.
Celui qui fait naître.
— Mars estoit la, fabricateur des guerres. MICHEL D'AMBOISE, Propos fantastiques, 2 (61
v°).
t. 3, p. 22184
Fabricature. Action de fabriquer, construction, organisation.
— Elle [la cité] est inexpugnable, tant pour sa force et fabricature que pour sa situation.
FOSSETIER, Chron. Marg., VIII, II, 4 (G.). — Faire la fabricature des soubzbassemens du
sainctuaire. Blas. des couleurs en armes, 7 v° (G.). — La fabricature de leurs engins de
batterie. 1573. DU PREAU, 176. (Vaganay, Deux mille mots). — La cause de telle fabricature a
esté à fin qu'en servant aux parties vitales comme d'un rempart et propugnacle contre toutes
injures externes, il n'endommageast point la respiration. AMBR. PARÉ, II, 1.
t. 3, p. 22187
Fabrile (fabrilis). Relatif à la forge.
— Tu as eu bruit de Paris jusq'en Arles En l'art fusoire et sculptoire et fabrile. L EMAIRE DE
BELGES, la Couronne Margaritique (IV, 166). — Il inventa l'art fabrile. R ABELAIS, IV, 61. —
Le bois, pierre et fer mis en ouvrage gentil Par rabbot, par cizeau et par marteau subtil
Fabriles et ouvrés, ou de manifacture. MAURICE SCÈVE, Microcosme, L. III, p. 92.
t. 3, p. 22188, le plus intéressant :
Fabrique [Renvoi de: Fabrice] . Construction, action de construire.
— Menus pilliers de singuliere fabrice et artifficieux ouvrage. J. D'AUTON, Chron., 113 v°
(G.). — La reste avoit esté despendue a la fabrique du chasteau de Propylee. S EYSSEL, trad.
de THUCYDIDE, II, 4 (48 v°). — Ainsi que Helen avoit devisé la fabrique du cheval fut
entreprise. J. DE LA LANDE, trad. de DICTYS DE CRÈTE, L. VI, 122 v°. — Quant au portail et
aux portiques du chasteau, ilz furent faits et parfaits dedans l'espace de cinq ans... et advint
pendant qu'on les batissoit un accident merveilleux, qui monstra bien que la deesse Minerve
ne reprouvoit point celle fabrique. AMYOT, Périclès, 13. — Et dit on que la fabrique des
longues murailles qui joignent la ville avec le port... fut bien bastie et parachevee depuis, mais
que les premiers fondemens en furent faits de l'argent que Cimon fournit. A MYOT, Cimon, 13.
— Comme lon escrit de deux architectes et maçons que lon vouloit esprouver à Athenes, pour
sçavoir lequel des deux seroit mieulx à propos pour entreprendre une grande fabrique et
edifice publique. AMYOT, Instruct. pour ceux qui manient affaires d'Estat, 5. — Le
charpentier et maistre ouvrier de navires n'employe pas devant tous autres bois, en la
fabricque d'une navire, le pin de Peloponese ou le cypres de la Candie. A MYOT, Propos de
table, I, 2. — Ce fut là qu'il [César] bastit ce pont admirable, dequoy il dechiffre
particulierement la fabrique. MONTAIGNE, II, 34 (III, 167).
Ordonnance, disposition.
— C'est voirement ouvrage de grands, que le dresser des jardins medecinaux, ainsi projettés,
pour la despense necessaire à leur fabrique. O. DE SERRES, Théâtre d'agric., VI, 15.
Création.
— En la fabrique de ce grand univers, il s'estoit reposé le septiesme jour. E. P ASQUIER,
Lettres, IX, 14.
Art de construire.
— Quelle fabrique des arondelles... ne quel artifice des abeilles merite d'estre conferé avec
celuy des oiseaux de la marine qui se nomment halcyons? AMYOT, Quels animaux sont les
plus advisez, 35. — Aucune suffisance n'a encores peu atteindre à la cognoissance de cette
merveilleuse fabrique dequoy l'halcyon compose le nid pour ses petits. M ONTAIGNE, II, 12
(II, 208).
Chose construite, édifice ou autre objet.
— Le Babylonien ses hauts murs vantera Et ses vergers en l'air; de son Ephesienne La Grece
descrira la fabrique ancienne, Et le peuple du Nil ses pointes chantera. DU BELLAY,
Antiquitez de Rome, 2. — Ayant donques Timoleon le chasteau et la forteresse de Syracuse
entre ses mains, ne feit pas comme Dion: car il ne l'espargna pas pour la beaulté et
magnificence de la fabrique. AMYOT, Timoleon, 22. — Au sortir des remparts un tertre s'offre
aux yeux Sur qui les murs deserts et le comble ja vieux D'un temple de Ceres élevent leur
fabrique. BERTAUT, L. II de l'Eneide, p. 276. — (Fig.). Pensent ilz... aprocher seulement de
ces aucteurs en leurs langues? recuillant de cet orateur et de ce poete ores un nom, ores un
verbe... comme si, en la façon qu'on rebatist un vieil edifice, ilz s'attendoint rendre, par ces
pierres ramassées, à la ruynée fabrique de ces langues sa premiere grandeur et excellence. D U
BELLAY, Deffence, I, 11. — J'estimeroy l'art pouvoir exprimer la vive energie de la Nature, si
vous pouviez rendre cete fabrique renouvelée semblable à l'antique. D U BELLAY, Deffence, I,
11.
Le mot fabrique s'applique à l'univers, à la terre [la ronde fabrique), au corps humain. —
Après soit advisé Au trop ardant et oultrageux desir Qu'eustes jadis de prendre tout plaisir A
(sans cesser) espandre sang humain, Et ruyner de fouldroyante main, Sans nul propos, la
fabrique du monde. MAROT, Jugement de Minos. — Tout sous le vueil et guin du grand
Designateur De si haute fabrique, et seul Architecteur. M AURICE SCÈVE, Microcosme, L. I, p.
5. — De ce grand univers la fabrique admirable Remarque un grand ouvrier, du tout
incomparable. J. DU CHESNE, le Grand Miroir du monde, L. I, p. 2. — Car le Seigneur par
expres a mandé Par tous les lieux de la ronde fabrique Que promptement toute langue
s'applique A confesser que l'Agneau glorieux, Roy par sur tout, à sa dextre est au cieux.
MARG. DE NAV., les Marguerites, Triomphe de l'Agneau (III, 50). — O tres chrestien et
magnanime Roy, Dont les vertus meritent donner loy Non seulement à la Gaule feconde, Mais
au surplus de la fabrique ronde. MELIN DE St GELAYS, Pour une partie d'armes (I, 231). —
Consideron un peu l'accomplie proportion de sa constitution [du corps de l'homme]... sa
droicte stature, la beauté singuliere de sa face, la souplesse de ses mains et de ses pieds. Qui
pourroit justement poiser et estimer l'entiere valeur de ceste fabrique? M ONTAIGNE, trad. de
R. SEBON, ch. 104.
La fabrique de S. Gule. La cuisine?.
— La charge d'annoncer l'Evangile et d'enseigner la parolle de Dieu transfigurée en force
menus soings prelatiaux à nourir chiens, chevaulx et putains, et sur tout à entretenir la
fabrique de S. Gule. PH. DE MARNIX, Differ. de la Relig., II, I, 3.
On trouve fabrique employé comme masculin. — Encore est hors de ce mondain
fabrique Un mien privé Robertet magnifique. LEMAIRE DE BELGES, la Plainte du Desiré (III,
172).
t. 4, p. 22197
Fabriqueur. Forgeron.
— Et puis Vulcan le fabriqueur de dieux. Anc. Poés. franç., I, 201.
Celui qui fait qqch, auteur.
— Si j'estois leur juge... je ferois bien trouver à ceux qui produisent ces beaux contracts leurs
fabriqueurs: et qui leur a baillé ces belles pieces en main. G UILL. BOUCHET, 9e Seree (II,
158).
Membre d'un conseil de fabrique, marguillier.
— Ne pourront les marguilliers et fabriqueurs des eglises accepter aucunes fondations sans
appeller les curez et avoir sur ce leur advis. Mai 1579. Ordonn. de Henri III (G.). — Pour
achever comme nostre franc-taupin s'estoit porté à la guerre, il fut adjousté qu'estant bien
habillé et bien armé... les fabriqueurs de la parroisse luy demandant, si son habillement estoit
bien faict et s'il ne le blessoit point, il respondit, Je m'en rapporte à la parroisse. G UILL.
BOUCHET, 25e Seree (IV, 104). — Semblant le marguillier d'une parroisse, qui se fascha d'un
imager qui luy avoit faict un sainct en vie pour sa parroisse, ce fabriqueur pensant que cest
image fust en vie, tant estoit faict au vif. G UILL. BOUCHET, 28e Seree (IV, 239). — Il fut
dict... au fabriqueur de nostre parroisse, qui amassoit pour eux, Monsieur mon amy, je ne veux
rien bailler pour les ladres. GUILL. BOUCHET, 36e Seree (V, 110).

Isidore de Séville, livre XVI


Chapitre 4 : « De lapidibus insignioribus » : « Magnes lapis Indicus ab inventore vocatus. »
Pour l’aimant : « Nam adeo adprehendit ferrum ut catenam faciat anulorum: unde et cum
vulgus ferrum vivum appellat. » Cite immédiatement après « beatissimus Augustinus ».
Chap. 16 « De vitro » : Mox, ut est ingeniosa sollertia, non fuit contenta solo nitro, sed et aliis
mixturis hanc artem condire studuit. Levibus enim aridisque lignis coquitur, adiecto cypro ac
nitro continuisque fornacibus ut aes liquatur, massaeque fiunt. Postea ex massis rursus
funditur in officinis, et aliud flatu figuratur, aliud torno teritur, aliud argenti modo caelatur.
Tinguitur etiam multis modis »
Le chap. 17 « De metallis » est extrêmement court : « Metallum dictum Graece παρὰ τοῦ
μεταλλᾶν, quod natura eius sit ut ubi una vena apparuerit, ibi spes sit alterius inquirendi.
Septem sunt autem genera metallorum: aurum, argentum, aes, electrum, stagnum, plumbum
et, quod domat omnia, ferrum. » Mais en fait ensuite il détaille chaque métal.
Chap. 21 « De ferro » : « Ferrum dictum quod farra, id est semina frugum, terrae condeat. »
par exemple.

Philippe Dilmann, LAPA, métaux ferreux, ENS Ulm [pas daté, année 2017
Les textes sont une source toujours limitée quant à la description du geste.
Le « minerai de fer » est fait de fer et d'oxygène, et aussi d'une gangue qui contient plusieurs
métaux.
Le fourneau mérovingien va de 1200 à 1400° ; le fer fond à 1535°.
La masse brute de réduction se forme près de l'air, et les éléments non-ferreux (« scorie »)
fondent. À la Renaissance, la « scorie coulée » s'évacue. Si la scorie reste avec le métal, il est
moins travaillable, occasionne des frais. La scorie dépend : de la qualité du minerai, du
charbon, de la paroi du four, des ajouts du forgeron, et des conditions thermiques. L'ensemble
est appelé une « recette ».
Le martelage sert à chasser les scories piégées, qui constituent jusqu'à 60% de la masse de la
« masse ». Manuellement on ne peut marteler que 7kg de masse maximum, c'est un travail
énorme. Mais le marteau hydraulique naît vers 1135, mais loin de constituer un véritable
martinet, et loin de se généraliser.
Au XIVe siècle le savoir-faire consiste à augmenter la viscosité de la masse, tandis qu'au
XVIe la température, beaucoup plus haute, menace de former de la fonte, qu'on ne sait pas
bien traiter (au XVIIIe siècle les artisans l'appellent « la gueuse ») : le savoir-faire consiste à
limiter la viscosité, garder la température à un certain maximum. Mais à la fin du Moyen Âge,
on commence à tenter de traiter et rentabiliser la fonte, la première occurrence d'un boulet en
fonte date de 1414. La fonte à la moitié du XVIe est affinée partout en Europe.
Dans la transition du procédé direct vers l'indirect, la période 1400-1450 constitue un creux de
données. Au XIVe on réutilise les forges existantes, mais au XVe on déplace les forges ; au
XVIe siècle on les déplace encore plus et plus loin.
L'acier est une fragmentation de la masse brute obtenue par cofusion de fonte et de fer. La
trempe, l'acier trempé, est dix fois plus dure que le fer. La pointe des pointerolles est en
trempe, certains couteaux aussi. Les armures qui portent la « marque » de l'artisan ont une
trempe bien moins ferreuse que les armures sans marques.
Les fourneaux sont ouverts en Catalogne, on parle de « foyers ».
Question du « choix » de l'artisan : le chaînage de la cathédrale d'Amiens se divise en trois
branches dont une seule porte véritablement un poids. Analogie avec une main, demande du
commanditaire ? Plutôt Trinité, a dit M. Perrot.
Il y a une standardisation dans la production métallurgique : différentes qualités d'armures
sont répertoriées, la solidité en est testée. On peut mesurer la qualité de la matière en cours
d'élaboration, à l'oeil, à l'oreille et même au nez, dit Dillmann.
« Une métallurgie de l'hétérogène », dit Dillmann pour la Renaissance.

François Garrault, Des mines d'argent trouvées en France, Paris : pour la Vve J. Dalier et N.
Roffet, 1579.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1257006
Cette philosophie positive du travail des métaux est liée à une négation totale de l’alchimie, f.
A ij r°.
Il réfute aussi, à la page suivante, l’argument selon lequel la terre a caché les métaux pour
qu’on n’aille pas les prendre :
f. B r°, l’auteur explique que la Religion défend l’usage du bâton de frêne pour trouver les
mines.
B ij r° :
L’ouvrage des mines & usage des metaulx est fort ancien, introduict de tout temps par
Tubalcain (dit forgeron) avecques l’art de fonderie, & continué en la famille d’Azael ou
desnoirs d’où on a tiré les fables poeticques desquelles les escrivains prophanes se sont aydez
en l’invention des choses concernantes l’art des metaulx : disans que Cyniras fils d’Agriopas
trou{v°}va la mine de Bronze, & inventa les tenailles, marteaulx, enclumes, & autres
ustencilles servants à l’art de fonderie.
Suivent les attributions des inventions : Dactily Idei => mines de fer
Erichtonius Athenien ou Eacus => mines d’argent
Cadmus Phoenicien ou Thoas & Eaclis de Panchaye ou Sol fils d’Occean => mines d’or,
manière de le fondre & affiner
Midacritus => mines de plomb
Chalybes => fourneaulx pour fondre & affiner
Lydus Scithe => jeter en fonte [c’est un personnage du de raptu proserpinae
Cyclopes => « martinetz pour forger : qui sont les ustencilles & choses necessaires pour
reduire les metaulx en leur perfection. Car la mine estant tiree de terre est brisee, esbrouee,
recuite, pillee, lavee, fonduë, & affinee au feu : toutesfois {B ij r°} selon la qualité de la
matiere on donne plus ou moigs de façons, car si c’est or ou argent, on le met en poudre dans
le mortier, comme praticquent les Allemans, ou entre deux meulles selon l’usage des François,
pour la mieulx netoyer & chasser tout le terrestre : d’autant qu’il n’y a chose qui consomme &
mange plus le fin desdites matieres à l’affinaison, auquel s’il y avoit seulement de la louppe
qui provient de la fonte on n’en tireroit la moyctié du fin : ou quand il n’y a rien de terrestre il
ne se perd aucune chose ainsi que je l’ay experimenté.
E ij v° l’auteur insiste sur les libertés des villes-mines (Fribourg, dit-il, est pour Freibourg,
libertés)
S’achève (F v°) sur l’expression « prouffit & comoditté à la chose publicque ».

The Mindful Hand, Introduction, Lissa Roberts, p. 1-8


« Comets and cannonballs : reading technology in a sixteenth-century library », Mary
Henninger-Voss, p. 11-31
17 En matière de science, “Questions appear to all begin in texts, but they in fact do not all
end there.”
“In a sixteenth-century goldsmith’s workshop”, Pamela H. Smith, p. 33-57
34 Le savoir qu’on tire d’une pratique quotidienne des arts mécaniques a pour l’érudit un
visage inconnu : car c’est un savoir lié au corps, qui s’incarne dans des objets et non dans des
textes.
37-38 Cellini nous donne bien souvent la preuve que les ateliers pouvaient être le lieu de
transferts technologiques. « J’avais dans mon travail beaucoup d’ouvriers, et aussi bien qu’ils
apprenaient de moi très volontiers, je n’étais pas non plus fermé à apprendre d’eux. »
49 Chez Jamnitzer, les œuvres ciselées sont toujours des représentations de la nature et des
« artifices de nature ».

Bertrand Gille, « L’organisation de la production du fer au Moyen Âge », Revue d’Histoire de


la Sidérurgie, t. IX, 1968, p. 95-121
[Le papier est vermoulu, il laisse une poudre blanche sur les mains]
96 Les productions collectives de fer sont attestées en Europe par l’archéologie depuis le Ier
siècle.

L’Acier en Europe avant Bessemer, Philippe Dillmann, Liliane Pérez & Catherine Verna
Convertisseur Bessmer, XIXe siècle. « Les aciers avant Bessemer », p. 7-69. 9 : On parle
d’acier aujourd’hui où on parlait de fer avant, parce que le fer pur n’a jamais été connu même
par la métallurgie. 8 « l’acier, ou plutôt les aciers, sont en effet des matériaux sophistiqués,
correspondant à des usages particuliers […], toujours associé[s] à une maîtrise technique au
moment de son élaboration ».
« L’acier dans la minéralogie et l’alchimie médiévales », Jean-Marc Mandosio, p. 95-109
97 Aristote, dans les Météorologiques qui sont la Bible de la métallogenèse médiévale, dit que
l’exhalaison sèche (terrestréité dit la scolastique) et l’exhalaison aqueuse (aquosité) se mêlent
dans tous les métaux mais qu’avec l’acier on a épuré l’exhalaison sèche. Ainsi l’acier est
« plus fin et plus aqueux », dit Albert le Grand. En fait il y a dans le fer deux humidités
qualitativement différentes : l’une est terreuse et grasse ou épaisse, l’autre aqueuse et subtile
ou fine. C’est la terrestrosité grasse qui permet au fer de tenir ensemble. La sécheresse est
néanmoins dominante dans le fer (sinon il serait visqueux), et elle explique que le fer ait un
grain épais. L’acier, qui est fait de sécheresse et d’humidité subtile, est de ce fait cassant, il
faut l’associer au fer pour obtenir un couteau ou quelque chose de coupant. [Attention à ne
pas utiliser le terme d’évaporation pour la terrestrosité grasse, mais seulement pour l’aquosité
subtile, c’est une distinction que fait Aristote : l’huile part en fumée tandis que l’eau part en
vapeur. 100 L’acier est aussi donné comme malléable quand il est chauffé, mais cassant quand
il est refroidi : d’où la comparaison, chez Vincent de Beauvais, avec la glace…
Il y a une contradiction dans l’utilisation des expériences : Vincent de Beauvais comme Albert
le Grand considère que l’acier est moins poreux que le fer, parce que plus solide, et que la
réduction de l’humidité terrestre grasse resserre les pores du métal. Mais Thomas de
Cantimpré, dans son De natura rerum c.1240, considère que l’acier est plus poreux, parce
qu’il flotte dans le mercure, contrairement au fer (on ignore s’il a réalisé l’expérience lui-
même). 102 Même Blaise de Vigenère paraphrase, au sujet de l’acier, Albert le Grand.
Ensuite Mandosio analyse la fusion de cette théorie aristotélicienne avec la métallogenèse par
le soufre et le mercure chez les alchimistes. Mais 109 le fer n’est pas un métal intéressant
pour le pseudo-Avicenne et les alchimistes, il ne szert pas au grand œuvre.

La Métallurgie normande. La révolution du haut fourneau. Cahiers de l’inventaire


Henri met de Blès, Paysage avec forge, c’est un tableau. Refaire des annexes
iconographiques ; il y a aussi le décor mythologique de l’hôtel d’Escoville (place Saint-Pierre,
Caen), construit pour Nicolas Le Valois d’Escoville à partir de 1531 p. 24.
Il y a une « teinture de la vie de Vulcain » qui date malheureusement du XVIIe, château du
Bourg-Saint-Léonard, Orne. On voit Apollon avec sa lyre au milieu de la forge…
Paysage avec forge, Joachim Patenier
34 Distinction inédite en 1470, à l’Assemblée du métier des férons de Normandie, distingue
les droits des férons « faisant en grosses forges », et ceux « faisant en forgettes », à savoir le
moulin à fer, ou « forge renardière », dont le procédé nous est obscur.
37 « révolution du haut fourneau », fin-XVe, début XVIe. Dit aussi « procédé wallon ».
Définition généralement admise : deux atelier, un haut fourneau fonctionnant de manière
continue plusieurs semaines ou mois par an, et une forge d’affinage de la fonte coulée en
gueuses.

Anthony Miller, « Vindicating Vulcain : Renaissance Manuals of Mining and Metallurgy », p.


449-472
449 3 manuels classiques : Pirotecnia 1540, De re metallica 1556, Cellini. « proto-révolution
industrielle » de la métallurgie.
451 Les manuels sus-cités sont méfiants envers l'alchimie qui n'explique pas les procédés
métallurgiques.
La Pirotecnia évoque aussi les feux d'artifice, les explosifs et même la flamme amoureuse !
452 Mais Biringuccio refuse de s'engouffrer dans la « disputa longa et inutile » sur les mérites
et démérites de la métallurgie. [Tel Machiavel c'est un pur technicien, il a appris en Allemagne
ce qu'il sait]. Bir est convaincu que Dieu fait pousser beaucoup d'arbres là où il y a beaucoup
d'or, pour faciliter l'extraction.
453 Bir invente les topoï d'éloge de la métallurgie, par exemple celui qui dit que la mine
produit toute l'année alors sque le champ produit une fois par an.
455 Bir appelle l'Italie à des projets plus grands que l'Empire romain du fait des progrès de la
technique.
Cellini veut dans ses traités éduquer sur une science mal comprise, il veut aussi réparer ses
relations avec les Médicis en rappelant ses accomplissements et mérites.
457 Cellini a un grand sens de la compétition.
469 Les métallurgistes ont voyagé et sont témoins des stechniques qu'ils décrivent. Ils ont le
sentiment d'appartenir à un monde en expansion, une « communauté upranationale d'artistes
ou d'apprentis techniciens (scholars) »

La métallurgie de la Haute-Marne, cahiers du patrimoine, 1997


Introduction, 11-15
13 Premières mentions apparaissent au XIIIe. Cisterciens qui constituent une grande propriété
forestière. Mais au XIVe, crise de l’Eglise, sidérurgie nouvelle, seigneuriale.
« La sidérurgie haut-marnaise au Moyen Âge (XIIe-XVe s.) », p. 17-34
21 : « La transition industrielle du XVe siècle » : l’utilisation de la force hydraulique
provoque une descente des exploitations vers l’eau. On ne sait pas si la méthode indirecte
précède ou succède à ce mouvement.
« L’essor de la sidérurgie champenoise aux XVIe et XVIIe siècles », p. 35-50
41 Les forêts constituent le fleuron du patrimoine sud-champenois au XVIe. Les propriétaires
le rentabilisent par des établissements industriels, puisque sinon ils n’ont aucune valeur en soi
(il y en a partout). 42 : la coupe est l’objet de conflits nombreux entre propriétaires, ou bien
entre le propriétaire et le maître des forges.
37 L’extraction du minerai aussi peut être l’objet de conflits lorsque les maîtres de forges en
extraient trop gratuitement, selon les règles de furtraite.
46 Le roi de France est possessionné dans le nord, vers la châtellenie de Saint-Dizier, son
point fort sidérurgique. Mais le nord-est est aux Guise et l’Eglise reste la plus grande
propriétaire forestière.
49 « Les guerres de Religion et les troubles de toutes sortes ont sévèrement secoué la
sidérurgie régionale, faisant disparaître des établissements qui se relèveront sous Henri IV ».
« Produits et marchés, du XVe au XVIIe siècle », p. 51-58
51 Le fer alimente les arsenaux champenois et même au-delà. Le fer arrive par barres à
Paris.52 : Certains sites sont appelés à se spécialiser dans les canons, couleuvrines,
serpentines, boulets correspondants.
52 : Selon Boutiot, Notice historique sur Vendeuvre et ses environs, Troyes : 1858, p. 77,
d’après Arch. Mun. Troyes, un fondeur Jean Pothier reçoit déjà une commande de la ville de
Troyes en 1461 pour un veuglaire de fer fondu ; Vendeuvre est le fournisseur des besoins en
artillerie de Troyes. La forge change cependant souvent de propriétaires.
53 Traité de Raconis sur l’artillerie, décrit le fonctionnement de Châteauvillain. Grand besoin
en fonte de fer, en plus du cuivre et de l’étain d’Angleterre.
56 On peut aussi, dans le domaine de la poterie, les taques de cheminée (plaques avec
figures) ; l’exportation de contrecœurs de fer (ce qui encadre l’âtre, figuré aussi) « pour servir
es cheminees du bâtiment neuf du château du Louvre » en 1559 par exemple, réalisées par un
maître des forges de Saint-Dizier.

Histoires des forges d’Allevard, des origines à 1970, Jean-François Belhoste


Chap 1 : « Pour la monographie d’entreprise », 9 : avant l’arrivée des Barral, famille
parlementaires de Grenobles, entreprise = riche bourgeoisie d’Allevard qui s’approvisionne en
bois auprès des seigneurs locaux qui restent en-dehors de la production industrielle. 14 : avant
les archives du XVIIIe, on n’étudie la forge qu’à partie des comptes de la Chatellenie
d’Allevard et des archives notariales. 35 Souffleries = en peau actionnées par arbre à came.
36 : l’Encyclopédie note aussi en Dauphiné (càd à Allevard entre autres) des « trompes à
eau », où le souffle est formé par de l’eau qui tombe dans un tronc évidé. 37 : les trompes
datent probab. Du XVe siècle.
Mais procédé compliqué ; il faut qu’il fonctionne même à l’étiage (niveau le plus bas du
fleuve) et un réseau de « béalières », trous dans le sol pour évacuer les crues et canaliser l’eau.
Chap 3 : Proto-histoire de l’entreprise. 43 : l’emploi du fer ne se généralise en Europe qu’au
Xe siècle. 43-44 : à nouveau, un « mandement » autorise tous les habitants à exploiter les
minerais du sous-sol, et oblige les seigneurs à fournir le bois pour l’étayage des galeries
(contre ¼ du revenu net quand même). 44 : l’Allevard fournit des mines dites « douces », qui
ne demandent pas beaucoup d’efforts de réduction (=martelage). 45 la plupart de la « loupe »
n’est pas réduite sur place mais embarquée sur l’Isère. Mais au XIIe le martelage local
commence à prendre de l’importance. En 13.39 le Dauphin demande la démolition de toutes
les forges du Grésivaudan : « un fourneau à faire le charbon est un abîme de bois qui détruit
les forêts et les extermine ».
48 : grande phrase dépressive 1350-1450, peste noire de 1348. 50 : les premiers hauts-
fourneaux apparaissent en 1460-1480. Vient de la région de Bergame en Italie, où le
Flusshofen du XIVe siècle a progressivement évolué.
53 : Procédé bergamasque -> 3 étapes. Fonte (en brassant la surface pour provoquer une
décarburation partielle), mazéage (le produit de la 1ère étape s’appelle la mazelle) où on
chauffe la fonte sous un violent courant d’air pr éliminer le silicium, puis affinage, en laissant
la fonte en fusion entrer en contact avec les riblons dans la partie inférieure du creuset. On
obtient des « masseaux » de fer, barres de différents calibres. Seize heures de travail au total.
Procédé rivois : fonte au bas foyer (le fondeur est alors primordial, doit empêcher une
descente trop rapide de la fonte dans le bain de laitier et maîtriser la fluidité). Puis affinage :
alternance de chauffe dans un bain de laitier et de cinglage. Entre 24 et 30 heures ; pour
économiser le combustible on chauffe les masseaux d’une fonte précédente au début d’une
nouvelle journée.
54 : l’investissement dans un haut fourneau qui fonctionne 9 mois par an est amorti en deux
ans. Il peut dans ces conditions n’avoir une vie brève que de 5 ou 10 ans, ou fonctionner tous
les deux ou trois ans. 55 : Presque toujours, l’abandon résulte d’un épuisement des forêts. Svt
les promoteurs de hauts fourneaux sont de grands propriétaires forestiers. Svt aussi les
propriétaires ne sont pas les exploitants : fermage ou même louage bref à des exploitants
itinérants.

La métallurgie comtoise, XVe-XIXe siècles, étude du val de Saône,1994


« Introduction » de Paul-Louis Pelet : 10 des minerais réfractaires expliquent l’insignifiance
de la sidérurgie du val de Saône avant le XIVe siècle. 11 : manque de documents. Les
exploitants illettrés, il en subsiste au XIXe siècle, mettent dans un coffre les sommes destinées
à payer leurs redevances et leurs achats, et dans une cachette le surplus. Ceux qui, dès la
Renaissance, tiennent une comptabilité écrite, la détruisent de peur qu’elle ne tombe dans les
mains indiscrètes du fisc.
Chapitre 1, Jean-François Belhoste et alii. « Faorges », « ferrières », « cloutiers » indiquent
des forges.
18 : l’invention de la méthode indirecte est située au XIVe siècle. On voit que le livre date.
26 : les installations sont extrêmement coûteuses, éléments précieux. Les forges nécessitent
aussi des chevaux pour transports. 27 : c’est la raison pr laquelle les maîtres des forges
réclament parfois du foin dans les documents.
31 « fournel » désigne le fourneau de fonte, par opposition à l’affinage.
34 Sidérurgie > artillerie. Une « bombarde de Dijon » est refondue en 1409 après avoir éclaté
lors d’un tir au siège de Vellexon, pour obtenir une bombarde bourguignonne fabriquée en
1409 et refondue elle-même en 1431 pour fondre la « bombarde de Bourgogne », de 8 tonnes.
37 fin-XVe, multiplication de pièces plus puissantes et plus mobiles, grosses couleuvrines ou
serpentines.
38 étonnament les salines sont de grosses consommatrices de fer. L’évaporation de l’eau
salée, ou muire, s’effectue dans des chaudières en tôle. Il y a p. 40 une illustration authentique
de l’atelier qui servait aux salines pour construire les « poêles de la saline ».
50 : avant l’apparition fin-XVe de noms d’origine liégeoise ou luxembourgeoise dans les
exploitants de forges, on remarque surtout des prénoms suivis de termes de métiers : Harmant
l’Affineur, etc., or ce sont souvent des noms germaniques et le nom de métier est typique de
l’usage des pays rhénans. Tout ceci tend à démontrer l’origine rhénane du procédé indirect.
51 Avec les signatures de la Ligue héréditaire en 1511 et de la paix perpétuelle en 1516 avec
les Suisses, la Comté eut une relative paix et autonomie jusqu’en 1560. Economie prospère.
Le roi d’Espagne Philippe II y mit fin.
56 Une grande hausse des prix du fer en 1562 entraîne une enquête administrative : les
maréchaux se plaignent que le fer est trop exporté et pas assez vendu aux locaux, les maîtres
des forges expliquent que les ouvriers réclament trop de salaires, les ouvriers que la vie leur
coûte plus cher. 57 : avec le recul, l’or et l’argent du Nouveau monde ont fait hausser tous les
prix d’Europe, ainsi que le développement des exportations et les guerres.
68 Les forges bousculent parfois les limites précédemment établies, véritable
« remembrement » 72. 76 : recule nécessairement l’élevage extensif des petits cochons noirs,
centre de l’économie du Moyen Age, principal contrecoup des transformations forestières du
XVIe siècle.
84 « Outre les grandes forges, il existait aussi des ateliers beaucoup plus petits, appelés
renardières, d’où sortait du « fer de renard », évalué en 1562 à moindre prix que le beaul fert
bien baptu » ». 85 : les « renardières » pouvaient aussi désigner les ateliers où étaient rebattus
les battitures et vieux fers.
90-91 la maison du maître de forges d’Estravaux, fin-XVIe. Deux tours rondes à l’aile gauche
lui donnent l’aspect d’une demeure noble.
92 La Guerre de Dix ans a détruit la totalité des forges du XVIe siècle. Reconstruites dans la
deuxième moitié du XVIIe.

Fonte, fer, acier. Rhône-Alpes, Jean-François Belhoste, 1992


4 Pour le minerai, aucun autre filon qu’alpins, en particulier Allevard. 6 : Fin-XVe, plusieurs
fabriques d’acier s’établissent en Allevard, dont celle du marchand lyonnais Jean Benoît, dit
de Bourges. L’industrie du Forez (Saint-Etienne) ne se développe qu’avec les guerres ; en
1544 Saint-Etienne vend à Lyon quantités d’arquebuses et de clous. Epéeries du côté des
Rives. 7 : Un marchand lyonnais, Laurent Audry, contrôlait au milieu du siècle le commerce
de l’acier : il achetait aux maîtres de forges bourguignons des fontes, échangées avec les
fabriquants rivois contre des « ballons » d’acier qu’il revendait aux marchands armuriers de
Saint-Etienne.
29 1734, De Ferro de Swedenborg, traduit par L’Art des forges par Courtivron et Bouchu.
34 : la technique bergamasque = XVIIe, ne pas tout confondre !

Hommes et travail du métal dans les villes médiévales, éd. Paul Benoît et Denis Cailleaux,
1988.
« Introduction », 5 : « Trop précoce, peut-être, pour les archéologues, cette Table ronde vient
à point pour les historiens travaillant sur les archives ».
Eve Netchine, « Les artisans du métal à Paris, XIIIe-XVe siècle », p. 29-60
33 Plus de soixante noms de métiers répertoriés dans la métallurgie parisienne, des plus
spécialisés aux plus généraux. 34 « fèvres » désignent maréchaux, greifiers, heaumiers,
vrillers et grossiers en 1268. Appartenance du métier à un grand officier de la couronne, le
Maréchal.
« Fevres et forgerons d’Orleans, 1399-1430 », Françoise Michaud-Frejaville, p. 69-82
70 Les maréchaux sont liés aux chevaux ; en fait seuls quelques uns ont laissé une trace
d’activité métallurgique.

Le livre de l'institut Max Planck


Frederic L. Holmes, « Concepts, Operations, and the Problem of « Modernity » in Early
Modern Chemistry », p. 47-72
58 Holmes tend à montrer que l'expérience est le concept-clé de la modernité scientifique,
mais il reconnaît qu'il est isolé dans cet avis. Les études épistémologiques s'orientent au
contraire vers la centralité de la « réduction en art » (« organize chemical knowledge so that it
could be systematically taught »).
Mépris de l'alchimie qui est passé dans l'histoire des sciences : Robert P. Multhauf,
« Operational Practice of the Sixteenth and Seventeenth centuries and the Emergence of
Modern Chemical Concepts », p. 119-128. p. 124 : « In the fifteenth century the theorists of
alchemy drifted off into the realm of the occult, leaving behind a discipline rich in concepts,
transmutation, « magisteries », « elixirs », « separation of the pure from the impure », and
others ; a host of concepts that I have found to be tenuously related to modern chemistry ».

Voir dans L'Apparition du livre, 1958, p. 418-420, l'importance des bois d'Agricola dans
l'histoire du livre.

L’Atelier monétaire royal de La Rochelle. La place de Verdun, archéologie d’un espace


urbain, dir. Pierre Mille et Florian Téreygeol
p. 21 : Création du premier atelier royal de La Rochelle fin 1359 ; il y en aura 3.
89 Il faut 12 litres de charbon pour fondre 1kg de métal blanc ; les 30 kgs n’ont jamais dû être
dépassés.

« Littérature technique du Moyen Âge et du XVIe siècle sur l’essai de la monnaie d’argent »,
Ricardo Córdoba de la Llave, p. 321-329
321 Les textes didactiques apparaissent à partir du XIIe siècle sous l’impulsion d’une
laïcisation de l’élite intellectuelle. Répondent à des « besoins d’ordre pratique », s’adressent
aux professions intellectuelles, « juristes, commerçants, navigateurs ou alchimistes ». 322 En
matière d’essai de la monnaie, c’est Théophile qui répond le premier à la question (entre 1110
et 1140). 325 Mais le premier est le Probierbüchlein (Livre d’essai) de 1500. « Un grand
nombre d’éditions ont suivi la première parution » 328-9 demandait une grande qualification
technique de la part des lecteurs, descriptions très précises pour contrôler le titre des
monnaies. 329 Cyril S. Smith : « au XVIe siècle, il n’y avait pas de domaine de l’application
des sciences plus avancé que celui de la technique des essayeurs ».

Daumas intro XVII technologie = « la science de la technique »

Histoire des techniques. Mondes, sociétés, cultures, PUF 2016


Introduction : les techniques et l’histoire globale, Francesca Bray et Liliane Hilaire-Pérez, p.
7-22
7 L’histoire des techniques est encore bien souvent européano-centrée et même anglo-centrée.
10 Lien entre échanges commerciaux d’objets techniques et objectifs de croissance qui
mènent à « l’invention de l’invention » (Landes, 1999) en Europe.
21 Ce livre est une fresque à défaut de récit globalisé, qui est impossible.
Chap. 4 : L’Europe des techniques, Pascal Brioist et Liliane Hilaire-Pérez, p. 101-141
Chapitre 10 : Les techniques de la puissance, Delphine Spicq et Michèle Virol, p. 257-296

L'Europe des sciences et des techniques. Un dialogue des savoirs, Xve-XVIIe siècle, dir
Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie Thébaud-Sorger
Introduction
10 Le terme « art » déborde le simple champ des métiers, un traité peut concerner les
fortifications, l'escrime, la prière, la danse etc. 11 Le sens moderne de « technologie » a
contribué à empêcher la naissance d'une véritable techno-logie.
Fabien Simon, « Découvrir : un Nouveau Monde des savoirs », p. 19-32
20 Bacon, Instauratio Magna, 1620, frontispice affiche la devise : « Multi pertransibunt &
augebitur scientia » (Dan. 12, 4).
28 Cette notion découle d'une première remise en cause des frontières entre théorie et
pratique, à partir de l'idée d'expérience, comme le montre Léonard de Vinci, Traité de la
peinture, trad. André Chastel et Robert Klein, 1960, « Paragone » (parallèle des arts) :
« Quelle science est mécanique et quelle ne l'est pas. On dit mécanique la discipline issue de
l'expérience, scientifique celle qui a son commencement et son aboutissement dans l'esprit ; et
semi-mécanique, celle qui procède de la théorie pour aboutir à l'opération manuelle. Mais
toutes les sciences me semblent vaines et pleines d'erreurs qui ne naissent pas de l'expérience,
mère de toute certitude, et n'aboutissent pas à une expérience manifeste ; autrement dit, dont
l'origine ou le milieu ou la fin n'est soumis à aucun des cinq sens. »
« L'artisan, les sciences et les techniques », Liliane Hilaire-Pérez, p. 103-110
104 Il y a certes un paradoxe dans ce que la science moderne réhabilite l'artifice mais est
l'oeuvre de non-praticiens. Aujourd'hui on a souligné le rôle des fabricants d'instruments dans
les progrès de la science.
« Laboratoires et ateliers, des espaces de travail entre sciences et arts et métiers, XVIe-
XVIIIe siècle », Patrice Bret et Catherine Lanoë, p. 149-155
« République des lettres, République des sciences », Stéphane Van Damme, p. 183-189
Semble défendre l'idée que la « République des sciences », attachée au « bien du public » et à
une éthique impersonnelle et en partie religieuse, ne naît qu'au XVIIe siècle. Mais on en
trouverait tout à fait la trace au XVIe siècle, chez les médecins par exemple...
« Localité et mobilité des savoirs techniques », Liliane Hilaire-Pérez et Catherine Verna, p.
219-226
« Le voyage de formation en Europe, Xve-XVIIIe siècle », Gilles Bertrand, p. 231-237
234 La peregrinatio academica formait les savants par allée et venue d'une université à
l'autre. Cas des Platter, protestants bâlois, montre comment un père et ses deux fils nés à près
de 50 ans d'écart peuvent se former par le voyage. Thomas, dit le Vieux (1499-1582), petit
berger misérable du Valais devenu mendiant itinérant à pied dans une partie de l'Europe
germanique, d'abord ouvrier cordier puis professeur de latin, de grec et d'hébreu et même
patron imprimeur. Son fils Felix Platter, né en 1536, étudie la médecine à Montpellier et fait
une pérégrination initiatique à cheval. Thomas eut un fils à près de 70 ans, Thomas II, qui
quitte Bâle en 1595 pour un voyage en Catalogne, en France, en Angleterre, etc., et se livre
finalement à la pratique médicale. La peregrinatio academica évolue à partir des années 1540
vers le Grant Tour, où les jeunes de grandes familles, futurs dirigeants, s'initient à la gestion
des affaires publiques en parcourant l'Italie, la Suisse, les Pays-Bas, l'Allemagne et
l'Angleterre.
Fabien Simon, « Quelle est la langue de la science : dire efficacement la vérité
scientifique ? », p. 257-267
258 Pierre Belon, Portraits d'oyseaux, animaux, serpents..., 1557 : « Une communauté
d'hommes villageois, un Breton, Basque, Ecossais ne s'entendraient l'un l'autre d'autant que la
langue de chacun est étrangère à l'autre. Mais s'ils étaient hommes lettrés et qu'ils parlassent le
langage lettré dont on use en leur religion, alors chacun s'entendra parler. Combien donc est
avantagé l'homme lettré sur le mécanique ». Le latin est « une ligne de partage entre la Babel
des ignorants et la société unitaire des doctes » (Waquet, 1998).
« Techniques et religion », Koen Vermeir, p. 487-494
487 Thèse de l'opposition radicale : Darwin, Galilée. 488 Thèses contradictoires de la
« sécularisation » de la science à mesure qu'elle faisait des progrès (Auguste Comte) et des
« affinités électives » de la science moderne avec l'ethos protestant (Weber, Robert Merton).
Karel Davids (2013) a infirmé, semble-t-il, cette hypothèse : si les institutions religieuses en
matière d'éducation, de communication et de circulation avaient joué un rôle important dans la
« Grande Divergence » technologique et économique entre l'Europe et la Chine, les
différences confessionnelles à l'intérieur de l'Europe n'ont eu aucun impact.
490 « Bien qu'elles stimulent l'imagination, les grandes thèses relatives aux rapports entre
techniques et religions sont quasiment impossibles à vérifier ».

Technology and culture, vol. 22, n. 2, avril 1981, Bruce T. Moran, “German Prince-
Practitioners : Aspects in the Development of Courtly Science, Technology, and Procedures in
the Renaissance”, p. 253-274
253 L’hypothèse est que les cours allemandes, en patronnant certaines entreprises techniques
subordonnées à leurs intérêts précis, ont donné une légitimité aristocratique à l’approche
expérimentale baconienne de l’étude la nature.
270 « Princely projects demanded role versatility from both academician and artisan ». Les
Princes du Saint-Empire ont poussé la rencontre entre science et technologie. 274 Ce faisant,
ils ont étréci la distance qui séparait les théoriciens et les praticiens.

sudhoffs archiv 1977 (n. 61), http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb345116644


Bruce T. Moran, “Princes, Machines and the Valuation of Precision in the 16 th Century”, p.
209-228
210-211 La polémique qui remet en cause les constructions a priori de la scholastique
aristotélicienne donne une nouvelle place aux artisans et techniciens. [Mais Moran est surtout
spécialiste des horlogers et astrologues apparemment, pas évident du tout que ses observations
s’appliquent à d’autres formes d’artisanat

Problème de la classification des sciences d'Aristote à Saint-Thomas, par le chanoine Joseph


Mariétan, 1901.
8 C'est l'un des problèmes qu'Aristote n'a pas réglés. 11 la science = pour Aristote, la
connaissance de la cause essentielle. [Toute science est étiologique. 12 Il emploie
indifféremment épistémè et philosophia.
14 La division des sciences la plus fréquente dans les écrits d'Aristote est celle entre spéulatif,
pratique et poétique (Top. Et Métaph.).
16 Les buts de ces sciences ne diffèrent pas essentiellement car science spéculative et pratique
ont pour but l'action. 17 Mais la science poétique est subordonnée, dans l'Ethique à
Nicomaque, à la Politique, qui est la philosophie pratique. 18 Ainsi la division fondamentale
des sciences est celle entre pratique et spéculative. Elle rejoint les deux vies distinguées par
Aristote, la vie civile (ou pratique) et la vie contemplative des philosophes.

Cf. dossier « les techniques, l’histoire et la vie », Annales d’histoire économique et sociale, n°
36, 30 nov 1935. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10035t/f1.image
Lucien Febvre, « Réflexions sur l’histoire des techniques », 531-535
Insiste sur le fait que tout reste à faire, ce qui est normal vue la date.
532 Cite Marx, « l’Humanité ne pose jamais que les problèmes qu’elle peut résoudre ».
[Il y a un article de La Roërie sur les gouvernails, il rend la technique du gouvernail
responsable in fine de la traite des esclaves. C’est intéressant.
Lucien Febvre, « Une enquête : la forge de village », p. 603-614
C’est un compendium de réponses obtenues de bénévoles après un appel à descriptions des
forgerons du passé.
604 Portraits pittoresques de maréchaux : Paulin Lebas : « Le forgeron était vêtu de toile
grossière, chaussé de gros sabots, les reins ceints de la traditionnelle barrette de cuir,
surchargée d’innombrables rapiéçages. Le cou et les bras nus. Constamment noir comme un
« ramona » il ne se lavait que le dimanche. Il avait la peau durcie et parcheminée par la
chaleur. J’ai vu maintes fois le maréchal, quand sa forge était éteinte, enfoncer ses doigts sous
la cendre du foyer de la cuisine, et rapporter dans le creux de sa main une poignée de
charbons ardents pour rallumer son feu. »
« L’outillage du forgeron d’il y a cinquante ans ne différait guère de celui que nous décrit un
inventaire de 1442. […] Les soufflets sont devenus plus petits, le bassin où trempait la
« mouillette » ne se trouve plus sur la forge, mais dessous. »
604-605 Un forgeron a répondu à l’enquête : il liste son outillage ainsi : soufflet à piston,
enclume à deux bigornes, une ronde une carrée, bassin à tremper le fer, établi d’un madrier de
chêne, limes, marteaux, etc.
606 Dans les campagnes, le forgeron n’a pas que des activités métallurgiques. Il est bien sûr
dentiste avec ses tenailles. Une directrice d’école raconte qu’il pose la tête du malde sur
l’enclume et la tape en marmonnant des paroles que l’on croit magiques. « Ces coutumes ont
disparu depuis une quarantaine d’années ». [Il reste quelque chose de cette diversité dans la
poésie qui évoque Vulcain
Le forgeron est aussi vétérinaire. Il fait des saignées aux bœufs à l’aide de clous.
607 « La forge est un lieu de rendez-vous, surtout les jours de pluie ». On la surnomme « le
lavoir des hommes ».
609 Il y a un temple de Vulcain dessiné sur le « bâton de maréchal » d’un forgeron de Saint-
Laurent dans la Creuze. Il y a aussi une ruche et des abeilles, une grappe de raisin et une
levrette.
610 L’apprentissage n’est pas sûr, même après 5 ans on ne sait pas (à condition que le maître
ne soit pas de notre famille) s’il nous a bien tout appris. En fait, la trempe est notamment le
plus grand secret professionnel. 611 En Ardennes, la fabrication des cloches des vaches était
un secret auquel personne n’avait droit d’assister.

Jean-Marc Mandosio, chercheur et théoricien altermondialiste : « Latin technique du XIIe au


XVIIe siècle », EPHE, Livret-Annuaire, 15 (1999-2000), 16 (2000-2001).
Dans le 15 (1999-2000, p. 126-128) c’est dans les « Rapports sur les conférences 1999-2000,
parce qu’il y a un programme de cette année qui était : Les arts mécaniques dans les textes
philosophiques et littéraires.
126 : « Le déroulement du séminaire de l’année précédente […] a fait ressortir l’intérêt des
auditeurs pour les textes alchimiques latins […]. C’est pourquoi toute cette année a été
consacrée à ce type de textes, qui pose de redoutables problèmes de vocabulaire (le lexique
alchimique étant le plus souvent crypté afin de désorienter le lecteur), d’interprétation,
d’attribution et de datation. »
Il faut d’abord écarter l’idée d’une alchimia perennis. L’alchimie latine n’apparaît qu’au XIIe
siècle en tant que traduction des traités arabes.
Ensuite il faut préciser le rôle du livre IV des Météorologiques attribué à Aristote. Les
manuscrits médiévaux complétaient en effet ce livre par trois chapitres – De congelatione et
conglutinatione lapidum, De causa montium, De quatuor speciebus corporum mineralium –
qui sont la traduction d’un extrait du Shifâ d’Avicenne vers 1200, par Alfred de Sareshel. P.
127 : Ce dernier semble avoir fait œuvre de faussaire, pour tirer Aristote du côté de la défense
de l’alchimie, insérant volontairement des mots hellénisants comme optesis pour traduire
indâdj (maturation, cuisson : [coctio aurait peut-être suffi]).
[L’impression générale est qu’en un an, Jan-Marc Mandosio fait plus et mieux que je ne ferai
en toute une vie ; il publie des articles très pointus, des compte-rendus militants sur la
pédagogie, des traductions savantes…
Dans le 16 (2000-2001, p. 139-142), C’est le programme Textes alchimiques latins. 139 :
étude de La Table d’émeraude d’Hermès Trismégiste, le livre le plus cité et le moins étudié.
140 : La traduction latine du XIIe siècle, généralement attribuée à Platon de Tivoli, en est
appelée la « vulgate ». Elle a donné lieu à plusieurs commentaires et Albert le Grand la cite.

Les Arts mécaniques au Moyen Âge, Guy H. Allard et Serge Lusignan (éd.), Paris : Vrin,
1982, « Alchimie, technique et technologie », Claude Gagnon, p. 131-146 :
134 Claude Gagnon veut que les faussaires ne soient pas des alchimistes dévoyés mais au
contraire que les transmutateurs soient des faussaires dévoyés et que, comme l’indique
Berthelot (c’est lui que suit essentiellement tout l’article), la première alchimie ait voulu
tromper les acheteurs sur la qualité de l’or.

Anne-Françoise Garçon, « Pratique, technique, technologie ? », ArcheoSciences [En ligne],


34 | 2010, mis en ligne le 11 avril 2013, consulté le 11 juillet 2016. URL :
http://archeosciences.revues.org/2693 ; DOI : 10.4000/archeosciences.2693

Séris, La technique, 2000.


Introduction_ 3 On abuse de « technologie » là où « technique » suffirait, notamment
parce qu’aucun n’a un sens bien précis pour nos contemporains, qui s’en désintéressent tout à
fait.

Pinon, Laurent, Romano Antonella, and Vérin Hélène. "Renaissance Des Savoirs
Scientifiques Et Techniques? Une Introduction." Nouvelle Revue Du XVIe Siècle 20.1
(2002): 7-18.
8 Le numéro est centré sur les années 1550-1610. [Dates un peu rondes
10-11 Agricola opère une « double expérience », contribuant à l’édition aldine des œuvres de
Galien et à l’exploitation d’une mine en Bohème.

Hélène Vérin, La Gloire des ingénieurs. L’Intelligence technique du XVIe au XVIIIe siècle,
Albin Michel, 1993.
« Les lettrés et les arts mécaniques », p. 64-74.
69 : Hugues de Saint-Victor dans son Didascalion (1131) fait la fameuse association arts
mécaniques-adultère, empruntée à Platon. Les arts qui imitent la nature dans leurs procédés
sont des arts d’imitation : le monde de l’artifice adultère le monde naturel.
Réduire en art : la technologie de la Renaissance aux Lumières, dir. Pascal Dubourg Glatigny
et Hélène Vérin, éd. De la Maison des sciences de l’homme, 2008.
Intro
11 « réduire en art » : formalisation de tous les domaines. Conduire ou ramener, au moyen de
l’écriture et de la figuration, les savoirs à l’ordre de l’art. 13 pas seulement un conservatoire :
Agricola veut un perfectionnement.
« Rédiger et réduire en art : un projet de rationalisation des pratiques », Hélène Vérin, p. 17-
58
35 Vitruve, Végèce et Cicéron insistent sur la nécessité d’utiliser une langue accessible.
« La réduction en art, un phénomène culturel », Pascal Dubourg Glatigny et Hélène Vérin, p.
59-94
« Réduire la mine en science… ? Anatomie des De re metallica d’Agricola », Anne-Françoise
Garçon, p. 317-336

« Rédiger et réduire en art : un projet de rationalisation des pratiques », dans Réduire en art :
la technologie de la Renaissance aux Lumières, op. cit., Paris : éd. de la Maison des sciences
de l’homme, 2008.

J. R. Partington, A Hitory of Chemistry, vol. 2, Mansfield Centre : St. Martin’s Press, 1961-
1970.
Chapter II : technological Treatises.
« Ellenbog », p. 69 : traité en 1473 sur la toxicité des vapeurs de métals
“Biringuccio”_ 33 : « Like Agricola, Biringuccio is severely but unfairly critical of Albertus
Magnus.”
“Mathesius” auteur de remarques insérées dans des sermons, p. 62.Palissy évidemment.

Anne-Françoise Garçon, L’Imaginaire et la pensée technique. Une approche historique,


XVIe-XXe siècle, Paris : Classiques Garnier, 2012.
9 Histoire des techniques ne se confond pas avec l’histoire de la technicité
10 Pour André Leroi-Gourhan, la technicité humaine est liée à une « inadaptation physique »
qui a obligé l’humanité à extérioriser ses actions. La technicité est relative à une société : une
grue dans une société qui s’industrialise n’est pas la même chose qu’une grue dans une société
qui se désindustrialise.
11 L’objet n’est qu’un indice, mais il n’a pas de sens hors de la technique qui l’emploie. De ce
fait il opère dans un « complexe technique », lorsqu’il est employé avec d’autres objets, ou
réemployé à une autre tâche.
13 Différence entre technicité et culture technique : l’amateur peut avoir la première mais pas
la seconde (par exemple en informatique ou automobile). L’expression de cette technicité est
alors subjective.
16 L’histoire des techniques est un champ autonome de l’histoire, mais les techniques
recroisent régulièrement, dans « un mouvement cyclique », l’histoire des sociétés.
17 « Je peux dans la même journée user de la technicité informatique propre au XXIe siècle,
puis sortir en vélo pour me détendre et mettre en œuvre le peu de technicité mécanique
élaborée à la fin du XIXe siècle si jamais je déraille ; enfin, si je jardine dans la soirée, je
mobiliserai d’autres formes de technicités plus ancestrales et autrement sensorielles. »
Première partie, « Penser la technique, XVIe-XVIIIe siècle », p. 21-128
« Ces techniques dont l’homme fait récit… » p. 23-29
25 La technique se situe entre actio (l’action telle qu’elle est vécue) et l’actum (telle qu’elle
est représentée par son acteur). « Le fondement culturel du régime de la pratique est
l’oralité », contrairement aux régimes de la technique et de la technologie.
« Peut-on innover sans euphémiser ? » p. 30-38
34 L’imaginaire « participe à la construction et à la connaissance du monde » même si
« inversement, il devient obstacle à la compréhension de phénomènes ».
36 Parfois l’imaginaire fait blocage. « Avant le XVIIIe siècle, l’Europe refusa de voir un
métal dans le zinc que produisaient l’Inde et la Chine, parce que son mode d’obtention, par
distillation, cadrait mal avec la culture technique en place qui valorisait un métal rougeoyant,
un métal résistant au martelage. Le même phénomène vaut pour l’acier, dont on découvrit tout
aussi tardivement et difficilement la nature. Assimilé à l’or, du fait de la similarité des
procédés d’obtention, et de surcroît doté de ces qualités d’excellence que l’Europe attribuait
au métal, l’acier paraissait être au fer ce qu’était l’or à l’ensemble des métaux, un produit de
grande pureté. Il ne fut pas aisé de faire machine arrière, et de comprendre qu’il s’agissait
d’un alliage ». p. 68 cette croyance est partagée par les Météorologiques d’Aristote (IV, 6,
383a et b) et par la Pyrotechnie de Biringuccio en 1540.
« Pourquoi l’eau vint aux machines », p. 39-53
39 Bertrand Gille, Histoire générale des techniques, distingue deux moments du système
technique européen : classique (« eau, bois, vent ») et industrialisation (fer, charbon,
vapeur »). Mais il ne faut pas en induire des techniques associées ou des objets.
« Comment l’Europe inventa le zinc », p. 55-63
55 La fragilité du zinc en a fait une « sorte de minéral » mais pas un métal, puisqu’il y avait
seulement six métaux jusqu’au XIXe : or, argent, cuivre, fer, étain et plomb.
« L’acier, métal hors-norme », p. 65-82. Rien sur la Renaissance.
« Les dessous des métiers », p. 119-128

Revue e-Phaïstos, Revue d’histoire des techniques. Vol. I n° 1.


Edito d’Anne-Françoise Garçon : cf. Documents pour l’histoire des techniques, publiés par le
CNAM.
Cf. Les savoirs professionnels des gens de métiers. Etudes sur le monde du travail dans les
sociétés urbaines de l’Empire romain ; il y a qc sur les métiers modernes.
Vol. I n°2
Editorial : Anne-Françoise Garçon s’oppose à ce qu’elle appelle « l’historicisme ». L’histoire
des techniques ne relève pas de la chronologie. « les archives ne sont pas des greniers à faits »
Lucien Febvre, 1947. « Comprendre, ce n’est pas clarifier, simplifier, réduire à un schéma
logique parfaitement net… comprendre, c’est compliquer ». L’histoire des techniques fait
partie d’une logique de « studies », spécialités travaillées pour elles-mêmes, dans lesquelles
on ne se restreint pas à une « période », car sinon « on réfute implicitement la capacité des
techniques à exister dans la très longue durée ».
« Lire les images de machines. Essai pour une typologie analytique des images techniques
(XVe-début XIXe) », Benjamin Ravier-Mazzocco, p. 54-68
54 quatre fonctions des images techniques : témoigner, expliquer, concevoir, reproduire.
55 les images techniques, surtout en France, sont courtisanes, voire carriéristes : il s’agit de
justifier d’un mérite auprès d’un Prince. C’est la fonction testimoniale : donner un
témoignage de ses capacités techniques. Représenter la machine dans un environnement
familier, naturel, contribue à rendre l’innovation normale.
56 Les représentations sont très codifiées, cf. Les images de l’industrie en France de Nicolas
Pierrot qui a un chapitre sur « les visites de manufactures » images de nobles qui
s’introduisent dans des ateliers. **
57 Pour témoigner de l’entièreté d’une machine, il y a souvent des « techniques de
dévoilement » : « il faut littéralement ouvrir les portes, couper les murs et souvent réorganiser
l’espace de l’atelier pour y donner à voir, quand cela est nécessaire, ce que des obstacles
visuels cacheraient ».
Cf. pour les images de machines, la DMD, Database Machines Drawings, une banque de
dessins mise en ligne. 58 : au XVe siècle apparaîtrait « l’éclaté », procédé de décomposition
des éléments de la machine.
62 Les historiens des techniques sont obligés de constater que rares sont les dessins qui
puissent être considérés comme des blueprints, servant à la communication entre un
concepteur et un fabriquant, ceci parce que le lieu de conception n’était pas, comme
aujourd’hui, le bureau d’étude. Ainsi la fonction de reproduction n’est que très tardive dans
l’histoire des techniques.
Vol. II n°1
« Mais d’où vient la technologie ? Ce qu’en apprennent les écrits des philosophes européens
entre XVIe et XVIIIe siècle » p. 14-22 Anne Françoise Garçon
Vol. II n°2
« Du danger des sources écrites en histoire des techniques », Anne-Françoise Garçon, p. 10-27
10 Toute société humaine élabore une mémoire collective et un patrimoine technique, culturel,
etc., mais la science historique n’est nullement nécessaire à la vie d’une communauté.
15 Il faut dépasser la fausse évidence de l’énoncé technique. Premièrement, même lorsque le
geste est universel, son énoncé ne l’est pas. 16 Deuxièmement, le rapport d’une société à sa
technique ne passe pas forcément par l’écrit. Troisièmement, parce qu’un énoncé technique
fait la part belle au tacit knowledge. 19 De fait, un écrit technique a rarement pour but d’initier
un fonctionnement.
Vol III n°1
Rien.
Vol V n°1
Mathieu Fernandez et André Guillerme, « Entretien avec André Guillerme », e-Phaïstos
[En ligne], V-1 2016 | 2018, mis en ligne le 21 janvier 2018, consulté le 16 février 2018.
URL : http://journals.openedition.org/ephaistos/1160 ; DOI : 10.4000/ephaistos.1160
« Colette Ribaucourt, jeune médiéviste, qui faisait alors une enquête sur les ordres mendiants.
Elle avait montré que les grandes villes avaient cinq ordres mendiants, les villes moyennes en
avaient deux et les petites villes un seul. Au final, j’ai pris ça comme base statistique et j’ai
réparti mes dix-huit villes en fonction de ces catégories-là, ce qui était très pertinent avec du
recul. Les grosses villes, qui avaient le plus d’eau, étaient effectivement les villes les plus
riches qui avaient par conséquent le plus d’ordres mendiants et les villes les plus pauvres
n’avaient pas beaucoup d’eau, donc pas beaucoup d’artisans et donc pas beaucoup d’ordres
mendiants. » cf. Le Goff Jacques, Ribaucourt Colette, « Ordres mendiants et urbanisation
dans la France médiévale, état de l’enquête », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations,
vol. 25, n°4, Paris, 1970, p. 924-946.
« Je suis d’accord avec beaucoup de collègues pour dire que la révolution industrielle est une
idée qui est complètement biaisée et fausse. »
Je note soigneusement que, chez les archéologues, on appelle « poubellien » la couche
superficielle du sol, qui entasse les déchets récents…

Les Techniques minières de l’Antiquité au XVIIIe siècle, Paris : Editions du C.T.H.S., 1992.
« Les représentations graphiques anciennes des mines vosgiennes du XVIe au XVIIIe
siècle », Pierre Fluck, p. 317-338.
Les Techniques minières de l’Antiquité au XVIIIe siècle, Paris : Editions du C.T.H.S., 1992.
Paul Benoit et Jacques Grandemange, « Prospections et recherches minières aux XVe et XVIe
siècles, l’exemple du Val-de-Lièpvre lorrain », p. 339-358.

Mandosio, Jean-Marc (2002). Méthodes et fonctions de la classification des sciences et des


arts (XVe-XVIIe siècles). Nouvelle Revue Du XVIe Siècle, 20(1), 19-30. Retrieved from
http://www.jstor.org/stable/25598957
26 : Selon Mandosio il n’y a pas d’abandon du monde clos pour un univers infini, mais une
tension permanente dans l’idée de monde clos (que la Renaissance emprunte à des
encyclopédies médiévales comme Raymond Lulle ou Vincent de Beauvais, Speculum vitae).

Technological Revolutions in Europe 1998. Introduction : « Culture, Institutions and


Technological Transitions », Maxine Berg et Kristine Bruland, p. 3-17.

Knut Schulz, Handwerk, Zünfte und Gewerbe, 2010


73 Les corporations comme la réforme cherchent à résister à l’uniformisation du saint empire
par le pouvoir central.

[Vers 1125, Hugues de Saint-Victor présente une liste des 7 arts mécaniques : « Les sept arts
mécaniques comprennent : la fabrication de la laine, l'armement, la navigation, l'agriculture, la
chasse, la médecine et le théâtre. Hugh of St Victor includes navigation, medicine and
theatrical arts instead of commerce, agriculture and cooking. Already Johannes Scotus
Eriugena (9th century) divides them somewhat arbitrarily into seven parts, vestiaria (tailoring,
weaving), agricultura (agriculture), architectura (architecture, masonry), militia and venatoria
(warfare and hunting, "martial arts"), mercatura (trade, commerce), coquinaria (cooking),
metallaria (blacksmithing, metallurgy)]
177 Nürnberg était inégalée dans la production de fer. Cela impliquait dans la ville une très
lourde hiérarchie et des strates de pouvoir très fermées.

Mines et métal : 1780-1880. Les non-ferreux et l’industrialisation, Anne-Françoise Garçon.


IX : non-ferreux : cuivre, plomb, zinc, étain, mercure, laiton, nickel, aluminium, alliages, or
argent... C’est la métallurgie qui n’est pas de la sidérurgie (bien qu’on confonde souvent les
deux parce que la sidérurgie est une énorme majorité de la métallurgie).

La Mine mode d’emploi. La Rouge myne de Saint Nicolas de la Croix dessinée par Heinrich
Groff, éd. Emmanuelle Brugerolles, Hubert Bari et alii, Paris : Gallimard, 1992.
2 Antoine de Lorraine arrive en juin 1529 à La Croix-aux-Mines, gisement de plomb
argentifère. Georges d’Ainvaux est receveur des mines, qui a commandé au peintre Heinrich
Groff, en plus de réfections somptuaires, un recueil de dessins retraçant l’activité de la mine.
58 À La Croix-aux-Mines, la minéralisation principale est la « galène » : 1kg d’argent par
tonne. Apogée vers 1530.
60 « L’album de Heinrich Groff est d’autant plus précieux que l’iconographie minière des
XVe et XVIe siècles est relativement limitée. Elle apparaît d’abord sur les pages enluminées
des manuscrits à caractère religieux, utilisés lors des offices dans les églises paroissiales des
villes minières », comme les antiphonaires de Kutna-Hora, 1471, ou le graduel décoré du
chapitre de l’église de Saint-Dié au début-XVIe, dont le commanditaire est maître des forges.
61 Dans les églises mobilier et décor rappellent parfois les activités passées : deux marteaux
croisés, symbole trad. Du métier de mineur, vitraux dédiés à saint Daniel, chaires à motifs
miniers. Mais surtout tableau d’autel de l’église de Sainte-Anne réalisé par Hans Hesse en
1521 pour la confrérie d’Annaberg, paysage panoramique à la Brueghel. Les confréries ont pu
demander aux orfèvres des symboles gravés ou dorés qui constituent de véritable trésors,
comme celles de Freiberg et de Clausthal. Outre les plans et coupes transversales
commandées par les concessionnaires, quelques œuvres prestigieuses comme le vitrail de
Schauinsland offert en 1350 à la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau. Mais les propriétaires
commandent les objets les plus riches. La « coupe Holzschuher » fait voisiner des activités
minières avec des scènes bacchiques, le hanap des sires de Ribeaupierre en Alsace, dont la
base est décorée de six scènes minières et la partie supérieure d’épisodes religieux et
mythologiques.
62 (HGE = Heinrich Groff Elsässer », alsacien). 1574, Aula Subterranea de Lazarus Ercker
qui répond au même souci de diffusion des connaissances. « Les planches furent largement
copiées et inspirèrent les orfèvres ». La figure la plus fréquente est celle du minier,
reconnaissable à ses outils. On représente souvent saint Daniel montant dans un arbre muni
d’une hache, avant de comprendre que le trésor est à chercher dans la terre. (légende saxonne
à l’origine).
65 Le minerai devient dans le deuxième XVIe siècle un objet de cabinets de curiosité : la
Handstein, pierre remarquable trouvée dans une mine et contenant grande quantité de métal,
était offerte en hommage au propriétaire qui la faisait graver de scènes du nouveau Testament,
ou même, dans une étrange mise en abîme (66) des scènes minières.
68 Loin des superstitions sur les « Kobold », les esprits nains maléfiques des mines, Heinrich
Groff explique chronologiquement.
69 La mine de Saint-Nicolas est exploitée par un « ingénieur en chef » dont la maison est
visible sur la première planche et qui est aussi cité par Agricola : Conrad Boltznitzer. Pauvre
homme lorsqu’il exerçait dans les mines de Schneeberg en Saxe, enrichi dans la montagne
vosgienne (la « Fürst »), nommé en 1514 directeur d’une mine des seigneurs de Ribeaupierre
et anobli par l’empereur Maximilien, nommé finalement grand maître des mines des Etats
antérieurs de l’Autriche. Liste des dessins :
-« Le justicier en son siège, ordonnance et serment des compaignons », habillés avec
cuir fessier caractéristique des mineurs,
« Les charpentiers et charpenteries ». Les étançons nécessitent une grande précision
d’assemblage et la sécurité des mineurs dépend de la qualité du travail, qui est ici
effectué par les chefs ;
« La manière d’amener le boys »,
« La provision du suif et le livraige d’icelluy », matière grasse animale qui alimente
les lampes. Le plus estimé est extrait du mouton ;
« L’amenaige du charbon pour la forge et le livraige d’icelluy », la pièce de cuir est
portée sur l’avant et non sur les fesses car il faut se protéger de la chaleur des
fourneaux ;
« L’amenaige et le livraige du fer en la maison », la partie qui montre la forge est
manquante, il fallait une forge pour les outils nécessaires à la mine, en 1513 la mine de
Saint-Nicolas a consommé 17400 clous ! ;
« En la montaigne », c’est-à-dire la mine, dessin où on voit l’église de la mine. On
conseillait de ne point encourager le travail de la mine car il conduisait à Satan ;
« Les décombreurs entrants en la montaigne », le « houttmann » (mot allemand) livre
le suif ;
« Les tireurs d’eau et myne entrants en la montaigne », la myne est le minerai ;
« Les ouvriers de marteaulx pour rompre la myne en la montaigne », ce sont les
mineurs munis de « pointerolles », qui sont usées au bout d’une heure, le forgeron les
répare ou les jette ;
« Les ouvriers menant les chariots de myne hors de la montaigne », en fait une entrée
dans la mine ;
« Les ouvriers menant le boys en la montaigne » ;
« Les houttmans, maistres des compaignons, entrants en al montaigne » ;
« La Rouge myne de Sainct Nicolas », panorama dont il manque une partie avec
l’exhaure ;
« Rompeurs de grosse myne chareurs de myne hors de la montaigne » ;
« Les schaideurs séparens la bonne myne appart », minerai fragmenté sur des
scheidstein, fortes enclumes de pierre ;
« Les pilleurs et passeurs de myne », minerai pilé dans une machine hydraulique, le
bocard. On voit une femme ici, ce sont surtout les veuves de mineurs qui sont
embauchées comme mesure sociale ;
« Les laveurs de myne », qui ont un salaire élevé parce qu’une grosse responsabilité de
tri ;
Les cloweresses les missenaires sasseurs et laveurs de myne », décrit d’autres
manières de trier, sans eau et à la main pour les cloweresses (de klauben) ou des
lavages au sas. Le nom « missenaires » vient de la province allemande de Meissen,
migration des mineurs ;
« Les livreurs de myne », « Les chareurs de myne », on emmène le minerai dans les
fonderies, qui s’éloignent petit à petit des mines à mesure que la forêt disparaît ;
« Les charbonniers », responsables de la déforestation ;
« La fonderie et l’affinerie », fourneau de fonte et fourneau d’affinage. Le minerai est
préalablement grillé, càd oxydé, débarrassé de son souffre. Dans le fourneau de fonte
il est réduit, cela libère un plomb fondu très impur dont le mineur écrème les
« sclack » (scories cf allemand Schlacke). Puis le plomb fondu est envoyé à l’affinage,
« coupellation » pcq plomb imprègne la sole ou coupelle du four. L’oxyde de plomb
ou litharge surnage, que l’on écrème pour obtenir l’argent, brillant au point qu’on
l’appelle « l’éclair » ;
« Les peseurs et marqueurs des pains d’argent et messaigier portant les pains » càd
lingots ;
« Le verwaiser payans les compaignons » on voit un mineur mécontent qui montre le
poing et un homme armé prêt à arrêter toute échauffourée.

Robert Cresswell, Prométhée ou Pandore ? Propos de technologie culturelle, Paris : Kimé,


1996.

Denis Woronoff Histoire de l’industrie en France 1998


29 la guerre demande une grande production de fer, 100 à 150 tonnes sur un bateau ; les pôles
sidérurgiques de quelques manufactures royales ne sont organisés que fin-XVIIe.
159 Dans les grandes forges, commis, charpentier, maréchal bénéficient d’une maison
individuelle. Les autres un logement par famille.

Machines et métiers : aspects de l’industrie vaudoise du XVIe au XXe siècle


11 : 1500 : même ds l’industrie « la plus lourde », celle du fer, les entreprises sont de
dimensions modestes. « Les maîtres de forge les plus riches ne parviennent pas à dominer
toute l’exploitation minière et forestière. La petite métallurgie reste entre les mains d’artisans
indépendants ». Les hauts fourneaux même passent inaperçus à l’échelle du pays.
29 la roue est construite par un artisan spécialisé, charpentier ou charron.
30 dans les forges, on utilise une meule qui a le même nom que la meule pour les grains, « ce
qui empêche de distinguer les usines à fonction alimentaire et métallurgique ». « la carrière la
plus célèbre » est celle de la Molière (son nom trahit son usage : on fabriquait des meules
avec les roches de celle-ci).

Bachelard, La terre et les rêveries du repos, 1948, José Corti


1-2 « Si l’on pouvait systématiser toutes ces sollicitations qui nous viennent de la matière des
choses, on rectifierait, nous semble-t-il, ce qu’il y a de trop formel dans une psychologie des
projets. On distinguerait le projet du contremaître et le projet du travailleur. On comprendrait
que l’homo faber n’est pas un simple ajusteur, mais qu’il est modeleur, fondeur, forgeron. »
5 « Le repos est dominé nécessairement par un psychisme involutif. » Repos = intimité de
l’être, terre.
8 « La curiosité de l’enfant qui détruit son jouet pour inspecter ce qu’il y a dedans ». Cite
Françoise Dolto quelques lignes plus loin.
9 Distingue quatre « perspectives » (=traitements philosophiques de la terre) : la perspective
annulée (celle qui condamne la curiosité vers l’intérieur au nom d’une métaphysique de
l’apparence, tout n’est qu’apparence) ; une perspective dialectique (le monde intérieur est le
contraire, l’inverse du monde extérieur) ; une perspective émerveillée (l’intérieur du
minuscule devient un infini) ; une perspective d’intensité substantielle. [« rêverie de la
propreté » = thème de la propreté, pas de différence évidente]
63 L’intérieur de la terre est un combat entre animalcules (ah bon ?). « Un bestiaire
métallique est en action dans l’alchimie. Ce bestiaire n’est pas un inerte symbolisme.
Subjectivement, il marque les étranges participations de l’alchimiste aux combats de
substances. Tout le long de l’alchimie, on a l’impression que le bestiaire métallique appelle le
belluaire alchimiste. »
68 les gaz qui s’échappent des mines sont appelés « mofettes » au XVIIIe, ce mot est lui-
même une « moue savante », exprimant le dégoût de l’intérieur.
99 Appelle « maison onirique » la maison natale, qui est une grotte ou un labyrinthe : il y a
une « isomorphie des images du repos ». C’est p. 107 « la terre de la maison ».
[cite un forgeron dans le Kalevala de Lönnrot, recueil de mythologie finnoise du XIXe siècle]

Das Feuer der Renaissance, Kramarczyk, 2005


16 reproduit le « Annaberger Bergaltars » de Hans Hesse. Malheureusement c’est un livre
d’histoire des techniques, inaccessible pour moi (déjà qu’en français je ne les comprends
guère…). Il y a un article de Ulrich Thiel sur les fourneaux, « Von Wasserkraft und
Schmelzöfen. Metallhütten im Erzgebirge », p. 74-81
74 Il appelle la période 1470-1550 un « Blütezeit », un âge d’or. La plupart des fourneaux
étaient spécialisés dans un métal précis, avec certaines associations : les verreries
s’accompagnaient souvent des argenteries. Tous savaient s’adapter aux variations de
demandes.
79 Les « Sächsisches Hauptstaatsarchiv Dresden » contiennent la plus ancienne représentation
connue d’une mine de fer, avec tout le paysage urbain et fluvial autour, 1530.

Jean-Yves Andrieux, Les Travailleurs du fer, coll. « Sciences et Techniques », Paris :


Gallimard, 1991.
29 L’énergie hydraulique sert l’invention des bocards, pilons pour concasser le minerai. Puis
viennent les martinets, plus petits marteaux appelés aussi « moulins à fer ». Enfin, la
mécanisation des soufflets accélère la réaction. 30 Peu à peu, agrandissement des fourneaux
en « ferrières » ou « fours à masse » (traduction de l’allemand Stückofen). P. 32-33 une
description technique du tableau de Lucas Van Valkenborgh (c1530-1597) avec une forge au
milieu d’une île. Henri Blès (c1490-c1550) et Parmentier ont aussi peint des forges.
[Il faut peut-être avoir lu L’Histoire naturelle des Minéraux de Buffon…]

Les Mines et la métallurgie en Gaule, Paris : Errance, 1987


Il y a une bibliographie énorme, potentiellement infinie. Ce sont surtout des études
toponymiques, mais :
Robert Halleux, « Techniques et croyances dans les recettes antiques et médiévales de
sidérurgie », p. 114-128
115 Il faut étudier les recettes par séries plutôt que séparément.

Théâtre des instrumens mathématiques et méchaniques de Jacques Besson,... : avec


l'interprétation des figures d'icelui / par François Béroald de Verville, 1594
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k107808m/f27.image forge mathématique (cf. figure page
suivante)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k107808m/f29.image martinet mathématique (cf. image p.
suivante)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k107808m/f32.image suivi immédiatement d’une scieuse
de troncs d’arbres

£Epuration :
La Christiade, par Jean d’Escorbiac seigneur de Bayonnette, 1613 [éditions Verlhaguet 1997]
131 : Car ce sainct lavement [le baptême] purifie nostre ame,
Comme l’or au fourneau s’espure par la flâme
À la page suivante, 132, Vulcain apparaît comme marque d’hérésie et de parodie du sacrement
cependant.

Du Monin, Le Phoenix,
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72568w
à Charles de Bourbon, cardinal de Vendôme.
f. 11 r° : Trois fois heureux encens, trois fois canelle heureuse,
Mirre heureuse trois fois, que Nature pieuse
Cite au noble convoi de la plus noble plume,
Qui jamais de Vulcain fit anoblir l'enclume !
Au bout d'un moment le Phoenix fait penser à Du Monin qu'il est peut-être hérétique, f. 16
v° :
Je sçai que ce Phoenix qui ramage en mes vers,
Resent quelque abregé du Roi de l'Univers :
Mais le terrestre lais qui le Phoenix emplume
D'une aile que Vulcan martelle en son enclume,
Nous apprend que la main du Phoenix tou-puissant
Devoit au Monde bas un plus rare present...
f. 12 v°
Là le Phenix eprins de sa flammeche sainte,
Fait heritier Vulcan de sa depouille eteinte ;
Son ame renaissante en premiere vigueur
Le remet comme en garde à la souaive arder.

£Forge poétique

Ronsard Pléiade.
Elegie VII p. 338 : s’inspire d’un chapitre « De la calamine et de son usage tant en fonderie
qu’en médecine », livre XXXIV de Pline, pour citer les « fourneaux de Cypre » je crois.
« Dans les fourneaux de Cypre où le metal liquide
Se coule à la chaleur se voit la Pyralide,
Animal nay de feu, qui se nourrist au feu. » v. 13-15.

Du Bartas : éd. Yvonne Bellanger, Seconde Semaine, « Les Artifices », p. 203 et suiv., Gallica
intra muros :
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11738/f262.image
205Sommaire de l’édition de 1589 : « LE POETE […] represente la piteuse condition
d’Adam et d’Eve hors du jardin d’Eden, la difficulté qu’ils ont à vivre, leur simple nourriture,
leurs vestemens d’esté et d’hiver, leurs premiers et seconds bastimens, l’invention du feu : la
naissance de leurs enfans… »
218 Après avoir inventé l’architecture pour se protéger du froid et de l’humidité, v. 183 et suiv
Le feu seul leur restoit. Mais voicy que le vent
Sifflant par la forest, aheurte si souvent
Le Laurier au Meurier, que de leur choc s’allume
Le feu, qui petillant un coin de bois consume.
227 Caïn qui invente la première ville, ne peut se protéger la conscience :
O fratricide aveugle, ô Tigre, penses-tu
Pour te voir d’un monceau de pierres revestu,
Chef de quelques paisans, roitelet d’un village,
Eschapper la rigueur du revangeur orage
Qui ja gronde sur toy ? Quand tu serois campé
Sur le plus haut sommet d’un mont droit-escarpé :
228 Quand l’airain t’enclorroit d’une triple muraille :
Quand, fier, tu rangerois l’Univers en bataille :
Et quand ta peau seroit de fer, d’acier ton cœur,
Tu ne fuirois ta peine, et moins encor ta peur :
Peur qui glace tes os, qui court dedans tes veines,
Et te forge en l’esprit mille sortes de peines.
C’est « La Conscience » de Victor Hugo version homme ferré.
C’est partant à la chasse que Caïn invente la métallurgie, p. 234, v. 439 :
Tandis que ce Tubal par l’espesseur d’un bois,
Ayant l’arc à la Main, sur le flanc le carquois,
Guerroye aux sangliers : une ardente montaigne
235 Fait un torrent de fer couler en la campaigne.
Le Veneur estonné tout aussitost y court.
Sur ce nouveau miracle, ingenieux, discourt. [« Discourir » est équivalent d’« inventer » ici !!
Et veu que ce metal, ardent, se transfigure
En la forme qu’on veut, et que par la froidure
Il se refait si dur, que ses affilez bors
Pourroient en fin couper les plus solides cors,
Il fait cent hauts projets : et ses mains apprentisses
Jettent le fondement de cent beaux artifices. […]
(v. 461) Car ja s’esplanadant la voye à mille ouvrages,
Qui vivans feront teste à la rigueur des âges,
Dans deux creus inegaux, bien que tous deux quarrez
Il estourne, attentif, deux ruisselets ferrez.
236 Froids, les tire de là : et, repurgez d’escume,
Choisit l’un pour marteau, et l’autre pour enclume.
Adjoustant la tenaille à ces deux instruments,
Il meuble sa maison de divers ferrements.
Penible, il fait des socs, des coignees tranchantes,
Des chevilles, des gonds, des hoyaux, et des jantes.
Devenu plus sçavant, il creuse des vaisseaux,
Limaçonne des viz, affile des ciseaux,
Dedale une serrure, une scie dentelle :
Rend mordante une lime, et bat une allumelle.
Heureuse invention ! Nous vivrions aussitôt
Et sans air, et sans feu, et sans terre, et sans flot, [supérieur aux quatre éléments
Que sans ce dur metal. Le fer coupe les marbres [Manchette : « Combien l’invention et
l’usage du fer est utile aux hommes. »
Au penible maçon, au charpentier les arbres,
Et la terre aux bouviers. Le fer arme nos corps :
Fait nos habillemens : donne aux chevaux des mors.
Le fer fait qu’à pied sec sur les ondes on monte.
Le fer rend l’or plus beau : et le fer le fer donte :
Outil de tous outils, main des ouvrieres mains,
237 Et cinquesme element des diseteux humains.
Tandis qu’environné des enfumez Cyclopes
Il coule tout en eau : qu’il lasse ses Steropes,
Et ses Brontes my-nus : qu’il va, subtil, hastant
Sous leurs sonnantes mains l’ouvrage bluetant,
Tubal ne perd point tems. L’imparfaite harmonie
Des marteaux inegaux, qu’un bras divers manie,
Esveille les accords, que son nombreux esprit
Des Anges bien-heureux avant que naistre apprit.
Il rêve là dessus, tente tout : et desire
Treuver quelque instrument pour luy faire redire
L’accord de ses discors : et suyvre de leurs coûs
Le son melodieux, bien que d’un air plus dous :
Quand il reuve par sort dessus la rive verte
D’un vivier endormi une Tortue ouverte,
Et dont ne reste rien que trois nerfs, qui sechez… [invention de la musique, etc.
Michel Jeanneret, Perpetuum mobile. Métamorphose des corps et des œuvres de Vinci à
Montaigne, Paris : Macula, 1998
7 Ce transformisme oppose la Renaissance au Moyen Âge, que la première trouve trop
cohérent et fermé sur lui-même.
18-19 Du Bartas, dès la première Sepmaine, célèbre l’homo faber, au point même qu’il admire
l’astrologie comme un pouvoir de l’art humain sur les cieux, ce en quoi il déborde sur la
rigueur du protestantisme. 24 « le Dieu de Du Bartas est un artisan qui, confronté au défi du
magma primitif, pétrit la matière, la façonne et la transforme ». Plusieurs métaphores du
« Premier jour » mettent en scène « le prestige du travail de fabrication, la visite de l’atelier ».
25 Dieu est « maçon, sculpteur ou architecte ».
[Le premier chapitre, « La forme et la force : Du Bartas », p. 15-33, donne la parole à deux
sources : Du Bartas, et Bernard Palissy, autre « transformiste » (30).
38 Le Pythagore d’Ovide fait de la terre un lieu de grouillement : « Sous les mouvements de
surface, l’animation du globe grouille aussi dans les entrailles ; les profondeurs de la terre
sont comme une matrice où, du sein de la matière inerte, se dégagent des foyers de vie. »
Dans le chapitre « Natura naturans », une grande partie est consacrée à Ronsard (p. 41-54).
47 La métamorphose est un « thème essentiel » de la poésie amoureuse de Ronsard.
Dans le chapitre 8 « Les Flexions de la langue », après une section « Labourer la langue »
(p. 200-205), une section « Fabrique de mots ». Mais MJ n’étudie pas la métaphore de la
forge.
[Ici il manque précisément ce que dit le projet DOMUS : une approche interdisciplinaire
montrant comment la métamorphose rend étranges les objets les plus quotidiens…]
284 MJ oppose l’interprétation univoque des anamorphoses et des paysages anthropomorphes
à l’interprétation flottante du Moyen de parvenir. [Ce pourrait être aussi Le Songe de
Poliphile.] 293 Ce qui brouille définitivement le message est le Beau néo-platonicien, qui est
un symbole, tout comme 294 « le Dieu des mystiques ».

1578 Pierre Enoc de la Meschiniere, La Ceocyre, Lyon, 1578.


47, « Sonet LXV », qui est le Sève à qui il s’adresse ? :
Si ce Dieu-forgeron, de Juppin depité
Les foudres acerant, comme on dit, prenoit peine [acerant, expression rare
Avec ses enfumez de rendre toute pleine
La trousse à Cupidon, selon sa volonté :
Je croy que des long temps ils auroyent tout quitté,
Leur ostant tout loisir de prendre leur haleine :
Car SEVE sans cesser par ses traits il me genne,
Et m’en a ja couvert d’un et d’autre costé.
J’ay beau, pour mon profit, vestir quelque bon maille,
Alors il vient plus fort me livrer la bataille,
Et tousjours comme Dieu il demeure vainqueur,
Mais cecy m’esjouist, que vuide estant sa trousse
Tant de fois, il faudra que Vulcan se courrouce,
Et lors pour quelque temps je reprenday vigueur.

Deimier, Néréide, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1235815/f9.image


74 r° Le bruit des glaives :
Un bruit si copieux poussent de toutes pars,
Si ferme, espais, et dru de terrible constance,
Qu’il semble que ce soit l’horrible rebatance
De cent mille Vulcans et Cyclopes fumeux,
Forgeans les feux divins des foudres plus fameux…
a iiij r° « Au Roy »
a v r° Stances à la Reine
v° Stances à monseigneur le Dauphin
a vi r° A. A. Bosco Delphinas adresse des vers latins
deuxième livre : cannonade des chrétiens sur le sTurcs.
a x r° dans l’Argument du deuxième livre : « Aproche des deux Armées, où sont representées
maintes descriptions des canonnements et des fureurs dont les Canons se peuvent rendre
formidables en un combat sur la Mer. La charge et l’orage de l’Arquebuserie et des flesches.
Divers investimens des Galleres. » [Il me semble que l’argument — signé de « B. Alph. A. »
— ne comprend pas la disposition précise de l’artillerie dans ce poème.

Pontaymeri, La Cité du Montelimar, ou les trois prinses d’icelle, 1591


3 « A Haut, puissant et illustre seigneur, Monseigneur Desdiguieres, Conseiller du Roy en son
conseil privé et d’estat, Capitaine de cent hommes d’armes de ses ordonnances, et son
Lieutenant general aux armes de Piedmond et Savoye »
6 Un sonnet d’un certain Calignon
7 Un sonnet d’un certain « Expilli. » qui s’adresse à Pontaymeri en écrivant « Car le Bartas
est mort, cher priseur de tes vers »
17 « Forgeron de ton mal en tes propres fourneaux,
18 Ils te plombent les flancz de tes propres marteaux
39 « La France, qui toujours » blablabla : en fait c’est l’incipit du livre II !
[Pour le contexte : Saint Ferriol avec les Guisards… L’armée des Vivarais passe le Rhône…
La Ligue Dauphinoise rend ses derniers soupirs…
76 Là encore le soleil disparaît : L’on n’entend rien tonner qu’un sourd bruit de canons,
Qu’un foudre de caillous, tempestans à roulons. […]
L’on doubte, si les feus assoupis quelque fois
Permettront que des cieux la noirastre carriere
Se puisse rayonner en l’or de sa lumiere…
83 Comme les forgerons en leur grotte noiratre
Ou le fer, ou l’acier ne cessent de ba-batre,
Le sueil en retentit, et les ardens fourneaux
Assemblent leurs braziers au rechet des marteaux :
Ainsi, les ennemis d’une plus forte guerre
Horribloyent enragez semblables au tonnerre…
117 « Allons, je suis tout prest, comme tu dis, il faut
Marteler sur le fer cependant qu’il est chaud. [Réponse du seigneur du Poet au seigneur de
Blaccons
118 Du Tudesque l’acier par le Nort estimé,
Et l’airain de Calcis en Grece renommé,
Tout le fer que L’emnos produict en ses entrailles,
Dont le boiteux martelle a plain nos funerailles,
Fort peu seroit en blot pour estre comparé
A cil qui revestoit l’ennemi conjuré.
178 Aucun des assaillants a son debvoir ne faut :
Non mesme si les cieux des enclumes vomissent,
Et les nuaux espais en rochers convertissent. [Drôle d’image, cohérente avec les métaphores
métallurgiques mais peut-être surtout avec Hésiode-Ronsard
181 Le forgeron boiteux si drument ne martelle
Le foudre boute-feu, ni la masse rebelle
D’un harnois enchanté, que ces trois grands Seigneurs
Non pas moins en valeur les premiers, qu’en honneurs
Redoubloyent leur effort sur la gendarmerie… [C’est un obsessionnel de cette métaphore
Pierre Boton, Le Triumphe de la liberté royalle
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1010942
5 L’Artiste, qui bastit dans l’antre Lemnien,
Le carquan d’Hermione, et le char Delien :
Qui fit les traits flambans de la dextre sacrée,
Dont Juppiter deffit les soldats de Phlegrée,
Et qui subtillement fit les chesnons dorez,
Dont Venus et Mavors furent des-honnorez,
Ce Dieu environné de ses rudes Ciclopes,
Choisit ses Pyragmons, ses Brontes et Steroppes,
Et avec eux forgea à grands coups de marteaux,
De fin or le moyeu, le limon, les rouleaux,
Et la gente du char, qui porte l’immortelle,
Sur le tour des rouleaux brillamment estincelle,
Un rang de diamans, au lieu de cloux plantez
Dans chasque roüe sont douze rayons antez.
Apres que ce boiteux eut la couche taillée,
Et qu’il l’eut richement d’un azur esmaillée,
De quatre blancs chevaux il la fit atteler,
Qui comme un trait lasché font le coche rouler…
[C’est le char de Victoire

À Bordeaux, l'artillerie est une arme spectaculaire, mais à usage dissuasif, au service de cette
paix que cherche à défaire, dans « L'Ode à la paix », le dieu Mars devenu un peu forgeron lui-
même (antistrophe XV) :
Il se fache, il se tempeste,
Il branle, il hausse la teste,
Il pousse un souffler fumeux
Par le nés & par la gorge,
Ainsi que font dans la forge
Les soufflets du Dieu boiteux.34

La forge y semble, à l'intérieur de la société bordelaise, ce qui menace l'équilibre de la paix,


dans les tercets du sonnet « À Michel de Montagne Conseiller en la cour » :
Mais dequoi serviroit de plaindre son malheur ?
Si ce n’est d’augmenter le cours de ma douleur
Despuis qu’a nul remede elle ne veut entendre ?

Despuis qu’en sa fureur sa lache traison


R’aguise encor son fer, & souffle le tison,
Qui la doit remeurtrir & couvrir soubs sa cendre.35

Encore ne tient-elle ici qu'en deux vers. Même lorsqu'il en a l'occasion, le poète La Vallée du
Maine, dans sa Triplimachie, préfère passer sous silence cette marotte royale. Au détour d'une
métaphore épique, il rapproche en effet le savoir stratégique du roi et le savoir technique de
Vulcain, mais évite soigneusement de s'attarder (f. B iij r°) :
Mais Charles trop ruzé, au mestier de la guerre
A grands coups de canon, immitant le tonnerre
Que Juppin faict forger, dans l’antre de Vulcan,
34 Pierre de Brach, Poèmes, Bourdeaux : S. Millange, 1576,, p. 112 r°.
35 Pierre de Brach, Poèmes, Bourdeaux : S. Millange, 1576,, p. 137 v°.
Poursuit son ennemy, avecque tout son camp,
Le canon est bracqué, la muraille brisee…20
Il pourrait être permis d'y voir une image au moins malicieuse, si elle était isolée dans le
poème,
mais arts du feu et exploits guerriers sont un rapprochement fréquent sous la plume de La
Vallée du
Maine, comme quand Chastillon, l'infâme huguenot de l'Union,
Vint secourir les siens, il frappe chamaillant
Tout ainsi que Vulcan, sur le fer martelant
Ainsi comme l’on voit : sur le toit pesle mesle
Tomber & rejalir, mille gros grains de gresle,
Ou ainsi que l’on voit, deux cyclopes frapper
Sur l’enclume de fer, chamailler, marteler21.
note 19 : Samuel M. Carrington ne semble pas s'en apercevoir dans son édition critique des OEuvres poétiques,
tome II,
Genève : Droz, 1974, p. 280, et sa note indique simplement : « Cette ode pindarique est imitée du grand style de
Ronsard ; voir par exemple son éd. Crit., I, 108, str. 4 et III, 118, str. 6. »
note 20 : Michel de La Vallée du Maine, Triplimachie, Paris : Jean Durant, 1589. C'est une méchante habitude,
chez ce poète, de marquer la césure par une virgule, même agrammaticale.
note 21 F. C v°. « Chamailler » ne se lit nulle part ailleurs pour décrire le geste des cyclopes ; le mot est amené
par le
contexte guerrier.

L’Espagne conquise par Charles le Grand, 1597, Nicolas de Montreux, sur Gallica intra
muros, p. 42 :
Feragut le cruel s’emeult horriblement,
Qui n’est point offencé par aucun ferrement,
Dont le corps est plus dur, que l’acier & la pierre,
Dont le boiteux Vulcan forge le fier tonnerre, etc.
p. 59, la flamme du feu Gregeois :
Elle sembloit au feu que Mont-gibel desserre
De son sain ensouffré, sur la prochaine terre,
Qu’il brusle entierement, & qui n’exempte pas
Les Rochz plus endurciz d’un si cruel trespas

£Forge du texte :
Dans Gauthier de Chatillon, XIIIe siècle, Alexandri Magni, regis Macedonum, vita , per
Gualtherum, episcopum insulanum, heroico carmine elegantissime scripta, f. a iii v°, publié
par Johannes Adelphus en 1513, la seconde page parle d’un texte « excoctum diu studii
fornace »

La Péruse n’a pas seulement écrit des tragédies. Dans ses Poésies complètes, 1554, p. 70
[Slatkine 1867 p. 199], « Contre un injurieux poëtastre » :
« Ciclopes courageux, horriblez vostre ouvrage,
Esbranlez vivement vos bras laborieux
Et, sur l’enclume dur, à l’œuvre curieux.
Martelez obstinés vn rougissant orage.

Et toyy Dieu foudroyant, arme tes mains de rage,


Darde ce foudre ardant sur cest iniurieux ,
Monstre-toy maintenant, ô Dieu, plus furieux
Que tu n’estois vangeant des Terre-nés l’outrage. [Des Titans, enfants de Gaïa]

Et vous, gentiles sœurs, qui Parnasse habitez,


Vous et vostre Apollon contre luy irritez,
Irritez vos esleus à si iuste vangeance.

Sus, Poëtes François, sus doncq’ à ce butin,


Aigrissez vos escris, accablez ce matin,
Banissant par vos vers l'enuieuse ignorance. »
Ce qui est passionnant, outre le verbe « horribler », c’est que Médée dit la même chose dans
la tragédie Médée :
« Ciclopes courageux, horriblez vostre ouvrage,
Martelans d'ordre esgal un rougissant orage,
Poly d'esclairs brillans et de coins tous fendans!
Entremeslez parmi des tonnerres grondans!
Forgez des dards agus à la pointe estoffée,
Comme ceux que Jupin foudroyoit sur Tifée!
Trempez-les au profond des Avernales eaux,
Et que les pennes soient de Stimphales oiseaux,
Ou bien des chiens aislez, Harpies ravissantes
Le peché de Phinée horriblement vangeantes!
Et vous, Dieux des enfers… » etc.

Marot, AC, ÉPÎTRES, II L'épître du dépourvu à Madame la Duchesse d'Alençon, et de Berry,


Sœur unique du Roi.
« Crainte me tient, Doute me mène en laisse,
Plus dur devient le mien esprit qu'enclume.
Si ruai jus encre, papier, et plume… » v. 92-95

Ronsard Pléiade.
p. 162, la métaphore de la forge-écriture s’exprime en particulier par cette rime : « hommes,
dont l’enclume/A forgé tant d’escrits par l’outil de la plume »

Epitaphes Ronsard, p. 993 la cognée du bûcheron comparée aec le français, 6 vers

1615 Les Hieroglyphiques de Jan Pierre Valerian vulgairement nommé Pierius, éd. J. de
Montlyart, Lyon : Paul Frellon, 1615. 426 (dans Livre XXIII, chap. 43, « Silence »). Les
langues « véhémentes » sont des « langues di-je forgees sur l’enclume, pour user des termes
de Pindare, disant aux Pythies, que la langue ferree est indice de verité. Et de faict si lon forge
la langue à l’enclume, elle sera ferrée, et par consequent de tres-solide fermeté. Car le
mensonge est foible, dautant que le temps descouvre la verité. Et mesme encore dit on
aujourd’huy communement que la verité s’endurcit au marteau, ou qu’elle resiste par sa
fermeté au marteau, ce qui revient presque au dire de Pindare, à l’enclume.

1610 Pasquier, Les Jeux poétiques (1610), éd. Dupouy


Sonnet VI de la première partie, p. 118, deux derniers vers:
Dans son flambeau un petit Dieu je vis,
Qui de mon coeur faisoit une fornaise.
134-135 Elegie : si l'amour ne le rendait muet, le poète ferait de sa passion une épopée :
Je voudrois d'un haut style ores vous discourir […]
Les desirs, les espoirs qu'avez en moy enclos,
Et les estourbillons, le Chaos, la tempeste
Que vous avez forgé pesle-mesle en ma teste.
Mais puis que mon triste œil messager de mon cœur
N'a peu fleschir à soy vostre estrange rigueur,
Je penserois en vain rebattre mesme enclume
Si je voulois plonger en ce subject ma plume... (v. 7-18)
Et vers 67 : L'amour est un desir que l'espoir scait forger...
(s'adresse manifestement à sa dame)

Horace Art po
Quand on venait lire des vers à Quintilius Varus : "Je t'en prie, disait-il, fais cette correction,
puis cette autre." Répondais-tu que tu ne pourrais mieux faire, [440] que tu avais trois ou
quatre fois essayé en vain, il te disait alors de tout effacer et de remettre sur l'enclume les vers
mal venus.
Quintilio siquid recitares: "Corrige, sodes,
hoc" aiebat "et hoc"; melius te posse negares,
bis terque expertum frustra; delere iubebat
et male tornatos incudi reddere uersus.

La comparaison des poètes et des « artisans de feu », suggérée par Ronsard, est
ailleurs explicite. Ainsi dans la « Préface » posthume à la Franciade ; il faut parfois, dit-il
dans un passage sur l’elocutio du poème héroïque, orner son langage, et parfois non :
« car c’est un extreme vice à un Orfévre de plomber de l’or. Il faut imiter les bons
mesnagers, qui tapissent bien leurs sales, chambres & cabinets, & non les galetas, où
couchent les valets »10. Le bon poète est un orfèvre (et un intendant) qui sait hiérarchiser
les lieux et les oeuvres selon leur noblesse (peut-être la deuxième comparaison est-elle un
aveu que la première exprime seulement la moitié la plus noble de l’idée de l’auteur). Le
moindre défaut du poème « plomberait l’or » qu’est sa matière héroïque, puisque « la
mediocrité est un extréme vice en la Poësie, il vaudroit mieux ne s’en mesler jamais, &
apprendre un autre mestier »11, un métier qui, du fait de sa moindre noblesse, tolère la
part de médiocrité, comme l’état de « mesnager ».
Le rapprochement du travail poétique avec l’artisanat des fourneaux est sans
doute appelé, dans l’Abbregé, par une constante pratique poétique du lexique
métallurgique, qui semble venir aisément sous la plume de Ronsard comme « reflet des
fleurs » (P. Galand-Hallyn).

Dans le Troisième livre des Passetems enfin, le dieu artisan s’efface tout à fait dans le
quatrain intitulé, sur le mode de l’énigme, « Vulcan, Pallas, Erectee » (IV, p. 317) :
La nature ne peut faire
Ce que l’art assembler ouse :
Un enfant sans mere,
Un mary sans une épouse.
Illustrant par un exemple mythologique l’adage horatien poetis quidlibet audendi semper fuit
aequa potestas (Art poétique, 9-10), Baïf fait ici allusion à la naissance de Pallas (l’enfant
« sans mère ») d’une manière indirecte et sans nommer le dieu qui permit cet accouchement
contre nature, Vulcain.

caduc noble sujet 607 Dans le chapitre « Matière d'éloge », cite d'Aubigné qui se repent de ses
éloges princiers, sorte de « Ronsard repenti » :
Vous qui avez donné ce subject à ma plume,
Vous-mesmes qui avez porté sur mon enclume
Ce foudre rougissant aceré de fureur,
Lisez-le, vous aurez horreur de vostre horreur... Les Tragiques, II : « Princes », v. 9-12.
[Pour forge du texte

Jehan marot, Les Deux Recueils, éd. Gérard Defaux et Thierry Mantovani, 1999
« La vraie disant advocate des Dames », prologue, p. 94 : constatant qu’une querelle est faite
aux femmes,
« Ay, incapax et non digne de ce faire, entreprins de, selon mon gros et ruralit mestier, forger
et marteller sur l’enclume de mon insuffisance les harnoys, estocz, lances et escuz servans à la
deffence, louenge et victoire de l’honneur des dames… »

Pierre Enoc de la Meschiniere, La Ceocyre, Lyon, 1578.


37, « Sonet LIIII », un poème d’adynata : v. 9-10, rime plume/enclume :
Plustost le beuf tardif sera garni de plume,
Plustost la cire aussi amollira l’enclume…

Pierre Enoc, Opuscules poetiques, Lyon : Jacob Stoer, 1572


https://books.google.fr/books?id=cxN-
hVcyka0C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&
f=false
Tous les sonnets sont adressés, mais celui-ci malicieusement « A son lict, quand il estoit bien
malade » (f. c ij v°).
« Ode d’un chardonneret, duquel il fit present A.M.T.D.B.D.V. », f. G iiij v° :
Il est vray que quelque mois
On l’oit chanter son ramage,
Et si bien, qu’avec sa voix
D’en faire accords il fait rage :
Soit qu’il imite le son
D’une lime Vulcanique,
Soit qu’il chante sa chanson
Remplie d’art de Musique.
(il y a des partitions aussi dans ce recueil)
f. H ij v° : « À l’Envieux », dernier sonnet, deuxième quatrain :
Et avec un desdaing dont ton cœur est espris,
Tu les diras trop cours : ou bien que sur l’enclume
D’un docte forgeron, qui les fautes consume,
Ils ne sont martelez, ni limez, ni repris.
(La lime est donc présente à deux reprises ici)

Gérard Marie Imbert, Sonnets exotériques


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97562184/f45.image
comparaison technique, sonnet 44 :
J'ay fait veu de bastir une belle maison,
Dont la pierre et la chaux, la grave est la raison,
Et l'ancre est le mortier, ma plume est la truelle,
Le plomb et le compas sera le jugement.
Or jette un bon Demon si bien le fondement
Que l'oeuvre à fin venue en soit perpetuelle.

Dans Les Œuvres d’Alain Chartier, 1617, éd. Du Chesne, Octovien de Saint Gelais, f. b iij r° :
Je peu apres visitant ce quartier
Vis un Poete hault & scientifique,
Helas ! c’estoit feu Maistre ALAIN CHARTIER,
Doux en ses faicts, & plain de Rhetorique,
Clerc excellent, Orateur magnifique,
Comme l’on peut par ses Dicts tesmoigner.
Art si tres-bien l’apprint à besongner,
Qu’oncques Vulcan mieux n’ouvra sur l’enclume,
Que cestuy fist de papier & de plume. [J’avais placé cette rime comme caractéristique des
1530s mais Saint Gelais est mort en 1502…

https://books.google.fr/books?id=oMNbAAAAQAAJ
Melissi Schediasmata Poetica, édition augmentée, chez Arnold Sittartum,1586
24 r° « Ad Carolum Sigonium Mutinensem. » C’est un érudit qui a écrit sur la vie de Scipion
apparemment. Mutinensem = de Modène
Strophe.
Sic fortuito stella tulit radiosissimum
Pexa crinem, SIGONI, o & Mutinensium
Sidus aureum, o & gemmee Felsinae
Ocelle ; sic tulit (inquam) stella nupera
Ad te nescio quid mittere fumorum
Luculenti expertium foci. Vae mihi,
Si vapor ille densior tuo clarissimo
Perobscuram induit caliginem lumini
Vae mihi, si lampadis tuae fulgores
Spissa praestinguit nebularum mearum atritas !
Revoco, revoco sub incudem minus
Adfabre politas, ut decebat, laminas.
Scoriam pol excoquendum crassiorem,
Stricturae ut absistant tenuiores.
Antistrophe.
Illustriorem materiam mihi tu commoda
Artifex nobilisque & splendide, neve con-
verte gratiosum, sed preme pollicem.
Precabor Idaliam, ne non vicem sui
Fungens Mulciberis, vividiorem ignem
Construat ; qualem redauspicandis fibris
Ex casiaque surculisque turis creditur
In ara Solis adlucente Panchaïus
Saecula Phoenix superstes uls sexcenta
Excitare. ah ! flammane par nostra possit tuae
Reputarier ? ecquid imprudens rei
Opto ? non profecto, non amicum est numini,
Inferum chaos vel astris comparare,
Puro vel auro massulam orichalci.
Epodos.
Pone me, pone tenebricosis abstrusum
In locis, quo nec potis Eos rosea
Nec Phosphorus se candidus penetrare ;
Nae tibi me talem dedero, queicum
In tenebris mices. Ut fuliginosior
Statua videar annisque situque obsita;
Protinus simul ac tuorum unica rutilans
Ocellulorum obradiaverit scintillula,
Fulguris in morem, nubile & quidquid erit
Umbrae crepusculive discussa dabis.
At si Jove mortuo tu Juppiter fias,
Fulmine nos trisulco ferire cave.
TRADUCTION
Strophe.
Ainsi l'étoile penchée a entrepris, par Fortune,
sa très radieuse chevelure, Sigon, ô astre doré
de Modène, ô perle gemmée de Bologne ;
ainsi l'étoile neuve a entrepris (dis-je)
d'envoyer vers toi je ne sais quels
signes savants d'un feu brillant.
Que le diable m'emporte, si cette vapeur est plus dense
que ta claire lumière. Que le diable m'emporte,
si la dense noirceur de mes brouillars éteint
les éclats de ton flambeau. Je rappelle,
je rappelle sous l'enclume mes feuilles de métal
Moins habilement polies qu'il ne convenait.
Il est vrai, la crasse est plus dense quand on la recuit,
et lorsqu'ils s'interrompent, les écrits sont plus minces.
Antistrophe.
Prête-moi une plus illustre matière,
toi l'artisan noble et splendide,
et ne te détourne pas de ton obligé, mais approuve-le.
Je prierai la déesse d'Idalie, qu'elle ne refuse pas,
s’acquittant du lot de son cher Mulciber,
d’attiser un feu plus vivace ; en retirant l’auspice des fibres
du laurier et des drageons d’encens, le dieu de Panchée [Pan], dit-on, l’excite
à l’autel illuminé du Soleil, Phénix traversant au-delà de six cent siècles.
Ah ! Notre flamme compagne de la tienne pourrait-elle [reputarier †] ?
Ai-je fait un choix imprudent ? Non, ce n’est pas aimer la puissance,
pas du tout, que de comparer le chaos infernal aux astres,
ou une miette de laiton à de l’or pur.
Epode.
Abandonne, abandonne-moi retiré dans des lieux ténébreux,
Où ni la puissante rose d’Eole
Ni le Phosphore candide ne sont entrés ;
Je me consacrerai à toi certes, qui te mêles à moi dans les ténèbres.
Que je paraisse une statue plus étincelante à l’abri
Des ans et de la crasse ;
À l’instant même où ta seule étincelette rutilante de tes yeux aura ébloui,
À la manière d’un éclair, les nuées et quelque ombre ou quelque crépuscule qu’il sera,
Tu l’auras dispersé.
Et si Jupiter mort, tu devenais Jupiter,
Epargne-nous les coups de ton foudre à trois pointes.

£Gigantomachie
Robert Le Rocquez, Le Miroir d’eternité, Caen : Pierre le Chandelier, 1589. Après un milliard
de pièces liminaires élogieuses, p. 18 v°, une gigantomachie :
Lors le boiteux Vulcan bien tost allume
Par ses Broutins, & forge sur l’enclume
Dedans sa forge, & salpestreux fourneaux,
Fouldre & tempeste à grans coups de marteaux.

BHR 29 (1967)
Françoise Joukovsky-Micha, « La Guerre des dieux et des géants chez les poètes français du
XVIe siècle (1500-1585) », p. 55-92.
55 Homère et Eschyle ont déploré l’hybris des géants, Pindare et Horace leur rusticité
barbare, Lucain et Macrobe leur impiété.
60 Jusqu’à la Pléiade, la « beauté plastique » de la scène est négligée par les poètes français
au profit du sens rhétorique ou chrétien de l’allégorie. 63 Au contraire, les poètes latins usent
d’images antiques ; les Géants sont « anguipedes » ou « serpentipedes ». 65 Mais Joukovsky
leur fait le reproche d’être trop rhétorique et pour cela, d’avoir failli à influencer la poésie
française de la titanomachie. 71 Chez la Pléiade, où la titanomachie est partout, elle sert bien
souvent, comme chez Ronsard, à dénoncer la Réforme sacrilège. 82 Pour Joukovsky l’intérêt
des poètes de la Pléiade pour les potentialités plastiques de la titanomachie se lit à travers
notamment le sublime volcanique et les scènes d’incendies, tandis que les productions néo-
latines sont « monotones ».

£Humanisme

((L’image de l’enclume infernale chez Calvin, Des scandales, 1550, p. 187 : « Je vien à un
autre espece de detractions, laquelle ne se forge pas seulement en une mesme boutique de
Sathan, mais quasi sur une mesme enclume. »))
((Guy de Brués, 1557, p. 200, « Zenon ne vouloit point qu'on edifiast des temples, parce qu'ils
doivent estre saints, et toute oeuvre mecanique est vile »))
((Les Esprits, Pierre de Larivey, « Qui voulez vous donc qui ayt ainsi gasté le bon naturel de
mon frere, et qui de liberal l'ayt faict si mecanique ? »))
((Antoine du Saix, La touche naifve pour esprouver l’amy et le flatteur, 1537 : « Finablement,
cella est mechanicque et ne tient rien du noble ny du hardy, quand l'on est sobre n'oser parler
franchement et à la table [c’est-à-dire saoûl] parler hardiment : c’est à faire aux chiens… »))

Rabelais Pléiade Huchon 1994


Gargantua, chapitre XXIIII, « Comment Gargantua employoit le temps quand l’air estoit
pluvieux », p. 71
Gargantua joue aux osselets.
« En y jouant recoloient les passaiges des auteurs anciens es quelz est faicte mention ou prinse
quelque metaphore sus iceluy jeu. Semblablement ou alloient veoir comment on tiroit les
metaulx ou comment on fondoit l’artillerye : ou alloient veoir les lapidaires, orfevres et
tailleurs de pierreries, ou les Alchymistes et monoyeurs, ou les haultelissiers, les tissotiers, les
velotiers, les horologiers, miralliers, Imprimeurs, organistes, tinturiers, et aultres telles sortes
d’ouvriers, et par tout donnans le vin, aprenoient, et consideroient l’industrie et invention des
mestiers. » C’est sous l’institution de Ponocrates qui réforme radicalement l’étude de
Gargantua.

Dans sa Micropédie (Lyon : Jean de Tournes, 1546), Jean Paradin réserve une bonne place à la
traduction, en quatrains de décasyllabes français, des cent distiques moraux de
l'Hecatodistichon de P. Faust Andrelini36. Le recueil d'Andrelini, d'abord publié en 1512 et
envoyé à Jean Ruzé, trésorier des finances de Charles VIII pour le remercier d'une forte
pension que le roi lui faisait payer, connut de très nombreuses réimpressions, dont celle de
1535 (Paris : P. Gromorsum) assortie de commentaires de Jean Vatel. Or dans un distique
misogyne, le poète imagine la tête de femme « refondue » dans un fourneau (f. 5 v°) :

Caput foemineum
Non si foemineum crebro caput igne refundas,
Ingenii mutes prima metalla sui.

Jean Vatel, dans le commentaire qui suit les deux vers, en explicite d'abord le présupposé
métallurgique, avant de prolonger la métaphore :

Quo saepius metalla excoxeris fuderisque hoc de fecatiora puriora ac meliora


reddideris : si caput foemineum refuderis centies, nihilo plus effeceris, quam si caput
asini lotio abluas : si laterem laves. Nempe immutabile, infractabile, & longe omni
metallo durius. Tantae absolutionis, atque integritatis erant, ne dicam soliditatis : ille
Adami crates, unde mulier efficta est.

Après avoir traduit les distiques sur « Les putains » et « Les femmes », Jean Paradin donne
pour celui-ci (p. 48) :

O Reffondeur, quand bien tu reffondrois


Cent fois le jour la teste d’une femme
(Comme metal) jamais ne parviendrois
A luy changer le sien esprit infame.

La traduction semble d'abord appauvrir le latin : l'originalité de l'expression « prima metalla


ingenii sui » (« la matière première de son esprit ») s'est perdue. Pourtant la traduction
expressive de « crebro » par « cent fois le jour » permet une entrée de plein pied dans la
routine des journées à la forge, ce que suggère aussi l'apostrophe amicale : « Ô Reffondeur ».
Le poète de 1546 s'adresse à l'artisan, quand celui de 1512 imaginait (avec une pointe d'ironie
et une tonalité burlesque sensible) que son lecteur érudit emprunte, le temps d'un « si... », les
outils rustiques de l'ouvrier.
Entre les deux versions du distique, un discours de transition s'est glissé : c'est le discours
scientifique de Jean Vatel, qui, par le miracle du subjonctif, et dans une tonalité non plus ironique ni
burlesque mais didactique, imagine lui aussi la possibilité que son lecteur expérimente lui-même
(« excoxeris fuderisque ») la cuisson et la fusion des métaux. Ainsi, chez le poète comme chez le
savant, « l’éveil de la curiosité scientifique a été provoqué par les premières connaissances de la
matière et des phénomènes naturels acquises par les techniciens », comme l’écrit Maurice Daumas, qui
36 Voir le catalogue de La Rimerie [URL : https://larimerie.org/textes/paradin-jean-micropaedie/, consulté le
7/11/17].
ajoute : « [e]n retour la science n’a été que d’un secours extrêmement faible au progrès des techniques
jusque vers le XVe ou XVIe siècle de notre ère »37. Cette curiosité nouvelle entraîne une proximité
sociale nouvelle entre le poète et l’artisan. Dans un mouvement très progressif qui commence au XV e
siècle, la « prétention de certains milieux artistiques à s’élever au niveau des arts libéraux (testament
de Ghiberti), et, inversement, l’intérêt de certains milieux scientifiques pour les applications du savoir
et les recherches d’expérience » entraîne une « décompartimentation » sociale et scientifique38.

£Etat Mécanique
Les premieres oeuvres françoyses de Jean de la Jessée, A Anvers, de l'imprimerie de
Christofle Plantin, 1583 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70472c/ Vers le début, les
Cyclopes se taisent pour la naissance du roi. **

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86263675/f140.image Oeuvres Amadis Jamyn


111v Ode
Comment une ame gentile
Seroit en ce mal-habile,
En ce lourdaut, en ce fat,
Qui a les jambes tournées
Comme un Vulcan façonnées,
Et pour baze un gros pié plat ?
Je le voy la sale beste,
Je le voy la grosse teste,
Il nous guigne de travers :
Qu’il puisse aller sous la terre
Bien tost soustenir la guerre
Et des tignes & des vers.
Un « Discours à M. de Pimpont » se plaint de la folie des hommes de son temps : 253v
Nous en voyons que la fureur allume
Plus que le fer qui se bat sur l’enclume.

Les Sonnets de Nicolas Ellain, Paris : Vincent Sertenas, 1561.


p. 27 v° : satire d’un religieux, « frere » qui fait des mots d’esprit. Tercets :
Il ayme bien l’argent, aussi c’est son mestier
D’en vendre, d’en changer, d’en fondre & manier,
Sur tout il ayme bien les femmes & les filles.
Sa femme il ayme bien, son bon vin, son argent,
Et son mestier, auquel il est fort diligent,
Je croys qu’il ayme mieux encor le jeu de quilles.
Page suivante :
Le tourment des Jaloux, qui boult dans leurs cerveaux,
Comme le feu enclos dedans une fournaise…

£Métaphore technique
37 Histoire générale des techniques, dir. Maurice Daumas, coll. « Quadrige », Paris : PUF, 1996 [1964], t. 2 :
Les premières étapes du machinisme : XVe-XVIIIe siècle, « Introduction », p. XIV.
38 Ibid., p. 4.
Les premieres oeuvres françoyses de Jean de la Jessée, A Anvers, de l'imprimerie de
Christofle Plantin, 1583 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70472c/
37 Ronsard est associé à la perle donnée aux pourceaux. La bonne louange et la mauvaise
louange.
133 Henry d’Angoulesme et les tercets finaux qui appellent à endurer :
Ne t’en estonne, Henry ! bien qu’asservy je soy,
Tel vit en liberté, qui est plus serf que moy :
Et me puis dire encor semblable à la coignée,
Qui moins s’use à couper, plus son fer est batu,
Et s’endurçit aux coupz, plus est embesoignée :
Qui jamais, sans travail, esprouva sa vertu ?
153 « Sus donc, mon Ame triste, il te faut esjouyr ! » derniers vers :
« Lors qu’en doubte on s’attand à quelque effait nouveau,
Ce n’est pas s’asseurer de la chose future :
C’est estre (comme on dit) entre enclume, & marteau. » (choix étrange de terminer le sonnet
sur ce proverbe).

Les Premières œuvres poétiques, Martin Spifame, Paris : veuve Lucas Breyer, 1583.
Le premier poème, un « Sonnet au Roy », p. 4 :
L'Ambition, l'envie, & la fureur saccage
Sans aucune mercy, ce grand peuple François :
Jusques dans nos maisons Mars & Vulcan, je vois,
Mettre à feu & à sang, nous & nostre mesnage.

Concordance Agrippa d’Aubigné


I, v. 739 « puissante à forger »
VI, 628 « forgeur de fausses paix »
II, v. 10 « porté sur mon enclume »
Pas de « forgeron » ni de « marteau »
Tenailles : IV, 323 ; 608 ; 882 ; VI, 206 ; 329
« tenailler » : I, 350
« fourneau » : IV, 940 ; VII, 94 ; 417 ; 934
C tt lol

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k83812j
Du Monin, Uranologie, Paris : G. Julien, 1583.
Après avoir repéré les arguments de ceux qui disent qu’il y a plus d’élément eau que
d’élément terre, Du Monin les réfute un par un. L’argument qu’il y a plus de poissons que
d’animaux terrestres est ainsi réfuté, f. 11 r° :
Leur quatrieme argument marche d’un pied boiteus :
» Car l’Element compé prés des celestes feus
» Ne se dit nourricier d’aucune vive essence,
» Sinon que la Pyrauste y fasse residence :
Toutefois de Vulcan la brulante maison
L’hotel Junonien passe à grande raison.
C’est-à-dire qu’il n’y a aucun animal qui vive dans le feu à part la salamandre, et pourtant il y
a plus de feu que d’eau (rapport au soleil, cf. sphères chez Mandosio). Ensuite Du Monin
s’oppose à Copernic sur la rotation de la Terre : car la vitesse de rotation (1 journée)
dépasserait celle des boulets de canon, des oiseaux, etc : rien ne tiendrait dans l’air (il manque
la théorie de la rotation de l’air autour de la terre…) Ensuite il avance une autre théorie : si la
Terre tournait, elle ferait un bruit pas croyable, pareil au bruit d’un soufflet de forge (17 r°) :
Ne vois tu le petard que la main enfantine
Fait au vuide bondir ! ou quand sur la poitrine
L’arbalette afutée elance au nerf souflant
Une fleche empanée, un tret vite-volant ?
Ne vois tu quand un vent saillit hors de la bouche
D’un souflet Lemnien paissant le feu qu’il touche :
N’ois tu le bruit plaintif que fait ce souflant aer,
Marri qu’un tel efort le vienne detramer ?
Si doncques l’air frapé de legere secousse
Hors de ses flans irés un cri si roide pousse,
Quel foudreus mouvement fera l’horrible tour
De notre sejour rond ravageant tout autour…
f. 146 r° « Le charpentier de ce grand univers » pour parler de Dieu.

Les secondes œuvres de Boyssières : Meslanges, 1568


1 r° « enclumé » pour dire de Monsieur d’Anjou qu’il est auréolé de gloire.
74 r° « A Loys Vivant sur l’excellence de sa femme, Quatrain » :
Ton esprit, ta voix, ta plume,
Invente, prononce, escrit,
Si que par voix, plume, esprit,
Tu t’avive, engrave, enclume.

Les Troisiesmes œuvres de Boyssières : Meslanges, 1568


Un sonnet d'éloge de La Tessonniere porte finalement sa devise Unusquisque suae fortunae
faber. (f. 4 v°)
[Violence du tampon rouge plusieurs fois imprimé : « Bibliothèque Impériale Impr ».
Il y a des « Prieres en piramide renversees », c'est très étrange, c'est des calligrammes.

Les muses incognues ou La seille aux bourriers plaine de désirs et imaginations d'amour :
réimprimé textuellement et collationné sur l'exemplaire existant à la Bibliothèque de l'Arsenal
à Paris ([Reprod. en fac-sim.]) / recueil de poésies satyriques de Béroalde de Verville, de Guy
de Tours, de Gauchet, de Berthelot, de Motin, etc [1604]
Et p. 55-56, un « Portrait de Pamphage » en ogre qui ne cesse de manger, s’adresse à
l’enlumineur qui devra tremper sa plume dans du vin :
« Fais luy le nez gros et camard,
Flambant comme un charbon, qui ard
Au milieu d’une chaude braise
Qu’allume un Bronte en sa fournaise. »

La Génération de l'homme et le temple de l'âme, avec autres oeuvres poëtiques extraittes de


l'Esculape de René Bretonnayau, 1586, gallicaintramuros
33 r° un discours sur la stérilité est l’occasion de plusieurs comparaisons avec des métiers :
Il advient quelque fois que le fond est fertil,
Mais c’est le laboureur qui a faute d’outil,
D’une bonne charrüe, & d’un soc fort & roide,
Dont la trempe ne soit trop chaude, ny trop froide,
Ou l’acier n’a esté espargnement batu,
{v°} Qui n’est trop deslié, biaisant, ny tortu…
34 r° : sur le même sujet :
S’il faut, lors qu’il l’eslance exerçant ce mestier
Vrayment on peut bien dire, il n’est pas bon ouvrier.
Que sa mine n’est pas d’une loyale estoffe, [sens de « mine » ici ??
Ou qu’il tient au fourneau qui trop ardent l’eschauffe,
Et la brusle & dissipe.
p. 34 v° : parfois c’est la femme qui est la cause de stérilité :
Or quelque fois aussi & plus souvent il tient,
Au moule qui mal faict ne reçoit ny retient
Du fondeur la matiere, ou qu’estoicte est l’entree
De la basse goulette, ou qu’il s’est rencontree
Une haye au passage au travers du canal,
Signe qu’encor’ entier est le ceint virginal.
41 v° Vénus frotte son corps comme Amour aiguise ses traits : le corps de Vénus semble
L’enclume mesmement où ses traits forge amour…
Le Cœur ou le soleil du petit monde 95v
Quel Démon dedans moi bondissant se mutine ?
Qu’est cela qui ébranle & secoue ma poitrine,
Et semble que tout rompre il veuille dans mon corps,
Me fendre l’estomac pour en sortir dehors ?
Ah ! C’est donc toi, mon cœur….
Le Foye, 104r :
Vray est que tu n’es pas ny le commencement,
Ny le premier motif, ains de Dieu l’instrument :
Qui meut tout & vigore, & la cause seconde
De tout ce qui se forge en l’arsenac du monde.

£Mine oublis
Marc-Claude de Buttet, Œuvres poétiques, tome II Poésies diverses, Slatkine 1969
L’ode XIIII « À Jean de Piochet » dans le second livre, s’oppose à l’âge d’or que son cousin
Jean de Piochet louait comme dénué d’artisanat :
« Encor le fer, nerf de la guerre,
Et l’or, plus nuisant que le fer,
Ne faisoient éventrer la terre
Jusques au tenebreux enfer. »
Cette strophe est du discours rapporté de Piochet. Lequel n’est nullement poète, contrairement
à l’opposant de Clément Marot dans l’AC, dans la querelle des rondeaux. Buttet répond que
nous sommes dans l’âge d’or puisque tout le monde ne fait que de chercher à s’enrichir (ce
n’est pas un hasard si l’ode précédente est adressée à Ronsard).

Michault Taillevent : un poète bourguignon du XVe siècle / édition et étude [par] Robert
Deschaux, Droz 1975
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k16116
« Dialogue fait par Michault de son voiage de Saint-Glaude, p. 57 :
– Or me conte du sel la guise ;
Comment se fait-il ? – Par chaufer :
Ly ung souffle et l’autre ratise
Dessoubz grans chaudieres de fer.
Ce semble leens ung enfer !
La stragule est congrue. (sic)
– Tu l’as bien veu, tu n’es pas grue.
[C’est un dialogue entre qqn qui a vu et qqn d’autre qui n’a pas vu Saint-Glaude. Pour les
deux derniers vers la note précise : stragula, ae : lit, couche. Saunerie de Salins connue depuis
le Moyen Age ; le bois sert à chauffer l’eau salée, le sel est obtenu par évaporation ; traduction
des deux derniers vers : la couche, en ce pays, est toutefois convenable (il manque 2 syllabes,
peut-être une conjonction d’opposition) – Tu l’as bien vu, tu ne dors pas debout comme la
grue.

Or, monnaie, échange dans la culture de la Renaissance


Michel Perronnet, « De l’or, splendeur immatérielle », p. 45-58
46 Vers 1500 L’Europe est pas dépourvue d’or, 3564 tonnes d’or surtout africain et 34527
tonnes d’argent de Hongrie et Bohème surtout (monts métallifères). XVIe : arrivent en Europe
des amériques 150 tonnes d’or et 7500 tonnes d’argent. p. 47 « Autour de 1550, le réseau
minier est mis en place » (élégamment dit).
49 Les Espagnols ne frappent pas que des indiens mais aussi la monnaie : la première de
Philippe II ne contient aucun or de Potosi, mais la dernière émission du règne (1597) est
entièrement en or potosien ; grosse évolution.
Il y a des pages sur l’échange non-économique entre les amis rabelaisiens par Ulrich Langer.
p. 145-157, « Origine, échange, enrichissement ; Texte, traduction et glose sur les âges du
monde : Ovide, Marot, Aneau », Jean-Claude Moisan
p. 150 Il y a simplement la note que chaque poète réinterprète ce mythe et s’appuie sur des
gloses antérieures ; la glose de Mélanchthon étant surtout « successu temporum omnia in
peius ruant », tout va de mal en pis ; on comprend que Ronsard, pas protestant pour un sou,
voie dans les rois catholiques un espoir de renouveau possible de l’âge d’or.
« La transaction poétique chez Ronsard », Simone Perrier, p. 199-212
199 Le « don du poème » ne va pas sans paradoxes à la Renaissance et Ronsard est celui « qui
sans doute en a le mieux exhibé les contradictions ». 200 Ronsard a sans cesse mis en scène la
fiction d’un marché de la poésie juste et éclatant, « assurant au poète agréé un salaire de
nature indissolublement matérielle et spirituelle ».
202-3 Mais cette institution n’existe pas, d’où un démenti parfois dans la même pièce, le
poète pratiquant « troque pour troq » (III, 3, 472, ce sont les chiffres de l’édition grise en
douze mille volumes) qui sait « que vaut le chou » (XV, 23, 172). « affleurement invincible du
langage de la vente, du gain et de l’investissement calculé » qui a des vertus comiques ou
démystificatrices.
207 En réalité, désespérant de la générosité du destinataire, Ronsard établit une double
énonciation et s’adresse toujours aussi au public, dont il fait la preuve et comme le notaire de
cette transaction. 209 Son poème est toujours un cri d’orgueil d’animal blessé, la re-création
d’une figure de poète inspiré et reconnu toujours fuyante.

Pont-charra
« Hymne à mondit-seigneur le Duc d'Esdiguieres » dont le poète décrit l'armée, p. 20 :
Je voy là des soldats venuz de la Ferriere
De Teis, & d'Alevar plantez sur la frontiere,
Dont les mons herissez couvent dedans le sein
Mainte grasse miniere & de fer & d'airein. [logique vu le nom du lieu

Penser la technique autrement, XVIe-XXe siècle. En hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, dir.
Robert Carvais, Anne-Françoise Garçon et André Grelon, Classiques Garnier, 2017. Marcus
Popplow, « Nouveau, utile et ingénieux. Les ingénieurs de la Renaissance, inventeurs d’un
discours sur la technique », p. 59-72.
Quand on parle d’ingénieur, j’ai l’impression que ça ne me concerne pas, sans doute parce
que c’est un début : 61 « Les ingénieurs de la Renaissance furent en effet les premiers à
formuler un discours […] sur la signification sociale des machines […], une interprétation
idéalisée étayée par quelques stéréotypes » (ça décrit bien le mémoire sur les mines d’argent
de François Garrault, 1579).
66 Les livres techniques de la Renaissance débattent du lien nature/technique : selon la
science grecque, la technique lutte contre la nature (par exemple une grue contre la gravité),
mais cet énoncé a toutes les chances d’être mal perçu à la Renaissance. Ainsi il y eut des
subterfuges. « En réaction, les ingénieurs expliquèrent la relation entre mécanique et nature
comme harmonique, ou présentèrent la mécanique comme la finalisation des opérations que la
nature n’arrivait pas d’elle-même à accomplir. Sans discuter en détail cette transformation
complexe, on peut y voir un exemple paradigmatique de la manière dont les médias du début
de l’ère moderne […] ont eu pour effet une réinterprétation des notions et énoncés
traditionnels. »

Hiro Hirai, Le Concept de semence dans les théories de la matière à la Renaissance de Marsile
Ficin à Pierre Gassendi, Brepols, 2005
27 logoi spermatikoi, rationes seminales : c’est la cause séminale. 133Agricola nie la vie des
métaux. 134 Mais l’un des plus grands admirateurs d’Agricola, Cardan, n’a pas manqué de
revenir à la vie et à l’âme des minéraux.

Lyon est sans conteste la ville où le sentiment d'appartenance des poètes à une communauté
des « ouvriers » est la plus forte, et explique les inspirations hésiodiques de poèmes « des
travaux et des jours », tels Les Hymnes du temps et de ses parties, de Guillaume Guéroult
(Lyon : Jean de Tournes, 1560), qui évoquent incidemment les travaux de la mine (« Hymne
de mars », p. 44) :

L’homme avare fuyant le fardeau rigoureux


De vile povreté, sur le dos de l’onde erre,
Pour des mores lointains piller l’or plantureux,
Et le fin diamant arracher de la terre.

Est-ce aussi la paresse qui a laissé sans suite le Premier livre des Météores de Baïf ? Baïf
semblait déjà peu décidé à aborder la connaissance technique des métaux et des pierres, qu’il
annonçait dans l’épître « À Caterine de Medicis, Royne mere du Roy », (II, p. 2), en des
termes particulièrement dysphoriques :
Et pourray dire apres les venes des perrieres,
Et des metaux fouillez les maudites minieres,
Ce que la soif d’avoir ne pouvant s’étancher
Nous a fait aux boyaux de la terre chercher.
Baïf exprime là une déploration topique qui aurait pu être nuancée par la curiosité scientifique
du poète pour le savoir des métaux, et qui ne l’est pas. Bien au contraire, elle est réitérée au
quatrième livre des Poemes, dans la pièce « À Nicolas Nicolai » (II, . p. 206) : énumérant les
misères humaines (« J’ay grand’ pitié de nôtre race humaine... ») il en vient en particulier à la
mine : « Lon a cherché dans le terrestre ventre / Le dur acier ».

La déploration de l’âge de fer, dernier motif ronsardien donne lieu chez Du Bellay, dans
L’Olive à un diptyque qui tisse ensemble la dénonciation du fer et celle de l’or (sonnets CI et
CII) :
O que l’Enfer etroitement enserre
Cet ennemy du doulx repos humain,
De qui premier la sacrilege main
Arracha l’or du ventre de la Terre !

Cetuy vraiment mena premier la guerre


Contre le ciel, ce fier, cet inhumain
Tua son père, & son frere germain,
Et fut puni justement du tonnerre.

O peste ! ô monstre ! ô Dieu des malefices !


Par toy premier la cohorte des vices
Sortit du creux de la nuit plus profonde.

Par toy encor’ s’en revola d’icy


L’antique foy, & la justice aussi
Avec l’Amour, l’autre Soleil du monde.

Lire : Les Terres creuses, bibliographie commentée des mondes souterrains imaginaires de
Guy Costes et Joseph Altairac.
Introduction du professeur I.F. Clarke, postface de Serge Lehman.
Editions Encrage, 800 pages (ISBN 2-251-74142-9)

Bernard Palissy, Recette véritable (1563) [La Rochelle : Barthélémy Berton], éd.
Christian Barataud et Frank Lestringant, Paris : Macula, 1996. 179 Après un long
discours, Réponce conclut : « Toutes ces choses m'ont rendu si amateur de l'agriculture
qu'il me semble qu'il n'y a trésor au monde si précieux ni qui dût être en si grande
estime, que les petites gittes des arbres et plantes, voire les plus méprisées. Je les ai en
plus grande estime que non pas les minières d'or et d'argent. »

Voir aussi livre I Augurelli/Habert

Dans une ballade le « Prince » est simplement celui qui préside le puys. Cela ne veut
nullement dire que c'est un genre mondain !
A. de Vergy, Les Douze Dames de rhétorique, Moulins, 1838 : f. 16 v°, le discours de
Science qui dit en vers que la rhétorique va partout même sous les mines... **

** Gérard Gros pour Parmentier, dans Le poème du Puy marial

Voir https://www.persee.fr/doc/palla_0031-0387_1981_num_28_3_1123
90 Dans l’Antiquité, la mine est un espace montagneux. 91 Or les Anciens n’aiment
guère les montagnes, comme ils ont une sainte horreur des forêts. Ce sont des espaces
« stériles » et « sauvages ».

Alexandre de Pontaymeri, Le Roy triomphant : Gallica


https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k123774k
Pour Muses mussées: 73 Dans un discours sur « L’Hespaigne », montrant combien l’Espagnol
« est moins chrestien que le Turc »…
Il semble que pour l’or qu’il tire avarement
Des esclaves Indois il ayt un firmament.
Parseme de doublons : et la flotte d’Indie,
Ny le tribut qui vient en sa chaude Hesperie,
Chaque an ne peut valoir douze cent mille escus.
Et sil ne contraignoit les Indiens vaincus,
D’entrer, aux mineraux, et servir sans salaire
Il n’auroit pas dequoy cent mille escus y faire.
Le travail est plus grand que le profit cent fois,
Outre que l’on ne peut y recouvrer du bois, [La France se targue de forêts plutôt que de mines
74 Qu’au mesme prix de l’or : joinct qu’a douze cent milles
Qui disent six cent lieux il faut aller aux Isles,
Y cercher le charbon et les buches ainsi,
Qu’on recerche au Peru l’or apporte-soucy.
75 […] Voilà quant à l’Indie : ores il faut parler,
De l’Hespaigne, et bien loing du Peru s’envoler.
Car tout l’or Peruan, et la terre sauvage,
Ne vaut pas sans mentir, l’insulaire Broüage.
Broüage dont le sel, au Prince conservé,
76 Fut mesme par Thevet, en estime approuvé [C’est ici le passage des Indiens qui se
réfugient dans les montagnes pour pleurer.

£Onomastique
Hors-sujet : Johan Van Der Does, apud A. Cloucquium, 1607 https://books.google.fr/books?
id=lSAC3Rp8TekC&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
« Ad Bon. Vulcanium, edentem librum Aristotelis & L. Apuleij DE MVNDO, Carmen ex
puris Imabis », p. 144 c’est adressé à « Bonaventura Vulcanius », comme la pièce suivante.
Rien à voir avec Vulcain donc…
Adesa qualis inter antra se occulens
Situque squaleque obsitus,
Senectam ut anguis exuit leberida
Et alteram induit novam,
Aprica prata vere primulo petit.
Vel ut rigore in aspero
Vbi omnis amnis invio horruit gelu,
Relaxat arva mox tepor,
Caputque mundus exerit venustior.
Item ille, qui scaber prius
Jacebat, aque putrilagine ac situ
Priore principis tua
FABER BEATE, vindicatus est ope,
Repente MUNDUS exilit
Novus, suumque iam obtinere denuo
Reapse nomen incipit.
Reciprocae hoc volantis aetheris vices,
Vindensque cuncta siderum
Frequens chorea Lydios rotat modos
Poli nitente fornice.
Adhaesionibusque nexa mutuis,
Vagantium ignium cohors;
{145} Jovisque, Falciferque, & Hesperi inbar,
Paterque Romuli, & satus
Atlante, tuque flammeis vagans equis,
Cui omnis aethra militat,
Ocelle Mundi & astrici decus gregis
Apollo, tuque Cynthia
Triplex, polumque citima ambiens face,
Cui ardor ignium subest.
Ati ma pendet, in suoque stat statu,
Marisque clauditur salo hinc
Et inde Terra ; duplici unde se ferens
Vapore tenuis halitus
Ad aëris sola humidasque subjices
Deum, alter ex anhelitu
Aquarum, a tille surgit aridis locis.
Enim inde grandines, nives,
Rapaxque nimbus ; hinc Diespitris cadunt
Trisulca tela, vortices,
Procella, turbo, vis corusca fulguris,
Ruentis & poli fragor.
Faces omittam ut, atque siderum comas ;
Viden’, loquantur omnia ut
Perennidaedali Architectonis manum ?
Ad hoc id omne quod prius [note : Allusum ad versus Empedoclis ab Aristotele citatos.]
Fuit, quod esse nunc videmus, atque mox
Futurum, originem trahit ;
Viri, ferae, alitumque secla plumea,
{146} bref la suite est là :
https://books.google.fr/books?
id=lSAC3Rp8TekC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=one
page&q&f=false
Ensuite dans la section « Epotopaignion », le « Carmen 1 » chante la toute-puissance de
l’Amour, dont même Jupiter a éprouvé les traits :
Juppiter, invisum quid cessas perdere Amorem ?
Captus enim flesti tu quoque saepe Deus :
Fulmina quid cessant, manibus fabricata Cyclopum,
Ignibus excussis currere utroque polo ? [aux deux pôles]

Jean Girard, Stichostratia epigrammatΩn centuriae quinque, « Camino Inscripserat »,


épigramme LXXI, Lyon : Pierre Fradin, 1558
6v :
Ut nullo posit lachrymas educere fumo,
Assiduo ridere meus solet igne Caminus.
(Afin que personne ne verse de larmes à cause de la fumée,
Mon Caminus a l’habitude de rire d’un feu nourri.)
Et dans un recueil intitulé Assonae Sequanorum Dicastae Carminum libri sex, idem
8v Ode XII
… Nostros ange animos aequo, etiam & bono,
Nec non omnigenis artibus instrue,
Quae te unum sapiunt, atque cavent stygem :
Sic celsum digito pollum. …
Tout le reste de Jean Girard est inutile.

Les pièces liminaires de La Boderie font toutes le jeu de mots avec le « fevre »...

£Orfèvrerie
Les premieres oeuvres françoyses de Jean de la Jessée, A Anvers, de l'imprimerie de
Christofle Plantin, 1583 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70472c/ 308 tout le sonnet « Sur
un Pendant-d’oreille perdu », sur une boucle d’oreille en or.
334-335 Un sonnet satirique commence par :
LYSE se pare ainsi qu’une Deesse,
Riche, pompeuse : & mesmes les vendeurs,
Passementiers, Orfeuvres, & Brodeurs,
Sont empeschez pour l’orner de richesse.

Marc-Claude de Buttet, Œuvres poétiques, tome II Poésies diverses, Slatkine 1969


Ode II « à la Reine » (Catherine de Médicis, femme de Henri II).
« Comme un orfeuvre industrieux
Qui, d’un burin laborieux,
A un grand hanap d’or découppe
Les costes, puis, en le couvrant
D’un beau couvercle, i va oevrant
Un feuillage qui l’enveloppe,
Voulant son or faire valloir,
Tasche au plus brave lieu d’assoir
Sur son oevre Mentorienne,
Pour embler l’œil du regardant,
Avec un beau rubis ardant,
Une belle perle Indienne », ainsi après l’ode au Roi, l’ode à la Reine. On est encore dans le
tropisme féminin des pierres précieuses, contrairement aux métaux. Mais l’hypotypose de
l’orfèvre au travail est étonnante.

Aspects du lyrisme conjugal à la Renaissance, Genève : Droz, 2011, dir. Perrine Galand et
John Nassichuk. Anne-Pascale Pouey-Mounou, « Pierre de Brach et ses Amours d’Aymée : un
amour sans histoire ? », p. 263-286
** Pierre de Brach, livre III, ode XXXV, ode A Madamoyselle de Maniban, où le deuil est
dépeint comme un « ouvrier » orfèvre qui s’entoure de compagnons. Cité par APPM, « Pierre
de Brach... », p. 270.

Philibert Bugnyon, Les Erotasmes de Phidie et Gélasine, 1557


Sonnet XVII :
« Approchez vous, peintres, graveurs, poëtes,
Massons, brodeurs, orfevres precieux,
Pour faire voir aux hommes envieux
A contrefaire un sujet quels vous étes. »
La capacité de mimêsis distingue l’orfèvre et le maçon des autres artisans et en fait un artiste,
le soulève au-dessus du genre humain. Or selon V. L. Saulnier (Dict lettres fr Bugnyon) c’est
un poète en avance dans sa théorie de la représentation.

Guy Le Fevre de la Boderie, Diverses Meslanges Poetiques, Paris : Robert le Mangnier, 1582.
L’image des vers enchaînés les uns aux autres comme une chaîne de forgeron : « enchaîner
aux cercles de mes vers », XXVI, « Discours presenté à Monseigneur frere du Roy… », v. 53.
XXXIII : Hercule Ogmien a civilisé les gaulois par l’éloquence et est ainsi représenté par
Lucien avec une chaîne qui attache les gaulois à sa langue. GFB peint ce moment dans le
sonnet « A lui meme » (dans les tercets en particulier). Le poète est un forgeron de chaînes
éloquentes.
LXXXIII : un sonnet à Pic de la Mirandole. Son esprit a fait le tour des connaissances du
monde, encyclopédique. « Tout ainsi qu’en la pierre enchassée en l’Aneau / On void un grand
Colosse… » (v. 1-2), « Quoy que la pierre soit un bien petit Rondeau » (un petit cercle, v. 4).
De manière générale, « Orfée » à qui le poète « Fèvre » s’identifie grâce à un anagramme
complexe, laisse entendre « Orfèvre » à de nombreuses reprises.
CXXXVI, « Sonnet 7 » et les notes de Rosanna Gorris : les techniques de métallurgie sont
utilisées comme métaphores.
« Comme l’or fin dessus le fer ne rouille
Quoy que le fer se rouille bien souvent,
Ainsi le los que l’on met en avant
Du vicieux au vice ne se souille.
Et comme aussi quand l’or on frotte et mouille
Dedans l’eau forte, il ne s’envole au vent,
Ains reste tel comme il estoit devant
Quoy que le fer en perde la depouille,
Ainsi le los au vicieux presté
En la forte eau des vertueux froté
Ne se perd point, ains laisse nu le vice.
Car comme l’or de nature immortel,
Ainsi le los de sa nature est tel
Et reste en soy, si du subjet il glisse. »
C’est donc un sonnet méta-poétique qui à mon avis développe plusieurs modalités
d’utilisation analogiques des techniques. Lesquelles sont connues, selon la note, de Guy par sa
propre traduction des Trois Livres de la Vie de Ficin l’année précédente, Paris : Abel
l’Angelier, 1581, et not. Le chapitre 10 « De l’or, des alimens dorez, et du reconfort des
vieillards ». f. 58 v° et suiv : L’or est approuvé de tous parce que résiste à la corruption, lié au
Soleil et à Jupiter, il possède une « vertu solaire et joviale ». Mais ce livre ne dit pas plus,
c’est un livre de médecine. Il faut chercher ailleurs la source de ce poème, cette recherche n’a
pas été faite.

Jean Second, Elégies, p. 449, Rolland Guillot 2005


L’expression « Vulcania dona » se retrouve dans les Itineraria, Rolland Guillot, 2007, p. 126
(Itinerarium gallicum, en fait le poème est inséré dans un voyage à Saint Denis).
Je rappelle que Vulcain apparaît dans le « Reginae Pecuniae regia », p. 427 des Funerum liber
et Siluarum liber, Rolland Guillot 2009, qui décrit Pecunia comme un Phébus statufié par
Vulcain :
« Tel serait l’aspect de Phébus aux longs cheveux si Vulcain
En forgeait une statue en or massif et lui entourait le visage
De rayons ardents, puis qu’il retirait subitement
Le bloc pesant incandescent placé dans le feu. » v. 28-31. Jean Second est aussi sculpteur de
médailles.

Gros poème puy ** sur le Puy des Orfèvres

Ronsard franciade p. 1101 la bague ouvragée perdue se recouvre « à force d’or », mais pas la
vie. Somme toute Francus est toujours dans l’impératif vital, jamais assez installé pour penser
à l’artisanat du feu. Plutôt besoins primaires : chasse, pêche, bois pour le feu et les abris. 4
vers

André de Rivaudeau, Les Œuvres poétiques, éd. C. Mourain de Sourdeval, un éloge de


Fontenay dans l' « Hymne de Marie Tiraqueau damoiselle de la Rousseliere »
Eloge de Fontenay en même temps que de la dédicataire. p. 213 décrit un « sainct cabinet » de
curiosités, contenant
... mille medailles belles
Qui nous rendent au vif les faces immortelles
De tous ces peres vieux ; et cent vases polis,
Estoffes d'alabastre et d'ouvrage embellis ;
Et des meilleurs pinceaux les plus dignes peintures
En nombre bien fort grand, et force pourtraitures
De bosse et de relief, et par l'art de Vulcain
Des statues de fonte en bronze et en airain.
Icy le burin dur, icy l'at qui emaille,
Icy la damasquine, un graveur, un qui taille,
Et cent autres ont part ; d'une assiette d'yeux
On voit de cent ouvriers les traits laborieux.

La Création, pseudo-d'Aubigné, t. III des Oeuvres complètes éd. Réaume et de Caussade,


Genève : Slatkine reprints 1967
Chant quatriesme : « De la terre et des pierres. »
352 Un éloge des pierres précieuses :
La pierre au lui de boys mesmes est à beaucoup
Utille à faire feu, au forgeron sur tout,
D'autant que sa chaleur rend le fer mol et tendre
Plus que charbon qui soyt, et mieux se laisse estendre. […]
De pierres et caillouz dessoubz au feu se faict
Par art ingenieux le voyre clair et net. […]
La piere sert aussi à rendre joyeux, à témoigner du mariage, au diadème royal, la pierre de
touche mesure l'or et l'argent ; éloge de l'or et de l'argent :
354 D'argent l'orfeuvre expert bastit plusieurs vaisseaux,
Semblablement de l'or chaines, carquans, joyaux
Qui d'industrie et d'art si richement façonne
Que le subject n'est rien au prix de la besongne. [Un très beau vers qui signifie, je crois : « que
ce qui est façonné, la chaîne ou le carquois, n'a aucun intérêt, c'est le travail original de
l'orfèvre qui a de l'intérêt »]

Les Orfèvres parisiens de la Renaissance (1506-1620), Michèle Bimbenet-Privat 1992


27 L’orfèvrerie s’est installée sur l’Île de la Cité, Cf « Quai des orfèvres ».
28 Les compagnons qui, faute de maîtrise, forgent en « chambres secrètes », ne s’installent
cependant pas si près des autorités. Au contraire, certains très privilégiés travaillent comme
Thomas Richandeau en 1565 « dedans la cour du Palais », Etienne Dumont « sur les grands
degrez du Palais » en 1583.
32 La plupart des forges (ou changes, pour les changeurs qui forgent la monnaie) sont situées
sur l’île de la Cité et l’endroit le plus cher est le pont au Change. Beaucoup d’orfèvres sont
propriétaires seulement partiellement ou même locataires.
35 Dans les forges anciennes et respectables les normes de sécurité du fourneau n’étaient pas
respectées.
43 Pour polir un objet on le jette dans la « bouture », mélange d’eau-forte et d’eau, elle ressort
propre et mate, puis on la brunit, c’est le travail de la femme de l’orfèvre, la brunisseresse.

Didier Oriet, Esther, Paris : Michel Fadoulleau, 1584.


Livre premier, 4 v° :
Je ne raconterai la richesse luisne,
Qui l'oeil ébouïssoit en la maison puissante :
Les precieux metaus, dont les riches buffets
Se chargoient : les tapis qu'en soye, & or parfaits
Par Mongy sont tissus en cent façons d'ouvrage
D'Indiens artizans, pour piper le courage
De l'homme avarement, qui (seduit d'un desir)
Ne trouve qu'aus apâs de ce monde plaisir.
Détournés, si coulés, vos yeux de cette pompe
Qu'un troup vain convoiter aveq moi ne vous trompe
Sur tant d'orfeverie [sic], amorcé, s'éblouït
Le cœur qui n'a souhait qu'en cet or qui reluit.
Hé ! que ne peus tu plus mille fois pour ta gloire,
Grand Monarque Persain, qu'au monde soit notoire ?
{5} Les gemmes, l'or, tapis ne seront l'ornement
De ton palais roial : si plus communement
De tes humbles sujets les lits, & la vaisselle
D'or, & d'argent raione en leur rishesse [sic] belle ?
Tes tribus recueillis au pezant des talens
Des lieux Satrapeans tes palais opulens
Font de metau heris : & tes lingôs plus riches
Refondus, fais servir à des gloires non chiches.
Ailleurs, p. 17 v°, le text évoque « D'un satin frizé d'or vétus les pages beaus ».
Le roi fait l'éloge de l'Inde d'où vient le voir la reine Vasthi p. 19 v°- 20 r° :
Que d'emeraudes ô ! de topazes, sarfoines,
Que de jaspes, saphirs, diamans, chalcidoines,
D'hyacintes luisans, & d'amethystes beaus,
Qui m'aveuglent les yeus d'étincellans flambeaus !
Ha ! Qu'est ceci le Ciel si clarteuses chandelles
N'allume par la nuit, que font ces pieres belles.
Indiens dites moi d'où vous tirés cet or,
Ces caillous precieus, cet infini tresor ?
Je pense qu'Apollon, qui chés vous prent sa course,
Pour le monde allumer d'une eternelle source,
De iens vous a remplis : de son jaune or dorant
Fleuves, arenes, mons de son bel Orient.
Qu'amoureus s'accouplant d'une vertu secrete
Aus terres, eaus, sablons, le fecond germe il jette,
Qui leurs fait enfanter dedans leurs ventres creus,
Ce que l'home souhaite à vivre bien-heureus.
Correspond au propos d'une Epistre aux filles de « l'illustrissime ducal Lorrain » : les grands
Rois sont « plongés plus tôt en l'abime des delices, que des lectures » (f. A iiij r°).

L'ancienne France. 1887, Les arts et métiers au moyen âge : étude illustrée sur le moyen âge
et la renaissance d'après les ouvrages de / M. Paul Lacroix 1887
Orfèvrerie : 168 les bijoux gaulois et mérovingiens ont peu subi l’influence romaine.
190 : à partir du XIIIe siècle et durant deux siècles, la richesse est privilégiée sur la qualité
artistique, selon Viollet-le-duc, l’originalité de l’orfèvrerie en pâtit.
206 la petite sculpture « par sa dimension touche à l’orfèvrerie ». [Mais toute l’histoire de
l’orfèvrerie du XVIe siècle est éclipsée par Cellini]
227 L’épée orfévrée de Dunois à l’entrée de Charles VII à Lyon en 1449 est ciselée dans sa
garde par l’orfèvre, mais la lame est forgée et trempée par le fourbisseur.

L’Ode de l’antiquité et excellence de la ville de Lyon, par Charles Fontaine, contient au moins
ça
17 Loue l’impression lyonnaise, et les livres imprimés à Lyon, et aussitôt après l’orfèvrerie,
très vite :
Là les grans villes on y voit
Au vif pour un grand tems empraintes :
Là y revit (pour mort qu’il soit)
Le Poëte, & ses Muses saintes.

Sur buffets & tables reluit


L’or & l’argent : mais qui tout passe,
C’est le bon sens qui tout conduit,
C’est le bon heur, l’honneur, la grace.

£Prométhée
Triomphe héroïque, de l’Espervier, abbé de sainct Hylaire, Lyon : Benoist Rigaut, 1569.
Certes, le temps à present, où nous sommes,
Nous à couvé une sentine d’hommes
Si fort fascheux, ores des Promethees,
Ores Vulcains, des mercures athees,
Des Martiaux, & ores des Satures,
Qui d’un accord & ligues fort felonnes
Ont embrasé le monde… (p. 7-8).
(court poème de 12 pages)

« Eva Prima Pandora », titre d'un tableau de Cousin Jean dit le Père (1490-1560)

D. et E. Panofsky, La Boîte de Pandore. Les métamorphoses d’un symbole mythique,


Bibliothèque Hazan, 2014 [1990].
12 Question controversée de savoir si elle a été déesse de la Terre et si son nom signifie « qui
donne tout » et non « qui a reçu les dons de tous ». La plus ancienne tradition la donne pour
façonnée par Prométhée et non forgée par Héphaïstos.
13 « Les classiques latins ont curieusement ignoré Pandore », ce qui explique que les Italiens
ne soient pas à l’aise avec elle. Seuls les Pères ont transmis un peu cette tradition, par ex.
Tertullien dans une très brève comparaison de Pandore et d’Eve.

NB Guillaume Michel a traduit la Pandore en français, 1542

https://books.google.fr/books?id=eudmAAAAcAAJ&pg=RA1-PA6&dq=Tubal-
Cain&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi0sJTF86jcAhXLyqQKHbS7CjMQ6AEIKDAA#v=onep
age&q=Tubal-Cain&f=false
Prométhée enchaîné : Kratos, la Force, enchaîne Prométhée en parlant de "pantéchnos pyros",
feu d'où naissent tous les arts (Euripide).

£Ronsard
Ronsard the Poet, ed. Terence Cave, Methuen & Co., Londres: 1973.
Terence Cave, “Ronsard’s mythological universe”, 159-208.
159 La mythologie ronsardienne est l’essence même de sa poétique imitative. Sa mythologie
« reflects traditions and fashions in the visual arts as well as in literature”. “It mirrors the
world of the court, the world of scholarship, and the contemplative life of the poet in
solitude”, on pourrait ajouter le monde de l’atelier, le monde de la société civile.
160 L’Hymne de l’automne opère une distinction non pertinente entre surface mythique et
vérité cache (77-82).
Trois manteaux ronsardiens, « fabuleux manteau » au sens littéral : celui de Neptune dans le
Ravissement de Cephale, bleu tissé de soie et d’or, décoré de scènes mythologiques ; le
mêlme dans l’Hymne de Calaïs et Zetes porté par Castor et Pollux, le même enfin offert par
Andromaque à Francus son fils dans La Franciade. Occasions d’ekphraseis. 161 : De manière
générale, les surfaces décorées abondent dans l’œuvre de Ronsard : les peintures sur sa propre
« guiterre », les paniers de Léda dans La Defloration de Lede et d’une bergère dans un Chant
pastoral de 1559, etc. Les modèles antiques que Ronsard suit ici imitent tous (il le sait)
l’ekphrasis du bouclier d’Achille : le goût de Ronsard va pour l’école d’Alexandrie, et non
pour le classicisme sobre des Romains.
162 C’est un goût contemporain que Ronsard connaît par la fréquentation de la Cour ; les
murs de Fontainebleau, d’Anet, la façade du Louvre, la salière de Cellini… Ronsard est
témoin ET « designer » de cette sorte d’art.
167 Les alexandrins « ont trop de caquet, s’ils ne sont bastis de la main d’un bon artisan, qui
les face autant qu’il luy sera possible hausser, comme les peintures relevees, et quasi separer
du langage commun, les ornant et enrichissant de Figures, Schemes, Tropes, Metaphores,
Phrases et periphrases eslongnees presque du tout, ou pour le moins separees, de la prose
triviale et vulgaire (car le style prosaïque est ennemy capital de l’eloquence poëtique) et les
illustrant de comparaisons bien adaptees de descriptions florides, c’est-à-dire enrichies de
passements, broderies, tapisseries et entrelacements de fleurs poëtiques, tant pour representer
la chose, que pour l’ornement et splendeur des vers… » ; ailleurs il loue la nature pour son
abondance et sa variété. 168 Son échec dans le genre épique est peut-être dû à cette absence
de cohérence d’ensemble à laquelle il préfère le riche ornement ; pas un hasard s’il apprécie
beaucoup Apollonius de Rhodes…
169 « It seems likely that Ronsard used contemporary compilations as a source of
mythological and other classical material – Robert Estienne’s Dictionarium Nominum
propriorum, for example”
171 La pratique ronsardienne de l’abondance n’est peut-être rien d’autre qu’une imitation du
style mythologique pictural de l’école de Fontainebleau. 174 « The representation of reality in
poetry takes place within the framework of a language designed specifically to eliminate the
common, the ordinary and the trivial ; thus the objects and scenes which are to be represented
‘au vif’ must be both pre-selected for their rarity or special interest and endowed by poetic
language with a prestige which fits them for the higher world of art. » De ce fait 180 le
fabuleux manteaux n’est jamais seulement décoratif, il incarne le moment de passage entre la
réalité et le monde supérieur de l’art, leurs actions réciproques.
191 De ce fait la mythologie n’est jamais seulement allégorique, elle est en conflits
permanents avec la réalité. 207 La poésie n’est jamais seulement « theologie allegoricque »,
impossible à réaliser ; elle ne reflète pas la réalité mais plutôt sa propre capacité de création.
Cf « La Promesse », poème où le poète doute de sa vie parce qu’il est trop dépendant des
mécènes : « La parole, RONSARD, est la seule magie ».
La Conqueste des Enfers par l'invincible Gontal, par d'Engenville, Paris, 1609.
Le poème est précédé d'un incroyable récit, « Le Fourbisseur malencontreux », p. 4 à 25 [à
partr de la page 13r°, notée 25, chaque page est numérotée] :
Ce « Commissaire des broüillars morfondus » l'emmène sur un cheval qui n'est qu'une nuée,
et ils chevauchent des pays entiers. Ils arrivent au royaume de Pluton, le « bon Charon » fait
dans une vallée d'illusions « je ne sçay quel petit sentier de terre poudreuse, qui (se refermant
à leurs tallons) faisoit perdre en mesme temps le tract de leur piste ». Le pauvre fourbisseur
devient forgeron de Pluton : p. 9 v°, on lui apprend :
« qu'il estoit nouvellement arrivé un Limosin des confins de la basse Marche, lequel luy
fabriqueroit ses fourneaux (commodité pourtant inesperée), que pour des enclumes, des
marteaux & outils necessaires à son estat, y en avoit de tous preparez dedans l'orque. » On lui
demande deux dagues, p. 10 r° :
« Ainsi donc qu'il trvailloit à la premiere de ses secondes javelines, & qu'il l'avoit presque
parachevée, reservé je ne sçay quel historiage aux pommeau[sic], voicy lever un effroyable
cry d'ombres rendant un bruit non moins espouventable que feroit celuy de toutes les
artilleries de l'Europe, qui l'obligea (pressé de la curiosité coustumiere à toutes sortes de
personnes) de regarder par l'ouverture de sa boutique de là où procedoit le fouldre de tant de
tonnerres : & comme il s'y portoit apperceut venir lui d'une démarche furieuse & demesurée
ce grand Gontal... »
IL veut partir, il demande à Pluton un certificat qu'il est bon fourbisseur et laisser-passer, et
l'obtient, dans une parodie de texte royal, p. 11 v°, adressé à « Hapelopin de la
Vestempenarde », ce « fourbisseur de malencontres » (p. 11 r°).
208 Le manteau est un « microcosme » qui a ses propres règles, pas seulement couvrir une
certaine réalité.

Philippe de Lajarte (dir.), Aspects de la poétique ronsardienne, Caen : C.P.U.C., 1989


Mireille Huchon, « Le Palimpseste de l’Abbregé de l’art poëtique françois », p. 113-128
L’idée générale est que Ronsard copie Sébillet, 128 « preuve par ailleurs que la seconde
moitié du XVIe siècle n’a guère innové en matière d’art poétique pour que le siècle finissant
adopte encore une poétique des années 1550 ». [C’est indéniable, mais dans le détail Ronsard
n’écrit pas tout à fait la même chose que Du Bellay sur les métiers...

Benedikte Andersson, L’Invention lyrique,


190 « Ronsard parle tantôt des « odes » de Pindare, tantôt de ses « hinnes » et il utilise parfois
le terme « hymne » pour désigner ses odes ». En fait « hymne » a chez Pindare un sens large
et un sens restreint. 192 : l’hymne est un poème long, à rimes plates et alternées en genre, en
alexandrins, contrairement à l’ode qui a une forme plus libre.
157 Lorsque Ronsard donne au lyrisme grec plusieurs genres (odes, hymnes, dithyrambes
etc.), il va contre Horace qui les avait tous rassemblés sous le terme générique de carmina,
que Ronsard avait d’abord traduit par « odes », terme auquel il finit par donner un sens
nettement plus restreint qu’Horace.

Véronique Denizot, « Comme un souci aux rayons du soleil ». Ronsard et l’invention d’une
poétique de la merveille (1550-1556), Droz 2003
68 Sur le De Arte poetica de Marco Girolamo Vida : « la capacité à admirer ne s’enseigne pas,
pas plus que le génie poétique » ; « l’auteur adopte la seule méthode possible, c’est-à-dire
qu’il encourage à admirer en clamant sa propre admiration. » « texte tautologique ». Virgile
est admirable parce qu’admiré, et inversement.
165 Rappelle que ni Jacques Peletier, qui trouve les « faits de la Nature » ennuyeux et âpres,
ni Ronsard qui parle de « frenesies » dans sa préface posthume à la Franciade, ne sont
favorables à la poésie didactique telle qu’elle est pratiquée par Lucrèce.
167-8 « Le recueil ne relève pas de la somme scientifique mais plutôt du cabinet de
curiosités ».
168 Le savoir doit être « abbregé » dans l’hymne : l’âme « Vaguant par tout, et sans estre
lassée / Tout l’Univers discourt en sa pensée » (Hymne du Ciel). Capacité de synthèse qui a
servi à son éloge par la postérité (chez Nicolas Richelet p. ex.).
p. 162 L’image de Tantale utilisée par Ronsard pour décrire l’avarice est tirée de Dorat lui-
même qui interprète dans son commentaire de l’Odyssée (f. 9r) le nom de Tantale comme un
anagramme du talenton, de la pièce d’argent. [C’est aussi ce que dit Du Bellay en latin dans
ses Xenia

Il y a un « Qui premier » dans Les Amours d’Eurymédon de Ronsard, et c’est un beau.

Le patronage de Mercure c'est l'ode I, 10 d'Horace. Les poètes sont « vires mercuriales », dans
l'ode II, 17

Nouvelle revue du Seizième Siècle, vol. 18, n° 1, 2000


Michel Magnien, « « Ordre » et « méthode » dans l’Art poetique reduict et abrege de Claude
de Boissière (1554) », p. 113-130. Rien.
Materiali e discussioni per l’analisi dei testi classici, vol. 72, 2014
Gábor Bolonyai, « Ore rotundo:a phrase reborn in the Renaissance », p. 223-246

** la bibliographie « écocritique », commencer par


Marie-Claire Robic, Du milieu à l’environnement. Pratiques et représentations du rapport
homme-nature depuis la Renaissance **
Carolyn Merchant, The Death of Nature : Women, Ecology and Scientific Revolution **

Gilles Polizzi, « Le « voir, non-voir » et le « dire entrerompu » : la représentation et


l’intertexte biblique dans le Microcosme de Scève », dans Pascale Blum et Anne Mantero
(dir.), Poésie et Bible de la Renaissance à l’âge classique, 1550-1680, Paris : Honoré
Champion, p. 103-122
103 Deux statuts de la représentation. « D’une part, la rhétorique de l’ekphrasis, dont la
richesse visuelle cautionne l’illusion de la représentation par le biais de l’hypotypose, ou
d’une mise en scène théâtralisée ; d’autre part le dépouillement d’une figuration
emblématique, qui concentre le sens dans la neutralité du constat ou le punctum de la
sentence.
107 Le Microcosme n’est pas seulement un poème scientifique : c’est cela que les critiques
ont du mal à percevoir. « On s’attachera à montrer que dans l’esthétique scévienne, l’implicite
contradiction du visible et de l’invisible se résout par le rappel obstiné des limites de la
représentation et par l’exhibition de ses ruptures ».
122 Dire la Création plutôt que la représenter.

Le premier livre de l'architecture de Philibert Delorme, Gallica


Adressé à Catherine de Médicis pour l'exhorter à être aussi libérale que ses ancêtres.
Epistre au lecteur, f. a v° : « ...il y a auiourd'huy peu de vrais Architectes, et que plusieurs qui
sen attribuent le nom, doibuent plutost estre appellez maistres maçons, qu'autrement. » [cf.
truelle crossée, dont le thème vient donc de l'Orme lui-même
Dans l'ensemble, l'architecte est celui qui évite au Grand d'être trompé par les fallacieux
artisans.

Jean Paulhan : « J’ai cru remarquer qu’il suffisait à une opinion de nous être étrangère ou
hostile, pour nous paraître aussitôt soumise au pouvoir du langage ». La langue de bois, c’est
la langue de l’autre.

Ronsard relation parodique (art. sur Persée)


83 Les parodies des discours de Ronsard laissent entendre une possible conversion à la
Réforme, « d'autant plus plausible que nombre de ses amis et de ses protecteurs venaient de
changer de camp (Odet de Châtillon, J. Grévin, etc.). »

Ronsard, Cinquiesme livre des odes, ode VII, p. 879 ds Pléiade I : « Je te diray maçon... », à
Phébus s'il refuse de soigner Charles IX, parce qu'Apollon a construit les murs de Troie ! « A
Phebus, pour guarir le Roy Charles IX »

Cuisiat, Daniel. “LA LYRE CROSSÉE: Un Épisode De La Vie De Ronsard (Anet Et


Fontainebleau, Août 1556).” Bibliothèque D'Humanisme Et Renaissance, vol. 31, no. 3, 1969,
pp. 467–480. JSTOR, JSTOR, www.jstor.org/stable/20674651.
467 Un mois de l’été 1556
468 Désespérant d’obtenir d’Henri II puis d’Henri III une avance sur son épopée, Ronsard
feint en 1554 de l’abandonner, dans le poème « À sa lyre », fin-1554, Laum. VI, p. 134. Il y
demande d’avoir une « lyre crossée ».469 « L’image est jolie, et d’aucuns s’en souviendront »
(Du Bellay dans les Regrets, puis Imbert dans les Sonnets exotériques).
470 L’année 1556 = « mémorable, celle de la comète de Charles Quint » [une comète devenue
visible deux semaines durant cette année-là et que Charles Quint interprète comme l’exigence
de se retirer des affaires car une calamité menace]
473 Ronsard parvient, grâce à l’entremise du cardinal de Lorraine auprès du roi, à obtenir un
prieuré du diocèse de Périgueux le 6 août : avant il n’avait que de simples cures. Trois jours
plus tard, empruntant à son frère, il fait rédiger l’acte par un banquier. 474 Mais Robert de La
Marthonie fait un procès et récupère le prieuré, qu’il considère comme un bien familial, en
brisant la lettre du roi.
475 Cela donne des lamentations sur la Fortune, seule coupable : Ronsard n’a pas à se
plaindre de son mécène, écrit-il. Les Meslanges de 1559 s’ouvrent sur la « Complainte contre
Fortune ». 477 « voyage de la déconvenue » lorsque Ronsard suit la Cour de Meudon à
Fontainebleau en passant par Danpierre, Saint-Léger, Anet. Note 57 : Philibert de l’Orme
cumule 3 abbayes en 1556 [« Qu’une vile truelle à trois crosses tymbrée », écrit Ronsard dans
l’Epître] et 4 en 1558.

M. Raymond, L'Influence de Ronsard sur la poésie française (1550-1585), nouvelle éd.,


Genève : Droz, 1965. t. I
26 Dès 1550 Ronsard renie en partie le pindarisme pour le pétrarquisme et même on peut
parler de « marotisme » chez Ronsard. C'est « un certain opportunisme ». 33 cf le quatrain de
Charles Fontaine : « Ne creins, ne creins, Ronsard, ce dous stile poursuivre, / Stile qui te fera,
non moins que l'autre, vivre : / Autre, obscur et scabreux, s'il ne fait à blamer, / Si se fait-il
pourtant trop plus creindre qu'aymer. »
Il y a tout un chapitre sur « Le ralliement des marotiques », dont une partie est sur Peletier,
une autre sur Saint-Gelais, une autre sur Forcadel.
Les p. 126-128 s'intéressent à... l'influence de Du Bellay sur Ronsard ! Non moins certaine,
surtout à partir des Regrets.
315 Le symbolisme des mythes « n'est ps très éloigné de l'interprétation moyen-âgeuse du
mythe païen ».
t. II
« Il faut lutter par livres, s'est écrié Pierre de Ronsard ; une vague un peu bourbeuse de poésie
militante s'est levée à son appel et a submergé la France pendant quelques années. »

Les p. 151-155 de L’esthétique de Pierre de Ronsard d’André Gendre, SEDES 1997 sont à
propos de La Lyre et pas un mot là-dessus.
p. 90 : commentaire de la septième Folastrie :
Las ! pourveu pere, las ! pourveu pere,
Que ta flamme estaigne le feu
Qu’amour, de ses rouges tenailles,
Me tournasse dans les antrailles.
C’est un emprunt, explique Gendre, à Marci Antonii Flaminii Carmina, Padoue : Corminus,
1743, poème « ad Bacchum » : « tuo mihi saltem munere liceat / Rabidi furorem amoris
compescere, pater, & / Da servitio gravi dominae vivere vacuum. » « … qu’il me soit au
moins permis, par ta grâce, d’apaiser en moi la fureur de l’amour sauvage : Père, donne-moi
de vivre affranchi du pesant service d’une maîtresse ».
Gendre commente, p. 91 : « Il semble que Ronsard s’approprie simplement une chute
heureuse. » Mais le feu est de son invention : « l’imaginaire du feu est à ce point dominant
qu’on ne sort pas de lui : du feu rongeant, on passe à la flamme ».
Il y a une section « L’art » dans « Les images du texte empruntées à l’art et à la nature » : la
première phrase est sibylline, p. 113 : « Les images du texte non explicites du bûcheron et du
charpentier occupent chez Ronsard une place de choix. » Il cite ensuite la construction de la
flotte de Francus qui est une image du poème selon lui.

Oraison funèbre sur la mort de M. de Ronsard, J. D. Du Perron, Paris : F. Morel, 1586


43-44 « À ceste excellente imagination, qu'il avoit de sa naissance, il adjoustoit encore ceste
autre commodité, que son accident luy apportoit, qui estoit l'amour de la solitude. Car comme
il voyoyt que sa surdité le rendoit moins agreable pour la conversation des hommes, il prenoit
suject de là de se retirer des compagnies, & de fuir le bruit & le tumulte, encore que parmy les
compagnies, & parmy le peuple mesme il portast aucunement sa solitude avecques luy. »

Ronsard Pléiade « Introduction »


XIV Il ne faut pas trop croire au « ronsardisme populaire », accrédité par la scène du Roman
comique où une servante d'auberge chante une ode de Ronsard.
XX l'éditeur veut que Ronsard est aristotélicien plutôt que platonicien.
XXVI Seul le roi partage avec le poète le devoir de savoir universel.
XXVIII [L'éditeur voit Ronsard comme plus ovidien que platonicien ; l'amour n'est pas une
voie vers la libération de l'âme, c'est un but en soi.
Chronologie : né en 1524, après plusieurs voyages et campagnes, retour à Paris en 1543 « en
reprise d'études » mais aussi pour fréquenter chez Lazare de Baïf. Septembre 1547, première
pièce publiée de Ronsard, une ode liminaire aux Oeuvres poétiques de Jacques Peletier. 1549,
juste avant que Du Bellay ne publie l'Olive, une première plaquette, signée « Pierre de
Ronsart », est un Epithalame. C'est l'année de L'Avantrée du Roi Treschretien à Paris ; les
poètes de la Pléiade n'ont en effet pas été recrutés par la ville de Paris. 1550 : Les Quatre
premiers livres des Odes de Pierre de Ronsard Vandomois. Ensemble son Bocage. Le poète
semble avoir accumulé les maladresses : oubli de dédicataires obligés (Diane de Poitiers, qu'il
néglige à dessein), ton violent de son avis au lecteur... Dès avril 1550, Ronsard publie une
Ode de la paix, au Roy en douze feuillets, où il promet une épopée qu'il veut se presser
d'écrire, parce que Nicolas Bargedé aurait commencé une Francoïde. Puis il séjourne un an en
Vendômois, où il compose Les Amours, imprimés en septembre 1551 ; Ronsard entame La
Franciade. En 1553, Ronsard republie Les Quatre premiers livres des Odes et les Folastries.
C'est aussi l'année de la cérémonie du bouc. Fin de l'an 1553 : Cinquiesme livre des Odes.
1554 : le roi accorde un privilège très exceptionnel pour les œuvres passées ou à venir ;
publication des Meslanges et d'un Bocage. 1555 : encore les Quatre premiers... et les
Meslanges ; fin de l'année : Les Hymnes. 1556 : Second livre des Hymnes. 1557 : séjour en
Vendômois. 1558 : une Exhortation pour la paix. 1559 : Second livre des Meslanges. 1560 :
c'est à la fin de cette année qu'apparaît l'édition des Œuvres réorganisées et augmentées. 1562
Discours des misères de ce temps. 1565 Abbregé ; Elegies, Mascarades et Bergerie. 1569
Sixiesme et Septiesme livre des Poëmes. 1572 Quatre premiers livres de la Franciade. 1578 :
immense édition des Œuvres qui contiennent des recueils entiers en ajout, tels les Sonnets
pour Hélène. 1584 Encore les Oeuvres avec pièces nouvelles. Sections nouvelles également :
Les Gayetez par exemple. Meurt en décembre de l'année suivante, 1585.

Discours de la vie de Ronsard, Paris: G. Buon, 1589


4 Le père de Ronsard composait aussi des vers : preuve que le don est inné.
5-6 "Le bon instinct toutefois de vray François le chatouilloit à toutes heures de revenir en
France"
7 il a perdu l'ouïe très jeune à cause des voyages, comme Homère a perdu la vue... C'est un
"malheur bien-heureux" parce qu'il abandonne la carrière de courtisan.
13 "les Muses ne pouvant estre seules, ains vivans tousjours en compaignie"
14 "Désormais plus ne me pince / La tenaille de Melin", vers de Ronsard à propos de Saint-
Gelais!!
Et aussi : "L'un crie que trop je me vante, / L'autre que le vers que je chante / N'est point bien
joinct ne maçonné."
15 Compare les critiques de Ronsard à de mauvais souffleurs de verre : "ces calomnies,
lesquelles en fin ressemblerent aux bouteilles que font les petits enfans, avec le savon, qui se
crevent aussi tost qu'elles sont faictes, & ne laissent aucune marque d'avoir esté, n'estant autre
chose que vent"
17 Ici et ailleurs, les vers de Ronsard sont une trompette de la Renommée : autre chose que du
savon soufflé...
Au concours de poésie de Toulouse, il reçoit "une Minerve d'argent massif" plutôt qu'une
églantine qui était le prix prévu à l'origine.
28 à propos des poètes qui ont un style "dur et enferré" (p. 27) :
Tels farouches esprits ont un coup de marteau
Engravé de naissance au milieu du cerveau
Empeschant de prevoir de quel saint artifice
On appaise les Seurs pour leur faire service
Qui demandent des fleurs, & non pas des chardons,
Non des coups de canons, ains des petits fredons.
Tout au long de la biographie Binet insiste sur les liens privilégiés entre Ronsard et Charles
IX.
30-31 "Aucuns ont trouvé la correction qu'il a faicte en ses oeuvres, en quelques endroicts,
moins agreables que ce qu'il avoir premierement conceu, comme il advient, principalement en
la Poësie, que la premiere fureur est plus naïve, & que la lime trop de fois mise, en lieu
declaircir & polir le fer, ne fait que l'user & le rendre plus rude, les doctes en jugeront."

Philippe Desportes, Les Premières œuvres, classiques Garnier 2014


Sonnet XLIII : selon la note, source = Orlando furioso, XXIII, 126-127, et Tyard, Erreurs
amoureuses, « L’eau sur ma face en ce point distillante » ; le vocabulaire s’en retrouve même
si l’alambic est de l’invention de Desportes [pas vraiment]
“Discours”, dans Diverses Amours, et autres oeuvres meslées, p. 226 :
Je ne pense autre chose, et l’obstiné desir
Que j’ay de vous revoir, amoindrit le plaisir
Que je prens en ces lieux, or que la Chienne ardente
De chaleur et de soif à l’egal nous tourmente :
Et qu’au clair de la nuict les Satyres cornus,
Les Silvains chevre-piés, et les Faunes tout nus
Virevoltent en rond, et font mille gambades,
Pour échauffer les cueurs des gentilles Naiades,
Et des Nymphes des bois : et or que sans cesser
Le forgeron des dieux, hâtif, fait avancer
Halettant et suant, et tout couvert de poudre,
Le tonnerre grondant, les esclairs et la foudre. [Tout ce passage à l’exclusion de l’allusion à
Vulcain est inspiré de Ronsard, « Complainte contre Fortune », selon la note
Ronsard : le roi, le poète et les hommes, Daniel Ménager, 1979
3 Ronsard voulait être « Poète du Roi » en restant fidèle à la fois à la poésie et au roi.4 : Idéal
de la polis antique. 5 : Ronsard se réfère à un « âge d’or » qui est à la fois la Renaissance et le
contraire de la Renaissance, en tant qu’elle a mis l’or et les métaux précieux au centre de toute
préoccupation. « Règne de la quantité et de la valeur » auquel il souhaite s’opposer.
p. 52 « orgueil nobiliaire » de la Pléiade qui s’oppose à la « société mercantile », etc.
76 dans « l’élégie des Armairies », Ronsard vante la découverte des techniques et des vertus,
mais pas comme les poètes scientifiques ; il justifie plutôt sa position propre dans l’ordre
social.
Chap p. 68-81 « La Fin de l’âge d’or » pour toutes ces questions.

Daniel Menager, Le Roi, le poète et les hommes, 1979 (deuxième lecture)


3 Comment Ronsard concevait sa fonction de « Poëte du Roi » (titre qu’il tient depuis janvier
1554)
8 Pas étude chronologique : « La nature atemporelle du mythe royal nous interdisait de
distinguer un discours adressé à Charles IX d’un poème à Henri III ».
12 « Ronsard parvint-il à communiquer sa passion de la gloire et de l’héroïsme ?
Certainement pas. »
29 Chapitre « Éloge » : « Quand le poète décide de chanter, il donne forme à la rumeur qui
envahit la cour ou la ville. »
Deuxième section, première partie, chap. 1, p. 68 et suiv., « La fin de l’âge d’or » :
commentaire de l’ « Hymne de la Justice » et de l’ « Hymne de l’Or ». « une double tâche :
décrire la sortie de l’âge d’or et expliquer son retour. » (p. 69)
89 Cette page compare la folie des différents métiers dans Les Mimes de Baïf (« Pour Baïf,
comme pour Érasme, tout le monde est fol ») et la vanité des métiers changeants dans l’
« Hymne de la Mort » de Ronsard, pour qui c’est l’inconsistance de l’homme qui en fait un
être vain, et non son métier en soi ! Expression de l’ode à Pisseleu : « estats inconstans de la
vie », pour parler des métiers autres que poète, Ronsard ne veut pas « Abaisser l’œil pour les
voir seulement ». 92 L’ode « De l’élection de son sepulchre », représente les hommes
continuant d’exercer après la mort les « métiers » qu’ils avaient vivants.
97 Chapitre 3, « L’Or ».
108 « Sa conduite est à l’opposé de celle des marchands du seizième siècle, tels que P. Jeannin
les a décrits : entreprenants, méthodiques, soucieux de gérer au mieux des biens que Dieu leur
a donnés, voir de faire servir les « richesses d’iniquité » à des œuvres pieuses ou à la
protection des artistes et des intellectuels »
113 « être homme et accepter l’illusion [de l’or], ou bien quitter la société humaine » : c’est le
choix ronsardien.
116 Chapitre 4, « Mercure ». Note 5 : comme R. Lebègue, Daniel Ménager pense que
Ronsard a traduit partiellement le Plutus d’Aristophane.
120 « Jamais, jusque là, il n’avait élevé le dieu à la dignité du mythe » : [voilà pourquoi je
n’accorderais pas une importance énorme à l’ « Hymne de Mercure »…
« Jamais non plus Ronsard n’avait choisi d’écrire un hymne à l’activité de l’homme, car tel
est bien le centre de tout son discours. » [Cela est vrai et explique peut-être mieux
L’Abbregé…
122 « il ne moralise pas son dieu […] : Mercure est un voleur, et il le reste ».
146 « Entre celui qui commande et ceux qui obéissent, Ronsard, épousant la tendance
dominante de son temps, a fait disparaître tous les intermédiaires. » (voir le chapitre « Le
Prince », 2 de partie 2 de section 2.
Troisième section
Quatrième section : « La tentative épique »
[Dire que le duel de Mars et de Vénus redouble le combat de l’arc et la lyre, que Ronsard veut
« réconcilier » (p. 283)

Res Publica Litterarum. Studies in the classical tradition, I 1978


I. D. McFarlane : “Pierre de Ronsard and the neo-latin poetry of his time”, p. 177-206
177 Ronsard écrit très tôt en français. Il semble avoir estimé qu’il n’avait pas de don pour la
poésie latine : « que d’estre sans honneur… ». Il regrettait que Scaliger, Dorat, Passerat,
Germain Vaillant, Florent Crestien… n’écrivent pas en français, mais les lisait en latin et était
lu d’eux. 178 Trois aires d’influence de poésie néo-latine, à part les anciens tels Marulle,
Sannazaro et Pontano auxquels effectivement Ronsard emprunte beaucoup : les Italiens
représentés par deux anthologies connues de la Pléiade (Doctissimorum nostra aetate… de
1547, et les Carmina quinque de 1548), Johannes Secundus, et les contemporains français
Certes, 178 c’est Salmon Macrin qui a encouragé la première poésie de Ronsard, mais surtout
180 c’est Dorat qui a ouvert les yeux de Ronsard sur les sens profonds (« deeper meaning »)
de la mythologie grecque. Ronsard a même traduit Dorat (In D. Margaritam Navarrae Ode).
Mais à partir du milieu des 1550s, c’est Dorat qui traduit Ronsard. Ainsi l’influence des néo-
latins sur Ronsard est limitée dans le temps, dans la portée et dans les thèmes.
181 C’est sur les latins que Ronsard a fait la plus grande impression, comme sur Bernard Poey
du Luc. 183 Plus le groupe de Brinon, plus Etienne Forcadel et Gervais Sepin de Saumur.
189 Grand nombre de traductions de la poésie de Ronsard en latin. 190 Dorat traduit même
des passages de la Franciade !

£Arts poétiques
La Poétique des passions. Mélanges offerts à Françoise Charpentier, éd. François Lecercle et
Simone Perrier, Paris : Honoré Champion, 2001
Nathalie Dauvois, « La représentation de la passion entre prose et vers chez les derniers
rhétoriqueurs (Octovien de Saint-Gelais, Jean Lemaire de Belges) », p. 299-315
299 Boèce, Consolation de la Philosophie : prosimètre où s’opposent passion et raison.
[Le propos général est que la prose s’empare peu à peu de l’expression des passions]
Gisèle Mathieu-Castellani, « Le mécanicien, l’acteur et le charmeur de serpents : la rhétorique
et les passions », p. 333-351
338 De oratore, II, xlvii, 72 : l’orateur doit secouer l’esprit « tamquam machinatione aliqua »,
comme à l’aide d’une machine. L’orateur est mécanicien. [Pour la définition du poète comme
excitant les passions de la même manière, voir La Deffence, II, xi]
De Arte Poetica, Marcus Hieronimus Vida
Chapi I : Au vers héroïque est nullum praestantius. Il faut étudier les inclyta opera vatum
pour suivre leurs traces, et plus on est proche de la perfection d’Homère, moins on est
« dégénéré ».
Vida traite de la formation du poète depuis sa plus tendre enfance, en réalité c’est un manuel
d’instruction puérile. Il vaut connaître les varios mores hominum, les mœurs diverses. Il n’est
pas nécessaire de tout connaître, on peut s’arrêter au portus sans connaître tout le territoire.
Sinon le poète serait toto aevo vagus. Vida a cité néanmoins les poètes qui vont combattre
pour décrire mieux la mêlée (Camoens ?).
Chap II : il faut éviter d’étaler le savoir inconnu du vulgaire, parum notum vulgi auribus, en
particulier l’astronomie. Il y a un éloge du passage d’ekphrasis de l’Ignipotens sur le clipeus
d’Enée, mais c’est pour louer l’art de la variété chez Virgile : l’artisan détourne un instant
l’attention du lecteur ailleurs, la transition est dulcis et sans violentia.
Chap III : évoque l’élocution. In primis tenebras fuge. Nitidus versus fulgeat puro auro, que
vos vers brillent à la manière de l’or pur.

£Secret
Le secret technique, cette culture occulte, oppose au vulgarisateur sa difficulté, celle qui en
fait « un vrai métier ». Le savoir exigeant du saunier est à ce titre exemplaire. C’est
précisément à Bernard Palissy que nous devons la description du marais salant comme
« labyrinthe » (LS 2005, p. 50). La poésie d’André Mage affronte une complexité irréductible
que la lecture du Saulnier rend manifeste à chaque instant : ce « dédale des canaux, aires et
bassins » (LS 2005, p. 21).

1544 Thomas Hunkeler, Le Vif du sens. Corps et poésie selon Maurice Scève, Genève : Droz,
2003
Introduction : « Corps de l’œuvre, corps à l’œuvre »
6 Il y a chez Scève une « poétique du corps à l’œuvre ». Dans son article « Sens, cœur, raison,
mémoire dans Délie », Jean Céard a montré que Scève était au courant de la physiologie et de
la psychologie de son époque.
15 L’œuvre de Scève le conduit vers un « effacement progressif du corps », très sensible dans
le Microcosme de 1562, qui s’explique par une « orientation spiritualiste ».
« Anatomies », p. 66 : le corps féminin doit devenir un monument funèbre comme celui de
Laure, que Scève aurait redécouvert selon Jean de Tournes.
74 Il y a un certain érotisme dans « le viol (de sépulture) et l’enlèvement (de cadavre) »
féminin par les étudiants de médecine à l’époque — les corps masculins sont plus faciles à se
procurer car les hommes sont souvent condamnés à mort.
Chap. III, « Écrire le corps physiologique », 101 : « Les passions amoureuses viennent du
cœur », disent les Libro de natura de amore de Mario Equicola (1525), l’encyclopédie de
l’amour peut-être la plus lue pendant tout le XVIe siècle. 102 Le soupir amoureux est une
« évacuation » d’un vent de l’estomac ; la pâleur s’explique parce que le sang se concentre
dans le cœur.
C’est intéressant parce qu’il y a de temps en temps des harmonies imitatives : « Souspirs
espars qui tant espaix se hastent... »
116 Dans le chapitre « Scève entre spiritualisme et naturalisme », Hunkeler cite Montaigne
qui, dans les années 1580, demande que l’amour redevienne une nature et non pas un art :
« Mon page faict l’amour et l’entend. Lisez luy Leon Hébreu et Ficin : on parle de luy, de ses
pensées et de ses actions, et si il n’y entend rien. […] Si j’étais du mestier, je naturaliserois
l’art autant comme ils artialisent la nature. Laissons là Bembo et Equicola. » [L’amour a été
réduit en art par Bembo et Equicola, et Montaigne s’y oppose ! Sans doute par italophobie.]

Pour l »énigme, demander à Elsa Veret


https://www.theses.fr/2018SORUL165

Titre possible pour commenter ces poèmes : « les confuses paroles d’une forge-temple ».
Desportes inspiré par l’emblème de l’amour-distillation, et pour qui le corps « sert » de forge
(mais cette forge est un temple). Preuve que le « moment emblématique » de la poésie des
années 1540-50 est ensuite dépassé par un mouvement de recomposition et de réécriture où
l’invention est la pierre de touche du génie poétique, l’emblème de l’alambic amoureux fait
l’objet du sonnet XLIII des Premières œuvres de Philippe Desportes (tercets) :

Mon amour sert de feu, mon cueur sert de fourneau,


Le vent de mes soupirs nourrit sa vehemence :
Mon œil sert d’alambic, par où distile l’eau.
Et d’autant que mon feu est violant et chaud,
Il fait ainsi monter tant de vapeurs en hault,
Qui coulent par mes yeux en si grand’abondance.39

Il y a un sonnet très ressemblant dans les Amours de Diane où le poète devient temple :
Mon œil sera la lampe, ardant continuelle
Devant l’image saint d’une dame si belle
Mon corps sera l’autel, et mes soupirs les vœux.

Par mille et mille vers je chanteray l’office,


Puis, espanchant mes pleurs, et coupant mes cheveux,
J’y feray tous les jours de mon cœur sacrifice.

48 « Desportes ne s’intéresse point à la nature » Graham, Victor E. “Quelques Vues Sur


Desportes.” Revue D'Histoire Littéraire De La France, vol. 60, no. 1, 1960, pp. 47–52. JSTOR,
www.jstor.org/stable/40521936.

En réalité il faut sans doute accoler le secret aux lieux communs de la forge amoureuse, parce
qu’il y a un occultisme dans cette topique.

**Pierre Hadot, La Philosophie comme manière de vivre

Pierre Laurens, L'Abeille dans l'ambre. Célébration de l'épigramme de l'époque alexandrine à


la fin de la Renaissance, Paris : Les Belles Lettres, 1989
9 Francesco Robortello, prolongeant Aristote, conclut que l'épigramme n'a pas de matière
propre et l'emprunte aux autres genres. [contrairement à Scaliger donc]. Une suavitas est
nécessaire. 10 Scaliger donne à l'épigramme une dualité simple (Grecs, Catulle) ou double
(Martial), elle a dans le deuxième cas la structure d'un enthymème (argumentation en deux
étapes).
33 Le premier chapitre s'appelle « La Pierre et le livre » (faire un chapitre : « Le Métal et le
39 Philippe Desportes, Les Premières œuvres, Paris : Classiques Garnier, 2014 [1573].
livre »
34 C'est que les épigrammes sont, par définition, un genre qui s'imagine écrit dans la pierre.
« origine inscriptionnelle ». [Pr secret
66 Le « modèle inscriptionnel » implique que l'épigramme est toujours une variation sur des
thèmes traditionnels : le don, les services rendus, les formules générales de l'épitaphe...
Modèle et variation = l'abeille dans l'ambre.
375 Le chapitre sur l'épigramme amoureuse à la Renaissance s'appelle « hydropyrique » (eau
et feu). 380 La fameuse « Anthologie » est d'un certain Planude. C'est du grec et un peu de
latin (** édition moderne?)
418 Deuxième chapitre : « Picta poesis », car les épigrammes renaissantes sont des portraits et
emblèmes. 463 Troisième chapitre : « Le prédicateur merveilleux » (pcq épigramme
chrétienne)
F. Lecercle, « Du phénix au pot-au-feu. Les emblèmes de Délie et la poétique de
l'hétérogène », Europe, n°691-692, 1986, p. 95-101
95 Mythe critique de la « neuvaine », selon lequel Délie est organisé en séries de neuf dizains.
96 Mais en réalité l’organisation cachée est seulement un fantasme du lecteur, né de
l’obscurité volontaire de Scève qui donne au lecteur « l’illusion qu’il va saisir une structure
toujours évanescente, et percer un secret qui se dérobe constamment. » C’est précisément
ainsi que les commentateurs contemporains de Scève lisent Pétrarque, comme si son
Canzoniere était une autobiographie déguisée.
97 Un autre point commun avec Pétrarque est l’hétérogénéité. « la liste des emblèmes hésite
entre un monde poétique sublime […] et un monde concret et quotidien, l’univers de la fable
ésopique et du travail rural ou domestique » 98 Or cette bipartition ne se retrouve pas dans les
textes. [Hypothèse de Joukoukou : bois préétablis] 101 Conclusion de Lecercle très opposée à
cette hypothèse visiblement : les emblèmes sont « d’autant plus scéviens qu’ils restent
étrangers » au texte.

Past & Present, éd. T. H. Aston, n° 73, 1976


Carlo Ginzburg, « High and Low : the Theme of Forbidden Knowledge in the Sixteenth and
Seventeenth Centuries », p. 28-41
Epître aux Romains, XI:20, “noli altum sapere, sed time”. Ne pas savoir mais craindre : c’est
ainsi qu’on a interprété un passage qui, en réalité, condamnait la jactance antisémite. 41 Alciat
compare les « astrologos » à Icare : Une autre devise dit « Quae supra nos, nihil ad nos ».
Mais peu à peu Icare devient positif, jusqu’à incarner un martyr du progrès scientifique
(« Nihil linquere inausum », dit un livre d’emblèmes de 1689). « The secrets of Nature are no
longer secrets. »

Thomas M. Greene, Poésie et magie, Paris : Juillard, 1991


15 Liens anciens, comme le suggèrent les étymologies, et par exemple chanson/enchantement.
Le verbe poiéo lui-même pourrait bien être le nom d’une « opération magique ». 18 Cette
magie poétique est désignée par Mallarmé comme un « Rien autrefois sorti de l’artifice
humain » [ou plutôt une rien sortie : ici l’ambiguïté mallarméenne est brisée par l’accord de
genre].
30 Le XVIe siècle est l’époque où « on s’est entre-tué pour essayer de régler la question de la
présence réelle de la chose dans ce qui était ou bien n’était plus sa représentation », périodes
« qui ont vu les sciences expérimentales s’opposer aux sciences occultes », même querelle
épistémologico-théologique.
39 « Le poème appartient à une culture postmagique marquée par une tension constante entre
croyances disjonctives et tentation essentialiste. » (entre Hermogène et Cratyle).
61 Plus une société croit en la magie, plus elle est philogyne, et inversement : Circé auguste et
attirante d’Homère à la sorcière mégère d’Horace.

Fichier établi à Censier :


Jacob, Margaret C. 2000. "Commerce, Industry, and the Laws of Newtonian Science: Weber
Revisited and Revised." Canadian Journal of History/Annales Canadiennes d'Histoire 35 (2):
275. http://acces.bibliotheque-diderot.fr/login?url=https://search-proquest-
com.acces.bibliotheque-diderot.fr/docview/1297342378?accountid=15868.
277 Le calvinisme au sens strict n’est pas capitaliste, d’ailleurs la predestination et la grâce
protestantes s’accordent mal avec l’idée de méritocratie. Mais l’unitarianisme, variante du
protestantisme, permet de comprendre qu’il y ait des lois naturelles sur lesquelles l’humanité
puisse agir. 278 « Dieu rationel. » 291 Décrit la pensée d’un protestant du XVIIIe, Priestly,
comme l’idée que « Newton made possible the correction of Calvin’s errors ».
Police and Private Order in Early Modern France, Criminal Justice Review
Volume: 13 issue: 2, page(s): 1-13
Issue published: September 1, 1988
Thomas Brennan
11 Il y a une distinction dans l’aire urbaine entre l’espace de police publique et l’espace où les
familles sont censées assurer leur police interne. Mais 12 La conclusion appuie sur
l’importance pas assez soulignée des appels que les familles font à la police pour assurer leur
ordre privé au XVIIe siècle.

Garçon, Anne-Françoise. “Les Dessous Des Métiers: Secrets, Rites Et Sous-Traitance Dans
La France Du XVIIIe Siècle.” Early Science and Medicine, vol. 10, no. 3, 2005, pp. 378–391.
JSTOR, JSTOR, www.jstor.org/stable/4130334.
378 “Mais que cachaient donc les Métiers? Qu’avaient-ils à cacher ? » Les secrets de
fabrication, répond l’article « Arts » de l’Encyclopédie. Diderot dénonce ce comportement et
appelle à l’unité nationale.
380 Y a-t-il une différence dans la culture du secret entre métiers jurés et professions libres ?
« Des travaux antérieurs sur la métallurgie préindustrielle ont montré, en effet, que dans les
métiers qui n’étaient pas liés à des corporations statutairement établies, la pratique du secret
n’était à comprendre ni exclusivement comme une protection à l’égard d’un tiers, ni
exclusivement comme le moyen de déterminer et de fixer une hiérarchie au sein de la
profession. Bien plutôt, la tension secret/dévoilement était indispensable à l’activité cognitive
propre à l’acte de production, ainsi qu’à l’apprentissage et à la transmission des savoir-faire. »
388 « La maîtrise du métier est passée de la pratique à la technicité, de la fabrication à la
gestion, gestion de la matière, gestion en complément de la main d’œuvre. Par contrecoup, la
place prise par le secret cesse d’être techniquement structurante ; elle s’estompe au profit
d’une place symbolique, sociale, une manière de marquer la propriété, celle des moyens de
production, celle de la technique, celle de la clientèle. » Tournant du premier XVIIIe. Mais la
maîtrise-secret est aussi sociale [Délie Scève]
390 « Il était aisé […] de passer du secret à la dissimulation »

Davids, Karel. “Craft Secrecy in Europe in the Early Modern Period: A Comparative View.”
Early Science and Medicine, vol. 10, no. 3, 2005, pp. 341–348. JSTOR, JSTOR,
www.jstor.org/stable/4130332.
342 Pamela Long a montré que l’openness définie comme « la part relative de liberté donnée
à la dissémination de l’information ou du savoir » est revendiquée par les traités de
métallurgie du XVIe siècle.
343 Si les milieux de l'érudition et de l'artisanat ne se mélangeaint guère à la Renaissance, ils
se rejoignaient sur le point de la préférence du secret sur l'openness.

Annick Texier :
Hecatongraphie, L’emblème « de tribulation vient prospérité » f. Ci v°-Cii r° : Pour moi ce
n’est pas une forge mais une ruche avec devant un feu pour la fumée et la partie ressemblant à
une cheminée est plutôt l’ustensile pour enfumer et dans la cuve des ustensiles pour broyer la
cire et le miel et pour filtrer ensuite et mettre dans des cruches….
Johannes Sambucus, « Alchimiae vanitas », Les Emblèmes, Anvers : Ch. Plantin, 1567, p.
184-185
Guillaume La Perrière, Le Théâtre des bons engins, Paris : Denis Janot, [1544]f. L iv v°-L v
r° :
POur folle amour, les supostz de Venus,
Ont des dangers à milliers & à cents:
Les uns en sont malheureux devenus,
Aultres en ont du tout perdu les sens.
Plusieurs auteurs en termes condecents,
De c’ont escript exemples d’importance.
Gardons nous doncq’ de sa folle accointance,
Si ne voulons endurer grandz alarmes,
Car à la fin, soubz feu de repentance,
Voyez amour distiller eau de larmes.

Thomas Sébillet, Art poétique françois, éd. Félix Gaffe et Francis Goyet, Paris : Nizet, 1988.
Dans le Chapitre III « De l’invention »
27 traite non seulement de l’invention mais aussi de la disposition, « ditte par le Grec,
Economie », c’est ce que Scaliger appelle économie !!! C’est une métaphore artisanale qui
l’illustre : « qu’il ne soit repris comme le sot cousturier faisant le capuchon de la cappe du
plus laid et mal uny endroit de la frize » (étoffe de laine à poils frisés).
Dans la préface du second livre, 102, il emploie ce terme de « matière ». Mais le traité de
Sébillet ne parle pas de la matière en soi : seulement adaptée à chaque genre : « quelle matiére
se traite mieus en cestuy cy, ou en cestuy la ». iL y a un chapitre XI « De l’enigme », qui
condamne son « obscurité », mais « Aujourd’huy ce nonobstant il est fort receu ».

caduc 768 sq : Partie « Le sujet de Délie » : le paradoxe est que c'est le sujet qui immortalise
son poète en fixant plus que le bronze ses sentiments. À ce propos, 778 : l'édition de Délie par
G. Defaux voit dans l'emblème du fourbisseur un double-sens sexuel.
Il s’agit bien pour André Mage de révéler le secret qu’on lui a transmis à l’ombre et à l’écart,
d’ « éventer » la technique que gardait pour lui le milieu fermé, au premier regard mystérieux,
des sauniers :
« Je veux donc evanter sur l’accent de ces hymnes
D’où et comment se font le Sel et ses Salines » (LS, v. 55-56.)
La critique littéraire a pu être sévère sur le poème de Fiefmelin, imposant au lecteur « une
ample séquelle de vocables barbares »40 (A-M Schmidt), « loin de résoudre tous les problèmes
liés à la vulgarisation en vers du savoir technique » (LS 2005, p. 46). Pourtant, si André Mage
n’aura aucune postérité littéraire, il a attiré l’attention renouvelée des historiens. Ce poème
constitue une source incontournable au vu de sa haute valeur documentaire. Le Saulnier « a
permis de sauver de l’oubli un savoir ancestral. De ce point de vue, la réussite du poème
didactique est exemplaire » (LS 2005, p. 32).

£Socio-poétique
Natalie Zemon Davis, Les Cultures du peuple. Rituels, savoirs et résistances au 16 e siècle,
trad. Marie-Noël Bourguet, Paris : Aubier Montaigne, 1979.
15 : Prospérité croissante avec le protestantisme. Un tiers de la population est convertie avant
1562, date du soulèvement calviniste qui rend obligatoire d’assister au culte. L’an suivant,
répression catholique ; 1572 : massacre des Vêpres.
21 Ainsi, un prédicateur protestant : « Nous sera tousjours necessaire un magister à la queue,
la verge en la main, comme si n’avions jamais le sens de nous conduire nous mesmes ?
Serons nous tousjours apprentifs ? »
121 À Lyon en 1580, seules 28% des femmes semblent en mesure d’écrire leur nom.
335 Certains livres sont conçus pour être consultés à l’atelier, comme la traduction de la
Pirotecnia de Biringuccio. Dans l’atelier d’imprimerie, cela arrive souvent : Michel Blanc,
simple ouvrier pressier à Lyon vers la fin des années 1530, connaissait suffisemment la poésie
de Marot imprimée par lui pour que son fils (l’imprimeur genevois Antoine Blanc) se rappelle
plus tard avoir été « nourri en jeunesse avec Marot ». Les femmes aussi, puisque les livres
contiennent des prières à réciter lors des grossesses et des accouchements.

Timée, Platon, Œuvres complètes, t. X, Paris : Les Belles Lettres, 1985, trad. Albert Rivaud.
126 Premier principe politique, la séparation des tâches (mia technè, un seul métier à chacun).
128 Après avoir esquissé très vite des principes politiques, Socrate « voudrait » voir cette cité
idéale se mettre en mouvement, comme on voudrait voir une belle statue marcher et répondre
quand on lui parle (image stupéfiante de la révolte, mais cohérente avec la distinction
simulacres/réalité chez Platon).
129 Or les poètes ne peuvent pas décrire la cité idéale qu’a dessinée le philosophe. « il est
évident à tous les yeux que la tribu des imitateurs imitera très facilement et fort bien les
spectacles parmi lesquels elle fut élevée. Au contraire, il est difficile de bien imiter en actions,
et plus encore en paroles, un monde auquel on est étranger par l’éducation » [c’est le vécu des
poètes qui explique leurs textes alors].
40 Albert-Marie Schmidt, op. cit., p. 177.
140 Le bon « ouvrier » se sert d’un modèle éternel, qui n’est pas « né », sinon son œuvre ne
sera pas belle. [C’est la preuve que le monde est créé sur un modèle immuable, le ciel des
idées, ou âme du monde.
[Il y a ensuite une physique, c’est pour ça que mes textes le citent.
180 Les métaux sont des variétés de l’eau. 181 L’adamas est « un genre voisin de l’or ».

Giorgio Agamben, Le feu et le récit, Rivages, trad. Martin Rueff, 2015 [2014], et non pas la
réédition 2018
C’est sur la perte des origines mythiques de la littérature. 9 « Pourrait-on se satisfaire d’un
récit qui n’aurait plus le moindre rapport avec le feu ? » 12-13 Il faut « transformer la
philologie en une discipline mystique », même si ce que l’on cherche est le Graal, a disparu,
comme l’a dit Benjamin.
13 « ‘Précaire’ sifnigie ce qu’on obtient à travers une prière (praex, requête verbale, distincte
de quaestio, une requête faite avec tous les moyens, fussent-ils violents) et qui pour cette
raison se révèle fragile et aventureux. Et la littérature est aventureuse et précaire, si elle veut
se maintenir dans un rapport juste avec le mystère. » 14 « Écrire signifie : contempler la
langue, et qui ne voit pas et n’aime pas sa langue, qui ne sait pas épeler sa frêle élégie ni
percevoir son hymne étouffé, celui-là n’est pas un écrivain. »
19 Un chapitre sur le « mysterium burocraticum », nom que donne Agamben à la cérémonie
éternelle des fautes et des peines, que le langage légitime.
47 Dans l’essai « Qu’est-ce que l’acte de création ? » petit résumé de l’opposition entre
dynamis (puissance) et energeia (acte) chez Aristote, livre XI de la Métaphysique et livre II du
De Anima : le passage de l’un à l’autre est le fait de tekhnai, l’architecte, le joueur de cithare,
le sculpteur, le grammairien sont les exemples qu’il prend. 48 C’est une réponse aux
Mégariques, qui pensent qu’il n’y a pas de puissance sans acte ; Aristote répond qu’on ne
pourrait pas appeler un médecin « médecin » hors de l’exercice de la médecine dans ce cas-là.
56 Cette puissance est, comme l’a écrit Titien, un ignis ardens non comburens, parce qu’elle
n’est jamais tout à fait achevée dans l’œuvre ; un véritable artiste ne fait pas tout ce qu’il peut
faire, ce serait une faute de goût. 65 Voilà ce qu’Agamben appelle « poétique du
désœuvrement », qu’il oppose 66 au conatus spinozien, « s’il est permis d’ajouter une petite
réserve à une grande pensée ».
82 Dans le chapitre « Au nom de quoi ? », après avoir remarqué que le poète parle au nom du
peuple ou de Dieu, ce qui est la même chose, Hölderlin est pour Agamben le premier poète à
parler sans le nom de Dieu, en « adémie » : « la démocratie dans laquelle nous vivons
aujourd’hui est pour l’essentiel adémie ».

Patricia Falguières, « Les inventeurs des choses. Enquêtes sur les arts et naissance d’une
science de l’homme dans les cabinets du XVIe siècle. », in Histoire de l'art et anthropologie,
Paris, coédition INHA / musée du quai Branly (« Les actes »), 2009, [En ligne], mis en ligne
le 28 juillet 2009, consulté le 22 juin 2018. URL :
http://journals.openedition.org/actesbranly/94
« Or aux xve et xvie siècles la science, qu’on n’appelle pas encore anthropologie mais qui
cependant existe bel et bien, ne passe pas par le voyage et la rencontre, et elle échappe aux
théologiens. Elle est affaire de textes et d’objets. Elle apparaît à la faveur d’une interrogation
sur la technè : soit sur la mimèsis, entendue comme relation de l’homme à la nature. »
Polydore Vergile s’inscrit dans la matière grecque de l’historia poïkilia, que Falguières traduit
par : « histoire bariolée ».
Cela fonctionne aussi à propos de Ronsard, même si Falguières parle surtout ici de Polydore
Vergile : « Cette approche technicienne des rites n’est pas seulement l’effet du caractère rituel
des religions examinées. C’est elle qui ouvre la collecte anthropologique à la question des
origines : c’est la technè qui formule l’anthropologie comme enquête sur les origines, parce
que c’est elle qui aménage la relation de l’humanité à la nature. C’est ce que nous révèle,
dûment examinée, la thématique des Inventeurs des choses. »
Elle cite « Si [la] science mécanique ne se trouvait pas dans les choses de la nature, l’homme
n’aurait pas découvert l’art qu’il y a trouvé. En outre, l’homme observant les choses qui ont
leur principe en elles-mêmes, a inventé le levier : de fait lorsque nous levons le bras pour
soulever un poids, un tel mouvement est le mouvement du levier. Ainsi le taureau avec ses
cornes nous a enseigné le principe du levier. Le cheval par ses ruades nous a enseigné le
principe du bélier. Et, en un mot, les animaux avec leurs mouvements, leurs instruments, leurs
organes nous enseignent l’art mécanique, la mastication nous a enseigné le principe du
broyage des grains. De sorte que l’art mécanique est tout entier œuvre de la nature, et les
sages antiques, avec une très grande sagacité, l’ont découvert par une diligente considération
de telles œuvres. » (Giuseppe Moletti, « Commentaire aux Mécaniques d’Aristote », dans
Gianni Micheli, Le Origini del concetto di macchina, Florence, Olschki, 1995, p.145.), sa
traduction
« Hippocrate, Diodore, Vitruve, Lucrèce rapportent en termes similaires l’invention du feu, la
première des inventions humaines, dont procèdent la société et le langage (la société
précédant le langage), puis une succession d’inventions qui toutes associent contingence et
mimèsis » (elle cite alors Lucrèce, V, 1241 -1352)
Retenir ce que dit Bacon de la poudre à canon, imprimerie et boussole : « En effet ces
découvertes, qui sont trois, donc peu nombreuses, et qui n’étaient pas difficiles à faire, ont
changé la face et l’état des choses […] au point qu’il n’est pas de gouvernement, d’école ou
d’étoile qui aient eu plus d’action et pour ainsi dire plus d’influx, sur les choses humaines que
n’en ont eu ces moyens mécaniques. » Bacon (1607) 1987 : Francis Bacon, Pensées et vues
sur l’interprétation de la nature ou de la science opérative, dans Francis Bacon, Récusation
des doctrines philosophiques et autres opuscules, Paris, Puf, 1987 ; trad. fr. : G. Rombi et D.
Deleule, p. 195.
« Mais cette science de l’homme qu’est la littérature heurématique est aussi une science des
dieux. Insistons sur la technicité de l’approche antiquaire des rites et des cultes : toute liturgie
relève de l’art. »
Note 33 : De la république, II, XIV. Traduisant Plutarque, Amyot a recours à la métaphore
artisanale pour qualifier l’art de Numa : « Amollir et adoucir, ni plus ni moins qu’un fer, sa
ville, en la rendant au lieu de rude, âpre et belliqueuse, qu’elle était, plus douce et plus juste »
(Plutarque 1951, I, p. 140) !! Utile pour Ronsard ausssi.

Le livre dans la vie amiénoise du seizième siècle…, Albert Labarre, intramuros


16-17 Un Collège d’environ 600 élèves à la fin du siècle : pas une ville universitaire du tout.
22 Très approximativement 25000 habitants au XVIe.
41 À Amiens il y a nettement plus de libraires que d’imprimeurs.
62 et suiv. : tableau des possesseurs de livres sur tout le XVIe siècle à Amiens selon les
inventaires, il n’y en a qu’un peu moins de 900, mais parmi eux, outre beaucoup de
« marchands » non identifiés, un « marchand drapier » 2 livres n. 13 ; une « Anne De Corbye,
femme de Jacques Damiens, orfèvre », 1 livre en 1518 n. 18 ; n. 24 Claude De Louvencourt,
orfèvre, 1518, 2 livres ; Pierre De France, orfèvre, 1520, n. 50, 2 livres ; n. 66 Guy Pointel,
marchand verrier, 1521, 1 livre ; n. 91, Colaye Le Cordier, femme d’Andrieu Ceullet,
manouvrier, 1 livre, 1523 ; n. 148, Simon de Bruyères, fondeur de cloches, 1528, 1 livre ; n.
174 Pierre Parent, serrurier, 1531, 3 livres ; n. 175 Jacques Piece, femme de Vincent Collenot,
chaudronnier, 1531, 4 livres ; n. 258, Jeanne Boullenoys, femme de Jean Piedena, serrurier,
1537, 1 livre ; n. 272, Colaye Gasseran, femme de Jean Chamus, charron, 1538, 1 livre ; n.
280, Mathieu De Gand, verrier, 1539, 5 livres ; n. 296, Jean De France, orfèvre, 1540, 1 livre ;
n. 372, Jean Le Prevost, maître maçon, 1545, 1 livre ; n. 387, Pierre Wignery, marchand
quincailler, 1545, 2 livres ; n. 441, Martin Lefevre, marchand orfèvre (porte bien son nom),
1549, 7 livres !; n. 491, Marguerite De Cuigneres, femme de Lambert Dufour, orfèvre, 1552,
1 livre ; n. 501, Catherine de Luisiers, femme de Rapha Gambier, maçon, 1553, 1 livre ; n.
505, Jean de Graval, orfèvre, 1553, 1 livre ; n. 520, Lambert Dufour, orfèvre, 1554, 2 livres
(sa femme est le n°491) ; n. 547, Marie Lecas, femme de Walleran Dumont, orfèvre, 1556, 1
livre ; n. 577, Jean Cordier, fourbisseur, 1557, 8 livres !; n. 593, Noël Le Vacquer, orfèvre,
1558, 1 livre ; n. 667, Marie Mouret, veuve de Pierre Randon, orfèvre, 1562, 1 livre ; n. 747,
Mille Vacquer, orfèvre, 1567, 8 livres ; n. 759, Antoine Michel, chaudronnier, 1568, 10 livres ;
n. 758, Firmin Lecomte, armurier, 1568, 1 livre ; n. 852, Nicolas Chamus, verrier, 1574, 1
livre ; n. 856, Marie Delavallée, femme de Robert Haullemaire, fourbisseur, 1574, 1 livre ; n.
866, Michelle Gueant, femme de Baptiste Lebourgeois, marchand ferronnier, 1575, 2 livres ;
n. 869, Jeanne Desloges, femme de Gilbert Deparis, orfèvre, 1575, 1 livre ; n. 886, Marie
Accart, femme de Christophe Obry, orfèvre, 1576, 5 livres.
122 L’analyse de Labarre distingue « marchands », ceux qui tiennent boutique et dont les
orfèvres font partie, des auters « gens de métier ». Somme toute les arts du feu sont loin d’être
les plus représentés…
126 L’augmentation de la possession de livres chez les gens de métier n’est pas plus
importante que la possession de livres de la société en général.
(Il faudrait lire d’autres études de ce genre sur d’autres villes…)

Pierre-Maxime Schuhl, Machinisme et philosophie, PUF, 1969 [1937]


29 Commence par un paradoxe : si l’Antiquité a développé une grande ingéniosité technique,
« les mécanismes comportant des applications pratiques véritablement importantes sont
relativement rares », à l’exception du moulin à eau. 30 Leurs inventions, ils les ont considérés
comme des objets de curiosité, quae non sunt ad necessitatem, sed ad deliciarum voluptatem,
dit Vitruve. 31 Les machines posent des problèmes moraux : « À quoi servira la bravoure
maintenant », aurait demandé Archidamas, fils d’Agésilas, voyant une catapulte venue de
Sicile. Mais les problèmes moraux ne sont pas l’essentiel. 32 La machine en réalité n’est pas
indispensable dans une société qui dispose d’esclaves, de même que l’esclave est
indispensable quand on ne dispose pas de machines ; 33 « le harnachement antique était tel
que la force motrice animale n’avait qu’un rendement très réduit ; le collier du cheval portait
en effet sur la gorge de l’animal, comme un collier de chien, menaçant de l’étrangler au
moindre effort, au lieu de porter, comme aujourd’hui, sur les épaules ; […] la difficulté du
charroi des minerais et des combustibles n’aurait pas permis la construction de forges ou de
fonderies importantes. » Aussi on méprise les arts mécaniques puisqu’ils sont réservés aux
esclaves ; l’apparition d’ingénieurs est impossible dans cette société. 42 Bien sûr l’art qui
s’oppose à la nature est un sérieux frein au machinisme. [En poésie aussi Cite le De natura
deorum de Cicéron : « Nulla ars imitari solertiam naturae potest ». 54 L’auteur situe entre le
XVIe et le XVIIe la perte pour le mot « mécanique » de sa valeur péjorative. 56 L’auteur
trouve dans l’éloge de l’alchimie par Jean de Meung la source d’un discours de réhabilitation
de l’art par rapport à la nature. 58 Bacon, formule célèbre : Ars homo additus naturae, l’art,
c’est l’homme ajouté à la nature (De augmentis, II, 2, 497).
Jennifer Oliver (2016) Rabelais's Engins: War Machines, Analogy, and
the Anxiety of Invention in the Quart Livre, Early Modern French Studies, 38:2, 97-110, DOI:
10.1080/20563035.2016.1235367
L’idée générale est que le terme engin, qui désigne beaucoup de choses chez Rabelais,
réconcilie Nature et Art : les plus complexes manœuvres militaires, comme les tripes des
héros, sont des engins (mais pas encore le membre viril, paraît-il). Mais cette réconciliation
pose des problèmes théoriques : tous les engins sont-ils similaires, comparables ? « While
mechanistic analogies were (and remain) commonplace in political thought, suche imagery
also tests the practical and ethical limits of allegory as anxiety about invention, both
technological and poetic, is brought to the fore. »
Jennifer Olivier remarque d’abord que les noms de machines de guerre sont tirés d’animaux.
Elle cite ensuite Flave Vegece […] du fait de guerre : et fleur de chevalerie, quatre livres…,
trad. Nicole Wolkyr, Paris : Wechel, 1536, selon qui les parallèles entre machines et animaux
ne sont pas faits seulement sur l’apparence, mais sur « the percieved temperament » de la
machine : animisme militaire. De plus le corps de Mardigras (qui est un pourceau) subvertit
les machines militaires.

Marielle Macé, Styles. Critique de nos formes de vie, 2016


11 Je crois […] que pour un regard éthique, tout être est manière d’être. Et que le monde, tel
que nous le partageons et lui donnons sens, ne se découpe pas seulement en individus, en
classes ou en groupes, mais aussi en « styles » ».
12 « étendre le domaine des formes bien au-delà du champ de l’art » : parler du style n’est pas
que faire de la critique littéraire.
20 « Bête de style », c’est l’être humain selon Macé. « Formes de vie » revient souvent aussi,
mai surtout Bête de style est une tragédie de Pasolini.
41 Le style connaît une « logique distinctive » (avoir un style différent de) et une « logique
identifiante » (avoir un style caractéristique de).
48 « Je suis convaincue qu’une des vertus de la littérature est qu’elle soutient par définition
cette certitude qu’il y va de la vie dans les formes. » 52 « Littéraire : celui qui veut voir les
formes, à même la vie ; et plus encore peut-être : celui qui est susceptible d’être emporté,
atteint, altéré et même blessé par des formes. »
122 Dans cet intérêt des formes, il faut observer plutôt que comparer. Le style n’est pas
toujours une distinction, quoique pensent les sociologues et les publicités conjointement (mais
inversement).
172 Elle distingue toujours chez Barthes une première période « décevante » de
« sémiotique » et une période tardive de stylistique.
183 et suiv. : Macé rejoint la notion de terre chez Deguy lorsqu’elle parle d’ « ethos », qui est
le caractère que nous habitons. [C’est donc un intérieur… ? Beauvoir lève un sourcil
197 La force, la très grande force de ce champ de recherche Macéen : la préservation de
formes de vie menacées, de styles alternatifs, du nuancier le plus ouvert possible contre le
monochrome indésirable (« déclore » les possibles, dit Macé) [et par exemple le rouge sur le
mur FB de Garric]. Préservation qui n’est pas, proteste la p. 202 contre d’éventuels
communistes, un individualisme libéral.
250 Elle cite souvent Arjun Appadurai, penseur des différences de cultures : la culture
aujourd’hui « implique bien la différence, mais les différences d’aujourd’hui ne sont plus
taxinomiques, elles sont interactives et réfringentes » : elles renvoient les images qu’elles
s’approprient pour tenter encore d’autres pratiques.
Rancière, Le Philosophe et ses pauvres, 2007 [1983]
Préface de 2007 : IV les prolétaires ne doivent pas perdre leur culture et ne peuvent pas non
plus se révolter par eux-mêmes, sans intervention extérieure.
V les prolétaires n'ont « pas le temps de ne pas croire » à la « fable de leur infériorité ».
VI les « dépossédés qui sortent de la dépossession » ne sont « jamais qu'une classe d'êtres
amphibies, incapables de produire autre chose que de la fausse monnaie au pays de la pensée
et des prestiges trompeurs au pays du travail ».
XII-XIII Même Bourdieu, misérabiliste devant l'éternel, a affirmé dans La Misère du monde
une vérité contradictoire avec l'idée que les pauvres sont nécessairement la souffrance générée
par la société : « la première souffrance est précisément celle d'être traité en souffrant. Et si le
sociologue peut apporter quelque bien à celui qui est assis en face de lui, ce n'est pas en
l'éclairant sur les causes de sa souffrance mais n écoutant ses raisons et en les donnant à lire
comme des raisons et non comme l'expression d'un malheur. »
XIII « Car le mal intellectuel premier n'est pas l'ignorance, mais le mépris. C'est le mépris qui
fait l'ignorant et non le manque de science. Et le mépris ne se guérit par auune science mais
seulement par le parti pris de son opposé, la considération. »
43 Le premier chapitre, à propos de Platon, remarque que la qualité essentielle de la Cité pour
Platon est la « monotechnie », le partage essentiel des tâches.
55 Pour Platon, l'artisan est nécessairement un mauvais philosophe, car n'ayant rien à perdre,
il est forcément motivé par l'appât du gain. C'est ce que Rancière démontre à partir de La
République, VI, 495, d-e, où un forgeron enrichi épouse la fille de son maître ruiné : le
forgeron-philosophe est nécessairement « adultère », dit Rancière.
76 à propos de l'Ion Rancière émet l'hypothèse que Platon laisse entendre qu'il n'est pas
inspiré, précisément parce qu'il est intéressé, ce qui est la marque des artisans.
116 à propos de Marx, Rancière explique que selon Marx les travailleurs sont toujours des
producteurs, même lorsqu'ils se haussent au rang des philosophes et leur font honte : ils
produisent une idéologie qui est la même chose que le travail. La science, la vraie, est une
« critique » (d'ailleurs Marx est un « critique », pas un philosophe ni un historien).

Jacques Rancière, Les mots de l’histoire. Essai de poétique du savoir, Essais Points, 2014
[1992]
Problème pointé par l’introduction intitulée « Une bataille séculaire », p. 9-22 : l’Histoire est
une histoire qu’on se raconte et elle n’est peut-être qu’un épiphénomène tant le temps
continue, et les métiers avec. Heureusement l’école des Annales n’a pas cédé aux sirènes
scientistes et a continué d’être une histoire, mais racontée autrement.
20 définit une « poétique du savoir » : « étude de l’ensemble des procédures littéraires par
lesquelles un discours se soustrait à la littérature, se donne un statut de science et le signifie ».
Ensuite, dans un chapitre « Le roi se meurt », à propos de Braudel et de La Méditerranée :
« déplacement scientifique répond au déplacement d’une politique qui ne bat plus à l’heure
des rois mais à celle des masses ».
p. 48-50 Rancière résume l’analyse d’Averbach à propos de la révolte de Percennius dans
Tacite et du reniement de saint Pierre. Dans un cas, Tacite donne à Percennius sa propre
langue, privant la scène de réalisme ; dans l’autre, l’évangéliste donne à la servante une parole
spirituelle de servante. 51 Percennius parle au style indirect libre, à l’infinitif dans le texte, qui
est inclusion dans la communauté lettrée selon Rancière et non exclusion du réalisme comme
le disait Averbach.
61 tant que le roi fait l’histoire, les noms de l’histoire ne sont pas trompeurs : « roi » désigne
plus ou moins une réalité nette. Mais lorsqu’il s’agit de masses sociales, ce dont il s’agit dans
la nouvelle histoire, les « noms » deviennent très trompeurs : bourgeois, noble, paysan
recouvrent des temps et des classes très différentes. Cette erreur n’est pas le fait seulement des
interprètes, mais des acteurs mêmes de l’histoire des masses. 64 à terme, on en arrive au
suicide de l’histoire : « il ne s’est rien passé de ce qui a été dit ».
78 Le fondateur encombrant de l’école des Annales, Michelet, a pour « récit fondateur » la
révolution. La racontant, « il invente un art de faire parler les pauvres en les faisant taire, de
les faire parler comme muets ». 80 Plus tard, Michelet raconte la vie de Chalier sans jamais
citer le moindre de ses discours. Son but est de rendre visible, non pas audible, la voix des
pauvres. Le chapitre se conclut sur l’histoire de Michelet décrite comme mythe, d’accord.
114-116 L’hérésie (dit Lefebvre), la sorcellerie (dit Michelet) est l’objet-limite de cette
histoire des Annales, de l’histoire de Michelet. Ce sont des anachronismes « sans lieu », c’est
« le crime de l’Eglise », dit Michelet. 122 « Donner lieu à l’hérésie, c’est la supprimer comme
telle, l’enterrer en la territorialisant. L’inquisiteur supprime l’hérésie en l’éradiquant : il la
marque, il la met à l’ombre, il la tue. L’historien, à l’inverse, la supprime en l’enracinant. Il la
soustrait en quelque sorte rétrospectivement à la vindicte inquisitoriale en lui donnant la
couleur de la terre et des pierres, en la rendant indiscernable de son lieu. » Marine serait bien
d’accord.
La conclusion demande « une histoire hérétique », c’est le titre du chapitre p. 145-169, et
Marine serait bien d’accord.

Jacques Rancière, Courts voyages au pays du peuple, 2015 [1990]


Le premier chapitre, « Le PVoyage du poète », p. 15-32, raconte le parcours de la France, en
1790, par William Wordsworth. 31 « Si naïvement panthéiste qu’on le suppose, le poète sait
que la nature ne répond pas plus aux poètes qu’aux révolutionnaires et pas même aux
enfants ». Puis sur les saint-simoniens, sur Georg Büchner (« Büchner désespérait de la
dissection infinie nécessaire pour qu’un être jamais puisse en connaître un autre », p. 92-93),
sur un savoyard qui tente d’échapper à sa condition de prolétaire au milieu du XIXe. [il y a
quelque chose d’émouvant dans cette quête saint-simonienne de « la Femme », censée
résoudre toutes les erreurs politiques.]
À propos de Michelet : « Le professeur en appelait à l’amour pour combler le fossé entre les
riches et les pauvres, entre le peuple et les lettrés » (92-93).
Dans le chapitre « Marthe et René », il évoque l’idylle brève et ratée entre Rilke et une femme
pauvre de Paris, Marthe : idylle ratée parce que Marthe se plonge dans l’image que lui offre ce
poète au lieu de s’en servir et que Rilke doit l’abandonner symboliquement pour retrouver le
chemin de la création… C’est un peu fumeux, complaisant et romantique ; je préfère
Beauvoir.
122 Non pas « l’insurrection », mais « une insurrection ». Préserver pour le « peuple » la
possibilité qu’il nous surprenne, l’ouverture dont parle Claude Mouchard dans Papiers !.
Défense donc de l’inconnu, préservation de l’espace incognito.

Nathalie Quintane, Les années 10, La Fabrique éditions, 2014


S’oppose radicalement à l’idée d’un rapprochement volontaire avec « le peuple » : on en est
irrémédiablement éloignés, on est des bourgeois qu’on le veuille ou non.
La « classe moyenne » serait le nom de notre isolement, isolement terne et triste : « il va
falloir travailler dix fois plus pour en sortir quelque chose d’excitant » (172). Je crois qu’elle
se leurre sur les apparences de modernité (d’ailleurs elle ne prend jamais appui sur une œuvre
plus ancienne qu’elle-même). Il faudrait « se vomir » soi-même pour sortir de la classe
moyenne (174). Mais non : on est déjà dehors, c’est « classe moyenne » qui nous embourbe.
« Pourquoi l’extrême-gauche ne lit pas de littérature », cité par André Bayrou dans son
introduction. C’est la raison pour laquelle je lis cela. P. 175-201
180 Nathalie Quintane raconte qu’elle cite à un ami la phrase de De Gaulle : « La France
vient du fond des âges ». Qu’il ne la trouve pas drôle mais vraie, alors qu’elle a du mal à
prendre cette phrase au sérieux. Je vois tout à fait comment cet « humour » s’est perdu en
effet. La France vient du fond des âges.
184 Lorsque l’extrême-gauche écrit, elle est « déjà-déçue » : c’est le ton geignard
insupportable des pamphlets d’aujourd’hui.
197 Nathalie Quintane écrivit Chaussures en 1997 et pensait faire là un acte politique, mais ce
n’est pas comme un livre politique que les lecteurs l’ont reçu : « j’ai compris […] que la
thématisation était (redevenue) indispensable ».
Elle a l’air de tenir à Tomates, il faudrait peut-être le lire en comparaison avec Magda de
Mazarine Pingeot…

Tristan Trémeau, sur son blog, recensant Peuples exposés, peuples figurants, de G. Didi-
Huberman
http://tristantremeau.blogspot.fr/#!/2013/08/critique-de-livre-peuples-exposes.html
Quatrième volet de L'oeil de l'histoire, inauguré en 2009 par Quand les images prennent
position, Peuples exposés, peuples figurants reprend le fil de la réflexion esthétique et éthique
de Georges Didi-Huberman sur les liens indissolubles entre esthétique et politique dans les
représentations (des arts plastiques au cinéma, en passant par la photographie documentaire),
là où il l'avait laissé dans un autre livre, parallèle à cet ensemble, Survivance des lucioles
(Minuit, 2009) : là où Pier-Paolo Pasolini voyait un désastre dans les représentations des
peuples (métaphorisées en lucioles en voie d'extinction) en raison de leur défiguration ou de
leur dégradation par les représentations médiatiques, commerciales, spectaculaires et
touristiques, « malgré tout » Georges Didi-Huberman, inspiré par l'impératif d'optimisme d'un
Walter Benjamin, traque dans son nouveau livre les œuvres dans lesquelles résisteraient des «
parcelles d'humanité ». Ainsi affirme-t-il que « déclin n'est pas disparition » (p.223) et, au
sujet du cinéma de Pasolini lorsqu'il expose « des gestes immémoriaux et pourtant bien
modernes », que le cinéaste « n'en consacre pas pour autant la perte » mais au contraire « les
rend possibles à nouveau, leur accordant une nouvelle actualité, une nouvelle valeur d'usage,
une nouvelle nécessité » (ibid.). Contre les récits apocalyptiques du déclin et de la
dégradation, Georges Didi-Huberman revendique, en pratique, la nécessité de considérer tout
ce qui persiste, insiste, survit des peuples, dans des œuvres qui à la fois s'opposent aux
représentations médiatiques dominantes et résistent aux discours de la perte irrémédiable ou
fatale. Pour cela, il revient sur des œuvres fameuses de la modernité (Goya, Gustave Courbet,
Walker Evans, August Sander, Roberto Rosselini, Pier Paolo Pasolini...), s'inspire de nouveau
de Walter Benjamin, Hannah Arendt et Aby Warburg, mais n'ouvre son analyse qu'à deux
artistes contemporains, le photographe français Philippe Bazin et le cinéaste chinois Wang
Bing. Si l'ouvrage, dans son ensemble, est passionnant, de surcroît porté par une écriture
fluide — malgré les nombreuses références — qui doit sans doute à ses conditions de
production (l'enseignement à l'EHESS), ce peu d'inscription du propos dans la création
actuelle le rend en partie inachevé pour penser les conditions esthétiques et politiques de
dépassement de l'éternel ressassement mélancolique de Gauche (auquel Georges Didi-
Huberman se confronte) quant à la dégradation fatale des conditions d'expérience de l'altérité
et des impératifs de représentation et de reconnaissance des peuples.

L’Etabli, Robert Linhart, 2014 [1978].


« J’avais soigneusement composé mon histoire... » : l’intellectuel s’imagine une vie d’ouvrier,
p. 15.
« Ma tête croit le comprendre : mes mains obéiront-elles ? » (p. 23).
L’épisode très important à retenir est celui du tract pour la grève, quand Citroën veut
récupérer les heures perdues par les acquis sociaux de mai 68. Le tract qui s’y oppose parle
d’abord des conditions de travail, et puis tout est effacé et les communistes y mettent quelque
chose de plus poignant : « J’ai l’idée, fugitive, que ces mots sont très forts dans toutes les
langues : insulte, fierté, honneur... » (p. 90)
On comprend à la fin la dédicace « à Ali, fils de marabout et manœuvre chez Citroën » : car
cet Ali est un collègue que Linhart rencontre une journée de travail seulement (p. 146-147), et
avec qui il ne discute que grâce à une faiblesse de la surveillance.

Hommes et femmes de la Renaissance. Les inventeurs du monde moderne, Robert C. Davis et


Elizabeth Lindsmith, 2011, c’est un livre d’art.
J’ai beaucoup appris sur la Renaissance italienne, le XVe siècle, et par exemple ces
« conversations sacrées » qu’invente Jan Van Eyck lorsqu’il peint un dignitaire de son époque
à côté d’un personnage de l’histoire sainte, comme dans La Vierge du chancelier Rolin, 1430.
Certains noms mériteraient que je me repasse le sommaire régulièrement : Jan Hus, par
exemple, précurseur du protestantisme. Filippo Brunelleschi est un architecte et orfèvre, sur
qui il faudrait se renseigner [il a fait tout Florence ; il n’a aucun rapport proche ni lointain
avec la poésie] Gutemberg aussi…Lucca della Robbia est formé chez les orfèvres enfin.
La « donation de Constantin », le contrapposto, les vedutisti (paysagistes) vénitiens, et la vie
de Gracia Mendes Nasi, Sofonisba Anguissola, Veronica Freco : tout cela est à connaître.
Le livre de Vésale De humani corpori fabrica éclaire la métaphore de la forge
anthropomorphe…

Du Monin, Miscellaneorum poeticorum adversaria, tomum alterum Paris, Jean Richer, 1578.
Gallica intra muros.
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8700986x/f192.image
422-423 Réécrit Hésiode lui aussi :
“Ut figulum figulus, fabrum faber odit, & urget:
« Sic sua Pegaseus quis rigat ora latex.
Sic canit Ascraei venerandus pectinis auspex
(C’est seulement pour redire son amitié à « Joannem Bonifonium Arvernum Poëtam
tersissimum, Theseum nostrum »)

Crawford, tome 1, Eloge du carburateur, éd. La Découverte


Chapitre « Bref plaidoyer pour les arts mécaniques » P. 29 : il se sert d’Homère car chez le
poète, sophia peut aussi désigner « l’habileté technique du menuisier, par exemple ». 44 Tous
les métiers qui consistent à appliquer des règles et un protocole sont
mécanisables/délocalisables. F. Levy : « la créativité consiste à savoir quoi faire à partir du
moment où les règles sont impuissantes, ou bien quand il n’y a pas de règles du tout. » 99
Aristote distingue les arts fondés sur la nécessité (comme l’architecture : si le bâtiment
s’effondre, c’est qu’il était mal construit) et les arts stochastiques, hasardeux : en médecine on
ne peut que favoriser la santé, mais qui sait, une maladie est vite arrivée… 115 Crawford
utilise le terme d’idiot pour désigner le travailleur qui ne s’engage pas dans son travail, qui ne
s’en sent pas responsable devant la collectivité. 143 D’où une revalorisation du contrat
économique comme un engagement humain et une formation du lien public. 185 Cite
Anaxagore cité par Aristote : « c’est pcq il a des mains que l’homme est le plus intelligent des
animaux ».
£Virgile et Homère, traductions
Les premieres oeuvres françoyses de Jean de la Jessée, A Anvers, de l'imprimerie de
Christofle Plantin, 1583 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70472c/
514 Un seul vers de cet épisode du livre VIII est traduit : intitulé « De Cyclopibus », « Ferum
exercebant vasto Cyclopes in antro. », qui donne chez La Gessée, en décasyllabes :
« Dans un grand Creux s’exerçoit maint Cyclope,
Pyragmon nud, & Bronte, avec Sterope. »

Bruno Méniel, p. 352 : « Ces fonctions [de manifeste poétique] de l’ekphrasis sont si
prégnantes qu’elles font souvent oublier au poète qu’il décrit un objet. Celui-ci n’apparaît plus
que comme un support sans matérialité, un prétexte à une digression poétique qui néglige les
modes de représentation qu’imposent la peinture, la tapisserie ou le travail des métaux. » Avec
une exception, p. 353 : les armes de Berol dans La Savoye d’Honoré d’Urfé.
Amadis Jamyn, « Ode sur le retour du Printemps », dans Livre II des Oeuvres poétiques, t. 2,
éd. Samuel M. Carrington, Genève : Droz, 1978, p. 63
Le printemps revient : le bétail sort, le laboureur aussi, Vénus et les Grâces dansent, et v. 17 :
Tandis que son Vulcain r’allumant ses fourneaux,
Des Cyclopes nu-bras fait haster les marteaux,
Faisant ardre l’enclume et la forge bruyante
De flamme petillante.
[Imité de Horace, Odes I, IV. Les travaux et les jours : retour cyclique. « R’allumant » comme
Ronsard !… Et l’hiver est-il la cessation de la forge ? Je ne crois pas, cf. Ferraria.
[Pour un article : dans le premier tome de l’éd. Carrington de Jamyn, p. 290, Jamyn imite un
emblème d’Alciat sur la paix, ce que Carrington n’a pas remarqué.

Jucquel Rougeart, Œuvres Complètes (1578), éd. Catherine Magnien-Simonin, Genève :


Droz, 1988.
103 « Les Amours de Mars et de Venus à Madame Renee de Rohan. » [cf. Le Titien et
Claudien pour ce genre d'épithalame]
104 … Comme Vulcain (qui à Jupin prepare
L’horrible foudre en l’isle de Lypare
Pour l’élancer sur le mortel d’embas
Qui son pouvoir point n’estime grand cas)
Aux Aetneans mandoit en leur service
Qu’ils eussent fait deüement leur oddice
(Pour obeyr à son maistre Vulcain
Un chascun met à l’ouvrage la main,
Un d’un beau feu le noir charbon allume
Y met le fer, et radresse l’enclume,
L’autre du feu l’ardeur irrite d’eau,
Un le fer tire, et l’autre d’un marteau
Le coigne fort), Venus estant pensive
En sa maison se pourrissoit oysive… (v. 17-30)
Le messager parle à Vulcain qui ne bouge pas, p. 113, v. 333-334 :
Tout aussitost qu’il rencontra Vulcain
Qui ne bougeoit de l’ouvrage la main…
170 « Complainte de tous les dieux sur la mort du très magnanime Seigneur Baudouin de
Goullaine en son vivant Seigneur de Goullaine. » 171 « De Vulcain. »
Quand je forgeois d’une façon divine
Le tendre cors de ce puissant Seigneur,
Je promettois secret en ma poitrine
Qu’estre il debvoit de ce monde l’honneur.

Florence Goyet, L’Épopée, dans Vox Poetica,


http://www.vox-poetica.org/sflgc/biblio/goyet.html#_ftnref1
et http://www.vox-poetica.org/sflgc/biblio/goyet2.html#_ftnref1
Etiemble, dans l’article "Epopée", Encyclopædia Universalis (dans ses deux premières
éditions, 1974 et 1992), repris dans Essais pour une littérature (vraiment) générale, sous le
titre "L'épopée de l'épopée", Gallimard, 1974, montre que l’étude de l’épopée était dans une
impasse occidentalocentrée qui a été surmontée depuis, notamment grâce à l’élargissement
considérable du corpus des épopées. Hier, l’analyse des épopées a été renouvelées par les
exemples serbo-croates. Aujourd’hui, par exemple chez Jean Derive, les textes africains
apportent un nouvel éclairage à l’étude de l’épopée. Un colloque international sur l’épopée
s’est réuni en 2000 à Dakar.
Le problème c’est qu’on ne peut plus rien définir nettement, à part à trouver quelque
dénominateur commun à un ensemble de textes héroïques.
Dans le procès de Ganelon, dans La Chanson de Roland, Florence Goyet montre que s’il y a
procès, c’est qu’il y a des partis tenables qui s’affrontent, et qu’il faut les départager, il faut
juger et trancher, non se donner d’emblée à l’évidence que Ganelon est un traître. Dans
l’épopée, « Il n'y a pas un "traître" et un héros, une erreur et une vérité, mais des possibles
constamment remis en équilibre. Le procès en est le signe le plus profond: refusant
l'"évidence", il dit que les diverses vérités doivent être départagées, ne le sont pas d'emblée. »

Le Sieur de La Palme, L'Heptaméron de la Navarride


https://books.google.fr/books?
id=toRucrVYPb0C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onep
age&q&f=false
La gageure d’une « épopée de l’histoire récente » rend impossible la liberté poétique
nécessaire à l’épopée…
Il y a quand même (p. 833) une « forge d’Érasme » qui répand des notions mensongères…
Mais sinon rien.

Gallica, Des Autels, Guillaume (1529-158.?). La paix venue du ciel : dédiée à monseigneur
l'évesque d'Arras ; avec Le tombeau de l'empereur Charles V César, tousjours Auguste : dédié
et présenté à la majesté du roy son fils / par Guillaume Desautels.... 1559.
Collier de la paix, offert par Jupiter qui dit à la Paix sa fille :
Pren ces fix chaines d’or, que Vulcan pour la gloire
De son mestier forgea : & au beau char d’ivoire
De la Paix les attache, elles de longueur ont
Autant que de ce monde en contient tout le rond.
Mais tant ingenieuse est leur façon menue,
Que la subtilité en peut tromper la veuë.

Revue du Seizième Siècle n. 18, 1931, Alice Hulubei, « Virgile en France au XVIe siècle.
Editions, traductions, imitations », p. 1-77
5-6 « Enfin, on voyait dans les œuvres de Virgile la prophétie, le miracle, la science ; Virgile,
magicien, connaissait la formule pour se rendre maître du monde invisible et évoquer les pâles
ombres des enfers ; prophète du Christ, il annonçait la nativité du Seigneur ; homme de
sciences, il détenait toutes les spécialités : astronomie, sciences naturelles, médecine,
mathématiques. Son oeuvre constituait une encyclopédie des connaissances de l’antiquité et
un excellent modèle à imiter » (au Moyen Âge).
23 Ce n’est que vers 1550 qu’on interprète Virgile de façon plus littérale, en éludant les
délires de Servianus et consorts.
42 L’article est très sévère vis-à-vis de la traduction de l’Enéide par Du Bellay qu’il trouve
affreuse.

La Cite du Montelimar ou les trois prinses d'icelle, A. de Pontaymeri, 1591


Adressé au seigneur Desdiguieres, capitaine en Savoie et conseiller privé du Roi, a2 r°.
a3 r° : « ce mien ouvrage, esbauché parmy les feux des guerres civiles, le brazier des assauts,
et la sanglante poussiere des combats » ; « la verité princesse unique de mes affections m'a
dicté ceste histoire ».
a4 r°, un sonnet de Calignon, tercets :
Ronsard ne fut heureux que pour avoir véscu,
Avant que l'on sentist l'effort de ta vertu :
Vrtu, que tu fais voir à nulle autre semblable.
Car le Bartas est mort, cher priseur de tes vers.
Tu es donc le phenix de ce rond univers,
Puis que seul il estoit à toy seul comparable.
Livre I : appel à Apollon.
p. 17 adresse à l' « execrable ligueur » : ses armes et gendarmes sont
Forgerons de ton mal en tes propres fourneaux
{18} Ils te plombent les flancz de tes propres marteaux.
p. 39 début du livre II :
La France, qui tousjours en la France mutine
Reforge les outils de sa proche ruine,
Eschaufoit dans soy-mesme un brazier de combatz,
Un tourbillon d'assautz, un monde de soldatz,
Le foudre jovial du balottant tonnerre
Boule boule-ebouilloit nos murailles à terre [ ??
Par la sape & la mine, & le grondant petard, [le livre I se termine sur la présentation du pétard
Et ce qui peut forcer la nature en son art,
Le pont, le mantelet, la grue, & l'escalade,
Et le cercle & le feu, l'esclatante grenade :
Chascun à qui le mieux veut pretendre au butin,
Courant à toute bride à son prochain destin,
Sans que pour tout appuy aucun homme s'advance
A prevenir le mal qui gangrene la France.
C'est assez d'inspiration aubignesque.
48 Le fortuneux accord du changeant univers
Descorde son maintien, & le pousse à l'envers :
Il rit soudainement, soudain il amertume,
Come il veut marteler sur l'un & l'autre enclume :
Ou le bien, ou le mal il presse entre ses mains,
Le fatal changement des changeables humains. [Pour Alicia
62 D'un propice Vulcan ses armes ne sont pas,
Qui le puissent long temps guarentir du trespas :
L'eschauffé Pyragmon, & toute la brigade
Des Brontes martelans au bucher d'Encelade,
N'ont forgé les harnois de ses onze soldatz,
Qui mutinent guerriers le foudre des combats.
Les hoyaux fossoyeurs des vignes larmoyeuses
En cuirassent leurs flancs, leurs costes raboteuses.
Le bouclier a sept plis du Telamonien,
Qui guarantit de mort le vieillard Nelien,
Quand Hector valeureux loin, bien loin de sa ville
Enflammoit les baisseaux de la Grece in'habile,
A maintenir l'effort : de targe ne servoit
A l'escadron menu qui pour defense avoit
Des couvercles de bois non de menuserie,
Ains de troncons formés à la charpenterie...
Ici la myhologie pose un problème au poète ; les boucliers sont en bois, Vulcain n'a rien à voir
là dedans. Univers totalement différent de la réalité historique, de la « verité ».
83 la ville est prise, la porte Saint Martin est aux mains de l'ennemi :
Comme les forgerons en leur grotte noiratre
Ou le fer, où l'acier ne cessent de ba-batre,
Le sueil en retentit, & les arden foureaux
Assemblent leurs braziers au rechet des marteaux :
Ainsi, les ennemis d'une plus forte guerre
Horribloyent enragez semblables au tonnerre...
L'incendie du livre IV est bien souvent un « Vulcan le boiteux ».
128 Du Tudesque l'acier par le Nort estimé,
Et l'airain de alcis en Grece renommé,
Tout le fer que L'emnos produict en ses entrailles,
Dont le boiteux martelle a plain nos funerailles,
Fort peu seroit en blot pour estre comparé
A cil qui revestoit l'ennemi conjuré.
129 je ne comprends pas cette comparaison, demander à MM :
La mort y est diverse, & les peines cuisantes :
Comme le feu, le fer, & les pierres volantes
u le plomb escarri, fondu, rond, attaché :
Est par force, & par art a divers attaché.
139 Les sentences sont détachées du texte par des guillemets, ainsi celle-là :
Le journalier travail est pere de fortune,
Et l'homme est forgeron de sa gloire opportune,
En sorte que chascun doit emporter le prix
Par toute juste loy du labeur qu'il a pris

Dans l’édition des Missives de Mesdames des Roches de Poitiers (mère et fille), Paris, Abel
l’Angelier, 1586, se trouve la trad. Du poème Le Ravissement de Proserpine, de Claudius
Claudianus, Ve siècle ap. J-C. C’est une épopée imitée de Virgile et qui cite les cyclopes
comme Virgile. Les prairies de l’Aetna y jouent un grand rôle et servent de lien à des
« imitations » à la fin du recueil, qui utilisent les flammes de l’Etna pour en faire un locus
amoenus de l’amour. En fait Proserpine est enlevée sur l’Etna dans les Fastes d’Ovide, récit
plus conventionnel que Les Métamorphoses, V, 341-571. C’est pour la fête de Cérès, les ludi
cereri.

L’Epopée et ses modèles de la Renaissance aux Lumières, Frank Greiner et Jean-Claude


Ternaux
Préface : Klára Csürös dénombre 130 tentatives pour définir l’épopée dans cette période. 14 :
il a été beaucoup discuté durant le colloque, en 2001, de savoir si les ouvrages didactiques
comme le De Natura rerum étaient épiques. Selon J.-L. Haquette, la nature ne peut être le
personnage principal d’une épopée, mais Michel de Marolles, dans sa préface à sa trad. De
Lucrèce, écrivait bien (1659) : « La Nature qui est le sujet du Poëme de Lucrece, est un assez
grand Heros pour luy meriter le nom de Poëme Heroïque ». Globalement l’ouvrage collectif
va quand même dans le sens d’une proximité toujours plus grande entre tragédie et épopée
(deux domaines voltairiens).

Judith Labarthe, L’Épopée


19 Epopée entre culture orale et érudition lettrée. Italo Calvino : dans l’épopée, tout l’art
« consiste à savoir enchaîner les histoires et à savoir s’interrompre au bon moment : deuix
opérations portant sur la continuité et la discontinuité du temps. Le secret tient au rythme, à
une manière de capturer le temps qui paraît attestée dès les origines : dans l’épopée en vers,
par la métrique ; dans la narration en prose, par les divers moyens de tenir en éveil le désir
d’entendre la suite ».
179 Les Métamorphoses étaient au XVIe siècle un poème héroïque, tandis qu’aujourd’hui
elles ne peuvent plus être une épopée pour nos critères. 215 : dans un « brief advertissement »,
en 1584, Du Bartas revient sur les critiques selon lesquelles son poème ne serait pas épique. Il
y déclare mépriser les règles d’Aristote concernant la composition du poème héroïque. 219
« Le je du poète est témoin à la fois de la création en train de se faire et de la création
achevée » 325 Dans toutes les épopées, les comparaisons, significativement plus fréquentes
que les métaphores, permettent ainsi de faire voir le monde comme en un miroir, suscitant une
« poésie de la célébration » (J.-C. Ranger).

Les chansons de gestes avec des forgerons : l’épée « Joyeuse », celle de Charlemagne, a été
façonnée par Veland (Wieland, ou Galan, dans Huon de Bordeaux ; il apprend son métier chez
Alberich, chef des nains dans les Niebelungen ; reforgée par Regin pour vaincre Fafnir),
forgeron doté de pouvoirs magiques. Il en fait don à Guillaume d’Orange. Aliscans, laisse
LXXV : Rainouart fait cercler son « tinel » par un forgeron.
Voir dans Sharon Loewald, Figures féminines, le personnage de Maragonde, femme du
forgeron. [le livre est à la bibli Nanterre : 944:2"04/14" MUE HIST]
Dans La Thébaïde le char d’Amphiaraüs est forgé par Vulcain. Le poème de Stace n’a pas été
traduit en français à la Renaissance.

KING ARTHUR’S FRENCH ODYSSEY - pArt 3. During the combat Drogon was killed. He
was killed despite the fact that he was wearing “un haubert merveilleux sorti de la forge
d’Espandragon; jamais armes n’avaient pu le trouer.” [Translation: ‘a marvellous coat of mail
made in the forge of Espandragon, which had never been penetrated by any weapon’]. The
footnote in the French edition cites Paul Meyer as making a positive connection between the
name of the forge and the name ‘Pendragon’ associated with King Arthur’s father. (vii) Apart
from King Arthur being taken to the Isle of Avalon to have his wounds seen to, the only other
time that Geoffrey of Monmouth mentions ‘Avalon’ in his History, is when he too mentions a
forge in connection with Arthur’s famous sword, ‘Caliburn’. “He girded on his peerless
sword, called Caliburn, which was forged in the Isle of Avalon.” Did Drogon’s coat of mail
have the same provenance as Arthur’s sword, Caliburn? Was there a superior forge in the
Avallonnais area with a reputation for producing miraculously strong weapons and armour?
The answer is yes. In fact there were a great many forges in the Avallonnais. It was the Celts
again who first discovered and exploited the iron ore deposits in the vast forests to the south
west of the Vézelay hill – now called Les forets des Ferrières. The forest was delineated by
several important towns now called, Bois-de-la-Madeleine, Chamoux, Maison-Dieux, Nuars,
Fontenay-près-Vézelay and Foissy-lès-Vézelay. The Celts established the area as a major
metal-working centre, with good road and water communications, which the Romans further
developed and exploited, providing a network of substantial roads fit for haulage, and a
navigable waterway up the River Cure from the River Yonne, as far as Gué Pavé which was
thought to have been both a fording point, and a landing stage. Over an area in excess of 20
square kilometres, slag heaps were discovered, providing evidence of the smelting processes.
Almost two thousand mines were discovered across an area of six hectares, and it was
estimated by Abbot Lacroix in his “Les Origines protohistoriques et gallo-romaines de
Vézelay” that between five hundred and eight hundred manual workers would have been
employed in the iron and steel industry. (viii) In particular one small village, Sermizelles, was
known for its forges. The name comes from the ‘Sarmates’ or Sarmatians who were
conscripted Roman soldiers from the near East. They were garrisoned there to protect the
village, which was on the Via Agrippa. Sarmatians had a particular reverence for swords and
weaponry. They also maintained religious customs associating swords with stone and water.
Perhaps the ‘Forge of Espandragon’ was an echo of the King Arthur legend, which was in turn
picked up and used again as part of the Matter of France – a unique cross-over. If Arthur
Riothamus had been to Gaul before then he would have known about the reputation of the
Avallonnais forges. © Marilyn Floyde 2007

De véritables dynasties se sont parfois constituées. Ainsi celle des Castagneri dont le
fondateur vint s’installer à Argentine, dès le milieu du XVIe siècle. Citons aussi Gaspard
Granery, comte de Mercenasque, ou encore Guillaume Savage, gentilhomme d’Angleterre ou
Robert Vligger, seigneur du Plisson en Brabant. Et sait-on que Madame de Warens eut des
intérêts dans la métallurgie de Maurienne ? On a davantage retenu son rôle de protectrice des
lettres. Toujours est-il que ces personnages d’envergure ont quelque peu éclipsé les artisans
alors plus modestes, rendant difficiles les recherches sur les débuts de l’activité de la famille
Opinel. Pourtant, dans les archives de Saint-Jean-de-Maurienne, on est à peine surpris de lire,
dans la liste des membres de la Société Populaire qui s’était constituée en 1792, le nom d’un
Opinel, marchand de fer. Mieux encore, dans l’ouvrage de Solange Brault-Lerch «Les
orfèvres de Franche-Comté», on trouve un certain Joseph Opinel né le 8 septembre 1715 à
Longwy. Apprenti à Dole puis à Nancy, il fut reçu à la maîtrise grâce à un chef-d’œuvre
façonné chez un orfèvre de Besançon et il exerça ensuite à Dole. Plusieurs de ses œuvres
appartiennent à des musées ou enrichissent le trésor de diverses églises et chapelles du Jura.
Ces pièces au décor de rocaille, motifs floraux, coquilles et volutes nous prouvent une chose :
ce Joseph Opinel fut un maître dans son domaine.
Paulin de Nola, Epistolae &t poemata luculenta a tergo hujus enumeranda, 1516 : rien.

Pont-charra
Description du « vaillant Villeneuve, honneur de Saragousse » dans « Hymne sur la journee
de Salbertrand, gaignee par monseigneur le duc d'Esdiguieres », p. 42
Ses armes, que Vulcan fit entre Aetne et Lipare,
Comme celles d'AEnee, où luizent à fil d'or
Mille chiffres d'amour & ce dragon encor,
Au haut de son armet vomissant un panache...

La Lydiade, plus autres petits Poëmes et Meslanges, 1602, Descallis.


p. 140, les dents du serpent de Pluton :
Elles sont d'un acier qui pourroit transpercer
L'enclume de Vulcan, & le marbre froisser
« Poeme III. Complainte de Vulcain ». Il s'agit d'une complainte de 202 octosyllabes, où
Vulcain se plaint d'avoir été trompé par Vénus.
p. 292 et ailleurs, insiste sur sa vieillesse :
O moy chetif, ô vieillard miserable,
Je n'ay suyvy ceste loy detestable,
Jmais Amour n'a par son dard vainqueur
Assubjecti la force de mon cœur,
{293} Estant caché dans le roc Lemnien,
Je ne sentois le brandon Paphien,
Car seulement sur l'enclume endurcie
Je me plaisois d'une main ennoircie
Forger la foudre & à chef my-courbé
A rehausser le marteau retumbé.
p. 294, conclusion :
Donc, ô Jupin, cherche un autre qui batte
Dessus l'enclume un foudre qui s'esclate
Et bruit dans l'air quand lancé par tes mains
Tu veux punir les pechés des humains...

Poeme heroique de saincte Magdeleine, Jean Balin, 1607.


« Au lecteur », ¶ii r° : sur le « Poeme Heroique », « invention haute », « disposé en bel
ordre », « langage choisy, sequestré aucunement du commun, sans estre mignard, ou englé ».
¶iij v° : « ay tenu mediocrité, m'estraignant autant que faire s'est peu, & m'eslagissant, où
l'endroit l'a requis. Comme en adjoustant quelques epithetes tirés de l'essence du mot, ou
autres mots adjoints à la chose, qui n'pportent sens nouveau, & desquels ne se peut passer un
traducteur en Poësie... » Signé « du collège de Bourgoigne nouvellement restably », 1607.

Philip Ford, De Troie à Ithaque


162 L’interprétation allégorique, tant dénigrée par les protestants comme Mélanchthon, est
rejetée par Sponde, SAUF au sujet du livre XVIII et du bouclier d’Achille, où il développe
une très longue interprétation, arrêtée uniquement par, dit-il, les admonestations de son
imprimeur, « veritus ne in nimiam molem volumen istud incresceret ». L’alliage de métaux
représenterait ainsi les 4 éléments, or pour l’éther, argent pour le feu, l’eau et la terre sont le
bronze et l’étain. 161 Il cite le livre VIII de l’Enéide par comparaison, et affirme que seul Du
Bartas, au livre VII de La Sepmaine, a fait mieux qu’Homère. Il renvoie à Eustathe pour
l’interprétation du livre XVIII mais semble y adhérer.
« Bibliographie homérique » énorme. Où trouver les traductions du XVIIIe livre et l’hymne
de Vulcain ? 
Paris : Josse Bade, 1510 Ilias Homeri quatenus
Paris : Jean Vatel, 1520 Homeri Ilias
Anvers : Jan de Schrijver, 1528 Homeri poetarum principis
Paris : Jehan Petit, 1530 Les Iliades
Paris : Chrétien Wechel, 1538 Homeri Ilias, Odyssea, eiusdem Hymni
Lyon : Vincent de Portonariis, 1538, Ilias et Hymni
Lyon : Sébastien Gryphe, 1541, Ilias
Paris : Jacques Bogard, 1543 Ilias (et id. en 1545, et id. en grec)
Paris : guillaume Morel, 15550, Ilias (id. en 1562)
Paris : Adrien Turnèbe, 1554 Ilias
Paris : Claude Gautier, 1570 Les Iliades (id. en 1574, titre au sg)
Paris : Jean Bienné 1575 ilias
Paris : Lucas Breyer, 1577 Les XXIIII livres (trad. Amadis Jamyn pour les 13derniers : id. en
1580 et 1584 et 1599)
Genève : Henri Estienne, 1589 Ilias et Odyssea contient les Hymnes, épigrammes etc.
Même quand l’Odyssée est suivie de la Batrachomyomachie, elle n’est pas forcément suivie
des hymnes, comme dans Paris : Martin Le Jeune, 1581.
158 Le commentaire de Jean de Sponde refuse tout sens allégorique, laisse cet exercice à
d’autres, comme il le dit au sujet d’Héphaïstos jeté du haut de l’Olympe.

Chansons de geste et savoirs savants. Convergences et interférences, dir. Philippe Haugeard


et Bernard Ribémont, coll. « Polen », Paris : Classiques Garnier, 2015.
Intro : 11 : la figure de savant la plus typique est le médecin (mire, souvent cité à l’heure de la
mort : n’avoir de mire mestier), souvent venu de Salerne, qui permet de « guérir de manière
épique les blessures épiques ». 12 : les magiciens aussi, à une épique (fin-XIIe, début-XIIIe)
où la magie devient l’objet de spéculations savantes (la nigremance).

Plaisir de l’épopée, dir. Gisèle Mathieu-Castellani


Françoise Charpentier, « L’espace épique du Microcosme de Scève », p. 85-96
85 « L’intégration d’un projet « scientifique » à l’intérieur du genre épique, plus
spécifiquement descriptif et narratif, pourrait paraître plus problématique. »
87 Ronsard qualifie l’alexandrin de « vers héroïque » et le décasyllabe de « vers commun »,
mais Scève est éloigné de cette discussion théorique. Une chose est sûre : c’est la première
fois dans le Microcosme qu’il utilise l’alexandrin. 88 Le Microcosme commence par l’adresse
à une Muse christianisée.
93 La déploration de la métallurgie inventée par les Caïnides suit un récit du meurtre d’Abel
par Caïn tout à fait épique.

L'Eglise triomphante, Claude Billard, 1618.


Des paronomases que je repère sans cesse : Vulcan/ulcères, fourneau/souverain...
Livre XI, p. 257 : Charles Martel version Chanson de Rolland :
… son armet d'un fin or
Dardoit mille rayons, rare, & riche thresor,
Ouvrage de Vulcan, qu'au tranchant de l'espee,
Il conquit, delivrant la belle Panopee...

La néotemachie poétique du Blanc, 1610


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72099s?rk=85837;2
p. 30, une ode au contexte iliadique, qui évoque un couteau,
« Et un bouclier fait de la main
De Vulcan febvre souverain ».

£Vulcain burlesque
Sonnets spirituels, par Jacques de Billy, Paris : Nicolas Chesneau, 1573.
Sonnet 42, p. 54 r° : « Que c’est chose dangereuse que faire coustume de pecher ». p. 54 v° :
Plus fort ne fut jamais le vieil nœud Gordien,
Les amans ne serra d’un si estroict lien
Ce fer qu’avoit forgé Vulcain sur son enclume,
Que durs sont les chaisnons, & les cordons noueux,
Dont sçait de pres serrer les esprit vitieux,
Et tenir prisonniers, une longue coustume. (tercets).
Le commentaire dit seulement : « voy le huictiesme livre de l’Odyssee d’Homere ».

Belleau, Dictamen metrificum (beaume en vers), sur l’horreur des guerres de religion, vers
macaroniques, Vulcain forge pendant que Mars, en « de rapides culées », forge des cornes à
celui-ci. Mais c’est une allusion.

Pierre Enoc de la Meschiniere, La Ceocyre, Lyon, 1578.


Sonet LXVIII, fevre boiteux cocu.

Lasphrise, Les premieres œuvres poétiques


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70410t
Infernal ; 600 pages inanes. Un « Vulcan jaloux » p. 225 et p. 258 et p. 451 (c’est un obsédé).

Gallica : La vie et les poésies de Jean de Boyssonné, professeur de droit à Toulouse, 367 et
suiv.
p. 426 Une mention de Vulcain vengeur.

Bernard du Poey, Ode du Gave http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1512248s Toulouse :


Boudeuille, 1551.
7 L’orfevre n’a point de peine
De chercher les mines d’or,
Ou d’argent : en ton areine
Treuve Lingos du tresor. (fait partie d’un long éloge géographique, on connaît ce genre-là).
« Triste chant à Canarite contre les mesdisans », p. 35-36:
Surprins fuz à l’impourveuë
Par tes yeux estincellans,
Lesquels servent à ma veuë
De flambeaux, & trais cuisans.
Ton blanc, & beau taint resemble
A la beauté de Venus,
Mais elle est tousjours ensemble
Avecques son Vulcanus.
François Habert, Epistres cupidiniques, 1542, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63838299
À nouveau, commence par une « Dedication de loeuvre à venerable & scientifique personne,
Benoist foucheret prieur de Fontaines, Amateur de Poësie & Rhetorique. »
« La cinquiesme epistre cupidinique » : place sa nuit d’amour au-dessus de toutes les nuits
d’amour mythologiques, dont :
Ne parle poinct (O Venus) du soulas
Quant Mars & toy fustes surpris aux laqs
Par Vulcanus le divin forgeron
Exactement le même procédé dans La Querimonie de la deesse Venus en sa vallee Ida, ayant
perdu la trasse du bel Adonis
Oyez a plain de Venus les angoisses,
Oncques tel dueil ne me feit Vulcanus
Quant Mars & moy fusmes surpris tous nuds,
O Adonis, mon amy gracieulx…
Les Ballades, epistres, rondeaulx, dixains, huictains, et Chansons du Banny de lyesse,
presentéz à Jacques caupin organiste son bon amy. Rien

£Vulcain poète
Les premieres oeuvres françoyses de Jean de la Jessée, A Anvers, de l'imprimerie de
Christofle Plantin, 1583 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70472c/
Epigrammes de Marulle font apparaître Vulcain, p. 567 : épigramme « De Venere » :
Aurea Mulciberum nato, &c.
VENUS demandoit à Vulcain
Des armes faittes de sa main
Pour son filz, oubliant ce père
Qui d’un tel enfant la fit mere :
Lors se fachant le Dieu jalous
De ce nom, luy dit en courrous :
Pourquoy, Deesse mal-aprise,
Ne priez-tu plustot Anchise ? [quand la parole de Vénus n'amollit pas le cœur...

Pamela H. Smith, The Body of the Artisan. Art and Experience in the Scientific Revolution,
Chicago, Londres : University of Chicago Press, 2003.
Ce livre est très mauvais. L’autrice suppose sans cesse que les artisans auraient un art plus
réaliste que les théoriciens. Mais enfin, Vulcan at the Forge (1611) représente 4 Cyclopes,
d’Adriaen de Vries.
Pamela Smith s’interroge sur « l’engagement du corps de l’artisan » (p. 106), comme si c’était
une spécificité du XVIe siècle. Elle veut que le corps au XVIe siècle soit « lourd de potentiel
créatif », « pregnant with creative potential »… Pas du tout certain. Elle s’appuie longuement
sur des idées alchimiques dont le lien avec l’artisanat n’est pourtant pas du tout évident.

Desportes, Premières Œuvres, On est nettement moins surpris de retrouver la même image, au
deuxième quatrain du « Sonnet à Du-Poncet » (p. 142 v°) :

Mon cœur ne peut assez desgorger son courroux


D’autant que je ruisselle & d’autant plus mes flames
S’avivent, s’amorçans de l’humeur de mes larmes
Je mouille, forgeron, mon charbon a tous coups.
Jean Le Houx, Chansons bachiques, éd. Emmanuel Caroux, Caen : Lurlure, 2018.
Chanson XLVII, p. 110-111
Gentil forgeur au visage noirci,
Sur ce fer chaud qui allez martelant,
Vous faut-il point un compagnon ici,
Qui souffle bien, et qui est bon battant,
Et qui sait bien boire d’autant ?

En notre accord un article mettrais,


Si vous voulez qu’avecques vous je sois :
Chaque échaudée où je travaillerai [note 2, p. 130 : « action de jeter de l’eau chaude. Les
forgerons jetaient de temps en temps de l’eau sur le charbon embrasé. »]
Au gros marteau, vous me serez courtois
Et me ferez boire une fois.

J’entends que soit de quelque bon pommé,


Et non de vin, qui coûte trop d’argent
— Et je ne suis au vin accoutumé.
Vous me verrez, m’abreuvant bien souvent,
En la forge fort diligent.

Si je ne bois, je ne puis travailler ;


Car j’ai un mal : la soif souvent m’assault.
Et c’est pitié que d’un pauvre gosier
D’un compagnon altéré, qui a chaud,
Et n’a le remède qu’il faut.

Or, vous serez de moi bien satisfait


Par ce moyen. Maître, je bois à vous !
Voici le vin de notre marché fait.
Ce cidre est bon : mais ne soyez jaloux
De la maîtresse ni de nous.

Ai-je pas bien soufflé, pour une fois ?


Il m’est entré dans la gorge un charbon,
Et à l’éteindre en buvant je taschois !
Faites ainsi pour dire : « Lariron » !
Vive le gentil forgeron !

Salmon Macrin :
Odes, livre IV, 11 : "Ad Vulcanum, ex Anacreonte"
v. 4 Astur, le mineur d'Asturie qui extrait l'or des "viscerae terrae"
note p. 711 : Lascaris, ds anthologie d'Anacréon, a réuni deux odelettes, bcp traduites :
Ronsard : "Du grand Turc je n'ay souci..." ou Jean Second (Epigrammata). Henri Estienne
sépara à nouveau ces odes. Très prisées de la Pléiade.
Mines d'Asturies, déjà citées, d'après Martial X, 17, 3, dans C., II, 20, 5 qui commence aussi
par un refus de l'or.
Ode à Vulcain pour chanter l'insouciance. Vulcain = nécessaire aux coupes de l'ivresse en
temps de paix comme aux armes de Mars (v. 31)
(Euphranor et Mentor, graveurs-ciseleurs, concurrents de Vulcain)
Ode II, 20 : v. 5 "Iber" sert à désigner le mineur. "decolor" parce qu'il ne prend pas le soleil,
mais aussi à cause de la noirceur des métaux.
Cette ode brode Marulle, I, 12 : je donne plus que l'or quand je donne un bon poème.
Ode I, 21 : torquis fabrefactor : collier ciselé
Dans II, 14 "Astur" est ette fois l'Espagnol en guerre : dissonance entre lyre et buccine.
Ode II, 9 : la fusion volcanique est le fait de ceux qui "odiunt carmen".
Ode I, 8 : "Astur armipotens", mineur et guerrier.

Jehan Marion, Rondeaulx et vers d’amour


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4515t
47 « Epistre par une dame », jure par tous les dieux,
Et Vulcanus le forgeron des Dieux,
Ou donc des dards des propres mains forgés
Des Cyclopes soi’nt mes jours abregés, [première fois que je lis cela
Que ces propos pour vray je m’entendois.

Gilb. Ducherii Epigrammata Lib.II, ep 138, p. 120-121 (334-335 dans l’ed critique)
Epigramme liminaire au deuxième livre des épigrammes de Ducher, p. 258-259 dans l’ed
critique, « Ad Ioannem Raenerium Andegauum »/ « À Jean Raynier d’Angers », le même
dédicataire que le premier livre :
Quum sibi non possent hi uersus quaerere famam
Quos iterum dictat scabra Thaleia mihi,
Omnes mens fuerat Vulcano, more Platonis,
Sacrare : opprobrio libera tille Deus.
Comme je ne pouvais certes pas prétendre trouver la gloire grâce à ces vers,
— Ces vers que, pour la seconde fois, me dicte ma rude Thalie —
J’avais décidé, comme Platon, de les vouer tous
À Vulcain, car ce dieu délivre de la honte.
La ref à Platon est peu claire, l’éd. Renvoie à une trad selon laquelle Platon brûla ses tragédies
pour être l’élève de Socrate, rapportée par Nietzsche, La Naissance de la tragédie.

Gilb. Ducherii Epigrammata Lib.II, ep 138, p. 120-121 (334-335 dans l’ed critique), Prise de
parole de Vulcain :
« De Paride, & Vulcano. »
In Venerem ad Superos questus Paris acriter, illam
Troiani causam dixerat excidii.
Proque rea illi Vulcanus : Miraris, inepte :
Si tibi pro malo dat Cytherea malum.
De Vénus auprès des Dieux d’en haut Pâris s’était âprement plaint,
Disant qu’elle avait causé la ruine de Troie.
Alors, au nom de l’accusée, Vulcain lui répondit : « Tu t’étonnes, insensé,
Si, pour une pomme, Cythérée te donne une prune ».
L’éd. Critique rappelle le proverbe biblique « nulli malum pro malo rederre » (I P., 3, 9 ; Rm,
17, 12) : Vulcain recommanderait alors l’inverse du proverbe biblique ? se demande l’édition.
C’est un jeu de mots sur malum, qui fait apparaître Vulcain comme malicieux et jouant sur les
mots (presque poète ? En tout cas personnage énonciateur de l’épigramme).

[inclus] Etienne Forcadel, Lyon 1554, Stephani Forcatuli,... Epigrammata


36-37 « Ad Lopsum »
Scitaris cui, Lopse, viro tua carmina mittas :
Nulla viro, Liparis sed mage mitte deo. [Vulcain habite les îles de Lipare et Scrongile selon
Conti, qui cite Juvénal, traduit en français, ce serait intéressant de trouver cette trad d’ailleurs
Haec certe ignipotens multum Vulcanus amabit,
Nanque simul varo nititur ille pede. [En effet comme tes vers, Vulcain brille par son pied bot
Seul exemple, à ma connaissance, de vers offerts à Vulcain.
Il y a p. 51-52 des Cyclopes qui forgent le mauvais temps.
60 « Ad Vulcanum »
An, Vulcane, tibi nunc est venatio cordi ?
Aurea dic tandem retia cur fabricas ?
Amplexum ut Veneris dulce cum Marte prehendas.
Quis pudor ? i vecors ut pede, mente brevis. [vecors : extravagant
Fabula fis superis : prudens in pectore celat
Quae stulti in media cornua fronte patent.
Et 155 les Cyclopes sont cette fois en Sicile…

Gérard Capdeville, VOLCANVS. Recherches comparatistes sur les origines du culte de


Vulcain, Rome : École française de Rome, 1995.
15 Il est remarquable que Vulcain soit un dieu dont les latins ont gardé des traits non hérités
des Grecs, comme ses fils. Ainsi, dans les Fastes d’Ovide (VI, 625-8), Vulcain est le père de
Servius Tullius, 6e roi de Rome.
95 Romulus dans certaines traditions est le fils unique de Vulcain.
100 Le monstre Cacus, livre VIII de L’Énéide, est fils de Vulcain : « Volcanus erat pater ».
C’est la raison pour laquelle il crache des flammes. Les Fastes d’Ovide racontent aussi la
légende de Cacus.
154 L’origine de plusieurs mythes fondateurs dont le héros civilisateur serait fils de Vulcain
est dans tous les cas Etrusque.
216 En Crète, l’ancêtre de Vulcain, Felchanos, avait pas mal de caractéristiques qu’a reçu
ensuite le Zeus crétois. 270 : Falchanos, à Chypre. 271 Étrange qu’il n’y ait aucun signe de
culte d’Héphaïstos à Chypre alors que grand activité métallurgique ; donc il faut supposer ce
Falchanos. 293 En Etrurie, Vulcain est un dieu lanceur de foudre. 331 Beaucoup
d’interprétations de l’expression « Vulcanus Iovialis », Vulcain Jovial, dans le panthéon de
Martianus Capella. 338 Pour embrouiller l’affaire encore plus, les Grecs connaissaient un
Zeus Felchanos »…

??

Concetta Carestia Greenfield, Humanist and Scholastic Poetics, 1250-1500, London &
Toronto: Associated University Presses, 1981.

Foreword, 9: La rivalité entre scolastiques et humanistes prend pour terrain privilégié la


poésie dans la mesure où la poésie est une part importante du domaine humaniste.

Preface, 11 : les arguments des scolastiques, qui s’appuient bien souvent sur Aristote, ne
restent jamais sans réponse du côté des humanistes.

20 La valorisation de la poésie chez les humanistes s’inscrit dans une valorisation générale
des sept arts libéraux, qui ne font pas partie des disciplines enseignées à l’université par les
scolastiques ; ainsi les humanistes ont fait de l’enseignement scolastique (trivium et
quadrivium), au lieu d’une fin, un moyen pour accéder à des matières plus élevées.

175 Dans son chapitre sur Francesco da Fiano, Greenfield rappelle cette théorie de la poésie
comme ce qui « civilise » tout sujet en le rendant immortel, de vulgaire qu’il était auparavant.

257 et c’est dans son chapitre sur Angelo Poliziano qu’elle expose la théorie de la poésie
comme lien entre microcosme et macrocosme [pour Scève pt-ê ?]

BHR 35, 1973, Catherine Dumont, « L’art de Fontainebleau », p. 339-352

Les Iliades d'Homère, traduction de Hugues Salel


Et autres poèmes « à l'imitation d'Homère »
Il s'agit selon l'épître liminaire au roi François Ier, d'un livre didactique :
f. A iij r° Il n'est passaige en la Philosophie,
Tant soit divers, qui ne se fortiffie,
Par quelque dict, ou sentence notable,
De ce Poëte.
Et v° : « Agriculture, & soing Oeconomique », « Arithmetique », géométrie, astronomie, et
surtout f. iiij v° « art militaire » s'y peuvent apprendre.
La traduction s'arrête au début du livre XIII ! Puis suit un poème de Ronsard « Aux Manes de
Salel », parce qu'il est mort en cours de travail.
Suivent les deux premiers livres de l'Odyssée par jacques Peletier fidèle à sa devise : « moins
et meilleur ». C'est peut-être le principe aussi de Salel, en tout cas selon son éditeur Magni
dans « Magni au lecteur » :
p. 206 v° : « les choses bonnes, ores que soient moindres que n'est ceste cy, il en vault mieu
peu, que point. Par ainsi tu prendras en gré ce petit fragment, atendant que j'aye la fortune de
le recouvrer complet [le treizième livre], & te le communiquer d'aussi bon cueur que je
desire. »

W. McAllister Johnson et V. E. Graham, « Ronsard et la Renommée du Louvre » dans le BHR


30 (1968), p. 7-17 :

7 Quelle influence a eu l’Ecole de Fontainebleau sur les poètes de la Renaissance et


inversement ? On ne cherche pas toujours la chronologie entre peinture et poème lorsqu’on
trouve une analogie, le cas classique de l’erreur critique étant L’Olympe d’Henri II de la Tour
de la Ligue à Tanlay (où le poème est en fait antérieur à la peinture comme l’a montré
Schneegans, 1935).

Magdaliade 1608
Une épître dédicatoire contre les épopées païennes : « La chair du Poulpe est plaisant au
goust, mais elle fait songer de mauvais songes, & imprime en sa fantaisie des visions
estranges & turbulentes : il y a aussi en la poësie beaucoup de plaisir... »
Je trouve très émouvant qu'un(e?) lecteur(trice?) ait souligné d'un trait de plume le passage où
Madeleine lave (« descroute ») le Calvaire souillé de sang pourpre, parfois interrompue par
les allées et venues des Juifs.

Nederduytsche Poemata :
https://books.google.fr/books?
id=R9A9AAAAcAAJ&pg=PA19&dq=poemata&hl=fr&sa=X&redir_esc=y#v=onepage&q=p
oemata&f=false

Huict premiers livres de la Henriade, Bloys : Vefve Gomet, 1594.


Il n'y a que les livres I et II reliés avec les 8 derniers !!! c'était la cote 4 BL 3938.

Ouvrages miscellanées & théories de la connaissance à la Renaissance, éd. Dominique de


Courcelles
Jean-Marc Mandosio, « La Miscellanée : histoire d’un genre », p. 7-36
7 En un sens spécifique, les « miscellanées » sont un genre littéraire, aujourd’hui disparu. Il
était constitué comme tel dès l’Antiquité, mais n’a pris ce nom qu’à la Renaissance.
12 Dans l’Antiquité, des critères très précis sont assignés à ce genre par AUlu-Gèle : absence
d’ordre, variété des sujets, caractère érudit des informations.
Frank Lestringant, « Le livre Des Inventeurs de Polydore Virgile », p. 37-56
42 Sénèque, et Don Quichotte lui-même, dénoncent la vanité d’apprendre les inventeurs des
choses. « Rien de plus inepte en apparence, mais rien de plus grave, en vérité, que ce tableau
d’honneur où se dessine une hiérarchie des arts et des peuples. Le fait est que la recherche des
« premiers inventeurs » se déroule tout entière, au fil du XVIe siècle, entre écriture de
l’Histoire et polémique religieuse. »
44 Par exemple, lorsque Thomas Hacket, éditant les Singularitez d’André Thevet, cite
longuement toutes les inventions du monde dans une grande compilation de Polydore Virgile,
c’est pour défendre la légitimité des Occidentaux à apprendre tout leur savoir aux indiens
d’Amérique. Mais la liste sert également à rattacher les indiens au tronc commun de l’Histoire
universelle (découvertes successives, enfin découverte de l’Amérique). 50 André Thevet lui-
même utilise Polydore Virgile pour noter les similitudes avec les croyances des Tupinamba :
par exemple que Vulcain a inventé le feu, parce que les indiens aussi disent n’avoir pas
toujours connu le feu, que c’était une révélation dans un rêve.
51 Enfin, il faut le noter, Polydore Virgile est un arsenal aux mains de la Réforme.
Il y a un article de Perrine Galand-Hallyn sur les miscellanées de Petrus Crinitus, il faut aller
voir ces silves, lyriques et engagées…
Dominique de Courcelles, « Le mélange des savoirs : pour la connaissance du monde et la
connaissance de soi au milieu du XVIe siècle dans la Silva de varia lecciòn du Sévillan Pedro
Mexìa », p. 103-115
Titre fr : Diverses leçons de Pierre Messie. Prose ; il s’agit parfois des inventions, comme
celle de l’artillerie. 115 : Le livre s’achève sur l’injonction à se connaître soi-même.
Alfredo Perifano, « La théorie cachée ou la pratique vulgarisée dans le Compendio de i secreti
rationali (1564) de Leonardo Fioravanti », p. 117-129
117-118 Il faut distinguer, lorsqu’on parle de savoir populaire, le savoir partagé par les
couches populaires et les livres lus par des lecteurs populaires. 118 : Dès le XVIe siècle, des
livres se diffusent en s’adressant à des non-spécialistes. Pour ce qui est du contenu, les
recettes médicales « populaires » sont en fait des resaucées des traités savants médiévaux. Les
practicae, séparées de leurs theoricae, connurent une fortune considérable.
119 Le traité de Leonardo Fioravanti, en cinq livres, traite des secrets de médecine, chirurgie,
alchimie, cosmétique, et enfin divers arts pratiques. 121 : il applique la doctrine du peira toi
mathesios archa, l’expérience commencement de la connaissance. 126 les « secrets » révélés
par Fioravanti ne relèvent pas de vérités démontrées scientifiquement mais de probatum est,
que l’expérience répétée aurait approuvés.
Dominique Bertrand (dir) L’Invention du paysage volcanique, PUBP 2004.
Introd
6 Antonella Tufano, 2000 : les paysages volcaniques existent lorsque le volcan cesse d’être
abordé sous le registre de l’effroi ; mais l’effroi et la fascination existent toujours dans le
rapport aux volcan.
Michel Collot : « le paysage, c’est une certaine mise en forme du pays qui permet de le saisir
comme ensemble », une représentation.
Dominique Bertrand, « Décrire l’Etna à la Renaissance : entre mémoire culturelle et
autopsie », p. 39-50
39 De Aetna, Bembo relate son ascension en 1495
40 Le père même de Bembo est mis en scène, « raconte-moi ce feu de l’Etna dont on parle
tantr et sur lequel j’ai lu tant de choses », figure de l’attente collective qui est un peu déjouée,
20 pages sur 50 sont consacrées véritablement au cratère.
42 Pietro Bembo tisse sa description de références et traduit même en latin les vers 114-121
de l’Odyssée chant VII, qu’il dit « avoir davantage compris » ; il y a rajouté cependant des
citations d’Ovide et de Virgile et des amplifications de son cru.
43 Bembo reprend une description tripartite des volcans de Cornelius Severus et de Lucilius :
base agricole fertile, zone intermédiaire boisée et sommet aride.
44 « nous avons essayé de descendre, mais nous avons été aussitôt frappés au visage par des
vapeurs sulfureuses et d’une fumée aussi brûlante que si elle sortait d’une fournaise » dit
Bembo. Locus horridus qui n’est pas vraiment imité de celui, topique, de Virgile, livre VI de
l’Enéide, où on trouve l’épaisse forêt et l’eau écumante. « Personne ne peut savoir ce qu’est
l’Etna, tant qu’il ne l’a pas vu », écrit Bembo.
45 Dans l’histoire de l’art occidental « la promotion des représentations picturales et littéraires
du paysage coïncide avec des moments d'émer’ence du sujet individuel ». Dans le sommet de
l’Etna la subjectivité est la plus sensible. D’où l’importance plus grande accordée à l’autopsie
qu’aux autorités littéraires.

lire du Nicolas Petit **

L’Edition des textes anciens. XVIe-XVIIIe siècle Barbiche Chatenet


L’Edition des textes du XVIe siècle nécessite une transcription dont les normes sont celles de
l’édition médiévale ; pas les textes postérieurs. On aura plus d’égards cependant pour une
lettre autographe, document unique qui porte la marque des habitudes d’écriture d’une
personne connue, que pour un acte administratif banal rédigé par un obscur gratte-papier.
Etablissement du texte : si l’on édite un exemplaire unique, s’il est original, on ne le corrige
pas, on reproduit les fautes en faisant suivre d’un [sic] les formes aberrantes. Pour un passage
inintelligible, on propose une interprétation en note. Pour une copie, on corrige dans la
transcription même, mais il faut indiquer la forme fautive en note. Si l’on possède plusieurs
états, on choisit le meilleur et on indique les variantes en note, si elles ont une incidence sur le
sens (pas purement graphiques ou grammaticales). Les abréviations doivent être résolues, en
indiquant en italique l’ajout qui a été fait : « avoir », et avec la graphie du temps (vostre pour
« vre ») sauf lorsqu’on est pas sûr : là il faut garder l’abréviation (« me » peut être maître ou
messire), ou pour les abréviations courantes : led. (pour ledit).
Les accents !!!: pour le XVIe et début-XVIIe, il ne faut pas les mettre, sauf l’accent aigu pour
distinguer le e tonique en monosyllabe ou syllabe finale : « après », mais « present »,
« espee », « armee ». Ne pas utiliser l’accent pour distinguer des mots homophones. « La
ponctuation des textes anciens n’a pas à être respectée », appliquer le système de ponctuation
actuel. De même pour majuscules et minuscules. On peut même introduire des alinéas pour
clarifier le texte.
L’édit de Paris de janvier 1564 (appelé parfois à tort « ordonnance de Roussillon ») a fixé au
premier janvier le teme du commencement de l’année légale (art. 39). Avant cette date,
différents styles étaient utilisés, dont le plus courant était le « style de Pâques », l’année
commençant le dimanche de Pâques, de sorte que l’année pouvait varier de 11 à 13 mois. Le
style du 1er janvier n’a été adopté que très lentement. Antérieurement, lorsqu’une date est
comprise entre 1er janvier et dimanche de Pâques, on ajoute une unité au millésime et on
mentionne « n. st. » (nouveau style). En outre, le calendrier grégorien prescrit de supprimer
dix jours en octobre et de passer directement du 4 au 15 octobre l’année 1582. En France,
cette bulle ne fut appliquée qu’au dimanche 9 décembre, qui fut suivi du lundi 20. L’union
soviétique n’appliqua ce décalage qu’en 1940 et la Grande Bretagne en 1751, la Turquie en
1914.
Lorsque la date est déterminée ou complétée à l’aide d’éléments tirés de la critique, on
indique les parties restituées entre crochets et on les justifie en note (1630, [3 juin] par
exemple). Un document daté dans une fourchette (notée entre crochets) sera classé
chronologiquement par son terminus ad quem. (Rappelons que les mois, même
révolutionnaires, ne prennent pas de majuscule).
Pour les index : les entrées de personnes sont faites au nom de famille, sauf pour les saints, les
papes (nom de règne), les souverains, les chefs de principautés assimilables à des souverains
(ducs de Savoie, etc.), mais dans tous ces cas des renvois peuvent être utiles, surtout s’il y a
des pseudonymes et/ou des noms de terres. Les particules de, d’ ne sont pas prises en compte
pour l’ordre alphabétique mais les particules Du, Des, Le La Les et les particules étrangères
(of, van) oui ! On classe les personnes aux noms identiques d’après l’ordre alphabétique de
leurs prénoms. Pour l’index des lieux, c’est différent : l’article est rejeté après le nom, entre
crochets : Rochelle (La). Malheureusement dans le code postal des PTT l’article est pris en
compte… Quand il y a un trait d’union, il est considéré comme une lettre qui précède A.
Quand dans un index il y a trop de chiffres, il faut rubriquer l’index : « Evreux : bailliage, 12,
34 ; cathédrale, 25, 27, 73 ; comté, 12, 43, 57 ; diocèse, 8, 54 ; ville, 9. »
Il y a ensuite de quoi s’entraîner à la paléo, un autre jour, ou plutôt un peu tous les jours. C’est
en salle L, 944.030 2 BARBe

Thomas Glick, Steven J. Livesey, Faith Wallis (éd.), Medieval Science, Technology and
Medecine. An Encyclopedia, New-York : Routledge, 2005.

Repaci-Courtois, Gabriella. "«ART MÉCANIQUE» OU «ÉTAT CONTEMPLATIF»? LES


HUMANISTES FRANÇAIS DU XVI E SIÈCLE ET LE STATUT DES ARTS VISUELS."
Bibliothèque D'Humanisme Et Renaissance 54.1 (1992): 43-62. Web.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52502713f Bref sommaire des arts mécaniques, un


prosimètre. Je n’arrive pas à croire que c’est 1533. Et à Paris encore… Pas de vers qui nous
concerne mais le contenu est intéressant. G. Telin
Il y a une adresse aux « gens de lettres » qui récuse l’adresse habituelle aux Grands. « Et ainsi
en le presentant a tous / et non a gens particuliers / pourront les auditeurs concevoir le bien
qui y est assemble / et nen seront aucuns forclus tant seculiers que gens deglise ».

Dans les Conclusiones nonagentae, le Panepistemon d'Ange Politien : hoc est omnium
scientiarum, cum liberalium, tum moechanicarum brevis descriptio.
Après la mort de Ronsard ses connaissances précises et universelles agissent comme une
injonction paradoxale sur tous les poètes à sa suite.
Les muta loquuntur de Scaliger sont fréquentes dans les épigrammes latines. Les objets qui
appartiennent à la femme aimée prennent la parole.
Ce qui a donné peut-être l’impression que l’alchimie était persécutée, c’est qu’elle s’est
toujours donnée pour paradoxale (en tout cas dans son expression).

Etienne Pasquier, Poemata, 1585


https://books.google.fr/books?
id=CIQDDynnT6kC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=on
epage&q&f=false

https://books.google.fr/books?
id=DeyRGuRfGrAC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=on
epage&q&f=false Poemata, Guillaume Le Blanc
[C’est seulemetn la partie 1

Sannazar, chez Gryphe


https://books.google.fr/books?vid=BML37001100923361 Déjà lu

Pour l’aimant :
Remi Belleau, éd. Guy Demerson, tome V (1573-1577), « La pierre d’aymant ou calamite »
139 Se voit-il rien çà bas plus dur et moins dontable
Que ce metal guerrier ? moins dous et moins traitable ?
Mais en ceste amitié le donteur est donté,
Et le vainqueur de tout d’un rien est surmonté,
Courant deçà delà sans esgard et sans guide
Apres je ne sçay quoy, qui s’espand dans le vuide.
Chef d’œuvre de Nature, et plus audacieux
Que d’avoir esbranlé par les cercles des cieux,
De gros Ballons ardans, et dans les eaux sallées,
Fait faire le plongeon aux troupes écaillées !
Mais quel noeu d’amitié fait joindre ces deux corps,
Que Nature a faict naistre imployables et forts ?
La Calamite errante, et de soif alterée,
De ne sçay quelle ardeur cruellement outrée,
Evente ce metal, halletant et soufflant
140 D’un desir importun, qui chaud la va bruslant :
Puis l’ayant découvert, le cherist et l’embrasse,
Le caresse, le baise, et le suit à la trace. [cf Claudien, « Magnes », v. 40-43
Comme un ardant Limier au plus espais du bois
Lance et poursuit le Cerf pour le mettre aux abois,
Et de nez odoreux et d’haleine flairante
Choisist l’air échauffé de la beste courante.
Des choses que l’on voit sous le Crystal des cieux, [Là commence l’imitation de Lucrèce ;
VI, v. 921-950.
Coulent de petits corps, qui vont battant nos yeux
Sans treve et sans repos d’une vive secousse,
S’amasse un air coisin, qui s’eslance et se pousse,
Qu’on ne peut concevoir que par le jugement
Qui vient d’ouir, de voir, du goust, du sentement.
Nous sentons en Hyver la froideur des rivieres,
En Esté du Soleil les flammes journalieres,
Et les vents orageus des ondes de la mer,
Nous entendons les vois qui s’espandent par l’aer,
Mesmes estants voisins des bords de la marine
Il vient à nostre bouche un fraichin de saline,
Qui part de ce grand flot, qui postant nous fait voir
De l’Aquilon venteus jusques au peuple noir.
Qui n’a senti de l’air la tempeste orageuse ?
Veu sous les flancs cavez d’une roche orgueilleuse,
Distiler goutte à goutte une fraiche liqueur ?
Qui n’a senti le froid, la chaleur, et l’odeur ?
Veu rouler de nos fronts une sueur salée ?
Au travers de l’airain une vapeur gelée
Penetrer la chaleur au travers d’un vaisseau ?
Veu la barbe et le poil cotonner sur la peau ?
Senti le doux parfum et l’odeur des fleurettes ?
La douceur, et l’aigreur ? et des herbes infettes
La puanteur aussi ? Doncques il est certain
141 Que la semence part comme un nouvel essain
Au retour du Printemps, qui se jette et se cruche
Dans un arbre fueilleu au sortir de la ruche.
De ceste pierre donc se dérobe et s’enfuit
Un mouvement, un flot, une chaleur qui suit
Ce metal qu’elle anime, ayant de violence
Escarté l’air voisin, qui luy faisoit nuisance.
Dans ce vuide aussi tost les premiers elemens
De ce fer à l’Aymant par doux acrochemens
Embrassez et collez, comme par amourettes,
Se joignent serrément de liaisons secrettes :
Qui fait que l’air enclos dedans ces corps pressez,
Piquez à menus trous, échauffez, et percez
D’un mouvoir importun, accolle, frappe, et pousse
La semence du fer d’une vive secousse :
Se rencontrant ainsi, se collent serrément
L’un à l’autre aussi tost d’un dous embrassement.
[…]
Voyla donc les appas, et l’amorce friande
Dont il se paist, goulu : le fer est la viande
Et l’aliment confit, et trampé de rigueur,
Qui benin l’entretient en sa force et vigueur :
C’est du fer qu’il prend vie, et par les flancs armée
De limaille de fer ceste pierre animée
Par secrette influence, ainsi que de la main,
142Tire le fer à soy pour appaiser sa faim :
De ce metal absente ha les veines beantes
D’une bruslante soif, ses entrailles mourantes,
Et son corps affoibly à faute d’aliment
S’altere languissant, et pert le sentiment. [souvenir de Claudien
Comme un Amant pipé d’une fascheuse attente
Soupire apres les yeux de sa maistresse absente,
La cherche, la reclame, et comblé de rigueur
Ne songe nuict et jour qu’à domter sa fureur : [invention de Belleau
Comme moy, plus chetif que n’est la Calamite,
Qui vostre cueur ferré, d’une eternelle suite
Va tousjours desirant, caressant, poursuyvant,
Mais plus je l’importune, et plus me va fuyant :
Car le vostre et le mien, comme deux adversaires
Vivent separément d’affections contraires : [« topos scientifico-poétique » dit Demerson
Le mien prompt et subtil, de l’Amour est espoint,
Et le vostre engourdy ne s’en échauffe point,
S’ébranlant aussi peu de la force amoureuse,
Qu’aux soupirs d’Aquilon une roche orgueilleuse,
Estant plus froid que Marbre, ou que le vent d’Hyver,
Qui renglace, cuisant, l’onde, la terre, et l’aer. [/INSERE]
Or l’image qui part de tous ces corps spirables,
N’est de pareil effect, ny de forces semblables : [cf Lucrece VI, 959-961
Autre est celuy de l’Or, que celuy de l’Airain,
Du Verre, de l’Argent, du Fer, et de l’Estain,
Estant ces corps entre eux de diverse nature,
Diversement ourdis, d’air, et de contesture,
Cause qu’ils vont suyvant, flairant, et recherchant
Pareilles amitiez qui les vont allechant,
En fuyant leur contraire : Une guerre immortelle
Se couve et se nourrist si fierement cruelle
Entre le Fer massif, et le corps de l’Airain,
143 Que mis entre le Fer et l’Aymant, tout soudain
Leur amitié se rompt, le Fer prenant la fuite
A fin de n’éventer l’air de la Calamite.
Car apres que l’Airain de ses rayons plus forts
A bouché les pertuis, et comblé jusqu’aux bords
Tout le vuide du Fer, la force et la semance
De l’Aymant se rebouche, et trouve resistance
Qui luy defend l’entrée, estant le Fer tout plain
Du flot et du bouillon des rayons de l’Airain.
Mais entre nos deux cueurs y a-t-il point, Maistresse,
Quelque Airain morfondu, qui fait que la rudesse
Du vostre ne s’échauffe, et n’approche le mien ?
Le mien, qui ne souspire, et qui n’aspire rien
Que de vous estre serf, mais las ! plus l’esperance
Rompeuse le repaist, moins prend-il d’asseurance :
Plus je pense estre aimé de vos rares beautez,
Plus je sens de vos yeux les fieres cruautez.
N’est-ce merveille encor, outre ces cas estranges,
Et les accrochemens de ces nouveaux meslanges,
Voir ce corps Aymantin animé de fureur,
Ainsi que de l’Amour, ou de quelque autre ardeur,
Suyvre les feux dorez des estoiles Ursines,
Qui craignent se bagner dedans les eaux marines,
Eternelles roulant à l’entour de l’essieu ? [souvenir d’Arate, éd. Demerson, tome Vi, pièce V,
v. 39 et suiv.
Mais sent-il point encor la pointe de l’espieu
D’Arcas le fils bastard, et gardien de l’Ourse ?
Quand chassant par les bois, échauffé, prist la course
Pour enferrer sa mere au poil aspre et rebours,
De ce grand Jupiter trop cruelles Amours ?
Qui changea les beautez, et les graces modestes
De Caliston la vierge en ces flammes celestes,
Après l’avoir armée et de dens et de peau,
144 Pour accroistre des Ours le sauvage troupeau ?
Ou c’est l’influs secret des rais et de la flame
De l’Ourse qui l’inspire et qui luy donne l’ame,
Ou quelque cousinage, ou bien je ne sçay quoy
De friand qui l’amorce et qui l’attire à soy.
Car le fer aiguisé sans force et sans contrainte
Frotté contre l’Aymant, tourne tousjours la pointe
Vers le Septentrion, qui rend les jours partis
En minutes, en quarts, et les vens assortis
Chacun en son quartier, retranchant mesurée
La flamme du Soleil, et l’humide contrée.
Invention des Dieux ! avoir tiré l’esprit
D’un caillou rendurci, qui sans sçavoir apprit
Aux hommes journaliers, de tirer un mesnage
Des jours, des mois, des ans, ruine de nostre âge !
De là nous cognoissons qu’en ce grand Univers
Tout se fait d’amitié, rien n’y va de travers,
Tout marche, roule et suit sous la sainte ordonnance
De ce grand Dieu, qui tien tout le monde en ballance. [« Idée platonicienne et chrétienne de
l’amour au centre de l’univers […]. La célébration de la nature dans les Pierres mène à la
contemplation de Dieu. » Demerson
[INSERE] Ha siecle malheureus, et veuf de jugement,
Où les hommes grossiers ont moins de sentiment,
Moins de grace et d’amour que le fer ny la pierre,
Armez de cruauté, et tous nez pour la guerre,
Ennemis de la Paix, promts à souiller leurs mains
Au sang de leur voisin, tant ils sont inhumains !
Siecle trop ignorant des douceurs de la vie,
Fertile de malheur et pallissant d’envie,
Nous faisant savourer en ce val terrien
Plus aigrement le mal, que doucement le bien !
Or la pierre d’Aymant non seulement attire
La froide horreur du fer, mais le fer qu’elle inspire
De sa vive chaleur, attire l’autre fer : [Demerson « Belleau se souvient peut-être d’Agricola, p.
244 : « Optimus certe magnes non modo ad se trahit et tenet ferrum, sed etiam vim suam in id
ita transfundit, ut possit aliud ferrum, quod appositum fuerit, apprehendere et tenere ».
145 Communiquant sa force, et les rayons de l’aer,
Qui coulent de l’Aymant, au fer qu’il outrepasse :
S’entre-poussant ainsi que sur l’humide espace
Les haleines des vents promts et sites courriers,
Vont poussant par derriere au gré des mariniers
Et voiles et vaisseaux, volant d’aelles legeres
Pour empietter l’Or fin des rives estrangeres. [développement de Lucrèce, VI, 1033
Cause que nous voyons et quatre et cinq anneaux
Suspendus dedans l’air d’accrochemens nouveaux,
L’un à l’autre collez de liens invisibles,
Comme si de l’amour entr’eux estoyent sensibles,
L’un l’autre se couplant de secrette amitié,
Qui ces deux corps inspire à trouver leur moitié. [Demerson cite Lucrèce, VI, 910-915 mais
étonnamment pas saint . [/INSERE]
Ainsi de la Torpille une vapeur se jette
D’un air empoisonné qui coule à la languette
De l’hameçon pipeur, passant subtilement
Par le fer engourdy d’un estourdissement,
Du fer, il monte au poil de la ligne tremblante,
Et du poil, à la verge, et à la main pendante
Du Pescheur dessus l’eau restant morne et blesmy,
En voyant sa main gourde, et son bras endormy. [C’est Matthiole qui le premier rapproche la
torpille et l’aimant
Mesmes l’ont tient pour vray, que les costes ferrées
Des vaisseaux arrestez sur les ondes verrées,
Qui vont rongeant les piez du rocher Aymantin,
Se deferrent soudain, et n’y a clou en fin,
Esperon, ny crochet, boucle, crampon, ny bande
Qui ne laisse le bois, et prompt ne se débande,
Ne s’arrache et ne sorte, à fin de s’accrocher
Contre les flancs larrons de l’Aymantin rocher. [Vient probablement d’Agricola : « Mauri
tradunt in India maritimas quasdam cautes existere, magnete abundantes, quae clavos omnes
ex navibus ad eas appulsis, extrahunt : quae navigia ferro onusta ad se trahunt, et eorum
cursum sistunt » (p. 245), même si Albert le Grand raconte aussi l’anecdote
Il y a de l’Aymant de couleur noire et perse,
De blanc, et de blaffard, mais de force diverse.
Le noir, masle guerrier, n’attire que le fer :
146 Et le blanc, feminin, n’attire que la chair.
On dit que le blaffard de couleur jaunissante
Porte ceste vertu, qu’une lame innocente
De ce caillou frottée, entre par le travers
Sans offenser la chair des muscles et des ners,
Qui plus est, sans douleur, et sans que de la playe
Le sang froid et glacé en ruisselant ondoye :
Car le coup se reprend, et se ferme soudain
Sans parestre, restant le corps entier et sain. [Boaistuau le dit, et Cardan
On conte qu’un Berger decouvrit ceste pierre,
Fichant de son baston la pointe dans la terre
Sur le mont Idean : Car le fer approché
De l’Aymant espion, soudain fut accroché. [agricola mentionne cette légende deux fois, mais
Pline aussi.
Le plus voisin de nous, est celuy que l’Espagne
Liberale nous vend, l’Itale, et l’Alemagne :
Le meilleur est celuy que l’Ethiope Indois
Trouve dedans le sein de son riche gravois :
L’autre et le plus commun, se nourris tés minieres,
Prend la force et le pois des terres ferronnieres :
Nature ne voulant cacher dedans son sein
Le bien qui sert à l’homme, et qui luy fait besoin.
Car on tient pour certain, que l’Aymant est propice
Pour les accouchemens attaché sur la cuisse :
Bon contre le vinin, et pour le mal des yeux
Quand ils sont larmoyans, rouges, et chassieux :
Bon pour la chasteté, et pour se rendre aymable,
Courtois, facond, discret, gracieus, accostable :
Propre pour alterer, et pour estancher l’eau
Qui flotte entre la chair et le gros de la peau.[Pour tout ceci, Vincent de Beauvais, Pline,
lapidaire orphique, etc.
Va donq, va donq Aymant, va trouver ma Maistresse,
Et si tu peux, subtil, détramper la rudesse
De son ame ferrée, et l’attirer à toy,
147 Plus fort te vanteray, et plus vaillant que moy,
Qui n’a peu l’esmouvoir par ouvertes allarmes,
Cruelle dédaignant mes soupirs et mes larmes,
Plus dure mille fois que le fer endurci,
N’ayant de mon malheur ny pitié ny merci.
[Précédé du diamant, suivi de la Perle. Somme toute ce poème excellent est paradoxal, on
s’attendait vraiment à une hitoire d’amour tragique entre l’aimant et le fer, mais l’histoire
d’amour est déplacée sur le champ d’une énonciation lyrique qui fait de la femme aimée la
destinataire de l’énonciation didactique aussi, malicieusement (Héloïse et Abélard ?)

Gulielmi Paradini Anchemani Epigrammata, Gryphe 1581, p. 14, « Philippo Gayano


proprinquo. »
Non tam ferrum adamas amavit unquam,
[…] Quam virtus tua nos rapit Philippe
In magnum ingenii tui stuporem.
Pas seulement un motif lyrique. Mais ici presque : on se serait attendu à ce que l'image soit
celle de l'amitié entre le poète et le destinataire, mais non... Au sujet de l’aimant, intégrer !!:
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k792631/f15.image

 Fin aymant –

 “Je me ry de ces forgeurs de fables », Du Bartas.


Carmina (Odes) d’Horace
III : « à la nef de Virgile partant pour Athènes » : « Il avait la vigueur du chêne et un triple
airain autour de la poitrine, celui qui livra le premier une nef fragile à la mer terrible »
IV : « À L. Sestius ». Le printemps remplace l’hiver : « Déjà Vénus Cythéréenne conduit les
chœurs, sous la lune qui monte ; et les Grâces décentes, unies aux Nymphes, frappent la terre
d’un pied alterné, tandis que l’ardent Vulcanus allume les sombres forges des Cyclopes. »
Forges = officinae :
Iam Cytherea choros ducit Venus imminente luna
iunctaeque Nymphis Gratiae decentes
alterno terram quatiunt pede, dum grauis Cyclopum
Volcanus ardens uisit officinas.

Nugae, 393 p. 683, n'est pas Vulcain qui veut

Matthew B. Crawford, Contact. Pourquoi nous avons perdu le monde, et comment le


retrouver
28 C’est une vérité pédagogique : les bons élèves sont ceux qui sont capables de répartir et de
contrôler leur attention, non ceux qui ont le plus de volonté et de sens de l’effort.
33 étrange expression « neutraliser son environnement », à quoi devrait servir le langage et le
récit de soi, pour organiser la diversité du réel. C’est peut-être ce qui fatigue Marine, d’avoir
un récit sans horizon, où les difficultés sont racontées pour ce qu’elles sont en partie, à savoir
des indices affligeants d’une civilisation de guerre…
Attention limitée nécessite une « écologie de l’attention ». Mais cela conduit p. 54 à un éloge
de la pré-découpe du travail chez MacDo…
72 J’aime bien cette formule : l’intelligence n’est pas une propriété du cerveau, elle est
« distribuée entre le cerveau, le corps et le monde ».
Il y a un chapitre « quand le capitalisme encourage l’autisme, ou comment stimuler
l’addiction au jeu ». Dans ce chapitre, il cite un article d’une certaine Natacha Dow Schüll :
selon elle les petits enfants aiment la répétitivité fiable des jeux pour enfants, où un bouton
déclenche systématiquement un bruit. Grandissant (vers 3 mois) ils apprennent à aimer aussi
la répétitivité moins fiable, mais les enfants autistes ne savent pas le faire. « ils se replient sur
des contingences parfaites circulaires et auto-induites : un mouvement d’oscillation
corporelle, par exemple, ou des interactions avec des objets qui produisent des circuits
stimulus-réponse presque parfaits, comme faire rebondir un ballon ou presser un bouton. »
(Natacha Dow Schüll). 147 J’aime beaucoup l’utilisation du terme « autotélique » pour
désigner l’activité du jeu compulsif. 149 J’aime aussi pas mal la description du passage d’un
jugement moral sur les joueurs et les établissements de jeux, à une pathologisation de
l’addiction aux jeux qui dédouane les établissements (« ce n’est pas de notre faute s’il y a des
malades dans la société »). C’est le libertarianisme très répandu : « on doit laisser les gens
libres de dépenser leur argent dans des casinos s’ils le souhaitent ». En fait ce n’est pas une
vraie liberté que la liberté défendue par les libertariens. C’est une liberté au sens XVIIIe
siècle, liberté face au pouvoir étatique, au gouvernement. Mais il y a d’autres formes
d’oppression et d’aliénation…
181 et suiv., il parle du travail de maîtres verriers au Massachusetts Institute of Technology
(MIT). Il y voit un exemple pratique d’ « attention conjointe » qu’il recommande et qu’il croit
manquante dans notre société. 201 et suiv. : il définit l’attention conjointe comme ce que font
ensemble un parent et son bébé. 206 « Nous ne sommes pas les propriétaires exclusifs de
« nos » expériences ».
221 Alain Ehrenberg : « La dépression se présente comme une maladie de la responsabilité
dans laquelle domine le sentiment d’insuffisance. Le déprimé n’est pas à la hauteur ; il est
fatigué d’avoir à devenir lui-même. » En outre, ajoute Crawford, la méritocratie inhérente à
l’apparente liberté de la démocratie libérale accentue démesurément la stigmatisation de
l’échec que si nous avions une vue plus réaliste de la situation. Or aux USA la croyance dans
la méritocratie est plus élevée que dans tous les autres pays du monde, alors même que la
mobilité sociale est la plus basse de tous les pays développés.
226 À partir des années 60, « l’idéologie économique de la droite s’est imprégnée d’une
ferveur morale juvénile qui devait beaucoup à la gauche, dans une grande synthèse
émancipatrice qui a fait de la figure de l’entrepreneur bohème un type humain exemplaire. »
À cela l’on doit une épidémie de dépression, et « l’accablement de la fatigue – la lassitude
qu’engendre le projet nébuleux et interminable d’atteindre le maximum de son potentiel. »
Habitude bourgeoise de citer Freud, Merleau-Ponty et mille autres philosophies incompatibles
par pur goût du prestige.
252 Tout à coup, il parle du subjectivisme moral : chacun ses valeurs. Il a cette formule : dans
un autre contexte, on pourrait comprendre ce subjectivisme comme « la vantardise d’une sorte
de héros existentiel » : mes valeurs sont forcément les bonnes !
Tout à coup il parle des statistiques, et en dit quelque chose d’assez vrai, savoir que notre
vision de nous-mêmes à travers des catégories statistiques est assez récente (ça date des
années 1930), et pas sûr que ce soit uniquement un progrès. Certes, 270 il n’y aurait pas eu de
mouvement pour les droits des homosexuels sans la stupeur des études statistiques sur la
fréquence de l’homosexualité. Mais passé ce choc, toutes les catégories sociologiques sont
devenues des formes de « particularité », de « signes distinctifs », d’écarts de la norme, alors
qu’il est aussi normal d’être homo qu’hétéro. Mais la statistique 90%/10% donne l’impression
qu’il y a une norme et un écart.

Pietro Riccio Crinito, Petri Criniti,... de Honesta disciplina lib. XXV, poetis latinis lib. V et
poematon lib. II, Gryphe 1561, mais c’est un poète de la fin du XVe siècle !
Les poèmes sont à partir de la page 797, adressés à Pietro Bembo.

318 “Car si és mestiers & arts mecaniques nous demandons un chef-d’oeuvre & experience de
celuy qui veut estre receu à maistrise, combien plus és sciences & disciplines liberales ?”,
Etienne Pasquier, Les Recherches de la France, Paris : Pierre Menard, 1643.

Le début de L’Avision Christine où Christine de Pizan commence par raconter la fabrication


de son corps dans la forge de Nature (à la Jean de Meung).
cf.
Marc-Claude Buttet, Le premier livre des vers…, Paris : Ferzandat, 1561
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k117181s/f8.image
Dans L’Amalthée qui suit (des sonnets lyriques), un sonnet p. 94 v° l’homme qui s’unit à la
femme originelle « forgea son semblable ». cf éd. Sarah Alyn Stacey, Honoré Champion

Nicolas Barthélémy, Epithalamium Francisci Valesii et Mariae, Anglorum regis filiae.


Ejusdem Ennea ad sospitalem Christum dimetris jambicis. Ejusdem epigrammata, Paris :
Regnadum Chalderium, 1520
L’épithalame véritable commence f. a iiij r° : « Nox illunis erat… »

Nicolas Chesneau, Epigrammatum libri duo, Paris : T. Richard, 1553. 8 r A verbis verbera
dura volant… à propos des coups que s’échangent les époux après les insultes…
Girolamo Fracastoro, De Sympathia et antipathia rerum, éd. Italienne bilingue et critique.
Chap 9, p. 60 : « De anthipathia contrariorum et quomodo se mutuo pellant »
« Est et magnetis genus quod ferrum abigit, ex quo cultelli ita praeparari solent, ut alter
ferrum ad sese trahat, alter pellat, quamquam nos, cum hoc experimentum in medium olim
inductum esset, monstravimus non id accidere
Chap 4 : De consensu partium in toto. Chap 5 : de attractione et motu similum ad simila.

Humbert de Montmort, Duodecim silve http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71701x/f5.image

[Parfois « l’artisan » désigne le sculpteur, absolument.

Fritz Schalk, « Zur Geschichte von Enthousiasme » Romanische Forschungen, 87. Bd., H. 2
(1975), pp. 191-225

Du Monin est l’auteur d’une traduction en latin de Du Bartas, intitulée Beresithias, sive mundi
creatio, Paris : Hilaire Le Bouc, 1579.

Livia, de Faustus Andrelini 1490 (livre d'amours). L'amour est un Vésuve, un Etna : pas une
forge.
Il y a cependant un aimant :
Haec [Livia] rigidum traheret ceu vis magnesia ferrum :
Haec daret indomitas sub sua jura feras :
Ureret haec orcum : terram : mare : sydera : caelum :
Tanta sub ardenti lumine flamma micat.

[EPAVES AIMANT]

[Pour Cardan, voir De subtilitate, 1550, mais surtout la trad. Fr. de Richard Le Blanc, 1578,
VII, p. 184. Et G. Della Porta, Magia naturalis, Francfort : A. Wechel, 1597, VII, 25.

Une brève histoire du magnétisme. De l’aimant à la terre, Jean-Louis Le Mouël et Jean-Paul


Poirier.
10 En Chine aussi l’aimant vient de l’amour : le médecin Li Shinzhen (1518-1593), dans un
traité de pharmacologie, écrit : « L’aimant attire le fer comme une mère tendre qui fait venir
ses enfants à elle et c’est pour cette raison qu’il a reçu son nom. »
11 n. 17 : L’Antiquité confond aimant et diamant sous le nom d’adamas. Edmont Huguet
(Paris : E. Champion, 1925) donne pour synonyme d’aimant acier. « Amour m’attache à mille
clous d’aimant », écrit Ronsard, et Pasquier : « clous de diamant ».
12 L’histoire de l’ail qui arrêterait les propriétés de l’aimant est vite réfutée (Della Porta
notamment), mais celle du diamant qui arrête l’aimant perdure jusqu’au XIXe.
17 Ayant remarqué que l’aimant perd de sa force au cours du temps, Cardan y voit un
argument de la vie des métaux.
32 William Gilbert, De Magnete, 1600 : somme sur ce que l’on sait de l’aimant, qui résume
tous les traités passés. Doctrine centrale : Magnus magnes est globus terrestris, le globe
terrestre est un grand aimant (ce qu’il montre par l’expérience d’une Terrella dite aussi
Microgè).
« magnétisme animal », de l’âme, qui a été utilisé en médecine au XIXe siècle.

« Platon latin, Platon françois : quelques traductions de la Renaissance, entre


philosophie morale et fictions poétiques », Anne-Hélène Klinger-Dollé [http://plh.univ-
tlse2.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?
ID_FICHIER=1240920388861&ID_FICHE=11319, consulté le 30 octobre 2017].

Jennifer Britnell, « Poetic fury and prophetic fury », Renaissance Studies vol 3
n. 2, p. 106-114. C’est une démonstration, à partir de Ronsard, que les deux sont difficiles à
distinguer.

[FIN EPAVES AIMANT]

Les premiers exercices poétiques de Jean de Vitel


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5833450z/

Adrien de Gasdou Œuvres poetiques, Paris : Guillaume Le Noir, 1556.

Benedicti Lampridii … Carmina, Venise : Gabriel Jolitum, 1550

Les Œuvres du seigneur de La Bergerie [Gilles Durant], Paris : L’Angelier, 1594.


10 r° « Responce de Charlote » : « Tes cris me font pitié, ta douleur me martèle… »
Ce sont des sonnets très touchants, très simples et forts, pas misogynes pour un sou au
contraire. Voilà le sonnet LXI (18 r°) :
Nuit, mere du repos, sorciere du soucy,
Des larcins amoureux receleuse discrette,
Qui sors du creux d’enfer, dont ta race est extraite,
Pour nous envelopper d’un grand voile obscurcy :
Si (pour rendre le mal que je sens racourcy)
Tu voulois ce jourd’huy faire plus longue traitte,
Et endormir le jour par ta vertu secrette,
Afin que de long temps il ne revint icy :
Je dirois que du Ciel tu es la Sœur aisnée,
De mille feux si beaux en-ceinte & couronnée
Que le Soleil pour eux dans la mer se tapit :
Sage Nuit, à ton los je bastirois une Ode,
Et pinceroy mon Luth d’une si douce mode
Que le jour en m’oyant creveroit de dépit.
Le thème de la belle matineuse donne ces vers :
Ce duel incertain fit douter à mes yeux
Si ma Charlote estoit l’Aurore de la Terre,
Ou si l’Aurore estoit la Charlote des Cieux.
Antipéristase, Polimnie… Beaucoup de termes qu’on retrouve chez André Mage… un futur
article ?

Marquetis de pièces diverses assemblées par messire Antoine du Saix, Lyon : Jean
d'Ogerolles, 1559.

Oeuvres poétiques Champrépus Gallica


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4337h

Dans Sharon Loewald, Figures féminines dans certains mystères de la Passion en France au
Moyen Âge, Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve-d'Ascq, 2000, ce qui est
redoutablement agaçant, c'est que Sharon Loewald a dit exactement la même chose que dans
sa thèse, mot pour mot, dans « Quatre figures féminines apocryphes dans certains Mystères de
la Passion en France », dans Edelgard E. DuBruck, Barbara I. Gusick (dir.), Fifteenth-Century
Studies, vol. 28, Camden House, 2003, p. 173-183

Carl Marstrander, « Deux contes irlandais », dans Miscellany presented to Kuno Meyer,
Osborn Bergin et Carl Marstrander (éd.), Halle A. S., Max Niemeyer, 1912, p. 371-486

Salomon Certon, Vers leipogrammes


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6551882q
132 « De l’aymant », épigramme XXII des « Epigrammes en vers mesurés » :
Quoi que je soy’ sans vive couleur, noir, sombre,
Vil aymant,
Si passay-je saphirs, & rubis, & diamant.

C. M. Edsman, « Ignis divinus : le feu comme moyen de rajeunissement et d'immortalité :


contes, légendes, mythes et rites », Skrifter Utgivna av Vetenskops Societen i
Lund/Publications of the New Society of Letters at Lund, n. 34, Lund : C. W. K. Gleerup, 1949

Clarisse Herrenschmidt, « De la monnaie frappée et du mythe d’Artémis », Techniques &


Culture [En ligne], 43-44 | 2004, mis en ligne le 15 avril 2007, consulté le 04 janvier 2017.
URL : http://tc.revues.org/1222 ; DOI : 10.4000/tc.1222.

Jean de la Goutte, La Canelle, les Larmes et sonnets


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15122763

Jacques de Fonteny, Les Ébats poétiques


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71925g

Nicolas de Chollières, Œuvres


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k43483
Notice, II : même son prénom est hypothétique, on ne sait rien de lui. VI : parle de l’or et du
fer « comme s’il avait suivi les cours de Bernard Palissy, quoiqu’il ne le nomme pas parmi les
autorités scientifiques qu’il invoque ».
Il y a donc une « Matinée première. De l’or et du fer. Lequel des deux nous est le plus
dommageable ou profitable ». Mais c’est de la prose ! Cite Du Bartas quelquefois, pour
donner la crainte du fer autant que de l’or.

Guy de Tours, Les premières œuvres poétiques, Gallica intra muros. Enfer, centaines de pages
inutiles.
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb305640938

Jean Le Masle, Les Nouvelles recreations poetiques, 1586


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k707230
Dans le « Discours de l’origine de la noblesse, à F. de Belleforest »

Jean Le Houx, Le Livre des chants nouveaux


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k310124b/f9.image

Jean Palerne, Poésies, achevé en 1592 à la mort de Palerne.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4557j

C. de Taillemont, La Tricarite, 1556. Rien.

Michel Verin, Distichs moraux, Gallica intra muros


http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb324937585

Poemata, Scévole de Sainte-Marthe, éd. 1626 seule en ligne…


http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87033505/f8.image
Au début de la Paedotrophia, il y a des mentions de Vulcain. Outre cela, rien.

Martial Monerius Lemovicis, Epigrammata, Gallica intra muros


Il y a un épigramme contre Pierre Pichot ! Le médecin de Bordeaux !
197 In Petrum Pichotum, medicum Burdig.
Plutonis fando Elysii pervenit ad aures,
Sit Pichotus ubi, nil prope posse mori.
Indoluit quastum : quid faxit ? deserat orbe hunc
Ulterius ? damnum sed timet Elysii :
Antragat Elysio ? sed obest timor amplius alter,
Ne faciat Manes protinus Hippolitos.
Il y a les Elégies, après, puis les Odes. Rien là dedans.

La Tour d’Albenas, L’Amie rustique [en caractères de civilité]


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86196510

Pierre de Cornu, Les Œuvres poétiques


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k79115w

Maclou de la Haye, Les Œuvres, Paris : E. Groulleau, 1553.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k71094t
31v, section « Sonetz », pour l’article « aimant » :
Ces rudes montz que ma voix obstinée
Appelle tant, ce sont les montz d’Aymant
Ausquelz mon cœur, sans recompense aymant,
Est attaché soubz dure destinée.
Ce premier quatrain montre bien que le poète ne se trompe pas sur la théorie de Cardan et y
voit une hyperbole lyrique, une image poétique plutôt qu’une théorie scientifique.

[il faut dire que « plume/enclume » ne détrône jamais « plume/coustume ».]

La Barre Duparcq, Charles IX


http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb340229249

Roger de Collerye, Œuvres


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k277151

Claude de Trellon, Oeuvres poétiques, 1594.


4 Menace un trop savant lecteur avec son arme...
La poésie militaire (« soudarde », dit le sonnet liminaire ici) ne connait pas le reste de la vie
civile, écrase de son mépris la Cour, et l'exigence de savoir qui est exprimée dans les arts
poétiques, elle y voit le fait d'un « pédant » (mot très fréquent ici). C'était déjà le cas de l'autre
gus avec sa « langue inconnue ».

Remacle d'Arduenne, Amores de 1513


d v v° : « Invitus amare cogitur eam quam merito odisse deberet. »
Ici un aimant a une force injuste et illégitime : f. d vi v°
Ut caream certo : trahor haec in philtra coactus :
Sic adamas ferrum cote rigente rapit.
Sic trahit invitum Magnesia ferrum.
Dire : Le motif de l'aimant est suffisamment divers, donne lieu à assez de variations, pour
qu'il permette la reconnaissance d'emprunts et de filiations préises. En fait le recueil de
Remacle est constitué d'une série d'élégie déplorant tour à tour toutes les situations
malheureuses possibles de l'amant.

Jacques Tahureau, Odes, sonnets et autres poésies facétieuses, éd. de 1869, « réimprimées
textuellement sur l'édition très-rare de Poitiers, 1554 »
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6367646t

Claude de Pontoux, Oeuvres, Lyon : Benoît Rigaud, 1579.


121, sonnet CCXII, premier quatrain :
Comme l'aymant le fer, comme l'ambre la paille [chercher l'origine de cette comparaison
Attire & joinct à soi par secrette vigueur ,
Ainsi l'oeil de ma dame attire à soi mon cœur
Qui ne le peut lacher en quelque part qu'il aille.
[Sur le sonnet CCXVI :Sachant que le sonnet CCXXIII est un éloge de la Concorde qu'Amour
mène entre les éléments. Le poète fait attention aux transitions : le sonnet qui suit celui ci-
dessus compare l'amour à une flèche qui le blesse.
Il y a ensuite la Forêt parénétique traduite de Liguier Du Chesne.
« Elegie sur la mort d'un cochon nommé Grognet »
317 :
Grognet fut le plus beau cochon
Qui naquit jamais dans Branchon.
Grognet tout le ventre & la hanche
Couverte avait de soye blanche
Polie comme fin veloux.
Grognet estoit bien le plus doux
Animal qu'onques je cogneusse,
Il ne mordoit comme la puce
Ou la punaise, & l'eussiez veu
Tousjours de soupplesse pourveu.
Sa peau plus nette que l'albastre
Vous estoit quelque peu rougeastre.
Sa queue était ronde & menue,
Courte, n'étant qu'un peu velue,
Le bout de laquelle courbé
Semblait la crosse d'un abbé.

Jean Jacob Boissard, Poemata, Metz : Abraham Faber, 1589

Simon de Vallambert, Epigrammaton somnia


http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31522648x

Guillaume Du Peyrat, Les essais poétiques [communication soumise à autorisation]


http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb393313611
« Stances sur la Semaine de G. Salluste Du Bartas, au Sr. Ferrant Mantouän. » f. 145 r°,
stance XXV : pour article aimant
Ferrant, dont le sainct vers des Muses adoré,
De ce siecle de fer fait un siecle doré,
Permets que pour Ferrant, ore Eymant je t'appelle :
Tu peux comme l'Eymant attire à soy le fer,
Tirer une ame à toy du plus creux de l'enfer,
Par tes doctes escris dont la puissance est telle.
(lien entre ces trois poètes?)
L'ode VIII (f. 181 r°) dit à Dieu : (art. aimant)
Sois l'Eymant
Animant
Le fer de ma masse :
Tire moy
Viste à toy
Des rets de ta grace.
C'est presque amoureux ; les rets sont ceux de Vulcain pour emprisonner Vénus. Mais en
même temps « masse » est un terme technique assez rare dans les poèmes...

Jacques de Cessole, Le Jeu des echecz moralisé


http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39317545c

Pierre Enoc de la Meschiniere, La Ceocyre, Lyon, 1578.


11, « Sonet XVI », tercets :
Puis si ferme je suis d’ainsi te regarder,
Accuse tes beaux yeux, lesquels par leur darder
Trainent les miens à soy d’une esclairante chaine :
Et comme on voit le fer attiré par l’aimant,
Et que rien n’est plus dur qu’un bien vray diamant,
Ainsi ferme je suis, & ton regard m’entraine.
[Le poète est en même temps et tout à la fois diamant et aimant.
30, « Sonet XLIII », premier tercet :
Et jamais on n’a veu l’Aimant tirer à soy
Le fer si rudement, comme alors hors de moy
Cesteci attiroit mon cœur sautelant d’aise…

Soutenances et sages conseils :


–Soutenance de Pauline Dorio
Le plan de la soutenance n'est pas celui de la thèse mais peut l'inclure.
Il faut laisser de côté des textes merveilleux mais pas nécessaires. « Je ne doute pas d'avoir
procédé à quelques raccourcis, quasi-inévitables quand on s'appuie sur un corpus
transversal. »
Joindre les auteurs mineurs et majeurs est un attendu aujourd'hui. Il faut ajouter les travaux
qui ne sont ni en anglais ni en français. Éviter la « dangereuse juxtaposition de
monographies » (G. Genette). Autre écueil : les redites. Le plan est souvent le talon d'Achille
des thèses.
Introduction : « expliquer clairement mais sans trop simplifier ».
Les études rhétoriques sont un domaine piégé car il y a nécessairement un membre du jury qui
va les rappeler. Il faut utiliser des catégories critiques qui existent au XVIe s., souci de
précision authentique.
Les termes de « surgissement » et de « bouleversement » sont attendus et redoutés dans un
travail de thèse. Il y a à développer une biographie lorsque les auteurs ne sont pas très
connus ; faire des notices (ce serait ennuyeux à l'intérieur de la thèse).
La critique structuraliste a pu projeter la notion de « prise d'autonomie » sur les années 1530
mais ça n'est pas tout à fait vrai.
La présentation en tableau chronologique du corpus « primaire » est utile pour comprendre les
successions, au cours de la lecture.
–Soutenance de Brice
« Leur importance pour notre conceptualisation n'est pas leur importance au XVIe siècle »
–Thèse de M. Jourde
Conclusion : « le refus de clarifier les sources au préalable a pu engendrer des embarras, voire
des confusions. Mais l'objet que nous cherchions à cerner ne pouvait apparaître qu'à cette
condition ».
–Soutenance d'André Bayrou
« Parti-pris comparatiste » ; « les uns renommés, les autres méconnus »
Traductions « enlevées, rigoureuses, précises »
« La contextualisation disparaît parfois », voilà la critique qu'il ne faudrait pas qu'on me fasse.
-Thèse d’André Bayrou
En fait lui aussi étudie la poésie française et néo-latine, mais il s’agit bien de « littérature et
civilisation françaises » dans la page de titre.
« Maisdèsqu’onchercheàcomprendrelessourcesd’inspirationdecette«philoso-‐
phie»dudécloisonnement,elleapparaîtpluséquivoquequ’ellen’enal’air,etpasseulementparcequ’e
lleestlasynthèsededeuxdisciplinesétablies.D’abord,onsentbienquelecharmenovateur,voirel’effe
tdemodequ’ellesusciten’estpassiéloignédelanostalgied’unmodèleanciendeformationgénéraliste
desprofessionsintellectuelles,qu’ils’agiraitalorsderemettreàl’ordredujour. » Il faut interroger
les préjugés romantiques de son propre désir inter-disciplinaire. Les moteurs historiques de tel
champ d’étude, tout insatisfaisants qu’ils soient, doivent être précisés en introduction.
Il y a un passage à propos de la traduction de l’Ion par Richard Le Blanc ; il y dit que le désir
de Le Blanc traduisant l’Ion est de le protéger des « medisants de poesie », comme les appelle
la lettre-préface à «nobleseigneurMonsieurAmbroysdeVieupont,SieuretBarondeTheuray». En
fait il faut chercher plutôt cette édition signalée qu’autre chose :
LeDialoguedePlato,philosophedivin,intituléIo:quiestdelafureurpoetique,etdeslouangesdepoesi
e:translatéenfrançoisparRichardLeBlanc,Paris,ChrétienWechel,1546, ne serait-ce que parce
qu’elle est, selon André, foliotée.
André Bayrou passe beaucoup de temps à comparer la situation de son champ d’études et les
débats contemporains (jusqu’à évoquer une soutenance de thèse ancienne de Lise Forment,
pas du tout de son champ d’études). Il faut donc lire Rancière.

Rancière, Le sillon du poème. En lisant Philippe Beck, n’est pas communicable ici à la BNF
**
À quel poème, de Jean Second, Jean Le Masle fait-il référence (dernier relevé) ?
Il y a une description de cadeaux dorés dans l’Elégie solennelle 3, livre I, p. 213 ds l’éd.
Roland Guillot. Mais en fait l’élégie dont il parle est celle III, 1, p. 313 sq., c’est très
étonnant !! En effet c’est une élégie grinçante sur le pouvoir des cadeaux, plus forts que les
« carmina inania »…
Quel épigramme de Dorat Martial de Mosnier réécrit-il ? Peut-être celle de la p. 38, ou de la
p. 76, demander à quelque helléniste :
https://books.google.fr/books?
id=jtMukq2Kj1AC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onep
age&q&f=false

Les Missives des Demoiselles Des Roches (trad. De Claudien) sont chez Droz, 1999
Noter An. Quand auteur anonyme
Ramisme : développé en Allemagne parce que traduction de Johann Thomas Freigius. C'est
lui qui a forgé le terme « psychologia » qui tient tant à cœur à Mandosio.
L'alchimie est à mettre en dernier, problématique.
Les bombardes sont coulées et non forgées ! [peut-être pas au début du siècle cependant
Le spécialiste de Textor est Nathaël Istasse, l'édition originale est bien avant 1566, c'est 1520.

Le retour de la veine Rabelaisienne, Coletais, satire, explique assez le Fourbisseur


malencontreux.
Littré : « Être étonné, être penaud comme un fondeur de cloche, être fort surpris de voir
manquer une chose sur laquelle on comptait. Locution tirée de ce qu'il arrive parfois que
l'opération de jeter la cloche en moule manque.
"Si Foy eût pu soutenir ce style, la scène changeait ; M. Pasquier, surpris comme un fondeur
de cloches, eût remis ses lois dans sa poche, et moi, petit propriétaire, ici je taillerais ma vigne
sans crainte", [Courier, Lettre X, t. I, p. 220] ». C’est le sens que suggère l’exemple de
Scarron, dans le poème « à monsieur le Commandeur de Souvré » : « Triste & confus comme
un fondeur / Qui n’a pas bien fondu sa cloche, / Je t’écris, brave Commandeur, / Bien assuré
de ta candeur, / Et que ton cœur n’est pas de roche. » dans les « Odes et stances », dans
Œuvres de monsieur de Scarron, tome 7, Amsterdam : J. Wetstein, 1752, p. 295
Mais le dictionnaire de l’Académie, 1694, donne pour exemple : « Le bransle des cloches a
estonné ceste tour. Le bruit du canon, la force de la mine a si fort estonné ces maisons-là qu’il
est a craindre qu’elles ne tombent. » L’Académie le donne pour sens figuré de l’adj.
« étonné », alors que ce serait plutôt son sens premier…
« Étonné comme un fondeur de cloches : l’étonnement légendaire de cet artisan pourrait bien
n’avoir existé que dans la locution elle-même, d’une interprétation malaisée. », Sylvie Claval
et Claude Duneton, Le Bouquet des expressions imagées s.v. « étonnement », suggèrent
ensuite un double jeu de mots, sur étonné et sur fondeur, qui signifierait destructeur,
renverseur.

** Marcelus (dictionnaire lettres fr)


Bailly 1920 a soutenu la thèse aujourd'hui dépassée selon laquelle la langue littéraire serait
une langue spécialisée, comme celle des sciences ou des métiers ! Autonomie comparée de la
langue des techniques et de la langue poétique ?
Il y a des témoignages de visites du roi en ateliers d'imprimerie. Demander à Dillmann s'il y a
de ces témoignages quant à la forge ?
Les odes avec « strophe » « antistrophe » « épode » sont pindariques.
Le terme « pelôr » désigne chez Homère et dans les hymnes homériques un monstre, un
prodige, tels les cyclopes, Scylla, le serpent Python, et même Héphaïstos.
Des livres sont numérisés sur Wolfenbuttel.

Andrea Del Lungo, La Fenêtre. Sémiologie et histoire de la représentation littéraire, 2014


C’est le livre le plus mauvais de l’année. Tout ce qui y est dit est évidentissime.

Carnet ENS Lyon :

Soutenance mémoire M2 :
- Math. Meunier qui forge dans le bronze les semeurs, exaltation de l'humilité.
- Trop petites ambitions bibliographiques (Suzonni)
- La compositio est une partie de l'elocutio, pas le fait de disposer les parties entre elles
(dispositio) ! La méthode de prendre des petites notes sur les critiques est parfois trompeuse :
on fait des erreurs, etc.
- On peut etre gentilhomme rustique t s'intéresser à un "travail de la nature". Danièle Duport a
montré que ça échangeait avec la poésie. Dialogue constant.
–La matrice des imprimeries est en "aes", c'est le seul élément en bronze.

Guilielmi Gilberti,... De magnete, magneticisque corporibus, et de magno magnete tellure,


physiologia nova, plurimis et argumentis, et experimentis demonstrata, Londres : Peter Short,
1600. La terre est décrite comme « ce grand aimant » dans le titre. Mais cet ouvrage,
quoiqu’en langue scientifique européenne, n’a pas eu d’édition française. Il s’agit d’un champ
donné pour nouveau dans la préface (« magnetis substantia […] adhuc prorsus incognita », f.
ij r°). Du fait que « Physiologia haec fere tota nova est, & inaudita », il est difficile de faire
autre chose que des « hypotheses » et d’arriver à quelque chose « certo » dans la
« philosophia magnetica » (f. iij r°).

Retour à Evelien Chayes pour l’article aimants


138 Chez Origène, dans les Homélies sur l’exode, l’aimant, ainsi que le corail et l’unio,
signifie la force invisible de l’éloquence. 140 Chez Alard d’Amsterdam commentant saint
Augustin, également ; et lorsqu’il commente le pseudo-Denys, 141 la pierre d’aimant est
l’image de notre attirance vers le Seigneur. L’unio c’est la perle.
171 Cardan, « dont le goût du merveilleux inspira plusieurs poètes de son temps », est dans la
bibliothèque de Belleau, dans le français de Le Blanc. 174 Il y a pour Cardan, non seulement
une « vie des pierres », comme il le dit, mais même une passion, puisqu’il compare les pierres
translucides aux hommes splendides comme Socrate et au Christ (le Christ est souvent une
pierre angulaire, dans la tradition).
215 La rime finale du poème 3 sur l’aimant (loyal Aymant/ce Diamant) est peut-être un rappel
du calembour de Rabelais, « dyamant faux »/ « dy, amant faux ». Ici la note 1 cite Galand-
Hallyn et Hallyn, 2001 : la théorie du « subitus calor » est défendue en 1513 par Nicolas
Bérauld dans sa leçon inaugurale à Paris. « Bérauld reprend alors le thème de la contagion
poétique et l’image de la pierre aimantée évoquée dans l’Ion, mais il les contamine avec une
métaphore tirée d’Horace » (P. Galand-Hallyn, F. Hallyn et J. Lecointe, chap. II :
« L’inspiration poétique au Quattrocento et au XVIe siècle », p. 136-137, « La fureur du
labeur ». Les auteurs pensent alors à Ars poetica, 304-305).
217 Selon Chayes le passage de Belleau sur les anneaux est inspiré de Lucrèce, VI, 910-915,
et par le néo-platonisme.
229 Il y aurait dans toute la construction du recueil de Belleau, dès 1576 mais plus encore en
1578, une perspective eschatologique, la structure pouvant être rapprochée (les symboles
aussi) des douze pierres de l’Apocalypse.
245 n. 1 Sur la pierre d’aimant, Jean Braybrook dans son introduction aux Pierres mentionne
Boaistuau comme source oubliée de Belleau, mais précisément Boaistuau ne se sert jamais
des récits de Boaistuau et de ses modifications lorsqu’ils ont les mêmes sources.
252 Marbode ne se sert guère de l’aimant pour digresser : de toute façon il use très peu de
digressions ou de figures. « Il ne produit pas l’enargeia dont parlent les rhéteurs ». 271 À
l’inverse chez Belleau « l’essence de la pierre d’aimant est justement le mouvement de la
chaleur, l’énergie/enargie « animant » ce métal (v. 72-73) ».
269 Dans le poème sur l’aimant, « le poète passe à un ton élevé, pour uen description qui
évoque les forces cosmiques et les qualités élémentaires en œuvre dans la nature ». [En fait la
« vie » de l’aimant, que Cardan prend pour explication suffisante, est ici véritablement mise
en vers un peu sérieusement]. 270 Chayes prouve que les figures correspondent à la définition
du sublime par Longin.
323 À noter pour argumenter ma partie II : « Chez Belleau, l’image du poète est dans le
simile du joaillier qu’on voit au trvail et qui se mire dans la surface des pierres qu’il est en
train de polir. […] Sur ce po-te-joaillier règne Apollon, invoqué dès le début du « Rubis » et,
dans le contexte néoplatonicien, connoté comme le Christ ».

Hiro Hirai, Medical Humanism and Natural Philosophy. Renaissance Debates on Matter, Life
and the Soul, Brill : Leiden, Boston, 2011.

Annick Texier :
S’est intéressée à la toiture du dôme des Invalides parce qu’Heredia en parle.
Le fer est utilisé en maçonnerie : la pierre est bien sûr l’élément noble MAIS il ne tient que
par les tonnes de fer à l’intérieur. Dans l’architecture, le mot-clé est faîtage. L’orfèvrerie est
liée à l’architecture, au vêtement aussi : il y a de l’or et de l’argent dedans.
Les spécialistes sont surtout médiévistes.
Antoine de Pize, moine italien, a décrit comment faire un vitrail du début à la fin.
Jusqu’au XIIe, bas-fourneau, 4 à 5 kg de fer. XIIe-XIIIe, haut fourneau augmente la qualité,
mais on obtient de la fonte qu’il faut épurer.
Le plomb est un sous-produit des mines d’argent à l’origine : mais au XIVe-XVe, les mines de
cuivre font plus de plomb, s’aperçoit-on. Florian Teyregeol a écrit là-dessus.
Les vitraux sont beaucoup plus grands et plus peints à la Renaissance qu’au Moyen Âge.
Savoir laminer est une nouveauté en sidérurgie.
Le savoir sur les métaux s’est tant renouvelé ces quinze dernières années qu’il n’existe pas de
synthèse récente.

Joseph Du Chesne, Grand miroir, Lyon : B. Honorat, 1587


http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5860952d/f2.image
Au livre IIII p. 141 rime « Aeole »/ « boussole ». Le « pouvoir de l'Aymant » :
Mais d'où lui provient-il ? Est-ce de la substance
De l'Aymant & du Fer, qui ont quelque semblance ?
Le Fer ainsi le Fer plustost attireroit,
Et l'Aymant sur l'Aymant de mesme agiroit.
Ayons doncques recours à la force incogneuë
De l'Ourse, nous marquant le Pole avec sa queuë,
Qui darde la vertu attrayante qu'elle a,
Entre les mineraux, à ceste pierre-là. [aveu d'impuissance scientifique, à nouveau

Claudien à propos de l'aimant :


https://books.google.fr/books?
id=sHEUAAAAQAAJ&pg=PA402&lpg=PA402&dq=Ex+ferro+meruit+vitam,
+ferrique+rigore+claudien&source=bl&ots=kO0eZVGjwf&sig=cwg_kciADM4FkC3apInraQ
wIlms&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi45tG2qLfaAhVMvRQKHVl7COwQ6AEwBXoECAA
QRA#v=onepage&q=Ex%20ferro%20meruit%20vitam%2C%20ferrique%20rigore
%20claudien&f=false
Ensuite Mars est le fer et Vénus l'aimant : mais le ton est toujours interrogatif : au début de la
péroraison, « Quis calor infundit geminis alterna metallis / Foedera ? Quae duras jungit
concordia mentes ? », et à la fin, s'adressant à l'Amour : « Quae tibi, saeve puer, non est
permissa potestas ? »

Sur Joachim Blanchon, j'ai dit déjà que ses chutes lyriques annulaient ses développements
savants et humanistes : c'est particulièrement le cas pour ses deux sonnets sur l'aimant et sur la
forge.

Eugène Droulers, Dictionnaire des attributs, allégories, emblèmes et symboles, Turnhout :


Brepols, 1948. Inutilisable. Dictionnaire des symboles mais en pire.

Magali Vene, Écorchés. L’exploration du corps, XIVe-XVIIIe siècle, Paris : Albin Michel,
2001.
[Agricola et son administrateur-technicien peut servir à Jean Le Masle ! En fait il faut relire
les notes sur Agricola à propos de chaque chapitre.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15108895
Sonet LI (du Torrent des sonets), 44v
Ce n’est qu’or & argent, que chiffres, & que larmes,
Que cœurs, flames & traits, fermesses, & palmiers,
Que petits archerots, que rameaux de lauriers,
Et dedans leurs enclos, sans raison force carmes :
Ces petits cupidons, ont encores leurs armes
Ainsi qu’on les forgea, chez les sçavans ouvriers,
Nettes de sang humain, ils n’ont esté meurtriers,
Ils n’ont pas le courage animé aux alarmes.
La Suisse est un livre à part, Paris : Didier Millot, 1589.
« À Monsieur le président Brisson »
Malheureusement il n'y a rien, c'est l'histoire ancienne de la Suisse... Tout ça pour ça !
Les cupidons pluriels c'est Horace, Odes, I, 19

Siegbert Himmelsbach, L’Épopée ou la « case vide ». La réflexion poétologique sur l’épopée


nationale en France, Tübingen : Max Niemeyer, 1988, et J.-Ch. Monferran et O. Rosenthal,
« Le poème héroïque dans les arts poétiques français de la Renaissance : genre à part entière
ou manière d’illustrer la langue ? », RHLF, 2000, n°2, p. 201-206. Concluent qu’un désir
d’épopée naît dans le premier tiers du seizième siècle mais qu’il n’est comblé qu’au dernier
tiers.
« L'apparition de l'artillerie, une rupture dans l'écriture de l'épopée à la Renaissance ? »
Proposition :
L'invention de l'artillerie et sa banalisation à la Renaissance dans les guerres d'Italie
constituent une rupture de paradigme technique dans la stratégie et la poliorcétique. Les récits
de bataille, dont l'historiographie récente a montré les enjeux publicitaires et les lieux
communs institués, sont-ils alors contraints de s'adapter ? L'épopée en particulier, genre
poétique à la fois le plus noble et le plus codifié à la Renaissance, doit répondre à des
injonctions contradictoires : d'une part, elle répond à l'exigence d'imitation des épopées
antiques, Homère et Virgile ; d'autre part, adressée le plus souvent à un Grand ayant fait
carrière dans les armes, elle ne peut pas se permettre d’ignorer les réalités militaires
contemporaines lorsqu'elle rend compte d'une bataille récente.
Pour autant, il semble exagéré de dire, comme Ernest Renan, qu'« il n'y a pas d'épopée
avec l'artillerie ». Une tradition épique continue bel et bien : mais on relève de nombreuses
traces formelles de la rupture introduite par l’artillerie dans la pratique littéraire de l’épopée, à
toutes les échelles : syntaxique, narrative et méta-narrative. À travers plusieurs exemples de la
fin du XVIe siècle, nous définirons ce qu’a pu être, chez les poètes épiques, la mise en forme
de la rupture, son assimilation ou plutôt son inscription dans la conception de l’histoire et des
arts. Car l’épopée à la Renaissance est un « miroir du monde » (B. Méniel) : dès lors, nous
tenterons d’inférer de quelle conception nouvelle de la guerre et de l’histoire ces
discontinuités dans la tradition poétique sont le symptôme.
L'artillerie dans l'épopée : assimilation d'un corps étranger

... l'épopée disparaît avec l'âge de l'héroïsme individuel ;


il n'y a pas d'épopée avec l'artillerie.
Ernest Renan41

On a pu situer l'essor de l'épopée renaissante en France au dernier tiers du siècle42.


Au plus près du champ de bataille, il est déjà envisagé par les généraux et leurs
chroniqueurs quelles seront les conséquences publiques à court et long terme de l'issue du
combat [La Bataille. Du fait d’armes au combat idéologique, XIeXIXe siècle, dir. Ariane
Boltanski, Yann Lagadec et Franck Mercier, Rennes, PUR, 2015. Introduction 10]. L'épopée
offerte au noble dont elle raconte les exploits peut ainsi faire pleinement partie de l'entreprise
militaire, qui est aussi affaire de propagande. Les "poèmes de combat" définis par Bruno
Méniel entrent directement « en concurrence avec l'histoire » que les nobles se racontent à
eux-mêmes (p. 318). Voilà pourquoi l'expression d'une épopée de combat est souvent
convenue et topique [La Bataille intro 82]
Observons avec quel luxe de détails inouï un poète contempteur de l'artillerie, Robert
Le Rocquez, décrit les armes de l'ennemi dans le récit de la bataille de Pavie que propose son
Miroir d'éternité (1589) :
Derriere l’ost suyvoit tout le bagage,
Tres-bien fourni de gens en equippage :
Qui conduisoyent pour ruiner les murs,
Maints instrumens de guerre, lourds & durs :
Comme Beliers, nommez moutons barbares,
Grans crocs de fer, fondes, & baleares,
Pour jetter gaux, & meules de moulin,
Avec cablots, faits de Chanvre & mol Lin.
Aussi trainoyent pour incuter molestes,
Onages durs, & Charrearbelestes,
Muscules forts, & Tortuës notoires,
Tours d’Elephans, & deambulatoires.
Derriere apres un grand moine marchoit
Noir comme un diable, & qui dessous cachoit
Son gris manteau, les salpestres, & soulphres,
Par luy puisez aux abysmes, & gouffres
Du noir Pluton : & qui plein de brairie
Faisoit trainer en l’ost l’Artillerie,
Avec boulets, pouldres, & Coulevrines,
Passevolans, Canons, & Serpentines :
Aussi menoit harquebuzes, bombardes,
Becs de corbin, masses, & hallebardes.
Apres suyvoyent sous quelques grans seigneurs
Maints castadous, subterranes mineurs,
41 Ernest Renan, « Probabilités », dans Dialogues et fragments philosophiques, P. 84 dans le dialogue des D,
Ernest Renan, Paris : Calmann Lévy, 1876. [merci à Bruno Méniel pour son aide]
42 [« Le Renouveau du poème héroïque en France au début de la Renaissance : Le Voyage de Venise de Jean
Marot (1509) », Sandra Provini, , Cahiers de l’Association Internationale des Études françaises, n° 65 (mai
2013), p. 261-276 ; 261 Le troisième tiers du siècle est « l’essor de l’épopée en France » et ce Voyage de
Venise est publié par Clément Marot en 1532 (pas avant).]
Prompts, & experts à poursuyvir les mines,
Pour renverser & tost mettre en ruines
Les forts chasteaux, puissans pour supporter
Les gros Canons, & contre-eux resister.43
La manchette divise cette liste en « instrumens de guerre des anciens » et « instrumens de
guerre des modernes, inventez de nouveau » (expression désignant l'artillerie), exprimant la
conscience d'un progrès technique, à défaut d'être un progrès moral. Ce progrès constaté
nécessite alors la sollicitation des tendances les plus modernes de la poésie humaniste. Au
classique dénombrement des armées, Robert le Rocquez substitue en effet un morceau de
bravoure de poésie scientifique, dont la mode n'est pas encore passée, sept ans après La
Sepmaine de Du Bartas.
Les usages de l'artillerie se codifient plus vite que la théorie ne le fait apparaître. Dès
le XVe siècle, le décompte précis des boulets tombés dans une ville assiégée[« La Vierge et la
bombarde. Réflexions sur les sièges d’artillerie d’Orléans (1428) à Dijon (1513) », Laurent
Vissière, p. 51-64 (59 n. 36], les tirs de sommation et de célébration[Dans Gratulatoria Musa
in Adventum ad primariam Clivorum Urbem, VVesaliam pour l'entrée dans la ville le 18
juillet 1612, livre paru en 1613.
Puis il y a un éloge de la ville de Wesalia, qui passe par « cives » (qui se pressent aux
« fenestras »), puis surtout les « virgines », et soudain les « armarti» (manchettes), f. B 2 r° :
Praegressi armati per compita lata, viasque
Ut tetigere forum, ingenti cinxere corona
Hinc atque inde forum, ceu acie, cunctasque plateas
Ignea bombardis jaculantes fulmina tota
Urbe. Vie paessim resonabant plausibus omnes,
Et vario cantus, vario modulamine vocum.
] sont des pratiques communes à toute l'Europe. L'épopée connaît une codification parallèle en
lieux communs épiques : l'artillerie est par exemple « . Dès lors, si la guerre est la mère de
toutes les inventions en Europe

L'artillerie et l'héroïsme
Il ne va pas de soi de peindre le héros épique « l’arquebuse en la main », comme le fait
Jacques Meirier dans l’éloge funèbre de Pernon La Manon, l’un des Pairs de France [La
Guisiade 48]. Au XIIIe livre de La Henriade, Sébastien Garnier met en scène le renoncement
du roi à l'arquebuse pour l'épée :
Ce disant il le suit avecques la pistolle
L’emorche fait bien feu, mais le coup ne s’envole,
Dont le Roy fut alors grandement irrité
Contre son pistolet le getant despité,
Disant semblables mots : a vray dire ces armes,
Sont indignes de moy, c’est aux couars gendarmes,
Les armes des François vaillans & courageux
Le coutelas sur tous est retenu entr’eux.
L’ennemy derechef son coup failly retourne
Qui a l’entour de luy coyurageusement tourne,
Tenant son pistolet emorché en sa main,
Ja tout prest a tirer, mais quoy le coup fut vain.44
Vanité de l'arquebuse qui refuse d'obéir aux volontés héroïques : c'est par le « coutelas », le fil
de l'épée, que se gagne l'honneur à la guerre épique. Si l'arme la plus digne est paticulièrement
française, c'est parce que l'épopée est un genre nationaliste par nature (nous y reviendrons).
43 Op. cit., Robert Le Rocquez, Le Miroir d’eternité, Caen : Pierre le Chandelier, 1589, 110 v°.
44 Les Huict derniers livres de la Henriade, Bloys : Gomet, 1593, p. 91.
Pierre de Deimier relate lui aussi un accident d'arquebuse : par impatience, un vénitien reçoit
dans le cervelet son propre trait45. La cruauté de l'épisode s'appuie alors sur les descriptions
anatomiques sanglantes de L'Iliade et de L'Énéide. [En note : l'arquebuse de Cupidon, Ullrich
Langer, Invention, Death, and Self-Definitions…, p. 9-10 L’invention du Cupidon-arquebusier,
dans le poème “Belleau, s’il est loisible aus nouveaus d’inventer…” est une audace fatale en
même temps qu’elle crée un sujet lyrique nouveau. C’est dans la Continuation des Amours de
1555.]
Le plus souvent, l'artillerie est un désordre que la vaillance héroïque peut encore
dompter, voire qu'il a pour devoir de faire cesser, du moins dans la fiction épique. Désordre du
monde, le canon est semblable à la tempête, à laquelle il est sans cesse comparé. L'image n'est
pas fortuite : décrire les boulets comme des éclairs et la fumée des canons comme un orage
permettra, plus tard dans l'épopée, d'assimiler le héros qui fera taire la canonade comme un
nouveau Neptune calmant les vents, à l'imitation de Virgile. Ce double mouvement se constate
par exemple dans La Guisiade de Jacques
Meirier[http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8711880p]. Charles de Guise,
répondant à l'appel du roi pour libérer la Provence, fait d'abord un discours militaire
d'exhortation. Son discours terminé, l'armée pousse un cri de guerre (lieu commun épique, au
moins depuis le « Montjoie » de la Chanson de Roland). Or ce cri est décrit par deux
comparants hyperboliques, le canon et la tempête :
De Sisteron le cry poussé de certain vent,
Voletant par les airs, a passé plus avant,
Et comme Jupiter eslançant son tonnerre,
Faict d’en haut trembloter les antres de la terre,
Et comme le canon porte-feu, porte-plomb
Faict son bruit resonner de Marseille à Tholon :
19 Ainsi ce cry François furetant à la file,
A leger penetré en maint lieu, mainte ville.
Le double comparant est caractéristique d'une épopée de combat, puisqu'il mêle délibérément
les mythes (Jupiter, les « antres de la terre ») avec une référentialité contemporaine du poète
(le canon qu'on entend « de Marseille à Tholon »). Le canon est l'équivalent historique du
foudre poétique : Roland Barthes, sans doute, parlerait d'un « mythe moderne ». Or plus tard,
félicité par Marseilles personnifiée, Charles de Guise s'entend dire :
33 Tu as ce jour calmé la Provensale terre,
La tempeste chassé, & le vent, le tonnerre :
Tonnerre du canon, du petard foudroyant,
D’arquebuse, ou mousquet porte-feu, l’air fendant...
Le lecteur qui a assimilé le rapprochement du canon et de la tempête avant la bataille s'en
souvient après, et il comprendra volontiers le compliment de Marseilles (« Tu as ce jour calmé
la Provensale terre... ») comme une métonymie d'un apaisement du ciel. Arrêtant « la
tempeste », Guise est un nouveau Neptune, voire supérieur à Neptune puisque le premier n'a
jamais perdu son éloquence au cours de la bataille, contrairement au second (« Quos ego... »).

Mais l'héroïsme aristocratique, lorsqu'il vainc seul et sans soutien la batterie de canon, paraît quelque peu
artificiel et sent son courtisan : la « Harangue de tres-illustre prince François duc de Guise aux soldats de
Metz », dédiée au cardinal de Lorraine son frère, et qui montre un Guise faisant reculer par sa seule
apparition les canons de Charles Quint, n'est pas la meilleure pièce de Pierre de Ronsard[Face à Charles
Quint muni de « cent pieces de canon », v. 18, p. 672, Guise équipe son armure qui est l'occasion de maintes
ekphraseis homériques ; il rappelle aux soldats de Metz leur ascendance troyenne par Francus (dont il écrira
bientôt les aventures ; les poèmes datent de 1560). C'est un epyllion puisque c'est la harangue fictive du siège
que François de Guise soutint contre Charles Quint (octobre 1552-janvier 1553). Ronsard s'inspire ici de la
Tyrtée, éditée par Turnèbe en 1553. L'Empereur avec ses canons s'enfuit à la seule vue de Guise si bellement
45 Op. cit., p. 94.
armé : « L'Empereur frissonna d'une si froide peur / Voyant ton frere armé, que sur l'heure sur l'heure / Du
tout desesperé de fortune meilleure / Tourna le dos honteux », v. 278-281, p. 678]

Artillerie et nationalisme
L'épopée renaissante est par essence un poème nationaliste, et s'accommode d'autant
plus mal de l'artillerie qu'elle constitue une invention étrangère, comme le rappelle Robert Le
Rocquez, contant son origine au XIVe siècle :

Or l'inventeur est le véritable responsable éthique et même eschatologique de la valeur au


XVIe siècle, ce dont témoigne le succès du De inventoribus rerum de Polydore Vergile. Au
pauvre inventeur de l'artillerie, Jean Bertaut attribue encore acédie coupable et vaine quête de
gloire, dans un discours adressé à ce découvreur exécrable :
Ou bien, si conduisant d’un pas desesperé
Ta malheureuse vie au trespas asseuré,
La meurtriere fureur troublant ta fantasie
Forma quelques discours dedans sa frenaisie,
Mourons (dis-tu cruel) & fuyons au tombeau
L’odieuse clarté du celeste flambeau :
Mais voulons nous mourir d’une mort incognue ?
Non, non, que tout esprit habitant sous la nue,
Que le Ciel, que l’enfer en cruauté vaincu
Scachent par nostre fin que nous avons vescu :
Surmontons Erostrate imitans son exemple :
Il ne perdit qu’Ephese, il ne brusla qu’un temple,
Nous, renversons la France : et quel plus beau cercueil
Se sçauroit elever l’ambitieux orgueil
D’un cœur qui rien que gloire & grandeur ne respire
Que d’enterrer sa cendre és cendres d’un empire ?
Sus sus, erigeons-nous un fameux monument
Es ruineux monceaux d’un si grand bastiment :
Tant soit avantureux ce que nostre ame embrasse,
Il est en son pouvoir, s’il est en son audace :
Allons, et de ce fer gravons dans les esprits,
Que quiconque a sa vie en horreur & mespris,
Quelque petit qu’il soit, il se peut dire maistre
De celle du plus grand que le Ciel ait veu naistre.
Ainsi dis-tu, meurtrier (…).
Le Ciel, le juste Ciel, protecteur des couronnes,
Le sçait pour le malheur de ces ames felonnes,
Qu’on croit avoir forgé sur la tienne de fer
Ce traistre assassinat des marteaux de l’enfer.46

C'est aussi le voyage qui préside à l'invention de l'artillerie selon Pierre de Ronsard, voyage à
la fois géographique (dans les régions reculées et loci horridi que sont les montagnes pour les
hommes du XVIe siècle) et mythique :Rons., « Les Armes », t. II, p. 679-680, v. 49 et suiv :
Ils [les humains] ont fondu premier l'homicide metal
Souflé d'une Furie au brasier infernal
Que vomit Phlegethon : ils ont mis en la fonte
46 Jean Bertaut, « Discours funebre sur la mort de la Royne mere du feu Roy », dans Œuvres poetiques, Paris :
Antoine de Somaville, 1601, f. 76 v°.
Le son, la peur, l'horreur, l'ire et la flame pronte
Pleine de puanteur : ils ont apres cherché
Le soulfre que Nature avoit bien loin caché
Dessous terre là bas : puis le long des murailles
D'une estable porchere, ou dedans les entrailles
D'une grotte relente, ou d'un mont reculé
Ils sont allez chercher le salpestre gelé :
Puis poudroyant en un ces drogues eslongnées
Au penser des humains, sans peur les ont cognées
Au ventre des canons, les faisant dégorger
Une balle qui bruit si haut au desloger,
Qui court si tost par l'air, que la terre en chancelle,
Que l'enfer s'en crevasse et prend clarté nouvelle,
Que la mer en tressaut, et la voute des cieux
En craquetant se rompt dessous le pied des Dieux.

[Ullrich Langer, Invention, Death, and Self-Definitions…24 Or un ensemble d’œuvres


littéraires forme un « network of symbolic associations » à propos de l’artillerie : Le Roland
furieur, IX, 88-91 et XI, 24-28 ; E. Spenser, The Faerie Queen, I, viii, 13 ; Rabelais,
Pantagruel, VIII, XXVIII ; Maurice Scève, Microcosme, III, v. 911-922 ; Tasse, Jérusalem
délivrée, XII, 42-45 ; L’Hécatombe à Diane d’Aubigné, IV, X, VII, etc ; Don Quichotte, I, 38 ;
Milton, Paradis perdu, VI, 469-523. 25 Ce qui caractériserait tout ce corpus serait le
paradigme de la profondeur.

Brioist, Pascal. "L'artillerie à La Renaissance." Nouvelle Revue Du XVIe Siècle 20, no. 1
(2002): 79-95. http://www.jstor.org/stable/25598961.
85 : certains instruments de géométrie sont des pièces d’arts, quadrant signé Erasmus
Habermel, quarré en laiton signé Christophorus Schissler de 1579, astrolabe de 1554 signé
Anthoine Mestrel… Parfois dorés, ornés de scènes de batailles… relèvent d’une « culture de
cour » (p. 86).
94 : ces instruments, ces traités sont la preuve d’une « culture hybride » et d’un nouveau statut
social. Annonce le statut social de Gallilée.

Dans le Roland furieux, l’Arioste prend la peine de consacrer une dizaine de huitains au début
du chant XIV pour faire la distinction entre les batailles passées et la bataille moderne. Salle
V premier tome

POUR LA MINE :
Alexandre de Pontaymeri, Le Roy triomphant, Cambray : Philippe des Bordes, 1594.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k123774k
75 Voila quant a l’Indie : ores il faut parler,
De l’Hespaigne, et bien loing du Peru s’envoler.
Car tout l’or Peruan, et la terre sauvage,
Ne vaut pas sans mentir, l’insulaire Broüage.
Broüage dont le sel, au Prince conservé,
76 Fut mesme par Thevet, en estime approuvé
Sur tous les revenus de la grande Amerique,
Dont le corps desuni n’ha poinct de republique :
De tristesse, et de coups, les habitants sont morts,
Les autres ennuyez des avares efforts
Des Hespaignols cruels, abandonnent la plaine
Et vivent montaigniers en eternelle peine.
103 « L’Auteur s’est trouvé aux batailles de Pontcharra de Vinon, et de Sparron de Paillie.
Pontaymeri
Adressé au seigneur Desdiguieres, capitaine en Savoie et conseiller privé du Roi, a2 r°.
169 Le livre VI est une guerre totale, brutalité pure ; on ne voit que « dars Vulcaniens » et
autres.
181 Le forgeron boiteux si drument ne martelle
Le foudre boute-feu, ni la masse rebelle [masse est un terme technique
D'un harnois enchanté, u ces trois grands Seigneurs
Non pas moins en valeur les premiers, qu'en honneurs
Redoubloyent leurs efferts sur la gendarmerie...
Hélas, il y a un autre poème après : Le Triomphe des victoires obtenues par le sieur
Desdiguieres, 1591. Nihil prodest.

À l’Arsenal, demander :
La Thématique de la dignité de l’homme, Eugène Bellec, 2001, 8-Z-38376

Nouvelle revue du XVIe siècle, vol. 20 n.1, 2002.


« Renaissance des savoirs scientifiques et techniques ? Une introduction », p. 7-18, Laurent
Pinon, Antonella Romano, Hélène Vérin.
8 Koyré a acté la victoire des discontinuistes sur les continuistes à propos de la Renaissance,
et celle d’un panthéon de savants illustres. [Le reste est évident
12 le livre d’Elizabeth Eisenstein, The printing as an agent of change, est valable plutôt pour
les livres scientifiques que pour les autres.
Dans le domaine des arts mécaniques, le rôle de l’imprimerie et la radicalité de la
« Renaissance » a pris de l’ampleur à partir des années 1970 avec les travaux de Ladislao Reti
et Alexandre Keller sur les « théâtres des machines ». La question de leur usage et de leur
public reste ouverte.
17 Deux niveaux de rationalisation de l’histoire des arts mécaniques : le premier est une
certaine idée de progrès. L’inventeur, l’origine (symbolisée par un grand nom, Euclide,
Archimède, Vitruve, Végèce…) sert de remise en perspective dans bien des manuels
techniques. Le deuxième est la réduction en art.
« Méthodes et fonctions de la classification des sciences et des arts (XVe-XVIIe siècles) », JM
Mandosio, 19-30
19 Gde idée de Mandosio, qu’on surestime la rupture que serait le XVIe dans la classification.
20 Abgeli Politiano praelectio cui titulus Panepistemon, Florence, Antonio Miscomino, 1492.
Grand succès et plagiats divers. 23 Chez Politien la connaissance de toutes les sciences est
d’autant plus possible qu’elle l’a été non seulement par les Anciens, mais surtout par Adam
lui-même : le Paradis est le but de la philologie, méta-philosophie en qq sorte.
26 Ce qui saute aux yeux comme « rupture », c’est le développement quantitatif des
classifications.
27 Sous l’influence de Pierre de la Ramée et de sa Didactique entre autres (1555), la
catégorisation par divisions successives se développe. Donnera des tableaux d’une longueur
invraisemblable…
28 Une autre distinction intruduite par le ramisme est celle entre « préceptes généraux » ou
« universels » d’une science et les « exemples singuliers », qui constituent son « histoire » (au
sens du XVIe).
[Théophraste oppose à ce moment-là la science et l'art, cette dernière, sorte d'Eve future,
devant à terme remplacer définitivement la première, dialogue avec Eudoxe et Euthyphron.
L’Homme de guerre au XVIe siècle, éd. Gabriel-André Pérouse, André Thierry, André
Tournon, Saint-Etienne : PUSE, 1992.
« La noblesse française et les valeurs guerrières au XVIe siècle », Arlette Jouanna, p. 205-217
206 Pourtant la possession des armes reste le signe distinctif entre un gentilhomme
campagnard et un paysan qui possède autant que lui. Les nobles sont réputés « avoir l’espée
propre dès la naissance ». 207 Mais la supériorité que l’arme indique « est de l’ordre de l’être
et non pas du faire » 208 Cet être, il faut néanmoins le démontrer sans cesse, car la générosité
n’est pas « une simple affaire d’état-civil », comme le voudraient les « officiers royaux ».
209 La « bonne mort » des théologiens (mourir dans son lit), c’est la calamité suprême des
nobles.
« Aspects de la notion de guerre au début de l’époque moderne », 219-227, Michel Péronnet
[C’est sur le XVe

La Bataille. Du fait d’armes au combat idéologique, XIeXIXe siècle, dir. Ariane Boltanski,
Yann Lagadec et Franck Mercier, Rennes, PUR, 2015.
Introduction, p. 7-13
7 Regain de « l’histoire-bataille » qui n’est pas une revanche, mais une réinterprétation.
79-91 « Ravenne (11 avril 1512) : la première bataille moderne ? », Jean-Louis Fournel
81 Le nombre des victimes est incertain (de 8 à 15 milles, probablement plus de 10).
[Fournel démontre d’abord que c’est la première bataille des guerres d’Italie
84 Machiavel défendra la création, comme à Ravenne, d’un « tiers ordre de l’infanterie » qui
ne craigne ni cavaliers ni fantassins.
« La Vierge et la bombarde. Réflexions sur les sièges d’artillerie d’Orléans (1428) à Dijon
(1513) », Laurent Vissière, p. 51-64
53 La bombarde s’impose (sur la couillarde et autres) dans les années 1420.
(59 n. 36 : dans toutes les villes assiégées on tient précisément le compte des boulets tombés
dans la ville)

Pour info : Un peu de gloire, un peu d’humour… Beaucoup de sang… Épopée d’une batterie
de 75 en 1940, Marc Lami, éd. De l’écureuil, Paris : 1945.
« À mon cousin, le général Charles de Gaulle ».
Ah mais en fait c’est une « batterie » au sens de « bataillon »…

Bruno Meniel
artillerie : pas indexée
Mais la conclusion de Méniel est simplement qu'il s'agit de "rehausser le pathétique" (p. 350).

Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6288848z

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58197932
Le Triomphe de la liberté Royalle, et la prinse de Beaulne, Paris : Frédéric Morel, 1595.
5 L'Artiste, qui bastit dans l'antre Lemnien,
Le carquan d'Hermione, et le char Delien :
Qui fit les traits flambans de la dextre sacree,
Dont Juppiter deffit les soldats de Phlegree,
Et qui subtilement fit les chesnons dorez,
Dont Venus et Mavors furent des-honnorez,
Ce dieu environné de ses rudes Cyclopes,
Choisit les Pyracmons, ses Brontes et Steropes,
Et avec eux forgea à grands coups de marteaux,
De fin or le moyeu, le limon, les rouleaux,
Et la gente du char, qui porte l'immortelle,
Sur le tour des rouleaux brillamment estincelle,
Un rang de diamans, au lieux de cloux plantez [cf. armure en forme de diamants, cf « Armes
et armures », facettes de diamant, photo iPhone.
Dans chasque roüe sont douze rayons antez
Apres que ce boiteux eut la couche taillee,
Et qu'il l'eut richement d'un azur esmaillee,
De quatre blancs chevaux il la fit atteler,
Qui comme un trait lasché font le coche rouler...
C'est le char du Christ, p. 6 à ses côtés est Henri IV, caractérisé par sa clémence.
19 La cité convaincue par les orateurs Français se rebelle contre les Ligueurs concentrés dans
la bastille de la ville. C'est le peuple qui boute à coups de canons les Ligueurs de la bastide.

L'Arioste, t. I, 2003, préface Yves Bonnefoy, chant XIV, l'armée des païens se rassemble, ainsi
que l'armée espagnole : dénombrement. Pas flagrant que ça parle de la guerre moderne. Mais
c'est très beau. Le lire !
Chant XI, p. 233 strophe 21 : Roland a jeté dans l'océan l'arme que le Diable avait offerte au
roi Cymosque, le canon 22 mais cela ne sert de rien car le Diable la fit retrouver et portée
« tout d'abord chez les Allemands ». (Les strophes suivantes dénombrent les noms des armes,
sans tout le détail qu'on voit chez les poètes quand ils s'y mettent, p. 234, strophes 24-25.)
p. 234, strophe 26, s'adresse à l'artillerie : « Par toi la gloire militaire a été détruite ; par toi, le
métier des armes est sans honneur ; par toi, la valeur et le courage ne sont plus rien, car le plus
souvent le lâche l'emporte sur le brave. À cause de toi, la vaillance et l'audace ne peuvent plus
se prouver sur le champ de bataille. »

Natalie Zemon Davis, Essai sur le don dans la France du XVIe siècle, trad. Denis Trierweiler,
Paris : Seuil, 2003.
13 NZD n'est pas convaincue par l'évolutionnisme d'un Levi-Strauss, qui voit l'économie de
marché comme le remplacement de l'économie du don. Il y a existence « côte à côte ». 17
Ainsi les dons entre Michel Ange et Vittoria Colonna ne sont pas des contrats de mécénat
financiers, mais des tentatives de rétablir une libéralité désintéressée en art et en religion. 21
Tout ce que nous avons reçu est un don de Dieu, au XVIe siècle. 22 L'image du don est les
trois Grâces. 34 Le don est obligatoire entre amis et entre voisins : « Qui a bon voisin a bon
matin ». 35 : Bonaventure Des Périers : « il ne fait pas bon avoir voisin trop povre ni trop
riche ». Et : « Il vaut mieux un bon voisin qu'un parent esloigné ». 36 Lorenzo Valla, lorsqu'il
conteste la donation de Constantin, le fait sur des considérations de sociologie du don :
Constantin n'aurait pas fait ce don et le pape ne l'aurait pas accepté. 39 Les étrennes sont des
dons de grands à des petits, sauf quand ce sont des poèmes ou quand on attend des
rétributions particulières. 48 les mariages sont occasions d'une avalanche de dons dans tous
les sens. 59 Les banquets sont une coutume très courante chez tous les états de la société au
point qu'un édit royal de 1563 tente de limiter le nombre de plats et services. 74 Le passage du
don à la vente est moralement problématique. Marc-Antoine Muret avait donné au public une
édition de Sénèque à Rome en 1585, et un imprimeur voulut en obtenir un privilège : d'autres
imprimeurs s'y opposèrent, arguant qu'il était public. Ils gagnèrent le procès. 75 Masi de
manière générale le livre imprimé est à la fois vendu et donné, il a un statut ambigü. 116-117
Montaigne dit préférer les obligations de vente à celles d'honneur, qui le contraignent plus fort
et lui font perdre sa liberté ; « pour ceux-cy je ne donne que de l'argent ; pour les autres je me
donne moy-mesme ». 135 Autre proverbe : « d'ami vide, vides prières ».

http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8711880p
La Guisiade, de Jacques Meirier
38 Une remarque du narrateur :
L’esclave au galion, au mot de LIBERTAT
N’attend le domte-fer, qui sus l’enclume bat :
Ains ne s’endormant point sans sejour, sans demeure,
En sursaut se levant, on void, que tout à l’heure
De soy mesme, s’il peut, avec quelque ciseau,
Où d’un caillou moussu, à faute de marteau,
Sa chaine tortillé’ tant il frappe & martyre,
Qu’en fin plein de sueur la clavette il en tire.

Le Miroir d'éternité, Robert Le Rocquez, Caen : Pierre le Chandelier, 1589.

L'artillerie est une invention parabolique et diabolique, à plusieurs titres.


Diabolique, l'artillerie l'est aussi par les accidents malencontreux qu'elle engendre.
C'est d'abord une scène de chroniques historiques ; Enguerran de Monstrelet raconte par
exemple, en 1596 :
Audit an 1528 le Lundy devant les Roys, advint que plusieurs officiers du Roy en
son artillerie feirent assortir une grosse bombarde, qui en ladicte annee avoit esté
faicte à Tours pour illec essayer & esprouver : & fut acculee la queüe d’icelle aux
champs devant la Bastille S. Anthoine. Et la gueulle d’icelle en tirant vers le pont
de Charenton : laquelle fut chargee pour la premiere fois, & tira la pierre d’icelle
de vollee jusques à la justice dudit pont de Charenton […].

Fut ordonné par les dessusdits qu’encores seroit chargee de nouveau, & que de
rechief seroit tiree par seconde fois : & qu’avant ce elle seroit nettoyee dedans la
chambre d’icelle avant que d’y mettre la pouldre, ce qui fut fait : & fut faicte
charger, & bouté sa boulle, qui pesoit 500 livres de fer dedans la gueulle d’icelle
bombarde : à laquelle gueulle estoit un nommé Jean Maugué fondeur, qui icelle
bombarde avoit faicte : laquelle boule en roulant au long de la vollée contre le
tampon de la chambre d’icelle bombarde, se deschargea incontinent sans sçavoir
dont le feu y vint. A cause dequoy elle tua & meurdrit, & meit en diverses pieces
ledit Maugué, & jusques à quatorze autres personnes de Paris : dont les testes,
bras, jambes, & corps estoient portez, & jectez en l’air, & en divers lieux, & alla
aussi ladicte boule tuer, & mettre en pieces & loppins un pauvre garson oiseleur,
qui tendoit aux champs aux oiseaux. Et de la pouldre & vent de ladicte bombarde,
y en eut quinze ou seize autres personnes, qui tous en eurent plusieurs de leurs
membres gastez & bruslez, & en mourut plusieurs depuis : & tellement que de
ceux, qui y moururent ledit jour, que de ceux qui furent happez dudit vent, en
mourut en tout de 22 à 24 personnes.47

La scène est déjà courante en 1552, lorsque Barthélémy Aneau, dans sa Picta Poesis, déplore :
47 Chroniques d'Enguerran de Monstrelet gentil-homme, Paris : Laurent Sonnius, 1596, p. 69 r°.
Unde fit ut tonitru horrendo Bombarda frequenter
Dissiliat : rupta tam duri mole metalli ?
An quia vi nulla possunt diversa teneri ?48

Dans la suite, Aneau fait de cette rupture de la « gueule » de la bombarde l'emblème du


« divortium ».

Le peu de fiabilité de l'artillerie en fait même parfois un symbole de la vanité des


techniques humaines, comme dans « Les arts fabrilles », poème du recueil composé par
l'imprimeur Michel Le Noir en 1504 sous le titre Les regnars traversant les perilleuses voyes
des folles fiances du monde :
Viennent apres les arts fabrilles
Comme canons/lances et dars
En quoy se fient les habilles
Allans par chasteaulx et par villes
Forgeans arbalestres et dars
Cest ung des ingenieux ars
Mais touteffoys les compaignons
Qui font bombardes et canons
Leur baillent souvent si grans fais
Que les premiers en sont deffaitz
Et fol se fie en tel mesrien49
Car lapprouchement50 nen vault rien
Et nest pas saige qui si fie
Silz sonnent entre gens de bien
Celluy ny a qui ne sen fuye51

Jean-Yves Andrieux, Les Travailleurs du fer, coll. « Sciences et Techniques »,


Paris : Gallimard, 1991.
16 [On trouve des poteries et des amphores représentant des métallurgistes de
l’Antiquité].
17 Dans L’Atelier de Vulcain, par Bruegel de Velours, les roues et les marteaux
représentés sont en fait caractéristiques des platineries.
20 Distinction qui apparaît dès le M Â entre grande et petite métallurgie :
l’exploitation du minerai dans les campagnes, et l’ouvrage des produits finis dans
les villes. 21 : une forge exemplaire : celle de l’abbaye cistercienne de Fontenay,
en Côte-d’Or. 25 : proverbe « une forge, c’est un homme », chaque forge est
différente, multiplicité des conditions et modes de rémunération.
26 La sidérurgie a progressé grâce aux places fortes en particulier. En 1392 Raoul
de Coucy, évêque de Metz, fait embaucher par la ville « gens estranges » comme «
artilliers, mineurs, tarrillons, maistres de canons, eingeingneaulx et teille manière
d’ovriers et d’artillerie », population qui se recrute en Belgique et Allemagne.

48 Picta poesis, Lyon : Macé Bonhomme, 1552, p. 33.


49 Matière, de materiamen.
50 Le mélange.
51 Les regnars traversant les perilleuses voyes des folles fiances du monde, composees par Sebastien Brand...,
Paris : Michel Le Noir, c. 1504.
Méniel, Bruno [Afficher le profil de l’auteur] Titre de l'article: La métamorphose d’un héros
épique. Henri IV, roi de guerre, roi de paix Titre du livre: Cahiers de recherches médiévales et
humanistes [Afficher le profil de la revue] Volume, (année), pages: 29 (2015) 373-389
373 Règne en deux parties : roi de guerre (1589-1598) puis roi de paix (1598-1610).
374 Les premiers poèmes épiques sur Henri IV sont de 1594, soit après son abjuration de
juillet 1593 et son sacre juillet 1594. 375 Les années 1610-1613 qui suivent son assassinat
sont aussi particulièrement prolixes en épopées. Il y en a d’intermédiaires : L’Heptaméron de
la Navarride (Pierre-Victor Cayet, dit Palma : le sieur de la Palme), 1602, ou Les Trois
visions de Childeric, 1595.

– « Libéralité et justice dans la poésie épique française de la Renaissance », Le Verger,


Bouquet II (revue en ligne sur le site Cornucopia), La libéralité au XVIe siècle, juillet 2012,
numéro dirigé par Anne Debrosse, Fanny Oudin et Aurélia Tamburini, avec la collaboration
de Paule Desmoulière, Adeline Lionetto-Hesters, Claire Sicard
TH : En fait , comme l’écrit Natalie Zemon Davis, « dans l’octroi libéral, volition et
obligation étaient considérés comme allant de pair plutôt qu’étant en conflit11 ».
Sinon ce sont les descriptions d’avarice chez les Grands.

Paul Martin, Armes et armures de Charlemagne à Louis XIV, Paris : Bibliothèque des
arts, 1967.
** Atelier d'armurier, par Hans Burgkmair, Augsbourg, 1515 : les forgerons sont
habillés en gentilhommes. Ils sont félicités, semble-t-il, par le Grand qui passe
commande. Le jeu d'échecs dit de Charlemagne (XIe ou XIIe siècle) sert décrire les
armures de l'époque.
26-27 les armes sont coûteuses et elles sont employées par plusieurs générations, jusqu'à
usure totale. « L'armement militaire en Europe n'a progressé que très lentement. Il ne
s'est même guère perfectionné. » (on parle du bas Moyen-Âge). 53 Seule la cavalerie
normande apporte un véritable renouvellement de l'armement, mais « lentement ».
74 l'armure au XVe devient plus souple et plus complète : elle est taillée sur mesure,
c'est un chef-d'oeuvre d'artisan.
(Par-dessus les heaumes il y a des têtes sculptées, ce sont des oeuvres d'art). 86 Il est
abandonné fin-XVe pour le heaume en « tête de crapaud », caractéristique.
100 Au tout début de la Renaissance, nous sommes à l'apogée des hoquetons et cottes
(qui identifient les soldats par le blason représenté sur leur torse). Il l'abandonnera très
vite, et au XVIIe siècle dominera la « casaque » des mousquetaires. 101 Changement
complet de style d'armure. « ces transformations ne se font pourtant guère rapidement. »
104 L'armurerie devient « de haute classe », artistique.
111 « L'augmentation de la production, facilitée par des exportations vers divers pays, et
l'usure des armes par une tactique et des combats de plus en plus meurtriers, à cause de
l'artillerie et de l'arquebuserie constamment perfectionnées, avec entraîné une
succession de types et de formes d'une variété infinie. D'autre part, l'infanterie dépasse
en effectifs la cavalerie ». L'armure s'allège pour plus de mobilité (demi-armures). 117
Mais « L'armure renforcée au maximum n'arrivait plus à résister aux coups meurtriers
du canon et des armes à feu portatives ». 118 « Le boulet et la balle eurent bientôt raison
de la carapace d'acier ou de fer. » 123 Les arquebusiers ne portent pas de cuirasse mais
un « buffletin » de cuir, solide et moins pesant, parce que l'arquebuse est déjà elle-même
pesante.
194 L'arme par excellence reste l'épée, qui du fait des guerres européennes s'améliore
vite au début du XVIe siècle, puisque chaque innovation se répand dans les pays en
guerre. [L'armet c'est le heaume rond]

Deuxième Semaine, éd. Bellanger et alii, 1991, Paris : STFM


Premier jour, livre IV : les Artifices, p. 231. Caïn, pour fuir la culpabilité, invente la cavalerie.
« … il rit de son audace, / Et s’estonne qu’assis tant de chemin il face. » v. 391 :
Mais le fumeux canon de son gosier bruyant
Si roide ne vomit le boulet foudroyant,
Qui va d’un rang entier esclaircir une armee,
Ou percer le rempart d’une ville sommee,
232 Que ce fougueux Cheval sentant lascher son frein,
Et piquer ses deux flancs, part viste de la main
[Mais il n’y a pas à proprement parler de passage sur l’artillerie, car Du bartas tente de vanter
les usages du fer…

War and Society in Renaissance Europe 1450-1620, J. R. Hale, 1985

Henry Heller, Labour, science and technology in France, 1500-1620, Cambridge :


Cambridge University Press, 1996.
Introduction, 1: Bernard Palissy avait compris que les guerres de religion étaient dues à
des problèmes agraires. 3 Heller voudrait expliquer la création des machines par des
causes économiques.
Chapitre I: “The expansion of Parisian merchant capital”
16 à propos des mines : “Capital, rather than labour, was the dominant element with
respect to these enterprises, associated as they often were with mills”. 18 Le maître des
forges a “both theoretial and practical knowledge”. Ils ont aussi des privilèges: ils sont
régulièrement annoblis, comme les souffleurs de verre.
Chapitre 2: “Labour in Paris in the sixteenth century”
28 Les plus grandes activités au XVIe sont capitalistes, mais l'agriculture, qui représente
la plus grosse production, ne l'est guère. Ce chapitre décritt une prolétarisation. 44 À
Paris les travailleurs qualifiés auraient été une “minorité privilégiée” face à la masse des
“valets à tout faire”. 50 Plus tard le compagnonnage sera un obstacle au capitalisme
libre et non faussé: mais pour l'instant le problème est plutôt la désobéissance des
ouvriers qualifiés aux règles de leurs confréries. 51 Un édit de 1581 admet que la
majorité des ouvriers est hors de contrôle des guildes.
Chapitre 3: “Civil war and economic experiments”
71 L'auteur trouve chez Spifame ce qu'il cherche: l'appel à améliorer l'agronomie pour
mettre fin à la guerre. 78 Sinon il se borne à remarquer que les auteurs du XVIe ont une
conscience de la croissance économique. 94 C'est sous Charles IX que la lutte contre la
déforestation devient effective, par l'ordonnance de Saint-Germain-en-Laye d'octobre
1561. 96 La saint Barthélémy interrompt définitivement la tentative de rendre
navigables des voies fluviales entre catholiques et protestants, et d'intégrer l'ennemi
dans l'économie.
Chapitre 4 : “Inventions and science in the reign of Charles IX”
104 Ramus était frappé par l'estime qu'avaient les Allemands pour les mathématiques et
les sciences appliquées. Selon lui la cause en était économique: les princes gagnaient
leurs revenus des mines. Ces mines avaient été développées par les machines.
L'Allemagne est aussi “la véritable école de Mars et l'atelier de Vulcain”. Mais sans
doute aussi les mines de France ont été rendues non-rentables par les afflux d'or du
Nouveau Monde [hypothèse douteuse].
Chapitre 5: “Expropriation, technology and wage labour”
148 Le travail salarié pose un problème à la mine, parce que les mineurs sont des
voleurs et/ou des saboteurs, comme l'explique François Garrault. 150 Jean Malus, en
1601, dans La recherche et descouvete des mines des montagnes Pyrénées, rapporte
aussi des histoires de démons des mines qui gardent l'entrée des souterrains, selon les
peuples du Midi. Pierre Belon rapporte la même croyance en Grèce.
Chapitre 6: “The Bourbon economic restauration”
157 Il semblerait qu'à la fin des années 1590 une vigoureuse reprise économique prenne
place, dans le textile comme dans la mine. Les salaires étaient bas. [Ce dernier chapitre
ne prouve qu'une chose: qu'on peut tout expliquer par l'économie si on veut le faire. On
peut aussi tout expliquer par la psychanalyse...]
[Photo de la p. 128?]
** Hesse, La Mine et les mineurs MICROFICHE

Hooykaas, Humanisme, science et Réforme. Pierre de la Ramée (1515-1572), Leyde : E.


J. Brill, 1958.
4 En gros c'est un Bacon qui s'est converti au Protestantisme en 1561 après le colloque
de Poissy.
24 Les sciences « preent leur source dans l'usage et ont leur but dans l'usage ». Il définit
les arts libéraux par finalité d'application. 25 « Il s'ensuit de cette conception pratique
des arts, que Ramus reconnaît à peine la distinction alors courante entre les arts libérau
et les arts mécaniques ou illibéraux. 31 Ramus veut calquer l'apprentissage des arts
libéraux sur celui des arts mécaniques.

58 « La rumeur » fait du moine Berthold Schwartz, même dans les textes


administratifs, l'inventeur de la poudre.

** “Réflexions sur la sidérurgie française à l'époque colbertienne (1500-1600)”, Pierre


Léon;

Michel Dezève, La vie de la forêt française au XVIe siècle, 1961.


153 « Potiers, verriers, forgerons, tuiliers, chaufourniers ». Du fait du besoin de
combustibles, « tous les établissements s'isolaient donc dans les campagnes, de
préférence aux abords des forêts ». 154 « Possédant les forêts et les terres à minerai,
moines et seigneurs furent maîtres absolus de la production et de la vente pendant tout
le Moyen Âge. » Mais les propriétaires pouvaient sous-traiter. Bois attachés à la forge,
appelé « bois d'affouage » : il faut une permission pour creuser une mine dans une forêt,
mais pas nécessairement pour se servir en castine (une pierre qui épure la fonte). Les
nobles peuvent être aussi maîtres des forges si un seigneur leur propose : il y a en
Normandie au XVe siècle six barons « fossiers » qui constituaient la maîtrise des
« ferrons de Normandie »,
p. 155-157 une liste invraisemblable de régions métallurgiques, divisées en trois
secteurs : Ouest (Normandie, et à un moindre degré Bretagne et Anjou) ; Nivernais ;
Champagne-Bourgogne.
160 Ce détail dans l'histoire de la Normandie : les potiers ont toute autorisation de
prélever de l'argile où ils veulent, à la seule condition de reboucher les trous qu'ils
auront creusés.

Méniel, définition du poème de combat : 313 « À la fin de la Renaissance, la poésie


épique entretient souvent avec l'actualité une relation étroite », et les G de religion
amènent les poètes à ne plus faire de détour par le mythe. Louys Le Roy en 1575 :
« Dans les époques troublées, n'y a-t-il pas quelque égoïsme à se réfugier dans la vie
contemplative, cet asile tranquille et inviolable ? La politique, au contraire, c'est
l'agitation, c'est le danger : il est d'un bon citoyen de ne pas se soustraire à ces périls. »
314 Trois cas de poèmes de combat : une bataille ; un héros ; un panorama des guerres
de religion en général.
319 « vision théologique de l'Histoire » : la victoire est l'approbation de Dieu [même
avec l'artillerie?

Humanistica Luxemburgensia : la Bombarda de Barthélémy Latomus ; les Opuscula de


Conrad Vecerius, éd. dirigée par Claude Loutsch, Bruxelles : éditions Latomus, 2009.
Bombarda (1536), édition, traduction et commentaires par Myriam Melchior.
Introduction
8 Né fin-XVe à Arlon dans le duché de Luxembourg, Latomus = maçon. Publie d'abord
une nénie pour la mort de Maximillien, qui le rend célèbre ; 9 puis il est à Trèves quand
le célèbre condottiere Franz von Sickingen l'assiège avec 15 000 hommes et meurt : il
s'est battu et témoigne dans une épopée, suivie d'un petit poème déjà intitulé
« Bombarda », de 40 vers. 10 il devient enseignant à Cologne 11 Il arrive à Paris attiré,
comme beaucoup d'autres étudiants allemands, par la création du Collège royal. Un des
seuls professeurs du Collège royal qui fréquente Mélanchthon et les réformateurs
modérés.
14 Entre l'apostrophe à François Ier et l'envoi à François Ier, la Bombarda accumule les
petits tableaux, sur les conséquences de l'artillerie. D'abord il s'en prend à l'inventeur,
puis décrit l'invention et les essais de la bouche à feu. Un exemplum sur le siège de
Trèves par Sickingen est introduit. Puis description des victoires inarrêtables qu'obtient
l'artillerie. Une seconde partie, plus narrative, compare le canon à une tempête puis à un
Etna (en profite pour glisser une Gigantomachie de 66 vers). Le poème s'achève sur un
appel à la réconciliation entre Charles Quint et François Ier pour combattre les Turcs.
15 Le lien avec la première « Bombarda » est l'invective contre l'inventeur et l'invention
cyclopéenne. Enfin l'expression « vas immane » pour décrire le canon est déjà présente
dans la première bombarde. « Bombarda » est d'ailleurs un néologisme, sans doute
fondé sur « bombus », bruyant. Dans ses Elegantiae, quand Lorenzo Valla discute des
adverbes qui servent à exprimer le passé le plus récent : « Iam pridem bombarda in usu
est, hoc est, iam aliquando abhinc tempore in usu est ». 16 Valla défend le principe
cicéronien « nova rebus novis nomina ». IJsewijn classe la Bombarda parmi les poèmes
didactiques. 17 Or la tempête est un « motif traditionnel », selon Melchior, de la poésie
didactique : est-ce qu'on doit trouver là l'origine de la comparaison topique ?
18 Avant Latomus, Conrad Celtis (1459-1508) a composé une ode (III, 8, à Strasbourg
en 1513) sur le sujet (« Exsecrat Germanum inuentorem Bombardae »). Polydore
Vergile dit aussi : « nihil terribilius ab humano ingenio excogitari potuit, cuius
inuentorem fuisse tradunt hominem Germanum admodum ignobilem (De rerum
inventoribus, Venetiis, 1499, p. 104-105).
19 Pandolpho Collenuccio a aussi écrit une Bombarda au XVe siècle,
20 Deuxième moitié du siècle : les critiques envers l'artillerie se taisent. Dieu a permis
aux hommes de créer des canons. « Par ailleurs, comme l'ennemi turc en possède, il
n'est pas question d'y renoncer. » 21 S'inspire aussi de Tibulle, 1, 10, ce qui donne au
poème de Latomus des accents pacifistes. 22 Pacifisme qu'il faut relativiser : il n'est
jamais contre la guerre contre les Turcs.
33 La bombarde est présentée par une captatio terrifiante :
Horrida Tartareis Bombarda reperta sub umbris,
Vulcani et durae Telluris filia, flammas
Mixtaque stridens per inania pondera ferri
Ore ardente uomens, solido cauus aere cylindrus,
35 Ecce iterum saeuo ruit in certamina motu… [Ça n’a rien d’une épiclèse
Trad : 32 Voici que la bombarde terrible, découverte surgie du fond des ombres
infernales, fille de Vulcain et de la Terre cruelle, qui vomit de sa bouche en feu des
flammes mêlées à des boulets de fer qui sifflent à travers l’air, cylindre creux fait de 34
métal massif, s’élance de nouveau au combat d’un élan cruel…
Note p. 32 : La bombarde est comparée implicitement à Cacus, un monstre terrible qui
vomit aussi du feu et dont le père est aussi Vulcain.
Il y a aussi une invective contre l’inventeur, en fait c’est typiquement un motif de
l’élégie puisque c’est imité de Tibulle. 35 :
Hanc quisquis primum mortales finxit in usus,
Monstra ignota prius nec adhuc bene cognita terris,
37 Ferreus et rigido circum praecordia saxo
Horruit ; ille ferus uitaeque inuidit… (34Quel que soit celui qui a fabriqué pour la
première fois une bombarde pour l’usage des hommes, ce monstre auparavant inconnu
et que maintenant encore peu d’hom36mes connaissent, cet homme, tout en fer et dont
le cœur est entouré d’un dur rocher, inspira l’horreur ; sauvage, il haït la vie… »
v. 25, « luctificae artes », les techniques qui causent le deuil, p. 38-39
43 « Non alio fuerant damna exquirenda labore,
Non altis scrutanda aeris ferrique metalla
Montibus, ut liquidos clausis fornacibus ignes
45 Infelix urgeret opus, quo quicquid ubique est
Irarum, nodo premeret natura sub uno… (42 On n’aurait pas dû aller rechercher des
dommages au prix d’un effort supplémentaire ni explorer dans la profondeur des
montagnes des gisements 44 d’airain et de fer, pour qu’un travail funeste presse à
l’intérieur des fourneaux un feu liquide, et que grâce à lui, la nature serre sous un seul
nœud toutes les colères qu’il y a quelque part…
45,, v. 68, « inexpertae … flammae », le feu qui n’avait rien connu de tel [c’est le feu
qui fond l’artillerie
45 Namque idem ingentes, Cyclopica regna, caminos
Exercens, domuit rigidi intractabile ferri
47 Pondus in oblongas, immania robora, costas
Et ferro adstrinxit latera et compagibus artis
Circuit horribilem quondam in fera bella Draconem.
Ast alius crebris liquentia follibus aera
Exacuit scrobibusque fluentem excepit opertis
Materiam et grauido bombardam extraxit ab antro.
Scilicet et foedo cum sulphure miscuit atros
Carbones uiridisque horrentia pondera nitri
Puluereasque armauit opes imamque sub aluum
Intulit et tenui flammam commisit hiatu.
Tum uero quantae paruo sub robore uires,
Quanti animi, quantasque premat ferus impetus iras,
49 Expertum. (44 Car c’est lui qui travailla dans la forge géante, le royaume des
Cyclopes ; il dompta la masse intraitable du 46 fer rigide pour en faire de longues barres
d’une dureté prodigieuse, il resserra les côtés avec du fer et il entoura de joints serrés le
dragon pour qu’il sévît un jour dans de farouches guerres. Un autre de son côité stimula
à force de manier le soufflet le minerai en fusion ; il recueillit le métal liquide dans des
fosses couvertes et il a extrait la bombarde de l’antre lourd de ces travaux. Bien sûr il
mélangea aussi du charbon noir et des blocs rugueux de salpêtre vert à du soufre
nauséabond ; il prépara la poudre puissante, la plaça au fond du ventre de la bombarde
et y fit pénétrer le feu par une mince ouverture. Mais quelles grandes forces il y a dans
ce petit carcan, quelles grandes ardeurs, quelles intenses colères sont propulsées par
cette explosion sauvage, voilà ce dont on fit l’ex48périence.).
48 l’artillerie fait fuir les animaux et les hommes, c’est une tempête, etc. 51 « impia » v.
100. 71 v. 258 « Agmina deum », l’armée des dieux, est renversée par la bombarde. 77
Comparaison de la bombarde à des vagues géantes puis à un éboulement. 79 et suiv :
indignation contre les guerres entre François Ier et Charles Quint.

Joukovsky, La gloire dans la poésie française et néo-latine du XVI e siècle, Genève :


Droz, 1969, p. 63 (il y a eu une évolution, ce n'est plus « la gloire du Croisé » dont il
s'agit chez les nobles. n. 160 : l'artillerie est une invention diabolique (Pantagruel, chap.
8 ; Microcosme de Scève ; Ronsard, « Elégie du verre »).

La Cité du Montelimar ou les trois prinses d’icelle, A. de Pontaymeri, s. l. : s. n., 1591.


L’ensemble est dédié à msgr d’Esdiguières.
6 « Argument du premier livre » : « Il employe le reste de ce premier livre à des non
moins utiles qu’artificieuses inventions, tendantes à ramener le François à son devoir ».
L’invention mécanique va ramener la morale : c’est un espoir très XIXe siècle
philosophique, cela. Noter l’accord féminin pluriel du pcpe présent.
17 Forgeron de ton mal en tes propres fourneaux,
18 Ils te plombent les flancz de tes propres marteaux
(Il s’agit des « gendarmes » de Montelimar qui sont fidèles à la Ligue catholique contre
laquelle Henri IV se bat dès le début de son règne en 1589).
Livre second, p. 39, incipit
La France, qui toujours en la France mutine,
Reforge les outils de sa proche ruine
Eschauffoit és soy-mesme un brazier de combatz,
Un tourbillon d’assauts, un monde de soldatz.
Le fouldre jovial du balottant tonnerre
Boule boule-ebouilloit nos murailles à terre
Par la sape et la mine, et le grondant petard
Et ce qui peut forcer la nature en son art.
Un héros inattendu, « roturier », apparaît p. 61 : c’est le bourreau de la ville. Pas un
héros épique :
62 D’un propice Vulcan ses armes ne sont pas
Qui le puissent longtemps guarentir de trespas :
L’eschauffé Pyragmon, et toute la brigade
Des Brontes martelans au bucher d’Encelade,
N’ont forgé les harnois de ses onze soldatz
(Il meurt assez vite.
82 Un passage d’artillerie : mise bas de la porte saint Gaucher.
83 Comme les forgerons en leur grotte noiratre
Ou le feu, ou l’acier ne cessent de ba-battre,
Le seuil en retentit, et les ardents fourneaux
Assemblent leur brazier au rechet des marteaux :
Ainsi les ennemis d’une plus forte guerre
Horribloyent enragez, semblables au tonnerre.
126 L’Argumentation du 5e livre autorise les fictions poétiques ds « l’histoire d’une
province » parce que la matière est « seulement peinte, et non pas massonnee ».
128 Du Tudesque l’acier par le Nort estimé,
Et l’airain de Calcis en Grece renommé,
Tout le fer que L’emnos produict en ses entrailles,
Dont le boiteux martelle a plain nos funerailles,
Fort peu seroit en blot pour estre comparé,
A cil qui revestoit l’ennemi conjuré.

[Le canon puis la valeur. C'est une topique aussi. Voir Pontaymeri :
La Cité du Montelimar ou les trois prinses d’icelle, A. de Pontaymeri, s. l. : s. n., 1591.
L’ensemble est dédié à msgr d’Esdiguières.
6 « Argument du premier livre » : « Il employe le reste de ce premier livre à des non
moins utiles qu’artificieuses inventions, tendantes à ramener le François à son devoir ».
L’invention mécanique va ramener la morale : c’est un espoir très XIXe siècle
philosophique, cela. Noter l’accord féminin pluriel du pcpe présent.
12 Tant de preux combattants jamais au port d’Aulide
Ne furent assemblez pour avoir Tindaride
Que l’on veit de Francois animés contre toy,
Pour canonner le mur defendu pour ton Roy.
De mesme que Jupin ils avoient le tonnerre,
Qui brisoit le rocher, et profondoit la terre :
L’esclair avant-coureur de ce foudre odieux
Aveugloit de son feu le soleil de nos yeux.

Ecritures de l'histoire (XIVe-XVIe siècle), éd. Danièle Bohler et Catherine Magnien-


Simonin, Genève : Droz, 2005
Daniel Ménager, « Le récit de bataille », p. 339-349
339 Marignan « consacra avec le triomphe de l'artillerie celui de la guerre 'moderne' ».
340 Le récit de Marignan a commencé le soir de la bataille, dans la lettre de François Ier
à sa mère. 28h à cheval, l'armet à la tête, sans boire ni manger.

causant la mort injuste et révoltante de la reine mère, chez Jean Bertaud :


Maintenant ce grand monstre, effroyable aux cieux
Suivy de cent fureurs, des meurtres, des blasphémes,
Du sac, & du pillage à ses aelles marchans ;
Commence à cheminer parmy nos tristes champs.
Cent bouches de canon vomissans une foudre
Qui reduit les chasteaux & les villes en poudre,
Rendent sa teste horrible, & fond de toutes parts
Trebuscher devant luy les plus fermes remparts.
Il porte fierement ses ailes herissees
De picques au long-bois & de lances dressees :
Et trainant son grand corps rudement escaillé
De fer qu’en mille endroits le sang a tout souillé,
Cache dessous ses flancs les provinces entieres :
Demembre les humains de ses griffes meurtrieres.
Perd tout, saccage tout, depeuple les citez,
Et transforme en deserts les champs plus habitez.52
C'est alors l'epyllion accompagnant l'éloge funèbre qui permet de rendre sa
valeur à la reine offensée. [Jean Bertaud, Dict lettres fr, p. 138-140 : lit le latin, le grec
et l'hébreu couramment à douze ans. Il n'a guère été rétribué que par Henri IV, me
semble-t-il.

Pour conjurer cette ingénierie, Deimier se montre prompt à faire de l'artillerie le


produit non pas d'une technicisation de la guerre, mais bien au contraire d'une folie guerrière.
Le livre II de sa Néréide, en 1605, est tout entier à la fois un éloge et une exécration de
l'artillerie, cet outil fascinant fait « d'artifice, d'ardeur, d'amour et de fureur »53.
Ainsi dans l'épopée le combat au corps-à-corps, topique, n'est nullement remplacé par
l'artillerie, qui devient seulement une étape supplémentaire du code militaire, comme le
montre le début du combat naval entre Turcs et Vénitiens chez Deimier :
Apres que les canons de leur bouche enflamée,
Eurent lasché maint foudre en leur contraire armée,
On s’ataque de pres... [Pierre de Deimier, L’Austriade, Lyon : Th. Ancelin, 1601. p. 30.]
Deimier est peut-être le premier poète à avoir intégré l'artillerie au chapelet de topoï que constitue l'épopée
renaissante.

Nouvelle Revue du XVIe Siècle


Vol. 15, No. 1, Grand genre, grand œuvre, poème héroïque (1997), pp. 153-168, « Pierre de
Deimier, L’Austriade, La Néréide et le goût littéraire », Marie-Madeleine Fragonard
153 épopée « tiraillé entre un discours normatif qui ne connaîtrait que le poème héroïque à
l’antique et des pratiques et fonctions très élastiques où le plaisir de l’imaginaire l’emporte. »
154 De L’Austriade à La Néréide, on monte de Lyon à Paris : regain d’ambition.
156 L’Austriade raconte la bataille de Lépante (celle du tableau de Véronèse) : après une
intervention de St Michel, approches, premirèe canonnade, deuxième canonnade, envoi des
flèches et armes de jet, éperonnement entre galères, combats à l’arme blanche, combats
singuliers et sériels.
157 Ce réalisme développe un « goût du morbide ». Connaissance exotique due aux récits de
voyage.
158 Mais la Néréide constitue un « virage absolu », deux ans plus tard, de la poétique de
Deimier. 159 Tout à coup le rôle du christianisme (du pape Pie V en particulier) devient
essentiel. Mais pas autant que celui des Français, qui étaient pourtant tout à fait absents de
Lépante, mais que des comparaisons incessantes vantent et ramènent dans le poème : car il
s’agit de faire l’éloge d’Henri IV et de sa volonté de conquérir les Turcs. Surtout un
invraisemblable roman entre amants Chinois racontés par un Indien aux prisonniers Turcs, en
particulier le corsaire Mehmed Siruk (Chuluk). Le roman est inspiré de l’Arioste, mais
pourquoi sont-ce des « amours héroïques » ? Pas vraiment justifié.
162 La préface soutient que l’épopée est le récit-cadre des amours héroïques, ce que tout le
52 Op. cit., f. 68 r°.
53 Pierre de Deimier, La Néréide ou Victoire navale, Paris : Mettayer, 1605, p. 47.
poème dément. 163 « on voit que pour Deimier et le public auquel il pense, les catégories de
définitions, encore qu’elles aient l’air de se normer sur Homère et Virgile, ne cessent de
démentir cette filiation. On peut prétendre imiter et faire tout autre chose. » 165 Tout ceci
colle bien avec l’admiration sans borne qu’il voue pour l’Arioste dans son Académie d’Art
poétique.

Enfin, et surtout, l'usage guerrier de l'artillerie donne l'occasion aux poètes épiques de décrire
une scène proprement infernale, comme Pierre de Deimier dans son Austriade, lorsque Turcs
et Vénitiens font feu chacun de son côté :
Apres que les canons de leur bouche enflamée,
Eurent lasché maint foudre en leur contraire armée,
On s’ataque de pres & c’est lors que dans l’air
On voit un camp de traicts espaissement voler :
C’est lors que lon entend de l’escopeterie54,
L’ardeur, le bruit, le choc, la viste baterie,
Un nuage greslant de bales & de trais
De l’Astre porte-jour empesche les beaux rais,
Le plomb, le bois ailé, gronde, bruit, sifle vole,
Et s’il ne fait son coup il tombe en l’onde mole,
Il la perce bruyant en infinis quartiers,
Tout ainsi que lon voit les enfumez potiers
Verser le plomb ardant dans la casse percée,
De mille & mille trous la matiere pressée,
Tombe deçà delà dans le flot en huilé,
Et fait un son trenchant, où le plomb escoulé
Se change pour la chasse en dragées menuës :
De ces divers archers les pluyes continuës
Vent tombans de la sorte & pres & promptement,
Avec un bruit serré dans l’ondeux element.
Les fleches & le plomb que le soldat desserre,
De l’arc & du canon, hideusent55 ceste guerre
De cent sortes de morts… 56

Deimier : Quoiqu'il s'agisse d'une bataille navale, l'image de « l'enfumez potier » sert de
comparant, et plus loin celle du fourneau de Vulcain :
Ils traictoien l’ennemy par mille embrasemens,
D’artifices de feux, dont les escrasemens
Des chevrons petillans sous les gregeoises flames,
Embrasoient ensoulphrez le corps, les bancs, les rames,
D’un feu si vigoureux en intomtable ardeur
Qu’en vain l’eau de la mer employoit sa moiteur,
Pour en faire mourir une moindre estincelle,
Au contraire l’ardeur tousjours forte nouvelle,
Sembloit enfler sa rage & doubler son effort […]
C’estoit un vray portraict du fourneau rigoureux,
Le damnable sejour des esprits malheureux […]
54 Décharge de plusieurs armes à feu à la fois.
55 De « hider », s'effrayer.
56 Pierre de Deimier, L’Austriade, Lyon : Th. Ancelin, 1601. p. 30.
Boiteux fevre des Dieux, maintenant ton Triomphe,
Sus ton grand ennemy superbement triomphe,
Tes feux bruslent icy mesme encore dans la mer.
Qui ses flots orgueilleux voit par toy consommer
Avec plus de fureur qu’au temps que le Scamandre
Par ton cœur irrité se veit presque à la cendre
Lors que tu l’embrasoy de tes feux sans pitié,
A fin de garentir Achille au viste pie.
Toutes-fois ta rigueur en fin resta forcée,
Par la masse du bois, qui pesante enfoncée
Au fondement des eaux, t’en-gardoit de soufler
Pour te nourrir encore en la faveur de l’air,
Aussi le bleu Neptune ondoyant de colere,
De voir ton ardant bras, son plus grand adversaire,
Recherchoit flot à flot de t’enclorre en ses eaux,
Puis que restant en l’air tu croissois tes flambeaux,
Et que contre son cœur, sa nature & sa force,
Au lieu d’y t’amortir il te donnoit d’amorce.57

Voir dans ces métaphores plutôt un effort de correspondance au modèle homérique.

Intégrer à Ronsard :

Véronique Macrou, L’Ambivalence de l’or à la Renaissance. Ronsard, d’Aubigné,


Shakespeare, L’Harmattan, 1998.
7 or=point de convergence des tensions de la Renaissance.
10 Tout travail est à la Cour considéré comme de la roture et même la poésie ; D’Aubigné
avoue avoir dans sa jeunesse, pris honte de son savoir et « jeté livres au feu devant les
compagnons pour faire le bravache à la mode ». Le statut de poète de cour se « précarise ».
12 Le métier, comme l’indique Max Weber dans son livre sur le protestantisme, devient la
seule certitude de salut, une véritable vocation.
14 « or » (au sens de métal) est l’un des mots les plus fréquents chez Ronsard, 370
occurrences.
20 Le livre au MÂ est un don de Dieu et doit être donné gratuitement. Mais à la Renaissance
les livres deviennent des biens de consommation courante, difficile de donner son livre quand
il faut bien vivre… ce changement « place le poète dans une position incommode, tiraillé
entre les exigences de structures mentales chrétiennes qui ont perdu toute adéquation avec la
réalité, et la nécessité de vivre. »
23 Ronsard a un rapport ambigu à la religion chrétienne, Abbrégé sur les Muses « tu les
tiendras chères et sacrées, comme filles de Jupiter, càd de Dieu ».
26 « L’Hymne de l’or » est un poème de jeunesse qui résume la posture de Ronsard face à ces
questions et constitue aussi une sollicitation matérielle de mécénat.
29 L’or est capable de reconstituer une parcelle d’âge d’or mais aussi de dévaloriser tout ce
qu’il touche ; en particulier l’amour, qui devient vénal, v. 147-153.
31 dans l’Hymne des astres, l’or est un élément de la triade des métaux (or, argent, fer) qui
sont responsables de tous les malheurs du monde.
59 L’or est toujours un métal utilisé pour sublimer, et en particulier en contexte religieux
57 Op. cit., p. 77-78.
(dans les bâtiments religieux). Mais « l’or feint », la dorure, est boudée des peintres qui
restent soucieux de se distinguer de l’artisanat dont le savoir est requis pour une telle pose.
65 Ronsard « dore » volontiers ses protecteurs et mécènes.
112 La circulation sanguine n’est inventée qu’en 1628 par Harvey mais le sanf, flux vital, est
déjà comparé à l’or, flux vital de la société. C’est un poncif au seizième siècle. 113 On se
souvient que Palissy s’oppose à l’idée de l’or potable : impossible et toxique s’il était
possible.
117 Flux vital, l’or est aussi excrément, du moins dans la psychanalyse (Freud, Nouvelle suite
des leçons d’introduction à la psychanalyse). Panurge compare l’or à l’urine dans son éloge
des dettes et Palissy s’extasie sur le fumier : pas toujours comparaison dépréciative.
171 ronsard est ambigu dans le statut de poète : tantôt son abbrégé le compare à un jardinier
ou à un joailler sertissant la langue de vocables nouveaux ; tantôt il en fait un poète inspiré,
aristocrate, au-dessus des autres métiers. Néanmoins les métiers de forge et de verrerie
n’étaient pas dérogeants.

Pour la querelle de la mine, aller chercher dans Ronsard tout ce qui concerne l'or, et surtout
l'élégie 4 (II, p. 330).

Dans la quinzième des Élégies, Ronsard met en scène une regressus ad uterum, qui lui permet
de juger la valeur de tous les savoirs humains (de toute sa « Raison ») :
Si j’estois à renaistre au ventre de ma mere,
(Ayant, comme j’ay fait, pratiqué la misere
De ceste pauvre vie, et les maux journaliers
Qui sont des cœurs humains compaignons familier)… (II, p. 366, v. 1-4).

Or Ronsard – vanité des vanités – n’estime à rien le savoir humain, lui préférant la liberté de
l’oiseau, la majesté du cerf, etc. La « misere » de l’homme est la démesure de sa Raison :
Ceste pauvre Raison le conduit à la guerre,
Et dedans du Sapin58 luy fait tourner la terre
À la mercy du vent, et si luy fait encor,
Pour extreme malheur chercher les mines d’or : […]
Au contraire, les cerfs, qui n’ont point de raison,
Les poissons, les oiseaux, sont sans comparaison
Trop plus heureux que nous, qui, sans soin et sans peine
Errent de tous costez où le plaisir les meine :
Ils boivent de l’eau claire, et se paissent du fruict
Que la terre sans art d’elle mesme a produict (II, p. 367-368, v. 45-60).

Pour l'intro : « Quant aux comparaisons dont j'ay parlé au commencement assez briefvement,
tu les chercheras des artisans de fer & des veneurs, come Homere, pescheurs, architectes,
massons, & brief de tous mestiers dont la nature honore les hommes. » I, p. 1170 (« Preface
sur la Franciade, touchant le poëme heroïque »)
Et il récidive p. 1173 : « Tu n'oublieras les noms propres des outils de tous mestiers, &
prendras plaisir à t'en enquerre le plus que tu pourras, & principalement de la chasse. »
Dans des vers sur les œuvres de l’esprit des hommes, un éloge de Dorat qualifie ce dernier
d’« artizan des Muses » et se sert précisément d’une métaphore métallurgique filée pour
décrire l’inspiration de Dorat :
Et toi divin Dorat, des Muses artizan,
[…] dont l’enclume
58 Quelle technique est ici évoquée ?
A forgé tant d’escrits par l’outil de ta plume (II, p. 163-163, v. 751-757).

et
Le lexique de la forge intéresse Ronsard sans doute dans la mesure où la forge est une image
humaniste de la création lexicale59. Ainsi le « Suravertissement au lecteur », inséré dans Les
Odes de 1550 (I, p. 1002) énonce : « je te veil bien avertir de ce verbe je va, tu vas, il vat, en
lieu de dire je voi, tu vas, il va, lequel j’ai forgé au patron de je ba, tu bas, il bat, car, en lieu
que l’un estoit irregulier, tu en auras un autre mieus forgé, et plus François, qui est la seule
touche sur laquelle tu dois examiner tes vocables sans les faire monstrueus et mal ordonnéz :
comme jadis estoit ce mot hymne, que j’ai refondu dedans la propre forge Françoise, le
finissant par nostre propre terminaizon inne, rimant hinne sur divine, benine, dinne, outant le
g superflu » (c'est nous qui soulignons). La « refonte » est indissolublement liée à un « je »
qui s'autorise ces licences par la grâce de son état de poète ; dès lors les mots mêmes de la
poésie sont le lieu d'expression de ce que la poésie a de sacré, et la forge en est l'image.
Surtout le verbe « aller » est conjugué sur le modèle du verbe « battre »...

Pour partie 1, mareschal :


Ronsard parvient à travers le « Cyclope amoureux » à tisser ensemble plusieurs thèmes de la
lyrique amoureuse dont il est familier. La « fournaise » de la passion est en effet commune
dans ses vers ; c’est par exemple la « fournaise sicilienne » de l’ode 10 du Troisiesme livre
(intitulé « Épipalinodie »), inspirée de la dix-septième « Épode » d’Horace :
Ô terre, ô mer, ô ciel espars,
Je suis en feu de toutes pars :
Dedans et dehors mes entrailles
Une ardente chaleur me poind
Plus fort qu’un mareschal ne joint
Le fer tout rouge en ses tenailles.

La chemise qui escorcha


Hercul’ si tost qu’il la toucha,
N’egale point la flame mienne,
Ny de Vesuve tout le chaud,
Ny tout le feu que rote en hault
La fournaise Sicilienne (I, p. 756).

Dans ces deux strophes, l’image du « mareschal » (du forgeron) fait retour et prend un habit
mythologique en même temps qu’elle est déplacée dans la fournaise du « Vesuve » à la
deuxième strophe. « La flame mienne » est rapprochée par la rime de la « fournaise
Sicilienne », exprimant un lien indissoluble entre le sujet lyrique ronsardien et la forge
volcanique.

« Discours à tresillustre et vertueux Prince, Philebert duc de Savoye, et de Piemont » du


Bocage royal, qui donne au Créateur le même rôle mythologique que Deucalion et Pyrrha :
Qui oseroit acuser un potier
De n’estre expert en l’art de son mestier,
59 Voir par exemple M. H. Vida, De Arte Poetica, III : « Vous pourrez tirer des mines abondantes de la Grèce
une matière informe que vous forgerez sur l’enclume des latins. »
Pour avoir fait d’une masse semblable
Un pot d’honneur, l’autre moins honorable ?
D’en faire un grand, l’autre plus estreci,
Plomber celuy, et dorer cestui-ci,
Ou les fresler, ou bien si bon luy semble,
Quand ils sont faits, les casser tous ensemble ?
Les pots sont siens, le seigneur il en est,
Et de sa roue il fait ce qui luy plaist.
Qui voudroit donc accuser d’injustice
Le Tout-puissant, comme auteur de malice,
Si d’une masse il fait un Empereur,
Et de la mesme un pauvre Laboureur ? (II, p. 64-65).

L’image de la « roue » du potier, véritable roue de la Fortune, amène Ronsard à comparer le


Créateur à un potier, métier proche de celui d’orfèvre que le Dieu chrétien est capable d’être
aussi, lorsqu’il donne à un homme une valeur supérieure, qui les rend comme faits d’un métal
précieux.

Partie 1, alchimie
Variante notable de la forge amoureuse, le creuset amoureux apparaît dans Les Vers
d’Eurymedon et de Callirée, qui chantent, au sein d’une « allégorisation totale de la vie de
cour » (I, p. 1346), la liaison de Charles IX et d’Anne d’Atri d’Acquaviva (dont
l’onomastique permet une métaphorisation en nymphe des eaux). La Cour, à l’époque,
reprochait à Charles IX de dédaigner la vie sentimentale au profit de la chasse ; ces vers
servent donc a contrario la gloire du roi (« Prince, de qui le nom m’est venerable et
sainct… », dit l’« Élégie de Ronsard à Eurymedon », p. 315), mais sont aussi une imitation
des Amours d’Eurymédon et de Calliree d’un rival poétique, Jamyn. À Eurymédon revient
d’introduire le thème du creuset amoureux :
Mon corps est plus leger que n’est l’esprit de ceux
Qui vivent en aimant grossiers et paresseux.
Et tout ainsi qu’on voit s’evaporer Mercure
Au feu d’un Alchimiste, et s’envoler en rien :
Ainsi dedans le Ciel mon corps qui n’est plus mien,
Alembiqué d’Amour, s’envole de nature (« Stances », v. 43-48).

La métaphore alchimique s’impose ici à une époque (les années autour de 1580) où Ronsard
rédige l’« Hymne de Mercure », ajoutée aux Œuvres en 1587. Elle est développée à plusieurs
reprises, puisque le verbe « alambiquer » se retrouve dans l’« Elegie de Ronsard à
Eurymedon » (p. 315). L’amour y est le propre de l’homme :
Un rocher n’aime point, un chesne ny la mer :
Mais le propre sujet des hommes, c’est aimer (v. 17-18).

Suivent une accumulation de groupes infinitifs synonymes d’aimer, dont :


Cacher sous un glaçon des flames allumées,
S’alembiquer l’esprit, se paistre de fumées (v. 27-28).

A ce registre du creuset d’amour appartient enfin, au vers 70 (p. 317) l’expression du « soulfre
amoureux », sans doute permise par la métaphore, dans la poésie alchimique elle-même, des
« amours » du soufre féminin et du mercure masculin.

Pour forge anthropomorphe :


Il s’établit alors une convenientia entre deux forges symétriques, dont chacune renforce
l’autre : la forge des beautés change le cœur du sujet lyrique en forge de la passion, qui donne
des armes nouvelles à la beauté. L’archétype de ce cercle métaphorique est le « Cyclope
amoureux », puisqu’il est à la fois celui qui (en tant que forgeron de Vulcain) fournit les armes
de Vénus, et qui (en tant qu’amoureux de la nymphe Galatée) en reçoit les traits ; il peut alors
s’écrier :
Ô montaignes d’Etna que d’ici je regarde
Brûler incessamment d’une flame qui garde
Sa nourriture en soy ! comme vous au-dedans
Amour m’a tout bruslé de ses flambeaux ardans,
Dont on peut la chaleur par mes souspirs comprendre.
Helas ! vostre brasier se couvre d’une cendre
Qui par fois se rallume, et couvrir je ne puis
D’une cendre le feu dont embrasé je suis (II, p. 226, v. 81-88).

Pouey-Mounou, L'Imaginaire...
11 imaginaire « tout partiulièrement fécondé par le désordre ». 15 « mone régi par la
discordia concors ».
29 commente notre passage de l'Abbregé en disant que ce qui importe est l'appropriation de
ces termes particuliers par le poète.
100 Repère une rencontre de Lucrèce et Platon elle aussi.
144 à propos de l'enclume mythique de l'Ode à Michel de l'Hospital : « Fait saisissant,
Ronsard, retenant d'Hésiode l'image de l'enclume dont la chute mesurerait les distances du
ciel à la terre et de la terre au Tartare, acorde à cet objet une importance primordiale dans
l'ordre du récit, et non dans l'ordre de la comparaison. L'enclume paraît investie d'une valeur
fondatrice. »
(Hésiode, Théog., v. 7721-725)
251 « Une idée dominante dans les Odes rattache le mouvement à l'échange. »
447 dans La Harangue la panoblie du duc de Guise (armes blanches) s'oppose aux canons
ennemis. Et n. 334 : « la positivité de l'invention poétique tient précisément à sa valeur de
symbole, qui inverse le sens de l'imitation sacrilège de la poudre ».
448 Les quatre criminels Tantale, Ixion, Prométhée et Salmonée seraient « associés à l'eau, à
l'air, à la terre et au feu », symbolisant « un ordre des éléments que l'invention de la poudre
aurait enfreint ».
449 Dit que la Pyrotechnie et Les Inventeurs sont utiles pour éclairer les précisions techniques
des Armes et du Verre... Celui-ci (Pvergile) dénone l'artillerie, celui-là la défend. Il faut
absolument savoir en quoi Ronsard hériterait de Biringuccio !!!
610 à propos des mines, L'Elegie au seigneur Baillon et Les Armes sont dysphoriques,
l'Hymne de l'or seul est euphorique.
J. Dauphiné, « La curiosité poétique pour les sciences et les métiers (1560-1600) », dans
L'Invention au XVIe siècle, Dubois éd., PU Bordeaux 1987.
637 à propos de la forge et de la verrerie, Ronsard « tend à les faire se confondre parmi les
activités souterraines de la fonte » : oui, parce qu'il ne s'est nullement servi de Biringuccio
pour les chanter !
655 Valeur commune aux poèmes étudiés en détail : « une économie bin gérée où la plénitude
l'emporte sur la superfluité ».
** Pourquoi les titres d'odes sont en italiques chez tant d'auteur critiques ?
** l'expression, en grec, du « pyr technikon », qu'APPM utilise souvent

Dauvois (Nathalie)
Mnémosyne. Ronsard, une poétique de la mémoire
Paris / Condé-sur-Noireau — Classiques Garnier / Corlet
1992

Tant dans l'Ortus sanitatis que dans la Pirotechnia il a de sublimes gravures d'ateliers d'arts du
feu.

WEBER, Henri. 1986. "Ronsard Poète De La Terre Et Des Nourritures Terrestres." Europe 64
(691): 32. http://acces.bibliotheque-diderot.fr/login?url=https://search-proquest-
com.acces.bibliotheque-diderot.fr/docview/1303135941?accountid=15868.
Dans l'ensemble il lie le motif de la mine avec celui de la fécondité, mais alors il ne sait pas
quoi faire des condamnations du viol de la terre.
33 « C'est le vieux mythe où la psychanalyse voit le désir du retour à la mère », l'image du
« ventre de la terre ».
34 « On sait combien les mines de toute nature ont joué un rôle important dans l'économie du
16e siècle. Aussi, quand Catherine de Médicis tente un rapprochement avec l'Angleterre,
Ronsard lui dédie une élégie où il célèbre ainsi les richesses de ce pays : Et tous tes champs
auront le ventre plain / De mines d'or & d'argent & d'estain... »
35 À propos de L'hymne de l'Automne, pour les mines : « On a vu, dans ces vers, une
évocation de l'alchimie, rien ne paraît moins certain. Il s'agit plutôt de tous les métaux que
l'homme utilise et qui sont censés naître et germer au sein de la terre ; jouvenceaux et
jouvencelles symbolisent la jeunesse nécessaire à tout enfantement dans la beauté et le
mouvement même de la spontanéité naturelle »

Les chutes : vers sans suite


T1 p. 632 enclumes des artisans en France, dans Le Premier livre des Odes, X, « À Michel de
l’Hospital, Chancelier de France »,qui raconte les circonstances favorables lorsque
« Mémoire, Royne d’Eleuthere » met au monde les Muses :
« Puis d’une voix plus violante [que la « harpe du Delien »]
Chanterent l’enclume de fer,
Qui par neuf et neuf jours roulante
Mesura le Ciel et l’Enfer,
Qu’un rampart d’airain environne
En rond s’allongeant à l’entour,
Avecque la nuict qui couronne
Sa muraille d’un triple tour.
Là tout debout devant la porte
Le fils de Japet fermement
Courbé dessous le firmament,
Le soustient d’une eschine fort. » v. 183-194, p. 632, inspiré d’Hésiode, v. 721-727 et 746-
748. Le mythe de l’enclume est l’image de la séparation du mal et du bien, Michel de
L’hospital étant appelé à défendre Ronsard contre les rimailleurs de cour.

T1 794 Dans « Au pais de Vandomois », ode III du Quatriesme Livre, voyage imaginaire en
Italie pour devenir l’Homère français, ambition qui caractérise ce printemps 1545 :
« Je voirray le grand Mince, [le Mincio, cf Géorgiques]
Le Mince tant cognu,
Et des fleuves le prince
Eridan le cornu :
Et les roches hautaines
Que donta l’African
Par les forces soudaines
Du soufre et de Vulcan. »v. 25-32, les Alpes, que franchit Hannibal en brisant les rochers
chauffés à l’aide de brins soufrés et de feu, dans Tite-Live, XXI, 37.

Christine Pigné, De la fantaisie chez Ronsard, Genève, Droz, 2009. Conclusion de la première
partie, p. 114, s’appelle « les dangers du dessèchement » (elle y a surtout étudié les rêves).
173 Elle cite l’Hymne de l’Esté qui au vers 5 parle d’une masse ardante et de tenailles ! Le
feu de la sorcière est un Enfer dans l’Epipalinodie. 175 Avec ses fourneaux « Les rituels de la
sorcière imitent donc ceux de la Muse »

** remarquer la place étrange de l’artisan dans le sonnet écrit sur son lit de mort : « Il faut
laisser maisons et vergers et Jardins… »
Il y a encore cette expression de « vers trafiqués », dans l’ode « Prince, je t’envoie cette
Ode… », mais « sur un pied d’égalité qui pouvait néanmoins déplaire à Henri II » (Michel
Simonin, Pierre de Ronsard, p. 131, c’est l’Ode de la paix). Cela ajoute de l’eau à mon
moulin.
Il faudrait lire le Pierre de Ronsard de Simonin, pour se dépayser (nullement quelque chose
que je ferais cela).

Commentaires “Discours du verre”: Ullrich Langer, Invention, Death, and Self-Definitions,


Amma Libri, 1986
Préface, p. ix : l’inventeur, à la Renaissance, celui de l’artillerie en particulier, est toujours
mélancolique, parce qu’il tue le passé, fait de l’identité une nouveauté sans passé.
3 Le De inventoribus de Polydore Virgile est publié pour les trois premiers livres en 1499,
pour les huit complets en 1521, et Ronsard a traduit un bout dans « La Chasse » et sans doute
ailleurs.
25 Ce qui caractériserait tout ce corpus serait le paradigme de la profondeur.
34 Rappelle que Terence Cave a écrit un article sur les ambitions bacchiques de la poésie
lyrique de l’époque : « The Triumph of Bacchus and Its Interpretation in the French
Renaissance : Ronsard’s Hinne de Bacus », in ed. A.H.T. Levi, Humanism in France at the
End of the Middle Ages and in the Early Renaissance, Manchester : Manchester University
Press, 1970, p. 249-270.
36 Il y voit bien sûr une « allegory of poetic creation ». Il remarque que Laumonier remarque
que « l’esprit enclos dans l’univers » est une allusion à l’Enéide, VI, v. 726 où l’esprit est un
feu d’origine divine.

I./ La « mythologie métapoétique »


→ Vulcain sert chez Ronsard la rhétorique savante de l'éloge de soi. La forge y est celle du
poème
et le fourneau celui de l'invention.
 « La Lyre » ; Les Odes ; Le Bocage royal...
II./ « Troque pour troc » : marché de la poésie ronsardienne
→ Ronsard a poussé plus loin qu'aucun autre poète du siècle l'intégration, dans l'économie de
la
création artistique, des artisans du feu et de leur production, lesquelles témoignent de la gloire
de la
Cour et de celui qui la célèbre.
 Poèmes à Pierre du Lac, à Brinon ; les « Vulcania dona » ; Or, monnaie, échange ;
II./ Le poète législateur et les trois âges
→ Demeure cependant une ambiguité fondamentale chez Ronsard : la contradiction entre
l'imitation (très fréquente) des trois âges de l'humanité chez Ovide, et les trois âges historiques
que
Ronsard voit apparaître avec la renaissance des lettres à la cour de François Ier et d'Henri II.
 Les Hymnes ; Les Odes ; réécritures de Deucalion et Pyrrha ; imitations de l’enclume
d’Hésiode...

À propos de l'hymne de Mercure, t2 612 et 1477, la note dit : « Ronsard avait publié en 1550
une ode « À Mercure » (t. I, p. 952) ; il y renonce en 1584. C'est que, si bien des éléments du
mythe s'y trouvaient déjà rassemblés, Mercure n'y était guère encore que le dieu de la
« langue sage ». L'hymne, au contraire, ne marque pas moins son aptitude au vol, au
mensonge, à l'imposture, à la friponnerie. Réunissant en lui ces traits discordants en un
mélange savant, il est prêt à rejoindre les figures également discordantes de l'Or ou de la
Mort. » Imite l'Hymne II, VIII de Marulle, « Mercurio ». Il emprunte aussi à l'hymne
homérique d'Hermès, et Virgile et Hésiode évidemment.

L'Invention au XVIe siècle, dir. Claude-Gilbert Dubois


Avertissement 7 G.RE.CO. 56 du C.N.R.S., dir. Gilbert Durand, Michel Maffesoli et Max
Milner : « plan quadriennal » qui « prévoit comme orientation thématique générale l'étude des
interférenes créées par les modifications technologiques dans la structuration de l'imaginaire,
et réciproquement les incidences qu'ont pu avoir sur l'invention technique les modifications du
mythe ». De même il y avait eu L'Imaginaire du changement au XVIe siècle
Introduction : « Imaginaire et prospective au XVIe siècle. Formalisme scientifique et réalisme
imaginaire »
19 « l'imagination et la technique ont partie liée dans la langue, et remontent
étymologiquement à une origine commune », alléguant la polysémie de « engin ».
20 la Renaissance serait la prééminence du « fantasme caché de l'exploration du corps de la
mère » qui remplace les « commentaires sur la loi du Père », utile pour la mine.
James Dauphiné, « La Curiosité poétique pour les sciences et les métiers (1560-1600) », p.
69-82
71 « Se pose alors la question de ce qui pourrait différencier sciences et métiers dans la
création poétique : peu de choses, il est vrai, dès l'instant où le poème réunit le forgeron et
l'astronome »
72 « le scientifique, à l'image d'Archimède, puis de Vinci, est celui qui pratique les sciences
tout en s'interrogeant sur l'ensemble des techniques ».
73 « la curiosité poétique possède une fonction encyclopédique ». « Aux sommes médiévales
répondent les poèmes scientifiques, longs et diserts »
** Dans le Mercurius gravé par Hans Sebald Beham, il n'y a aucun art du feu : orgue,
peinture, astronomie, boutiques...
76 La théorie de Manilius établissant une analogie entre les aspects du ciel et les métiers
(Astronomiques, III, 680-681 ; IV, 122-307) et celle de Ficin (De Vita, III, 1) ont fait admettre
la distinction artisans supérieurs (architecte, charpentier) et inférieurs (potier, cordier,
tanneur). Peu, comme Du Monin, renversent les hiérarchies : lui parle du « choeur des
écoliers et des artisans » (Le Quaresme, 1584, p. 171-175).
81 « La curiosité poétique pour les sciences et les métiers résulterait de l'inexistence d'un
discours scientifique vrai ». [Bouuuh
« Science et métiers entre 1560 et 1600 sont minutieusement décrits, répertoriés, analysés,
mais au dictionnaire des techniques s'est subrepticement joint un dictionnaire de poétique, aux
déterminations du réel se sont unies celles de l'imaginaire ».
Claude Faisant, « Gemmologie et imaginaire. Les Pierres précieuses de Rémy Belleau », p.
83-106
85 Depuis récemment les études sur l'imaginaire ont montré un « pouvoir heuristique de la
fiction mythologique ». 86 Se demande le rôle de « l'imagination scientifique » dans la
poétique de Belleau. 87 Belleau revendique un statut d'inventeur et se flatte d'avoir inauguré
une « nouvelle invention d'esrire des Pierres ».
90 « Une critique de la connaissance scientifique – assez voisine de celle que développe
Montaigne à la même époque dans l'Apologie de Raymond Sebond – traverse le recueil des
Pierres précieuses. » Il se plait à souligner les contradictions entre ses sources.
90-91 « le réel n'est pas donné d'avance : il faut l'inventer d'abord pour pouvoir l'explorer. Le
Poète ne part pas du réel, il y aboutit. En ce sens, il mérite sans doute, mieux que les
naturalistes eux-mêmes, le nom de savant. »
97 Le « discours mythique » est un « savoir symbolique » sur la chose.
Raymond Esclapez, « Le problème cosmologique dans les Semaines de G. Du Bartas et de C.
de Gamon : variations de l'appareil scientifique », p. 107-133
133 Gamon est déjà proche du cartésianisme dans sa lecture de la Bible.

**lire sur la culture scientifique au XVIe


p. 243 Plus loin, Pierre du Cest recueille chez Flaccus un portrait moral des artisans, à propos
des « Insulae maris Tyrrheni », long poème de la section « Mare Tuscum, Tyrrhenium vel
Inferum… », et dont la première partie s’intitule « Aeoliae insulae, quae & Vulcaniae » :

Nec scopulos, aut antra minor iuxta altera tellus


Cernitur : illam Achamas habitat, nudumque Pyragmon. […]
Sed pater omnipotens speluncis abditis atris
Hoc metuens : molemque, & montesmontes insuper altos
Imposuit, regemque dedit, qui foedare certo
Et premere, & laxas sciret iussus habenas
Insula Sicanium iuxta latus AEoliamque
Erigitur Liparem, fumantibus ardua saxis,
Quam subter specus, & Cyclopum exesacaminis
Antra AEtnaea tonant, validique in cudibus ictus
Auditi referunt fgemitum, striduntque cavernis
Stricturae chalybum & fornacibus ignis anhelat :
Vulcani domus, & Vulcania nomine tellus.
Hoc tunc ignipotens caelo descendit ab alto.
Ferrum exercebant vasto Cyclopes in antro,
Brontesque, Steropesque, & nudus membra Pyragmon.

Ces vers sont tirés des Argonautiques, I, 582-583, et de L’Enéide, I, 60-73.

L’Indice de Simon Goulart, commentaire surajouté à la Sepmaine de Du Bartas.


Airain [III, 755] : « On distingue les metaux, et dit on qu’il y en a deux purs, asavoir l’or et
l’argent : les autres impurs, comme l’airain, le laiton, le fer, l’estain, le plomb. Quant à
l’airain, ou cuivre, c’est un metal de rougeur pasle, engendré de vif argent le moins espuré et
de soulfre rouge et espais, le moins impur a ses mines à part, et se trouve aussi es mines
d’argent ». Car airain artificiel = fait de « marchasite » (pyrite). L’airain permet de faire du
vitriol et de la chalcite, et si on le cuit, Cadmie, Pompholix, Spodium. « Mais laissons ce
discours aux medecins », càd Fernel en sa Médecine, J. Desgorris en ses Definitions
medecinales, Agricola en De re metallica, Pline, livre 34, chap 1 et suiv.
Amethiste [III, 759] : pierre précieuse, couleur d’un vin clairet, empêche l’ivresse.
Antimoine [III, 755] : les latins l’appellent Stibium, les frecs sinimi. Dioscoride, Pline,
Matthiole, Agricola sont des sources mais Goulart préfère Jaques Grevin, chap 34 du livre 2,
car il y a débats sur les vertus de ce métal.
Argent [III, 756] : métal qui « suit l’or en bonté », s’étend en lames et pieces fort desliees, pcq
d’une « substance fort tenue ». C’est pk on a dit du « fin argent » qu’il était de l’or moins la
consistance. « Il se polit et rend tresclair, se laisse filer et tistre, estant procreé de pur vif
argent et de soulphre luisant et blanchastre. Es veines il se trouve en petites pieces plates
entrelassé parmi des pierres, prenant à ceste occasion diverses formes » [En quoi toutes ces
précisions éclairent le vers de Du Bartas ?]
Chevre de feu [II, 633] : Goulart éclaire ce terme avec Pontanus, Météores, v. 525-535 et II, v.
625, « pour inciter ceux qui aiment la poesie à conferer l’un avec l’autre, et voir le jugement
de nostre auteur ».
Cuivre : engendré du vif-argent « non suffisamment épuré » et de souffre rouge. Renvoie à
Agricola.
Chrystal [III, 758] : « Il y a deux sortes de glace, selon que le froid, qui estraint les eaux, est
roide ou lasche. » Le lâche est le courant, fond vite ; le roide est celui qui dure plusieurs
décennies et crée le crystal. On en trouve dans les montagnes et on en fait « vases, verres,
miroirs, et autres choses assez connues ».
Diamant [III, 760] : créé « d’un suc non gueres different de celuy du chrystal mais plus dur, et
plus obscur » : l’adamas (indomptable, résiste au feu, au fer…). C’est pr cela qu’une pointe
de diamant grave tous les métaux. [Puis compendium de croyances sur le diamant amolli au
sang de bouc etc.]
Esmeraude [III, 762] : Pierre précieuse verte.
Fer [III, 756] : « Metal de commun et necessaire usage à la vie humaine, engendré de vif
argent le plus impur meslé avec soulfre espais, crasseux et bruslant. Le naturel se trouve es
mines en grains et masses. Celuy qu’on fond se cuit es forges et à force de feu est amassé et
mis en telle forme de barres, quartiers, placques, lames, enclumes, etc. que les ouvriers font. Il
y aen a grand nombre en Europe, surtout en Alemagne. » Goulart rappelle l’expression de
Pline sur le fer : « optimum pessimumque vitae instrumentum ».
Mercure [III, 754] : « Le vulgaire l’appelle vif-argent ». Renvoie immédiatement à Agricola
Or [III, 755] : « seul pur des métaux ». Soulphre rouge trespur et mercure trespur, rouge et
non bruslant l’engendrent. Goulart cite les mines du Pérou et de l’Inde occidentale.
Plomb [III, 755] : « metal livide, engendré d’excrement de vif argent et de soulfre ».
Vulcan [II, 266] : synonyme du feu, à la manière des poètes anciens, que Goulart cite.

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https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k118291q/f41.image.r=commentaire%20christofle%20de
%20gamon

La Semaine de Christofle de Gamon (1609). « Contre celle du sieur Du Bartas » indique le


titre. Gallica.
95 Commence un éloge « Des mineraux metaux, & pierres pretieuses. » (manchette). La terre
cache ses pierres en elle par pudicité, pour ne pas faire comme ces femmes qui se chargent de
tout ce qu’elles ont. Finit à la page 102 qui expose une vie heureuse sans travail des métaux et
sans l’usage du fer. Le propos de Gamon tient en quelques vers : « Car ce suant labeur,
quoique ta Muse en chante / (Bartas) est du péché la peine renaissante ». Il faut cueillir les
dons de la terre sans « l’aiguillonner ».
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1117891/f117.image.r=christofle%20de%20gamon
O mere des Humains, Terre porte-trezors,
Tu ne veux tous tes biens estaler par dehors,
Comme ces Dames font, qui trompeusement belles,
Chargent, comme Bias, tout leur bien dessus elles.
Ains montrant ton manteau chamarré de couleurs,
Et ton poil diapré de mille et mille fleurs,
Tu renfermes encor des richesses secrettes
Dans les profonds recoins de tes seures cachettes.
Telle qu’une Princesse, à qui maint Diamant
Fait briller de par tout le Royal vestement,
Qui jaçoit que l’esclat de sa pompte achetée,
En prevenant des yeux l’ordinaire portée,
Montre mille trezors, vomissants radieux,
96 Les feux qu’ils ont receus des scintilles des Cieux
Ne met point tout au jour, ains prudente, recelle
Dans ses clos cabinets sa richesse plus belle.
[Ensuite il range parmi les productions du « ventre » de la Terre le sel, l’ardoise, le joyau, etc.
Puis un éloge particulier du cristal [est-ce à dire le verre ?], qui
… ne fait fourmiller tant de maux inhumains
Que ce doré metal adoré des Humains.
Certes l’Or sert au corps, La macule il efface
Qui peu civilement se perche sur la face :
L’impudente verrue il sappe peu à peu, …[manchette : « Vertus medecinales de l’or.
Mais bien fut malheureux ce penetrant Lyncée, [manchette : Du mal de l’abus d’iceluy.
Qui dardant les rayons de sa veüe insensée
Dans les profonds secrets des cavains infernaux,
Fit connoistre au Soleil le Soleil des metaux !
Car lors nous ne verrions tant de Sardanapales,
A qui l’Or sert d’amorce aux voluptez brutales,
Tant de Nains qui du front pensent heurter les Cieux,
Tant de pauvres prudents, de riches vicieux !
L’Or en ce tems ferré qui de vertu n’a-cure
Est des vices humains l’inhumaine pasture,
Un charme de l’esprit, apast des desloyaux...

Ronsard t. II 332
Les hauts Pins qui avoient si longuement esté
Sur la cyme des monts plantez en seureté,
Sentirent la congnée, et tournez en navire,
Voguerent aux deux bords où le Soleil se vire,
Passerent sans frayeur les ondes de la mer,
Virent Scylle et Charybde asprement escumer,
Conduits d'un gouverneur, dont la mordante envie [« gouverneur » devint « matelot » dans les
Oeuvres de 1587. Probablement pas de Ronsard : c'est l'élimination d'un étymologisme.
D'amasser des lingots baille aux ondes sa vie,
Afin de rapporter des pays estrangers
Quelques lingots cherchez par cent mille dangers. [… Description de l'état de nature]
Certes Dieu qui tout peut, devoit (sage Baillon)
Faire que les rochers servissent de Billon, [alliage d'argent et de cuivre pour frapper la
monnaie. On distingue le « billon blanc » (50% d'argent, plus valable) et le « billon noir » (de
moindre valeur), mais dans l'ensemble le billon est de maigre valeur et dans les mains du plus
grand nombre.
Et les fueilles des bois qui tombent par la voye,
Se prinsent en payment ainsi que la monnoye...

Agrippa suite et fin :


, en quoy les hommes ont rendu la terre tres-perilleuse (ainsi que dit Pline) surpassant en
temerité et folle hardiesse ceux qui se plongent au profond de la mer pour chercher les perles.
Or les Historiens sont mal d’accord de cette invention, laquelle ils attribuent à divers. Les
principaux escrivent que le plomb fut premierement trouvé en certaines isles dites
anciennement Cassiterides és environs d’Espagne : possible sont-ce celles qu’aujourd’huy
l’on nomme Axores : le cuyvre en Cypre, le fer en Crete ou Cadie. Mais l’or et l’argent fut
descouvert au mont Pangée, dit aujourd’huy Castagna en Thrace ou Romanie, d’où ils ont
infecté tout le monde. Les Scythes seuls entre tous peuples, à ce que Solin raconte, rejetterent
l’usage de l’or et de l’argent à jamais, se delivrans de la servitude universelle de l’avarice. Les
Romains anciens reprimerent par ordonnance publique les superfluitez de l’or, et Pline fait
mention d’une loy et reglement fait aux mines d’Ictomulum au 159 territoire de Verceil, par
laquelle il fut deffendu aux fermiers et peagers de ne tenir plus de cinq ouvriers. Et pleust à
Dieu que les hommes fussent autant soucieux des choses celestes, comme ils sont de foüiller
aux entrailles de la terres [sic], allechez par la convoitise des richesses, desquelles tant s’en
faut qu’ils puissent acquerir heur et repos, que la plus grand’part au contraire y trouve
occasion de plaindre le temps et la peine qu’ils y ont employé.
(Il y a aussi un chapitre « De la Statuaire, Sculpture, ou taille en bosse, et de la Poterie et
fonte. Chap. XXV., p. 137, qui commence ainsi : « La peincture est accompagnee de l’art de
tailler figures en bosse, de la poterie, et fonte et graveure, tous exercices bigeares et
fantastiques, lesquels pourroient estre comprins sous le tiltre 138 d’Architecture. »)

La Mine mode d’emploi. La Rouge myne de Saint Nicolas de la Croix dessinée par Heinrich
Groff, éd. Emmanuelle Brugerolles, Hubert Bari et alii, Paris : Gallimard, 1992.
2 Antoine de Lorraine arrive en juin 1529 à La Croix-aux-Mines, gisement de plomb
argentifère. Georges d’Ainvaux est receveur des mines, qui a commandé au peintre Heinrich
Groff, en plus de réfections somptuaires, un recueil de dessins retraçant l’activité de la mine.
58 À La Croix-aux-Mines, la minéralisation principale est la « galène » : 1kg d’argent par
tonne. Apogée vers 1530.
61 Dans les églises mobilier et décor rappellent parfois les activités passées : deux marteaux
croisés, symbole trad. Du métier de mineur, vitraux dédiés à saint Daniel, chaires à motifs
miniers. Mais surtout tableau d’autel de l’église de Sainte-Anne réalisé par Hans Hesse en
1521 pour la confrérie d’Annaberg, paysage panoramique à la Brueghel.
62 (HGE = Heinrich Groff Elsässer », alsacien). 1574, Aula Subterranea de Lazarus Ercker
qui répond au même souci de diffusion des connaissances. « Les planches furent largement
copiées et inspirèrent les orfèvres ». La figure la plus fréquente est celle du minier,
reconnaissable à ses outils.
Liste des dessins :
-« Le justicier en son siège, ordonnance et serment des compaignons », habillés avec
cuir fessier caractéristique des mineurs,
« Les charpentiers et charpenteries ». Les étançons nécessitent une grande précision
d’assemblage et la sécurité des mineurs dépend de la qualité du travail, qui est ici
effectué par les chefs ;
« La manière d’amener le boys »,
« La provision du suif et le livraige d’icelluy », matière grasse animale qui alimente
les lampes. Le plus estimé est extrait du mouton ;
« L’amenaige du charbon pour la forge et le livraige d’icelluy », la pièce de cuir est
portée sur l’avant et non sur les fesses car il faut se protéger de la chaleur des
fourneaux ;
« L’amenaige et le livraige du fer en la maison », la partie qui montre la forge est
manquante, il fallait une forge pour les outils nécessaires à la mine, en 1513 la mine de
Saint-Nicolas a consommé 17400 clous ! ;
« En la montaigne », c’est-à-dire la mine, dessin où on voit l’église de la mine. On
conseillait de ne point encourager le travail de la mine car il conduisait à Satan ;
« Les décombreurs entrants en la montaigne », le « houttmann » (mot allemand) livre
le suif ;
« Les tireurs d’eau et myne entrants en la montaigne », la myne est le minerai ;
« Les ouvriers de marteaulx pour rompre la myne en la montaigne », ce sont les
mineurs munis de « pointerolles », qui sont usées au bout d’une heure, le forgeron les
répare ou les jette ;
« Les ouvriers menant les chariots de myne hors de la montaigne », en fait une entrée
dans la mine ;
« Les ouvriers menant le boys en la montaigne » ;
« Les houttmans, maistres des compaignons, entrants en al montaigne » ;
« La Rouge myne de Sainct Nicolas », panorama dont il manque une partie avec
l’exhaure ;
« Rompeurs de grosse myne chareurs de myne hors de la montaigne » ;
« Les schaideurs séparens la bonne myne appart », minerai fragmenté sur des
scheidstein, fortes enclumes de pierre ;
« Les pilleurs et passeurs de myne », minerai pilé dans une machine hydraulique, le
bocard. On voit une femme ici, ce sont surtout les veuves de mineurs qui sont
embauchées comme mesure sociale ;
« Les laveurs de myne », qui ont un salaire élevé parce qu’une grosse responsabilité de
tri ;
Les cloweresses les missenaires sasseurs et laveurs de myne », décrit d’autres
manières de trier, sans eau et à la main pour les cloweresses (de klauben) ou des
lavages au sas. Le nom « missenaires » vient de la province allemande de Meissen,
migration des mineurs ;
« Les livreurs de myne », « Les chareurs de myne », on emmène le minerai dans les
fonderies, qui s’éloignent petit à petit des mines à mesure que la forêt disparaît ;
« Les charbonniers », responsables de la déforestation ;
« La fonderie et l’affinerie », fourneau de fonte et fourneau d’affinage. Le minerai est
préalablement grillé, càd oxydé, débarrassé de son souffre. Dans le fourneau de fonte
il est réduit, cela libère un plomb fondu très impur dont le mineur écrème les
« sclack » (scories cf allemand Schlacke). Puis le plomb fondu est envoyé à l’affinage,
« coupellation » pcq plomb imprègne la sole ou coupelle du four. L’oxyde de plomb
ou litharge surnage, que l’on écrème pour obtenir l’argent, brillant au point qu’on
l’appelle « l’éclair » ;
« Les peseurs et marqueurs des pains d’argent et messaigier portant les pains » càd
lingots ;
« Le verwaiser payans les compaignons » on voit un mineur mécontent qui montre le
poing et un homme armé prêt à arrêter toute échauffourée.

L'Europe des sciences et des techniques. Un dialogue des savoirs, Xve-XVIIe siècle, dir
Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie Thébaud-Sorger
« Le De re metallica de Georg Agricola », Paul Benoît, 321-322

La métallurgie de la Haute-Marne, cahiers du patrimoine, 1997


« La sidérurgie haut-marnaise au Moyen Âge (XIIe-XVe s.) », p. 17-34
37 L’extraction du minerai aussi peut être l’objet de conflits lorsque les maîtres de forges en
extraient trop gratuitement, selon les règles de furtraite.

Histoires des forges d’Allevard, des origines à 1970, Jean-François Belhoste


Chap 1 : « Pour la monographie d’entreprise », 9 : avant l’arrivée des Barral, famille
parlementaires de Grenobles, entreprise = riche bourgeoisie d’Allevard qui s’approvisionne en
bois auprès des seigneurs locaux qui restent en-dehors de la production industrielle. 14 : avant
les archives du XVIIIe, on n’étudie la forge qu’à partie des comptes de la Chatellenie
d’Allevard et des archives notariales. Souffleries = en peau actionnées par arbre à came. 36 :
l’Encyclopédie note aussi en Dauphiné (càd à Allevard entre autres) des « trompes à eau », où
le souffle est formé par de l’eau qui tombe dans un tronc évidé. 37 : les trompes datent
probab. Du XVe siècle.
Mais procédé compliqué ; il faut qu’il fonctionne même à l’étiage (niveau le plus bas du
fleuve) et un réseau de « béalières », trous dans le sol pour évacuer les crues et canaliser l’eau.
Chap 3 : Proto-histoire de l’entreprise. 43 : l’emploi du fer ne se généralise en Europe qu’au
Xe siècle. 43-44 : à nouveau, un « mandement » autorise tous les habitants à exploiter les
minerais du sous-sol, et oblige les seigneurs à fournir le bois pour l’étayage des galeries
(contre ¼ du revenu net quand même). 44 : l’Allevard fournit des mines dites « douces », qui
ne demandent pas beaucoup d’efforts de réduction (=martelage). 45 la plupart de la « loupe »
n’est pas réduite sur place mais embarquée sur l’Isère. Mais au XIIe le martelage local
commence à prendre de l’importance. En 13.39 le Dauphin demande la démolition de toutes
les forges du Grésivaudan : « un fourneau à faire le charbon est un abîme de bois qui détruit
les forêts et les extermine ».
48 : grande phrase dépressive 1350-1450, peste noire de 1348. 50 : les premiers hauts-
fourneaux apparaissent en 1460-1480. Vient de la région de Bergame en Italie, où le
Flusshofen du XIVe siècle a progressivement évolué.

La réduction en art consiste en une réduction en mécanique et en stéréotypes.Le livre de


l'institut Max Planck
Marco Beretta, « Humanism and the Emergence of Early Modern Chemistry : The Spread of
Georgius Agricola's Metallurgical Writings », p. 7-30
14 : le Bermannus présentait un lexique de 127 termes, mais deux ans plus tard en
1532, il fait la préface d'un dictionnaire minéralogique grec-allemand comportant 480 termes.
Il faut donc relativiser les nouveautés lexicales d'Agricola. Souvent ses créations sont sur le
même modèle : dans les argentum rude rubrum, argentum rude nigrum etc., le premier terme
désigne le métal (argent), le second la forme chimique (minerai) et le troisième un aspect
extérieur distinctif, souvent la couleur.

Isaac Habert, Les Météores, avecques autres œuvres poëtiques, 1585


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k704742
Là il faut chercher une édition critique, pour les sources scientifiques.
Les météores : métaux qui tombent du ciel, puis divers phénomènes météorologiques, puis les
mines :
59v Après avoir listé toutes les pierres, l’imprimeur ajoute un guillochis, puis un grand titre
« DES MINERAUS » (c’est la première fois qu’un livre est découpé de telle manière). Il
commence ainsi, avec lettrine :
Maintenant il nous faut parler des mineraus
Qu’on appelle moyens, pour n’estre ni metaus
Ni pierres mesmement, mais seulement matieres
Qui croissent dans les monts & dedans les fondrieres…
60v A propos du premier minéral, le vif-argent, Habert s’autorise une satire alchimique
express :
L’Alchemiste ignorant en vain dans son fourneau
Ainsi que les metaus, corrompant son cerveau,
Tasche du vif argent avoir la connoissance
(Reservee à Dieu seul) & changer sa substance.
61r « De l’aimant ou Calamite » :
Il ne faut oublier à parler en ces vers
Des effers de l’aimant, de ce grand univers
Le corps plus admirable, aussi veus-je descrire
Ses plus rares vertus, que mon esprit admire.
[…] O secrettes vertus, ô effets admirables,
Qu’on voit, dont on ne peut rendre raisons probables,
O causes que Dieu seul connoist tant seulement,
Et dont en vain discourt l’humain entendement !
Qui la cause dira que de la calamite
Le fer estant voisin d’une amoureuse suite,
Soudain d’elle il s’approche, & semble estre animé,
Tout ainsi qu’un Amant de l’Amour enflammé,
Favori de sa Dame, estroitement la baise,
Et comblé de tout heur en jouit à son aise. [Mais Habert tente quand même une explication
Une vapeur subtile, ainsi qu’ils disent, sort
Hors du corps de l’aimant, qui par secret effort
Ecarte l’air prochain & le dur fer inspire,
Anime doucement, echauffe, emeur, attire
Par occulte vertu, tout à l’heure dans l’air
Le fer pesant s’elance, & s’en va droit couler
61v Vers la pierre d’aimant, chasque trou de sa masse
Reçoit ceste vapeur qui legerement passe,
Et l’air d’autour espars s’assemble puis apres
Faisant suivre ces corps, & se toucher de pres.
63r rebelote, il y a ce guillochis et « DES METAUS ». je pense que pour l’expliquer, il suffit
de comprendre qu’aux livres I et II Habert versifie l’encyclopédisme médiéval, qui disait déjà
ce qu’il dit des impressions météorologiques. Mais dans le troisième livre il parle de choses
qui sont nouvelles (aimant, travail du métal…) et de ce fait l’imprimeur leur applique une
mise en page renaissante.
A propos des divers métaux le travail du feu est comme une particularité de leur nature. L’or,
65r :
… le feu point ne luy nuit,
Bien qu’il nuise à tout corps, plus dedans la fournaise
On le met & tant plus il s’affine en la braise,
Sans point diminuer…
L’argent, 67r :
L’argent se bat en lame, & sur l’enclume dure
Les coups entre-suivis des lourds marteaus endure,
On le jette, on le coule, & fond fort aisément…
Se termine très abruptement au sujet du fer ; la Nymphe sans mot dire s’enfuit.
Il y a ensuite des poèmes courtisans, des Amours, des Baisers et des Odes.

François Garrault, Des mines d'argent trouvées en France, Paris : pour la Vve J. Dalier et N.
Roffet, 1579.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1257006
Il réfute aussi, à la page suivante, l’argument selon lequel la terre a caché les métaux pour
qu’on n’aille pas les prendre :
f. B r°, l’auteur explique que la Religion défend l’usage du bâton de frêne pour trouver les
mines.
B ij r° :
L’ouvrage des mines & usage des metaulx est fort ancien, introduict de tout temps par
Tubalcain (dit forgeron) avecques l’art de fonderie, & continué en la famille d’Azael ou
desnoirs d’où on a tiré les fables poeticques desquelles les escrivains prophanes se sont aydez
en l’invention des choses concernantes l’art des metaulx : disans que Cyniras fils d’Agriopas
trou{v°}va la mine de Bronze, & inventa les tenailles, marteaulx, enclumes, & autres
ustencilles servants à l’art de fonderie.
Suivent les attributions des inventions : Dactily Idei => mines de fer
Erichtonius Athenien ou Eacus => mines d’argent
Cadmus Phoenicien ou Thoas & Eaclis de Panchaye ou Sol fils d’Occean => mines d’or,
manière de le fondre & affiner
Midacritus => mines de plomb
Chalybes => fourneaulx pour fondre & affiner
Lydus Scithe => jeter en fonte [c’est un personnage du de raptu proserpinae
Cyclopes => « martinetz pour forger : qui sont les ustencilles & choses necessaires pour
reduire les metaulx en leur perfection. Car la mine estant tiree de terre est brisee, esbrouee,
recuite, pillee, lavee, fonduë, & affinee au feu : toutesfois {B ij r°} selon la qualité de la
matiere on donne plus ou moigs de façons, car si c’est or ou argent, on le met en poudre dans
le mortier, comme praticquent les Allemans, ou entre deux meulles selon l’usage des François,
pour la mieulx netoyer & chasser tout le terrestre : d’autant qu’il n’y a chose qui consomme &
mange plus le fin desdites matieres à l’affinaison, auquel s’il y avoit seulement de la louppe
qui provient de la fonte on n’en tireroit la moyctié du fin : ou quand il n’y a rien de terrestre il
ne se perd aucune chose ainsi que je l’ay experimenté.
S’achève (F v°) sur l’expression « prouffit & comoditté à la chose publicque ».

Pamela O. Long, Openness, Secrecy, Authorship. Technical Arts and the Culture of
Knowledge from the Antiquity to the Renaissance, Baltimore, Londres, John Hopkins
University Press, 2001.
177 L’augmentation de la population au début du XVe amène au premier boom de la
métallurgie. Des investisseurs en profitèrent beaucoup. Les livres s’adressent à eux en partie,
et par exemple le Bergbüchlein, sans nom d’auteur mais attribué à Calbus of Freiberg, écrit
« for the benefit of all mintmasters, assay masters, goldsmiths, miners and dealers in metals ».
C’est un conseiller municipal qui a aidé à fonder un collège humaniste.

Les livres de Hiérome Cardanus,... intitulés de la subtilité et subtiles inventions, ensemble les
causes occultes et raisons d'icelles, traduis de latin en françois par Richard Le Blanc, Paris :
G. Le Noir, 1556.
f. 34 v° : Il y a une distinction, dans les « substances subtiles » qui intéressent Cardan, entre
celles qui sont subtiles par nature (comme l’air, le sang ou l’or, pour des raisons différentes),
celles qui sont subtiles à cause du feu (qui atténue les espèces crasses ou épaisses), et celles
qui sont subtiles par art, comme le plomb, quoique l’art ne sache pas mêler les substances
comme le feu sait faire.
[Dans l’ensemble ce traité est un bazar, ce qui conduit Cardan à se répéter, par exemple sur
l’utilité des soufflets pour fondre les métaux]
« De la mixtion et matieres composees, ou des metaus, & choses metalliques, Livre
cinquieme. » (f. 97 v°)
Ce livre parle d’abord des potiers, qui font des pots de terre mêlée, comme les
métaux : c’est cela aussi que potiers et forgerons ont en commun. Puis parle des vins et des
huiles.

Tout à fait inséré :

Salmon Macrin : Epithalames et Odes, éd. Georges Soubeille, Paris : Honoré Champion,
1998.
Odes, livre IV, 11 : "Ad Vulcanum, ex Anacreonte"
Que l'un convoite les trésors du riche Midas et tout l'or roulél par le Pactole indien ou
extrait des entrailles de la terre par le mineur d'Asturie […] !
Qu'un autre brandisse le sceptre d'une main hautaine […] !
Il me suffit de passer ma jeunesse en fleur parmi de belles jeunes filles […] ! »
Alter beati diuitias Midae
et quicquid auri Lydius aestuat
Pactolus, effossisque terrae
uisceribus trahit Astur optet […] ! » p. 644-645
v. 4 Astur, le mineur d'Asturie qui extrait l'or des "viscerae terrae"
note p. 711-712 : Lascaris, ds anthologie d'Anacréon, a réuni deux odelettes, bcp traduites :
Ronsard : "Du grand Turc je n'ay souci..." ou Jean Second (Epigrammata). Henri Estienne
sépara à nouveau ces odes. Très prisées de la Pléiade.
Mines d'Asturies, déjà citées, d'après Martial X, 17, 3, dans C., II, 20, 5 qui commence aussi
par un refus de l'or.
Ode II, 20 : « Ad Hil. Bellaium », « À Guillaume Du Bellay », p. 462-463
Non uniones diuitis Indiae,
non scalpta prisco Mentore cymbia,
factos nec affabre lebetes
aut citreas tibi, Hilerme, mensas

facunde mittam quodue cauis Iber


aurum metallis decolor eruit
nec beluae dentes Libyssae,
uellera uel pretiosa Serum.
Ni perles de l'Inde opulente, ni vases ciselés par l'antique Mentor, ni bassins fabriqués
avec art, ni tables de cédratier :
je ne t'enverrai, éloquent Guillaume, rien de tout cela, ni l'or que l'Ibérien blême extrait
de ses mines souterraines, ni les défenses du monstre de Libye, ni les précieuses étoffes des
Sères.
(il ignore tout ceci parce qu'il est adonné aux belles-lettres, il préfère les poèmes : « carmina
diligis » v. 22)
v. 5 "Iber" sert à désigner le mineur. "decolor" parce qu'il ne prend pas le soleil, mais aussi à
cause de la noirceur des métaux, dit la note ; aux yeux des anciens, l'or est pallidum.
Le modèle est Horace, ode IV, 8 : c'est une étrenne ou xenium. Marulle, épigramme I,
12, avait aussi imité ce passage, mais plus spirituellement.

Penser la technique autrement, XVIe-XXe siècle. En hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, dir.
Robert Carvais, Anne-Françoise Garçon et André Grelon, Classiques Garnier, 2017.
Marcus Popplow, « Nouveau, utile et ingénieux. Les ingénieurs de la Renaissance,
inventeurs d’un discours sur la technique », p. 59-72.
d. Mines
En Europe, on trouve essentiellement des mines d'argent ; l’usage de l’or est très
restreint (limité à la joaillerie, au paiement de sommes importantes ou au commerce
international). Au contraire, c'est dans de l'argent que la monnaie est frappée. De plus, une
exploitation argentifère voit son potentiel économique multiplié par des sous-produits : le
plomb et le cuivre essentiellement. Les filons se concentrent en Europe centrale : Schwaz
(Alpes autrichiennes), Saxe et Bohême (« Monts métallifères »), Harz, Forêt Noire et
Vosges[3], ces deux dernières constituant un tout nouveau terrain de prospection au XVI e
siècle qui connaissent leur apogée dans les années 1530-1540.
La mine nous est connue à la fois par la source archéologique et par les traités
techniques. Mais c’est surtout à travers l'ouvrage de Georg Agricola, illustré de deux-cent-
quatre-vingt-douze gravures, qu'a été diffusée dans la communauté savante, dès le XVI e
siècle, la réalité matérielle de la mine. « Les planches furent largement copiées et inspirèrent
les orfèvres »[5] : entre autres coupes et « Handstein » gravés, le hanap de la famille Steiger,
cadeau des concessionnaires des plus importantes mines du Tyrol, représente quelques scènes
décrites par les gravures du De Re metallica[6]. Ainsi le savoir technique put-il, à l'occasion,
faire son entrée dans les cabinets de curiosité de la Renaissance tardive. Du reste le De re
metallica fait des émules. Entre beaucoup d'autres, l'Aula Subterranea de Lazarus Ercker,
publié en 1574, répond au même souci de diffusion des connaissances.
Dans ces mines, le problème technique essentiel à résoudre est l’exhaure (puiser les
eaux des filons). Pour cela, on invente des machines hydrauliques complexes. Les ingénieurs
des mines font alors leur apparition, « sans autre passeport que leur notoriété et les références
acquises dans telle ou telle mine »[7]. En général, les révolutions techniques liées à une
connaissance plus profonde des métaux amènent dans le milieu de la mine des parcours
sociaux nouveaux et inhabituels. Ainsi la mine de Saint-Nicolas est exploitée par un
« ingénieur en chef » du nom de Conrad Boltznitzer, dont la maison est visible sur la première
planche et qui est aussi cité par le traité Agricola. Pauvre homme lorsqu’il exerçait dans les
mines de Schneeberg en Saxe, enrichi dans la montagne vosgienne (la « Fürst »), nommé en
1514 directeur d’une mine des seigneurs de Ribeaupierre et anobli par l’empereur
Maximilien, il est nommé finalement grand maître des mines des États antérieurs de
l’Autriche[8].

[1] [1]En 1513, la mine de Saint-Nicolas dessinée par Heinrich Groff a


consommé pas moins de 17400 clous. Les « pointerolles » des mineurs sont aussi nécessaires
en grande quantité : elles doivent être remplacées toutes les heures, selon Emmanuelle
Brugerolles, Hubert Bari et alii (éd.), La Mine mode d’emploi. La Rouge myne de Saint
Nicolas de la Croix dessinée par Heinrich Groff, Paris : Gallimard, 1992, p. 55.
[2] Ibid., p. 3.
[3] Ibid., p. 57.
[4] Ibid., Avant celui-ci, un assez complet Schwazerbergbuch était déjà illustré
d’activités minières : ce manuscrit fut commandé par Ludwig Lässl à Jörg Kolber, un artiste
« du pays », connaisseur des techniques qu'il mettait en dessin. Citons aussi le Probier-
Büchlein publié en 1518 à Francfort, qui connut de nombreuses rééditions intégrant parfois
certains « livres de recettes », J. R. Partington, op. cit., p. 68.
[5] Ibid., p. 64.
[6] Ibid., p. 61.
[7] Ibid., es
[8] Ibid., p. 69.

Agricola répondant aussi à la critique de Cornelius Agrippa sur le Bermannus dans le De


incertitudine : il est naïf de se fier à des entreprises aussi hasardeuses qu’une mine. Agricola
au contraire souhaite prouver qu’il existe un savoir incontestable, des indicia fiables, sur les
mines[1] et particulièrement au sujet de la difficile et coûteuse prospection.
Chez Agricola, la res metallica donne un appui stable à la res publica : elle sert par
exemple à donner des outils à l’agriculture, « vestutior scientarum »[4]. Ainsi la métallurgie
engendre des profits respectables ; creuser une mine ne relève pas de la pure avarice. Une
éthique du savoir technique se dégage du De re metallica, qui était absente des traités
précédents et particulièrement de la Pirotecnia de Biringuccio, dont Partington écrivait : « the
book is essentially practical ; it covers the whole field of metallurgy and is the first printed
work to do this, but it deals also with applied chemistry, gun powder, military arts, and
fireworks »[5].
Ce discours de légitimation du savoir métallurgique s'adresse à une société humaniste
éclairée et jouissant d'une position sociale décisive : « le metallicus, c’est le maître de mines
bien sûr, mais c’est aussi, c’est surtout, l’investisseur, le directeur, l’ingénieur,
l’administrateur, l’essayeur, tout corps de métiers cités par le médecin-historien-
administrateur dès le début de son grand œuvre. Agricola s’adresse à ses pairs en somme,
ceux avec qui il débattait en tant que bourgmestre, avec qui il discutait en tant que propriétaire
de mines et de fonderie. »[7] Une telle « normalisation » de la curiosité technique autorise un
travail de vulgarisation que ce savoir n'avait jamais connu auparavant. Le langage dont use
Agricola donne l’impression d’un discours à haute voix, qui ne s'embarrasse d'aucune
transition, car « l’art du mineur répugne à une quelconque élégance du discours »[8]. Au
contraire, la valeur qui guide le discours du metallicus est l'exactitude des termes, l'un des
thèmes principaux de l'oeuvre d'Agricola ; dès le De natura fossilium, il est fâché que botrytes
désigne trois pierres différentes ou que l'ambre porte en latin quatre noms, succinum, electron,
caraben et ambra. Dans le De re metallica, trois outils complémentaires servent à contourner
l’insuffisance de la langue latine : le glossaire, l'index et les planches[9].

[1] Ibid., p. 322.


[2] Ibid., p. 318.
[3]
[4] Anne-Françoise Garçon, « Réduire la mine en science… ? Anatomie des De
re metallica d’Agricola », op. cit., p. 322.
[5] J. R. [5]Partington, op. cit., p. 33.
[6]
[7] Ibid.
[8]
[9] Ibid., p. 325.
Néanmoins, parallèlement, les guerres civiles ont pu être décrites par les poètes comme des
forges ou plutôt une extension regrettable de ces forges au pays entier. C’est le cas au début
du deuxième livre de La Cite du Montelimar ou les trois prinses d’icelle, d’Alexandre de
Pontaymeri :

La France, qui tousjours en la France mutine


Reforge les outils de sa proche ruine,
Eschaufoit dans soy-mesme un brazier de combatz,
Un tourbillon d’assautz, un monde de soldatz,
Le foudre jovial du balottant tonnerre
Boule boule-ebouilloit nos murailles à terre [ ??
Par la sape & la mine, & le grondant petard, [le livre I se termine sur la présentation du pétard
Et ce qui peut forcer la nature en son art,
Le pont, le mantelet, la grue, & l’escalade,
Et le cercle & le feu, l’esclatante grenade :
Chascun à qui le mieux veut pretendre au butin,
Courant à toute bride à son prochain destin,
Sans que pour tout appuy aucun homme s’advance
A prevenir le mal qui gangrene la France.
C’est assez d’inspiration aubignesque. [...]
{48} Le fortuneux accord du changeant univers
Descorde son maintien, & le pousse à l’envers :
Il rit soudainement, soudain il amertume,
Come il veut marteler sur l’un & l’autre enclume :
Ou le bien, ou le mal il presse entre ses mains,
Le fatal changement des changeables humains. [...]
{62} D’un propice Vulcan ses armes ne sont pas,
Qui le puissent long temps guarentir du trespas :
L’eschauffé Pyragmon, & toute la brigade
Des Brontes martelans au bucher d’Encelade,
N’ont forgé les harnois de ses onze soldatz,
Qui mutinent guerriers le foudre des combats.
Les hoyaux fossoyeurs des vignes larmoyeuses
En cuirassent leurs flancs, leurs costes raboteuses.
Le bouclier a sept plis du Telamonien,
Qui guarantit de mort le vieillard Nelien,
Quand Hector valeureux loin, bien loin de sa ville
Enflammoit les baisseaux de la Grece in’habile,
A maintenir l’effort : de targe ne servoit
A l’escadron menu qui pour defense avoit
Des couvercles de bois non de menuserie,
Ains de troncons formés à la charpenterie.60

Or même la poésie scientifique peut faire renaître la « Vulcanie » virgilienne. Dans un long
poème de Christofle de Gamon intitulé « Discours de l'Astronomie inférieure »61, le travail
des métaux par Vulcain devient une simple image didactique permettant de visualiser des
processus chimiques invisibles à l'oeuvre sous la terre :

Bref, en l’age doré (s’il le faut croire ainsi,)


Nature qui de l’homme avoit plus de souci,
Ayant fait l’or és creux de la Terre profonde,
Le poussoit d’elle mesme aux yeux de tout le Monde :
60 Sans lieu ni imprimeur, 1591, p. 39.
61 « Discours de l’Astronomie inferieure », dans Le Jardinet de poésie, Lyon : C. Morillon, 1600, p. 70 et
suivantes.
Tout le monde au bezoin aloit querir de l’or,
Sans s’enquerir content, doù venoit ce trezor.
Mais depuis qu’au desceu de la simple Justice,
Les Mortels eurent fait trop immortel le vice (…),
Nature se fâchant de l’humaine nature,
Eut cure de cacher l’or dans la Terre obscure.
Humains non plus humains (dit elle en le cachant)
Vous ferez par vos maux changer l’or en argent,
Et puis l’argent en fer, & puis le fer encore
En l’airain qui le front de fauve se colore,
Puis ce fauve metal en l’estain paslissant,
Puis ferez l’estain pasle estre plomb noircissant
Quand vous estiez parfaits, je tendois à parfaire
Tous les metaux en or, & rien n’estoit contraire,
Ores quoy que je tende à les rendre parfaits,
Divers empeschemens gasteront mes effets :
Mesme pour les trouver, il faudra que l’homme entre
Par les portes d’horreur dans le terrestre ventre.
Voilà pourquoy depuis on voit divers metaux,
Et l’or rare est gardé par divers animaux.
Les Indoises formis & les dragons terribles,
Voire & les noirs Demons hostes des monts horribles,
Rezistent courageux à ceux-la que le gain
Pousse à foüiller hardis dans le terrestre sein,
Mais quoy ? lon s’est enquis, tant la nature humaine
Aime en lieu du repos la curieuse peine,
L’on s’est enquis plustost doù le metal provient,
Que pourquoy tant caché Nature le detient.
Donques l’or esclatant Roy de toute la bande,
Ce metal trainegens, qui chaud sur tout commande,
Vient d’un soufre subtil pur & rougement joint
Au rouge vif argent qui pur ne brusle point.
L’argent or imparfait, qui son maistre maistrize,
Où defaut la chaleur & la couleur requise,
Se va de pur Mercure aux mines produisant,
Et de soufre trespur blanchastre & reluisant.
Comme on voit ces Bernards sur les rives Tethides,
Se faire à la façon des coquilles humides
Qu’ils vont prendre tous nus, alors que la saison,
Et leur muable instinc les change de maison :
Ainsi l’argent se forme en bestes dessous terre,
En prenant la façon des veines de la pierre.
L’amant du noir aimant, le fer salement dur,
Vient d’un soufre brulant & d’un Mercure impur :
Et l’airaintintinant vient d’un impur Mercure,
Et d’un soufre terrestre à la rouge teinture.
L’estain d’argent vif rouge, & de soufre provient,
Voire en sa superfice un blanc Mercure tient.
Et toy plomb languissant, tu prens ta laide forme
De Mercure non pur, & de soufre difforme.
Ainsi donc le mercure est entre les metaux
Tel que le second sperme entre les animaux.
Il ressemble vrayment au Mercure Nomie,
Dont le lustre enrichist la haute Astronomie,
Car aveques les bons il est plein de bon heur,
Avec les malheureux il est plein de malheur :
Et comme il se conforme à ces corps pronostiques
Tout de mesme en faict il envers les metalliques.
Mais quoy ? ce n’est pas tout : il faut Lyncée encor
Descouvrir de plus loin la naissance de l’or.
La Nature recherche une place profonde,
Où la terre se forme en mainte masse ronde :
Un endroit immobile, où par fois puisse entrer
Le celeste Vulcan & Titan penetrer.
C’est là qu’elle fait l’or prenant de l’eau clairette,
Et de la terre rouge onctueusement nette,
Dont l’une de froideur est pleine humidement,
L’autre de mesme espece est chaude sechement :
Or cela se cuisant la puissance moiteuse
Dissout & refroidist la vertu chaleureuse,
Mais le feu qui souvent au centre est alumé,
Va réchaufant l’eau froide & le chaud consumé,
Ainsi s’entre-meslans par toutes leurs parties,
Ces choses en Saturne apres sont converties :
Puis s’échaufans encore afin de mieux monter,
Se cuizent d’un degré devenans Jupiter,
Puis sont Venus puis Mars, puis peu à peu parviennent
A plus grande chaleur, & la Lune deviennent :
Puis aquerans en fin plus de digestion,
Aquierent du Soleil la grand’ perfection.
Ainsi l’or se parfait : & ne faut qu’on s’estonne
D’ouir qu’un tel sujet sa naissance luy donne :
Des charongnes des bœufs se va bien produisant,
De petits animaux un troupeau reluisant,
Ces animaux groüillans prennent des ailerettes,
Volent és prez fleuris pour voler les fleurettes,
Et faits mousches à miel, aux troncs des chesnes vieux,
Font, race de fiente, un miel delicieux !
Pour l’or qui va courant aux courantes rivieres,
Il est ravi des eaux passans par ses minieres,
Et n’ayant eu la fin de sa decoction,
Ne sçait plus parvenir à sa perfection :
Mais y fust parvenu par la vertu mouvante
Des soufres qui boüillans portent par maints canaux
Le feu continuel qui parfait les metaux.
Voilà ce que m’a dit le troupeau des Nymfettes,
Qui rezide & prezide aux cavernes secrettes,
Qui entre aux antres noirs des monts ambicieux,
Où se tiennent cachez maints trezors precieux.
Et voilà (convoiteux) d’où procede la chose
Pour qui ne jour ne nuit vostre esprit ne repose,
Et qui fait perdre un bien à l’esprit & au corps
Qui va mesme excedant le Tresor des Tresors.

Les derniers mots introduisent le texte alchimique qui suit, le Trésor des trésors, premier
poème de la Muse divine publiée avec le Jardinet. [en fait ce texte fait partie du Trésor des
trésors tel qu'il est commenté dans le commentaire commentateur.

La notion d’ « invention » a elle-même fait l’objet d’une remise en perspective


historique qui a abouti à son éviction du champ scientifique 62. Plutôt qu’inventions, Francesca
Bray et Liliane Hilaire-Pérez préfèrent parler de « coproduction globale et d’un processus
d’appropriation imbriquée », appuyant alors singulièrement sur le rôle des « passeurs » entre
les continents, comme les Arméniens dans le cas des arts du feu 63, ou entre les domaines de
savoir. C’est ce qui amène Liliane Hilaire-Pérez à s’intéresser aux « savants-artisans » qui,
dès le XVIe siècle, agissent dans des « trading zones » entre théorie et pratique.

« Mines, arsenaux, usines et manufactures sont des hauts lieux d'élaboration des
savoirs et d'interaction entre les pouvoirs publics, les manufacturiers, les techniciens et la
main-d’œuvre, mais aussi les savants et les experts », remarque-t-elle. Il en va ainsi des
arsenaux de Venise et d'Innsbruck, des mines de cuivre de l'Erzgebirge et du Tyrol, des mines
d'argent en Alsace et d'alun près de Rome, « lieux de production et d'expérimentation au
service des autorités »64, tous, aimerait-on ajouter, impliqués dans la chaîne de production des
arts du feu. Conséquence : la circulation implique toujours une « traduction ». Le haut-
fourneau (réduction indirecte du minerai de fer) en est l'exemple frappant. Il apparaît en
Rhénanie dès le XIIIe siècle (selon les estimations récentes). C’est en Wallonie, territoire
Habsbourg en 1482, que le procédé est développé. Les fourneaux deviennent massifs et sont
liés à une affinerie et des marteaux hydrauliques. Or le procédé indirect coexistera avec un
procédé direct qui depuis le XIVe siècle peut avoir lui aussi soufflets et marteaux hydrauliques
(dans le cas d’hybridations)65. Enfin on est aujourd’hui plus sensibles aux hésitations et aux
inerties techniques par lesquelles un progrès connu n’est pas toujours adopté. Un marché
passé en 1473 entre René de Châteaubriand et Richard Brunout mentionne : « pour faire un
hault fourneau ou une regnardiere au choix dud. Brunout »66. Pour qu’une innovation soit
adoptée, il ne suffit pas qu’elle fût effectivement plus efficace : il faut encore qu’elle soit
suggérée et appelée par des contraintes techniques, et ce sont peut-être les contraintes
hydrauliques qui ont poussé à séparer l’atelier et à embrasser le procédé indirect67.

Lyon est sans conteste la ville où le sentiment d'appartenance des poètes à une communauté
des « ouvriers » est la plus forte, et explique les inspirations hésiodiques de poèmes « des
travaux et des jours », tels Les Hymnes du temps et de ses parties, de Guillaume Guéroult
(Lyon : Jean de Tournes, 1560), qui évoquent incidemment les travaux de la mine (« Hymne
de mars », p. 44) :
62 Voir par exemple Fabien Simon, « Découvrir : un Nouveau Monde des savoirs », in Liliane Hilaire-Pérez,
Fabien Simon et Marie Thébaud-Sorger (dir.), op. cit., p. 19 : la notion de découverte est une nouveauté dans
la manière de faire de la science aux XVe-XVIe siècles.
63 Francesca Bray et Liliane Hilaire-Pérez, op. cit., p. 13.
64 Liliane Hilaire-Pérez, « L'artisan, les sciences et les techniques », in Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et
Marie Thébaud-Sorger (dir.), op. cit., p.105.
65 Liliane Hilaire-Pérez et Catherine Verna, op. cit., p. 220.
66 Jean-François Belhoste, Yannick Lecherbonnier, Mathieu Arnoux et alii, op. cit., p. 48.
67 Ibid., p. 52.
L’homme avare fuyant le fardeau rigoureux
De vile povreté, sur le dos de l’onde erre,
Pour des mores lointains piller l’or plantureux,
Et le fin diamant arracher de la terre.

Oeuvres poétiques de Jacques Béreau, poitevin, éd. Hovyn de Tranchère et R. Guyet, 1884.
Encore, dans une églogue : « Eglogue VII, sur les calamitez de la guerre », Francin et Janot. Amusant parce que
Janot a été fait « boyteux » (p. 59) par la guerre. Aussi p. 63 :
Francin :
Où est le tens jadis beau et prospere,
Dont j'ay ouy tant parler mon grand pere,
Je dy le tens du bon age doré,
De noz ayeux sainctement adoré,
Auquel n'estoit hors sa mine profonde
Ce faux metal, la ruyne du monde
« Sur un envieux », dans la section des sonnets, p. 197 :
Une envie, une peur, un martel le tourmente

Marulle, éd Jacques Chomarat, Genève Droz 95


… Scrutandosque sinus impune et viscera praebet —
Usque adeo scelera interdum leue ferre suorum est ! —
(et offre son giron et ses entrailles à fouiller impunément —
tant il est facile parfois de supporter les crimes des siens ! —) p. 264-265
Les notes p. 269 citent Pline, II, 158, qui utilise le terme de « viscera » lui aussi, et a cette
phrase proprement communiste : « Quot manus atteruntur, ut unus niteat articulus ! » (à
propos des mains des mineurs salies pour qu'une bague illustre une phalange) et Sénèquie,
QN V, XV, 3-4 et il se moque des mineurs qui ont l’audace de chercher de l’or aussi loin et
pourtant la superstition de croire en des dieux inférieurs.

Indice, Simon Goulart :


Ce qui est incroyable c'est que Georgius Agricola [George Agricola] n'est pas dans l' « Index
des personnes citées » de cette édition (remarque pour la soutenance?)
Pas cité pour le fer (« Il y en a grand nombre en l'Europe, sur tout en Alemagne. »p. 194). Ni
pour l'or .
Pas cité non plus dans « Vulcan », p. 412 : « Ce mot est prins par tout pour le feu terrestre, et
materiel, suyvant le style des poetes anciens. Plaute en son Amphytruo [v. 341], Quo ambulas
tu, qui Vulcanum in cornu conclusum geris ? Et en Virgile ces manieres de parler se lisent,
spargere Vulcanum tectis [En., 7, 77], furit immissis Vulcanum habenis [En., 5, 662],
superante Vulcano ruinam dedit domus [En., 2, 310-311]. Les poetes ont feint que Vulcan fils
de Jupiter et de Junon forgea à son pere les fouldres dont les Geans furent tuez, et le
surnomment Mulciber. Sous ces fictions ils ont representé la nature du feu elementaire et
terrestre, comme Gyraldus [Historia deorum gentilium, syntagmata 13], N. des Contes
[Mythol., 2, 6] et Cartari [éd. Venise, 1571, p. 387 et suiv.] le monstrent amplement en leurs
mythologies, sur le mot de Vulcanus. Ce qu'il adjouste [VI, 1037, on parle de Du Bartas] de
Venus, signifie la conjonction du masle et de la femelle.

« À propos d'une controverse sur l'Hymne de l'Or de Pierre de Ronsard », BHR XXXV, t.1, p.
7-18, Maurice F. Verdier.
7 Une passe d'armes a opposé Jean Frappier, tenant d'une lecture sérieuse de l'hymne, à
Bernard Weinberg, qui voit dans cette interprétation un contresens historique et un délire
esthétisant.
8 Jean Frappier expliquait cet éloge « sans ironie » de l'or par le contexte de sa découverte en
Amérique du Sud et de sa propagation en Europe. « Ronsard […] salue l'apparition du bien-
être et du luxe » [c'est une idée folle de penser que l'or des Amériques amène une époque de
bien-être et de luxe...
Weinberg replace cette pièce dans le contexte de rédaction et pense que Ronsard s'adresse au
cardinal de Chastillon et au roi, qui avaient promis des pensions et bénéfices en échange de la
Franciade. Mais, dit Verdier, il y a une unité du recueil des Hymnes de 1555 qui n'est
constitué que d'éloges.

Pour l'artillerie :
Fracastor, La Syphilis ou le mal français / Syphilis sive morbus gallicus, Les Belles
Lettres, 2011. (éd. princeps : Vérone : s.n. [Stefano Nicolini da Sabbio et ses frères], 1530.) à
Pietro Bembo.
Avant-propos, IX c'est une maladie nouvelle du XVe siècle.
X « De nostre temps, Fracastoro s'est monstré tres excellent en sa Syphilis », écrit Ronsard.
Introduction : « I. Une maladie aux noms multiples », Danielle Gourevitch. p. XVI : les
médecins ne peuvent pas être objectifs avec cette maladie qui déclenche les passions
puisqu'elle est nouvelle et vénérienne. XVII Niccolò Leoniceno produit dès 1497 à Venise,
chez Alde Manuce, un Libellus de epidemia, quam bulgo morbum gallicum siue brossulas
uocant, réédité en 11535 sous le titre amusant de De epidemia quam Itali morbum Gallicum,
Galli vero Neapolitanum vocant.
« III. Un poème des temps modernes », Jacqueline Vons, p. LIII : « Syphilis renvoie aux
grandes épopées antiques (Aeneis, Thebais, Achilleis) et médiévales (Alexandreis), morbus
gallicus à la dure réalité contemporaine par le biais d'un des noms les plus fréquemment
utilisés dans la littérature médicale. » Le vers est l'héroïque (l'hexamètre). p. LIV il donne
aussi à la maladie des noms et périphrases métaphoriques (serpens, tabes < tabescere, se
liquéfier, etc.) mais surtout les noms de pestis (la peste des tragédies) et semina (qu'il tire de
Lucrèce bien sûr, mais en lui donnant un sens tout à fait nouveau).
p. LVII Le poème de Fracastor est fondamentalement optimiste : si la peste est une punition
divine comme dans Homère, la médecine, science pieuse, est à même de la soigner. p. LIX
Fracastor « met aux côtés des hommes, coupables par ignorance (Ilcée) ou par méchanceté
(les marins de Colomb) des nymphes, figures intermédiaires entre le monde des dieux et celui
des hommes. Dans le deuxième livre, c'est la nymphe Callirhoé qui vient en aide au laboureur
vérolé, et l'envoie sous terre, dans l'antre où des nymphes alchimistes se sont substituées à
Vulcain et aux Cyclopes et travaillent au grand œuvre, à l'obtention d'or pur à partir d'un
mélange de emina de vif-argent et de soufre. Rprenant le motif de la Sybille fuidant Enée dans
sa quête initiatique aux Enfers, une autre nymphe, Lipare, conduit Ilcée au fleuve salutaire,
répand le métal liquide sur son corps et le guérit. Au troisième chant, c'est une nymphe
nouvelle, America, qui conseille aux hommes malades d'offrir un sacrifice à Junon et à Cybèle
afin que les deux déesses unissent leurs pouvoirs pour les guérir en produisant le bois de
gaïac. / Plusieurs narrations se succèdent donc, s'interpénètrent parfois ; le vraisemblable
côtoie l'invraisemblable en faisant éclater le cadre spatio-temporel réel aux dimensions d'un
récit mythique : des noms d'îles méditerranéennes deviennent des noms de nymphes (Lipare),
des bergers (Syphile[puni par le Soleil, c'est raconté dans le livre III]) et des rois aux
extrémités du monde occidental (Alcithous) portent des noms aux sonorités grecques, des
pays contemporains ont gardé leurs noms antiques (l'Hespérie). » p. LXX « Le texte de
Fracastor ne présente guère d'originalité dans l'énumération de la panoplie mercurielle »
Le premier livre décrit la maladie, le second les remèdes et l'hygiène qui permet de s'en
débarrasser. v. 270, p. 48-49 : « Argento melius persoluunt omnia uiuo
pars maior. […]
v. 281 Cuius et inuentum medicamen munere diuum
digressus referam. Quis enim admiranda deorum
munera praetereat ?
[« Pour détruire complètement tous les signes du fléau, la majorité utilise avec plus de succès
le vif-argent. […] Je vais rapporter en passant l'invention de ce traitement par des puissances
divines. Car qui passerait sous silence les admirables présents des dieux ? », donc la mine des
nymphes est une digression. C'est le mythe d'Ilcée<elkos, la douleur, adaptée d'Adonis si l'on
en croit le commentaire de Bembo, histoire inventée par Fracastor. Ilcée, jardinier en Syrie,
attrape la maladie et s'évanouit après une prière aux nymphes. Callirhoé lui apparaît en
songe : elle lui explique qu'il a tué par ignorance le cerf de Diane, qui s'en est plainte à
Apollon son frère, qui lui a envoyé la syphilis.
Callirhoé lui demande de venir à l'aube devant une grotte et de sacrifier aux nymphes, et de
brûler de l'encens, ce qu'il fait p. 52-53 v. 350 : « … Iamque simul Thian atramque Cupressum
urebat, quum uox terrae revoluta cauernis
longe audita sacras nympharum perculit aures,
nympharum, quibus aera solo sunt condita curae.
Extemplo commotae omnes ac coepta reponunt,
sulfureos forte ut latices, et flumina uiui
argenti, mox unde nitens concresceret aurum,
tractabant, gelidoque prementes fonte coquebant.
Centum ignis spissi radios, entum aetheris usti
bis centum concretorum terraeque marisque
miscuerant, nostros fugientia semina uisus. »
(« Et en même temps qu'il faisait brûler du thuia et du nois cyprès, sa voix se répercutant en
écho dans les cavernes de la terre se fit entendre au loin, et frappa les oreilles sacrées des
nymphes chargées de travailler l'airain enfoui dans le sol. Aussitôt, bouleversées, toutes
abandonnent l'ouvrage commencé ; elles étaient occupées alors à faire un amalgame de
particules sulfureuses et de flots de vif argent – qui produirait des agrégats d'or brillant -, et
elles lui donnaient la trempe dans une source glacée. Elles avaient mélangé cent semences
d'un feu vif, cent semences d'air brûlé et deux cents semences d'agrégat de terre et de mer,
toutes semences échappant à notre regard. »
Note 174 p. 110 : « scène originelle de la formation des métaux sous terre à partir de soufre et
de mercure ». Mais pas de théorie alchimique précise ici.
Les Cyclopes sont dans l'Etna proche de la grotte, p. 56-57, v. 399-400. Ilcée se trempe trois
fois dans l'argent liquide, suivant la recommandation de Callirhoé. Il fut soigné et les peuples
apprirent ainsi à guérir la syphilis. The end. Le livre III est consacré au gaïac (ou Hyacus),
arbre qui guérit la syphilis et qui est ramené d'Haïti. Fracastor raconte un voyage de
Christophe Colomb en des termes empruntés à l'Enéide. Ils arrivent en Guyane, où pour leur
malheur ils tuent les oiseaux qui sont là, p. 68-69 v. 151
Forte per umbrosos syluarum plurima ramos
assidue uolitabat auis, quae pita nitentes
caeruleo pennas, rostro uariata rubenti,
ibat natiuo secura per auia luco.
Has iuuenum manus ut syluas uidere per altas
continuo caua terrificis horrentia bombis
aera et flammiferum tormenta imitantia fulmen
p. 71 corripiunt, Vulcane, tuum, dum Theutonas armas,
inuentum, dum tela Iouis mortalibus affers.
Nec mora, signantes certam sibi quisque uolucrem,
inclusam, salicum cineres, sulfurque nitrumque,
materiam accendunt seruata in reste fauilla.
Fomite correpto diffusa repente furit uis
ignea circumsepta simulque cita obiece rupto
intrusam impellit glandem. Volat illa per auras
stridula, et exanimes passim per prata iacebant
deiectae uolucres. Magno micat ignibus aer cum tonitru, quo sylua omnis ripaeque recuruae
et percussa imo sonuerunt aequora fundo. [Alors un oiseau prophétise la maladie des
voyageurs
« Sous les ombrages touffus, quantité d'oiseaux voletaient alors sans cesse, ils étaient de
couleurs variées, avec un plumage brillant, azuré, et un bec rouge, et ils passaient, tranquilles,
à travers le bois sans route frayée qui les avait vus naître. Lorsque les troupes de jeunes gens
les virent traverser les grandes forêts, ils saisirent aussitôt leurs terribles armes de bronze
creuses, au grondement terrifiant, celles qui lancent le feu, imitant celui de la foudre, ton
invention, Vulcain, quand tu armas les Teutons et apportas les traits de Jupiter aux mortels.
Chacun aussitôt, ayant choisi 70 son oiseau, met le feu aux matériaux enfermés – cendre de
saule, soufre et nitre – à l'aide de mèches enflammées. Le feu s'empare des matériaux, et sa
forcce, jusqu'alors réprimée, éclate brutalement entre les parois de l'arme en poussant en
même temps la balle dans le canon.
Les balles sifflent en volant dans les airs, des oiseaux tombent et gisent sans vie pêle-mêle
dans les prés. L'air étincelle de feux accompagnés d'un grand fracas, que renvoient en écho
toute la forêt, les rives bombées et les mers ébranlées jusque dans leurs profondeurs. »
[Volonté didactique jamais abandonnée au milieu de la terreur, parce qu'il est plus terrifiant de
comprendre. Ce qui est terrifiant, c'est précisément que ça marche, qu'il y a une recette de la
catastrophe. + Très précoce épopée de l'artillerie, qui se finit mal... ! + La mine des nymphes
est ici le Nouveau Monde, dans les deux cas une maladie nouvelle demande une guérison
nouvelle révélée par le Vates.

Isaac Habert, Les Météores, avecques autres œuvres poëtiques, 1585


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k704742
Les météores : métaux qui tombent du ciel, puis divers phénomènes météorologiques, puis les
mines :
Une nymphe alors apparaît et conduit le poète à l’intérieur de la mine, tout comme dans
Fracastor qu’Habert imite ici évidemment.
52r Quand elle fut au bas de ceste abysme creuse,
De ses seurs le sejour, ell’ dit me regardant,
Voi ces torrens de feu, voi ce bitume ardant,
Voi ce souffre qui brule, & ses flammesches perses,
Voi ces rouges fourneaus, & ces mines diverses,
Voi ces Nymphes mes seurs qui cherchent les metaus
Et les pierres sans cesse avec les mineraus
Aus conduits de la terre, & sans repos travaillent. [Suit une énumération des arts du feu :
Celles ci que tu vois les durs diamants taillent
Or’ en table, or’ en pointe, & polissent encor
De leur poudre leurs corps, les autres dedans l’or
Les enchassent apres, lors estans mis en œuvre,
Clairs, esclattans au jour leur beauté se descoeuvre.
Celles que pres d’ici tu vois, vont enchassant
Dedans ces anneaus d’or le rubis rugissant,
Le zaphir, l’emeraude, & l’opale, & l’agathe,
52v L’escarboucle rougi qui vivement esclate,
La topasse, l’iris, le lapis dont le teint
De couleur azuree en brunissant se peint.
Ces autres de delà affinent sur la braise
Tous les metaus impurs dans l’ardante fournaise :
Ces autres de deçà d’un soin laborieus
Cherchent diligemment dans l’obscur de ces lieus,
Où Plute avarement ses richesses enserre… [suit une énumération des pierres

Jean Parmentier, « Chant royal », Oeuvres poétiques, éd. Françoise Ferrand, 1971 [1531], p.
24
Pour Cornucopia :
Chant royal que mon œuvre applique
aux cosmographes de ce monde,
qui, conduys par la mapemonde,
trouvent l'or soubz l'orbe celique.
I
Du chef de Caulx, provide natïon,
un cosmographe, expert en la marine,
emprint la routte et navigatïon
du Caillicou, pour trouver l'or en myne.
Sy nagea tant sur les undes sallée,
dedans sa nef, les voylles avallées,
au gré du vent, cherchant l'isle nouvelle,
qu'il fut surprins d'uns vil monstre rebelle
le poursuyvant, qui le vouloit deffaire
si, pour pylotte, il n'eust eu en nacelle
la mapemonde aux humains salutaire.
II
Ce cosmographe, ayant intentïon
exeuter son vueil, si determine
mectre en sa nef toute munitïon
servant au cas, si que pas n'extermine
ses nautonniers ; quoy faict, ancres hallées,
25 dedans le bort bonnettes deffarlées
le vent arriere, il suyt du North l'estoille,
la charte au poing, se conduysant par elle
soubz le zenith de son propre hemisphere,
en compassant, en ligne parallelle,
la mapemonde aux humains salutaire.
III
A ce routtier qui par dimensïon
mers traversoit, son estoille recline
tant qu'il convient, pour l'elevatïon
du polle voir, que l'astralabe incline.
Mais ces haulteurs du plaustre concellées
apperceust lors, ses clartéz reculées
par retrograd, en quadrature telle
que le routtier ne scayt art ou cautelle
pour pyloter, fors que tousjours espere
que de lueur luy donnera scintelle
la mapemonde aux humains salutaire.
IV
Le monstre, adonc, par imitatïon,
suyvant la nef soubz l'equateur et signe
du Capricorne, enflé d'ambitïon,
luy rompt son mast et peril luy machine.
Ce nonobstant, mysenes desployéez,
ce marinier, sur les vagues enflées,
à l'Antartique, il tient routte et faict voylle,
laissant le North, loy primitive ; et celle
de grace il suyt, seconde Urse en la sphere,
par le moyen de la charte eternelle,
la mapemonde aux humains salutaire.
26 V
A l'Antartique, une apparitïon
d'ung astre cles le cosmographe assigne,
dont nautonniers en jubilatïon
« Ave » chantoyent, disant « l'astre designe
port de Salut. » Ces choses terminées
arrivéz sont aux isles fortunnées
où l'or croyssoit, qui tous metaulx excelle,
prés du Liban, dont distille et ruysselle
liqueur fragrant, qui le monstre contere ;
puis chascun dit qu'en l'orbe n'a pareille
la mapemonde aux humains salutaire.
Envoi.
Prince, je prens la myne d'or tant belle
pour Paradis, cosmographe je appelle
le gerre humain, le monstre, vieil Luthere,
et Marie est, sans tache originelle,
la mapemonde au humains salutaire.

INTRODUCTION
Dans les textes, ce premier est bien souvent un Allemand : aussi bien c'est d'Allemagne que
nous vient la première représentation connue d'une mine et de son paysage 68, et le premier

68 Das Feuer der Renaissance, Kramarczyk, 200579 Les « Sächsisches Hauptstaatsarchiv Dresden »
contiennent la plus ancienne représentation connue d’une mine de fer, avec tout le paysage urbain et fluvial
autour, 1530.
exposé technique de la science de la mine 69. Le langage même de la mine, en tout cas dans les
mines des Vosges, est en partie germanique70. cela vaudrait pour l'introduction à propos du
langage technique et du langage poétique...

Epave : le blabla Bernard du Poey


Les meilleurs savent d'ailleurs être éblouis en conscience ; n'en tirons qu'un exemple, qui
semble d'abord des plus topiques : l'Ode du Gave de Bernard du Poey71. Ici la Muse donne au
fleuve le don de parole72 ; ici aussi elle retrouve l'âge d'or, dans un lyrisme qu'on peut juger
convenu :
L’orfevre n’a point de peine
De chercher les mines d’or,
Ou d’argent : en ton areine
Treuve Lingos du tresor.73
La facilité du motif convient à la forme-sens qu'est le poème-fleuve, source de louanges
toujours renouvelées. C'est ce que laisse entendre les derniers vers, qui proposent néanmoins
une substitution étonnante : « Plutost te pourrois tarir, / Que ton loz je sceusse escrire, / Ce
que m'en fait divertir / Tant j'y voy encore à dire. »74. S'il faut sans doute lire : « … je cesse
escrire », expression topique de la copia, il n'est cependant pas interdit d'accepter la leçon de
l'édition et d'y entendre l'expression – tout aussi topique – de l'humble incapacité à dire la
louange, tâche immense qui dépasse les facultés du poète. Ce d'autant plus que dans le même
recueil, le « Triste chant à Canarite contre les mesdisans », Bernard du Poey donne dans ce
motif : il rencontre une dame dont la beauté l'aveugle.
Surprins fuz à l’impourveuë
Par tes yeux estincellans,
Lesquels servent à ma veuë
De flambeaux, & trais cuisans.
Ton blanc, & beau taint resemble
A la beauté de Venus,
Mais elle est tousjours ensemble
Avecques son Vulcanus. […]
Cependant je pers l'aleine,
Si ne puis ta grace avoir...75
69 Le premier à avoir exposé dans une encyclopédie le savoir de la mine est Sébastien Münster dans sa
Cosmographie universelle, à la demande du « juge des mines » de Sainte-Marie-aux-Mines, Johann
Haubinsack. mine mode emploi p. 63.
70 : les trieurs de minerai sont les « schaideurs » (de scheiden) ; cloweresses (laveuses, de klauben) et
missenaires (de la province de Meissen, migration des mineurs)
le schlak est la scorie du plomb liquide qu'écrème le mineur (allemand Schlake). Le
« houttman » est un chef mineur.
Le contremaître est un « verwaiser » Pour ces termes, mine mode d'emploi, pages 73, 78-80 et 83.
71 Bernard du Poey (1529-1576), poète en français, latin et occitan.
72 « On voit tes ondes parlantes / Lors que sors du creux rocher : / Car Muses y sont presentes », p. 5.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1512248s Toulouse : Boudeuille, 1551.


73 p. 7
74 p. 19.
75 p. 35-41.
Les symptômes de l'admiration fascinée (cécité et mutisme) sont ici causés par des pulsions
contradictoires : l'amour et la peur du mari. Celui-ci, dans une antonomase mythologique, est
nommé Vulcain : mais Vulcain est aussi l'artisan du feu ; sa rigueur cruelle pourrait bien aussi
être celle du Gave qui réserve ses « Lingots » pour autre que le poète ; aussi bien l'âge d'or
n'est jamais qu'un âge avaricieux, et la passion de l'or un « cacodémon »...

Acta Conventus Neo-latini Bononiensis, éd. 1985, R. J. Schoeck.


« The Hymni Naturales of Michael Marullus », Philip Ford, p. 475-482
475 On est souvent frappés par les contradictions apparentes entre les hymnes. Plusieurs
dieux sont nommés successivement « pères des Dieux », etc. En fait il y a deux sortes
d’hymnes : les philosophiques et les célébrations lyriques, et mille modèles antiques qui se
superposent, des hymnes homériques à Horace et Virgile. 476 « L’hymne n’est pas un genre ».
Néanmoins le recueil de Marulle possède une certaine unité, qui n’est pas due à la philosophie
de Lucrèce qu’il a édité, mais qui est finalement peu présent. L’hypotexte qui donne son unité
au recueil est les hymnes orphiques, textes du IIe siècle mais que la Renaissance donnait pour
très anciens. 477 Alors qu’aucun hymne homérique ou de Callimaque ne commence par une
adresse directe au dieu dont il est question, la chose est très fréquente dans les hymnes
orphiques et chez Marulle.

Georgii Agricolae... Bermannus, sive de re metallica, Paris : H. Gromontius, 1541


10 Les « nomina » de l’ « ars » sont « barbara quaedam substituta ».
Il appelle « metallica » « quae uel metalla ipsa sunt, uel iuxta 12 metalla reperiuntur, uel dum
in fornacibus illa excoquuntur fiunt, uel aliqua alia praeparatione ex eisdem consistunt » ce
qui correspond à Ronsard et me semble très général.

Georgii Agricolae De re metallica libri XII , quibus officia, instrumenta, machinae ac omnia...
ad metallicam spectantia non modo... describuntur, sed et per effigies... ob oculos ponuntur...
Ejusdem de animantibus subterraneis liber...
Bâle : Regis, 1621
Epître dédicatoire : f. a 2 r°« agricultura scientiarum nulla sine dubitatione vetustior, tamen
hac res Metallica est antiquior, uel saltem aequalis et coaeua »
V° évoque Vanuccio Biringuccio, « homo disertus », mais qui n’a pas parlé assez « de
venis » ; son livre a lui est divisé en « de materiis » et « de venis ».
Poème liminaire de Georgius Fabricius f. a4 v° :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5037683/f6.image
[…] Visceribus terrae lateant abstrusa metalla,
Uti opibus nescit quod mala turba suis ? [c’est parmi les arguments de défense du livre, les
métaux se cacheraient pour que la foule n’en sache pas son usage ?
3 Cite la querelle : après avoir réfuté l’idée que chercher l’or ne servirait à rien pour soi-
même, vu qu’on serait mort avant d’en profiter, passe à l’objection que la mine serait nuisible
non seulement à soi, mais aux autres : « Nunc venio ad eos qui eandem, caeteris hominibus
utilem non esse aiunt ; quia scilicet metalla et gemmae, et reliquia fossilium genera ipsis
inutilia sint. Quod contendunt 4 partim probare argumentis, et exemplis, partim convitio a
nobis extorquere. Utuntur autem primo his argumentis : Terra non occultat et ab oculis
removet ea, quae hominum generi utilia sunt et necessaria ; sed, ut beneficia benignaque
mater, maxima largitate fundit ex sese, et in aspectum lucemque profert herbas, legumina,
fruges, fructus arborum : At fossilia in profundo penitus abstrudit : Eruenda igitur non sunt.
Quia vero ipsa eruunt homines scelerati, quos, ut Poetae loquuntur, ferrea ista aetas progignit,
Ovidius eam audaciam merito insequitur his versibus :
(Nec tantum segetes… prodit bellum.)
Alterum eorum argumentum est: Metalla nullum utilitatis fructum homini praebent: Ea igitur
scrutari non debemus. Cum enim homo constet ex animo et corpore, neutrum eget fossilibus :
animi namque pastus suauissimus est contemplatio naturae, optimarum artium
disciplinarumque cognitio, perceptio virtutum, in quibus optimis rebus si se exerceat,
saturatus bonarum cognitionum epulis, nullius rei desiderio tenetur. Corporis vero natura,
quamvis victu vestituque necessario contenta sit, fruges tamen terrae atque diversi generis
animantes, ipsi suppeditant mirabilem cibi et potionis copiam, qua commodissime alitur,
augescit, vitam ad multum temporis producit. [explique que les vêtement servent au froid,
mais que le fer ne sert à rien, sinon, selon le mot d’Euripide et de Socrate :
Non opera sunt argentea atque purpura
Vitae hominum, sed magis tragoedis usui. [on ne trouve ces vers nulle part ailleurs que chez
Agricola]
Laudant etiam hoc Timocreontis Rhodii : Utinam, caece Plute, nec in terra, nec in mari, nec in
continente appareres ; sed habitares in Tartaro et Acharonte : ex te enim omnia oriuntur mala,
quae subeunt homines. Ad coelum laudibus extollunt versus Phocylidis : [Phocylide de Milet,
à qui on attribuait un poème didactique en 217 hexamètres, considéré aujourd’hui comme
apocryphe ; c’est donc une citation traduite de l’ionien du pseudo-Phocylide
Aurum atque argentum damno est mortalibus, aurum... -> natisque parentes.
Placet praeterea eis illud Naumachii : [Naumachius, poète gnomique, 73 hexamètres de la vie
domestique
---- argentum pulvis et aurum,
Pulvis …. -> sparsi.
5 Contra vituperant hos Euripidis versus :
Plutus deus sapientibus, sunt caetera
Nugae, simulque verborum praestigiae.
Item hos Theognidis :
Te pulcherrime et ô placidissime Plute deorum
Dum teneam, possum vel malus esse bonus. [Plutus, dieu des richesses, donne le paradoxe
que développe l’hymne de l’or. Il en tire encore dans Aristodème de Sparte, Timoclis et
Ménandre.
Haec praeterea premunt argumenta, Metallorum fossionibus agri vastantur : quocirca
quondam Italiae cautum est lege, ne quis metallorum causa terram foderet, et agros illos
uberrimos, ac vineta olivetaque corrumperet. Sylvae et nemora succiduntur, nam lignis
infinitis opus est ad substructiones, ad machinas, ad metalla excoquenda : sylvis autem et
nemoribus succisis, exterminantur volucres et bestiae, quarum pleraeque homini sunt cibus
lautus et suavis. Venae metallicae lavantur, quae lotura, quia venenis inficit rivos et fluvios,
pisces aut necat, aut ex eis abigit. Cum igitur incolae regionum, propter agrorum, sylvarum,
nemorum, rivorum, fluminum vastitatem, incurrant in magnam difficultatem rerum, quae
suppieditant ad victum, parandarum ; propter lignorum inopiam, majorem impensam faciant
in aedificia extruenda : palam ante oculos omnium est, plus in fossione detrimenti esse, quam
in metallis emolumenti, quae fossione pariuntur.
[Argument intéressant : plus de mal dans la mine que de bien dans le métal
Donc, les opposants à la mine clament contre elle… l’exemple de Bias !! (comme dans la
poésie morale) : … contra metalla clamant, Praestantissimum quenque virum virtutibus
contentum ea neglexisse : laudantque Biantem propterea, quod ista ludibria fortunae, ne sua
quidem putaverit : ejus enim patriam Prienem cum cepissent hostes, & sui cives, onusti rebus
preciosis, dedissent sese in fugam, interrogatus a quodam, cur nigil de suis bonis secum
efferret, respondit : Omnia mea mecum porto. [Puis un exemple de Socrate refusant d’être
payé, et d’Aristippe méprisant l’or. 6 [Puis exemple d’Anacréon (le pseudo-) puis des
empereurs, Phocion d’Athènes, Lycurgue à Sparte. Puis exemples innombrables de crimes et
de guerres commises au nom de l’or. Poètes cités en conclusion : Properce, 7 Diphile, puis
Plotin, puis à nouveau Juvénal en deux lieux. Puis il répète ce que dit Pline à propos du fer,
« cum Plinio stomachum movisset », comme Pline en avait l’estomac retourné. Il ajoute
cependant à Pline le « ferreus bombardae globus », qui brise la pierre et le marbre les plus
durs. « … de nostra aetatis impiis hominibus diceretur rectius, quam quondam de Salmoneo,
fulmina eos eripuisse Jovi, et a manibus extorsisse ». … Sed quoniam 8 bombardae, quae in
manu teneri possunt, hodie raro fiunt ex ferro, magnae nunquam, sed ex aeris et plumbi
candidi quadam mistione ; idcirco in aes et plumbum plura maledicta conferunt, quam in
ferrum. [C’est une vision naïve de l’influence de la technique sur la poésie ; je n’ai vu guère
d’exemple de cette simple translation du discours, mais c’est intéressant qu’Agricola montre
qu’il en a conscience] Cite d’autres métaux dont on fait des armes pernicieuses, et puis
Horace à propos du « plumbum liquidum » qui est un instrument de torture de son temps.
Enfin : Itaque cum natura in profundo terrae metalla penitus abstruserit, ad usus vitae non sint
necessaria, spreta sunt ab optimo quoque viro et repudiata, effodienda non sunt, et cum
effossa semper multorum et magnorum malorum causa extiterint, sequitur etiam ipsam artem
metallicam hominum generi utilem non esse ; sed noxiam, exitiosamque. Istis autem
tragoediis viri boni complures ita perturbantur, ut odium acerbissimum in metalla concipiant,
eaque prorsus non gigni velint, aut genita a nemine omnium effodi. [Intéressant qu’il ait
repéré le « tragique » de la mine, c’est en effet une lamentation] Puis Agricola promet
d’extirper l’erreur (« omnis error… extirpetur »), ce qui à propos de mine est curieux. Primum
les hommes qui accusent les métaux accusent Dieu lui-même (« non vident, se Deum ipsum
accusare et scelerum damnare »). Deinde la terre ne « recondit », ne cache pas les métaux
pour qu’on n’en use pas, mais parce que c’est parmi les pierres qu’ils sont « tanquam in vasis
propriis, et materiae receptaculis », car dans les autres éléments soit ils ne peuvent pas être
créés, parce que la matière manque, soit nés dans l’air, ils ne trouvent pas où se reposer, mais
par leur force et leur poids retombent dans la terre, « etenim in reliquis elementis aut gigni
non possunt, quod ipsis materia desit ; aut genita in aere, id quod perraro evenit, non reperiunt
locum consistendi, sed sua vi suoque pondere deorsum in terram feruntur. » Il y a là une
réponse technique (ou plutôt chimique) à un argument éthique, si je ne m’abuse. D’ailleurs il
en a conscience : Sed dicunt : quanquam metalla sunt in terra, ut in proprio sui ortus loco,
locata ; quia tamen inclusa et abdita latent in occulto, non sunt eruenda. Il répond alors
l’argument des poissons : cachés dans la mer, environnement plus étranger à l’homme
« terrenus animal » que les « terrae viscera », on va quand même les chercher. 9 Mais nous
nous nourrissons de poissons et non de métaux. Là, il accumule tous les usages des métaux
dans l’agriculture et dans le textile. Les gens qui voudraient se passer de métaux « redirent ad
glandes », « more bestiarum ». Puis Abeo ad exempla. Il reprend les exemples successifs de
Bias, Socrate et Aristippe, c’est une refutatio en ordre. Bias n’a pas pris d’objets précieux
pour éviter d’être poursuivi par les ennemis, en sage prudent [il y a ici confusion entre sagesse
et prudence je crois ; le stoïcien radical devient un bon stratège…] Il ajoute mesquinement
que Bias mépriserait vraiment l’or s’il l’avait distribué aux indigents en temps de paix, et non
laissé derrière lui en temps de guerre… C’est un argument de droite qu’on connaît, allez ! 11
Et ça continue avec un paquet d’exemples qu’il conclut par « rem non curarunt ? non
coluerunt agros ? non habitarunt domos ? » 12 Et enfin l’argument que tout le monde
attendait : le métal n’est pas mal en soi, ce sont nos vices qui le rendent mauvais. Bello etiam
causa res fossiles non sunt. Cite alors Tibulle (Divitis hoc vitium est auri, mais Agricola le
juge « non recte »), puis Virgile (auri sacra fames). La page 13 recense les différentes
manières de torturer et tuer sans user de métaux, c’est très inventif. 14 L’or est l’ornement de
la vertu comme il est la circonstance aggravante du vice ; Agricola cite à son secours Pindare,
Sappho, Callimaque et Antiphanes. Puis à qui les métaux sont utiles ? Aux médecins, aux
peintres, 15 aux architectes, aux pieux qui offrent des exvotos, aux marchands, à tout le
monde. Le mineur ne fait pas plus de mal à autrui que l’agriculteur dont le champ rapporte.
Par conséquent il est faux, le « vieux proverbe » qui dit que toute richesse est inique ou
héritière d’iniquité, Omnino verum non est illud vetus proverbium, Omnis dives aut iniquus,
aut iniqui haeres. En revanche il se range au mot du poète Naevius : Male parta male
dilabuntur… D’ailleurs les mines sont souvent mal partagées : Ubi spes aliqua metalli
effodiendi ostenditur : aut regulus, magistratusve, exturbat fodinae dominos ex possessione :
aut callidus et versutus aliquis civinus, antiquis possessoribus infert litem, ut eos aliqua
fodinae parte spoliet : aut praefectus fodinae ideo indicit domi 16 nis symbola graviora, ut, si
ea dare noluerint, vel non potuerint, omne jus possessionis amittant, ipse, contra quam fas est,
amissum usurpet : aut denique praeses fodinae venam, qua parte abundat metallo, oblinit luto,
vel terris, saxis, assere, palo tegit, ut aliquot post annis, cum domini fodinam, putantes
exhaustam, deserent, ipse metallum relictum fodiat, et ad se rapiat : praeterea colluvies
metallicorum ex fraude, fallaciis, mendaciis, tota constat. Le vice est partout autour des
mines, tout le monde vole tout le monde… Il en arrive à citer Juvénal sans le nommer.Ensuite
17 il attribue à chaque autorité le rôle qu’elle doit avoir pour une mine juste et bien réglée. Il
faut pour administrer une mine (fodina) et juger de ses conflits commerciaux un homme
« prudens, impiger, gnarus hujus artis ». Ce n’est plus le philosophe-roi, c’est le technicien-
roi… Ensuite il répond à l’accusation qu’on fait aux maîtres des mines d’être des
« mercenarii ». Il dit que c’est vrai de certains, comme de certains architectes, médecins, et
autres « artes honestae ». « Nec igitur metallica ea causa ipsarum a choro excludetur », il ne
faut pas en exclure pour autant l’art métallique du chœur des arts honnêtes. 18 fin du premier
livre.
Liber secundus, 19
Quelles sont les qualités du « metallicus » ? D’abord il doit être pieux. Puis prudent, et
descendre « frequenter » dans la mine. 20 Il faut aussi omnes laborandi rationes intueri atque
contemplari. Nec id solum agere debet, sed interdum aliquos labores suscipere : non ut in iis
se frangat, sed ut et suâ diligentiâ mercenarios excitet, et eos doceat artem. [Double accusatif :
leur apprendre leur art. Donc il y a une vertu scientifique et morale à pratiquer des arts
« interdum », de temps en temps.]
21 Il faut considérer sept choses avant de creuser une mine : Loci Genus, Habitum, Aquam,
Viam, Salubritatem, Dominum, Vicinum. Loci Genus : il y en a quatre, les deux premiers
faciles à creuser (montanum, collinum) les deux seconds difficiles (vallestre, campestre). Etc ;
23 il faut que le dominus ne soit pas un tyrannus, ce sur quoi Agricola insiste beaucoup.24
Cite Lucain, III, 468-469 pour décrire les critères pour choisir le lieu… Puis Lucrèce lorsqu’il
explique où se créent les métaux : V, 1240 et suiv. [Puis longue dissertation sur la virgula, le
bâton pour trouver les filons. 29 Liber tertius : ce sont les différentes dispositions d’un filon
dans une montagne. 55 Liber quartus : traite « de republica et officiis metallicorum » (p. 70),
c’est d’abord la géométrie des mines et le droit du sol, 70 enfin des remarques pratiques : les
ouvriers ne travaillent pas le samedi (ils achètent de quoi vivre la semaine), ni le dimanche
(sacris operam dant). Le reste du temps ils travaillent absolument sans interruption : Porro
totum hoc genus operariorum durum est, et ad labores natum. (Porro = d’ailleurs). Il appelle
l’ouvrier « operarius, ii ». Liber quintus : il va s’agir de la technique pour creuser une mine.
74 Les galeries horizontales sont des « cuniculi », les puits les rejoignent à la verticale.
Parfois une galerie intermédiaire est appelée « krypta » en grec : elle n’a pas de sortie, elle est
creusée à partir du fond d’un puits ; les kryptai sont « latentes et occultae ». [pour le secret.
Ensuite traite longuement de la manière de reconnaître une terre féconde en métaux précieux.
80 On brise les plaques de métal entrouvertes (bracteae crispatae) en enflammant des bouts de
bois. Puis il explique comment faire tenir un puits et une mine et que tout ne s’écroule pas.
Ensuite beaucoup de géométrie des triangles, pour faire se rencontrer le puits et la galerie. 107
Liber sextus : les « ferramenta », les outils des mineurs et des forgerons. 110 Ligo (la faux),
batillum (la pelle) sont des noms de dictionnaire. Rutrum (la truelle) et modulus (115, le
seau), est par contre dans le De Architectura au livre VII, et peut-être qu’il y a là la source de
« la truelle crossée » pour Ronsard ? Ou en tout cas ce qui autorise son usage] et bulga (sac de
cuir), est dans Münster. « fornacula » (176) est un mot d’alchimistes. « Mortariolum » (183, la
coupelle) est un terme biblique (Nombres, VII). [Dans ce livre six, plus on avance dans les
puits, plus ils sont élaborés ; le dernier est une véritable machine aux dimensions
surhumaines, p. 120. 174 Liber septimus : il va s’agir de traiter le minerai, ce dont pas plus
que les anciens, « aetate posteriores nihil de eo scripserint ». C’est le plus technique des
chapitres : il traite de la fonte et de la manière d’évaluer la valeur d’un filon (vena ; la dernière
gravure est une balance). 208 Le livre huit est le « majus opus », celui qui traite de l’affinage
des métaux. 216 la confection des « ollae », des marmites en terre par un potier, fait partie du
travail de la mine. L’acmé technique est peut-être la machine de la p. 234 qui « una auri
venam uno eodemque tempore tundat, molat, lavando purget, cum argento vivo permisceat
aurum ». Le livre neuf est sur les fourneaux. Catinus : le creuset. 350 Il me semble qu’il y a là
l’explication de l’emblème de Corrozet : « Fovea cui ligna super posita sunt », fossé sur
lequel sont posé des bâtons. Il en sort du plomb par le catinus, comme un fourneau sauf que
ça n’en est pas un. Le plomb « goutte » du filon (stillat, dit Agricola). 354 Liber decimus :
c'est du raffinement des métaux alliés. Le verbe est « discernandi ». 363 un fourneau dans un
décor à l'antique : annoblissement. 393 Liber undecimus : de même. 439 Liber duodecimus :
les « succos concretos », qui ne sont pas à proprement parler des métaux, c'est le déchet des
minerais. Mais pas seulement : il s'agit des vitriers par exemple à la fin. Cette édition est
suivie du De animantibus subterraneis. **
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5037683/f14.item

Banderier, Gilles. “NOTES SUR CHRISTOFLE DE GAMON.” Bibliothèque D'Humanisme


Et Renaissance, vol. 65, no. 2, 2003, pp. 317–329. JSTOR, JSTOR,
www.jstor.org/stable/20680585.
Christofle de Gamon (1576-1621)
319 La bibliographie contient quatre poèmes inédits, dont un sur le manuscrit d'oeuvres
d'Henri de Linthaut, bruxellois (1570?-1620?) qui a publié en 1610 un commentaire, dédié à
Jacques Ier d'Angleterre, du Tresor des Tresors de Gamon (Lyon : Claude Morillon).
323 La Semaine de Gamon a connu plusieurs rééditions mais une seule traduction en latin de
sa première journée (par une femme, Jaqua Françoise Pautrard), tandis que celle de Du Bartas
a été traduite en latin par Du Monin (1579) puis par Gabriel de Lerm (1583).

Semaine, troisième journée : le goût de la variété et le dédain du fer familier.

Tibulle, élégie I, 1, Les Belles Lettres, 1926, éd. Max Ponchont.


La première élégie est une très simple espérance de vivre pauvre et en repos, plutôt que riche
et agité : rien sur la mine ni sur les arts du feu.

Chapitre 1./ La querelle de la mine dans la poésie


→ L'« Hymne de la terre » de Marulle donne dès la fin du XVe siècle le modèle d'un discours
poétique épidictique sur les bienfaits et les méfaits de creuser une mine, débat qui se poursuit
sur la totalité du siècle.
I./ Révéler la mine : poésie, xylographie
→ Le poète, dont la fureur inspirée révèle ce qui reste caché au vulgaire, est alors investi du
devoir de révéler par les vers les dons cachés de Gaïa ; devoir qui se double de piété ou
d'indignation, selon que les métaux seront considérés comme les dons bienfaisants de Gaïa ou
le péché originel de l'homme. Dans quelle mesure l'épiphanie poétique diffère-t-elle des
représentations visuelles des mines que nous ont laissées les graveurs de la Renaissance ?
-Fracastor (Syphilis) et ses imitateurs ; Agricola et ses comparses ; Esculape et Dionysos...
II./ Terre antique et mine renaissante : « qui primus… »
→ Dans quelle mesure l'imitation du thème ovidien de l'âge de fer s'est-elle adaptée, chez les
poètes, aux réalités socio-techniques de la Renaissance ?
-Ovide ; Marulle ; Ronsard ; Jacques Béreau...
III./ Mine et civilisation
→ Comment les mines, et surtout les mines d'or et d'argent, ont-elles été intégrées et
réquisitionnées à la gloire (d'un pays, d'un roi, d'une région...) célébrée par les poètes ?
-L’Ambivalence de l’or ; « l'Hymne de l'or » et ses imitations ; la poésie géographique...
Bachelard, « rêverie cosmique », dans La Poétique de la rêverie (HS)
Bernard d'Espagnat, Traité de physique et de philosophie, 2002 : « délai d'inculturation » pour
que la science rentre dans la culture scientifique.

La métallurgie de la Haute-Marne, cahiers du patrimoine, 1997


« La sidérurgie haut-marnaise au Moyen Âge (XIIe-XVe s.) », p. 17-34

Pierre Lemonnier, « À propos de Bertrand Gille : la notion de « système technique » »,


L'Homme, 1983, 23-2, 109-115

Esculape et Dionysos, Marie-Madeleine Fragonard, « Imaginaire du monde souterrain et


sciences expérimentées », p. 343-353
R. F. Tylecote, A History of metallurgy, 1992
Chap. 8, “Post-medieval metallurgy”. 95: les livres d’Agricola et de Biringuccio suivent la
tradition de Theophilus. Biringuccio écrivant en italien fut moins renommé qu’Agricola. La
demande fut d’abord militaire, en fer.

Technique, mot et image : le De re metallica d'Agricola, Marie-Claude Déprez-Masson


Avant-propos : 8 André Leroi-Gourhan décrit le DRM comme « l'extériorisation de la
mémoire technique » jusqu'ici orale.
13 « indépendamment de tout éventuel mépris envers les simples ouvriers manuels, les élites
n'avaient guère l'occasion de voir pratiquer ces activités métallurgiques et minières ».
Agricola et l'univers métallurgique et minier :
35 Agricola, de père teinturier-drapier, a hérité des intérêts de celui-ci : l'alun, précieux
mordant vendu à prix d'or, fait l'objet d'une longue explication par exemple (monopole papal
sur l'alun de la Tolfa).
A. publie d'abord en 1520 un traité de grammaire latine. C'est un didacticien.
38 Comme médecin, A. soigne les malades de la peste ; après la mort de sa fille de cette
maladie, en 1554 il publie De peste libri III.
57 A. est très appliqué à l'exactitude des termes. Dès le De natura fossilium il esst fâché que
botrytes désigne 3 pierres différentes ou que l'ambre porte en latin quatre noms, succinum,
electron, caraben et ambra.
Le livre de l'institut Max Planck

Marco Beretta, « Humanism and the Emergence of Early Modern Chemistry : The Spread of
Georgius Agricola's Metallurgical Writings », p. 7-30
7: outside the chemical tradition. La fondation de la chimie est réservée à Paracelse dans son
refus de la physique aristotélicienne. 8 : chez Paracelse l'experiment est supérieur à la dispute
philologique.
8 : pour Paul Oskar Kristeller dans Renaissance Thought, New-York : Harper, 1961, p. 10,
l'humanisme se définit par une attention à certains domaines précis : grammaire, rhétorique,
poétique, histoire, philosophie morale. Exclut la logique, la philo naturelle, la métaphysique,
les mathématiques, l'astronomie, la médecine, la théologie, qui sont pourtant des repères de
l'humanisme de la Renaissance. 9 : d'autres critiques au contraire, comme Eugenio Garin, Gli
umanisti e la scienza, 1961, considèrent que l'humanisme et la science sont indiscernables.
Découverte d'un texte ancien = considérée comme une découverte scientifique [à la nuance
près que découverte, ici = redécouverte.
11 : l'intérêt d'Erasme, sa participation même (le livre contient une lettre-préface d'Erasme)
montre qu'il ne s'agit pas uniquement d'un travail scientifique vu qu'Erasme ne s'intéresse pas
à la science d'habitude. L'un de ses Colloquia intitulé « L'Alchimiste » est même opposé à
l’alchimie. 13 : de même le Bermannus se moque des indocti et inepti Chymistae.
12 : la démarche d'Agrcola est humaniste : les res et les nomina ont été oubliés pendant
aliquot seculis ; on leur a préféré des noms « barbares ». Les sources ne sont pas arabes et
médiévales, mais antiques : Hippocrate, Galien, Dioscoride, Pline, Vitruve, Orbasius. 20 :
Agricola par exemple récuse l'association planète-métal, dont il rend reponsables les arabes et
Albertus Magnus. 21 : Au contraire, une observation de Lucrèce sur la naissance de certains
minéraux à la ssuite de feux de forêts (V, 1241-1257) est reprise comme absolument certaine,
comme observation de la nature tout court.
13 Selon Halleux et Yans, 5 règles por nommer les minéraux : 1 : utiliser le latin classique 2 :
spécialiser les termes latins lorsqu'ils sont trop généraux 3 : utiliser des circonlocutions si
nécessaire 4 : traduire en latin les termes allemands 5 : Eventuellement, latiniser les termes
allemands lorsque pas d'équivalent. Ce sont donc les mêmes règles que Gesner ou Andreas
Caesalpino ont appliqué à la botanique.
15 : Agricola propose parfois des distinctions entre des métaux sur la base de leurs réactions à
certaines opérations chimiques, ce qui est quasi inconnu des Anciens.
18 : Agricola n'hésite pas à renouveler entièrement le savoir technique, comme au sujet de la
branche fourchue (virgula divina) utilisée dans la prospection, qu'Agricola rejette. 19 : ou les
démons des mines, les gnomes, dont Agricola ne réfute pas l'existence daans son De
animantibus subterraneis liber en 1549.
24 : Le succès d'Agricola se mesure à sa présence dans les bibliothèques privées d'un grand
nombre de chimistes.

Voir dans L'Apparition du livre, 1958, p. 418-420, l'importance des bois d'Agricola dans
l'histoire du livre.

Halleux, « La nature et la formation des me´tauxselon Agricola et ses contemporains », Revue


d’histoire des sciences, t. 27, n. 3 (1974), p. 211-222.
212 Premier obstacle, la langue : le mot metallum désigne à la fois le métal, la mine et le
minerai (mais surtout la mine, sens du grec metallon). C’est le cas aussi du mot polysémique
mine en ancien français. Le nombre des sept métaux est dû à une correspondance
astrologique.
213 Ainsi la définition des métaux par Agricola (matière fusible par le feu, qui revient à sa
forme première lorsque refroidie) « heurtait à la fois les aristotéliciens, les astrologues et les
alchimistes ». 214 Cardan la cite avec éloge mais préfère s’en tenir au consensus.
222 Halleux note que Jacques Aubert se réclame d’Agricola dans sa querelle alchimique avec
Du Chesne.

des exils : avant elles, « Les marchez n'estoient point, ny les peaux des ouailles / Ne servoient
aux contacts : les paisibles orailles / N'entendoient la trompette : ains la Tranquillité... »
(« Élégie IIII », Rons., t. II, p. 332, v. 65 et suiv.). « orailles » v. 66 : bordure, orée (<ora)
« Ora » et « qui primus » sont dans le premier vers de L'Enéide :
Arma uirumque cano, Troiae qui primus ab oris
Italiam fato profugus Lauiniaque uenit
litora...
« [J]e chante [les armes] et l'homme qui, premier, des bords de Troie vint en Italie, prédestiné,
fugitif, et aux rives de Lavinium... » (en excluant les faux quatre premiers vers). p. 4-5 de
l'Enéide, livres I-IV, éd. et trad. Jacques Perret, Paris : Les Belles Lettres, 1992.

[donc c'est l'épopée dans son principe même qui est déploré ; l'état de nature est celui avant
l'arrivée d'Enée ; Virgile sera dit l'inventeur de l'orfèvrerie dans un autre poème...

Plutôt qu’inventions, Francesca Bray et Liliane Hilaire-Pérez préfèrent parler de «


coproduction globale et d’un processus d’appropriation imbriquée », appuyant alors
singulièrement sur le rôle des « passeurs » entre les continents, comme les Arméniens dans
le cas des arts du feu, Francesca Bray et Liliane Hilaire-Pérez, ibid., « Introduction » op.
cit., p. 13.
Pierre Lemonnier, « À propos de Bertrand Gille : la notion de “système technique” », dans L'Homme, 1983, vol.
23, n° 2, p. 109-115.

Je te salue, ô Terre, ô Terre porte-grains,


Porte-or, porte-santé, porte-habits, porte-humains,
Porte-fruicts, porte-tours, alme, belle immobile,
Patiente diverse, odorante, fertile,
Vestue d'un manteau tout damassé de fleurs,
Passementé de flots, bigarré de couleurs. (3e journée, v. 851-856

Anne-Françoise Garçon et André Grelon (dir.), Penser la technique autrement, XVIe-XXe


siècle. En hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, Paris : Classiques Garnier, 2017, p. 61
Marcus Popplow, « Nouveau, utile et ingénieux. Les ingénieurs de la Renaissance, inventeurs d’un
discours sur la technique », p. 59-72.

Gallica intra muros : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb35012600d

Science and the Secrets of Nature. Books of Secrets in Medieval and Early Modern Culture,
1994, William Eamon
Introduction
4 Ce qu’il appelle livre de secrets est en fait des livres de recettes : “To the modern reader,
they more closely resemble how-to books than magic books”. Mais il pretend que les secrets
avaient plus de poids avant le XVIIe : 5 “The Scientific Revolution exposed and neutralized
nature’s “secrets””.
Pourtant il cite une certaine Elizabeth Eisenstein, The Printing Press as an Agent of Change
Secrets in the Age of Printing
94 L’imprimé a formalisé la frontière entre culture populaire et savante plutôt qu’elle ne l’a
abolie. EE distingue « print culture » et « scribal culture », la première étant bien plus ouverte
aux artisans que la seconde. 105 Mais il serait caricatural de parler de deux groupes
monolithiques, « culture de l’élite » et « culture populaire ». « The vernacular scientific
literature of the sixteenth century resulted from a discourse that took place along a continuous
spectrum, not from a dialogue between two monolithic groups, « lay » and « learned » ».
112 Une section “Printing and the Secrets of the Arts: the Kunstbüchlein”. Les mondes
artisanaux et littéraires ne se fréquentent pas traditionnellement. 113 Le fait d’être lettré
commence à faire concurrence à l’appartenance à une guilde ou un compagnonnage comme
condition nécessaire à être un artisan. Le « laboratoire » de l’artisan, son atelier, devint alors
plus proche de l’intellectuel. 114 Son exemple-type est le Rechter Gebrauch d’Alchimei, bon
usage de l’alchimie, paru à Frankfort en 1531 ; l’ouvrage prétend ne pas s’adresser aux
alchimistes seulement mais à tous les artisans, et ne pas avoir pour but la création de l’or, la
pierre philosophale etc. 116 Il y a un « doggerel verse » dans ce manuel :
Eight things follow alchemy :
Smoke, ash, many words, and infidelity,
Deep sighing and toilsome work,
Undue poverty and indigence.
If from all this you want to be free,
Watch out for Alchemy.
117 Dans sa Pirotecnia, Biringuccio note aussi que les arts du feu ont à voir avec l’alchimie. Il
distingue d’ailleurs le bon et le mauvais alchimiste.
119 Un Bergbüchlein, Von Stahel und Eysen (de l’acier et de l’airain), 1532, s’adresse « for all
armorers, goldsmiths, girdlemakers, engravers of seals and dies, and all other skilled artisans
who use steel and iron ». Le livre se donne lui-même pour un condense de savoir alchimique
applicable pratiquement.
124 Outre les signatures des artisans dans les congrégations, on peut avoir une idée de la
part d’artisans lettrés grâce aux ventes de livres techniques par les imprimeurs. Harder
vendit de très nombreux manuels techniques à des prix souvent bien plus bas que les
romances ou les tracts religieux.

Pamela O. Long, Openness, Secrecy, Authorship. Technical Arts and the Culture of
Knowledge from the Antiquity to the Renaissance, Baltimore, Londres, John Hopkins
University Press, 2001.
2 This book argues that from the early fifteenth century there was closer interaction between
the technical arts, political power, and knowledge.
Aristote hiérarchise trois aires d’activités humaines : la technè, la praxis et l’épistémè.
5 Pamela Long pense qu’en matière de propriété intellectuelle, la pensée a précédé
l’expression et qu’au Moyen Âge on avait déjà une idée d’elle.
102 Chapitre 4, « Authorship on the Mechanical Arts in the Last Scribal Age ». Italie du Nord
et Allemagne du Sud ont connu de nombreuses impressions de livres à propos des arts
mécaniques au XVe. Double thèse de P. Long : premièrement, qu’une nouvelle alliance de
technè et praxis a fait des « constructive arts » une marque de légitimité du pouvoir ;
deuxièmement, que la « culture of knowledge » a été influencée fortement par ces livres
imprimés à propos des arts mécaniques, qui se multiplient surtout au XVIe.
[Ce qui l’intéresse dans ce chapitre, c’est surtout le théâtre des machines, machines souvent
jamais utilisées : celles qui sont utilisées sont rarement représentées en détail dans les
ouvrages…
129 Il y a eu des « artisans-auteurs » en Italie. Cellini par exemple, Filarete, Ghiberti était un
maître de forges et écrivit en 1447 des Commentarii, etc. pantoufle.
143 Chapitre 5 : « Secrecy and the Esoteric Traditions of the Renaissance ». 144 L’alchimie
est toujours à la frontière entre l’occulte et le savoir ouvert des humanistes. 146 « Alchemy
failed to find acceptance within the curricula of the medieval universities, and it came under
increasing attack with a backlash that had set by the end of the thirteenth century ». Selon
Palema Long, le problème était que l’alchimie inclut des savoirs artisanaux « such as dyeing
and metallurgy ».
173 Ceux que Long définit comme des alchimistes néoplatoniciens (Ficin, Agricola,
Paracelse, Bruno) se caractérisent par leur éclectisme et par leurs valeurs utilitaires, mais aussi
(contrairement à la tradition alchimique) par une volonté de faire œuvre d’auteur,
contrairement aux usages précédents de l’alchimie.
Chapitre 6 : « Openness and Authorship I : Mining, Metallurgy and the Military Arts », p.
175.
184 Tout le monde sait qu’Agricola est un humaniste ; mais peu savent qu’il est né chez des
artisans et qu’il a gardé contact avec des artisans toute sa vie.

Pierre Hadot, Le Voile d’Isis. Essai sur l’histoire de l’idée de Nature, coll. « foli essai »,
Gallimard, 2004.
Avant-propos : 15 Plutarque rapporte cette inscription antique sous une statue d’Isis : « aucun
mortel n’a soulevé mon voile ».
[Le premier chapitre retraduit précisément Héraclite et conclut que « ce qui naît tend à
disparaître », c’est-à-dire que tout est à l’état de métamorphose, même ce qui nous semble le
plus stable a un jour de naissance et un autre de mort.
Partie V : « L’attitude prométhéenne. Le dévoilement des secrets par la technique »
Chapitre 10 : « Mécanique et magie de l’Antiquité à la Renaissance ».
144 Problemata mechanica, texte péripatéticien du IIIe s. av. : « Provoquent l’étonnement
toutes les choses qui arrivent conformément à la Nature, mais dont nous ignorons la cause,
mais aussi toutes les choses qui, arrivant d’une manière contraire à la Nature, sont produites
par la technique (technè) pour l’intérêt des hommes », sur la merveille que provoque la
technique.
147-148 Bertrand Gille a montré que, contrairement aux clichés répandus, les Grecs ont bien
donné naissance à la technologie.
Dans le chapitre 12 « La critique de l’attitude prométhéenne », distingue « la vaine
curiosité », la « critique des techniques qui forcent la nature » : ici il cite Ovide sur la mine,
ainsi que Sénèque (Lettres à Lucilius, 110, 10-11) et Pline (XXXIII, 2-3, XXXVI, 1-8 et II,
158). Il cite aussi L’Etna, le poème anonyme. Enfin Hadot cite le « primitivisme », c’est-à-
dire la nostalgie.
Partie VI : « L’attitude orphique. Le dévoilement des secrets par le discours, la poésie et
l’art »
215 L’attitude orphique a pour principe que la connaissance de la nature est « conjecturale ».
220 « Il n’est pas nécessaire que ces hypothèses soient vraies », écrit le théologien luthérien
Osiander dans son prologue au De revolutionibus de Copernic. 236 Un autre principe est que
la vérité est « fille du temps », et du temps long : la connaissance de la nature implique une
pieuse patience.
Chapitre 15 : « L’étude de la nature comme exercice spirituel ».
Chapitre 17 : « Le modèle poétique »
273 À propos du bouclier d’Achille : « Le poème fait exister dans l’univers sonore à la
fois l’œuvre d’art d’Héphaïstos et tout l’univers que cette œuvre d’art représente, la
beauté des choses divines et humaines, dont l’œuvre d’art est elle-même la
description. »
La Nancéide, Pierre de Blarru [1518], éd. et trad. Jean Boës, Nancy : Association pour
la Diffusion de la Recherche sur l'Antiquité, 2006.
Pierre de Blarru : 1437-1510.
Préface
VII Au grand soulagement du roi de France Louis XI, le duc de Bourgogne, le 5 janvier
1477, perd la bataille de Nancy, écrasé par les forces alliées du duc de Lorraine ; il est
ainsi définitivement humilié.
VIII Le poète écrit une épopée humaniste mais chrétienne : saint Epvre soutient les
Lorrains, saint André les Bourguignons.
La préface absolument magistrale montre que Petrus de Blarru Parisiensis désigne une
origine alsacienne : celle de Blancrupt où se trouve l'abbaye de Pairis, et non Blaru et
Paris ce qui serait contradictoire.
6, v. 96, dans un éloge du pays Lorrain :
... Ac pregnans est diuite terra metallo,
sulphureasque vtero venas habet... (La terre porte en son sein des métaux précieux ; ses
entrailles renferment des veines de souffre... La trad. porte le même numéro de page.
Suit un éloge du sel que contiennent les terres, p. 7)
Livre I, p. 15, v. 434-435, le duc de Bourgogne répare les armes brisées par ses
premières batailles :
.. atraque lassat
brachia fabrorum, reparatque incudibus enses. (Il épuise les bras noircis des forgerons, à
qui il fait réparer les épées sur l'enclume.)
Livre II, p. 27 v. 85 L'artillerie frappe indiscreto ictu, « au hasard ».
Livre III, p. 63 v. 545 Charles de Lorraine fait tirer l'artillerie contre ses propres murs où
sont infiltrés les Bourguignons.
« ... multo
cum Cyclope, dei similis... » (semblable à un dieu qu'aident de nombreux Cyclopes).
v. 557 « ... atque malorum
mole repercussus crebro, callosior esse
iamdudum inceptat durus post verbera ciuis
longa, velut ferrum quod fabri obduruit ictu. » (... sous l'effet répté de tous les maux qui
le frappent, le Nancéien, à force de prendre des oups depuis longtemps, commence à
s'endurcir, comme le fer, qui devient plus solide sous le marteau du forgeron.)
IL y a six livres.

Tibulle, Elégies, éd. et trad. Max Ponchont, Paris : Les Belles Lettres, 2007.
I, 10, p. 75
Quis fuit, horrendos primus qui protulit enses ?
Quam ferus et uere ferreus ille fuit !
Tum caedes hominum generi, tum proelia nata
et breuior dirae mortis aperta uia est.
An nihil ille miser meruit, nos ad mala nostra
uertimus, in saeuas quod dedit ille feras ?
Diuitis hoc uitium est auri, nec bella fuerunt,
faginus astabat cum scyphus ante dapes...
Quel homme était celui qui le premier produisit l'horrible épée ? Quel être féroce, oui,
quel coeur de fer il était celui-là ! Alors les meurtres, alors les combats naquirent pour le
genre humain, et une route plus courte s'ouvrit à la cruelle mort. Ou plutôt ce
malheureux fut-il en rien coupable, si c'est nous qui employons à notre destruction
l'arme que, lui, nous a donnée contre les bêtes sauvages ? C'est la faute de l'or qui
enrichit, et la guerre n'existait point au temps où ne se dressait devant les plats qu'une
coupe de hêtre... (v. 1-8)
(à ajouter à la mine)

Yvonne Verdier, Façons de dire, façons de faire. La laveuse, la couturière, la cuisinière,


Paris : Gallimard, 1979. C'est une étude du mundus muliebris à Minot au milieu du XXe
siècle.
TH 313 Les pots brisés sont un rituel de noces qui signifie sans doute que la grand-mère
ne pourra plus enfanter car c'est le tour de la mère : passation qui ne va pas sans pots
cassés.

Les Mots de la guerre dans l'Europe de la Renaissance, dir. Marie-Madeleine Fontaine et


Jean-Louis Fournel, Droz, 2015
Introduction, Marie-Madeleine Fontaine et Jean-Louis Fournel
15 Les autorités anciennes, publiées collectivement pour la première fois par Giovanni
Antonio Sulpizio da Veroli, Rome, 1487 : Vvégèce, Frontin, Elien, et le pseudo-Modestus.
Emmanuel de Crouy-Chanel, « Précision, création et circulation du vocabulaire de l'artillerie à
la Renaissance : qu'est-ce que le « basilic » de Rabelais ? », p. 29-51
30 Rabelais emploie les termes d'artillerie surtout pour leur potentalité imaginaire, par
exemple « spirole » qui est un hapax.
31 Un ambassadeur écrivant à Pierre de Médicis donne les artilleurs français pour excellents
dans l'expédition italienne de Charles VIII en 1494-1495 mais les décrit comme « par nature
un peu vantards ».
32 Au XVe siècle, les premières artilleries sont baptisées par des « noms appartenant comme
celui de couleuvrine à la famille des reptiles », comme le « crapeaudin » puisque le crapaud
est un reptile au Moyen Âge. Puis au début des années 1470, « faucon » apparaît.
34 « La réaction des Etats méditerranéens au défi posé par l'artillerie français fut
particulièrement volontaire, rapide et massive. Elle témoigne et de l'existence de politiques
étatiques en matière militaire, et de la rapidité avec laquelle pouvait se diffuser dasn cce
domaine des innovations techniques. » Le rattrapage de l'artillerie française s'est fait en
quelques décennies. 35 L'Italie décide de suivre « le système français » de terminologie.
47 « Le passage d'un mot entre deux langues, ou entre deux registres de langue, suppose un
point de contact entre les locuteurs de ces langues. L'enseignement d'une technique (par
exemple ici, l'intervention des techniciens ottomans sur le chantier naval de Suez) peut en être
n. Mais le conflit militaire en est un autre, et puissant. »
« Ingénieur (1540), citadelle (1543), bastion (1546) : apparition et assimilation progressive de
termes italiens dans le langage de l'architecture militaire aux Pays-Bas des Habsbourg »,
Pieter Martens, p. 105-140
111 La fortification contre l'artillerie, appelée « alla moderna » en Italie, est leur invention.
137 « les mots apparaissent souvent avec plusieurs années de retard par rapport aux choses
qu'ils décrivent : preuve que la nouvelle terminologie n'était pas indispensable à la pratique
sur le terrain ». « l'absence de nouveau terme n'implique pas nécessairement un manque de
modernité ».

Michel Simonin, L'Encre et la Lumière, Droz, 2004


« Le statut de la description à la fin de la Renaissance », p. 163-177
164 Béroalde de Verville dans Le Moyen refusant de décrire le « paîs d'Alsassie » : « si vous
n'y avez esté cela ne vous servira rien de le vous descrire, pource que vous n'y cognoistrez
rien, & si vous y avez esté, c'est assez, cela vous importuneroit de le rapporter, sinon allez-y ».
177 « L'émancipation de la description passe dans la seconde moitié du XVIe siècle par le
détour des savoirs allogènes ; elle est favorisée par la réhabilitation post-tridentine de
l'image » (post-concile de Trente).
« Ronsard et la poétique des OEuvres », p. 237-251
Michel Simonin commente : « Ecrivain de la quête de la liberté ».

Tous vos gens a latin. Le latin, langue savante, langue mondaine (XVIe-XVIIe siècles), Droz,
éd. Emmanuel Bury, 2005
Jean-Marc Mandosio, « Encyclopédies en latin et encyclopédies en langue vulgaire (XIIIe-
XVIIIe siècle) », p. 113-136
135 Le vulgaire n'est pas la langue des ignorants, mais est « associé au trairement de
questions d'ordre pratique (éthique, politique, arts mécaniques), qui va de pair avec le public
non universitaire auquel on s'adresse ». Mais « ce rapport évolue dans le temps : à partir du
XVIIe siècle, l'encyclopédisme en langue vulgaire se fait plus ambitieux, surtout en France ».
126 Par exemple Lo specchio di scienza universale, de Leonardo Fioravanti, 1564, dans la
section des arts, il est surtout question des arts mécaniques.
Jacques Paviot, « Le latin comme langue technique : l'exemple des termes concernant le
navire », p. 257-263
263 L'usage du latin dans l'art de naviguer s'explique par « un appel par le haut, ce qui nous
prouve le grand pouvoir de réception de nouveaux mots ou de termes usuels par le latin
médiéval » ; il note qu' « un certain nombre de mots des langues vernaculaires ne nous sont
connus que sous leur forme latine ». Pour Jpaviot le latin technique des XVIe-XVIIe est
« littéraire » et a « perdu tout rapport avec la réalité ».

Acta Conventus Neo-Latini Amstelodamensis


Inséré

Jean-Philippe Lecat, Le Siècle de la Toison d'or, Paris : Flammarion, 1986.


C'est le XVe siècle... Commence par rappeler qu'au XVe siècle espagnol naît un Ordre de la
Toison d'Or.
Mais les dernières pages comparent Paysage avec forge d'Herri met de Bles (1510-1555) à
l'Enfer de Bosch : 174 : « Son Paysage avec une forge n'est sans doute que ce qu'il paraît : une
description attentive de la nouvelle société technique. L'homme s'est approprié l'énergie et les
ressources de la nature. Le Moyen Âge est bien fini. Mais quant à ce que l'homme allait faire
de l'homme, Bosch n'en augurait rien de bon. »

Michel Dassonville, Ronsard. Etude historique et littéraire. II, À la conquête de la Toison d'or
(1545-1550), Genève : Droz, 1970.
La période avril 1549-janvier1550 est nommée par MD « La nef Argo » 101, mais on ne
comprend jamais le pourquoi de cette métaphore. [Pire, l'auteur semble dire que le premier
livre d'odes que publie Ronsard est mauvais...

Pseudo-Salomon Trismosin, La Toison d'Or ou la Fleur des Trésors [princeps : Aureum


Vellus, Rorsach : s. n., 1598], éd. Bernard Husson, Paris : Bibliotheca Hermetica, 1975.
Préface de René Alleau
97 Onzième miniature allégorique : « Le Vieillard au bain-marie ». 98 Interprété par une
citation du pseudo-Platon : « et opus Alchymicum in vanum erit nisi antea fuerit
putridum », la purtréfaction est nécessaire au Grand Oeuvre.

Les Grecs déjà situaient des divinités métallurgiques, les Telchines, dans les mers
lointaines ; ils sont décrits ainsi par Jean-Pierre Vernant : « [m]étallurges au regard
délétère, magiciens toujours malfaisants, puissances primordiales dans les traditions
rhodiennes, les Telchines sont au centre d'une configuration mythique » à travers
laquelle « nous pouvons atteindre certains aspects de la métallurgie comme forme
d'activité en même temps que plusieurs traits du forgeron comme type d'homme :
rapports de la métallurgie avec l'activité agricole ; relations du forgeron et du travail des
métaux avec la mer, son espace, ses puissances, sa fonction cosmogonique ;
représentation de l'agent métallurge : son mode de démarche, la forme de ses membres,
ses instruments de préhension »76. La monstruosité du forgeron n'est pas un prodige
tenant du merveilleux chrétien, mais une anormalité tenant du merveilleux païen, voire
démoniaque.

L'archer Cupidon est une des allégories les plus récurrentes, tantôt allégorisant l'oeil de
l'amante (dès l'emblème V), tantôt antithèse aveugle de cet oeil lumineux (dès l'emblème VI).

Fourbisseur : emblème LII aussi.


Emblème : l'art mécanique est obscur :
Verdun-Louis Saulnier, Maurice Scève (ca. 1500-1560), I, Genève : Slatkine, 1981

Hélène Diebold
Maurice Scève et la poésie de l'emblème, Paris : Classiques Garnier, 2011.
421 « le poète a tendance à transformer la description en sculpture, ou travail d'orfèvre,
à l'image du Fourbisseur »

Pour les objets domestiques : le blason de la maison,


https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8609510f/f8.planchecontact . Et évidemment les
économiques comme la thèse de Koji les utilise.

76 Jean-Pierre Vernant, op. cit., p. 245. C'est le même « merveilleux métallurgique » qui préside à la description
de l'atelier d'Héphaïstos au chant XVIII de L'Iliade ;
Homère, éd. Pléiade
Chant XVIII, p. 421-fin : d’abord Thétis va dans l’atelier d’Héphaïstos qui est décrit. Il est merveilleux, les
trépieds, les soufflets, les servantes en or bougent d’elles-mêmes. Le bouclier d’Achille est préparé, mais la
disposition des cinq plaques protectrices est décrite au chant XX.
Véronique Macrou, L’Ambivalence de l’or à la Renaissance. Ronsard, d’Aubigné,
Shakespeare, L’Harmattan, 1998.
7 or=point de convergence des tensions de la Renaissance.
10 Tout travail est à la Cour considéré comme de la roture et même la poésie ; D’Aubigné
avoue avoir dans sa jeunesse, pris honte de son savoir et « jeté livres au feu devant les
compagnons pour faire le bravache à la mode ». Le statut de poète de cour se « précarise ».
12 Le métier, comme l’indique Max Weber dans son livre sur le protestantisme, devient la
seule certitude de salut, une véritable vocation.
14 « or » (au sens de métal) est l’un des mots les plus fréquents chez Ronsard, 370
occurrences.
20 Le livre au MÂ est un don de Dieu et doit être donné gratuitement. Mais à la Renaissance
les livres deviennent des biens de consommation courante, difficile de donner son livre quand
il faut bien vivre… ce changement « place le poète dans une position incommode, tiraillé
entre les exigences de structures mentales chrétiennes qui ont perdu toute adéquation avec la
réalité, et la nécessité de vivre. »
23 Ronsard a un rapport ambigu à la religion chrétienne, Abbrégé sur les Muses « tu les
tiendras chères et sacrées, comme filles de Jupiter, càd de Dieu ».
26 « L’Hymne de l’or » est un poème de jeunesse qui résume la posture de Ronsard face à ces
questions et constitue aussi une sollicitation matérielle de mécénat.
29 L’or est capable de reconstituer une parcelle d’âge d’or mais aussi de dévaloriser tout ce
qu’il touche ; en particulier l’amour, qui devient vénal, v. 147-153.
31 dans l’Hymne des astres, l’or est un élément de la triade des métaux (or, argent, fer) qui
sont responsables de tous les malheurs du monde.
59 L’or est toujours un métal utilisé pour sublimer, et en particulier en contexte religieux
(dans les bâtiments religieux). Mais « l’or feint », la dorure, est boudée des peintres qui
restent soucieux de se distinguer de l’artisanat dont le savoir est requis pour une telle pose.
65 Ronsard « dore » volontiers ses protecteurs et mécènes.
112 La circulation sanguine n’est inventée qu’en 1628 par Harvey mais le sanf, flux vital, est
déjà comparé à l’or, flux vital de la société. C’est un poncif au seizième siècle. 113 On se
souvient que Palissy s’oppose à l’idée de l’or potable : impossible et toxique s’il était
possible.
117 Flux vital, l’or est aussi excrément, du moins dans la psychanalyse (Freud, Nouvelle suite
des leçons d’introduction à la psychanalyse). Panurge compare l’or à l’urine dans son éloge
des dettes et Palissy s’extasie sur le fumier : pas toujours comparaison dépréciative.
171 ronsard est ambigu dans le statut de poète : tantôt son abbrégé le compare à un jardinier
ou à un joailler sertissant la langue de vocables nouveaux ; tantôt il en fait un poète inspiré,
aristocrate, au-dessus des autres métiers. Néanmoins les métiers de forge et de verrerie
n’étaient pas dérogeants.
Pour la querelle de la mine, aller chercher dans Ronsard tout ce qui concerne l'or, et surtout l'élégie
4 (II, p. 330).

Dans la quinzième des Élégies, Ronsard met en scène une regressus ad uterum, qui lui permet de
juger la valeur de tous les savoirs humains (de toute sa « Raison ») :
Si j’estois à renaistre au ventre de ma mere,
(Ayant, comme j’ay fait, pratiqué la misere
De ceste pauvre vie, et les maux journaliers
Qui sont des cœurs humains compaignons familier)… (II, p. 366, v. 1-4).

Or Ronsard – vanité des vanités – n’estime à rien le savoir humain, lui préférant la liberté de
l’oiseau, la majesté du cerf, etc. La « misere » de l’homme est la démesure de sa Raison :
Ceste pauvre Raison le conduit à la guerre,
Et dedans du Sapin77 luy fait tourner la terre
À la mercy du vent, et si luy fait encor,
Pour extreme malheur chercher les mines d’or : […]
Au contraire, les cerfs, qui n’ont point de raison,
Les poissons, les oiseaux, sont sans comparaison
Trop plus heureux que nous, qui, sans soin et sans peine
Errent de tous costez où le plaisir les meine :
Ils boivent de l’eau claire, et se paissent du fruict
Que la terre sans art d’elle mesme a produict (II, p. 367-368, v. 45-60).

Pour l'intro : « Quant aux comparaisons dont j'ay parlé au commencement assez briefvement, tu les
chercheras des artisans de fer & des veneurs, come Homere, pescheurs, architectes, massons, &
brief de tous mestiers dont la nature honore les hommes. » I, p. 1170 (« Preface sur la Franciade,
touchant le poëme heroïque »)
Et il récidive p. 1173 : « Tu n'oublieras les noms propres des outils de tous mestiers, & prendras
plaisir à t'en enquerre le plus que tu pourras, & principalement de la chasse. »
Dans des vers sur les œuvres de l’esprit des hommes, un éloge de Dorat qualifie ce dernier
d’« artizan des Muses » et se sert précisément d’une métaphore métallurgique filée pour décrire
l’inspiration de Dorat :
Et toi divin Dorat, des Muses artizan,
[…] dont l’enclume
A forgé tant d’escrits par l’outil de ta plume (II, p. 163-163, v. 751-757).

et
Le lexique de la forge intéresse Ronsard sans doute dans la mesure où la forge est une image
humaniste de la création lexicale78. Ainsi le « Suravertissement au lecteur », inséré dans Les Odes
de 1550 (I, p. 1002) énonce : « je te veil bien avertir de ce verbe je va, tu vas, il vat, en lieu de dire
je voi, tu vas, il va, lequel j’ai forgé au patron de je ba, tu bas, il bat, car, en lieu que l’un estoit
irregulier, tu en auras un autre mieus forgé, et plus François, qui est la seule touche sur laquelle tu
dois examiner tes vocables sans les faire monstrueus et mal ordonnéz : comme jadis estoit ce mot
hymne, que j’ai refondu dedans la propre forge Françoise, le finissant par nostre propre
terminaizon inne, rimant hinne sur divine, benine, dinne, outant le g superflu » (c'est nous qui
soulignons). La « refonte » est indissolublement liée à un « je » qui s'autorise ces licences par la
grâce de son état de poète ; dès lors les mots mêmes de la poésie sont le lieu d'expression de ce que
la poésie a de sacré, et la forge en est l'image. Surtout le verbe « aller » est conjugué sur le modèle
du verbe « battre »...
77 Quelle technique est ici évoquée ?
78 Voir par exemple M. H. Vida, De Arte Poetica, III : « Vous pourrez tirer des mines abondantes de la Grèce une
matière informe que vous forgerez sur l’enclume des latins. »
Pour partie 1, mareschal :
Ronsard parvient à travers le « Cyclope amoureux » à tisser ensemble plusieurs thèmes de la lyrique
amoureuse dont il est familier. La « fournaise » de la passion est en effet commune dans ses vers ;
c’est par exemple la « fournaise sicilienne » de l’ode 10 du Troisiesme livre (intitulé
« Épipalinodie »), inspirée de la dix-septième « Épode » d’Horace :
Ô terre, ô mer, ô ciel espars,
Je suis en feu de toutes pars :
Dedans et dehors mes entrailles
Une ardente chaleur me poind
Plus fort qu’un mareschal ne joint
Le fer tout rouge en ses tenailles.

La chemise qui escorcha


Hercul’ si tost qu’il la toucha,
N’egale point la flame mienne,
Ny de Vesuve tout le chaud,
Ny tout le feu que rote en hault
La fournaise Sicilienne (I, p. 756).

Dans ces deux strophes, l’image du « mareschal » (du forgeron) fait retour et prend un habit
mythologique en même temps qu’elle est déplacée dans la fournaise du « Vesuve » à la deuxième
strophe. « La flame mienne » est rapprochée par la rime de la « fournaise Sicilienne », exprimant un
lien indissoluble entre le sujet lyrique ronsardien et la forge volcanique.

« Discours à tresillustre et vertueux Prince, Philebert duc de Savoye, et de Piemont » du Bocage


royal, qui donne au Créateur le même rôle mythologique que Deucalion et Pyrrha :
Qui oseroit acuser un potier
De n’estre expert en l’art de son mestier,
Pour avoir fait d’une masse semblable
Un pot d’honneur, l’autre moins honorable ?
D’en faire un grand, l’autre plus estreci,
Plomber celuy, et dorer cestui-ci,
Ou les fresler, ou bien si bon luy semble,
Quand ils sont faits, les casser tous ensemble ?
Les pots sont siens, le seigneur il en est,
Et de sa roue il fait ce qui luy plaist.
Qui voudroit donc accuser d’injustice
Le Tout-puissant, comme auteur de malice,
Si d’une masse il fait un Empereur,
Et de la mesme un pauvre Laboureur ? (II, p. 64-65).

L’image de la « roue » du potier, véritable roue de la Fortune, amène Ronsard à comparer le


Créateur à un potier, métier proche de celui d’orfèvre que le Dieu chrétien est capable d’être aussi,
lorsqu’il donne à un homme une valeur supérieure, qui les rend comme faits d’un métal précieux.

Partie 1, alchimie
Variante notable de la forge amoureuse, le creuset amoureux apparaît dans Les Vers
d’Eurymedon et de Callirée, qui chantent, au sein d’une « allégorisation totale de la vie de cour » (I,
p. 1346), la liaison de Charles IX et d’Anne d’Atri d’Acquaviva (dont l’onomastique permet une
métaphorisation en nymphe des eaux). La Cour, à l’époque, reprochait à Charles IX de dédaigner la
vie sentimentale au profit de la chasse ; ces vers servent donc a contrario la gloire du roi (« Prince,
de qui le nom m’est venerable et sainct… », dit l’« Élégie de Ronsard à Eurymedon », p. 315), mais
sont aussi une imitation des Amours d’Eurymédon et de Calliree d’un rival poétique, Jamyn. À
Eurymédon revient d’introduire le thème du creuset amoureux :
Mon corps est plus leger que n’est l’esprit de ceux
Qui vivent en aimant grossiers et paresseux.
Et tout ainsi qu’on voit s’evaporer Mercure
Au feu d’un Alchimiste, et s’envoler en rien :
Ainsi dedans le Ciel mon corps qui n’est plus mien,
Alembiqué d’Amour, s’envole de nature (« Stances », v. 43-48).

La métaphore alchimique s’impose ici à une époque (les années autour de 1580) où Ronsard rédige
l’« Hymne de Mercure », ajoutée aux Œuvres en 1587. Elle est développée à plusieurs reprises,
puisque le verbe « alambiquer » se retrouve dans l’« Elegie de Ronsard à Eurymedon » (p. 315).
L’amour y est le propre de l’homme :
Un rocher n’aime point, un chesne ny la mer :
Mais le propre sujet des hommes, c’est aimer (v. 17-18).

Suivent une accumulation de groupes infinitifs synonymes d’aimer, dont :


Cacher sous un glaçon des flames allumées,
S’alembiquer l’esprit, se paistre de fumées (v. 27-28).

A ce registre du creuset d’amour appartient enfin, au vers 70 (p. 317) l’expression du « soulfre
amoureux », sans doute permise par la métaphore, dans la poésie alchimique elle-même, des
« amours » du soufre féminin et du mercure masculin.

Pour forge anthropomorphe :


Il s’établit alors une convenientia entre deux forges symétriques, dont chacune renforce l’autre : la
forge des beautés change le cœur du sujet lyrique en forge de la passion, qui donne des armes
nouvelles à la beauté. L’archétype de ce cercle métaphorique est le « Cyclope amoureux », puisqu’il
est à la fois celui qui (en tant que forgeron de Vulcain) fournit les armes de Vénus, et qui (en tant
qu’amoureux de la nymphe Galatée) en reçoit les traits ; il peut alors s’écrier :
Ô montaignes d’Etna que d’ici je regarde
Brûler incessamment d’une flame qui garde
Sa nourriture en soy ! comme vous au-dedans
Amour m’a tout bruslé de ses flambeaux ardans,
Dont on peut la chaleur par mes souspirs comprendre.
Helas ! vostre brasier se couvre d’une cendre
Qui par fois se rallume, et couvrir je ne puis
D’une cendre le feu dont embrasé je suis (II, p. 226, v. 81-88).

Pouey-Mounou, L'Imaginaire...
11 imaginaire « tout partiulièrement fécondé par le désordre ». 15 « mone régi par la discordia
concors ».
29 commente notre passage de l'Abbregé en disant que ce qui importe est l'appropriation de ces
termes particuliers par le poète.
100 Repère une rencontre de Lucrèce et Platon elle aussi.
144 à propos de l'enclume mythique de l'Ode à Michel de l'Hospital : « Fait saisissant, Ronsard,
retenant d'Hésiode l'image de l'enclume dont la chute mesurerait les distances du ciel à la terre et de
la terre au Tartare, acorde à cet objet une importance primordiale dans l'ordre du récit, et non dans
l'ordre de la comparaison. L'enclume paraît investie d'une valeur fondatrice. »
(Hésiode, Théog., v. 7721-725)
251 « Une idée dominante dans les Odes rattache le mouvement à l'échange. »
447 dans La Harangue la panoblie du duc de Guise (armes blanches) s'oppose aux canons ennemis.
Et n. 334 : « la positivité de l'invention poétique tient précisément à sa valeur de symbole, qui
inverse le sens de l'imitation sacrilège de la poudre ».
448 Les quatre criminels Tantale, Ixion, Prométhée et Salmonée seraient « associés à l'eau, à l'air, à
la terre et au feu », symbolisant « un ordre des éléments que l'invention de la poudre aurait
enfreint ».
449 Dit que la Pyrotechnie et Les Inventeurs sont utiles pour éclairer les précisions techniques des
Armes et du Verre... Celui-ci (Pvergile) dénone l'artillerie, celui-là la défend. Il faut absolument
savoir en quoi Ronsard hériterait de Biringuccio !!!
610 à propos des mines, L'Elegie au seigneur Baillon et Les Armes sont dysphoriques, l'Hymne de
l'or seul est euphorique.
J. Dauphiné, « La curiosité poétique pour les sciences et les métiers (1560-1600) », dans
L'Invention au XVIe siècle, Dubois éd., PU Bordeaux 1987.
637 à propos de la forge et de la verrerie, Ronsard « tend à les faire se confondre parmi les activités
souterraines de la fonte » : oui, parce qu'il ne s'est nullement servi de Biringuccio pour les chanter !
655 Valeur commune aux poèmes étudiés en détail : « une économie bin gérée où la plénitude
l'emporte sur la superfluité ».
** Pourquoi les titres d'odes sont en italiques chez tant d'auteur critiques ?
** l'expression, en grec, du « pyr technikon », qu'APPM utilise souvent

Dauvois (Nathalie)
Mnémosyne. Ronsard, une poétique de la mémoire
Paris / Condé-sur-Noireau — Classiques Garnier / Corlet
1992

Tant dans l'Ortus sanitatis que dans la Pirotechnia il a de sublimes gravures d'ateliers d'arts du feu.

WEBER, Henri. 1986. "Ronsard Poète De La Terre Et Des Nourritures Terrestres." Europe 64
(691): 32. http://acces.bibliotheque-diderot.fr/login?url=https://search-proquest-
com.acces.bibliotheque-diderot.fr/docview/1303135941?accountid=15868.
Dans l'ensemble il lie le motif de la mine avec celui de la fécondité, mais alors il ne sait pas quoi
faire des condamnations du viol de la terre.
33 « C'est le vieux mythe où la psychanalyse voit le désir du retour à la mère », l'image du « ventre
de la terre ».
34 « On sait combien les mines de toute nature ont joué un rôle important dans l'économie du 16e
siècle. Aussi, quand Catherine de Médicis tente un rapprochement avec l'Angleterre, Ronsard lui
dédie une élégie où il célèbre ainsi les richesses de ce pays : Et tous tes champs auront le ventre
plain / De mines d'or & d'argent & d'estain... »
35 À propos de L'hymne de l'Automne, pour les mines : « On a vu, dans ces vers, une évocation de
l'alchimie, rien ne paraît moins certain. Il s'agit plutôt de tous les métaux que l'homme utilise et qui
sont censés naître et germer au sein de la terre ; jouvenceaux et jouvencelles symbolisent la jeunesse
nécessaire à tout enfantement dans la beauté et le mouvement même de la spontanéité naturelle »

Les chutes : vers sans suite


T1 p. 632 enclumes des artisans en France, dans Le Premier livre des Odes, X, « À Michel de
l’Hospital, Chancelier de France »,qui raconte les circonstances favorables lorsque « Mémoire,
Royne d’Eleuthere » met au monde les Muses :
« Puis d’une voix plus violante [que la « harpe du Delien »]
Chanterent l’enclume de fer,
Qui par neuf et neuf jours roulante
Mesura le Ciel et l’Enfer,
Qu’un rampart d’airain environne
En rond s’allongeant à l’entour,
Avecque la nuict qui couronne
Sa muraille d’un triple tour.
Là tout debout devant la porte
Le fils de Japet fermement
Courbé dessous le firmament,
Le soustient d’une eschine fort. » v. 183-194, p. 632, inspiré d’Hésiode, v. 721-727 et 746-748. Le
mythe de l’enclume est l’image de la séparation du mal et du bien, Michel de L’hospital étant
appelé à défendre Ronsard contre les rimailleurs de cour.

T1 794 Dans « Au pais de Vandomois », ode III du Quatriesme Livre, voyage imaginaire en Italie
pour devenir l’Homère français, ambition qui caractérise ce printemps 1545 :
« Je voirray le grand Mince, [le Mincio, cf Géorgiques]
Le Mince tant cognu,
Et des fleuves le prince
Eridan le cornu :
Et les roches hautaines
Que donta l’African
Par les forces soudaines
Du soufre et de Vulcan. »v. 25-32, les Alpes, que franchit Hannibal en brisant les rochers chauffés à
l’aide de brins soufrés et de feu, dans Tite-Live, XXI, 37.
Christine Pigné, De la fantaisie chez Ronsard, Genève, Droz, 2009. Conclusion de la première
partie, p. 114, s’appelle « les dangers du dessèchement » (elle y a surtout étudié les rêves).
173 Elle cite l’Hymne de l’Esté qui au vers 5 parle d’une masse ardante et de tenailles ! Le feu de la
sorcière est un Enfer dans l’Epipalinodie. 175 Avec ses fourneaux « Les rituels de la sorcière
imitent donc ceux de la Muse »

** remarquer la place étrange de l’artisan dans le sonnet écrit sur son lit de mort : « Il faut laisser
maisons et vergers et Jardins… »
Il y a encore cette expression de « vers trafiqués », dans l’ode « Prince, je t’envoie cette Ode… »,
mais « sur un pied d’égalité qui pouvait néanmoins déplaire à Henri II » (Michel Simonin, Pierre de
Ronsard, p. 131, c’est l’Ode de la paix). Cela ajoute de l’eau à mon moulin.
Il faudrait lire le Pierre de Ronsard de Simonin, pour se dépayser (nullement quelque chose que je
ferais cela).

Commentaires “Discours du verre”: Ullrich Langer, Invention, Death, and Self-Definitions, Amma
Libri, 1986
Préface, p. ix : l’inventeur, à la Renaissance, celui de l’artillerie en particulier, est toujours
mélancolique, parce qu’il tue le passé, fait de l’identité une nouveauté sans passé.
3 Le De inventoribus de Polydore Virgile est publié pour les trois premiers livres en 1499, pour les
huit complets en 1521, et Ronsard a traduit un bout dans « La Chasse » et sans doute ailleurs.
25 Ce qui caractériserait tout ce corpus serait le paradigme de la profondeur.
34 Rappelle que Terence Cave a écrit un article sur les ambitions bacchiques de la poésie lyrique de
l’époque : « The Triumph of Bacchus and Its Interpretation in the French Renaissance : Ronsard’s
Hinne de Bacus », in ed. A.H.T. Levi, Humanism in France at the End of the Middle Ages and in
the Early Renaissance, Manchester : Manchester University Press, 1970, p. 249-270.
36 Il y voit bien sûr une « allegory of poetic creation ». Il remarque que Laumonier remarque que
« l’esprit enclos dans l’univers » est une allusion à l’Enéide, VI, v. 726 où l’esprit est un feu
d’origine divine.

À propos de l'hymne de Mercure, t2 612 et 1477, la note dit : « Ronsard avait publié en 1550 une
ode « À Mercure » (t. I, p. 952) ; il y renonce en 1584. C'est que, si bien des éléments du mythe s'y
trouvaient déjà rassemblés, Mercure n'y était guère encore que le dieu de la « langue sage ».
L'hymne, au contraire, ne marque pas moins son aptitude au vol, au mensonge, à l'imposture, à la
friponnerie. Réunissant en lui ces traits discordants en un mélange savant, il est prêt à rejoindre les
figures également discordantes de l'Or ou de la Mort. » Imite l'Hymne II, VIII de Marulle,
« Mercurio ». Il emprunte aussi à l'hymne homérique d'Hermès, et Virgile et Hésiode évidemment.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1050822/f16.image.r=discours%20admirables%20palissy ))

L'Invention au XVIe siècle, dir. Claude-Gilbert Dubois


Avertissement 7 G.RE.CO. 56 du C.N.R.S., dir. Gilbert Durand, Michel Maffesoli et Max Milner :
« plan quadriennal » qui « prévoit comme orientation thématique générale l'étude des interférenes
créées par les modifications technologiques dans la structuration de l'imaginaire, et réciproquement
les incidences qu'ont pu avoir sur l'invention technique les modifications du mythe ». De même il y
avait eu L'Imaginaire du changement au XVIe siècle
Introduction : « Imaginaire et prospective au XVIe siècle. Formalisme scientifique et réalisme
imaginaire »
19 « l'imagination et la technique ont partie liée dans la langue, et remontent étymologiquement à
une origine commune », alléguant la polysémie de « engin ».
20 la Renaissance serait la prééminence du « fantasme caché de l'exploration du corps de la mère »
qui remplace les « commentaires sur la loi du Père », utile pour la mine.
James Dauphiné, « La Curiosité poétique pour les sciences et les métiers (1560-1600) », p. 69-82
** Tomaso Garzoni, La Piazza universale di tutte le professioni del mondo, Venise, 1587
71 « Se pose alors la question de ce qui pourrait différencier sciences et métiers dans la création
poétique : peu de choses, il est vrai, dès l'instant où le poème réunit le forgeron et l'astronome »
72 « le scientifique, à l'image d'Archimède, puis de Vinci, est celui qui pratique les sciences tout en
s'interrogeant sur l'ensemble des techniques ».
73 « la curiosité poétique possède une fonction encyclopédique ». « Aux sommes médiévales
répondent les poèmes scientifiques, longs et diserts »
** Dans le Mercurius gravé par Hans Sebald Beham, il n'y a aucun art du feu : orgue, peinture,
astronomie, boutiques...
76 La théorie de Manilius établissant une analogie entre les aspects du ciel et les métiers
(Astronomiques, III, 680-681 ; IV, 122-307) et celle de Ficin (De Vita, III, 1) ont fait admettre la
distinction artisans supérieurs (architecte, charpentier) et inférieurs (potier, cordier, tanneur). Peu,
comme Du Monin, renversent les hiérarchies : lui parle du « choeur des écoliers et des artisans »
(Le Quaresme, 1584, p. 171-175).
81 « La curiosité poétique pour les sciences et les métiers résulterait de l'inexistence d'un discours
scientifique vrai ». [Bouuuh
« Science et métiers entre 1560 et 1600 sont minutieusement décrits, répertoriés, analysés, mais au
dictionnaire des techniques s'est subrepticement joint un dictionnaire de poétique, aux
déterminations du réel se sont unies celles de l'imaginaire ».
Claude Faisant, « Gemmologie et imaginaire. Les Pierres précieuses de Rémy Belleau », p. 83-106
85 Depuis récemment les études sur l'imaginaire ont montré un « pouvoir heuristique de la fiction
mythologique ». 86 Se demande le rôle de « l'imagination scientifique » dans la poétique de
Belleau. 87 Belleau revendique un statut d'inventeur et se flatte d'avoir inauguré une « nouvelle
invention d'esrire des Pierres ».
90 « Une critique de la connaissance scientifique – assez voisine de celle que développe Montaigne
à la même époque dans l'Apologie de Raymond Sebond – traverse le recueil des Pierres
précieuses. » Il se plait à souligner les contradictions entre ses sources.
90-91 « le réel n'est pas donné d'avance : il faut l'inventer d'abord pour pouvoir l'explorer. Le Poète
ne part pas du réel, il y aboutit. En ce sens, il mérite sans doute, mieux que les naturalistes eux-
mêmes, le nom de savant. »
97 Le « discours mythique » est un « savoir symbolique » sur la chose.
Raymond Esclapez, « Le problème cosmologique dans les Semaines de G. Du Bartas et de C. de
Gamon : variations de l'appareil scientifique », p. 107-133
133 Gamon est déjà proche du cartésianisme dans sa lecture de la Bible.

**lire sur la culture scientifique au XVIe


p. 243 Plus loin, Pierre du Cest recueille chez Flaccus un portrait moral des artisans, à propos des
« Insulae maris Tyrrheni », long poème de la section « Mare Tuscum, Tyrrhenium vel Inferum… »,
et dont la première partie s’intitule « Aeoliae insulae, quae & Vulcaniae » :

Nec scopulos, aut antra minor iuxta altera tellus


Cernitur : illam Achamas habitat, nudumque Pyragmon. […]
Sed pater omnipotens speluncis abditis atris
Hoc metuens : molemque, & montesmontes insuper altos
Imposuit, regemque dedit, qui foedare certo
Et premere, & laxas sciret iussus habenas
Insula Sicanium iuxta latus AEoliamque
Erigitur Liparem, fumantibus ardua saxis,
Quam subter specus, & Cyclopum exesacaminis
Antra AEtnaea tonant, validique in cudibus ictus
Auditi referunt fgemitum, striduntque cavernis
Stricturae chalybum & fornacibus ignis anhelat :
Vulcani domus, & Vulcania nomine tellus.
Hoc tunc ignipotens caelo descendit ab alto.
Ferrum exercebant vasto Cyclopes in antro,
Brontesque, Steropesque, & nudus membra Pyragmon.

Ces vers sont tirés des Argonautiques, I, 582-583, et de L’Enéide, I, 60-73.

L’Indice de Simon Goulart, commentaire surajouté à la Sepmaine de Du Bartas.


Airain [III, 755] : « On distingue les metaux, et dit on qu’il y en a deux purs, asavoir l’or et
l’argent : les autres impurs, comme l’airain, le laiton, le fer, l’estain, le plomb. Quant à l’airain, ou
cuivre, c’est un metal de rougeur pasle, engendré de vif argent le moins espuré et de soulfre rouge et
espais, le moins impur a ses mines à part, et se trouve aussi es mines d’argent ». Car airain artificiel
= fait de « marchasite » (pyrite). L’airain permet de faire du vitriol et de la chalcite, et si on le cuit,
Cadmie, Pompholix, Spodium. « Mais laissons ce discours aux medecins », càd Fernel en sa
Médecine, J. Desgorris en ses Definitions medecinales, Agricola en De re metallica, Pline, livre 34,
chap 1 et suiv.
Amethiste [III, 759] : pierre précieuse, couleur d’un vin clairet, empêche l’ivresse.
Antimoine [III, 755] : les latins l’appellent Stibium, les frecs sinimi. Dioscoride, Pline, Matthiole,
Agricola sont des sources mais Goulart préfère Jaques Grevin, chap 34 du livre 2, car il y a débats
sur les vertus de ce métal.
Argent [III, 756] : métal qui « suit l’or en bonté », s’étend en lames et pieces fort desliees, pcq
d’une « substance fort tenue ». C’est pk on a dit du « fin argent » qu’il était de l’or moins la
consistance. « Il se polit et rend tresclair, se laisse filer et tistre, estant procreé de pur vif argent et de
soulphre luisant et blanchastre. Es veines il se trouve en petites pieces plates entrelassé parmi des
pierres, prenant à ceste occasion diverses formes » [En quoi toutes ces précisions éclairent le vers
de Du Bartas ?]
Chevre de feu [II, 633] : Goulart éclaire ce terme avec Pontanus, Météores, v. 525-535 et II, v. 625,
« pour inciter ceux qui aiment la poesie à conferer l’un avec l’autre, et voir le jugement de nostre
auteur ».
Cuivre : engendré du vif-argent « non suffisamment épuré » et de souffre rouge. Renvoie à
Agricola.
Chrystal [III, 758] : « Il y a deux sortes de glace, selon que le froid, qui estraint les eaux, est roide
ou lasche. » Le lâche est le courant, fond vite ; le roide est celui qui dure plusieurs décennies et crée
le crystal. On en trouve dans les montagnes et on en fait « vases, verres, miroirs, et autres choses
assez connues ».
Diamant [III, 760] : créé « d’un suc non gueres different de celuy du chrystal mais plus dur, et plus
obscur » : l’adamas (indomptable, résiste au feu, au fer…). C’est pr cela qu’une pointe de diamant
grave tous les métaux. [Puis compendium de croyances sur le diamant amolli au sang de bouc etc.]
Esmeraude [III, 762] : Pierre précieuse verte.
Fer [III, 756] : « Metal de commun et necessaire usage à la vie humaine, engendré de vif argent le
plus impur meslé avec soulfre espais, crasseux et bruslant. Le naturel se trouve es mines en grains et
masses. Celuy qu’on fond se cuit es forges et à force de feu est amassé et mis en telle forme de
barres, quartiers, placques, lames, enclumes, etc. que les ouvriers font. Il y aen a grand nombre en
Europe, surtout en Alemagne. » Goulart rappelle l’expression de Pline sur le fer : « optimum
pessimumque vitae instrumentum ».
Mercure [III, 754] : « Le vulgaire l’appelle vif-argent ». Renvoie immédiatement à Agricola
Or [III, 755] : « seul pur des métaux ». Soulphre rouge trespur et mercure trespur, rouge et non
bruslant l’engendrent. Goulart cite les mines du Pérou et de l’Inde occidentale.
Plomb [III, 755] : « metal livide, engendré d’excrement de vif argent et de soulfre ».
Vulcan [II, 266] : synonyme du feu, à la manière des poètes anciens, que Goulart cite.

Pour l’article aimant encore :


https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k118291q/f41.image.r=commentaire%20christofle%20de
%20gamon

La Semaine de Christofle de Gamon (1609). « Contre celle du sieur Du Bartas » indique le titre.
Gallica.
95 Commence un éloge « Des mineraux metaux, & pierres pretieuses. » (manchette). La terre cache
ses pierres en elle par pudicité, pour ne pas faire comme ces femmes qui se chargent de tout ce
qu’elles ont. Finit à la page 102 qui expose une vie heureuse sans travail des métaux et sans l’usage
du fer. Le propos de Gamon tient en quelques vers : « Car ce suant labeur, quoique ta Muse en
chante / (Bartas) est du péché la peine renaissante ». Il faut cueillir les dons de la terre sans
« l’aiguillonner ».
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1117891/f117.image.r=christofle%20de%20gamon
O mere des Humains, Terre porte-trezors,
Tu ne veux tous tes biens estaler par dehors,
Comme ces Dames font, qui trompeusement belles,
Chargent, comme Bias, tout leur bien dessus elles.
Ains montrant ton manteau chamarré de couleurs,
Et ton poil diapré de mille et mille fleurs,
Tu renfermes encor des richesses secrettes
Dans les profonds recoins de tes seures cachettes.
Telle qu’une Princesse, à qui maint Diamant
Fait briller de par tout le Royal vestement,
Qui jaçoit que l’esclat de sa pompte achetée,
En prevenant des yeux l’ordinaire portée,
Montre mille trezors, vomissants radieux,
96 Les feux qu’ils ont receus des scintilles des Cieux
Ne met point tout au jour, ains prudente, recelle
Dans ses clos cabinets sa richesse plus belle.
[Ensuite il range parmi les productions du « ventre » de la Terre le sel, l’ardoise, le joyau, etc. Puis
un éloge particulier du cristal [est-ce à dire le verre ?], qui
… ne fait fourmiller tant de maux inhumains
Que ce doré metal adoré des Humains.
Certes l’Or sert au corps, La macule il efface
Qui peu civilement se perche sur la face :
L’impudente verrue il sappe peu à peu, …[manchette : « Vertus medecinales de l’or.
Mais bien fut malheureux ce penetrant Lyncée, [manchette : Du mal de l’abus d’iceluy.
Qui dardant les rayons de sa veüe insensée
Dans les profonds secrets des cavains infernaux,
Fit connoistre au Soleil le Soleil des metaux !
Car lors nous ne verrions tant de Sardanapales,
A qui l’Or sert d’amorce aux voluptez brutales,
Tant de Nains qui du front pensent heurter les Cieux,
Tant de pauvres prudents, de riches vicieux !
L’Or en ce tems ferré qui de vertu n’a-cure
Est des vices humains l’inhumaine pasture,
Un charme de l’esprit, apast des desloyaux...

Ronsard t. II 332
Les hauts Pins qui avoient si longuement esté
Sur la cyme des monts plantez en seureté,
Sentirent la congnée, et tournez en navire,
Voguerent aux deux bords où le Soleil se vire,
Passerent sans frayeur les ondes de la mer,
Virent Scylle et Charybde asprement escumer,
Conduits d'un gouverneur, dont la mordante envie [« gouverneur » devint « matelot » dans les
Oeuvres de 1587. Probablement pas de Ronsard : c'est l'élimination d'un étymologisme.
D'amasser des lingots baille aux ondes sa vie,
Afin de rapporter des pays estrangers
Quelques lingots cherchez par cent mille dangers. [… Description de l'état de nature]
Certes Dieu qui tout peut, devoit (sage Baillon)
Faire que les rochers servissent de Billon, [alliage d'argent et de cuivre pour frapper la monnaie. On
distingue le « billon blanc » (50% d'argent, plus valable) et le « billon noir » (de moindre valeur),
mais dans l'ensemble le billon est de maigre valeur et dans les mains du plus grand nombre.
Et les fueilles des bois qui tombent par la voye,
Se prinsent en payment ainsi que la monnoye...

Agrippa suite et fin :


, en quoy les hommes ont rendu la terre tres-perilleuse (ainsi que dit Pline) surpassant en temerité et
folle hardiesse ceux qui se plongent au profond de la mer pour chercher les perles. Or les Historiens
sont mal d’accord de cette invention, laquelle ils attribuent à divers. Les principaux escrivent que le
plomb fut premierement trouvé en certaines isles dites anciennement Cassiterides és environs
d’Espagne : possible sont-ce celles qu’aujourd’huy l’on nomme Axores : le cuyvre en Cypre, le fer
en Crete ou Cadie. Mais l’or et l’argent fut descouvert au mont Pangée, dit aujourd’huy Castagna en
Thrace ou Romanie, d’où ils ont infecté tout le monde. Les Scythes seuls entre tous peuples, à ce
que Solin raconte, rejetterent l’usage de l’or et de l’argent à jamais, se delivrans de la servitude
universelle de l’avarice. Les Romains anciens reprimerent par ordonnance publique les superfluitez
de l’or, et Pline fait mention d’une loy et reglement fait aux mines d’Ictomulum au 159 territoire de
Verceil, par laquelle il fut deffendu aux fermiers et peagers de ne tenir plus de cinq ouvriers. Et
pleust à Dieu que les hommes fussent autant soucieux des choses celestes, comme ils sont de
foüiller aux entrailles de la terres [sic], allechez par la convoitise des richesses, desquelles tant s’en
faut qu’ils puissent acquerir heur et repos, que la plus grand’part au contraire y trouve occasion de
plaindre le temps et la peine qu’ils y ont employé.
(Il y a aussi un chapitre « De la Statuaire, Sculpture, ou taille en bosse, et de la Poterie et fonte.
Chap. XXV., p. 137, qui commence ainsi : « La peincture est accompagnee de l’art de tailler figures
en bosse, de la poterie, et fonte et graveure, tous exercices bigeares et fantastiques, lesquels
pourroient estre comprins sous le tiltre 138 d’Architecture. »)

La Mine mode d’emploi. La Rouge myne de Saint Nicolas de la Croix dessinée par Heinrich Groff,
éd. Emmanuelle Brugerolles, Hubert Bari et alii, Paris : Gallimard, 1992.
2 Antoine de Lorraine arrive en juin 1529 à La Croix-aux-Mines, gisement de plomb argentifère.
Georges d’Ainvaux est receveur des mines, qui a commandé au peintre Heinrich Groff, en plus de
réfections somptuaires, un recueil de dessins retraçant l’activité de la mine.
58 À La Croix-aux-Mines, la minéralisation principale est la « galène » : 1kg d’argent par tonne.
Apogée vers 1530.
61 Dans les églises mobilier et décor rappellent parfois les activités passées : deux marteaux croisés,
symbole trad. Du métier de mineur, vitraux dédiés à saint Daniel, chaires à motifs miniers. Mais
surtout tableau d’autel de l’église de Sainte-Anne réalisé par Hans Hesse en 1521 pour la confrérie
d’Annaberg, paysage panoramique à la Brueghel.
62 (HGE = Heinrich Groff Elsässer », alsacien). 1574, Aula Subterranea de Lazarus Ercker qui
répond au même souci de diffusion des connaissances. « Les planches furent largement copiées et
inspirèrent les orfèvres ». La figure la plus fréquente est celle du minier, reconnaissable à ses outils.
Liste des dessins :
-« Le justicier en son siège, ordonnance et serment des compaignons », habillés avec cuir
fessier caractéristique des mineurs,
« Les charpentiers et charpenteries ». Les étançons nécessitent une grande précision
d’assemblage et la sécurité des mineurs dépend de la qualité du travail, qui est ici effectué
par les chefs ;
« La manière d’amener le boys »,
« La provision du suif et le livraige d’icelluy », matière grasse animale qui alimente les
lampes. Le plus estimé est extrait du mouton ;
« L’amenaige du charbon pour la forge et le livraige d’icelluy », la pièce de cuir est portée
sur l’avant et non sur les fesses car il faut se protéger de la chaleur des fourneaux ;
« L’amenaige et le livraige du fer en la maison », la partie qui montre la forge est
manquante, il fallait une forge pour les outils nécessaires à la mine, en 1513 la mine de
Saint-Nicolas a consommé 17400 clous ! ;
« En la montaigne », c’est-à-dire la mine, dessin où on voit l’église de la mine. On
conseillait de ne point encourager le travail de la mine car il conduisait à Satan ;
« Les décombreurs entrants en la montaigne », le « houttmann » (mot allemand) livre le
suif ;
« Les tireurs d’eau et myne entrants en la montaigne », la myne est le minerai ;
« Les ouvriers de marteaulx pour rompre la myne en la montaigne », ce sont les mineurs
munis de « pointerolles », qui sont usées au bout d’une heure, le forgeron les répare ou les
jette ;
« Les ouvriers menant les chariots de myne hors de la montaigne », en fait une entrée dans
la mine ;
« Les ouvriers menant le boys en la montaigne » ;
« Les houttmans, maistres des compaignons, entrants en al montaigne » ;
« La Rouge myne de Sainct Nicolas », panorama dont il manque une partie avec l’exhaure ;
« Rompeurs de grosse myne chareurs de myne hors de la montaigne » ;
« Les schaideurs séparens la bonne myne appart », minerai fragmenté sur des scheidstein,
fortes enclumes de pierre ;
« Les pilleurs et passeurs de myne », minerai pilé dans une machine hydraulique, le bocard.
On voit une femme ici, ce sont surtout les veuves de mineurs qui sont embauchées comme
mesure sociale ;
« Les laveurs de myne », qui ont un salaire élevé parce qu’une grosse responsabilité de tri ;
Les cloweresses les missenaires sasseurs et laveurs de myne », décrit d’autres manières de
trier, sans eau et à la main pour les cloweresses (de klauben) ou des lavages au sas. Le nom
« missenaires » vient de la province allemande de Meissen, migration des mineurs ;
« Les livreurs de myne », « Les chareurs de myne », on emmène le minerai dans les
fonderies, qui s’éloignent petit à petit des mines à mesure que la forêt disparaît ;
« Les charbonniers », responsables de la déforestation ;
« La fonderie et l’affinerie », fourneau de fonte et fourneau d’affinage. Le minerai est
préalablement grillé, càd oxydé, débarrassé de son souffre. Dans le fourneau de fonte il est
réduit, cela libère un plomb fondu très impur dont le mineur écrème les « sclack » (scories cf
allemand Schlacke). Puis le plomb fondu est envoyé à l’affinage, « coupellation » pcq
plomb imprègne la sole ou coupelle du four. L’oxyde de plomb ou litharge surnage, que l’on
écrème pour obtenir l’argent, brillant au point qu’on l’appelle « l’éclair » ;
« Les peseurs et marqueurs des pains d’argent et messaigier portant les pains » càd lingots ;
« Le verwaiser payans les compaignons » on voit un mineur mécontent qui montre le poing
et un homme armé prêt à arrêter toute échauffourée.

L'Europe des sciences et des techniques. Un dialogue des savoirs, Xve-XVIIe siècle, dir Liliane
Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie Thébaud-Sorger
« Le De re metallica de Georg Agricola », Paul Benoît, 321-322

Histoires des forges d’Allevard, des origines à 1970, Jean-François Belhoste


Chap 1 : « Pour la monographie d’entreprise », 9 : avant l’arrivée des Barral, famille parlementaires
de Grenobles, entreprise = riche bourgeoisie d’Allevard qui s’approvisionne en bois auprès des
seigneurs locaux qui restent en-dehors de la production industrielle. 14 : avant les archives du
XVIIIe, on n’étudie la forge qu’à partie des comptes de la Chatellenie d’Allevard et des archives
notariales. Souffleries = en peau actionnées par arbre à came. 36 : l’Encyclopédie note aussi en
Dauphiné (càd à Allevard entre autres) des « trompes à eau », où le souffle est formé par de l’eau
qui tombe dans un tronc évidé. 37 : les trompes datent probab. Du XVe siècle.
Mais procédé compliqué ; il faut qu’il fonctionne même à l’étiage (niveau le plus bas du fleuve) et
un réseau de « béalières », trous dans le sol pour évacuer les crues et canaliser l’eau.
Chap 3 : Proto-histoire de l’entreprise. 43 : l’emploi du fer ne se généralise en Europe qu’au Xe
siècle. 43-44 : à nouveau, un « mandement » autorise tous les habitants à exploiter les minerais du
sous-sol, et oblige les seigneurs à fournir le bois pour l’étayage des galeries (contre ¼ du revenu net
quand même). 44 : l’Allevard fournit des mines dites « douces », qui ne demandent pas beaucoup
d’efforts de réduction (=martelage). 45 la plupart de la « loupe » n’est pas réduite sur place mais
embarquée sur l’Isère. Mais au XIIe le martelage local commence à prendre de l’importance. En
13.39 le Dauphin demande la démolition de toutes les forges du Grésivaudan : « un fourneau à faire
le charbon est un abîme de bois qui détruit les forêts et les extermine ».
48 : grande phrase dépressive 1350-1450, peste noire de 1348. 50 : les premiers hauts-
fourneaux apparaissent en 1460-1480. Vient de la région de Bergame en Italie, où le Flusshofen du
XIVe siècle a progressivement évolué.

La réduction en art consiste en une réduction en mécanique et en stéréotypes.Le livre de l'institut


Max Planck
Marco Beretta, « Humanism and the Emergence of Early Modern Chemistry : The Spread of
Georgius Agricola's Metallurgical Writings », p. 7-30
14 : le Bermannus présentait un lexique de 127 termes, mais deux ans plus tard en 1532, il
fait la préface d'un dictionnaire minéralogique grec-allemand comportant 480 termes. Il faut donc
relativiser les nouveautés lexicales d'Agricola. Souvent ses créations sont sur le même modèle :
dans les argentum rude rubrum, argentum rude nigrum etc., le premier terme désigne le métal
(argent), le second la forme chimique (minerai) et le troisième un aspect extérieur distinctif, souvent
la couleur.

Isaac Habert, Les Météores, avecques autres œuvres poëtiques, 1585


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k704742
Là il faut chercher une édition critique, pour les sources scientifiques.
Les météores : métaux qui tombent du ciel, puis divers phénomènes météorologiques, puis les
mines :
59v Après avoir listé toutes les pierres, l’imprimeur ajoute un guillochis, puis un grand titre « DES
MINERAUS » (c’est la première fois qu’un livre est découpé de telle manière). Il commence ainsi,
avec lettrine :
Maintenant il nous faut parler des mineraus
Qu’on appelle moyens, pour n’estre ni metaus
Ni pierres mesmement, mais seulement matieres
Qui croissent dans les monts & dedans les fondrieres…
60v A propos du premier minéral, le vif-argent, Habert s’autorise une satire alchimique express :
L’Alchemiste ignorant en vain dans son fourneau
Ainsi que les metaus, corrompant son cerveau,
Tasche du vif argent avoir la connoissance
(Reservee à Dieu seul) & changer sa substance.
61r « De l’aimant ou Calamite » :
Il ne faut oublier à parler en ces vers
Des effers de l’aimant, de ce grand univers
Le corps plus admirable, aussi veus-je descrire
Ses plus rares vertus, que mon esprit admire.
[…] O secrettes vertus, ô effets admirables,
Qu’on voit, dont on ne peut rendre raisons probables,
O causes que Dieu seul connoist tant seulement,
Et dont en vain discourt l’humain entendement !
Qui la cause dira que de la calamite
Le fer estant voisin d’une amoureuse suite,
Soudain d’elle il s’approche, & semble estre animé,
Tout ainsi qu’un Amant de l’Amour enflammé,
Favori de sa Dame, estroitement la baise,
Et comblé de tout heur en jouit à son aise. [Mais Habert tente quand même une explication
Une vapeur subtile, ainsi qu’ils disent, sort
Hors du corps de l’aimant, qui par secret effort
Ecarte l’air prochain & le dur fer inspire,
Anime doucement, echauffe, emeur, attire
Par occulte vertu, tout à l’heure dans l’air
Le fer pesant s’elance, & s’en va droit couler
61v Vers la pierre d’aimant, chasque trou de sa masse
Reçoit ceste vapeur qui legerement passe,
Et l’air d’autour espars s’assemble puis apres
Faisant suivre ces corps, & se toucher de pres.
63r rebelote, il y a ce guillochis et « DES METAUS ». je pense que pour l’expliquer, il suffit de
comprendre qu’aux livres I et II Habert versifie l’encyclopédisme médiéval, qui disait déjà ce qu’il
dit des impressions météorologiques. Mais dans le troisième livre il parle de choses qui sont
nouvelles (aimant, travail du métal…) et de ce fait l’imprimeur leur applique une mise en page
renaissante.
A propos des divers métaux le travail du feu est comme une particularité de leur nature. L’or, 65r :
… le feu point ne luy nuit,
Bien qu’il nuise à tout corps, plus dedans la fournaise
On le met & tant plus il s’affine en la braise,
Sans point diminuer…
L’argent, 67r :
L’argent se bat en lame, & sur l’enclume dure
Les coups entre-suivis des lourds marteaus endure,
On le jette, on le coule, & fond fort aisément…
Se termine très abruptement au sujet du fer ; la Nymphe sans mot dire s’enfuit.
Il y a ensuite des poèmes courtisans, des Amours, des Baisers et des Odes.
François Garrault, Des mines d'argent trouvées en France, Paris : pour la Vve J. Dalier et N. Roffet,
1579.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1257006
Il réfute aussi, à la page suivante, l’argument selon lequel la terre a caché les métaux pour qu’on
n’aille pas les prendre :
f. B r°, l’auteur explique que la Religion défend l’usage du bâton de frêne pour trouver les mines.
B ij r° :
L’ouvrage des mines & usage des metaulx est fort ancien, introduict de tout temps par Tubalcain
(dit forgeron) avecques l’art de fonderie, & continué en la famille d’Azael ou desnoirs d’où on a tiré
les fables poeticques desquelles les escrivains prophanes se sont aydez en l’invention des choses
concernantes l’art des metaulx : disans que Cyniras fils d’Agriopas trou{v°}va la mine de Bronze,
& inventa les tenailles, marteaulx, enclumes, & autres ustencilles servants à l’art de fonderie.
Suivent les attributions des inventions : Dactily Idei => mines de fer
Erichtonius Athenien ou Eacus => mines d’argent
Cadmus Phoenicien ou Thoas & Eaclis de Panchaye ou Sol fils d’Occean => mines d’or, manière de
le fondre & affiner
Midacritus => mines de plomb
Chalybes => fourneaulx pour fondre & affiner
Lydus Scithe => jeter en fonte [c’est un personnage du de raptu proserpinae
Cyclopes => « martinetz pour forger : qui sont les ustencilles & choses necessaires pour reduire les
metaulx en leur perfection. Car la mine estant tiree de terre est brisee, esbrouee, recuite, pillee,
lavee, fonduë, & affinee au feu : toutesfois {B ij r°} selon la qualité de la matiere on donne plus ou
moigs de façons, car si c’est or ou argent, on le met en poudre dans le mortier, comme praticquent
les Allemans, ou entre deux meulles selon l’usage des François, pour la mieulx netoyer & chasser
tout le terrestre : d’autant qu’il n’y a chose qui consomme & mange plus le fin desdites matieres à
l’affinaison, auquel s’il y avoit seulement de la louppe qui provient de la fonte on n’en tireroit la
moyctié du fin : ou quand il n’y a rien de terrestre il ne se perd aucune chose ainsi que je l’ay
experimenté.
S’achève (F v°) sur l’expression « prouffit & comoditté à la chose publicque ».

Tout à fait inséré :

Salmon Macrin : Epithalames et Odes, éd. Georges Soubeille, Paris : Honoré Champion, 1998.
Odes, livre IV, 11 : "Ad Vulcanum, ex Anacreonte"
Que l'un convoite les trésors du riche Midas et tout l'or roulél par le Pactole indien ou extrait
des entrailles de la terre par le mineur d'Asturie […] !
Qu'un autre brandisse le sceptre d'une main hautaine […] !
Il me suffit de passer ma jeunesse en fleur parmi de belles jeunes filles […] ! »
Alter beati diuitias Midae
et quicquid auri Lydius aestuat
Pactolus, effossisque terrae
uisceribus trahit Astur optet […] ! » p. 644-645
v. 4 Astur, le mineur d'Asturie qui extrait l'or des "viscerae terrae"
note p. 711-712 : Lascaris, ds anthologie d'Anacréon, a réuni deux odelettes, bcp traduites : Ronsard
: "Du grand Turc je n'ay souci..." ou Jean Second (Epigrammata). Henri Estienne sépara à nouveau
ces odes. Très prisées de la Pléiade.
Mines d'Asturies, déjà citées, d'après Martial X, 17, 3, dans C., II, 20, 5 qui commence aussi par un
refus de l'or.
Ode II, 20 : « Ad Hil. Bellaium », « À Guillaume Du Bellay », p. 462-463
Non uniones diuitis Indiae,
non scalpta prisco Mentore cymbia,
factos nec affabre lebetes
aut citreas tibi, Hilerme, mensas

facunde mittam quodue cauis Iber


aurum metallis decolor eruit
nec beluae dentes Libyssae,
uellera uel pretiosa Serum.
Ni perles de l'Inde opulente, ni vases ciselés par l'antique Mentor, ni bassins fabriqués avec
art, ni tables de cédratier :
je ne t'enverrai, éloquent Guillaume, rien de tout cela, ni l'or que l'Ibérien blême extrait de
ses mines souterraines, ni les défenses du monstre de Libye, ni les précieuses étoffes des Sères.
(il ignore tout ceci parce qu'il est adonné aux belles-lettres, il préfère les poèmes : « carmina
diligis » v. 22)
v. 5 "Iber" sert à désigner le mineur. "decolor" parce qu'il ne prend pas le soleil, mais aussi à cause
de la noirceur des métaux, dit la note ; aux yeux des anciens, l'or est pallidum.
Le modèle est Horace, ode IV, 8 : c'est une étrenne ou xenium. Marulle, épigramme I, 12,
avait aussi imité ce passage, mais plus spirituellement.

Penser la technique autrement, XVIe-XXe siècle. En hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, dir.
Robert Carvais, Anne-Françoise Garçon et André Grelon, Classiques Garnier, 2017.
Marcus Popplow, « Nouveau, utile et ingénieux. Les ingénieurs de la Renaissance,
inventeurs d’un discours sur la technique », p. 59-72.

d. Mines
En Europe, on trouve essentiellement des mines d'argent ; l’usage de l’or est très restreint
(limité à la joaillerie, au paiement de sommes importantes ou au commerce international). Au
contraire, c'est dans de l'argent que la monnaie est frappée. De plus, une exploitation argentifère voit
son potentiel économique multiplié par des sous-produits : le plomb et le cuivre essentiellement.
Les filons se concentrent en Europe centrale : Schwaz (Alpes autrichiennes), Saxe et Bohême
(« Monts métallifères »), Harz, Forêt Noire et Vosges[3], ces deux dernières constituant un tout
nouveau terrain de prospection au XVIe siècle qui connaissent leur apogée dans les années 1530-
1540.
La mine nous est connue à la fois par la source archéologique et par les traités techniques.
Mais c’est surtout à travers l'ouvrage de Georg Agricola, illustré de deux-cent-quatre-vingt-douze
gravures, qu'a été diffusée dans la communauté savante, dès le XVI e siècle, la réalité matérielle de
la mine. « Les planches furent largement copiées et inspirèrent les orfèvres »[5] : entre autres
coupes et « Handstein » gravés, le hanap de la famille Steiger, cadeau des concessionnaires des plus
importantes mines du Tyrol, représente quelques scènes décrites par les gravures du De Re
metallica[6]. Ainsi le savoir technique put-il, à l'occasion, faire son entrée dans les cabinets de
curiosité de la Renaissance tardive. Du reste le De re metallica fait des émules. Entre beaucoup
d'autres, l'Aula Subterranea de Lazarus Ercker, publié en 1574, répond au même souci de diffusion
des connaissances.
Dans ces mines, le problème technique essentiel à résoudre est l’exhaure (puiser les eaux
des filons). Pour cela, on invente des machines hydrauliques complexes. Les ingénieurs des mines
font alors leur apparition, « sans autre passeport que leur notoriété et les références acquises dans
telle ou telle mine »[7]. En général, les révolutions techniques liées à une connaissance plus
profonde des métaux amènent dans le milieu de la mine des parcours sociaux nouveaux et
inhabituels. Ainsi la mine de Saint-Nicolas est exploitée par un « ingénieur en chef » du nom de
Conrad Boltznitzer, dont la maison est visible sur la première planche et qui est aussi cité par le
traité Agricola. Pauvre homme lorsqu’il exerçait dans les mines de Schneeberg en Saxe, enrichi
dans la montagne vosgienne (la « Fürst »), nommé en 1514 directeur d’une mine des seigneurs de
Ribeaupierre et anobli par l’empereur Maximilien, il est nommé finalement grand maître des mines
des États antérieurs de l’Autriche[8].

[1] [1]En 1513, la mine de Saint-Nicolas dessinée par Heinrich Groff a consommé pas
moins de 17400 clous. Les « pointerolles » des mineurs sont aussi nécessaires en grande quantité :
elles doivent être remplacées toutes les heures, selon Emmanuelle Brugerolles, Hubert Bari et alii
(éd.), La Mine mode d’emploi. La Rouge myne de Saint Nicolas de la Croix dessinée par Heinrich
Groff, Paris : Gallimard, 1992, p. 55.
[2] Ibid., p. 3.
[3] Ibid., p. 57.
[4] Ibid., Avant celui-ci, un assez complet Schwazerbergbuch était déjà illustré
d’activités minières : ce manuscrit fut commandé par Ludwig Lässl à Jörg Kolber, un artiste « du
pays », connaisseur des techniques qu'il mettait en dessin. Citons aussi le Probier-Büchlein publié
en 1518 à Francfort, qui connut de nombreuses rééditions intégrant parfois certains « livres de
recettes », J. R. Partington, op. cit., p. 68.
[5] Ibid., p. 64.
[6] Ibid., p. 61.
[7] Ibid., es
[8] Ibid., p. 69.

Agricola répondant aussi à la critique de Cornelius Agrippa sur le Bermannus dans le De


incertitudine : il est naïf de se fier à des entreprises aussi hasardeuses qu’une mine. Agricola au
contraire souhaite prouver qu’il existe un savoir incontestable, des indicia fiables, sur les mines[1]
et particulièrement au sujet de la difficile et coûteuse prospection.
Chez Agricola, la res metallica donne un appui stable à la res publica : elle sert par exemple
à donner des outils à l’agriculture, « vestutior scientarum »[4]. Ainsi la métallurgie engendre des
profits respectables ; creuser une mine ne relève pas de la pure avarice. Une éthique du savoir
technique se dégage du De re metallica, qui était absente des traités précédents et particulièrement
de la Pirotecnia de Biringuccio, dont Partington écrivait : « the book is essentially practical ; it
covers the whole field of metallurgy and is the first printed work to do this, but it deals also with
applied chemistry, gun powder, military arts, and fireworks »[5].
Ce discours de légitimation du savoir métallurgique s'adresse à une société humaniste
éclairée et jouissant d'une position sociale décisive : « le metallicus, c’est le maître de mines bien
sûr, mais c’est aussi, c’est surtout, l’investisseur, le directeur, l’ingénieur, l’administrateur,
l’essayeur, tout corps de métiers cités par le médecin-historien-administrateur dès le début de son
grand œuvre. Agricola s’adresse à ses pairs en somme, ceux avec qui il débattait en tant que
bourgmestre, avec qui il discutait en tant que propriétaire de mines et de fonderie. »[7] Une telle
« normalisation » de la curiosité technique autorise un travail de vulgarisation que ce savoir n'avait
jamais connu auparavant. Le langage dont use Agricola donne l’impression d’un discours à haute
voix, qui ne s'embarrasse d'aucune transition, car « l’art du mineur répugne à une quelconque
élégance du discours »[8]. Au contraire, la valeur qui guide le discours du metallicus est l'exactitude
des termes, l'un des thèmes principaux de l'oeuvre d'Agricola ; dès le De natura fossilium, il est
fâché que botrytes désigne trois pierres différentes ou que l'ambre porte en latin quatre noms,
succinum, electron, caraben et ambra. Dans le De re metallica, trois outils complémentaires servent
à contourner l’insuffisance de la langue latine : le glossaire, l'index et les planches[9].

[1] Ibid., p. 322.


[2] Ibid., p. 318.
[3]
[4] Anne-Françoise Garçon, « Réduire la mine en science… ? Anatomie des De re
metallica d’Agricola », op. cit., p. 322.
[5] J. R. [5]Partington, op. cit., p. 33.
[6]
[7] Ibid.
[8]
[9] Ibid., p. 325.
Néanmoins, parallèlement, les guerres civiles ont pu être décrites par les poètes comme des forges
ou plutôt une extension regrettable de ces forges au pays entier. C’est le cas au début du deuxième
livre de La Cite du Montelimar ou les trois prinses d’icelle, d’Alexandre de Pontaymeri :

La France, qui tousjours en la France mutine


Reforge les outils de sa proche ruine,
Eschaufoit dans soy-mesme un brazier de combatz,
Un tourbillon d’assautz, un monde de soldatz,
Le foudre jovial du balottant tonnerre
Boule boule-ebouilloit nos murailles à terre [ ??
Par la sape & la mine, & le grondant petard, [le livre I se termine sur la présentation du pétard
Et ce qui peut forcer la nature en son art,
Le pont, le mantelet, la grue, & l’escalade,
Et le cercle & le feu, l’esclatante grenade :
Chascun à qui le mieux veut pretendre au butin,
Courant à toute bride à son prochain destin,
Sans que pour tout appuy aucun homme s’advance
A prevenir le mal qui gangrene la France.
C’est assez d’inspiration aubignesque. [...]
{48} Le fortuneux accord du changeant univers
Descorde son maintien, & le pousse à l’envers :
Il rit soudainement, soudain il amertume,
Come il veut marteler sur l’un & l’autre enclume :
Ou le bien, ou le mal il presse entre ses mains,
Le fatal changement des changeables humains. [...]
{62} D’un propice Vulcan ses armes ne sont pas,
Qui le puissent long temps guarentir du trespas :
L’eschauffé Pyragmon, & toute la brigade
Des Brontes martelans au bucher d’Encelade,
N’ont forgé les harnois de ses onze soldatz,
Qui mutinent guerriers le foudre des combats.
Les hoyaux fossoyeurs des vignes larmoyeuses
En cuirassent leurs flancs, leurs costes raboteuses.
Le bouclier a sept plis du Telamonien,
Qui guarantit de mort le vieillard Nelien,
Quand Hector valeureux loin, bien loin de sa ville
Enflammoit les baisseaux de la Grece in’habile,
A maintenir l’effort : de targe ne servoit
A l’escadron menu qui pour defense avoit
Des couvercles de bois non de menuserie,
Ains de troncons formés à la charpenterie.79

Or même la poésie scientifique peut faire renaître la « Vulcanie » virgilienne. Dans un long poème
de Christofle de Gamon intitulé « Discours de l'Astronomie inférieure »80, le travail des métaux par
Vulcain devient une simple image didactique permettant de visualiser des processus chimiques
invisibles à l'oeuvre sous la terre :

Bref, en l’age doré (s’il le faut croire ainsi,)


Nature qui de l’homme avoit plus de souci,
Ayant fait l’or és creux de la Terre profonde,
Le poussoit d’elle mesme aux yeux de tout le Monde :
Tout le monde au bezoin aloit querir de l’or,
Sans s’enquerir content, doù venoit ce trezor.
Mais depuis qu’au desceu de la simple Justice,
Les Mortels eurent fait trop immortel le vice (…),
Nature se fâchant de l’humaine nature,
Eut cure de cacher l’or dans la Terre obscure.
Humains non plus humains (dit elle en le cachant)
Vous ferez par vos maux changer l’or en argent,
Et puis l’argent en fer, & puis le fer encore
En l’airain qui le front de fauve se colore,
Puis ce fauve metal en l’estain paslissant,
Puis ferez l’estain pasle estre plomb noircissant
Quand vous estiez parfaits, je tendois à parfaire
Tous les metaux en or, & rien n’estoit contraire,
Ores quoy que je tende à les rendre parfaits,
Divers empeschemens gasteront mes effets :
Mesme pour les trouver, il faudra que l’homme entre
Par les portes d’horreur dans le terrestre ventre.
Voilà pourquoy depuis on voit divers metaux,
Et l’or rare est gardé par divers animaux.
Les Indoises formis & les dragons terribles,
Voire & les noirs Demons hostes des monts horribles,
Rezistent courageux à ceux-la que le gain
Pousse à foüiller hardis dans le terrestre sein,
Mais quoy ? lon s’est enquis, tant la nature humaine
Aime en lieu du repos la curieuse peine,
L’on s’est enquis plustost doù le metal provient,
Que pourquoy tant caché Nature le detient.
Donques l’or esclatant Roy de toute la bande,
Ce metal trainegens, qui chaud sur tout commande,
Vient d’un soufre subtil pur & rougement joint
Au rouge vif argent qui pur ne brusle point.
L’argent or imparfait, qui son maistre maistrize,
Où defaut la chaleur & la couleur requise,
Se va de pur Mercure aux mines produisant,
Et de soufre trespur blanchastre & reluisant.
Comme on voit ces Bernards sur les rives Tethides,
Se faire à la façon des coquilles humides
Qu’ils vont prendre tous nus, alors que la saison,
Et leur muable instinc les change de maison :
79 Sans lieu ni imprimeur, 1591, p. 39.
80 « Discours de l’Astronomie inferieure », dans Le Jardinet de poésie, Lyon : C. Morillon, 1600, p. 70 et suivantes.
Ainsi l’argent se forme en bestes dessous terre,
En prenant la façon des veines de la pierre.
L’amant du noir aimant, le fer salement dur,
Vient d’un soufre brulant & d’un Mercure impur :
Et l’airaintintinant vient d’un impur Mercure,
Et d’un soufre terrestre à la rouge teinture.
L’estain d’argent vif rouge, & de soufre provient,
Voire en sa superfice un blanc Mercure tient.
Et toy plomb languissant, tu prens ta laide forme
De Mercure non pur, & de soufre difforme.
Ainsi donc le mercure est entre les metaux
Tel que le second sperme entre les animaux.
Il ressemble vrayment au Mercure Nomie,
Dont le lustre enrichist la haute Astronomie,
Car aveques les bons il est plein de bon heur,
Avec les malheureux il est plein de malheur :
Et comme il se conforme à ces corps pronostiques
Tout de mesme en faict il envers les metalliques.
Mais quoy ? ce n’est pas tout : il faut Lyncée encor
Descouvrir de plus loin la naissance de l’or.
La Nature recherche une place profonde,
Où la terre se forme en mainte masse ronde :
Un endroit immobile, où par fois puisse entrer
Le celeste Vulcan & Titan penetrer.
C’est là qu’elle fait l’or prenant de l’eau clairette,
Et de la terre rouge onctueusement nette,
Dont l’une de froideur est pleine humidement,
L’autre de mesme espece est chaude sechement :
Or cela se cuisant la puissance moiteuse
Dissout & refroidist la vertu chaleureuse,
Mais le feu qui souvent au centre est alumé,
Va réchaufant l’eau froide & le chaud consumé,
Ainsi s’entre-meslans par toutes leurs parties,
Ces choses en Saturne apres sont converties :
Puis s’échaufans encore afin de mieux monter,
Se cuizent d’un degré devenans Jupiter,
Puis sont Venus puis Mars, puis peu à peu parviennent
A plus grande chaleur, & la Lune deviennent :
Puis aquerans en fin plus de digestion,
Aquierent du Soleil la grand’ perfection.
Ainsi l’or se parfait : & ne faut qu’on s’estonne
D’ouir qu’un tel sujet sa naissance luy donne :
Des charongnes des bœufs se va bien produisant,
De petits animaux un troupeau reluisant,
Ces animaux groüillans prennent des ailerettes,
Volent és prez fleuris pour voler les fleurettes,
Et faits mousches à miel, aux troncs des chesnes vieux,
Font, race de fiente, un miel delicieux !
Pour l’or qui va courant aux courantes rivieres,
Il est ravi des eaux passans par ses minieres,
Et n’ayant eu la fin de sa decoction,
Ne sçait plus parvenir à sa perfection :
Mais y fust parvenu par la vertu mouvante
Des soufres qui boüillans portent par maints canaux
Le feu continuel qui parfait les metaux.
Voilà ce que m’a dit le troupeau des Nymfettes,
Qui rezide & prezide aux cavernes secrettes,
Qui entre aux antres noirs des monts ambicieux,
Où se tiennent cachez maints trezors precieux.
Et voilà (convoiteux) d’où procede la chose
Pour qui ne jour ne nuit vostre esprit ne repose,
Et qui fait perdre un bien à l’esprit & au corps
Qui va mesme excedant le Tresor des Tresors.

Les derniers mots introduisent le texte alchimique qui suit, le Trésor des trésors, premier poème de
la Muse divine publiée avec le Jardinet. [en fait ce texte fait partie du Trésor des trésors tel qu'il est
commenté dans le commentaire commentateur.

La notion d’ « invention » a elle-même fait l’objet d’une remise en perspective historique


qui a abouti à son éviction du champ scientifique 81. Plutôt qu’inventions, Francesca Bray et Liliane
Hilaire-Pérez préfèrent parler de « coproduction globale et d’un processus d’appropriation
imbriquée », appuyant alors singulièrement sur le rôle des « passeurs » entre les continents, comme
les Arméniens dans le cas des arts du feu 82, ou entre les domaines de savoir. C’est ce qui amène
Liliane Hilaire-Pérez à s’intéresser aux « savants-artisans » qui, dès le XVI e siècle, agissent dans
des « trading zones » entre théorie et pratique.

« Mines, arsenaux, usines et manufactures sont des hauts lieux d'élaboration des savoirs et
d'interaction entre les pouvoirs publics, les manufacturiers, les techniciens et la main-d’œuvre, mais
aussi les savants et les experts », remarque-t-elle. Il en va ainsi des arsenaux de Venise et
d'Innsbruck, des mines de cuivre de l'Erzgebirge et du Tyrol, des mines d'argent en Alsace et d'alun
près de Rome, « lieux de production et d'expérimentation au service des autorités »83, tous,
aimerait-on ajouter, impliqués dans la chaîne de production des arts du feu. Conséquence : la
circulation implique toujours une « traduction ». Le haut-fourneau (réduction indirecte du minerai
de fer) en est l'exemple frappant. Il apparaît en Rhénanie dès le XIII e siècle (selon les estimations
récentes). C’est en Wallonie, territoire Habsbourg en 1482, que le procédé est développé. Les
fourneaux deviennent massifs et sont liés à une affinerie et des marteaux hydrauliques. Or le
procédé indirect coexistera avec un procédé direct qui depuis le XIVe siècle peut avoir lui aussi
soufflets et marteaux hydrauliques (dans le cas d’hybridations)84. Enfin on est aujourd’hui plus
sensibles aux hésitations et aux inerties techniques par lesquelles un progrès connu n’est pas
toujours adopté. Un marché passé en 1473 entre René de Châteaubriand et Richard Brunout
mentionne : « pour faire un hault fourneau ou une regnardiere au choix dud. Brunout »85. Pour
qu’une innovation soit adoptée, il ne suffit pas qu’elle fût effectivement plus efficace : il faut encore
qu’elle soit suggérée et appelée par des contraintes techniques, et ce sont peut-être les contraintes
hydrauliques qui ont poussé à séparer l’atelier et à embrasser le procédé indirect86.

81 Voir par exemple Fabien Simon, « Découvrir : un Nouveau Monde des savoirs », in Liliane Hilaire-Pérez, Fabien
Simon et Marie Thébaud-Sorger (dir.), op. cit., p. 19 : la notion de découverte est une nouveauté dans la manière de
faire de la science aux XVe-XVIe siècles.
82 Francesca Bray et Liliane Hilaire-Pérez, op. cit., p. 13.
83 Liliane Hilaire-Pérez, « L'artisan, les sciences et les techniques », in Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie
Thébaud-Sorger (dir.), op. cit., p.105.
84 Liliane Hilaire-Pérez et Catherine Verna, op. cit., p. 220.
85 Jean-François Belhoste, Yannick Lecherbonnier, Mathieu Arnoux et alii, op. cit., p. 48.
86 Ibid., p. 52.
Lyon est sans conteste la ville où le sentiment d'appartenance des poètes à une communauté des
« ouvriers » est la plus forte, et explique les inspirations hésiodiques de poèmes « des travaux et des
jours », tels Les Hymnes du temps et de ses parties, de Guillaume Guéroult (Lyon : Jean de Tournes,
1560), qui évoquent incidemment les travaux de la mine (« Hymne de mars », p. 44) :

L’homme avare fuyant le fardeau rigoureux


De vile povreté, sur le dos de l’onde erre,
Pour des mores lointains piller l’or plantureux,
Et le fin diamant arracher de la terre.

Oeuvres poétiques de Jacques Béreau, poitevin, éd. Hovyn de Tranchère et R. Guyet, 1884.
Encore, dans une églogue : « Eglogue VII, sur les calamitez de la guerre », Francin et Janot. Amusant parce que Janot a
été fait « boyteux » (p. 59) par la guerre. Aussi p. 63 :
Francin :
Où est le tens jadis beau et prospere,
Dont j'ay ouy tant parler mon grand pere,
Je dy le tens du bon age doré,
De noz ayeux sainctement adoré,
Auquel n'estoit hors sa mine profonde
Ce faux metal, la ruyne du monde
« Sur un envieux », dans la section des sonnets, p. 197 :
Une envie, une peur, un martel le tourmente

Marulle, éd Jacques Chomarat, Genève Droz 95


… Scrutandosque sinus impune et viscera praebet —
Usque adeo scelera interdum leue ferre suorum est ! —
(et offre son giron et ses entrailles à fouiller impunément —
tant il est facile parfois de supporter les crimes des siens ! —) p. 264-265
Les notes p. 269 citent Pline, II, 158, qui utilise le terme de « viscera » lui aussi, et a cette phrase
proprement communiste : « Quot manus atteruntur, ut unus niteat articulus ! » (à propos des mains
des mineurs salies pour qu'une bague illustre une phalange) et Sénèquie, QN V, XV, 3-4 et il se
moque des mineurs qui ont l’audace de chercher de l’or aussi loin et pourtant la superstition de
croire en des dieux inférieurs.

Indice, Simon Goulart :


Ce qui est incroyable c'est que Georgius Agricola [George Agricola] n'est pas dans l' « Index des
personnes citées » de cette édition (remarque pour la soutenance?)
Pas cité pour le fer (« Il y en a grand nombre en l'Europe, sur tout en Alemagne. »p. 194). Ni pour
l'or .
Pas cité non plus dans « Vulcan », p. 412 : « Ce mot est prins par tout pour le feu terrestre, et
materiel, suyvant le style des poetes anciens. Plaute en son Amphytruo [v. 341], Quo ambulas tu,
qui Vulcanum in cornu conclusum geris ? Et en Virgile ces manieres de parler se lisent, spargere
Vulcanum tectis [En., 7, 77], furit immissis Vulcanum habenis [En., 5, 662], superante Vulcano
ruinam dedit domus [En., 2, 310-311]. Les poetes ont feint que Vulcan fils de Jupiter et de Junon
forgea à son pere les fouldres dont les Geans furent tuez, et le surnomment Mulciber. Sous ces
fictions ils ont representé la nature du feu elementaire et terrestre, comme Gyraldus [Historia
deorum gentilium, syntagmata 13], N. des Contes [Mythol., 2, 6] et Cartari [éd. Venise, 1571, p.
387 et suiv.] le monstrent amplement en leurs mythologies, sur le mot de Vulcanus. Ce qu'il
adjouste [VI, 1037, on parle de Du Bartas] de Venus, signifie la conjonction du masle et de la
femelle.

« À propos d'une controverse sur l'Hymne de l'Or de Pierre de Ronsard », BHR XXXV, t.1, p. 7-18,
Maurice F. Verdier.
7 Une passe d'armes a opposé Jean Frappier, tenant d'une lecture sérieuse de l'hymne, à Bernard
Weinberg, qui voit dans cette interprétation un contresens historique et un délire esthétisant.
8 Jean Frappier expliquait cet éloge « sans ironie » de l'or par le contexte de sa découverte en
Amérique du Sud et de sa propagation en Europe. « Ronsard […] salue l'apparition du bien-être et
du luxe » [c'est une idée folle de penser que l'or des Amériques amène une époque de bien-être et de
luxe...
Weinberg replace cette pièce dans le contexte de rédaction et pense que Ronsard s'adresse au
cardinal de Chastillon et au roi, qui avaient promis des pensions et bénéfices en échange de la
Franciade. Mais, dit Verdier, il y a une unité du recueil des Hymnes de 1555 qui n'est constitué que
d'éloges.

Pour l'artillerie :
Fracastor, La Syphilis ou le mal français / Syphilis sive morbus gallicus, Les Belles Lettres,
2011. (éd. princeps : Vérone : s.n. [Stefano Nicolini da Sabbio et ses frères], 1530.) à Pietro Bembo.
Avant-propos, IX c'est une maladie nouvelle du XVe siècle.
X « De nostre temps, Fracastoro s'est monstré tres excellent en sa Syphilis », écrit Ronsard.
Introduction : « I. Une maladie aux noms multiples », Danielle Gourevitch. p. XVI : les médecins
ne peuvent pas être objectifs avec cette maladie qui déclenche les passions puisqu'elle est nouvelle
et vénérienne. XVII Niccolò Leoniceno produit dès 1497 à Venise, chez Alde Manuce, un Libellus
de epidemia, quam bulgo morbum gallicum siue brossulas uocant, réédité en 11535 sous le titre
amusant de De epidemia quam Itali morbum Gallicum, Galli vero Neapolitanum vocant.
« III. Un poème des temps modernes », Jacqueline Vons, p. LIII : « Syphilis renvoie aux grandes
épopées antiques (Aeneis, Thebais, Achilleis) et médiévales (Alexandreis), morbus gallicus à la dure
réalité contemporaine par le biais d'un des noms les plus fréquemment utilisés dans la littérature
médicale. » Le vers est l'héroïque (l'hexamètre). p. LIV il donne aussi à la maladie des noms et
périphrases métaphoriques (serpens, tabes < tabescere, se liquéfier, etc.) mais surtout les noms de
pestis (la peste des tragédies) et semina (qu'il tire de Lucrèce bien sûr, mais en lui donnant un sens
tout à fait nouveau).
p. LVII Le poème de Fracastor est fondamentalement optimiste : si la peste est une punition divine
comme dans Homère, la médecine, science pieuse, est à même de la soigner. p. LIX Fracastor « met
aux côtés des hommes, coupables par ignorance (Ilcée) ou par méchanceté (les marins de Colomb)
des nymphes, figures intermédiaires entre le monde des dieux et celui des hommes. Dans le
deuxième livre, c'est la nymphe Callirhoé qui vient en aide au laboureur vérolé, et l'envoie sous
terre, dans l'antre où des nymphes alchimistes se sont substituées à Vulcain et aux Cyclopes et
travaillent au grand œuvre, à l'obtention d'or pur à partir d'un mélange de emina de vif-argent et de
soufre. Rprenant le motif de la Sybille fuidant Enée dans sa quête initiatique aux Enfers, une autre
nymphe, Lipare, conduit Ilcée au fleuve salutaire, répand le métal liquide sur son corps et le guérit.
Au troisième chant, c'est une nymphe nouvelle, America, qui conseille aux hommes malades d'offrir
un sacrifice à Junon et à Cybèle afin que les deux déesses unissent leurs pouvoirs pour les guérir en
produisant le bois de gaïac. / Plusieurs narrations se succèdent donc, s'interpénètrent parfois ; le
vraisemblable côtoie l'invraisemblable en faisant éclater le cadre spatio-temporel réel aux
dimensions d'un récit mythique : des noms d'îles méditerranéennes deviennent des noms de
nymphes (Lipare), des bergers (Syphile[puni par le Soleil, c'est raconté dans le livre III]) et des rois
aux extrémités du monde occidental (Alcithous) portent des noms aux sonorités grecques, des pays
contemporains ont gardé leurs noms antiques (l'Hespérie). » p. LXX « Le texte de Fracastor ne
présente guère d'originalité dans l'énumération de la panoplie mercurielle »
Le premier livre décrit la maladie, le second les remèdes et l'hygiène qui permet de s'en débarrasser.
v. 270, p. 48-49 : « Argento melius persoluunt omnia uiuo
pars maior. […]
v. 281 Cuius et inuentum medicamen munere diuum
digressus referam. Quis enim admiranda deorum
munera praetereat ?
[« Pour détruire complètement tous les signes du fléau, la majorité utilise avec plus de succès le vif-
argent. […] Je vais rapporter en passant l'invention de ce traitement par des puissances divines. Car
qui passerait sous silence les admirables présents des dieux ? », donc la mine des nymphes est une
digression. C'est le mythe d'Ilcée<elkos, la douleur, adaptée d'Adonis si l'on en croit le commentaire
de Bembo, histoire inventée par Fracastor. Ilcée, jardinier en Syrie, attrape la maladie et s'évanouit
après une prière aux nymphes. Callirhoé lui apparaît en songe : elle lui explique qu'il a tué par
ignorance le cerf de Diane, qui s'en est plainte à Apollon son frère, qui lui a envoyé la syphilis.
Callirhoé lui demande de venir à l'aube devant une grotte et de sacrifier aux nymphes, et de brûler
de l'encens, ce qu'il fait p. 52-53 v. 350 : « … Iamque simul Thian atramque Cupressum
urebat, quum uox terrae revoluta cauernis
longe audita sacras nympharum perculit aures,
nympharum, quibus aera solo sunt condita curae.
Extemplo commotae omnes ac coepta reponunt,
sulfureos forte ut latices, et flumina uiui
argenti, mox unde nitens concresceret aurum,
tractabant, gelidoque prementes fonte coquebant.
Centum ignis spissi radios, entum aetheris usti
bis centum concretorum terraeque marisque
miscuerant, nostros fugientia semina uisus. »
(« Et en même temps qu'il faisait brûler du thuia et du nois cyprès, sa voix se répercutant en écho
dans les cavernes de la terre se fit entendre au loin, et frappa les oreilles sacrées des nymphes
chargées de travailler l'airain enfoui dans le sol. Aussitôt, bouleversées, toutes abandonnent
l'ouvrage commencé ; elles étaient occupées alors à faire un amalgame de particules sulfureuses et
de flots de vif argent – qui produirait des agrégats d'or brillant -, et elles lui donnaient la trempe
dans une source glacée. Elles avaient mélangé cent semences d'un feu vif, cent semences d'air brûlé
et deux cents semences d'agrégat de terre et de mer, toutes semences échappant à notre regard. »
Note 174 p. 110 : « scène originelle de la formation des métaux sous terre à partir de soufre et de
mercure ». Mais pas de théorie alchimique précise ici.
Les Cyclopes sont dans l'Etna proche de la grotte, p. 56-57, v. 399-400. Ilcée se trempe trois fois
dans l'argent liquide, suivant la recommandation de Callirhoé. Il fut soigné et les peuples apprirent
ainsi à guérir la syphilis. The end. Le livre III est consacré au gaïac (ou Hyacus), arbre qui guérit la
syphilis et qui est ramené d'Haïti. Fracastor raconte un voyage de Christophe Colomb en des termes
empruntés à l'Enéide. Ils arrivent en Guyane, où pour leur malheur ils tuent les oiseaux qui sont là,
p. 68-69 v. 151
Forte per umbrosos syluarum plurima ramos
assidue uolitabat auis, quae pita nitentes
caeruleo pennas, rostro uariata rubenti,
ibat natiuo secura per auia luco.
Has iuuenum manus ut syluas uidere per altas
continuo caua terrificis horrentia bombis
aera et flammiferum tormenta imitantia fulmen
p. 71 corripiunt, Vulcane, tuum, dum Theutonas armas,
inuentum, dum tela Iouis mortalibus affers.
Nec mora, signantes certam sibi quisque uolucrem,
inclusam, salicum cineres, sulfurque nitrumque,
materiam accendunt seruata in reste fauilla.
Fomite correpto diffusa repente furit uis
ignea circumsepta simulque cita obiece rupto
intrusam impellit glandem. Volat illa per auras
stridula, et exanimes passim per prata iacebant
deiectae uolucres. Magno micat ignibus aer cum tonitru, quo sylua omnis ripaeque recuruae
et percussa imo sonuerunt aequora fundo. [Alors un oiseau prophétise la maladie des voyageurs
« Sous les ombrages touffus, quantité d'oiseaux voletaient alors sans cesse, ils étaient de couleurs
variées, avec un plumage brillant, azuré, et un bec rouge, et ils passaient, tranquilles, à travers le
bois sans route frayée qui les avait vus naître. Lorsque les troupes de jeunes gens les virent traverser
les grandes forêts, ils saisirent aussitôt leurs terribles armes de bronze creuses, au grondement
terrifiant, celles qui lancent le feu, imitant celui de la foudre, ton invention, Vulcain, quand tu armas
les Teutons et apportas les traits de Jupiter aux mortels. Chacun aussitôt, ayant choisi 70 son oiseau,
met le feu aux matériaux enfermés – cendre de saule, soufre et nitre – à l'aide de mèches
enflammées. Le feu s'empare des matériaux, et sa forcce, jusqu'alors réprimée, éclate brutalement
entre les parois de l'arme en poussant en même temps la balle dans le canon.
Les balles sifflent en volant dans les airs, des oiseaux tombent et gisent sans vie pêle-mêle dans les
prés. L'air étincelle de feux accompagnés d'un grand fracas, que renvoient en écho toute la forêt, les
rives bombées et les mers ébranlées jusque dans leurs profondeurs. »
[Volonté didactique jamais abandonnée au milieu de la terreur, parce qu'il est plus terrifiant de
comprendre. Ce qui est terrifiant, c'est précisément que ça marche, qu'il y a une recette de la
catastrophe. + Très précoce épopée de l'artillerie, qui se finit mal... ! + La mine des nymphes est ici
le Nouveau Monde, dans les deux cas une maladie nouvelle demande une guérison nouvelle révélée
par le Vates.

Isaac Habert, Les Météores, avecques autres œuvres poëtiques, 1585


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k704742
Les météores : métaux qui tombent du ciel, puis divers phénomènes météorologiques, puis les
mines :
Une nymphe alors apparaît et conduit le poète à l’intérieur de la mine, tout comme dans Fracastor
qu’Habert imite ici évidemment.
52r Quand elle fut au bas de ceste abysme creuse,
De ses seurs le sejour, ell’ dit me regardant,
Voi ces torrens de feu, voi ce bitume ardant,
Voi ce souffre qui brule, & ses flammesches perses,
Voi ces rouges fourneaus, & ces mines diverses,
Voi ces Nymphes mes seurs qui cherchent les metaus
Et les pierres sans cesse avec les mineraus
Aus conduits de la terre, & sans repos travaillent. [Suit une énumération des arts du feu :
Celles ci que tu vois les durs diamants taillent
Or’ en table, or’ en pointe, & polissent encor
De leur poudre leurs corps, les autres dedans l’or
Les enchassent apres, lors estans mis en œuvre,
Clairs, esclattans au jour leur beauté se descoeuvre.
Celles que pres d’ici tu vois, vont enchassant
Dedans ces anneaus d’or le rubis rugissant,
Le zaphir, l’emeraude, & l’opale, & l’agathe,
52v L’escarboucle rougi qui vivement esclate,
La topasse, l’iris, le lapis dont le teint
De couleur azuree en brunissant se peint.
Ces autres de delà affinent sur la braise
Tous les metaus impurs dans l’ardante fournaise :
Ces autres de deçà d’un soin laborieus
Cherchent diligemment dans l’obscur de ces lieus,
Où Plute avarement ses richesses enserre… [suit une énumération des pierres

Jean Parmentier, « Chant royal », Oeuvres poétiques, éd. Françoise Ferrand, 1971 [1531], p. 24
Pour Cornucopia :
Chant royal que mon œuvre applique
aux cosmographes de ce monde,
qui, conduys par la mapemonde,
trouvent l'or soubz l'orbe celique.
I
Du chef de Caulx, provide natïon,
un cosmographe, expert en la marine,
emprint la routte et navigatïon
du Caillicou, pour trouver l'or en myne.
Sy nagea tant sur les undes sallée,
dedans sa nef, les voylles avallées,
au gré du vent, cherchant l'isle nouvelle,
qu'il fut surprins d'uns vil monstre rebelle
le poursuyvant, qui le vouloit deffaire
si, pour pylotte, il n'eust eu en nacelle
la mapemonde aux humains salutaire.
II
Ce cosmographe, ayant intentïon
exeuter son vueil, si determine
mectre en sa nef toute munitïon
servant au cas, si que pas n'extermine
ses nautonniers ; quoy faict, ancres hallées,
25 dedans le bort bonnettes deffarlées
le vent arriere, il suyt du North l'estoille,
la charte au poing, se conduysant par elle
soubz le zenith de son propre hemisphere,
en compassant, en ligne parallelle,
la mapemonde aux humains salutaire.
III
A ce routtier qui par dimensïon
mers traversoit, son estoille recline
tant qu'il convient, pour l'elevatïon
du polle voir, que l'astralabe incline.
Mais ces haulteurs du plaustre concellées
apperceust lors, ses clartéz reculées
par retrograd, en quadrature telle
que le routtier ne scayt art ou cautelle
pour pyloter, fors que tousjours espere
que de lueur luy donnera scintelle
la mapemonde aux humains salutaire.
IV
Le monstre, adonc, par imitatïon,
suyvant la nef soubz l'equateur et signe
du Capricorne, enflé d'ambitïon,
luy rompt son mast et peril luy machine.
Ce nonobstant, mysenes desployéez,
ce marinier, sur les vagues enflées,
à l'Antartique, il tient routte et faict voylle,
laissant le North, loy primitive ; et celle
de grace il suyt, seconde Urse en la sphere,
par le moyen de la charte eternelle,
la mapemonde aux humains salutaire.
26 V
A l'Antartique, une apparitïon
d'ung astre cles le cosmographe assigne,
dont nautonniers en jubilatïon
« Ave » chantoyent, disant « l'astre designe
port de Salut. » Ces choses terminées
arrivéz sont aux isles fortunnées
où l'or croyssoit, qui tous metaulx excelle,
prés du Liban, dont distille et ruysselle
liqueur fragrant, qui le monstre contere ;
puis chascun dit qu'en l'orbe n'a pareille
la mapemonde aux humains salutaire.
Envoi.
Prince, je prens la myne d'or tant belle
pour Paradis, cosmographe je appelle
le gerre humain, le monstre, vieil Luthere,
et Marie est, sans tache originelle,
la mapemonde au humains salutaire.

INTRODUCTION
Dans les textes, ce premier est bien souvent un Allemand : aussi bien c'est d'Allemagne que nous
vient la première représentation connue d'une mine et de son paysage 87, et le premier exposé
technique de la science de la mine88. Le langage même de la mine, en tout cas dans les mines des
Vosges, est en partie germanique89. cela vaudrait pour l'introduction à propos du langage technique
et du langage poétique...

Une note90

Dir. M. Figeac, L’Ancienne France au quotidien. Vie et choses de la vie sous l’Ancien Régime,
Armand Colin, 2007.
« Mines et carrières », Paul Delsalle, p. 320-323, 321 « Les Vosges forment sans doute la première
région minière aux XVIe et XVIIe siècles, et cela sur les versants des trois provinces, la Lorraine,
l'Alsace et la Franche-Comté. On y prospecte l'argent, le plomb argentifère et le cuivre. » 323 Les
87 Das Feuer der Renaissance, Kramarczyk, 200579 Les « Sächsisches Hauptstaatsarchiv Dresden » contiennent la
plus ancienne représentation connue d’une mine de fer, avec tout le paysage urbain et fluvial autour, 1530.
88 Le premier à avoir exposé dans une encyclopédie le savoir de la mine est Sébastien Münster dans sa Cosmographie
universelle, à la demande du « juge des mines » de Sainte-Marie-aux-Mines, Johann Haubinsack. mine mode emploi
p. 63.
89 : les trieurs de minerai sont les « schaideurs » (de scheiden) ; cloweresses (laveuses, de klauben) et missenaires (de
la province de Meissen, migration des mineurs)
le schlak est la scorie du plomb liquide qu'écrème le mineur (allemand Schlake). Le « houttman »
est un chef mineur.
Le contremaître est un « verwaiser » Pour ces termes, mine mode d'emploi, pages 73, 78-80 et 83.
90 Voir entre autres la p. 253 qui mobilise successivement Claudien, Juvénal, Horace, Lucain et Virgile en quelques
vers.
machines d’exhaure sont des merveilles de perfectionnement ; la première est conçue en 1519-1522
en Alsace.

BHR 1995 vol 57 t. 3


Gilles Banderier, « Le poème de la Création et le problème de son attribution à Agrippa d’Aubigné », p. 585-598
591 Pour expliquer l’échec de la Création, on a supposé que c’était un écrit tardif, d’après 1620.
592 Mais dit Banderier, si c’était le cas, d’Aubigné en aurait profité pour s’opposer à la Semaine de Gamon, qu’il
attaque ailleurs, et qui date de 1609. D’Aubigné ne manque jamais une occasion de polémiquer.
597 En somme la Création est l’œuvre d’un médecin-poète comparable à Charles Bouvart (1572-1658), et comme il y
en eut des centaines.

Acta Conventus Neo-latini Bononiensis, éd. 1985, R. J. Schoeck.


« The Hymni Naturales of Michael Marullus », Philip Ford, p. 475-482
475 On est souvent frappés par les contradictions apparentes entre les hymnes. Plusieurs dieux sont
nommés successivement « pères des Dieux », etc. En fait il y a deux sortes d’hymnes : les
philosophiques et les célébrations lyriques, et mille modèles antiques qui se superposent, des
hymnes homériques à Horace et Virgile. 476 « L’hymne n’est pas un genre ». Néanmoins le recueil
de Marulle possède une certaine unité, qui n’est pas due à la philosophie de Lucrèce qu’il a édité,
mais qui est finalement peu présent. L’hypotexte qui donne son unité au recueil est les hymnes
orphiques, textes du IIe siècle mais que la Renaissance donnait pour très anciens. 477 Alors
qu’aucun hymne homérique ou de Callimaque ne commence par une adresse directe au dieu dont il
est question, la chose est très fréquente dans les hymnes orphiques et chez Marulle.

Georgii Agricolae... Bermannus, sive de re metallica, Paris : H. Gromontius, 1541


10 Les « nomina » de l’ « ars » sont « barbara quaedam substituta ».
Il appelle « metallica » « quae uel metalla ipsa sunt, uel iuxta 12 metalla reperiuntur, uel dum in
fornacibus illa excoquuntur fiunt, uel aliqua alia praeparatione ex eisdem consistunt » ce qui
correspond à Ronsard et me semble très général.

Georgii Agricolae De re metallica libri XII , quibus officia, instrumenta, machinae ac omnia... ad
metallicam spectantia non modo... describuntur, sed et per effigies... ob oculos ponuntur... Ejusdem
de animantibus subterraneis liber...
Bâle : Regis, 1621
Epître dédicatoire : f. a 2 r°« agricultura scientiarum nulla sine dubitatione vetustior, tamen hac res
Metallica est antiquior, uel saltem aequalis et coaeua »
V° évoque Vanuccio Biringuccio, « homo disertus », mais qui n’a pas parlé assez « de venis » ; son
livre a lui est divisé en « de materiis » et « de venis ».
Poème liminaire de Georgius Fabricius f. a4 v° :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5037683/f6.image
[…] Visceribus terrae lateant abstrusa metalla,
Uti opibus nescit quod mala turba suis ? [c’est parmi les arguments de défense du livre, les métaux
se cacheraient pour que la foule n’en sache pas son usage ?
3 Cite la querelle : après avoir réfuté l’idée que chercher l’or ne servirait à rien pour soi-même, vu
qu’on serait mort avant d’en profiter, passe à l’objection que la mine serait nuisible non seulement à
soi, mais aux autres : « Nunc venio ad eos qui eandem, caeteris hominibus utilem non esse aiunt ;
quia scilicet metalla et gemmae, et reliquia fossilium genera ipsis inutilia sint. Quod contendunt 4
partim probare argumentis, et exemplis, partim convitio a nobis extorquere. Utuntur autem primo
his argumentis : Terra non occultat et ab oculis removet ea, quae hominum generi utilia sunt et
necessaria ; sed, ut beneficia benignaque mater, maxima largitate fundit ex sese, et in aspectum
lucemque profert herbas, legumina, fruges, fructus arborum : At fossilia in profundo penitus
abstrudit : Eruenda igitur non sunt. Quia vero ipsa eruunt homines scelerati, quos, ut Poetae
loquuntur, ferrea ista aetas progignit, Ovidius eam audaciam merito insequitur his versibus :
(Nec tantum segetes… prodit bellum.)
Alterum eorum argumentum est: Metalla nullum utilitatis fructum homini praebent: Ea igitur
scrutari non debemus. Cum enim homo constet ex animo et corpore, neutrum eget fossilibus : animi
namque pastus suauissimus est contemplatio naturae, optimarum artium disciplinarumque cognitio,
perceptio virtutum, in quibus optimis rebus si se exerceat, saturatus bonarum cognitionum epulis,
nullius rei desiderio tenetur. Corporis vero natura, quamvis victu vestituque necessario contenta sit,
fruges tamen terrae atque diversi generis animantes, ipsi suppeditant mirabilem cibi et potionis
copiam, qua commodissime alitur, augescit, vitam ad multum temporis producit. [explique que les
vêtement servent au froid, mais que le fer ne sert à rien, sinon, selon le mot d’Euripide et de
Socrate :
Non opera sunt argentea atque purpura
Vitae hominum, sed magis tragoedis usui. [on ne trouve ces vers nulle part ailleurs que chez
Agricola]
Laudant etiam hoc Timocreontis Rhodii : Utinam, caece Plute, nec in terra, nec in mari, nec in
continente appareres ; sed habitares in Tartaro et Acharonte : ex te enim omnia oriuntur mala, quae
subeunt homines. Ad coelum laudibus extollunt versus Phocylidis : [Phocylide de Milet, à qui on
attribuait un poème didactique en 217 hexamètres, considéré aujourd’hui comme apocryphe ; c’est
donc une citation traduite de l’ionien du pseudo-Phocylide
Aurum atque argentum damno est mortalibus, aurum... -> natisque parentes.
Placet praeterea eis illud Naumachii : [Naumachius, poète gnomique, 73 hexamètres de la vie
domestique
---- argentum pulvis et aurum,
Pulvis …. -> sparsi.
5 Contra vituperant hos Euripidis versus :
Plutus deus sapientibus, sunt caetera
Nugae, simulque verborum praestigiae.
Item hos Theognidis :
Te pulcherrime et ô placidissime Plute deorum
Dum teneam, possum vel malus esse bonus. [Plutus, dieu des richesses, donne le paradoxe que
développe l’hymne de l’or. Il en tire encore dans Aristodème de Sparte, Timoclis et Ménandre.
Haec praeterea premunt argumenta, Metallorum fossionibus agri vastantur : quocirca quondam
Italiae cautum est lege, ne quis metallorum causa terram foderet, et agros illos uberrimos, ac vineta
olivetaque corrumperet. Sylvae et nemora succiduntur, nam lignis infinitis opus est ad
substructiones, ad machinas, ad metalla excoquenda : sylvis autem et nemoribus succisis,
exterminantur volucres et bestiae, quarum pleraeque homini sunt cibus lautus et suavis. Venae
metallicae lavantur, quae lotura, quia venenis inficit rivos et fluvios, pisces aut necat, aut ex eis
abigit. Cum igitur incolae regionum, propter agrorum, sylvarum, nemorum, rivorum, fluminum
vastitatem, incurrant in magnam difficultatem rerum, quae suppieditant ad victum, parandarum ;
propter lignorum inopiam, majorem impensam faciant in aedificia extruenda : palam ante oculos
omnium est, plus in fossione detrimenti esse, quam in metallis emolumenti, quae fossione pariuntur.
[Argument intéressant : plus de mal dans la mine que de bien dans le métal
Donc, les opposants à la mine clament contre elle… l’exemple de Bias !! (comme dans la poésie
morale) : … contra metalla clamant, Praestantissimum quenque virum virtutibus contentum ea
neglexisse : laudantque Biantem propterea, quod ista ludibria fortunae, ne sua quidem putaverit :
ejus enim patriam Prienem cum cepissent hostes, & sui cives, onusti rebus preciosis, dedissent sese
in fugam, interrogatus a quodam, cur nigil de suis bonis secum efferret, respondit : Omnia mea
mecum porto. [Puis un exemple de Socrate refusant d’être payé, et d’Aristippe méprisant l’or. 6
[Puis exemple d’Anacréon (le pseudo-) puis des empereurs, Phocion d’Athènes, Lycurgue à Sparte.
Puis exemples innombrables de crimes et de guerres commises au nom de l’or. Poètes cités en
conclusion : Properce, 7 Diphile, puis Plotin, puis à nouveau Juvénal en deux lieux. Puis il répète ce
que dit Pline à propos du fer, « cum Plinio stomachum movisset », comme Pline en avait l’estomac
retourné. Il ajoute cependant à Pline le « ferreus bombardae globus », qui brise la pierre et le marbre
les plus durs. « … de nostra aetatis impiis hominibus diceretur rectius, quam quondam de
Salmoneo, fulmina eos eripuisse Jovi, et a manibus extorsisse ». … Sed quoniam 8 bombardae,
quae in manu teneri possunt, hodie raro fiunt ex ferro, magnae nunquam, sed ex aeris et plumbi
candidi quadam mistione ; idcirco in aes et plumbum plura maledicta conferunt, quam in ferrum.
[C’est une vision naïve de l’influence de la technique sur la poésie ; je n’ai vu guère d’exemple de
cette simple translation du discours, mais c’est intéressant qu’Agricola montre qu’il en a
conscience] Cite d’autres métaux dont on fait des armes pernicieuses, et puis Horace à propos du
« plumbum liquidum » qui est un instrument de torture de son temps. Enfin : Itaque cum natura in
profundo terrae metalla penitus abstruserit, ad usus vitae non sint necessaria, spreta sunt ab optimo
quoque viro et repudiata, effodienda non sunt, et cum effossa semper multorum et magnorum
malorum causa extiterint, sequitur etiam ipsam artem metallicam hominum generi utilem non esse ;
sed noxiam, exitiosamque. Istis autem tragoediis viri boni complures ita perturbantur, ut odium
acerbissimum in metalla concipiant, eaque prorsus non gigni velint, aut genita a nemine omnium
effodi. [Intéressant qu’il ait repéré le « tragique » de la mine, c’est en effet une lamentation] Puis
Agricola promet d’extirper l’erreur (« omnis error… extirpetur »), ce qui à propos de mine est
curieux. Primum les hommes qui accusent les métaux accusent Dieu lui-même (« non vident, se
Deum ipsum accusare et scelerum damnare »). Deinde la terre ne « recondit », ne cache pas les
métaux pour qu’on n’en use pas, mais parce que c’est parmi les pierres qu’ils sont « tanquam in
vasis propriis, et materiae receptaculis », car dans les autres éléments soit ils ne peuvent pas être
créés, parce que la matière manque, soit nés dans l’air, ils ne trouvent pas où se reposer, mais par
leur force et leur poids retombent dans la terre, « etenim in reliquis elementis aut gigni non possunt,
quod ipsis materia desit ; aut genita in aere, id quod perraro evenit, non reperiunt locum consistendi,
sed sua vi suoque pondere deorsum in terram feruntur. » Il y a là une réponse technique (ou plutôt
chimique) à un argument éthique, si je ne m’abuse. D’ailleurs il en a conscience : Sed dicunt :
quanquam metalla sunt in terra, ut in proprio sui ortus loco, locata ; quia tamen inclusa et abdita
latent in occulto, non sunt eruenda. Il répond alors l’argument des poissons : cachés dans la mer,
environnement plus étranger à l’homme « terrenus animal » que les « terrae viscera », on va quand
même les chercher. 9 Mais nous nous nourrissons de poissons et non de métaux. Là, il accumule
tous les usages des métaux dans l’agriculture et dans le textile. Les gens qui voudraient se passer de
métaux « redirent ad glandes », « more bestiarum ». Puis Abeo ad exempla. Il reprend les exemples
successifs de Bias, Socrate et Aristippe, c’est une refutatio en ordre. Bias n’a pas pris d’objets
précieux pour éviter d’être poursuivi par les ennemis, en sage prudent [il y a ici confusion entre
sagesse et prudence je crois ; le stoïcien radical devient un bon stratège…] Il ajoute mesquinement
que Bias mépriserait vraiment l’or s’il l’avait distribué aux indigents en temps de paix, et non laissé
derrière lui en temps de guerre… C’est un argument de droite qu’on connaît, allez ! 11 Et ça
continue avec un paquet d’exemples qu’il conclut par « rem non curarunt ? non coluerunt agros ?
non habitarunt domos ? » 12 Et enfin l’argument que tout le monde attendait : le métal n’est pas mal
en soi, ce sont nos vices qui le rendent mauvais. Bello etiam causa res fossiles non sunt. Cite alors
Tibulle (Divitis hoc vitium est auri, mais Agricola le juge « non recte »), puis Virgile (auri sacra
fames). La page 13 recense les différentes manières de torturer et tuer sans user de métaux, c’est
très inventif. 14 L’or est l’ornement de la vertu comme il est la circonstance aggravante du vice ;
Agricola cite à son secours Pindare, Sappho, Callimaque et Antiphanes. Puis à qui les métaux sont
utiles ? Aux médecins, aux peintres, 15 aux architectes, aux pieux qui offrent des exvotos, aux
marchands, à tout le monde. Le mineur ne fait pas plus de mal à autrui que l’agriculteur dont le
champ rapporte. Par conséquent il est faux, le « vieux proverbe » qui dit que toute richesse est
inique ou héritière d’iniquité, Omnino verum non est illud vetus proverbium, Omnis dives aut
iniquus, aut iniqui haeres. En revanche il se range au mot du poète Naevius : Male parta male
dilabuntur… D’ailleurs les mines sont souvent mal partagées : Ubi spes aliqua metalli effodiendi
ostenditur : aut regulus, magistratusve, exturbat fodinae dominos ex possessione : aut callidus et
versutus aliquis civinus, antiquis possessoribus infert litem, ut eos aliqua fodinae parte spoliet : aut
praefectus fodinae ideo indicit domi 16 nis symbola graviora, ut, si ea dare noluerint, vel non
potuerint, omne jus possessionis amittant, ipse, contra quam fas est, amissum usurpet : aut denique
praeses fodinae venam, qua parte abundat metallo, oblinit luto, vel terris, saxis, assere, palo tegit, ut
aliquot post annis, cum domini fodinam, putantes exhaustam, deserent, ipse metallum relictum
fodiat, et ad se rapiat : praeterea colluvies metallicorum ex fraude, fallaciis, mendaciis, tota constat.
Le vice est partout autour des mines, tout le monde vole tout le monde… Il en arrive à citer Juvénal
sans le nommer.Ensuite 17 il attribue à chaque autorité le rôle qu’elle doit avoir pour une mine juste
et bien réglée. Il faut pour administrer une mine (fodina) et juger de ses conflits commerciaux un
homme « prudens, impiger, gnarus hujus artis ». Ce n’est plus le philosophe-roi, c’est le technicien-
roi… Ensuite il répond à l’accusation qu’on fait aux maîtres des mines d’être des « mercenarii ». Il
dit que c’est vrai de certains, comme de certains architectes, médecins, et autres « artes honestae ».
« Nec igitur metallica ea causa ipsarum a choro excludetur », il ne faut pas en exclure pour autant
l’art métallique du chœur des arts honnêtes. 18 fin du premier livre.
Liber secundus, 19
Quelles sont les qualités du « metallicus » ? D’abord il doit être pieux. Puis prudent, et descendre
« frequenter » dans la mine. 20 Il faut aussi omnes laborandi rationes intueri atque contemplari. Nec
id solum agere debet, sed interdum aliquos labores suscipere : non ut in iis se frangat, sed ut et suâ
diligentiâ mercenarios excitet, et eos doceat artem. [Double accusatif : leur apprendre leur art. Donc
il y a une vertu scientifique et morale à pratiquer des arts « interdum », de temps en temps.]
21 Il faut considérer sept choses avant de creuser une mine : Loci Genus, Habitum, Aquam, Viam,
Salubritatem, Dominum, Vicinum. Loci Genus : il y en a quatre, les deux premiers faciles à creuser
(montanum, collinum) les deux seconds difficiles (vallestre, campestre). Etc ; 23 il faut que le
dominus ne soit pas un tyrannus, ce sur quoi Agricola insiste beaucoup.24 Cite Lucain, III, 468-469
pour décrire les critères pour choisir le lieu… Puis Lucrèce lorsqu’il explique où se créent les
métaux : V, 1240 et suiv. [Puis longue dissertation sur la virgula, le bâton pour trouver les filons. 29
Liber tertius : ce sont les différentes dispositions d’un filon dans une montagne. 55 Liber quartus :
traite « de republica et officiis metallicorum » (p. 70), c’est d’abord la géométrie des mines et le
droit du sol, 70 enfin des remarques pratiques : les ouvriers ne travaillent pas le samedi (ils achètent
de quoi vivre la semaine), ni le dimanche (sacris operam dant). Le reste du temps ils travaillent
absolument sans interruption : Porro totum hoc genus operariorum durum est, et ad labores natum.
(Porro = d’ailleurs). Il appelle l’ouvrier « operarius, ii ». Liber quintus : il va s’agir de la technique
pour creuser une mine. 74 Les galeries horizontales sont des « cuniculi », les puits les rejoignent à
la verticale. Parfois une galerie intermédiaire est appelée « krypta » en grec : elle n’a pas de sortie,
elle est creusée à partir du fond d’un puits ; les kryptai sont « latentes et occultae ». [pour le secret.
Ensuite traite longuement de la manière de reconnaître une terre féconde en métaux précieux. 80 On
brise les plaques de métal entrouvertes (bracteae crispatae) en enflammant des bouts de bois. Puis il
explique comment faire tenir un puits et une mine et que tout ne s’écroule pas. Ensuite beaucoup de
géométrie des triangles, pour faire se rencontrer le puits et la galerie. 107 Liber sextus : les
« ferramenta », les outils des mineurs et des forgerons. 110 Ligo (la faux), batillum (la pelle) sont
des noms de dictionnaire. Rutrum (la truelle) et modulus (115, le seau), est par contre dans le De
Architectura au livre VII, et peut-être qu’il y a là la source de « la truelle crossée » pour Ronsard ?
Ou en tout cas ce qui autorise son usage] et bulga (sac de cuir), est dans Münster. « fornacula »
(176) est un mot d’alchimistes. « Mortariolum » (183, la coupelle) est un terme biblique (Nombres,
VII). [Dans ce livre six, plus on avance dans les puits, plus ils sont élaborés ; le dernier est une
véritable machine aux dimensions surhumaines, p. 120. 174 Liber septimus : il va s’agir de traiter
le minerai, ce dont pas plus que les anciens, « aetate posteriores nihil de eo scripserint ». C’est le
plus technique des chapitres : il traite de la fonte et de la manière d’évaluer la valeur d’un filon
(vena ; la dernière gravure est une balance). 208 Le livre huit est le « majus opus », celui qui traite
de l’affinage des métaux. 216 la confection des « ollae », des marmites en terre par un potier, fait
partie du travail de la mine. L’acmé technique est peut-être la machine de la p. 234 qui « una auri
venam uno eodemque tempore tundat, molat, lavando purget, cum argento vivo permisceat aurum ».
Le livre neuf est sur les fourneaux. Catinus : le creuset. 350 Il me semble qu’il y a là l’explication
de l’emblème de Corrozet : « Fovea cui ligna super posita sunt », fossé sur lequel sont posé des
bâtons. Il en sort du plomb par le catinus, comme un fourneau sauf que ça n’en est pas un. Le
plomb « goutte » du filon (stillat, dit Agricola). 354 Liber decimus : c'est du raffinement des métaux
alliés. Le verbe est « discernandi ». 363 un fourneau dans un décor à l'antique : annoblissement. 393
Liber undecimus : de même. 439 Liber duodecimus : les « succos concretos », qui ne sont pas à
proprement parler des métaux, c'est le déchet des minerais. Mais pas seulement : il s'agit des vitriers
par exemple à la fin. Cette édition est suivie du De animantibus subterraneis. **
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5037683/f14.item

Banderier, Gilles. “NOTES SUR CHRISTOFLE DE GAMON.” Bibliothèque D'Humanisme Et


Renaissance, vol. 65, no. 2, 2003, pp. 317–329. JSTOR, JSTOR, www.jstor.org/stable/20680585.
Christofle de Gamon (1576-1621)
319 La bibliographie contient quatre poèmes inédits, dont un sur le manuscrit d'oeuvres d'Henri de
Linthaut, bruxellois (1570?-1620?) qui a publié en 1610 un commentaire, dédié à Jacques Ier
d'Angleterre, du Tresor des Tresors de Gamon (Lyon : Claude Morillon).

323 La Semaine de Gamon a connu plusieurs rééditions mais une seule traduction en latin de sa
première journée (par une femme, Jaqua Françoise Pautrard), tandis que celle de Du Bartas a été
traduite en latin par Du Monin (1579) puis par Gabriel de Lerm (1583).

Semaine, troisième journée : le goût de la variété et le dédain du fer familier.

Tibulle, élégie I, 1, Les Belles Lettres, 1926, éd. Max Ponchont.


La première élégie est une très simple espérance de vivre pauvre et en repos, plutôt que riche et
agité : rien sur la mine ni sur les arts du feu.

Chapitre 1./ La querelle de la mine dans la poésie


→ L'« Hymne de la terre » de Marulle donne dès la fin du XVe siècle le modèle d'un discours
poétique épidictique sur les bienfaits et les méfaits de creuser une mine, débat qui se poursuit sur la
totalité du siècle.
I./ Révéler la mine : poésie, xylographie
→ Le poète, dont la fureur inspirée révèle ce qui reste caché au vulgaire, est alors investi du devoir
de révéler par les vers les dons cachés de Gaïa ; devoir qui se double de piété ou d'indignation,
selon que les métaux seront considérés comme les dons bienfaisants de Gaïa ou le péché originel de
l'homme. Dans quelle mesure l'épiphanie poétique diffère-t-elle des représentations visuelles des
mines que nous ont laissées les graveurs de la Renaissance ?
-Fracastor (Syphilis) et ses imitateurs ; Agricola et ses comparses ; Esculape et Dionysos...
II./ Terre antique et mine renaissante : « qui primus… »
→ Dans quelle mesure l'imitation du thème ovidien de l'âge de fer s'est-elle adaptée, chez les
poètes, aux réalités socio-techniques de la Renaissance ?
-Ovide ; Marulle ; Ronsard ; Jacques Béreau...
III./ Mine et civilisation
→ Comment les mines, et surtout les mines d'or et d'argent, ont-elles été intégrées et réquisitionnées
à la gloire (d'un pays, d'un roi, d'une région...) célébrée par les poètes ?
-L’Ambivalence de l’or ; « l'Hymne de l'or » et ses imitations ; la poésie géographique...
Bachelard, « rêverie cosmique », dans La Poétique de la rêverie (HS)
Bernard d'Espagnat, Traité de physique et de philosophie, 2002 : « délai d'inculturation » pour que
la science rentre dans la culture scientifique.

La métallurgie de la Haute-Marne, cahiers du patrimoine, 1997


« La sidérurgie haut-marnaise au Moyen Âge (XIIe-XVe s.) », p. 17-34

Pierre Lemonnier, « À propos de Bertrand Gille : la notion de « système technique » », L'Homme,


1983, 23-2, 109-115

Esculape et Dionysos, Marie-Madeleine Fragonard, « Imaginaire du monde souterrain et sciences


expérimentées », p. 343-353

R. F. Tylecote, A History of metallurgy, 1992


Chap. 8, “Post-medieval metallurgy”. 95: les livres d’Agricola et de Biringuccio suivent la tradition
de Theophilus. Biringuccio écrivant en italien fut moins renommé qu’Agricola. La demande fut
d’abord militaire, en fer.

Technique, mot et image : le De re metallica d'Agricola, Marie-Claude Déprez-Masson


Avant-propos : 8 André Leroi-Gourhan décrit le DRM comme « l'extériorisation de la mémoire
technique » jusqu'ici orale.
13 « indépendamment de tout éventuel mépris envers les simples ouvriers manuels, les élites
n'avaient guère l'occasion de voir pratiquer ces activités métallurgiques et minières ».
Agricola et l'univers métallurgique et minier :
35 Agricola, de père teinturier-drapier, a hérité des intérêts de celui-ci : l'alun, précieux mordant
vendu à prix d'or, fait l'objet d'une longue explication par exemple (monopole papal sur l'alun de la
Tolfa).
A. publie d'abord en 1520 un traité de grammaire latine. C'est un didacticien.
38 Comme médecin, A. soigne les malades de la peste ; après la mort de sa fille de cette maladie, en
1554 il publie De peste libri III.
57 A. est très appliqué à l'exactitude des termes. Dès le De natura fossilium il esst fâché que
botrytes désigne 3 pierres différentes ou que l'ambre porte en latin quatre noms, succinum, electron,
caraben et ambra.
Le livre de l'institut Max Planck

Marco Beretta, « Humanism and the Emergence of Early Modern Chemistry : The Spread of
Georgius Agricola's Metallurgical Writings », p. 7-30
7: outside the chemical tradition. La fondation de la chimie est réservée à Paracelse dans son refus
de la physique aristotélicienne. 8 : chez Paracelse l'experiment est supérieur à la dispute
philologique.
8 : pour Paul Oskar Kristeller dans Renaissance Thought, New-York : Harper, 1961, p. 10,
l'humanisme se définit par une attention à certains domaines précis : grammaire, rhétorique,
poétique, histoire, philosophie morale. Exclut la logique, la philo naturelle, la métaphysique, les
mathématiques, l'astronomie, la médecine, la théologie, qui sont pourtant des repères de
l'humanisme de la Renaissance. 9 : d'autres critiques au contraire, comme Eugenio Garin, Gli
umanisti e la scienza, 1961, considèrent que l'humanisme et la science sont indiscernables.
Découverte d'un texte ancien = considérée comme une découverte scientifique [à la nuance près que
découverte, ici = redécouverte.
11 : l'intérêt d'Erasme, sa participation même (le livre contient une lettre-préface d'Erasme) montre
qu'il ne s'agit pas uniquement d'un travail scientifique vu qu'Erasme ne s'intéresse pas à la science
d'habitude. L'un de ses Colloquia intitulé « L'Alchimiste » est même opposé à l’alchimie. 13 : de
même le Bermannus se moque des indocti et inepti Chymistae.
12 : la démarche d'Agrcola est humaniste : les res et les nomina ont été oubliés pendant aliquot
seculis ; on leur a préféré des noms « barbares ». Les sources ne sont pas arabes et médiévales, mais
antiques : Hippocrate, Galien, Dioscoride, Pline, Vitruve, Orbasius. 20 : Agricola par exemple
récuse l'association planète-métal, dont il rend reponsables les arabes et Albertus Magnus. 21 : Au
contraire, une observation de Lucrèce sur la naissance de certains minéraux à la ssuite de feux de
forêts (V, 1241-1257) est reprise comme absolument certaine, comme observation de la nature tout
court.
13 Selon Halleux et Yans, 5 règles por nommer les minéraux : 1 : utiliser le latin classique 2 :
spécialiser les termes latins lorsqu'ils sont trop généraux 3 : utiliser des circonlocutions si nécessaire
4 : traduire en latin les termes allemands 5 : Eventuellement, latiniser les termes allemands lorsque
pas d'équivalent. Ce sont donc les mêmes règles que Gesner ou Andreas Caesalpino ont appliqué à
la botanique.
15 : Agricola propose parfois des distinctions entre des métaux sur la base de leurs réactions à
certaines opérations chimiques, ce qui est quasi inconnu des Anciens.
18 : Agricola n'hésite pas à renouveler entièrement le savoir technique, comme au sujet de la
branche fourchue (virgula divina) utilisée dans la prospection, qu'Agricola rejette. 19 : ou les
démons des mines, les gnomes, dont Agricola ne réfute pas l'existence daans son De animantibus
subterraneis liber en 1549.
24 : Le succès d'Agricola se mesure à sa présence dans les bibliothèques privées d'un grand nombre
de chimistes.

Voir dans L'Apparition du livre, 1958, p. 418-420, l'importance des bois d'Agricola dans l'histoire
du livre.

Halleux, « La nature et la formation des me´tauxselon Agricola et ses contemporains », Revue


d’histoire des sciences, t. 27, n. 3 (1974), p. 211-222.
212 Premier obstacle, la langue : le mot metallum désigne à la fois le métal, la mine et le minerai
(mais surtout la mine, sens du grec metallon). C’est le cas aussi du mot polysémique mine en ancien
français. Le nombre des sept métaux est dû à une correspondance astrologique.
213 Ainsi la définition des métaux par Agricola (matière fusible par le feu, qui revient à sa forme
première lorsque refroidie) « heurtait à la fois les aristotéliciens, les astrologues et les alchimistes ».
214 Cardan la cite avec éloge mais préfère s’en tenir au consensus.
222 Halleux note que Jacques Aubert se réclame d’Agricola dans sa querelle alchimique avec Du
Chesne.

des exils : avant elles, « Les marchez n'estoient point, ny les peaux des ouailles / Ne servoient aux
contacts : les paisibles orailles / N'entendoient la trompette : ains la Tranquillité... » (« Élégie IIII »,
Rons., t. II, p. 332, v. 65 et suiv.). « orailles » v. 66 : bordure, orée (<ora) « Ora » et « qui primus »
sont dans le premier vers de L'Enéide :
Arma uirumque cano, Troiae qui primus ab oris
Italiam fato profugus Lauiniaque uenit
litora...
« [J]e chante [les armes] et l'homme qui, premier, des bords de Troie vint en Italie, prédestiné,
fugitif, et aux rives de Lavinium... » (en excluant les faux quatre premiers vers). p. 4-5 de
l'Enéide, livres I-IV, éd. et trad. Jacques Perret, Paris : Les Belles Lettres, 1992.

[donc c'est l'épopée dans son principe même qui est déploré ; l'état de nature est celui avant
l'arrivée d'Enée ; Virgile sera dit l'inventeur de l'orfèvrerie dans un autre poème...

Plutôt qu’inventions, Francesca Bray et Liliane Hilaire-Pérez préfèrent parler de « coproduction


globale et d’un processus d’appropriation imbriquée », appuyant alors singulièrement sur le rôle
des « passeurs » entre les continents, comme les Arméniens dans le cas des arts du feu, Francesca
Bray et Liliane Hilaire-Pérez, ibid., « Introduction » op. cit., p. 13.
Pierre Lemonnier, « À propos de Bertrand Gille : la notion de “système technique” », dans L'Homme, 1983, vol. 23, n°
2, p. 109-115.

Je te salue, ô Terre, ô Terre porte-grains,


Porte-or, porte-santé, porte-habits, porte-humains,
Porte-fruicts, porte-tours, alme, belle immobile,
Patiente diverse, odorante, fertile,
Vestue d'un manteau tout damassé de fleurs,
Passementé de flots, bigarré de couleurs. (3e journée, v. 851-856

Anne-Françoise Garçon et André Grelon (dir.), Penser la technique autrement, XVIe-XXe siècle. En
hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, Paris : Classiques Garnier, 2017, p. 61
Marcus Popplow, « Nouveau, utile et ingénieux. Les ingénieurs de la Renaissance, inventeurs d’un discours sur
la technique », p. 59-72.

Isabelle Pantin, « Faire accoucher le temps. Le philosophe et les dernières arcanes de la création, de
Paracelse à Kepler », dans Seizième siècle, n° 2, 2006, p. 195-214.
204 « L’adage Veritas filia temporis participe donc aussi de toute une conception religieuse de la marche de
l’histoire, avec l’idée qu’il entre dans le plan de la Providence de révéler progressivement les ‘’secrets du
monde’’ ». C’est utile pour décrire Nature ouvrant ses flancs. La nature est alors des arcanes en même temps
qu’un grenier, une réserve de secrets : des penetralia (le mot est de Kepler).

Michel Pastoureau, Traité d'héraldique, Paris : Bibliothèque de la Sauvegarde de l'Art


français, 1997 [première édition : 1979].
307 monnaie frappée par les comtes de Hammerstein vers 1080 : représentent un marteau.

Pour finir l’article artillerie


Charles de Navières, Chant triomphal de la Victoire donnee au Roy tres-chretien, pres d’Yury
(du 14 mars 1590), Chaalons : Claude Guyot, 1590
p. 3 « le peu ioyeux Ioyeuse »
5 C’est une bataille contre la Ligue en sixains dont le dernier vers est le refrain. Un sixain :
Là le Canon a tonné ses fureurs,
Et a vomy la mort débagoulée :
Mais tout cela n’empesche les coureurs
De se jetter a travers leur volee,
D’un contrefeu de courage remplis.
Vive le Roy, [vive France et le Lys].

Claudine Jomphe, Les théories de la dispositio et le Grand Œuvre de Ronsard, Paris : Honoré
Champion, 2000
p. 340-350, elle montre que malgré les exhortation de tous les dieux et de tous les
personnages, Francus est un anti-héros qui n’est jamais convaincu que l’héroïsme met à l’abri
des revers de Fortune.

Claudine Jomphe, « La Rochelléide et les voies du poème héroïque », dans Frank Greiner et Jean-Claude Ternaux (éd.),
L’Epopée et ses modèles de la Renaissance aux Lumières, Paris : Honoré Champion, 2002, p. 247-271
267 Une ode « Sur les presens troubles de France », qui s’insère entre La Rochelleide et les quatre sonnets finaux,
développe une matière et un style héroïque dont l’absence éclate plus encore dans La Rochelléide. 268 L’événement
héroïque de la mort du duc d’Aumale est absente de La Rochelléide, et ne se trouve que dans le Tombeau de Claude de
Lorraine, Paris : Du Pré, 1573.
JOMPHE, Claudine (Saint-Louis) La Rochelleide de Jean de la Gessée (1573) et les voies du poème héroïque au
lendemain de la Franciade — p. 268 : De même, un événement aussi héroïque que la mort du duc d'Aumale, lequel périt
selon les meilleures règles martiales et poétiques, d'un coup de canon, n'est aucunement exploité dans le registre
guerrier dans La Rochelleide : pas le moindre élément descriptif, si bien que le lecteur pourrait croire le duc mort d'une
pneumonie ! C'est dans le Tombeau que La Gessée lui consacre, oeuvre essentiellement encomiastique, que D'Aumale
se dresse en héros guerrier : « Bellone à l' oeil furieux / Guidoit les coups de sa lance » avant que « Mars l'injurieux /
[Ne fût] jaloux de sa vaillance : / Si que le boulet meurdrier / D'un Canon espouvantable, / Vint abatre ce Guerrier »".
Mais dans La Rochelleide, c'est par son expérience prophétique et l'épreuve morale qui s'ensuit, soit la marche vers une
mort assurée, qu'il s'élève au-dessus du commun des mortels et se rapproche du héros grec Idmon. Ces différences de
fond et de forme entre La Rochelleide et certaines œuvres encomiastiques que La Gessée publie à la même époque
laissent penser que la première, comme d'ailleurs l'indique son titre, contient des louanges de divers personnages mais
n'est pas, ellemême, un poème principalement encomiastique'.

Timothée de Chillac, Arsenal - magasin8-BL-8946 La Liliade Françoise, 1599


Jean Le Blanc, Henriade https://mazarinum.bibliotheque-mazarine.fr/viewer/2209/?
offset=#page=6&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=
Rochelléide, pour les rites mortuaires : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6288848z

Fin de l'article artillerie

Francis Goyet, Le Regard rhétorique, Classiques Garnier, 2017.


Introduction
9 La rhétorique était un regard sur le discours comme un tout. [P. ex. pour F. Goyet un recueil
de sonnets est un discours, avec une suite de lieux]
[Suit une longue explication d’une petite phrase de Cicéron, sur la forma : à la fois beauté et plan d’ensemble. Il défend
enfin, suivant le terme de Barthes (« co-opérative »), une « co-construction » de l’œuvre (je ne vois pas bien pourquoi
il ne reprend pas le terme de Barthes dont il dit lui-même qu’il est un idéal politique communiste).

Francis Goyet, Le Sublime du « lieu commun ». L’invention rhétorique dans l’Antiquité et à la Renaissance, Paris :
Classiques Garnier, 2018
« Avant-propos »
I : au cours du travail, F. Goyet est passé de « lieux » (topoï, Aristote) à « lieux communs » (Cicéron), passage « vécu
comme une conversion ».
121 n. 1 : « technologia » est un mot de grec tardif (Bailly cite Plutarque) qui signifie un « exposé des règles d’un art ».
Mais les rhétoriciens sont plutôt nommés « technographoï ».
591 Le terme de « redigere », que FG traduit régulièrement par « faire entrer dans sa rubrique », peut signifier « faire
entrer de force », comme lorsque Sénèque critique la maladie des scholastici de faire entrer de force les exemples qu’ils
ont appris dans les causes qui n’ont rien à voir. P. 604 un texte du XVIe siècle traduit « redigere » par « compasser », ce
que FG trouve correct.
[Francis Goyet est un redactor maximus. Je m’étonne que le terme de materia n’apparaît qu’une fois
dans les 700 pages de l’étude sur l’inventio…]
L'éloquence de la chaire n'est alors jamais loin, comme le montre ce stylème de sermons, « Tout
ainsi que... ainsi... » :

Et tout ainsi qu’ung ouvrier bien subtil


Ne treuve poinct jamais maulvais oustil,
Et mect s’il peult toutes pièces en œuvre,
Semblablement l’homme prudent recœuvre
Tousjours secours, quand il veult par raison
Se gouverner selon temps & saison.91

Dès lors la signifiance chrétienne du savoir technique s'interprète comme la volonté de s'adresser au
vulgaire et de lui donner accès au savoir moral.

Dans Le Tresor de Evonime, p. 27 et suiv., des gravures vraiment intéressantes qui aident à
interpréter les emblèmes. C’est la trad. de Conrad Gesner par Barthelemy Aneau, Lyon 1555.
Malheureusement c’est sur Gallica intra muros. p. 27 un grillage semblable à celui dans Corrozet
FAUX c'est pour épurer l'eau !

Emblemata physicoethica de Nicolaus Taurellus, 1602


f. F8 r° un homme en cuisine, au fourneau.
Il y a des « Emblemata nuda » sans images, curieux. Ensuite des Carminae funebria. Dans tout cela
rien.

Emblèmes et devises au temps de la Renaissance [Texte imprimé] / Université de Paris-Sorbonne...


Centre de recherches sur la Renaissance [Gallica intra muros]
Alain Michel, « Rhétorique et philosophie de l’emblème : allégorie, réalisme, fable », p. 23-31
23 rapprochements possibles avec la littérature antique qui ne connaît pas l’emblème : apologue
ésopique, épigramme, xenia, mais le modèle poétique est pour la renaissance, probablement plutôt
le symbolisme pétrarquiste (p. 27).

Histoire des techniques, dans L'Encyclopédie de la Pléiade, Pléiade, 1978, éd. Bertrand Gille
Section « Les Origines de la technique », Bertrand Gille, p. 119-176
122 « La mythologie des techniques est abondante, mais inégalement répandue. Elle existe dans les
religions polythéistes, rarement dans les religions monothéistes. » [intéressant pour La Semaine
124 « Dans un système technique donné, Héphaïstos apparaît donc bien comme la puissance
complémentaire d'Athéna. A eux deux, ils représentent presque toutes les activités techniciennes de
la haute époque. »
126 « les techniques de Prométhée sont les techniques du feu ; elles touchent les métallurgistes,
comme les potiers et sans doute aussi les cuisiniers. »

Philippe Morel (dir.), L'Art de la Renaissance entre science et magie, Rome : Académie de France à
Rome / Somogy éditions d'art, 2006.
Patricia Falguières, « Poétique de la machine », p. 401-449
402 l'engouement de l'historiographie pour les curiosités part de l'hypothèse d'un Entzauberung des
91 Corrozet p. 135, « S’aider de tous ses membres », faire feu de tous bois :
Welt », un désanchantement du monde, dans lequel on voudrait trouver la marque par le retour à
une époque antérieure à la « mathématisation de l'expérience » (Koyré). 404 Fait significatif : le
successeur de Ramus au Collège Royal, son disciple aussi, fut l'éditeur le plus accompli des
Mécaniques d'Aristote, qui les dédia à Henri IV : le médecin et mathématicien Henri de
Monantheuil.
405 Les Aristotéliciens, italiens en particulier, sont prêts dès le XVIe siècle à nommer « art » la
poésie, ce qui ne va nullement de soi. 405 à la fin du siècle, on nomme ainsi la mécanique
indifféremment une science ou un art. 407 Peletier, comme quelques autres, use pour décrire les
liens de mécanique et de spéculative d'une métaphore érotique.
422 Lorsqu'en observant la nature pour inventer une machine, on arrive à résoudre un problème
technique, on « vérifie la mimêsis ».

De multiples sous-espèces de l'épigramme ont donc pu convenir, au XVIe siècle, pour


exprimer le savoir technique des arts du feu. La délimitation exacte du genre de l'emblème et de ses
rapports avec la devise, l'énigme, l'adage, pose problème à une époque où ces genres commencent à
être particulièrement goûtés, comme le déplorait Claude Mignault dès 1571 : « plerique sunt non
satis acuti, qui Emblema cum Symbolo, cum Ænigmate, cum Sententia, cum Adagio (etc.) temere ac
imperite confundunt »92. Il semble presque que la pratique poétique, lorsqu'elle s'appuie sur la
pratique technique, met en déroute la théorie ; Pourtant la parole qui accompagne la figure est
parfois elle-même figurée et la distinction est loin d'être aussi simple dans bien des cas. Chez Alciat,
pour ne citer que lui, le signe ne réside pas seulement dans l'image, et le signifié pas seulement dans
le texte, comme l'a remarqué Claudie Balavoine93.
Cependant sa pratique du genre permet d'en tirer au moins un trait définitoire formel. Avec
Alciat, l'emblème est toujours composé de trois parties : inscriptio, pictura, subscriptio. La forme
est le seul aspect régulier de ce genre puisque la matière est tirée de toutes les traditions, mythologie
païenne, allégories médiévales et compilations humanistes de « loci communes » du type des
Adages94. Dès lors, autant qu’il y a de traditions qui se croisent, il y a de modes de signification qui
se croisent. On peut certainement voir dans l’emblème (et on y a vu, dès le XVI e siècle) une
manière de rappeler la doctrine platonicienne universalia ante rem, mais le sens généralisant de
l’emblème est contredite par certaines applications spécifiques de ces « natures » emblématiques.
En effet, concepts platoniciens et tradition médiévale de l’allégorie chrétienne se rencontrent95.
Suivant l'hypothèse d'André Stegmann, c'est l'influence des théoriciens italiens et de
la poésie pétrarquiste qui contribuent à diffuser le mode de signification emblématique à travers
beaucoup de genres poétiques différents96. Ce mode connaît un essor de 1550 à 1560 dans la lignée
d’Alciat à Lyon ; Anvers et Venise prennent ensuite le relais. Puis de 1590 à 1610 le genre se fixe
sur des domaines plus précis : scientifique, politique, spirituel selon les auteurs, qui puisent de
moins en moins à la mythologie et à la fable antiques 97. Dès lors, plutôt que de définir un genre
poétique précis, Peter M. Daly s’est attaché plutôt à définir une manière emblématique de signifier,
un « word-emblem », qui est un mot ou groupe de mots poétiques de nature visuelle (« meant to be
visualized »), porteurs d’un sens98. Certes, le « word-emblem » est une énigme, mais « pas jusqu’à
92 « Beaucoup ne montrent pas assez de rigueur, confondant aveuglément et maladroitement l'Emblème avec le
Symbole, l'Enigme, la Sentence, l'Adage, etc. », Claude Mignault, Syntagma de Symbolis, 1571 cité dans Yves
Giraud, « Propositions », in Yves Giraud (dir.), L’Emblème à la Renaissance, Paris : Société d’édition
d’enseignement supérieur (S.E.D.E.S.), 1982, p. 7 (ma traduction).
93 Claudie Balavoine, « Les Emblèmes d’Alciat : sens et contresens », in Yves Giraud (dir.), op. cit., p. 57 ; Balavoine
note cependant que la critique a pu être induite en erreur par l'allusion d'Alciat aux Héiroglyphes en 1530, à laquelle
elle a donné trop de portée théorique
94 Peter M. Daly, op. cit., p. 11-16 ; Daly propose même une mesure chiffrée (quoique partielle) des emprunts de
l'emblème aux différentes traditions, p. 11.
95 Ibid., p. 52.
96 André Stegmann, « Les Théories de l’emblème et de la devise en France et en Italie (1520-1620) », dans Yves
Giraud (dir.), op, cit., p. 76. Symeoni, Paradin citent en effet P. Jove, Domenichi, etc.
97 Peter M. Daly, op. cit., p. 11.
98 Ibid., p. 93.
l’obscurité », sauf si le public visé était particulièrement érudit 99. Ce « word-emblem » peut se
trouver d’ailleurs dans autre chose que des emblèmes, et la poésie emblématique ne connaît aucune
restriction de genre. Les recueils d’Amours, les pièces de théâtre contiennent bien souvent des vers
qui imitent la description visuelle d’une allégorie emblématique 100. Le calligramme même
(« pattern poem ») est un emblème, où pictura et subscriptio sont fondues en un101.
Ainsi l’emblème résonne et raisonne à la fois : on a pu le rapprocher de figures logiques
aristotéliciennes, comme l’enthymème (ce syllogisme incomplet, pas forcément formellement
incorrect)102. Si le « secret » appelle un dévoilement et une explication, c’est bien que les poèmes
emblématiques possèdent un contenu didactique. Celui-ci est d’ailleurs double : portant à la fois sur
le comparé et sur le comparant. La technique métallurgique apparaît en effet souvent, dans
l’emblème, comme comparant d’un discours poétique sur la morale ou les passions, comme le font
les autres domaines du savoir : « la science peut nourrir l’emblème. En lui, la géométrie et
l’astronomie rejoignent la poésie et sa parénétique », écrit Alain Michel103. Néanmoins, le
didactisme peut porter également sur le contenu technique lui-même.
Parfois cependant, l’emblème est si hermétique que le contenu technique s’efface
volontairement pour laisser place à un « veiling for the sake of the pleasure of unveiling »104. Il y a
donc pour ainsi dire une tension entre l’énigme et le didactisme dans l’emblème. Or c’est peut-être
précisément les enjeux du didactisme qui unissent les deux grandes œuvres de Maurice Scève, le
Microcosme et la Délie. Les deux poèmes versifient la science et la technique humaines ; les deux le
font en prenant le risque de l’obscurité. La plupart du temps cependant, la métaphore est claire : le
travail de l’ouvrier mécanique est l’image de la peine amoureuse du sujet lyrique.
De même le dizain 36 est l’occasion d’un double jeu sonore, qui rapproche deux fois la
forge et la passion amoureuse. Le « prix » de la flèche dorée d’Amour amène l’amant « pris » qui la
reçoit au cœur, et le « trait » de l’archer divin amène l’« attrait » amoureux :

Le Forgeron villainement erra,


Combin qu’il sceust telle estre sa coustume,
Quand à l’Archier l’aultre traict d’or ferra,
Par qui les cœurs des Amantz il allume.
Car espargnant, possible, son enclume,
Il nous submit à estimable prys,
Pour mieux attraire, et les attraictz surpriz
Constituer en serve obeissance.
Mais par ce traict attrayant Amour pris
Fut asservy soubz l’avare puissance.

Il n’est pas fréquent que Scève se réfère directement, comme ici, à un élément de mythologie
païenne (ici Vulcain forgeant les flèches d’Amour, dans Ovide, Mét., I, 464 sq.)

Dans le Liber I : De stellis de ses Poemata (Venise : Alde, 1513 [1505]), après
l’énumération des étoiles et le récit de la création de l’homme, Pontano raconte l’« Ignis inventio »,
invention qui entraîne avec elle tous les autres arts du feu, p. 22 r° :

Ecce autem e mediis terrae fornacibus ignis,


Sive ille excussus coelo pugnantibus euris,
Seu silicis venis manus extudit, arida circum
99 Ibid., p. 94-97.
100 Ibid., p. 132.
101 Ibid., p. 142. Dans la seconde partie de son ouvrage, Daly tente d’étendre son « word-emblem » à tout le théâtre et
tout le roman du XVIe-XVIIe.
102 Peter M. Daly, op. cit., p. 56.
103 Alain Michel, « Rhétorique et philosophie de l’emblème : allégorie, réalisme, fable », dans M.T. Jones-Davies (dir.),
Emblèmes et devises au temps de la Renaissance, Paris : J. Touzot, 1981, p. 30.
104 Peter M. Daly, p. 58.
Corripuit fomenta, levique impulsus ab aura
Succensos ramos flamma crepitante cremavit,
Et lux frondosa nemorum diffulsit in umbra.
Extimuit primo flammas ignobile vulgus.
Post ubi subsedere ignes, & fulgidus ardor,
Cognitus & tandem divini muneris usus,
Excipitur dextra fumanti stipite carbo,
Inferturque focis, tenebras, & frigora noctis
Qui foveant, calidisque assent & viscera prunis.
Paulatim quoque diversos idem ignis in usus
Transfertur, donec liquidum explorare metallum
Cogitur, atque novis ferrum expumare caminis.
Hinc marrae, Curvusque bidens, & vomer aduncus,
Queis terram vertere, atque edomuere colendo.
Hinc falces curvae, atque aerata fronte secures,
Robora queis, tiliaeque leves, et fraxinus ingens
Excisae, primas domibus fecere columnas,
Et statuere nigris angusta mapalia105 tectis.
{v°} Ex illo coetusque hominum, atque frequentia coepit.
Urbibus inc positis statuunt connubia, & aequas
Describunt leges, & diis sua templa dicarant.
Mille artes, rerumque dehinc commenta bonarum
Crevere, & laudum accessit generosa cupido.
Sulcatum mare navigiis, & sydera coelo
Quaesita, expressumque cavis e montibus aurum.
Tum rerum causae inventae, tum copia fandi106
Extulit os, movitque foro popularia bella.
Tum canere Heroum laudes, & fortia facta
Pierides coepere, aeternumque addere Carmen
Laudibus, aeternamque in secula condere famam.

Finalement la poésie (« Carmen ») elle-même est un art du feu, ou le résultat d’un art du feu,
comme le droit et l’économie. Le Bref sommaire ne Guillaume Telin (1533) ne dira pas autre chose.

Festugière, La Révélation d'Hermès Trismégiste, t. II : Le Dieu cosmique, Paris : Les Belles Lettres,
1981.
Préface, XVII Platon est « le père de toute la pensée religieuse hellénistique ».
Sénèque, Pline, Epictète s'inspirent de l'hermétisme de Philon, qui constitue le terminus ad quem de
cette étude.
X Hermès Trismégiste n'est pas original : c'est en cela qu'il sert de témoin.

Paracelse dans la poésie du XXe siècle : p. 6 de Beaujour, Michel. 1999. "La Renaissance
Fantôme." Europe 77 (847): 8. http://acces.bibliotheque-diderot.fr/login?url=https://search-
proquest-com.acces.bibliotheque-diderot.fr/docview/1303143994?accountid=15868.

La fournaise alchimique est une image de l’argumentation dans La Fournaise ardente, et le four de
Reverbere, Paris : Fleury Bourriquant, 1603.

Stéphanie Lecompte, La Chaîne d'or des poètes. Présence de Macrobe dans l'Europe humaniste, Genève : Droz,
2009.
Double problème de la poésie païenne : « Comment justifier que l'on cache une vérité sous l'enveloppe de
l'allégorie ? Comment légitimer l'interprétation allégorique d'un texte ? »
105 Mapalia, ium, n. pl. : cabane, hutte.
106 Fandus, a, um, adj. : ce qui peut être dit.
136 La défense de la narratio fabulosa s'empare des arguments qui justifiaient l'usage des mythes dans la
philosophie grecque pour en faire la défense des inventions poétiques chez Macrobe.

Le moyen français
Un aspect de la réception du Roman de la Rose au xvie siècle : le cas de Pierre de Ronsard
Author: François Rouget
Pages: pp. 111-129
111 Texte « majeur, mais rarement avoué » pour la Pléiade. 112 Binet décrit Le Roman de la
Rose comme la lecture favorite de Ronsard. 113 22 éditions de 1480 à 1538 : gros succès.
129 Il finit par un appel aux thèses sur le sujet.

Histoire des techniques. Mondes, sociétés, cultures, PUF 2016


Chapitre 15 : Techniques, rites, religions, Koen Vermeir, p. 397-414 **

Nicolaus Brontius, Libellus compendariam..., s.l.n.d.


Ce sont des « praecepta » en vers, illustrés avec commentaires, bref, des livres d'emblèmes latins.
C'est un miroir des Princes et un livre pieux.
Dans la glose du précepte 22, « Scientiis et artibus ingenium excolendum est », les enfants
doivent pratiquer les sciences, mais aussi les arts, f. F ij v°. Cicéron est cité à l'appui.

Isabelle Pantin, « Faire accoucher le temps. Le philosopheet les dernie`res arcanes de la cre
´ation, de Paracelse a` Kepler »,Seizie`me sie`cle, no 2 (2006), p. 195-214.

Pierre Hadot, Le Voile d’Isis. Essai sur l’histoire de l’idée de Nature, coll. « foli essai », Gallimard,
2004.
Avant-propos : 15 Plutarque rapporte cette inscription antique sous une statue d’Isis : « aucun
mortel n’a soulevé mon voile ».
[Le premier chapitre retraduit précisément Héraclite et conclut que « ce qui naît tend à disparaître »,
c’est-à-dire que tout est à l’état de métamorphose, même ce qui nous semble le plus stable a un jour
de naissance et un autre de mort.
Partie V : « L’attitude prométhéenne. Le dévoilement des secrets par la technique »
Chapitre 10 : « Mécanique et magie de l’Antiquité à la Renaissance ».
144 Problemata mechanica, texte péripatéticien du IIIe s. av. : « Provoquent l’étonnement toutes les
choses qui arrivent conformément à la Nature, mais dont nous ignorons la cause, mais aussi toutes
les choses qui, arrivant d’une manière contraire à la Nature, sont produites par la technique (technè)
pour l’intérêt des hommes », sur la merveille que provoque la technique.

La Délie se distingue formellement des livres d’emblèmes publiés depuis 1531 et les
Emblemata d'Alciat. En effet aucun dizain « ne fait bloc avec la gravure » de manière à être
identifié de façon certaine comme sa subscriptio épigrammatique ; les cadres se succèdent
dans le même ordre de formes ; les figures et leurs devises sont cernées de volumineux
cartouches surchargés de personnages et d’objets 107. Ces éléments essentiels de la disposition
formelle du recueil déplacent les figures à la frontière du genre de l’emblème et permettent de
les faire entrer en résonnance avec tout leur co-texte proche, et non avec une subscriptio
unique.

107 Ibid., p. XLIV.


Laurens Pierre. L'invention de l'emblème par André Alciat et le modèle épigraphique : le point sur une recherche.
In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 149ᵉ année, N. 2, 2005. pp.
883-910.

Petri Costalii [Piere Coustau], Pegma, cum narrationibus philosophicis, Lyon : Mathias
Bonhomme, 1555. p. 183
In Vulcanum. Saepissimè mundiores, rusticis & cocis esse ἀναφροδιτοτέρους/anaphroditoterous,
hoc est uti Venere minus propitia. [Smith hammering at an anvel: kiln in background. He is flanked
by two female figures in diaphanous drapery.
Non ego Vulcanus cupiam, aut Cillenius[Mercure] esse,
Sed mage Vulcanus Mercuriusque simul.
At si te fatum similem vetet esse duorum,
Dic utra mavis conditione frui?
I wouldn’t want to be Vulcan, or Cyllenius [Mercury]: I’d rather be both Vulcan and Mercury at
once. But of the two, if fate forbade you to be like [both], Tell me, which circumstance would you
rather enjoy?
Aliud.
Hispidus ardenti regnans Vulcanus in Aetna,
Quem sibi vel generum pallidus Orcus emat:
Anne potest veneris taedas adiisse iugales?
Et χάριν aeterno conciliasse thoro:
Quas nec Atlantei concors suadela nepotis
Ausa est Treiciis sollicitare sonis.
Cui lacera impexo pendet lacinia mento,
Quemque suum, pingui iure, culina facit,
O quoties cultis palpum rivalibus egit:
Et retulit Paphiae caeston & arma deae:[Paphie = Vénus
Delusit quoties pictae tectoria linguae,
Vicit & heroum lucida φίλτρα ducum.
Shaggy Vulcan, king of fiery Etna, Whom [such a one as] pale Pluto might appreciate for a son-in-
law: Can they possibly have lit the torches for his wife Venus? And can he have succeeded in
winning Charis to his immortal marriage-bed - When not even the harmonious persuasiveness of the
grandson of Atlas [Mercury] with his Thracian songs [lit. sounds] dared try to sollicit for this?
[Vulcan,] whose beard is unkempt, who is hung with torn rags, Whom the kitchen claims as its own,
by fat right: Oh! How many times has he pushed away his posh rivals with the flat of his hand, To
bring back the girdle and arms of Paphian Venus: How many times has he outwitted the subtleties
of fancy speech, And fought off the gorgeous attractions of warrior heroes.
Problema
Quaeris despectae qua tanta occasio formae,
Et clarum ingenii tam iacuisse decus:
Ut referant Cypriae praestantia munera divae
Queis nulla est patrio mista lepore venus?
Scilicet ista suas nostri docuere puellas,
Qui nisi non meritis praedia sacra ferunt.
You ask what great opportunity has come the way of ugliness, And [complain] that the bright glory
of the intellect has fallen so low that those who have no sexual wow-factor combined with inherited
charm carry off the finest prizes of the Cyprian goddess. Of course, our chaps have taught that to
their daughters - They pass the holy estates only to those who don’t deserve them.

Alexandre Marcinkowski et Jérôme Wilgaux, « Automates et créatures artificielles d’Héphaïstos :


entre science et fiction », Techniques & Culture [En ligne], 43-44 | 2004, mis en ligne le 15 avril
2007, consulté le 03 janvier 2017. URL : http://tc.revues.org/1164 ; DOI : 10.4000/tc.1164
« Héphaïstos est un dieu « aux pieds déformés, tordus, estropiés » (kullopodiôn, Iliade 18, 371; 20,
270; 21, 331), « boiteux des deux pieds », « aux deux pieds retournés en dehors », « doué d’une
direction double et divergente » (amphiguêeis, Iliade 1, 607; 14, 239; 18, 383…; Hésiode,
Théogonie 571; 579; 945; Les Travaux et les Jours 70; Bouclier 219; Frag. 209, 3). » note 8 sur
amphiguêeis : « Humbach (1969) comprend néanmoins ce terme comme « celui qui tient les
tenailles de la forge ». »

Emblemes, ou Devises chrestiennes, composees par damoiselle Georgette de Montenay, A La


Rochelle, par Jean Dinet, 1620

L’Emblème à la Renaissance, éd. Yves Giraud


« Propositions », Yves Giraud, 7-14.
« Les Emblemes d’Alciat : sens et contresens », Claudie Balavoine, p. 49-59
André Stegmann, « Les Théories de l’emblème et de la devise en France et en Italie (1520-1620) »,
p. 61-77

Jean-Yves Andrieux, Les Travailleurs du fer, coll. « Sciences et Techniques », Paris :


Gallimard, 1991.

Georgette
Plusieurs fois (p. 15, 74) le potier est l'image du démiurge.

Poetices libri septem, Scaliger. I, 57 : « Epigrammatum species multae. »


Philippe Morel (dir.), L'Art de la Renaissance entre science et magie, Rome : Académie de France à
Rome / Somogy éditions d'art, 2006.
Patricia Falguières, « Poétique de la machine », p. 401-449
402 l'engouement de l'historiographie pour les curiosités part de l'hypothèse d'un Entzauberung des
Welt », un désanchantement du monde, dans lequel on voudrait trouver la marque par le retour à
une époque antérieure à la « mathématisation de l'expérience » (Koyré). 404 Fait significatif : le
successeur de Ramus au Collège Royal, son disciple aussi, fut l'éditeur le plus accompli des
Mécaniques d'Aristote, qui les dédia à Henri IV : le médecin et mathématicien Henri de
Monantheuil.
405 Les Aristotéliciens, italiens en particulier, sont prêts dès le XVIe siècle à nommer « art » la
poésie, ce qui ne va nullement de soi. 407 Peletier, comme quelques autres, use pour décrire les
liens de mécanique et de spéculative d'une métaphore érotique.
Conclut : 439 « L'âge des machines aura commencé par un enchantement. » [Et non, sous-entend-
elle, par un désanchantement du monde...

L'ode 10 du Troisiesme livre de Ronsard est imitée de l'épode XVII qui ne compare pas à un
fourneau mais à un Etna l'amour

Dans ces exemples, la poésie trouve, par une connaissance suggérée ou alléguée des
arts du feu l'isotopie d'expression d'une expérience racontable, versifiable, l'expérience des
lois naturelles par le fourneau bien sûr (attitude prométhéenne), mais aussi et en même temps
l'expérience au sens que Walter Benjamin donne à ce mot (que l'on rapprochera plutôt de
l'attitude orphique). L'alchimie, lorsqu'elle est une simple isotopie réceptacle de cette
expérience, n'est plus qu'une manière poétique de faire entendre la connaissance, par le poète
inspiré, des secrets naturels. Dans sa thèse de 1995, Frank Greiner distinguait au cours du
XVIe siècle deux glissements de l'alchimie, d'abord vers la iatrochimie dont le « sens
religieux » remplace parfois complètement la recette chimique elle-même, puis vers les
belles-lettres et notamment la poésie108. Mais les secrets de la iatrochimie sont toujours
potentiellement présents, sous forme d'influence intertextuelle, dans le poème alchimique
même lorsque son ambition est exclusivement esthétique et que la chimie n'en est que la
matière contingente.

Guillaume Carnino, Liliane Hilaire-Pérez et Aleksandra Kobiljski (dir.), Histoire des techniques. Mondes, sociétés,
cultures, Paris : P.U.F., 2016,
Chapitre 14 : Culture et technique, Dagmar Schäfer et Marie Thébaud-Sorger, p. 369-395

Science et technique au Moyen Âge (XIIe-XVe siècle), dir. Joël Chandelier, Catherine Verna et Nicolas Weill-
Parot, Vincennes : Presses Universitaires de Vincennes, 2017.
Introduction
8 Les techniques et les sciences semblent deux mondes séparés au Moyen Âge, malgré les tentatives de Guy
Beaujouan pour les réconcilier.
16 La scholastique n’a pas été si éloignée de s’intéresser à la technique qu’on le croit (Roger Bacon en premier
lieu rêvait bien d’une scientia experimentalis).
19 Les monnayeurs sont peut-être les seuls artisans médiévaux à écrire des traités de monnayage, « une forme
précoce de réduction en art ». Mais il y faut beaucoup de connaissances abstraites, arithmétiques…
[Le lien entre arts et science au Moyen Âge : la notion de prudence.] « Science, art et prudence à la fin du Moyen
Âge (XIIIe-XIVe siècle) », Aurélien Robert, p. 35-63

[Sujet caduc : 50 le choix entre rhétorique et poésie serait « traumatisant » pour Lemaire de
Belges ?? C'est plaquer HMK
Le problème de ce bouquin, c'est que la table des matières est inutilisable, on ne peut rien
comprendre à ses expressions bizarres. Si j'avais du temps à perdre je referais entièrement
cette table des matières pour lui donner du sens

** Pommers, Celestial ladders

Adaptation permanente de Ronsard à son allocutaire : il ne parle du « poète d'Ascrée » que


parlant à un poète ; il ne se le permettrait pas avec un noble.

** Jacques Réda, poésie et savoir

Transparaître, chez Lanskine **

Sur Google Books : ** Cassitérides, ** Molybdène

** Olivier Caïra, Définir la fiction, EHESS, 2011

Bradamante, Robert Garnier, éd. Hervier 91 : p. 77 « Tout l'Orient n'est point en gemmes si
fécond... »

** James Dauphiné

Goulart et Garrault utilisent le même argument « c'est ce qu'on en fait, pas le fer en soi, qui a une
valeur... »

caduc 863 Le Quintil horatien est contradictoire dans ses appels à l'humilité du poète : soit il doit se
contenter d'amuser comme Saint-Gelais, soit il doit se contenter de matières sérieuses, tel un
Bouchet.
1056 Ronsard ne cesse de traverser d'un côté et de l'autre le « seuil de la précarité » (F. Joukovsky)
108 Frank Greiner, Les Métamorphoses d'Hermès. Tradition alchimique et esthétique littéraire dans la France de l'âge
baroque (1583-1646), Paris : Classiques Garnier, 2018, 51-57.
qui sépare éternité et mortalité.
[Il y a quelques remarques sur les psaumes de Marot]
1116 à propos du « Verre » de Ronsard : « Formé de feu et de vent, facile à briser, le verre offre
ainsi, en dehors du domaine amoureux, l'exemple le plus suggestif d'un « sujt caduc » dont la
caducité même est thématisée » : « le « bas » est en quelque sorte le fourrier du « moyen » » ;
fourrier=lieutenant distributeur de vivres ; avant-coureur.

Thomas Sébillet dans l’éd. Goyet, 1988.


33 IL reprend la Délie sur ce sujet des néologismes.
Rien dans Sébillet sur le savoir du Poëte, qui doit encore beaucoup à la Nature et donc n’a rien à
apprendre, si ce n’est des règles de versification et de genres poétiques.

Acta Conventus Neo-latini Guelpherbytani, Binghamton, 1988


F. Akkerman, « Auf der Suche nach dem Lehrgedicht in einigen neulateinischen Poetiken », p. 409-
417
409 C’est une étude des arts poétiques en latin à la Renaissance.
411 Les arts poétiques de la première Renaissance n’évoquent pas les poèmes didactiques en tant
que tels mais on y reconnait des remarques sur la matière poétique (Stoff) qui sont valables pour les
poèmes didactiques.
412 Les dialogues de Pontano, publiés entre 1491-1500. Dans Aegidius, les interlocuteurs essaient
d’expliquer le début abrupt des Géorgiques, Puccius dit que le début in medias res convient aux
épopées mais pas au genus didascalicum.
413 Le poème de Vida trouve une source formelle dans les Géorgiques qu’il cite tout le temps.
414 Fracastor ouvre la voie à la poésie didactique, qu’il ne mentionne pourtant jamais, lorsqu’il
étend la mimesis non seulement aux personnages et objets, mais aussi aux phénomènes naturels.

Acta Conventus Neo-latini Lovaniensis 1973


« Commentary as criticism : formal cause, discursive form, and the late medieval accessus », p. 29-
48, Judson B. Allen.
29 ce qui intéresse les poéticiens médiévaux, c'est le modus, tandis que l'art poétique est une part de
la grammaire et que les oeuvres poétiques sont une part de l'éthique qui est une part de la
philosophie. 35 Par exemple l'hymne est difficilement définie par l'absence de « modus tractandi »,
de manière d'aborder ses sujets.
Mario A. di Cesare, « The Ars Poetica of Marco Girolamo Vida and the Manuscript Evidence », p.
207-218
207 98 publications distinctes de ce poème ! Succès européen. 210 Le poème de Vida paru en mai
1527 à Rome chez Lodovico Vincentino qui disparut au moment du sac, est le dernier texte
représentant d'une tradition du premier humanisme. Une édition de Robert Estienne en juillet 1527,
sur un manuscrit différent, est pleine de variantes : elle contient 103 vers qui ne sont pas dans
l'édition Venturi et 93 vers de l'éd. Venturi n'y sont pas ; ele contient 10 vers en plus. 214 L'édition
Robert Estienne est moins « chauvinistic ».
Martine Gorrichon, « Influence des agronomes latins sur O. de Serres », p. 253-259

Gustavo Guerrero, Poétique et poésie lyrique. Essai sur la formation d’un genre, Seuil, trad. Anne-
Joëlle Stéphan et l’auteur, 2000 [1998].
9 La tripartition épique/lyrique/dramatique est « une des plus grandes illusions rétrospectives de
l’histoire de la poétique ».
16 Platon autorise dans sa République, même avec la censure la plus rigoureuse, les hymnes aux
dieux et éloges des hommes bons, mais pas des hommes vivants : ce que Pindare et les lyriques se
plaisent généralement à faire. Donc c’est à tort qu’on a soutenu que Platon autorisait les lyriques
dans sa République.
17 Il est clair que melos signifie membre ou partie, dans les hymnes homériques.
34 La Poétique d’Aristote ne suffit absolument pas à définir le lyrisme puisque le poème, pour
Aristote, est nécessairement mimétique d’une action. 35 La Renaissance devrai faire avec ce
« silence d’Aristote » pour définir son propre lyrisme.
37 C’est dans le hiatus, inconnu de nous, entre Aristote et Horace qu’est théorisé le canon des
« neuf lyriques » (ennea lyricoi) en même temps que l’adjectif lyrique remplace celui de
« mélique » (qui replaçait lui-même melopoios). Dans les éditions alexandrines le canon crée un
genre poétique appelé « eidos ». On peut constater par les éditions des lyriques qui nous sont
parvenues que s’ils avaient « un concept élaboré de lurikos, leurs travaux éditoriaux ne l’expriment
en rien ». Probable que leur définition soit très floue ou s’appuie sur la lyre.
55 Dans la période augustéenne, lyricus se généralise et dénote tout poète, Horace au premier chef
bien sûr. Horace apporte un contrepoint à l’absence de théorie lyrique chez Aristote.
71 Il y a bien, contrairement à ce que dit Foucault, une vision de l’analogie chez les hommes de la
Renaissance lorsqu’ils pensent que la chanson est une ode, et les romanzi naturellement sont des
épopées.
73 Dante voit Horace comme un « satiro », Pétrarque comme un « lyricus poeta », du temps a passé
entre les deux. 74 Avant Pétrarque, on considérait que les Carmina d’Horace n’avaient que peu de
prix.
82 À la Renaissance, Horace est d’abord lu comme un interprète d’Aristote et de sa Poétique, ce
qu’il n’est nullement ; mais plus Aristote sera connu, plus l’absence de catégorie lyrique sera criante
et entraînera de débats sur le terme clé de mimêsis.
136 « Objet d’une querelle ardue et souterraine, jamais tout à fait ouverte ni tout à fait explicite, le
genre [lyrique] met en jeu au moins deux termes qui occupent uen place primordiale dans
l’ensemble des croyances qui dominent l’époque : d’un côté, la dignité littéraire des langues
romanes ; de l’autre, l’autorité du Stagirite en matière de poétique. »

MONFERRAN, JEAN-CHARLES. “Ce Que L'on Ne Peut Imiter Et Que L'on Ne Peut Apprendre,
Ou Ce Que Les Arts Poétiques Français De La Renaissance «Montrentau Doigt» (L'exemple De J.
Peletier Du Mans Et De Quelques Autres).” Littérature, no. 137, 2005, pp. 28–39. JSTOR, JSTOR,
www.jstor.org/stable/41705054.
30 Paradoxe [qui est celui de l’idéal de Lecointe] : il faut imiter Virgile, et c’est impossible.
36 Peu à voir avec mon sujet : c’est à propos de la « singularité d’écrire » (Peletier), de l’inimitable
du style.
37 Face à cet « inenseignable », « La solution préconisée par Ronsard est finalement celle d’un
renoncement, d’un repli, conscient de son insuffisance, sur la seule technique (ou presque),
contrairement à celle de Peletier qui conserve cette tension au cœur de son texte et réfléchit
continûment à la difficile adéquation de l’idéal et de la différence. »
38 C’est la compositio verborum ou junctura qui distingue les grands auteurs (cf. ma confusion,
dans le M2, avec la dispositio).

Du Bellay La Deffence, éd. Jean-Charles Monferran, Genève : Droz, 2001.


Préface, 20 C’est une réponse à Sébillet dont le traité sort des presses de Corrozet un an plus tôt.
30 Ce n’est pas l’influence du De vulgari eloquentia et du « vulgaire illustre » de Dante qui
explique le « no man’s land générique » de La Deffence, parce que l’ouvrage n’est pas connu avant
la fin du XVIe en France.
39 On peut s’étonner que La Deffence, qui répond à un horizon d’attente de la politique royale
(Joachim Du Bellay fait en poésie à Paris ce que Jean Du Bellay fait à Rome en diplomatie),
méprise virilement les courtisans efféminés, autant que « le peuple ignorant ». La poésie est une
retraite solitaire.
76 Chapitre II : « Que la Langue Françoyse ne doit estre nommée barbare. »
79 Chapitre III : « Pourquoy la Langue Françoyse n’est si riche que la Grecque, et Latine. »81 La
métaphore est celle de l’agriculture.
Second livre
171 Chapitre XII « Exhortation aux Françoys d’ecrire en leur Langue : avecques les Louanges de la
France. » Longue prétérition où il prétend ne pas louer la géographie, la souveraineté, la force
militaire, et finalement les arts de la France : « Finablement je ne parleray de tant de Metiers, Arz, et
Sciences, qui florissent entre nous, comme la Musique, Peinture, Statuaire, Architecture, et autres
non gueres moins, que jadis entre les Grecz, et Romains. Et si 174 pour trouver l’Or, et l’Argent, le
Fer n’y viole point les sacrées Entrailles de nostre antique mere ». L’absence de mines est bien une
fierté nationale !

La Langue de Rabelais. La Langue de Montaigne


Jean-Charles Monferran, « Le « dictionnaire tout à parte [s]oi » de Montaigne : quelques remarques
sur les mots des métiers et les mots « paysans » dans les Essais », p. 405-422.

Barthélémy Aneau, Le Quintil horatian, dans l’éd. Traités de poétique et de rhétorique de la


Renaissance de Francis Goyet, Paris : Le Livre de Poche, 1990. Rien.
La Rhétorique française d’Antoine Fouquelin, 1555, ibid
Très étrange, commence par l’élocution qu’il ne distingue pas d’une liste de tropes
325 à propos de la métonymie, première trope : « Et Vulcain inventeur du feu, pour le feu. » Cite
Ronsard et toute la Pléiade.
À propos des métaphores : 335 celles qui vont trop loin sont appelées « catachrèses ».
338 L’Enigme est bizarrement classée parmi les tropes.

Montaigne studies, 2006, 1-2, éd. Francis Goyet


François Cornillat, « Montaigne et le sujet de la poésie », 7-24
7 La première apparition du terme de « sujet » comme « matière » ou « contenu » est officiellement
lorsque Clément Marot se lamente qu’on ait perdu ceux du Testament de Villon.
Le sujet, c’est en latin 7-8 materia, res, thema ou argumentum (au sens large). 8 Le Quintil horatian
reprend Du Bellay sur un vers de l’Olive qui utilise « objet » au lieu de « sujet », parce que le
premier serait réservé aux sens extérieurs et le second est intellectuel.

Vida, De arte poetica, éd. Jean Pappe


Intro 14 Vida est moins inspiré de la furor cicéronienne et platonicienne que par la calor
quintilienne, celle du rhéteur enflammé.
37 Le modèle de composition (comparaisons épiques, morceau de bravoure à la fin de chaque livre)
est les Géorgiques, comme l'a montré R. G. Williams en 1964.
38 Mais aussi modèle d'équilibre entre les différents styles. Le XVe siècle italien tient au
temperamentum horatien, l'équilibre.
Liber Primus
Liber Secundus
Liber tertius
215 Dans ce chapitre est longuement illustrée la convenance nécessaire entre le sujet et le style.
Jamais l'art mécanique n'est évoqué comme sujet.

Suivant la distinction latine entre otium et negotium, l’écriture poétique est perçue à la Renaissance
comme un moment en-dehors de la journée de travail, de l’occupation d’un métier ou d’une
profession, moment de retraite et d’oubli du monde. La poésie, comme la nuit, est un état d’esprit
propre à amener des visions oniriques,
« Faisant noyer dedans l’oubli du somme
Tout le souci du jour laborieux »109,
comme l’écrit Du Bellay au début du Songe. L’imitation d’Horace donne une importance nouvelle à
l’Ode II, 16 qui figure le poète au repos :
« Le repos (otium), voilà ce qu’il voudrait obtenir des dieux, le marin qui se retrouve
surpris au beau milieu de la mer Égée […]. À moi, la Parque qui ne ment pas a donné
un modeste domaine, le souffle délicat de la Muse et le dédain de la foule
malveillante. »110
Le poète des Carmina, l’autorité pour tous les arts poétiques renaissants, déplore la vaine agitation
des hommes et décrit la poésie comme un repos pieux, cadeau des dieux.
Pourtant, certains poètes à la Renaissance ont pu faire l’éloge du negotium, de l’agitation qui
anime l’homme d’un métier ou d’une profession. On pourrait alors penser que la finalité n’en est
pas poétique ; L’Histoire des Vers qui filent la Soye de Béoralde de Verville constitue ainsi pour la
critique une sorte de « poème publicitaire » où la versification est « au service des industries
soyères tourangelles »111. Verville y apprend à son lecteur l’admirable concours de techniques et de
phénomènes naturels impliqués dans la production de la soie ; la lecture en est ardue et technique.
Pour cette raison, le savoir précis au sujet d’un négoce ne manque pas d’être condamné par certains
poéticiens. Gardons-nous cependant de rejeter toute la poésie didactique hors du champ des
« productions artistiques », comme le fit Hegel112. C’est-à-dire toutes les disciplines spéculatives ;
mais quant aux savoirs pratiques, il suffit qu’il donne l’apparence de les connaître, quoiqu’il ne soit
instruit que des principes : « les arts mécaniques ne lui doivent être inconnus : Au moins en doit-il
savoir les principales adresses, usages, et vocables : pour en parler dedans ses Écrits de telle grâce,
et de si bonne atteinte, qu’il semble bien qu’il ne soit pas ignorant de ce qu’il ne dit pas. »113 Un
poète dont le propos est trop technique prend le risque du manque de « grâce ».
Dès lors, s’il est naturel de consacrer un poème, parfois aussi long que la Sepmaine de Du Bartas
(1578), au savoir « philosophique » que l’on maîtrise pleinement, il l’est beaucoup moins de
s’étendre sur des « arts mécaniques » dont on ne connaît que des éléments. Suivant la définition
d’Albert-Marie Schmidt en 1938 au terme d’une étude générale du genre, la poésie scientifique (ou
poésie didactique114) possède la caractéristique d’être une poésie de connivence :

La poésie du milieu de la Renaissance s’écrit, on le sait, en rupture avec les « épiceries » de la


poétique médiévale (Du Bellay, Deffence, chapitre IV). Les genres poétiques hérités des trouvères,
« rondeaux, ballades, virelais, chants royaux », encore prisés par Clément Marot, tombent bientôt en
discrédit. Ce qui contrarie Du Bellay dans ces formes poétiques est précisément ce qui constitue
selon Paul Zumthor « le caractère fondamental de l’art médiéval », à savoir « sa technicité »115. Au
Moyen Âge, la poésie est une ars, domaine de l’artifex, et le poète écrit son « chef d’œuvre »
comme un compagnon qui accéderait à une maîtrise. La distinction entre ars et scientia, qui recoupe
109 « Sonnet I », dans Du Bellay, Les Regrets suivi de Les Antiquités de Rome et Le Songe, éd. François Roudaut, Paris :
Librairie Générale Française, 2002, p. 179.
110 « Otium divos rogat in patenti / prensus Aegaeo [nautis]. … mihi parva rura et / spiritum Graiae tenuem Camenae /
Parca non mendax dedit et malignum / spernere volgus. »
111 André Mage de Fiefmelin, Le saulnier ou De la façon des marois salans et du sel marin des isles de Sainctonge, éd.
Julien Gœury et Nicole Pellegrin, La Rochelle : Rumeur des âges, 2005 [LS 2005], p. 28.
112 Esthétique, livre II, chap. 3 : « L’Art Symbolique », trad. S. Jankélévitch, Paris : Flammarion, 1979, p. 143-144.
113 Jacques Peletier du Mans, Œuvres complètes, sous la direction d’Isabelle Pantin, Tome I : L’Art Poétique d’Horace
traduit en Vers François…, éd. Michel Jourde, Jean-Charles Monferran et Jean Vignes, Paris : Honoré Champion,
2011, p. 396.
114 Dans la suite de cette étude, nous emploierons les deux termes indifféremment. Pourtant, notre corpus excède les
bornes de la « poésie scientifique » telle qu’elle a été définie par A.-M. Schmidt, car selon lui son histoire
commence avec L’Amour des amours de Jacques Peletier (1555). « Poésie didactique » est donc le terme qui semble
le mieux définir les poèmes étudiés.
115 Cité par Jean Lecointe, L’Idéal et la différence. La perception de la personnalité littéraire à la Renaissance,
Genève : Droz, 1993, p. 32.
technè et épistémè, est mise à mal par l’accès croissant à l’expression écrite des artes, depuis la
vogue des Consilia médicaux du Moyen Âge116.
La redécouverte de l’Ion et le néo-platonisme d’un Marcile Ficin donnent les arguments
conceptuels permettant une nette distinction entre art et technique ; l’humanisme relit aussi Vitruve,
pour qui l’imitation de la ratio inhérente à la « natura » permet à l’architecture de prétendre au rang
de scientia et non plus simplement d’ars117. Ainsi les Grands rhétoriqueurs ont été identifiés par la
critique comme les tout derniers représentants de la valorisation de la technique dans l’écriture
poétique. Comme l’écrit Adrian Armstrong, « contemporary notions of poetry made formal
complexity a criterion of professional excellence : the more difficult the prosodic exercise, the more
talented the poet »118.
Néanmoins, cette esthétique semble resurgir dans notre corpus et la critique l’a parfois
remarquée119. Tout se passe comme si chanter la technique de l’artisan du seizième siècle permettait
au poète de se réconcilier avec la « technicité » d’une poétique médiévale qui semblait passée de
mode. Une matière poétique en décalage avec la poésie du temps exige peut-être une forme
poétique anachronique. La mise en page elle-même est parfois nettement archaïque dans notre
corpus, preuve que les imprimeurs avaient conscience de cette résurgence. La page de titre du
Discours fort profitable semble imiter le mode manuscrit de diffusion de la poésie : c’est aussi la
première page du texte lui-même. De ce fait le nom d’auteur est omis, comme c’est fréquemment le
cas dans un manuscrit médiéval.
Redécouvrant le plaisir de la technique en poésie, notre corpus n’en est pas moins conscient du
contexte dans lequel il s’écrit, contexte défavorable à cette esthétique et au contraire nettement
acquis aux anathèmes bellayens. Bien sûr, les techniques artisanales sont parfois l’objet de l’intérêt
des humanistes.

Acta Conventus Neo-Latini Bonnensis, éd. Rhoda Schnur, 2006.


Sari Kivistö, “The Concept of Obscurity in Humanist Polemics of the Early Sixteenth Century”,
p. 429-438
430 L'obscurité des mots peut être celle du lexique ou de la syntaxe. Quintilien préconise un
“natural order” [ordo naturalis] pour la syntaxe. 433 L'exemple de Vives est : “vidi hominem
comedentem leonem” où il y a deux interprétations.
L'autre sorte d'obscurité est celle qui vient de l'unlearned reader. Soit la matière est trop compliqué,
soit elle est trop ancienne.

Jean Lecointe, dans sa thèse sur les figures de poètes à la Renaissance, a remarqué une
« contradiction non perçue » dans les représentations de Virgile en tant que poète et maître d’un
savoir120 : dans ses Opera éditées par Sebastian Brant, les xylographies le représentent (en tant
qu’auteur de poèmes scientifiques) assis dans sa chaire professorale, et plus loin (en tant que poète
mélique) regardant au ciel, la lyre à la main. Images inconciliables. Le professeur ne tient pas de
lyre, le poète ne tient pas en chaire. En somme, il semble exister un « conflit d’intérêts » entre le
poète et le professeur121.
Trouver dans la poésie de l’Antiquité des enseignements concernant tous les domaines et en
116 Violaine Giacomotto-Charra et Jacqueline Vons, « Les textes scientifiques à la Renaissance », dans Seizième Siècle,
n. 8, mars 2012, p. 10.
117 Violaine Giacomotto-Charra et Jacqueline Vons, op. cit., p. 12.
118 « Les notions de poétiques contemporaines des Grands rhétoriqueurs faisaient de la complexité formelle un critère
d’excellence professionnelle : plus l’exercice prosodique est difficile, plus le poète est talentueux », dans Technique
and technology : script, print and poetics in France, 1470-1550, Oxford : Clarendon Press, 2000, p. 2.
119 Chez André Mage en particulier, voir LS 2005, p. 56, n. 9 et 11 : André Mage use parfois des licences permises par
« l’ancienne poétique ».
120 Op. cit., p. 30-31.
121 Frances Muecke et Robert Forgács, op. cit., p. 436.
particulier concernant l’écriture poétique, la démarche est autorisée depuis au moins la
« renaissance médiévale » du XIIe siècle. Les poètes latins sont des maîtres pour les poètes
renaissants, en français comme en néo-latin, et l’Art poétique d’Horace constitue le modèle de
toutes les poétiques du XVIe siècle. Mais le poète moderne n’est pas si légitime à dispenser son
savoir en tant que professeur.

Poetices libri septem, Scaliger


III, 25 et suiv.: les quatre qualités du poète, « De quatuor virtutibus poetae ». C’est dans cette courte
introduction aux quatre chapitres suivants que Scaliger cite le vers d’Horace, Omnia tulit
punctum… III, 27 : l’ « efficacia » (en grec enargeia) ; III, 28 : la varietas. L’exemple en est
L’Enéide, car tous les livres sont « Tragici, praeter primum », mais grande variété de « res »
néanmoins. III, 29 : la figura, définie ainsi : « Figura est varietas in re aut oratione, a communi usu
deflexa.
IV, 24 : Vitiosae formae : Siccum, Pingue, Trepidum [affairé, alarmé].
VII, 3 : Utrum poeta doceat mores an actiones

Histoire des techniques, dans L'Encyclopédie de la Pléiade, Pléiade, 1978, éd. Bertrand Gille
Section « Technique et langage », Bernard Quemada, 1146-1240
1148 distinction fondamentale : langue technique et langue commune
1148-9 « L'appartenance d'un vocable à un domaine technique est acquise par le fait d'être utilisée
dans une communication à thème et en situation techniques. » [un décor technique donc : la forge
de Vulcain par exemple
1149 Ces termes techniques « postulent une relation aussi directe, univoque et universelle que
possible entre le signe et le référent » [fort discutable
1150 En réalité il faut distinguer « différents niveaux de technicité ».
Trois procédés de création de mots techniques : 1162 la spécialisation, 1166 la métaphorisation,
1176 les archaïsmes techniques
1169 La fonction poétique du langage aide à imposer un mot dans un milieu social donné. « Le goût
du secret joint aux tabous ou aux interdits linguistiques renforce la tendance métaphorique des
terminologies populaires et, par suite, les caractères de jargons ou d'argots qu'on leur prête. »
1173 il y a aussi des « métaphores intertechniques », le marteau signifie tout ce qui frappe, la clef
tout ce qui ouvre...
Dans le « Tableau synchronique » de fin d'ouvrage :
1405 « Premières armes à feu portatives »

Nathalie Dauvois, La Vocation lyrique, p. 61-62 : la nouveauté et la spécificité de l’ode est très
contestée. Des Autels, puis Pasquier dans ses Recherches de la France, en feront un synonyme de
« chanson ». [La varietas est une qualité centrale du recueil lyrique, Dauvois y consacre un plein
chapitre !!
123 Scaliger donne une définition nette, empruntée à Horace, de la lyricorum materia, le sujet des
poèmes lyriques.

Svenbro, La Parole et le marbre. Aux origines de la poétique grecque, Lund 1976


18 Très étonnant : Svenbro prend pour modèle de la récitation homérique non seulement le banquet
d’Alcinoos, mais aussi le passage où un aède chante sous la contrainte devant les prétendants, parce
que selon lui le véritable aède est toujours sous contrainte et s’adapte aux exigences de son public.
44 Svenbro voit une transition à l’époque même d’Homère entre des aèdes qui s’adaptent à leur
public et des aèdes « publics » eux-mêmes qui s’attacheraient à la virtuosité formelle de leur
narration plutôt qu’au contenu idéologique parce que leur public serait trop varié. Mais cela me
semble beaucoup spéculer.

Erich Auerbach, Mimésis, 1947-1949.


13 « Homère ne connaît pas d’arrière-plan. Ce qu’il raconte constitue toujours le présent et remplit
aussitôt la scène aussi bien que la conscience. » 21 Au contraire la Bible est pleine d’arrière-plans
très profonds.28 « Ulysse se déguise en mendiant, mais Adam est véritablement chassé ». 34 Ce
sont ces deux styles différents qui ont influencé toute la littérature occidentale.
249 Lorsqu’il aborde le XVe siècle, Auerbach est très cruel avec Antoine de la Sale : caractérisé par
« la pompe d’une classe. Le mot est lâché : ce langage est celui d’une classe, et tout ce qui est
déterminé par une classe est non humaniste. »
272 À propos du monde dans la bouche de Pantagruel : « Alors que chez Lucien l’essentiel réside
dans un voyage fantastique et plein d’aventures, alors que l’almanach populaire ne vise à rien
d’autre qu’à une exagération grotesque des proportions, Rabelais joue sur plueisurs tableaux et fait
s’interpénétrer divers décors [Nouveau Monde, France rurale], diverses expériences ainsi que divers
domaines stylistiques. » C’est peut-être le seul passage qui me concerne dans Mimésis….

Les tenailles, l’enclume ne sont pas plus là pour la réalité du travail de la forge que la musette et la
houlette ne servent à entamer un exposé d’agriculture dans une églogue : ce sont des signes
génériques. Il n’empêche que l’exposé d’agriculture en vers s’appuiera sur ces motifs architextuels,
comme Les Géorgiques se servent de l’acquis des Bucoliques.

Pauli Belmisseri, Opera poetica


http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb41623764z
« Veneris Lemnos tutela mariti », île de Lemnos tutelle du mari de Vénus, f. ii v° das l'Heptados
liber I.
Paolo Belmissero a adressé une élégie à Du Bellay au sujet de l'inondation de Rome, mais f. 80 r° il
met en garde contre le feu de Vulcain : après des recommandations de piété,
Ni facias, veniet fumantem lampada quassans
Lemnius, & miseras sparget ubique faces.
Si Mavors ferro, tumidis Neptunus & undis,
Roma cave ergo ne Lemnis igne petat.
Ut quae nec ferro tolli potuere, nec undis,
Igne recidantur vulnera dira tua.
Peur du feu (c'est l'élégie 21, « Marino Justiniano legato veneto, admonitoria »
Dans la section des « Disticha », quelques distiques « De effectibus quatuor temporum, Francisco
reginae physico » (à François médecin de la reine). Le premier est « Hiemis effectus », f. 102 v° :
Nix tegit alta domos, boreas flat, frigora crescunt,
Deficimus, nobis Mulciber affer opem.
« Hiemis »
Tempora venerunt lucentibus ignibus apta,
Nam saevo boreas flamine cuncta rapit. [Le feu est empêché par le vent

Georgius Fabricius (Goldsmith), De re poetica libri VII, Paris : De Marnef et veuve Cavellat, 1584.
Le sommaire, f. A ii r° :
PRIMUS. De ratione cognoscendarum syllabarum earumque figuris, & de novem usitatis carminum
generibus.
SECUNDUS. Elegantiae sive selectiores phrases ex Ovidio, Tibullo, Propertio. [c’est un
dictionnaire de périphrases élégantes…
TERTIUS. Exemplorum varietates & copiae ex iisdem.
QUARTUS. Descriptionum aetatis, signorum caelestium & temporum, Item similitudinum &
comparationum.
Il y a là-dedans (f. 121 v°) une citation des Métamorphoses, VII, à propos du CAMINUS, dont
l’entrée se trouve entre FURIA et TORRENTUS. À la fin c’est une sorte d’encyclopédie que ce
chapitre, tous les thèmes sont abordés dans l’ordre de Barthélémy l’Anglais quasi.
QUINTUS. De Epithetis nominum propriorum. De Epithetis nominum appellativorum. [Il n’y a
malheureusement pas Vulcanus dans ce dictionnaire dans l’ordre alphabétique…
SEXTUS. De virtutibus & viciis carminis elegiaci, & catholica Horatii De re poëtica.
SEPTIMUS. De versuum accidentivus. Advinctae sunt De Primis & mediis syllabis regulae
speciales.

Marcel Françon, « Poésie populaire et poésie littéraire », Modern Philology., XXXVII (1939-1940),
p. 7-11.
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34468874j
C’est un tout petit relevé de deux motifs qui se retrouvent chez Marot et Ronsard et qui sont inspirés
de chansons d’amour populaires.

Henri Hauser, « La Poésie populaire en France au XVIe siècle », 2 mars 1894


Ce sont surtout des soldats qui ont composé les chansons qui nous sont restées (p. 5).
Hauser veut « trouver dans ces poésies un tableau complet des mœurs du temps, et surtout la
peinture des plaies sociales dont souffraient nos aïeux » (p. 7), donc une lecture déjà pleine d’a
prioris. Conférence très énervante ; on s’émeut ailleurs que lui, et par exemple de ce mot,
« recommanderesse », qui désigne la femme qui recommande telle employée à tel employeur.
Hauser n’ose pas (p. 18) lire en public une pièce protestante trop « sacrilège »…
Très émouvante chanson de 1568 :
Vive le Roy, le conseil et la Royne,
Vive le bon cardinal de Lorraine,
Vive Hugonis, Marcel et ses suppôts,
Vive Calvin, pourvu qu’ayons repos.
Vive le Roy, le conseil et la Royne,
Vive le bon cardinal de Lorraine !
La conclusion de Hauser est à mourir (p. 26) :
« Nous avons essayé ce soir de pénétrer dans le cœur même de la foule. Nous ne l’avons trouvé, ce
cœur, ni très noble, ni très haut, ni surtotu très délicat : mais vous estimerez sans doute avec moi
qu’il faut pardonner beaucoup à nos rudes ancêtres du XVIe siècle, parce qu’ils ont vaillamment
combattu pour nous léguer deux inestimables trésors que rien, je l’espère, ne saura désormais nous
arracher : l’unité de la patrie et la sainte liberté des âmes. » Il faut pardonner beaucoup à Hauser.

La Statue et l’empreinte. La poétique de Scaliger, 1986.


Michel Magnien, « Le statut d’Horace dans les Poetices libri VII », p. 19-34 :
19 On a fait de Scaliger un pur aristotélicien, anti-horace, à partir de son cruel jeu de mots :
Horatius artem quum inscripit… sine docet arte. 19-20 La réprobation des œuvres d’Horace
s’appuie sur des jugements moraux autant et même plus qu’esthétiques, suivant une tradition
médiévale cf. Lebègue, « Horace en France pendant la Renaissance », 1936. 22 : sur la forme,
Scaliger reproche à Horace, en maints endroits, son manque de Suavitas.
23 D’Horace, Scaliger sauve les Odes, pour des raisons d’ambition poétique : « Horace est une des
pièces maîtresses dans la stratégie scaligérienne ; voilà un latin qui imite les Grecs et qui, dans sa
réussite, vient confirmer sa thèse : les imitateurs, par leur travail peuvent mieux faire que leurs
modèles ».
Tome V de La Poétique de Scaliger, éd. Jacques Chomarat, Droz 1994
7 Jules-César Scaliger (1484-1558), originaire de Vénétie, épousa une jeune fille d’Agen et se fixa
dans cette ville. Il a écrit pour son fils aîné Sylvius les sept livres de sa Poétique qui ne furent
publiés qu’après sa mort.

Poetices libri septem, Scaliger


I, 57 : les AEnigmata, dans le chapitre « AEni, Griphi, AEnigmata, Apologi. ».
III, 19 : OEconomia
C’est une partie de ce que doit connaître le poète : « Non differt a politia, nisi magnitudine, atque
negotiorum proportione. Humiliore igitur opera eam transiges. ».
III, 25 et suiv.: les quatre qualités du poète, « De quatuor virtutibus poetae ». C’est dans cette courte
introduction aux quatre chapitres suivants que Scaliger cite le vers d’Horace, Omnia tulit
punctum… III, 26 : la « prudence » inclut la connaissance de l’astrologie, théologie, et connaissance
de la nature ; III, 27 : l’ « efficacia » (en grec enargeia) ; III, 28 : la varietas. L’exemple en est
L’Enéide, car tous les livres sont « Tragici, praeter primum », mais grande variété de « res »
néanmoins. Scaliger décrit ce qui, dans chaque livre, fait sa variété : au livre VIII, il n’évoque
même pas l’atelier de Vulcain : « In octavo, ad clypei picturam, multas mortes, Cleopatrae exitium,
& gentes victas. » Drôle de résumé du livre VIII… III, 29 : la figura, définie ainsi : « Figura est
varietas in re aut oratione, a communi usu deflexa.
IV, 24 : Vitiosae formae : Siccum, Pingue, Trepidum [affairé, alarmé].
VII, 3 : Utrum poeta doceat mores an actiones

« Fauna ad Nymphas expostulatio », Gilb. Ducherii Vultonis Epigrammata Lib. I, ep 86, p. 33


Gallica
Partim ex rhytmo D<omini> Mellini Sangelasii, c’est p. 192-195 de l’éd. Critique Honoré
Champion, le texte de Saint-Gelais est aujourd’hui perdu :
techna, ae désigne la ruse, la tromperie : après plusieurs « si quia… » :
Si quia sum claudus : Veneri Vulcanus amatur
Claudus, & immunda consitus ora lue.
Sed vestrum ingenium, sed vestras denique technas
Conjicio: vobis munera sola placent.
Si c’est parce que je suis boiteux, Vulcain est aimé de Vénus,
Tout boiteux qu’il est, et malgré l’immonde crasse de sa face.
Mais quel est votre caractère, quelles sont vos fourberies, enfin
Je le devine : ce sont les cadeaux qui, seuls, vous séduisent. (trad de l’éd critique p. 195)
Verdun-Louis, « Le satire aux nymphes : Saint-Gelais, Ducher, Bembo », suppl à l’éd. Divers jeux
rustiques, Du Bellay, Droz 1965, p. 219-220
219 Dans sa « Complainte des satyres aux nymphes », Du Bellay s’inspire du Faunus ad nymphas
de Bembo.
Or Bembo s’inspirait d’un texte français de Saint Gelais, « Bergerie des saules », perdu, mais que
Ducher a donné en français. Du Bellay connaissait le texte de Ducher qu’il suit précisément sur un
passage où Bembo diffère. Volonté pour Du Bellay de suivre Bembo pour rivaliser avec Saint-
Gelais.
[Dans Du Bellay Vulcain n’est que boiteux, Divers jeux rustiques, op cit, p. 96, et n’a pas de crasse
à la face comme chez Ducher ; de même chez Bembo il n’est que claudus, p. 203 de la mm éd., qui
cite là « Faunus ad Nymphas » de Petri Bembi carminum libellus, Venis, 1552.
Fracastor, Syphilis, éd. Christine Dussin
p. 165 C’est le mythe d’Ilcée, jardinier de la source Callirhoé (n’importe quelle belle source, elles
portent toutes ce nom), qui est atteint de syphilis. La nymphe Callirhoé l’amène dans les
profondeurs. Au fond de la terre, c’est la nymphe Lipare qui assiste Ilcée (p. 169) ; son nom est
dérivé habilement des îles Lipari, archipel volcanique au nord de la Sicile. P. 170 « Les allitérations
des vers 399-400 miment le martèlement cadencé des outils et les étincelles sonores qu’ils
provoquent »
([tecta] Aetnaei Cyclopes habent, versantque coquuntque
Vulcano stridente, atque aera sonantia cudunt.)

Carmina de Dolet, 1538, dans l’éd critique consultée en ligne sur droz.org
Introduction : les œuvres françaises et latines de Dolet sont ses trésors, non « caducs » : « Estant là
quattre ou cinq jours (pour le contentement de mon esprit), ce ne fut sans desploier mes thresors et
prendre garde s’il y avoit rien de gasté ou perdu. Mes thresors sont non or ou argent, pierreries et
telles choses caducques et de peu de durée, mais les efforts de mon esprit tant en Latin qu’en vostre
langue Françoyse : thresors de trop plus grand’consequence que les richesses terriennes. »( E.
Dolet, Préfaces françaises, p. 182.)
Mais l’intro ne parle que des métaphores de l’architecture, du chemin et de la lutte « agonale ».
Conclusion de l’intro : variété et liberté sont les maîtres mots.
Globalement ce n’est pas grand-chose, mais je remarque que la poésie polémique est souvent assez
pauvre en références techniques.

La Forme et l’intelligible. Ecrits sur la Renaissance et l’art moderne, Robert Klein, 1970
« L’imagination comme vêtement de l’âge chez Marsile Ficin et Giordano Bruno », p. 65-88
88 « La mode et la théorie de l’impresa, illustrations privilégiées de la philosophie du concetto,
permettraient à elles seules des rapprochements d’une précision parfois surprenante entre théorie de
l’imagination, théorie de l’image, théorie de l’art, goût artisitique et style, auxquels on pourrait
ajouter l’épistémologie. Mais il n’est guère besoin de prouver que tous ces aspects de la pensée et
de la civilisation traversaient, dans les années où écrivait Bruno, une seule et même crise de
croissance. »
« La Civilisation de la Renaissance de J. Burckhardt aujourd’hui », p. 204-223
[C’est sur un livre de Burckhardt qui a eu un grand retentissement 204 « il nous semble curieux
qu’on puisse écrire une histoire de la civilisation (Kulturgeschichte) où manque à peu près
complètement la technique et où il est tenu si peu de compte des institutions, de l’économie, des
métiers, de la vie des classes laborieuses. »

Acta Conventus Neo-latini Bononiensis, éd. 1985, R. J. Schoeck.


La poésie scientifique a servi de support à des querelles scientifiques d’importance ; voir ainsi
« Palingenius, Du Bartas, De Gamon, De Rivière et le système de Copernic », James Dauphiné, p.
27-33
« The Hymni Naturales of Michael Marullus », Philip Ford, p. 475-482
475 On est souvent frappés par les contradictions apparentes entre les hymnes. Plusieurs dieux sont
nommés successivement « pères des Dieux », etc. En fait il y a deux sortes d’hymnes : les
philosophiques et les célébrations lyriques, et mille modèles antiques qui se superposent, des
hymnes homériques à Horace et Virgile. 476 « L’hymne n’est pas un genre ». Néanmoins le recueil
de Marulle possède une certaine unité, qui n’est pas due à la philosophie de Lucrèce qu’il a édité,
mais qui est finalement peu présent. L’hypotexte qui donne son unité au recueil est les hymnes
orphiques, textes du IIe siècle mais que la Renaissance donnait pour très anciens. 477 Alors
qu’aucun hymne homérique ou de Callimaque ne commence par une adresse directe au dieu dont il
est question, la chose est très fréquente dans les hymnes orphiques et chez Marulle.
Andrian Marino, « Mutations du concept de « littérature » à l’époque de la Renaissance », p. 520-
532
529 À la Renaissance la littérature s’émancipe des autres champs du savoir ; c’est ce mouvement
qui pousse même Fracastor à appeler « poète non seulement celui qui écrit et qui fait des vers, mais
aussi celui qui est poète de par sa nature même s’il n’écrit rien ».
« Le savant est dissocié du créateur ».

Acta Conventus Neo-latini Lovaniensis, premier congrès international d’études néo-latines, 1971
I. D. McFarlane, « Poésie néo-latine et poésie de langue vulgaire à l’époque de la Pléiade », p. 389-
403
390 La poésie néo-latine des années 1528-1538 (Dorat, Toussaint, Buchanan, Tournèbe…) a des
principes fort semblables à ceux de la Pléiade ensuite. : renouvellement, élitisme, italianisme,
connaissance de l’antiquité… 393 Pendant la Pléiade, on a négligé la poésie néo-latine, pour mille
raisons : Bèze est parti à Genève, Buchanan et L’Hospital hésitent à publier leurs écrits en recueils,
Marc-Antoine Muret s’exile pour outrage aux mœurs, etc.
396 Gervais Sepin, « la lyre de notre poète possède des cordes philosophiques et scientifiques ».
397 Ronsard a sans doute lu Sepin avant de composer son « Elegie contre les bûcherons de la forêt
de Gâtine ». Mais ce sont des poésies inspirées des Géorgiques ; 399 « nos humanistes, de guerre
lasse, préfèrent le rus à l’urbs ».
Georg Roellenbleck, « Die Lateinische Epische Lehrdichtung Italiens im Fünfzehnten und
sechzehnten Jahrhundert”, p. 491-496, mais il ne cite aucun poème que je ne connaisse.

https://nubis.univ-paris1.fr/ark%3A/15733/1f3s#?c=0&m=0&s=0&cv=0&z=-0.1628%2C-
0.0434%2C1.3257%2C0.8682
Ensuite Socrate moque Ion qui prétend avoir un « art de récitateur » (aede) alors qu’il a surtout une
divine inspiration poétique, car l’art d’expliquer et de juger la justesse d’Homère est indéfinissable
si on ne sollicite aucun autre art différent. Ainsi on parvient à une aporie. « tu loues, & recites les
carmes d’Homerus beaucoup plustost par fureur, & inspiration divine, que par artifice. » (c’est
l’excipit).

La Lisibilité de la traduction, Presses Universitaires de Rennes, 2014


[inclus]Christophe Gutbub, « Forcer ou forger la langue an XVIe siècle : Joachim Du Bellay poète
et traducteur », p. 145-155
145 Du Bellay comme Dante est tenant d’une intraduisibilité de la poésie. « incapacité d’une langue
à exprimer les conceptions d’une autre langue, l’obligeant à forger sa langue, et donc à la forcer ».
146 Palinodie : Du Bellay traduira les chants IV et VI de l’Enéide trois ans plus tard. Il reconnaîtra
alors un intérêt à forcer et forger la langue. 147 Contrairement à la traduction qui force la langue,
« l’imitation est nécessairement libre » pour Du Bellay. Elle naît spontanément du poète. 151 Ainsi
Du Bellay n’est pas du tout d’accord avec Peletier qui écrit « la plus vraie espèce d’imitation, c’est
de traduire ».

French epic poetry in…, Michio Peter Hagiwara, 1972


12 Beaucoup de tentatives épiques avortées. Par exemple, Peletier du Mans a tenté une épopée sur
Hercules, jamais publiée. Vauquelin de la Fresnaye a l’idée d’une épopée des israélites, dont il ne
donne que le proème.
32 La deuxième préface à La Franciade fait une nette différence entre le poeta vates et le poeta
faber.
42 Vauquelin sur l’épopée :
C’est un tableau du monde, un miroir qui raporte
Les gestes des mortels en differente sorte.
[Une section de ma thèse qui s’appellera « Gestes épiques, gestes techniques »]
63 Dans le chapitre sur le Microcosme : une analyse des figures mythologiques du poème montre
qu’aucune n’est nécessaire à l’action proprement dite. Même Morphée, qui apporte à Adam un rêve
prophétique, n’est qu’un ornement puisque dans beaucoup de récits mythologiques on rêve sans
l’aide d’un dieu.
68 En fait les comparaisons sont extrêmement rares dans Le Microcosme. 71 : « His method is often
that of a blasonneur ». 73 M. P. Hagiwara semble apprécier la violence « somewhat baroque » des
descriptions dans le Microcosme, comme celle du viol de la terre par la cupidité des miniers.

Simone Fraisse, L’influence de Lucrèce en France au XVIe siècle…


http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3334482m
7 Pratiquement inconnu à cause de l’interdit qui frappe les docteurs épicuriens.
12 Les auteurs chrétiens ont habilement récupéré Lucrèce. Lactance, comme plus tard Isidore de
Séville, réemploie toutes ses exécrations des rites païens et retourne vers le Dieu unique les éloges
de Lucrèce à Épicure.
17 Jusqu’au XIIe siècle, donc, Lucrèce est utilisé par les auteurs chrétiens ; entre XIIe et XIVe, il est
relativement oublié, et les thèses atomistes sont condamnées comme similaires à l’hérésie cathare.
Le Roman de la Rose, dans sa description de la « forge de Nature », semble s’inspirer de Lucrèce
mais ne le cite pas une fois, alors que Meung ne se fait pas faute de citer Ovide, Horace ou Virgile.
19 Au XIVe, tandis que Dante place Epicure au cercle de l’Enfer réservé aux athées, Boccace et
Pétrarque tentent de le défendre.
21 La trace de Lucrèce semblait perdue quand Poggio, en 1414, ramena en Italie, d’un monastère
allemand, une copie ou un manuscrit du De Rerum Natura (aujourd’hui perdue). Il le confia à
Niccolo Niccoli, qui en laissa une copie à sa mort en 1437. C’est ce manuscrit qui a servi de base à
toutes les reproductions italiennes et à l’édition princeps en 1471.
23 Marulle et Pontano furent les correcteurs « les plus pénétrants » des fautes du manuscrit de
Lucrèce. La plupart de ses conjectures sont retenues aujourd’hui. 25 Lorsque Marulle se noya
accidentellement dans le Cecina, on retrouva sur lui une copie du De Rerum Natura.
33 La prédominance des débats religieux explique les précautions des premiers éditeur de Lucrèce
au début du XVIe. 39 Les évangéliques et Erasme, par ailleurs, s’en désintéressent. 41 Depuis
Calvin, les protestants le traitent de « chien », et Epicure de porc. 53 C’est en 1563 que Lucrèce
triomphe dans l’humanisme grâce au travail d’édition de Lambin [qui n’a pas lambiné.
72 Quelle est l’influence de Lucrèce sur les arts poétiques de la Pléiade, les premiers poètes à ne
pouvoir pas l’ignorer ? Du Bellay en fait un contre-exemple dans les seuls passages qu’il le cite,
dans La Deffence : « Je ne vois pourtant qu’on doive estimer une langue plus excellente que l’autre
seulement pour être plus difficile, si on ne voulait dire que Lycophron fut plus excellent qu’Homère
pour être plus obscur, et Lucrèce que Virgile pour cette même raison. » [suit une analyse des thèmes
et motifs venus de Lucrèce dans les poètes de la Pléiade : Vénus, rivage, etc.
124 Quant aux considérations morales, c’est chez Ronsard et Jamyn qu’elle en trouve le plus de
réminiscences.

La Varietas à la Renaissance, éd. Dominique de Courcelles, Paris : Ecole des chartes, 2001.
Jean-Marc Mandosio, « La « docte variété » chez Ange Politien », p. 33-42.
39 Ange Politien tente, avec le Panepistemon, une réconciliation de tous les arts, libéraux comme
mécaniques et artisanaux : mais il le fait 40 « de la même façon que pour écrire ses poésies : en
fabriquant une mosaïque de citations empruntées aux auteurs les plus divers », surtout
philosophiques : entièrement humaniste, aucune excursion dans les ateliers.

Ernest Dupuy, Bernard Palissy. L’homme – L’artiste – Le savant – L’écrivain, Genève : Slatkine
reprints, 1970 [1902]
5 Si l’on croyait toutes les patries de naissance qu’on lui a attribuées, « L’artisan saintongeois aurait
les sept patries d’Homère. »
11 D’origine semble-t-il agenaise, Palissy a vécu 26 ans en Saintonge, dont il a la religion et parfois
quelques expressions. 14 Olivier de Serres l’appelle « le paysan de saintonge », mais lui-même ne
s’appelle qu’artisan ou terrassier (travailleur de « l’art de terre », glose Dupuy ; « De l’art de terre »
est le titre du dixième des Discours admirables ; mais p. 275 des Discours admirables, c’est-à-dire
quelques pages après le début dans ce chapitre, Palissy détaille les conditions du meilleur fourneau
pour la terre, donc l’art de terre est un art de feu).
42 Palissy se réfugie à La Rochelle en 1563 ; monte à Paris peu après, en tant qu’inventeur des
rustiques figulines du roi. 47 Il ne dit rien de la saint Barthélémy : sans doute est-il en voyage à ce
moment-là. 50-51 C’est un véritable tour de France que Palissy prétend avoir fait [mais de là à dire,
comme Dupuy, que la connaissance des minières fait qu’il a été au service du roi pour surveiller les
mines de Navarre, je ne sais pas : ces connaissances peuvent venir d’Agricola]54 Pyrénées, Saintes,
Vendée…
73 Palissy est d’abord un très misérable peintre et vitrier (74 probablement teinteur de verre). C’est
son travail alimentaire ; la poterie est ruineuse. 76 Dupuy s’étonne beaucoup que Palissy reprenne
sans la critiquer la tradition de l’invention du verre (dans Des Eaux et fontaines, II, 30) par les
pirates ; alors que « Pratique sait bien qu’aucun foyer ne pourrait à l’air libre donner une chaleur
suffisante pour provoquer une fusion » ; il en conclut que Palissy a peu cuit le verre lui-même.
99 On a dit que Palissy était inspiré par le Songe de Polyphile de Colonna ; c’est faux même si
Palissy connaît et cite l’ouvrage.
109 La plus grande source de Palissy serait Etienne Delaune [graveur ; a gravé son propre atelier en
1576
114-115 « le style change (la remarque s’appliquerait à bien d’autres artisans du feu), avec le
modèle dont l’émailleur s’inspire, et qui est la plupart du temps, il importe de le redire, une
indication de graveur. Cette indication même, il peut arriver que Palissy la suive très fidèlement ;
mais d’ordinaire il la résume ou l’amplifie. » 115 Souvent il sur-moule des reliefs d’orfèvrerie , par
exemple celles de 114 François Briot, graveur lorrain de Montbéliard, dont la confrérie de saint Eloi
(dite aussi « chonffe des mareschaux ») protège et abrite des réformés persécutés dont Palissy a fait
partie au début des années 1580. 129 La Diane chasseresse est d’après une gravure du livre de
Cellini.
145 Parmi les sources scientifiques, il faut d’abord citer la Bible, et même particulièrement les
Psaumes, en langue vulgaire : ouvrages interdits, autant que les livres d’alchimie qu’il possède
aussi.
172 Après avoir cité la foultitude d’auteurs que Palissy connaît (mais pas Agricola), Dupuy s’étonne
de la proximité entre Palissy et Belon, qu’il a lu. « la même curiosité » les réunit.
174 « Palissy semble ne s’être souvenu de Cardan que pour le combattre. » Notamment sur la vie
des pierres et métaux : Cardan y croit.
192 Dans la Recepte veritable, beaucoup de vers liminaires, et le poète qui les a faits, sous les
initiales duquel (F. B.) on a reconnu François Baudouin, sieur de l’Ouaille, avocat de renom à La
Rochelle, nomme Palissy son « singulier et parfait ami » !!!!!! Et un pasteur, maître Pierre Sanxay, a
vanté les rustiques figulines de Palissy.
212 Palissy organise « une prédication d’un genre tout nouveau » : des conférences scientifiques
(trois l’an 1575, trois l’an 1576). Des médecins et autres sortes de savants y participent. 216 Mais
parmi ce public, il y a aussi un correcteur d’imprimerie, l’Angevin Nicolas du Mont.
239 Le vocabulaire de Palissy est en partie réformé, souvent tiré de Calvin. 242 Parmi les
provincialismes de Palissy, il y a certes beaucoup de mots de Saintonge, mais ce sont des termes de
saunerie essentiellement. En réalité Palissy emprunte à beaucoup de provinces différentes et somme
toute fort peu.

** https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb338709212

** Un poète marchand https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1512289q/f13.planchecontact


µµ
Miroirs de Charles IX, Genève : Droz, 2018
Nicole Bensoussan, « Les médailles officielles au temps de Charles IX », p. 111-124
114 Les médailles permettent « de diffuser un message ou de promulguer une idée ». « Pendant la
période proche de la Saint-Barthélémy, l'utilisation croissante de médailles, qui avait commencé
sous Henri II, continua et s'amplifia. »
[important pour liens Vulcain-Jupiter, 112 « En 1547, Henri II introduisit des réformes visant à une
plus grande uniformité. Il créa la fonction de tailleur général des monnaies »

** Il faut relire Bernard Palissy, Discours admirables : chaque page est utile pour un de nos
chapitres. Le secret : p. 268 sur Gallica, les secrets éventés ouvrent la voie à une technique
« mechanizez », au grand dam des vrais et libéraux artistes. D’ailleurs il y a un lien avec Walter
Benjamin dans ce que Palissy raconte p. 269 : l’idée que les moulures ont fait du mal aux
sculpteurs…

[IL y a cependatn quelque chose de traumatiqeu dans l’éristique de Palissy comme de Scaliger…]

« Réduire » sur Frantext poésie (reduit, reduict, reduite, reduicte, reduitz…) :


ANTITUS - Poésies (1500) ii. LES QUATRE eages passees. (p. 31)
Sinon beaucoup d’occurrences dans l’écriture de l’Histoire : réduire un pays à sa domination,
réduire en mémoire (ou à sa mémoire), réduire à la famine ou à la misère, réduire en poudre, en
cendres (chez Louise Labé, élégies), « réduire les délinquants à meilleure façon de vivre » (guerre
sociale), réduire au désespoir. Réduire en argent (la réduction est une opération chimique de
combustion ; chimie et guerre à la Renaissance ?). Louise Labé dit dans sa préface : « et vous
prieray reduire en memoire comme incontinent que l'homme fut mis sur terre, il commença sa vie
par Folie : et depuis ses successeurs ont si bien continué, que jamais Dame n'ut tant bon credit au
monde. » Jean de la Gessée, Les Jeunesses : « toutesfois Dieu nous a tant favorisez à la
parfin, que le roy, voire tout le Royaume, s'est servy
de vous (Monseigneur) comme d'un apte instrument,
et moyenneur, à l'establissement d'une paix asseurée :
pour mieus reduire en son entier cest estat si esbranlé
par les troubles, et seditions intestines. »
Scève utilise « réduire » et « réduit » bien souvent, par exemple LXXXI et LXXXII.
Bel exemple de « réduit » chez La Gessée, « réduire à un terme » de poète. L’Olive xxi, exemple
alchimique.

Thomas M. Greene, The Light in Troy. Imitation and Discovery in Renaissance Poetry, New
Haven : Yale University Press, 1982
4 Expression de « Historical Solitude » qui décrit la situation abandonnique de la Renaissance qui a
plus que toute époque le sentiment de la vanité et de la déconstruction.
197 J’aime cette expression de “Imitative Insinuations in the Amours of Ronsard », parce que ça
décrit bien le sonnet du viol (le bien nommé sonnet 20). D’ailleurs il est commenté sur deux pages.

Victoria Moul (éd.), A Guide To Neo-Latin Literature, voir l'article de Keith Sidwell notamment.
Editeur de Scaliger = Luc Deitz
[Continuer d'écrire le rapport Mychkine]
HMK « On est en panne d'un régime d'historicité »
Chrysopoeia n°1 : l'article de Sylvain Matton sur Vauquelin des Yveteaux montre (p. 250 et 252)
des fourneaux anatomiques (hommes se tenant à côté ou dans un fourneau) qu'il rapproche
finalement (p. 301) de la gravure « de fornace anatomica », de L'Anatomia viva Paracelsi insérée
dans Aurora thesaurusque philosophorum (Bâle, 1577).
TH Le forgeron qui quitte sa forge, c'est un motif catholique : voir De La Vacquerie, 18 v°-19 r° de
Catholique remonstrance, 1560.
**Annotationes de Budé : les mots qui ont traîné dans les boutiques sont à repousser.
** Saliger Poetik Luc Deitz à Ulm
Le meilleur dictionnaire de néo-latin en ligne : celui de Johannes Ramiger , le meilleur
actuellement.
RV MM 11/07/18 : Vérifier la chronologie des pièces de Ronsard dans Laumonier qui est
chronologique **
Ne pas « tirer la couverture » : les taureaux de Calais et Zéthés ne sont pas à sacrifier ! **
Philip Ford, Ronsard's hymns, sur nature et artifice **
Livres chez Champion numérisés chez Garnier : on met la ref. Champion **
L'édition complète de Desportes, c'est Michels, 1858 **
Longue biographie de Ronsard par Dassonville **
Sertir une pierre précieuse, c'est le travail des fourneaux **
Anadiplose plutôt qu'anaphore dans fichier Ronsard**
N. Lombard sur les Hymnes (mais il tire les Hymnes côté philo) **
Attention ! Il y a de l'optatif dans la citation d'Hésiode (« il viendrait »)
L'éloquence de la chaire à propos du verre de fougère dans Cues **

Jean-Marc Mandosio, compte-rendu de Sébastien Moureau, Le De anima alchimique du pseudo-


Avicenne, http://doi.org/10.1515/kl-2017-0039
Dès son apparition das l'Egypte hellénisée, la littérature alchimique est déjà dotée de certains traits
caractéristiques qui ne varieront guère. 1. Obscurité volontaire du style, avec discours métaphorique
et appellations codées, 2. Recours massif à la pseudépigraphie.
Trois parties du textes sont trois traductions de l'arabe.

Satire alchimie : Eugène le cynique, faux-monnayeur. Le cynisme, ou paracharaxis, considère que


les valeurs sont une fausse monnaie.
On recommence à faire de la brique au Moyen Age, savoir oublié.
Catherine de Médicis est soupçonnée de sorcellerie et de pratiques hermétiques.
Lexicum des Mittelalters, articles brefs sur la culture médiévale européenne.
Les poètes médiévaux ont conscience de l'expérience pratique en liaison avec la poésie. Mais il est
facile de dire des bêtises à propos de la pratique alchimique des poètes.
Visions hermétiques de Nuysement. Le rêve alchimique est une tradition poétique, pas pratique.
Jean de Sponde, en prose, a proposé une interprétation alchimique de l'Odyssée.
Il y a un intérêt à comparer Gamon en 1600 et en 1610 : il y a une grande différence qui tient à plus
de modestie pratique,
Lambert Daneau (Danaeum), Physice christiana, a connu une traduction française, avec un sonnet
liminaire de Du Chesne, Physique françoyse, 1581. Edité chez Droz.
Il y a aussi des arts mécaniques dans l'hexaméron.

Comité de suivi, 14/06/18


Trop anticiper le résultat final donne un résultat thématique. En réalité il est sans doute trop tôt pour
problématiser tout à fait.
Justifier la périodisation : Nouveau monde ?
L'historicisation du statut de l'artisan n'apparaît pas dans le plan.
[Ce pourrait être précisément la direction que prend le plan : peut-on raconter l'histoire d'une
communauté créée d'artisans et de poètes grâce au maniérisme vers 1550s-1580s?]
La condamnation de l'artillerie est parallèle à celle de la mine et même à celle de l'imprimerie.
Pourquoi le secret n'est pas diffusé : établir un faisceau de facteurs. Dans le droit ? Changement de
statut ?
Pas beaucoup de volcans.
Molinet, chesnay p. 153 : cofusion Tubal/Jubal.
Deux questions différentes : poésie est-elle un artisanat du feu ? / Représentations de l'artisan.
Partir des mythes et des origines au début ; partir de l'auto-référentialité plutôt qu'y arriver. C'est la
vulgate des années 70s qu'un objet pas poétique le devienne par la réflexivité.
Que la typologie de la première partie soit problématisée : quelle poésie ?
« Corpus primaire secondaire », quand on n'a que deux vers ici ou là...
Il y a trop de recoupements entre la première partie « typologie » et la seconde partie « lieux
communs ».
Quels liens entre les textes ?, index rerum précis avec usages (didactique, métaphorique...) des
termes techniques.
Ronsard doit arriver plus tôt ; les choses bateau doivent être problématisées.
Il faut une méthode qui ne soit pas descriptive. Refaire le plan sans fiche. Ma méthode est l'ancrage
dans les realia et le « positivisme » des thèses actuelles.
Le secret est à séparer de la petite question de l'emblème et à rapprocher de la grande question de
l'alchimie.

A Richelieu : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb45508801h **
Thomas Cantens, poète-anthropologue de l' « état » en Afrique. « un dieu, même pas deux » pour
parler de Boko Haram !!

RV MM 26/09/2018. Corrections fichier mines :


** Dans l'intro de la première partie, justifier mieux que les mines appartiennent aux arts du feu. La
forge est en elle-même un souterrain, pourrait-on dire ; elle a à voir avec l'esthétique grotesque. La
preuve, ses murs, à Fontainebleau, sont représentés mêlés aux pierres de la grotte :
https://iconographic.warburg.sas.ac.uk/vpc/VPC_search/record.php?record=33089
Si on reprend la distinction que fait Isabella d'Este entre studiolo et grotta, on peut dire que les
objets de la forge sont exposés dans le studiolo, mais qu'il faut descendre un degré pour accéder à la
forge dans la grotta.
Pendant qu'on y est, pour l'intro :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b73000278/f197.image !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! C'est traduit de
l'allemand et la gravure elle-même est allemande. Le bruit de la forge inspire à Jubal l'harmonie. On
trouve cette iconographie surtout au début du siècle et surtout en manuscrits, cf recherche « forge »
dans la database du Warburg Institute. Mais je ne crois pas que ça ait jamais été raconté en poésie
(même pas par Du Bartas!).
Nekuïa = morts suscités contrairement à la catabase où l'on descend les voir.
Incrustations = esthétique grotesque.
Dans une ballade le « Prince » est simplement celui qui préside le puys. Cela ne veut nullement dire
que c'est un genre mondain !
Pour l'intro : « Sauf mention contraire, les traductions sont les nôtres ». Préciser aussi que j'entends
par « poésie » quelque chose qui va de pièces liminaires ou recueil de chansons jusqu'aux recueils
monumentaux.

Article de 2006 : « Réseaux, institutions, champs », sur la dure définition du collectif **


Jeanne de Marnef **
Chercher tous les maîtres d'artillerie du XVIe siècle et les poètes qui leur sont attachés **
Vulcain est dans un texte allemand une monstrueuse chimère qui forge les âmes pour Dieu :
https://iconographic.warburg.sas.ac.uk/vpc/VPC_search/record.php?record=101750
Pour le chapitre « secret », rapprocher les lectures à haute voix supposées par NZD de « Lecture et
récitation de la poésie », dans le vol. collectif Voix, dir. Olivia Rosenthal **.
** Articles objets dans la Délie.
« Les Armes » : dire que c'est une epistula gratulatoria ! Erasme a défini ce genre.
Dans les maisons des artisans qui travaillent avec le roi, on trouve des commandes ; les artisans les
plus prestigieux vivent à crédit et leurs inventaires après décès sont très maigres. Peu est vraiment à
eux dans leur intérieur. (selon quelqu'un au colloque « objets domestiques »).
Les objets sont des « zones de contact » selon la muséographie.

Jean Lemaire de Belges, La Concorde du genre humain, 1509, prologue, p. 49 : les « bons et nobles
personnaiges […] ont employé toute l'adresse de leurs ingeniositéz sublimes, tant d'un costé que
d'autre, à la forge de ce haultain bien publicque ».
Qu’un grand RONSARD dès jeunesse ait apris
A bien user de l’oustil poëtique,
293 Seul il n’en a l’adresse, et la pratique :
Elle est commune aus plus gentilz espris.
Jean de la Gessée, Les Jeunesses, livre VI, 50, 1583
Discours soutenance : décrire le passage Mireille Huchon et Michel Magnien (Rabelais et
Montaigne, carnaval et humanisme, émotions collectives) à André Bayrou et NN (littérature et droit,
littérature et évangélisme, et Marguerite de Navarre, évangélisme = troisième voie dans un contexte
de guerres de religion, ce dont nous avons collectivement besoin, évangélisme comme relève de la
laïcité humaniste).
Vie d’Homère, pseudo-Plutarque : Essay on the Life and Poetry of Homer, éd. J. J. Keaney et
Robert Lamberton, Atlanta : Scholars Press, 1996.
1 Parasite à la fois du corpus homérique et du corpus des essais moraux de Plutarque. 33 édité dans
une édition grecque des Homeri Opera, Florence : Bernardo et Nero Nerli, 1488 (avec la Vita
Homeri Herodotea et le discours de Dyon Chrysostome) et dans bien des éditions subséquentes des
Homeri Opera ; mais aussi un Plutarchi duo commentarii…, trad. Wilhelm Xylander, Bâle : J.
Oporinum, 1566. 37 La première traduction latine est la Homeri vita in Latinum tralata per Io.
Rhellicanum, Tigurinum, Bâle : Belthasar Lasius et Thomas Platterus, 1537. La première traduction
en français est dans les Œuvres morales de Plutarque traduites par Amyot, Paris : M. de Vascosan,
1572.
93 Pseudo-Plutarque remarque déjà qu’Homère utilise « Héphaïstos » pour « le feu ».
145 À propos des « logoï » d’Homère, Pseudo-Plutarque remarque qu’il parle ici et là d’ « organa »
(pluriel d’organon ?) càd « instruments » : « An exemple of how he describes instruments occurs in
the description of the shield prepared by Hephaestus… » [La section « logoï » devient une véritable
encyclopédie, c’est la partie 3 du discours, p. 140-287

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** Pour citations du Roman de la Rose, une édition récente, avec notes.


** pour chapitre « secret » comment Agricola appelle le fait d'écumer et comment il appelle les
fourneaux recouverts d'une grille de bois.

Les ouvrages collectifs cités deux fois : ne pas référencer par le nom du directeur de publication
mais par le début du titre !

Pour le chapitre Ronsard, ** article sur Jean de Belot.


Dans chapitre Ronsard, ** l'alexandrin boiteux dont parle la note et faire une blague avec Vulcain.
Reprendre tout le chapitre Ronsard avec l'édition Laumonier. Particulièrement ce que je bafouille du
« Portrait d'un Paysage ».
** Dassonville sur les rapports Ronsard/Cardinal de Lorraine pour le chapitre Ronsard.
** pour chapitre Ronsard, l'ode d'Horace sur les héros homériques oubliés sans Homère ! et s'il y a
un vigneron dedans.
** Pour chapitre Ronsard, les travaux de Josèphe Jacquiot sur les médaillons
** La thèse de Nicolas Lombard.

** nous de majesté : ma traduction -> notre traduction

Guy Demerson, La Mythologie classique dans l'oeuvre lyrique de la Pléiade, Genève : Droz, 1972
21 « Nous distinguerons mythologie décorative et mythologie ornementale. » La seconde, celle qui
évoque Vulcain lorsqu'elle parle de jalousie, est surajoutée (« le motif de la Jalousie de Vulcain
porte la pensée », belle manière de dire, qui s'est perdue!) ; la première est le sujet même du poème,
son « décor » dit aussi Demerson. [C'est la distinction description/comparaison chez Du Bellay.]
[Pour fichier « arts poétiques »]
59 Demerson décrit l'allégorisation de Vénus par Le Roman de la Rose : « La déesse, qui n'était
qu'une héroïne de fabliau dans ses démêlés avec Vulcain et Mars (v. 14205 et suiv.), redevient un
mythe, une force obscure et pourtant évidente, lorsqu'elle est engagée dans une psychomachie... »
209, n. 132 : Demerson rapproche chez Ronsard le mythe de l'androgyne (Lm. IV, 100 ; Lm. IV,
155) et la traduction du Banquet par Ficin où Vulcain promet au contraire aux amants « confundam
vos in idem, ut ex duobus unum efficiamini » (192 d, trad. Ficin). Donc Ronsard inverse le mythe
(pas la première fois qu'il fait cela...)
288-289 commentaire passionnant de la « Harangue que fit Monseigneur le Duc de Guise aus
soudars de Mez » de Ronsard : l'idée est que l'ekphrasis de la « targe » du duc est partagée entre
mythologie et Histoire, comme le bouclier d'Enée, mais que la mythologie finit par tout emporter,
étant à la fois « décorative » et « fonctionnelle », « comme dans les objets d'art mis à la mode par
les fabricants d'art italiens » : Guy Demerson voit un parallèle même s'il ne décrit pas l'influence
exacte que cet art peut avoir... La targe du duc de Guise serait une « pièce de musée ».
345 L'ode anacréontique de Ronsard à Vulcain n'est pas une imitation servile et scholaire mais une
« palinodie » : il ajoute à partir de 1555 à la liste des sujets qu'il refuse de traiter, la guerre : signe
que son projet d'épopée lui cause du chagrin !
122 Commentant la Gigantomachie de l'Ode à Michel de l'Hospital, Guy Demerson s'étonne que
Vulcain (« Le Lemnien ») soit armé d'une « mâchoire » : note 60 « Est-ce, comme le veut A.P
Lemercier [...], un coin, une cognée ? une arme contondante (cf. Huguet, Dict., s. v. Mâcher) ? un
gourdin dans un dialecte du temps ? (cf. l'espagnol mazorra et l'article machoueiro du Dict.
Provençal-Français de F. Mistral, t. II) ? » Il faut résoudre ce mystère par une recherche frantext**
Ce pourrait bien être un terme technique. ** aussi la bibliographie critique, peut-être que ce mystère
a été résolu après tout. Mais non, la « mâchoire » est simplement ce que Jamyn appelle la « tenaille
mordante »…

[Le titre de ma thèse : Vulcain, les Muses : les « arts du feu » comme contrepoint de la poésie
française et néo-latine au XVIe siècle

Marielle Macé, Façons de lire, manières d’être, 2011


12 « Si la lecture nous fait suivre les hirondelles, ce n’est pas que nous nous y découvrions la
faculté de voler, mais parce qu’elle agrippe à l’intérieur de nous quelque chose de cette capacité-là,
de sa tonalité, de son élan et des mots pour le dire ». Oui, quelque chose : Marielle Macé est à la
limite du mouvement de dé-thématisation qu’appelle encore Nathalie Quintane de ses vœux en
2014 alors qu’elle semble totalement acquise (en tout cas dans le supérieur) : c’est qu’il n’y a
tellement plus de thème que le rhème seul reste. « Beau comme… » : on ne saura pas ce qui est
beau, ce qui est hirondelle.
En somme Barthes disait qu’il n’y avait pas d’un côté la vie et de l’autre le texte : mais il voulait
dire que tout est texte. Macé le reprend : tout est vie.
Lire, selon Barthes : « rester en écoute productive de subjectivité » (p. 19). En fait ce livre est une
explicitation de quelques formules mystérieuses et poétiques de Barthes.
21 « Dans toute pratique humaine, en effet, ce n’est pas la vie nue qui s’essaie en nous, mais des
formes de vie. » Voilà qui en une phrase donne à penser toute l’ampleur de la tâche démocratique
qui est à recomposer à l’âge des hommes de qualité que nous sommes…

Claude-Gilbert Dubois, Le maniérisme. Un formalisme créatif, Paris : Eurédit, 2011 [P.U.F., 1979]
Avant-propos, 10 « la distinction entre la matière passive et l’esprit agissant est postérieure ». Il n’y
a donc pas d’opposition entre matière passive et artisan actif dans le maniérisme [Voilà dans quel
genre de thèse je me suis fourré]
42-49 Il distingue une « attitude classicisante », une « attitude maniérisante » et une « attitude
baroquisante » : or Du Bellay est l’archétype de son « attitude classicisante ».
49-66 Le modèle de l’ « attitude maniérisante » est Ronsard, obviously frankly ridiculous.
53 Face à Ronsard, d’Aubigné écrit dans une ode du Printemps : « Je barbouille à ma façon ». Cf
forme de vie, Marielle Macé & Co.
[Il y a quelques pages sur le chant des oiseaux : Jourde a-t-il pris ici son idée ? Il y a des
préoccupations communes ; avec CGD on ne peut pas discuter, mais on peut s’élever.
58 La recherche de l’effet : far stupir. Rendre stupéfait. c’est cette recherche qui est moquée, déjà,
par Ange Politien dans la description de Vulcain.
90-91 à propos de la valorisation maniériste des courbes, qui est consécutive, dit-on, à la
redécouverte du Laocoon en 1506 : « Faut-il parler du maniérisme comme l’expression privilégiée
des tendances « féminines » de la psyché, qui expliqueraient ce rôle dévolu à la courbe comme
expression de la féminité psychique : enn somme ce que Jung, et à sa suite Bachelard, appellent
l’anima ».
163 « maniérisme » est un mot inventé en 1792.
167 Le sac de Rome est « un véritable trauma », lui ne met pas de guillemets contrairement à ACh !
177 Dans la littérature, « maniérisme exacerbé » dans les années 20-40 avec même Marguerite de
Navarre, puis réaction bembiste et marotiste, puis néo-maniérisme ds années 70 avec Du Bartas,
Desportes, d’Aubigné (??????) et Montaigne, avant une vague classique.
179 L’opposition classicisme/maniérisme est celle entre matière et manière.
185 L’archétype du maniérisme, ce serait Rabelais.
219 Il y a un « Index-lexique des termes scientifiques et techniques », où les mots sont définis puis
paginés ! Il me faut le même.

** I. Fonagy, « Les bases pulsionnelles de la phonation », Revue française de psychanalyse, 1970.


Associe des phonèmes à des sens. Le r imite le roucoulement amoureux.

** Hocke, Labyrinthe de l’art fantastique, pour s’amuser

[INCLUS sauf ce qui est ici] Renaissance Quarterly, vol. 57, n° 4, 2004,François Rigolot, « The
Renaissance Fascination with Error : Mannerism and Early Modern Poetry », 1219-1232
1219 « … je serai assez content d’avoir erré en compagnie de Platon, Xénophon et Cicéron »,
répond Castiglione à ses détracteurs qui l’accusent d’erreur.
1223 adage commenté par Henri Estienne : communis error facit jus, une erreur partagée devient
loi.
1225 Tout à coup il parle de la servante qui avoue son viol dans L’Heptaméron. « this unexpected
dénouement triggers collective laughter. »
1229 Pernette Du Guillet est obsédée par les propres erreurs qu’elle commettrait en imitant son
modèle Maurice Scève. « En mon erreur ce vice mueras » : « CE VICE MUERAS » est anagramme
de MAURICE SCEVE.
1231 Et Ronsard : « Heureuse erreur, douce manie heureuse, / Ou la raison errante ne defaut... »
1232 Ainsi le caractère « réaliste » du motif classique d’excusatio : la giovanile errore (de
Pétrarque) est exclue pour donner à l’erreur un sens esthétique, en rapport au modèle imité donc au
maniérisme cf. CGD.

Miroirs de Charles IX. Images, imaginaires, symboliques, Luisa Capodieci, Estelle Leutrat et
Rebecca Zorach (dir.), Genève : Droz, 2018
« L'« autheur et l'escrivain » : Charles IX dans l’œuvre de Ronsard », Jean-Eudes Girot, p. 75-92
75 Binet remarque les bonnes relations de Charles IX et Ronsard. « quelle est la part de vérité ? »
Rien sur la forge, alors que c'est un élément important, je crois.
« Mises à jour et obsolescence d'un programme iconographique. Charles IX ultime destinataire de
l'Histoire françoyse de nostre temps de Nicolas Houel », Valérie Auclair, p. 93-110
103 « Et vous n'estes jamais que gracieux, et dous. » C'est la pointe (mensongère) du sonnet « Au
Roy » sous le portrait de Charles IX.
Nicole Bensoussan, « Les médailles officielles au temps de Charles IX », p. 111-124
115 Les médailles somptuaires, en plus des monnaies, sont « forgées par commandement du Roy »,
comme les médailles forgées pour célébrer la Saint-Barthélémy onze jours après le massacre.

** L'Architecture des Odes de Ronsard, Droz, 1990

Jacques Pineaux, La poésie des protestants de langue française (1559-1598), Paris : Klincksieck,
1971
181 Une satire manuscrite de PdR : « En ce discours cy est enclose
La soudaine metamorfose
De Monst Pierre de Ronsard
En Messire Pierre Rossard. »

** Le Vray Reveille-matin pour la défence de la majesté de Charles IX

Olivier Renaudeau, « Le décor « à la française » dans l’art de l’armurerie au XVIe siècle », p. 137-
143 dans Perspective. Actualités de la recherche en histoire de l’art, 2010-2011, n° 1.
137 Une expo au Metropolitan Museum sur la famille Negroli, qui réalisa des armures pour Charles
IX. Le musée de l’armée en 2011 a fait une expo aussi : chercher également **
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb42426206x sous egide mars
C’est Guy-Michel Leproux l’historien qui a dépouillé les archives pour identifier les armuriers
français. Mais on ne sait rien.
138 Un certain Charles Alexandre, baron de Causson, dans une étude en 1901, a émis l’hypothèse
d’un « atelier du Louvre », au vu de la similitude de style entre les armures royales, dont « aucune
source écrite n’a jamais permis d’établir l’existence », sous François Ier.
Robert Klein, L'Esthétique de la technè. L'art selon Aristote et les théories des arts visuels au XVIe
siècle, Paris : INHA, 2017.
p. 22 La « dignité d'un art se mesure aux problèmes qu'il pose à l'ingegno pratique », telle est sa
conclusion à la lecture des débats sur la plus ou moins grande noblesse de chaque art. Maniérisme =
« sentiment vertigineux de la contingence du faire » (les deux citations sont de Klein).
22 « « Art de l'art » ou encore « art à la deuxième puissance »,
L'influence de la technè aristotélicienne a été vue précédemment comme un résidu de scolastique
médiévale.
28 « L'historien actuel pourrait reprocher à Klein d'avoir considéré la technique de la Renaissance
sans avoir puisé là où le problème s'est, sur le plan intellectuel, prioritairement posé, c'est-à-dire
dans les traités techniques ». « Cette littérature est bel et bien la part aveugle de sa thèse ».
30 La conception de l'art comme « effet » porte Klein « à faire du comment le véritable enjeu de
l'activité artistique ». (Rejoint par certains aspects le formalisme de la deuxième école de Vienne). Il
est à l'opposé d'un Erwin Panofsky.
Introduction
47 « La Nature ingénieuse, qui engendra les hommes et les choses, nous offrit pour équipement
deux outils vraiment très précieux, dont l'aide nous permet d'user tout d'abord d'outils extérieurs :
car, dans le corps, la main s'insère et, dans l'esprit, c'est l'intellect. » (Ingeniosa hominu, ac rerum
Natura creatrix instrumenta dedit nobis duo maxima, quorum uti opera in primis extrinsecus
instrumentis sit pote : corpori enim manus inserta est, animo mens.) Achille Bocchi, Symbolicarum
quaestionum libri quinque, 1555.
49Klein remarque en note que Platon faisait déjà dériver, dans le Cratyle, « technè » de « hexis »
(état, habitude, faculté née de l'expérience) et « nous ».
50 « Il serait presque possible d'écrire toute l'histoire du concept de technè ou ars en fonction de
deux modèles majeurs : l'architecture, correspondant à l'idée aristotélicienne, et la magie (plus
rarement l'agriculture) correspondant à l'idée naturaliste, en gros néoplatonicienne, de l'artisan. Le
magicien n'est pas 'créateur', il ne réalise pas une idée auparavant conçue. C'est la Nature qui, grâce
à son 'art', agit à travers lui. » (la note 10, p. 60 cite Ficin, Convivium VI, 10 : « Ainsi donc les
œuvres de la magie sont celles de la nature, et l'art n'en est que l'instrument. »
52 La notion de mimesis est neutre dans ces deux conceptions différentes de l'ars. Aussi bien on
peut imiter des deux manières, par l'architecture et par l'agriculture. Et 53 Platon prenait toujours
ses définitions à partir d'exemples de métiers.
55 « Les artisans selon Aristote (artifices) ne trouvent pas des Idées aux cimes de leur esprit, mais
se bornent à imiter les procédés de la Nature ou à en excogiter d'autres, qui n'ont pas de modèle ;
seuls les maîtres des arts libéraux (artistae) et les poètes que l'on appelait trouveurs « inventent »,
au sens fort du terme médiéval, c'est-à-dire recourent à un prédonné métaphysique. C'est par une
sorte de laïcisation progressive que l'invention a été peu à peu assimilée à l'excogitation et
distinguée (contre l'étymologie) de la découverte ; au XVIe siècle, l'invenzione dans les beaux-arts
est encore ambiguë. »
57 « Il est facile de comprendre que la théorie aristotélicienne de la technè n'a joué aucun rôle dans
les traités humanistes et scientifiques du Quattrocento, où la grande affaire était justement de
distinguer l'artiste de l'artisan ; jusque dans la forme, on fuyait tout ce qui pouvait rappeler l'ancien
recueil de recettes non-expliquées » Si elle revient à partir de la deuxième moitié du siècle, c'est
sous la pression des « dilettantes » qui veulent accéder à l'art au plus vite.
Chapitre I, « Artisan et artiste », p. 65, n. 1 : Arnold Hauser, The Social History of Art, 1951,
« décrit rapidement la situation de l'artiste maniériste, libéré des corporations et d'autres liens
sociaux plus subtils, conscient de l'autonomie et donc de l'inutilité de l'art, et pressé de fuir cette
liberté qui le met en question : d'où les académies et le service des princes ou de la Contre-Réforme.
Malgré quelques réserves, par exemple sur l'identification globale maniérisme-Contre-Réforme, ou
sur la déduction de l'esthétique de Bruno, ce tableau peut valoir comme une première
approximation. »
65 Pour les beaux-arts l'ennemi à abattre est la corporation : « les peintres se sentent humiliés de
voisiner dans une corporation avec les épiciers, les doreurs, les fabricants de papier »
66 « personne n'a reproché à Raphaël d'avoir dessiné un service de table pour Agostino Chigi ; mais
la même commande, exécutée dans une bottega [boutique] pour un client quelconque, aurait été
considérée comme humiliante, cosa meccanica ».
68 D'où les académies. « Une académie hérite des corporations ses attributions essentielles, y
compris le droit de regard sur les commandes ».
71 « Un artiste lisant le latin était chose très rare. Les architectes, gens sans formation
professionnelle régulière, étaient de loin les plus cultivés, tant dans le domaine technique que dans
les lettres. » Les artisans de techniques de précision étaient même plus érudits que les artistes, et
participèrent au progrès des sciences : c'est la thèse d'Edgar Zilsel, « The sociological roots of
science », American journal of Sociology, XLVII (1941-1942), p. 544-562.
72 C'est une « vantardise de préfacier » que de prétendre réduire l'art à une théorie ! En réalité tout
le monde s'accorde pour faire de la pratique le cœur du métier.
75 Comment revaloriser les beaux-arts ? « Plus que les récentes « querelles des arts », ce furent les
apologies antiques d'une technique ou d'une discipline […] que l'on prit pour modèles. Elles
obéissaient toutes à un schéma qui, par chance, se prêtait bien au nouvel usage qu'on en faisait, et
qui consistait à développer trois séries d'arguments : la liste des hommes célèbres et des dieux qui
avaient inventé et illustré la discipline en question, les sciences requises pour son exercice, et son
utilité pour la vie économique, morale ou politique. » [Pour ce qui est des arts du feu, le modèle est
difficile à appliquer...
[Pas d'anachronisme ; notre conception des « beaux-arts » date du XVIIIe...
77 Moment historique où l'on a vu, au début du XVIe, Léonard et d'autres défendre la peinture
comme somme de tous les arts. Léonard admet le « biphasisme aristotélicien » : la peinture est
chose mentale, puis pratique. Mais « sur la valeur respective des deux phases, ses jugements varient
selon les besoins de la démonstration ». Ce n'est guère une réhabilitation des métiers.
79 Trois positions sur les beaux-arts, donc : 1. assimilation totale aux études humanistes (Gauricus,
grammairien) 2. définition anthropologique néo-platonicienne qui s'appuie sur une théorie de la
connaissance (Léonard) 3. modèle neutre de l'éloge antique (Castiglione). L'idéologie se figera sous
ces trois aspects convenus.
88 La théorie des trois « filles du dessin », qui faisait des « orfèvres, céramistes, tapissiers, verriers
ou brodeurs […] petits-fils plutôt que fils du dessins » va à contre-courant des réalités sociales.
« Les gentilhommes amateurs ou dilettantes pratiquaient les arts mineurs de préférence à la peintre
ou à la sculpture ; ils furent naturellement comblés d'éloges par les artistes théoriciens et critiques,
et c'est ainsi que les dames brodeuses de Milan sont entrées, grâce à Lomazzo, dans l'histoire des
arts. » [C'est un problème aussi pour Ronsard et Charles IX
Pour combattre ce discours élogieux d'arts mécaniques, c'est la difficulté technique de l'ouvrage qui
va devenir une valeur esthétique (toute la fin du chapitre s'attache à le prouver).
Chapitre 2, « La conception ».
123-124 Dans « orthos logos », Aristote entendait la recta ratio faciendum rerum, la bonne façon de
faire. Mais Lomazzo introduira dans cette notion, « en fraude », le concept de règle.
Chapitre 3 : « L'exécution »
143 Description de l'état de la théorie italienne au début du XVIe siècle : « L'ennemi, c'était la main
[…]. L'assimilation de la peinture à la poésie, et enfin des arts figuratifs au discours, est une simple
conséquence de cette attitude. »
146-8 : L'invention n'est pas signe d'originalité personnelle durant tout le XVIe siècle : un beau
visage est comme un couteau qui coupe bien, dans une œuvre d'art. l'invention est « bien
commun », bonum artis dirait le Moyen Âge, et que ce qui fait la valeur esthétique, la maniera, est
de toute façon impossible à plagier. 154 : La maniera est d'abord un procédé mécanique, puis
devient au cours du siècle un signe du génie.
Il y a un chapitre sur le grotesque.
Puis « Seconde partie : anthropologie de l'artifex »
Chapitre 6 « L'action », 129 « On n'a pas toujours distingué entre l'intellect actif et l'intellect
fabricateur (factivus) ; dans la série des classifications des sciences ou des habitus, on trouve les
arts fabriles tantôt séparées des vertus morales, tantôt groupées avec elles sous dépendance de
l'intellect pratique. En fait, le critère essentiel, la production d'oeuvres durables, ne paraissait pas
s'appliquer à tous les arts... »
Chapitre 8 : « Le « second Dieu » » p. 263 « Le thème du Deus artifex est un des plus beaux
exemples des transformations multiples que peut subir un lieu commun reflétant successivement les
conceptions et doctrines artistiques de plusieurs siècles, sans que son énoncé souffre pour cela la
moindre modification » [donc une Transition réussie...
263« IL arrive de temps en temps que la spéculation métaphysique sur l'archétype de l'art se tourne,
devant l'impossibilité de s'exprimer par l'image du Dieu artifex, même en tenant compte de la
possibilité d' « occuper » trois Personnes divines, vers la mythologie. Vulcain et Minerve se
prêtèrent bien à ce jeu : Vulcain, le faber, « héros civilisateur » selon un mythe qu'avait peint Piero
di Cosimo, fut aussi le fabricateur de la « grande machine » du Cosmos ; Minerve, la Sagesse, est
l'inventrice des arts, analogue au soleil et à l'intellect. » 266 Mais « le patron des artistes, dans la
mythologie, était naturellement Prométhée »
273 Sa conclusion : « L'esthétique du maniérisme n'est pas tout entière artificialiste ; mais
l'idéalisme, ou la théorie de l'art-discours, est également loin d'en donner la clef. »
[Très étrange et plaisante, cette édition qui marque les chapitres par des reproductions de détails de
manuscrits noir et blanc.

Patricia Falguières, Le Maniérisme. Une avant-garde au XVIe siècle, « Découvertes » Gallimard


, montre des orfèvres au travail et des fourneaux au fond, 25 : « une exaltation de l’art et de
la technique destinée au studiolo de François Ier de Médicis ». 40 Ce même prince « installe
au rez-de-chaussée du siège de son gouvernement (le Palazzo Vecchio) à Florence la
Fonderia : une suite d’ateliers et d’officines où l’on s’affaire à produire drogues et
distillations, où l’on travaille le verre, les pierres semi-précieuses, le cristal de roche et les
métaux, les gemmes artificielles, où l’on découvre le secret (si activement recherché de tous
les princes du temps) de la porcelaine. »

Stace, Silves, Belles Lettres, 2003


I, 1 : « Le Colosse équestre de l'Empereur Domitien », v. 1 sq
14 Quelle est cette masse qui, doublée par la pose du colosse sur une base, se dresse occupant tout
le Forum latin ? Cette oeuvre est-elle descendue du ciel tout achevée ? ou bien, forgée dans les
ateliers siciliens, cette image a-t-elle laissé Stéropès et Brontès épuisés ?
Quae superinposito moles geminata colosso
stat Latium complexa Forum ? caelone pera...
fluxit opus ? Siculis an conformata caminis
effigies lassum Steropem Brontemque reliquit ? [Ce sont les ouvriers anonymes qui sont évoqués ici
I, 2, p. 19 : « Epithalame en l'honneur de Stella et de Violentilla » (Stella étant aussi le destinataire
du livre I des silves)
v. 49-50 p. 21 Le poète annonce qu'il va raconter un « apta conloquia », « entretien de
circonstance ». puis v. 51, raconte la lassitude de Vénus : v. 59
Fessa iacet stratis, ubi quondam conscia culpae
Lemnia deprenso repserunt uincula lecto. »
Ensuite un Cupidon lui raconte Stella et Violentilla.
Silve I, 3, p 31 : « La Villa Tiburtine de Manilius Vopiscus »
Description idyllique. p. 33, v. 47 sq :
J'ai vu des chefs-d'oeuvre de l'art ancien et le métal vivant sous des aspects divers. Ce serait un
travail que de rappeler les formes revêtues par l'or, les ivoires ou les pierreries dignes de venir se
poser sur des doigts, tous les premiers jeux, dans l'argent ou dans le bronze moins noble, de la main
des artistes s'éprouvant en vue des colosses énormes. »
Vidi artes ueterumque manus uariisque metalla
uiua modis. Labor est auri memorare figuras
aut ebut aut dignas digitis contingere gemmas,
quicquid et argento primum, uel in aere minori
lusit et enormes manus est experta colossos.

Gisèle Mathieu-Castellani, « Vision baroque, vision maniériste », Études Épistémè [En ligne],
9 | 2006, mis en ligne le 01 avril 2006, consulté le 29 janvier 2019. URL :
http://journals.openedition.org/episteme/2515 ; DOI : 10.4000/episteme.2515
« le discours maniériste maintient toujours une relation d’incertitude, et ce trait le distingue bien, en
effet, du discours baroque, toujours énergiquement assuré, toujours en quête de crédibilité. » Elle
développe longtemps cette opposition, qui distinguerait Desportes le maniériste d’Aubigné le
baroque. C’est l’ombre contre l’éblouissement. [Voilà une opposition bien de son temps : « J’aime
les gens qui doutent... ». Mais il y aurait d’autres manières d’opposer ces deux-là. D’ailleurs c’est
bizarre que l’ombre soit du côté opposé à celui du pli… En réalité le maniérisme est tout un, tandis
que le baroque est hanté par la duplicité. La manière se brise sur la brisure : « Je vis, je meurs, je me
brûle et me noie... » : c’est un lyrisme univoque, une unique manière d’être. Le baroque dira :
« Brûlant, je me noie néanmoins... », les oppositions ne sont plus sur le même plan, il y en a une
devant (l’illusion) et une derrière (la vérité, d’où le sentiment de certitude dont parle GMC).]
D’où l’art de la pointe, typiquement maniériste. GMC lie le maniérisme au voile de Timanthe, puis,
de fil en aiguille, à « la ruse » : c’est voir les choses à l’envers. Elle cite celui qui serait le
maniéristissime : Théophile de Viau, poète du Déguisé : « "Lorsque la dissimulation l’emporte sur
la manifestation, il en résulte un maniérisme" dit Hocke ». Mais Théophile de Viau n’a RIEN de
maniériste !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Cynthia Skenazi, Le poète architecte en France. Construction d'un imaginaire monarchique, Paris :
Honoré Champion, 2003
18 « ut architectura poesis ».
27 Une lettre de Lemaire à Marguerite d'Autriche pour une oeuvre littéraire commandée file la
métaphore architecturale jusqu'au plus technique. « un langage si technique n'a apparemment rien
de déroutant ou de surprenant pour sa correspondante » du fait d'un « regain d'intérêt des nobles
pour l'architecture ».
49 n. 1 L'architecture a ceci de différent avec les arts mécaniques qu'on peut la louer « comme art
du projet et de la spéculation », ainsi que le fait Marsile Ficin dans son Commentaire au Banquet de
Platon.
84 « Clément Marot : un monument de nature organique », titre du chapitre II, raison pour laquelle
je ne suis pas intéressé par lui.
204 « Ce que les mains ne peuvent maçonner. » (Pointe du sonnet 25 des Antiquitez). Cela
correspond à la Deffence : vouloir restaurer l'Antiquité est impossible, il ne faut pas vouloir les
imiter en latin.

Bertrand Rougé, « Oxymore et contrapposto, Maniérisme et Baroque : sur la figure et le


mouvement, entre rhétorique et arts visuels », Études Épistémè [En ligne], 9 | 2006, mis en ligne le
01 avril 2006, consulté le 29 janvier 2019. URL : http://journals.openedition.org/episteme/2543 ;
DOI : 10.4000/episteme.2543
Cite Alberti qui fustige les sculpteurs présentant des figures distordues : « "la poitrine et les fesses
s[’y] présentent au regard en même temps, ce qui est impossible à faire et très indécent à voir". Ces
figures, qui lui paraissent les symptômes d’un "talent trop fougueux de l’artiste" dont l’effet est
l’absence "de grâce et de douceur" (185) ». Voir l’avant et l’arrière à la fois, c’est la définition du
contrapposto selon lui. Mais ce n’est pas clair du tout si ce contrapposto est du baroque ou du
maniérisme.

La Guide des arts et sciences, de Philibert Mareschal, Genève : Slatkine reprints, 1971 [Paris :
François Jaquin, 1598].
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4509s
f ij v° : « ce livre […] enseignera ce qui a esté traduict et composé en François sur chacune des
Sciences, Facultez, Ars liberaux et Mechaniques ». Dans l’ordre : Arts libéraux ; Philosophie (dans
laquelle se trouve la Poésie et aussi l’Alchimie : important pour l’exclure de notre corpus) ; à
l’intérieur de la Philosophie : f. iij v°« Escriture, Peinture, Architecture, Navigation, Venerie,
Agriculture, et Ars mechaniques. »
Ce chapitre commence p. 321. À noter que p. 320 La Pyrotechnie ou Art de Feu de Biringuccio se
situe dans le chapitre « Art militaire ».
321 chapitre « Architecture, Peinture, Escriture, Sculpture, Venerie, Agriculture ». 322 Dedans est
Bernard Palissy, 323 Vigenère (« Blaise de Viginaire »), et aussi un traité de « Charles 9. Roy de
France, Traicté excellent de la Venerie demeuré en la Bibliotheque Royalle et non encores
Imprimé. » [Important pour Charles IX et le roi-forgeron]. Mais rien sur la forge, alors qu’il y a
même le traité de Taillement sur les cuisines.
[Tout cela pour arts du feu et humanisme

Bernard Palissy, Recette véritable (1563) [La Rochelle : Barthélémy Berton], éd. Christian
Barataud et Frank Lestringant, Paris : Macula, 1996.

Lestringant, Frank. “Le Prince Et Le Potier: Introduction à La ‘Recepte Veritable’ De Bernard


Palissy (1563).” Nouvelle Revue Du XVIe Siècle, vol. 3, 1985, pp. 5–24. JSTOR, JSTOR,
www.jstor.org/stable/25598681.
24 dans la Recepte Palissy a bâti son jardin sur le modèle du Psaume 104
9 La biographie est remplie d'une « foule de petits mensonges » parce qu'elle est « lestée d'un poids
mythique ».
8 La metanoia, changement de comportement, est à la fois permise et signifiée par l'isolement
solitaire.

Ces images du Palazzo Vecchio : http://www.iconocrazia.it/giorgio-vasaris/

https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40102927n **

xlviii
http://www.bvh.univ-tours.fr/Consult/consult.asp?
numfiche=895&numtable=B180336101%5FD0401%5F2&mode=1&ecran=0&index=110 il
faudra lire ce bazar. **

** https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb377078086
Ferraria Nicolas Bourbon
Pour la Semaine : Une image récurrente de notre corpus nous semble métaphoriser la difficulté du
poète à exprimer ce qui ne peut se connaître que par expérience : l’image du travail nocturne. La
nuit cache au public le travail régulier et imperceptible de l’artisan, du stratège ou du correcteur
d’imprimerie. Aujourd’hui encore, pour les historiens, « la nuit du mécaniste conserve tous ses
mystères »122. Le poète tente de la mettre au jour. Parfois, incapable de dissiper cette nuit, il doit
cependant s’en accommoder. Et : « Nox hiemalis erat » : la nuit est le premier mot de la Ferraria et
constitue le cadre contextuel, d’une part pour un songe dans le style épique (véritable imitatio du
« nox erat » qui introduit l’insomnie de Didon, au chant IV de L’Énéide123), d’autre part pour le
travail nocturne des lignatores et des carbonarii. Virgile, L’Enéide, éd. Jacques Perret et Olivier
Sers, trad. Olivier Sers, Paris : Les Belles Lettres, 2015, p. 200-201 pr le « Nox erat », IV, 522.

La technique est une cosmologie. Acta Conventus Neo-Latini Budapestinensis, éd. Rhoda
Schnur, 2010
“On Gold and Poetry: The Metallurgicon, Gold Lore, and the Society of Jesus through the Work of
Bartakovics”, Alexandra de Brito Mariano, p. 223-240
c'est sur Joseph Bartacovics, Metallurgicon, sive De Cultura Fodinarum Auri et Argenti. Adjectus
Indiculus Vocabularum Quorumdam ad Aurariam Argentariamque Spectantium, Tyrnau: Typ.
Academicis Soc. Jesu, 1748. A la fin, un vocabulaire latin-allemand-hongrois. NE connut aucune
réédition. 224 L'entreprise n'est pas neuve chez les Jésuites: voir le Père Le Febvre, Aurum, Paris,
1749, ou de José Basilio da Gama, Brasilienses aurifodinae, Rome: 1762. Et d'autres.

Stace, Silves, Belles Lettres, 2003


III, 3, p. 112 : « Consolation pour Claudius Etruscus », qui a perdu son père. C'est le même
Claudius Etruscus à qui est adressé la silve I, 5.
Le poète le console en lui rappelant le rôle de maître et d'ordonnateur de l'empereur de Rome : les
empereurs de Rome ont tous favorisés ce père, d'Auguste à Claude.
115, v ; 85 sq
ET voici que, venue d'ne haut, une lumière a éclairé ta loyale demeure et que la plus haute Fortune
y est entrée de plein élan ; maintenant à toi seul sont confiés l'administration du tréor sacré [digestus
opum sanctarum], le contrôle des richesses produites par toutes les nations et des dépenses de
l'immense univers. Tout ce que l'Hibérie fait sortir de ses mines d'or, le métal qui brille sur les
hauteurs de la Dalmatie, ce qu'on balaie des moissons d'Afrique, tout le grain que battet les aires du
Nil brûlant, ce que recueille le plongeur qui fouille la mer orientale, les parcs soignés du Galèse
lacédémonien, les cristaux transparents, etc................. v. 98 Egalement d'un esprit vigilant, d'un
esprit également perspicace, avec ardeur il calcule ce qu'il faut aux armes romaines sous 116 tous
les cieux, ce qu'il faut aux tribus, aux temples, aux hauts aqueducs, aux défenses des rivages, ou au
réeau des routes étendu au loin ; l'or qui doit éclater aux plafonds élevés du Maître, la quantité de
minerai à fondre et à façonner par le feu pour en former les visages des dieux, le métal qui doit
sonner, frappé au feu de la Monnaie d'Ausonie. ... Vigil idem animique sagacis
excitus euoluit quantum Romana sub omni
122 Daniel Ménager, La Renaissance et la nuit, Genève : Droz, 2005, p. 10.
123 Voir, au sujet de cette imitation, Daniel Ménager, « Le Nox erat de Virgile et la poésie de la Renaissance », dans
Philippe Terrier, Loris Petris et Marie-Jeanne Liengme Bessire (éd.), Les Fruits de la saison, Genève : Droz, 2000,
p. 1-13 : la nuit isole les protagonistes des poèmes renaissants et veiller est un signe de folie.
116 pila die uantumque tribus, quid templa, quid alti
undarum cursus, quid propugnacula poscant
aequoris aut longe series porrecta uiarum ;
quod domini celsis niteat laquearibus aurum,
quae diuum in uultus igni formanda liquescat
massa, quid Ausoniae scriptum crepet igne Monetae. [« massa » dans un poème latin !

STEMMA
Ça commence p. 101 du PDF Epigrammata. Vascosan 1533 = V33 ; Cratander 33 = C33.
Dans l’éd. 1540 à la Mazarine (C40), ça commence au livre IV, p. 238, et c’est le « carmen » XLVII
*2. Il n’y a pas d’épître non plus, simplement le distique de Petrus Rosetus, puis « Nicolai Borbonii
Vandoperani Ferraria : quam scripsit annum agens XIIII. ad illustrissimus heroa Georgium a
Quarlecoio Ricaei Toparchum. » (G38 : Dominum *1). C’est Georges de Créquy, seigneur de Rissé.
N’existe pas dans les Nugae par ailleurs. « Georges de Crequy, Seigneur de Rissé, fils de Jean VI et
de Marie d’Amboise, sa deuxiéme femme, espousa Jeanne d’Humieres, d’où sont sortis les
Seigneurs de Rissé ; famille qui est finie en Vrbain de Crequy, Seigneur de Rissé, qui est mort sans
laisser enfans de son espouse Marie de Vignier, merre du Comte de Clermont-Tonnerre. p. 382 de
Le Palais de la Gloire, Anselme de Sainte-Marie, 1644 C’est trop tard… Dans tous les cas c’est très
étrange d’aller chercher un destinataire dans l’Artois… C’est parce que c’est un protégé de MdN
https://books.google.fr/books?id=CgoiHcG-vF0C&pg=PA382&lpg=PA382&dq=georges+de+cr
%C3%A9quy+riss%C3%A9&source=bl&ots=ZU-RyXfrV0&sig=ACfU3U2_WeA1d4-
XF0LjNuJeBZ-
2gDi3iQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiq6rKXycfgAhXZAWMBHXMgCj4Q6AEwCXoECAEQ
AQ#v=onepage&q=georges%20de%20cr%C3%A9quy%20riss%C3%A9&f=false
VC4 = les trois éd. 1533 et 1540. C’est le cas lorsque rien n’est indiqué.
G38 : « Ab auctore recens aucti et recogniti » sur la page de titre.
101
V33 : L’épître à Jacob et Juste de Tournon passe à la trappe. f. o viii r°
C33 : f. o 7 v° : aussi passe à la trappe l’épître.
102
Le distique n’est plus de « Carolus Lyvenaeus » mais de Petrus Rossetus (c’était peut-être son
pseudonyme), et les mots « Borbonius ferrum » sont inversés [Borbonius et pas Burbonius]
λυβάομαι = railler, outrager ! C’est un distique moqueur, la Ferraria est une plaisanterie.
103
Le titre devient « Ferraria » dans les deux éd., avec mention « Quam scripsit annum agens XIIII ».
*5
« héret » = haberet
« Pulveribus faciem » : VC4 Pulverea facie
« ideoque » : VC vulgoque *7
C40 239, G38 231
« Recte » : C40 et G38 « Quondam *7
« Fortiter » : VC4 (v° et f. o 8 r°) Talibus
« caros quid inaniter annos » : VC4 cur tempus segniter istud
« transigis » : VC4 prodigis
« Intereaque patris » : VC4 et patris interea
« fabros pulchra qui pace » : VC tui, fabros qui in pace
« ad opus, nulli mercede negata » : VC4 suos ad opus, moderatur, alitque,
Prouidus et laetus [C40 : gaudet] sua reddere praemia cuique : [C’est une manière de gloser un bout
de vers (« nulli mercede negata ») qui n’était pas très clair ; pas un changement significatif]
103 « Non sine equis canibusque sagacibus, atque sagittis » VC4 / *9
104
« Omnes cum » VC4 luxuriat
104 « Dic et lympidule num prorsum oblitus es unde » VC4 f. o viii r° Num fontem et rivos
per amoena uireta fluenteis
« Qua » VC4 Queis
« Pratorumque, quibus vel » VC4 Num loca es oblitus, queis
C40 240
« mundoque ignota manebit » VC4 semperque ignota iacebit
« atque tene memori mea pectore dicta » VC haec memori mea pectore dicta reconde
G38 232
« nobis adferre quotannis » VC (f. p i r° et v°) homini praebere quotannis
« Atque etiam pennis » VC pennatoque etiam
« furtum, uis, stuprum » VC uis, stuprum, furta,
« Innocuum quamquam » VC Nec tamen in culpa
« et mala talia profert / Impietas » VC set caeca libido
Impietasque
« stygiisque docentibus umbris » VC geniisque hortantibus atris
« negas, nobisque audire recusas » VC neges nobis parere superbus
105
C40 241
« flagrassentque » VC flagraruntque
105 « Naiadum captus lachrymis, et amore parentum » VC f. p i r° Deuictus lachrymisque tuis
et amore parentis
« locuto » VC iubenti
G38 233
105 « tandem, non quod tua mulciber arma,
Non te, non tonitrum, non ignea tela, timerem :
At quia sopitum ingenium receare uolebam,
Viriculasque puer tentare, et ludere uersu : » VC (f.p i v° et f. P r°) idque hodie, neque enim
rem longius istam
Differri patiar, non quod tua Mulciber arma
Vel tonitrum metuam tempestatesque sonoras :
At quia sopitum iuuat hoc recreare parumper
Ingenium, et me tollere humo, atque adsuescere Musis,
Et puerilem animum inflammare, et ludere uersu :
105 « Christi » VC (f.p i v° rerum
« potes imperio nutuque fauere » VC potis es nutu imperioque
105 « Castellum iuxta, quod » VC (f.p i v° Haud procul a turri, quam
105 « (Oppida dum miseris infestat Gallica bellis) » : G38 233 / [sans doute la volonté de ne
pas accabler les Vandales ?
« terrae, » : C40 terrae, / Lingonicos inter fines non laude carentis :
« Hic mihi uterque parens, fratres hic, atque sorores,
Hic ego sum natus, sacrisque renatus in undis.
Hinc puer (ut memini) genitore rubente (IUBENTE?), tenellus,
Lingonius [in]genii cultum, capturus adiui,
Moxque …re...r...s quae me docuere utcumque latine.
Vandoperana… igitur ferraria praesidet illi,
Burbonius genitor, virtute insignis et arte. » : VC (f.p i v°)Hic nostra est (inquam) Ferraria,
praesidet illi
BORBONIUS genitor, pia quae mihi numina feruet :
« conducit » VC perquirit
« ligna secare » VC caedere ligna
« In syluam coeunt missi, hic discrimine nullo
106 Robora procumbunt, piceaeque, et quercus, et illex,
Procumbit phagus veterum altrix, ingemit echo
Per nemus, et » VC (f.p i v°) Conducti in syluam ueniunt, hic fissile Robur
C40 242 Diuiditur cunneis, Acer, Ornus, Fraxinus, Ilex,
Et Picea et Fagus ueterum altrix, ingemit Echo
C33 v° Per syluam,
« Quamque qui scius » VC Qui uero catus
« his etenim, carbo » VC et Larice indomita, Buxoque rebelli,
V33 f. p ii r° Quandoquidem his carbo semper
« insilit » LI r° VC exilit V33 f. p ii r°
« praesto » VC uisa
G38 234
« Reddundo » VC Reddendo
« soluat » VC pendat
« male decoquitur » VC bene non coquitur
« Ac abit » VC Set fugit
« ideoque cacumina montis / Ipse petit » VC quo fit sibi summa locorum
Eligat ut
« credit » VC credat
« manibusque pyram, multoque labore / Construit ingentem » VC qui deinde pyram lateque
patentem
Congeriem struit
« rotandam » VC rotundam
« dein » VC mox
[flammam]
« Est seruatus ad hoc locus in radice » VC Rima latet subtus certa atque angusta
« medias tenebras » VC in medium struis, atque
C40 243
« Atque simul foliis ea ianua clauditur atris, / Puluere » VC (C33 f. p 2 r°) Mox iterum rima haec
foliis terraque tenaci
Vnidque
« Praeterea » VC (v° et) Hinc simul
107
« Quamque » VC Aut
« laborans, / Iugiter impendit noctes » VC necesse est
(G38 235) Impendat noctes uigilans,
107 « imbresque futuros / Observat » : (G38 235) imbresque futuros / Praecaveat, flatusque
Austri, coelique figuram / Observet
107 « Nam pater omnipotens firmamenti omnia uasti / Signa homini ostendit, non natura ulla,
nec artes. » VC / V33 f. p ii v°
« Dixit adesse diem » VC Praecinuit lucem
« Panemque et nigricans uillum » VC Atque cadum uilli plenum
« Et rivos patiens haurit de rupe fluenteis » : C40 / [Sans doute la suppression la plus mystérieuse.
« Il puise dans les ruisseaux coulant des cavernes »…
« Illa » VC Haec
« Ille animum recreat, fessus ventremque saginat.
Nempe casam ramis humilem sibi sternit, et illuc
[Se] recipit gaudens una » VC Vna plumentumque coquens, renouansque cubile
Euerrensque casam, hanc humilem sibi strauerat ante :
Hanc habitat laetus laeta
C40 244
107 Les charbonniers chantent : « Syluestreis musas (dictu mirabile) gaudent » VC
Syluestrem Musam .V33 f. p ii v°
[Capreoli]
« [Et] lepores » VC (f. p iii r° et v°) Et uulpes
[Arrectis]
« cantum mirantes » VC omnes mirabundae
f. p ii r° V33
107 « Arrrectis cantum mirantes auribus adstant. / Saepe » VC f. p ii r° V33 Arrectis omnes
mirabundae auribus astant,
Concordesque ferae, et cantu fera pectora mulcent :
Non secus ac lenisse tigres Rhodopeius Orpheus
Amphionue sono blandae testudinis olim
Dicitur, et lapides duxisse in moenia duros :
Quin
108 G38 236
« Foedaeque » VC Foedae et
108 « Christi » VC f. p ii r° diuos
« auxilium et sanctum » VC et sanctum Christi [Ici il rajoute un Christ ?!
« Interdum » VC Cum libet
« hic implicat, illic » VC implicat hic illic
C40 245
108 « fuco… illo » VC VC f. p ii r° fucis… illis
108 « Pontificum istorum, quorum praecordia curae
Insatiata coquunt, uexatque scelestus habendi
Quos amor argenti, quos omnis foeda libido
Inquinat, incestat, contaminat, inficit, urit.
Qui desiderium carnis mundumque sequuntur :
Qui credunt satanae, floccifaciuntque prophetas,
Contemnunt inopes, condemnant uera loquutos
Eximiosque dei praecones ignibus urunt.
Candida communtant nigris, quadrata rotundis. » VC (V33 f. p ii v° et C33 f. p 3 r°) Qui nos
compilant, et quos immanis habendi
Est amor argenti, quos mundi gloria uexat,
Qui carnis desiderium sensumque sequuntur, [C40 Qui sibi persuadent nil non impune licere
Qui spernunt inopes, condemnant uera locutos : [C40 Qui spernunt inopes, qui CHRISTI
numina rident
O gens, ô cunctis Erebi dignissima poenis,
« sacro… uerbo » VC summa… cura
G38 237
108 « Christum » VC uerum V33 f. p ii v°
109
[ventris]
« O sores fidei, ius quorum iniuria summa est.
Proh dolor, » VC Et portenta hominum, qui foedo mascula miscent
Corpora concubitu, et uetitis complexibus ardent.
Quis dormire Orcum dubitet ? qui talia monstra
Non uoret ?
109 « O furor o iram divini numinis, o quam
Multas tecum animas perdis Rhomana tyrannis.
O nimis » G38 237 O seclum,
« o iram diuini numinis » VC irati et comtempti numinis
109 « perdis Rhomana tyrannis. / O nimis » VC V33 f. p ii v° pessum das foeda meretrix
Purpurea, ô
« illuc ? / Vnde abii ? » VC (C33 v°) ad rem / Vt redeam,
« transactis » VC interiectis
[uideres]
« Ligna, et » VC Ligna, ut
C40 246
« Adueniat » VC (V33 f. p iiii r°) Adcurrat
« iam » VC Nunc
« saltem quae paucula noui » VC (V33 f. p iiii r°) set quae puer ipse notaui
« Quod si forte rogas, quanam cognoscitur arte, / Materiem quae terra habeat, ferrique
fodinam, / Contineat, norunt pueri, nouere bubulci » G38 237 (à la place de « quanam
cognoscitur arte) qui possim scire videndo
G38 238
« numquam fallere nouit » VC raro fusa fefellit
« candensque » VC pallensque
[Persimilis limo]
« parturit » VC (C33 f. p 4 r°) congerit
110
« mollita parumper / Quassatur, carptimque minuta in frusta secatur. » VC contusa minutim (broyée
soigneusement)
À propos du minerai : 110 « Abluitur lymphis, pulchro currentibus alueo » VC V33 f. p iiii r°
apto (utile au lieu de beau)
« Est turris quadratae instar, » VC Quadrata est ingens Barsae
[dicunt]
« extructam » VC structa est
C40 247
« a tergo folles » VC folles a tergo
« Spirant respirantque » VC Et flant, et reflant
110 « hic praesto fusorem dicere plebes / Quem solet, is massam recipit » VC V33 f. p iiii r° hic
Fusor, sic illum nomine dicunt,
Excipit hic solers massam
« noctemque diemque » VC noctesque diesque
[dormire bimestri]
« Continuam… dicunt » VC Continum… perhibent
G38 239
110 « et flabra » VC V33 f. p iiii r° follesque
« Fortia, quae » VC Fortes, qui [c’est pour accorder à la correction précédente]
« ignisque potentior instet » VC atque ignis ut acrior instet
[credas]
« mutare » VC (C33 v°) motare
111
« et circumfremit » VC circumfremit
« Misceat et densos pinguesque subinde lapillos » : C40 / [C’est un oubli : la phrase a besoin de ce
vers]
« quoties » VC (V33 f. v r°) simul ac
« turris » VC custos
« fortisque et durus et asper.
Praeterea artifices adsunt, qui plurima fingant » VC (V33 f. p v r°) uultuque habituque
Charonti
C40 248 Persimilis, qui cum artifices qui plurima fingunt
« immania monstra, pilasque / Ingenteis » VC ita enim monstra illa uocantur,
Daemonis inuentum stygii, furor iraque diuum :
Mulciber his primos dum Teuthonas instruit armis :
Atque pilas,
« uincuntur reges, populique laborant. » VC flammiferi nimirum fulminis instar
Haec tormenta uolant, referuntque tonitrua bombo :
« ideo qui transmutet » VC igitur qui mox recoquat
G38 240
« magnis » VC (C33 f. P 5 r°) duris
111 « subinde / Intingunt » VC (V33 f. v r°) paratis / Immergunt [On passe d’un verbe précis,
utilisé par Vitruve, à un verbe plus commun
« fluuius… temperet » VC amnis… temperat
« Subtilius reddat » VC Ductilius reddit
111 « Corripiunt igitur ferrum, gestantque » VC (V33 f. v r°) Perdomitum flammis rapiunt,
portantque
[montes]
« Mirifice extendi hic massam » VC (V33 v°) Mirifice hic massam extendi
[tenues] [Egregie] [Officium]
112
C40 249
« sturnatim » VC hilares
« (Ut syncerus homo est, et turpia lucra perosus) » VC /
G38 241
« carpar » VC (V33 f. vi r° et v°) peccem
« sacerdotes » VC istos uentres
« Tutandis decimis defendendisque sacrarum » VC Redditu in augendo, defendendisque suarum
C40 250
112 « bullisque » VC (V33 f. vi r° tricisque
« Relliquiisque O me audacem qui talia dico : » VC O me imprudentem nimium, quur talia dico ?
Inconsultus homo temere molitur, et audet
Omnia, prudentem facti non poenitet unquam :
[+ « Horrida nil metuo rhomanae fulmina lernae :
Nil metuo haeretici nomen, nil carceris umbras :
Nil metuo flammam, qualem nec mulciber unquam
Viderit, o miserum atque » C40 Ah miserum puerum, atque]
112 « metuo rhomanae » VC (V33 f. vi r° timeo metuendae
« haeretici nomen, nil » VC longas graueolentis
113
« procerum, » VC (C33 f. P 6 r°) procerum ? cur non te respicis ipsum ? / Cur non Hippocrati,
« Christus, spes unica Christus, / Una salus Christus, cui laus et gloria soli. » VC (V33 f. vi r°
Virtus, satis unica Virtus :
(G38 242) Vna satis Virtus, et mens sibi conscia recti :
Praeterit ut uentus mundi illectantis imago,
(V33 v°)Transuersosque agit, et specie deludit inani.
113 « Quod lusi, pueris, lusi, meliora fauente
Parturio Christo, rumpantur liuida corda
Rumpantur, sciolique susurronesque nefandi :
Omnia mordere, atque bonis maledicere nati.
Archadicum pecus, et telluris inutile pondus.
Vos igitur pueri per summum obsecro parentem
Qui gnatum in terras caelo demisit ab alto,
Et nos horribili primorum labe parentum
Ablueret foedos, et libertate bearet,
Quique suo nostras animas de faucibus horci
Sanguine detraheret moriens, caeloque locaret,
Et faceret reges, fidei per nobile donum. » VC V33 f. vi v° Quod lusi pueris lusi, meliora
supersunt
Quae premimus, nec (spero) bonis ingrata futura.
Interea sciolique susurronesque nefandi,
Qui cum nil praestare queant, aliena reprendunt,
[C40 251]Arcadicae pecudes, et pondus inutile terrae,
Rumpantur, patremque suum te Zoile uisant.
Vos igitur pueri per summum obsecro tonantem,
(Qui natum in terras coelo demisit ab alto,
Vt nos mortifera primorum labe parentum
Ablueret foedos, et libertate bearet :
Vtque suo nostras animas a faucibus Orci
(C33 v°) Sanguine seruaret moriens, coeloque locaret,
Et faceret reges, fidei per nobile donum.)
FIN
VC ajoutent les vers liminaires de Steph. Pilostius Brixius et de Gilbert Ducher (en grec : Gilbertu
tou Duchoriou)
C40 La nuga qui suit est « Poeta ad uirtutem exhortatur omneis » : « Secula si uincas, uel quot
Gangeticus ales... »
Notes de lecture, Nicolas Bourbon
Le poème pourrait s’appeler « Tuer le père : NB et la paterna ferraria »,
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96050833/f19.image trad

La Ferraria dans l’éd. 1538 explose le cadre de l’épigramme. C’est ici que le livre est numéroté en
« Carmen » avec le numéro dans le livre. L’épigramme qui recommande de lire le livre à moitié se
retrouve à la fin du livre IV.
G38 : au début du livre IV, 208 une épître rieuse à Franciscus Pucrius a Benestaea, iuueni eruditione
singulari. 210 Signe « Vandoperae, qui uicus mihi natale solum est, in Lingonib. Anno domini
Christi M.D.XXXVIII. »
Dans cette épître il espère rire beaucoup, « salso et honesto risu » (210)
209 « Proinde Nugarum ueterum simul ac nouarum quicquid ad manum erat, in unum uolumen
iussu tuo, et tanquam in fascem redegi » : il s’agit d’une « réduction » là aussi, non pas « redigere in
artem » mais « redigere in fascem »… !
209 Il aurait voulu, s’il n’était pas « gravedinosissimus », venir auprès de son ami lui lire une satire
où le poète se moque de ses propres Nugae et les qualifie de :
« Dignaque rugosos uetularum radere culos » ! (il en donne les premiers vers).
C’est François Le Poulchre de Benestaye (1520-1594), un proche de Marguerite de Navarre, qui est
son maître d’hôtel à la mort de celle-ci.

101 « Venit ad uos, adolescentes nobilissimi, quam olim admodum puer lusi, Ferraria, una cum
hymno, cuius argumentum mihi suggessit aliquando [grec??] uester imo noster neutiq[uam?]
uulgaris amicus. »
Ce n’est pas un poème vulgaire.
« Accipietis hoc munusculi in bonam partem, a me alumno uestro, quod uobis longe maiora molior,
breuique in publicum emersura, opitulatore Christo. » Longtemps « machiné », bientôt publié.
« Non ignoratis (opinor) me amdiu stilum exacuere, ut scribam in quosdam [tous atheous], quorum
praecipuum esse studium uideo, sursum ac deorsum omnia confundere, caelumque terrae miscere
quod aiunt. »
102 Il prie ensuite la divinité : « At quid effecturus sim, uiderit Dominus deus, quem precor ipsum,
ut huiuscemodi Christianorum carcinomata uomicasque breui compescat. Proinde eo libentius et
confidentius ad uos mitto haec quae tum uis minutula et nugalia, quo uos erga me propensioreis
esse uideo. »
Le distique de Carolus Lyuenaeus :
Aurum habeant alii, argentumque, et rara metalla :
Ferrum Burbonius cuderit, ipse, probo.
C’est une allusion à l’âge d’or, qui n’est pas celui de Bourbon puisqu’il décrit la forge des armes.
Retournement spécieux de la rhétorique de l’âge d’or.
103
« flantibus Austris » : « Haec precor euincat, propulsaque flantibus Austris » est un hexamètre
d’Ovide, Tristes, livre I, élégie 10, p. 32, éd. et trad. Jacques André, Paris : Les Belles Lettres, 1987.
C’est l’iter de son exil, écrit au moment où il est au détroit du Bosphore : les souffles des vents du
sud doivent l’amener à Tomes.
sueur : cf. Georg Pictorius, la sueur du travail.
ferrugo = la rouille de l’envie, de la jalousie. Vulcain est jaloux de l’humanisme de NB.
« Puluerea facie » : C’est la poussière de la forge caduque, qui tombe en poussière, un memento
mori.
« oculis flammantibus » est une expression de Bède le Vénérable (Histoire ecclésiastique),
lorsqu’une âme revenue des Enfers, au monastère de Melros, raconte avoir vu des démons qui
tenaient des tenailles et lançaient des flammes par les yeux.
https://books.google.fr/books?id=MAVEAAAAYAAJ&pg=PA206&lpg=PA206&dq=
%22oculis+flammantibus
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%22oculis%20flammantibus%22&f=false
Les cyclopes sont encore ici des « famulos » **
« nomenque decusque » est une expression de Virgille, livre II, v. 89, p. 84-85, sous la bouche de
Sinon le fourbe Grec qui ment sur le cheval de Troie.
Texte de 38 :
v.1 Nox hiemalis erat, densis obscura tenebris,
2 aere commoto pluviosaque flantibus Austris,
3 cum defessa sopor mea membra profundus haberet,
4 ecce mihi in somnis offert se Mulciber, atro
5 terribilis vultu, velut e fornace revertens,
6 perfusus sudore artus, ferrugine crinem,
7 pulverea facie, atque oculis flammantibus horrens.
Pour Vulcain suant et les yeux allumés, voir la description de Jeanne de Flore, 1537, p. 151 « Or
comme jadis en l'ost et exercite des Grecz tenant le siegeà Troie, l'ymaige de Minerve qu'on
appelloit Palladion monstra par signes evidens l'indignation que la Déesse portoit contre les Troiens
(premierement veirent les Grecz en la mute statue les yeulx rougeset enflambez comme feu : après
on la veit suer par tout le corps : etpar troys fois le marbre blanc en fureur et raige (cas
esmerveillable!) s'eslever, et brandissant le glayve qu'elle tenoit en sa dextre main feithydeusement
cliquetter tout son harnoys) ». Quelle est sa source ? Je crois que Vulcain est Minerve ici,
permutation. Jeanne de Flore pour Vulcain C’est p. 109 de l’éd. des Contes amoureux par Madame
Jeanne Flore, éd. Régine Reynolds-Cornell, Saint-Etienne : P.U.S.E., 2005
8 Tres secum famulos, immania corpora, habebat,
9 nudos membra atque unoculos, vulgoque Cyclopas
10 Recte appellatos : Steropes a fulgure, Brontes
11 a tonitru, nomen sortitur ab igne Pyragmon.
12 His comitatus erat, cum me somno usque gravatum
13 talibus increpuit : "Puer (inquit) inique, patrisque
14 immemor et patriae, cur tempus segniter istud
15 conteris et pulchrum sine fructu prodigis aevum ?
16 Et patris interea retices nomenque decusque,
17 ingeniumque tui, fabros qui in pace gubernat,
18 accingitque suos ad opus, moderatur alitque
19 providus et gaudet sua reddere praemia cuique.
20 Infelix, patrii cur non reminisceris agri ?
21 Unde tibi haec nemorum tam dira oblivio ? Quae te
22 aequalesque simul toties mixtasque puellas
23 ludentes habuere ? Omnis cum frondibus arbos
24 luxuriat variisque adrident floribus agri ?
25 Num fontem et rivos per amoena vireta fluentes,
26 queis sine tota tui patris Ferraria friget,
27 num loca es oblitus, queis divum lumina gaudent ?
28 Quaeque homines mage mirantur quam Thessala Tempe ?
29 Quam suum et Elysium manes ? Clementia caeli
30 illic tanta et fertilitas et copia rerum,
31 siccine contemnis patriam patriosque penates,
32 infelix puer ? Haec Musis dignissima sedes
33 incelebris semper semperque ignota jacebit ?
34 Audi agendum quae pauca tibi curanda relinquo ;
35 si sapis, haec memori mea pectore dicta reconde.
36 Est scribenda tibi Ferraria carmine, cunctis
37 quo ferri ignaris ars innotescat habendi,
38 ferri, inter tam multa metalla bonique malique,
39 fructum et perniciem, vitam exitiumque ferentis.
40 Quippe rudis tellus incultaque scinditur illo,
41 aptaque fit segetes homini praebere quotannis,
42 plantaeque et vites, omni squalore resecto,
43 annua cum foliis juvenescunt dona ferentes.
44 Ferro aedes tolluntur et aspera saxa secantur :
45 humanos omnes ferrum conducit ad usus.
46 Illo etiam ad caedes hominum et funebria bella
47 vindictamque, et iter mortis praesentius atrae,
48 utimur, excusso tormentis atque lacertis,
49 pennatoque etiam : nullum non robore ferri
[Tout ceci versifie Pline sur le fer :
« Proxime indicari debent metalla ferri, optimo pessimoque uitae instrumento. Siquidem hoc
tellurem scindimus, arbores serimus, arbusta tondemus, ponimus pomaria, uites squalores deciso
annis omnibus cogimus iuuenescere. Hoc extruimus tecta, caedimus saxa, omnesque ad alios usus
ferro utimur. Sed eodem ad bella, caedes, latrocinia, non comminus solum, sed etiam missili
uolucrique, nunc tormentis excusso, nunc lacertis, nunc uero pennato : quam sceleratissimam
humani ingenii fraudem arbitror. » « Maintenant nous avons à parler des mines de fer, pour
l’homme l’instrument le meilleur et le pire. C’est avec le fer que nous labourons la terre, que nous
plantons les arbres, que nous taillons les hautains, que nous dressons les vergers, que nous forçons
tous les ans la vigne à se rajeunir en retranchant les branches décrépites ; c’est avec le fer que nous
bâtissons les maisons, que nous taillons les pierres, et tant d’autres services que nous en retirons.
Mais c’est aussi le fer qu’on emploie pour la guerre, pour le meurtre et le brigandage, non-
seulement de près, mais encore lancé de loin et volant dans les airs, mu, soit par les machines, soit
par le bras, et souvent même empenné. C’est là, suivant moi, de tous les méfaits de l’esprit humain
le plus criminel. » p. 602, livre XXXIV, 39, de Pline, Histoire naturelle, t. II, trad. Emile Littré,
Paris : Les Belles Lettres, 2016.
50 patratur facinus, vis, stuprum, furta, rapinae.
51 Nec tamen in culpa est ferrum, sed caeca libido,
52 impietasque hominum insignis, qui sponte ruentes
53 in scelus omne, novos astus artesque nocendi
54 inducunt, furiis geniisque hortantibus atris.
55 Quod si forte neges nobis parere superbus,
56 nosti quid patriis mea possit in aedibus ira,
57 expertus satis es nostrum dudum ipse furorem
58 (si memor es) tua cum flamma bacchante, cremavi
59 carmina, flagraruntque domus pia tecta paternae
60 funditus ; atque ubi nunc Ferraria, cresceret herba,
61 ni pius aetherei vetuisset rector Olympi,
62 devictus lacrimisque tuis et amore parentis.
63 Audistin' quae te jamdudum scire volebam ?"
64 Dixit, et in densas noctis se condidit umbras
65 cum famulis. Animo fuerant quae dicta voluto,
66 attonitus tanto monitu, et parere jubenti
67 constitui, idque hodie : neque enim rem longius istam
68 differri patiar. Non quod tua, Mulciber, arma
69 vel tonitrum metuam tempestatesque sonoras,
70 at quia sopitum juvat hoc recreare parumper
71 ingenium et me tollere humo, atque adsuescere Musis,
72 et puerilem animum inflammare et ludere versu,
« ludere versu » : premier vers de la 6e églogue de Virgile, Bucoliques, p. 64 : Prima Syracosio
dignata est ludere uersu / nostra, neque erubuit siluas habitare, Thalia. » p. 116 « La première, notre
Thalie a daigné s’amuser au vers syracusain, et n’a pas rougi d’habiter les bois. »
73 accingor. Tu summe fave Pater optime rerum,
74 qui solus potis es nutu, imperioque favere,
75 nempe Deus : puero vires mentemque ministra.
76 Vandoperae locus est cujus Ferraria nomen,
77 incumbens Barsae fluvio, saeptusque viretis,
78 haud procul a turri quam quondam Vandala pubes
79 struxit, ut historiae et veterum monumenta loquuntur.
80 Hinc et Vandoperae facta appellatio terrae,
81 Lingonicos inter fines non laude carentis ;
82 hic nostra est (inquam) Ferraria : praesidet illi
83 Borbonius genitor, pia quem mihi numina servent.
84 Is primum perquirit eos qui caedere ligna
85 et sudare diu et norunt vibrare securim.
86 Conducti in silvam veniunt. Hic fissile robur
87 dividitur cuneis acer, ornus, fraxinus, ilex,
88 et picea, et fagus veterum altrix. Ingemit Echo
89 per silvam, struibus late loca plena tumescunt.
90 Qui vero catus est lignator, quercubus omnis
91 abstinet et larice indomita, buxoque rebelli,
92 quandoquidem his carbo semper fit inutilis et qui
93 accensus crepitat, lauri instar, et exsilit ardens,
94 mox moritur, frigescit opus, faber aestuat ira.
95 Postquam magna satis lignorum copia visa est,
96 est gens silvestris, tenuisque et paupere cultu,
97 sorte sua contenta tamen, patiensque laborum.
98 Hi quadam quasi censura ac ratione, recensent
99 lignatoris opus, seriatimque omnia lustrant,
100 et numero accipiunt, ne vel fallantur in ipso
101 reddendo carbone patri, ne vel pater illis
102 plus pendat quam sint meriti ; dein quisque patentum
103 vestigat sedem prorsumque humore carentem.
104 Nam bene non coquitur carbo tellure in aquosa,
105 sed fugit in cineres, quo fit sibi summa locorum
106 eligat ut prudens, sua sicco denique credat
107 ligna solo. Qui deinde pyram lateque patentem
108 congeriem struit et patula radice rotundam,
109 culmine pyramidi similem. Mox fronde virenti
110 faginea quernaque tegit, cineresque nigrantes
111 et pingues spargit nec tum obruta ligna patescunt.
112 Atque ubi tempus adest quo vult immittere flammam,
113 rima latet subter certa atque angusta, subestque
114 hac iter in medium struis, atque hac mittitur ignis.
115 Mox iterum rima haec foliis terraque tenaci
116 undique stipatur : vento via nulla nec aurae
117 linquitur, ipse intus frustra permurmurat ignis
118 aera disquirens, magnoque fragore minatur.
119 Hinc simul erumpunt tanta caligine fumi,
120 tam grave spirantes quam qui de faucibus Orci ;
121 aut illi quos (ut fama est) perterritus olim
122 misit in Alcidem Cacus, Vulcania proles,
123 raptor Aventino jamjam moriturus in antro.
124 Huic operi septem soles, totidemque necesse est
125 impendat noctes vigilans, imbresque futuros
126 praecaveat, flatusque Austri, caelique figuram
127 observet, Pliadasque : nihil pigra plaustra Bootis
128 hunc fallunt, nihil hunc fallit nimbosus Orion.
107 « imbresque futuros / Observat » : (G38 235) imbresque futuros / Praecaveat, flatusque Austri,
coelique figuram / Observet
129 Instabilem Lunae faciem percallet ad unguem.
AFLanord ne traduit pas ce vers. « Le charbonnier connaît la face de la Lune complètement. » C’est
un astrologue que ce charbonnier, qui connaît la semaine à la face de la Lune.
130 Interea coquitur carbo, ipse subinde quiescit
131 carbonarius : hunc conjunx, ubi Martius ales
« oiseau de Mars » = le pivert
132 praecinuit lucem, visit, soletur ut aegrum.
133 Alliaque et caepas adfert, oleumque salemque
134 atque cadum villi plenum, pinguemque suillam.
135 Haec etiam noctes aliquot plerumque marito
136 cum fesso vigilat nec pernoctare gravatur
137 una, pulmentumque coquens, renovansque cubile,
138 everrensque casam (hanc humilem sibi straverat ante)
139 hanc habitat laetus, laeta cum conjuge et illic
140 cenitat. A cena fabellas audit et utrem
uter, utris : cornemuse, outre à vin. Instrument bacchique.
141 inflat, praerudibusque modos integrat agrestes
modos agrestes : les mélodies champêtres
142 articulis. Stupefactarum tum densa ferarum
143 agmina conveniunt, hominemque audire canentem
144 silvestrem Musam (dictu mirabile) gaudent :
145 capreoli, cervique leves, damaeque fugaces,
146 raptoresque lupi, villisque horrentibus ursi,
147 et vulpes, curvisque timendi dentibus apri,
148 arrectis omnes mirabundae auribus astant,
149 concordesque ferae et cantu fera pectora mulcent.
150 Ut quondam lenisse tigres Rhodopeius Orpheus,
151 Amphionve sono blandae testudinis olim
152 dicitur, et lapides duxisse in moenia duros.
153 Quin etiam nigris cum pallet nubibus aer,
154 cum tenebris media obscuris in nocte perhorret
155 telluris facies, tunc exaudire luporum
156 caecorum rabiem solet et diros ululatus.
157 Denique ramatim volitant lugubre canentes
158 foedae et lucifugae volucres, striduntque per umbram.
159 Ille nihil motus, comprensa lampade, divos
160 invocat et sanctum Christi super omnia nomen,
161 aggrediturque feras. Fugiunt perque invia lustra
162 attonitae sua tecta petunt notasque cavernas.
163 Quid memorem fossas et retia, se quibus ille,
164 cum libet, exercet ? Cervus se hic implicat, illic
165 incidit in fossam vulpes male vafra lupusque
166 pernicies ovium, aeternus pastoribus hostis.
167 Quid modulos avium dicam, quos tempore verno
168 audire est operae pretium ? Philomela serenam
169 flet noctem, quosque implumes manus aspera nido
170 abstraxit, queritur fetus, et flebile carmen
171 integrat et maestis implet nemus omne querelis.
172 O felix vulgus nimium, sua si bona norit,
Georgiques II, 458-459 : O fortunatos nimium, sua si bona norint, / agricolas ! », « Ô trop heureux
les cultivateurs, s’ils connaissaient leur bonheur ! » p. 68-69, Virgile, Géorgiques, trad. Eugène de
Saint-Denis, Paris : Les Belles Lettres, 1998.
173 aerumnasque graves animo toleraverit aequo.
174 O vulgus fucis longe felicius illis
175 qui nos compilant et quos immanis habendi
176 est amor argenti, quos mundi gloria vexat,
Horace, Satires, II, v. 77-78 satire 3, p. 150-151 :
Audire atque togam iubeo componere, quisquis
ambitione mala aut argenti pallet amore…
« J’invite à m’écouter, disposant commodément sa toge, tout homme que fait pâlir la funeste
ambition ou l’amour de l’argent... »
Horace, Satires, trad. François Villeneuve, Paris : Les Belles Lettres, 2001.
177 qui sibi persuadent nil non impune licere,
178 qui spernunt inopes, qui Christi numina rident.
179 O gens, o cunctis Erebi dignissima poenis,
Erebus = manière grecque de parler de l’Enfer
180 quid nostro hoc saeclo, quid tempore spurcius isto ?
181 Nempe gregem summa debent qui pascere cura,
182 doctrinaque decet quos praelucere popello,
183 ii verum ignorant, violant, gaudentque rapinis ;
184 egregie imponunt nobis, animalia ventris,
Dans les Méditations saint Augustin définit ainsi l’homme. https://books.google.fr/books?
id=D0F3cLOGJvQC&pg=PA70&lpg=PA70&dq=animalia+ventris&source=bl&ots=8vtbIXUssl&si
g=ACfU3U3WrkqEal5kGiFRsOsb49dY4WV9pQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj-
jNz41M3gAhVx2OAKHUf9AXEQ6AEwA3oECAYQAQ#v=onepage&q=animalia
%20ventris&f=false
185 et portenta hominum, qui foedo mascula miscent
186 corpora concubitu et vetitis complexibus ardent.
187 Quis dormire Orcum dubitet, qui talia monstra
188 non voret ? O homines, o sors, o tempora nostra,
189 o saeclum, infelix saeclum, o lacrimabilis aetas
190 ferrea, vel ferro pejor, quia durior ipso.
191 Quo rapior demens ? Quo me furor impulit ? Ad rem
192 ut redeam septem interjectis carbo diebus
La furor de Vulcain emporte le charbon durant les 7 jours (semaine cosmologique, qui amène tout
naturellement un discours eschatologique).
193 percoctus trahitur, fumusque ignisque residunt.
[Il aime bien ce stylème « fumusque ignisque », nomenque decusque etc. ** les autres
194 Tum pyra detegitur rastris, mutata videres
195 ligna, ut quae fuerant paulo prius humida et alba,
196 arida et atra patent, nec sunt tamen igne minuta.
[Charbon : passage de l’humide et froid au chaud et sec. Donc de l’eau au feu. Voilà pourquoi
« nocet imber » (cf. plus bas).
197 Tanta manent, solumque novum sortita colorem,
198 ingeniumque novum, superest auriga repente
199 adcurrat (nam carboni nocet imber), equisque
200 adjunctis plaustro, vectet sub tecta fabrorum.
« ducitque in tecta fabrorum » est un vers de Folengo, dit Merlin Coccaïe, dans son Baldus de 1517,
qu’Erasme et Rabelais connaissent. ** S’il y a dans les Nugae de 1530 des refs à Erasme ?
https://books.google.fr/books?id=PreAEOm0BdAC&pg=PA227&lpg=PA227&dq=
%22tecta+fabrorum%22&source=bl&ots=vfuLTIuA6N&sig=ACfU3U0Cdqfmb62R1-
hYpnAUr_P8Ie5gug&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiS3pr0183gAhWPnhQKHc31CUsQ6AEwAHo
ECAkQAQ#v=onepage&q=%22tecta%20fabrorum%22&f=false
dit que s’inspire du chant III de l’Orlando furioso où Bradamante tombe dans une grotte où la voix
de Merlin lui révèle son avenir. Chaîne de parodies. L’apparition de Vulcain parodie celle de Merlin
comme de Minerve. Tuer le père, tuer Vulcain : c’est la même chose, il s’agit de moquer Vulcain, de
l’humilier comme les humanistes savent faire.
201 De carbone satis ; nunc de fossoribus ordo
202 postulat ut dicam, sed quae puer ipse notavi.
203 Ii sunt qui cura multa, multoque labore
204 materiem ferri effodiunt et viscera terrae
205 ictibus invadunt crebris venasque requirunt
206 abstrusas, tornoque trahunt et fune sub auras.
207 Quod si forte roges qui possim scire videndo
208 materiem, quae terra habeat ferrique fodinam
209 contineat, norunt pueri, novere bubulci,
210 indicat ipsa soli facies subrufa, nec usquam
211 tam regio infelix, ferrum quae non ferat, ulla est.
212 At quae materies solita est excellere, disce.
213 Pondere quae gravis est, fulvumque imitata colorem
214 emicat, haec certa est, haec raro fusa fefellit.
215 Hinc tibi fertilitas ferri promittitur ingens.
216 Quae vero levis est pallensque, absumitur igni
217 persimilis limo, et fornaci congerit atram
218 colluviem, missa frustra de follibus aura.
[A propos du minerai je crois que NB livre un secret professionnel. Où peut-il l’avoir lu ?? Il brode
sur Pline. ** le De Mineralibus.
219 Denique materies omnis de more lavanda est.
220 Et quae crassa nimis, quaeque indigesta videtur,
221 subjicitur prunis, coquitur, contusa minutim
222 abluitur lymphis apto currentibus alveo.
223 Hinc ad fornacis radicem et limina fertur.
224 Quadrata est ingens Barsae prope fluminis undans
225 infabricata quidem moles, quam nomine dicunt
[infabricata : non travaillée, non forgée : forge non-forgée, forge forgeante…
226 fornacem, structa est saxis vulgaribus ; intus
[La forge est barbare, vulgaire, dure…
227 sunt silices duri, quibus est mirabile robur.
228 Visque resistendi flabris ignique voraci,
229 hic gemini folles a tergo immania spirant
230 terga boum, vibrante rota, quam versat aquarum
vivante, la forge a des « terga » comme les bœufs dont sont faits les soufflets.
231 impetus adsidue, motantur, flantque vicissim,
232 et flant et reflant, alternis motibus, aequi.
233 Adcubat hic fusor, sic illum nomine dicunt :
234 excipit hic solers massam, quod fusile ferrum
235 dicitur, atque regit ventos lituisque prehensis
236 ferreis emungit squamas et perdomat ignes.
[« lituus », bâton sacré qui est en fait un crochet de fer dont se sert le fusor pour retirer les scories
(le laitier).
237 Seligit impurum puro, noctesque diesque
238 pervigilans, homo durus et omnia ferre paratus :
[ferrum et ferre (porter) : jeu de mots aussi avec durus.
239 hunc vix sesquihoram toto dormire bimestri
240 continuum esse nefas perhibent, quo tempore fornax
il est nefas de dormir plus d’une demi-heure, dit-on
241 visceribus manet integris follesque supersunt
visceribus integris : le fourneau est vivant. Première occurrence de la machine vivante à la Zola ?
242 fortes, qui fessis succurrant fratribus et qui
243 fornacem renovent atque ignis ut acrior instet.
244 Hic rivis fluitat ferrum saevoque boatu
245 stricturas vomit et piceo cum turbine flammas,
boatus, us : vagissement ; strictura, ae : masse de fer dans Pline, qui tire cette expression de
« strictura acie », fer qu’on dégaîne
https://books.google.fr/books?
id=SFdHAAAAYAAJ&pg=PA126&lpg=PA126&dq=pline+strictura+ferrum&source=bl&ots=XhJ
Vu6Qtug&sig=ACfU3U3B1lnBcI-
RG6lujrxubEYhqi8D3g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi6yvDbpM_gAhV9AWMBHZvoDE4Q6AE
wAHoECAAQAQ#v=onepage&q=pline%20strictura%20ferrum&f=false
246 ingentesque globos, quos lambere sidera credas,
247 haud aliter quam sulphureis ardoribus Ætna,
248 cum fessum latus incassum, sub pondere tanto
249 nititur Enceladus motare atque impos anhelat :
incassus = inutile
250 fit tonitru, exsuperant flammae, circumfremit aequor.
251 Carbonem interea, qui materiemque ministret
252 fornaci, simul ac vasto decrevit hiatu,
253 fusori comes est : is in ipso culmine custos
« Il y a un compagnon du fondeur qui administre le charbon et le minerai (materies) aussitôt que le
vastus hiatus décroît. » (hiatus, us m).
254 vir stabulat vigilax, vultuque habituque Charonti
255 persimilis, qui eum artifices, qui plurima fingunt
256 vasa luto primum tornatim ; denique formis
257 infundunt ferrum, quin et (mirabile visu)
258 bombardas constant (ita enim monstra illa vocantur,
259 daemonis inventum Stygii, furor, iraque divum,
260 Mulciber his primos dum Theutonas instruit armis)
261 atque pilas, quibus et muri quatiuntur et urbes
262 aequantur turresque solo, robusta teruntur
263 corpora ; flammiferi nimirum fulminis instar
264 haec tormenta volant referuntque tonitrua bombo.
265 Exin massa recens quae de fornace petita est,
266 germanum ferrum nondum solet illa vocari.
267 Est igitur qui mox recoquat vastaque secundo
268 fornace emendet faciatque plicatile ferrum
« plicatile ferrum » : fer corroyé (ou replié, littéralement, qui se plisse), ne se trouve nulle part
ailleurs que chez NB
269 congestum in globulos. Succedunt protinus acres
« globulos » : loupes
270 ipsum qui extenuent poliantque : his ferreus ille
271 malleus est ingens, quem maxima tollit aquae vis.
[Le martinet (?)
272 Calfaciunt iterum impigri versantque per ignes
impigri : infatigables
273 forcipibus duris ferrum, candensque paratis
274 immergunt lymphis : Chalybes imitantur, apud quos
[Cf Martial, IV, 55 pour les Chalybes et Bilbilis. C’st donc une erreur de NB qui réunit au même
endroit les Chalybes (peuple du Pont-Euxin) et le Bilbilis, fleuve d’Espagne. Preuve que la
Ferraria est un épigramme, elle se nourrit de Martial plus que d’exactitude scientifique.
Martial, Epigrammes, éd. et trad. H. J. Izaac, t. I, Paris : Les Belles Lettres, 1969, p. 134, livre IV,
55, v. 8-12 :
nos Celtis genitos et ex Hiberis
nostrae nomina duriora terrae
grato non pudeat referre uersu :
saeuo Bilbilin optimam metallo,
quae uincit Chalybasque Noricosque,
et ferro Plateam suo sonantem…
« pour nous, issus des Celtes et des Ibères, ne rougissons pas de prononcer dans nos vers
reconnaissants les noms un peu durs de notre pays natal : Bilbilis, sans rivale pour le métal
meurtrier, et qui l’emporte sur les Chalybes et les Noriques ; Platea, qui résonne du fer de son sous-
sol... »,
275 Bilbilis est amnis, qui ferrum temperat et qui
276 ductilius reddit fabricandisque ensibus aptum.
277 Perdomitum flammis rapiunt portantque sub ictus
278 terrificos quibus et regio strepit omnis et aether
279 et montes circum, et late nemora alta resultant.
280 Mirifice hic massam extendi ducique videres
281 in tenues longasque trabes : ceram esse putares.
« On croirait de la cire » : cf Ovide bien sûr.
282 Egregie vero contusum et rite politum,
283 officium patris est aequa perpendere lance,
284 exacta hebdomade. Adcurrunt lignator et una
La semaine, encore : c’est un rituel que la forge.
285 carbonarius et fossor fusorque fabrique
« fusorque fabrique » : encore ce stylème !
286 conveniunt hilares omnes, ut certa laborum
287 praemia percipiant : contenti a patre recedunt.
288 Is, ne quem imprudens fraudet mercedis honore,
289 scripta habet in libro rationum cuncta suorum
290 nomina ; se falli non vult, nec fallere quemquam.
291 Sic habet in promptu quod quisque labore meretur,
292 ut digitos unguesque suos. Glomerantur in unum
« ut digitos unguesque suos » est une expression commune pour dire : qui connaît par coeur (un
texte ancien). Par exemple Jérôme Avancius connaît Lucrèce par coeur, selon Simone Fraisse,
L’Influence de Lucrèce etc. Cela se trouve dans la préface d’Aldo Manuce à son commentaire de la
rhétorique à Herennius :
https://books.google.fr/books?id=u_QPiNpI-ekC&pg=PA413&lpg=PA413&dq=
%22ut+digitos+unguesque%22&source=bl&ots=AcdvxejbvY&sig=ACfU3U2FXvBwf4hUZQzEn-
n0FuWomOi_Ng&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwierJn7rM_gAhXN8eAKHQmUBGQQ6AEwD3oE
CAAQAQ#v=onepage&q=%22ut%20digitos%20unguesque%22&f=false
Donc NB fait de l’énumération des différents ouvriers une question de rhétorique.
293 mox illi aere graves exhaustaque membra labore
294 solantur dapibus, ludo vinoque calescunt.
295 Praebibit hic socio rodenti turpiter ossa,
296 ille jacet somno pressus vinoque sepultus,
297 mixta vomens misero ac eructans allia Baccho.
298 Implentur clamore aedes, confusa profecto
299 colluvio, simul hic omnes vario ore loquuntur.
300 Hic cernas Lapithas, pateras cursare, manusque
301 subverti mensas, effundi saepe cruorem.
302 Sic post vina solet saevire ignobile vulgus,
303 ac ita fit tandem ut quot vel sudoribus illi
304 nocturnis peperere sibi, peperere diurnis,
305 hauriat una dies et multa sequatur egestas.
Les ouvriers sont comme les Lapithes, incapables d’économie et de sobriété. Moitié animaux. cf
Minerve et le Centaure.
306 Quid mirum ? Procerum vitam moresque sequuntur :
307 sopitis etenim sic grex pastoribus errat.
L’image du « pastor » vise assez clairement le « sacerdos ».
308 Ne tamen hic peccem, sopitos dicere nolim
309 esse istos ventres ; nam quid vigilantius illis
310 redditu in augendo defendendisque suarum
311 rerum imposturis ? Inculcandisque popello
312 deliramentis hominum tricisque dolisque ?
ici encore « tricisque dolisque »
313 O me imprudentem nimium, cur talia dico ?
314 Inconsultus homo et temere molitur et audet
315 omnia : prudentem facti non paenitet umquam.
316 Ah miserum puerum atque infausto sidere natum
317 Borbonium, o miserum puerum quid vera profaris ?
[Ici passe à la trappe le « je ne crains pas l’hydre de l’Erne et les flammes du bûcher telles que
Vulcain n’en vit jamais » : ce n’est donc pas la même édition qu’ont AFL et ce texte
318 Cur non dissimulas ? Cur tam tibi libera lingua est ?
319 Cur non conives ? Cur non blandiris ubique ?
320 Cur non das operam lucrando, stulte, favori
321 istorum procerum ? Cur non te respicis ipsum ?
322 Cur non Hippocrati, cur non das legibus amens
323 humanis operam, ut possis evadere dives ?
« cur non das operam legibus humanis » : pourquoi ne t’attaches-tu pas aux lois humaines, sous-
entendu plutôt qu’aux lois divines ? Je crois qu’en réalité Bourbon cherche à tuer le père par la
révolte religieuse, et que donc les digressions évangélistes n’en sont pas : elles sont des
protestations contre le père et contre des études au service du roi (comme maître des forges?).
324 Vivere securus, pretiosa veste nitere ?
325 O me infelicem puerum, quem nulla cupido
326 vexat opum, quem nullus amor sceleratus habendi
327 sollicitat : satis est Virtus, satis unica Virtus,
328 una satis Virtus, et mens sibi conscia recti.
329 Praeterit ut ventus mundi illectantis imago,
[C’est une rhétorique protestante. Voir https://books.google.fr/books?
id=9ssUAAAAIAAJ&pg=PA62&lpg=PA62&dq=mundi+illectanti&source=bl&ots=plDLXQ0_mB
&sig=ACfU3U0cquTgi70S6RJkFCRY-57vAYTM3w&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi4-
9j8tM_gAhUB1-AKHXa_AW4Q6AEwAnoECAcQAQ#v=onepage&q=mundi
%20illectanti&f=false
330 transversosque agit et specie deludit inani.
331 Hactenus est perstricta brevi Ferraria tractu.
332 Multa ego de ferro prudens miranda reliqui,
333 plurima subticui, quae provectum ipsa poetam
334 poscere sunt mihi visa et sesquipedale volumen.
[C’est le De re metallica, 26 ans plus tard
335 Quod lusi, pueris lusi : meliora supersunt
336 quae premimus, nec (spero) bonis ingrata futura.
337 Interea sciolique, susurronesque nefandi,
338 qui, quum nil praestare queant, aliena reprendunt,
339 Arcadicae pecudes et pondus inutile terrae,
340 rumpantur, patremque suum te, Zoile, visant.
Les mauvais critiques vont rendre visite au père Zoile ?! Mais c’est ce que fait NB de rendre visite à
son père, puisqu’il écrit de Vandeuvre l’épître du livre IV.
341 Vos igitur pueri, per summum obsecro Tonantem
342 (qui natum in terras caelo demisit ab alto,
343 ut nos mortifera primorum labe parentum
344 ablueret foedos et libertate bearet,
[Dieu est pour NB celui qui lave les fautes des « parentes », la faute originelle.
345 utque suo nostras animas, a faucibus Orci,
346 sanguine servaret moriens, caeloque locaret,
347 et faceret reges, fidei per nobile donum)
[Par la foi : protestantisme

Survivances et métamorphoses, dir. Hervé Duchêne, Dijon : Université de Bourgogne, 2005.


SLF, « Vénus et François : l’utilisation de la mythologie dans les épigrammes épidictiques de
Nicolas Bourbon (Nugae, 1533) », p. 247-261
C vi v° : happy end : les citoyens de Bourges détruisent la forge pour en faire un temple :
… et tectum infelicis hebraei
Funditus euertunt : fit sub dio domus ingens
Area : ne tanti sceleris uestigia quondam
Restarent. Locus est media sublimis in urbe
Quem Bituri furnum flagrantem nomine dicunt :
Illic pro domibus Mariae delubra parenti
Ardua conduntur : nonc pro fornacibus arae
Illic thure calent : sacris superadditur aris
Virginis effigies manibus complexa tonantem.
Nicolas Bourbon a peut-être montré ce poème à Petrus Rossetus en 1528 lors d’un séjour à
Bourges ?
Un Pierre Rosset est professeur de rhétorique à Paris en 1527, Linder, Robert D. “Calvinism and
Humanism: The First Generation.” Church History, vol. 44, no. 2, 1975, p. 171. Melchior Wolmar
lui dédie, dans une épître-préface, sa traduction de l’Homeri Iliados libri duo, 1523, cf. Ford, Philip.
“Homer In The French Renaissance.” Renaissance Quarterly, vol. 59, no. 1, 2006, p6.
Un Pierre Rosset, poète chrétien néo-latin, publie une série de poèmes sur les saints, Laurentias en
1515, Stephanus en 1516, Paulus en 1522, Christus (posthume, 1534). Cf Ann Moss, Renaissance
Truth and the Latin Language Turn, p. 222.
Pierre Rosset écrit un poème liminaire à l’Histoire de Boece en 1527 sous les presses de Josse
Bade.
Pierre Rosset, Laurentias, Paris : Marnef, 1517 (contient le De puero Iudaeo).
C'est un commentaire de Nicolaus Bonespeus Puteanus Trecensis (Nicolas Du Puy, de Troyes), f.
cxi r° Non enim pater dumtaxat dicitur is qui filios genuit sed etiam omnes qui ante v° secula nostra
uixerunt : nonnunquam honoris gratia pater dicitur ut aliqua persona uenerabilis sicut summus
pontifex : et sedebat id est obsequebatur : parebat tenebris opacis id est legibus et cultibus
tenebrosis ueterum id est priscorum. Quomodo sacra priscorum iudaeorum a summo deo institua
uocat tenebras opacas : Nam illa iam non erant nisi tenebrae opacae : cum Christi sacra meliora
extarent.
Commente le vers de Rosset, f. cx v° : et sacra ferebat / More patrum : et tenebris ueterum cedebat
opacis. Or Nicolas Bourbon attaque le pape en 1530 (il noie le poisson en 1533 : 108 « fuco… illo »
VC VC f. p ii r° fucis… illis (« ce grand déguisé » devient « ces grands déguisés »).
Et surtout : 108 « Pontificum istorum, quorum praecordia curae
Insatiata coquunt, uexatque scelestus habendi
Quos amor argenti, quos omnis foeda libido
Inquinat, incestat, contaminat, inficit, urit.
Qui desiderium carnis mundumque sequuntur :
Qui credunt satanae, floccifaciuntque prophetas,
Contemnunt inopes, condemnant uera loquutos
Eximiosque dei praecones ignibus urunt.
Candida communtant nigris, quadrata rotundis. » VC (V33 v° et C33 f. p 3 r°) Qui nos compilant, et
quos immanis habendi
Est amor argenti, quos mundi gloria uexat,
Qui carnis desiderium sensumque sequuntur, [C40 Qui sibi persuadent nil non impune licere
Qui spernunt inopes, condemnant uera locutos : [C40 Qui spernunt inopes, qui CHRISTI numina
rident
O gens, ô cunctis Erebi dignissima poenis,
et : 109 « O furor o iram divini numinis, o quam
Multas tecum animas perdis Rhomana tyrannis.
O nimis » G38 237 O seclum,
109 « perdis Rhomana tyrannis. / O nimis » VC V33 f. p ii v° pessum das foeda meretrix
Purpurea, ô
112 « bullisque » VC (V33 f. vi r° tricisque
112 « metuo rhomanae » VC (V33 f. vi r° timeo metuendae

Petrus Rossetus De Puero Iudaeo ad sacramentum altaris profecto : et a Patre Vitreario in fornacem
adacto, Paris : Jean de Gourmont, s. d.. [c. 1515]
A i v° : épître à « Integerrimo uiro Francisco Tuliero Ecclesiae Bituricensis Canonico Eiusdem
Primati Petrus Rossetus Gruatus S.P.D. » Primat de Bourges.
C’est un poème latin dont l’argument est le suivant, A iii r°
Apud Bituriges [à Bourges] puer quidam fuit corporis et animi praestantia admodum insignis
Iudaeo patre uitreario natus : et pueris christianis familiariter usus : atque a patre flagellis persaepe
coesus : quod Christianorum consuetudine nequaquam uti desineret : is enim semper eiidem
inherens coeptis in die Paschae cum Pueris christianis quos potissimum amabat ad edem sacram
proficiscitur : cui placide ante aras astanti uirginis Mariae effigies subrisit : cuius pulchritudine
supra modum Puer oblectatus ad aram properat : atque sacratissima Eucharistia suppliciter uescitur :
laetusque domum repetit. Postquam illum pater sacratissimo eucharistie cibo usum fuisse comperit :
e uestigio eum crudelissime pugnis coesum in flagrantem fornacem coniecit : Cui statim, diuinam
opem imploranti mitissima dei mater Virgo maria succurrit : atque illum albo panniculo protegit.
Interea saeuissimi Iudaei uxor casum filii maxime dolens foras egreditur peruicos per compita
uociferat : eiulatque qua quidem uoce ingens Christianorum manus collecta ad domum atrocis
Iudaei confluit : ad quem quum omnes peruenissent : subito puerum in mediis ignibus illesum
leniter quiescere conspiciunt : ille uero populi strepitu excitus fornace celeriter egreditur : atque
cunctis admirantibus incolumem sese ostentat : populus enim apprime iratus sceleratissimum
patrem in fornacem trusit : mox ille ignibus correptus statim mortem oppetit : eiusque cadauer in
cineres effluit. Proinde Puerum pontix omnium primus interrogat. Puer quidem Virginem Mariam
apud populum commandans ut facta sint omnia commemorat. Post hac domum Iudaei ciues
funditus euertunt : atque ibidem Templum Virgini Mari condunt.

A iii v°, incipit :


Vt grauis in diram rabiem fornacis adegit
Infensus genitor pastum libamina natum [libamen, inis : libation ; prémices ; breuvage
Mystica : et in flammis protectum munere diuae :
Vt meritum ille etiam pro nato pertulit ignem
Expediam. Ipsa iuues superum regina canentem
Quae parcas ditione premis flammaeque furorem :
Da mihi posse gradi medios impune per ignes
Fornacis : quibus ipsa pium uelamina posco
Texisti puerum : saeuis ego te duce tandem
Ignibus elapsus : tenuesque reuersus in auras
Ad noua currenti referam spectacula turbae
Haec laudes post gesta tuas : dirasque camini
Moliar hebraeo thaedas…
B ii v° : Un discours de Pluton furieux que l’enfant juif ait vu la Vierge et reçu l’eucharistie.

C i r° : le père apprend que son fils aime le Christ (insistance sur le Christ) : il lui dit :
Nunc pereas : ait : haec dicens crudelior ultro
Corropuit natum : et geminis puerili a palmis
Brachia compressit : rursus rapidoque rotatu
Voluit : et in terram fudit : iam calcibus ora
Assidue quatit : in liquidas iterum attrahit auras.
Extemploque illum medios fornacis in ignes
Proiicit : ac ualido uulcani uoluit in aestu…

C i v° : la Vierge entend les plaintes de l’enfant :


… saeuum quaerit cum prole caminum :
Huius in aduentu paries totumque mouetur
Tectum : et subpetibus tellus tremit : et iuga circum
C ii r° Et dominam ostendit fornax uenisse polorum [des pôles
Vndique luce noua (mirandum) albescere uisa est :
Et rutilans diuae assurgit Vulcanus : et omnis
Vertitur insuauem flammae uiolentia odorem
Laeticiamque parit : facieque exultat amena…

C iii v° : la foule chrétienne pousse le père juif dans le fourneau :


humeros pugnis caeduntque premuntque :
Inde illum incassum luctantem et dira sonantem
In loca candentis trudunt grauiora camini :
Excipitur totis uulcani uiribus : atque
Ignibus indomitis scelus exitiale crematur :
Voluitur in flammis saeuo correptus ab igne
Vndique perque rogos flamma crepitante rotatur :
Pulsat humum saliens : flagranti corpore sanguis
Aestuat : et trito nudantur uiscera tergo :
Tartareum fornax (dictu mirabile) reddit
Mugitum : atque animos terret. Saeuum inter odorem
Exit : et immixtis piceus petit alta fauillis
Fumus : et exultans ualido spaciatur abunde
Flamma rogo : atque animam misero dissoluit : at atri
Euolat illa rogos erebi passura perennes
Insuper exanimes artus depascitur ignis
Feruidus : et subito fragiles exangue cadauer
Labitur in cineres : grauis hic fuit eitus illi :
Talibus haec presens fuit ausis debita poena.

Francesco Colonna, Le Songe de Poliphile, Venise 1499 [éd. Agora, Pocket, 1994
TH ** Lewis Mumford, Technics and civilisation
TH ** il y a un atelier de Vulcain dans un piédestal.
TH ** Les coups de marteaux non visibles sur une sculpture bien exécutée. Evidemment, p. 96,
« non pas de marbre mais de cire ».
TH ** Sens anatomique du terme « honnêteté ».
TH ** 148 Trois manières d’orfèvrerie. Il y a aussi 163 une description de Daphné avec des
perles au bout des rameaux comme celle que réalisera Jamnitzer. Le Songe de Poliphile est un
programme esthétique que la Renaissance a exécuté assez scrupuleusement.

Daniel Ménager, Introduction à la vie littéraire du XVIe siècle, Paris : Dunod, 1968
126 Dans la deuxième moitié du XVIe siècle, l’expérience devient une valeur défendue par
les savants ; déjà Léonard de Vinci disait : « Il faut commencer par l’expérience ». Pour
Palissy, similairement, c’est la pratique qui engendre la théorie.
142 Guillaume Du Vair, dissuadant un de ses amis de se retirer dans un monastère, écrit
l’Exhortation à la vie civile.

Pierre de Javeroy, Les Récréations puériles, Paris : Pierre Chevillot, 1589


https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86145884/f100.image
Dans une section de dialogues :
f 37v « Naissance de Minerve. Vulcain et Jupiter. »
Vul. Que faut-il ô Jupin
Que j’œuvre de ma main ?
Ainsi qu’as dit n’aguiere,
De ma hache meurtriere
Acompagné je vien,
Emouluë tres-bien ;
Soit qu’il faille une pierre
Fendre, dessus la terre
D’un seul coup. Jup. ô Vulcan,
Mon chef en deux parts fan
Où la playe donnée
Sera de ta congnée.
Vul. Quoy ! veux-tu essaïer
Si me peux fourvoier
De mon sens ? donc commande
Par ta puissance grande
Ce que veux t’estre faict.
38r Jup. Or je t’enjoins de faict,
Que bien tost tu t’appreste
A me fendre la teste :
Si n’es obeïssant
A mon vouloir puissant,
Non seulement asteure
Tu verras que descœuvre
Contre toy mon courroux :
Mais il faut les genoux
Flechir à toute rage,
Et n’aigrir ton courage.
Je meurs pour le travail
D’enfant, qui si grand mal
Faict d’une peine telle
Souffrir à ma cervelle.
Vul. Avise bien au bout
Que nous ne gastions tout,
Car ma grand’ besaguë
Tou-partout est aguë ;
Et puis on ne pourra
Faire, que ne courra
Le sang, et si Lucine
38v N’aydera ta gesine.
Jup. Lasche ton coup hardi
Sur mon chef estourdy,
Je connoy d’asseurance
Luy devoir allegeance.
Vul. Certes êtant contraint
Sera ce coup empraint,
Car que pourroit-on faire
Pour ne t’estre contraire ?
Hé ! qu’est-ce là di moy ?
Une fille je voy
Se dressant fiere en armes,
O Jupin ! quels alarmes
Ta teste a enduré !
Je suis bien assuré,
Qu’à bon droict ta pensée
Se sentoit offensée :
Produisant au cerveau,
Dans un petit drapeau
Une si grande vierge
Qui d’armure se cherge,
Vrai’ment au tez plu’tost
39r Avois mussé un ost !
Quoy ? celle fille dance,
L’escu branle, et sa lance
Brandit, et gronde encor.
Mais ô plus beau tresor,
Elle est belle, et parcreuë
En peu de temps s’est veuë.
Elle a verds les deux yeux,
Et qui l’embellit mieux
C’est ce casquet : et pource
Jupiter, non de bource,
Ains me la promettant
Païe moy tout contant,
Pour t’avoir comme femme
Servi de sage-femme.
Jup. Ce que requiers Vulcain,
Tu le requiers en vain : [Tout à coup il ne s’appelle plus Vulcan !
Car il est impossible,
Elle veut que loisible
Luy soit à procurer
De vierge demeurer.
Mais quant à moy ne panse
39v Que j’y fasse nuisance.
Vul. c’est ce que je voulois,
Faut qu’ententif je sois
Au reste de ma charge,
Et que sur moy la charge.
Jup. Fai-le s’il t’est aisé,
Je sçai que mal-aisé
Te sera d’y atteindre,
Et d’amour la convaincre. [Rime douteuse
42r « Naissance de Mercure. Vulcan et Apollo. » [J’ai déjà lu cela quelque part !!!… C’est
Apollon qui prévient Vulcain que Mercure est un voleur.
42v Apol. Vulcan, tu sçauras sa pratique
S’il vient jamais en ta boutique.
Vul. Je sçai qu’il est venu ceans.
Apol. As-tu donc tous tes instrumens ?
Et nul d’iceux, dy moy de grace,
N’a t’il abandonné sa place ?
Vul. Apollon, rien n’est esgaré.
43r Apol. Regardes y bien. Vul. Mais au vré
Je n’aperçoy point mes pincettes.
Apol. Croy moy, que dedans les cachettes
De son lange les trouveras,
Si tost qu’autour regarderas.
56r Un « Sonnet à Monsieur de Javercy », qui conclut le recueil, signé de A. Bonnet, fait de
Ronsard et Javercy les tenants de la « boutique » poétique :
Un seul Ronsard j’estimois seul Poëte,
je le disois le seul filz d’Apollon
Je ne prisois que le grave fredon
Que fredonnoit sa muse non muette.
Mais je vois bien que la rare musette
D’un autre chantrê acquerra son renom
Et que Ronsard aura pour compagnon
Mon Javercy, digne d’avoir en teste
un laurier verd qui luy serre le chef
Pour seul tesmoin qu’il est monté au chef
(Comme Ronsard) du gazon Poëtique :
Ou en l’honneur de ce neuvain troupeau
Tous deux ensemble, assis sur le coupeau [Le sommet (d’une tour, d’une montagne…). On dit
aussi coupine, coupet… écoupeler : couper la cime d’un arbre.
Sur nos François ouvriront leur boutique.

Dans un Paradoxe apologique, où il est fidèlement démontré que la femme est plus parfaite
que l’homme, de 1594, Alexandre de Pontaymeri condamne Homère pour avoir ridiculisé les
dieux, et notamment pour avoir fait de Vulcain un « Suisse »… ???
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1115800/f46.image

Judith Lyon-Caen et Dinah Ribard, L’Historien et la littérature, La Découverte, 2010

7 C’est la littérature qui a inventé le concept de bourgeoisie, inconnu des hommes de la fin du
XVIIIe siècle.
[L’ouvrage est très consensuel, beaucoup plus que La Griffe du temps : elle tient les rennes de
l’historiographie pour la garder dans des domaines sans controverse : l’histoire de la
réception, l’histoire sociale du livre, etc. Le plus audacieux : l’histoire de l’aspiration à la
littérature.

** « technology » et autres termes anglais dans IBHR


Tirer Héroïsme et démesure dans la littérature de la Renaissance: les avatars de… **

https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31006645k
A ij r° Sonnet « A Monseigneur le Comte de Maulevrier son Parrein, luy dediant ce Cantique de la
Paix »
v° Sonnet à Charles de Navyere, sur son Cantique de la Paix. Par Anth. Mar. de Conzié Gentil.
Savoysien.
B iij r° : « Vulcain » pour « cocu ».

Luisa Secchi Tarugi (dir.), Guerra e Pace nel pensiero del Rinascimento, Firenze : Franco Cesati,
2005
Jean-Claude Margolin, « La nouvelle artillerie sous le regard des humanistes », p. 111-132
118 Cite en longueur la condamnation par Polydore Vergile du canon.
122-124 Margolin cite en longueur un poème d’André Thevet « De l’inventeur de la Scoppeterie et
Canons / Complainte », tiré des Vrais pourtraits et vies des hommes illustres grecz, latins et payens,
reecueilliz de leurs tableaux, livres, médailles antiques et modernes, Paris : Vve J. Kervert et G.
Chaudière, 1584, 506b-507a :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86246591/f1134.image
« Le mal vulcanien » y est le canon, v. 14.
… Ouvrage infortuné du boyteux Lemnien
Et ministre cruel du feu Plutonien !
Hé ! qui sçauroit penser que la douce Nature
Eut baillé les moiens, comme maratre dure,
De meurtrir son enfans, l’exposer au danger,
Et au perer fut fait le fils un estranger ? v. 19-24
… Non, ce ne fut nature, ainçois une furie,
Persephone, Alecton, ou Megere aguerrie,
Qui brisant des enfans les cloistres tenebreux,
Et machinant, horreur ! ce mal pernicieux,
A suborné celuy que la sage nature
Forma des animaux benigne creature
A forger ce torment homicide infernal
Feu-vomissant, poudreux, effroyant Martial,
Au moins que fut un Turc ou Barbare et Sauvage
Autheur de ce canon et machineux ouvrage
Et non pas de Chrestien faisant profession…v. 29-39
… Ah ! au fort seulement qu’en ta simple pensée,
Philosophe subtil, se fut encommencée
Cette forge du feu, et dedans ton cerveau
Soudain fut estouffé, et non comme bourreau,
Vengeur et impiteux a nostre grand domage
Fut perdu des plus forts de ce florissant age,
Tel que Perille autheur et fondeur inhumain [Perillos, artisan athénien qui invente le taureau d’airain
dans lequel brûler à petit feu les condamnés à mort, pour le tyran Phalaris ; il meurt dans son propre
taureau]
Premier eut son guerdon dans le taureau d’airain,
Ainsi subtil Berthold la cruelle machine
Eut fait preuve d’horreur à ta propre ruyne,
Ou bien, tel qu’Erostrat par un faict tout maudit
Ambitieux, cerchant estre mis en credit,
Te fut a deshonneur, et non pas à ta gloire,
Celle qu’avoit conceu eternelle memoire. v. 53-66 fin.
[Margolin étudie dans cet article l’exécration de l’artillerie chez Polydore Vergile, Ambroise
Paré, Erasme et André Thevet, et l’on y constate une grande continuité.] [Surtout ce qui est
frappant dans ce poème de Thevet, c’est qu’il fait d’un inventeur diabolique médiéval un
ingénieur pré-cartésien, « subtil ».

** il faudra écumer le rayon orfèvrerie de la salle W


** Il y a un « Roi mineur », dans les Discours des misères de ce temps, que peut-être il
faudrait lire.

** https://sfdes.hypotheses.org/category/publications

** Mélanges offerts à André Gendre

[Les fourneaux des emblèmes de la Délie dialoguent avec le sonnet 137 des Regrets de Du Bellay
scrogneugeu !

Roi-forgeron : Recueil des antiquitez gauloises et françoises, Paris: Jacques du Puys, 1579.
A propos de Marius, empereur forgeron : f. 55 r°, "Toutesfois cest homme ferré, ne se peut garentir,
que trois jours apres son election, un sien ouvrier, qu'il avoit autresfois employé en sa forge, ne luy
passast du fer au travers le corps : disant. Voyla l'espee que tu as faite toy-mesme. Ce soldat, ou
ouvrier, estoit marry contre luy, de ce qu'il n'avoit esté advancé, tant durant que Marius estoit
Capitaine, que depuis qu'il fut Empereur." C'est une extrapolation, le texte ne dit rien de tel !

Cinquante AEnigmes françoises, d'Alexandre Sylvain, Paris: Gilles Beys, 1582


AEnigme 38, p.42
Un qui par mort a la vie finie,
Est transformé, et fait tout autrement,
Tant qu'un esprit nouveau en soy il prend:
Parquoy son corps aussi respire, et plie.
Devant que soit la journée accomplie,
Mille fois perd l'esprit, et le reprend:
Et qui plus est, on luy void bien souvent,
A qui se meurt rendre bien tost la vie.
Non sans secours d'un autre plus vivant,
Qui le stimule, et le travaille tant,
Que son esprit à l'autre il vient transmettre.
Contraire en tout, car l'un est d'effect chaud,
L'autre est bien froid, mais son dessein ne faut.
Or devinez, que tout cecy peut estre?
42v Exposition
C'est le Soufflet, qui se fait d'une beste morte, au moins de sa peau: et l'esprit qu'il reprend est l'air,
ou le vent, par lequel soufflant, il respire, le perdant, et reprenant tant qu'il souffle, pour rendre la
vie au feu, qui se meurt non sans secours de l'homme, qui par ce vent froid allume le feu chaud, etc.
AEnigme 40, 44r
Un qui me bat, me fait tout autrement,
Que je ne suis, tant que suis tout estrange:
Car ma figure et ma forme je change,
Tant j'ay de coups, que lon voit clairement
Dessuz mon corps: puis tout soudainement,
A travailler durement on me range,
De jour en jour plus groz que moy je mange:
Mais je ne puis engraisser nullement.
44v Exposition
C'est la Lime, qui ne peut estre faicte sans recevoir beaucoup de coups, puis lon la met à travailler,
et à manger du fer plus gros qu'elle, tant qu'elle gaste ses dents : toutesfois fait choir la limeure sans
l'avaller.
Pour aimant, 47v : "Aucuns François appellent ladicte pierre, Marinette, ou Mariniere."

Encore pour Nicolas Bourbon :


La Muse de l’éphémère. Formes de la poésie de circonstance de l’Antiquité à la Renaissance,
Paris : Classiques Garnier, 2014
Sylvie Laigneau-Fontaine, « Une forme particulière de littérature de circonstance chez Nicolas
Bourbon (Nugae, 1533) : le dialogue à une voix », p. 151-163
152 Le calor implique que le poète écrit en réaction, donc selon la circonstance. 162 Dans ses
épigrammes, NB semble réagir à des protestations d’innocence que le poète ne répète pas, mais
dont il semble prendre prétexte pour un surcroît d’indignation.

Michel Glatigny, « Le champ sémantique des parties du corps dans la poésie amoureuse de 1550 »,
Le Français moderne, vol. 37, 1969, p. 7-34.

Fernand Hallyn, « Le paysage anthropomorphe », dans Le Paysage à la Renaissance, dir. Yves


Giraud, Fribourg : Editions Universitaires Fribourg Suisse, 1988, p. 43-54

** Georg Fabricius, De re poetica libri septem, 1565

1594 Jean Godard, Les Oeuvres, 1594, tome 1, salle Y. Magnifique reliure jaune aux motifs dorés
de fleurs de lys et de H de Henri IV.

1601 Divae Magdalenae vita…, Joannes Balinus, 1601


18 ça parle d’un four semblable à l’Etna, rare dans la poésie religieuse :
Insuper aequauit flammas forcanibus AEtnae
Vena reperta prius flavi generosa metalli :
Inde mihi dapibus mensa est onerata superbis,
Et Methymnaeo semper recreata liquore. [Méthymne = Lesbos **

Philippe Morel, Les Grottes maniéristes en Italie au XVIe siècle, Macula, 1998
6 Contrairement aux murs, le revêtement des parois des grottes est une donnée fondamentale pour la
décoration. On utilise la pierre ponce vive, pumex, pour arrondir les parois. Pas d’origine
volcanique, plutôt « écume de travertin » (roche vacuolaire à base de calcite), p. 9.
Descriptions de grottes… disent quelque chose de la formation des pierres, mais trop complexe
pour moi. 56 On raconte aussi des récits de pétrification, ce qui a intéressé Michel-Ange, décorant
les jardins de Boboli à Florence.

Paradoxalement, c'est plutôt dans ses pièces à sujet frivole que Pierre de Brach se montre
connaisseur passionné des réalités de l'armurerie de son temps :
La pucelle, Piquon, c’est une vierge espée,
Qui peut du premier coup qu’elle sera frappée,
En deux pars se brisant, a son maistre faillir,
Le laissant desarmé sans pouvoir assaillir.
C’est, ou bien le rodanche, ou la cuirasse neufve,
Que par l’arquebusade on n’a mis a l’espreuve,
Dont le fer mal battu par un coup enfonçé,
Sans rebuter le plomb peut estre outreperçé.
Mais soit la vefve prinse ou pour arme offençive,
Ou bien en l’assaillant pour arme deffençive :
Elle semble l’açier bien trempé, bien battu,
Qui fort est éprouvé, dont on a combatu.
Car bien que vivement elle soit enfoncée,
Elle n’est au combat jamais outre-percée. 124

Il y a un forgeron dans la "Response aux injures..." de Ronsard crénom de nom !

liste de mots-clefs :
incus incudem incudis incude enclume
124 « L’amour des Vefves », op. cit., p. 213 v°.
fornax fornacem fornacis fornace caminus caminum camino camini fournaise fornaise fourneau
forneau
malleus malleum mallei malleo marteau
forceps forcipem forcipis forcipe tenaille
follis follem folle soufflet
massa massam massae masse
ferraria ferrariae ferrariam forge
faber fabri fabrum fabro forgeron mareschal
Vulcain Vulcan Vulcanus

[Bcp de tenailles chez d'Aubigné, mais ce sont des instruments de torture]


[Il n'y a pas beaucoup de poésie dans la base BVH ; il faut cependant essayer de chercher ailleurs
que sur Epistemon?]

Gallica intra muros :


https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30009919f
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30172012g
**

** Juvenilia de Nuysement, 1578 (il suit Pétrarque, Pontus de Tyard et Ronsard, et sans l’avouer,
Du Bellay). Nuysement écrit plusieurs recueils de poésie alchimique publiés sur la fin de sa vie
entre 1620 et 1624. C’est une réponse à Du Gault inspirée d’Augurelli. A ce sujet (et pour vérifier
qu’aucun n’a été écrit avant 1610 — je suis cuit si c’est le cas!), voir la thèse de Wallace Kirsop,
Clovis Hesteau, sieur de Nuysement, et la littérature alchimique. **

Henri Weber, « L’analogie corps humain — corps social dans la pensée politique du XVIe siècle »,
dans Analogie et connaissance, dir. André Lichnerowicz, François Perroux et Gilbert Gadoffre, t. 1,
Paris : Maloine S. A. éditeur, 1980, p. 139-148

Carole Talon-Hugon, Une Histoire personnelle et philosophique des arts. Moyen Âge et
Renaissance, PUF 2014

** si l’on ne peut pas appliquer le chapitre “Des boiteus” de Montaigne à Vulcain

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