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La Généalogie des Princes de Savoye, du latin de Julian Taboet, traduit en français par P.T.A.
(Pierre Tredehan), 1560.
Gabriel Ayala, Carmen pro vera medicina ad reverendissimum ac illustrissimum cardinalem
Granuellanum. Ad eundem de lue pestilenti elegiarum liber unus, Anvers : Guillaume Sylvius,
1562. Rien.
« Droit et éthique de la guerre dans Gargantua », in Bénédicte Boudou et Bruno Méniel, dir.,
Éthique et droit du Moyen Âge au siècle des Lumières, Paris, Classiques Garnier (Coll. «
Esprit des Lois, Esprit des Lettres »), 2012, p. 127-146. Rien.
De morte clarissimi..., Franciscus Merula, Paris : Gulielmus Tibutius (Guillaume Thibout),
1553. Rien d'artillerie.
Jacob Marchant, « Neoportuanus », De rebus gestis a Flandriae Comitibus, Elegiarum liber
unus. Eiusdem Phaleucii. Louvain : Antoine Marie Bergaingne, 1557. C’est l’éloge respectif
de chaque comte des Flandres. Se termine sur un éloge paradoxal de l’hiver, comme saison de
l’étude. Sinon Rien.
Pierre de la Primaudaye, Quatrains du vray heur, 1586
François Bonade, Ad Augustissimam pacis dominam Leonoram Franciae reginam… rien.
Art et humanisme à Florence au temps de Laurent le Magnifique, Paris : P.U.F., 1959
Béranger de la Tour, Le Siecle d’or, Lyon, 1551 Il y a plus loin un « Blason du miroir », un
tout petit peu technique, rien de ouf, et une énigme.
Pontaymeri, Hymne de La Rochelle. Court et inintéressant pour moi.
L’Imaginaire du changement en France au XVIe siècle
Nicolai Barptholemaei Lochiensis Epigrammata. Momiae. Et dyllia (sic). Relié avec un
certain Neapolitani. Il faudra utiliser les notes pour dire quand le travail mécanique est absent
du poème, par exemple chez Nicolas Bartholomey qui est pourtant si peu soucieux de la
dignité de ses destinataires qu'il echaîne un « ad correum » (à mon coaccusé) avec un
épigramme à un cardinal.
Jean Du Bellay, Epigrammata, éd. Geneviève Demerson. C’est à la suite de Salmon
Macrin, trois livres des Odes, 1546. Rien.
A. de Pontaymeri, Discours d'estat sur la blessure du Roy. Il y a des vers mais surtout prose.
Guillaume de Salluste Du Bartas, La Sepmaine ou Creation du monde, éd. Victor Bol, Actes
Sud, 1988
La Variatio. L'aventure d'un principe d'écriture, de l'Antiquité au XXIe siècle, dir. Hélène Vial,
Paris : Classiques Garnier, 2014. Rien.
La Muse et le Compas : poétiques à l’aube de l’âge moderne, anthologie sous la dir. de Jean-
Charles Monferran, Paris : Classiques Garnier, 2015.
Le Tombeau de reverend pere et venerable docteur fr. Jaques Hugonis religieux de l'ordre de
Sainct François, Predicateur ordinaire du Roy. Paris : Nicolas Roffet [sur le pont Sainct
Michel, à la Rose blanche], 1574. Rien.
Dans l’énorme tome de Christine Pigné, De la fantaisie chez Ronsard, malgré que La Lyre est
cité plein de fois, RIEN sur l’allégorie de la naissance d’Athéna !...
Le Tombeau de hault et puissant seigneur Jean Lois de la Rochefoucault, comte de Randan,
Nicolas Le Digne, 1600 [réimpression de 1844] Rien de technique
Turnèbe, contre Joachim du Bellay
« Éthique de l’épopée romanesque en France (fin XVIe-début XVIIe siècle) », Cahiers de
l’Association Internationale des Études françaises, n° 65 (mai 2013), p. 277-296. Rien.
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8702509c/f18.image Oracle de Godard. Rien.
Sapphicae Petri Busseroni, Lyon : Jacob Huguetan, 1538. Aucun intérêt ; vers pieux.
Hugonis Ambertani Colungiani Silvae, Paris : Gormontium, 1516. Rien. L'horreur. S'il est fait
mention de l'art de Vulcain, c'est dans une liste topique.
Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, janvier 1949, 305- « Un rarissime ouvrage de
Pierre Enoc de la Meschinière poète Genevois ».
Valerand de la Varanne, poète inutile à mon propos.
Rien dans les Hymnes de Salmon Macrin
J. Mathorez, Le Poète Olényx du Mont-Sacré, bibliothécaire du duc de Mercoeur (1561-
1610), Paris : Librairie Henri Leclerc, 1912.
J. Mathorez, Julien Guesdon, poète angevin et ligueur breton, Paris : Librairie Henri Leclerc,
1913
Filleul, La Couronne, A Henry le victorieux, Roy de Pologne, Paris : Gabriel Buon, 1573.
Acta Conventus Neo-latini Turonensis, 1976, éd. 1980, éd. Jean-Claude Margolin. Rien.
Acta Conventus Neo-latini Sanctandreani, 1986, éd. I. D. McFarlane. Rien.
Acta Conventus Neo-Latini Cantabrigiensis, éd. Rhoda Schnur, Tempe, Arizona : Arizona
Center for Medieval and Renaissance Studies, 2003. Rien.
Absolument rien alors que c'est un éloge mythologisant.
Carmina de Louis des Masures
Henri Estienne, « Le I. livre des proverbes épigrammatizez, ou des épigrammes
proverbializez », http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70514g
Il y a cette prose burlesque, La requeste des femmes presentée à Vulcan, Prince des forgerons.
Contre l'operateur cephalique dit Lustucru, Éditeur : [S. l, 16..?]. C’est du XVIIe.
Hymnes de Jean Salmon Macrin. Rien.
Pierre Énoc, Opuscules poétiques. Rien, ce qui est assez surprenant...
Hubert Sussanneau, Ludorum libri, nunc recens conditi atque aediti
Circulation des matériaux et des objets dans les sociétés anciennes, Ph. Dillmann. C’est de
l’archéométrie, on n’en tirera rien.
Pierre Le Chevalier, La Parthénie, uniquement sur le repas.
Nicolas Rapin. Rien.
Philibert Guide. Le livre de 2013 est une comparaison des éditions, il n'en est pas auteur !...
Triumphales Odae, 1558, Dorat, Google Books. Rien.
Les Forges du pays de Châteaubriand, càd du Maine-et-Loire. Il n’y a pas de forge avant le
XVIIe.
Hymni aliquot et carmina Jacobi Meyeri Baliolani, Louvain, Rutger [Rescif], 1537. Pieux.
Rien.
Alain Cuillère, Les écrivains et le pouvoir en Lorraine au XVIe siècle. Rien pour moi.
Hierosme de La Pra, Hymne à la louange du Duc de Guyse. Rien du tout.
Hiérosme d'Avost, Poésies. Adressés à des nobles de la Cour.
Rimes de Christophe Plantin. Rien. Et c’est un typographe !
Jehan Mallard, La Muse cosmopolitique. Pas seulement des vers, très court, et pieux.
La Perrière, Morosophie. C’est un livre d’emblèmes qui n’est pas répertorié par le site de
Glasgow ! Mais rien sur ce qui nous concerne…
Louis de la Bellaudière, Rimes provensalles. Rien.
Le retour de la paix en Erance (sic), 1544. Devise : « Plus que moins. » (qui est-ce?) Rien, très
angélique.
Pierre Sorel, Plaincte sur la mort d’Anne de Montmorency
Nicolaus Horius, Poemata, slnd. Rien sur des centaines de pages.
Jacques du Perron, Stances sur la victoire du Roy. Rien.
Panagius Salius, Varia poemata, 1589.Rien.
Margarit Pageau, Les premières œuvres poétiques, essentiellement des tragédies
Jean Desplanches, Les Oeuvres poetiques
Guillaume Michel, Le Siècle doré, pieux, s’adresse surtout aux clercs. Mais, 1521 !!... On
dirait 1490.
Ça y est, j’ai écumé les Camenae et les Camnulae.
Jacques d'Adonville, La Deffaicte des faux monnoyeurs. Très très court, rien.
Les Œuvres du seigneur de La Bergerie [Gilles Durant], Paris : L’Angelier, 1594. Rien sur
500 pages lyriques.
S.n., Himne de la guerre et de la paix, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k703127, rien.
Guy Coquille, Poemata, Gallica intra muros. Rien de rien.
Jehan Grisel, Les premières œuvres poétiques. Les « Vœux aux dieux antiques » écrivent un
poème par dieu… mais Vulcain en est absent, même en 1599 !
Jean-Jacques Boissart, Emblemata
François Girault, Le Moyen de soy enrichir, court et théorique.
Jean Robelin, Poemata, rien de rien. C’est un hellénisant ; en général quand il y a du grec il
n’y a pas d’arts du feu.
Ligier du Chesne, La Forest Paraenetique, càd une admonestation, à Charles IX. Mais rien
sur la forge.
Rien dans Claude d’Espence, Urbanarum meditationum in hoc sacro & civili bello elegiae
duae . Eucharistia. Parasceve. Aenigma
Faustus, De moralibus et intellectualibus…
Le Poète au miroir de ses vers. Etudes sur la représentation du poète dans ses œuvres, éd.
Hélène Casanova-Robin et Alain Billault, 2013. Rien sur les artisans.
François de Lisle, Papillae. Non : ce mot désigne les tétons.
Alain Chartier Livre de l’Espérance
Passionnant mais pas pour moi : Marie de Romieux, Les premières œuvres poétiques
Marc Antoine Flaminius, poète néo-latin religieux.
Corrosion and conservation of cultural heritage metallic artefacts
Conversation entre les Muses, dir Lise Sabourin. Rien.
Œuvres poetiques de Guillaume Alexis, Gallica intra muros.
Blasons domestiques de Corrozet, 1539
Guillaume Belliard
N. Rapin, Ode mezurée. Rien.
Les odes pénitentes / du moins que rien (par Nicolle Bergedé, de Vézelay) 1550
Nicolaï Horii Remensis praefecti auxiliaris Poemata noua. In laudem nostrae sanctae fidei
catholicae edita in septem partita libellos..., Nicolaus Horius, Sacon, Jacques Sacon, 1507.
Rien.
Julien Pié, Epigrammatica nec non Moralia opuscula. Rien. En fait le savoir technique et la
poésie néo-latine c'est une rencontre ratée : quand Agricola latinise le savoir technique, la
poésie néo-latine est déjà à la traîne...
Pierre de Laval, Rimes. C’est de la poésie amoureuse, avec même une ode à Binet, le mécène
de Ronsard, cité explicitement. Alors pourquoi il n’y a rien ???
Les Foresteries, de Vauquelin de la Fresnaie, éd. Marc Bensimon, Droz 1956. Rien !!
Jacopo Sannazaro, Gryphius, Heitlerus, Bubani, apud Seb. Gryphium, 1536. Rien.
Emblemes sur les actions perfections et mœurs du segnor espagnol, 1608. Rien.
Etienne Forcadel, Polonia, prose.
La Harangue de la déesse Astrée… avec dix sonnets héroïques…, François Habert de Berry,
Paris : Guillaume Thibout et Estienne Denise, 1556.
La Vie, faictz, passion, mort, resurrection, et ascension de nostre Seigneur…, Michel
Foucqué, Paris : Jehan Bien né, 1574.
Sonnets héroïques sur le mariage de monseigneur Charles, François Habert, Paris : L’Homme,
1559.
Les Pescheries de Christophle de Gamon, divisée en deux parties où sont contenus... les
plaisirs inconnus de la mer et de l'eau douce [Texte imprimé] Lyon : T. Ancelin, 1599. Ce
n’est pas un traité d’halieutique mais des pièces bucoliques marines. « Halieulogues ». Rien.
Le fameux Recueil des inscriptions par Jodelle en 1558. Rien.
La Forest paraenetique ou admonitoire, de Ligier du Chesne, trad. Claude de Pontoux, Lyon :
Melchior Arnollet, 1569.
Rymes de Pernette du Guillet
Fernand de Bez, Les épistres héroïques amoureuses aux muses, 1579
Brief discours sur les troubles…, Jean Le Masle, Angevin, Lyon : Benoist Rigaud, 1573.
Le Philopolème, ou exhortation à la guerre… Lyon : Melchior Arnoullet, 1569.
Le citadin de Geneve. Ou Response au Cavalier de Savoye, Paris : Pierre Le Bret, 1606. Rien
Les Amoureuses Occupations de Guillaume de la Tayssonière, Lyon : Guillaume Rouille,
1555. J’aime sa devise : « Rien sans zèle ».
Rien à tirer de la traduction par N. Renouard des Métamorphoses d’Ovide, début-XVIIe.
Ovide, Sus la complainte du noier , traduite en françois, par R. Le Blanc, 1554. Rien.
Ovide, Le procès d'Ajax et d'Ulisses pour les armes d'Achilles, contenu au treziesme livre de
la Métamorphose ... Prémisse la description desdictes armes, translatée du grec Homère en
françois. Et à la fin du Procès, aulcunes élégantes épistres par ledict M. J. Colin, 1547. Rien.
Un peu déçu : rien dans l’Enchiridion cosmographiae de Johannes Honterus, de 1602.
Sans surprise, rien dans les Poemata varia de Jacobus Lectius, 1609. Poésie religieuse.
Rien dans Claude d’Espence, Urbanarum meditationum in hoc sacro & civili bello elegiae
duae . Eucharistia. Parasceve. Aenigma
Rien dans Ollenix du Mont-Sacré ni dans Pierre Motin. Les Poésies de Germain Colin
Bucher : Rien.
Rien dans la Poésie d'Estienne Forcadel 1551.
Discours de la tres-noble tres-illustre et tres-ancienne maison de Lorraine. Bruand. 1591 rien
Poeme heroique de saincte Magdeleine, Jean Balin, 1607.
Le premier livre de l'Amedeide, par A.D.A.D.H. 1586
Filleul, La Couronne, A Henry le victorieux, Roy de Pologne, Paris : Gabriel Buon, 1573.
Rien dans Le mirouer des pécheurs et pécherresses , par Jean de Castel, 1505.
Rien dans Les hymnes de Synèse ,... traduits de grec en françois par Jacques de Courtin de
Cissé, 1581
Rien dans Les plaisirs du gentilhomme champestre , augmenté de quelques nouveaux poèmes
et épigrammes, par Nicolas Rapin, 1583
« Œuvres poétiques sur la main », Estienne Pasquier, 1584 : rien sur la main laborieuse, mais
la main y est fréquemment une métonymie de l’œuvre, de l’esprit (mens) et de l’âme, en
rivalité avec le visage.
L’Épique : fins et confins. Mythologies de l’Etna, dir. Dominique Bertrand.
Science, Medicine and Society in the Renaissance. Essays to honor Walter Pagel, ed. Allen G.
Debus, New-York : Science History Publications, 1972, t. 1 et 2 : beaucoup de choses sur
l’histoire de l’alchimie mais rien sur la poésie.
Technology and culture : une vieille revue américaine inutilisable.
Early Metal Mining and Production, Paul T. Craddock
Chronologie :
1489 Hymni Marulle “doctrine orphique”
1495 De Aetna de Bembo
1503 Officina Ravisius Textor
1509 Les Eneydes Saint-Gelais
1515 Chrysopoeia; Polydore Virgile De Inventoribus rerum, poèmes latins avec;
1516 Complainte de la nature à l’alchimiste errant Perréal
1527 Vida, De Arte poetica
1529 La rouge myne de H. Gross
1530 Dictionnarium poeticum d’Hermannus Torrentius
Ferraria
1530-1550 apogée de la mine
1536 Mort de Jean Second
1540 Hécatomgraphie de Gilles Corrozet ; Pirotecnia Biringuccio
1541 Pandora Olivier ; mort Paracelse
1543 Horapollo Vulcain=devin
1544 Délie ; trad. De L’Arcadie de Sannazar
1546 Pyrotechnie trad Vincent ; Ion trad Le Blanc
1548 Chrysopée Habert
Art poetique françois de Sebillet
1549 Du Bellay Musaeognomachie Ignorance=forgeron
1550 « refondu dedans la propre forge Françoyse » Ronsard
1551 Mythologies à Venise Natale Conti
1555 Fracastor Naugerius universalité du poète ; Art poetique Peletier
1556 De re metallica
1558 « Exhortation pour la paix » Ronsard
1560 Trois traitez Gohory volonté pratique ; Oeuvres de Ronsard ; L’Eneide des Masures
1561 Poetices Scaliger
1562 Microcosme de Scève
1565 Theatrum humanae vitae Zwinger, portée éthique ; Abbregé Ronsard
1571 Emblemes ou Devises chrestiennes Georgette de Montenay ; chanter en travaillant chez
De Brach Amours d’Aymée
1572 orfevrerie = art libéral
1574 La Taille Geomance influence feu caractère ; Scaliger poèmes latins
1575 Oeuvres de Jamyn
1578 Guy Le Fevre de la Boderie, La Galliade
La Sepmaine
1580 Palissy Discours admirables
1582 Guy Le Fevre de la Boderie, Diverses Meslanges Poetiques ; Du Monin, Nouvelles
oeuvres
1584 Seconde Sepmaine ; « Discours du verre » de Ronsard
1587 Grand miroir du monde de Joseph du Chesne
1588 Palinodie Du Gault
1591 réédition de Vincent de Beauvais
1593 Paul Perrot de la Salle, Le contr’empire des sciences, et le mystere des asnes
Sébastien Garnier, Les Huict derniers livres de la Henriade
1596 La Dernière Semaine
1597 Alchemia Andreas Libavius
1600 « Discours de l’Astronomie inférieure » Gamon
1602 Lydiade
1603 La Franciade de Pierre de Laudun accident de forge
1605 Bacon Du progrès refuse réduction en art, tjs prématurée
1606 Grand Tombeau du monde « brûlé forgeron », art quitte la terre
1609 Semaine Christofle de Gamon ; Conqueste des Enfers
1617 Atalanta fugiens
Pour s’entraîner à la paléo : L, 944.030 2 BARBe
[Il y a une « forge de Vulcain » dans la salle de Bal du château de Fontainebleau !! IL y a
aussi des illustrations des cyclopes au travail dans l’édition de 1544 desz P. Virgilii Maronis
Opera. Il y a une Vénus dans la forge de Vulcain attribuée à un « Master L. D. », 322 x 444
mm.]
¤
Guy Le Fèvre de la Boderie, La Galliade, éd. Fr. Roudaut.
Préface, 7 : épigone de Postel, syncrétiste kabbale-chrétienté-platonisme.
29 : dans l’Advertissement aux lecteurs, précise qu’il écrit une Galliade, et non « une
Gaillarde ». Il ne s’agit nullement de plaire.
40 : Calepin et Robert Estienne ont servi à Le Fevre « lorsque sa mémoire était défaillante ».
55 : Le Fèvre connaît la kabbale par le Liber Ietzirah, Livre de la Création, traduit par Postel,
qui fonde une cosmologie sur une mystique du langage, 32 sentiers de la Sagesse composés
des 10 Sephiroth (les 10 manières dont Dieu se révèle à nous, beauté, gentillesse,
compréhension…) et des 22 lettres de l’alphabet. Le Bahir, Livre de la Clarté, lui aussi traduit
en latin par Postel,
56 : aide Le Fèvre sur la métempsychose. Le Zohar est la glose des Ecritures par Moïse. Le
Tiqqune Zohar nous est parvenu annoté par Le Fèvre ;
57 : il propose diverses interprétations de la Bible. Le Talmud est moins essentiel pour lui.
78 : le parti-pris est de louer une nation sans évoquer ses exploits guerriers, mais seulement
grâce aux « Arts et sciences ». Le Fèvre n’obéit donc aucunement aux recommandations
poétiques de Ronsard qui veut limiter l’action à une année (elle dure plusieurs siècles)
79 : et la choisir pour sa beauté (il s’agit ici de vérité).
80-81 : une simple comparaison des passages de Du Bartas et de Le Fèvre sur la boussole
montrent que ce dernier ne cherche aucune figure et entasse plutôt les informations.
83 : la disposition du livre métallurgique est celle de tous les livres : éloge d’un inventeur,
puis histoire de l’invention de l’Antiquité au XVIe siècle.
La Galliade ou De la revolution des arts et sciences, Paris : Guillaume Chaudiere, 1582.
119 La signature grecque anagrammatique de Guy LFDLB est « Le Saint David revit
orphiquement (Ophikôs) en Guy ».
132 : selon les strophes d’une ode de Nicolas Le Fevre, frère de l’auteur, les « révolutions »
en question sont le cycle des quatre éléments et des saisons. Succession des contraires.
153 : le titre de « Galliade » entend faire concurrence et non prolonger L’Iliade.
161 : « Galal, dont est deduit le mot de Galliade, signifie retourner & reployer », dit une
manchette. C’est pourquoi la Galliade est composée en cercles.
277 : Cercle Second. Marge : « Magog est ainsi dit Mingag, du Toict, pour l’invention de
couvrir et bastir les maisons ».
279 : GLFDLB suit dans l’invention du feu Vitruve (II, 1, pour qui c’est aussi l’occasion
d’apprendre la parole), et Pontano, Urania, I (parole également).
V. 43 « Adonc sortit le feu des fourneaux, que la terre
En son sein caverneux retient, clost, et en serre,
Soit que des vents soufflans vis-à-vis par courroux,
Par fortune et rencontre il fust du Ciel secoux, [c’est l’hypothèse Vitruve]
Ou soit qu’il fust tiré du caillou plein de veines
Par art et industrie, et par forces humaines :
Tant y a qu’il se print aux fueillards assechez
Qui estoient par monceaux dans les bois épanchez… »
p. 280 : peu à peu les hommes s’accoutument au feu, mais on ne saura pas comment.
v. 65 « Du depuis peu à peu en usages divers
Le feu fut employé l’Autonne et les Yvers,
Tant qu’en fin fut contreint en la fornaise vuyde [le creuset]
A la fonte éprouver chasque metal liquide,
Et de faire vomir aux forges promtement [pas très mélioratif]
Du fer et de l’acier l’escume et l’excrement.
De là le courbe soc, les marres, et le coutre
Dequoy le Laboureur le sein de la terre outre :
De là les courbes fauls, et l’aceré trenchant
De la hache et congnee, et le vouge penchant
Dequoy le Bucheron abbatit les gros Chesnes,
Le Tilleul… » [suivent toutes les essences d’arbres du monde].
Bref, le poète connaît très bien les outils agricoles mais reste très approximatif sur ceux de la
métallurgie. De même à partir du vers 91 les outils de l’architecture.
285-6 : Il faut bien choisir où bâtir lorsqu’on est architecte : or la Gaule est le lieu idéal.
v. 195 « Mais le riche terroir, ny les forests et bois
des Ethiopes noirs, des Séres, ny Medois…
201 Ne peuvent s’egaller en honneur ny en los [egaller la Galliade]
Au terroir de deux monts, et de deux mers enclos [trois monts et trois mers même
maintenant],
Au beau terroir de Gaule… »
Le poète vante les champs et les fleuves, les villes et les ports bien avant les mines.
v. 272 « Tant de concavitez des cavernes sauvages,
Tant et tant de rochers, tant et tant de façons
De marbres, de quarreaux, que l’œuvre des Maçons
Peut changer en Palais : tant et tant de carrieres,
Tant de mines de fer, tant et tant de perrieres,
Tant de hauts monts pendants qui voisinent les Cieux,
Tant de forests et bois à merrain precieux, [bois de construction]
Tant de prez verdoyans, tant de belles collines,
Et aux bords de la mer tant de riches sallines
De non moindre valeur au Roy de nostre gent
Que sont aux autres Roys mines d’or et d’argent. » cf André Mage, le sel est en rivalité directe
avec l’or. En somme dans tout ce passage la fierté du poète n’est pas tant la mine que tous
les métaux précieux qu’on en tire, alors que l’industrie minière est une fierté géopolitique à
l’époque, en tout cas militairement… Refus de chanter les exploits guerriers = refus d’évoquer
les mines ?
289 : là il délire :
v. 291 « Et quoy ? ne void on pas or’ à la Normandie
En Dïamans ceder et la Perse et l’Indie ?
Quel roc diamantin est plus beau rencontré
Aux Indes d’Orient, qu’au terroir de Hartré,
Où lon a découvert la Roche toute entiere
Eclattant en splendeur de durable matiere ».
306 : est décrit le travail des stucateurs
308, v809 : travonaison (dans un contexte de planchers)
126 la nomenclature technique n’est pas un langage : ses termes sont « autolimités » parce qu’ils
veulent décrire une réalité précise. Or « le poète ne s’approche pas de la machine en technicien, mais
en homme, dans le sens le plus complet du terme ». « Vaut-il la peine d’apprendre le vocabulaire
technique » ? Si les techniques sont des « produits culturels absolument éphémères », alors elle ne
dit rien de la nature humaine profonde.
127 Pour Leconte de Lisle l’alliance de l’homme et de la technique signifie la fin de la poésie : « J’ai
beau tourner les yeux vers le passé, je ne l’aperçois qu’à travers la fumée de la houille, condensée en
nuées épaisses dans le ciel ; j’ai beau tendre l’oreille aux premiers chants de la poésie humaine, les
seuls qui méritent d’être écoutés, je les entends à peine, grâce aux clameurs barbares du
Pandémonium industriel. »
Esculape et Dionysos
Jan Baetens, Cent fois sur le métier, Paris-Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2003 :
poèmes qui décrivent des métiers. Genre très en vogue aujourd’hui.
Pierre Lartigue, La Forge subtile, Paris : Le temps qu’il fait, 2000. Encore une forge image de
l’écriture poétique, qui s’appuie d’ailleurs sur des sources de la Renaissance italienne.
Poétiques de la Renaissance, chap. premier, Jean Lecointe : « La poésie parmi les arts (XVIe
siècle) ».
70 Une sorte de « théologie politique », qui dispenserait des savoirs à travers des symboles,
s’accorde avec l’ambition encyclopédique de la poésie de la Renaissance, tout en traçant les
linéaments d’une « culture générale » réticente à la spécialisation, voire à la technicité
« mécanique » et indigne de l’honesta disciplina ; la compétence universelle du poète, que
Scaliger place en tête de sa Poetice (1561), n’implique pas de connaître toute l’histoire
naturelle qu’il ne faut traiter que breviter ac parce. Pour Vida, sans avoir exploré les terres de
la science, le poète se contente d’en connaître les « ports ». Lecointe : « la poésie suppose-t-
elle vraiment un savoir universel ou seulement un savoir de l’universel ? »
617 dans « Les arts plastiques dans la poésie latine en France au début de la Renaissance » par
Perrine Galand-Hallyn : Ce sont les juristes qui s’y intéressent le plus : André Tiraqueau, en
1549, « étudie la question de la dérogeance, pour savoir si les nobles pourraient pratiquer la
peinture, en plus de la verrerie ». C’est vers 1575 que la peinture n’est plus un art mécanique.
Vigenère en est un témoin…
Commentaire… sur le Tresor des tresors de Christofle de Gamon, c’est un traité d’alchimie.
3 « Je veux voler plus haut qu’onq ma plume n’a faict », l’alchimie c’est un peu la géorgique
de Gamon. « Poëme doré ».
7 finalité de al chrysopée : « …pour sobrement vivre, et le pauvre assister ». et 147 « Pour
pouvoir tous les jours cent mile hommes nourrir ». et 163 « … pour montrer aux mortels /
Combien plus seront beaux les biens spirituels ».
14 « Nature se faschant de l’Humaine nature / Cacha l’or precieux dedans la Terre obscure »,
ici il ne s’agit pas de pudicité comme dans Le Microcosme…
18 Semble discréditer l’alchimie toute entière ! « L’on s’est enquis plustost d’où le metal
provient / Que pourquoy tant caché Nature le detient. »
30 Le commentaire est absolument passionnant et recèle des liens vers d’autres textes. le
poème, lui, semble mettre en vers le commentaire de Simon Goulart sur La Semaine de Du
Bartas, ce qui pose de nombreux problèmes vu que Gramon a écrit un « Contre Du Bartas »…
39 Les bons alchimistes sont comparés à Jupiter changeant en or pour approcher Danaë, et les
mauvais des « Acteons en cette chasse Spagirique, & un nombre infini de Vulcans cornus en
la forgerie alchimistique »
56 Il parle des nymphes des grottes. Pour le commentaire, c’est clair : il s’agit des « démons »
que Agricola remarque dans les mines (ici je pense qu’il délire un peu plus qu’Agricola),
preuve que les Anciens n’avaient pas tort d’y voir des créatures…
59 Chercher l’or dans la mine est une curiosité coupable pour Gramon, « Le martel au
cerveau, le marteau en la main ». Signe d’obsession mentale, alors que l’alchimiste peut avoir
de l’or plus subtilement.
123 Le mauvais alchimiste est « lachrymiste »
135 Le bon alchimiste est « L’Ouvrier ».
Ronsard, Le Premier livre des Amours, sonnet CXLVII, réécriture de la belle matineuse en
femme qui fait arrêter l’orage et cesser « les marteaux des Cyclopes » dans la « forge
cognue ». Interruption de l’élan épique qui caractérise les poèmes amoureux de Ronsard. Pour
Ronsard la forge de Vulcain est un cadre mythologique récurrent.
Jean de la Gessée, Les Premières Œuvres françoyses, tome 1, Google Books, 1583. p. 695,
forge métaphore du combat, « Monomachie d’Amadis et de Gadaran », dans le 6e livre des
Meslanges. 5 vers.
Jean Passerat, Recueil des Œuvres poétiques, Google Books, 1606, « Stances sur la différence
de Jalousie et d’Amour », p. 34-35, 6 vers sur Vulcain mari jaloux.
Jehan Tagaut, « Quatorze odes », dans Odes chrestiennes, c’est-à-dire cantiques, Google
Books, 1556, p. 19, 16 vers sur même thème.
Le « Discours de l’alteration et change des choses humaines » laisse entendre ce vers p. 745
« Femmes, enfans, artizans, serviteurs », qui place bien les artizans dans une certaine
compagnie qui n’est pas celle où se situe le poète.
« Discours à odet de colligny, cardinal de chastillon », p. 836 : les rôlse dans la société sont
un jeu, thème baroque étonnant chez Ronsard. « mercadant » hapax. 4 vers
p. 837 « L’Excellence de l’esprit de l’homme, preface sur Tite Live, traduit en françois par
Hamelin » : v. 45 les artizans sont placés au troisième rang de la société, après les Sénateurs et
les marchands, et avant la « Populace ».
Dans Les Regnars traversant les perilleuses voies des folles fiances du monde,
Vue 99, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15106066/f99.item.r=regnars%20traversant
Les arts de la forge sont réputés peu fiables, vanités, parce que l’artillerie les condamne à une
mort inéluctable qui est une véritable leçon chrétienne (retournement très étonnant de la
valeur morale des arts respectifs de l’armurerie et de l’artillerie).
À la page suivante Bouchet appelle « architethonique » la fonderie. Leur vanité est que la
moindre erreur fait tout perdre.
1506, un livre publié à Lyon par Jehan Petit, les Sylves de F. Battista Mantova (1447-1516,
Baptistae Mantuani sex opuscula sylvarum). F. CX les Chalybes sont décrites dans la note de
l’éditeur anonyme parce que cités dans le poème dans la page précédente. C’est une très
longue élégie, Elegia de pugna Virtutis et Fortunae (ad Falconem scripta, parce que c’est dans
le recueil des Epigrammata ad Falconem). Vers 85 à 90, la vertu forge une muraille que la
Fortune n’atteint pas, allégorie de l’âme stoïque. (Pour comprendre ce texte
http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus%3Atext%3A2011.01.0559%3Asection
%3D1%3Asubsection%3D76 il faut lire Aegida comme Aegide, c’est un mot à déclinaison
grecque, gare).
Enéide :
Livre III, v. 550 et suiv., l’Etna est le lieu de Charybde et Scylla, ainsi que du Géant Encelade
qui est enfoui. Fournaise etc.
Livre VIII, v. 370-453 pour la forge et v. 608-fin du livre pour l’ekphrasis, le « non enarrabile
textum » du « clypes ». Séparés par le discours d’Evandre.
Des Masures, L’Énéïde de Virgile, Lyon, J. de Tournes, 1560 (bcp d’éditions différentes, Du
Bellay a fait un sonnet liminaire ici)
p. 160 « il desgorge […] les parts du roc » traduit « viscera montis / Erigit eructans ».
p. 416 Le discours de Vénus est vu comme attisant les flammes de la fournaise, les réactions
passionnelles de Vulcain sont comparées à un éclair de désir qui jaillit des nuages.
Les Iliades de Homere, poete grec et grant hystoriographe . Avecques les premisses et
commencemens de Guyon de Coulonne souverain hystoriographe. Additions et sequences de
Dares Phrigius, et de Dictys de Crete. Translatees en partie, de latin en langaige vulgaire par
maistre Jehan Samxon licentie en loys, lieutenant du bailly de Touraine, a son siege de
Chastillon-sur-Yndre. Paris : Jean Petit, 1530. C’est une traduction en prose.
Schmidt, V. "Dans La Chambre D'or De Vulcain (à Propos De Virg. En. 8, 370 Sqq.)."
Mnemosyne Fourth Series 26.4 (1973): 350-75. Web.
350 Enéide 8, 370 sq., Vulcain forge les armes d’Enée. Pour ce passage, deux
sources homériques : Il., 14, v. 292-353 (la Dios apatè, ruse divine, Héra séduit Zeus
pour le divertir) ; d’autre part Il., 18, v. 369-467, Thétis auprès d’Héphaïstos.
351 Virgile a condensé les 169 vers d’Homère en 37. L’affaire et les malheurs privés
et très personnels de Thétis et d’Héra sont changés en une affaire publique, celle du
destin des énéides qu’il faut préserver pour obéir aux vues de Jupiter.
360 Vulcain de Virgile surenchérit sur Héophaïstos d’Homère. Les armes de fer et
d’electrum surpassent celles de bronze, d’étain, d’argent et d’or qu’on trouve dans
L’Iliade qui ne connaît pas le fer (l’electrum n’appaît que dans L’Odyssée).
Le travail de Vulcain, dès tôt le matin, v. 308 sq., a pour source L’Il., 12, v. 433 sq.
avec un tertium comparationis : Apollonius, 3, 291 sq.
365 Ce passage est teinté d’une ironie dépréciante vis-à-vis de Vulcain, dont l’atelier
n’a plus la féérie et la magie de celui d’Héphaïstos (avec ses meubles qui bougent
tout seuls etc.)/ Vulcain est un simple « chef d’atelier » qui répartit le travail parmi ses
ouvriers. Ignipiotens est de sens ironique.
368 De manière générale Virgile veut donner de la dignitas et de la caritas à ses
dieux.
Rajko Djuric, Les Disciples d’Héphaïstos, trad. Du serbo-croate Mireille Robin, Troyes :
Librairie bleue, 1994.
10 « Arrivée d’Héphaïstos » : « n’attends pas de louange pour le travail accompli / telle est
notre loi »
Traductions de Virgile et d’Homère à surveiller : Jean Bertaud, Versions de Virgile, 1619 ; Des
Masures, L’Eneïde de Vergile ; Le Chevalier d’Agneaux, Aeneide de Virgile, 1582 ; Claude
Malingre, Aeneide de Virgile, 1618 ; Saint-Gelais, Les Enéydes, 1504.
Traductions d’Homère : Sébastien Castellion, Homeri Opera, 1567 ; Du Souhait, L’Iliade,
1617 ; Portus, Homeri Ilias, 1609 ; Hugues Salel, Les Iliades d’Homère, 1570 ; Samxon, Les
Iliades, 1530 ; Jean de Sponde, Homeri quae extant, 1583.
La Henriade de Sébastien Garnier : le poète décrit le bouclier d’Henry qui s’apprête à
combattre Charles de Lorraine.
Dans l’édition des Missives de Mesdames des Roches de Poitiers (mère et fille), Paris,
Abel l’Angelier, 1586, f. 41r. et suiv., se trouve la trad. du poème Le Ravissement de
Proserpine, de Claudius Claudianus, Ve siècle ap. J-C. C’est une épopée imitée de Virgile et
qui cite les cyclopes comme Virgile. Les prairies de l’Aetna (f. 45 r.) y jouent un grand rôle et
servent de lien à des « imitations » à la fin du recueil, qui utilisent les flammes de l’Etna pour
en faire un locus amoenus de l’amour. En fait Proserpine est enlevée sur l’Etna dans les
Fastes d’Ovide, récit plus conventionnel que Les Métamorphoses, V, 341-571. C’est pour la
fête de Cérès, les ludi cereri.
f. 46 v° : Vénus, Pallas et Diane se rendent en Sicile :
Elles voyans le lieu si beau & si plaisant,
Où paroist de Ceres le palais reluisant,
Regardent à l’entour & le marbre & l’yvoire
Et l’electre & l’airain qui du temps ont victoire.
Les murs sont rehaussez, redoublez, rafermis
Par les ouvrieres mains des Cyclopes amis.
Au-dedans du logis les portes sont ferrees,
Et de chaisnes d’acier plus fortement ferrees.
Sterope & Piracmon jamais n’ont travaillé
Avec plus de sueur, ny le fleuve mouillé,
Metal plus endurci. Par ceste grande espace
Proserpine chantoit d’une mignonne grace,
Et pour sa Mere absente elle tissoit en vain
D’un art laborieux & d’une docte main
Une toille admirable. (suit une ekphrasis)
52 r° : la sortie à la surface de Pluton interrompt le travail de Vulcain :
Les rocz Siciliens, & tous ceux de Lipare
Resonnent effroiez. Mulciber qui s’esgare
Autour de ses fourneaux jette de touytes parts
Tenailles & marteaux, & les foudres espars.
65r incendie final :
Tout le mont retentit, & Mulciber travaille,
Afin que la vapeur estouffante s’en aille.
Rien, dans les Imitations qui suivent, n’imite ce dieu au travail.
Arioste, Roland furieux, vol. 1, trad. Jean Fornir de Montaulban, Anvers : Christophe Platin,
1555.
f. 17 v° :
D’un brave assault la guerre est demenee,
Entre ce pair de Chevaliers gaillard :
Chaque brant bruit, hault & bas demenee,
Que le marteau de Vulcain va plus tard : [je ne comprends pas ce « que » : demander à MM
Quand maint un fouldre en l’antre qui tout fume,
A Jupiter forgé sus son enclume.
Claude Du Pré, Pratvm Clavdii Prati: continens anthologiam, epistolarum, orationum…, Jean
Libert, 1614, p. 97 : « Regrets de la deesse Venus sur sa conjunction avec Vulcain ».
Cela commence par un locus amoenus : « C’estoit au temps plus beau de toute la carriere… »
Or ce locus amoenus est immédiatement désenchanté :
La Cytheree un jour de ce temps gratieux
Atteinte fut au cœur du sejour ennuyeux
Qui ja par un long temps l’essourdoit environ
L’antre Sicilien du boiteux forgeron.
Ou sans jamais cesser des Cyclopes la force
Rouant à tour de bras le dur metail efforce…
Suit une longue plainte de Vénus, bel exercice oratoire où les accessoires rituels de l’hymen
deviennent des signes funestes. J’aime p. 98 l’expression : « Ce boiteux contrefaict & de nul
entretien », parce que cela suppose qu’on ne parle pas avec Vulcain…
François Le Poulchre de La Motte-Messemé, Les sept livres des Honnestes Loisirs, 1587, p.
9 : dans la Lune, sur la différence des conditions humaines, attribue la condition de Prince au
désir de gloire :
… Les autres au contraire,
N’ayans soing qu’amasser avares des deniers,
Du labeur de leur terre emplissans leurs greniers,
Ou bien ne s’amusant qu’en choses les plus villes,
Remplirent artisans les boutiques des villes,
Serruriers devenus, Marechaux, Portefaix.
De l’inégalité de ces susdicts effects, etc.
Jean Bertaut, Œuvres poetiques, 1601. « Discours funebre sur la mort de la Royne mere du
feu Roy »
93 v° montre bien qu’il s’agit de s’inspirer de Ronsard : « On fait tort à Ronsard, tant s’en faut
qu’on l’honore… »
112r° « Sur les figures de marbre & de bronze qui sont au petit jardin de Fontainebleau »,
c’est le dernier poème du recueil :
Toy qui vis affamé de voir un bel ouvrage,
Assouvy maintenant ta genereuse faim,
Voicy les plus beaux traits dont le cizeau Romain,
Ou la fonte Gregeoise ait orné le vieil age.
Jean Bosquet, Reduction de la ville de Bone, par Messire charles, Duc de Croy. Raconte en
1599 un événement de 1588. À un banquet un poète dit (vue 121
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54600m/f121.vertical ) :
J’espère un jour, Seigneurs, sur ma poetique enclume
De vos nobles valeurs forger quelque volume,
Duquel l’acier frappé sur le coing des Croy
Rendra de … les peuples …ïs (illisible).
Hécatomgraphie de Gilles Corrozet, chez Denys Janot, 1540, éd. Oulmont 1995
p. XXV-XXVI : « Gilles Corrozet parisien aux bons espritz et amateurs de lettres »
Voulant, Seigneurs, ce petit livre faire,
Pour au vouloir des muses satisfaire,
J’ay à part moy pensé bien longuement
A ce qu’on dict assez communément,
Qu’ilz sont assez, voire trop de volumes,
Tant d’imprimez que d’escriptz par les plumes,
Et que plus sont de livres que lecteurs,
Plus de lecteurs que vertueux facteurs,
Plus d’escripvains & plus de bien disantz,
Que d’auditeurs & que de bien faisantz ;
Cela pensant, ma main qui estoit preste
Pour commencer à escripre, s’arrête,
Joignant avecq la sentence première
Qu’on ne mect riens maintenant en lumière,
Qui n’ait esté ou veu ou deguisé.
Mais, en voyant que n’est poinct desprisé,
Le bon ouvrier qui l’ouvrage varie,
Comme un orfevre en son orfavrerie,
Qui d’ung argent faict ung pot, une ymage,
Puis en changeant & deguisant l’ouvrage,
Il en faict tout ce qui luy vient à gré.
Ainsy suyvant celluy en mon degré,
Je ne doibs pas aulcun blasme encourir, etc.
p. XXVII : il a mis des gravures :
Ainsi ay faict, affin que l’œil choisisse
Vertu tant belle, & délaisse le vice,
Aussy pourront ymagers & tailleurs,
Painctres, brodeurs, orfévres, esmailleurs, [Tout en italique. Indique une pratique d’époque
Prendre en ce livre aulcune fantasie,
Comme ilz feroient d’une tapisserie.
p. 22-23, le poème « De tribulation vient prospérité », avec une gravure de forge cassée !! Les
vers dans l’emblème :
C’est ma vie & ma soustenance,
Quand en moy brusle ung feu ardent,
Mais si le feu se va perdant,
Je péris en grand desplaisance.
p. 23 : Souventes foys prospérité
Procède de l’adversité,
Et de la tribulation
Vient grande consolation.
Le feu en monstre la manière,
Auquel est substance & lumière ;
La substance est chaulde & ardente,
La lumière est clère apparente,
La grande ardeur note tristesse,
Et la clarté joye & liesse.
Et comme après nuyct sans séjour,
Succède le cler & beau jour,
Tout ainsi la joye succède
A douleur dont elle procède.
La forge en faict la clère preuve ;
Sy grand feu en elle se treuve,
Elle en sera mieulx soustenue,
Du maistre dont elle est tenue,
Et tant plus elle bruslera,
Tant mieulx soustenue sera ;
Si nous sommes doncq tourmentez,
Et par adversité tentez,
Nous debvons avoir l’espérance
Qu’il en viendra joye & plaisance.
p. 38-39, « Noblesse de science », loue Achille le noble mais aussi Homère qui l’a chanté :
« J’en dy autant du facteur poétique, / De toute esprit bon & scientifique, / Qui, pour ses dictz,
mérite honneur & gloire. »
p. 135, « S’aider de tous ses membres », faire feu de tous bois :
Et tout ainsi qu’ung ouvrier bien subtil
Ne treuve poinct jamais maulvais oustil,
Et mect s’il peult toutes pièces en œuvre,
Semblablement l’homme prudent recoeuvre
Tousjours secours, quand il veult par raison
Se gouverner selon temps & saison.
« Beauté compagne de bonté », p. 164-165. Les vers intégrés à l’emblème :
Comme la pierre précieuse,
Est à l’anneau d’or bien conjoincte
Ainsi la beaulté gracieuse
Doibt estre avecq la bonté joincte
Et les vers sur la page d’à côté :
La pierre bonne,
A l’homme donne
Joyeuseté,
Quand la personne
A voir s’adonne
Sa grand clarté,
Mais sa beaulté,
Et dignité
Augmente quand l’or l’environne,
Que je compare à la bonté
Pour sa très grande utilité,
Qui à telle vertu consonne.
Forme élégante,
Beaulté patente
De personnage,
Du tout augmente,
Se rend luysante,
Quand il est sage,
Non au visage,
Mais au courage,
Reluyct la bonté excellente,
Et alors c’est ung chef d’ouvrage,
Quand on est très beau de corsage,
Et qu’au cueur est vertu latente.
£Alchimie
Sonnets spirituels, par Jacques de Billy, Paris : Nicolas Chesneau, 1573.
« Les tromperies du monde sous la personne d’un penitent », p. 156 r°-v° :
Mais tout ainsi qu’on voit ces charlatans,
Par leurs fourneaux d’enrichir promettans
Ceux qui trompez estiment l’alquemie
Estre vraye art, & non pure folie,
Du premier coup quelque somme doubler
De petit gaing, qui les fols ensorcele,
Pour puis apres du tout les accabler,
Et tous leurs biens leur tirer dessous l’aile.
Ainsi me feis, usant de ton mestier,
Fort beau recueil à l’abbord le premier,
Ne me monstrant, par externe apparence,
Que tout amour, douceur, & bienveillance.
Mythologie, càd explication des fables… extraite du latin de Noel Le Comte. Lyon : Paul
Frelon, 1607. C’est la trad. Natalis Comitis Mythologiae, sive explicanationis fabularum libri
decem…, Genève : Stephanus Gamonetus, 1602. Càd « Natale Conti » écrit-on en français
moderne.
« Explication physique de Vulcain » p. 1021
« Vulcain est dict fils de l’air, dautant que l’air extenué se convertit en feu. Ainsi cette fable
signifie les mutuels changemens des elemens. Or ses parens le jetterent hors du ciel à cause de
sa deformité ; pource que le feu qui s’amasse és nues, & conste d’une grosse matiere, est aussi
grossier et deforme au prix de celui qui est placé en la plus haulte & plus pure region de l’air.
Thetis & les Nymphes marines le recueillirent & esleverent ; car d’elles s’engendre la nature
de la foudre & des feux celestes qui se font és nues. On dit qu’il forgeoit les foudres de
Jupiter, dautant que cette vapeur de laquelle s’entassent & s’escachent les foudres, s’esleve &
s’engendre par la chaleur. Voila comment par cette fable ils enseignoient la nature des
Meteores. Cettui-ci mesme amoureux de Minerve espanche en terre sa semence, pource que la
chaleur d’en-hault ne parvient pas jusques ça-bas avec sa purité, ains se peslemeslant avec une
plus grosse matiere, devient impure & avance la generation de toutes choses. »
« Explication morale. »
« Vulcain boiteux, mal dispost de jambes, & sans valeur, envelopa dans un filé Venus & Mars
viste de pieds & tres-vaillant Dieu des armes : parce qu’il n’y a force ni puissance qui soit
bastante de garantir les meschants de la juste vengeance de Dieu. Et pourtant par cette
traditive ils exhortoient les hommes à integrité & innocence, & les destournoient de tout acte
vilain. »
p. 83 il y a une traduction de Callimaque « au bain de Delos », 8 vers sur la forge de Vulcain.
p. 133 Il y a un chapitre « De Vulcain », c’est le chap. 6. p. 134 rappelle que Cicéron, De la
nature des dieux, donne plusieurs Vulcains, de plusieurs traditions différentes, Opas chez les
Egyptiens, etc. p. 135 traduction de l’hymne homérique d’Apollon, qui raconte la chute de
Vulcain, quelques vers mythologiques. Et Platon, Rep., 2 : « Il fault contraindre les Poëtes de
n’user de propos absurdes : comme de dire que Junon ait esté enchainee par son fils, &
Vulcain precipité par son pere. »
138 le mythographe donne pour source de la répartition Lipare = île de Vulcain et Strongyle =
île d’Eole (répartition qu’on trouve dans les Argonautes IV mais aussi Juvénal, satire 13) les
Commentaires d’Agathocle [qui est-il ???], qui parleraient de forge.
Dans tout ce livre les vers cités sont traduits en français, même le livre 8 de l’Enéide, p. 139,
dans une traduction qui est celle de Le Chevalier avec 2 mots changés en 18 vers.
140 « De ce passage il appert où c’est que Vulcain tenoit sa boutique, quels personniers &
serviteurs il avoit, & quelle besongne ils forgeoient.
Rappelle aussi l’hymne homérique de Vulcain, qu’il faudrait peut-être aller voir… :
Douce Muse chantons Vulcain l’ingenieux,
Qui se joignant jadis à Minerve aux pers yeux,
Aux humains enseigna tant d’inventifs ouvrages :
Qui lors vivoient encor comme bestes sauvages
En des trous caverneux pour le froid eviter.
141 je suis stupéfait d’entendre parler des « enfants de Vulcain » : « Ardale, qui bastit à
Troezene une sale basse pour les Muses, & fut inventeur de la fluste & flageollet : Brothee,
qui se voiant mocqué de tout le monde à cause de la laideur de sa bouche, se jetta dans le feu,
aimant mieux mourir que de se voir toute sa vie exposé à la risee d’un chascun : Corynet,
AEthiops, qui fit porter son nom aux AEthiopiens, au lieu qu’on les nommoit auparavant
Aetheriens, comme dit Aristote au 4. Livr. Des rivieres » etc., très long.
146 Natale Conti cite ici une épître qu’il a écrite en latin contre les alchimistes, je ne sais pas
si celle-ci a déjà été traduite :
Art qu’un homme de bien ne peut voir de bon œil,
Art trompeur, plein de dol, que tu mets au cercueil
Doucement & sans bruit celui qui fol s’amuse
A tes subtils appasts ! qui circe, qui meduse
Par tes enchantemens & charmes doucereux !
Penses tu surmonter nature par tes feux ?
Quelle rage est ceci ? de loing elle te quitte,
Et trouves que ta peine est à neant reduitte.
Le feu boit tes travaux, le vent boit tes sueurs.
Elle deçoit tes yeux par cent & cent couleurs,
Par maint trompeur object, par mainte faulse forme.
Ainsi comme Proté quant il veut se transforme
Or’ en eau, or’ en feu, or’ en hideux serpent,
Or’ en roche, or’ en arbre, or’ en beste, or’ en vent.
Tu fais alambiquer ton bien à la fournaise,
Que la fumee en l’air evapore à son aise.
Qu’engendrent ces fourneaux ? une peste, un venin,
Un desir detestable, une enragee faim
A ce pauvre idiot, qui court à gueule bee
Apres l’or & l’argent : une rage enflambee,
Un triste desplaisir, un cuisant creve-cœur
Qui ronge ceux desquels elle a trompé l’ardeur.
Vid-on jamais aucun pris de telle manie,
Que l’ire vengeresse apres ne le manie ?
Dieu punit tel meffaict & leur temerité
Les contraint à la fin par grand mandicité
Courir à l’hostel-Dieu. Un œil plein de chassie,
Un front de crasse hideux, une barbe espaissie
Leur affre le visage ; un habit enfumé,
De vapeurs de charbon salement perfumé.
S’ils manquent au besoing, d’une menteuse fourbe
Ils paient resolus la trop credule tourbe.
Ils sçavent le moien de convertir Mercur,
Le metamorphosant en lingots d’or fin pur.
Mais si ces alterez tiennent en leur cordelle
Quelque homme bien renté, qui ait bonne escarcelle,
La bourse trop pesante, & croie de leger,
{147} Ils ont l’invention de la bien alleger.
Mais il verra qu’en fin leur fournaise importune
Le contraindra courir une mesme fortune,
Le faisant eschouët contre un semblable escueil,
S’il se peult à la longue eschapper du cercueil.
147 Il cite Suidas, qui a un argument pour l’alchimie égyptienne en particulier, mais « tout ce
que dit Suidas n’est pas texte d’Evangile ». Ensuite Mars.
Il faut comprendre que l’alchimie est un art et un savoir-faire impossible à vulgariser. Certains
secrets de l’art, dit le poète, ne doivent pas être révélés, « [s]inon qu’ilz soient d’une
ambiguité /
Enveloupez, & pleins d’obscurité » (f. 62 v°-63 r°). La poésie alchimique est alors tout le
contraire
de celle d’un Peletier : elle ajoute volontairement de l’obscurité à sa matière.
La proprietas étant inaccessible au poème alchimique
(les métaux les plus nobles doivent être nommées par des moyens détournés, comme l’ont fait
les
Anciens), l’illustration sera de facto interdite à un tel sujet, au temps de la Pléiade (f. 63 r°) :
Et mesmement ces miens escripts & vers
Sont (mais bien peu) de mensonges couverts
Et ne croy pas que ce que je recite
En verité totalement consiste
Lors que je tasche a conduire en usage
Cest art secret soubs ambigu langage
En declairant selon reigles, & droicts
Loix, & statuts de cest art fort estroicts
Par quel moyen, & subtile manière
Experience on doibt mettre en lumiere.
Frank Greiner, Les Métamorphoses d'Hermès. Tradition alchimique et esthétique
littéraire dans la France de l'âge baroque (1583-1646), Paris : Classiques Garnier, 2018
[mais cette thèse a été soutenue sous Daniel Ménager en 1995...
57 Trois ensembles de poèmes alchimiques : d'abord les rimes alchimiques, qui sont à la
fois mnémotechniques et se servent de l'harmonie imitative. 59 On redécouvre au XVIe
la valeur esthétique des poèmes alchimiques médiévaux ce qui justifie la réédition des
trois traités De la Transformation métallique.60 Ensuite, certains poèmes ont une visée
« incantatoire », comme Augurelli ou Nuysement. Ambiguïté de cette catégorie où la
magie n'est plus alchimique mais poétique. 61 Enfin, des poèmes où l'oeuvre n'a plus
rien d'une recette mais constitue seulement une métamorphose esthétique et spirituelle.
62 l'alchimie est alors celle du coeur et la poésie alchimique est poésie amoureuse.
81 « l'image philosophale a manifestement changé de fonction au cours de son transfert
du manuscrit à l'imprimé » ; les icônes alchimiques sont désormais « sur le seuil des
textes ».
151 Qui lit des ouvrages d'alchimie ? D'abord des pharmaciens, aucun populaire,
magistrats, religieux, ou même coutisans.
363 « Le XVIe sièce vit fleurir de nombreux écrits poétiques qui contribuèrent imposer
l'alchimie comme un sujet d'inspiration littéraire. » Les fleurs du style comptent alors
autant que le contenu.
371 Il fait sur Augurelli le commentaire qu'il s'agit d'un « livre-labyrinthe », augmenté
encore par la faconde d'un Habert qui doublerait le volume du poème [mais dans un vers
deux fois plus court !
383 La théorie ficinienne inspirée de Platon et Pythagore fait de la poésie le fruit d'un
esprit plein d'une harmonie céleste et divine. « De ce point de vue, la poésie serait l'un
des meilleurs véhicules de la vérité et, pour la littérature scientifique, un moyen
d'expression incomparable, puisque tout en désignant précisément les choses, elle
établirait entre elles et leurs signes un lien quasi organique, une relation nécessaire et
mélodieuse. »
393 Les deux poètes français de la chrysopée arrivent bien tardivement (Gamon et
Nuysement) ; c'est qu'il fallait attendre que l'alchimie ne soit plus la chasse gardée de
telle ou telle tradition scientifique.[ suivent quinze pages de remarques faciles et
douteuses sur Gamon, rien par exemple sur ses sources scientifiques
405 Gamon use et abuse des « figures de nombre », paronomases, épanalepses,
anaphores, tout ce qui donne un rythme. Très belle épanalepse : « Nature se faschant de
l'humaine nature... »
François Habert, La manière de trouver la pierre philosophale aultrement que les anciens
Philosophes, avecques le Credo de la catholique eglise, Paris : Denis Janot, 1542 [Bern,
Universitätsbibliothek, Bong V 270].
A ij r° « À monseigneur le reverendissime cardinal d’Allebrot messire David Breton, Fracoys
Habert son humble et obeissant, Salut. »
A iij v° la pierre philosophale, dans un poème liminaire expliquant le thème, s’oppose à la
pierre des « gentilz », « philosophes » « trop subtilz », et aux pierres précieuses connues,
diamant etc. Le colophon de ce poème, A iiij v° : « Sans la pierre philosophale nous ne
pouvons avoir la vie aeternelle. »
A iiij r° : poème liminaire de Habert : la pierre philosophale est la pierre que Jésus donne à
Pierre : « sur cette pierre… »
Le début du poème est clair, il ne va guère s’agir d’alchimie : « Veu que la pierre (ainsi que je
l’explique) / N’est rien sinon que loy evangelique ». A v v°
B v r° :
Doncques il fault par vertu de la pierre
Philosophale, et ensuyvant sainct Pierre
Abandonner tous les plaisirs charnelz :
Et pourchasser ceulx qui sont aeternelz,
En ce faisant il convient militer
Contre le mal, au vice relucter
B vi r° D’ung cueur ardent, d’ung couraige qui vaille
Pour maintenir tousjours ceste bataille :
Mais ce n’est pas ung conflit de dieu Mars
Pour prendre en main dagues et braquemars,
Encores moins ung conflict de Venus,
Pour esmouvoir contre Mars Vulcanus,
C’est ung conflict que l’apostre divin
Nous a appris qu’il ne fault mectre en vain…
f. vii r° Suit le « Credo de la Catholique Eglise ». Il y a des bois pieux. C’est une paraphrase,
vers par vers, du credo. « Credo in deum » :
Je croys en dieu, non point en Juppiter,
Non point en Mars, Mercure ou Vulcanus
V° Ou Cupido, je le veulx despiter
Avec son arc et sa mere Venus…
f. C v r° « Cinq Ballades Evangeliques »
f. D iiij r° « Dixain a tresillustre princesse Marguerite de France, sœur unique du Roy
Francoys premier de ce nom »
Philippe Morel (dir.), L'Art de la Renaissance entre science et magie, Rome : Académie de
France à Rome / Somogy éditions d'art, 2006.
Introduction, Philippe Morel : XI-XXI
XI distinction science/magie est anachronique.
« Lo Studiolo di Francesco I e l'alchimia : nuovi conributi storici e conologici, con un
carteggio in appendice (1563-1581) », Valentina Conticelli, p. 207-268
Nous parlons de François I de Médicis dans le Palazzo Vecchio à Florence. Le tableau de
Stradano le représentant aux fourneaux alchimiques est repris par Philip et Theodor Galle, La
distillazione, après 1589, gravure, Florence, Bibliothèque nationale centrale. Biringuccio était
déjà très disert sur la distillation. Voir aussi Beccafumi, Vulcano e il Maestro si accingono a
raccogliere i metalli, xylogravure de 1530-1535, Rome. La conclusion de Conticelli (p. 224)
est que la décoration du studiolo a été guidée par des considérations « ésotériques ».
« Arte e alchimia negli ultimi anni del Parmigianino », Elisabetta Fadda, 295-324
William R. Newman, Promethean Ambitions. Alchemy and the Quest to Perfect Nature,
University of Chicago Press, 2004
“A note on terminology”, p. XIII : le mot “alchimie” signifie plus que seulement la chrysopée.
“Introduction : From alchemical gold to synthetic humans. The Problem of the Artificial and
the Natural”.
1 L’expression d’ “ambition prométhéenne” est de Jean-Paul II. 7 En fait les « bébés-
éprouvettes » sont un imaginaire qui existe dès le Moyen Âge (homunculus).
Les deux premiers chapitres retracent la querelle art/nature et ses rapports avec l’alchimie
dans l’Antiquité et au Moyen Âge.
Chapitre 3, 129 : l’alchimie prétend être la reine des « artes » précisément parce qu’elle n’est
pas une « ars ». 130 Biringuccio dira que l’alchimie veut contrôler ce monde et aussi le
suivant. Dans la suite du chapitre, Newman généralise le terme d’alchimie en parlant de
Palissy, etc. pantoufle.
Le chapitre 5 s’intéresse à la notion d’expérience : mais au XVIIe.
Barbara Obrist, « Art et nature dans l’alchimie me´die´vale », Revue d’histoiredes sciences,
N. 49, t. 2 (1996), p. 215-286.
215 L’exergue est d’Albert le Grand : « de tous les arts, l’art alchimique imite le mieux la
nature », Minéralogie, III, l. 2, 1250-1260.
216 Les procès en tromperie des alchimistes datent du XIIIe : au XIIe, on peut encore y croire
et l’accueil est plutôt favorable.
217 « Les vicissitudes de l’alchimie sont liées à l’impossibilité pour les philosophes du
Moyen Age d’établir entre la philosophie de la nature et le savoir artisanal un rapport
comparable à la relation dynamique entre théorie et données empiriques qui, aux yeux du
chercheur contemporain, caractérise la science expérimentale ».
218 L’artisanat du verre, nouveau, connut dans ces siècles (12-13e) un « essor spectaculaire »
sur lequel les théoriciens alchimiques s’appuient.
221 Elle analyse l’aristotélisme d’Albert le Grand comme une stratégie de légitimation de
l’alchimie, mais cet aristotélisme est bien autre chose… En tout cas elle parle des « artisans
alchimistes ».
226 Selon Obrist l’une des difficultés réside dans le fait que l’or effectivement produit par les
alchimistes ne résiste pas à « l’épreuve du feu », comme l’or naturel. 228 Mais
traditionnellement c’est plutôt l’incapacité des objets artificiels à se reproduire qui marque la
limite entre art et nature.
230 Avicenne, dans le De congelatione et conglutinatione rerum stipule qu’il n’est pas
possible à l’art de changer les espèces, mais seulement les formes accidentelles des choses.
234 « L’intelligence étant commune à la nature et à l’artisan selon sa perspective téléologique,
Aristote lui-même a constamment recours à l’activité artisanale pour en inférer celle de la
nature. »
241 En français, c’est Le Roman de la Rose qui répond à l’argument d’Avicenne par la
distinction entre espèce générale et représentant particulier d’une espèce, et Meung prend le
verre pour exemple.
280 Ainsi l’alchimie conçoit une « collaboration » d’art et de nature, ce qui est contraire à la
vision médiévale et aristotélicienne d’une opposition absolue. [Du Chesne est alchimiste
paracelsien donc platonicien, pas lié à cette défense-réinterprétation d’Aristote
Jean-Marc Mandosio, « La place de l’alchimie dans les classifications des sciences et des arts
a` la Renaissance », Chrysopoeia,4 (1990-1991), p. 199-282.
https://books.google.fr/books?id=oMNbAAAAQAAJ
Paulus Melissus, Schediasmata, suite
Il y a un « Mulciber » p. 323
Une « fornax » p. 331
Une fabrication d’armes en métaux p. 90
Et je crois que le poème p. 427 est une satire de l’alchimie, mais pas sûr. **
Dante, Enfer, chant XXIX, p. 367-369, trad. Danièle Robert, Actes Sud 2016.
Les alchimistes achèvent le chant XXIX, huitième cercle (ruse et tromperie, l’avant-dernier
cercle), dixième « bolge ». Le poète rencontre le compositeur d’Arezzo, qui lui dit :
« … Mais c’est dans le dernier des dix fossés [bolgia]
Pour l’alchimie qu’au monde j’exerçai,
Que Minos, qui ne faillit pas, m’a damné. »
Ensuite, Capocchio achève le chant, puni comme alchimiste lui aussi, « com’ io fui di natura
buona scimia », « à quel point la nature, je l’ai singée », 369.
Pétrarque, Les Remèdes des deux fortunes. T. II, à propos du chapitre I, 113 : « De
Alchimia », notes de Christophe Carraud :
383 « L’alchimie, quant Pétrarque écrit, n’a pas toujours fait l’objet d’un traitement aussi
sévère, loin s’en faut. Albert le Grand, Raymond Lulle, à peu de distance de notre auteur,
n’avaient pour elle aucune aversion […] ; Vincent de Beauvais y voyait autant d’utilité qu’à
l’agriculture. »
384 à propos du mot « sufflatores » : c’est Pétrarque qui l’invente, avec un sens peu clair :
« forgeron, fondeur (cf. conflator) ? ou écornifleur, qui souffle sur les braises pour que le
repas cuise mieux ? »
Tome 1, p. 486-489, « De Alchimia »
C’est, comme tout le De Remediis, un dialogue entre Spes et Ratio. La première croit à
l’alchimie, la seconde n’y croit pas. La réfutation ne s’appuie pas sur des raisons alchimiques
mais sur des principes moraux : , « il est si plaisant d’espérer pour rien ! » Le dialogue
annonce celui d’Erasme puisque les scénarios envisagés par la raison sont ceux qui
s’accomplissent pour le malheureux Balbus.
Didier Kahn, “Historique des rapports entre littérature et alchimie, du Moyen Âge aux débuts
des temps modernes », Annuaire de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, vol. 101 section V
(sciences religieuses) (1992-1993), Paris, 1994, p. 347-356
347 « sans méconnaître les travaux de E.R. Curtius, de P. Bénichou et de M. Fumaroli mais
pour des raisons évidentes de curiosité, nous avons convenu ici d’entendre le mot littérature
par opposition au domaine scientifique dont relève avant tout l’alchimie »
Trois formes de collusion entre littérature et alchimie : a) la littérature utilise l’alchimie (« le
plus souvent à des fins satiriques »), b) l’alchimie utilise la littérature (exégèse alchimique de
l’Antiquité par exemple) c) « les deux champs entrent en symbiose et produisent des œuvres
aussi bien conçues dans une optique littéraire qu’alchimique », exemple La Fontaine des
Amoureux de science, les Della tramutatione metallica sogni tre de G. B. Nazari 1572 [est sur
Gallica mais pas de traduction http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k67941z
348 Ligne de partage difficile à situer entre texte littéraire et alchimique. Les allégories
alchimiques sont-elles de la littérature ? Allégories = « la forme rhétorique par laquelle on
quitte le terrain strictement scientifique pour entrer dans le domaine de l’élaboration
littéraire ». Une question controversée : la littérature médiévale a-t-elle parfois cherché à
transmettre secrètement un savoir alchimique, comme dans le Conte du Graal ? 349 Il semble
que les interprétations faites à ce sujet soient absolument fumeuses.
350 Les interprétations se sont fourvoyées parce que 1) elles ont cru à un caractère hérétique
de l’alchimie, soutenu par Jung et 2) nombre de symboles polysémiques n’auraient qu’un sens
caché, en l’occurrence alchimique. Or l’alchimie n’a jamais eu besoin de se cacher sous
d’autres habits.
Dès lors un développement alchimique dans un texte se reconnait à un vocabulaire spécialisé,
à un contexte, à une réception comme tel, enfin à un auteur.
Le vocabulaire de l’alchimie, c’est celui de l’ancienne chimie, mais aussi des métaphores
usuelles, le lion ver, le noir plus noir que le noir, l’eau permanente, etc. 351 Il faut se garder
de confondre alchimie et métallurgie qui ont parfois des vocabulaires semblables – l’affinage
de l’or est connu depuis l’Antiquité indépendamment de l’alchimie.
« Absence remarquable de l’alchimie dans la littérature médiévale ».
Palinodie chimique, où les erreurs de cest art sont non moins plaisamment que sérieusement
réfutez par le sieur Du Gault. Livre utile à toutes gens. À Madame de Villeroy, dame
d’honneur de la Royne, mère du Roy. Paris : Pierre Sevestre, 1588.
Un sonnet et une « odelette » à la destinatrice, puis un « argument contre l’envieux », puis en
prose une préface « Au lecteur benevole », 4r :
« Pource que d’ordinairement la plus grand partie des Alchimistes sont gens sans lettres,
extremement aheurtez aux termes de leur art, qu’ils aprenent fort curieusement : & que
plusieurs au contraire n’y ont jamais regardé, lesquels les ignorent. Il me semble qu’il ne sera
hors de propos de dire pour les premiers, que Palinodie est le rechantement, qui declare avoir
esté failly au chant de premiere instance. D’où il se prend pour repentance & publique
confession d’une faute, telle que je la chante en ce petit traitté : Et pour les derniers que les
Alchimistes donnent le nom de sept Planetes à sept metaux : appelans le Vif-argent Mercure,
le Plomb Saturne, l’Estain Jupiter, l’Argent Lune, le Fer naturel & ayant receu trempe, dict
acier, Mars, le Cuivre naturel & teint par la pierre calaminaire, dit Laiton, Venus, l’Or bas ou
hault, Sol ou Soleil.
[Ainsi les alchimistes sont sages d’une certaine manière : ils sont sages par leur but. En tout
cas l’auteur a le goût de l’hermétisme, cela il ne s’en est pas départi… Suit un dialogue avec
une allégorie de « l’Hipocrisie », puis un éloge de la Prodigalité opposée à l’Avarice.
8v On apprend des choses, lorsque l’alchimie est abordée, la satire est comme retardée par
une définition encyclopédique de l’alchimie. Mais au bout d’une page, 9r, ouf !
l’encyclopédie est récupérée par le registre satirique :
Voila ce que j’ay peu de ce monstre comprendre,
Lequel estant sans poil on ne sçait où le prendre.
Peut-être réminiscence de Pétrarque lorsque Du Gault écrit :
9v Cest espoir seulement
Au sombre de la nuict faict viser clairement.
10r Si en bonne maison Pierre Philosophale
Peut escrire son nom les rentes elle avale… [avertissement adressé aux « bonnes maisons »
9 r° la quintessence « fera que lemoindre seigneur / Des mines, se rendra au haut degré
d’honneur ». 10 v° : l’alchimie ruine une famille entière si on s’y adonne avec passion.
11r L’alchimie se lit sur « un vieil volume
Tout de noir enfumé, de vieillesse roüillé ».
Cela donne lieu à une satire qui se rapproche du premier portrait de Brant, le lecteur curieux :
… le plus docte & sage
Se repute à honneur d’y noter un passage,
Et le plus ignorant d’avoir un truchement,
Qui parle, où il n’entend que le haut Alemand :
Le grand monsieur le prend avecques ses mains netes :
Le chassieux le lit avecques ses lunettes :
Et par signes le sourd y comprend sa leçon.
Tant bien de plaire à tous ell’entend la façon ! [c’est l’une de ses malices que de s’adresser au
peuple tout entier : l’alchimie est dangereuse d’autant qu’elle est populaire
Aussi c’est bien raison que livres authentiques,
Surnommez des autheurs les plus grands & antiques
Qu’on sçauroit rechercher, soient leus reveremment.
La science au cerveau n’entreroit autrement.
De faict Adam, Noë, on ne faict conscience
De nommer pour autheurs d’une telle science :
Les autres moins hardis laissans les surnommez
Disent premier autheur le trois fois grand Hermés :
13 v° « Pierre philosophale est la pierre à Sisyphe… »
14r Je l’ay eu quatorze ans tous entiers en pensee,
Et parole asseuree aux plus grands avancee,
Que l’unique Phenix je me tenois de l’art,
Qui a sur moy tourné l’insatiable esgard. […]
Ores que je suis seur que ce travail est vain.
Mais on m’estime expert, on veut que j’y retourne
Et de tous les costez mon courage on contourne…
14v Jusques à la mommie & salive, il n’est rien
Que ces esprits vagans ne tournent à leur bien.
L’œuf des poules est bon, le sang de bouc fort propre,
Et le sang du Dragon enfermé dans un cofre,
Pour esclorre un poussin de panage fort beau :
Qui sera faict Colombe estant passé Courbeau :
15r Le lion verd aura pour compaigne enfermee
L’eau de liqueur puante, & la blanche fumee.
Et si ne faudra pas aux douceurs de ce ciel :
Oublier pour matiere esprouvee le miel :
C’est de luy que tu prens ton animal mercure :
Ce disent ces espris, qui d’enseigner n’ont cure…
C’est là le cœur de la réfutation théorique de la Palinodie. Ensuite on revient à la satire, cette
fois-ci des Grands :
16r Et j’y pourrois monstrer Roys a nez Aquilin,
Duc qui en Chrestienté n’a son pareil voisin…
Puis un songe allégorique du château d’erreur et du château de vérité.
24 r° les alchimistes sont des rats (c’est l’attribut de Vulcain cf. Ronsard, Premier livre des
Amours) qui mêlent toute la mythologie et la mettent en pièce, faisant les Dieux bigames et
trouvant ça beau.
Souvent l’invention langagière sert à moquer l’alchimique, il y avait « acconsuivre » pour
suivre la voie alchimique, et 18r il y a « l’encharbonnement ». L’ « amalgame », mot moins
commun alors qu’aujourd’hui, est défini en préface et sert à la critique ensuite, 24r :
Or ainsi que les Rats conchiants le fourmage,
Congelent leur morsure, a ceste Royne hommage [la Reine d’Alchimie, au château d’Erreur
Est deu de congeler par ceux qu’elle faict Rats,
Qu’ores ronger, friper en mietes verras
Leurs chairs ingrediens en leurs ords Amalgames,
Où bien souvent les Dieux se voyent faits bigames.
En fait il y a un reproche d’homosexualité des alchimistes qui marient « Sol avec Saturne »,
« Mercure avec Sol », ce qui « est du tout pecher contre nature »…
27r le poète « laisse là » l’allégorie et envisage le but de l’alchimie, « faire l’or ».
29r Il y a une sorte de réfutation théorique ici :
La nature animale a pour genre imparfaict
Le reptile & tout autre animal fors que l’homme
Ou la perfection d’icelle se consomme.
Or faudroit-il qu’ell’ feit d’un vers un gros crapaut,
D’un crapaut un liron, d’un liron un levraut.
Et ainsi poursuyvant la nature animale,
Par degrés arriver jusqu’à la principale.
Ce que nature abhorre, au contraire taschant
Que la mort du parfaict produise le meschant.
29v Car le reptile naist quand l’homme se consomme
Et jamais de reptile on ne veit naistre l’homme.
Ce que de tout metal la nature suit bien.
Voila pourquoy Vulcan te multiplie en rien [Vulcan = feu ici
La grande quantité des choses minerales,
Qu’il te destruit & ard, pendant que tu avales
En prodigalités ton riche revenu…
31v La satire topique est coprophile : « les mots ne puent point »…
Il y a quelques pages sur la théorie alchimique mais dans une modalité parodique, assez
simplifiée (en réalité pas beaucoup, reproches pertinents).
Du Monin
Le Rationalisme dans la littérature française de la Renaissance (1533-1601), Henri Busson,
1957. Second tirage, 1971.
Dernier chapitre : « Poètes apologistes ». Uranie de Du Bartas, p. 583 : cette Muse de la
poésie savante se plaint que la poésie française soit pleine « de feints soupirs, de feints pleurs,
de feints cris, d’impudiques discours et de vaines querelles », de blasphèmes aussi. Bref,
qu’elle ait oublié sa source religieuse pour l’inspiration antique. Jean-Edouard Du Monin (le
très-savant) a publié aussi dans ses Nouvelles œuvres un éloge de la poésie philosophique. Il
invite tous les poètes à une célébration mystique, d’où il rejette tous les poètes « n’estans
habillés de la livrée de nos noces, sçavoir la couleur d’Aristote » (p. 584)
Didier Kahn, « Les manuscrits originaux des alchimistes de Flers », dans Alchimie : art,
histoire et mythe, dir. Didier Kahn et Sylvain Matton, 1995, p. 345-427
Il y a un poème appelé Le Grand Olympe, dont un commentaire en prose est daté par les
manuscrits de 1430, mais qui est selon Kahn (p. 350) postérieur au poème lui-même
postérieur au De incertitudine de 1530. C'est une interprétation alchimique d'Ovide : rien à
voir avec un texte technique donc. On l'attribue à Pierre Vitecoq, mais rien dans cette paternité
n'est assuré (p. 409).
357 La Satyre de Thomas Sonnet de Courval « est en réalité (comme l'avait signalé F. Secret)
un plagiat éhonté, très souvent littéral, d'un texte de 1580 d'André Du Breil Angevin,
« Docteur régent en la Faculté de médecine de Paris, et ordonné pour la ville de Rouen » : La
Police de l'art et cience de médecine... » (Paris, Léon Cavellat, 1580).
362 Problème : le destinataire de cette Satyre, Nicolas de Pellevé, est le petit-fils d'un
alchimiste renommé, auteur de l'Abrégé de Théorique, Nicolas de Grosparmy. « Une
explication simple est que Nicolas de Pellevé, hostile à l'alchimie, aurait profité de cette
Satyre et de sa dédicace pour se désolidariser d'un aïeul jugé encombrant », dont le manuscrit
circulait en Normandie dès la seconde moitié du XVIe.
Phenix
f. 50 r°, Du Monin tente de comprendre l’alliance des éléments dans toute matière : après
l’avoir fait pour l’air et l’eau,
Suivons la même route au peuple Metallique :
Dans un billon seulet tu vois une boutique
D’or, de cuivre, d’argent, & sont si bien collés,
Qu’à peine en Paracelse on les void de-collés
Par un feu calciné, par chaleur fienteuse,
Par un bain de marie, ou par l’eau Vaporeuse,
» Le vinaire, le sel, le soufle ; ils sont si bien
» En leur centre enlassés d’un fort nœud Gordien,
» Qu’ils se baisent encor apres la Quintessence
» Au sein qui est nommé par Chimique Eloquence,
» La matrice natale. Et les plantes encor… etc.
Dieu est « Le Feuvre de ce Tout », f. 35 v°
Les Clefs de la philosophie spagyrique, 1622 : une succession d’aphorismes, sur presque 400
pages.
Didier Kahn, “Historique des rapports entre littérature et alchimie, du Moyen Âge aux débuts
des temps modernes », Annuaire de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, vol. 101 section V
(sciences religieuses) (1992-1993), Paris, 1994, p. 347-356
347 « sans méconnaître les travaux de E.R. Curtius, de P. Bénichou et de M. Fumaroli mais
pour des raisons évidentes de curiosité, nous avons convenu ici d’entendre le mot littérature
par opposition au domaine scientifique dont relève avant tout l’alchimie »
Trois formes de collusion entre littérature et alchimie : a) la littérature utilise l’alchimie (« le
plus souvent à des fins satiriques »), b) l’alchimie utilise la littérature (exégèse alchimique de
l’Antiquité par exemple) c) « les deux champs entrent en symbiose et produisent des œuvres
aussi bien conçues dans une optique littéraire qu’alchimique », exemple La Fontaine des
Amoureux de science, les Della tramutatione metallica sogni tre de G. B. Nazari 1572 [est sur
Gallica mais pas de traduction http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k67941z
348 Ligne de partage difficile à situer entre texte littéraire et alchimique. Les allégories
alchimiques sont-elles de la littérature ? Allégories = « la forme rhétorique par laquelle on
quitte le terrain strictement scientifique pour entrer dans le domaine de l’élaboration
littéraire ». Une question controversée : la littérature médiévale a-t-elle parfois cherché à
transmettre secrètement un savoir alchimique, comme dans le Conte du Graal ? 349 Il semble
que les interprétations faites à ce sujet soient absolument fumeuses.
350 Les interprétations se sont fourvoyées parce que 1) elles ont cru à un caractère hérétique
de l’alchimie, soutenu par Jung et 2) nombre de symboles polysémiques n’auraient qu’un sens
caché, en l’occurrence alchimique. Or l’alchimie n’a jamais eu besoin de se cacher sous
d’autres habits.
Dès lors un développement alchimique dans un texte se reconnait à un vocabulaire spécialisé,
à un contexte, à une réception comme tel, enfin à un auteur.
Le vocabulaire de l’alchimie, c’est celui de l’ancienne chimie, mais aussi des métaphores
usuelles, le lion ver, le noir plus noir que le noir, l’eau permanente, etc. 351 Il faut se garder
de confondre alchimie et métallurgie qui ont parfois des vocabulaires semblables – l’affinage
de l’or est connu depuis l’Antiquité indépendamment de l’alchimie.
« Absence remarquable de l’alchimie dans la littérature médiévale ».
353 et suiv. : histoire de l’interprétation alchimique des textes littéraires.
Gratarolo, Verae alchimiae… 1561. C’est une somme qui contient 53 traités d’alchimie.
L’édition alchimique atteint alors son âge d’or. Le recueil se clôt sur les poèmes, pas
seulement alchimiques, d’Augurelli.
Ensuite je cite la pagination de la chrysopoeia chez Jean de TOurnes
Chrysopée, remarques de traduction à partir de la Verae alchimiae et de la trad. En prose
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87041887/f8.image
Le premier vers « L’invention, l’art, manière et usage » : artem en latin seulement.
Pas grand-chose à dire sur la dédicace à Léon X, elle s’achève sur le mot « délectable » alors
que le latin terminait par « labore »… La préface en prose termine sur ce colophon : « faire
l’Art egal a nature. » (2v)
La traduction en prose est atroce, pleine de latinismes (« spargé » pour répandu…)
Le latin ne cite aucun nom de dieu antique à part Phoebus (Soleil), mais Habert explicite
systématiquement, à l’aide du nom du dieu, la périphrase descriptive de Augurelli dans ses
invocations.
Denique tu pater ignipotens quem fervida flammis
Antra juvant, tentisque expressae follibus aurae,
Fornacesque, incudesque, & liquefacta caminis
Massa aeris ducti, aurique, electrique, recocti
Invictum exercent semper : tu maxime praesis
Artifici vatique simul tua facta canenti.
Ici Habert suit très exactement le texte. « solers ars » = art subtil. Quelques lignes plus loin
« ars » est traduit par « invention ».
La p. 4r de prose a une manchette qui explique ce qu’est l’electrum (« sorte d’or qui ha la
cinquiesme partie d’argent. Pline 36 l. ch. 2 & 3 »).
Le problème est qu’à la fin des invocations Habert rappelle Vénus (« Princesse Cytheree ») ;
or Vénus est déjà passée, il s’agit d’une autre déesse, Perséphone peut-être, ou Diane.
Demander à Magnien, voilà son adresse :
Nec tu non faveas tantis aequissima votis
Prisci perpetuum saecli decus heroine,
Quam circum exultant laudata ad flumina Nymphae
Minciades, Phoebique chorus comitatur euntem,
Aut fovet Andino recubantem in gramine Manto
Laeta trium nodo neptem complexa sororum.
“manum artificis” deviant 9v “la main de l’ouvrier bien polie”, souvent amplifications
versificatoires.
« croyez fermement » : « credite… »
J’aime mieux la traduction de l’objection contre l’alchimie : on ne peut « comparer » les
conditions naturelles de formation de l’or avec l’atelier d’un orfèvre. Chez Augurelli c’est une
question de quantité de chaleur, quantité de pression et quantité d’années : « aequare » est
traduit par « comparer » chez Habert. L’alchimiste voudrait « mensura exaequ[are] ».(10)
L’Elixir, plus pur, est dans Augurelli « nobilius » (11)
L’appel aux Muses seules capables de révéler les « arcana » (12) de la terre :
Vos Musae, quas nosce decens & dicere par est / Omnia… (13)
Vers dorés = « aurea carmina ». Or « Carmen aureum » est le titre de deux poèmes (p. 79 et
81) qui sont imprimés à la suite par Jean de Tournes, poèmes de Nathan Albineus (Nathan
d'Aubigné de la Fosse, né en 1601, fils d’Agrippa).
« Muses soyez toujours continuelles » traduit en fait… « carmine perpetuo » dans Augurelli !
C’est le carmen perpetuum d’Ovide, le texte didactique qui apprend sans discontinuer mille
choses diverses.
Le « orfevre » de 31v traduit « faber argentarius » de 32. Le « un chascun instrument
mecanique »traduit « quicquid fabrilibus artes / Exercent »
Le simple « obscuris » est traduit par « Science (au vray) de clairté ennemie ».
« quisquisque fabrili / Arte valet » (33) est traduit par le fameux « art fabrile » rabelaisien ;
Le « si grands faicts escrire en petits metres » est « parvo vadentes grandia passu » 51.
L’allongement « ce pot à nostre art tres utile » correspond simplement à « id » 57, lien affirmé
par Habert entre poterie et alchimie, que ne suggère pas le texte latin.
De Tournes imprime à la suite le Vellus aureum d’Augurelli.
Charles Sterling, « Une peinture certaine de Perréal enfin retrouvée », l'Œil, no 103-104,
1963, p. 2-15 ; 64-65 [pq deux paginations ?], un article sur la miniature de la Nature qui est
assise sur un fourneau, insérée dans le manuscrit de la Complainte offert à François Ier et
retrouvée en 1963.
Chrysopoeia V, 1992-1996
Pierre-Yves Badel, « Lectures alchimiques du Roman de la Rose », p. 173-190
Les poèmes alchimiques dans La Fontaine des Amoureux de science de Jean de la Fontaine
(autrement nommé Jean de Valenciennes) « n’a pas intéressé les historiens de la littérature ».
Toutefois un article « magistral » d’André Vernet a restitué aux Remontrances de Nature leur
titre authentique, à savoir La Complainte de nature, et l’a attribué à Jean Perréal, son auteur.
[PAS DANS LE CATALOGUE Arsenal, la Recapitulacion d’iceste art par manière de
versificacion…, c’est le poème médiéval de Jean de Murs, mais allongé ; en fait il a été
allongé tout au long du XVIe, la version initiale a 252 vers.]
[Inséré] Didier Kahn, « Recherches sur la tradition imprimée de La Fontaine des amoureux de
science de Jean de La Fontaine (1413) », p. 323-385
323 Jean de La Fontaine (1381-ap. 1413). 324 L’édition princeps de sa Fontaine est anonyme,
chez Antoine Vérard, à Paris, vers 1506. Il ne s’en trouve qu’un exemplaire à la British
Library, relié à L’Amoureux transy sans espoir de Jean Bouchet, également édité chez Vérard
et daté dubitativement de 1507.
326 : L’édition de Paris : Jean Jehannot, c. 1521, reproduit probablement Vérard, comme
Paris : Alain Lotrian, c. 1527, qui est une reproduction exacte. Tout ça anonyme. 327 En dépit
de son contexte littéraire (Vérard s’est spécialisé dans les romans de chevalerie et la poésie de
cour ou allégorique), l’édition de Vérard est le premier ouvrage alchimique imprimé en
France.
327 Antoine Du Moulin, 1547, réimprime La Fontaine…, nouveautés : nom d’auteur, pièces
annexes différentes, corrections nombreuses au texte, bois gravés représentant des fourneaux.
Voir la préface aussi.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f28.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f34.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f37.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f43.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f46.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f53.image
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72789d/f56.image
En fait Antoine Du Moulin a utilisé un manuscrit plus complet, qui comportait les vers finaux
indiquant le nom d’auteur. 328 : une autre édition, complètement identique à part des
variantes de graphie et même recomposée page par page, est parue chez le même éditeur en
1571.
328 Rivalité (mise en évidence par Marie Madeleine Fontaine) sur le plan de l’édition
alchimique entre les éditeurs lyonnais et parisiens explique l’édition de 1561 chez Robert
Duval et Guillaume Guillard, De la Transformation metallique. 329 : ironie de la rivalité,
l’édition a été rééditée à Lyon, chez Benoît Rigaud en 1590 et Pierre Rigaud 1618. Traduction
allemande à Halle en 1612.
« Quelques précisions sur Robertus Vallensis alias Robert Duval, de Rugles (av. 1510-ap.
1584 ?) », Didier Kahn, p. 439-442
Joachim Telle, « Astrologie et alchimie au XVIe siècle. À propos des poèmes astro-
alchimiques de Christoph von Hirschenberg et de Basile Valentin », p. 163-192, traduit de
l’allemand par Jean Letrouit.
Chrysopoeia V
Didier Kahn, « Recherches sur la tradition imprimée de La Fontaine des amoureux de science
de Jean de La Fontaine (1413) », p. 323-385
[INSERE]
236 Les textes attribués à Flamel : « un cas singulier de pseudoépigraphie ». 143 ans séparent
la mort de Flamel et la publication du Sommaire Philosophique. [Donc publié pr la première
fois en 1561]194 ans du Livre des figures.
237 L’alchimie a interprété allégoriquement les monuments qu’il avait restaurés ou bâtis :
« deux arcades au Charnier des Innocents, le petit portail de Saint Jacques de la Boucherie,
celui de Sainte Geneviève des Ardents, celui de la Chapelle Saint Gervais, un tombeau pour sa
femme et un pour lui ». Cela a suffi…
238 C’est en 1561 avec le De antiquitate et veritate artis chemicae que Robert Duval donne à
Flamel sa légende en premier. C’est un hasard malheureux si les éléments gravés (dragons,
Lune et Soleil) par Flamel ont un sens précis en alchimie.
242 « En 1561 parut chez Guillaume Guillard et Amaury Warancore un recueil anonyme
intitulé De la transformation metallique… On s’accorde à en attribuer la paternité au même
Gohory. » C’est en tout cas l’hypothèse de La Croix du Maine, 1584, 343.
244 Claude Thiry, dans une communication en 1981 [qui doit être publiée maintenant…],
estime la composition du Sommaire entre 1380 et 1425, au vu de la métrique moyen-
française.
« structure classique d’un livre d’alchimie, avec une theorica traitant de métallogénie et une
practica traitant de transmutation ». La practica fondée sur le mercure seul, considéré comme
réceptacle des deux semences, est fréquente avant la diffusion du corpus lullien.
245 Gohory livre dans le recueil la raison de l’attribution : les dragons et un lion, présents
dans le cimetière des Innocents, sont dans le Sommaire et d’ailleurs Du Verdier a déjà fait la
comparaison en 1585.
255 En somme les attributions à Flamel sont dues à une « exégèse pervertie de l’art
médiéval »
[/INSERE]
Chomarat Jacques. « Jules César Scaliger (1484-1558) », dans Vita Latina, N°134, 1994, p. 2-
8.
« Ata (70 pages, plusieurs milliers de sénaires iambiques) est une suite d’imprécations contre
les « artes nefandas », tels que la divination »
James Corbett, Catalogue des manuscrits alchimiques latins, II : Manuscrits des bibliothèques
publiques des départements français antérieurs au XVIIème siècle, 1951.
http://www.sudoc.abes.fr/DB=2.1/SET=1/TTL=5/PRS=HOL/SHW?FRST=5
Database de manuscrits alchimiques : http://www. levity.com/alchemy/manuscrp.html (j’ai
fait les bibliothèques françaises, mais il y a des bibliothèques étrangères qui ont des poèmes
latins inédits). Je m’en remets à Didier Kahn.
Il y a des vers dans Paris, Bibliothèque Nationale MS. Français 2019. C’est le testament de
raymond lulle, XVe
Paris, Bibliothèque Nationale MS. Français 12792 [Supp. Fr. 1305] : Responces aux
calumnieuses invectives publiées par un soufleur renié contre le vray art chimique (en vers).
C’est un manuscrit : une réponse à Du Gault ?
INSERE Owen Hannaway, The Chemists and the Word. The Didactic Origins of Chemistry,
Baltimore et Londres : John Hopkins University Press, 1975.
Préface, IX : il s’agit d’expliquer l’émergence de la chimie comme discipline distincte au
XVIIe siècle. X : on a pris comme point de repère l’Alchemia d’Andreas Libavius (1597),
mais sans expliquer la motivation d’un tel traité.
[Dans tout l’ouvrage on apprend que Libavius fonde la chimie moderne surtout en tentant de
s’opposer au renouveau du paracelsisme et en voulant réformer la chimie.
151 « He took the program initially formulated for training in eloquence and applied it to the
realm of chemical technology ».
Dictionnaire des lettres françaises, XVIe, pour le fichier « vulcain sujet caduc » :
Jean Le Masle : « angevin, il fit ses études à Paris vers 1550-1555 et eut le privilège de
suivre les cours de Dorat et de Turnèbe, devenant de la sorte le condisciple de Ronsard et Du
Bellay à quelques années de distance. Il doit cependant s’installer magistrat à Baugé, en
Anjou. C’est un auteur satirique, connu pour ses piques contre d’obscurs personnages de
Baugé ou d’ailleurs.
Jean Paradin : poète bourguignon (Louhans 1510-Belleneuve 1588). La Micropaedie est sa
seule œuvre.
Jean Vatel : poète né à Blois v. 1550, encore en activité à Paris dans la première moitié des
années 1570. « Soldat-poète », donc insolent.
Rosselet n’a pas de notice, mais le poète néo-latin Rosset (Rossetus) en a une, il est antérieur
de quelques décennies.
Nicolas Barthélemy (Bartholomoeus), Loches, 1478-v.1540 : professeur en divers collèges
parisiens, ami de Guillaume Budé, surtout connu pour une tragédie latine, Christus wylonicus
(Christ crucifié)., 1529.
Jean Doublet : Dieppe, c. 1529-1604. Poète ronsardien mais sans l’ambition : resté rimailler
chez lui, à Hautot-sur-mer près de Dieppe, traducteur de Xénophon et élégiaque. Fait publier
sa poésie à Rouen, sa traduction à Paris.
Jean de Clauso n’est pas dans le dico.
Philibert Bugnyon : Mâcon, 1530-Lyon, 1587. Fait ses études à Paris sous Dorat et Turnèbe,
mais sans se lier à la Pléiade. Vit à Lyon à partir de 1557, devient disciple de Scève. C’est
surtout un juriste, qui déplore longuement la guerre civile, etc.
Pierre Gringore : 1475 en Normandie-Nancy 1538 ou 39. Surtout moraliste et satiriste, a
commencé dans la confrérie des Enfants-sans-souci au service de Louis XII. Parfois aussi
poète et polémiste catholique.
Antoine Héroët de Maisonneuve : Paris, 1492-1568
Très haute et très facile carrière ecclésiastique, finit évêque de Digne dès 1552. « À la fois
poète de cour et platonicien ». Loué de tous, et même de courants contradictoires. En fait c’est
le meilleur néo-platonicien des poètes marotiques, meilleur que Marot même de ce point de
vue, en tout cas dans L’Androgyne par exemple. La Parfaicte amye aura un très grand rôle
dans la querelle des amies, répondant à L’Amye de Court de La Boderie, misogyne.
Nicolas Chesneau : Tourteron, 1521-Reims, 1578. Etudiant à Paris au collège de la Marche.
Participe à la renaissance de l’augustinisme catholique par ses œuvres pieuses et par sa
participation à la traduction de La Cité de Dieu (Paris, 1570). Mais surtout poète sous le nom
de Querculus.
Étienne Dolet : Orléans, 1509-Paris, place Maubert, 1546. Part étudier à douze ans à Paris, et
à dix-sept à Padoue puis Venise. De retour à Paris, il est envoyé en 1533 à Toulouse comme
« orateur de la nation française », il fait scandale et est emprisonné trois jours. Libéré, il
rejoint Lyon en 1534. Devient quatre ans correcteur chez Gryphe. Il tue en 1536 un peintre
lyonnais qui l’avait attaqué dans la rue et parvient à se faire gracier avec l’aide de Marguerite
de Navarre. Il obtient au passage un privilège d’imprimeur pour dix ans et s’installe à son
compte à partir de 1538. Il soutient les revendications des ouvriers typographes de ses
concurrents, qui le dénoncent à l’Inquisition : il est jeté en prison quinze mois, de 1542 à
1543. Un complot le fait arrêter encore en 1544 : il s’évade et passe en Piémont six mois ;
lorsqu’il revient, on l’emprisonne à nouveau ; son procès dure deux ans, après quoi il est
brûlé. C’est l’éditeur de Clément Marot et de beaucoup d’autres ; la somme de son travail est
impressionnante.
Jacques Tahureau : le Mans 1527-1555. A combattu en Italie, un peu écrit à Paris à la mode
ronsardienne, se retire dans le Maine, où il meurt très vite.
Marc-Claude de Buttet : Chambéry c.1530-Genève 1586. Étudie en Savoie et travaille à la
Cour à Paris. Poète de la Pléiade, meurt en chemin entre Paris et Genève où il venait
régulièrement surveiller ses affaires domestiques.
Marc-Antoine Muret : 1526 (près de Limoges)-1585. Professeur à Bordeaux où il eut
Montaigne pour élève. Il arrive à Paris vers 1551 et se fait aimer de toute la Pléiade, Ronsard
en particulier. Mais il doit quitter Paris pour Toulouse en 1554 et quitter Toulouse même
précipitamment, accusé d’hérésie et de sodomie. Reste à Venise jusqu’en 1558, il vient à
Ferrare puis à Rome en 1560, où il reste et travaille jusqu’à sa mort (avec un passage à Paris
en 1561-1562 pour le colloque de Poissy). Il y est professeur de philologie et poète. Lorsqu’il
commente les Amours de Ronsard, « Muret se livre sur le recueil des Amours de Ronsard au
même travail d’annotation que pour les œuvres d’Horace et de Térence. De la sorte, il confère
à ce recueil pétrarquiste l’éminente dignité d’un texte déjà classique »
Charles Curre (Currus) : Mamers, mi-XVe-début XVIe. Connu seulement pour son poème
latin traduit par Jean d’Ivry : on ne connaît pas l’original latin.
Jean d’Ivry (ou Divry, Divrius) : Hyencourt-le-Grand près de Péronne 1472- c. 1547.
Médecin, poète, traducteur. Etudie le droit à Paris, puis publie quelques trucs, corrige la trad.
De l’Enéide par Saint-Gelais.
Jean de Boyssonné (ou Boysson, Boyssonus, Boyssoneus) : Castres c. 1505-1558 ou 1559
en Savoie. Juriste toulousain, il rencontre Dolet en 1532 lors d’un voyage à Rome, et il aura
part aux troubles que sème Dolet en 1534. Il échappe à la prison grâce à des soutiens ; en
voyage à Paris et Lyon en 1536, il se lie avec Scève. En 1539, il prend une charge à
Chambéry, où il aura toutes sortes de procès dont il est réhabilité seulement en 1556 : on perd
alors sa trace.
Guillaume Des Autels : 1529 à Genouilly-sur-Guye au manoir de Vernoble-1581. Etudie le
droit à Valence et devient « juge mage » de l’abbaye de Cluny de 1570 à sa mort. Il écrit des
poèmes, se prend de passion pour la querelle de l’orthographe que veut moderniser Louis
Meigret, puis imite Rabelais en 1559, avec assez de succès. Il fut un précurseur rapidement
éclipsé, cherchant fortune auprès de la couronne d’Espagne et des Guise.
Pour l'article aimant :
Guillaume Telin : mort en 1550, n'a écrit que le Bref sommaire de 1533. Secrétaire du duc de
Guise et ami de Charles Fontaine et Guillaume Michel de Tours.
Richard Le Blanc : c. 1510-c. 1574. Sa vie ne nous est connue que par ses préfaces. En 1547,
il était précepteur des fils d'Estienne de Morainville, maître de l'hôtel du duc de Guise. « Sa
traduction de Cardan, six ans après la publication de l'original latin, a contribué à répandre les
thèses du philosophe italien. » « Ensemble de traductions d'ouvrages techniques et
littéraires » : [peut-être la traduction impose-t-elle ce mélange comme elle impose le poème
en prose au XIXe ?
Pontus de Tyard : trait d'union entre la Pléiade et l'école lyonnaise. Idéal du « docte poète ».
1521 au château de Bissy-sur-Fley près de Chalon-1605, Bragny-sur-Saône. Premier recueil
publié anonymement en novembre 1549, les Erreurs amoureuses, adressées à Pasithée. Il
revendique une antériorité sur Du Bellay qui pourtant publie l'Olive à Pâques 1549 : mais
Ronsard, Baïf et les ennemis de Du Bellay accréditeront cette thèse. Fut présenté très tôt à
Maurice Scève dont il demeura l'ami. Mais demeure solitaire : sa devise Solitudo mihi
provincia est traduit bien la marginalité du cercle littéraire de Bissy. En 1562 il semble s'être
retiré et ne publie rien ; en 1570 il entre au service de Charles IX, dédicataire de la première
réédition de Mantice, ainsi que son entrée au salon de la maréchale de Retz, « sanctuaire du
néo-pétrarquisme » (H. Chamard). Mais à partir de Henri III, 1574, Tyard trouve dans le roi
un disciple idéal, qui le comble de faveurs. Il lui dédie un manuel de rhétorique, lui lit des
passages de son Univers.
Charles de Sainte-Marthe : fils de Gaucher I (le modèle de Picrochole) et oncle du fameux
Scévole, né à Fontevrault en 1512, mort à Alençon en 1555. Docteur en droit de Poitiers,
suspect de luthéranisme, s'exile à Grenoble où il reste 30 mois en prison. De 1540 à 1543 il
enseigne au Collège de la Trinité de Lyon l'hébreu, le grec, le latin et le français. Marguerite
de Navarre le nomme précepteur de Jeanne d'Albret. Après la mort de Marguerite, il est pris
sous la protection de Françoise d'Alençon et devient procureur général dans le duché de
Beaumont. « Très lié avec les écrivains français de son temps », il consacre quelques vers à
chacun dans l'Elégie du Tempé de France.
Maurice Scève : c. 1500-?. Vers 1533, étudiant à Anvers, il prétend avoir découvert le
tombeau de Laure avec un sonnet manuscrit de Pétrarque. Publie une traduction en 1535,
Flamete. Meurt probablement vers 1560, car on perd sa trace, même si certains le disent exilé
en Allemagne à cause des troubles. L'entrée de Charles IX dans la ville en 1564 contrastera
piteusement avec celle d'Henri II (1548).
Joachim Blanchon : né en 1553 en Limousin. Cite maints personnages limousins et
notamment des émailleurs (les seuls à peindre l'émail dans la France de la Renaissance).
Guillaume de Saluste Du Bartas : Montfort près d'Auch 1544-Mauvezin 1590, des suites
d'une blessure. Elève au collège de Guyenne à Bordeaux, puis étudiant en droit à Toulouse, où
il suit les leçons de Cujas, achète en 1571 une charge de juge. Protégé par Jeanne d'Albret,
reine de Navarre, prend part aux guerres de religion : à partir de 1576 il est écuyer tranchant
du roi Henri de Navarre, futur Henri IV. Entre-temps il a publié Judith et Uranie, des épopées
chrétiennes. La Sepmaine paraît en 1578, la Seconde Semaine incomplètement parue en 1584,
reste inachevée.
Simon Goulart : 1543-1628). Ministre du culte expatrié à Genève, traducteur de Plutarque,
Juste Lipse, Xénophon et commentateur de Du Bartas.
Rémy Belleau : naît en 1528 à Nogent-le-Rotrou, va étudier au collège de Boncourt, sous
Muret et Buchanan, et avec La Péruse, Jean de La Taille et Jodelle : il tient un rôle dans la
Cléopâtre de son camarade. Publie d'abord une traduction d'Anacréon en 1556, célébrée par
Ronsard. Prend les armes dans la cavalerie du marquis d'Elbeuf en Italie, pendant un an.
Devient ensuite précepteur de son fils au château de Joinville en Bassigny, et publie des
plaquettes de circonstance, puis La Bergerie. De temps en temps, il revient à Paris, où il
publie Les Amours et nouveaux eschanges en 1576 et meurt en mars 1577.
Jean Second : poète néerlandais (1511-1536), élève d'Alciat, dont les Opera paraissent en
1541 à Utrecht.
Hesteau de Nuysement : c. 1550 ou 1560-c.1623, élève de Dorat, publie des Juvenalia en
1578 ; secrétaire de la chambre du roi Henri III puis de Monsieur (le duc d'Alençon), après la
fuite duquel (protestant, subit les brimades de la cour de son frère, s'enfuit vexé) Nuysement
est à Anvers et travaille chez Plantin. Il traduit le De Constantia de Juste Lipse (1584). C'est
l'année de la mort du duc d'Alençon. Il se remet à écrire des vers et rédige un Poeme
philosophic de la verité de la Phisique mineralle [c'est un alchimistème de finir les mots en
-ic] qui paraîtra en 1620. Fidèle à Henri IV, s'installe en Lorraine, à Ligny, en 1591, où il se
marie et a des enfants. En 1624 son matériel alchimique est saisi pour être vendu à Ligny.
Isaac Habert : Paris, c.1560-c.1615. Neveu de François. Valet de chambre de Henri II.
Œuvres poétiques de 1582 : « leur principal mérite est d'être fort courtes », en dit Goujet.
Trois ans plus tard, Les Météores, avec d'autres œuvres. Ecrit enfin des vers pour la mort de
Ronsard et d'Henri IV.
Maclou de la Haye :?-1575. Ami de jeunesse de Ronsard, valet de chambre du roi, il épouse
une Angevine et publie en 1553 des Œuvres poétiques.
Guillaume Du Peyrat : rien dans le dico. Mais la BNF dit : (15..?-164.?) A écrit aussi en
latin. Ecclésiastique et homme de lettres. - Fut substitut du procureur au Parlement de Paris,
conseiller at aumônier d'Henri IV et de Louis XIII. - Fils du seigneur de Feyzin, canton de
Saint-Symphorien (Isère).
Pierre Enoc de la Meschiniere : 1550- ?, fils de Louis Enoc. Publie d'abord des Opuscules
poétiques, Genève 1572 puis La Céocyre (c'est-à-dire brûle-coeur), Lyon, 1578. En 1617
encore il publie des quatrains sur la mort.
Salomon Certon : Gien c. 1550-c.1610. Etudie médecine puis droit puis laisse tomber les
études pour la poésie, s'étant lié avec Baïf, Du Bartas et Rapin. 1604, publie in-8° la
traduction en vers de L'Odyssée. Un imprimeur de Sedan, Jean Jannon, publie ses Vers
leipogrammes.
Claude de Pontoux : c.1540-avant 1579. Médecin bourguignon. Traducteur et poète
ronsardisant.
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£Didactisme
Die nicht mehr schönen Künste, éd. H. R. Jauss, 1968.
Bernhard Fabian, « Das Lehrgedicht als Problem der Poetik », p. 67-90.
69 Les remarques contre le genre didactique trouvent chez Aristote leur origine.
Le dialogue Péri poiètôn n’est pas en opposition avec la Poétique, plutôt une conclusion de
celle-ci. La Poétique définissait la poésie d’une manière trop étroite (zu schmal).
71 Il y a un Tractatus Coislinianus en grec qui distingue deux sortes de poètes « amimètos » :
les « historikè » et les « paideutikè » (ces dernières séparées en hyphègètikè et théôrètikè).
Sophie Laniel-Musitelli, « The harmony of truth ». Sciences et poésie dans l’oeuvre de Percy
B. Shelley, Grenoble : PUL, 2012
61 Percy Shelley dans « Letter to Maria Gisborne (1820) examine les plans du futur bateau à
vapeur de Henry Reveley, fils de ses amis les Gisborne : « dread engines, such / As Vulcan
never wrought for Jove to clutch / Ixion or the Titan ». 62 Shelley compare même l’ouvrier du
feu au Christ. 64 Le feu étant un pneuma. Il prépare une « refonte de l’ordre social ». 65 « Et
sans doute le choix de placer Démogorgon au cœur d’un volcan, forge de Vulcain, est-il une
façon de prédire que les futures révoltes de son siècle viendront des ouvriers, des hommes du
feu. »
Pour l'introduction :
En 1920, dans sa thèse à la syntaxe sibylline, René Ghil expliquait l’existence de la
poésie scientifique par la revendication poétique d’un mystérieux « phénomène universel ».
Selon lui la poésie scientifique « entend que nul domaine où se répartit pour l’intelligence
humaine le phénomène universel ne lui soit étranger »1. Trouve-t-on cette emphatique
déclaration universelle dans les poétiques du XVIe siècle ? À supposer que oui, la technique
met-elle en œuvre une « intelligence humaine » relevant d’un « phénomène universel » ?
Nous en verrons quelques exemples à travers les poèmes de J.-C. Scaliger2.
C’est véritablement la possibilité d’une poétique du savoir en-dehors de l’esthétique
de la « grâce » qui est en question. Telle est précisément la problématique de l’ouvrage
collectif édité par H. R. Jauss en 1968, Die nicht mehr schönen Künste, qui tente une
« Ästhetik des Unästhetischen »3. La contribution de Bernhard Fabian, « Das Lehrgedicht als
Problem der Poetik »4, est particulièrement éclairante. La poésie scientifique, rappelle Fabian,
échappe depuis l’Antiquité à toutes les définitions un tant soit peu précises de la poésie. Pour
Platon dans le Théétète (152e), Homère est un poète, mais Empédocle, auteur du Péri
phuséôs, n’en est pas un ; Aristote aussi, dans la Poétique (1447b), émet un avis catégorique
au sujet d’Empédocle : il se montre « physiologon mallon è poiètèn », physicien plus que
poète5. Mais l’affirmation ne touche qu’Empédocle, et pas la poésie didactique elle-même 6 ;
on ne se trouve donc pas dans le cas, explique Fabian, de la satire, qui est proprement un
genre post-aristotélicien dans la mesure où rien chez Aristote ne permet de la théoriser. La
poésie didactique chez Aristote est discutée négativement et même définie négativement : elle
est présentée « sozusagen als nicht-dichterische Dichtung »7. En effet la mimêsis est au centre
de sa définition de la poésie. Dès lors, le statut du poème d’Empédocle De la nature est
déterminé par la physique d’Aristote : cette physique immuable, divine, n’est pas de l’ordre
de l’imitable, dans la mesure où ce qui est imitable est muable (on peut en jouer avec
l’imagination), alors que (selon Aristote) on ne peut pas jouer en imagination avec les lois de
la physique8.
Néanmoins Aristote ne constitue pas le point final du débat, tant sur la poésie
didactique qu’au sujet d’Empédocle. Lactance par exemple écrit dans les Institutiones
divinae : « Empedocles, quem nescias utrumne inter poetas, an inter philosophos numeres,
quia de rerum natura versibus scripsit, ut apud Romanos Lucretius et Varro ». À l’inverse
chez Quintilien, qui apprécie l’utilitas des poèmes didactiques, Empédocle et Lucrèce sont
1 René Ghil, La Tradition de poésie scientifique, Paris : Société Littéraire de France, 1920, p. 11.
2 Poemata omnia, Leyde : Commelinus, 1600 [JCS].
3 Die nicht mehr schönen Künste, Münich : Wilhelm Fink Verlag, 1968, « Vorwort », p. 11.
4 Ibid., p. 67-90.
5 Ibid., p. 68.
6 Ibid., p. 69.
7 Ibid.
8 Ibid., p. 70.
des poètes sans hésitation : « Empedoclea in Graecis, Varronem ac Lucretium in Latinis, qui
praecepta sapientiae versibus tradiderunt » (1, 4, 4). Les considérations d’utilité du poème
viennent bien sûr d’Horace (miscere utile dulci). L’Art poétique d’Horace est d’ailleurs déjà
en soi un poème didactique, qui laisse entendre que sa forme poétique est plus apte à
transmettre le contenu de son apprentissage9. C’est ainsi que va s’en servir la postérité. Du
reste, Les Géorgiques rendent « ridicule » (lächerlich) la « Teilung » de l’auteur Virgile en
poète dans l’Enéide d’une part, agronome dans Les Géorgiques d’autre part. C’est en tout cas
l’avis qui s’est imposé dans les Arts Poétiques de la Renaissance européenne. Ainsi étaient
permise une tradition didactique qui inspira le De Bombyce de Vida, la Syphillides de
Fracastor, etc10.
Il fallut donc, à la Renaissance, soit réévaluer la mimêsis d’Aristote, soit réévaluer le
lien entre mimêsis et poésie. Dans les Explicationes de Francesco Robortello en 1548 par
exemple, la poétique d’Aristote est dépassée ; Robortello donne au poème seulement deux
critères définitoires : le poème prodest et oblectat (instruit et plaît). Dans le De Poeta
d’Antonio Minturno (1559), il n’y a pas un mais trois types de poètes : ceux qui ont
l’inspiration divine (« divino spiritu afflati ») et qui traitent de sujets religieux ; les poètes
« mimétiques » (eux-mêmes divisés en deux types, lyrique et épique) ; enfin les poètes
didactiques, ceux qui « dicunt, quae sunt, naturas causasque cognosci. Eiusmodi Empedoclis,
Lucretiique poemata fuerunt »11.
Même si les poéticiens se sont attelés au « sauvetage » du poème didactique, ils ont eu
à cœur de l’intégrer à une théorie valide et cohérente. L’alternative la plus radicale à Aristote
fut peut-être la Poétique de Scaliger en 1561. Scaliger refuse en effet l’étymologie qui fait du
poète un « imitateur » et lui substitue l’étymologie « faciendus versus », ce qui signifie que le
poème peut être didactique, dit-il expressément : « nihil enim solidioris eruditionis a
Musarum sacrariis alienum est »12. Ainsi Scaliger contredit mot à mot le jugement d’Aristote
sur Empédocle : « Quod poetae nomine defraudat Empedoclem minus recte fit »13.
En somme, la place marginale accordée à la poésie didactique a peut-être découlé de
cette difficulté théorique à la situer exactement. C’est pourquoi Goethe a pu écrire, dans son
Über das Lehrgedicht (1827) qu’aux trois genres poétiques (lyrique, épique, dramatique)
s’ajoute le genre didactique, qui reste à la marge : « zwischen Poesie und Rhetorik », un « Ab-
und Nebenart ». Goethe remarque cependant que la poésie didactique n’est plus aussi
appréciée (ou riche : schätzbar) qu’auparavant14.
Ainsi s’expliquerait le paradoxe soulevé par Isabelle Pantin dans La Poésie du ciel
dans la seconde moitié du seizième siècle : « La valorisation du savoir » par les humanistes
aurait dû conduire à un fort « enthousiasme » vis-à-vis de la poésie scientifique, mais on
constate au contraire une « modération notable »15. Certes, les anciens poètes didactiques sont
loués et étudiés. Ainsi le dialogue de Pontano, Sannazar, fait entendre par ce dernier un éloge
des poètes du cosmos, à savoir Empédocle, Lucrèce, Manilius, Virgile et Pontano lui-même :
« Salut, donc, mère si féconde de toutes les sciences ; salut de nouveau ! Car tu as lutté contre
notre condition mortelle par la perpétuité de tes inventions et de tes écrits ; tu as arraché les
hommes des forêts et des grottes. » De même, Jean Edouard Du Monin, en français, rêvait de
devenir le nouvel « Empedocle françois » pour remplacer Ronsard. Selon lui et d’autres, la
poésie didactique (« la poésie qui donne un enseignement sur le monde » écrit I. Pantin) doit
notamment aboutir à une meilleure reconnaissance de la divinité, ce que l’épopée seule « ne
9 Ibid., p. 73.
10 Ibid., p. 76.
11 Ibid., p. 77.
12 Ibid., p. 78.
13 Ibid., p. 81.
14 Ibid., p. 67.
15 Isabelle Pantin, La Poésie du ciel dans la seconde moitié du seizième siècle, Genève : Droz, 1995, p.185.
permet pas toujours »16. Et pourtant, l’épopée est bien plus fréquentée que la poésie
didactique. Les Arts poétiques, sous lesquels se cachaient bien souvent des manifestes,
appelaient les poètes futurs à la composition d’épopées en français et jamais à celle de traités
de métallogenèse.
À l’absence de mimêsis soulignée par Bernhard Fabian s’ajoute selon I. Pantin un
second problème théorique pour les Arts poétiques : la « sécheresse » de ces poèmes. Or les
arts poétiques appellent le poème à « soulev[er] de grandes émotions ». Chez Vida (en 1527),
le poème doit « suspensos animos novitate tenere », créer un « savant suspense » (écrit
Pantin), et Horace disait déjà : « semper ad eventum festinat et in medias res […] auditorem
rapit » (v. 148-149)17. Quant à la Deffence, elle « ne recule pas devant les sentiments forts,
l’indignation, la haine, l’admiration et l’étonnement » : « Saches, lecteur, que celui sera
véritablement le poète que je cherche en notre langue qui me fera indigner… », (II, 11)18.
Deux risques menacent dès lors le poème didactique, qui conduiraient tous deux à
vider le poème de tout sentiment fort : l’obscurité et le pédantisme. L’« obscurité » est
d’ailleurs le premier des « vices de poésie » selon Peletier, qui adopte la règle de Quintilien,
« nobis prima sit virtus perspicuitas » (VIII, 12, 22), tout en l’adaptant cependant à sa propre
sympathie pour les expériences poétiques novatrices (L’Amour des amours n’est-il pas un
poème didactique?). Peletier accorde à Lucrèce un crédit limité : « les faits de la Nature se
peuvent aussi traiter en Poésie : combien encore que l’âpreté des termes et la contrainte de la
matière, qui est sans ornements et figures, fasse que l’entreprise est rare pour le Poète. Si est-
ce pourtant que Lucrèce y a assez heureusement traité ses conceptions Epicuriennes, selon la
pauvreté de la langue de son temps, dont il se plaint »19.
Le « pédantisme » est quant à lui une affaire d’ethos. Ainsi Bernardino Tomitano
préférait Pétrarque à Dante car il reproche au second « l’essere più dotto philosopho, et
Theologo, che soave rimatore »20. Du Monin lui aussi s’est acquis une réputation de
pédantisme effréné, surtout depuis la condamnation d’A.-M. Schmidt qui a donné pour source
de ses « manies scolaires » un souci exclusif de la « gloriole savante » : « il semble prendre en
guignon qu’un régent de collège, un collègue, comme Buchanan, ait la noble pudeur de
vouloir dissimuler les origines de sa science et s’avancer sous le masque »21. I. Pantin
distingue cependant deux temps dans la perception du pédantisme au XVI e siècle. « Les
poètes de la Pléiade avaient d’abord enrichi et amélioré les diverses manières de se passer des
noms » d’auteurs pour ne pas alourdir une démonstration 22. Néanmoins, « après Ronsard, la
poésie philosophique devint réellement didactique et se mit à défendre des thèses facilement
identifiables ». La Galliade est selon I. Pantin la première œuvre à ne pas se passer de noms
propres « envahissants »23. C’est effectivement chez Du Monin que le pédantisme est le moins
un souci d’écriture : « le langage des métiers, prudemment admis par la Pléiade, s’impose ici
sans gêne : le vocabulaire des notaires ajoute sa petite note aux doctes précisions du
philosophe, et les coquetteries poétiques, pourtant dispensées sans compter, n’ont plus l’air de
sortir de la bouche des Muses : ce sont des particularités linguistiques qui marquent, elles
aussi, l’appartenance à une certaine profession. Dans L’Uranologie, la poésie a cessé de venir
d’un autre monde, et la science en a fait autant. Toutes deux se présentent manifestement
comme des productions humaines, comme une habileté et un savoir acquis dans les écoles et
dans les livres. Les racines sacrées ou mythiques sont définitivement coupées, malgré les
proclamations emphatiques qui semblent dire le contraire. Nous nous garderons d’apprécier le
16 Ibid., p. 186.
17 Ibid., p. 187.
18 Ibid., p. 189.
19 Ibid., p. 49.
20 Ragionamenti della lingua toscana, Venise : G. de Farri, 1546, p. 96, cité ibid., p. 189.
21 Cité ibid., p. 403.
22 Ibid., p. 405.
23 Ibid., p. 406.
résultat artistique de ce déracinement ; et le résultat scientifique, dont il sera question un peu
plus loin, n’est pas exceptionnellement brillant. Quoi qu’il en soit, la voix de Du Monin […]
nous transmet un peu de la réalité des collèges parisiens aux alentours de 1580 »24.
Fracastor semble s’être souvenu de ces deux écueils lorsqu’il rédigea le Naugerius,
sive de poetica dialogus, un véritable « Traktat pro domo » selon B. Fabian25. Dans ses choix
théoriques, Fracastor souhaite apparemment éviter à tout prix un « didactisme naïf »
(« Fracastoro wollte offenbar einem naiven Didaktizismus ausweichen »). En effet il veut
éviter au poème didactique l’accusation de n’être rien de plus qu’une notice d’instruction
(« es gehe über einen Prosa-Traktat nicht hinaus »). Le poète, dit Fracastor, touche au
contraire à ce qu’Aristote appelle universale, l’Universel26. Le poète se définissant par une
« Erkenntnisfähigkeit », une capacité à connaître, toute poésie est en dernier ressort
didactique ; on peut alors être poète sans avoir écrit le moindre vers : « est autem ille natura
poeta, qui aptus est veris rerum pulchritudinibus capi moverique » (163 C)27.
Le XVIIe siècle, enfin, dissociera résolument la science et la poésie, à travers des
affirmations comme celle de Bacon : « it [poetry] doth raise and erect the mind ; whereas
reason doth buckle and bow the mind unto the nature of things »28.
Martianus Capella, Astronomie, trad. André le Boeuffle, Vannes : éditions Burillier, 1998.
Le De Astronomia est en fait le huitième des neuf livres des Noces de Philologie et de
Mercure, Ve siècle. C’est une encyclopédie des sept arts libéraux. Le dernier livre est de la
musique. Il n'y a nul art poétique au début.
Martianus Capella, Les Noces de Philologie et de Mercure, livre I, Paris : Les Belles Lettres,
2014, trad. Jean-Frédéric Chevalier.
Il n’y a pas non plus d’art poétique au début du De Nuptiis. Faux informateurs ?
Bonjour,
Une lecture récente de L’Architecture… de Ledoux m’a fait repenser à votre message. Voyez
ses pages sur la maison du mécanicien (projetée pour la ville idéale qu’il voulait construire
autour de la saline d’Arc-et-Senans) :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5401411f/f99.image
Idées très proches de celles exposées par Delille (les deux hommes étaient proches, au point
que Delille reçoit aussi sa maison dans la ville idéale) dans l’Épitre au docteur Laurent (que je
citais déjà dans le powerpoint) et à la fin du chant V de L’Imagination (après l’éloge de
Newton).
Bien à vous,
24 Ibid., p. 412. Ce jugement cruel s’appuie sur l’analyse d’un extrait de L’Uranologie, f. 87 v°. Suit, dans
l’ouvrage de Pantin (p. 190-191), une analyse de la place que Vida, dans le De arte poetica, accorde au
savoir des Géorgiques : il s’agit d’un art de la variété, et par le savoir les poètes « cachent leur ruse et
recherchent par-dessus tout la douceur des transitions » (« astum / Dissimulant, aditusque petunt super omnia
molles »).
25 B. Fabian, op. cit., p. 81.
26 Ibid., p. 82.
27 Ibid., p. 83.
28 Ibid., p. 85.
HM
Cher M. Marchal,
Bien à vous,
Oui, le propos de Ledoux combine nombre d’arguments progressistes qu’on trouve à la même
époque chez certains économistes (Turgot, Malesherbes, etc.) à l’idée que l’art (ici
l’architecture) doit être dispensé de manière égale à tous les niveaux de la société (ici, les
chaumières ou les usines comme les palais) et être mis au service du progrès des techniques.
Incidemment, il s’agit aussi en 1804 pour Ledoux de se défaire de son image – de fait
caricaturale – d’architecte emblématique de l’ancien régime (il avait conçu les barrières des
Fermiers généraux juste avant la révolution). Le texte est néanmoins un compendium fort
indigeste (je ne suis donc pas sûr qu’il faille me remercier !), qui fut peu goûté de son temps
et au fond peu lu par les architectes qui ont redécouvert avec admiration Ledoux dans les
années 1980. Je m’y suis plongé seulement à la demande d’un collectif d’historiens de
l’architecture qui en préparent une édition savante et se demandent, entre autres, comme
l’appréhender comme objet littéraire, et quoi faire de la place centrale accordée à Delille (par
delà le leitmotiv de l’alliance entre poésie et architecture, la « maison » du poète – planche 69
– est décrite au centre de celle du directeur de la ville idéale, tandis que Delille livre un
vibrant hommage de Ledoux dans L'Imagination). Si ça vous intéresse, les études de
références sur Ledoux sont celles de Daniel Rabreau, Anthony Vidler et Michel Gallet (ils
évoquent notamment l’influence sur Ledoux du Songe de Poliphile), et il y a aussi de bons
articles de Béatrice Didier et de Fabrice Moulin autour du style (recours au fragment, mélange
des genres, instabilité de l’énonciation, etc.); mais je doute que ce soit crucial pour vous de
vous plonger dans ce vaste massif.
Bon courage !
merci pour ces lectures qui se sont montrées très stimulantes! Je connaissais ce qui concerne
les périodes proches (Ph. Chométy et Cusset) mais je découvre tout du reste, et il y a des
pages magnifiques (même dans Lignes et lettres !). Elles soulignent en effet combien nos
siècles son distants, ce qui permet déjà des mises en relief ; je suis frappé maintenant de
constater combien la poésie du XVIe siècle est prudente et timide à l'égard de l'investigation
de la nature et combien elle déprécie, même à la fin du siècle, la curiosité scientifique dans
son ensemble (Lucrèce a mauvaise presse jusqu'aux dernières années du siècle). Une des
raisons étant que le XVIe ne connaît pas l'utilitarisme, et n'accorde presque aucune valeur
(sociale, philosophique, poétique) à l'utilité. Ce n'est pas l'utilité mais l'ordre et la paix civile
que les poètes admirent dans les pratiques des techniques.
À l'intérieur du champ des techniques, le partage se fait aussi très différemment au XVIe.
L'agronomie a une place à part, non pas parce qu'elle touche aux sciences de la nature (les
techniques agricoles étant hermétiques aux débats naturalistes) mais parce que le modèle des
Géorgiques rend évident qu'elle fait partie des connaissances techniques "exigibles" du poète.
Les sciences de l'ingénieur, elles, n'existent encore qu'en théorie. Et les techniques nouvelles
ne sont pas (comme chez Maxime Du Camp) un coup porté à l'admiration de l'Antiquité mais
au contraire le moyen de confirmer sa préséance. Ce qui autorise un peu plus, je crois, le
recours ou la référence au lyrisme dans la poésie didactique : si l'imprimerie est une invention
admirable (de l'avis de beaucoup de poètes), c'est entre autres parce qu'elle permet de montrer
en médaillon le buste de Ronsard couronné comme poète lyrique, etc.
Pourtant il y a certaines persistances et même des phénomènes du XIXe siècle qui semblent la
conclusion de débats poétiques engagés au XVIe, comme la distinction que fait Pierre Hadot
entre "attitude orphique" et "attitude prométhéenne", distinction que la poésie du XVIe établit
progressivement et qui triomphe au XIXe. L'attitude prométhéenne où l'expérience et la
pratique doivent permettre de "faire parler" la nature, on la retrouve d'ailleurs dans les poèmes
"d'attitude orphiques" qui dévoilent les secrets de nature à l'aide d'expériences de pensée,
proposées au lecteur : "si vous...", par un poète divin qui a reçu la science infuse. Au XVIIe
siècle, l'expérience de pensée devient une expérience réelle et concrète, mais je ne crois pas
que ce soit dû à la pratique poétique, plutôt à celle de la science : les ingénieurs veulent
accéder "par force" à la connaissance divine offerte au poète inspiré...
À propos de Lucrèce : au XVIIIe siècle déjà, la poésie scientifique a pour but de rivaliser avec
Lucrèce, d' « allier Lucrèce à Newton », comme le dit Ponce-Denis Ecouchard LEBRUN,
« Exegi monumentum, Ode qui doit terminer le cinquième et dernier livre des Odes de
l'auteur, lue à la s »ance publique de l'Institut national, le 15 Germinal, an Ve », in Décade
philosophique, 1797, vol. 13, p. 103.
[Hugues Marchal note que la poésie qui chante l'innovation donne une place à part à
l'innovation militaire : « cas épineux »
Lignes et lettres. Anthologie littéraire du chemin de fer, éd. Marc Baroli, Hachette/SNCF,
1978.
Le préfacier, Jean Mistler, de l’Académie française, trouve qu’il est « sot » de dire comme
Jean-Pons Viennet :
On n’entend que des mots à déchirer le fer,
Le railway, le tunnel, le ballast, le tender,
Express, trucks et wagons… Une bouche française
Semble broyer du fer et mâcher de la braise. (p. 11)
[Mais moi je trouve cela assez juste. En tout cas la « bouche française » est toujours le
problème de la technicité.
55 Pereire et Rothschild réalisent le chemin de fer du Nord. Une fête extraordinaire, à Lille en
1843, réunit 1700 invités parmi lesquels deux fils du roi, quatre ministres, Victor Hugo,
Lamartine, Théophile Gautier, etc., pour un magnifique repas. L’évêque de Lille bénit les
locomotives. Berlioz dirige une cantate.
84 Alfred de Vigny, La Maison du berger, 1842 :
« Qu’un ange soit debout sur sa forge bruyante (…)
Pour jeter en éclats la magique fournaise,
Il suffira toujours du caillou d’un enfant. »
92 Maxime Du Camp, Les Chants modernse, « La Locomotive », c’est une locomotive qui
parle dans ces septains (1855). [Paroles de la forge ?
97 Et dans « La fête », il célèbre les forgerons par-dessus les rois :
Avec ces lourds engins que vous forgez ensemble,
En sueur, les bras nus, sur l’enclume qui tremble,
Vous régnerez plus tard sur le monde exaucé
Bien mieux qu’avec le sceptre et mieux qu’avec le glaive,
Le glaive sombre et rouge, absurde et méchant rêve
Des adorateurs du passé !
99 Victor Hugo, « Le satyre », dans La Légende des siècles, 1859 :
Avec ce qui l’opprime, avec ce qui l’accable,
Le genre humain se va forger son point d’appui…
101 Le train est comparé par Villier de L’Isle-Adam à un « fauve cyclope » (1866), entres
autres (dragon, etc).
Ordre et désordre du monde. Enquête sur les météores, de la Renaissance à l'âge moderne
2013
« « De l'orage civil forcenant par la guerre » : les météores dans la poésie scientifique de Jean-
Antoine de Baïf et d'Isaac Habert », Claude La Charité, p. 117-134
117 1567, Premier des Meteores, de Jean-Antoine de Baïf, s'inspirant librement du Meteorum
liber de Pontano. « Seul Isaac Habert prolongera en 1585 l'oeuvre de Baïf ». Baïf parle, pour
le contexte politique, d'un « orage civil » (118 le grec stasis signifie tant « sédition » que
« tempête »).
119 LTLDM ne connaîtront pas de réédition. 120 Baïf et Habert accordent plus grande place à
Aristote que Pontano : en fait ils ne rencontrent Pontano que lorsqu'ils imitent Aristote.
132 L'auteur arrive vite à la conclusion que pour Haabert, « la comète n'a pas de prise sur le
roi » et que l'absence de signification fatidique des 133 « C'est [le roi] qui, astre fatal, fait en
sorte que les météores ne sont rien d'autre que ce qu'en dit Aristote ».
Max Black, Models and Metaphors. Studies in language and philosophy, Ithaque, New-York:
Cornell University Press, 1968 [1962].
25 « To draw attention to a philosopher’s metaphors is to belittle him ». 34 C’est lié au statut
de la métaphore comme décoration.
Sa réflexion sur la métaphore conduit Max Black (p. 194) à réhabiliter aussi l’induction.
Pour une littérature savante : les médiations littéraires du savoir, éd. Nella Arambasin, 2002
« Avant-propos », Nella Arambasin, p. 9-18
Cite Jérôme de Gramont, 1991, à propos du siècle des Lumières : « Le Savoir n’est plus la
pensée d’un Je pense – c’est pourquoi il n’a plus maintenant son lieu dans l’âme, mais bel et
bien dans le Livre ».
Gilles Banderier, « L’intégration des sciences naturelles dans la poésie encyclopédique du
XVIe siècle », p. 21-37
23 Il remarque que, si toute littérature est savante, néanmoins les Pascal (scientifique et
littéraire) sont rares : « Certains auteurs, tel Jean de Sponde, pratiquèrent l’alchimie sans que
cela paraisse dans leurs œuvres ».
« Raisonnement et poésie dans le chant I de Lucrèce, vers 1-950 », dans Vita latina n°175,
2006, Kany-Turpin, José, p. 69-78.
J. Kanty-Turpin, « Absinthe et miel. Doctrine et poésie dans le De rerum natura », L’Ecole
des Lettres, 1998.
69 « La parole de Lucrèce ne se présente pas comme un « discours sur » la nature, mais
comme une révélation. Elle est poétique au sens étymologique du terme : elle « crée » la
réalité, en la dévoilant brusquement à nos yeux. Pour l’épicurisme, en effet, la sensation est
critère de vérité. 70 « Synergie entre le raisonnement et la poésie »
75 Pour JKT, un passage marque l’échec du didactisme : celui sur les atomes. « L’exposé des
parties minimales constitue heureusement une exception. Le plus souvent, chez Lucrèce,
l’élément esthétique éclaire le raisonnement et en facilite la compréhension. »
29 (p. 62 éd. 1970). Il consacre plus de quarante pages (95-137) aux Hymnes de Ronsard sans en soulever une
seule fois le lyrisme.
30 « La prose des savoirs et le poème du monde », dans La Poésie scientifique, de la gloire au déclin, revue en
ligne Epistémocritique [URL : https://halshs.archives-
ouvertes.fr/file/index/docid/932985/filename/POESIESCIENTIFIQUE.pdf, 23/10/2017]
31 https://fr.wikisource.org/wiki/L%C3%A9onard_de_Vinci_:_les_14_manuscrits_de_l
%E2%80%99Institut_de_France/Texte_entier
32 [dans La Mythologie classique dans l’œuvre lyrique de la Pléiade, p. 295. P. 441 : « Les Hymnes
représentent un lyrisme de la connaissance, avide de compléter et d’unifier par les fables les notions révélées
à l’esprit » ; « lyrisme investigateur ». Noter que p. 444 Guy Demerson donne une explication du refus de la
poésie scientifique par Du Bellay].
l’apparition d’un public féminin curieux de vulgarisation 33. Nulle part le caractère lyrique des
textes choisis n’est cependant mentionné. Un « index des principales notions » fait le choix de
ne pas marquer la notion de « lyrisme » ni quelques autres « trop fréquentes pour que leur
recension fasse sens ». Mais à feuilleter les plus de 600 pages de l’anthologie, on n’est pas
parvenu à voir apparaître une seule fois les termes « lyrisme » ou « lyrique », excepté dans
l’introduction, comme synonymes de poésie et poétique.
[ptérodactyles 493 : « La poésie scientifique est le produit fragile d’une négociation
temporaire entre arts et sciences. Elle fleurit à un moment historique où l’aura du poète peut
encore rivaliser avec celle du chercheur, et se poursuit tant que la culture et la pratique
poétiques restent partagées par les élites, ne serait-ce que durant leurs études. Il existe donc
une poésie relativement abondante due à des savants. » ]
Dauvois note que Scévole de Sainte-Marthe, connu pour ses vers didactiques, a aussi
écrit des Lyricorum libri duo. Mais elle ne commente pas les auteurs latins. Et elle n’inscrit
pas les Amours et nouveaux eschanges dans les « recueils lyriques de la Renaissance en
vernaculaire » utilisés pour sources.
Dauvois, Vocation Lyrique, 32 : les années 30-40 voient les formes fixes bien
représentées et la poésie amoureuse aussi, mais « on constate une tendance générale à la
narrativisation du discours amoureux dans les élégies et les épîtres »
Les poètes scientifiques ont pu déjà se pencher sur l’aimant, mais rarement en vers : Fracastor
s’y arrête dans un traité de physique, le Girolamo Fracastoro, De Sympathia et antipathia
rerum, éd. Italienne bilingue et critique. Chap 9, p. 60 : « De anthipathia contrariorum et
quomodo se mutuo pellant »
« Est et magnetis genus quod ferrum abigit, ex quo cultelli ita praeparari solent, ut alter
ferrum ad sese trahat, alter pellat, quamquam nos, cum hoc experimentum in medium olim
inductum esset, monstravimus non id accidere
Chap 4 : De consensu partium in toto. Chap 5 : de attractione et motu similum ad simila.
Vérité poétique et vérité scientifique, dir. Yves Bonnefoy, André Lichnérowicz et M.-P.
Schützenberger.
« Les poètes « scientifiques » », Marc Fumaroli, p. 123-135
123 La notion de « poésie scientifique » n’a pas été proposée sans ironie par Albert-marie
Schmidt. On s’y attache faute de mieux. Ovide est un poète « scientifique » même si personne
n’a jamais considéré qu’il faisait de la science.
125 Chez les Anciens, un rôle de synthèse des sciences était réservé à la poésie. « Par la
subtilité de leurs analyses allégoriques, de Philon à Porphyre, les érudits hellènes firent voir
dans le texte de l’aède, sous la forme à la fois condensée, voilée et dévoilante, propre à la
poésie, un résumé énigmatique et originel de tout le savoir. » Homère = « traité de théologie,
de physique, de météorologie, d’astronomie-astrologie, mais aussi de philosophie morale et de
sagesse politique. »
127 La trilogie Homère, Moïse, Hermès, détenteurs de la première révélation, source de toute
sagesse préchristique, mais aussi garants de la « science » antique de la Nature, domine la
Renaissance ». C’est la prisca theologia.
Die Nicht mehr schöne Künste, Zweite Diskussion: “Die Poetische illegitimität der
Lehrdichtung”, p. 549-558
Bernd Effe, Dichtung und Lehre. Untersuchungen zur Typologie des antiken Lehrgedichts,
1977.
Einleitung : 9 Goethe encore, Über das Lehrgedicht : “Alle Poesie soll belehrend sein, aber
unmerklich…”
11 La distinction entre poésie didactique ou non devrait être plus raisonnablement nommée
distinction entre poésie directement didactique, et indirectement didactique.
[Je crois comprendre que c’est différent d’écrire un poème scientifique dont on maîtrise le
contenu parce qu’on pratique l’art qu’on apprend, et dont on ne maîtrise pas du tout le
contenu mais qu’on se considère autorisé à évoquer par la grâce de la fureur poétique à la Ion
30 Le type le plus pur de poème didactique est celui qui met en conformité Thème et Matière
(Stoff und Thema). C’est le type d’Arat [C’est amusant parce que « Stoff » signifie matière et
tissu…
32 Le type inverse est celui où le savoir technique est relégué à l’arrière-plan. Le poème se
plie alors à des « exigences » poétiques. On pourrait appeler cette poésie didactique le type
« formel ». Le Thème et la Matière restent identiques. Ce type est très rare. C’est peut-être
celui de Nicandre.
Cependant, un troisième terme entre les deux extrêmes différencie le Thème et la Matière. La
Matière n’est qu’une apparence pour traiter le Thème véritable. La Matière savante permet
simplement la « propagation » (Verbreitung) du Thème. « Der Autor lehrt nicht den Stoff, er
lehrt vermittels des Stoffes ». Ce type est celui de Lucrèce.
34-35 Reste que cette typologie souffre d’être anhistorique et nécessite la nuance de l’histoire
de la poésie, ce à quoi servent les chapitres finaux du livre.
39 Les derniers chapitres s’intéressent à deux genres très marginaux, la poésie
mnémotechnique et le poème didactique parodique ou ludique (dans lequel il classe Ovide).
[Dans la suite du livre, les trois modèles sont étudiés séparément, puis les « autres poèmes
didactiques » sont classés en : agricoles, astrologiques, halieutiques et cynégétiques,
géographiques, médico-pharmacologiques, ainsi que trois exemples singuliers, l’Etna, les
Lithika et le Carmen de ponderibus.
Histoire des techniques, dans L'Encyclopédie de la Pléiade, Pléiade, 1978, éd. Bertrand Gille
Section « Technique et langage », Bernard Quemada, 1146-1240
Trois procédés de création de mots techniques : 1162 la spécialisation, 1166 la
métaphorisation, 1176 les archaïsmes techniques
à propos de métaphorisation : 1166 « L'oiseau a désigné pour les maçons, non seulement une
sorte d'auge avec des supports en équerre (suggérant des ailes), mais aussi dans leur langue
traditionnelle l'apprenti, soit parce qu'il est principalement chargé du transport et du
remplissage des auges, soit aussi parce qu'il se déplace rapidement au-dessus du vide pour
envoyer les briques au vol. »
Histoire des techniques, dans L'Encyclopédie de la Pléiade, Pléiade, 1978, éd. Bertrand Gille
Préface
VII les techniques « sont à la fois connaissance et activité ». « On admire L'Encyclopédie de
Diderot, on ne suit guère son exemple » [et pour cause
[Présupposé structuraliste : VIII le système technique est « ensemble cohérent de structures
compatibles »
XI Une histoire technique de la technique, dirait L. Febvre : cherche les « mécanismes du
progrès technique »
Section « Prolégomènes à une histoire des techniques », 1-118, Bertrand Gille
3 Cite Lucien Febvre« Histoire technique des techniques, oeuvre de techniciens,
nécessairement, sous peine d'erreurs graves, de confusions forcées, de complète
méconnaissance des conditions générales d'une fabrication.
[En fait il faut décrire l'histoire des techniques comme une science sans arrêt en cours de
refondation : ce que montre l'historiographie de la technique dans les p. 4-8, qui sont une
succession d'ouvrages fondateurs pendant deux siècles.
8 « Après la Seconde Guerre mondiale, l'histoire des techniques est définitivement constituée
en discipline. »
15 c'est 'exemple de la fonte qui permet à Bertrand Gille de définir la notion d' « ensemble
technique », quand il y a plusieurs techniques en une.
28-29 les limites de la notion de « système technique » sont définies à partir d'une critique de
l'ouvrage des chercheurs du M.I.T., The Limits of Growth, qui montre les impasses du système
technique actuel d'ici 2100 mais est incapable d'en prévoir les inflexions.
79 à propos de la « littérature technique » : « Dès lors que la technique avait quitté le caractère
magique et religieux qu'elle avait à ses origines, elle pouvait, dans une certaine mesure, être
codifiée et enseignée. » 82 « En fait, le niveau scientifique acquis à cette époque, les
mauvaises liaisons entre science et technique, malgré les espoirs et quelques réussites,
bloquaient le développement d'une technologie parfaitement raisonnée. » au XVIe
A propos des sources indirectes, p. 88 : « Le premier exemple de scie hydraulique nous est
donné dans le poème Mosella, d'Ausone. » 89 « iL est un domaine où cette littérature
historique possède une exceptionnelle valeur [pour l'historien des techniques] : l'art
militaire. »
Section « Les systèmes classiques », p. 580-676, Bertrand Gille
582 la période renaissante est caractérisée par « l'ouverture de nombreuses mines de métaux
précieux, un peu partout, surtout en Europe centrale » et « la naissance d'un capitalisme de
grandes unités »
596 l'ingénieur « est généralement artiste au départ ». 602 « L'oeuvre la plus originale sera
encore celle de Bernard Palissy ».
Section « La Géographie et les techniques », 1062-1110, André Fel
Parle surtout de mondialisation.
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87024573/f29.image
Les Mémoires et histoire de l'origine, invention et autheurs des choses. Faicte en latin et
divisée en huict livres, par Polydore Vergile,... et traduicte par Françoys de Belle-Forest,...
avec une table très ample des noms, matières et choses mémorables y contenuës, Paris : R. Le
Mangnier, 1576
« Table de Polydore Vergile » :
Alemant, qui inventa les grosses artilleries, pour tuer les hommes. 190
Alemans guerriers & larrons, & ne s’adonnans point à l’agriculture. 837.838
Anneaux par qui inventez. 237.238
Anneaux n’ont certain inventeur ny autheur. 355
Apollon, inventa les mirouers. 236.237
Architecture comment inventee, & à qui attribuee 299
Argent par qui inventé, et mis en usage. 228.229
Argent par qui premierement monnoyé. 233
Argent monnoyé pourquoy appelé pecune. 236
Armes par qui inventees. 185.586
Armes legeres quand commencerent. 188
Armets et crestes par qui inventez. 188
Arondelles ont enseigné la manière de faire maisons. 198.300 [c’est en effet des nids que se
font Adam et Eve dans la Seconde Semaine…
Artillerie quand, & par qui inventee. 187.188.190.191
Artilleries inventees par le diable. 353
As, quelle piece de monnoye jadis à Rome. 158
Bombardes inventees par le diable.353
Cadme inventa l’or. 224
Canon, mot Grec, que signifie. 610
Canons ou bombardes inventees par le diable. 353
Canons foudroians ou artilleries, par qui inventez. 190.191
Cariens inventerent les crestes et armets. 188
Catapulte, quel instrument de guerre, et par qui inventé. 189
Cearque inventa l’argent. 229
Cecrops fut le premier bastisseur de villes. 303
Chaisnes et ceps par qui inventez. 161
Chalybes ont trouvé l’acier. 230
Cinire trouva le fer. 230
Cinire trouva l’art de faire des tuiles. 300
Creste et armets par qui inventez. 164
Cyclopes trouverent l’acier. 230
Cyclopes ont inventé les tours. 303
Dactyles Idees inventerent le fer. 229. Et l’usage du feu. 230
Diable, inventeur des artilleries pour ruiner les hommes. 353
Effigies des gens de sçavoir ès librairies. 178
Egyptiens inventerent l’espee. 188
Enclumes par qui inventees. 230
Erain par qui inventé, et mis en usage. 228.229.230
Erain par qui et où premierement monnoyé. 235
Erain jadis monnoyé à Rome. 157
Erichtonie Athenien inventa l’argent. 229
Espees par qui mise en usage. (sic) 188
Ferremens propres pour le labour, par qui inventez 263
Forgerons quand commencerent à estre. 231
Gorgase, excellent potier. 255
Haches d’armes par qui inventees. 188
Haches, ornement des Rois. 156
Hyperbie bastit les premieres maisons de briques. 300
Idees Dactyles, inventerent le fer. 229. Et l’usage du feu. 230 [Le suivant : « Idees
Dactyles, inventeurs de la musique. 77 Les arts du feu puis aussitôt la musique, comme dans
La Seconde Semaine : mais pas comme Polydore Virgile qui distingue les deux !
Images d’or, et d’argent massif. 249
Instrumens necessaires au labourage, par qui inventez. 263
Instrumens de guerre par qui trouvez. 189
Instrumens des artisans par qui inventez. 228.229
Inventions des arts et des sciences, filles de necessité. 19
Machines de guerre par qui inventees. 189
Mercure estimé avoir esté le premier marchant. 346
Mercure second, inventeur des poids et mesures. 104
Mercure cinquiesme inventa l’argent. 229
Metaux par qui inventez, et mis en usage. 229.230.231
Art Militaire quand inventé, et son excellence. 185
Monnoye d’or et d’argent par qui inventee. 233. Et pourquoy appellee pecune. 236
Monnoye do’r et d’argent defendue par Lycurgue, 150
Monnoye d’erain quand signee à Rome.
Moulins a eau sont de nouvelle invention. 355
Moyse inventa les couronnes. 220
Moyse, inventeur de tous instrumens de gueres. 189
Le Nez à quels usages faict. 692
Or par qui inventé, et mis en usage. 228. Et pourquoi est palle. 229
L’Or par qui premierement monnoyé. 233
Outils des artisans par qui inventez. 228.229
Pallas a inventé l’architecture. 229
Penthesilee inventa la hache d’arme. 188
Perdix inventa la sie, et le compas. 336
Phidon feit le premier monnoye d’argent. 234
Phidon inventeur des poids et mesures. 104
Plomb
Poinçons a graver par qui inventez. 230
Promethé dict premier autheur du genre humain. 17
Promethé, premier astrologue. 97
Promethé enseigna à garder le feu en un ferule arbriçeau. 232
Promethé ayant desrobé le feu à Jupiter, commen puni, puis delivreé. 237.238
Pyromantie par qui inventee, et que c’est-à-dire. 124.125
Pyrods, le premier, qui tira le feu de la pierre. 232
Salades par qui inventees. 188
Sie par qui inventee. 335.336
Statues d’or, et d’argent massif. 249
Le Tour à menuisier par qui inventé. 336
Tubal Cain, le premier forgeron. 230.231
Tubal Cain, inventeur de l’art militaire. 186
Tuiles par qui inventees. 300
Tyriens, excellens architecteurs. 337
Vases de terre par qui inventez. 254
Verouils des portes par qui inventez. 230
Vulcan, premier forgeron. 231
Vulcan, dieu des Lemnites. 8
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87024573/f117.image
184 « Qui fut l’inventeur de l’art militaire, & s’il est plus excellent que les lettres : de l’ordre
& mot des armees, des sentinelles, & premiere façon de combatre. Chap. 10 » (du livre II)
Juste après le chapitre « de la mémoire » (c’est un art aussi)
185 L’art militaire est meilleur que les lettres, « comme les effects surpassent le babil & la
parolle ». La guerre « fut vilaine & detestable durant la rudesse & sottise d’esprit des
hommes, à cause qu’on batailloit encor comme les bestes sans art, ordre, ny discretion. »
186 C’est Pallas ou Mars qui a inventé la guerre, « Toutesfois nous trouvons dans Josephe
[manchette : Josephe ant. liv. I. chap. 2 »] que Tubal Cain, lequel estoit avant le deluge, & qui
excelloit sur les autres en force, à pratiqué fort les choses de la guerre ». Donc « je pense qu’il
seroit impossible d’en dire au vray l’auteur & l’inventeur » du fait de sa « tresgrande
ancienneté ».
187 « Du premier usage des armes, & de l’Artillerie. Chapitre 11 »
« Mars fut le premier qui ayant fait 188 forger des armes, en vestit, & arma ses soldats ».
[Ensuite il attribue à chaque arme un peuple inventeur. Puis à chaque machine de guerre :
bélier, scorpion, catapulte, tortue.]
190 « Toutes ces choses ont esté inventees pour la ruine & deffaite des hommes, mais pas une
ne s’esgalle à ce nouveau tonnerre, qu’on appelle Bombarde, le plus terrible et effroiable qui
fut jamais pourpensé par esprit humain, & l’inventeur duquel on dit que ce fut un Alemant de
basse condition, qui y fust induit en telle sorte : Cest homme né pour le peril, & deffaite de
l’humain lignage gardoit un jour pour certain affaire dans un mortier de la poudre à canon, &
l’avoir couverte d’une pierre : advint qu’en tirant du feu d’une pierre avec son fusil, une petite
estincelle tomba 191 dans ce mortier, & soudain la poudre ayant pris feu feit sauter ceste
pierre en haut : ce qui l’estonna & ensemble l’apprist de la force de ceste matiere : de sorte
que faisant un petit canon de fer, & composant la poudre il essaya ceste machine, & voyant
son fait reüssir à son souhait, fut le premier qui enseigna aux Venitiens l’usage de ceste
diablerie en la guerre qu’ils eurent contre les Genevois l’an de nostre salut 1380. en un lieu
nommé jadis Fosse Clodiane, à present Chioggia. [Manchette : « En ceste bataille les
Venitiens eurent le dessus par le moyen de l’artillerie. »] L’inventeur de ceste machine a eu
pour recompence, que son nom est incogneu à tout le monde : affin qu’à jamais il ne fust
maudit de tout les hommes, qui meritoit d’estre tout ainsi foudroyé que fut jadis Salmonee. »
[Ici rappel de Salmonée] « … aussi ceste machine estant desserree a similitude au tonnerre en
odeur, splendeur, esclat, & impetuosité : car par la force du feu qui sort & se ramasse dans le
canon, gettant hors les balles & boulets, il n’y a rien que ceste tempeste ne mette à bas… .
Pource est il venu en usage que la plus grande force de la fanterie, consiste en cest instrument,
& que indignement la cavalerie prenne son ornement d’une pistole ou harquebouse, & que
toute la vail- 192 lance s’assoupissant, & devenant aneantie la seule gloire des combats gise
en un canon ou autre telle piece. [Il faut dire que Polydore Vergile cite très souvent les poètes
et même les donne pour historiens « veritables » (195)]
228 « Les premiers inventeurs de l’or, & argent, fer, erain, & plomb, & des instrumens &
outils des artisans, & qui tira le feu de la pierre, ou du boys, & l’usage de la lampe. Chap. 19 »
« … dés le commencement les hommes ont esté si convoiteux [de l’or], que pour le
desentrailler de la terre, on a presque penetré jusqu’aux enfers » [puis cite Ovide longuement,
8vers. Ovide ne dit pas « presque », il dit « au Styx ». Puis 229 cite le mot de Phaleree
rapporté par Strabon, Géogr. 1, selon lequel Pluton allait sortir sur terre par les trous des
mines. Puis rapporte le mot de quelqu’un cité par Diogène Laërce, selon qui l’or est pâle
parce qu’on lui dresse des embûches.]
229 « Ce metal, comme dit Pline [manchette : Pline liv 7. chap. 56.], dut premierement trouvé
par Cadme au mont Pangee, ou comme d’autres veulent par Thoas, & Eacle en Panchaïe, ou
par le Soleil fils de l’Ocean. L’argent est de l’invention de Mercure cinquiesme du nom, &
pource apelle l’on vulgairement l’argent vif Mercure : ou ce fut Erichtonie Athenien, ou
Cearque. Or dit on qu’ils ont esté trouvez au mont Pangee, comme je cuide, à cause que
comme dit Herodote, ceste montaigne abonde en mines d’or & d’argent [manchette : Herod.
liv. 8]. Les Idees Dactils en Candie furent les premiers qui introduirent l’usage du fer en leur
pays. Le plomb fut trouvé és Isle opposees à la Celtiberie que Strabon apelle Cassiterides :
230 desquelles le tira un nommé Midacrite. L’erain Cinire fils d’Agriope le trouva en l’Isle de
Chipre, il inventa aussi les tenailles, le poinson à graver, le verrouil des portes, & l’enclume :
ce que Pline dit liv. 3. & 34. [manchette : Pline liv. 7. chap. 56. & 34. ch 8.] contre lequel
s’oppose Solin, lorsqu’il parle de Crete, ou Candie, escrivant ainsi. Les anciens l’ont estimee
estre Calthis, ainsi que dit Aristodeme, à cause que l’erain y fut trouvé premierement.Clement
aussi ne s’accorde point à Pline touchant le fer, veu qu’il dit, que Selines, & Damnamenee,
Juifs l’ont trouvé en Chipre. Quant à forger l’erain, les aucuns disent que les Chalybes, les
autres Cyclopes en furent les inventeurs, lesquels aussi battirent, & façonnerent le fer avant
que tout autre, ainsi que dit Pline. Mais Clement monstre que les Pannoniens furent ceux qui
nous enseignerent l’usage de l’erain : & le mettre en œuvre, ce fut Lyde Scythe qui le
monstra, ainsi que dit Aristote : & Theophraste pense que ç’ait esté un Phrigien nommé Dele.
Mais Strabon tient que les Telchines peuples mirent les premiers en œuvre le fer, & l’erain,
comme ceux qui forgerent pour Saturne une espee faite en faucille, nommee Harpé
[manchette : Strabon li. 14 Telchines.]. La soudure du fer est de l’invention de Glauque natif
de Chie, ainsi que tesmoigne Herodote [manchette : Herod. liv. I.]. A fondre & graver, &
signer l’or, Pline dit que ce fut Cadme qui l’inventa : Toutesfois Diodore [mancehtte : Diodo.
liv. 6. chap. 15.] semble qu’il vueille attribuer tout cecy aux Idees Dactiles de Crete, escrivant
ainsi au livre sixiesme. On dit que les Idees Dactiles trouverent l’usage du 231 feu, & la
nature de l’erain & du fer en quelle sorte on les forge, & met en besoigne, en un lieu qu’on
apelle Berecynte. Et en autre passage il dit, Vulcan a esté celuy comme l’on dit, qui trouva
l’art du fer, erain, or, argent, & autres choses qui se manient par le feu, & la forge. Toutesfois
l’usage des metaux est dés le commencement au monde, & en ont usé les Hebrieux, qui sont
les premiers nez en la terre ». Rappelle alors que Tubal Cain « fils de Lamech » est donné par
Joseph comme premier qui « forgea & mania le fer ». De même Clement attribue la trempe du
fer à « Dele Juif, quoy que Hesiode vueille dire que ce Dele fut Scythe de nation ».
« Quant au feu, Diodore dit, que quelques prestres luy asseuroyent que Vulcan l’avoit inventé,
& que pour ceste occasion les Egyptiens l’avoient fait leur capitaine, &
gouverneur. [manchette : Diodor. liv. I. chap. 2. Ensuite Vergile rappelle l’invention du feu
selon Vitruve, par la forêt qui dans le vent s’entrefrotte.] … Aucuns attribuent cecy aux
Dactiles de Crete : mais ils feroient mieux, s’ils l’attribuoient à ce grand Dieu du Ciel, & de la
terre… » « Quant aux soufflets pour allumer le feu Anacharse Scythe les inventa ainsi que
Strabon nous tesmoigne : & comme dit Clement, les lampes sont de l’invention des
Egyptiens. »
233 « Qui trouva le premier la monnoye d’or, & grava sur l’argent, & erain, & inventa les
mirouers d’argent. Chap. 20 »
234 Si Pline dit que le nom de l’inventeur de la monnaie est inconnu, « Neantmoins Herodote
auteur grave & ancien dit en sa Clio, que les Lydiens furent les premiers qui bastirent onc
monnoye d’or, & d’argent pour l’usage du trafic & de la vie. » [cf. les « vers trafiqués » de
Ronsard !!] Strabon dit que c’est Phedon qui a battu l’argent pour le monnayer et Ephore dit
que c’est Phidon, mais Vergile suggère qu’une lettre a été prise pour une autre.
235 Citant Ovide, Janus (ancien roi du Latium) est l’inventeur de la monnaie d’airain.
236 Le miroir d’argent, selon Pline 33, est inventé par Praxitele du temps de Pompée. Après
furent les miroirs « d’acier, de plomb, de voirre, de cristal, & plusieurs matieres
entremeslees », dont la plupart 237 sont inventés par Esculape, selon Cicéron, nature des
dieux, 3.
237 « De l’origine des anneaux, & premier usage des pierres precieuses & pourquoy en la
main gauche le doigt plus proche du petit est honoré sur tout autre des anneaux. Chap. 21 ».
Rappelle le mythe de Prométhée, puis : « Promethé afin de se reconcilier, & gaigner la grace
de Juppiter couroucé usa de cest art & industrie pour sa delivrance » (savoir qu’il prévint
Jupiter d’un grand danger) puis : 238 « afin qu’il eust à jamais mémoire de sa delivrance,
faisant un anneau & du rocher auquel il estoit lié, & de la chaine qui le tenoti captif, il luy mit
au doigt voisin du petit en la main gauche. » 239 Homère ne parle jamais d’anneaux, mais la
Bible, plus ancienne, en parle.
240-241 Macrobe soutient que l’anneau est à main gauche parce qu’elle est oisive et qu’ainsi
l’anneau ne va pas se casser, et qu’à l’annulaire il y a un nerf qui monte jusqu’au cœur.
241 « De l’origine du voirre, & ambre jaune, & qui le premier trouva le fard, & introduit à
Rome les confections de Myrrhe & de Cristal. Chapitre 22. »
Il résume ici ce que dit Pline, liv. 36, chap. 26. : c’est l’histoire des marchands de Nitre. 241-
242. Cela est cité très vite dans le « Discours du verre » de Ronsard.
[Dans tout ceci est un souci de justice, problèmes d’attribution dès qu’on touche aux métaux
puisque diverses traditions se croisent. Pour être juste avec un art, il faut être juste avec son
inventeur.]
Livre III, p. 351 : « Qu’il y a diverses choses tant anceinnes que de nostre temps, desquelles
on ne sçait les inventeurs. Chap. 18. »
352 Cite l’horloge, la cloche et la boussole (« Boëtte de l’esguille »). Puis « Ajoustez y encor
ce tourment de bronze qu’on appelle canon, ou Bombarde, lequel est & admirable &
execrable, comme trouvé pour la ruine des hommes, de sorte que je ne 353 pense point
qu’esprit humain en soit auteur, ains que c’est le diable qui a monstré l’usage de chose si
mauditte aux mortels, que non seulement ils combatent les armes au poing, ains encore ils se
foudroient, comme d’un esclat vehement de foudre… » Ici rappelle le mythe de « Perille »
dans Ovide (L’Art d’aimer, I), « ingenieur » qui inventa un taureau de plomb à l’intérieur
duquel on brûle les suppliciés qui poussent des cris de taureau enragé. Le tyran Phalaris le tua
par sa propre invention, 354 « D’autant que celle loy est juste & equitable / Qui punist
l’artisan, par son art execrable » dit Ovide. [Le livre IIII est sur les inventeurs de la religion.
[Fait partie de l’article à écrire sur les tyrans pyromanes
Paolo Rossi, Les Philosophes et les machines, 1400-1700, trad. Patrick Vighetti, PUF, 1996
[1962 en italien].
Préface de la seconde édition, X-Xi : « à la différence des artisans et des « mécaniciens » de
l’Antiquité et du Moyen Age, les techniciens de l’époque moderne naissante ont écrit et publié
des livres, exprimé des idées sur les arts, les sciences et leurs rapports, tenté de se mesurer
d’une façon polémique à la tradition, et opposé leur mode de savoir et d’approche de la réalité
naturelle à celui qu’ont théorisé et pratiqué les universités ». XI-XII : le rôle exact du progrès
des techniques dans les avancées du savoir a été beaucoup discuté, mais il faut être subtil et ne
pas en faire une cause de tout l’humanisme évidemment.
Avant-propos, 2 Défendre les arts mécaniques contre l’accusation d’indignité suppose deux
choses : 1) ne pas faire de la philosophie un loisir permis uniquement lorsque les besoins
matériels sont remplis, comme le pensait Aristote ; 2) « le savoir suppose publicité et
collaboration », et non secret sacerdotal.
7 n. 1 : A. B. Hanschmann a émis l’hypothèse que Bacon avait suivi les leçons publiques
d’agriculture, de géologie et de minéralogie de B. Palissy à seize ans à Paris. Les deux ont
pour opinion que la nature est infiniment plus complexe que ce qu’en disent les livres :
« primitivisme scientifique ». 8 De même Robert Norman, dans The newe attractive (1581)
défend les artisans contre les savants qui voudraient leur soutirer des faits bruts à quoi donner
du sens. 10 Pour Luis Vives dans De tradendis disciplinis (1531, deuxième partie des De
disciplinis libri XX), l’homme cultivé « ne doit pas avoir honte d’entrer dans les ateliers et les
fermes, de poser des questions aux artisans et de chercher à se rendre compte des détails de
leur ouvrage. À propos de la nature, écrit-il, « melius agricolae et fabri norunt quam ipsi tanti
philosophi », dans la première partie, De causis corruptarum artium. [Mais l’auteur, ici
comme ensuite, mélange tous les genres et toutes les époques du XVIe
26 « passage des artistes du rang d’artisans à celui de bourgeois » date du XVIe. « C’est
l’époque où Charles Quint se baisse pour ramasser le pinceau qu’avait laissé tomber le
Titien ». Dans le Quattrocento, où l’artiste n’était encore qu’artisan et en général fils
d’artisans, il y a eu néanmoins une conjointure des « activités techniques et scientifiques », de
la pratique manuelle et de la théorie : pas tout de suite lié à un changement de statut social !
L’atelier du sculpteur Ghiberti « devait se transformer en véritable laboratoire industriel ».
Brunelleschi est évoqué ensuite évidemment. 33 Il faut ensuite distinguer deux étapes :
l’inclusion de la peinture et de la sculpture dans les arts libéraux, et le dépassement de la
distinction arts mécaniques/libéraux [dépassement qui n’est pas acquis à la fin du XVIe.
38 P. Francastel 1977 a montré que Brunelleschi faisait de l’architecture une science
spéculative ; pour construire la coupole, l’artisan ne peut plus voir à chaque instant la forme
globale, il doit suivre une méthode calculée à l’avance [cf Valéry sur prévoir/pourvoir. C’est la
poésie de la Renaissance, cela ; Valéry n’a-t-il pas écrit un livre sur Léonard ?
43-44 Comme le rapporte Edgar Zilsel, le dixième du De magnete est consacré à la
cosmologie, à peine plus de la moitié traite de magnétisme, un autre dixième est consacré à
l’extraction et au travail du fer ; un quart à la navigation et aux instruments nautiques. Gilbert
connaît parfaitement les techniques de fonte des métaux.
Rossi fait de Biringuccio et Agricola des « livres des machines ». 49 Biringuccio refuse
l’alchimie pour cause d’absence de méthode technique, démontre Rossi.
55 Agricola, lui, reproche surtout à l’alchimie son absence de clarté terminologique (telle est
sa pierre de touche de la scientificité)
59-60 Guidobaldo del Monte (1545-1607) publie à Pesaro en 1577 des Mechanicorum libri :
« Mais parce que ce mot Mécaniques ne sera peut-être pas compris par tous selon son
véritable sens, et qu’il s’en trouvera même qui estimeront qu’il s’agit d’un terme insultant (on
a coutume, dans de nombreuses régions d’Italie, de traiter quelqu’un de Mécanicien par
moquerie et insulte, et certains, pour être traités d’Ingénieurs, se montrent indignés), il ne sera
pas hors de propos de rappeler que Mécanicien est un terme très honorable […] qui convient à
quelqu’un de haute extraction et qui sait de ses mains et de son sein mettre à exécution de
merveilleux ouvrages pour la seule utilité et l’agrément de la vie humaine ».
141 Appendice I : la thèse selon laquelle l’art n’est que le vicaire de la nature s’oppose à
Aristote pour qui la nature est un idéal que l’art imite (mal).
171 Appendice III : « La nouvelle science et le symbole de Prométhée ». 175 « Prometheus
est philosophus », écrit Pomponazzi dans le De fato (1554).
D. Bacon, Daedalus sive mechanicus, sur le danger mortel des arts mécaniques, qui sont très
utiles mais aussi outils de mort.
[Tant d’historiens se sont intéressés aux théâtres des machines ! Il faudrait peut-être leur faire
un sort, d’un mot, en rappelant que les théâtres des machines n’ont pas abouti à des
réalisations techniques la plupart du temps.
Dir. M. Figeac, L’Ancienne France au quotidien. Vie et choses de la vie sous l’Ancien Régime,
Armand Colin, 2007.
« Avant-propos », de M. Figeac.
8 L’histoire matérielle, souvent négligée, est parfois aussi devenue une « investigation de
fonds d’armoires ».
C’est un dictionnaire.
« Artisanat du bâtiment », Paul Delsalle : Les mots varient ; un menuisier-charpentier se dit
« chapuis » jusqu’au XVIIe. À Versailles on appelle un « Limousin » quelqu’un qui lie le
moellon avec mortier et terre, à la différence des maçons qui utilisent le plâtre. Par ailleurs
certains métiers, ayant pignon sur rue, n’ont pas de règlement : le premier règlement des
plombiers à Paris date de 1549, en Province ils n’en ont pas. Le port du Havre, dont les
travaux commencent en 1517, illustre le passage d’une main d’œuvre « corvéable » (les chefs
de feux 6km à la ronde devaient aux seigneurs des services) à une main d’œuvre salariée
(presque l’ensemble des travailleurs au Havre).
La consommation de cordes pour les chantiers est considérable : pour Le Havre, plus de
100kg par semaine.
« Bronzes d’ornement », Marc Favreau : Objet de luxe, nécessitent trois métiers (fondeurs-
ciseleurs, mouleurs, ciseleurs-doreurs). En France au XVIe, surtout liturgique (lutrins,
garnitures d’autels).
« Cloche », Youri Carbonnier : La cloche est baptisée collectivement, elle est ôtée par le
pouvoir royal des assemblées révoltées (Bordeaux en 1552, Montpellier en 1574).
« Ferronnerie, Serrurerie », Marc Favreau : La ferronnerie (le fer) revient par tradition aux
corporations des serruriers. 1625, parution de La Fidèle ouverture de l’Art du serrurier de
Mathurin Jousse.
« Métallurgie et sidérurgie », Paul Delsalle : Grande dispersion des entreprises métallurgiques
dès 1500. Le circuit est relativement simple : on lave le minerai pour supprimer la terre et les
déchets dans un patouillet. Ensuite le minerai est transformé en fonte dans un haut fourneau,
qui se diffuse d’abord dans la région de Liège au dernier quart du XVe siècle. Vers la fin-
XVIe, un troisième atelier, la fenderie, ancêtre du laminoir, permettra de débiter des produits
commercialisables. « Des hauts fourneaux sont attestés dans le Berry vers 1534-1543 à
Belâtre, Charneuil, Charnoble. Ils se généralisent au cours du XVIe siècle et surtout au XVIIe
siècle. Ce sont des tours de 7 à 8 m. de hauteur et de 6 à 7 m. de côté », qui produisent 1 tonne
de fonte par jour. On transforme la fonte en fer par fusion dans un feu d’affinerie. La forge
ayant besoin d’eau, elle est tributaire des aléas climatiques (sécheresses). Une forge peut
employer une centaine d’ouvriers au XVIe, plus après. Il y a plus de 400 forges à l’époque de
François Ier. Totalement absentes lorsque la région est dépourvue de massifs forestiers,
comme dans l’Artois ou la Picardie. Le XVIe siècle connaît une explosion de la coutellerie :
de 27 en 1476 à 170 maîtres couteliers en 1567 sur le cours de la Durolle. Au XVIe, la plus
grande ville métallurgique est Saint-Etienne, qui devient une puissante cité grâce à
l’armement.
« Mines et carrières », Paul Delsalle : le sous-sol appartient à l’Etat, mais son exploitation est
libre, moyennant reversement d’un dixième, dès le début du XVIe. En 1515 apparaît un
« garde et contrôleur général des mines » qui nomme les différents contrôleurs des mines et
vérifie les concessions accordées par le roi. L’édit de Henri IV, en juin 1601, crée la charge de
grand maître des mines et minières de France. Les machines d’exhaure sont des merveilles de
perfectionnement ; la première est conçue en 1519-1522 en Alsace. Bertrand Gille a vu dans
l’ordonnance de Philippe II, publiée en 1578 et destinée aux mineurs de Franche-Comté, une
législation sociale très avancée : journée de huit heures, conventions collectives, congés payés
aux fêtes, logements et jardins ouvriers.
« Monnaie », Reynald Abad : les fraudes monétaires sont regroupées sous le terme générique
de « billonnage ». Frapper des fausses monnaies d’un pays contre lequel on est en guerre est
une méthode militaire comme une autre.
« Orfèvrerie », Michel Figeac : rien sur la Renaissance.
Penser la technique autrement, XVIe-XXe siècle. En hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, dir.
Robert Carvais, Anne-Françoise Garçon et André Grelon, Classiques Garnier, 2017.
Pascal Dubourg-Glatigny, « Réduction en art et Erkenntnissteuerung : deux tendances
historiographiques actuelles sur l’écriture des savoirs à l’époque moderne », p. 31-41.
En gros l’Erkenntnissteuerung (pilotage du savoir) est une méthode allemande qui considère
les contraintes du texte imprimé comme extérieures au savoir enseigné, comme si l’imprimé
n’avait pas à voir avec le livre technique. Mais la réduction en art, il est vrai, avait tendance à
oublier ces contraintes techniques vu qu’il y a déjà de la réduction en art dans les manuscrits.
Et les Allemands sont toujours plus objectifs.
Les livres de Hiérome Cardanus,... intitulés de la subtilité et subtiles inventions, ensemble les
causes occultes et raisons d'icelles, traduis de latin en françois par Richard Le Blanc, Paris :
G. Le Noir, 1556.
Premier livre, f. 1 r° : « Si certainement savoir & cognoistre la nature des choses est laborieus,
qu’est-il plus laborieus, que ce livre, ou j’ai auteurs que je doi fuir, comme Pline & Albert,
ausquels principalement en ce genre de matiere on n’adjouste foi, pource qu’ils mentent
apertement, & n’ai aucuns que je suive ? […] Que dirai-je des causes, lesquelles touchees de
nul, toutefois il me convient les declarer comme receues & entendues par quelque oracle &
advertissement divin. Mais jadis on adjoustoit foi aus oracles sans demonstration : quant à
moi, {v°} on ne me croira, si je ne fai demonstration & probation de mon dire. »
f. 34 v° : Il y a une distinction, dans les « substances subtiles » qui intéressent Cardan, entre
celles qui sont subtiles par nature (comme l’air, le sang ou l’or, pour des raisons différentes),
celles qui sont subtiles à cause du feu (qui atténue les espèces crasses ou épaisses), et celles
qui sont subtiles par art, comme le plomb, quoique l’art ne sache pas mêler les substances
comme le feu sait faire.
[Dans l’ensemble ce traité est un bazar, ce qui conduit Cardan à se répéter, par exemple sur
l’utilité des soufflets pour fondre les métaux]
« De la mixtion et matieres composees, ou des metaus, & choses metalliques, Livre
cinquieme. » (f. 97 v°)
Ce livre parle d’abord des potiers, qui font des pots de terre mêlée, comme les métaux : c’est
cela aussi que potiers et forgerons ont en commun. Puis parle des vins et des huiles.
f. 107 v° : « Je trouve en Agricola une mine d’argent, quoi que l’argent soit un metal le moins
fecond, estre en longueur de trente piés, en largeur de dix piés, & de soixante piés en
profondité. Donques il est manifeste qu’elle estoit semblable à un arbre ». Cardan veut
absolument que les mines de métaux soit l’image des végétaux, mais sous terre et plus
grandes, « comme sont les balaines de la mer plus grandes que les animaus terrestres ». C’est
intéressant de voir aussi que Cardan récupère Agricola, un ouvrage technique, pour de la
théorie métaphysique. Agricola est cité plusieurs fois par la suite.
f. 120 r° : « Des metaus, livre sixieme » cite Biringuccio (« Vannocius Biringutius de Senes
en son euvre intitulé Pyrotechna », f. 126 r°).
« Des pierreries, livre septieme », f. 129 v°)
f. 147 v° : L’aimant couleur de fer « attire le fer, & le fer touché de l’aimant, attire un autre
fer, en sorte qu’il avient que les anneaus de fer s’entreattirent par succession perpetuelle. »
Cardan en profite pour vitupérer Albert en prétendant que la boussole (pixis) était connue des
Anciens.
La seule explication de l’aimantation par Cardan, c’est que le fer est son « aliment », et que
l’aimant est vivant, f. 148 r° : « Ceci avient, pource que l’aimant desire le fer, comme son
aliment ».
Plus encore, f. 150 r° : « Aus choses qui ont sentiment le masle est mouvé vers la femelle, car
il est attiré par le sentiment. Aus choses qui n’ont de sentiment la femelle est attiree par le
masle. Pour ceste cause le fer est attiré & ravi de l’aimant : toutefois, comme j’ai dit, mutuel-
{v°}lement ils sont mouvés l’un vers l’autre. »
[Je ne trouve pas mention des montagnes d’aimants, qui doivent se trouver dans d’autres
livres consacrés aux inventions…
152 v° : une manchette : « Si les pierres ne vivoient, les pierres precieuses pourroient estre
faites par artifice »
318r « Des ars et inventions artificieuses, livre dixseptieme ».
Navigation, « tormens belliques » (machines de guerre), imprimerie.
V° « Les ars qui sont grandement illustrés, enrichis & ennoblis par subtilité, sont la peinture,
l’art de sculpture, & de poterie ». « Les ars qui seulement sont aidés par subtilité, & non
ennoblis, sont l’art militaire, la magie, l’alcmie, l’art de faire les machines, qui est contenue
sous l’architecture. Car la peinture est la plus subtile de tous les ars mecaniques, & la plus
noble. Et 320 v° : « La pure poterie, dit plastice, est la plus difficile de tous les ars, fors la
peinture »
325v « L’art Chymistique, vulgairement dit alcmie, contient plusieurs choses admirables,
plusieurs inutiles, plusieurs doubteuses, plusieurs belles, aucunes salutaires, aucunes
d’efficace, aucunes presque divines, plusieurs de nulle consequence, aucunes de grande
esperance, aucunes de grande jacture & peril, qui surmontent les autres en nombre.
329v « Toutefois l’usage de la chose souvent est caché & incognu avec la chose mesme : car
l’utilité & necessité des artilleries, & des caracteres dont sont imprimés les livres, n’estoit
cognue, & ne l’avoit esté avant l’invention de l’art. » Donc on ne sait ce que nous réserve
l’alchimie plus tard, dit Cardan. Dans l’ensemble il a cité quelques opérations chimiques très
précises (fonte de tel ou tel métal, opération sur le verre) qui ne font pas une théorie
cohérente, comme d’habitude.
346r On retrouve « toutes grandes choses sont de petits commencements » (c’est une
manchette)
358v La « moumie », la revoilà.
Ensuite Cardan remonte aux Esprits, puis aux Anges, puis à Dieu : c’est une encyclopédie à
l’envers !
Man and Nature in the Renaissance, Allen G. Debus, Cambridge University Press, 1995.
1 Francis Bacon loue la « force, vertu et conséquence des découvertes », en particulier de
« l’imprimerie, l’artillerie et l’aimant » (Novum organum, 1620), qui sont inconnus des
Anciens.
9 Je suis étonné de voir apparaître déjà la notion de « technology » pour décrire les causes de
la Renaissance (après mathematics, vernacular, experiment, etc.). Les anglais sont en avance
grâce à leur vocabulaire, mais ils sont aussi moins précis. Debus parle d’un processus
d’« instrumentation ». Sauf que l’auteur confond tout lorsqu’il écrit (9-10) : « This may be
interpreted partially as a revolt against the authority of the ancients, as most ancient and
medieval studies of nature were totally divorced from processes employed by workmen » :
c’est vrai, mais les artisans en question ne sont pas les mêmes. Debus parle immédiatement
des arts du feu : There may be few descriptions of the practical arts in the books of the
fifteenth century, but handbooks of mining operations began to appear from the presses as
early as 1510.
Philippe Dilmann, LAPA, métaux ferreux, ENS Ulm [pas daté, année 2017
Les textes sont une source toujours limitée quant à la description du geste.
Le « minerai de fer » est fait de fer et d'oxygène, et aussi d'une gangue qui contient plusieurs
métaux.
Le fourneau mérovingien va de 1200 à 1400° ; le fer fond à 1535°.
La masse brute de réduction se forme près de l'air, et les éléments non-ferreux (« scorie »)
fondent. À la Renaissance, la « scorie coulée » s'évacue. Si la scorie reste avec le métal, il est
moins travaillable, occasionne des frais. La scorie dépend : de la qualité du minerai, du
charbon, de la paroi du four, des ajouts du forgeron, et des conditions thermiques. L'ensemble
est appelé une « recette ».
Le martelage sert à chasser les scories piégées, qui constituent jusqu'à 60% de la masse de la
« masse ». Manuellement on ne peut marteler que 7kg de masse maximum, c'est un travail
énorme. Mais le marteau hydraulique naît vers 1135, mais loin de constituer un véritable
martinet, et loin de se généraliser.
Au XIVe siècle le savoir-faire consiste à augmenter la viscosité de la masse, tandis qu'au
XVIe la température, beaucoup plus haute, menace de former de la fonte, qu'on ne sait pas
bien traiter (au XVIIIe siècle les artisans l'appellent « la gueuse ») : le savoir-faire consiste à
limiter la viscosité, garder la température à un certain maximum. Mais à la fin du Moyen Âge,
on commence à tenter de traiter et rentabiliser la fonte, la première occurrence d'un boulet en
fonte date de 1414. La fonte à la moitié du XVIe est affinée partout en Europe.
Dans la transition du procédé direct vers l'indirect, la période 1400-1450 constitue un creux de
données. Au XIVe on réutilise les forges existantes, mais au XVe on déplace les forges ; au
XVIe siècle on les déplace encore plus et plus loin.
L'acier est une fragmentation de la masse brute obtenue par cofusion de fonte et de fer. La
trempe, l'acier trempé, est dix fois plus dure que le fer. La pointe des pointerolles est en
trempe, certains couteaux aussi. Les armures qui portent la « marque » de l'artisan ont une
trempe bien moins ferreuse que les armures sans marques.
Les fourneaux sont ouverts en Catalogne, on parle de « foyers ».
Question du « choix » de l'artisan : le chaînage de la cathédrale d'Amiens se divise en trois
branches dont une seule porte véritablement un poids. Analogie avec une main, demande du
commanditaire ? Plutôt Trinité, a dit M. Perrot.
Il y a une standardisation dans la production métallurgique : différentes qualités d'armures
sont répertoriées, la solidité en est testée. On peut mesurer la qualité de la matière en cours
d'élaboration, à l'oeil, à l'oreille et même au nez, dit Dillmann.
« Une métallurgie de l'hétérogène », dit Dillmann pour la Renaissance.
François Garrault, Des mines d'argent trouvées en France, Paris : pour la Vve J. Dalier et N.
Roffet, 1579.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1257006
Cette philosophie positive du travail des métaux est liée à une négation totale de l’alchimie, f.
A ij r°.
Il réfute aussi, à la page suivante, l’argument selon lequel la terre a caché les métaux pour
qu’on n’aille pas les prendre :
f. B r°, l’auteur explique que la Religion défend l’usage du bâton de frêne pour trouver les
mines.
B ij r° :
L’ouvrage des mines & usage des metaulx est fort ancien, introduict de tout temps par
Tubalcain (dit forgeron) avecques l’art de fonderie, & continué en la famille d’Azael ou
desnoirs d’où on a tiré les fables poeticques desquelles les escrivains prophanes se sont aydez
en l’invention des choses concernantes l’art des metaulx : disans que Cyniras fils d’Agriopas
trou{v°}va la mine de Bronze, & inventa les tenailles, marteaulx, enclumes, & autres
ustencilles servants à l’art de fonderie.
Suivent les attributions des inventions : Dactily Idei => mines de fer
Erichtonius Athenien ou Eacus => mines d’argent
Cadmus Phoenicien ou Thoas & Eaclis de Panchaye ou Sol fils d’Occean => mines d’or,
manière de le fondre & affiner
Midacritus => mines de plomb
Chalybes => fourneaulx pour fondre & affiner
Lydus Scithe => jeter en fonte [c’est un personnage du de raptu proserpinae
Cyclopes => « martinetz pour forger : qui sont les ustencilles & choses necessaires pour
reduire les metaulx en leur perfection. Car la mine estant tiree de terre est brisee, esbrouee,
recuite, pillee, lavee, fonduë, & affinee au feu : toutesfois {B ij r°} selon la qualité de la
matiere on donne plus ou moigs de façons, car si c’est or ou argent, on le met en poudre dans
le mortier, comme praticquent les Allemans, ou entre deux meulles selon l’usage des François,
pour la mieulx netoyer & chasser tout le terrestre : d’autant qu’il n’y a chose qui consomme &
mange plus le fin desdites matieres à l’affinaison, auquel s’il y avoit seulement de la louppe
qui provient de la fonte on n’en tireroit la moyctié du fin : ou quand il n’y a rien de terrestre il
ne se perd aucune chose ainsi que je l’ay experimenté.
E ij v° l’auteur insiste sur les libertés des villes-mines (Fribourg, dit-il, est pour Freibourg,
libertés)
S’achève (F v°) sur l’expression « prouffit & comoditté à la chose publicque ».
L’Acier en Europe avant Bessemer, Philippe Dillmann, Liliane Pérez & Catherine Verna
Convertisseur Bessmer, XIXe siècle. « Les aciers avant Bessemer », p. 7-69. 9 : On parle
d’acier aujourd’hui où on parlait de fer avant, parce que le fer pur n’a jamais été connu même
par la métallurgie. 8 « l’acier, ou plutôt les aciers, sont en effet des matériaux sophistiqués,
correspondant à des usages particuliers […], toujours associé[s] à une maîtrise technique au
moment de son élaboration ».
« L’acier dans la minéralogie et l’alchimie médiévales », Jean-Marc Mandosio, p. 95-109
97 Aristote, dans les Météorologiques qui sont la Bible de la métallogenèse médiévale, dit que
l’exhalaison sèche (terrestréité dit la scolastique) et l’exhalaison aqueuse (aquosité) se mêlent
dans tous les métaux mais qu’avec l’acier on a épuré l’exhalaison sèche. Ainsi l’acier est
« plus fin et plus aqueux », dit Albert le Grand. En fait il y a dans le fer deux humidités
qualitativement différentes : l’une est terreuse et grasse ou épaisse, l’autre aqueuse et subtile
ou fine. C’est la terrestrosité grasse qui permet au fer de tenir ensemble. La sécheresse est
néanmoins dominante dans le fer (sinon il serait visqueux), et elle explique que le fer ait un
grain épais. L’acier, qui est fait de sécheresse et d’humidité subtile, est de ce fait cassant, il
faut l’associer au fer pour obtenir un couteau ou quelque chose de coupant. [Attention à ne
pas utiliser le terme d’évaporation pour la terrestrosité grasse, mais seulement pour l’aquosité
subtile, c’est une distinction que fait Aristote : l’huile part en fumée tandis que l’eau part en
vapeur. 100 L’acier est aussi donné comme malléable quand il est chauffé, mais cassant quand
il est refroidi : d’où la comparaison, chez Vincent de Beauvais, avec la glace…
Il y a une contradiction dans l’utilisation des expériences : Vincent de Beauvais comme Albert
le Grand considère que l’acier est moins poreux que le fer, parce que plus solide, et que la
réduction de l’humidité terrestre grasse resserre les pores du métal. Mais Thomas de
Cantimpré, dans son De natura rerum c.1240, considère que l’acier est plus poreux, parce
qu’il flotte dans le mercure, contrairement au fer (on ignore s’il a réalisé l’expérience lui-
même). 102 Même Blaise de Vigenère paraphrase, au sujet de l’acier, Albert le Grand.
Ensuite Mandosio analyse la fusion de cette théorie aristotélicienne avec la métallogenèse par
le soufre et le mercure chez les alchimistes. Mais 109 le fer n’est pas un métal intéressant
pour le pseudo-Avicenne et les alchimistes, il ne szert pas au grand œuvre.
Hommes et travail du métal dans les villes médiévales, éd. Paul Benoît et Denis Cailleaux,
1988.
« Introduction », 5 : « Trop précoce, peut-être, pour les archéologues, cette Table ronde vient
à point pour les historiens travaillant sur les archives ».
Eve Netchine, « Les artisans du métal à Paris, XIIIe-XVe siècle », p. 29-60
33 Plus de soixante noms de métiers répertoriés dans la métallurgie parisienne, des plus
spécialisés aux plus généraux. 34 « fèvres » désignent maréchaux, greifiers, heaumiers,
vrillers et grossiers en 1268. Appartenance du métier à un grand officier de la couronne, le
Maréchal.
« Fevres et forgerons d’Orleans, 1399-1430 », Françoise Michaud-Frejaville, p. 69-82
70 Les maréchaux sont liés aux chevaux ; en fait seuls quelques uns ont laissé une trace
d’activité métallurgique.
Voir dans L'Apparition du livre, 1958, p. 418-420, l'importance des bois d'Agricola dans
l'histoire du livre.
« Littérature technique du Moyen Âge et du XVIe siècle sur l’essai de la monnaie d’argent »,
Ricardo Córdoba de la Llave, p. 321-329
321 Les textes didactiques apparaissent à partir du XIIe siècle sous l’impulsion d’une
laïcisation de l’élite intellectuelle. Répondent à des « besoins d’ordre pratique », s’adressent
aux professions intellectuelles, « juristes, commerçants, navigateurs ou alchimistes ». 322 En
matière d’essai de la monnaie, c’est Théophile qui répond le premier à la question (entre 1110
et 1140). 325 Mais le premier est le Probierbüchlein (Livre d’essai) de 1500. « Un grand
nombre d’éditions ont suivi la première parution » 328-9 demandait une grande qualification
technique de la part des lecteurs, descriptions très précises pour contrôler le titre des
monnaies. 329 Cyril S. Smith : « au XVIe siècle, il n’y avait pas de domaine de l’application
des sciences plus avancé que celui de la technique des essayeurs ».
L'Europe des sciences et des techniques. Un dialogue des savoirs, Xve-XVIIe siècle, dir
Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie Thébaud-Sorger
Introduction
10 Le terme « art » déborde le simple champ des métiers, un traité peut concerner les
fortifications, l'escrime, la prière, la danse etc. 11 Le sens moderne de « technologie » a
contribué à empêcher la naissance d'une véritable techno-logie.
Fabien Simon, « Découvrir : un Nouveau Monde des savoirs », p. 19-32
20 Bacon, Instauratio Magna, 1620, frontispice affiche la devise : « Multi pertransibunt &
augebitur scientia » (Dan. 12, 4).
28 Cette notion découle d'une première remise en cause des frontières entre théorie et
pratique, à partir de l'idée d'expérience, comme le montre Léonard de Vinci, Traité de la
peinture, trad. André Chastel et Robert Klein, 1960, « Paragone » (parallèle des arts) :
« Quelle science est mécanique et quelle ne l'est pas. On dit mécanique la discipline issue de
l'expérience, scientifique celle qui a son commencement et son aboutissement dans l'esprit ; et
semi-mécanique, celle qui procède de la théorie pour aboutir à l'opération manuelle. Mais
toutes les sciences me semblent vaines et pleines d'erreurs qui ne naissent pas de l'expérience,
mère de toute certitude, et n'aboutissent pas à une expérience manifeste ; autrement dit, dont
l'origine ou le milieu ou la fin n'est soumis à aucun des cinq sens. »
« L'artisan, les sciences et les techniques », Liliane Hilaire-Pérez, p. 103-110
104 Il y a certes un paradoxe dans ce que la science moderne réhabilite l'artifice mais est
l'oeuvre de non-praticiens. Aujourd'hui on a souligné le rôle des fabricants d'instruments dans
les progrès de la science.
« Laboratoires et ateliers, des espaces de travail entre sciences et arts et métiers, XVIe-
XVIIIe siècle », Patrice Bret et Catherine Lanoë, p. 149-155
« République des lettres, République des sciences », Stéphane Van Damme, p. 183-189
Semble défendre l'idée que la « République des sciences », attachée au « bien du public » et à
une éthique impersonnelle et en partie religieuse, ne naît qu'au XVIIe siècle. Mais on en
trouverait tout à fait la trace au XVIe siècle, chez les médecins par exemple...
« Localité et mobilité des savoirs techniques », Liliane Hilaire-Pérez et Catherine Verna, p.
219-226
« Le voyage de formation en Europe, Xve-XVIIIe siècle », Gilles Bertrand, p. 231-237
234 La peregrinatio academica formait les savants par allée et venue d'une université à
l'autre. Cas des Platter, protestants bâlois, montre comment un père et ses deux fils nés à près
de 50 ans d'écart peuvent se former par le voyage. Thomas, dit le Vieux (1499-1582), petit
berger misérable du Valais devenu mendiant itinérant à pied dans une partie de l'Europe
germanique, d'abord ouvrier cordier puis professeur de latin, de grec et d'hébreu et même
patron imprimeur. Son fils Felix Platter, né en 1536, étudie la médecine à Montpellier et fait
une pérégrination initiatique à cheval. Thomas eut un fils à près de 70 ans, Thomas II, qui
quitte Bâle en 1595 pour un voyage en Catalogne, en France, en Angleterre, etc., et se livre
finalement à la pratique médicale. La peregrinatio academica évolue à partir des années 1540
vers le Grant Tour, où les jeunes de grandes familles, futurs dirigeants, s'initient à la gestion
des affaires publiques en parcourant l'Italie, la Suisse, les Pays-Bas, l'Allemagne et
l'Angleterre.
Fabien Simon, « Quelle est la langue de la science : dire efficacement la vérité
scientifique ? », p. 257-267
258 Pierre Belon, Portraits d'oyseaux, animaux, serpents..., 1557 : « Une communauté
d'hommes villageois, un Breton, Basque, Ecossais ne s'entendraient l'un l'autre d'autant que la
langue de chacun est étrangère à l'autre. Mais s'ils étaient hommes lettrés et qu'ils parlassent le
langage lettré dont on use en leur religion, alors chacun s'entendra parler. Combien donc est
avantagé l'homme lettré sur le mécanique ». Le latin est « une ligne de partage entre la Babel
des ignorants et la société unitaire des doctes » (Waquet, 1998).
« Techniques et religion », Koen Vermeir, p. 487-494
487 Thèse de l'opposition radicale : Darwin, Galilée. 488 Thèses contradictoires de la
« sécularisation » de la science à mesure qu'elle faisait des progrès (Auguste Comte) et des
« affinités électives » de la science moderne avec l'ethos protestant (Weber, Robert Merton).
Karel Davids (2013) a infirmé, semble-t-il, cette hypothèse : si les institutions religieuses en
matière d'éducation, de communication et de circulation avaient joué un rôle important dans la
« Grande Divergence » technologique et économique entre l'Europe et la Chine, les
différences confessionnelles à l'intérieur de l'Europe n'ont eu aucun impact.
490 « Bien qu'elles stimulent l'imagination, les grandes thèses relatives aux rapports entre
techniques et religions sont quasiment impossibles à vérifier ».
Technology and culture, vol. 22, n. 2, avril 1981, Bruce T. Moran, “German Prince-
Practitioners : Aspects in the Development of Courtly Science, Technology, and Procedures in
the Renaissance”, p. 253-274
253 L’hypothèse est que les cours allemandes, en patronnant certaines entreprises techniques
subordonnées à leurs intérêts précis, ont donné une légitimité aristocratique à l’approche
expérimentale baconienne de l’étude la nature.
270 « Princely projects demanded role versatility from both academician and artisan ». Les
Princes du Saint-Empire ont poussé la rencontre entre science et technologie. 274 Ce faisant,
ils ont étréci la distance qui séparait les théoriciens et les praticiens.
Cf. dossier « les techniques, l’histoire et la vie », Annales d’histoire économique et sociale, n°
36, 30 nov 1935. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10035t/f1.image
Lucien Febvre, « Réflexions sur l’histoire des techniques », 531-535
Insiste sur le fait que tout reste à faire, ce qui est normal vue la date.
532 Cite Marx, « l’Humanité ne pose jamais que les problèmes qu’elle peut résoudre ».
[Il y a un article de La Roërie sur les gouvernails, il rend la technique du gouvernail
responsable in fine de la traite des esclaves. C’est intéressant.
Lucien Febvre, « Une enquête : la forge de village », p. 603-614
C’est un compendium de réponses obtenues de bénévoles après un appel à descriptions des
forgerons du passé.
604 Portraits pittoresques de maréchaux : Paulin Lebas : « Le forgeron était vêtu de toile
grossière, chaussé de gros sabots, les reins ceints de la traditionnelle barrette de cuir,
surchargée d’innombrables rapiéçages. Le cou et les bras nus. Constamment noir comme un
« ramona » il ne se lavait que le dimanche. Il avait la peau durcie et parcheminée par la
chaleur. J’ai vu maintes fois le maréchal, quand sa forge était éteinte, enfoncer ses doigts sous
la cendre du foyer de la cuisine, et rapporter dans le creux de sa main une poignée de
charbons ardents pour rallumer son feu. »
« L’outillage du forgeron d’il y a cinquante ans ne différait guère de celui que nous décrit un
inventaire de 1442. […] Les soufflets sont devenus plus petits, le bassin où trempait la
« mouillette » ne se trouve plus sur la forge, mais dessous. »
604-605 Un forgeron a répondu à l’enquête : il liste son outillage ainsi : soufflet à piston,
enclume à deux bigornes, une ronde une carrée, bassin à tremper le fer, établi d’un madrier de
chêne, limes, marteaux, etc.
606 Dans les campagnes, le forgeron n’a pas que des activités métallurgiques. Il est bien sûr
dentiste avec ses tenailles. Une directrice d’école raconte qu’il pose la tête du malde sur
l’enclume et la tape en marmonnant des paroles que l’on croit magiques. « Ces coutumes ont
disparu depuis une quarantaine d’années ». [Il reste quelque chose de cette diversité dans la
poésie qui évoque Vulcain
Le forgeron est aussi vétérinaire. Il fait des saignées aux bœufs à l’aide de clous.
607 « La forge est un lieu de rendez-vous, surtout les jours de pluie ». On la surnomme « le
lavoir des hommes ».
609 Il y a un temple de Vulcain dessiné sur le « bâton de maréchal » d’un forgeron de Saint-
Laurent dans la Creuze. Il y a aussi une ruche et des abeilles, une grappe de raisin et une
levrette.
610 L’apprentissage n’est pas sûr, même après 5 ans on ne sait pas (à condition que le maître
ne soit pas de notre famille) s’il nous a bien tout appris. En fait, la trempe est notamment le
plus grand secret professionnel. 611 En Ardennes, la fabrication des cloches des vaches était
un secret auquel personne n’avait droit d’assister.
Les Arts mécaniques au Moyen Âge, Guy H. Allard et Serge Lusignan (éd.), Paris : Vrin,
1982, « Alchimie, technique et technologie », Claude Gagnon, p. 131-146 :
134 Claude Gagnon veut que les faussaires ne soient pas des alchimistes dévoyés mais au
contraire que les transmutateurs soient des faussaires dévoyés et que, comme l’indique
Berthelot (c’est lui que suit essentiellement tout l’article), la première alchimie ait voulu
tromper les acheteurs sur la qualité de l’or.
Pinon, Laurent, Romano Antonella, and Vérin Hélène. "Renaissance Des Savoirs
Scientifiques Et Techniques? Une Introduction." Nouvelle Revue Du XVIe Siècle 20.1
(2002): 7-18.
8 Le numéro est centré sur les années 1550-1610. [Dates un peu rondes
10-11 Agricola opère une « double expérience », contribuant à l’édition aldine des œuvres de
Galien et à l’exploitation d’une mine en Bohème.
Hélène Vérin, La Gloire des ingénieurs. L’Intelligence technique du XVIe au XVIIIe siècle,
Albin Michel, 1993.
« Les lettrés et les arts mécaniques », p. 64-74.
69 : Hugues de Saint-Victor dans son Didascalion (1131) fait la fameuse association arts
mécaniques-adultère, empruntée à Platon. Les arts qui imitent la nature dans leurs procédés
sont des arts d’imitation : le monde de l’artifice adultère le monde naturel.
Réduire en art : la technologie de la Renaissance aux Lumières, dir. Pascal Dubourg Glatigny
et Hélène Vérin, éd. De la Maison des sciences de l’homme, 2008.
Intro
11 « réduire en art » : formalisation de tous les domaines. Conduire ou ramener, au moyen de
l’écriture et de la figuration, les savoirs à l’ordre de l’art. 13 pas seulement un conservatoire :
Agricola veut un perfectionnement.
« Rédiger et réduire en art : un projet de rationalisation des pratiques », Hélène Vérin, p. 17-
58
35 Vitruve, Végèce et Cicéron insistent sur la nécessité d’utiliser une langue accessible.
« La réduction en art, un phénomène culturel », Pascal Dubourg Glatigny et Hélène Vérin, p.
59-94
« Réduire la mine en science… ? Anatomie des De re metallica d’Agricola », Anne-Françoise
Garçon, p. 317-336
« Rédiger et réduire en art : un projet de rationalisation des pratiques », dans Réduire en art :
la technologie de la Renaissance aux Lumières, op. cit., Paris : éd. de la Maison des sciences
de l’homme, 2008.
J. R. Partington, A Hitory of Chemistry, vol. 2, Mansfield Centre : St. Martin’s Press, 1961-
1970.
Chapter II : technological Treatises.
« Ellenbog », p. 69 : traité en 1473 sur la toxicité des vapeurs de métals
“Biringuccio”_ 33 : « Like Agricola, Biringuccio is severely but unfairly critical of Albertus
Magnus.”
“Mathesius” auteur de remarques insérées dans des sermons, p. 62.Palissy évidemment.
Les Techniques minières de l’Antiquité au XVIIIe siècle, Paris : Editions du C.T.H.S., 1992.
« Les représentations graphiques anciennes des mines vosgiennes du XVIe au XVIIIe
siècle », Pierre Fluck, p. 317-338.
Les Techniques minières de l’Antiquité au XVIIIe siècle, Paris : Editions du C.T.H.S., 1992.
Paul Benoit et Jacques Grandemange, « Prospections et recherches minières aux XVe et XVIe
siècles, l’exemple du Val-de-Lièpvre lorrain », p. 339-358.
[Vers 1125, Hugues de Saint-Victor présente une liste des 7 arts mécaniques : « Les sept arts
mécaniques comprennent : la fabrication de la laine, l'armement, la navigation, l'agriculture, la
chasse, la médecine et le théâtre. Hugh of St Victor includes navigation, medicine and
theatrical arts instead of commerce, agriculture and cooking. Already Johannes Scotus
Eriugena (9th century) divides them somewhat arbitrarily into seven parts, vestiaria (tailoring,
weaving), agricultura (agriculture), architectura (architecture, masonry), militia and venatoria
(warfare and hunting, "martial arts"), mercatura (trade, commerce), coquinaria (cooking),
metallaria (blacksmithing, metallurgy)]
177 Nürnberg était inégalée dans la production de fer. Cela impliquait dans la ville une très
lourde hiérarchie et des strates de pouvoir très fermées.
La Mine mode d’emploi. La Rouge myne de Saint Nicolas de la Croix dessinée par Heinrich
Groff, éd. Emmanuelle Brugerolles, Hubert Bari et alii, Paris : Gallimard, 1992.
2 Antoine de Lorraine arrive en juin 1529 à La Croix-aux-Mines, gisement de plomb
argentifère. Georges d’Ainvaux est receveur des mines, qui a commandé au peintre Heinrich
Groff, en plus de réfections somptuaires, un recueil de dessins retraçant l’activité de la mine.
58 À La Croix-aux-Mines, la minéralisation principale est la « galène » : 1kg d’argent par
tonne. Apogée vers 1530.
60 « L’album de Heinrich Groff est d’autant plus précieux que l’iconographie minière des
XVe et XVIe siècles est relativement limitée. Elle apparaît d’abord sur les pages enluminées
des manuscrits à caractère religieux, utilisés lors des offices dans les églises paroissiales des
villes minières », comme les antiphonaires de Kutna-Hora, 1471, ou le graduel décoré du
chapitre de l’église de Saint-Dié au début-XVIe, dont le commanditaire est maître des forges.
61 Dans les églises mobilier et décor rappellent parfois les activités passées : deux marteaux
croisés, symbole trad. Du métier de mineur, vitraux dédiés à saint Daniel, chaires à motifs
miniers. Mais surtout tableau d’autel de l’église de Sainte-Anne réalisé par Hans Hesse en
1521 pour la confrérie d’Annaberg, paysage panoramique à la Brueghel. Les confréries ont pu
demander aux orfèvres des symboles gravés ou dorés qui constituent de véritable trésors,
comme celles de Freiberg et de Clausthal. Outre les plans et coupes transversales
commandées par les concessionnaires, quelques œuvres prestigieuses comme le vitrail de
Schauinsland offert en 1350 à la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau. Mais les propriétaires
commandent les objets les plus riches. La « coupe Holzschuher » fait voisiner des activités
minières avec des scènes bacchiques, le hanap des sires de Ribeaupierre en Alsace, dont la
base est décorée de six scènes minières et la partie supérieure d’épisodes religieux et
mythologiques.
62 (HGE = Heinrich Groff Elsässer », alsacien). 1574, Aula Subterranea de Lazarus Ercker
qui répond au même souci de diffusion des connaissances. « Les planches furent largement
copiées et inspirèrent les orfèvres ». La figure la plus fréquente est celle du minier,
reconnaissable à ses outils. On représente souvent saint Daniel montant dans un arbre muni
d’une hache, avant de comprendre que le trésor est à chercher dans la terre. (légende saxonne
à l’origine).
65 Le minerai devient dans le deuxième XVIe siècle un objet de cabinets de curiosité : la
Handstein, pierre remarquable trouvée dans une mine et contenant grande quantité de métal,
était offerte en hommage au propriétaire qui la faisait graver de scènes du nouveau Testament,
ou même, dans une étrange mise en abîme (66) des scènes minières.
68 Loin des superstitions sur les « Kobold », les esprits nains maléfiques des mines, Heinrich
Groff explique chronologiquement.
69 La mine de Saint-Nicolas est exploitée par un « ingénieur en chef » dont la maison est
visible sur la première planche et qui est aussi cité par Agricola : Conrad Boltznitzer. Pauvre
homme lorsqu’il exerçait dans les mines de Schneeberg en Saxe, enrichi dans la montagne
vosgienne (la « Fürst »), nommé en 1514 directeur d’une mine des seigneurs de Ribeaupierre
et anobli par l’empereur Maximilien, nommé finalement grand maître des mines des Etats
antérieurs de l’Autriche. Liste des dessins :
-« Le justicier en son siège, ordonnance et serment des compaignons », habillés avec
cuir fessier caractéristique des mineurs,
« Les charpentiers et charpenteries ». Les étançons nécessitent une grande précision
d’assemblage et la sécurité des mineurs dépend de la qualité du travail, qui est ici
effectué par les chefs ;
« La manière d’amener le boys »,
« La provision du suif et le livraige d’icelluy », matière grasse animale qui alimente
les lampes. Le plus estimé est extrait du mouton ;
« L’amenaige du charbon pour la forge et le livraige d’icelluy », la pièce de cuir est
portée sur l’avant et non sur les fesses car il faut se protéger de la chaleur des
fourneaux ;
« L’amenaige et le livraige du fer en la maison », la partie qui montre la forge est
manquante, il fallait une forge pour les outils nécessaires à la mine, en 1513 la mine de
Saint-Nicolas a consommé 17400 clous ! ;
« En la montaigne », c’est-à-dire la mine, dessin où on voit l’église de la mine. On
conseillait de ne point encourager le travail de la mine car il conduisait à Satan ;
« Les décombreurs entrants en la montaigne », le « houttmann » (mot allemand) livre
le suif ;
« Les tireurs d’eau et myne entrants en la montaigne », la myne est le minerai ;
« Les ouvriers de marteaulx pour rompre la myne en la montaigne », ce sont les
mineurs munis de « pointerolles », qui sont usées au bout d’une heure, le forgeron les
répare ou les jette ;
« Les ouvriers menant les chariots de myne hors de la montaigne », en fait une entrée
dans la mine ;
« Les ouvriers menant le boys en la montaigne » ;
« Les houttmans, maistres des compaignons, entrants en al montaigne » ;
« La Rouge myne de Sainct Nicolas », panorama dont il manque une partie avec
l’exhaure ;
« Rompeurs de grosse myne chareurs de myne hors de la montaigne » ;
« Les schaideurs séparens la bonne myne appart », minerai fragmenté sur des
scheidstein, fortes enclumes de pierre ;
« Les pilleurs et passeurs de myne », minerai pilé dans une machine hydraulique, le
bocard. On voit une femme ici, ce sont surtout les veuves de mineurs qui sont
embauchées comme mesure sociale ;
« Les laveurs de myne », qui ont un salaire élevé parce qu’une grosse responsabilité de
tri ;
Les cloweresses les missenaires sasseurs et laveurs de myne », décrit d’autres
manières de trier, sans eau et à la main pour les cloweresses (de klauben) ou des
lavages au sas. Le nom « missenaires » vient de la province allemande de Meissen,
migration des mineurs ;
« Les livreurs de myne », « Les chareurs de myne », on emmène le minerai dans les
fonderies, qui s’éloignent petit à petit des mines à mesure que la forêt disparaît ;
« Les charbonniers », responsables de la déforestation ;
« La fonderie et l’affinerie », fourneau de fonte et fourneau d’affinage. Le minerai est
préalablement grillé, càd oxydé, débarrassé de son souffre. Dans le fourneau de fonte
il est réduit, cela libère un plomb fondu très impur dont le mineur écrème les
« sclack » (scories cf allemand Schlacke). Puis le plomb fondu est envoyé à l’affinage,
« coupellation » pcq plomb imprègne la sole ou coupelle du four. L’oxyde de plomb
ou litharge surnage, que l’on écrème pour obtenir l’argent, brillant au point qu’on
l’appelle « l’éclair » ;
« Les peseurs et marqueurs des pains d’argent et messaigier portant les pains » càd
lingots ;
« Le verwaiser payans les compaignons » on voit un mineur mécontent qui montre le
poing et un homme armé prêt à arrêter toute échauffourée.
£Epuration :
La Christiade, par Jean d’Escorbiac seigneur de Bayonnette, 1613 [éditions Verlhaguet 1997]
131 : Car ce sainct lavement [le baptême] purifie nostre ame,
Comme l’or au fourneau s’espure par la flâme
À la page suivante, 132, Vulcain apparaît comme marque d’hérésie et de parodie du sacrement
cependant.
Du Monin, Le Phoenix,
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72568w
à Charles de Bourbon, cardinal de Vendôme.
f. 11 r° : Trois fois heureux encens, trois fois canelle heureuse,
Mirre heureuse trois fois, que Nature pieuse
Cite au noble convoi de la plus noble plume,
Qui jamais de Vulcain fit anoblir l'enclume !
Au bout d'un moment le Phoenix fait penser à Du Monin qu'il est peut-être hérétique, f. 16
v° :
Je sçai que ce Phoenix qui ramage en mes vers,
Resent quelque abregé du Roi de l'Univers :
Mais le terrestre lais qui le Phoenix emplume
D'une aile que Vulcan martelle en son enclume,
Nous apprend que la main du Phoenix tou-puissant
Devoit au Monde bas un plus rare present...
f. 12 v°
Là le Phenix eprins de sa flammeche sainte,
Fait heritier Vulcan de sa depouille eteinte ;
Son ame renaissante en premiere vigueur
Le remet comme en garde à la souaive arder.
£Forge poétique
Ronsard Pléiade.
Elegie VII p. 338 : s’inspire d’un chapitre « De la calamine et de son usage tant en fonderie
qu’en médecine », livre XXXIV de Pline, pour citer les « fourneaux de Cypre » je crois.
« Dans les fourneaux de Cypre où le metal liquide
Se coule à la chaleur se voit la Pyralide,
Animal nay de feu, qui se nourrist au feu. » v. 13-15.
Du Bartas : éd. Yvonne Bellanger, Seconde Semaine, « Les Artifices », p. 203 et suiv., Gallica
intra muros :
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11738/f262.image
205Sommaire de l’édition de 1589 : « LE POETE […] represente la piteuse condition
d’Adam et d’Eve hors du jardin d’Eden, la difficulté qu’ils ont à vivre, leur simple nourriture,
leurs vestemens d’esté et d’hiver, leurs premiers et seconds bastimens, l’invention du feu : la
naissance de leurs enfans… »
218 Après avoir inventé l’architecture pour se protéger du froid et de l’humidité, v. 183 et suiv
Le feu seul leur restoit. Mais voicy que le vent
Sifflant par la forest, aheurte si souvent
Le Laurier au Meurier, que de leur choc s’allume
Le feu, qui petillant un coin de bois consume.
227 Caïn qui invente la première ville, ne peut se protéger la conscience :
O fratricide aveugle, ô Tigre, penses-tu
Pour te voir d’un monceau de pierres revestu,
Chef de quelques paisans, roitelet d’un village,
Eschapper la rigueur du revangeur orage
Qui ja gronde sur toy ? Quand tu serois campé
Sur le plus haut sommet d’un mont droit-escarpé :
228 Quand l’airain t’enclorroit d’une triple muraille :
Quand, fier, tu rangerois l’Univers en bataille :
Et quand ta peau seroit de fer, d’acier ton cœur,
Tu ne fuirois ta peine, et moins encor ta peur :
Peur qui glace tes os, qui court dedans tes veines,
Et te forge en l’esprit mille sortes de peines.
C’est « La Conscience » de Victor Hugo version homme ferré.
C’est partant à la chasse que Caïn invente la métallurgie, p. 234, v. 439 :
Tandis que ce Tubal par l’espesseur d’un bois,
Ayant l’arc à la Main, sur le flanc le carquois,
Guerroye aux sangliers : une ardente montaigne
235 Fait un torrent de fer couler en la campaigne.
Le Veneur estonné tout aussitost y court.
Sur ce nouveau miracle, ingenieux, discourt. [« Discourir » est équivalent d’« inventer » ici !!
Et veu que ce metal, ardent, se transfigure
En la forme qu’on veut, et que par la froidure
Il se refait si dur, que ses affilez bors
Pourroient en fin couper les plus solides cors,
Il fait cent hauts projets : et ses mains apprentisses
Jettent le fondement de cent beaux artifices. […]
(v. 461) Car ja s’esplanadant la voye à mille ouvrages,
Qui vivans feront teste à la rigueur des âges,
Dans deux creus inegaux, bien que tous deux quarrez
Il estourne, attentif, deux ruisselets ferrez.
236 Froids, les tire de là : et, repurgez d’escume,
Choisit l’un pour marteau, et l’autre pour enclume.
Adjoustant la tenaille à ces deux instruments,
Il meuble sa maison de divers ferrements.
Penible, il fait des socs, des coignees tranchantes,
Des chevilles, des gonds, des hoyaux, et des jantes.
Devenu plus sçavant, il creuse des vaisseaux,
Limaçonne des viz, affile des ciseaux,
Dedale une serrure, une scie dentelle :
Rend mordante une lime, et bat une allumelle.
Heureuse invention ! Nous vivrions aussitôt
Et sans air, et sans feu, et sans terre, et sans flot, [supérieur aux quatre éléments
Que sans ce dur metal. Le fer coupe les marbres [Manchette : « Combien l’invention et
l’usage du fer est utile aux hommes. »
Au penible maçon, au charpentier les arbres,
Et la terre aux bouviers. Le fer arme nos corps :
Fait nos habillemens : donne aux chevaux des mors.
Le fer fait qu’à pied sec sur les ondes on monte.
Le fer rend l’or plus beau : et le fer le fer donte :
Outil de tous outils, main des ouvrieres mains,
237 Et cinquesme element des diseteux humains.
Tandis qu’environné des enfumez Cyclopes
Il coule tout en eau : qu’il lasse ses Steropes,
Et ses Brontes my-nus : qu’il va, subtil, hastant
Sous leurs sonnantes mains l’ouvrage bluetant,
Tubal ne perd point tems. L’imparfaite harmonie
Des marteaux inegaux, qu’un bras divers manie,
Esveille les accords, que son nombreux esprit
Des Anges bien-heureux avant que naistre apprit.
Il rêve là dessus, tente tout : et desire
Treuver quelque instrument pour luy faire redire
L’accord de ses discors : et suyvre de leurs coûs
Le son melodieux, bien que d’un air plus dous :
Quand il reuve par sort dessus la rive verte
D’un vivier endormi une Tortue ouverte,
Et dont ne reste rien que trois nerfs, qui sechez… [invention de la musique, etc.
Michel Jeanneret, Perpetuum mobile. Métamorphose des corps et des œuvres de Vinci à
Montaigne, Paris : Macula, 1998
7 Ce transformisme oppose la Renaissance au Moyen Âge, que la première trouve trop
cohérent et fermé sur lui-même.
18-19 Du Bartas, dès la première Sepmaine, célèbre l’homo faber, au point même qu’il admire
l’astrologie comme un pouvoir de l’art humain sur les cieux, ce en quoi il déborde sur la
rigueur du protestantisme. 24 « le Dieu de Du Bartas est un artisan qui, confronté au défi du
magma primitif, pétrit la matière, la façonne et la transforme ». Plusieurs métaphores du
« Premier jour » mettent en scène « le prestige du travail de fabrication, la visite de l’atelier ».
25 Dieu est « maçon, sculpteur ou architecte ».
[Le premier chapitre, « La forme et la force : Du Bartas », p. 15-33, donne la parole à deux
sources : Du Bartas, et Bernard Palissy, autre « transformiste » (30).
38 Le Pythagore d’Ovide fait de la terre un lieu de grouillement : « Sous les mouvements de
surface, l’animation du globe grouille aussi dans les entrailles ; les profondeurs de la terre
sont comme une matrice où, du sein de la matière inerte, se dégagent des foyers de vie. »
Dans le chapitre « Natura naturans », une grande partie est consacrée à Ronsard (p. 41-54).
47 La métamorphose est un « thème essentiel » de la poésie amoureuse de Ronsard.
Dans le chapitre 8 « Les Flexions de la langue », après une section « Labourer la langue »
(p. 200-205), une section « Fabrique de mots ». Mais MJ n’étudie pas la métaphore de la
forge.
[Ici il manque précisément ce que dit le projet DOMUS : une approche interdisciplinaire
montrant comment la métamorphose rend étranges les objets les plus quotidiens…]
284 MJ oppose l’interprétation univoque des anamorphoses et des paysages anthropomorphes
à l’interprétation flottante du Moyen de parvenir. [Ce pourrait être aussi Le Songe de
Poliphile.] 293 Ce qui brouille définitivement le message est le Beau néo-platonicien, qui est
un symbole, tout comme 294 « le Dieu des mystiques ».
À Bordeaux, l'artillerie est une arme spectaculaire, mais à usage dissuasif, au service de cette
paix que cherche à défaire, dans « L'Ode à la paix », le dieu Mars devenu un peu forgeron lui-
même (antistrophe XV) :
Il se fache, il se tempeste,
Il branle, il hausse la teste,
Il pousse un souffler fumeux
Par le nés & par la gorge,
Ainsi que font dans la forge
Les soufflets du Dieu boiteux.34
Encore ne tient-elle ici qu'en deux vers. Même lorsqu'il en a l'occasion, le poète La Vallée du
Maine, dans sa Triplimachie, préfère passer sous silence cette marotte royale. Au détour d'une
métaphore épique, il rapproche en effet le savoir stratégique du roi et le savoir technique de
Vulcain, mais évite soigneusement de s'attarder (f. B iij r°) :
Mais Charles trop ruzé, au mestier de la guerre
A grands coups de canon, immitant le tonnerre
Que Juppin faict forger, dans l’antre de Vulcan,
34 Pierre de Brach, Poèmes, Bourdeaux : S. Millange, 1576,, p. 112 r°.
35 Pierre de Brach, Poèmes, Bourdeaux : S. Millange, 1576,, p. 137 v°.
Poursuit son ennemy, avecque tout son camp,
Le canon est bracqué, la muraille brisee…20
Il pourrait être permis d'y voir une image au moins malicieuse, si elle était isolée dans le
poème,
mais arts du feu et exploits guerriers sont un rapprochement fréquent sous la plume de La
Vallée du
Maine, comme quand Chastillon, l'infâme huguenot de l'Union,
Vint secourir les siens, il frappe chamaillant
Tout ainsi que Vulcan, sur le fer martelant
Ainsi comme l’on voit : sur le toit pesle mesle
Tomber & rejalir, mille gros grains de gresle,
Ou ainsi que l’on voit, deux cyclopes frapper
Sur l’enclume de fer, chamailler, marteler21.
note 19 : Samuel M. Carrington ne semble pas s'en apercevoir dans son édition critique des OEuvres poétiques,
tome II,
Genève : Droz, 1974, p. 280, et sa note indique simplement : « Cette ode pindarique est imitée du grand style de
Ronsard ; voir par exemple son éd. Crit., I, 108, str. 4 et III, 118, str. 6. »
note 20 : Michel de La Vallée du Maine, Triplimachie, Paris : Jean Durant, 1589. C'est une méchante habitude,
chez ce poète, de marquer la césure par une virgule, même agrammaticale.
note 21 F. C v°. « Chamailler » ne se lit nulle part ailleurs pour décrire le geste des cyclopes ; le mot est amené
par le
contexte guerrier.
L’Espagne conquise par Charles le Grand, 1597, Nicolas de Montreux, sur Gallica intra
muros, p. 42 :
Feragut le cruel s’emeult horriblement,
Qui n’est point offencé par aucun ferrement,
Dont le corps est plus dur, que l’acier & la pierre,
Dont le boiteux Vulcan forge le fier tonnerre, etc.
p. 59, la flamme du feu Gregeois :
Elle sembloit au feu que Mont-gibel desserre
De son sain ensouffré, sur la prochaine terre,
Qu’il brusle entierement, & qui n’exempte pas
Les Rochz plus endurciz d’un si cruel trespas
£Forge du texte :
Dans Gauthier de Chatillon, XIIIe siècle, Alexandri Magni, regis Macedonum, vita , per
Gualtherum, episcopum insulanum, heroico carmine elegantissime scripta, f. a iii v°, publié
par Johannes Adelphus en 1513, la seconde page parle d’un texte « excoctum diu studii
fornace »
La Péruse n’a pas seulement écrit des tragédies. Dans ses Poésies complètes, 1554, p. 70
[Slatkine 1867 p. 199], « Contre un injurieux poëtastre » :
« Ciclopes courageux, horriblez vostre ouvrage,
Esbranlez vivement vos bras laborieux
Et, sur l’enclume dur, à l’œuvre curieux.
Martelez obstinés vn rougissant orage.
Ronsard Pléiade.
p. 162, la métaphore de la forge-écriture s’exprime en particulier par cette rime : « hommes,
dont l’enclume/A forgé tant d’escrits par l’outil de la plume »
1615 Les Hieroglyphiques de Jan Pierre Valerian vulgairement nommé Pierius, éd. J. de
Montlyart, Lyon : Paul Frellon, 1615. 426 (dans Livre XXIII, chap. 43, « Silence »). Les
langues « véhémentes » sont des « langues di-je forgees sur l’enclume, pour user des termes
de Pindare, disant aux Pythies, que la langue ferree est indice de verité. Et de faict si lon forge
la langue à l’enclume, elle sera ferrée, et par consequent de tres-solide fermeté. Car le
mensonge est foible, dautant que le temps descouvre la verité. Et mesme encore dit on
aujourd’huy communement que la verité s’endurcit au marteau, ou qu’elle resiste par sa
fermeté au marteau, ce qui revient presque au dire de Pindare, à l’enclume.
Horace Art po
Quand on venait lire des vers à Quintilius Varus : "Je t'en prie, disait-il, fais cette correction,
puis cette autre." Répondais-tu que tu ne pourrais mieux faire, [440] que tu avais trois ou
quatre fois essayé en vain, il te disait alors de tout effacer et de remettre sur l'enclume les vers
mal venus.
Quintilio siquid recitares: "Corrige, sodes,
hoc" aiebat "et hoc"; melius te posse negares,
bis terque expertum frustra; delere iubebat
et male tornatos incudi reddere uersus.
La comparaison des poètes et des « artisans de feu », suggérée par Ronsard, est
ailleurs explicite. Ainsi dans la « Préface » posthume à la Franciade ; il faut parfois, dit-il
dans un passage sur l’elocutio du poème héroïque, orner son langage, et parfois non :
« car c’est un extreme vice à un Orfévre de plomber de l’or. Il faut imiter les bons
mesnagers, qui tapissent bien leurs sales, chambres & cabinets, & non les galetas, où
couchent les valets »10. Le bon poète est un orfèvre (et un intendant) qui sait hiérarchiser
les lieux et les oeuvres selon leur noblesse (peut-être la deuxième comparaison est-elle un
aveu que la première exprime seulement la moitié la plus noble de l’idée de l’auteur). Le
moindre défaut du poème « plomberait l’or » qu’est sa matière héroïque, puisque « la
mediocrité est un extréme vice en la Poësie, il vaudroit mieux ne s’en mesler jamais, &
apprendre un autre mestier »11, un métier qui, du fait de sa moindre noblesse, tolère la
part de médiocrité, comme l’état de « mesnager ».
Le rapprochement du travail poétique avec l’artisanat des fourneaux est sans
doute appelé, dans l’Abbregé, par une constante pratique poétique du lexique
métallurgique, qui semble venir aisément sous la plume de Ronsard comme « reflet des
fleurs » (P. Galand-Hallyn).
Dans le Troisième livre des Passetems enfin, le dieu artisan s’efface tout à fait dans le
quatrain intitulé, sur le mode de l’énigme, « Vulcan, Pallas, Erectee » (IV, p. 317) :
La nature ne peut faire
Ce que l’art assembler ouse :
Un enfant sans mere,
Un mary sans une épouse.
Illustrant par un exemple mythologique l’adage horatien poetis quidlibet audendi semper fuit
aequa potestas (Art poétique, 9-10), Baïf fait ici allusion à la naissance de Pallas (l’enfant
« sans mère ») d’une manière indirecte et sans nommer le dieu qui permit cet accouchement
contre nature, Vulcain.
caduc noble sujet 607 Dans le chapitre « Matière d'éloge », cite d'Aubigné qui se repent de ses
éloges princiers, sorte de « Ronsard repenti » :
Vous qui avez donné ce subject à ma plume,
Vous-mesmes qui avez porté sur mon enclume
Ce foudre rougissant aceré de fureur,
Lisez-le, vous aurez horreur de vostre horreur... Les Tragiques, II : « Princes », v. 9-12.
[Pour forge du texte
Jehan marot, Les Deux Recueils, éd. Gérard Defaux et Thierry Mantovani, 1999
« La vraie disant advocate des Dames », prologue, p. 94 : constatant qu’une querelle est faite
aux femmes,
« Ay, incapax et non digne de ce faire, entreprins de, selon mon gros et ruralit mestier, forger
et marteller sur l’enclume de mon insuffisance les harnoys, estocz, lances et escuz servans à la
deffence, louenge et victoire de l’honneur des dames… »
Dans Les Œuvres d’Alain Chartier, 1617, éd. Du Chesne, Octovien de Saint Gelais, f. b iij r° :
Je peu apres visitant ce quartier
Vis un Poete hault & scientifique,
Helas ! c’estoit feu Maistre ALAIN CHARTIER,
Doux en ses faicts, & plain de Rhetorique,
Clerc excellent, Orateur magnifique,
Comme l’on peut par ses Dicts tesmoigner.
Art si tres-bien l’apprint à besongner,
Qu’oncques Vulcan mieux n’ouvra sur l’enclume,
Que cestuy fist de papier & de plume. [J’avais placé cette rime comme caractéristique des
1530s mais Saint Gelais est mort en 1502…
https://books.google.fr/books?id=oMNbAAAAQAAJ
Melissi Schediasmata Poetica, édition augmentée, chez Arnold Sittartum,1586
24 r° « Ad Carolum Sigonium Mutinensem. » C’est un érudit qui a écrit sur la vie de Scipion
apparemment. Mutinensem = de Modène
Strophe.
Sic fortuito stella tulit radiosissimum
Pexa crinem, SIGONI, o & Mutinensium
Sidus aureum, o & gemmee Felsinae
Ocelle ; sic tulit (inquam) stella nupera
Ad te nescio quid mittere fumorum
Luculenti expertium foci. Vae mihi,
Si vapor ille densior tuo clarissimo
Perobscuram induit caliginem lumini
Vae mihi, si lampadis tuae fulgores
Spissa praestinguit nebularum mearum atritas !
Revoco, revoco sub incudem minus
Adfabre politas, ut decebat, laminas.
Scoriam pol excoquendum crassiorem,
Stricturae ut absistant tenuiores.
Antistrophe.
Illustriorem materiam mihi tu commoda
Artifex nobilisque & splendide, neve con-
verte gratiosum, sed preme pollicem.
Precabor Idaliam, ne non vicem sui
Fungens Mulciberis, vividiorem ignem
Construat ; qualem redauspicandis fibris
Ex casiaque surculisque turis creditur
In ara Solis adlucente Panchaïus
Saecula Phoenix superstes uls sexcenta
Excitare. ah ! flammane par nostra possit tuae
Reputarier ? ecquid imprudens rei
Opto ? non profecto, non amicum est numini,
Inferum chaos vel astris comparare,
Puro vel auro massulam orichalci.
Epodos.
Pone me, pone tenebricosis abstrusum
In locis, quo nec potis Eos rosea
Nec Phosphorus se candidus penetrare ;
Nae tibi me talem dedero, queicum
In tenebris mices. Ut fuliginosior
Statua videar annisque situque obsita;
Protinus simul ac tuorum unica rutilans
Ocellulorum obradiaverit scintillula,
Fulguris in morem, nubile & quidquid erit
Umbrae crepusculive discussa dabis.
At si Jove mortuo tu Juppiter fias,
Fulmine nos trisulco ferire cave.
TRADUCTION
Strophe.
Ainsi l'étoile penchée a entrepris, par Fortune,
sa très radieuse chevelure, Sigon, ô astre doré
de Modène, ô perle gemmée de Bologne ;
ainsi l'étoile neuve a entrepris (dis-je)
d'envoyer vers toi je ne sais quels
signes savants d'un feu brillant.
Que le diable m'emporte, si cette vapeur est plus dense
que ta claire lumière. Que le diable m'emporte,
si la dense noirceur de mes brouillars éteint
les éclats de ton flambeau. Je rappelle,
je rappelle sous l'enclume mes feuilles de métal
Moins habilement polies qu'il ne convenait.
Il est vrai, la crasse est plus dense quand on la recuit,
et lorsqu'ils s'interrompent, les écrits sont plus minces.
Antistrophe.
Prête-moi une plus illustre matière,
toi l'artisan noble et splendide,
et ne te détourne pas de ton obligé, mais approuve-le.
Je prierai la déesse d'Idalie, qu'elle ne refuse pas,
s’acquittant du lot de son cher Mulciber,
d’attiser un feu plus vivace ; en retirant l’auspice des fibres
du laurier et des drageons d’encens, le dieu de Panchée [Pan], dit-on, l’excite
à l’autel illuminé du Soleil, Phénix traversant au-delà de six cent siècles.
Ah ! Notre flamme compagne de la tienne pourrait-elle [reputarier †] ?
Ai-je fait un choix imprudent ? Non, ce n’est pas aimer la puissance,
pas du tout, que de comparer le chaos infernal aux astres,
ou une miette de laiton à de l’or pur.
Epode.
Abandonne, abandonne-moi retiré dans des lieux ténébreux,
Où ni la puissante rose d’Eole
Ni le Phosphore candide ne sont entrés ;
Je me consacrerai à toi certes, qui te mêles à moi dans les ténèbres.
Que je paraisse une statue plus étincelante à l’abri
Des ans et de la crasse ;
À l’instant même où ta seule étincelette rutilante de tes yeux aura ébloui,
À la manière d’un éclair, les nuées et quelque ombre ou quelque crépuscule qu’il sera,
Tu l’auras dispersé.
Et si Jupiter mort, tu devenais Jupiter,
Epargne-nous les coups de ton foudre à trois pointes.
£Gigantomachie
Robert Le Rocquez, Le Miroir d’eternité, Caen : Pierre le Chandelier, 1589. Après un milliard
de pièces liminaires élogieuses, p. 18 v°, une gigantomachie :
Lors le boiteux Vulcan bien tost allume
Par ses Broutins, & forge sur l’enclume
Dedans sa forge, & salpestreux fourneaux,
Fouldre & tempeste à grans coups de marteaux.
BHR 29 (1967)
Françoise Joukovsky-Micha, « La Guerre des dieux et des géants chez les poètes français du
XVIe siècle (1500-1585) », p. 55-92.
55 Homère et Eschyle ont déploré l’hybris des géants, Pindare et Horace leur rusticité
barbare, Lucain et Macrobe leur impiété.
60 Jusqu’à la Pléiade, la « beauté plastique » de la scène est négligée par les poètes français
au profit du sens rhétorique ou chrétien de l’allégorie. 63 Au contraire, les poètes latins usent
d’images antiques ; les Géants sont « anguipedes » ou « serpentipedes ». 65 Mais Joukovsky
leur fait le reproche d’être trop rhétorique et pour cela, d’avoir failli à influencer la poésie
française de la titanomachie. 71 Chez la Pléiade, où la titanomachie est partout, elle sert bien
souvent, comme chez Ronsard, à dénoncer la Réforme sacrilège. 82 Pour Joukovsky l’intérêt
des poètes de la Pléiade pour les potentialités plastiques de la titanomachie se lit à travers
notamment le sublime volcanique et les scènes d’incendies, tandis que les productions néo-
latines sont « monotones ».
£Humanisme
((L’image de l’enclume infernale chez Calvin, Des scandales, 1550, p. 187 : « Je vien à un
autre espece de detractions, laquelle ne se forge pas seulement en une mesme boutique de
Sathan, mais quasi sur une mesme enclume. »))
((Guy de Brués, 1557, p. 200, « Zenon ne vouloit point qu'on edifiast des temples, parce qu'ils
doivent estre saints, et toute oeuvre mecanique est vile »))
((Les Esprits, Pierre de Larivey, « Qui voulez vous donc qui ayt ainsi gasté le bon naturel de
mon frere, et qui de liberal l'ayt faict si mecanique ? »))
((Antoine du Saix, La touche naifve pour esprouver l’amy et le flatteur, 1537 : « Finablement,
cella est mechanicque et ne tient rien du noble ny du hardy, quand l'on est sobre n'oser parler
franchement et à la table [c’est-à-dire saoûl] parler hardiment : c’est à faire aux chiens… »))
Dans sa Micropédie (Lyon : Jean de Tournes, 1546), Jean Paradin réserve une bonne place à la
traduction, en quatrains de décasyllabes français, des cent distiques moraux de
l'Hecatodistichon de P. Faust Andrelini36. Le recueil d'Andrelini, d'abord publié en 1512 et
envoyé à Jean Ruzé, trésorier des finances de Charles VIII pour le remercier d'une forte
pension que le roi lui faisait payer, connut de très nombreuses réimpressions, dont celle de
1535 (Paris : P. Gromorsum) assortie de commentaires de Jean Vatel. Or dans un distique
misogyne, le poète imagine la tête de femme « refondue » dans un fourneau (f. 5 v°) :
Caput foemineum
Non si foemineum crebro caput igne refundas,
Ingenii mutes prima metalla sui.
Jean Vatel, dans le commentaire qui suit les deux vers, en explicite d'abord le présupposé
métallurgique, avant de prolonger la métaphore :
Après avoir traduit les distiques sur « Les putains » et « Les femmes », Jean Paradin donne
pour celui-ci (p. 48) :
£Etat Mécanique
Les premieres oeuvres françoyses de Jean de la Jessée, A Anvers, de l'imprimerie de
Christofle Plantin, 1583 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70472c/ Vers le début, les
Cyclopes se taisent pour la naissance du roi. **
£Métaphore technique
37 Histoire générale des techniques, dir. Maurice Daumas, coll. « Quadrige », Paris : PUF, 1996 [1964], t. 2 :
Les premières étapes du machinisme : XVe-XVIIIe siècle, « Introduction », p. XIV.
38 Ibid., p. 4.
Les premieres oeuvres françoyses de Jean de la Jessée, A Anvers, de l'imprimerie de
Christofle Plantin, 1583 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70472c/
37 Ronsard est associé à la perle donnée aux pourceaux. La bonne louange et la mauvaise
louange.
133 Henry d’Angoulesme et les tercets finaux qui appellent à endurer :
Ne t’en estonne, Henry ! bien qu’asservy je soy,
Tel vit en liberté, qui est plus serf que moy :
Et me puis dire encor semblable à la coignée,
Qui moins s’use à couper, plus son fer est batu,
Et s’endurçit aux coupz, plus est embesoignée :
Qui jamais, sans travail, esprouva sa vertu ?
153 « Sus donc, mon Ame triste, il te faut esjouyr ! » derniers vers :
« Lors qu’en doubte on s’attand à quelque effait nouveau,
Ce n’est pas s’asseurer de la chose future :
C’est estre (comme on dit) entre enclume, & marteau. » (choix étrange de terminer le sonnet
sur ce proverbe).
Les Premières œuvres poétiques, Martin Spifame, Paris : veuve Lucas Breyer, 1583.
Le premier poème, un « Sonnet au Roy », p. 4 :
L'Ambition, l'envie, & la fureur saccage
Sans aucune mercy, ce grand peuple François :
Jusques dans nos maisons Mars & Vulcan, je vois,
Mettre à feu & à sang, nous & nostre mesnage.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k83812j
Du Monin, Uranologie, Paris : G. Julien, 1583.
Après avoir repéré les arguments de ceux qui disent qu’il y a plus d’élément eau que
d’élément terre, Du Monin les réfute un par un. L’argument qu’il y a plus de poissons que
d’animaux terrestres est ainsi réfuté, f. 11 r° :
Leur quatrieme argument marche d’un pied boiteus :
» Car l’Element compé prés des celestes feus
» Ne se dit nourricier d’aucune vive essence,
» Sinon que la Pyrauste y fasse residence :
Toutefois de Vulcan la brulante maison
L’hotel Junonien passe à grande raison.
C’est-à-dire qu’il n’y a aucun animal qui vive dans le feu à part la salamandre, et pourtant il y
a plus de feu que d’eau (rapport au soleil, cf. sphères chez Mandosio). Ensuite Du Monin
s’oppose à Copernic sur la rotation de la Terre : car la vitesse de rotation (1 journée)
dépasserait celle des boulets de canon, des oiseaux, etc : rien ne tiendrait dans l’air (il manque
la théorie de la rotation de l’air autour de la terre…) Ensuite il avance une autre théorie : si la
Terre tournait, elle ferait un bruit pas croyable, pareil au bruit d’un soufflet de forge (17 r°) :
Ne vois tu le petard que la main enfantine
Fait au vuide bondir ! ou quand sur la poitrine
L’arbalette afutée elance au nerf souflant
Une fleche empanée, un tret vite-volant ?
Ne vois tu quand un vent saillit hors de la bouche
D’un souflet Lemnien paissant le feu qu’il touche :
N’ois tu le bruit plaintif que fait ce souflant aer,
Marri qu’un tel efort le vienne detramer ?
Si doncques l’air frapé de legere secousse
Hors de ses flans irés un cri si roide pousse,
Quel foudreus mouvement fera l’horrible tour
De notre sejour rond ravageant tout autour…
f. 146 r° « Le charpentier de ce grand univers » pour parler de Dieu.
Les muses incognues ou La seille aux bourriers plaine de désirs et imaginations d'amour :
réimprimé textuellement et collationné sur l'exemplaire existant à la Bibliothèque de l'Arsenal
à Paris ([Reprod. en fac-sim.]) / recueil de poésies satyriques de Béroalde de Verville, de Guy
de Tours, de Gauchet, de Berthelot, de Motin, etc [1604]
Et p. 55-56, un « Portrait de Pamphage » en ogre qui ne cesse de manger, s’adresse à
l’enlumineur qui devra tremper sa plume dans du vin :
« Fais luy le nez gros et camard,
Flambant comme un charbon, qui ard
Au milieu d’une chaude braise
Qu’allume un Bronte en sa fournaise. »
£Mine oublis
Marc-Claude de Buttet, Œuvres poétiques, tome II Poésies diverses, Slatkine 1969
L’ode XIIII « À Jean de Piochet » dans le second livre, s’oppose à l’âge d’or que son cousin
Jean de Piochet louait comme dénué d’artisanat :
« Encor le fer, nerf de la guerre,
Et l’or, plus nuisant que le fer,
Ne faisoient éventrer la terre
Jusques au tenebreux enfer. »
Cette strophe est du discours rapporté de Piochet. Lequel n’est nullement poète, contrairement
à l’opposant de Clément Marot dans l’AC, dans la querelle des rondeaux. Buttet répond que
nous sommes dans l’âge d’or puisque tout le monde ne fait que de chercher à s’enrichir (ce
n’est pas un hasard si l’ode précédente est adressée à Ronsard).
Michault Taillevent : un poète bourguignon du XVe siècle / édition et étude [par] Robert
Deschaux, Droz 1975
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k16116
« Dialogue fait par Michault de son voiage de Saint-Glaude, p. 57 :
– Or me conte du sel la guise ;
Comment se fait-il ? – Par chaufer :
Ly ung souffle et l’autre ratise
Dessoubz grans chaudieres de fer.
Ce semble leens ung enfer !
La stragule est congrue. (sic)
– Tu l’as bien veu, tu n’es pas grue.
[C’est un dialogue entre qqn qui a vu et qqn d’autre qui n’a pas vu Saint-Glaude. Pour les
deux derniers vers la note précise : stragula, ae : lit, couche. Saunerie de Salins connue depuis
le Moyen Age ; le bois sert à chauffer l’eau salée, le sel est obtenu par évaporation ; traduction
des deux derniers vers : la couche, en ce pays, est toutefois convenable (il manque 2 syllabes,
peut-être une conjonction d’opposition) – Tu l’as bien vu, tu ne dors pas debout comme la
grue.
Pont-charra
« Hymne à mondit-seigneur le Duc d'Esdiguieres » dont le poète décrit l'armée, p. 20 :
Je voy là des soldats venuz de la Ferriere
De Teis, & d'Alevar plantez sur la frontiere,
Dont les mons herissez couvent dedans le sein
Mainte grasse miniere & de fer & d'airein. [logique vu le nom du lieu
Penser la technique autrement, XVIe-XXe siècle. En hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, dir.
Robert Carvais, Anne-Françoise Garçon et André Grelon, Classiques Garnier, 2017. Marcus
Popplow, « Nouveau, utile et ingénieux. Les ingénieurs de la Renaissance, inventeurs d’un
discours sur la technique », p. 59-72.
Quand on parle d’ingénieur, j’ai l’impression que ça ne me concerne pas, sans doute parce
que c’est un début : 61 « Les ingénieurs de la Renaissance furent en effet les premiers à
formuler un discours […] sur la signification sociale des machines […], une interprétation
idéalisée étayée par quelques stéréotypes » (ça décrit bien le mémoire sur les mines d’argent
de François Garrault, 1579).
66 Les livres techniques de la Renaissance débattent du lien nature/technique : selon la
science grecque, la technique lutte contre la nature (par exemple une grue contre la gravité),
mais cet énoncé a toutes les chances d’être mal perçu à la Renaissance. Ainsi il y eut des
subterfuges. « En réaction, les ingénieurs expliquèrent la relation entre mécanique et nature
comme harmonique, ou présentèrent la mécanique comme la finalisation des opérations que la
nature n’arrivait pas d’elle-même à accomplir. Sans discuter en détail cette transformation
complexe, on peut y voir un exemple paradigmatique de la manière dont les médias du début
de l’ère moderne […] ont eu pour effet une réinterprétation des notions et énoncés
traditionnels. »
Hiro Hirai, Le Concept de semence dans les théories de la matière à la Renaissance de Marsile
Ficin à Pierre Gassendi, Brepols, 2005
27 logoi spermatikoi, rationes seminales : c’est la cause séminale. 133Agricola nie la vie des
métaux. 134 Mais l’un des plus grands admirateurs d’Agricola, Cardan, n’a pas manqué de
revenir à la vie et à l’âme des minéraux.
Lyon est sans conteste la ville où le sentiment d'appartenance des poètes à une communauté
des « ouvriers » est la plus forte, et explique les inspirations hésiodiques de poèmes « des
travaux et des jours », tels Les Hymnes du temps et de ses parties, de Guillaume Guéroult
(Lyon : Jean de Tournes, 1560), qui évoquent incidemment les travaux de la mine (« Hymne
de mars », p. 44) :
Est-ce aussi la paresse qui a laissé sans suite le Premier livre des Météores de Baïf ? Baïf
semblait déjà peu décidé à aborder la connaissance technique des métaux et des pierres, qu’il
annonçait dans l’épître « À Caterine de Medicis, Royne mere du Roy », (II, p. 2), en des
termes particulièrement dysphoriques :
Et pourray dire apres les venes des perrieres,
Et des metaux fouillez les maudites minieres,
Ce que la soif d’avoir ne pouvant s’étancher
Nous a fait aux boyaux de la terre chercher.
Baïf exprime là une déploration topique qui aurait pu être nuancée par la curiosité scientifique
du poète pour le savoir des métaux, et qui ne l’est pas. Bien au contraire, elle est réitérée au
quatrième livre des Poemes, dans la pièce « À Nicolas Nicolai » (II, . p. 206) : énumérant les
misères humaines (« J’ay grand’ pitié de nôtre race humaine... ») il en vient en particulier à la
mine : « Lon a cherché dans le terrestre ventre / Le dur acier ».
La déploration de l’âge de fer, dernier motif ronsardien donne lieu chez Du Bellay, dans
L’Olive à un diptyque qui tisse ensemble la dénonciation du fer et celle de l’or (sonnets CI et
CII) :
O que l’Enfer etroitement enserre
Cet ennemy du doulx repos humain,
De qui premier la sacrilege main
Arracha l’or du ventre de la Terre !
Lire : Les Terres creuses, bibliographie commentée des mondes souterrains imaginaires de
Guy Costes et Joseph Altairac.
Introduction du professeur I.F. Clarke, postface de Serge Lehman.
Editions Encrage, 800 pages (ISBN 2-251-74142-9)
Bernard Palissy, Recette véritable (1563) [La Rochelle : Barthélémy Berton], éd.
Christian Barataud et Frank Lestringant, Paris : Macula, 1996. 179 Après un long
discours, Réponce conclut : « Toutes ces choses m'ont rendu si amateur de l'agriculture
qu'il me semble qu'il n'y a trésor au monde si précieux ni qui dût être en si grande
estime, que les petites gittes des arbres et plantes, voire les plus méprisées. Je les ai en
plus grande estime que non pas les minières d'or et d'argent. »
Dans une ballade le « Prince » est simplement celui qui préside le puys. Cela ne veut
nullement dire que c'est un genre mondain !
A. de Vergy, Les Douze Dames de rhétorique, Moulins, 1838 : f. 16 v°, le discours de
Science qui dit en vers que la rhétorique va partout même sous les mines... **
Voir https://www.persee.fr/doc/palla_0031-0387_1981_num_28_3_1123
90 Dans l’Antiquité, la mine est un espace montagneux. 91 Or les Anciens n’aiment
guère les montagnes, comme ils ont une sainte horreur des forêts. Ce sont des espaces
« stériles » et « sauvages ».
£Onomastique
Hors-sujet : Johan Van Der Does, apud A. Cloucquium, 1607 https://books.google.fr/books?
id=lSAC3Rp8TekC&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
« Ad Bon. Vulcanium, edentem librum Aristotelis & L. Apuleij DE MVNDO, Carmen ex
puris Imabis », p. 144 c’est adressé à « Bonaventura Vulcanius », comme la pièce suivante.
Rien à voir avec Vulcain donc…
Adesa qualis inter antra se occulens
Situque squaleque obsitus,
Senectam ut anguis exuit leberida
Et alteram induit novam,
Aprica prata vere primulo petit.
Vel ut rigore in aspero
Vbi omnis amnis invio horruit gelu,
Relaxat arva mox tepor,
Caputque mundus exerit venustior.
Item ille, qui scaber prius
Jacebat, aque putrilagine ac situ
Priore principis tua
FABER BEATE, vindicatus est ope,
Repente MUNDUS exilit
Novus, suumque iam obtinere denuo
Reapse nomen incipit.
Reciprocae hoc volantis aetheris vices,
Vindensque cuncta siderum
Frequens chorea Lydios rotat modos
Poli nitente fornice.
Adhaesionibusque nexa mutuis,
Vagantium ignium cohors;
{145} Jovisque, Falciferque, & Hesperi inbar,
Paterque Romuli, & satus
Atlante, tuque flammeis vagans equis,
Cui omnis aethra militat,
Ocelle Mundi & astrici decus gregis
Apollo, tuque Cynthia
Triplex, polumque citima ambiens face,
Cui ardor ignium subest.
Ati ma pendet, in suoque stat statu,
Marisque clauditur salo hinc
Et inde Terra ; duplici unde se ferens
Vapore tenuis halitus
Ad aëris sola humidasque subjices
Deum, alter ex anhelitu
Aquarum, a tille surgit aridis locis.
Enim inde grandines, nives,
Rapaxque nimbus ; hinc Diespitris cadunt
Trisulca tela, vortices,
Procella, turbo, vis corusca fulguris,
Ruentis & poli fragor.
Faces omittam ut, atque siderum comas ;
Viden’, loquantur omnia ut
Perennidaedali Architectonis manum ?
Ad hoc id omne quod prius [note : Allusum ad versus Empedoclis ab Aristotele citatos.]
Fuit, quod esse nunc videmus, atque mox
Futurum, originem trahit ;
Viri, ferae, alitumque secla plumea,
{146} bref la suite est là :
https://books.google.fr/books?
id=lSAC3Rp8TekC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=one
page&q&f=false
Ensuite dans la section « Epotopaignion », le « Carmen 1 » chante la toute-puissance de
l’Amour, dont même Jupiter a éprouvé les traits :
Juppiter, invisum quid cessas perdere Amorem ?
Captus enim flesti tu quoque saepe Deus :
Fulmina quid cessant, manibus fabricata Cyclopum,
Ignibus excussis currere utroque polo ? [aux deux pôles]
Les pièces liminaires de La Boderie font toutes le jeu de mots avec le « fevre »...
£Orfèvrerie
Les premieres oeuvres françoyses de Jean de la Jessée, A Anvers, de l'imprimerie de
Christofle Plantin, 1583 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70472c/ 308 tout le sonnet « Sur
un Pendant-d’oreille perdu », sur une boucle d’oreille en or.
334-335 Un sonnet satirique commence par :
LYSE se pare ainsi qu’une Deesse,
Riche, pompeuse : & mesmes les vendeurs,
Passementiers, Orfeuvres, & Brodeurs,
Sont empeschez pour l’orner de richesse.
Aspects du lyrisme conjugal à la Renaissance, Genève : Droz, 2011, dir. Perrine Galand et
John Nassichuk. Anne-Pascale Pouey-Mounou, « Pierre de Brach et ses Amours d’Aymée : un
amour sans histoire ? », p. 263-286
** Pierre de Brach, livre III, ode XXXV, ode A Madamoyselle de Maniban, où le deuil est
dépeint comme un « ouvrier » orfèvre qui s’entoure de compagnons. Cité par APPM, « Pierre
de Brach... », p. 270.
Guy Le Fevre de la Boderie, Diverses Meslanges Poetiques, Paris : Robert le Mangnier, 1582.
L’image des vers enchaînés les uns aux autres comme une chaîne de forgeron : « enchaîner
aux cercles de mes vers », XXVI, « Discours presenté à Monseigneur frere du Roy… », v. 53.
XXXIII : Hercule Ogmien a civilisé les gaulois par l’éloquence et est ainsi représenté par
Lucien avec une chaîne qui attache les gaulois à sa langue. GFB peint ce moment dans le
sonnet « A lui meme » (dans les tercets en particulier). Le poète est un forgeron de chaînes
éloquentes.
LXXXIII : un sonnet à Pic de la Mirandole. Son esprit a fait le tour des connaissances du
monde, encyclopédique. « Tout ainsi qu’en la pierre enchassée en l’Aneau / On void un grand
Colosse… » (v. 1-2), « Quoy que la pierre soit un bien petit Rondeau » (un petit cercle, v. 4).
De manière générale, « Orfée » à qui le poète « Fèvre » s’identifie grâce à un anagramme
complexe, laisse entendre « Orfèvre » à de nombreuses reprises.
CXXXVI, « Sonnet 7 » et les notes de Rosanna Gorris : les techniques de métallurgie sont
utilisées comme métaphores.
« Comme l’or fin dessus le fer ne rouille
Quoy que le fer se rouille bien souvent,
Ainsi le los que l’on met en avant
Du vicieux au vice ne se souille.
Et comme aussi quand l’or on frotte et mouille
Dedans l’eau forte, il ne s’envole au vent,
Ains reste tel comme il estoit devant
Quoy que le fer en perde la depouille,
Ainsi le los au vicieux presté
En la forte eau des vertueux froté
Ne se perd point, ains laisse nu le vice.
Car comme l’or de nature immortel,
Ainsi le los de sa nature est tel
Et reste en soy, si du subjet il glisse. »
C’est donc un sonnet méta-poétique qui à mon avis développe plusieurs modalités
d’utilisation analogiques des techniques. Lesquelles sont connues, selon la note, de Guy par sa
propre traduction des Trois Livres de la Vie de Ficin l’année précédente, Paris : Abel
l’Angelier, 1581, et not. Le chapitre 10 « De l’or, des alimens dorez, et du reconfort des
vieillards ». f. 58 v° et suiv : L’or est approuvé de tous parce que résiste à la corruption, lié au
Soleil et à Jupiter, il possède une « vertu solaire et joviale ». Mais ce livre ne dit pas plus,
c’est un livre de médecine. Il faut chercher ailleurs la source de ce poème, cette recherche n’a
pas été faite.
Ronsard franciade p. 1101 la bague ouvragée perdue se recouvre « à force d’or », mais pas la
vie. Somme toute Francus est toujours dans l’impératif vital, jamais assez installé pour penser
à l’artisanat du feu. Plutôt besoins primaires : chasse, pêche, bois pour le feu et les abris. 4
vers
L'ancienne France. 1887, Les arts et métiers au moyen âge : étude illustrée sur le moyen âge
et la renaissance d'après les ouvrages de / M. Paul Lacroix 1887
Orfèvrerie : 168 les bijoux gaulois et mérovingiens ont peu subi l’influence romaine.
190 : à partir du XIIIe siècle et durant deux siècles, la richesse est privilégiée sur la qualité
artistique, selon Viollet-le-duc, l’originalité de l’orfèvrerie en pâtit.
206 la petite sculpture « par sa dimension touche à l’orfèvrerie ». [Mais toute l’histoire de
l’orfèvrerie du XVIe siècle est éclipsée par Cellini]
227 L’épée orfévrée de Dunois à l’entrée de Charles VII à Lyon en 1449 est ciselée dans sa
garde par l’orfèvre, mais la lame est forgée et trempée par le fourbisseur.
L’Ode de l’antiquité et excellence de la ville de Lyon, par Charles Fontaine, contient au moins
ça
17 Loue l’impression lyonnaise, et les livres imprimés à Lyon, et aussitôt après l’orfèvrerie,
très vite :
Là les grans villes on y voit
Au vif pour un grand tems empraintes :
Là y revit (pour mort qu’il soit)
Le Poëte, & ses Muses saintes.
£Prométhée
Triomphe héroïque, de l’Espervier, abbé de sainct Hylaire, Lyon : Benoist Rigaut, 1569.
Certes, le temps à present, où nous sommes,
Nous à couvé une sentine d’hommes
Si fort fascheux, ores des Promethees,
Ores Vulcains, des mercures athees,
Des Martiaux, & ores des Satures,
Qui d’un accord & ligues fort felonnes
Ont embrasé le monde… (p. 7-8).
(court poème de 12 pages)
« Eva Prima Pandora », titre d'un tableau de Cousin Jean dit le Père (1490-1560)
https://books.google.fr/books?id=eudmAAAAcAAJ&pg=RA1-PA6&dq=Tubal-
Cain&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi0sJTF86jcAhXLyqQKHbS7CjMQ6AEIKDAA#v=onep
age&q=Tubal-Cain&f=false
Prométhée enchaîné : Kratos, la Force, enchaîne Prométhée en parlant de "pantéchnos pyros",
feu d'où naissent tous les arts (Euripide).
£Ronsard
Ronsard the Poet, ed. Terence Cave, Methuen & Co., Londres: 1973.
Terence Cave, “Ronsard’s mythological universe”, 159-208.
159 La mythologie ronsardienne est l’essence même de sa poétique imitative. Sa mythologie
« reflects traditions and fashions in the visual arts as well as in literature”. “It mirrors the
world of the court, the world of scholarship, and the contemplative life of the poet in
solitude”, on pourrait ajouter le monde de l’atelier, le monde de la société civile.
160 L’Hymne de l’automne opère une distinction non pertinente entre surface mythique et
vérité cache (77-82).
Trois manteaux ronsardiens, « fabuleux manteau » au sens littéral : celui de Neptune dans le
Ravissement de Cephale, bleu tissé de soie et d’or, décoré de scènes mythologiques ; le
mêlme dans l’Hymne de Calaïs et Zetes porté par Castor et Pollux, le même enfin offert par
Andromaque à Francus son fils dans La Franciade. Occasions d’ekphraseis. 161 : De manière
générale, les surfaces décorées abondent dans l’œuvre de Ronsard : les peintures sur sa propre
« guiterre », les paniers de Léda dans La Defloration de Lede et d’une bergère dans un Chant
pastoral de 1559, etc. Les modèles antiques que Ronsard suit ici imitent tous (il le sait)
l’ekphrasis du bouclier d’Achille : le goût de Ronsard va pour l’école d’Alexandrie, et non
pour le classicisme sobre des Romains.
162 C’est un goût contemporain que Ronsard connaît par la fréquentation de la Cour ; les
murs de Fontainebleau, d’Anet, la façade du Louvre, la salière de Cellini… Ronsard est
témoin ET « designer » de cette sorte d’art.
167 Les alexandrins « ont trop de caquet, s’ils ne sont bastis de la main d’un bon artisan, qui
les face autant qu’il luy sera possible hausser, comme les peintures relevees, et quasi separer
du langage commun, les ornant et enrichissant de Figures, Schemes, Tropes, Metaphores,
Phrases et periphrases eslongnees presque du tout, ou pour le moins separees, de la prose
triviale et vulgaire (car le style prosaïque est ennemy capital de l’eloquence poëtique) et les
illustrant de comparaisons bien adaptees de descriptions florides, c’est-à-dire enrichies de
passements, broderies, tapisseries et entrelacements de fleurs poëtiques, tant pour representer
la chose, que pour l’ornement et splendeur des vers… » ; ailleurs il loue la nature pour son
abondance et sa variété. 168 Son échec dans le genre épique est peut-être dû à cette absence
de cohérence d’ensemble à laquelle il préfère le riche ornement ; pas un hasard s’il apprécie
beaucoup Apollonius de Rhodes…
169 « It seems likely that Ronsard used contemporary compilations as a source of
mythological and other classical material – Robert Estienne’s Dictionarium Nominum
propriorum, for example”
171 La pratique ronsardienne de l’abondance n’est peut-être rien d’autre qu’une imitation du
style mythologique pictural de l’école de Fontainebleau. 174 « The representation of reality in
poetry takes place within the framework of a language designed specifically to eliminate the
common, the ordinary and the trivial ; thus the objects and scenes which are to be represented
‘au vif’ must be both pre-selected for their rarity or special interest and endowed by poetic
language with a prestige which fits them for the higher world of art. » De ce fait 180 le
fabuleux manteaux n’est jamais seulement décoratif, il incarne le moment de passage entre la
réalité et le monde supérieur de l’art, leurs actions réciproques.
191 De ce fait la mythologie n’est jamais seulement allégorique, elle est en conflits
permanents avec la réalité. 207 La poésie n’est jamais seulement « theologie allegoricque »,
impossible à réaliser ; elle ne reflète pas la réalité mais plutôt sa propre capacité de création.
Cf « La Promesse », poème où le poète doute de sa vie parce qu’il est trop dépendant des
mécènes : « La parole, RONSARD, est la seule magie ».
La Conqueste des Enfers par l'invincible Gontal, par d'Engenville, Paris, 1609.
Le poème est précédé d'un incroyable récit, « Le Fourbisseur malencontreux », p. 4 à 25 [à
partr de la page 13r°, notée 25, chaque page est numérotée] :
Ce « Commissaire des broüillars morfondus » l'emmène sur un cheval qui n'est qu'une nuée,
et ils chevauchent des pays entiers. Ils arrivent au royaume de Pluton, le « bon Charon » fait
dans une vallée d'illusions « je ne sçay quel petit sentier de terre poudreuse, qui (se refermant
à leurs tallons) faisoit perdre en mesme temps le tract de leur piste ». Le pauvre fourbisseur
devient forgeron de Pluton : p. 9 v°, on lui apprend :
« qu'il estoit nouvellement arrivé un Limosin des confins de la basse Marche, lequel luy
fabriqueroit ses fourneaux (commodité pourtant inesperée), que pour des enclumes, des
marteaux & outils necessaires à son estat, y en avoit de tous preparez dedans l'orque. » On lui
demande deux dagues, p. 10 r° :
« Ainsi donc qu'il trvailloit à la premiere de ses secondes javelines, & qu'il l'avoit presque
parachevée, reservé je ne sçay quel historiage aux pommeau[sic], voicy lever un effroyable
cry d'ombres rendant un bruit non moins espouventable que feroit celuy de toutes les
artilleries de l'Europe, qui l'obligea (pressé de la curiosité coustumiere à toutes sortes de
personnes) de regarder par l'ouverture de sa boutique de là où procedoit le fouldre de tant de
tonnerres : & comme il s'y portoit apperceut venir lui d'une démarche furieuse & demesurée
ce grand Gontal... »
IL veut partir, il demande à Pluton un certificat qu'il est bon fourbisseur et laisser-passer, et
l'obtient, dans une parodie de texte royal, p. 11 v°, adressé à « Hapelopin de la
Vestempenarde », ce « fourbisseur de malencontres » (p. 11 r°).
208 Le manteau est un « microcosme » qui a ses propres règles, pas seulement couvrir une
certaine réalité.
Véronique Denizot, « Comme un souci aux rayons du soleil ». Ronsard et l’invention d’une
poétique de la merveille (1550-1556), Droz 2003
68 Sur le De Arte poetica de Marco Girolamo Vida : « la capacité à admirer ne s’enseigne pas,
pas plus que le génie poétique » ; « l’auteur adopte la seule méthode possible, c’est-à-dire
qu’il encourage à admirer en clamant sa propre admiration. » « texte tautologique ». Virgile
est admirable parce qu’admiré, et inversement.
165 Rappelle que ni Jacques Peletier, qui trouve les « faits de la Nature » ennuyeux et âpres,
ni Ronsard qui parle de « frenesies » dans sa préface posthume à la Franciade, ne sont
favorables à la poésie didactique telle qu’elle est pratiquée par Lucrèce.
167-8 « Le recueil ne relève pas de la somme scientifique mais plutôt du cabinet de
curiosités ».
168 Le savoir doit être « abbregé » dans l’hymne : l’âme « Vaguant par tout, et sans estre
lassée / Tout l’Univers discourt en sa pensée » (Hymne du Ciel). Capacité de synthèse qui a
servi à son éloge par la postérité (chez Nicolas Richelet p. ex.).
p. 162 L’image de Tantale utilisée par Ronsard pour décrire l’avarice est tirée de Dorat lui-
même qui interprète dans son commentaire de l’Odyssée (f. 9r) le nom de Tantale comme un
anagramme du talenton, de la pièce d’argent. [C’est aussi ce que dit Du Bellay en latin dans
ses Xenia
Le patronage de Mercure c'est l'ode I, 10 d'Horace. Les poètes sont « vires mercuriales », dans
l'ode II, 17
Jean Paulhan : « J’ai cru remarquer qu’il suffisait à une opinion de nous être étrangère ou
hostile, pour nous paraître aussitôt soumise au pouvoir du langage ». La langue de bois, c’est
la langue de l’autre.
Ronsard, Cinquiesme livre des odes, ode VII, p. 879 ds Pléiade I : « Je te diray maçon... », à
Phébus s'il refuse de soigner Charles IX, parce qu'Apollon a construit les murs de Troie ! « A
Phebus, pour guarir le Roy Charles IX »
Les p. 151-155 de L’esthétique de Pierre de Ronsard d’André Gendre, SEDES 1997 sont à
propos de La Lyre et pas un mot là-dessus.
p. 90 : commentaire de la septième Folastrie :
Las ! pourveu pere, las ! pourveu pere,
Que ta flamme estaigne le feu
Qu’amour, de ses rouges tenailles,
Me tournasse dans les antrailles.
C’est un emprunt, explique Gendre, à Marci Antonii Flaminii Carmina, Padoue : Corminus,
1743, poème « ad Bacchum » : « tuo mihi saltem munere liceat / Rabidi furorem amoris
compescere, pater, & / Da servitio gravi dominae vivere vacuum. » « … qu’il me soit au
moins permis, par ta grâce, d’apaiser en moi la fureur de l’amour sauvage : Père, donne-moi
de vivre affranchi du pesant service d’une maîtresse ».
Gendre commente, p. 91 : « Il semble que Ronsard s’approprie simplement une chute
heureuse. » Mais le feu est de son invention : « l’imaginaire du feu est à ce point dominant
qu’on ne sort pas de lui : du feu rongeant, on passe à la flamme ».
Il y a une section « L’art » dans « Les images du texte empruntées à l’art et à la nature » : la
première phrase est sibylline, p. 113 : « Les images du texte non explicites du bûcheron et du
charpentier occupent chez Ronsard une place de choix. » Il cite ensuite la construction de la
flotte de Francus qui est une image du poème selon lui.
£Arts poétiques
La Poétique des passions. Mélanges offerts à Françoise Charpentier, éd. François Lecercle et
Simone Perrier, Paris : Honoré Champion, 2001
Nathalie Dauvois, « La représentation de la passion entre prose et vers chez les derniers
rhétoriqueurs (Octovien de Saint-Gelais, Jean Lemaire de Belges) », p. 299-315
299 Boèce, Consolation de la Philosophie : prosimètre où s’opposent passion et raison.
[Le propos général est que la prose s’empare peu à peu de l’expression des passions]
Gisèle Mathieu-Castellani, « Le mécanicien, l’acteur et le charmeur de serpents : la rhétorique
et les passions », p. 333-351
338 De oratore, II, xlvii, 72 : l’orateur doit secouer l’esprit « tamquam machinatione aliqua »,
comme à l’aide d’une machine. L’orateur est mécanicien. [Pour la définition du poète comme
excitant les passions de la même manière, voir La Deffence, II, xi]
De Arte Poetica, Marcus Hieronimus Vida
Chapi I : Au vers héroïque est nullum praestantius. Il faut étudier les inclyta opera vatum
pour suivre leurs traces, et plus on est proche de la perfection d’Homère, moins on est
« dégénéré ».
Vida traite de la formation du poète depuis sa plus tendre enfance, en réalité c’est un manuel
d’instruction puérile. Il vaut connaître les varios mores hominum, les mœurs diverses. Il n’est
pas nécessaire de tout connaître, on peut s’arrêter au portus sans connaître tout le territoire.
Sinon le poète serait toto aevo vagus. Vida a cité néanmoins les poètes qui vont combattre
pour décrire mieux la mêlée (Camoens ?).
Chap II : il faut éviter d’étaler le savoir inconnu du vulgaire, parum notum vulgi auribus, en
particulier l’astronomie. Il y a un éloge du passage d’ekphrasis de l’Ignipotens sur le clipeus
d’Enée, mais c’est pour louer l’art de la variété chez Virgile : l’artisan détourne un instant
l’attention du lecteur ailleurs, la transition est dulcis et sans violentia.
Chap III : évoque l’élocution. In primis tenebras fuge. Nitidus versus fulgeat puro auro, que
vos vers brillent à la manière de l’or pur.
£Secret
Le secret technique, cette culture occulte, oppose au vulgarisateur sa difficulté, celle qui en
fait « un vrai métier ». Le savoir exigeant du saunier est à ce titre exemplaire. C’est
précisément à Bernard Palissy que nous devons la description du marais salant comme
« labyrinthe » (LS 2005, p. 50). La poésie d’André Mage affronte une complexité irréductible
que la lecture du Saulnier rend manifeste à chaque instant : ce « dédale des canaux, aires et
bassins » (LS 2005, p. 21).
1544 Thomas Hunkeler, Le Vif du sens. Corps et poésie selon Maurice Scève, Genève : Droz,
2003
Introduction : « Corps de l’œuvre, corps à l’œuvre »
6 Il y a chez Scève une « poétique du corps à l’œuvre ». Dans son article « Sens, cœur, raison,
mémoire dans Délie », Jean Céard a montré que Scève était au courant de la physiologie et de
la psychologie de son époque.
15 L’œuvre de Scève le conduit vers un « effacement progressif du corps », très sensible dans
le Microcosme de 1562, qui s’explique par une « orientation spiritualiste ».
« Anatomies », p. 66 : le corps féminin doit devenir un monument funèbre comme celui de
Laure, que Scève aurait redécouvert selon Jean de Tournes.
74 Il y a un certain érotisme dans « le viol (de sépulture) et l’enlèvement (de cadavre) »
féminin par les étudiants de médecine à l’époque — les corps masculins sont plus faciles à se
procurer car les hommes sont souvent condamnés à mort.
Chap. III, « Écrire le corps physiologique », 101 : « Les passions amoureuses viennent du
cœur », disent les Libro de natura de amore de Mario Equicola (1525), l’encyclopédie de
l’amour peut-être la plus lue pendant tout le XVIe siècle. 102 Le soupir amoureux est une
« évacuation » d’un vent de l’estomac ; la pâleur s’explique parce que le sang se concentre
dans le cœur.
C’est intéressant parce qu’il y a de temps en temps des harmonies imitatives : « Souspirs
espars qui tant espaix se hastent... »
116 Dans le chapitre « Scève entre spiritualisme et naturalisme », Hunkeler cite Montaigne
qui, dans les années 1580, demande que l’amour redevienne une nature et non pas un art :
« Mon page faict l’amour et l’entend. Lisez luy Leon Hébreu et Ficin : on parle de luy, de ses
pensées et de ses actions, et si il n’y entend rien. […] Si j’étais du mestier, je naturaliserois
l’art autant comme ils artialisent la nature. Laissons là Bembo et Equicola. » [L’amour a été
réduit en art par Bembo et Equicola, et Montaigne s’y oppose ! Sans doute par italophobie.]
Titre possible pour commenter ces poèmes : « les confuses paroles d’une forge-temple ».
Desportes inspiré par l’emblème de l’amour-distillation, et pour qui le corps « sert » de forge
(mais cette forge est un temple). Preuve que le « moment emblématique » de la poésie des
années 1540-50 est ensuite dépassé par un mouvement de recomposition et de réécriture où
l’invention est la pierre de touche du génie poétique, l’emblème de l’alambic amoureux fait
l’objet du sonnet XLIII des Premières œuvres de Philippe Desportes (tercets) :
Il y a un sonnet très ressemblant dans les Amours de Diane où le poète devient temple :
Mon œil sera la lampe, ardant continuelle
Devant l’image saint d’une dame si belle
Mon corps sera l’autel, et mes soupirs les vœux.
En réalité il faut sans doute accoler le secret aux lieux communs de la forge amoureuse, parce
qu’il y a un occultisme dans cette topique.
Garçon, Anne-Françoise. “Les Dessous Des Métiers: Secrets, Rites Et Sous-Traitance Dans
La France Du XVIIIe Siècle.” Early Science and Medicine, vol. 10, no. 3, 2005, pp. 378–391.
JSTOR, JSTOR, www.jstor.org/stable/4130334.
378 “Mais que cachaient donc les Métiers? Qu’avaient-ils à cacher ? » Les secrets de
fabrication, répond l’article « Arts » de l’Encyclopédie. Diderot dénonce ce comportement et
appelle à l’unité nationale.
380 Y a-t-il une différence dans la culture du secret entre métiers jurés et professions libres ?
« Des travaux antérieurs sur la métallurgie préindustrielle ont montré, en effet, que dans les
métiers qui n’étaient pas liés à des corporations statutairement établies, la pratique du secret
n’était à comprendre ni exclusivement comme une protection à l’égard d’un tiers, ni
exclusivement comme le moyen de déterminer et de fixer une hiérarchie au sein de la
profession. Bien plutôt, la tension secret/dévoilement était indispensable à l’activité cognitive
propre à l’acte de production, ainsi qu’à l’apprentissage et à la transmission des savoir-faire. »
388 « La maîtrise du métier est passée de la pratique à la technicité, de la fabrication à la
gestion, gestion de la matière, gestion en complément de la main d’œuvre. Par contrecoup, la
place prise par le secret cesse d’être techniquement structurante ; elle s’estompe au profit
d’une place symbolique, sociale, une manière de marquer la propriété, celle des moyens de
production, celle de la technique, celle de la clientèle. » Tournant du premier XVIIIe. Mais la
maîtrise-secret est aussi sociale [Délie Scève]
390 « Il était aisé […] de passer du secret à la dissimulation »
Davids, Karel. “Craft Secrecy in Europe in the Early Modern Period: A Comparative View.”
Early Science and Medicine, vol. 10, no. 3, 2005, pp. 341–348. JSTOR, JSTOR,
www.jstor.org/stable/4130332.
342 Pamela Long a montré que l’openness définie comme « la part relative de liberté donnée
à la dissémination de l’information ou du savoir » est revendiquée par les traités de
métallurgie du XVIe siècle.
343 Si les milieux de l'érudition et de l'artisanat ne se mélangeaint guère à la Renaissance, ils
se rejoignaient sur le point de la préférence du secret sur l'openness.
Annick Texier :
Hecatongraphie, L’emblème « de tribulation vient prospérité » f. Ci v°-Cii r° : Pour moi ce
n’est pas une forge mais une ruche avec devant un feu pour la fumée et la partie ressemblant à
une cheminée est plutôt l’ustensile pour enfumer et dans la cuve des ustensiles pour broyer la
cire et le miel et pour filtrer ensuite et mettre dans des cruches….
Johannes Sambucus, « Alchimiae vanitas », Les Emblèmes, Anvers : Ch. Plantin, 1567, p.
184-185
Guillaume La Perrière, Le Théâtre des bons engins, Paris : Denis Janot, [1544]f. L iv v°-L v
r° :
POur folle amour, les supostz de Venus,
Ont des dangers à milliers & à cents:
Les uns en sont malheureux devenus,
Aultres en ont du tout perdu les sens.
Plusieurs auteurs en termes condecents,
De c’ont escript exemples d’importance.
Gardons nous doncq’ de sa folle accointance,
Si ne voulons endurer grandz alarmes,
Car à la fin, soubz feu de repentance,
Voyez amour distiller eau de larmes.
Thomas Sébillet, Art poétique françois, éd. Félix Gaffe et Francis Goyet, Paris : Nizet, 1988.
Dans le Chapitre III « De l’invention »
27 traite non seulement de l’invention mais aussi de la disposition, « ditte par le Grec,
Economie », c’est ce que Scaliger appelle économie !!! C’est une métaphore artisanale qui
l’illustre : « qu’il ne soit repris comme le sot cousturier faisant le capuchon de la cappe du
plus laid et mal uny endroit de la frize » (étoffe de laine à poils frisés).
Dans la préface du second livre, 102, il emploie ce terme de « matière ». Mais le traité de
Sébillet ne parle pas de la matière en soi : seulement adaptée à chaque genre : « quelle matiére
se traite mieus en cestuy cy, ou en cestuy la ». iL y a un chapitre XI « De l’enigme », qui
condamne son « obscurité », mais « Aujourd’huy ce nonobstant il est fort receu ».
caduc 768 sq : Partie « Le sujet de Délie » : le paradoxe est que c'est le sujet qui immortalise
son poète en fixant plus que le bronze ses sentiments. À ce propos, 778 : l'édition de Délie par
G. Defaux voit dans l'emblème du fourbisseur un double-sens sexuel.
Il s’agit bien pour André Mage de révéler le secret qu’on lui a transmis à l’ombre et à l’écart,
d’ « éventer » la technique que gardait pour lui le milieu fermé, au premier regard mystérieux,
des sauniers :
« Je veux donc evanter sur l’accent de ces hymnes
D’où et comment se font le Sel et ses Salines » (LS, v. 55-56.)
La critique littéraire a pu être sévère sur le poème de Fiefmelin, imposant au lecteur « une
ample séquelle de vocables barbares »40 (A-M Schmidt), « loin de résoudre tous les problèmes
liés à la vulgarisation en vers du savoir technique » (LS 2005, p. 46). Pourtant, si André Mage
n’aura aucune postérité littéraire, il a attiré l’attention renouvelée des historiens. Ce poème
constitue une source incontournable au vu de sa haute valeur documentaire. Le Saulnier « a
permis de sauver de l’oubli un savoir ancestral. De ce point de vue, la réussite du poème
didactique est exemplaire » (LS 2005, p. 32).
£Socio-poétique
Natalie Zemon Davis, Les Cultures du peuple. Rituels, savoirs et résistances au 16 e siècle,
trad. Marie-Noël Bourguet, Paris : Aubier Montaigne, 1979.
15 : Prospérité croissante avec le protestantisme. Un tiers de la population est convertie avant
1562, date du soulèvement calviniste qui rend obligatoire d’assister au culte. L’an suivant,
répression catholique ; 1572 : massacre des Vêpres.
21 Ainsi, un prédicateur protestant : « Nous sera tousjours necessaire un magister à la queue,
la verge en la main, comme si n’avions jamais le sens de nous conduire nous mesmes ?
Serons nous tousjours apprentifs ? »
121 À Lyon en 1580, seules 28% des femmes semblent en mesure d’écrire leur nom.
335 Certains livres sont conçus pour être consultés à l’atelier, comme la traduction de la
Pirotecnia de Biringuccio. Dans l’atelier d’imprimerie, cela arrive souvent : Michel Blanc,
simple ouvrier pressier à Lyon vers la fin des années 1530, connaissait suffisemment la poésie
de Marot imprimée par lui pour que son fils (l’imprimeur genevois Antoine Blanc) se rappelle
plus tard avoir été « nourri en jeunesse avec Marot ». Les femmes aussi, puisque les livres
contiennent des prières à réciter lors des grossesses et des accouchements.
Timée, Platon, Œuvres complètes, t. X, Paris : Les Belles Lettres, 1985, trad. Albert Rivaud.
126 Premier principe politique, la séparation des tâches (mia technè, un seul métier à chacun).
128 Après avoir esquissé très vite des principes politiques, Socrate « voudrait » voir cette cité
idéale se mettre en mouvement, comme on voudrait voir une belle statue marcher et répondre
quand on lui parle (image stupéfiante de la révolte, mais cohérente avec la distinction
simulacres/réalité chez Platon).
129 Or les poètes ne peuvent pas décrire la cité idéale qu’a dessinée le philosophe. « il est
évident à tous les yeux que la tribu des imitateurs imitera très facilement et fort bien les
spectacles parmi lesquels elle fut élevée. Au contraire, il est difficile de bien imiter en actions,
et plus encore en paroles, un monde auquel on est étranger par l’éducation » [c’est le vécu des
poètes qui explique leurs textes alors].
40 Albert-Marie Schmidt, op. cit., p. 177.
140 Le bon « ouvrier » se sert d’un modèle éternel, qui n’est pas « né », sinon son œuvre ne
sera pas belle. [C’est la preuve que le monde est créé sur un modèle immuable, le ciel des
idées, ou âme du monde.
[Il y a ensuite une physique, c’est pour ça que mes textes le citent.
180 Les métaux sont des variétés de l’eau. 181 L’adamas est « un genre voisin de l’or ».
Giorgio Agamben, Le feu et le récit, Rivages, trad. Martin Rueff, 2015 [2014], et non pas la
réédition 2018
C’est sur la perte des origines mythiques de la littérature. 9 « Pourrait-on se satisfaire d’un
récit qui n’aurait plus le moindre rapport avec le feu ? » 12-13 Il faut « transformer la
philologie en une discipline mystique », même si ce que l’on cherche est le Graal, a disparu,
comme l’a dit Benjamin.
13 « ‘Précaire’ sifnigie ce qu’on obtient à travers une prière (praex, requête verbale, distincte
de quaestio, une requête faite avec tous les moyens, fussent-ils violents) et qui pour cette
raison se révèle fragile et aventureux. Et la littérature est aventureuse et précaire, si elle veut
se maintenir dans un rapport juste avec le mystère. » 14 « Écrire signifie : contempler la
langue, et qui ne voit pas et n’aime pas sa langue, qui ne sait pas épeler sa frêle élégie ni
percevoir son hymne étouffé, celui-là n’est pas un écrivain. »
19 Un chapitre sur le « mysterium burocraticum », nom que donne Agamben à la cérémonie
éternelle des fautes et des peines, que le langage légitime.
47 Dans l’essai « Qu’est-ce que l’acte de création ? » petit résumé de l’opposition entre
dynamis (puissance) et energeia (acte) chez Aristote, livre XI de la Métaphysique et livre II du
De Anima : le passage de l’un à l’autre est le fait de tekhnai, l’architecte, le joueur de cithare,
le sculpteur, le grammairien sont les exemples qu’il prend. 48 C’est une réponse aux
Mégariques, qui pensent qu’il n’y a pas de puissance sans acte ; Aristote répond qu’on ne
pourrait pas appeler un médecin « médecin » hors de l’exercice de la médecine dans ce cas-là.
56 Cette puissance est, comme l’a écrit Titien, un ignis ardens non comburens, parce qu’elle
n’est jamais tout à fait achevée dans l’œuvre ; un véritable artiste ne fait pas tout ce qu’il peut
faire, ce serait une faute de goût. 65 Voilà ce qu’Agamben appelle « poétique du
désœuvrement », qu’il oppose 66 au conatus spinozien, « s’il est permis d’ajouter une petite
réserve à une grande pensée ».
82 Dans le chapitre « Au nom de quoi ? », après avoir remarqué que le poète parle au nom du
peuple ou de Dieu, ce qui est la même chose, Hölderlin est pour Agamben le premier poète à
parler sans le nom de Dieu, en « adémie » : « la démocratie dans laquelle nous vivons
aujourd’hui est pour l’essentiel adémie ».
Patricia Falguières, « Les inventeurs des choses. Enquêtes sur les arts et naissance d’une
science de l’homme dans les cabinets du XVIe siècle. », in Histoire de l'art et anthropologie,
Paris, coédition INHA / musée du quai Branly (« Les actes »), 2009, [En ligne], mis en ligne
le 28 juillet 2009, consulté le 22 juin 2018. URL :
http://journals.openedition.org/actesbranly/94
« Or aux xve et xvie siècles la science, qu’on n’appelle pas encore anthropologie mais qui
cependant existe bel et bien, ne passe pas par le voyage et la rencontre, et elle échappe aux
théologiens. Elle est affaire de textes et d’objets. Elle apparaît à la faveur d’une interrogation
sur la technè : soit sur la mimèsis, entendue comme relation de l’homme à la nature. »
Polydore Vergile s’inscrit dans la matière grecque de l’historia poïkilia, que Falguières traduit
par : « histoire bariolée ».
Cela fonctionne aussi à propos de Ronsard, même si Falguières parle surtout ici de Polydore
Vergile : « Cette approche technicienne des rites n’est pas seulement l’effet du caractère rituel
des religions examinées. C’est elle qui ouvre la collecte anthropologique à la question des
origines : c’est la technè qui formule l’anthropologie comme enquête sur les origines, parce
que c’est elle qui aménage la relation de l’humanité à la nature. C’est ce que nous révèle,
dûment examinée, la thématique des Inventeurs des choses. »
Elle cite « Si [la] science mécanique ne se trouvait pas dans les choses de la nature, l’homme
n’aurait pas découvert l’art qu’il y a trouvé. En outre, l’homme observant les choses qui ont
leur principe en elles-mêmes, a inventé le levier : de fait lorsque nous levons le bras pour
soulever un poids, un tel mouvement est le mouvement du levier. Ainsi le taureau avec ses
cornes nous a enseigné le principe du levier. Le cheval par ses ruades nous a enseigné le
principe du bélier. Et, en un mot, les animaux avec leurs mouvements, leurs instruments, leurs
organes nous enseignent l’art mécanique, la mastication nous a enseigné le principe du
broyage des grains. De sorte que l’art mécanique est tout entier œuvre de la nature, et les
sages antiques, avec une très grande sagacité, l’ont découvert par une diligente considération
de telles œuvres. » (Giuseppe Moletti, « Commentaire aux Mécaniques d’Aristote », dans
Gianni Micheli, Le Origini del concetto di macchina, Florence, Olschki, 1995, p.145.), sa
traduction
« Hippocrate, Diodore, Vitruve, Lucrèce rapportent en termes similaires l’invention du feu, la
première des inventions humaines, dont procèdent la société et le langage (la société
précédant le langage), puis une succession d’inventions qui toutes associent contingence et
mimèsis » (elle cite alors Lucrèce, V, 1241 -1352)
Retenir ce que dit Bacon de la poudre à canon, imprimerie et boussole : « En effet ces
découvertes, qui sont trois, donc peu nombreuses, et qui n’étaient pas difficiles à faire, ont
changé la face et l’état des choses […] au point qu’il n’est pas de gouvernement, d’école ou
d’étoile qui aient eu plus d’action et pour ainsi dire plus d’influx, sur les choses humaines que
n’en ont eu ces moyens mécaniques. » Bacon (1607) 1987 : Francis Bacon, Pensées et vues
sur l’interprétation de la nature ou de la science opérative, dans Francis Bacon, Récusation
des doctrines philosophiques et autres opuscules, Paris, Puf, 1987 ; trad. fr. : G. Rombi et D.
Deleule, p. 195.
« Mais cette science de l’homme qu’est la littérature heurématique est aussi une science des
dieux. Insistons sur la technicité de l’approche antiquaire des rites et des cultes : toute liturgie
relève de l’art. »
Note 33 : De la république, II, XIV. Traduisant Plutarque, Amyot a recours à la métaphore
artisanale pour qualifier l’art de Numa : « Amollir et adoucir, ni plus ni moins qu’un fer, sa
ville, en la rendant au lieu de rude, âpre et belliqueuse, qu’elle était, plus douce et plus juste »
(Plutarque 1951, I, p. 140) !! Utile pour Ronsard ausssi.
Jacques Rancière, Les mots de l’histoire. Essai de poétique du savoir, Essais Points, 2014
[1992]
Problème pointé par l’introduction intitulée « Une bataille séculaire », p. 9-22 : l’Histoire est
une histoire qu’on se raconte et elle n’est peut-être qu’un épiphénomène tant le temps
continue, et les métiers avec. Heureusement l’école des Annales n’a pas cédé aux sirènes
scientistes et a continué d’être une histoire, mais racontée autrement.
20 définit une « poétique du savoir » : « étude de l’ensemble des procédures littéraires par
lesquelles un discours se soustrait à la littérature, se donne un statut de science et le signifie ».
Ensuite, dans un chapitre « Le roi se meurt », à propos de Braudel et de La Méditerranée :
« déplacement scientifique répond au déplacement d’une politique qui ne bat plus à l’heure
des rois mais à celle des masses ».
p. 48-50 Rancière résume l’analyse d’Averbach à propos de la révolte de Percennius dans
Tacite et du reniement de saint Pierre. Dans un cas, Tacite donne à Percennius sa propre
langue, privant la scène de réalisme ; dans l’autre, l’évangéliste donne à la servante une parole
spirituelle de servante. 51 Percennius parle au style indirect libre, à l’infinitif dans le texte, qui
est inclusion dans la communauté lettrée selon Rancière et non exclusion du réalisme comme
le disait Averbach.
61 tant que le roi fait l’histoire, les noms de l’histoire ne sont pas trompeurs : « roi » désigne
plus ou moins une réalité nette. Mais lorsqu’il s’agit de masses sociales, ce dont il s’agit dans
la nouvelle histoire, les « noms » deviennent très trompeurs : bourgeois, noble, paysan
recouvrent des temps et des classes très différentes. Cette erreur n’est pas le fait seulement des
interprètes, mais des acteurs mêmes de l’histoire des masses. 64 à terme, on en arrive au
suicide de l’histoire : « il ne s’est rien passé de ce qui a été dit ».
78 Le fondateur encombrant de l’école des Annales, Michelet, a pour « récit fondateur » la
révolution. La racontant, « il invente un art de faire parler les pauvres en les faisant taire, de
les faire parler comme muets ». 80 Plus tard, Michelet raconte la vie de Chalier sans jamais
citer le moindre de ses discours. Son but est de rendre visible, non pas audible, la voix des
pauvres. Le chapitre se conclut sur l’histoire de Michelet décrite comme mythe, d’accord.
114-116 L’hérésie (dit Lefebvre), la sorcellerie (dit Michelet) est l’objet-limite de cette
histoire des Annales, de l’histoire de Michelet. Ce sont des anachronismes « sans lieu », c’est
« le crime de l’Eglise », dit Michelet. 122 « Donner lieu à l’hérésie, c’est la supprimer comme
telle, l’enterrer en la territorialisant. L’inquisiteur supprime l’hérésie en l’éradiquant : il la
marque, il la met à l’ombre, il la tue. L’historien, à l’inverse, la supprime en l’enracinant. Il la
soustrait en quelque sorte rétrospectivement à la vindicte inquisitoriale en lui donnant la
couleur de la terre et des pierres, en la rendant indiscernable de son lieu. » Marine serait bien
d’accord.
La conclusion demande « une histoire hérétique », c’est le titre du chapitre p. 145-169, et
Marine serait bien d’accord.
Tristan Trémeau, sur son blog, recensant Peuples exposés, peuples figurants, de G. Didi-
Huberman
http://tristantremeau.blogspot.fr/#!/2013/08/critique-de-livre-peuples-exposes.html
Quatrième volet de L'oeil de l'histoire, inauguré en 2009 par Quand les images prennent
position, Peuples exposés, peuples figurants reprend le fil de la réflexion esthétique et éthique
de Georges Didi-Huberman sur les liens indissolubles entre esthétique et politique dans les
représentations (des arts plastiques au cinéma, en passant par la photographie documentaire),
là où il l'avait laissé dans un autre livre, parallèle à cet ensemble, Survivance des lucioles
(Minuit, 2009) : là où Pier-Paolo Pasolini voyait un désastre dans les représentations des
peuples (métaphorisées en lucioles en voie d'extinction) en raison de leur défiguration ou de
leur dégradation par les représentations médiatiques, commerciales, spectaculaires et
touristiques, « malgré tout » Georges Didi-Huberman, inspiré par l'impératif d'optimisme d'un
Walter Benjamin, traque dans son nouveau livre les œuvres dans lesquelles résisteraient des «
parcelles d'humanité ». Ainsi affirme-t-il que « déclin n'est pas disparition » (p.223) et, au
sujet du cinéma de Pasolini lorsqu'il expose « des gestes immémoriaux et pourtant bien
modernes », que le cinéaste « n'en consacre pas pour autant la perte » mais au contraire « les
rend possibles à nouveau, leur accordant une nouvelle actualité, une nouvelle valeur d'usage,
une nouvelle nécessité » (ibid.). Contre les récits apocalyptiques du déclin et de la
dégradation, Georges Didi-Huberman revendique, en pratique, la nécessité de considérer tout
ce qui persiste, insiste, survit des peuples, dans des œuvres qui à la fois s'opposent aux
représentations médiatiques dominantes et résistent aux discours de la perte irrémédiable ou
fatale. Pour cela, il revient sur des œuvres fameuses de la modernité (Goya, Gustave Courbet,
Walker Evans, August Sander, Roberto Rosselini, Pier Paolo Pasolini...), s'inspire de nouveau
de Walter Benjamin, Hannah Arendt et Aby Warburg, mais n'ouvre son analyse qu'à deux
artistes contemporains, le photographe français Philippe Bazin et le cinéaste chinois Wang
Bing. Si l'ouvrage, dans son ensemble, est passionnant, de surcroît porté par une écriture
fluide — malgré les nombreuses références — qui doit sans doute à ses conditions de
production (l'enseignement à l'EHESS), ce peu d'inscription du propos dans la création
actuelle le rend en partie inachevé pour penser les conditions esthétiques et politiques de
dépassement de l'éternel ressassement mélancolique de Gauche (auquel Georges Didi-
Huberman se confronte) quant à la dégradation fatale des conditions d'expérience de l'altérité
et des impératifs de représentation et de reconnaissance des peuples.
Du Monin, Miscellaneorum poeticorum adversaria, tomum alterum Paris, Jean Richer, 1578.
Gallica intra muros.
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8700986x/f192.image
422-423 Réécrit Hésiode lui aussi :
“Ut figulum figulus, fabrum faber odit, & urget:
« Sic sua Pegaseus quis rigat ora latex.
Sic canit Ascraei venerandus pectinis auspex
(C’est seulement pour redire son amitié à « Joannem Bonifonium Arvernum Poëtam
tersissimum, Theseum nostrum »)
Bruno Méniel, p. 352 : « Ces fonctions [de manifeste poétique] de l’ekphrasis sont si
prégnantes qu’elles font souvent oublier au poète qu’il décrit un objet. Celui-ci n’apparaît plus
que comme un support sans matérialité, un prétexte à une digression poétique qui néglige les
modes de représentation qu’imposent la peinture, la tapisserie ou le travail des métaux. » Avec
une exception, p. 353 : les armes de Berol dans La Savoye d’Honoré d’Urfé.
Amadis Jamyn, « Ode sur le retour du Printemps », dans Livre II des Oeuvres poétiques, t. 2,
éd. Samuel M. Carrington, Genève : Droz, 1978, p. 63
Le printemps revient : le bétail sort, le laboureur aussi, Vénus et les Grâces dansent, et v. 17 :
Tandis que son Vulcain r’allumant ses fourneaux,
Des Cyclopes nu-bras fait haster les marteaux,
Faisant ardre l’enclume et la forge bruyante
De flamme petillante.
[Imité de Horace, Odes I, IV. Les travaux et les jours : retour cyclique. « R’allumant » comme
Ronsard !… Et l’hiver est-il la cessation de la forge ? Je ne crois pas, cf. Ferraria.
[Pour un article : dans le premier tome de l’éd. Carrington de Jamyn, p. 290, Jamyn imite un
emblème d’Alciat sur la paix, ce que Carrington n’a pas remarqué.
Gallica, Des Autels, Guillaume (1529-158.?). La paix venue du ciel : dédiée à monseigneur
l'évesque d'Arras ; avec Le tombeau de l'empereur Charles V César, tousjours Auguste : dédié
et présenté à la majesté du roy son fils / par Guillaume Desautels.... 1559.
Collier de la paix, offert par Jupiter qui dit à la Paix sa fille :
Pren ces fix chaines d’or, que Vulcan pour la gloire
De son mestier forgea : & au beau char d’ivoire
De la Paix les attache, elles de longueur ont
Autant que de ce monde en contient tout le rond.
Mais tant ingenieuse est leur façon menue,
Que la subtilité en peut tromper la veuë.
Revue du Seizième Siècle n. 18, 1931, Alice Hulubei, « Virgile en France au XVIe siècle.
Editions, traductions, imitations », p. 1-77
5-6 « Enfin, on voyait dans les œuvres de Virgile la prophétie, le miracle, la science ; Virgile,
magicien, connaissait la formule pour se rendre maître du monde invisible et évoquer les pâles
ombres des enfers ; prophète du Christ, il annonçait la nativité du Seigneur ; homme de
sciences, il détenait toutes les spécialités : astronomie, sciences naturelles, médecine,
mathématiques. Son oeuvre constituait une encyclopédie des connaissances de l’antiquité et
un excellent modèle à imiter » (au Moyen Âge).
23 Ce n’est que vers 1550 qu’on interprète Virgile de façon plus littérale, en éludant les
délires de Servianus et consorts.
42 L’article est très sévère vis-à-vis de la traduction de l’Enéide par Du Bellay qu’il trouve
affreuse.
Dans l’édition des Missives de Mesdames des Roches de Poitiers (mère et fille), Paris, Abel
l’Angelier, 1586, se trouve la trad. Du poème Le Ravissement de Proserpine, de Claudius
Claudianus, Ve siècle ap. J-C. C’est une épopée imitée de Virgile et qui cite les cyclopes
comme Virgile. Les prairies de l’Aetna y jouent un grand rôle et servent de lien à des
« imitations » à la fin du recueil, qui utilisent les flammes de l’Etna pour en faire un locus
amoenus de l’amour. En fait Proserpine est enlevée sur l’Etna dans les Fastes d’Ovide, récit
plus conventionnel que Les Métamorphoses, V, 341-571. C’est pour la fête de Cérès, les ludi
cereri.
Les chansons de gestes avec des forgerons : l’épée « Joyeuse », celle de Charlemagne, a été
façonnée par Veland (Wieland, ou Galan, dans Huon de Bordeaux ; il apprend son métier chez
Alberich, chef des nains dans les Niebelungen ; reforgée par Regin pour vaincre Fafnir),
forgeron doté de pouvoirs magiques. Il en fait don à Guillaume d’Orange. Aliscans, laisse
LXXV : Rainouart fait cercler son « tinel » par un forgeron.
Voir dans Sharon Loewald, Figures féminines, le personnage de Maragonde, femme du
forgeron. [le livre est à la bibli Nanterre : 944:2"04/14" MUE HIST]
Dans La Thébaïde le char d’Amphiaraüs est forgé par Vulcain. Le poème de Stace n’a pas été
traduit en français à la Renaissance.
KING ARTHUR’S FRENCH ODYSSEY - pArt 3. During the combat Drogon was killed. He
was killed despite the fact that he was wearing “un haubert merveilleux sorti de la forge
d’Espandragon; jamais armes n’avaient pu le trouer.” [Translation: ‘a marvellous coat of mail
made in the forge of Espandragon, which had never been penetrated by any weapon’]. The
footnote in the French edition cites Paul Meyer as making a positive connection between the
name of the forge and the name ‘Pendragon’ associated with King Arthur’s father. (vii) Apart
from King Arthur being taken to the Isle of Avalon to have his wounds seen to, the only other
time that Geoffrey of Monmouth mentions ‘Avalon’ in his History, is when he too mentions a
forge in connection with Arthur’s famous sword, ‘Caliburn’. “He girded on his peerless
sword, called Caliburn, which was forged in the Isle of Avalon.” Did Drogon’s coat of mail
have the same provenance as Arthur’s sword, Caliburn? Was there a superior forge in the
Avallonnais area with a reputation for producing miraculously strong weapons and armour?
The answer is yes. In fact there were a great many forges in the Avallonnais. It was the Celts
again who first discovered and exploited the iron ore deposits in the vast forests to the south
west of the Vézelay hill – now called Les forets des Ferrières. The forest was delineated by
several important towns now called, Bois-de-la-Madeleine, Chamoux, Maison-Dieux, Nuars,
Fontenay-près-Vézelay and Foissy-lès-Vézelay. The Celts established the area as a major
metal-working centre, with good road and water communications, which the Romans further
developed and exploited, providing a network of substantial roads fit for haulage, and a
navigable waterway up the River Cure from the River Yonne, as far as Gué Pavé which was
thought to have been both a fording point, and a landing stage. Over an area in excess of 20
square kilometres, slag heaps were discovered, providing evidence of the smelting processes.
Almost two thousand mines were discovered across an area of six hectares, and it was
estimated by Abbot Lacroix in his “Les Origines protohistoriques et gallo-romaines de
Vézelay” that between five hundred and eight hundred manual workers would have been
employed in the iron and steel industry. (viii) In particular one small village, Sermizelles, was
known for its forges. The name comes from the ‘Sarmates’ or Sarmatians who were
conscripted Roman soldiers from the near East. They were garrisoned there to protect the
village, which was on the Via Agrippa. Sarmatians had a particular reverence for swords and
weaponry. They also maintained religious customs associating swords with stone and water.
Perhaps the ‘Forge of Espandragon’ was an echo of the King Arthur legend, which was in turn
picked up and used again as part of the Matter of France – a unique cross-over. If Arthur
Riothamus had been to Gaul before then he would have known about the reputation of the
Avallonnais forges. © Marilyn Floyde 2007
De véritables dynasties se sont parfois constituées. Ainsi celle des Castagneri dont le
fondateur vint s’installer à Argentine, dès le milieu du XVIe siècle. Citons aussi Gaspard
Granery, comte de Mercenasque, ou encore Guillaume Savage, gentilhomme d’Angleterre ou
Robert Vligger, seigneur du Plisson en Brabant. Et sait-on que Madame de Warens eut des
intérêts dans la métallurgie de Maurienne ? On a davantage retenu son rôle de protectrice des
lettres. Toujours est-il que ces personnages d’envergure ont quelque peu éclipsé les artisans
alors plus modestes, rendant difficiles les recherches sur les débuts de l’activité de la famille
Opinel. Pourtant, dans les archives de Saint-Jean-de-Maurienne, on est à peine surpris de lire,
dans la liste des membres de la Société Populaire qui s’était constituée en 1792, le nom d’un
Opinel, marchand de fer. Mieux encore, dans l’ouvrage de Solange Brault-Lerch «Les
orfèvres de Franche-Comté», on trouve un certain Joseph Opinel né le 8 septembre 1715 à
Longwy. Apprenti à Dole puis à Nancy, il fut reçu à la maîtrise grâce à un chef-d’œuvre
façonné chez un orfèvre de Besançon et il exerça ensuite à Dole. Plusieurs de ses œuvres
appartiennent à des musées ou enrichissent le trésor de diverses églises et chapelles du Jura.
Ces pièces au décor de rocaille, motifs floraux, coquilles et volutes nous prouvent une chose :
ce Joseph Opinel fut un maître dans son domaine.
Paulin de Nola, Epistolae &t poemata luculenta a tergo hujus enumeranda, 1516 : rien.
Pont-charra
Description du « vaillant Villeneuve, honneur de Saragousse » dans « Hymne sur la journee
de Salbertrand, gaignee par monseigneur le duc d'Esdiguieres », p. 42
Ses armes, que Vulcan fit entre Aetne et Lipare,
Comme celles d'AEnee, où luizent à fil d'or
Mille chiffres d'amour & ce dragon encor,
Au haut de son armet vomissant un panache...
£Vulcain burlesque
Sonnets spirituels, par Jacques de Billy, Paris : Nicolas Chesneau, 1573.
Sonnet 42, p. 54 r° : « Que c’est chose dangereuse que faire coustume de pecher ». p. 54 v° :
Plus fort ne fut jamais le vieil nœud Gordien,
Les amans ne serra d’un si estroict lien
Ce fer qu’avoit forgé Vulcain sur son enclume,
Que durs sont les chaisnons, & les cordons noueux,
Dont sçait de pres serrer les esprit vitieux,
Et tenir prisonniers, une longue coustume. (tercets).
Le commentaire dit seulement : « voy le huictiesme livre de l’Odyssee d’Homere ».
Belleau, Dictamen metrificum (beaume en vers), sur l’horreur des guerres de religion, vers
macaroniques, Vulcain forge pendant que Mars, en « de rapides culées », forge des cornes à
celui-ci. Mais c’est une allusion.
Gallica : La vie et les poésies de Jean de Boyssonné, professeur de droit à Toulouse, 367 et
suiv.
p. 426 Une mention de Vulcain vengeur.
£Vulcain poète
Les premieres oeuvres françoyses de Jean de la Jessée, A Anvers, de l'imprimerie de
Christofle Plantin, 1583 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70472c/
Epigrammes de Marulle font apparaître Vulcain, p. 567 : épigramme « De Venere » :
Aurea Mulciberum nato, &c.
VENUS demandoit à Vulcain
Des armes faittes de sa main
Pour son filz, oubliant ce père
Qui d’un tel enfant la fit mere :
Lors se fachant le Dieu jalous
De ce nom, luy dit en courrous :
Pourquoy, Deesse mal-aprise,
Ne priez-tu plustot Anchise ? [quand la parole de Vénus n'amollit pas le cœur...
Pamela H. Smith, The Body of the Artisan. Art and Experience in the Scientific Revolution,
Chicago, Londres : University of Chicago Press, 2003.
Ce livre est très mauvais. L’autrice suppose sans cesse que les artisans auraient un art plus
réaliste que les théoriciens. Mais enfin, Vulcan at the Forge (1611) représente 4 Cyclopes,
d’Adriaen de Vries.
Pamela Smith s’interroge sur « l’engagement du corps de l’artisan » (p. 106), comme si c’était
une spécificité du XVIe siècle. Elle veut que le corps au XVIe siècle soit « lourd de potentiel
créatif », « pregnant with creative potential »… Pas du tout certain. Elle s’appuie longuement
sur des idées alchimiques dont le lien avec l’artisanat n’est pourtant pas du tout évident.
Desportes, Premières Œuvres, On est nettement moins surpris de retrouver la même image, au
deuxième quatrain du « Sonnet à Du-Poncet » (p. 142 v°) :
Salmon Macrin :
Odes, livre IV, 11 : "Ad Vulcanum, ex Anacreonte"
v. 4 Astur, le mineur d'Asturie qui extrait l'or des "viscerae terrae"
note p. 711 : Lascaris, ds anthologie d'Anacréon, a réuni deux odelettes, bcp traduites :
Ronsard : "Du grand Turc je n'ay souci..." ou Jean Second (Epigrammata). Henri Estienne
sépara à nouveau ces odes. Très prisées de la Pléiade.
Mines d'Asturies, déjà citées, d'après Martial X, 17, 3, dans C., II, 20, 5 qui commence aussi
par un refus de l'or.
Ode à Vulcain pour chanter l'insouciance. Vulcain = nécessaire aux coupes de l'ivresse en
temps de paix comme aux armes de Mars (v. 31)
(Euphranor et Mentor, graveurs-ciseleurs, concurrents de Vulcain)
Ode II, 20 : v. 5 "Iber" sert à désigner le mineur. "decolor" parce qu'il ne prend pas le soleil,
mais aussi à cause de la noirceur des métaux.
Cette ode brode Marulle, I, 12 : je donne plus que l'or quand je donne un bon poème.
Ode I, 21 : torquis fabrefactor : collier ciselé
Dans II, 14 "Astur" est ette fois l'Espagnol en guerre : dissonance entre lyre et buccine.
Ode II, 9 : la fusion volcanique est le fait de ceux qui "odiunt carmen".
Ode I, 8 : "Astur armipotens", mineur et guerrier.
Gilb. Ducherii Epigrammata Lib.II, ep 138, p. 120-121 (334-335 dans l’ed critique)
Epigramme liminaire au deuxième livre des épigrammes de Ducher, p. 258-259 dans l’ed
critique, « Ad Ioannem Raenerium Andegauum »/ « À Jean Raynier d’Angers », le même
dédicataire que le premier livre :
Quum sibi non possent hi uersus quaerere famam
Quos iterum dictat scabra Thaleia mihi,
Omnes mens fuerat Vulcano, more Platonis,
Sacrare : opprobrio libera tille Deus.
Comme je ne pouvais certes pas prétendre trouver la gloire grâce à ces vers,
— Ces vers que, pour la seconde fois, me dicte ma rude Thalie —
J’avais décidé, comme Platon, de les vouer tous
À Vulcain, car ce dieu délivre de la honte.
La ref à Platon est peu claire, l’éd. Renvoie à une trad selon laquelle Platon brûla ses tragédies
pour être l’élève de Socrate, rapportée par Nietzsche, La Naissance de la tragédie.
Gilb. Ducherii Epigrammata Lib.II, ep 138, p. 120-121 (334-335 dans l’ed critique), Prise de
parole de Vulcain :
« De Paride, & Vulcano. »
In Venerem ad Superos questus Paris acriter, illam
Troiani causam dixerat excidii.
Proque rea illi Vulcanus : Miraris, inepte :
Si tibi pro malo dat Cytherea malum.
De Vénus auprès des Dieux d’en haut Pâris s’était âprement plaint,
Disant qu’elle avait causé la ruine de Troie.
Alors, au nom de l’accusée, Vulcain lui répondit : « Tu t’étonnes, insensé,
Si, pour une pomme, Cythérée te donne une prune ».
L’éd. Critique rappelle le proverbe biblique « nulli malum pro malo rederre » (I P., 3, 9 ; Rm,
17, 12) : Vulcain recommanderait alors l’inverse du proverbe biblique ? se demande l’édition.
C’est un jeu de mots sur malum, qui fait apparaître Vulcain comme malicieux et jouant sur les
mots (presque poète ? En tout cas personnage énonciateur de l’épigramme).
??
Concetta Carestia Greenfield, Humanist and Scholastic Poetics, 1250-1500, London &
Toronto: Associated University Presses, 1981.
Preface, 11 : les arguments des scolastiques, qui s’appuient bien souvent sur Aristote, ne
restent jamais sans réponse du côté des humanistes.
20 La valorisation de la poésie chez les humanistes s’inscrit dans une valorisation générale
des sept arts libéraux, qui ne font pas partie des disciplines enseignées à l’université par les
scolastiques ; ainsi les humanistes ont fait de l’enseignement scolastique (trivium et
quadrivium), au lieu d’une fin, un moyen pour accéder à des matières plus élevées.
175 Dans son chapitre sur Francesco da Fiano, Greenfield rappelle cette théorie de la poésie
comme ce qui « civilise » tout sujet en le rendant immortel, de vulgaire qu’il était auparavant.
257 et c’est dans son chapitre sur Angelo Poliziano qu’elle expose la théorie de la poésie
comme lien entre microcosme et macrocosme [pour Scève pt-ê ?]
Magdaliade 1608
Une épître dédicatoire contre les épopées païennes : « La chair du Poulpe est plaisant au
goust, mais elle fait songer de mauvais songes, & imprime en sa fantaisie des visions
estranges & turbulentes : il y a aussi en la poësie beaucoup de plaisir... »
Je trouve très émouvant qu'un(e?) lecteur(trice?) ait souligné d'un trait de plume le passage où
Madeleine lave (« descroute ») le Calvaire souillé de sang pourpre, parfois interrompue par
les allées et venues des Juifs.
Nederduytsche Poemata :
https://books.google.fr/books?
id=R9A9AAAAcAAJ&pg=PA19&dq=poemata&hl=fr&sa=X&redir_esc=y#v=onepage&q=p
oemata&f=false
Thomas Glick, Steven J. Livesey, Faith Wallis (éd.), Medieval Science, Technology and
Medecine. An Encyclopedia, New-York : Routledge, 2005.
Dans les Conclusiones nonagentae, le Panepistemon d'Ange Politien : hoc est omnium
scientiarum, cum liberalium, tum moechanicarum brevis descriptio.
Après la mort de Ronsard ses connaissances précises et universelles agissent comme une
injonction paradoxale sur tous les poètes à sa suite.
Les muta loquuntur de Scaliger sont fréquentes dans les épigrammes latines. Les objets qui
appartiennent à la femme aimée prennent la parole.
Ce qui a donné peut-être l’impression que l’alchimie était persécutée, c’est qu’elle s’est
toujours donnée pour paradoxale (en tout cas dans son expression).
https://books.google.fr/books?
id=DeyRGuRfGrAC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=on
epage&q&f=false Poemata, Guillaume Le Blanc
[C’est seulemetn la partie 1
Pour l’aimant :
Remi Belleau, éd. Guy Demerson, tome V (1573-1577), « La pierre d’aymant ou calamite »
139 Se voit-il rien çà bas plus dur et moins dontable
Que ce metal guerrier ? moins dous et moins traitable ?
Mais en ceste amitié le donteur est donté,
Et le vainqueur de tout d’un rien est surmonté,
Courant deçà delà sans esgard et sans guide
Apres je ne sçay quoy, qui s’espand dans le vuide.
Chef d’œuvre de Nature, et plus audacieux
Que d’avoir esbranlé par les cercles des cieux,
De gros Ballons ardans, et dans les eaux sallées,
Fait faire le plongeon aux troupes écaillées !
Mais quel noeu d’amitié fait joindre ces deux corps,
Que Nature a faict naistre imployables et forts ?
La Calamite errante, et de soif alterée,
De ne sçay quelle ardeur cruellement outrée,
Evente ce metal, halletant et soufflant
140 D’un desir importun, qui chaud la va bruslant :
Puis l’ayant découvert, le cherist et l’embrasse,
Le caresse, le baise, et le suit à la trace. [cf Claudien, « Magnes », v. 40-43
Comme un ardant Limier au plus espais du bois
Lance et poursuit le Cerf pour le mettre aux abois,
Et de nez odoreux et d’haleine flairante
Choisist l’air échauffé de la beste courante.
Des choses que l’on voit sous le Crystal des cieux, [Là commence l’imitation de Lucrèce ;
VI, v. 921-950.
Coulent de petits corps, qui vont battant nos yeux
Sans treve et sans repos d’une vive secousse,
S’amasse un air coisin, qui s’eslance et se pousse,
Qu’on ne peut concevoir que par le jugement
Qui vient d’ouir, de voir, du goust, du sentement.
Nous sentons en Hyver la froideur des rivieres,
En Esté du Soleil les flammes journalieres,
Et les vents orageus des ondes de la mer,
Nous entendons les vois qui s’espandent par l’aer,
Mesmes estants voisins des bords de la marine
Il vient à nostre bouche un fraichin de saline,
Qui part de ce grand flot, qui postant nous fait voir
De l’Aquilon venteus jusques au peuple noir.
Qui n’a senti de l’air la tempeste orageuse ?
Veu sous les flancs cavez d’une roche orgueilleuse,
Distiler goutte à goutte une fraiche liqueur ?
Qui n’a senti le froid, la chaleur, et l’odeur ?
Veu rouler de nos fronts une sueur salée ?
Au travers de l’airain une vapeur gelée
Penetrer la chaleur au travers d’un vaisseau ?
Veu la barbe et le poil cotonner sur la peau ?
Senti le doux parfum et l’odeur des fleurettes ?
La douceur, et l’aigreur ? et des herbes infettes
La puanteur aussi ? Doncques il est certain
141 Que la semence part comme un nouvel essain
Au retour du Printemps, qui se jette et se cruche
Dans un arbre fueilleu au sortir de la ruche.
De ceste pierre donc se dérobe et s’enfuit
Un mouvement, un flot, une chaleur qui suit
Ce metal qu’elle anime, ayant de violence
Escarté l’air voisin, qui luy faisoit nuisance.
Dans ce vuide aussi tost les premiers elemens
De ce fer à l’Aymant par doux acrochemens
Embrassez et collez, comme par amourettes,
Se joignent serrément de liaisons secrettes :
Qui fait que l’air enclos dedans ces corps pressez,
Piquez à menus trous, échauffez, et percez
D’un mouvoir importun, accolle, frappe, et pousse
La semence du fer d’une vive secousse :
Se rencontrant ainsi, se collent serrément
L’un à l’autre aussi tost d’un dous embrassement.
[…]
Voyla donc les appas, et l’amorce friande
Dont il se paist, goulu : le fer est la viande
Et l’aliment confit, et trampé de rigueur,
Qui benin l’entretient en sa force et vigueur :
C’est du fer qu’il prend vie, et par les flancs armée
De limaille de fer ceste pierre animée
Par secrette influence, ainsi que de la main,
142Tire le fer à soy pour appaiser sa faim :
De ce metal absente ha les veines beantes
D’une bruslante soif, ses entrailles mourantes,
Et son corps affoibly à faute d’aliment
S’altere languissant, et pert le sentiment. [souvenir de Claudien
Comme un Amant pipé d’une fascheuse attente
Soupire apres les yeux de sa maistresse absente,
La cherche, la reclame, et comblé de rigueur
Ne songe nuict et jour qu’à domter sa fureur : [invention de Belleau
Comme moy, plus chetif que n’est la Calamite,
Qui vostre cueur ferré, d’une eternelle suite
Va tousjours desirant, caressant, poursuyvant,
Mais plus je l’importune, et plus me va fuyant :
Car le vostre et le mien, comme deux adversaires
Vivent separément d’affections contraires : [« topos scientifico-poétique » dit Demerson
Le mien prompt et subtil, de l’Amour est espoint,
Et le vostre engourdy ne s’en échauffe point,
S’ébranlant aussi peu de la force amoureuse,
Qu’aux soupirs d’Aquilon une roche orgueilleuse,
Estant plus froid que Marbre, ou que le vent d’Hyver,
Qui renglace, cuisant, l’onde, la terre, et l’aer. [/INSERE]
Or l’image qui part de tous ces corps spirables,
N’est de pareil effect, ny de forces semblables : [cf Lucrece VI, 959-961
Autre est celuy de l’Or, que celuy de l’Airain,
Du Verre, de l’Argent, du Fer, et de l’Estain,
Estant ces corps entre eux de diverse nature,
Diversement ourdis, d’air, et de contesture,
Cause qu’ils vont suyvant, flairant, et recherchant
Pareilles amitiez qui les vont allechant,
En fuyant leur contraire : Une guerre immortelle
Se couve et se nourrist si fierement cruelle
Entre le Fer massif, et le corps de l’Airain,
143 Que mis entre le Fer et l’Aymant, tout soudain
Leur amitié se rompt, le Fer prenant la fuite
A fin de n’éventer l’air de la Calamite.
Car apres que l’Airain de ses rayons plus forts
A bouché les pertuis, et comblé jusqu’aux bords
Tout le vuide du Fer, la force et la semance
De l’Aymant se rebouche, et trouve resistance
Qui luy defend l’entrée, estant le Fer tout plain
Du flot et du bouillon des rayons de l’Airain.
Mais entre nos deux cueurs y a-t-il point, Maistresse,
Quelque Airain morfondu, qui fait que la rudesse
Du vostre ne s’échauffe, et n’approche le mien ?
Le mien, qui ne souspire, et qui n’aspire rien
Que de vous estre serf, mais las ! plus l’esperance
Rompeuse le repaist, moins prend-il d’asseurance :
Plus je pense estre aimé de vos rares beautez,
Plus je sens de vos yeux les fieres cruautez.
N’est-ce merveille encor, outre ces cas estranges,
Et les accrochemens de ces nouveaux meslanges,
Voir ce corps Aymantin animé de fureur,
Ainsi que de l’Amour, ou de quelque autre ardeur,
Suyvre les feux dorez des estoiles Ursines,
Qui craignent se bagner dedans les eaux marines,
Eternelles roulant à l’entour de l’essieu ? [souvenir d’Arate, éd. Demerson, tome Vi, pièce V,
v. 39 et suiv.
Mais sent-il point encor la pointe de l’espieu
D’Arcas le fils bastard, et gardien de l’Ourse ?
Quand chassant par les bois, échauffé, prist la course
Pour enferrer sa mere au poil aspre et rebours,
De ce grand Jupiter trop cruelles Amours ?
Qui changea les beautez, et les graces modestes
De Caliston la vierge en ces flammes celestes,
Après l’avoir armée et de dens et de peau,
144 Pour accroistre des Ours le sauvage troupeau ?
Ou c’est l’influs secret des rais et de la flame
De l’Ourse qui l’inspire et qui luy donne l’ame,
Ou quelque cousinage, ou bien je ne sçay quoy
De friand qui l’amorce et qui l’attire à soy.
Car le fer aiguisé sans force et sans contrainte
Frotté contre l’Aymant, tourne tousjours la pointe
Vers le Septentrion, qui rend les jours partis
En minutes, en quarts, et les vens assortis
Chacun en son quartier, retranchant mesurée
La flamme du Soleil, et l’humide contrée.
Invention des Dieux ! avoir tiré l’esprit
D’un caillou rendurci, qui sans sçavoir apprit
Aux hommes journaliers, de tirer un mesnage
Des jours, des mois, des ans, ruine de nostre âge !
De là nous cognoissons qu’en ce grand Univers
Tout se fait d’amitié, rien n’y va de travers,
Tout marche, roule et suit sous la sainte ordonnance
De ce grand Dieu, qui tien tout le monde en ballance. [« Idée platonicienne et chrétienne de
l’amour au centre de l’univers […]. La célébration de la nature dans les Pierres mène à la
contemplation de Dieu. » Demerson
[INSERE] Ha siecle malheureus, et veuf de jugement,
Où les hommes grossiers ont moins de sentiment,
Moins de grace et d’amour que le fer ny la pierre,
Armez de cruauté, et tous nez pour la guerre,
Ennemis de la Paix, promts à souiller leurs mains
Au sang de leur voisin, tant ils sont inhumains !
Siecle trop ignorant des douceurs de la vie,
Fertile de malheur et pallissant d’envie,
Nous faisant savourer en ce val terrien
Plus aigrement le mal, que doucement le bien !
Or la pierre d’Aymant non seulement attire
La froide horreur du fer, mais le fer qu’elle inspire
De sa vive chaleur, attire l’autre fer : [Demerson « Belleau se souvient peut-être d’Agricola, p.
244 : « Optimus certe magnes non modo ad se trahit et tenet ferrum, sed etiam vim suam in id
ita transfundit, ut possit aliud ferrum, quod appositum fuerit, apprehendere et tenere ».
145 Communiquant sa force, et les rayons de l’aer,
Qui coulent de l’Aymant, au fer qu’il outrepasse :
S’entre-poussant ainsi que sur l’humide espace
Les haleines des vents promts et sites courriers,
Vont poussant par derriere au gré des mariniers
Et voiles et vaisseaux, volant d’aelles legeres
Pour empietter l’Or fin des rives estrangeres. [développement de Lucrèce, VI, 1033
Cause que nous voyons et quatre et cinq anneaux
Suspendus dedans l’air d’accrochemens nouveaux,
L’un à l’autre collez de liens invisibles,
Comme si de l’amour entr’eux estoyent sensibles,
L’un l’autre se couplant de secrette amitié,
Qui ces deux corps inspire à trouver leur moitié. [Demerson cite Lucrèce, VI, 910-915 mais
étonnamment pas saint . [/INSERE]
Ainsi de la Torpille une vapeur se jette
D’un air empoisonné qui coule à la languette
De l’hameçon pipeur, passant subtilement
Par le fer engourdy d’un estourdissement,
Du fer, il monte au poil de la ligne tremblante,
Et du poil, à la verge, et à la main pendante
Du Pescheur dessus l’eau restant morne et blesmy,
En voyant sa main gourde, et son bras endormy. [C’est Matthiole qui le premier rapproche la
torpille et l’aimant
Mesmes l’ont tient pour vray, que les costes ferrées
Des vaisseaux arrestez sur les ondes verrées,
Qui vont rongeant les piez du rocher Aymantin,
Se deferrent soudain, et n’y a clou en fin,
Esperon, ny crochet, boucle, crampon, ny bande
Qui ne laisse le bois, et prompt ne se débande,
Ne s’arrache et ne sorte, à fin de s’accrocher
Contre les flancs larrons de l’Aymantin rocher. [Vient probablement d’Agricola : « Mauri
tradunt in India maritimas quasdam cautes existere, magnete abundantes, quae clavos omnes
ex navibus ad eas appulsis, extrahunt : quae navigia ferro onusta ad se trahunt, et eorum
cursum sistunt » (p. 245), même si Albert le Grand raconte aussi l’anecdote
Il y a de l’Aymant de couleur noire et perse,
De blanc, et de blaffard, mais de force diverse.
Le noir, masle guerrier, n’attire que le fer :
146 Et le blanc, feminin, n’attire que la chair.
On dit que le blaffard de couleur jaunissante
Porte ceste vertu, qu’une lame innocente
De ce caillou frottée, entre par le travers
Sans offenser la chair des muscles et des ners,
Qui plus est, sans douleur, et sans que de la playe
Le sang froid et glacé en ruisselant ondoye :
Car le coup se reprend, et se ferme soudain
Sans parestre, restant le corps entier et sain. [Boaistuau le dit, et Cardan
On conte qu’un Berger decouvrit ceste pierre,
Fichant de son baston la pointe dans la terre
Sur le mont Idean : Car le fer approché
De l’Aymant espion, soudain fut accroché. [agricola mentionne cette légende deux fois, mais
Pline aussi.
Le plus voisin de nous, est celuy que l’Espagne
Liberale nous vend, l’Itale, et l’Alemagne :
Le meilleur est celuy que l’Ethiope Indois
Trouve dedans le sein de son riche gravois :
L’autre et le plus commun, se nourris tés minieres,
Prend la force et le pois des terres ferronnieres :
Nature ne voulant cacher dedans son sein
Le bien qui sert à l’homme, et qui luy fait besoin.
Car on tient pour certain, que l’Aymant est propice
Pour les accouchemens attaché sur la cuisse :
Bon contre le vinin, et pour le mal des yeux
Quand ils sont larmoyans, rouges, et chassieux :
Bon pour la chasteté, et pour se rendre aymable,
Courtois, facond, discret, gracieus, accostable :
Propre pour alterer, et pour estancher l’eau
Qui flotte entre la chair et le gros de la peau.[Pour tout ceci, Vincent de Beauvais, Pline,
lapidaire orphique, etc.
Va donq, va donq Aymant, va trouver ma Maistresse,
Et si tu peux, subtil, détramper la rudesse
De son ame ferrée, et l’attirer à toy,
147 Plus fort te vanteray, et plus vaillant que moy,
Qui n’a peu l’esmouvoir par ouvertes allarmes,
Cruelle dédaignant mes soupirs et mes larmes,
Plus dure mille fois que le fer endurci,
N’ayant de mon malheur ny pitié ny merci.
[Précédé du diamant, suivi de la Perle. Somme toute ce poème excellent est paradoxal, on
s’attendait vraiment à une hitoire d’amour tragique entre l’aimant et le fer, mais l’histoire
d’amour est déplacée sur le champ d’une énonciation lyrique qui fait de la femme aimée la
destinataire de l’énonciation didactique aussi, malicieusement (Héloïse et Abélard ?)
Fin aymant –
Pietro Riccio Crinito, Petri Criniti,... de Honesta disciplina lib. XXV, poetis latinis lib. V et
poematon lib. II, Gryphe 1561, mais c’est un poète de la fin du XVe siècle !
Les poèmes sont à partir de la page 797, adressés à Pietro Bembo.
318 “Car si és mestiers & arts mecaniques nous demandons un chef-d’oeuvre & experience de
celuy qui veut estre receu à maistrise, combien plus és sciences & disciplines liberales ?”,
Etienne Pasquier, Les Recherches de la France, Paris : Pierre Menard, 1643.
Nicolas Chesneau, Epigrammatum libri duo, Paris : T. Richard, 1553. 8 r A verbis verbera
dura volant… à propos des coups que s’échangent les époux après les insultes…
Girolamo Fracastoro, De Sympathia et antipathia rerum, éd. Italienne bilingue et critique.
Chap 9, p. 60 : « De anthipathia contrariorum et quomodo se mutuo pellant »
« Est et magnetis genus quod ferrum abigit, ex quo cultelli ita praeparari solent, ut alter
ferrum ad sese trahat, alter pellat, quamquam nos, cum hoc experimentum in medium olim
inductum esset, monstravimus non id accidere
Chap 4 : De consensu partium in toto. Chap 5 : de attractione et motu similum ad simila.
Fritz Schalk, « Zur Geschichte von Enthousiasme » Romanische Forschungen, 87. Bd., H. 2
(1975), pp. 191-225
Du Monin est l’auteur d’une traduction en latin de Du Bartas, intitulée Beresithias, sive mundi
creatio, Paris : Hilaire Le Bouc, 1579.
Livia, de Faustus Andrelini 1490 (livre d'amours). L'amour est un Vésuve, un Etna : pas une
forge.
Il y a cependant un aimant :
Haec [Livia] rigidum traheret ceu vis magnesia ferrum :
Haec daret indomitas sub sua jura feras :
Ureret haec orcum : terram : mare : sydera : caelum :
Tanta sub ardenti lumine flamma micat.
[EPAVES AIMANT]
[Pour Cardan, voir De subtilitate, 1550, mais surtout la trad. Fr. de Richard Le Blanc, 1578,
VII, p. 184. Et G. Della Porta, Magia naturalis, Francfort : A. Wechel, 1597, VII, 25.
Jennifer Britnell, « Poetic fury and prophetic fury », Renaissance Studies vol 3
n. 2, p. 106-114. C’est une démonstration, à partir de Ronsard, que les deux sont difficiles à
distinguer.
Marquetis de pièces diverses assemblées par messire Antoine du Saix, Lyon : Jean
d'Ogerolles, 1559.
Dans Sharon Loewald, Figures féminines dans certains mystères de la Passion en France au
Moyen Âge, Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve-d'Ascq, 2000, ce qui est
redoutablement agaçant, c'est que Sharon Loewald a dit exactement la même chose que dans
sa thèse, mot pour mot, dans « Quatre figures féminines apocryphes dans certains Mystères de
la Passion en France », dans Edelgard E. DuBruck, Barbara I. Gusick (dir.), Fifteenth-Century
Studies, vol. 28, Camden House, 2003, p. 173-183
Carl Marstrander, « Deux contes irlandais », dans Miscellany presented to Kuno Meyer,
Osborn Bergin et Carl Marstrander (éd.), Halle A. S., Max Niemeyer, 1912, p. 371-486
Guy de Tours, Les premières œuvres poétiques, Gallica intra muros. Enfer, centaines de pages
inutiles.
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb305640938
Jacques Tahureau, Odes, sonnets et autres poésies facétieuses, éd. de 1869, « réimprimées
textuellement sur l'édition très-rare de Poitiers, 1554 »
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6367646t
Rancière, Le sillon du poème. En lisant Philippe Beck, n’est pas communicable ici à la BNF
**
À quel poème, de Jean Second, Jean Le Masle fait-il référence (dernier relevé) ?
Il y a une description de cadeaux dorés dans l’Elégie solennelle 3, livre I, p. 213 ds l’éd.
Roland Guillot. Mais en fait l’élégie dont il parle est celle III, 1, p. 313 sq., c’est très
étonnant !! En effet c’est une élégie grinçante sur le pouvoir des cadeaux, plus forts que les
« carmina inania »…
Quel épigramme de Dorat Martial de Mosnier réécrit-il ? Peut-être celle de la p. 38, ou de la
p. 76, demander à quelque helléniste :
https://books.google.fr/books?
id=jtMukq2Kj1AC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onep
age&q&f=false
Les Missives des Demoiselles Des Roches (trad. De Claudien) sont chez Droz, 1999
Noter An. Quand auteur anonyme
Ramisme : développé en Allemagne parce que traduction de Johann Thomas Freigius. C'est
lui qui a forgé le terme « psychologia » qui tient tant à cœur à Mandosio.
L'alchimie est à mettre en dernier, problématique.
Les bombardes sont coulées et non forgées ! [peut-être pas au début du siècle cependant
Le spécialiste de Textor est Nathaël Istasse, l'édition originale est bien avant 1566, c'est 1520.
Soutenance mémoire M2 :
- Math. Meunier qui forge dans le bronze les semeurs, exaltation de l'humilité.
- Trop petites ambitions bibliographiques (Suzonni)
- La compositio est une partie de l'elocutio, pas le fait de disposer les parties entre elles
(dispositio) ! La méthode de prendre des petites notes sur les critiques est parfois trompeuse :
on fait des erreurs, etc.
- On peut etre gentilhomme rustique t s'intéresser à un "travail de la nature". Danièle Duport a
montré que ça échangeait avec la poésie. Dialogue constant.
–La matrice des imprimeries est en "aes", c'est le seul élément en bronze.
Hiro Hirai, Medical Humanism and Natural Philosophy. Renaissance Debates on Matter, Life
and the Soul, Brill : Leiden, Boston, 2011.
Annick Texier :
S’est intéressée à la toiture du dôme des Invalides parce qu’Heredia en parle.
Le fer est utilisé en maçonnerie : la pierre est bien sûr l’élément noble MAIS il ne tient que
par les tonnes de fer à l’intérieur. Dans l’architecture, le mot-clé est faîtage. L’orfèvrerie est
liée à l’architecture, au vêtement aussi : il y a de l’or et de l’argent dedans.
Les spécialistes sont surtout médiévistes.
Antoine de Pize, moine italien, a décrit comment faire un vitrail du début à la fin.
Jusqu’au XIIe, bas-fourneau, 4 à 5 kg de fer. XIIe-XIIIe, haut fourneau augmente la qualité,
mais on obtient de la fonte qu’il faut épurer.
Le plomb est un sous-produit des mines d’argent à l’origine : mais au XIVe-XVe, les mines de
cuivre font plus de plomb, s’aperçoit-on. Florian Teyregeol a écrit là-dessus.
Les vitraux sont beaucoup plus grands et plus peints à la Renaissance qu’au Moyen Âge.
Savoir laminer est une nouveauté en sidérurgie.
Le savoir sur les métaux s’est tant renouvelé ces quinze dernières années qu’il n’existe pas de
synthèse récente.
Sur Joachim Blanchon, j'ai dit déjà que ses chutes lyriques annulaient ses développements
savants et humanistes : c'est particulièrement le cas pour ses deux sonnets sur l'aimant et sur la
forge.
Magali Vene, Écorchés. L’exploration du corps, XIVe-XVIIIe siècle, Paris : Albin Michel,
2001.
[Agricola et son administrateur-technicien peut servir à Jean Le Masle ! En fait il faut relire
les notes sur Agricola à propos de chaque chapitre.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15108895
Sonet LI (du Torrent des sonets), 44v
Ce n’est qu’or & argent, que chiffres, & que larmes,
Que cœurs, flames & traits, fermesses, & palmiers,
Que petits archerots, que rameaux de lauriers,
Et dedans leurs enclos, sans raison force carmes :
Ces petits cupidons, ont encores leurs armes
Ainsi qu’on les forgea, chez les sçavans ouvriers,
Nettes de sang humain, ils n’ont esté meurtriers,
Ils n’ont pas le courage animé aux alarmes.
La Suisse est un livre à part, Paris : Didier Millot, 1589.
« À Monsieur le président Brisson »
Malheureusement il n'y a rien, c'est l'histoire ancienne de la Suisse... Tout ça pour ça !
Les cupidons pluriels c'est Horace, Odes, I, 19
L'artillerie et l'héroïsme
Il ne va pas de soi de peindre le héros épique « l’arquebuse en la main », comme le fait
Jacques Meirier dans l’éloge funèbre de Pernon La Manon, l’un des Pairs de France [La
Guisiade 48]. Au XIIIe livre de La Henriade, Sébastien Garnier met en scène le renoncement
du roi à l'arquebuse pour l'épée :
Ce disant il le suit avecques la pistolle
L’emorche fait bien feu, mais le coup ne s’envole,
Dont le Roy fut alors grandement irrité
Contre son pistolet le getant despité,
Disant semblables mots : a vray dire ces armes,
Sont indignes de moy, c’est aux couars gendarmes,
Les armes des François vaillans & courageux
Le coutelas sur tous est retenu entr’eux.
L’ennemy derechef son coup failly retourne
Qui a l’entour de luy coyurageusement tourne,
Tenant son pistolet emorché en sa main,
Ja tout prest a tirer, mais quoy le coup fut vain.44
Vanité de l'arquebuse qui refuse d'obéir aux volontés héroïques : c'est par le « coutelas », le fil
de l'épée, que se gagne l'honneur à la guerre épique. Si l'arme la plus digne est paticulièrement
française, c'est parce que l'épopée est un genre nationaliste par nature (nous y reviendrons).
43 Op. cit., Robert Le Rocquez, Le Miroir d’eternité, Caen : Pierre le Chandelier, 1589, 110 v°.
44 Les Huict derniers livres de la Henriade, Bloys : Gomet, 1593, p. 91.
Pierre de Deimier relate lui aussi un accident d'arquebuse : par impatience, un vénitien reçoit
dans le cervelet son propre trait45. La cruauté de l'épisode s'appuie alors sur les descriptions
anatomiques sanglantes de L'Iliade et de L'Énéide. [En note : l'arquebuse de Cupidon, Ullrich
Langer, Invention, Death, and Self-Definitions…, p. 9-10 L’invention du Cupidon-arquebusier,
dans le poème “Belleau, s’il est loisible aus nouveaus d’inventer…” est une audace fatale en
même temps qu’elle crée un sujet lyrique nouveau. C’est dans la Continuation des Amours de
1555.]
Le plus souvent, l'artillerie est un désordre que la vaillance héroïque peut encore
dompter, voire qu'il a pour devoir de faire cesser, du moins dans la fiction épique. Désordre du
monde, le canon est semblable à la tempête, à laquelle il est sans cesse comparé. L'image n'est
pas fortuite : décrire les boulets comme des éclairs et la fumée des canons comme un orage
permettra, plus tard dans l'épopée, d'assimiler le héros qui fera taire la canonade comme un
nouveau Neptune calmant les vents, à l'imitation de Virgile. Ce double mouvement se constate
par exemple dans La Guisiade de Jacques
Meirier[http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8711880p]. Charles de Guise,
répondant à l'appel du roi pour libérer la Provence, fait d'abord un discours militaire
d'exhortation. Son discours terminé, l'armée pousse un cri de guerre (lieu commun épique, au
moins depuis le « Montjoie » de la Chanson de Roland). Or ce cri est décrit par deux
comparants hyperboliques, le canon et la tempête :
De Sisteron le cry poussé de certain vent,
Voletant par les airs, a passé plus avant,
Et comme Jupiter eslançant son tonnerre,
Faict d’en haut trembloter les antres de la terre,
Et comme le canon porte-feu, porte-plomb
Faict son bruit resonner de Marseille à Tholon :
19 Ainsi ce cry François furetant à la file,
A leger penetré en maint lieu, mainte ville.
Le double comparant est caractéristique d'une épopée de combat, puisqu'il mêle délibérément
les mythes (Jupiter, les « antres de la terre ») avec une référentialité contemporaine du poète
(le canon qu'on entend « de Marseille à Tholon »). Le canon est l'équivalent historique du
foudre poétique : Roland Barthes, sans doute, parlerait d'un « mythe moderne ». Or plus tard,
félicité par Marseilles personnifiée, Charles de Guise s'entend dire :
33 Tu as ce jour calmé la Provensale terre,
La tempeste chassé, & le vent, le tonnerre :
Tonnerre du canon, du petard foudroyant,
D’arquebuse, ou mousquet porte-feu, l’air fendant...
Le lecteur qui a assimilé le rapprochement du canon et de la tempête avant la bataille s'en
souvient après, et il comprendra volontiers le compliment de Marseilles (« Tu as ce jour calmé
la Provensale terre... ») comme une métonymie d'un apaisement du ciel. Arrêtant « la
tempeste », Guise est un nouveau Neptune, voire supérieur à Neptune puisque le premier n'a
jamais perdu son éloquence au cours de la bataille, contrairement au second (« Quos ego... »).
Mais l'héroïsme aristocratique, lorsqu'il vainc seul et sans soutien la batterie de canon, paraît quelque peu
artificiel et sent son courtisan : la « Harangue de tres-illustre prince François duc de Guise aux soldats de
Metz », dédiée au cardinal de Lorraine son frère, et qui montre un Guise faisant reculer par sa seule
apparition les canons de Charles Quint, n'est pas la meilleure pièce de Pierre de Ronsard[Face à Charles
Quint muni de « cent pieces de canon », v. 18, p. 672, Guise équipe son armure qui est l'occasion de maintes
ekphraseis homériques ; il rappelle aux soldats de Metz leur ascendance troyenne par Francus (dont il écrira
bientôt les aventures ; les poèmes datent de 1560). C'est un epyllion puisque c'est la harangue fictive du siège
que François de Guise soutint contre Charles Quint (octobre 1552-janvier 1553). Ronsard s'inspire ici de la
Tyrtée, éditée par Turnèbe en 1553. L'Empereur avec ses canons s'enfuit à la seule vue de Guise si bellement
45 Op. cit., p. 94.
armé : « L'Empereur frissonna d'une si froide peur / Voyant ton frere armé, que sur l'heure sur l'heure / Du
tout desesperé de fortune meilleure / Tourna le dos honteux », v. 278-281, p. 678]
Artillerie et nationalisme
L'épopée renaissante est par essence un poème nationaliste, et s'accommode d'autant
plus mal de l'artillerie qu'elle constitue une invention étrangère, comme le rappelle Robert Le
Rocquez, contant son origine au XIVe siècle :
C'est aussi le voyage qui préside à l'invention de l'artillerie selon Pierre de Ronsard, voyage à
la fois géographique (dans les régions reculées et loci horridi que sont les montagnes pour les
hommes du XVIe siècle) et mythique :Rons., « Les Armes », t. II, p. 679-680, v. 49 et suiv :
Ils [les humains] ont fondu premier l'homicide metal
Souflé d'une Furie au brasier infernal
Que vomit Phlegethon : ils ont mis en la fonte
46 Jean Bertaut, « Discours funebre sur la mort de la Royne mere du feu Roy », dans Œuvres poetiques, Paris :
Antoine de Somaville, 1601, f. 76 v°.
Le son, la peur, l'horreur, l'ire et la flame pronte
Pleine de puanteur : ils ont apres cherché
Le soulfre que Nature avoit bien loin caché
Dessous terre là bas : puis le long des murailles
D'une estable porchere, ou dedans les entrailles
D'une grotte relente, ou d'un mont reculé
Ils sont allez chercher le salpestre gelé :
Puis poudroyant en un ces drogues eslongnées
Au penser des humains, sans peur les ont cognées
Au ventre des canons, les faisant dégorger
Une balle qui bruit si haut au desloger,
Qui court si tost par l'air, que la terre en chancelle,
Que l'enfer s'en crevasse et prend clarté nouvelle,
Que la mer en tressaut, et la voute des cieux
En craquetant se rompt dessous le pied des Dieux.
Brioist, Pascal. "L'artillerie à La Renaissance." Nouvelle Revue Du XVIe Siècle 20, no. 1
(2002): 79-95. http://www.jstor.org/stable/25598961.
85 : certains instruments de géométrie sont des pièces d’arts, quadrant signé Erasmus
Habermel, quarré en laiton signé Christophorus Schissler de 1579, astrolabe de 1554 signé
Anthoine Mestrel… Parfois dorés, ornés de scènes de batailles… relèvent d’une « culture de
cour » (p. 86).
94 : ces instruments, ces traités sont la preuve d’une « culture hybride » et d’un nouveau statut
social. Annonce le statut social de Gallilée.
Dans le Roland furieux, l’Arioste prend la peine de consacrer une dizaine de huitains au début
du chant XIV pour faire la distinction entre les batailles passées et la bataille moderne. Salle
V premier tome
POUR LA MINE :
Alexandre de Pontaymeri, Le Roy triomphant, Cambray : Philippe des Bordes, 1594.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k123774k
75 Voila quant a l’Indie : ores il faut parler,
De l’Hespaigne, et bien loing du Peru s’envoler.
Car tout l’or Peruan, et la terre sauvage,
Ne vaut pas sans mentir, l’insulaire Broüage.
Broüage dont le sel, au Prince conservé,
76 Fut mesme par Thevet, en estime approuvé
Sur tous les revenus de la grande Amerique,
Dont le corps desuni n’ha poinct de republique :
De tristesse, et de coups, les habitants sont morts,
Les autres ennuyez des avares efforts
Des Hespaignols cruels, abandonnent la plaine
Et vivent montaigniers en eternelle peine.
103 « L’Auteur s’est trouvé aux batailles de Pontcharra de Vinon, et de Sparron de Paillie.
Pontaymeri
Adressé au seigneur Desdiguieres, capitaine en Savoie et conseiller privé du Roi, a2 r°.
169 Le livre VI est une guerre totale, brutalité pure ; on ne voit que « dars Vulcaniens » et
autres.
181 Le forgeron boiteux si drument ne martelle
Le foudre boute-feu, ni la masse rebelle [masse est un terme technique
D'un harnois enchanté, u ces trois grands Seigneurs
Non pas moins en valeur les premiers, qu'en honneurs
Redoubloyent leurs efferts sur la gendarmerie...
Hélas, il y a un autre poème après : Le Triomphe des victoires obtenues par le sieur
Desdiguieres, 1591. Nihil prodest.
À l’Arsenal, demander :
La Thématique de la dignité de l’homme, Eugène Bellec, 2001, 8-Z-38376
La Bataille. Du fait d’armes au combat idéologique, XIeXIXe siècle, dir. Ariane Boltanski,
Yann Lagadec et Franck Mercier, Rennes, PUR, 2015.
Introduction, p. 7-13
7 Regain de « l’histoire-bataille » qui n’est pas une revanche, mais une réinterprétation.
79-91 « Ravenne (11 avril 1512) : la première bataille moderne ? », Jean-Louis Fournel
81 Le nombre des victimes est incertain (de 8 à 15 milles, probablement plus de 10).
[Fournel démontre d’abord que c’est la première bataille des guerres d’Italie
84 Machiavel défendra la création, comme à Ravenne, d’un « tiers ordre de l’infanterie » qui
ne craigne ni cavaliers ni fantassins.
« La Vierge et la bombarde. Réflexions sur les sièges d’artillerie d’Orléans (1428) à Dijon
(1513) », Laurent Vissière, p. 51-64
53 La bombarde s’impose (sur la couillarde et autres) dans les années 1420.
(59 n. 36 : dans toutes les villes assiégées on tient précisément le compte des boulets tombés
dans la ville)
Pour info : Un peu de gloire, un peu d’humour… Beaucoup de sang… Épopée d’une batterie
de 75 en 1940, Marc Lami, éd. De l’écureuil, Paris : 1945.
« À mon cousin, le général Charles de Gaulle ».
Ah mais en fait c’est une « batterie » au sens de « bataillon »…
Bruno Meniel
artillerie : pas indexée
Mais la conclusion de Méniel est simplement qu'il s'agit de "rehausser le pathétique" (p. 350).
Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6288848z
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58197932
Le Triomphe de la liberté Royalle, et la prinse de Beaulne, Paris : Frédéric Morel, 1595.
5 L'Artiste, qui bastit dans l'antre Lemnien,
Le carquan d'Hermione, et le char Delien :
Qui fit les traits flambans de la dextre sacree,
Dont Juppiter deffit les soldats de Phlegree,
Et qui subtilement fit les chesnons dorez,
Dont Venus et Mavors furent des-honnorez,
Ce dieu environné de ses rudes Cyclopes,
Choisit les Pyracmons, ses Brontes et Steropes,
Et avec eux forgea à grands coups de marteaux,
De fin or le moyeu, le limon, les rouleaux,
Et la gente du char, qui porte l'immortelle,
Sur le tour des rouleaux brillamment estincelle,
Un rang de diamans, au lieux de cloux plantez [cf. armure en forme de diamants, cf « Armes
et armures », facettes de diamant, photo iPhone.
Dans chasque roüe sont douze rayons antez
Apres que ce boiteux eut la couche taillee,
Et qu'il l'eut richement d'un azur esmaillee,
De quatre blancs chevaux il la fit atteler,
Qui comme un trait lasché font le coche rouler...
C'est le char du Christ, p. 6 à ses côtés est Henri IV, caractérisé par sa clémence.
19 La cité convaincue par les orateurs Français se rebelle contre les Ligueurs concentrés dans
la bastille de la ville. C'est le peuple qui boute à coups de canons les Ligueurs de la bastide.
L'Arioste, t. I, 2003, préface Yves Bonnefoy, chant XIV, l'armée des païens se rassemble, ainsi
que l'armée espagnole : dénombrement. Pas flagrant que ça parle de la guerre moderne. Mais
c'est très beau. Le lire !
Chant XI, p. 233 strophe 21 : Roland a jeté dans l'océan l'arme que le Diable avait offerte au
roi Cymosque, le canon 22 mais cela ne sert de rien car le Diable la fit retrouver et portée
« tout d'abord chez les Allemands ». (Les strophes suivantes dénombrent les noms des armes,
sans tout le détail qu'on voit chez les poètes quand ils s'y mettent, p. 234, strophes 24-25.)
p. 234, strophe 26, s'adresse à l'artillerie : « Par toi la gloire militaire a été détruite ; par toi, le
métier des armes est sans honneur ; par toi, la valeur et le courage ne sont plus rien, car le plus
souvent le lâche l'emporte sur le brave. À cause de toi, la vaillance et l'audace ne peuvent plus
se prouver sur le champ de bataille. »
Natalie Zemon Davis, Essai sur le don dans la France du XVIe siècle, trad. Denis Trierweiler,
Paris : Seuil, 2003.
13 NZD n'est pas convaincue par l'évolutionnisme d'un Levi-Strauss, qui voit l'économie de
marché comme le remplacement de l'économie du don. Il y a existence « côte à côte ». 17
Ainsi les dons entre Michel Ange et Vittoria Colonna ne sont pas des contrats de mécénat
financiers, mais des tentatives de rétablir une libéralité désintéressée en art et en religion. 21
Tout ce que nous avons reçu est un don de Dieu, au XVIe siècle. 22 L'image du don est les
trois Grâces. 34 Le don est obligatoire entre amis et entre voisins : « Qui a bon voisin a bon
matin ». 35 : Bonaventure Des Périers : « il ne fait pas bon avoir voisin trop povre ni trop
riche ». Et : « Il vaut mieux un bon voisin qu'un parent esloigné ». 36 Lorenzo Valla, lorsqu'il
conteste la donation de Constantin, le fait sur des considérations de sociologie du don :
Constantin n'aurait pas fait ce don et le pape ne l'aurait pas accepté. 39 Les étrennes sont des
dons de grands à des petits, sauf quand ce sont des poèmes ou quand on attend des
rétributions particulières. 48 les mariages sont occasions d'une avalanche de dons dans tous
les sens. 59 Les banquets sont une coutume très courante chez tous les états de la société au
point qu'un édit royal de 1563 tente de limiter le nombre de plats et services. 74 Le passage du
don à la vente est moralement problématique. Marc-Antoine Muret avait donné au public une
édition de Sénèque à Rome en 1585, et un imprimeur voulut en obtenir un privilège : d'autres
imprimeurs s'y opposèrent, arguant qu'il était public. Ils gagnèrent le procès. 75 Masi de
manière générale le livre imprimé est à la fois vendu et donné, il a un statut ambigü. 116-117
Montaigne dit préférer les obligations de vente à celles d'honneur, qui le contraignent plus fort
et lui font perdre sa liberté ; « pour ceux-cy je ne donne que de l'argent ; pour les autres je me
donne moy-mesme ». 135 Autre proverbe : « d'ami vide, vides prières ».
http://gallicaintramuros.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8711880p
La Guisiade, de Jacques Meirier
38 Une remarque du narrateur :
L’esclave au galion, au mot de LIBERTAT
N’attend le domte-fer, qui sus l’enclume bat :
Ains ne s’endormant point sans sejour, sans demeure,
En sursaut se levant, on void, que tout à l’heure
De soy mesme, s’il peut, avec quelque ciseau,
Où d’un caillou moussu, à faute de marteau,
Sa chaine tortillé’ tant il frappe & martyre,
Qu’en fin plein de sueur la clavette il en tire.
Fut ordonné par les dessusdits qu’encores seroit chargee de nouveau, & que de
rechief seroit tiree par seconde fois : & qu’avant ce elle seroit nettoyee dedans la
chambre d’icelle avant que d’y mettre la pouldre, ce qui fut fait : & fut faicte
charger, & bouté sa boulle, qui pesoit 500 livres de fer dedans la gueulle d’icelle
bombarde : à laquelle gueulle estoit un nommé Jean Maugué fondeur, qui icelle
bombarde avoit faicte : laquelle boule en roulant au long de la vollée contre le
tampon de la chambre d’icelle bombarde, se deschargea incontinent sans sçavoir
dont le feu y vint. A cause dequoy elle tua & meurdrit, & meit en diverses pieces
ledit Maugué, & jusques à quatorze autres personnes de Paris : dont les testes,
bras, jambes, & corps estoient portez, & jectez en l’air, & en divers lieux, & alla
aussi ladicte boule tuer, & mettre en pieces & loppins un pauvre garson oiseleur,
qui tendoit aux champs aux oiseaux. Et de la pouldre & vent de ladicte bombarde,
y en eut quinze ou seize autres personnes, qui tous en eurent plusieurs de leurs
membres gastez & bruslez, & en mourut plusieurs depuis : & tellement que de
ceux, qui y moururent ledit jour, que de ceux qui furent happez dudit vent, en
mourut en tout de 22 à 24 personnes.47
La scène est déjà courante en 1552, lorsque Barthélémy Aneau, dans sa Picta Poesis, déplore :
47 Chroniques d'Enguerran de Monstrelet gentil-homme, Paris : Laurent Sonnius, 1596, p. 69 r°.
Unde fit ut tonitru horrendo Bombarda frequenter
Dissiliat : rupta tam duri mole metalli ?
An quia vi nulla possunt diversa teneri ?48
Paul Martin, Armes et armures de Charlemagne à Louis XIV, Paris : Bibliothèque des
arts, 1967.
** Atelier d'armurier, par Hans Burgkmair, Augsbourg, 1515 : les forgerons sont
habillés en gentilhommes. Ils sont félicités, semble-t-il, par le Grand qui passe
commande. Le jeu d'échecs dit de Charlemagne (XIe ou XIIe siècle) sert décrire les
armures de l'époque.
26-27 les armes sont coûteuses et elles sont employées par plusieurs générations, jusqu'à
usure totale. « L'armement militaire en Europe n'a progressé que très lentement. Il ne
s'est même guère perfectionné. » (on parle du bas Moyen-Âge). 53 Seule la cavalerie
normande apporte un véritable renouvellement de l'armement, mais « lentement ».
74 l'armure au XVe devient plus souple et plus complète : elle est taillée sur mesure,
c'est un chef-d'oeuvre d'artisan.
(Par-dessus les heaumes il y a des têtes sculptées, ce sont des oeuvres d'art). 86 Il est
abandonné fin-XVe pour le heaume en « tête de crapaud », caractéristique.
100 Au tout début de la Renaissance, nous sommes à l'apogée des hoquetons et cottes
(qui identifient les soldats par le blason représenté sur leur torse). Il l'abandonnera très
vite, et au XVIIe siècle dominera la « casaque » des mousquetaires. 101 Changement
complet de style d'armure. « ces transformations ne se font pourtant guère rapidement. »
104 L'armurerie devient « de haute classe », artistique.
111 « L'augmentation de la production, facilitée par des exportations vers divers pays, et
l'usure des armes par une tactique et des combats de plus en plus meurtriers, à cause de
l'artillerie et de l'arquebuserie constamment perfectionnées, avec entraîné une
succession de types et de formes d'une variété infinie. D'autre part, l'infanterie dépasse
en effectifs la cavalerie ». L'armure s'allège pour plus de mobilité (demi-armures). 117
Mais « L'armure renforcée au maximum n'arrivait plus à résister aux coups meurtriers
du canon et des armes à feu portatives ». 118 « Le boulet et la balle eurent bientôt raison
de la carapace d'acier ou de fer. » 123 Les arquebusiers ne portent pas de cuirasse mais
un « buffletin » de cuir, solide et moins pesant, parce que l'arquebuse est déjà elle-même
pesante.
194 L'arme par excellence reste l'épée, qui du fait des guerres européennes s'améliore
vite au début du XVIe siècle, puisque chaque innovation se répand dans les pays en
guerre. [L'armet c'est le heaume rond]
[Le canon puis la valeur. C'est une topique aussi. Voir Pontaymeri :
La Cité du Montelimar ou les trois prinses d’icelle, A. de Pontaymeri, s. l. : s. n., 1591.
L’ensemble est dédié à msgr d’Esdiguières.
6 « Argument du premier livre » : « Il employe le reste de ce premier livre à des non
moins utiles qu’artificieuses inventions, tendantes à ramener le François à son devoir ».
L’invention mécanique va ramener la morale : c’est un espoir très XIXe siècle
philosophique, cela. Noter l’accord féminin pluriel du pcpe présent.
12 Tant de preux combattants jamais au port d’Aulide
Ne furent assemblez pour avoir Tindaride
Que l’on veit de Francois animés contre toy,
Pour canonner le mur defendu pour ton Roy.
De mesme que Jupin ils avoient le tonnerre,
Qui brisoit le rocher, et profondoit la terre :
L’esclair avant-coureur de ce foudre odieux
Aveugloit de son feu le soleil de nos yeux.
Enfin, et surtout, l'usage guerrier de l'artillerie donne l'occasion aux poètes épiques de décrire
une scène proprement infernale, comme Pierre de Deimier dans son Austriade, lorsque Turcs
et Vénitiens font feu chacun de son côté :
Apres que les canons de leur bouche enflamée,
Eurent lasché maint foudre en leur contraire armée,
On s’ataque de pres & c’est lors que dans l’air
On voit un camp de traicts espaissement voler :
C’est lors que lon entend de l’escopeterie54,
L’ardeur, le bruit, le choc, la viste baterie,
Un nuage greslant de bales & de trais
De l’Astre porte-jour empesche les beaux rais,
Le plomb, le bois ailé, gronde, bruit, sifle vole,
Et s’il ne fait son coup il tombe en l’onde mole,
Il la perce bruyant en infinis quartiers,
Tout ainsi que lon voit les enfumez potiers
Verser le plomb ardant dans la casse percée,
De mille & mille trous la matiere pressée,
Tombe deçà delà dans le flot en huilé,
Et fait un son trenchant, où le plomb escoulé
Se change pour la chasse en dragées menuës :
De ces divers archers les pluyes continuës
Vent tombans de la sorte & pres & promptement,
Avec un bruit serré dans l’ondeux element.
Les fleches & le plomb que le soldat desserre,
De l’arc & du canon, hideusent55 ceste guerre
De cent sortes de morts… 56
Deimier : Quoiqu'il s'agisse d'une bataille navale, l'image de « l'enfumez potier » sert de
comparant, et plus loin celle du fourneau de Vulcain :
Ils traictoien l’ennemy par mille embrasemens,
D’artifices de feux, dont les escrasemens
Des chevrons petillans sous les gregeoises flames,
Embrasoient ensoulphrez le corps, les bancs, les rames,
D’un feu si vigoureux en intomtable ardeur
Qu’en vain l’eau de la mer employoit sa moiteur,
Pour en faire mourir une moindre estincelle,
Au contraire l’ardeur tousjours forte nouvelle,
Sembloit enfler sa rage & doubler son effort […]
C’estoit un vray portraict du fourneau rigoureux,
Le damnable sejour des esprits malheureux […]
54 Décharge de plusieurs armes à feu à la fois.
55 De « hider », s'effrayer.
56 Pierre de Deimier, L’Austriade, Lyon : Th. Ancelin, 1601. p. 30.
Boiteux fevre des Dieux, maintenant ton Triomphe,
Sus ton grand ennemy superbement triomphe,
Tes feux bruslent icy mesme encore dans la mer.
Qui ses flots orgueilleux voit par toy consommer
Avec plus de fureur qu’au temps que le Scamandre
Par ton cœur irrité se veit presque à la cendre
Lors que tu l’embrasoy de tes feux sans pitié,
A fin de garentir Achille au viste pie.
Toutes-fois ta rigueur en fin resta forcée,
Par la masse du bois, qui pesante enfoncée
Au fondement des eaux, t’en-gardoit de soufler
Pour te nourrir encore en la faveur de l’air,
Aussi le bleu Neptune ondoyant de colere,
De voir ton ardant bras, son plus grand adversaire,
Recherchoit flot à flot de t’enclorre en ses eaux,
Puis que restant en l’air tu croissois tes flambeaux,
Et que contre son cœur, sa nature & sa force,
Au lieu d’y t’amortir il te donnoit d’amorce.57
Intégrer à Ronsard :
Pour la querelle de la mine, aller chercher dans Ronsard tout ce qui concerne l'or, et surtout
l'élégie 4 (II, p. 330).
Dans la quinzième des Élégies, Ronsard met en scène une regressus ad uterum, qui lui permet
de juger la valeur de tous les savoirs humains (de toute sa « Raison ») :
Si j’estois à renaistre au ventre de ma mere,
(Ayant, comme j’ay fait, pratiqué la misere
De ceste pauvre vie, et les maux journaliers
Qui sont des cœurs humains compaignons familier)… (II, p. 366, v. 1-4).
Or Ronsard – vanité des vanités – n’estime à rien le savoir humain, lui préférant la liberté de
l’oiseau, la majesté du cerf, etc. La « misere » de l’homme est la démesure de sa Raison :
Ceste pauvre Raison le conduit à la guerre,
Et dedans du Sapin58 luy fait tourner la terre
À la mercy du vent, et si luy fait encor,
Pour extreme malheur chercher les mines d’or : […]
Au contraire, les cerfs, qui n’ont point de raison,
Les poissons, les oiseaux, sont sans comparaison
Trop plus heureux que nous, qui, sans soin et sans peine
Errent de tous costez où le plaisir les meine :
Ils boivent de l’eau claire, et se paissent du fruict
Que la terre sans art d’elle mesme a produict (II, p. 367-368, v. 45-60).
Pour l'intro : « Quant aux comparaisons dont j'ay parlé au commencement assez briefvement,
tu les chercheras des artisans de fer & des veneurs, come Homere, pescheurs, architectes,
massons, & brief de tous mestiers dont la nature honore les hommes. » I, p. 1170 (« Preface
sur la Franciade, touchant le poëme heroïque »)
Et il récidive p. 1173 : « Tu n'oublieras les noms propres des outils de tous mestiers, &
prendras plaisir à t'en enquerre le plus que tu pourras, & principalement de la chasse. »
Dans des vers sur les œuvres de l’esprit des hommes, un éloge de Dorat qualifie ce dernier
d’« artizan des Muses » et se sert précisément d’une métaphore métallurgique filée pour
décrire l’inspiration de Dorat :
Et toi divin Dorat, des Muses artizan,
[…] dont l’enclume
58 Quelle technique est ici évoquée ?
A forgé tant d’escrits par l’outil de ta plume (II, p. 163-163, v. 751-757).
et
Le lexique de la forge intéresse Ronsard sans doute dans la mesure où la forge est une image
humaniste de la création lexicale59. Ainsi le « Suravertissement au lecteur », inséré dans Les
Odes de 1550 (I, p. 1002) énonce : « je te veil bien avertir de ce verbe je va, tu vas, il vat, en
lieu de dire je voi, tu vas, il va, lequel j’ai forgé au patron de je ba, tu bas, il bat, car, en lieu
que l’un estoit irregulier, tu en auras un autre mieus forgé, et plus François, qui est la seule
touche sur laquelle tu dois examiner tes vocables sans les faire monstrueus et mal ordonnéz :
comme jadis estoit ce mot hymne, que j’ai refondu dedans la propre forge Françoise, le
finissant par nostre propre terminaizon inne, rimant hinne sur divine, benine, dinne, outant le
g superflu » (c'est nous qui soulignons). La « refonte » est indissolublement liée à un « je »
qui s'autorise ces licences par la grâce de son état de poète ; dès lors les mots mêmes de la
poésie sont le lieu d'expression de ce que la poésie a de sacré, et la forge en est l'image.
Surtout le verbe « aller » est conjugué sur le modèle du verbe « battre »...
Dans ces deux strophes, l’image du « mareschal » (du forgeron) fait retour et prend un habit
mythologique en même temps qu’elle est déplacée dans la fournaise du « Vesuve » à la
deuxième strophe. « La flame mienne » est rapprochée par la rime de la « fournaise
Sicilienne », exprimant un lien indissoluble entre le sujet lyrique ronsardien et la forge
volcanique.
Partie 1, alchimie
Variante notable de la forge amoureuse, le creuset amoureux apparaît dans Les Vers
d’Eurymedon et de Callirée, qui chantent, au sein d’une « allégorisation totale de la vie de
cour » (I, p. 1346), la liaison de Charles IX et d’Anne d’Atri d’Acquaviva (dont
l’onomastique permet une métaphorisation en nymphe des eaux). La Cour, à l’époque,
reprochait à Charles IX de dédaigner la vie sentimentale au profit de la chasse ; ces vers
servent donc a contrario la gloire du roi (« Prince, de qui le nom m’est venerable et
sainct… », dit l’« Élégie de Ronsard à Eurymedon », p. 315), mais sont aussi une imitation
des Amours d’Eurymédon et de Calliree d’un rival poétique, Jamyn. À Eurymédon revient
d’introduire le thème du creuset amoureux :
Mon corps est plus leger que n’est l’esprit de ceux
Qui vivent en aimant grossiers et paresseux.
Et tout ainsi qu’on voit s’evaporer Mercure
Au feu d’un Alchimiste, et s’envoler en rien :
Ainsi dedans le Ciel mon corps qui n’est plus mien,
Alembiqué d’Amour, s’envole de nature (« Stances », v. 43-48).
La métaphore alchimique s’impose ici à une époque (les années autour de 1580) où Ronsard
rédige l’« Hymne de Mercure », ajoutée aux Œuvres en 1587. Elle est développée à plusieurs
reprises, puisque le verbe « alambiquer » se retrouve dans l’« Elegie de Ronsard à
Eurymedon » (p. 315). L’amour y est le propre de l’homme :
Un rocher n’aime point, un chesne ny la mer :
Mais le propre sujet des hommes, c’est aimer (v. 17-18).
A ce registre du creuset d’amour appartient enfin, au vers 70 (p. 317) l’expression du « soulfre
amoureux », sans doute permise par la métaphore, dans la poésie alchimique elle-même, des
« amours » du soufre féminin et du mercure masculin.
Pouey-Mounou, L'Imaginaire...
11 imaginaire « tout partiulièrement fécondé par le désordre ». 15 « mone régi par la
discordia concors ».
29 commente notre passage de l'Abbregé en disant que ce qui importe est l'appropriation de
ces termes particuliers par le poète.
100 Repère une rencontre de Lucrèce et Platon elle aussi.
144 à propos de l'enclume mythique de l'Ode à Michel de l'Hospital : « Fait saisissant,
Ronsard, retenant d'Hésiode l'image de l'enclume dont la chute mesurerait les distances du
ciel à la terre et de la terre au Tartare, acorde à cet objet une importance primordiale dans
l'ordre du récit, et non dans l'ordre de la comparaison. L'enclume paraît investie d'une valeur
fondatrice. »
(Hésiode, Théog., v. 7721-725)
251 « Une idée dominante dans les Odes rattache le mouvement à l'échange. »
447 dans La Harangue la panoblie du duc de Guise (armes blanches) s'oppose aux canons
ennemis. Et n. 334 : « la positivité de l'invention poétique tient précisément à sa valeur de
symbole, qui inverse le sens de l'imitation sacrilège de la poudre ».
448 Les quatre criminels Tantale, Ixion, Prométhée et Salmonée seraient « associés à l'eau, à
l'air, à la terre et au feu », symbolisant « un ordre des éléments que l'invention de la poudre
aurait enfreint ».
449 Dit que la Pyrotechnie et Les Inventeurs sont utiles pour éclairer les précisions techniques
des Armes et du Verre... Celui-ci (Pvergile) dénone l'artillerie, celui-là la défend. Il faut
absolument savoir en quoi Ronsard hériterait de Biringuccio !!!
610 à propos des mines, L'Elegie au seigneur Baillon et Les Armes sont dysphoriques,
l'Hymne de l'or seul est euphorique.
J. Dauphiné, « La curiosité poétique pour les sciences et les métiers (1560-1600) », dans
L'Invention au XVIe siècle, Dubois éd., PU Bordeaux 1987.
637 à propos de la forge et de la verrerie, Ronsard « tend à les faire se confondre parmi les
activités souterraines de la fonte » : oui, parce qu'il ne s'est nullement servi de Biringuccio
pour les chanter !
655 Valeur commune aux poèmes étudiés en détail : « une économie bin gérée où la plénitude
l'emporte sur la superfluité ».
** Pourquoi les titres d'odes sont en italiques chez tant d'auteur critiques ?
** l'expression, en grec, du « pyr technikon », qu'APPM utilise souvent
Dauvois (Nathalie)
Mnémosyne. Ronsard, une poétique de la mémoire
Paris / Condé-sur-Noireau — Classiques Garnier / Corlet
1992
Tant dans l'Ortus sanitatis que dans la Pirotechnia il a de sublimes gravures d'ateliers d'arts du
feu.
WEBER, Henri. 1986. "Ronsard Poète De La Terre Et Des Nourritures Terrestres." Europe 64
(691): 32. http://acces.bibliotheque-diderot.fr/login?url=https://search-proquest-
com.acces.bibliotheque-diderot.fr/docview/1303135941?accountid=15868.
Dans l'ensemble il lie le motif de la mine avec celui de la fécondité, mais alors il ne sait pas
quoi faire des condamnations du viol de la terre.
33 « C'est le vieux mythe où la psychanalyse voit le désir du retour à la mère », l'image du
« ventre de la terre ».
34 « On sait combien les mines de toute nature ont joué un rôle important dans l'économie du
16e siècle. Aussi, quand Catherine de Médicis tente un rapprochement avec l'Angleterre,
Ronsard lui dédie une élégie où il célèbre ainsi les richesses de ce pays : Et tous tes champs
auront le ventre plain / De mines d'or & d'argent & d'estain... »
35 À propos de L'hymne de l'Automne, pour les mines : « On a vu, dans ces vers, une
évocation de l'alchimie, rien ne paraît moins certain. Il s'agit plutôt de tous les métaux que
l'homme utilise et qui sont censés naître et germer au sein de la terre ; jouvenceaux et
jouvencelles symbolisent la jeunesse nécessaire à tout enfantement dans la beauté et le
mouvement même de la spontanéité naturelle »
T1 794 Dans « Au pais de Vandomois », ode III du Quatriesme Livre, voyage imaginaire en
Italie pour devenir l’Homère français, ambition qui caractérise ce printemps 1545 :
« Je voirray le grand Mince, [le Mincio, cf Géorgiques]
Le Mince tant cognu,
Et des fleuves le prince
Eridan le cornu :
Et les roches hautaines
Que donta l’African
Par les forces soudaines
Du soufre et de Vulcan. »v. 25-32, les Alpes, que franchit Hannibal en brisant les rochers
chauffés à l’aide de brins soufrés et de feu, dans Tite-Live, XXI, 37.
Christine Pigné, De la fantaisie chez Ronsard, Genève, Droz, 2009. Conclusion de la première
partie, p. 114, s’appelle « les dangers du dessèchement » (elle y a surtout étudié les rêves).
173 Elle cite l’Hymne de l’Esté qui au vers 5 parle d’une masse ardante et de tenailles ! Le
feu de la sorcière est un Enfer dans l’Epipalinodie. 175 Avec ses fourneaux « Les rituels de la
sorcière imitent donc ceux de la Muse »
** remarquer la place étrange de l’artisan dans le sonnet écrit sur son lit de mort : « Il faut
laisser maisons et vergers et Jardins… »
Il y a encore cette expression de « vers trafiqués », dans l’ode « Prince, je t’envoie cette
Ode… », mais « sur un pied d’égalité qui pouvait néanmoins déplaire à Henri II » (Michel
Simonin, Pierre de Ronsard, p. 131, c’est l’Ode de la paix). Cela ajoute de l’eau à mon
moulin.
Il faudrait lire le Pierre de Ronsard de Simonin, pour se dépayser (nullement quelque chose
que je ferais cela).
À propos de l'hymne de Mercure, t2 612 et 1477, la note dit : « Ronsard avait publié en 1550
une ode « À Mercure » (t. I, p. 952) ; il y renonce en 1584. C'est que, si bien des éléments du
mythe s'y trouvaient déjà rassemblés, Mercure n'y était guère encore que le dieu de la
« langue sage ». L'hymne, au contraire, ne marque pas moins son aptitude au vol, au
mensonge, à l'imposture, à la friponnerie. Réunissant en lui ces traits discordants en un
mélange savant, il est prêt à rejoindre les figures également discordantes de l'Or ou de la
Mort. » Imite l'Hymne II, VIII de Marulle, « Mercurio ». Il emprunte aussi à l'hymne
homérique d'Hermès, et Virgile et Hésiode évidemment.
Ronsard t. II 332
Les hauts Pins qui avoient si longuement esté
Sur la cyme des monts plantez en seureté,
Sentirent la congnée, et tournez en navire,
Voguerent aux deux bords où le Soleil se vire,
Passerent sans frayeur les ondes de la mer,
Virent Scylle et Charybde asprement escumer,
Conduits d'un gouverneur, dont la mordante envie [« gouverneur » devint « matelot » dans les
Oeuvres de 1587. Probablement pas de Ronsard : c'est l'élimination d'un étymologisme.
D'amasser des lingots baille aux ondes sa vie,
Afin de rapporter des pays estrangers
Quelques lingots cherchez par cent mille dangers. [… Description de l'état de nature]
Certes Dieu qui tout peut, devoit (sage Baillon)
Faire que les rochers servissent de Billon, [alliage d'argent et de cuivre pour frapper la
monnaie. On distingue le « billon blanc » (50% d'argent, plus valable) et le « billon noir » (de
moindre valeur), mais dans l'ensemble le billon est de maigre valeur et dans les mains du plus
grand nombre.
Et les fueilles des bois qui tombent par la voye,
Se prinsent en payment ainsi que la monnoye...
La Mine mode d’emploi. La Rouge myne de Saint Nicolas de la Croix dessinée par Heinrich
Groff, éd. Emmanuelle Brugerolles, Hubert Bari et alii, Paris : Gallimard, 1992.
2 Antoine de Lorraine arrive en juin 1529 à La Croix-aux-Mines, gisement de plomb
argentifère. Georges d’Ainvaux est receveur des mines, qui a commandé au peintre Heinrich
Groff, en plus de réfections somptuaires, un recueil de dessins retraçant l’activité de la mine.
58 À La Croix-aux-Mines, la minéralisation principale est la « galène » : 1kg d’argent par
tonne. Apogée vers 1530.
61 Dans les églises mobilier et décor rappellent parfois les activités passées : deux marteaux
croisés, symbole trad. Du métier de mineur, vitraux dédiés à saint Daniel, chaires à motifs
miniers. Mais surtout tableau d’autel de l’église de Sainte-Anne réalisé par Hans Hesse en
1521 pour la confrérie d’Annaberg, paysage panoramique à la Brueghel.
62 (HGE = Heinrich Groff Elsässer », alsacien). 1574, Aula Subterranea de Lazarus Ercker
qui répond au même souci de diffusion des connaissances. « Les planches furent largement
copiées et inspirèrent les orfèvres ». La figure la plus fréquente est celle du minier,
reconnaissable à ses outils.
Liste des dessins :
-« Le justicier en son siège, ordonnance et serment des compaignons », habillés avec
cuir fessier caractéristique des mineurs,
« Les charpentiers et charpenteries ». Les étançons nécessitent une grande précision
d’assemblage et la sécurité des mineurs dépend de la qualité du travail, qui est ici
effectué par les chefs ;
« La manière d’amener le boys »,
« La provision du suif et le livraige d’icelluy », matière grasse animale qui alimente
les lampes. Le plus estimé est extrait du mouton ;
« L’amenaige du charbon pour la forge et le livraige d’icelluy », la pièce de cuir est
portée sur l’avant et non sur les fesses car il faut se protéger de la chaleur des
fourneaux ;
« L’amenaige et le livraige du fer en la maison », la partie qui montre la forge est
manquante, il fallait une forge pour les outils nécessaires à la mine, en 1513 la mine de
Saint-Nicolas a consommé 17400 clous ! ;
« En la montaigne », c’est-à-dire la mine, dessin où on voit l’église de la mine. On
conseillait de ne point encourager le travail de la mine car il conduisait à Satan ;
« Les décombreurs entrants en la montaigne », le « houttmann » (mot allemand) livre
le suif ;
« Les tireurs d’eau et myne entrants en la montaigne », la myne est le minerai ;
« Les ouvriers de marteaulx pour rompre la myne en la montaigne », ce sont les
mineurs munis de « pointerolles », qui sont usées au bout d’une heure, le forgeron les
répare ou les jette ;
« Les ouvriers menant les chariots de myne hors de la montaigne », en fait une entrée
dans la mine ;
« Les ouvriers menant le boys en la montaigne » ;
« Les houttmans, maistres des compaignons, entrants en al montaigne » ;
« La Rouge myne de Sainct Nicolas », panorama dont il manque une partie avec
l’exhaure ;
« Rompeurs de grosse myne chareurs de myne hors de la montaigne » ;
« Les schaideurs séparens la bonne myne appart », minerai fragmenté sur des
scheidstein, fortes enclumes de pierre ;
« Les pilleurs et passeurs de myne », minerai pilé dans une machine hydraulique, le
bocard. On voit une femme ici, ce sont surtout les veuves de mineurs qui sont
embauchées comme mesure sociale ;
« Les laveurs de myne », qui ont un salaire élevé parce qu’une grosse responsabilité de
tri ;
Les cloweresses les missenaires sasseurs et laveurs de myne », décrit d’autres
manières de trier, sans eau et à la main pour les cloweresses (de klauben) ou des
lavages au sas. Le nom « missenaires » vient de la province allemande de Meissen,
migration des mineurs ;
« Les livreurs de myne », « Les chareurs de myne », on emmène le minerai dans les
fonderies, qui s’éloignent petit à petit des mines à mesure que la forêt disparaît ;
« Les charbonniers », responsables de la déforestation ;
« La fonderie et l’affinerie », fourneau de fonte et fourneau d’affinage. Le minerai est
préalablement grillé, càd oxydé, débarrassé de son souffre. Dans le fourneau de fonte
il est réduit, cela libère un plomb fondu très impur dont le mineur écrème les
« sclack » (scories cf allemand Schlacke). Puis le plomb fondu est envoyé à l’affinage,
« coupellation » pcq plomb imprègne la sole ou coupelle du four. L’oxyde de plomb
ou litharge surnage, que l’on écrème pour obtenir l’argent, brillant au point qu’on
l’appelle « l’éclair » ;
« Les peseurs et marqueurs des pains d’argent et messaigier portant les pains » càd
lingots ;
« Le verwaiser payans les compaignons » on voit un mineur mécontent qui montre le
poing et un homme armé prêt à arrêter toute échauffourée.
L'Europe des sciences et des techniques. Un dialogue des savoirs, Xve-XVIIe siècle, dir
Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie Thébaud-Sorger
« Le De re metallica de Georg Agricola », Paul Benoît, 321-322
François Garrault, Des mines d'argent trouvées en France, Paris : pour la Vve J. Dalier et N.
Roffet, 1579.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1257006
Il réfute aussi, à la page suivante, l’argument selon lequel la terre a caché les métaux pour
qu’on n’aille pas les prendre :
f. B r°, l’auteur explique que la Religion défend l’usage du bâton de frêne pour trouver les
mines.
B ij r° :
L’ouvrage des mines & usage des metaulx est fort ancien, introduict de tout temps par
Tubalcain (dit forgeron) avecques l’art de fonderie, & continué en la famille d’Azael ou
desnoirs d’où on a tiré les fables poeticques desquelles les escrivains prophanes se sont aydez
en l’invention des choses concernantes l’art des metaulx : disans que Cyniras fils d’Agriopas
trou{v°}va la mine de Bronze, & inventa les tenailles, marteaulx, enclumes, & autres
ustencilles servants à l’art de fonderie.
Suivent les attributions des inventions : Dactily Idei => mines de fer
Erichtonius Athenien ou Eacus => mines d’argent
Cadmus Phoenicien ou Thoas & Eaclis de Panchaye ou Sol fils d’Occean => mines d’or,
manière de le fondre & affiner
Midacritus => mines de plomb
Chalybes => fourneaulx pour fondre & affiner
Lydus Scithe => jeter en fonte [c’est un personnage du de raptu proserpinae
Cyclopes => « martinetz pour forger : qui sont les ustencilles & choses necessaires pour
reduire les metaulx en leur perfection. Car la mine estant tiree de terre est brisee, esbrouee,
recuite, pillee, lavee, fonduë, & affinee au feu : toutesfois {B ij r°} selon la qualité de la
matiere on donne plus ou moigs de façons, car si c’est or ou argent, on le met en poudre dans
le mortier, comme praticquent les Allemans, ou entre deux meulles selon l’usage des François,
pour la mieulx netoyer & chasser tout le terrestre : d’autant qu’il n’y a chose qui consomme &
mange plus le fin desdites matieres à l’affinaison, auquel s’il y avoit seulement de la louppe
qui provient de la fonte on n’en tireroit la moyctié du fin : ou quand il n’y a rien de terrestre il
ne se perd aucune chose ainsi que je l’ay experimenté.
S’achève (F v°) sur l’expression « prouffit & comoditté à la chose publicque ».
Pamela O. Long, Openness, Secrecy, Authorship. Technical Arts and the Culture of
Knowledge from the Antiquity to the Renaissance, Baltimore, Londres, John Hopkins
University Press, 2001.
177 L’augmentation de la population au début du XVe amène au premier boom de la
métallurgie. Des investisseurs en profitèrent beaucoup. Les livres s’adressent à eux en partie,
et par exemple le Bergbüchlein, sans nom d’auteur mais attribué à Calbus of Freiberg, écrit
« for the benefit of all mintmasters, assay masters, goldsmiths, miners and dealers in metals ».
C’est un conseiller municipal qui a aidé à fonder un collège humaniste.
Les livres de Hiérome Cardanus,... intitulés de la subtilité et subtiles inventions, ensemble les
causes occultes et raisons d'icelles, traduis de latin en françois par Richard Le Blanc, Paris :
G. Le Noir, 1556.
f. 34 v° : Il y a une distinction, dans les « substances subtiles » qui intéressent Cardan, entre
celles qui sont subtiles par nature (comme l’air, le sang ou l’or, pour des raisons différentes),
celles qui sont subtiles à cause du feu (qui atténue les espèces crasses ou épaisses), et celles
qui sont subtiles par art, comme le plomb, quoique l’art ne sache pas mêler les substances
comme le feu sait faire.
[Dans l’ensemble ce traité est un bazar, ce qui conduit Cardan à se répéter, par exemple sur
l’utilité des soufflets pour fondre les métaux]
« De la mixtion et matieres composees, ou des metaus, & choses metalliques, Livre
cinquieme. » (f. 97 v°)
Ce livre parle d’abord des potiers, qui font des pots de terre mêlée, comme les
métaux : c’est cela aussi que potiers et forgerons ont en commun. Puis parle des vins et des
huiles.
Salmon Macrin : Epithalames et Odes, éd. Georges Soubeille, Paris : Honoré Champion,
1998.
Odes, livre IV, 11 : "Ad Vulcanum, ex Anacreonte"
Que l'un convoite les trésors du riche Midas et tout l'or roulél par le Pactole indien ou
extrait des entrailles de la terre par le mineur d'Asturie […] !
Qu'un autre brandisse le sceptre d'une main hautaine […] !
Il me suffit de passer ma jeunesse en fleur parmi de belles jeunes filles […] ! »
Alter beati diuitias Midae
et quicquid auri Lydius aestuat
Pactolus, effossisque terrae
uisceribus trahit Astur optet […] ! » p. 644-645
v. 4 Astur, le mineur d'Asturie qui extrait l'or des "viscerae terrae"
note p. 711-712 : Lascaris, ds anthologie d'Anacréon, a réuni deux odelettes, bcp traduites :
Ronsard : "Du grand Turc je n'ay souci..." ou Jean Second (Epigrammata). Henri Estienne
sépara à nouveau ces odes. Très prisées de la Pléiade.
Mines d'Asturies, déjà citées, d'après Martial X, 17, 3, dans C., II, 20, 5 qui commence aussi
par un refus de l'or.
Ode II, 20 : « Ad Hil. Bellaium », « À Guillaume Du Bellay », p. 462-463
Non uniones diuitis Indiae,
non scalpta prisco Mentore cymbia,
factos nec affabre lebetes
aut citreas tibi, Hilerme, mensas
Penser la technique autrement, XVIe-XXe siècle. En hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, dir.
Robert Carvais, Anne-Françoise Garçon et André Grelon, Classiques Garnier, 2017.
Marcus Popplow, « Nouveau, utile et ingénieux. Les ingénieurs de la Renaissance,
inventeurs d’un discours sur la technique », p. 59-72.
d. Mines
En Europe, on trouve essentiellement des mines d'argent ; l’usage de l’or est très
restreint (limité à la joaillerie, au paiement de sommes importantes ou au commerce
international). Au contraire, c'est dans de l'argent que la monnaie est frappée. De plus, une
exploitation argentifère voit son potentiel économique multiplié par des sous-produits : le
plomb et le cuivre essentiellement. Les filons se concentrent en Europe centrale : Schwaz
(Alpes autrichiennes), Saxe et Bohême (« Monts métallifères »), Harz, Forêt Noire et
Vosges[3], ces deux dernières constituant un tout nouveau terrain de prospection au XVI e
siècle qui connaissent leur apogée dans les années 1530-1540.
La mine nous est connue à la fois par la source archéologique et par les traités
techniques. Mais c’est surtout à travers l'ouvrage de Georg Agricola, illustré de deux-cent-
quatre-vingt-douze gravures, qu'a été diffusée dans la communauté savante, dès le XVI e
siècle, la réalité matérielle de la mine. « Les planches furent largement copiées et inspirèrent
les orfèvres »[5] : entre autres coupes et « Handstein » gravés, le hanap de la famille Steiger,
cadeau des concessionnaires des plus importantes mines du Tyrol, représente quelques scènes
décrites par les gravures du De Re metallica[6]. Ainsi le savoir technique put-il, à l'occasion,
faire son entrée dans les cabinets de curiosité de la Renaissance tardive. Du reste le De re
metallica fait des émules. Entre beaucoup d'autres, l'Aula Subterranea de Lazarus Ercker,
publié en 1574, répond au même souci de diffusion des connaissances.
Dans ces mines, le problème technique essentiel à résoudre est l’exhaure (puiser les
eaux des filons). Pour cela, on invente des machines hydrauliques complexes. Les ingénieurs
des mines font alors leur apparition, « sans autre passeport que leur notoriété et les références
acquises dans telle ou telle mine »[7]. En général, les révolutions techniques liées à une
connaissance plus profonde des métaux amènent dans le milieu de la mine des parcours
sociaux nouveaux et inhabituels. Ainsi la mine de Saint-Nicolas est exploitée par un
« ingénieur en chef » du nom de Conrad Boltznitzer, dont la maison est visible sur la première
planche et qui est aussi cité par le traité Agricola. Pauvre homme lorsqu’il exerçait dans les
mines de Schneeberg en Saxe, enrichi dans la montagne vosgienne (la « Fürst »), nommé en
1514 directeur d’une mine des seigneurs de Ribeaupierre et anobli par l’empereur
Maximilien, il est nommé finalement grand maître des mines des États antérieurs de
l’Autriche[8].
Or même la poésie scientifique peut faire renaître la « Vulcanie » virgilienne. Dans un long
poème de Christofle de Gamon intitulé « Discours de l'Astronomie inférieure »61, le travail
des métaux par Vulcain devient une simple image didactique permettant de visualiser des
processus chimiques invisibles à l'oeuvre sous la terre :
Les derniers mots introduisent le texte alchimique qui suit, le Trésor des trésors, premier
poème de la Muse divine publiée avec le Jardinet. [en fait ce texte fait partie du Trésor des
trésors tel qu'il est commenté dans le commentaire commentateur.
« Mines, arsenaux, usines et manufactures sont des hauts lieux d'élaboration des
savoirs et d'interaction entre les pouvoirs publics, les manufacturiers, les techniciens et la
main-d’œuvre, mais aussi les savants et les experts », remarque-t-elle. Il en va ainsi des
arsenaux de Venise et d'Innsbruck, des mines de cuivre de l'Erzgebirge et du Tyrol, des mines
d'argent en Alsace et d'alun près de Rome, « lieux de production et d'expérimentation au
service des autorités »64, tous, aimerait-on ajouter, impliqués dans la chaîne de production des
arts du feu. Conséquence : la circulation implique toujours une « traduction ». Le haut-
fourneau (réduction indirecte du minerai de fer) en est l'exemple frappant. Il apparaît en
Rhénanie dès le XIIIe siècle (selon les estimations récentes). C’est en Wallonie, territoire
Habsbourg en 1482, que le procédé est développé. Les fourneaux deviennent massifs et sont
liés à une affinerie et des marteaux hydrauliques. Or le procédé indirect coexistera avec un
procédé direct qui depuis le XIVe siècle peut avoir lui aussi soufflets et marteaux hydrauliques
(dans le cas d’hybridations)65. Enfin on est aujourd’hui plus sensibles aux hésitations et aux
inerties techniques par lesquelles un progrès connu n’est pas toujours adopté. Un marché
passé en 1473 entre René de Châteaubriand et Richard Brunout mentionne : « pour faire un
hault fourneau ou une regnardiere au choix dud. Brunout »66. Pour qu’une innovation soit
adoptée, il ne suffit pas qu’elle fût effectivement plus efficace : il faut encore qu’elle soit
suggérée et appelée par des contraintes techniques, et ce sont peut-être les contraintes
hydrauliques qui ont poussé à séparer l’atelier et à embrasser le procédé indirect67.
Lyon est sans conteste la ville où le sentiment d'appartenance des poètes à une communauté
des « ouvriers » est la plus forte, et explique les inspirations hésiodiques de poèmes « des
travaux et des jours », tels Les Hymnes du temps et de ses parties, de Guillaume Guéroult
(Lyon : Jean de Tournes, 1560), qui évoquent incidemment les travaux de la mine (« Hymne
de mars », p. 44) :
62 Voir par exemple Fabien Simon, « Découvrir : un Nouveau Monde des savoirs », in Liliane Hilaire-Pérez,
Fabien Simon et Marie Thébaud-Sorger (dir.), op. cit., p. 19 : la notion de découverte est une nouveauté dans
la manière de faire de la science aux XVe-XVIe siècles.
63 Francesca Bray et Liliane Hilaire-Pérez, op. cit., p. 13.
64 Liliane Hilaire-Pérez, « L'artisan, les sciences et les techniques », in Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et
Marie Thébaud-Sorger (dir.), op. cit., p.105.
65 Liliane Hilaire-Pérez et Catherine Verna, op. cit., p. 220.
66 Jean-François Belhoste, Yannick Lecherbonnier, Mathieu Arnoux et alii, op. cit., p. 48.
67 Ibid., p. 52.
L’homme avare fuyant le fardeau rigoureux
De vile povreté, sur le dos de l’onde erre,
Pour des mores lointains piller l’or plantureux,
Et le fin diamant arracher de la terre.
Oeuvres poétiques de Jacques Béreau, poitevin, éd. Hovyn de Tranchère et R. Guyet, 1884.
Encore, dans une églogue : « Eglogue VII, sur les calamitez de la guerre », Francin et Janot. Amusant parce que
Janot a été fait « boyteux » (p. 59) par la guerre. Aussi p. 63 :
Francin :
Où est le tens jadis beau et prospere,
Dont j'ay ouy tant parler mon grand pere,
Je dy le tens du bon age doré,
De noz ayeux sainctement adoré,
Auquel n'estoit hors sa mine profonde
Ce faux metal, la ruyne du monde
« Sur un envieux », dans la section des sonnets, p. 197 :
Une envie, une peur, un martel le tourmente
« À propos d'une controverse sur l'Hymne de l'Or de Pierre de Ronsard », BHR XXXV, t.1, p.
7-18, Maurice F. Verdier.
7 Une passe d'armes a opposé Jean Frappier, tenant d'une lecture sérieuse de l'hymne, à
Bernard Weinberg, qui voit dans cette interprétation un contresens historique et un délire
esthétisant.
8 Jean Frappier expliquait cet éloge « sans ironie » de l'or par le contexte de sa découverte en
Amérique du Sud et de sa propagation en Europe. « Ronsard […] salue l'apparition du bien-
être et du luxe » [c'est une idée folle de penser que l'or des Amériques amène une époque de
bien-être et de luxe...
Weinberg replace cette pièce dans le contexte de rédaction et pense que Ronsard s'adresse au
cardinal de Chastillon et au roi, qui avaient promis des pensions et bénéfices en échange de la
Franciade. Mais, dit Verdier, il y a une unité du recueil des Hymnes de 1555 qui n'est
constitué que d'éloges.
Pour l'artillerie :
Fracastor, La Syphilis ou le mal français / Syphilis sive morbus gallicus, Les Belles
Lettres, 2011. (éd. princeps : Vérone : s.n. [Stefano Nicolini da Sabbio et ses frères], 1530.) à
Pietro Bembo.
Avant-propos, IX c'est une maladie nouvelle du XVe siècle.
X « De nostre temps, Fracastoro s'est monstré tres excellent en sa Syphilis », écrit Ronsard.
Introduction : « I. Une maladie aux noms multiples », Danielle Gourevitch. p. XVI : les
médecins ne peuvent pas être objectifs avec cette maladie qui déclenche les passions
puisqu'elle est nouvelle et vénérienne. XVII Niccolò Leoniceno produit dès 1497 à Venise,
chez Alde Manuce, un Libellus de epidemia, quam bulgo morbum gallicum siue brossulas
uocant, réédité en 11535 sous le titre amusant de De epidemia quam Itali morbum Gallicum,
Galli vero Neapolitanum vocant.
« III. Un poème des temps modernes », Jacqueline Vons, p. LIII : « Syphilis renvoie aux
grandes épopées antiques (Aeneis, Thebais, Achilleis) et médiévales (Alexandreis), morbus
gallicus à la dure réalité contemporaine par le biais d'un des noms les plus fréquemment
utilisés dans la littérature médicale. » Le vers est l'héroïque (l'hexamètre). p. LIV il donne
aussi à la maladie des noms et périphrases métaphoriques (serpens, tabes < tabescere, se
liquéfier, etc.) mais surtout les noms de pestis (la peste des tragédies) et semina (qu'il tire de
Lucrèce bien sûr, mais en lui donnant un sens tout à fait nouveau).
p. LVII Le poème de Fracastor est fondamentalement optimiste : si la peste est une punition
divine comme dans Homère, la médecine, science pieuse, est à même de la soigner. p. LIX
Fracastor « met aux côtés des hommes, coupables par ignorance (Ilcée) ou par méchanceté
(les marins de Colomb) des nymphes, figures intermédiaires entre le monde des dieux et celui
des hommes. Dans le deuxième livre, c'est la nymphe Callirhoé qui vient en aide au laboureur
vérolé, et l'envoie sous terre, dans l'antre où des nymphes alchimistes se sont substituées à
Vulcain et aux Cyclopes et travaillent au grand œuvre, à l'obtention d'or pur à partir d'un
mélange de emina de vif-argent et de soufre. Rprenant le motif de la Sybille fuidant Enée dans
sa quête initiatique aux Enfers, une autre nymphe, Lipare, conduit Ilcée au fleuve salutaire,
répand le métal liquide sur son corps et le guérit. Au troisième chant, c'est une nymphe
nouvelle, America, qui conseille aux hommes malades d'offrir un sacrifice à Junon et à Cybèle
afin que les deux déesses unissent leurs pouvoirs pour les guérir en produisant le bois de
gaïac. / Plusieurs narrations se succèdent donc, s'interpénètrent parfois ; le vraisemblable
côtoie l'invraisemblable en faisant éclater le cadre spatio-temporel réel aux dimensions d'un
récit mythique : des noms d'îles méditerranéennes deviennent des noms de nymphes (Lipare),
des bergers (Syphile[puni par le Soleil, c'est raconté dans le livre III]) et des rois aux
extrémités du monde occidental (Alcithous) portent des noms aux sonorités grecques, des
pays contemporains ont gardé leurs noms antiques (l'Hespérie). » p. LXX « Le texte de
Fracastor ne présente guère d'originalité dans l'énumération de la panoplie mercurielle »
Le premier livre décrit la maladie, le second les remèdes et l'hygiène qui permet de s'en
débarrasser. v. 270, p. 48-49 : « Argento melius persoluunt omnia uiuo
pars maior. […]
v. 281 Cuius et inuentum medicamen munere diuum
digressus referam. Quis enim admiranda deorum
munera praetereat ?
[« Pour détruire complètement tous les signes du fléau, la majorité utilise avec plus de succès
le vif-argent. […] Je vais rapporter en passant l'invention de ce traitement par des puissances
divines. Car qui passerait sous silence les admirables présents des dieux ? », donc la mine des
nymphes est une digression. C'est le mythe d'Ilcée<elkos, la douleur, adaptée d'Adonis si l'on
en croit le commentaire de Bembo, histoire inventée par Fracastor. Ilcée, jardinier en Syrie,
attrape la maladie et s'évanouit après une prière aux nymphes. Callirhoé lui apparaît en
songe : elle lui explique qu'il a tué par ignorance le cerf de Diane, qui s'en est plainte à
Apollon son frère, qui lui a envoyé la syphilis.
Callirhoé lui demande de venir à l'aube devant une grotte et de sacrifier aux nymphes, et de
brûler de l'encens, ce qu'il fait p. 52-53 v. 350 : « … Iamque simul Thian atramque Cupressum
urebat, quum uox terrae revoluta cauernis
longe audita sacras nympharum perculit aures,
nympharum, quibus aera solo sunt condita curae.
Extemplo commotae omnes ac coepta reponunt,
sulfureos forte ut latices, et flumina uiui
argenti, mox unde nitens concresceret aurum,
tractabant, gelidoque prementes fonte coquebant.
Centum ignis spissi radios, entum aetheris usti
bis centum concretorum terraeque marisque
miscuerant, nostros fugientia semina uisus. »
(« Et en même temps qu'il faisait brûler du thuia et du nois cyprès, sa voix se répercutant en
écho dans les cavernes de la terre se fit entendre au loin, et frappa les oreilles sacrées des
nymphes chargées de travailler l'airain enfoui dans le sol. Aussitôt, bouleversées, toutes
abandonnent l'ouvrage commencé ; elles étaient occupées alors à faire un amalgame de
particules sulfureuses et de flots de vif argent – qui produirait des agrégats d'or brillant -, et
elles lui donnaient la trempe dans une source glacée. Elles avaient mélangé cent semences
d'un feu vif, cent semences d'air brûlé et deux cents semences d'agrégat de terre et de mer,
toutes semences échappant à notre regard. »
Note 174 p. 110 : « scène originelle de la formation des métaux sous terre à partir de soufre et
de mercure ». Mais pas de théorie alchimique précise ici.
Les Cyclopes sont dans l'Etna proche de la grotte, p. 56-57, v. 399-400. Ilcée se trempe trois
fois dans l'argent liquide, suivant la recommandation de Callirhoé. Il fut soigné et les peuples
apprirent ainsi à guérir la syphilis. The end. Le livre III est consacré au gaïac (ou Hyacus),
arbre qui guérit la syphilis et qui est ramené d'Haïti. Fracastor raconte un voyage de
Christophe Colomb en des termes empruntés à l'Enéide. Ils arrivent en Guyane, où pour leur
malheur ils tuent les oiseaux qui sont là, p. 68-69 v. 151
Forte per umbrosos syluarum plurima ramos
assidue uolitabat auis, quae pita nitentes
caeruleo pennas, rostro uariata rubenti,
ibat natiuo secura per auia luco.
Has iuuenum manus ut syluas uidere per altas
continuo caua terrificis horrentia bombis
aera et flammiferum tormenta imitantia fulmen
p. 71 corripiunt, Vulcane, tuum, dum Theutonas armas,
inuentum, dum tela Iouis mortalibus affers.
Nec mora, signantes certam sibi quisque uolucrem,
inclusam, salicum cineres, sulfurque nitrumque,
materiam accendunt seruata in reste fauilla.
Fomite correpto diffusa repente furit uis
ignea circumsepta simulque cita obiece rupto
intrusam impellit glandem. Volat illa per auras
stridula, et exanimes passim per prata iacebant
deiectae uolucres. Magno micat ignibus aer cum tonitru, quo sylua omnis ripaeque recuruae
et percussa imo sonuerunt aequora fundo. [Alors un oiseau prophétise la maladie des
voyageurs
« Sous les ombrages touffus, quantité d'oiseaux voletaient alors sans cesse, ils étaient de
couleurs variées, avec un plumage brillant, azuré, et un bec rouge, et ils passaient, tranquilles,
à travers le bois sans route frayée qui les avait vus naître. Lorsque les troupes de jeunes gens
les virent traverser les grandes forêts, ils saisirent aussitôt leurs terribles armes de bronze
creuses, au grondement terrifiant, celles qui lancent le feu, imitant celui de la foudre, ton
invention, Vulcain, quand tu armas les Teutons et apportas les traits de Jupiter aux mortels.
Chacun aussitôt, ayant choisi 70 son oiseau, met le feu aux matériaux enfermés – cendre de
saule, soufre et nitre – à l'aide de mèches enflammées. Le feu s'empare des matériaux, et sa
forcce, jusqu'alors réprimée, éclate brutalement entre les parois de l'arme en poussant en
même temps la balle dans le canon.
Les balles sifflent en volant dans les airs, des oiseaux tombent et gisent sans vie pêle-mêle
dans les prés. L'air étincelle de feux accompagnés d'un grand fracas, que renvoient en écho
toute la forêt, les rives bombées et les mers ébranlées jusque dans leurs profondeurs. »
[Volonté didactique jamais abandonnée au milieu de la terreur, parce qu'il est plus terrifiant de
comprendre. Ce qui est terrifiant, c'est précisément que ça marche, qu'il y a une recette de la
catastrophe. + Très précoce épopée de l'artillerie, qui se finit mal... ! + La mine des nymphes
est ici le Nouveau Monde, dans les deux cas une maladie nouvelle demande une guérison
nouvelle révélée par le Vates.
Jean Parmentier, « Chant royal », Oeuvres poétiques, éd. Françoise Ferrand, 1971 [1531], p.
24
Pour Cornucopia :
Chant royal que mon œuvre applique
aux cosmographes de ce monde,
qui, conduys par la mapemonde,
trouvent l'or soubz l'orbe celique.
I
Du chef de Caulx, provide natïon,
un cosmographe, expert en la marine,
emprint la routte et navigatïon
du Caillicou, pour trouver l'or en myne.
Sy nagea tant sur les undes sallée,
dedans sa nef, les voylles avallées,
au gré du vent, cherchant l'isle nouvelle,
qu'il fut surprins d'uns vil monstre rebelle
le poursuyvant, qui le vouloit deffaire
si, pour pylotte, il n'eust eu en nacelle
la mapemonde aux humains salutaire.
II
Ce cosmographe, ayant intentïon
exeuter son vueil, si determine
mectre en sa nef toute munitïon
servant au cas, si que pas n'extermine
ses nautonniers ; quoy faict, ancres hallées,
25 dedans le bort bonnettes deffarlées
le vent arriere, il suyt du North l'estoille,
la charte au poing, se conduysant par elle
soubz le zenith de son propre hemisphere,
en compassant, en ligne parallelle,
la mapemonde aux humains salutaire.
III
A ce routtier qui par dimensïon
mers traversoit, son estoille recline
tant qu'il convient, pour l'elevatïon
du polle voir, que l'astralabe incline.
Mais ces haulteurs du plaustre concellées
apperceust lors, ses clartéz reculées
par retrograd, en quadrature telle
que le routtier ne scayt art ou cautelle
pour pyloter, fors que tousjours espere
que de lueur luy donnera scintelle
la mapemonde aux humains salutaire.
IV
Le monstre, adonc, par imitatïon,
suyvant la nef soubz l'equateur et signe
du Capricorne, enflé d'ambitïon,
luy rompt son mast et peril luy machine.
Ce nonobstant, mysenes desployéez,
ce marinier, sur les vagues enflées,
à l'Antartique, il tient routte et faict voylle,
laissant le North, loy primitive ; et celle
de grace il suyt, seconde Urse en la sphere,
par le moyen de la charte eternelle,
la mapemonde aux humains salutaire.
26 V
A l'Antartique, une apparitïon
d'ung astre cles le cosmographe assigne,
dont nautonniers en jubilatïon
« Ave » chantoyent, disant « l'astre designe
port de Salut. » Ces choses terminées
arrivéz sont aux isles fortunnées
où l'or croyssoit, qui tous metaulx excelle,
prés du Liban, dont distille et ruysselle
liqueur fragrant, qui le monstre contere ;
puis chascun dit qu'en l'orbe n'a pareille
la mapemonde aux humains salutaire.
Envoi.
Prince, je prens la myne d'or tant belle
pour Paradis, cosmographe je appelle
le gerre humain, le monstre, vieil Luthere,
et Marie est, sans tache originelle,
la mapemonde au humains salutaire.
INTRODUCTION
Dans les textes, ce premier est bien souvent un Allemand : aussi bien c'est d'Allemagne que
nous vient la première représentation connue d'une mine et de son paysage 68, et le premier
68 Das Feuer der Renaissance, Kramarczyk, 200579 Les « Sächsisches Hauptstaatsarchiv Dresden »
contiennent la plus ancienne représentation connue d’une mine de fer, avec tout le paysage urbain et fluvial
autour, 1530.
exposé technique de la science de la mine 69. Le langage même de la mine, en tout cas dans les
mines des Vosges, est en partie germanique70. cela vaudrait pour l'introduction à propos du
langage technique et du langage poétique...
Georgii Agricolae De re metallica libri XII , quibus officia, instrumenta, machinae ac omnia...
ad metallicam spectantia non modo... describuntur, sed et per effigies... ob oculos ponuntur...
Ejusdem de animantibus subterraneis liber...
Bâle : Regis, 1621
Epître dédicatoire : f. a 2 r°« agricultura scientiarum nulla sine dubitatione vetustior, tamen
hac res Metallica est antiquior, uel saltem aequalis et coaeua »
V° évoque Vanuccio Biringuccio, « homo disertus », mais qui n’a pas parlé assez « de
venis » ; son livre a lui est divisé en « de materiis » et « de venis ».
Poème liminaire de Georgius Fabricius f. a4 v° :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5037683/f6.image
[…] Visceribus terrae lateant abstrusa metalla,
Uti opibus nescit quod mala turba suis ? [c’est parmi les arguments de défense du livre, les
métaux se cacheraient pour que la foule n’en sache pas son usage ?
3 Cite la querelle : après avoir réfuté l’idée que chercher l’or ne servirait à rien pour soi-
même, vu qu’on serait mort avant d’en profiter, passe à l’objection que la mine serait nuisible
non seulement à soi, mais aux autres : « Nunc venio ad eos qui eandem, caeteris hominibus
utilem non esse aiunt ; quia scilicet metalla et gemmae, et reliquia fossilium genera ipsis
inutilia sint. Quod contendunt 4 partim probare argumentis, et exemplis, partim convitio a
nobis extorquere. Utuntur autem primo his argumentis : Terra non occultat et ab oculis
removet ea, quae hominum generi utilia sunt et necessaria ; sed, ut beneficia benignaque
mater, maxima largitate fundit ex sese, et in aspectum lucemque profert herbas, legumina,
fruges, fructus arborum : At fossilia in profundo penitus abstrudit : Eruenda igitur non sunt.
Quia vero ipsa eruunt homines scelerati, quos, ut Poetae loquuntur, ferrea ista aetas progignit,
Ovidius eam audaciam merito insequitur his versibus :
(Nec tantum segetes… prodit bellum.)
Alterum eorum argumentum est: Metalla nullum utilitatis fructum homini praebent: Ea igitur
scrutari non debemus. Cum enim homo constet ex animo et corpore, neutrum eget fossilibus :
animi namque pastus suauissimus est contemplatio naturae, optimarum artium
disciplinarumque cognitio, perceptio virtutum, in quibus optimis rebus si se exerceat,
saturatus bonarum cognitionum epulis, nullius rei desiderio tenetur. Corporis vero natura,
quamvis victu vestituque necessario contenta sit, fruges tamen terrae atque diversi generis
animantes, ipsi suppeditant mirabilem cibi et potionis copiam, qua commodissime alitur,
augescit, vitam ad multum temporis producit. [explique que les vêtement servent au froid,
mais que le fer ne sert à rien, sinon, selon le mot d’Euripide et de Socrate :
Non opera sunt argentea atque purpura
Vitae hominum, sed magis tragoedis usui. [on ne trouve ces vers nulle part ailleurs que chez
Agricola]
Laudant etiam hoc Timocreontis Rhodii : Utinam, caece Plute, nec in terra, nec in mari, nec in
continente appareres ; sed habitares in Tartaro et Acharonte : ex te enim omnia oriuntur mala,
quae subeunt homines. Ad coelum laudibus extollunt versus Phocylidis : [Phocylide de Milet,
à qui on attribuait un poème didactique en 217 hexamètres, considéré aujourd’hui comme
apocryphe ; c’est donc une citation traduite de l’ionien du pseudo-Phocylide
Aurum atque argentum damno est mortalibus, aurum... -> natisque parentes.
Placet praeterea eis illud Naumachii : [Naumachius, poète gnomique, 73 hexamètres de la vie
domestique
---- argentum pulvis et aurum,
Pulvis …. -> sparsi.
5 Contra vituperant hos Euripidis versus :
Plutus deus sapientibus, sunt caetera
Nugae, simulque verborum praestigiae.
Item hos Theognidis :
Te pulcherrime et ô placidissime Plute deorum
Dum teneam, possum vel malus esse bonus. [Plutus, dieu des richesses, donne le paradoxe
que développe l’hymne de l’or. Il en tire encore dans Aristodème de Sparte, Timoclis et
Ménandre.
Haec praeterea premunt argumenta, Metallorum fossionibus agri vastantur : quocirca
quondam Italiae cautum est lege, ne quis metallorum causa terram foderet, et agros illos
uberrimos, ac vineta olivetaque corrumperet. Sylvae et nemora succiduntur, nam lignis
infinitis opus est ad substructiones, ad machinas, ad metalla excoquenda : sylvis autem et
nemoribus succisis, exterminantur volucres et bestiae, quarum pleraeque homini sunt cibus
lautus et suavis. Venae metallicae lavantur, quae lotura, quia venenis inficit rivos et fluvios,
pisces aut necat, aut ex eis abigit. Cum igitur incolae regionum, propter agrorum, sylvarum,
nemorum, rivorum, fluminum vastitatem, incurrant in magnam difficultatem rerum, quae
suppieditant ad victum, parandarum ; propter lignorum inopiam, majorem impensam faciant
in aedificia extruenda : palam ante oculos omnium est, plus in fossione detrimenti esse, quam
in metallis emolumenti, quae fossione pariuntur.
[Argument intéressant : plus de mal dans la mine que de bien dans le métal
Donc, les opposants à la mine clament contre elle… l’exemple de Bias !! (comme dans la
poésie morale) : … contra metalla clamant, Praestantissimum quenque virum virtutibus
contentum ea neglexisse : laudantque Biantem propterea, quod ista ludibria fortunae, ne sua
quidem putaverit : ejus enim patriam Prienem cum cepissent hostes, & sui cives, onusti rebus
preciosis, dedissent sese in fugam, interrogatus a quodam, cur nigil de suis bonis secum
efferret, respondit : Omnia mea mecum porto. [Puis un exemple de Socrate refusant d’être
payé, et d’Aristippe méprisant l’or. 6 [Puis exemple d’Anacréon (le pseudo-) puis des
empereurs, Phocion d’Athènes, Lycurgue à Sparte. Puis exemples innombrables de crimes et
de guerres commises au nom de l’or. Poètes cités en conclusion : Properce, 7 Diphile, puis
Plotin, puis à nouveau Juvénal en deux lieux. Puis il répète ce que dit Pline à propos du fer,
« cum Plinio stomachum movisset », comme Pline en avait l’estomac retourné. Il ajoute
cependant à Pline le « ferreus bombardae globus », qui brise la pierre et le marbre les plus
durs. « … de nostra aetatis impiis hominibus diceretur rectius, quam quondam de Salmoneo,
fulmina eos eripuisse Jovi, et a manibus extorsisse ». … Sed quoniam 8 bombardae, quae in
manu teneri possunt, hodie raro fiunt ex ferro, magnae nunquam, sed ex aeris et plumbi
candidi quadam mistione ; idcirco in aes et plumbum plura maledicta conferunt, quam in
ferrum. [C’est une vision naïve de l’influence de la technique sur la poésie ; je n’ai vu guère
d’exemple de cette simple translation du discours, mais c’est intéressant qu’Agricola montre
qu’il en a conscience] Cite d’autres métaux dont on fait des armes pernicieuses, et puis
Horace à propos du « plumbum liquidum » qui est un instrument de torture de son temps.
Enfin : Itaque cum natura in profundo terrae metalla penitus abstruserit, ad usus vitae non sint
necessaria, spreta sunt ab optimo quoque viro et repudiata, effodienda non sunt, et cum
effossa semper multorum et magnorum malorum causa extiterint, sequitur etiam ipsam artem
metallicam hominum generi utilem non esse ; sed noxiam, exitiosamque. Istis autem
tragoediis viri boni complures ita perturbantur, ut odium acerbissimum in metalla concipiant,
eaque prorsus non gigni velint, aut genita a nemine omnium effodi. [Intéressant qu’il ait
repéré le « tragique » de la mine, c’est en effet une lamentation] Puis Agricola promet
d’extirper l’erreur (« omnis error… extirpetur »), ce qui à propos de mine est curieux. Primum
les hommes qui accusent les métaux accusent Dieu lui-même (« non vident, se Deum ipsum
accusare et scelerum damnare »). Deinde la terre ne « recondit », ne cache pas les métaux
pour qu’on n’en use pas, mais parce que c’est parmi les pierres qu’ils sont « tanquam in vasis
propriis, et materiae receptaculis », car dans les autres éléments soit ils ne peuvent pas être
créés, parce que la matière manque, soit nés dans l’air, ils ne trouvent pas où se reposer, mais
par leur force et leur poids retombent dans la terre, « etenim in reliquis elementis aut gigni
non possunt, quod ipsis materia desit ; aut genita in aere, id quod perraro evenit, non reperiunt
locum consistendi, sed sua vi suoque pondere deorsum in terram feruntur. » Il y a là une
réponse technique (ou plutôt chimique) à un argument éthique, si je ne m’abuse. D’ailleurs il
en a conscience : Sed dicunt : quanquam metalla sunt in terra, ut in proprio sui ortus loco,
locata ; quia tamen inclusa et abdita latent in occulto, non sunt eruenda. Il répond alors
l’argument des poissons : cachés dans la mer, environnement plus étranger à l’homme
« terrenus animal » que les « terrae viscera », on va quand même les chercher. 9 Mais nous
nous nourrissons de poissons et non de métaux. Là, il accumule tous les usages des métaux
dans l’agriculture et dans le textile. Les gens qui voudraient se passer de métaux « redirent ad
glandes », « more bestiarum ». Puis Abeo ad exempla. Il reprend les exemples successifs de
Bias, Socrate et Aristippe, c’est une refutatio en ordre. Bias n’a pas pris d’objets précieux
pour éviter d’être poursuivi par les ennemis, en sage prudent [il y a ici confusion entre sagesse
et prudence je crois ; le stoïcien radical devient un bon stratège…] Il ajoute mesquinement
que Bias mépriserait vraiment l’or s’il l’avait distribué aux indigents en temps de paix, et non
laissé derrière lui en temps de guerre… C’est un argument de droite qu’on connaît, allez ! 11
Et ça continue avec un paquet d’exemples qu’il conclut par « rem non curarunt ? non
coluerunt agros ? non habitarunt domos ? » 12 Et enfin l’argument que tout le monde
attendait : le métal n’est pas mal en soi, ce sont nos vices qui le rendent mauvais. Bello etiam
causa res fossiles non sunt. Cite alors Tibulle (Divitis hoc vitium est auri, mais Agricola le
juge « non recte »), puis Virgile (auri sacra fames). La page 13 recense les différentes
manières de torturer et tuer sans user de métaux, c’est très inventif. 14 L’or est l’ornement de
la vertu comme il est la circonstance aggravante du vice ; Agricola cite à son secours Pindare,
Sappho, Callimaque et Antiphanes. Puis à qui les métaux sont utiles ? Aux médecins, aux
peintres, 15 aux architectes, aux pieux qui offrent des exvotos, aux marchands, à tout le
monde. Le mineur ne fait pas plus de mal à autrui que l’agriculteur dont le champ rapporte.
Par conséquent il est faux, le « vieux proverbe » qui dit que toute richesse est inique ou
héritière d’iniquité, Omnino verum non est illud vetus proverbium, Omnis dives aut iniquus,
aut iniqui haeres. En revanche il se range au mot du poète Naevius : Male parta male
dilabuntur… D’ailleurs les mines sont souvent mal partagées : Ubi spes aliqua metalli
effodiendi ostenditur : aut regulus, magistratusve, exturbat fodinae dominos ex possessione :
aut callidus et versutus aliquis civinus, antiquis possessoribus infert litem, ut eos aliqua
fodinae parte spoliet : aut praefectus fodinae ideo indicit domi 16 nis symbola graviora, ut, si
ea dare noluerint, vel non potuerint, omne jus possessionis amittant, ipse, contra quam fas est,
amissum usurpet : aut denique praeses fodinae venam, qua parte abundat metallo, oblinit luto,
vel terris, saxis, assere, palo tegit, ut aliquot post annis, cum domini fodinam, putantes
exhaustam, deserent, ipse metallum relictum fodiat, et ad se rapiat : praeterea colluvies
metallicorum ex fraude, fallaciis, mendaciis, tota constat. Le vice est partout autour des
mines, tout le monde vole tout le monde… Il en arrive à citer Juvénal sans le nommer.Ensuite
17 il attribue à chaque autorité le rôle qu’elle doit avoir pour une mine juste et bien réglée. Il
faut pour administrer une mine (fodina) et juger de ses conflits commerciaux un homme
« prudens, impiger, gnarus hujus artis ». Ce n’est plus le philosophe-roi, c’est le technicien-
roi… Ensuite il répond à l’accusation qu’on fait aux maîtres des mines d’être des
« mercenarii ». Il dit que c’est vrai de certains, comme de certains architectes, médecins, et
autres « artes honestae ». « Nec igitur metallica ea causa ipsarum a choro excludetur », il ne
faut pas en exclure pour autant l’art métallique du chœur des arts honnêtes. 18 fin du premier
livre.
Liber secundus, 19
Quelles sont les qualités du « metallicus » ? D’abord il doit être pieux. Puis prudent, et
descendre « frequenter » dans la mine. 20 Il faut aussi omnes laborandi rationes intueri atque
contemplari. Nec id solum agere debet, sed interdum aliquos labores suscipere : non ut in iis
se frangat, sed ut et suâ diligentiâ mercenarios excitet, et eos doceat artem. [Double accusatif :
leur apprendre leur art. Donc il y a une vertu scientifique et morale à pratiquer des arts
« interdum », de temps en temps.]
21 Il faut considérer sept choses avant de creuser une mine : Loci Genus, Habitum, Aquam,
Viam, Salubritatem, Dominum, Vicinum. Loci Genus : il y en a quatre, les deux premiers
faciles à creuser (montanum, collinum) les deux seconds difficiles (vallestre, campestre). Etc ;
23 il faut que le dominus ne soit pas un tyrannus, ce sur quoi Agricola insiste beaucoup.24
Cite Lucain, III, 468-469 pour décrire les critères pour choisir le lieu… Puis Lucrèce lorsqu’il
explique où se créent les métaux : V, 1240 et suiv. [Puis longue dissertation sur la virgula, le
bâton pour trouver les filons. 29 Liber tertius : ce sont les différentes dispositions d’un filon
dans une montagne. 55 Liber quartus : traite « de republica et officiis metallicorum » (p. 70),
c’est d’abord la géométrie des mines et le droit du sol, 70 enfin des remarques pratiques : les
ouvriers ne travaillent pas le samedi (ils achètent de quoi vivre la semaine), ni le dimanche
(sacris operam dant). Le reste du temps ils travaillent absolument sans interruption : Porro
totum hoc genus operariorum durum est, et ad labores natum. (Porro = d’ailleurs). Il appelle
l’ouvrier « operarius, ii ». Liber quintus : il va s’agir de la technique pour creuser une mine.
74 Les galeries horizontales sont des « cuniculi », les puits les rejoignent à la verticale.
Parfois une galerie intermédiaire est appelée « krypta » en grec : elle n’a pas de sortie, elle est
creusée à partir du fond d’un puits ; les kryptai sont « latentes et occultae ». [pour le secret.
Ensuite traite longuement de la manière de reconnaître une terre féconde en métaux précieux.
80 On brise les plaques de métal entrouvertes (bracteae crispatae) en enflammant des bouts de
bois. Puis il explique comment faire tenir un puits et une mine et que tout ne s’écroule pas.
Ensuite beaucoup de géométrie des triangles, pour faire se rencontrer le puits et la galerie. 107
Liber sextus : les « ferramenta », les outils des mineurs et des forgerons. 110 Ligo (la faux),
batillum (la pelle) sont des noms de dictionnaire. Rutrum (la truelle) et modulus (115, le
seau), est par contre dans le De Architectura au livre VII, et peut-être qu’il y a là la source de
« la truelle crossée » pour Ronsard ? Ou en tout cas ce qui autorise son usage] et bulga (sac de
cuir), est dans Münster. « fornacula » (176) est un mot d’alchimistes. « Mortariolum » (183, la
coupelle) est un terme biblique (Nombres, VII). [Dans ce livre six, plus on avance dans les
puits, plus ils sont élaborés ; le dernier est une véritable machine aux dimensions
surhumaines, p. 120. 174 Liber septimus : il va s’agir de traiter le minerai, ce dont pas plus
que les anciens, « aetate posteriores nihil de eo scripserint ». C’est le plus technique des
chapitres : il traite de la fonte et de la manière d’évaluer la valeur d’un filon (vena ; la dernière
gravure est une balance). 208 Le livre huit est le « majus opus », celui qui traite de l’affinage
des métaux. 216 la confection des « ollae », des marmites en terre par un potier, fait partie du
travail de la mine. L’acmé technique est peut-être la machine de la p. 234 qui « una auri
venam uno eodemque tempore tundat, molat, lavando purget, cum argento vivo permisceat
aurum ». Le livre neuf est sur les fourneaux. Catinus : le creuset. 350 Il me semble qu’il y a là
l’explication de l’emblème de Corrozet : « Fovea cui ligna super posita sunt », fossé sur
lequel sont posé des bâtons. Il en sort du plomb par le catinus, comme un fourneau sauf que
ça n’en est pas un. Le plomb « goutte » du filon (stillat, dit Agricola). 354 Liber decimus :
c'est du raffinement des métaux alliés. Le verbe est « discernandi ». 363 un fourneau dans un
décor à l'antique : annoblissement. 393 Liber undecimus : de même. 439 Liber duodecimus :
les « succos concretos », qui ne sont pas à proprement parler des métaux, c'est le déchet des
minerais. Mais pas seulement : il s'agit des vitriers par exemple à la fin. Cette édition est
suivie du De animantibus subterraneis. **
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5037683/f14.item
Marco Beretta, « Humanism and the Emergence of Early Modern Chemistry : The Spread of
Georgius Agricola's Metallurgical Writings », p. 7-30
7: outside the chemical tradition. La fondation de la chimie est réservée à Paracelse dans son
refus de la physique aristotélicienne. 8 : chez Paracelse l'experiment est supérieur à la dispute
philologique.
8 : pour Paul Oskar Kristeller dans Renaissance Thought, New-York : Harper, 1961, p. 10,
l'humanisme se définit par une attention à certains domaines précis : grammaire, rhétorique,
poétique, histoire, philosophie morale. Exclut la logique, la philo naturelle, la métaphysique,
les mathématiques, l'astronomie, la médecine, la théologie, qui sont pourtant des repères de
l'humanisme de la Renaissance. 9 : d'autres critiques au contraire, comme Eugenio Garin, Gli
umanisti e la scienza, 1961, considèrent que l'humanisme et la science sont indiscernables.
Découverte d'un texte ancien = considérée comme une découverte scientifique [à la nuance
près que découverte, ici = redécouverte.
11 : l'intérêt d'Erasme, sa participation même (le livre contient une lettre-préface d'Erasme)
montre qu'il ne s'agit pas uniquement d'un travail scientifique vu qu'Erasme ne s'intéresse pas
à la science d'habitude. L'un de ses Colloquia intitulé « L'Alchimiste » est même opposé à
l’alchimie. 13 : de même le Bermannus se moque des indocti et inepti Chymistae.
12 : la démarche d'Agrcola est humaniste : les res et les nomina ont été oubliés pendant
aliquot seculis ; on leur a préféré des noms « barbares ». Les sources ne sont pas arabes et
médiévales, mais antiques : Hippocrate, Galien, Dioscoride, Pline, Vitruve, Orbasius. 20 :
Agricola par exemple récuse l'association planète-métal, dont il rend reponsables les arabes et
Albertus Magnus. 21 : Au contraire, une observation de Lucrèce sur la naissance de certains
minéraux à la ssuite de feux de forêts (V, 1241-1257) est reprise comme absolument certaine,
comme observation de la nature tout court.
13 Selon Halleux et Yans, 5 règles por nommer les minéraux : 1 : utiliser le latin classique 2 :
spécialiser les termes latins lorsqu'ils sont trop généraux 3 : utiliser des circonlocutions si
nécessaire 4 : traduire en latin les termes allemands 5 : Eventuellement, latiniser les termes
allemands lorsque pas d'équivalent. Ce sont donc les mêmes règles que Gesner ou Andreas
Caesalpino ont appliqué à la botanique.
15 : Agricola propose parfois des distinctions entre des métaux sur la base de leurs réactions à
certaines opérations chimiques, ce qui est quasi inconnu des Anciens.
18 : Agricola n'hésite pas à renouveler entièrement le savoir technique, comme au sujet de la
branche fourchue (virgula divina) utilisée dans la prospection, qu'Agricola rejette. 19 : ou les
démons des mines, les gnomes, dont Agricola ne réfute pas l'existence daans son De
animantibus subterraneis liber en 1549.
24 : Le succès d'Agricola se mesure à sa présence dans les bibliothèques privées d'un grand
nombre de chimistes.
Voir dans L'Apparition du livre, 1958, p. 418-420, l'importance des bois d'Agricola dans
l'histoire du livre.
des exils : avant elles, « Les marchez n'estoient point, ny les peaux des ouailles / Ne servoient
aux contacts : les paisibles orailles / N'entendoient la trompette : ains la Tranquillité... »
(« Élégie IIII », Rons., t. II, p. 332, v. 65 et suiv.). « orailles » v. 66 : bordure, orée (<ora)
« Ora » et « qui primus » sont dans le premier vers de L'Enéide :
Arma uirumque cano, Troiae qui primus ab oris
Italiam fato profugus Lauiniaque uenit
litora...
« [J]e chante [les armes] et l'homme qui, premier, des bords de Troie vint en Italie, prédestiné,
fugitif, et aux rives de Lavinium... » (en excluant les faux quatre premiers vers). p. 4-5 de
l'Enéide, livres I-IV, éd. et trad. Jacques Perret, Paris : Les Belles Lettres, 1992.
[donc c'est l'épopée dans son principe même qui est déploré ; l'état de nature est celui avant
l'arrivée d'Enée ; Virgile sera dit l'inventeur de l'orfèvrerie dans un autre poème...
Science and the Secrets of Nature. Books of Secrets in Medieval and Early Modern Culture,
1994, William Eamon
Introduction
4 Ce qu’il appelle livre de secrets est en fait des livres de recettes : “To the modern reader,
they more closely resemble how-to books than magic books”. Mais il pretend que les secrets
avaient plus de poids avant le XVIIe : 5 “The Scientific Revolution exposed and neutralized
nature’s “secrets””.
Pourtant il cite une certaine Elizabeth Eisenstein, The Printing Press as an Agent of Change
Secrets in the Age of Printing
94 L’imprimé a formalisé la frontière entre culture populaire et savante plutôt qu’elle ne l’a
abolie. EE distingue « print culture » et « scribal culture », la première étant bien plus ouverte
aux artisans que la seconde. 105 Mais il serait caricatural de parler de deux groupes
monolithiques, « culture de l’élite » et « culture populaire ». « The vernacular scientific
literature of the sixteenth century resulted from a discourse that took place along a continuous
spectrum, not from a dialogue between two monolithic groups, « lay » and « learned » ».
112 Une section “Printing and the Secrets of the Arts: the Kunstbüchlein”. Les mondes
artisanaux et littéraires ne se fréquentent pas traditionnellement. 113 Le fait d’être lettré
commence à faire concurrence à l’appartenance à une guilde ou un compagnonnage comme
condition nécessaire à être un artisan. Le « laboratoire » de l’artisan, son atelier, devint alors
plus proche de l’intellectuel. 114 Son exemple-type est le Rechter Gebrauch d’Alchimei, bon
usage de l’alchimie, paru à Frankfort en 1531 ; l’ouvrage prétend ne pas s’adresser aux
alchimistes seulement mais à tous les artisans, et ne pas avoir pour but la création de l’or, la
pierre philosophale etc. 116 Il y a un « doggerel verse » dans ce manuel :
Eight things follow alchemy :
Smoke, ash, many words, and infidelity,
Deep sighing and toilsome work,
Undue poverty and indigence.
If from all this you want to be free,
Watch out for Alchemy.
117 Dans sa Pirotecnia, Biringuccio note aussi que les arts du feu ont à voir avec l’alchimie. Il
distingue d’ailleurs le bon et le mauvais alchimiste.
119 Un Bergbüchlein, Von Stahel und Eysen (de l’acier et de l’airain), 1532, s’adresse « for all
armorers, goldsmiths, girdlemakers, engravers of seals and dies, and all other skilled artisans
who use steel and iron ». Le livre se donne lui-même pour un condense de savoir alchimique
applicable pratiquement.
124 Outre les signatures des artisans dans les congrégations, on peut avoir une idée de la
part d’artisans lettrés grâce aux ventes de livres techniques par les imprimeurs. Harder
vendit de très nombreux manuels techniques à des prix souvent bien plus bas que les
romances ou les tracts religieux.
Pamela O. Long, Openness, Secrecy, Authorship. Technical Arts and the Culture of
Knowledge from the Antiquity to the Renaissance, Baltimore, Londres, John Hopkins
University Press, 2001.
2 This book argues that from the early fifteenth century there was closer interaction between
the technical arts, political power, and knowledge.
Aristote hiérarchise trois aires d’activités humaines : la technè, la praxis et l’épistémè.
5 Pamela Long pense qu’en matière de propriété intellectuelle, la pensée a précédé
l’expression et qu’au Moyen Âge on avait déjà une idée d’elle.
102 Chapitre 4, « Authorship on the Mechanical Arts in the Last Scribal Age ». Italie du Nord
et Allemagne du Sud ont connu de nombreuses impressions de livres à propos des arts
mécaniques au XVe. Double thèse de P. Long : premièrement, qu’une nouvelle alliance de
technè et praxis a fait des « constructive arts » une marque de légitimité du pouvoir ;
deuxièmement, que la « culture of knowledge » a été influencée fortement par ces livres
imprimés à propos des arts mécaniques, qui se multiplient surtout au XVIe.
[Ce qui l’intéresse dans ce chapitre, c’est surtout le théâtre des machines, machines souvent
jamais utilisées : celles qui sont utilisées sont rarement représentées en détail dans les
ouvrages…
129 Il y a eu des « artisans-auteurs » en Italie. Cellini par exemple, Filarete, Ghiberti était un
maître de forges et écrivit en 1447 des Commentarii, etc. pantoufle.
143 Chapitre 5 : « Secrecy and the Esoteric Traditions of the Renaissance ». 144 L’alchimie
est toujours à la frontière entre l’occulte et le savoir ouvert des humanistes. 146 « Alchemy
failed to find acceptance within the curricula of the medieval universities, and it came under
increasing attack with a backlash that had set by the end of the thirteenth century ». Selon
Palema Long, le problème était que l’alchimie inclut des savoirs artisanaux « such as dyeing
and metallurgy ».
173 Ceux que Long définit comme des alchimistes néoplatoniciens (Ficin, Agricola,
Paracelse, Bruno) se caractérisent par leur éclectisme et par leurs valeurs utilitaires, mais aussi
(contrairement à la tradition alchimique) par une volonté de faire œuvre d’auteur,
contrairement aux usages précédents de l’alchimie.
Chapitre 6 : « Openness and Authorship I : Mining, Metallurgy and the Military Arts », p.
175.
184 Tout le monde sait qu’Agricola est un humaniste ; mais peu savent qu’il est né chez des
artisans et qu’il a gardé contact avec des artisans toute sa vie.
Pierre Hadot, Le Voile d’Isis. Essai sur l’histoire de l’idée de Nature, coll. « foli essai »,
Gallimard, 2004.
Avant-propos : 15 Plutarque rapporte cette inscription antique sous une statue d’Isis : « aucun
mortel n’a soulevé mon voile ».
[Le premier chapitre retraduit précisément Héraclite et conclut que « ce qui naît tend à
disparaître », c’est-à-dire que tout est à l’état de métamorphose, même ce qui nous semble le
plus stable a un jour de naissance et un autre de mort.
Partie V : « L’attitude prométhéenne. Le dévoilement des secrets par la technique »
Chapitre 10 : « Mécanique et magie de l’Antiquité à la Renaissance ».
144 Problemata mechanica, texte péripatéticien du IIIe s. av. : « Provoquent l’étonnement
toutes les choses qui arrivent conformément à la Nature, mais dont nous ignorons la cause,
mais aussi toutes les choses qui, arrivant d’une manière contraire à la Nature, sont produites
par la technique (technè) pour l’intérêt des hommes », sur la merveille que provoque la
technique.
147-148 Bertrand Gille a montré que, contrairement aux clichés répandus, les Grecs ont bien
donné naissance à la technologie.
Dans le chapitre 12 « La critique de l’attitude prométhéenne », distingue « la vaine
curiosité », la « critique des techniques qui forcent la nature » : ici il cite Ovide sur la mine,
ainsi que Sénèque (Lettres à Lucilius, 110, 10-11) et Pline (XXXIII, 2-3, XXXVI, 1-8 et II,
158). Il cite aussi L’Etna, le poème anonyme. Enfin Hadot cite le « primitivisme », c’est-à-
dire la nostalgie.
Partie VI : « L’attitude orphique. Le dévoilement des secrets par le discours, la poésie et
l’art »
215 L’attitude orphique a pour principe que la connaissance de la nature est « conjecturale ».
220 « Il n’est pas nécessaire que ces hypothèses soient vraies », écrit le théologien luthérien
Osiander dans son prologue au De revolutionibus de Copernic. 236 Un autre principe est que
la vérité est « fille du temps », et du temps long : la connaissance de la nature implique une
pieuse patience.
Chapitre 15 : « L’étude de la nature comme exercice spirituel ».
Chapitre 17 : « Le modèle poétique »
273 À propos du bouclier d’Achille : « Le poème fait exister dans l’univers sonore à la
fois l’œuvre d’art d’Héphaïstos et tout l’univers que cette œuvre d’art représente, la
beauté des choses divines et humaines, dont l’œuvre d’art est elle-même la
description. »
La Nancéide, Pierre de Blarru [1518], éd. et trad. Jean Boës, Nancy : Association pour
la Diffusion de la Recherche sur l'Antiquité, 2006.
Pierre de Blarru : 1437-1510.
Préface
VII Au grand soulagement du roi de France Louis XI, le duc de Bourgogne, le 5 janvier
1477, perd la bataille de Nancy, écrasé par les forces alliées du duc de Lorraine ; il est
ainsi définitivement humilié.
VIII Le poète écrit une épopée humaniste mais chrétienne : saint Epvre soutient les
Lorrains, saint André les Bourguignons.
La préface absolument magistrale montre que Petrus de Blarru Parisiensis désigne une
origine alsacienne : celle de Blancrupt où se trouve l'abbaye de Pairis, et non Blaru et
Paris ce qui serait contradictoire.
6, v. 96, dans un éloge du pays Lorrain :
... Ac pregnans est diuite terra metallo,
sulphureasque vtero venas habet... (La terre porte en son sein des métaux précieux ; ses
entrailles renferment des veines de souffre... La trad. porte le même numéro de page.
Suit un éloge du sel que contiennent les terres, p. 7)
Livre I, p. 15, v. 434-435, le duc de Bourgogne répare les armes brisées par ses
premières batailles :
.. atraque lassat
brachia fabrorum, reparatque incudibus enses. (Il épuise les bras noircis des forgerons, à
qui il fait réparer les épées sur l'enclume.)
Livre II, p. 27 v. 85 L'artillerie frappe indiscreto ictu, « au hasard ».
Livre III, p. 63 v. 545 Charles de Lorraine fait tirer l'artillerie contre ses propres murs où
sont infiltrés les Bourguignons.
« ... multo
cum Cyclope, dei similis... » (semblable à un dieu qu'aident de nombreux Cyclopes).
v. 557 « ... atque malorum
mole repercussus crebro, callosior esse
iamdudum inceptat durus post verbera ciuis
longa, velut ferrum quod fabri obduruit ictu. » (... sous l'effet répté de tous les maux qui
le frappent, le Nancéien, à force de prendre des oups depuis longtemps, commence à
s'endurcir, comme le fer, qui devient plus solide sous le marteau du forgeron.)
IL y a six livres.
Tibulle, Elégies, éd. et trad. Max Ponchont, Paris : Les Belles Lettres, 2007.
I, 10, p. 75
Quis fuit, horrendos primus qui protulit enses ?
Quam ferus et uere ferreus ille fuit !
Tum caedes hominum generi, tum proelia nata
et breuior dirae mortis aperta uia est.
An nihil ille miser meruit, nos ad mala nostra
uertimus, in saeuas quod dedit ille feras ?
Diuitis hoc uitium est auri, nec bella fuerunt,
faginus astabat cum scyphus ante dapes...
Quel homme était celui qui le premier produisit l'horrible épée ? Quel être féroce, oui,
quel coeur de fer il était celui-là ! Alors les meurtres, alors les combats naquirent pour le
genre humain, et une route plus courte s'ouvrit à la cruelle mort. Ou plutôt ce
malheureux fut-il en rien coupable, si c'est nous qui employons à notre destruction
l'arme que, lui, nous a donnée contre les bêtes sauvages ? C'est la faute de l'or qui
enrichit, et la guerre n'existait point au temps où ne se dressait devant les plats qu'une
coupe de hêtre... (v. 1-8)
(à ajouter à la mine)
Tous vos gens a latin. Le latin, langue savante, langue mondaine (XVIe-XVIIe siècles), Droz,
éd. Emmanuel Bury, 2005
Jean-Marc Mandosio, « Encyclopédies en latin et encyclopédies en langue vulgaire (XIIIe-
XVIIIe siècle) », p. 113-136
135 Le vulgaire n'est pas la langue des ignorants, mais est « associé au trairement de
questions d'ordre pratique (éthique, politique, arts mécaniques), qui va de pair avec le public
non universitaire auquel on s'adresse ». Mais « ce rapport évolue dans le temps : à partir du
XVIIe siècle, l'encyclopédisme en langue vulgaire se fait plus ambitieux, surtout en France ».
126 Par exemple Lo specchio di scienza universale, de Leonardo Fioravanti, 1564, dans la
section des arts, il est surtout question des arts mécaniques.
Jacques Paviot, « Le latin comme langue technique : l'exemple des termes concernant le
navire », p. 257-263
263 L'usage du latin dans l'art de naviguer s'explique par « un appel par le haut, ce qui nous
prouve le grand pouvoir de réception de nouveaux mots ou de termes usuels par le latin
médiéval » ; il note qu' « un certain nombre de mots des langues vernaculaires ne nous sont
connus que sous leur forme latine ». Pour Jpaviot le latin technique des XVIe-XVIIe est
« littéraire » et a « perdu tout rapport avec la réalité ».
Michel Dassonville, Ronsard. Etude historique et littéraire. II, À la conquête de la Toison d'or
(1545-1550), Genève : Droz, 1970.
La période avril 1549-janvier1550 est nommée par MD « La nef Argo » 101, mais on ne
comprend jamais le pourquoi de cette métaphore. [Pire, l'auteur semble dire que le premier
livre d'odes que publie Ronsard est mauvais...
Les Grecs déjà situaient des divinités métallurgiques, les Telchines, dans les mers
lointaines ; ils sont décrits ainsi par Jean-Pierre Vernant : « [m]étallurges au regard
délétère, magiciens toujours malfaisants, puissances primordiales dans les traditions
rhodiennes, les Telchines sont au centre d'une configuration mythique » à travers
laquelle « nous pouvons atteindre certains aspects de la métallurgie comme forme
d'activité en même temps que plusieurs traits du forgeron comme type d'homme :
rapports de la métallurgie avec l'activité agricole ; relations du forgeron et du travail des
métaux avec la mer, son espace, ses puissances, sa fonction cosmogonique ;
représentation de l'agent métallurge : son mode de démarche, la forme de ses membres,
ses instruments de préhension »76. La monstruosité du forgeron n'est pas un prodige
tenant du merveilleux chrétien, mais une anormalité tenant du merveilleux païen, voire
démoniaque.
L'archer Cupidon est une des allégories les plus récurrentes, tantôt allégorisant l'oeil de
l'amante (dès l'emblème V), tantôt antithèse aveugle de cet oeil lumineux (dès l'emblème VI).
Hélène Diebold
Maurice Scève et la poésie de l'emblème, Paris : Classiques Garnier, 2011.
421 « le poète a tendance à transformer la description en sculpture, ou travail d'orfèvre,
à l'image du Fourbisseur »
76 Jean-Pierre Vernant, op. cit., p. 245. C'est le même « merveilleux métallurgique » qui préside à la description
de l'atelier d'Héphaïstos au chant XVIII de L'Iliade ;
Homère, éd. Pléiade
Chant XVIII, p. 421-fin : d’abord Thétis va dans l’atelier d’Héphaïstos qui est décrit. Il est merveilleux, les
trépieds, les soufflets, les servantes en or bougent d’elles-mêmes. Le bouclier d’Achille est préparé, mais la
disposition des cinq plaques protectrices est décrite au chant XX.
Véronique Macrou, L’Ambivalence de l’or à la Renaissance. Ronsard, d’Aubigné,
Shakespeare, L’Harmattan, 1998.
7 or=point de convergence des tensions de la Renaissance.
10 Tout travail est à la Cour considéré comme de la roture et même la poésie ; D’Aubigné
avoue avoir dans sa jeunesse, pris honte de son savoir et « jeté livres au feu devant les
compagnons pour faire le bravache à la mode ». Le statut de poète de cour se « précarise ».
12 Le métier, comme l’indique Max Weber dans son livre sur le protestantisme, devient la
seule certitude de salut, une véritable vocation.
14 « or » (au sens de métal) est l’un des mots les plus fréquents chez Ronsard, 370
occurrences.
20 Le livre au MÂ est un don de Dieu et doit être donné gratuitement. Mais à la Renaissance
les livres deviennent des biens de consommation courante, difficile de donner son livre quand
il faut bien vivre… ce changement « place le poète dans une position incommode, tiraillé
entre les exigences de structures mentales chrétiennes qui ont perdu toute adéquation avec la
réalité, et la nécessité de vivre. »
23 Ronsard a un rapport ambigu à la religion chrétienne, Abbrégé sur les Muses « tu les
tiendras chères et sacrées, comme filles de Jupiter, càd de Dieu ».
26 « L’Hymne de l’or » est un poème de jeunesse qui résume la posture de Ronsard face à ces
questions et constitue aussi une sollicitation matérielle de mécénat.
29 L’or est capable de reconstituer une parcelle d’âge d’or mais aussi de dévaloriser tout ce
qu’il touche ; en particulier l’amour, qui devient vénal, v. 147-153.
31 dans l’Hymne des astres, l’or est un élément de la triade des métaux (or, argent, fer) qui
sont responsables de tous les malheurs du monde.
59 L’or est toujours un métal utilisé pour sublimer, et en particulier en contexte religieux
(dans les bâtiments religieux). Mais « l’or feint », la dorure, est boudée des peintres qui
restent soucieux de se distinguer de l’artisanat dont le savoir est requis pour une telle pose.
65 Ronsard « dore » volontiers ses protecteurs et mécènes.
112 La circulation sanguine n’est inventée qu’en 1628 par Harvey mais le sanf, flux vital, est
déjà comparé à l’or, flux vital de la société. C’est un poncif au seizième siècle. 113 On se
souvient que Palissy s’oppose à l’idée de l’or potable : impossible et toxique s’il était
possible.
117 Flux vital, l’or est aussi excrément, du moins dans la psychanalyse (Freud, Nouvelle suite
des leçons d’introduction à la psychanalyse). Panurge compare l’or à l’urine dans son éloge
des dettes et Palissy s’extasie sur le fumier : pas toujours comparaison dépréciative.
171 ronsard est ambigu dans le statut de poète : tantôt son abbrégé le compare à un jardinier
ou à un joailler sertissant la langue de vocables nouveaux ; tantôt il en fait un poète inspiré,
aristocrate, au-dessus des autres métiers. Néanmoins les métiers de forge et de verrerie
n’étaient pas dérogeants.
Pour la querelle de la mine, aller chercher dans Ronsard tout ce qui concerne l'or, et surtout l'élégie
4 (II, p. 330).
Dans la quinzième des Élégies, Ronsard met en scène une regressus ad uterum, qui lui permet de
juger la valeur de tous les savoirs humains (de toute sa « Raison ») :
Si j’estois à renaistre au ventre de ma mere,
(Ayant, comme j’ay fait, pratiqué la misere
De ceste pauvre vie, et les maux journaliers
Qui sont des cœurs humains compaignons familier)… (II, p. 366, v. 1-4).
Or Ronsard – vanité des vanités – n’estime à rien le savoir humain, lui préférant la liberté de
l’oiseau, la majesté du cerf, etc. La « misere » de l’homme est la démesure de sa Raison :
Ceste pauvre Raison le conduit à la guerre,
Et dedans du Sapin77 luy fait tourner la terre
À la mercy du vent, et si luy fait encor,
Pour extreme malheur chercher les mines d’or : […]
Au contraire, les cerfs, qui n’ont point de raison,
Les poissons, les oiseaux, sont sans comparaison
Trop plus heureux que nous, qui, sans soin et sans peine
Errent de tous costez où le plaisir les meine :
Ils boivent de l’eau claire, et se paissent du fruict
Que la terre sans art d’elle mesme a produict (II, p. 367-368, v. 45-60).
Pour l'intro : « Quant aux comparaisons dont j'ay parlé au commencement assez briefvement, tu les
chercheras des artisans de fer & des veneurs, come Homere, pescheurs, architectes, massons, &
brief de tous mestiers dont la nature honore les hommes. » I, p. 1170 (« Preface sur la Franciade,
touchant le poëme heroïque »)
Et il récidive p. 1173 : « Tu n'oublieras les noms propres des outils de tous mestiers, & prendras
plaisir à t'en enquerre le plus que tu pourras, & principalement de la chasse. »
Dans des vers sur les œuvres de l’esprit des hommes, un éloge de Dorat qualifie ce dernier
d’« artizan des Muses » et se sert précisément d’une métaphore métallurgique filée pour décrire
l’inspiration de Dorat :
Et toi divin Dorat, des Muses artizan,
[…] dont l’enclume
A forgé tant d’escrits par l’outil de ta plume (II, p. 163-163, v. 751-757).
et
Le lexique de la forge intéresse Ronsard sans doute dans la mesure où la forge est une image
humaniste de la création lexicale78. Ainsi le « Suravertissement au lecteur », inséré dans Les Odes
de 1550 (I, p. 1002) énonce : « je te veil bien avertir de ce verbe je va, tu vas, il vat, en lieu de dire
je voi, tu vas, il va, lequel j’ai forgé au patron de je ba, tu bas, il bat, car, en lieu que l’un estoit
irregulier, tu en auras un autre mieus forgé, et plus François, qui est la seule touche sur laquelle tu
dois examiner tes vocables sans les faire monstrueus et mal ordonnéz : comme jadis estoit ce mot
hymne, que j’ai refondu dedans la propre forge Françoise, le finissant par nostre propre
terminaizon inne, rimant hinne sur divine, benine, dinne, outant le g superflu » (c'est nous qui
soulignons). La « refonte » est indissolublement liée à un « je » qui s'autorise ces licences par la
grâce de son état de poète ; dès lors les mots mêmes de la poésie sont le lieu d'expression de ce que
la poésie a de sacré, et la forge en est l'image. Surtout le verbe « aller » est conjugué sur le modèle
du verbe « battre »...
77 Quelle technique est ici évoquée ?
78 Voir par exemple M. H. Vida, De Arte Poetica, III : « Vous pourrez tirer des mines abondantes de la Grèce une
matière informe que vous forgerez sur l’enclume des latins. »
Pour partie 1, mareschal :
Ronsard parvient à travers le « Cyclope amoureux » à tisser ensemble plusieurs thèmes de la lyrique
amoureuse dont il est familier. La « fournaise » de la passion est en effet commune dans ses vers ;
c’est par exemple la « fournaise sicilienne » de l’ode 10 du Troisiesme livre (intitulé
« Épipalinodie »), inspirée de la dix-septième « Épode » d’Horace :
Ô terre, ô mer, ô ciel espars,
Je suis en feu de toutes pars :
Dedans et dehors mes entrailles
Une ardente chaleur me poind
Plus fort qu’un mareschal ne joint
Le fer tout rouge en ses tenailles.
Dans ces deux strophes, l’image du « mareschal » (du forgeron) fait retour et prend un habit
mythologique en même temps qu’elle est déplacée dans la fournaise du « Vesuve » à la deuxième
strophe. « La flame mienne » est rapprochée par la rime de la « fournaise Sicilienne », exprimant un
lien indissoluble entre le sujet lyrique ronsardien et la forge volcanique.
Partie 1, alchimie
Variante notable de la forge amoureuse, le creuset amoureux apparaît dans Les Vers
d’Eurymedon et de Callirée, qui chantent, au sein d’une « allégorisation totale de la vie de cour » (I,
p. 1346), la liaison de Charles IX et d’Anne d’Atri d’Acquaviva (dont l’onomastique permet une
métaphorisation en nymphe des eaux). La Cour, à l’époque, reprochait à Charles IX de dédaigner la
vie sentimentale au profit de la chasse ; ces vers servent donc a contrario la gloire du roi (« Prince,
de qui le nom m’est venerable et sainct… », dit l’« Élégie de Ronsard à Eurymedon », p. 315), mais
sont aussi une imitation des Amours d’Eurymédon et de Calliree d’un rival poétique, Jamyn. À
Eurymédon revient d’introduire le thème du creuset amoureux :
Mon corps est plus leger que n’est l’esprit de ceux
Qui vivent en aimant grossiers et paresseux.
Et tout ainsi qu’on voit s’evaporer Mercure
Au feu d’un Alchimiste, et s’envoler en rien :
Ainsi dedans le Ciel mon corps qui n’est plus mien,
Alembiqué d’Amour, s’envole de nature (« Stances », v. 43-48).
La métaphore alchimique s’impose ici à une époque (les années autour de 1580) où Ronsard rédige
l’« Hymne de Mercure », ajoutée aux Œuvres en 1587. Elle est développée à plusieurs reprises,
puisque le verbe « alambiquer » se retrouve dans l’« Elegie de Ronsard à Eurymedon » (p. 315).
L’amour y est le propre de l’homme :
Un rocher n’aime point, un chesne ny la mer :
Mais le propre sujet des hommes, c’est aimer (v. 17-18).
A ce registre du creuset d’amour appartient enfin, au vers 70 (p. 317) l’expression du « soulfre
amoureux », sans doute permise par la métaphore, dans la poésie alchimique elle-même, des
« amours » du soufre féminin et du mercure masculin.
Pouey-Mounou, L'Imaginaire...
11 imaginaire « tout partiulièrement fécondé par le désordre ». 15 « mone régi par la discordia
concors ».
29 commente notre passage de l'Abbregé en disant que ce qui importe est l'appropriation de ces
termes particuliers par le poète.
100 Repère une rencontre de Lucrèce et Platon elle aussi.
144 à propos de l'enclume mythique de l'Ode à Michel de l'Hospital : « Fait saisissant, Ronsard,
retenant d'Hésiode l'image de l'enclume dont la chute mesurerait les distances du ciel à la terre et de
la terre au Tartare, acorde à cet objet une importance primordiale dans l'ordre du récit, et non dans
l'ordre de la comparaison. L'enclume paraît investie d'une valeur fondatrice. »
(Hésiode, Théog., v. 7721-725)
251 « Une idée dominante dans les Odes rattache le mouvement à l'échange. »
447 dans La Harangue la panoblie du duc de Guise (armes blanches) s'oppose aux canons ennemis.
Et n. 334 : « la positivité de l'invention poétique tient précisément à sa valeur de symbole, qui
inverse le sens de l'imitation sacrilège de la poudre ».
448 Les quatre criminels Tantale, Ixion, Prométhée et Salmonée seraient « associés à l'eau, à l'air, à
la terre et au feu », symbolisant « un ordre des éléments que l'invention de la poudre aurait
enfreint ».
449 Dit que la Pyrotechnie et Les Inventeurs sont utiles pour éclairer les précisions techniques des
Armes et du Verre... Celui-ci (Pvergile) dénone l'artillerie, celui-là la défend. Il faut absolument
savoir en quoi Ronsard hériterait de Biringuccio !!!
610 à propos des mines, L'Elegie au seigneur Baillon et Les Armes sont dysphoriques, l'Hymne de
l'or seul est euphorique.
J. Dauphiné, « La curiosité poétique pour les sciences et les métiers (1560-1600) », dans
L'Invention au XVIe siècle, Dubois éd., PU Bordeaux 1987.
637 à propos de la forge et de la verrerie, Ronsard « tend à les faire se confondre parmi les activités
souterraines de la fonte » : oui, parce qu'il ne s'est nullement servi de Biringuccio pour les chanter !
655 Valeur commune aux poèmes étudiés en détail : « une économie bin gérée où la plénitude
l'emporte sur la superfluité ».
** Pourquoi les titres d'odes sont en italiques chez tant d'auteur critiques ?
** l'expression, en grec, du « pyr technikon », qu'APPM utilise souvent
Dauvois (Nathalie)
Mnémosyne. Ronsard, une poétique de la mémoire
Paris / Condé-sur-Noireau — Classiques Garnier / Corlet
1992
Tant dans l'Ortus sanitatis que dans la Pirotechnia il a de sublimes gravures d'ateliers d'arts du feu.
WEBER, Henri. 1986. "Ronsard Poète De La Terre Et Des Nourritures Terrestres." Europe 64
(691): 32. http://acces.bibliotheque-diderot.fr/login?url=https://search-proquest-
com.acces.bibliotheque-diderot.fr/docview/1303135941?accountid=15868.
Dans l'ensemble il lie le motif de la mine avec celui de la fécondité, mais alors il ne sait pas quoi
faire des condamnations du viol de la terre.
33 « C'est le vieux mythe où la psychanalyse voit le désir du retour à la mère », l'image du « ventre
de la terre ».
34 « On sait combien les mines de toute nature ont joué un rôle important dans l'économie du 16e
siècle. Aussi, quand Catherine de Médicis tente un rapprochement avec l'Angleterre, Ronsard lui
dédie une élégie où il célèbre ainsi les richesses de ce pays : Et tous tes champs auront le ventre
plain / De mines d'or & d'argent & d'estain... »
35 À propos de L'hymne de l'Automne, pour les mines : « On a vu, dans ces vers, une évocation de
l'alchimie, rien ne paraît moins certain. Il s'agit plutôt de tous les métaux que l'homme utilise et qui
sont censés naître et germer au sein de la terre ; jouvenceaux et jouvencelles symbolisent la jeunesse
nécessaire à tout enfantement dans la beauté et le mouvement même de la spontanéité naturelle »
T1 794 Dans « Au pais de Vandomois », ode III du Quatriesme Livre, voyage imaginaire en Italie
pour devenir l’Homère français, ambition qui caractérise ce printemps 1545 :
« Je voirray le grand Mince, [le Mincio, cf Géorgiques]
Le Mince tant cognu,
Et des fleuves le prince
Eridan le cornu :
Et les roches hautaines
Que donta l’African
Par les forces soudaines
Du soufre et de Vulcan. »v. 25-32, les Alpes, que franchit Hannibal en brisant les rochers chauffés à
l’aide de brins soufrés et de feu, dans Tite-Live, XXI, 37.
Christine Pigné, De la fantaisie chez Ronsard, Genève, Droz, 2009. Conclusion de la première
partie, p. 114, s’appelle « les dangers du dessèchement » (elle y a surtout étudié les rêves).
173 Elle cite l’Hymne de l’Esté qui au vers 5 parle d’une masse ardante et de tenailles ! Le feu de la
sorcière est un Enfer dans l’Epipalinodie. 175 Avec ses fourneaux « Les rituels de la sorcière
imitent donc ceux de la Muse »
** remarquer la place étrange de l’artisan dans le sonnet écrit sur son lit de mort : « Il faut laisser
maisons et vergers et Jardins… »
Il y a encore cette expression de « vers trafiqués », dans l’ode « Prince, je t’envoie cette Ode… »,
mais « sur un pied d’égalité qui pouvait néanmoins déplaire à Henri II » (Michel Simonin, Pierre de
Ronsard, p. 131, c’est l’Ode de la paix). Cela ajoute de l’eau à mon moulin.
Il faudrait lire le Pierre de Ronsard de Simonin, pour se dépayser (nullement quelque chose que je
ferais cela).
Commentaires “Discours du verre”: Ullrich Langer, Invention, Death, and Self-Definitions, Amma
Libri, 1986
Préface, p. ix : l’inventeur, à la Renaissance, celui de l’artillerie en particulier, est toujours
mélancolique, parce qu’il tue le passé, fait de l’identité une nouveauté sans passé.
3 Le De inventoribus de Polydore Virgile est publié pour les trois premiers livres en 1499, pour les
huit complets en 1521, et Ronsard a traduit un bout dans « La Chasse » et sans doute ailleurs.
25 Ce qui caractériserait tout ce corpus serait le paradigme de la profondeur.
34 Rappelle que Terence Cave a écrit un article sur les ambitions bacchiques de la poésie lyrique de
l’époque : « The Triumph of Bacchus and Its Interpretation in the French Renaissance : Ronsard’s
Hinne de Bacus », in ed. A.H.T. Levi, Humanism in France at the End of the Middle Ages and in
the Early Renaissance, Manchester : Manchester University Press, 1970, p. 249-270.
36 Il y voit bien sûr une « allegory of poetic creation ». Il remarque que Laumonier remarque que
« l’esprit enclos dans l’univers » est une allusion à l’Enéide, VI, v. 726 où l’esprit est un feu
d’origine divine.
À propos de l'hymne de Mercure, t2 612 et 1477, la note dit : « Ronsard avait publié en 1550 une
ode « À Mercure » (t. I, p. 952) ; il y renonce en 1584. C'est que, si bien des éléments du mythe s'y
trouvaient déjà rassemblés, Mercure n'y était guère encore que le dieu de la « langue sage ».
L'hymne, au contraire, ne marque pas moins son aptitude au vol, au mensonge, à l'imposture, à la
friponnerie. Réunissant en lui ces traits discordants en un mélange savant, il est prêt à rejoindre les
figures également discordantes de l'Or ou de la Mort. » Imite l'Hymne II, VIII de Marulle,
« Mercurio ». Il emprunte aussi à l'hymne homérique d'Hermès, et Virgile et Hésiode évidemment.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1050822/f16.image.r=discours%20admirables%20palissy ))
La Semaine de Christofle de Gamon (1609). « Contre celle du sieur Du Bartas » indique le titre.
Gallica.
95 Commence un éloge « Des mineraux metaux, & pierres pretieuses. » (manchette). La terre cache
ses pierres en elle par pudicité, pour ne pas faire comme ces femmes qui se chargent de tout ce
qu’elles ont. Finit à la page 102 qui expose une vie heureuse sans travail des métaux et sans l’usage
du fer. Le propos de Gamon tient en quelques vers : « Car ce suant labeur, quoique ta Muse en
chante / (Bartas) est du péché la peine renaissante ». Il faut cueillir les dons de la terre sans
« l’aiguillonner ».
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1117891/f117.image.r=christofle%20de%20gamon
O mere des Humains, Terre porte-trezors,
Tu ne veux tous tes biens estaler par dehors,
Comme ces Dames font, qui trompeusement belles,
Chargent, comme Bias, tout leur bien dessus elles.
Ains montrant ton manteau chamarré de couleurs,
Et ton poil diapré de mille et mille fleurs,
Tu renfermes encor des richesses secrettes
Dans les profonds recoins de tes seures cachettes.
Telle qu’une Princesse, à qui maint Diamant
Fait briller de par tout le Royal vestement,
Qui jaçoit que l’esclat de sa pompte achetée,
En prevenant des yeux l’ordinaire portée,
Montre mille trezors, vomissants radieux,
96 Les feux qu’ils ont receus des scintilles des Cieux
Ne met point tout au jour, ains prudente, recelle
Dans ses clos cabinets sa richesse plus belle.
[Ensuite il range parmi les productions du « ventre » de la Terre le sel, l’ardoise, le joyau, etc. Puis
un éloge particulier du cristal [est-ce à dire le verre ?], qui
… ne fait fourmiller tant de maux inhumains
Que ce doré metal adoré des Humains.
Certes l’Or sert au corps, La macule il efface
Qui peu civilement se perche sur la face :
L’impudente verrue il sappe peu à peu, …[manchette : « Vertus medecinales de l’or.
Mais bien fut malheureux ce penetrant Lyncée, [manchette : Du mal de l’abus d’iceluy.
Qui dardant les rayons de sa veüe insensée
Dans les profonds secrets des cavains infernaux,
Fit connoistre au Soleil le Soleil des metaux !
Car lors nous ne verrions tant de Sardanapales,
A qui l’Or sert d’amorce aux voluptez brutales,
Tant de Nains qui du front pensent heurter les Cieux,
Tant de pauvres prudents, de riches vicieux !
L’Or en ce tems ferré qui de vertu n’a-cure
Est des vices humains l’inhumaine pasture,
Un charme de l’esprit, apast des desloyaux...
Ronsard t. II 332
Les hauts Pins qui avoient si longuement esté
Sur la cyme des monts plantez en seureté,
Sentirent la congnée, et tournez en navire,
Voguerent aux deux bords où le Soleil se vire,
Passerent sans frayeur les ondes de la mer,
Virent Scylle et Charybde asprement escumer,
Conduits d'un gouverneur, dont la mordante envie [« gouverneur » devint « matelot » dans les
Oeuvres de 1587. Probablement pas de Ronsard : c'est l'élimination d'un étymologisme.
D'amasser des lingots baille aux ondes sa vie,
Afin de rapporter des pays estrangers
Quelques lingots cherchez par cent mille dangers. [… Description de l'état de nature]
Certes Dieu qui tout peut, devoit (sage Baillon)
Faire que les rochers servissent de Billon, [alliage d'argent et de cuivre pour frapper la monnaie. On
distingue le « billon blanc » (50% d'argent, plus valable) et le « billon noir » (de moindre valeur),
mais dans l'ensemble le billon est de maigre valeur et dans les mains du plus grand nombre.
Et les fueilles des bois qui tombent par la voye,
Se prinsent en payment ainsi que la monnoye...
La Mine mode d’emploi. La Rouge myne de Saint Nicolas de la Croix dessinée par Heinrich Groff,
éd. Emmanuelle Brugerolles, Hubert Bari et alii, Paris : Gallimard, 1992.
2 Antoine de Lorraine arrive en juin 1529 à La Croix-aux-Mines, gisement de plomb argentifère.
Georges d’Ainvaux est receveur des mines, qui a commandé au peintre Heinrich Groff, en plus de
réfections somptuaires, un recueil de dessins retraçant l’activité de la mine.
58 À La Croix-aux-Mines, la minéralisation principale est la « galène » : 1kg d’argent par tonne.
Apogée vers 1530.
61 Dans les églises mobilier et décor rappellent parfois les activités passées : deux marteaux croisés,
symbole trad. Du métier de mineur, vitraux dédiés à saint Daniel, chaires à motifs miniers. Mais
surtout tableau d’autel de l’église de Sainte-Anne réalisé par Hans Hesse en 1521 pour la confrérie
d’Annaberg, paysage panoramique à la Brueghel.
62 (HGE = Heinrich Groff Elsässer », alsacien). 1574, Aula Subterranea de Lazarus Ercker qui
répond au même souci de diffusion des connaissances. « Les planches furent largement copiées et
inspirèrent les orfèvres ». La figure la plus fréquente est celle du minier, reconnaissable à ses outils.
Liste des dessins :
-« Le justicier en son siège, ordonnance et serment des compaignons », habillés avec cuir
fessier caractéristique des mineurs,
« Les charpentiers et charpenteries ». Les étançons nécessitent une grande précision
d’assemblage et la sécurité des mineurs dépend de la qualité du travail, qui est ici effectué
par les chefs ;
« La manière d’amener le boys »,
« La provision du suif et le livraige d’icelluy », matière grasse animale qui alimente les
lampes. Le plus estimé est extrait du mouton ;
« L’amenaige du charbon pour la forge et le livraige d’icelluy », la pièce de cuir est portée
sur l’avant et non sur les fesses car il faut se protéger de la chaleur des fourneaux ;
« L’amenaige et le livraige du fer en la maison », la partie qui montre la forge est
manquante, il fallait une forge pour les outils nécessaires à la mine, en 1513 la mine de
Saint-Nicolas a consommé 17400 clous ! ;
« En la montaigne », c’est-à-dire la mine, dessin où on voit l’église de la mine. On
conseillait de ne point encourager le travail de la mine car il conduisait à Satan ;
« Les décombreurs entrants en la montaigne », le « houttmann » (mot allemand) livre le
suif ;
« Les tireurs d’eau et myne entrants en la montaigne », la myne est le minerai ;
« Les ouvriers de marteaulx pour rompre la myne en la montaigne », ce sont les mineurs
munis de « pointerolles », qui sont usées au bout d’une heure, le forgeron les répare ou les
jette ;
« Les ouvriers menant les chariots de myne hors de la montaigne », en fait une entrée dans
la mine ;
« Les ouvriers menant le boys en la montaigne » ;
« Les houttmans, maistres des compaignons, entrants en al montaigne » ;
« La Rouge myne de Sainct Nicolas », panorama dont il manque une partie avec l’exhaure ;
« Rompeurs de grosse myne chareurs de myne hors de la montaigne » ;
« Les schaideurs séparens la bonne myne appart », minerai fragmenté sur des scheidstein,
fortes enclumes de pierre ;
« Les pilleurs et passeurs de myne », minerai pilé dans une machine hydraulique, le bocard.
On voit une femme ici, ce sont surtout les veuves de mineurs qui sont embauchées comme
mesure sociale ;
« Les laveurs de myne », qui ont un salaire élevé parce qu’une grosse responsabilité de tri ;
Les cloweresses les missenaires sasseurs et laveurs de myne », décrit d’autres manières de
trier, sans eau et à la main pour les cloweresses (de klauben) ou des lavages au sas. Le nom
« missenaires » vient de la province allemande de Meissen, migration des mineurs ;
« Les livreurs de myne », « Les chareurs de myne », on emmène le minerai dans les
fonderies, qui s’éloignent petit à petit des mines à mesure que la forêt disparaît ;
« Les charbonniers », responsables de la déforestation ;
« La fonderie et l’affinerie », fourneau de fonte et fourneau d’affinage. Le minerai est
préalablement grillé, càd oxydé, débarrassé de son souffre. Dans le fourneau de fonte il est
réduit, cela libère un plomb fondu très impur dont le mineur écrème les « sclack » (scories cf
allemand Schlacke). Puis le plomb fondu est envoyé à l’affinage, « coupellation » pcq
plomb imprègne la sole ou coupelle du four. L’oxyde de plomb ou litharge surnage, que l’on
écrème pour obtenir l’argent, brillant au point qu’on l’appelle « l’éclair » ;
« Les peseurs et marqueurs des pains d’argent et messaigier portant les pains » càd lingots ;
« Le verwaiser payans les compaignons » on voit un mineur mécontent qui montre le poing
et un homme armé prêt à arrêter toute échauffourée.
L'Europe des sciences et des techniques. Un dialogue des savoirs, Xve-XVIIe siècle, dir Liliane
Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie Thébaud-Sorger
« Le De re metallica de Georg Agricola », Paul Benoît, 321-322
Salmon Macrin : Epithalames et Odes, éd. Georges Soubeille, Paris : Honoré Champion, 1998.
Odes, livre IV, 11 : "Ad Vulcanum, ex Anacreonte"
Que l'un convoite les trésors du riche Midas et tout l'or roulél par le Pactole indien ou extrait
des entrailles de la terre par le mineur d'Asturie […] !
Qu'un autre brandisse le sceptre d'une main hautaine […] !
Il me suffit de passer ma jeunesse en fleur parmi de belles jeunes filles […] ! »
Alter beati diuitias Midae
et quicquid auri Lydius aestuat
Pactolus, effossisque terrae
uisceribus trahit Astur optet […] ! » p. 644-645
v. 4 Astur, le mineur d'Asturie qui extrait l'or des "viscerae terrae"
note p. 711-712 : Lascaris, ds anthologie d'Anacréon, a réuni deux odelettes, bcp traduites : Ronsard
: "Du grand Turc je n'ay souci..." ou Jean Second (Epigrammata). Henri Estienne sépara à nouveau
ces odes. Très prisées de la Pléiade.
Mines d'Asturies, déjà citées, d'après Martial X, 17, 3, dans C., II, 20, 5 qui commence aussi par un
refus de l'or.
Ode II, 20 : « Ad Hil. Bellaium », « À Guillaume Du Bellay », p. 462-463
Non uniones diuitis Indiae,
non scalpta prisco Mentore cymbia,
factos nec affabre lebetes
aut citreas tibi, Hilerme, mensas
Penser la technique autrement, XVIe-XXe siècle. En hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, dir.
Robert Carvais, Anne-Françoise Garçon et André Grelon, Classiques Garnier, 2017.
Marcus Popplow, « Nouveau, utile et ingénieux. Les ingénieurs de la Renaissance,
inventeurs d’un discours sur la technique », p. 59-72.
d. Mines
En Europe, on trouve essentiellement des mines d'argent ; l’usage de l’or est très restreint
(limité à la joaillerie, au paiement de sommes importantes ou au commerce international). Au
contraire, c'est dans de l'argent que la monnaie est frappée. De plus, une exploitation argentifère voit
son potentiel économique multiplié par des sous-produits : le plomb et le cuivre essentiellement.
Les filons se concentrent en Europe centrale : Schwaz (Alpes autrichiennes), Saxe et Bohême
(« Monts métallifères »), Harz, Forêt Noire et Vosges[3], ces deux dernières constituant un tout
nouveau terrain de prospection au XVIe siècle qui connaissent leur apogée dans les années 1530-
1540.
La mine nous est connue à la fois par la source archéologique et par les traités techniques.
Mais c’est surtout à travers l'ouvrage de Georg Agricola, illustré de deux-cent-quatre-vingt-douze
gravures, qu'a été diffusée dans la communauté savante, dès le XVI e siècle, la réalité matérielle de
la mine. « Les planches furent largement copiées et inspirèrent les orfèvres »[5] : entre autres
coupes et « Handstein » gravés, le hanap de la famille Steiger, cadeau des concessionnaires des plus
importantes mines du Tyrol, représente quelques scènes décrites par les gravures du De Re
metallica[6]. Ainsi le savoir technique put-il, à l'occasion, faire son entrée dans les cabinets de
curiosité de la Renaissance tardive. Du reste le De re metallica fait des émules. Entre beaucoup
d'autres, l'Aula Subterranea de Lazarus Ercker, publié en 1574, répond au même souci de diffusion
des connaissances.
Dans ces mines, le problème technique essentiel à résoudre est l’exhaure (puiser les eaux
des filons). Pour cela, on invente des machines hydrauliques complexes. Les ingénieurs des mines
font alors leur apparition, « sans autre passeport que leur notoriété et les références acquises dans
telle ou telle mine »[7]. En général, les révolutions techniques liées à une connaissance plus
profonde des métaux amènent dans le milieu de la mine des parcours sociaux nouveaux et
inhabituels. Ainsi la mine de Saint-Nicolas est exploitée par un « ingénieur en chef » du nom de
Conrad Boltznitzer, dont la maison est visible sur la première planche et qui est aussi cité par le
traité Agricola. Pauvre homme lorsqu’il exerçait dans les mines de Schneeberg en Saxe, enrichi
dans la montagne vosgienne (la « Fürst »), nommé en 1514 directeur d’une mine des seigneurs de
Ribeaupierre et anobli par l’empereur Maximilien, il est nommé finalement grand maître des mines
des États antérieurs de l’Autriche[8].
[1] [1]En 1513, la mine de Saint-Nicolas dessinée par Heinrich Groff a consommé pas
moins de 17400 clous. Les « pointerolles » des mineurs sont aussi nécessaires en grande quantité :
elles doivent être remplacées toutes les heures, selon Emmanuelle Brugerolles, Hubert Bari et alii
(éd.), La Mine mode d’emploi. La Rouge myne de Saint Nicolas de la Croix dessinée par Heinrich
Groff, Paris : Gallimard, 1992, p. 55.
[2] Ibid., p. 3.
[3] Ibid., p. 57.
[4] Ibid., Avant celui-ci, un assez complet Schwazerbergbuch était déjà illustré
d’activités minières : ce manuscrit fut commandé par Ludwig Lässl à Jörg Kolber, un artiste « du
pays », connaisseur des techniques qu'il mettait en dessin. Citons aussi le Probier-Büchlein publié
en 1518 à Francfort, qui connut de nombreuses rééditions intégrant parfois certains « livres de
recettes », J. R. Partington, op. cit., p. 68.
[5] Ibid., p. 64.
[6] Ibid., p. 61.
[7] Ibid., es
[8] Ibid., p. 69.
Or même la poésie scientifique peut faire renaître la « Vulcanie » virgilienne. Dans un long poème
de Christofle de Gamon intitulé « Discours de l'Astronomie inférieure »80, le travail des métaux par
Vulcain devient une simple image didactique permettant de visualiser des processus chimiques
invisibles à l'oeuvre sous la terre :
Les derniers mots introduisent le texte alchimique qui suit, le Trésor des trésors, premier poème de
la Muse divine publiée avec le Jardinet. [en fait ce texte fait partie du Trésor des trésors tel qu'il est
commenté dans le commentaire commentateur.
« Mines, arsenaux, usines et manufactures sont des hauts lieux d'élaboration des savoirs et
d'interaction entre les pouvoirs publics, les manufacturiers, les techniciens et la main-d’œuvre, mais
aussi les savants et les experts », remarque-t-elle. Il en va ainsi des arsenaux de Venise et
d'Innsbruck, des mines de cuivre de l'Erzgebirge et du Tyrol, des mines d'argent en Alsace et d'alun
près de Rome, « lieux de production et d'expérimentation au service des autorités »83, tous,
aimerait-on ajouter, impliqués dans la chaîne de production des arts du feu. Conséquence : la
circulation implique toujours une « traduction ». Le haut-fourneau (réduction indirecte du minerai
de fer) en est l'exemple frappant. Il apparaît en Rhénanie dès le XIII e siècle (selon les estimations
récentes). C’est en Wallonie, territoire Habsbourg en 1482, que le procédé est développé. Les
fourneaux deviennent massifs et sont liés à une affinerie et des marteaux hydrauliques. Or le
procédé indirect coexistera avec un procédé direct qui depuis le XIVe siècle peut avoir lui aussi
soufflets et marteaux hydrauliques (dans le cas d’hybridations)84. Enfin on est aujourd’hui plus
sensibles aux hésitations et aux inerties techniques par lesquelles un progrès connu n’est pas
toujours adopté. Un marché passé en 1473 entre René de Châteaubriand et Richard Brunout
mentionne : « pour faire un hault fourneau ou une regnardiere au choix dud. Brunout »85. Pour
qu’une innovation soit adoptée, il ne suffit pas qu’elle fût effectivement plus efficace : il faut encore
qu’elle soit suggérée et appelée par des contraintes techniques, et ce sont peut-être les contraintes
hydrauliques qui ont poussé à séparer l’atelier et à embrasser le procédé indirect86.
81 Voir par exemple Fabien Simon, « Découvrir : un Nouveau Monde des savoirs », in Liliane Hilaire-Pérez, Fabien
Simon et Marie Thébaud-Sorger (dir.), op. cit., p. 19 : la notion de découverte est une nouveauté dans la manière de
faire de la science aux XVe-XVIe siècles.
82 Francesca Bray et Liliane Hilaire-Pérez, op. cit., p. 13.
83 Liliane Hilaire-Pérez, « L'artisan, les sciences et les techniques », in Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie
Thébaud-Sorger (dir.), op. cit., p.105.
84 Liliane Hilaire-Pérez et Catherine Verna, op. cit., p. 220.
85 Jean-François Belhoste, Yannick Lecherbonnier, Mathieu Arnoux et alii, op. cit., p. 48.
86 Ibid., p. 52.
Lyon est sans conteste la ville où le sentiment d'appartenance des poètes à une communauté des
« ouvriers » est la plus forte, et explique les inspirations hésiodiques de poèmes « des travaux et des
jours », tels Les Hymnes du temps et de ses parties, de Guillaume Guéroult (Lyon : Jean de Tournes,
1560), qui évoquent incidemment les travaux de la mine (« Hymne de mars », p. 44) :
Oeuvres poétiques de Jacques Béreau, poitevin, éd. Hovyn de Tranchère et R. Guyet, 1884.
Encore, dans une églogue : « Eglogue VII, sur les calamitez de la guerre », Francin et Janot. Amusant parce que Janot a
été fait « boyteux » (p. 59) par la guerre. Aussi p. 63 :
Francin :
Où est le tens jadis beau et prospere,
Dont j'ay ouy tant parler mon grand pere,
Je dy le tens du bon age doré,
De noz ayeux sainctement adoré,
Auquel n'estoit hors sa mine profonde
Ce faux metal, la ruyne du monde
« Sur un envieux », dans la section des sonnets, p. 197 :
Une envie, une peur, un martel le tourmente
« À propos d'une controverse sur l'Hymne de l'Or de Pierre de Ronsard », BHR XXXV, t.1, p. 7-18,
Maurice F. Verdier.
7 Une passe d'armes a opposé Jean Frappier, tenant d'une lecture sérieuse de l'hymne, à Bernard
Weinberg, qui voit dans cette interprétation un contresens historique et un délire esthétisant.
8 Jean Frappier expliquait cet éloge « sans ironie » de l'or par le contexte de sa découverte en
Amérique du Sud et de sa propagation en Europe. « Ronsard […] salue l'apparition du bien-être et
du luxe » [c'est une idée folle de penser que l'or des Amériques amène une époque de bien-être et de
luxe...
Weinberg replace cette pièce dans le contexte de rédaction et pense que Ronsard s'adresse au
cardinal de Chastillon et au roi, qui avaient promis des pensions et bénéfices en échange de la
Franciade. Mais, dit Verdier, il y a une unité du recueil des Hymnes de 1555 qui n'est constitué que
d'éloges.
Pour l'artillerie :
Fracastor, La Syphilis ou le mal français / Syphilis sive morbus gallicus, Les Belles Lettres,
2011. (éd. princeps : Vérone : s.n. [Stefano Nicolini da Sabbio et ses frères], 1530.) à Pietro Bembo.
Avant-propos, IX c'est une maladie nouvelle du XVe siècle.
X « De nostre temps, Fracastoro s'est monstré tres excellent en sa Syphilis », écrit Ronsard.
Introduction : « I. Une maladie aux noms multiples », Danielle Gourevitch. p. XVI : les médecins
ne peuvent pas être objectifs avec cette maladie qui déclenche les passions puisqu'elle est nouvelle
et vénérienne. XVII Niccolò Leoniceno produit dès 1497 à Venise, chez Alde Manuce, un Libellus
de epidemia, quam bulgo morbum gallicum siue brossulas uocant, réédité en 11535 sous le titre
amusant de De epidemia quam Itali morbum Gallicum, Galli vero Neapolitanum vocant.
« III. Un poème des temps modernes », Jacqueline Vons, p. LIII : « Syphilis renvoie aux grandes
épopées antiques (Aeneis, Thebais, Achilleis) et médiévales (Alexandreis), morbus gallicus à la dure
réalité contemporaine par le biais d'un des noms les plus fréquemment utilisés dans la littérature
médicale. » Le vers est l'héroïque (l'hexamètre). p. LIV il donne aussi à la maladie des noms et
périphrases métaphoriques (serpens, tabes < tabescere, se liquéfier, etc.) mais surtout les noms de
pestis (la peste des tragédies) et semina (qu'il tire de Lucrèce bien sûr, mais en lui donnant un sens
tout à fait nouveau).
p. LVII Le poème de Fracastor est fondamentalement optimiste : si la peste est une punition divine
comme dans Homère, la médecine, science pieuse, est à même de la soigner. p. LIX Fracastor « met
aux côtés des hommes, coupables par ignorance (Ilcée) ou par méchanceté (les marins de Colomb)
des nymphes, figures intermédiaires entre le monde des dieux et celui des hommes. Dans le
deuxième livre, c'est la nymphe Callirhoé qui vient en aide au laboureur vérolé, et l'envoie sous
terre, dans l'antre où des nymphes alchimistes se sont substituées à Vulcain et aux Cyclopes et
travaillent au grand œuvre, à l'obtention d'or pur à partir d'un mélange de emina de vif-argent et de
soufre. Rprenant le motif de la Sybille fuidant Enée dans sa quête initiatique aux Enfers, une autre
nymphe, Lipare, conduit Ilcée au fleuve salutaire, répand le métal liquide sur son corps et le guérit.
Au troisième chant, c'est une nymphe nouvelle, America, qui conseille aux hommes malades d'offrir
un sacrifice à Junon et à Cybèle afin que les deux déesses unissent leurs pouvoirs pour les guérir en
produisant le bois de gaïac. / Plusieurs narrations se succèdent donc, s'interpénètrent parfois ; le
vraisemblable côtoie l'invraisemblable en faisant éclater le cadre spatio-temporel réel aux
dimensions d'un récit mythique : des noms d'îles méditerranéennes deviennent des noms de
nymphes (Lipare), des bergers (Syphile[puni par le Soleil, c'est raconté dans le livre III]) et des rois
aux extrémités du monde occidental (Alcithous) portent des noms aux sonorités grecques, des pays
contemporains ont gardé leurs noms antiques (l'Hespérie). » p. LXX « Le texte de Fracastor ne
présente guère d'originalité dans l'énumération de la panoplie mercurielle »
Le premier livre décrit la maladie, le second les remèdes et l'hygiène qui permet de s'en débarrasser.
v. 270, p. 48-49 : « Argento melius persoluunt omnia uiuo
pars maior. […]
v. 281 Cuius et inuentum medicamen munere diuum
digressus referam. Quis enim admiranda deorum
munera praetereat ?
[« Pour détruire complètement tous les signes du fléau, la majorité utilise avec plus de succès le vif-
argent. […] Je vais rapporter en passant l'invention de ce traitement par des puissances divines. Car
qui passerait sous silence les admirables présents des dieux ? », donc la mine des nymphes est une
digression. C'est le mythe d'Ilcée<elkos, la douleur, adaptée d'Adonis si l'on en croit le commentaire
de Bembo, histoire inventée par Fracastor. Ilcée, jardinier en Syrie, attrape la maladie et s'évanouit
après une prière aux nymphes. Callirhoé lui apparaît en songe : elle lui explique qu'il a tué par
ignorance le cerf de Diane, qui s'en est plainte à Apollon son frère, qui lui a envoyé la syphilis.
Callirhoé lui demande de venir à l'aube devant une grotte et de sacrifier aux nymphes, et de brûler
de l'encens, ce qu'il fait p. 52-53 v. 350 : « … Iamque simul Thian atramque Cupressum
urebat, quum uox terrae revoluta cauernis
longe audita sacras nympharum perculit aures,
nympharum, quibus aera solo sunt condita curae.
Extemplo commotae omnes ac coepta reponunt,
sulfureos forte ut latices, et flumina uiui
argenti, mox unde nitens concresceret aurum,
tractabant, gelidoque prementes fonte coquebant.
Centum ignis spissi radios, entum aetheris usti
bis centum concretorum terraeque marisque
miscuerant, nostros fugientia semina uisus. »
(« Et en même temps qu'il faisait brûler du thuia et du nois cyprès, sa voix se répercutant en écho
dans les cavernes de la terre se fit entendre au loin, et frappa les oreilles sacrées des nymphes
chargées de travailler l'airain enfoui dans le sol. Aussitôt, bouleversées, toutes abandonnent
l'ouvrage commencé ; elles étaient occupées alors à faire un amalgame de particules sulfureuses et
de flots de vif argent – qui produirait des agrégats d'or brillant -, et elles lui donnaient la trempe
dans une source glacée. Elles avaient mélangé cent semences d'un feu vif, cent semences d'air brûlé
et deux cents semences d'agrégat de terre et de mer, toutes semences échappant à notre regard. »
Note 174 p. 110 : « scène originelle de la formation des métaux sous terre à partir de soufre et de
mercure ». Mais pas de théorie alchimique précise ici.
Les Cyclopes sont dans l'Etna proche de la grotte, p. 56-57, v. 399-400. Ilcée se trempe trois fois
dans l'argent liquide, suivant la recommandation de Callirhoé. Il fut soigné et les peuples apprirent
ainsi à guérir la syphilis. The end. Le livre III est consacré au gaïac (ou Hyacus), arbre qui guérit la
syphilis et qui est ramené d'Haïti. Fracastor raconte un voyage de Christophe Colomb en des termes
empruntés à l'Enéide. Ils arrivent en Guyane, où pour leur malheur ils tuent les oiseaux qui sont là,
p. 68-69 v. 151
Forte per umbrosos syluarum plurima ramos
assidue uolitabat auis, quae pita nitentes
caeruleo pennas, rostro uariata rubenti,
ibat natiuo secura per auia luco.
Has iuuenum manus ut syluas uidere per altas
continuo caua terrificis horrentia bombis
aera et flammiferum tormenta imitantia fulmen
p. 71 corripiunt, Vulcane, tuum, dum Theutonas armas,
inuentum, dum tela Iouis mortalibus affers.
Nec mora, signantes certam sibi quisque uolucrem,
inclusam, salicum cineres, sulfurque nitrumque,
materiam accendunt seruata in reste fauilla.
Fomite correpto diffusa repente furit uis
ignea circumsepta simulque cita obiece rupto
intrusam impellit glandem. Volat illa per auras
stridula, et exanimes passim per prata iacebant
deiectae uolucres. Magno micat ignibus aer cum tonitru, quo sylua omnis ripaeque recuruae
et percussa imo sonuerunt aequora fundo. [Alors un oiseau prophétise la maladie des voyageurs
« Sous les ombrages touffus, quantité d'oiseaux voletaient alors sans cesse, ils étaient de couleurs
variées, avec un plumage brillant, azuré, et un bec rouge, et ils passaient, tranquilles, à travers le
bois sans route frayée qui les avait vus naître. Lorsque les troupes de jeunes gens les virent traverser
les grandes forêts, ils saisirent aussitôt leurs terribles armes de bronze creuses, au grondement
terrifiant, celles qui lancent le feu, imitant celui de la foudre, ton invention, Vulcain, quand tu armas
les Teutons et apportas les traits de Jupiter aux mortels. Chacun aussitôt, ayant choisi 70 son oiseau,
met le feu aux matériaux enfermés – cendre de saule, soufre et nitre – à l'aide de mèches
enflammées. Le feu s'empare des matériaux, et sa forcce, jusqu'alors réprimée, éclate brutalement
entre les parois de l'arme en poussant en même temps la balle dans le canon.
Les balles sifflent en volant dans les airs, des oiseaux tombent et gisent sans vie pêle-mêle dans les
prés. L'air étincelle de feux accompagnés d'un grand fracas, que renvoient en écho toute la forêt, les
rives bombées et les mers ébranlées jusque dans leurs profondeurs. »
[Volonté didactique jamais abandonnée au milieu de la terreur, parce qu'il est plus terrifiant de
comprendre. Ce qui est terrifiant, c'est précisément que ça marche, qu'il y a une recette de la
catastrophe. + Très précoce épopée de l'artillerie, qui se finit mal... ! + La mine des nymphes est ici
le Nouveau Monde, dans les deux cas une maladie nouvelle demande une guérison nouvelle révélée
par le Vates.
Jean Parmentier, « Chant royal », Oeuvres poétiques, éd. Françoise Ferrand, 1971 [1531], p. 24
Pour Cornucopia :
Chant royal que mon œuvre applique
aux cosmographes de ce monde,
qui, conduys par la mapemonde,
trouvent l'or soubz l'orbe celique.
I
Du chef de Caulx, provide natïon,
un cosmographe, expert en la marine,
emprint la routte et navigatïon
du Caillicou, pour trouver l'or en myne.
Sy nagea tant sur les undes sallée,
dedans sa nef, les voylles avallées,
au gré du vent, cherchant l'isle nouvelle,
qu'il fut surprins d'uns vil monstre rebelle
le poursuyvant, qui le vouloit deffaire
si, pour pylotte, il n'eust eu en nacelle
la mapemonde aux humains salutaire.
II
Ce cosmographe, ayant intentïon
exeuter son vueil, si determine
mectre en sa nef toute munitïon
servant au cas, si que pas n'extermine
ses nautonniers ; quoy faict, ancres hallées,
25 dedans le bort bonnettes deffarlées
le vent arriere, il suyt du North l'estoille,
la charte au poing, se conduysant par elle
soubz le zenith de son propre hemisphere,
en compassant, en ligne parallelle,
la mapemonde aux humains salutaire.
III
A ce routtier qui par dimensïon
mers traversoit, son estoille recline
tant qu'il convient, pour l'elevatïon
du polle voir, que l'astralabe incline.
Mais ces haulteurs du plaustre concellées
apperceust lors, ses clartéz reculées
par retrograd, en quadrature telle
que le routtier ne scayt art ou cautelle
pour pyloter, fors que tousjours espere
que de lueur luy donnera scintelle
la mapemonde aux humains salutaire.
IV
Le monstre, adonc, par imitatïon,
suyvant la nef soubz l'equateur et signe
du Capricorne, enflé d'ambitïon,
luy rompt son mast et peril luy machine.
Ce nonobstant, mysenes desployéez,
ce marinier, sur les vagues enflées,
à l'Antartique, il tient routte et faict voylle,
laissant le North, loy primitive ; et celle
de grace il suyt, seconde Urse en la sphere,
par le moyen de la charte eternelle,
la mapemonde aux humains salutaire.
26 V
A l'Antartique, une apparitïon
d'ung astre cles le cosmographe assigne,
dont nautonniers en jubilatïon
« Ave » chantoyent, disant « l'astre designe
port de Salut. » Ces choses terminées
arrivéz sont aux isles fortunnées
où l'or croyssoit, qui tous metaulx excelle,
prés du Liban, dont distille et ruysselle
liqueur fragrant, qui le monstre contere ;
puis chascun dit qu'en l'orbe n'a pareille
la mapemonde aux humains salutaire.
Envoi.
Prince, je prens la myne d'or tant belle
pour Paradis, cosmographe je appelle
le gerre humain, le monstre, vieil Luthere,
et Marie est, sans tache originelle,
la mapemonde au humains salutaire.
INTRODUCTION
Dans les textes, ce premier est bien souvent un Allemand : aussi bien c'est d'Allemagne que nous
vient la première représentation connue d'une mine et de son paysage 87, et le premier exposé
technique de la science de la mine88. Le langage même de la mine, en tout cas dans les mines des
Vosges, est en partie germanique89. cela vaudrait pour l'introduction à propos du langage technique
et du langage poétique...
Une note90
Dir. M. Figeac, L’Ancienne France au quotidien. Vie et choses de la vie sous l’Ancien Régime,
Armand Colin, 2007.
« Mines et carrières », Paul Delsalle, p. 320-323, 321 « Les Vosges forment sans doute la première
région minière aux XVIe et XVIIe siècles, et cela sur les versants des trois provinces, la Lorraine,
l'Alsace et la Franche-Comté. On y prospecte l'argent, le plomb argentifère et le cuivre. » 323 Les
87 Das Feuer der Renaissance, Kramarczyk, 200579 Les « Sächsisches Hauptstaatsarchiv Dresden » contiennent la
plus ancienne représentation connue d’une mine de fer, avec tout le paysage urbain et fluvial autour, 1530.
88 Le premier à avoir exposé dans une encyclopédie le savoir de la mine est Sébastien Münster dans sa Cosmographie
universelle, à la demande du « juge des mines » de Sainte-Marie-aux-Mines, Johann Haubinsack. mine mode emploi
p. 63.
89 : les trieurs de minerai sont les « schaideurs » (de scheiden) ; cloweresses (laveuses, de klauben) et missenaires (de
la province de Meissen, migration des mineurs)
le schlak est la scorie du plomb liquide qu'écrème le mineur (allemand Schlake). Le « houttman »
est un chef mineur.
Le contremaître est un « verwaiser » Pour ces termes, mine mode d'emploi, pages 73, 78-80 et 83.
90 Voir entre autres la p. 253 qui mobilise successivement Claudien, Juvénal, Horace, Lucain et Virgile en quelques
vers.
machines d’exhaure sont des merveilles de perfectionnement ; la première est conçue en 1519-1522
en Alsace.
Georgii Agricolae De re metallica libri XII , quibus officia, instrumenta, machinae ac omnia... ad
metallicam spectantia non modo... describuntur, sed et per effigies... ob oculos ponuntur... Ejusdem
de animantibus subterraneis liber...
Bâle : Regis, 1621
Epître dédicatoire : f. a 2 r°« agricultura scientiarum nulla sine dubitatione vetustior, tamen hac res
Metallica est antiquior, uel saltem aequalis et coaeua »
V° évoque Vanuccio Biringuccio, « homo disertus », mais qui n’a pas parlé assez « de venis » ; son
livre a lui est divisé en « de materiis » et « de venis ».
Poème liminaire de Georgius Fabricius f. a4 v° :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5037683/f6.image
[…] Visceribus terrae lateant abstrusa metalla,
Uti opibus nescit quod mala turba suis ? [c’est parmi les arguments de défense du livre, les métaux
se cacheraient pour que la foule n’en sache pas son usage ?
3 Cite la querelle : après avoir réfuté l’idée que chercher l’or ne servirait à rien pour soi-même, vu
qu’on serait mort avant d’en profiter, passe à l’objection que la mine serait nuisible non seulement à
soi, mais aux autres : « Nunc venio ad eos qui eandem, caeteris hominibus utilem non esse aiunt ;
quia scilicet metalla et gemmae, et reliquia fossilium genera ipsis inutilia sint. Quod contendunt 4
partim probare argumentis, et exemplis, partim convitio a nobis extorquere. Utuntur autem primo
his argumentis : Terra non occultat et ab oculis removet ea, quae hominum generi utilia sunt et
necessaria ; sed, ut beneficia benignaque mater, maxima largitate fundit ex sese, et in aspectum
lucemque profert herbas, legumina, fruges, fructus arborum : At fossilia in profundo penitus
abstrudit : Eruenda igitur non sunt. Quia vero ipsa eruunt homines scelerati, quos, ut Poetae
loquuntur, ferrea ista aetas progignit, Ovidius eam audaciam merito insequitur his versibus :
(Nec tantum segetes… prodit bellum.)
Alterum eorum argumentum est: Metalla nullum utilitatis fructum homini praebent: Ea igitur
scrutari non debemus. Cum enim homo constet ex animo et corpore, neutrum eget fossilibus : animi
namque pastus suauissimus est contemplatio naturae, optimarum artium disciplinarumque cognitio,
perceptio virtutum, in quibus optimis rebus si se exerceat, saturatus bonarum cognitionum epulis,
nullius rei desiderio tenetur. Corporis vero natura, quamvis victu vestituque necessario contenta sit,
fruges tamen terrae atque diversi generis animantes, ipsi suppeditant mirabilem cibi et potionis
copiam, qua commodissime alitur, augescit, vitam ad multum temporis producit. [explique que les
vêtement servent au froid, mais que le fer ne sert à rien, sinon, selon le mot d’Euripide et de
Socrate :
Non opera sunt argentea atque purpura
Vitae hominum, sed magis tragoedis usui. [on ne trouve ces vers nulle part ailleurs que chez
Agricola]
Laudant etiam hoc Timocreontis Rhodii : Utinam, caece Plute, nec in terra, nec in mari, nec in
continente appareres ; sed habitares in Tartaro et Acharonte : ex te enim omnia oriuntur mala, quae
subeunt homines. Ad coelum laudibus extollunt versus Phocylidis : [Phocylide de Milet, à qui on
attribuait un poème didactique en 217 hexamètres, considéré aujourd’hui comme apocryphe ; c’est
donc une citation traduite de l’ionien du pseudo-Phocylide
Aurum atque argentum damno est mortalibus, aurum... -> natisque parentes.
Placet praeterea eis illud Naumachii : [Naumachius, poète gnomique, 73 hexamètres de la vie
domestique
---- argentum pulvis et aurum,
Pulvis …. -> sparsi.
5 Contra vituperant hos Euripidis versus :
Plutus deus sapientibus, sunt caetera
Nugae, simulque verborum praestigiae.
Item hos Theognidis :
Te pulcherrime et ô placidissime Plute deorum
Dum teneam, possum vel malus esse bonus. [Plutus, dieu des richesses, donne le paradoxe que
développe l’hymne de l’or. Il en tire encore dans Aristodème de Sparte, Timoclis et Ménandre.
Haec praeterea premunt argumenta, Metallorum fossionibus agri vastantur : quocirca quondam
Italiae cautum est lege, ne quis metallorum causa terram foderet, et agros illos uberrimos, ac vineta
olivetaque corrumperet. Sylvae et nemora succiduntur, nam lignis infinitis opus est ad
substructiones, ad machinas, ad metalla excoquenda : sylvis autem et nemoribus succisis,
exterminantur volucres et bestiae, quarum pleraeque homini sunt cibus lautus et suavis. Venae
metallicae lavantur, quae lotura, quia venenis inficit rivos et fluvios, pisces aut necat, aut ex eis
abigit. Cum igitur incolae regionum, propter agrorum, sylvarum, nemorum, rivorum, fluminum
vastitatem, incurrant in magnam difficultatem rerum, quae suppieditant ad victum, parandarum ;
propter lignorum inopiam, majorem impensam faciant in aedificia extruenda : palam ante oculos
omnium est, plus in fossione detrimenti esse, quam in metallis emolumenti, quae fossione pariuntur.
[Argument intéressant : plus de mal dans la mine que de bien dans le métal
Donc, les opposants à la mine clament contre elle… l’exemple de Bias !! (comme dans la poésie
morale) : … contra metalla clamant, Praestantissimum quenque virum virtutibus contentum ea
neglexisse : laudantque Biantem propterea, quod ista ludibria fortunae, ne sua quidem putaverit :
ejus enim patriam Prienem cum cepissent hostes, & sui cives, onusti rebus preciosis, dedissent sese
in fugam, interrogatus a quodam, cur nigil de suis bonis secum efferret, respondit : Omnia mea
mecum porto. [Puis un exemple de Socrate refusant d’être payé, et d’Aristippe méprisant l’or. 6
[Puis exemple d’Anacréon (le pseudo-) puis des empereurs, Phocion d’Athènes, Lycurgue à Sparte.
Puis exemples innombrables de crimes et de guerres commises au nom de l’or. Poètes cités en
conclusion : Properce, 7 Diphile, puis Plotin, puis à nouveau Juvénal en deux lieux. Puis il répète ce
que dit Pline à propos du fer, « cum Plinio stomachum movisset », comme Pline en avait l’estomac
retourné. Il ajoute cependant à Pline le « ferreus bombardae globus », qui brise la pierre et le marbre
les plus durs. « … de nostra aetatis impiis hominibus diceretur rectius, quam quondam de
Salmoneo, fulmina eos eripuisse Jovi, et a manibus extorsisse ». … Sed quoniam 8 bombardae,
quae in manu teneri possunt, hodie raro fiunt ex ferro, magnae nunquam, sed ex aeris et plumbi
candidi quadam mistione ; idcirco in aes et plumbum plura maledicta conferunt, quam in ferrum.
[C’est une vision naïve de l’influence de la technique sur la poésie ; je n’ai vu guère d’exemple de
cette simple translation du discours, mais c’est intéressant qu’Agricola montre qu’il en a
conscience] Cite d’autres métaux dont on fait des armes pernicieuses, et puis Horace à propos du
« plumbum liquidum » qui est un instrument de torture de son temps. Enfin : Itaque cum natura in
profundo terrae metalla penitus abstruserit, ad usus vitae non sint necessaria, spreta sunt ab optimo
quoque viro et repudiata, effodienda non sunt, et cum effossa semper multorum et magnorum
malorum causa extiterint, sequitur etiam ipsam artem metallicam hominum generi utilem non esse ;
sed noxiam, exitiosamque. Istis autem tragoediis viri boni complures ita perturbantur, ut odium
acerbissimum in metalla concipiant, eaque prorsus non gigni velint, aut genita a nemine omnium
effodi. [Intéressant qu’il ait repéré le « tragique » de la mine, c’est en effet une lamentation] Puis
Agricola promet d’extirper l’erreur (« omnis error… extirpetur »), ce qui à propos de mine est
curieux. Primum les hommes qui accusent les métaux accusent Dieu lui-même (« non vident, se
Deum ipsum accusare et scelerum damnare »). Deinde la terre ne « recondit », ne cache pas les
métaux pour qu’on n’en use pas, mais parce que c’est parmi les pierres qu’ils sont « tanquam in
vasis propriis, et materiae receptaculis », car dans les autres éléments soit ils ne peuvent pas être
créés, parce que la matière manque, soit nés dans l’air, ils ne trouvent pas où se reposer, mais par
leur force et leur poids retombent dans la terre, « etenim in reliquis elementis aut gigni non possunt,
quod ipsis materia desit ; aut genita in aere, id quod perraro evenit, non reperiunt locum consistendi,
sed sua vi suoque pondere deorsum in terram feruntur. » Il y a là une réponse technique (ou plutôt
chimique) à un argument éthique, si je ne m’abuse. D’ailleurs il en a conscience : Sed dicunt :
quanquam metalla sunt in terra, ut in proprio sui ortus loco, locata ; quia tamen inclusa et abdita
latent in occulto, non sunt eruenda. Il répond alors l’argument des poissons : cachés dans la mer,
environnement plus étranger à l’homme « terrenus animal » que les « terrae viscera », on va quand
même les chercher. 9 Mais nous nous nourrissons de poissons et non de métaux. Là, il accumule
tous les usages des métaux dans l’agriculture et dans le textile. Les gens qui voudraient se passer de
métaux « redirent ad glandes », « more bestiarum ». Puis Abeo ad exempla. Il reprend les exemples
successifs de Bias, Socrate et Aristippe, c’est une refutatio en ordre. Bias n’a pas pris d’objets
précieux pour éviter d’être poursuivi par les ennemis, en sage prudent [il y a ici confusion entre
sagesse et prudence je crois ; le stoïcien radical devient un bon stratège…] Il ajoute mesquinement
que Bias mépriserait vraiment l’or s’il l’avait distribué aux indigents en temps de paix, et non laissé
derrière lui en temps de guerre… C’est un argument de droite qu’on connaît, allez ! 11 Et ça
continue avec un paquet d’exemples qu’il conclut par « rem non curarunt ? non coluerunt agros ?
non habitarunt domos ? » 12 Et enfin l’argument que tout le monde attendait : le métal n’est pas mal
en soi, ce sont nos vices qui le rendent mauvais. Bello etiam causa res fossiles non sunt. Cite alors
Tibulle (Divitis hoc vitium est auri, mais Agricola le juge « non recte »), puis Virgile (auri sacra
fames). La page 13 recense les différentes manières de torturer et tuer sans user de métaux, c’est
très inventif. 14 L’or est l’ornement de la vertu comme il est la circonstance aggravante du vice ;
Agricola cite à son secours Pindare, Sappho, Callimaque et Antiphanes. Puis à qui les métaux sont
utiles ? Aux médecins, aux peintres, 15 aux architectes, aux pieux qui offrent des exvotos, aux
marchands, à tout le monde. Le mineur ne fait pas plus de mal à autrui que l’agriculteur dont le
champ rapporte. Par conséquent il est faux, le « vieux proverbe » qui dit que toute richesse est
inique ou héritière d’iniquité, Omnino verum non est illud vetus proverbium, Omnis dives aut
iniquus, aut iniqui haeres. En revanche il se range au mot du poète Naevius : Male parta male
dilabuntur… D’ailleurs les mines sont souvent mal partagées : Ubi spes aliqua metalli effodiendi
ostenditur : aut regulus, magistratusve, exturbat fodinae dominos ex possessione : aut callidus et
versutus aliquis civinus, antiquis possessoribus infert litem, ut eos aliqua fodinae parte spoliet : aut
praefectus fodinae ideo indicit domi 16 nis symbola graviora, ut, si ea dare noluerint, vel non
potuerint, omne jus possessionis amittant, ipse, contra quam fas est, amissum usurpet : aut denique
praeses fodinae venam, qua parte abundat metallo, oblinit luto, vel terris, saxis, assere, palo tegit, ut
aliquot post annis, cum domini fodinam, putantes exhaustam, deserent, ipse metallum relictum
fodiat, et ad se rapiat : praeterea colluvies metallicorum ex fraude, fallaciis, mendaciis, tota constat.
Le vice est partout autour des mines, tout le monde vole tout le monde… Il en arrive à citer Juvénal
sans le nommer.Ensuite 17 il attribue à chaque autorité le rôle qu’elle doit avoir pour une mine juste
et bien réglée. Il faut pour administrer une mine (fodina) et juger de ses conflits commerciaux un
homme « prudens, impiger, gnarus hujus artis ». Ce n’est plus le philosophe-roi, c’est le technicien-
roi… Ensuite il répond à l’accusation qu’on fait aux maîtres des mines d’être des « mercenarii ». Il
dit que c’est vrai de certains, comme de certains architectes, médecins, et autres « artes honestae ».
« Nec igitur metallica ea causa ipsarum a choro excludetur », il ne faut pas en exclure pour autant
l’art métallique du chœur des arts honnêtes. 18 fin du premier livre.
Liber secundus, 19
Quelles sont les qualités du « metallicus » ? D’abord il doit être pieux. Puis prudent, et descendre
« frequenter » dans la mine. 20 Il faut aussi omnes laborandi rationes intueri atque contemplari. Nec
id solum agere debet, sed interdum aliquos labores suscipere : non ut in iis se frangat, sed ut et suâ
diligentiâ mercenarios excitet, et eos doceat artem. [Double accusatif : leur apprendre leur art. Donc
il y a une vertu scientifique et morale à pratiquer des arts « interdum », de temps en temps.]
21 Il faut considérer sept choses avant de creuser une mine : Loci Genus, Habitum, Aquam, Viam,
Salubritatem, Dominum, Vicinum. Loci Genus : il y en a quatre, les deux premiers faciles à creuser
(montanum, collinum) les deux seconds difficiles (vallestre, campestre). Etc ; 23 il faut que le
dominus ne soit pas un tyrannus, ce sur quoi Agricola insiste beaucoup.24 Cite Lucain, III, 468-469
pour décrire les critères pour choisir le lieu… Puis Lucrèce lorsqu’il explique où se créent les
métaux : V, 1240 et suiv. [Puis longue dissertation sur la virgula, le bâton pour trouver les filons. 29
Liber tertius : ce sont les différentes dispositions d’un filon dans une montagne. 55 Liber quartus :
traite « de republica et officiis metallicorum » (p. 70), c’est d’abord la géométrie des mines et le
droit du sol, 70 enfin des remarques pratiques : les ouvriers ne travaillent pas le samedi (ils achètent
de quoi vivre la semaine), ni le dimanche (sacris operam dant). Le reste du temps ils travaillent
absolument sans interruption : Porro totum hoc genus operariorum durum est, et ad labores natum.
(Porro = d’ailleurs). Il appelle l’ouvrier « operarius, ii ». Liber quintus : il va s’agir de la technique
pour creuser une mine. 74 Les galeries horizontales sont des « cuniculi », les puits les rejoignent à
la verticale. Parfois une galerie intermédiaire est appelée « krypta » en grec : elle n’a pas de sortie,
elle est creusée à partir du fond d’un puits ; les kryptai sont « latentes et occultae ». [pour le secret.
Ensuite traite longuement de la manière de reconnaître une terre féconde en métaux précieux. 80 On
brise les plaques de métal entrouvertes (bracteae crispatae) en enflammant des bouts de bois. Puis il
explique comment faire tenir un puits et une mine et que tout ne s’écroule pas. Ensuite beaucoup de
géométrie des triangles, pour faire se rencontrer le puits et la galerie. 107 Liber sextus : les
« ferramenta », les outils des mineurs et des forgerons. 110 Ligo (la faux), batillum (la pelle) sont
des noms de dictionnaire. Rutrum (la truelle) et modulus (115, le seau), est par contre dans le De
Architectura au livre VII, et peut-être qu’il y a là la source de « la truelle crossée » pour Ronsard ?
Ou en tout cas ce qui autorise son usage] et bulga (sac de cuir), est dans Münster. « fornacula »
(176) est un mot d’alchimistes. « Mortariolum » (183, la coupelle) est un terme biblique (Nombres,
VII). [Dans ce livre six, plus on avance dans les puits, plus ils sont élaborés ; le dernier est une
véritable machine aux dimensions surhumaines, p. 120. 174 Liber septimus : il va s’agir de traiter
le minerai, ce dont pas plus que les anciens, « aetate posteriores nihil de eo scripserint ». C’est le
plus technique des chapitres : il traite de la fonte et de la manière d’évaluer la valeur d’un filon
(vena ; la dernière gravure est une balance). 208 Le livre huit est le « majus opus », celui qui traite
de l’affinage des métaux. 216 la confection des « ollae », des marmites en terre par un potier, fait
partie du travail de la mine. L’acmé technique est peut-être la machine de la p. 234 qui « una auri
venam uno eodemque tempore tundat, molat, lavando purget, cum argento vivo permisceat aurum ».
Le livre neuf est sur les fourneaux. Catinus : le creuset. 350 Il me semble qu’il y a là l’explication
de l’emblème de Corrozet : « Fovea cui ligna super posita sunt », fossé sur lequel sont posé des
bâtons. Il en sort du plomb par le catinus, comme un fourneau sauf que ça n’en est pas un. Le
plomb « goutte » du filon (stillat, dit Agricola). 354 Liber decimus : c'est du raffinement des métaux
alliés. Le verbe est « discernandi ». 363 un fourneau dans un décor à l'antique : annoblissement. 393
Liber undecimus : de même. 439 Liber duodecimus : les « succos concretos », qui ne sont pas à
proprement parler des métaux, c'est le déchet des minerais. Mais pas seulement : il s'agit des vitriers
par exemple à la fin. Cette édition est suivie du De animantibus subterraneis. **
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5037683/f14.item
323 La Semaine de Gamon a connu plusieurs rééditions mais une seule traduction en latin de sa
première journée (par une femme, Jaqua Françoise Pautrard), tandis que celle de Du Bartas a été
traduite en latin par Du Monin (1579) puis par Gabriel de Lerm (1583).
Marco Beretta, « Humanism and the Emergence of Early Modern Chemistry : The Spread of
Georgius Agricola's Metallurgical Writings », p. 7-30
7: outside the chemical tradition. La fondation de la chimie est réservée à Paracelse dans son refus
de la physique aristotélicienne. 8 : chez Paracelse l'experiment est supérieur à la dispute
philologique.
8 : pour Paul Oskar Kristeller dans Renaissance Thought, New-York : Harper, 1961, p. 10,
l'humanisme se définit par une attention à certains domaines précis : grammaire, rhétorique,
poétique, histoire, philosophie morale. Exclut la logique, la philo naturelle, la métaphysique, les
mathématiques, l'astronomie, la médecine, la théologie, qui sont pourtant des repères de
l'humanisme de la Renaissance. 9 : d'autres critiques au contraire, comme Eugenio Garin, Gli
umanisti e la scienza, 1961, considèrent que l'humanisme et la science sont indiscernables.
Découverte d'un texte ancien = considérée comme une découverte scientifique [à la nuance près que
découverte, ici = redécouverte.
11 : l'intérêt d'Erasme, sa participation même (le livre contient une lettre-préface d'Erasme) montre
qu'il ne s'agit pas uniquement d'un travail scientifique vu qu'Erasme ne s'intéresse pas à la science
d'habitude. L'un de ses Colloquia intitulé « L'Alchimiste » est même opposé à l’alchimie. 13 : de
même le Bermannus se moque des indocti et inepti Chymistae.
12 : la démarche d'Agrcola est humaniste : les res et les nomina ont été oubliés pendant aliquot
seculis ; on leur a préféré des noms « barbares ». Les sources ne sont pas arabes et médiévales, mais
antiques : Hippocrate, Galien, Dioscoride, Pline, Vitruve, Orbasius. 20 : Agricola par exemple
récuse l'association planète-métal, dont il rend reponsables les arabes et Albertus Magnus. 21 : Au
contraire, une observation de Lucrèce sur la naissance de certains minéraux à la ssuite de feux de
forêts (V, 1241-1257) est reprise comme absolument certaine, comme observation de la nature tout
court.
13 Selon Halleux et Yans, 5 règles por nommer les minéraux : 1 : utiliser le latin classique 2 :
spécialiser les termes latins lorsqu'ils sont trop généraux 3 : utiliser des circonlocutions si nécessaire
4 : traduire en latin les termes allemands 5 : Eventuellement, latiniser les termes allemands lorsque
pas d'équivalent. Ce sont donc les mêmes règles que Gesner ou Andreas Caesalpino ont appliqué à
la botanique.
15 : Agricola propose parfois des distinctions entre des métaux sur la base de leurs réactions à
certaines opérations chimiques, ce qui est quasi inconnu des Anciens.
18 : Agricola n'hésite pas à renouveler entièrement le savoir technique, comme au sujet de la
branche fourchue (virgula divina) utilisée dans la prospection, qu'Agricola rejette. 19 : ou les
démons des mines, les gnomes, dont Agricola ne réfute pas l'existence daans son De animantibus
subterraneis liber en 1549.
24 : Le succès d'Agricola se mesure à sa présence dans les bibliothèques privées d'un grand nombre
de chimistes.
Voir dans L'Apparition du livre, 1958, p. 418-420, l'importance des bois d'Agricola dans l'histoire
du livre.
des exils : avant elles, « Les marchez n'estoient point, ny les peaux des ouailles / Ne servoient aux
contacts : les paisibles orailles / N'entendoient la trompette : ains la Tranquillité... » (« Élégie IIII »,
Rons., t. II, p. 332, v. 65 et suiv.). « orailles » v. 66 : bordure, orée (<ora) « Ora » et « qui primus »
sont dans le premier vers de L'Enéide :
Arma uirumque cano, Troiae qui primus ab oris
Italiam fato profugus Lauiniaque uenit
litora...
« [J]e chante [les armes] et l'homme qui, premier, des bords de Troie vint en Italie, prédestiné,
fugitif, et aux rives de Lavinium... » (en excluant les faux quatre premiers vers). p. 4-5 de
l'Enéide, livres I-IV, éd. et trad. Jacques Perret, Paris : Les Belles Lettres, 1992.
[donc c'est l'épopée dans son principe même qui est déploré ; l'état de nature est celui avant
l'arrivée d'Enée ; Virgile sera dit l'inventeur de l'orfèvrerie dans un autre poème...
Anne-Françoise Garçon et André Grelon (dir.), Penser la technique autrement, XVIe-XXe siècle. En
hommage à l’œuvre d’Hélène Vérin, Paris : Classiques Garnier, 2017, p. 61
Marcus Popplow, « Nouveau, utile et ingénieux. Les ingénieurs de la Renaissance, inventeurs d’un discours sur
la technique », p. 59-72.
Isabelle Pantin, « Faire accoucher le temps. Le philosophe et les dernières arcanes de la création, de
Paracelse à Kepler », dans Seizième siècle, n° 2, 2006, p. 195-214.
204 « L’adage Veritas filia temporis participe donc aussi de toute une conception religieuse de la marche de
l’histoire, avec l’idée qu’il entre dans le plan de la Providence de révéler progressivement les ‘’secrets du
monde’’ ». C’est utile pour décrire Nature ouvrant ses flancs. La nature est alors des arcanes en même temps
qu’un grenier, une réserve de secrets : des penetralia (le mot est de Kepler).
Claudine Jomphe, Les théories de la dispositio et le Grand Œuvre de Ronsard, Paris : Honoré
Champion, 2000
p. 340-350, elle montre que malgré les exhortation de tous les dieux et de tous les
personnages, Francus est un anti-héros qui n’est jamais convaincu que l’héroïsme met à l’abri
des revers de Fortune.
Claudine Jomphe, « La Rochelléide et les voies du poème héroïque », dans Frank Greiner et Jean-Claude Ternaux (éd.),
L’Epopée et ses modèles de la Renaissance aux Lumières, Paris : Honoré Champion, 2002, p. 247-271
267 Une ode « Sur les presens troubles de France », qui s’insère entre La Rochelleide et les quatre sonnets finaux,
développe une matière et un style héroïque dont l’absence éclate plus encore dans La Rochelléide. 268 L’événement
héroïque de la mort du duc d’Aumale est absente de La Rochelléide, et ne se trouve que dans le Tombeau de Claude de
Lorraine, Paris : Du Pré, 1573.
JOMPHE, Claudine (Saint-Louis) La Rochelleide de Jean de la Gessée (1573) et les voies du poème héroïque au
lendemain de la Franciade — p. 268 : De même, un événement aussi héroïque que la mort du duc d'Aumale, lequel périt
selon les meilleures règles martiales et poétiques, d'un coup de canon, n'est aucunement exploité dans le registre
guerrier dans La Rochelleide : pas le moindre élément descriptif, si bien que le lecteur pourrait croire le duc mort d'une
pneumonie ! C'est dans le Tombeau que La Gessée lui consacre, oeuvre essentiellement encomiastique, que D'Aumale
se dresse en héros guerrier : « Bellone à l' oeil furieux / Guidoit les coups de sa lance » avant que « Mars l'injurieux /
[Ne fût] jaloux de sa vaillance : / Si que le boulet meurdrier / D'un Canon espouvantable, / Vint abatre ce Guerrier »".
Mais dans La Rochelleide, c'est par son expérience prophétique et l'épreuve morale qui s'ensuit, soit la marche vers une
mort assurée, qu'il s'élève au-dessus du commun des mortels et se rapproche du héros grec Idmon. Ces différences de
fond et de forme entre La Rochelleide et certaines œuvres encomiastiques que La Gessée publie à la même époque
laissent penser que la première, comme d'ailleurs l'indique son titre, contient des louanges de divers personnages mais
n'est pas, ellemême, un poème principalement encomiastique'.
Francis Goyet, Le Sublime du « lieu commun ». L’invention rhétorique dans l’Antiquité et à la Renaissance, Paris :
Classiques Garnier, 2018
« Avant-propos »
I : au cours du travail, F. Goyet est passé de « lieux » (topoï, Aristote) à « lieux communs » (Cicéron), passage « vécu
comme une conversion ».
121 n. 1 : « technologia » est un mot de grec tardif (Bailly cite Plutarque) qui signifie un « exposé des règles d’un art ».
Mais les rhétoriciens sont plutôt nommés « technographoï ».
591 Le terme de « redigere », que FG traduit régulièrement par « faire entrer dans sa rubrique », peut signifier « faire
entrer de force », comme lorsque Sénèque critique la maladie des scholastici de faire entrer de force les exemples qu’ils
ont appris dans les causes qui n’ont rien à voir. P. 604 un texte du XVIe siècle traduit « redigere » par « compasser », ce
que FG trouve correct.
[Francis Goyet est un redactor maximus. Je m’étonne que le terme de materia n’apparaît qu’une fois
dans les 700 pages de l’étude sur l’inventio…]
L'éloquence de la chaire n'est alors jamais loin, comme le montre ce stylème de sermons, « Tout
ainsi que... ainsi... » :
Dès lors la signifiance chrétienne du savoir technique s'interprète comme la volonté de s'adresser au
vulgaire et de lui donner accès au savoir moral.
Dans Le Tresor de Evonime, p. 27 et suiv., des gravures vraiment intéressantes qui aident à
interpréter les emblèmes. C’est la trad. de Conrad Gesner par Barthelemy Aneau, Lyon 1555.
Malheureusement c’est sur Gallica intra muros. p. 27 un grillage semblable à celui dans Corrozet
FAUX c'est pour épurer l'eau !
Histoire des techniques, dans L'Encyclopédie de la Pléiade, Pléiade, 1978, éd. Bertrand Gille
Section « Les Origines de la technique », Bertrand Gille, p. 119-176
122 « La mythologie des techniques est abondante, mais inégalement répandue. Elle existe dans les
religions polythéistes, rarement dans les religions monothéistes. » [intéressant pour La Semaine
124 « Dans un système technique donné, Héphaïstos apparaît donc bien comme la puissance
complémentaire d'Athéna. A eux deux, ils représentent presque toutes les activités techniciennes de
la haute époque. »
126 « les techniques de Prométhée sont les techniques du feu ; elles touchent les métallurgistes,
comme les potiers et sans doute aussi les cuisiniers. »
Philippe Morel (dir.), L'Art de la Renaissance entre science et magie, Rome : Académie de France à
Rome / Somogy éditions d'art, 2006.
Patricia Falguières, « Poétique de la machine », p. 401-449
402 l'engouement de l'historiographie pour les curiosités part de l'hypothèse d'un Entzauberung des
91 Corrozet p. 135, « S’aider de tous ses membres », faire feu de tous bois :
Welt », un désanchantement du monde, dans lequel on voudrait trouver la marque par le retour à
une époque antérieure à la « mathématisation de l'expérience » (Koyré). 404 Fait significatif : le
successeur de Ramus au Collège Royal, son disciple aussi, fut l'éditeur le plus accompli des
Mécaniques d'Aristote, qui les dédia à Henri IV : le médecin et mathématicien Henri de
Monantheuil.
405 Les Aristotéliciens, italiens en particulier, sont prêts dès le XVIe siècle à nommer « art » la
poésie, ce qui ne va nullement de soi. 405 à la fin du siècle, on nomme ainsi la mécanique
indifféremment une science ou un art. 407 Peletier, comme quelques autres, use pour décrire les
liens de mécanique et de spéculative d'une métaphore érotique.
422 Lorsqu'en observant la nature pour inventer une machine, on arrive à résoudre un problème
technique, on « vérifie la mimêsis ».
Il n’est pas fréquent que Scève se réfère directement, comme ici, à un élément de mythologie
païenne (ici Vulcain forgeant les flèches d’Amour, dans Ovide, Mét., I, 464 sq.)
Dans le Liber I : De stellis de ses Poemata (Venise : Alde, 1513 [1505]), après
l’énumération des étoiles et le récit de la création de l’homme, Pontano raconte l’« Ignis inventio »,
invention qui entraîne avec elle tous les autres arts du feu, p. 22 r° :
Finalement la poésie (« Carmen ») elle-même est un art du feu, ou le résultat d’un art du feu,
comme le droit et l’économie. Le Bref sommaire ne Guillaume Telin (1533) ne dira pas autre chose.
Festugière, La Révélation d'Hermès Trismégiste, t. II : Le Dieu cosmique, Paris : Les Belles Lettres,
1981.
Préface, XVII Platon est « le père de toute la pensée religieuse hellénistique ».
Sénèque, Pline, Epictète s'inspirent de l'hermétisme de Philon, qui constitue le terminus ad quem de
cette étude.
X Hermès Trismégiste n'est pas original : c'est en cela qu'il sert de témoin.
Paracelse dans la poésie du XXe siècle : p. 6 de Beaujour, Michel. 1999. "La Renaissance
Fantôme." Europe 77 (847): 8. http://acces.bibliotheque-diderot.fr/login?url=https://search-
proquest-com.acces.bibliotheque-diderot.fr/docview/1303143994?accountid=15868.
La fournaise alchimique est une image de l’argumentation dans La Fournaise ardente, et le four de
Reverbere, Paris : Fleury Bourriquant, 1603.
Stéphanie Lecompte, La Chaîne d'or des poètes. Présence de Macrobe dans l'Europe humaniste, Genève : Droz,
2009.
Double problème de la poésie païenne : « Comment justifier que l'on cache une vérité sous l'enveloppe de
l'allégorie ? Comment légitimer l'interprétation allégorique d'un texte ? »
105 Mapalia, ium, n. pl. : cabane, hutte.
106 Fandus, a, um, adj. : ce qui peut être dit.
136 La défense de la narratio fabulosa s'empare des arguments qui justifiaient l'usage des mythes dans la
philosophie grecque pour en faire la défense des inventions poétiques chez Macrobe.
Le moyen français
Un aspect de la réception du Roman de la Rose au xvie siècle : le cas de Pierre de Ronsard
Author: François Rouget
Pages: pp. 111-129
111 Texte « majeur, mais rarement avoué » pour la Pléiade. 112 Binet décrit Le Roman de la
Rose comme la lecture favorite de Ronsard. 113 22 éditions de 1480 à 1538 : gros succès.
129 Il finit par un appel aux thèses sur le sujet.
Isabelle Pantin, « Faire accoucher le temps. Le philosopheet les dernie`res arcanes de la cre
´ation, de Paracelse a` Kepler »,Seizie`me sie`cle, no 2 (2006), p. 195-214.
Pierre Hadot, Le Voile d’Isis. Essai sur l’histoire de l’idée de Nature, coll. « foli essai », Gallimard,
2004.
Avant-propos : 15 Plutarque rapporte cette inscription antique sous une statue d’Isis : « aucun
mortel n’a soulevé mon voile ».
[Le premier chapitre retraduit précisément Héraclite et conclut que « ce qui naît tend à disparaître »,
c’est-à-dire que tout est à l’état de métamorphose, même ce qui nous semble le plus stable a un jour
de naissance et un autre de mort.
Partie V : « L’attitude prométhéenne. Le dévoilement des secrets par la technique »
Chapitre 10 : « Mécanique et magie de l’Antiquité à la Renaissance ».
144 Problemata mechanica, texte péripatéticien du IIIe s. av. : « Provoquent l’étonnement toutes les
choses qui arrivent conformément à la Nature, mais dont nous ignorons la cause, mais aussi toutes
les choses qui, arrivant d’une manière contraire à la Nature, sont produites par la technique (technè)
pour l’intérêt des hommes », sur la merveille que provoque la technique.
La Délie se distingue formellement des livres d’emblèmes publiés depuis 1531 et les
Emblemata d'Alciat. En effet aucun dizain « ne fait bloc avec la gravure » de manière à être
identifié de façon certaine comme sa subscriptio épigrammatique ; les cadres se succèdent
dans le même ordre de formes ; les figures et leurs devises sont cernées de volumineux
cartouches surchargés de personnages et d’objets 107. Ces éléments essentiels de la disposition
formelle du recueil déplacent les figures à la frontière du genre de l’emblème et permettent de
les faire entrer en résonnance avec tout leur co-texte proche, et non avec une subscriptio
unique.
Petri Costalii [Piere Coustau], Pegma, cum narrationibus philosophicis, Lyon : Mathias
Bonhomme, 1555. p. 183
In Vulcanum. Saepissimè mundiores, rusticis & cocis esse ἀναφροδιτοτέρους/anaphroditoterous,
hoc est uti Venere minus propitia. [Smith hammering at an anvel: kiln in background. He is flanked
by two female figures in diaphanous drapery.
Non ego Vulcanus cupiam, aut Cillenius[Mercure] esse,
Sed mage Vulcanus Mercuriusque simul.
At si te fatum similem vetet esse duorum,
Dic utra mavis conditione frui?
I wouldn’t want to be Vulcan, or Cyllenius [Mercury]: I’d rather be both Vulcan and Mercury at
once. But of the two, if fate forbade you to be like [both], Tell me, which circumstance would you
rather enjoy?
Aliud.
Hispidus ardenti regnans Vulcanus in Aetna,
Quem sibi vel generum pallidus Orcus emat:
Anne potest veneris taedas adiisse iugales?
Et χάριν aeterno conciliasse thoro:
Quas nec Atlantei concors suadela nepotis
Ausa est Treiciis sollicitare sonis.
Cui lacera impexo pendet lacinia mento,
Quemque suum, pingui iure, culina facit,
O quoties cultis palpum rivalibus egit:
Et retulit Paphiae caeston & arma deae:[Paphie = Vénus
Delusit quoties pictae tectoria linguae,
Vicit & heroum lucida φίλτρα ducum.
Shaggy Vulcan, king of fiery Etna, Whom [such a one as] pale Pluto might appreciate for a son-in-
law: Can they possibly have lit the torches for his wife Venus? And can he have succeeded in
winning Charis to his immortal marriage-bed - When not even the harmonious persuasiveness of the
grandson of Atlas [Mercury] with his Thracian songs [lit. sounds] dared try to sollicit for this?
[Vulcan,] whose beard is unkempt, who is hung with torn rags, Whom the kitchen claims as its own,
by fat right: Oh! How many times has he pushed away his posh rivals with the flat of his hand, To
bring back the girdle and arms of Paphian Venus: How many times has he outwitted the subtleties
of fancy speech, And fought off the gorgeous attractions of warrior heroes.
Problema
Quaeris despectae qua tanta occasio formae,
Et clarum ingenii tam iacuisse decus:
Ut referant Cypriae praestantia munera divae
Queis nulla est patrio mista lepore venus?
Scilicet ista suas nostri docuere puellas,
Qui nisi non meritis praedia sacra ferunt.
You ask what great opportunity has come the way of ugliness, And [complain] that the bright glory
of the intellect has fallen so low that those who have no sexual wow-factor combined with inherited
charm carry off the finest prizes of the Cyprian goddess. Of course, our chaps have taught that to
their daughters - They pass the holy estates only to those who don’t deserve them.
Georgette
Plusieurs fois (p. 15, 74) le potier est l'image du démiurge.
L'ode 10 du Troisiesme livre de Ronsard est imitée de l'épode XVII qui ne compare pas à un
fourneau mais à un Etna l'amour
Dans ces exemples, la poésie trouve, par une connaissance suggérée ou alléguée des
arts du feu l'isotopie d'expression d'une expérience racontable, versifiable, l'expérience des
lois naturelles par le fourneau bien sûr (attitude prométhéenne), mais aussi et en même temps
l'expérience au sens que Walter Benjamin donne à ce mot (que l'on rapprochera plutôt de
l'attitude orphique). L'alchimie, lorsqu'elle est une simple isotopie réceptacle de cette
expérience, n'est plus qu'une manière poétique de faire entendre la connaissance, par le poète
inspiré, des secrets naturels. Dans sa thèse de 1995, Frank Greiner distinguait au cours du
XVIe siècle deux glissements de l'alchimie, d'abord vers la iatrochimie dont le « sens
religieux » remplace parfois complètement la recette chimique elle-même, puis vers les
belles-lettres et notamment la poésie108. Mais les secrets de la iatrochimie sont toujours
potentiellement présents, sous forme d'influence intertextuelle, dans le poème alchimique
même lorsque son ambition est exclusivement esthétique et que la chimie n'en est que la
matière contingente.
Guillaume Carnino, Liliane Hilaire-Pérez et Aleksandra Kobiljski (dir.), Histoire des techniques. Mondes, sociétés,
cultures, Paris : P.U.F., 2016,
Chapitre 14 : Culture et technique, Dagmar Schäfer et Marie Thébaud-Sorger, p. 369-395
Science et technique au Moyen Âge (XIIe-XVe siècle), dir. Joël Chandelier, Catherine Verna et Nicolas Weill-
Parot, Vincennes : Presses Universitaires de Vincennes, 2017.
Introduction
8 Les techniques et les sciences semblent deux mondes séparés au Moyen Âge, malgré les tentatives de Guy
Beaujouan pour les réconcilier.
16 La scholastique n’a pas été si éloignée de s’intéresser à la technique qu’on le croit (Roger Bacon en premier
lieu rêvait bien d’une scientia experimentalis).
19 Les monnayeurs sont peut-être les seuls artisans médiévaux à écrire des traités de monnayage, « une forme
précoce de réduction en art ». Mais il y faut beaucoup de connaissances abstraites, arithmétiques…
[Le lien entre arts et science au Moyen Âge : la notion de prudence.] « Science, art et prudence à la fin du Moyen
Âge (XIIIe-XIVe siècle) », Aurélien Robert, p. 35-63
[Sujet caduc : 50 le choix entre rhétorique et poésie serait « traumatisant » pour Lemaire de
Belges ?? C'est plaquer HMK
Le problème de ce bouquin, c'est que la table des matières est inutilisable, on ne peut rien
comprendre à ses expressions bizarres. Si j'avais du temps à perdre je referais entièrement
cette table des matières pour lui donner du sens
Bradamante, Robert Garnier, éd. Hervier 91 : p. 77 « Tout l'Orient n'est point en gemmes si
fécond... »
** James Dauphiné
Goulart et Garrault utilisent le même argument « c'est ce qu'on en fait, pas le fer en soi, qui a une
valeur... »
caduc 863 Le Quintil horatien est contradictoire dans ses appels à l'humilité du poète : soit il doit se
contenter d'amuser comme Saint-Gelais, soit il doit se contenter de matières sérieuses, tel un
Bouchet.
1056 Ronsard ne cesse de traverser d'un côté et de l'autre le « seuil de la précarité » (F. Joukovsky)
108 Frank Greiner, Les Métamorphoses d'Hermès. Tradition alchimique et esthétique littéraire dans la France de l'âge
baroque (1583-1646), Paris : Classiques Garnier, 2018, 51-57.
qui sépare éternité et mortalité.
[Il y a quelques remarques sur les psaumes de Marot]
1116 à propos du « Verre » de Ronsard : « Formé de feu et de vent, facile à briser, le verre offre
ainsi, en dehors du domaine amoureux, l'exemple le plus suggestif d'un « sujt caduc » dont la
caducité même est thématisée » : « le « bas » est en quelque sorte le fourrier du « moyen » » ;
fourrier=lieutenant distributeur de vivres ; avant-coureur.
Gustavo Guerrero, Poétique et poésie lyrique. Essai sur la formation d’un genre, Seuil, trad. Anne-
Joëlle Stéphan et l’auteur, 2000 [1998].
9 La tripartition épique/lyrique/dramatique est « une des plus grandes illusions rétrospectives de
l’histoire de la poétique ».
16 Platon autorise dans sa République, même avec la censure la plus rigoureuse, les hymnes aux
dieux et éloges des hommes bons, mais pas des hommes vivants : ce que Pindare et les lyriques se
plaisent généralement à faire. Donc c’est à tort qu’on a soutenu que Platon autorisait les lyriques
dans sa République.
17 Il est clair que melos signifie membre ou partie, dans les hymnes homériques.
34 La Poétique d’Aristote ne suffit absolument pas à définir le lyrisme puisque le poème, pour
Aristote, est nécessairement mimétique d’une action. 35 La Renaissance devrai faire avec ce
« silence d’Aristote » pour définir son propre lyrisme.
37 C’est dans le hiatus, inconnu de nous, entre Aristote et Horace qu’est théorisé le canon des
« neuf lyriques » (ennea lyricoi) en même temps que l’adjectif lyrique remplace celui de
« mélique » (qui replaçait lui-même melopoios). Dans les éditions alexandrines le canon crée un
genre poétique appelé « eidos ». On peut constater par les éditions des lyriques qui nous sont
parvenues que s’ils avaient « un concept élaboré de lurikos, leurs travaux éditoriaux ne l’expriment
en rien ». Probable que leur définition soit très floue ou s’appuie sur la lyre.
55 Dans la période augustéenne, lyricus se généralise et dénote tout poète, Horace au premier chef
bien sûr. Horace apporte un contrepoint à l’absence de théorie lyrique chez Aristote.
71 Il y a bien, contrairement à ce que dit Foucault, une vision de l’analogie chez les hommes de la
Renaissance lorsqu’ils pensent que la chanson est une ode, et les romanzi naturellement sont des
épopées.
73 Dante voit Horace comme un « satiro », Pétrarque comme un « lyricus poeta », du temps a passé
entre les deux. 74 Avant Pétrarque, on considérait que les Carmina d’Horace n’avaient que peu de
prix.
82 À la Renaissance, Horace est d’abord lu comme un interprète d’Aristote et de sa Poétique, ce
qu’il n’est nullement ; mais plus Aristote sera connu, plus l’absence de catégorie lyrique sera criante
et entraînera de débats sur le terme clé de mimêsis.
136 « Objet d’une querelle ardue et souterraine, jamais tout à fait ouverte ni tout à fait explicite, le
genre [lyrique] met en jeu au moins deux termes qui occupent uen place primordiale dans
l’ensemble des croyances qui dominent l’époque : d’un côté, la dignité littéraire des langues
romanes ; de l’autre, l’autorité du Stagirite en matière de poétique. »
MONFERRAN, JEAN-CHARLES. “Ce Que L'on Ne Peut Imiter Et Que L'on Ne Peut Apprendre,
Ou Ce Que Les Arts Poétiques Français De La Renaissance «Montrentau Doigt» (L'exemple De J.
Peletier Du Mans Et De Quelques Autres).” Littérature, no. 137, 2005, pp. 28–39. JSTOR, JSTOR,
www.jstor.org/stable/41705054.
30 Paradoxe [qui est celui de l’idéal de Lecointe] : il faut imiter Virgile, et c’est impossible.
36 Peu à voir avec mon sujet : c’est à propos de la « singularité d’écrire » (Peletier), de l’inimitable
du style.
37 Face à cet « inenseignable », « La solution préconisée par Ronsard est finalement celle d’un
renoncement, d’un repli, conscient de son insuffisance, sur la seule technique (ou presque),
contrairement à celle de Peletier qui conserve cette tension au cœur de son texte et réfléchit
continûment à la difficile adéquation de l’idéal et de la différence. »
38 C’est la compositio verborum ou junctura qui distingue les grands auteurs (cf. ma confusion,
dans le M2, avec la dispositio).
Suivant la distinction latine entre otium et negotium, l’écriture poétique est perçue à la Renaissance
comme un moment en-dehors de la journée de travail, de l’occupation d’un métier ou d’une
profession, moment de retraite et d’oubli du monde. La poésie, comme la nuit, est un état d’esprit
propre à amener des visions oniriques,
« Faisant noyer dedans l’oubli du somme
Tout le souci du jour laborieux »109,
comme l’écrit Du Bellay au début du Songe. L’imitation d’Horace donne une importance nouvelle à
l’Ode II, 16 qui figure le poète au repos :
« Le repos (otium), voilà ce qu’il voudrait obtenir des dieux, le marin qui se retrouve
surpris au beau milieu de la mer Égée […]. À moi, la Parque qui ne ment pas a donné
un modeste domaine, le souffle délicat de la Muse et le dédain de la foule
malveillante. »110
Le poète des Carmina, l’autorité pour tous les arts poétiques renaissants, déplore la vaine agitation
des hommes et décrit la poésie comme un repos pieux, cadeau des dieux.
Pourtant, certains poètes à la Renaissance ont pu faire l’éloge du negotium, de l’agitation qui
anime l’homme d’un métier ou d’une profession. On pourrait alors penser que la finalité n’en est
pas poétique ; L’Histoire des Vers qui filent la Soye de Béoralde de Verville constitue ainsi pour la
critique une sorte de « poème publicitaire » où la versification est « au service des industries
soyères tourangelles »111. Verville y apprend à son lecteur l’admirable concours de techniques et de
phénomènes naturels impliqués dans la production de la soie ; la lecture en est ardue et technique.
Pour cette raison, le savoir précis au sujet d’un négoce ne manque pas d’être condamné par certains
poéticiens. Gardons-nous cependant de rejeter toute la poésie didactique hors du champ des
« productions artistiques », comme le fit Hegel112. C’est-à-dire toutes les disciplines spéculatives ;
mais quant aux savoirs pratiques, il suffit qu’il donne l’apparence de les connaître, quoiqu’il ne soit
instruit que des principes : « les arts mécaniques ne lui doivent être inconnus : Au moins en doit-il
savoir les principales adresses, usages, et vocables : pour en parler dedans ses Écrits de telle grâce,
et de si bonne atteinte, qu’il semble bien qu’il ne soit pas ignorant de ce qu’il ne dit pas. »113 Un
poète dont le propos est trop technique prend le risque du manque de « grâce ».
Dès lors, s’il est naturel de consacrer un poème, parfois aussi long que la Sepmaine de Du Bartas
(1578), au savoir « philosophique » que l’on maîtrise pleinement, il l’est beaucoup moins de
s’étendre sur des « arts mécaniques » dont on ne connaît que des éléments. Suivant la définition
d’Albert-Marie Schmidt en 1938 au terme d’une étude générale du genre, la poésie scientifique (ou
poésie didactique114) possède la caractéristique d’être une poésie de connivence :
Jean Lecointe, dans sa thèse sur les figures de poètes à la Renaissance, a remarqué une
« contradiction non perçue » dans les représentations de Virgile en tant que poète et maître d’un
savoir120 : dans ses Opera éditées par Sebastian Brant, les xylographies le représentent (en tant
qu’auteur de poèmes scientifiques) assis dans sa chaire professorale, et plus loin (en tant que poète
mélique) regardant au ciel, la lyre à la main. Images inconciliables. Le professeur ne tient pas de
lyre, le poète ne tient pas en chaire. En somme, il semble exister un « conflit d’intérêts » entre le
poète et le professeur121.
Trouver dans la poésie de l’Antiquité des enseignements concernant tous les domaines et en
116 Violaine Giacomotto-Charra et Jacqueline Vons, « Les textes scientifiques à la Renaissance », dans Seizième Siècle,
n. 8, mars 2012, p. 10.
117 Violaine Giacomotto-Charra et Jacqueline Vons, op. cit., p. 12.
118 « Les notions de poétiques contemporaines des Grands rhétoriqueurs faisaient de la complexité formelle un critère
d’excellence professionnelle : plus l’exercice prosodique est difficile, plus le poète est talentueux », dans Technique
and technology : script, print and poetics in France, 1470-1550, Oxford : Clarendon Press, 2000, p. 2.
119 Chez André Mage en particulier, voir LS 2005, p. 56, n. 9 et 11 : André Mage use parfois des licences permises par
« l’ancienne poétique ».
120 Op. cit., p. 30-31.
121 Frances Muecke et Robert Forgács, op. cit., p. 436.
particulier concernant l’écriture poétique, la démarche est autorisée depuis au moins la
« renaissance médiévale » du XIIe siècle. Les poètes latins sont des maîtres pour les poètes
renaissants, en français comme en néo-latin, et l’Art poétique d’Horace constitue le modèle de
toutes les poétiques du XVIe siècle. Mais le poète moderne n’est pas si légitime à dispenser son
savoir en tant que professeur.
Histoire des techniques, dans L'Encyclopédie de la Pléiade, Pléiade, 1978, éd. Bertrand Gille
Section « Technique et langage », Bernard Quemada, 1146-1240
1148 distinction fondamentale : langue technique et langue commune
1148-9 « L'appartenance d'un vocable à un domaine technique est acquise par le fait d'être utilisée
dans une communication à thème et en situation techniques. » [un décor technique donc : la forge
de Vulcain par exemple
1149 Ces termes techniques « postulent une relation aussi directe, univoque et universelle que
possible entre le signe et le référent » [fort discutable
1150 En réalité il faut distinguer « différents niveaux de technicité ».
Trois procédés de création de mots techniques : 1162 la spécialisation, 1166 la métaphorisation,
1176 les archaïsmes techniques
1169 La fonction poétique du langage aide à imposer un mot dans un milieu social donné. « Le goût
du secret joint aux tabous ou aux interdits linguistiques renforce la tendance métaphorique des
terminologies populaires et, par suite, les caractères de jargons ou d'argots qu'on leur prête. »
1173 il y a aussi des « métaphores intertechniques », le marteau signifie tout ce qui frappe, la clef
tout ce qui ouvre...
Dans le « Tableau synchronique » de fin d'ouvrage :
1405 « Premières armes à feu portatives »
Nathalie Dauvois, La Vocation lyrique, p. 61-62 : la nouveauté et la spécificité de l’ode est très
contestée. Des Autels, puis Pasquier dans ses Recherches de la France, en feront un synonyme de
« chanson ». [La varietas est une qualité centrale du recueil lyrique, Dauvois y consacre un plein
chapitre !!
123 Scaliger donne une définition nette, empruntée à Horace, de la lyricorum materia, le sujet des
poèmes lyriques.
Les tenailles, l’enclume ne sont pas plus là pour la réalité du travail de la forge que la musette et la
houlette ne servent à entamer un exposé d’agriculture dans une églogue : ce sont des signes
génériques. Il n’empêche que l’exposé d’agriculture en vers s’appuiera sur ces motifs architextuels,
comme Les Géorgiques se servent de l’acquis des Bucoliques.
Georgius Fabricius (Goldsmith), De re poetica libri VII, Paris : De Marnef et veuve Cavellat, 1584.
Le sommaire, f. A ii r° :
PRIMUS. De ratione cognoscendarum syllabarum earumque figuris, & de novem usitatis carminum
generibus.
SECUNDUS. Elegantiae sive selectiores phrases ex Ovidio, Tibullo, Propertio. [c’est un
dictionnaire de périphrases élégantes…
TERTIUS. Exemplorum varietates & copiae ex iisdem.
QUARTUS. Descriptionum aetatis, signorum caelestium & temporum, Item similitudinum &
comparationum.
Il y a là-dedans (f. 121 v°) une citation des Métamorphoses, VII, à propos du CAMINUS, dont
l’entrée se trouve entre FURIA et TORRENTUS. À la fin c’est une sorte d’encyclopédie que ce
chapitre, tous les thèmes sont abordés dans l’ordre de Barthélémy l’Anglais quasi.
QUINTUS. De Epithetis nominum propriorum. De Epithetis nominum appellativorum. [Il n’y a
malheureusement pas Vulcanus dans ce dictionnaire dans l’ordre alphabétique…
SEXTUS. De virtutibus & viciis carminis elegiaci, & catholica Horatii De re poëtica.
SEPTIMUS. De versuum accidentivus. Advinctae sunt De Primis & mediis syllabis regulae
speciales.
Marcel Françon, « Poésie populaire et poésie littéraire », Modern Philology., XXXVII (1939-1940),
p. 7-11.
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34468874j
C’est un tout petit relevé de deux motifs qui se retrouvent chez Marot et Ronsard et qui sont inspirés
de chansons d’amour populaires.
Carmina de Dolet, 1538, dans l’éd critique consultée en ligne sur droz.org
Introduction : les œuvres françaises et latines de Dolet sont ses trésors, non « caducs » : « Estant là
quattre ou cinq jours (pour le contentement de mon esprit), ce ne fut sans desploier mes thresors et
prendre garde s’il y avoit rien de gasté ou perdu. Mes thresors sont non or ou argent, pierreries et
telles choses caducques et de peu de durée, mais les efforts de mon esprit tant en Latin qu’en vostre
langue Françoyse : thresors de trop plus grand’consequence que les richesses terriennes. »( E.
Dolet, Préfaces françaises, p. 182.)
Mais l’intro ne parle que des métaphores de l’architecture, du chemin et de la lutte « agonale ».
Conclusion de l’intro : variété et liberté sont les maîtres mots.
Globalement ce n’est pas grand-chose, mais je remarque que la poésie polémique est souvent assez
pauvre en références techniques.
La Forme et l’intelligible. Ecrits sur la Renaissance et l’art moderne, Robert Klein, 1970
« L’imagination comme vêtement de l’âge chez Marsile Ficin et Giordano Bruno », p. 65-88
88 « La mode et la théorie de l’impresa, illustrations privilégiées de la philosophie du concetto,
permettraient à elles seules des rapprochements d’une précision parfois surprenante entre théorie de
l’imagination, théorie de l’image, théorie de l’art, goût artisitique et style, auxquels on pourrait
ajouter l’épistémologie. Mais il n’est guère besoin de prouver que tous ces aspects de la pensée et
de la civilisation traversaient, dans les années où écrivait Bruno, une seule et même crise de
croissance. »
« La Civilisation de la Renaissance de J. Burckhardt aujourd’hui », p. 204-223
[C’est sur un livre de Burckhardt qui a eu un grand retentissement 204 « il nous semble curieux
qu’on puisse écrire une histoire de la civilisation (Kulturgeschichte) où manque à peu près
complètement la technique et où il est tenu si peu de compte des institutions, de l’économie, des
métiers, de la vie des classes laborieuses. »
Acta Conventus Neo-latini Lovaniensis, premier congrès international d’études néo-latines, 1971
I. D. McFarlane, « Poésie néo-latine et poésie de langue vulgaire à l’époque de la Pléiade », p. 389-
403
390 La poésie néo-latine des années 1528-1538 (Dorat, Toussaint, Buchanan, Tournèbe…) a des
principes fort semblables à ceux de la Pléiade ensuite. : renouvellement, élitisme, italianisme,
connaissance de l’antiquité… 393 Pendant la Pléiade, on a négligé la poésie néo-latine, pour mille
raisons : Bèze est parti à Genève, Buchanan et L’Hospital hésitent à publier leurs écrits en recueils,
Marc-Antoine Muret s’exile pour outrage aux mœurs, etc.
396 Gervais Sepin, « la lyre de notre poète possède des cordes philosophiques et scientifiques ».
397 Ronsard a sans doute lu Sepin avant de composer son « Elegie contre les bûcherons de la forêt
de Gâtine ». Mais ce sont des poésies inspirées des Géorgiques ; 399 « nos humanistes, de guerre
lasse, préfèrent le rus à l’urbs ».
Georg Roellenbleck, « Die Lateinische Epische Lehrdichtung Italiens im Fünfzehnten und
sechzehnten Jahrhundert”, p. 491-496, mais il ne cite aucun poème que je ne connaisse.
https://nubis.univ-paris1.fr/ark%3A/15733/1f3s#?c=0&m=0&s=0&cv=0&z=-0.1628%2C-
0.0434%2C1.3257%2C0.8682
Ensuite Socrate moque Ion qui prétend avoir un « art de récitateur » (aede) alors qu’il a surtout une
divine inspiration poétique, car l’art d’expliquer et de juger la justesse d’Homère est indéfinissable
si on ne sollicite aucun autre art différent. Ainsi on parvient à une aporie. « tu loues, & recites les
carmes d’Homerus beaucoup plustost par fureur, & inspiration divine, que par artifice. » (c’est
l’excipit).
La Varietas à la Renaissance, éd. Dominique de Courcelles, Paris : Ecole des chartes, 2001.
Jean-Marc Mandosio, « La « docte variété » chez Ange Politien », p. 33-42.
39 Ange Politien tente, avec le Panepistemon, une réconciliation de tous les arts, libéraux comme
mécaniques et artisanaux : mais il le fait 40 « de la même façon que pour écrire ses poésies : en
fabriquant une mosaïque de citations empruntées aux auteurs les plus divers », surtout
philosophiques : entièrement humaniste, aucune excursion dans les ateliers.
Ernest Dupuy, Bernard Palissy. L’homme – L’artiste – Le savant – L’écrivain, Genève : Slatkine
reprints, 1970 [1902]
5 Si l’on croyait toutes les patries de naissance qu’on lui a attribuées, « L’artisan saintongeois aurait
les sept patries d’Homère. »
11 D’origine semble-t-il agenaise, Palissy a vécu 26 ans en Saintonge, dont il a la religion et parfois
quelques expressions. 14 Olivier de Serres l’appelle « le paysan de saintonge », mais lui-même ne
s’appelle qu’artisan ou terrassier (travailleur de « l’art de terre », glose Dupuy ; « De l’art de terre »
est le titre du dixième des Discours admirables ; mais p. 275 des Discours admirables, c’est-à-dire
quelques pages après le début dans ce chapitre, Palissy détaille les conditions du meilleur fourneau
pour la terre, donc l’art de terre est un art de feu).
42 Palissy se réfugie à La Rochelle en 1563 ; monte à Paris peu après, en tant qu’inventeur des
rustiques figulines du roi. 47 Il ne dit rien de la saint Barthélémy : sans doute est-il en voyage à ce
moment-là. 50-51 C’est un véritable tour de France que Palissy prétend avoir fait [mais de là à dire,
comme Dupuy, que la connaissance des minières fait qu’il a été au service du roi pour surveiller les
mines de Navarre, je ne sais pas : ces connaissances peuvent venir d’Agricola]54 Pyrénées, Saintes,
Vendée…
73 Palissy est d’abord un très misérable peintre et vitrier (74 probablement teinteur de verre). C’est
son travail alimentaire ; la poterie est ruineuse. 76 Dupuy s’étonne beaucoup que Palissy reprenne
sans la critiquer la tradition de l’invention du verre (dans Des Eaux et fontaines, II, 30) par les
pirates ; alors que « Pratique sait bien qu’aucun foyer ne pourrait à l’air libre donner une chaleur
suffisante pour provoquer une fusion » ; il en conclut que Palissy a peu cuit le verre lui-même.
99 On a dit que Palissy était inspiré par le Songe de Polyphile de Colonna ; c’est faux même si
Palissy connaît et cite l’ouvrage.
109 La plus grande source de Palissy serait Etienne Delaune [graveur ; a gravé son propre atelier en
1576
114-115 « le style change (la remarque s’appliquerait à bien d’autres artisans du feu), avec le
modèle dont l’émailleur s’inspire, et qui est la plupart du temps, il importe de le redire, une
indication de graveur. Cette indication même, il peut arriver que Palissy la suive très fidèlement ;
mais d’ordinaire il la résume ou l’amplifie. » 115 Souvent il sur-moule des reliefs d’orfèvrerie , par
exemple celles de 114 François Briot, graveur lorrain de Montbéliard, dont la confrérie de saint Eloi
(dite aussi « chonffe des mareschaux ») protège et abrite des réformés persécutés dont Palissy a fait
partie au début des années 1580. 129 La Diane chasseresse est d’après une gravure du livre de
Cellini.
145 Parmi les sources scientifiques, il faut d’abord citer la Bible, et même particulièrement les
Psaumes, en langue vulgaire : ouvrages interdits, autant que les livres d’alchimie qu’il possède
aussi.
172 Après avoir cité la foultitude d’auteurs que Palissy connaît (mais pas Agricola), Dupuy s’étonne
de la proximité entre Palissy et Belon, qu’il a lu. « la même curiosité » les réunit.
174 « Palissy semble ne s’être souvenu de Cardan que pour le combattre. » Notamment sur la vie
des pierres et métaux : Cardan y croit.
192 Dans la Recepte veritable, beaucoup de vers liminaires, et le poète qui les a faits, sous les
initiales duquel (F. B.) on a reconnu François Baudouin, sieur de l’Ouaille, avocat de renom à La
Rochelle, nomme Palissy son « singulier et parfait ami » !!!!!! Et un pasteur, maître Pierre Sanxay, a
vanté les rustiques figulines de Palissy.
212 Palissy organise « une prédication d’un genre tout nouveau » : des conférences scientifiques
(trois l’an 1575, trois l’an 1576). Des médecins et autres sortes de savants y participent. 216 Mais
parmi ce public, il y a aussi un correcteur d’imprimerie, l’Angevin Nicolas du Mont.
239 Le vocabulaire de Palissy est en partie réformé, souvent tiré de Calvin. 242 Parmi les
provincialismes de Palissy, il y a certes beaucoup de mots de Saintonge, mais ce sont des termes de
saunerie essentiellement. En réalité Palissy emprunte à beaucoup de provinces différentes et somme
toute fort peu.
** https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb338709212
** Il faut relire Bernard Palissy, Discours admirables : chaque page est utile pour un de nos
chapitres. Le secret : p. 268 sur Gallica, les secrets éventés ouvrent la voie à une technique
« mechanizez », au grand dam des vrais et libéraux artistes. D’ailleurs il y a un lien avec Walter
Benjamin dans ce que Palissy raconte p. 269 : l’idée que les moulures ont fait du mal aux
sculpteurs…
[IL y a cependatn quelque chose de traumatiqeu dans l’éristique de Palissy comme de Scaliger…]
Thomas M. Greene, The Light in Troy. Imitation and Discovery in Renaissance Poetry, New
Haven : Yale University Press, 1982
4 Expression de « Historical Solitude » qui décrit la situation abandonnique de la Renaissance qui a
plus que toute époque le sentiment de la vanité et de la déconstruction.
197 J’aime cette expression de “Imitative Insinuations in the Amours of Ronsard », parce que ça
décrit bien le sonnet du viol (le bien nommé sonnet 20). D’ailleurs il est commenté sur deux pages.
Victoria Moul (éd.), A Guide To Neo-Latin Literature, voir l'article de Keith Sidwell notamment.
Editeur de Scaliger = Luc Deitz
[Continuer d'écrire le rapport Mychkine]
HMK « On est en panne d'un régime d'historicité »
Chrysopoeia n°1 : l'article de Sylvain Matton sur Vauquelin des Yveteaux montre (p. 250 et 252)
des fourneaux anatomiques (hommes se tenant à côté ou dans un fourneau) qu'il rapproche
finalement (p. 301) de la gravure « de fornace anatomica », de L'Anatomia viva Paracelsi insérée
dans Aurora thesaurusque philosophorum (Bâle, 1577).
TH Le forgeron qui quitte sa forge, c'est un motif catholique : voir De La Vacquerie, 18 v°-19 r° de
Catholique remonstrance, 1560.
**Annotationes de Budé : les mots qui ont traîné dans les boutiques sont à repousser.
** Saliger Poetik Luc Deitz à Ulm
Le meilleur dictionnaire de néo-latin en ligne : celui de Johannes Ramiger , le meilleur
actuellement.
RV MM 11/07/18 : Vérifier la chronologie des pièces de Ronsard dans Laumonier qui est
chronologique **
Ne pas « tirer la couverture » : les taureaux de Calais et Zéthés ne sont pas à sacrifier ! **
Philip Ford, Ronsard's hymns, sur nature et artifice **
Livres chez Champion numérisés chez Garnier : on met la ref. Champion **
L'édition complète de Desportes, c'est Michels, 1858 **
Longue biographie de Ronsard par Dassonville **
Sertir une pierre précieuse, c'est le travail des fourneaux **
Anadiplose plutôt qu'anaphore dans fichier Ronsard**
N. Lombard sur les Hymnes (mais il tire les Hymnes côté philo) **
Attention ! Il y a de l'optatif dans la citation d'Hésiode (« il viendrait »)
L'éloquence de la chaire à propos du verre de fougère dans Cues **
A Richelieu : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb45508801h **
Thomas Cantens, poète-anthropologue de l' « état » en Afrique. « un dieu, même pas deux » pour
parler de Boko Haram !!
Jean Lemaire de Belges, La Concorde du genre humain, 1509, prologue, p. 49 : les « bons et nobles
personnaiges […] ont employé toute l'adresse de leurs ingeniositéz sublimes, tant d'un costé que
d'autre, à la forge de ce haultain bien publicque ».
Qu’un grand RONSARD dès jeunesse ait apris
A bien user de l’oustil poëtique,
293 Seul il n’en a l’adresse, et la pratique :
Elle est commune aus plus gentilz espris.
Jean de la Gessée, Les Jeunesses, livre VI, 50, 1583
Discours soutenance : décrire le passage Mireille Huchon et Michel Magnien (Rabelais et
Montaigne, carnaval et humanisme, émotions collectives) à André Bayrou et NN (littérature et droit,
littérature et évangélisme, et Marguerite de Navarre, évangélisme = troisième voie dans un contexte
de guerres de religion, ce dont nous avons collectivement besoin, évangélisme comme relève de la
laïcité humaniste).
Vie d’Homère, pseudo-Plutarque : Essay on the Life and Poetry of Homer, éd. J. J. Keaney et
Robert Lamberton, Atlanta : Scholars Press, 1996.
1 Parasite à la fois du corpus homérique et du corpus des essais moraux de Plutarque. 33 édité dans
une édition grecque des Homeri Opera, Florence : Bernardo et Nero Nerli, 1488 (avec la Vita
Homeri Herodotea et le discours de Dyon Chrysostome) et dans bien des éditions subséquentes des
Homeri Opera ; mais aussi un Plutarchi duo commentarii…, trad. Wilhelm Xylander, Bâle : J.
Oporinum, 1566. 37 La première traduction latine est la Homeri vita in Latinum tralata per Io.
Rhellicanum, Tigurinum, Bâle : Belthasar Lasius et Thomas Platterus, 1537. La première traduction
en français est dans les Œuvres morales de Plutarque traduites par Amyot, Paris : M. de Vascosan,
1572.
93 Pseudo-Plutarque remarque déjà qu’Homère utilise « Héphaïstos » pour « le feu ».
145 À propos des « logoï » d’Homère, Pseudo-Plutarque remarque qu’il parle ici et là d’ « organa »
(pluriel d’organon ?) càd « instruments » : « An exemple of how he describes instruments occurs in
the description of the shield prepared by Hephaestus… » [La section « logoï » devient une véritable
encyclopédie, c’est la partie 3 du discours, p. 140-287
Les ouvrages collectifs cités deux fois : ne pas référencer par le nom du directeur de publication
mais par le début du titre !
Guy Demerson, La Mythologie classique dans l'oeuvre lyrique de la Pléiade, Genève : Droz, 1972
21 « Nous distinguerons mythologie décorative et mythologie ornementale. » La seconde, celle qui
évoque Vulcain lorsqu'elle parle de jalousie, est surajoutée (« le motif de la Jalousie de Vulcain
porte la pensée », belle manière de dire, qui s'est perdue!) ; la première est le sujet même du poème,
son « décor » dit aussi Demerson. [C'est la distinction description/comparaison chez Du Bellay.]
[Pour fichier « arts poétiques »]
59 Demerson décrit l'allégorisation de Vénus par Le Roman de la Rose : « La déesse, qui n'était
qu'une héroïne de fabliau dans ses démêlés avec Vulcain et Mars (v. 14205 et suiv.), redevient un
mythe, une force obscure et pourtant évidente, lorsqu'elle est engagée dans une psychomachie... »
209, n. 132 : Demerson rapproche chez Ronsard le mythe de l'androgyne (Lm. IV, 100 ; Lm. IV,
155) et la traduction du Banquet par Ficin où Vulcain promet au contraire aux amants « confundam
vos in idem, ut ex duobus unum efficiamini » (192 d, trad. Ficin). Donc Ronsard inverse le mythe
(pas la première fois qu'il fait cela...)
288-289 commentaire passionnant de la « Harangue que fit Monseigneur le Duc de Guise aus
soudars de Mez » de Ronsard : l'idée est que l'ekphrasis de la « targe » du duc est partagée entre
mythologie et Histoire, comme le bouclier d'Enée, mais que la mythologie finit par tout emporter,
étant à la fois « décorative » et « fonctionnelle », « comme dans les objets d'art mis à la mode par
les fabricants d'art italiens » : Guy Demerson voit un parallèle même s'il ne décrit pas l'influence
exacte que cet art peut avoir... La targe du duc de Guise serait une « pièce de musée ».
345 L'ode anacréontique de Ronsard à Vulcain n'est pas une imitation servile et scholaire mais une
« palinodie » : il ajoute à partir de 1555 à la liste des sujets qu'il refuse de traiter, la guerre : signe
que son projet d'épopée lui cause du chagrin !
122 Commentant la Gigantomachie de l'Ode à Michel de l'Hospital, Guy Demerson s'étonne que
Vulcain (« Le Lemnien ») soit armé d'une « mâchoire » : note 60 « Est-ce, comme le veut A.P
Lemercier [...], un coin, une cognée ? une arme contondante (cf. Huguet, Dict., s. v. Mâcher) ? un
gourdin dans un dialecte du temps ? (cf. l'espagnol mazorra et l'article machoueiro du Dict.
Provençal-Français de F. Mistral, t. II) ? » Il faut résoudre ce mystère par une recherche frantext**
Ce pourrait bien être un terme technique. ** aussi la bibliographie critique, peut-être que ce mystère
a été résolu après tout. Mais non, la « mâchoire » est simplement ce que Jamyn appelle la « tenaille
mordante »…
[Le titre de ma thèse : Vulcain, les Muses : les « arts du feu » comme contrepoint de la poésie
française et néo-latine au XVIe siècle
Claude-Gilbert Dubois, Le maniérisme. Un formalisme créatif, Paris : Eurédit, 2011 [P.U.F., 1979]
Avant-propos, 10 « la distinction entre la matière passive et l’esprit agissant est postérieure ». Il n’y
a donc pas d’opposition entre matière passive et artisan actif dans le maniérisme [Voilà dans quel
genre de thèse je me suis fourré]
42-49 Il distingue une « attitude classicisante », une « attitude maniérisante » et une « attitude
baroquisante » : or Du Bellay est l’archétype de son « attitude classicisante ».
49-66 Le modèle de l’ « attitude maniérisante » est Ronsard, obviously frankly ridiculous.
53 Face à Ronsard, d’Aubigné écrit dans une ode du Printemps : « Je barbouille à ma façon ». Cf
forme de vie, Marielle Macé & Co.
[Il y a quelques pages sur le chant des oiseaux : Jourde a-t-il pris ici son idée ? Il y a des
préoccupations communes ; avec CGD on ne peut pas discuter, mais on peut s’élever.
58 La recherche de l’effet : far stupir. Rendre stupéfait. c’est cette recherche qui est moquée, déjà,
par Ange Politien dans la description de Vulcain.
90-91 à propos de la valorisation maniériste des courbes, qui est consécutive, dit-on, à la
redécouverte du Laocoon en 1506 : « Faut-il parler du maniérisme comme l’expression privilégiée
des tendances « féminines » de la psyché, qui expliqueraient ce rôle dévolu à la courbe comme
expression de la féminité psychique : enn somme ce que Jung, et à sa suite Bachelard, appellent
l’anima ».
163 « maniérisme » est un mot inventé en 1792.
167 Le sac de Rome est « un véritable trauma », lui ne met pas de guillemets contrairement à ACh !
177 Dans la littérature, « maniérisme exacerbé » dans les années 20-40 avec même Marguerite de
Navarre, puis réaction bembiste et marotiste, puis néo-maniérisme ds années 70 avec Du Bartas,
Desportes, d’Aubigné (??????) et Montaigne, avant une vague classique.
179 L’opposition classicisme/maniérisme est celle entre matière et manière.
185 L’archétype du maniérisme, ce serait Rabelais.
219 Il y a un « Index-lexique des termes scientifiques et techniques », où les mots sont définis puis
paginés ! Il me faut le même.
[INCLUS sauf ce qui est ici] Renaissance Quarterly, vol. 57, n° 4, 2004,François Rigolot, « The
Renaissance Fascination with Error : Mannerism and Early Modern Poetry », 1219-1232
1219 « … je serai assez content d’avoir erré en compagnie de Platon, Xénophon et Cicéron »,
répond Castiglione à ses détracteurs qui l’accusent d’erreur.
1223 adage commenté par Henri Estienne : communis error facit jus, une erreur partagée devient
loi.
1225 Tout à coup il parle de la servante qui avoue son viol dans L’Heptaméron. « this unexpected
dénouement triggers collective laughter. »
1229 Pernette Du Guillet est obsédée par les propres erreurs qu’elle commettrait en imitant son
modèle Maurice Scève. « En mon erreur ce vice mueras » : « CE VICE MUERAS » est anagramme
de MAURICE SCEVE.
1231 Et Ronsard : « Heureuse erreur, douce manie heureuse, / Ou la raison errante ne defaut... »
1232 Ainsi le caractère « réaliste » du motif classique d’excusatio : la giovanile errore (de
Pétrarque) est exclue pour donner à l’erreur un sens esthétique, en rapport au modèle imité donc au
maniérisme cf. CGD.
Miroirs de Charles IX. Images, imaginaires, symboliques, Luisa Capodieci, Estelle Leutrat et
Rebecca Zorach (dir.), Genève : Droz, 2018
« L'« autheur et l'escrivain » : Charles IX dans l’œuvre de Ronsard », Jean-Eudes Girot, p. 75-92
75 Binet remarque les bonnes relations de Charles IX et Ronsard. « quelle est la part de vérité ? »
Rien sur la forge, alors que c'est un élément important, je crois.
« Mises à jour et obsolescence d'un programme iconographique. Charles IX ultime destinataire de
l'Histoire françoyse de nostre temps de Nicolas Houel », Valérie Auclair, p. 93-110
103 « Et vous n'estes jamais que gracieux, et dous. » C'est la pointe (mensongère) du sonnet « Au
Roy » sous le portrait de Charles IX.
Nicole Bensoussan, « Les médailles officielles au temps de Charles IX », p. 111-124
115 Les médailles somptuaires, en plus des monnaies, sont « forgées par commandement du Roy »,
comme les médailles forgées pour célébrer la Saint-Barthélémy onze jours après le massacre.
Jacques Pineaux, La poésie des protestants de langue française (1559-1598), Paris : Klincksieck,
1971
181 Une satire manuscrite de PdR : « En ce discours cy est enclose
La soudaine metamorfose
De Monst Pierre de Ronsard
En Messire Pierre Rossard. »
Olivier Renaudeau, « Le décor « à la française » dans l’art de l’armurerie au XVIe siècle », p. 137-
143 dans Perspective. Actualités de la recherche en histoire de l’art, 2010-2011, n° 1.
137 Une expo au Metropolitan Museum sur la famille Negroli, qui réalisa des armures pour Charles
IX. Le musée de l’armée en 2011 a fait une expo aussi : chercher également **
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb42426206x sous egide mars
C’est Guy-Michel Leproux l’historien qui a dépouillé les archives pour identifier les armuriers
français. Mais on ne sait rien.
138 Un certain Charles Alexandre, baron de Causson, dans une étude en 1901, a émis l’hypothèse
d’un « atelier du Louvre », au vu de la similitude de style entre les armures royales, dont « aucune
source écrite n’a jamais permis d’établir l’existence », sous François Ier.
Robert Klein, L'Esthétique de la technè. L'art selon Aristote et les théories des arts visuels au XVIe
siècle, Paris : INHA, 2017.
p. 22 La « dignité d'un art se mesure aux problèmes qu'il pose à l'ingegno pratique », telle est sa
conclusion à la lecture des débats sur la plus ou moins grande noblesse de chaque art. Maniérisme =
« sentiment vertigineux de la contingence du faire » (les deux citations sont de Klein).
22 « « Art de l'art » ou encore « art à la deuxième puissance »,
L'influence de la technè aristotélicienne a été vue précédemment comme un résidu de scolastique
médiévale.
28 « L'historien actuel pourrait reprocher à Klein d'avoir considéré la technique de la Renaissance
sans avoir puisé là où le problème s'est, sur le plan intellectuel, prioritairement posé, c'est-à-dire
dans les traités techniques ». « Cette littérature est bel et bien la part aveugle de sa thèse ».
30 La conception de l'art comme « effet » porte Klein « à faire du comment le véritable enjeu de
l'activité artistique ». (Rejoint par certains aspects le formalisme de la deuxième école de Vienne). Il
est à l'opposé d'un Erwin Panofsky.
Introduction
47 « La Nature ingénieuse, qui engendra les hommes et les choses, nous offrit pour équipement
deux outils vraiment très précieux, dont l'aide nous permet d'user tout d'abord d'outils extérieurs :
car, dans le corps, la main s'insère et, dans l'esprit, c'est l'intellect. » (Ingeniosa hominu, ac rerum
Natura creatrix instrumenta dedit nobis duo maxima, quorum uti opera in primis extrinsecus
instrumentis sit pote : corpori enim manus inserta est, animo mens.) Achille Bocchi, Symbolicarum
quaestionum libri quinque, 1555.
49Klein remarque en note que Platon faisait déjà dériver, dans le Cratyle, « technè » de « hexis »
(état, habitude, faculté née de l'expérience) et « nous ».
50 « Il serait presque possible d'écrire toute l'histoire du concept de technè ou ars en fonction de
deux modèles majeurs : l'architecture, correspondant à l'idée aristotélicienne, et la magie (plus
rarement l'agriculture) correspondant à l'idée naturaliste, en gros néoplatonicienne, de l'artisan. Le
magicien n'est pas 'créateur', il ne réalise pas une idée auparavant conçue. C'est la Nature qui, grâce
à son 'art', agit à travers lui. » (la note 10, p. 60 cite Ficin, Convivium VI, 10 : « Ainsi donc les
œuvres de la magie sont celles de la nature, et l'art n'en est que l'instrument. »
52 La notion de mimesis est neutre dans ces deux conceptions différentes de l'ars. Aussi bien on
peut imiter des deux manières, par l'architecture et par l'agriculture. Et 53 Platon prenait toujours
ses définitions à partir d'exemples de métiers.
55 « Les artisans selon Aristote (artifices) ne trouvent pas des Idées aux cimes de leur esprit, mais
se bornent à imiter les procédés de la Nature ou à en excogiter d'autres, qui n'ont pas de modèle ;
seuls les maîtres des arts libéraux (artistae) et les poètes que l'on appelait trouveurs « inventent »,
au sens fort du terme médiéval, c'est-à-dire recourent à un prédonné métaphysique. C'est par une
sorte de laïcisation progressive que l'invention a été peu à peu assimilée à l'excogitation et
distinguée (contre l'étymologie) de la découverte ; au XVIe siècle, l'invenzione dans les beaux-arts
est encore ambiguë. »
57 « Il est facile de comprendre que la théorie aristotélicienne de la technè n'a joué aucun rôle dans
les traités humanistes et scientifiques du Quattrocento, où la grande affaire était justement de
distinguer l'artiste de l'artisan ; jusque dans la forme, on fuyait tout ce qui pouvait rappeler l'ancien
recueil de recettes non-expliquées » Si elle revient à partir de la deuxième moitié du siècle, c'est
sous la pression des « dilettantes » qui veulent accéder à l'art au plus vite.
Chapitre I, « Artisan et artiste », p. 65, n. 1 : Arnold Hauser, The Social History of Art, 1951,
« décrit rapidement la situation de l'artiste maniériste, libéré des corporations et d'autres liens
sociaux plus subtils, conscient de l'autonomie et donc de l'inutilité de l'art, et pressé de fuir cette
liberté qui le met en question : d'où les académies et le service des princes ou de la Contre-Réforme.
Malgré quelques réserves, par exemple sur l'identification globale maniérisme-Contre-Réforme, ou
sur la déduction de l'esthétique de Bruno, ce tableau peut valoir comme une première
approximation. »
65 Pour les beaux-arts l'ennemi à abattre est la corporation : « les peintres se sentent humiliés de
voisiner dans une corporation avec les épiciers, les doreurs, les fabricants de papier »
66 « personne n'a reproché à Raphaël d'avoir dessiné un service de table pour Agostino Chigi ; mais
la même commande, exécutée dans une bottega [boutique] pour un client quelconque, aurait été
considérée comme humiliante, cosa meccanica ».
68 D'où les académies. « Une académie hérite des corporations ses attributions essentielles, y
compris le droit de regard sur les commandes ».
71 « Un artiste lisant le latin était chose très rare. Les architectes, gens sans formation
professionnelle régulière, étaient de loin les plus cultivés, tant dans le domaine technique que dans
les lettres. » Les artisans de techniques de précision étaient même plus érudits que les artistes, et
participèrent au progrès des sciences : c'est la thèse d'Edgar Zilsel, « The sociological roots of
science », American journal of Sociology, XLVII (1941-1942), p. 544-562.
72 C'est une « vantardise de préfacier » que de prétendre réduire l'art à une théorie ! En réalité tout
le monde s'accorde pour faire de la pratique le cœur du métier.
75 Comment revaloriser les beaux-arts ? « Plus que les récentes « querelles des arts », ce furent les
apologies antiques d'une technique ou d'une discipline […] que l'on prit pour modèles. Elles
obéissaient toutes à un schéma qui, par chance, se prêtait bien au nouvel usage qu'on en faisait, et
qui consistait à développer trois séries d'arguments : la liste des hommes célèbres et des dieux qui
avaient inventé et illustré la discipline en question, les sciences requises pour son exercice, et son
utilité pour la vie économique, morale ou politique. » [Pour ce qui est des arts du feu, le modèle est
difficile à appliquer...
[Pas d'anachronisme ; notre conception des « beaux-arts » date du XVIIIe...
77 Moment historique où l'on a vu, au début du XVIe, Léonard et d'autres défendre la peinture
comme somme de tous les arts. Léonard admet le « biphasisme aristotélicien » : la peinture est
chose mentale, puis pratique. Mais « sur la valeur respective des deux phases, ses jugements varient
selon les besoins de la démonstration ». Ce n'est guère une réhabilitation des métiers.
79 Trois positions sur les beaux-arts, donc : 1. assimilation totale aux études humanistes (Gauricus,
grammairien) 2. définition anthropologique néo-platonicienne qui s'appuie sur une théorie de la
connaissance (Léonard) 3. modèle neutre de l'éloge antique (Castiglione). L'idéologie se figera sous
ces trois aspects convenus.
88 La théorie des trois « filles du dessin », qui faisait des « orfèvres, céramistes, tapissiers, verriers
ou brodeurs […] petits-fils plutôt que fils du dessins » va à contre-courant des réalités sociales.
« Les gentilhommes amateurs ou dilettantes pratiquaient les arts mineurs de préférence à la peintre
ou à la sculpture ; ils furent naturellement comblés d'éloges par les artistes théoriciens et critiques,
et c'est ainsi que les dames brodeuses de Milan sont entrées, grâce à Lomazzo, dans l'histoire des
arts. » [C'est un problème aussi pour Ronsard et Charles IX
Pour combattre ce discours élogieux d'arts mécaniques, c'est la difficulté technique de l'ouvrage qui
va devenir une valeur esthétique (toute la fin du chapitre s'attache à le prouver).
Chapitre 2, « La conception ».
123-124 Dans « orthos logos », Aristote entendait la recta ratio faciendum rerum, la bonne façon de
faire. Mais Lomazzo introduira dans cette notion, « en fraude », le concept de règle.
Chapitre 3 : « L'exécution »
143 Description de l'état de la théorie italienne au début du XVIe siècle : « L'ennemi, c'était la main
[…]. L'assimilation de la peinture à la poésie, et enfin des arts figuratifs au discours, est une simple
conséquence de cette attitude. »
146-8 : L'invention n'est pas signe d'originalité personnelle durant tout le XVIe siècle : un beau
visage est comme un couteau qui coupe bien, dans une œuvre d'art. l'invention est « bien
commun », bonum artis dirait le Moyen Âge, et que ce qui fait la valeur esthétique, la maniera, est
de toute façon impossible à plagier. 154 : La maniera est d'abord un procédé mécanique, puis
devient au cours du siècle un signe du génie.
Il y a un chapitre sur le grotesque.
Puis « Seconde partie : anthropologie de l'artifex »
Chapitre 6 « L'action », 129 « On n'a pas toujours distingué entre l'intellect actif et l'intellect
fabricateur (factivus) ; dans la série des classifications des sciences ou des habitus, on trouve les
arts fabriles tantôt séparées des vertus morales, tantôt groupées avec elles sous dépendance de
l'intellect pratique. En fait, le critère essentiel, la production d'oeuvres durables, ne paraissait pas
s'appliquer à tous les arts... »
Chapitre 8 : « Le « second Dieu » » p. 263 « Le thème du Deus artifex est un des plus beaux
exemples des transformations multiples que peut subir un lieu commun reflétant successivement les
conceptions et doctrines artistiques de plusieurs siècles, sans que son énoncé souffre pour cela la
moindre modification » [donc une Transition réussie...
263« IL arrive de temps en temps que la spéculation métaphysique sur l'archétype de l'art se tourne,
devant l'impossibilité de s'exprimer par l'image du Dieu artifex, même en tenant compte de la
possibilité d' « occuper » trois Personnes divines, vers la mythologie. Vulcain et Minerve se
prêtèrent bien à ce jeu : Vulcain, le faber, « héros civilisateur » selon un mythe qu'avait peint Piero
di Cosimo, fut aussi le fabricateur de la « grande machine » du Cosmos ; Minerve, la Sagesse, est
l'inventrice des arts, analogue au soleil et à l'intellect. » 266 Mais « le patron des artistes, dans la
mythologie, était naturellement Prométhée »
273 Sa conclusion : « L'esthétique du maniérisme n'est pas tout entière artificialiste ; mais
l'idéalisme, ou la théorie de l'art-discours, est également loin d'en donner la clef. »
[Très étrange et plaisante, cette édition qui marque les chapitres par des reproductions de détails de
manuscrits noir et blanc.
Gisèle Mathieu-Castellani, « Vision baroque, vision maniériste », Études Épistémè [En ligne],
9 | 2006, mis en ligne le 01 avril 2006, consulté le 29 janvier 2019. URL :
http://journals.openedition.org/episteme/2515 ; DOI : 10.4000/episteme.2515
« le discours maniériste maintient toujours une relation d’incertitude, et ce trait le distingue bien, en
effet, du discours baroque, toujours énergiquement assuré, toujours en quête de crédibilité. » Elle
développe longtemps cette opposition, qui distinguerait Desportes le maniériste d’Aubigné le
baroque. C’est l’ombre contre l’éblouissement. [Voilà une opposition bien de son temps : « J’aime
les gens qui doutent... ». Mais il y aurait d’autres manières d’opposer ces deux-là. D’ailleurs c’est
bizarre que l’ombre soit du côté opposé à celui du pli… En réalité le maniérisme est tout un, tandis
que le baroque est hanté par la duplicité. La manière se brise sur la brisure : « Je vis, je meurs, je me
brûle et me noie... » : c’est un lyrisme univoque, une unique manière d’être. Le baroque dira :
« Brûlant, je me noie néanmoins... », les oppositions ne sont plus sur le même plan, il y en a une
devant (l’illusion) et une derrière (la vérité, d’où le sentiment de certitude dont parle GMC).]
D’où l’art de la pointe, typiquement maniériste. GMC lie le maniérisme au voile de Timanthe, puis,
de fil en aiguille, à « la ruse » : c’est voir les choses à l’envers. Elle cite celui qui serait le
maniéristissime : Théophile de Viau, poète du Déguisé : « "Lorsque la dissimulation l’emporte sur
la manifestation, il en résulte un maniérisme" dit Hocke ». Mais Théophile de Viau n’a RIEN de
maniériste !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Cynthia Skenazi, Le poète architecte en France. Construction d'un imaginaire monarchique, Paris :
Honoré Champion, 2003
18 « ut architectura poesis ».
27 Une lettre de Lemaire à Marguerite d'Autriche pour une oeuvre littéraire commandée file la
métaphore architecturale jusqu'au plus technique. « un langage si technique n'a apparemment rien
de déroutant ou de surprenant pour sa correspondante » du fait d'un « regain d'intérêt des nobles
pour l'architecture ».
49 n. 1 L'architecture a ceci de différent avec les arts mécaniques qu'on peut la louer « comme art
du projet et de la spéculation », ainsi que le fait Marsile Ficin dans son Commentaire au Banquet de
Platon.
84 « Clément Marot : un monument de nature organique », titre du chapitre II, raison pour laquelle
je ne suis pas intéressé par lui.
204 « Ce que les mains ne peuvent maçonner. » (Pointe du sonnet 25 des Antiquitez). Cela
correspond à la Deffence : vouloir restaurer l'Antiquité est impossible, il ne faut pas vouloir les
imiter en latin.
La Guide des arts et sciences, de Philibert Mareschal, Genève : Slatkine reprints, 1971 [Paris :
François Jaquin, 1598].
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4509s
f ij v° : « ce livre […] enseignera ce qui a esté traduict et composé en François sur chacune des
Sciences, Facultez, Ars liberaux et Mechaniques ». Dans l’ordre : Arts libéraux ; Philosophie (dans
laquelle se trouve la Poésie et aussi l’Alchimie : important pour l’exclure de notre corpus) ; à
l’intérieur de la Philosophie : f. iij v°« Escriture, Peinture, Architecture, Navigation, Venerie,
Agriculture, et Ars mechaniques. »
Ce chapitre commence p. 321. À noter que p. 320 La Pyrotechnie ou Art de Feu de Biringuccio se
situe dans le chapitre « Art militaire ».
321 chapitre « Architecture, Peinture, Escriture, Sculpture, Venerie, Agriculture ». 322 Dedans est
Bernard Palissy, 323 Vigenère (« Blaise de Viginaire »), et aussi un traité de « Charles 9. Roy de
France, Traicté excellent de la Venerie demeuré en la Bibliotheque Royalle et non encores
Imprimé. » [Important pour Charles IX et le roi-forgeron]. Mais rien sur la forge, alors qu’il y a
même le traité de Taillement sur les cuisines.
[Tout cela pour arts du feu et humanisme
Bernard Palissy, Recette véritable (1563) [La Rochelle : Barthélémy Berton], éd. Christian
Barataud et Frank Lestringant, Paris : Macula, 1996.
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40102927n **
xlviii
http://www.bvh.univ-tours.fr/Consult/consult.asp?
numfiche=895&numtable=B180336101%5FD0401%5F2&mode=1&ecran=0&index=110 il
faudra lire ce bazar. **
** https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb377078086
Ferraria Nicolas Bourbon
Pour la Semaine : Une image récurrente de notre corpus nous semble métaphoriser la difficulté du
poète à exprimer ce qui ne peut se connaître que par expérience : l’image du travail nocturne. La
nuit cache au public le travail régulier et imperceptible de l’artisan, du stratège ou du correcteur
d’imprimerie. Aujourd’hui encore, pour les historiens, « la nuit du mécaniste conserve tous ses
mystères »122. Le poète tente de la mettre au jour. Parfois, incapable de dissiper cette nuit, il doit
cependant s’en accommoder. Et : « Nox hiemalis erat » : la nuit est le premier mot de la Ferraria et
constitue le cadre contextuel, d’une part pour un songe dans le style épique (véritable imitatio du
« nox erat » qui introduit l’insomnie de Didon, au chant IV de L’Énéide123), d’autre part pour le
travail nocturne des lignatores et des carbonarii. Virgile, L’Enéide, éd. Jacques Perret et Olivier
Sers, trad. Olivier Sers, Paris : Les Belles Lettres, 2015, p. 200-201 pr le « Nox erat », IV, 522.
La technique est une cosmologie. Acta Conventus Neo-Latini Budapestinensis, éd. Rhoda
Schnur, 2010
“On Gold and Poetry: The Metallurgicon, Gold Lore, and the Society of Jesus through the Work of
Bartakovics”, Alexandra de Brito Mariano, p. 223-240
c'est sur Joseph Bartacovics, Metallurgicon, sive De Cultura Fodinarum Auri et Argenti. Adjectus
Indiculus Vocabularum Quorumdam ad Aurariam Argentariamque Spectantium, Tyrnau: Typ.
Academicis Soc. Jesu, 1748. A la fin, un vocabulaire latin-allemand-hongrois. NE connut aucune
réédition. 224 L'entreprise n'est pas neuve chez les Jésuites: voir le Père Le Febvre, Aurum, Paris,
1749, ou de José Basilio da Gama, Brasilienses aurifodinae, Rome: 1762. Et d'autres.
STEMMA
Ça commence p. 101 du PDF Epigrammata. Vascosan 1533 = V33 ; Cratander 33 = C33.
Dans l’éd. 1540 à la Mazarine (C40), ça commence au livre IV, p. 238, et c’est le « carmen » XLVII
*2. Il n’y a pas d’épître non plus, simplement le distique de Petrus Rosetus, puis « Nicolai Borbonii
Vandoperani Ferraria : quam scripsit annum agens XIIII. ad illustrissimus heroa Georgium a
Quarlecoio Ricaei Toparchum. » (G38 : Dominum *1). C’est Georges de Créquy, seigneur de Rissé.
N’existe pas dans les Nugae par ailleurs. « Georges de Crequy, Seigneur de Rissé, fils de Jean VI et
de Marie d’Amboise, sa deuxiéme femme, espousa Jeanne d’Humieres, d’où sont sortis les
Seigneurs de Rissé ; famille qui est finie en Vrbain de Crequy, Seigneur de Rissé, qui est mort sans
laisser enfans de son espouse Marie de Vignier, merre du Comte de Clermont-Tonnerre. p. 382 de
Le Palais de la Gloire, Anselme de Sainte-Marie, 1644 C’est trop tard… Dans tous les cas c’est très
étrange d’aller chercher un destinataire dans l’Artois… C’est parce que c’est un protégé de MdN
https://books.google.fr/books?id=CgoiHcG-vF0C&pg=PA382&lpg=PA382&dq=georges+de+cr
%C3%A9quy+riss%C3%A9&source=bl&ots=ZU-RyXfrV0&sig=ACfU3U2_WeA1d4-
XF0LjNuJeBZ-
2gDi3iQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiq6rKXycfgAhXZAWMBHXMgCj4Q6AEwCXoECAEQ
AQ#v=onepage&q=georges%20de%20cr%C3%A9quy%20riss%C3%A9&f=false
VC4 = les trois éd. 1533 et 1540. C’est le cas lorsque rien n’est indiqué.
G38 : « Ab auctore recens aucti et recogniti » sur la page de titre.
101
V33 : L’épître à Jacob et Juste de Tournon passe à la trappe. f. o viii r°
C33 : f. o 7 v° : aussi passe à la trappe l’épître.
102
Le distique n’est plus de « Carolus Lyvenaeus » mais de Petrus Rossetus (c’était peut-être son
pseudonyme), et les mots « Borbonius ferrum » sont inversés [Borbonius et pas Burbonius]
λυβάομαι = railler, outrager ! C’est un distique moqueur, la Ferraria est une plaisanterie.
103
Le titre devient « Ferraria » dans les deux éd., avec mention « Quam scripsit annum agens XIIII ».
*5
« héret » = haberet
« Pulveribus faciem » : VC4 Pulverea facie
« ideoque » : VC vulgoque *7
C40 239, G38 231
« Recte » : C40 et G38 « Quondam *7
« Fortiter » : VC4 (v° et f. o 8 r°) Talibus
« caros quid inaniter annos » : VC4 cur tempus segniter istud
« transigis » : VC4 prodigis
« Intereaque patris » : VC4 et patris interea
« fabros pulchra qui pace » : VC tui, fabros qui in pace
« ad opus, nulli mercede negata » : VC4 suos ad opus, moderatur, alitque,
Prouidus et laetus [C40 : gaudet] sua reddere praemia cuique : [C’est une manière de gloser un bout
de vers (« nulli mercede negata ») qui n’était pas très clair ; pas un changement significatif]
103 « Non sine equis canibusque sagacibus, atque sagittis » VC4 / *9
104
« Omnes cum » VC4 luxuriat
104 « Dic et lympidule num prorsum oblitus es unde » VC4 f. o viii r° Num fontem et rivos
per amoena uireta fluenteis
« Qua » VC4 Queis
« Pratorumque, quibus vel » VC4 Num loca es oblitus, queis
C40 240
« mundoque ignota manebit » VC4 semperque ignota iacebit
« atque tene memori mea pectore dicta » VC haec memori mea pectore dicta reconde
G38 232
« nobis adferre quotannis » VC (f. p i r° et v°) homini praebere quotannis
« Atque etiam pennis » VC pennatoque etiam
« furtum, uis, stuprum » VC uis, stuprum, furta,
« Innocuum quamquam » VC Nec tamen in culpa
« et mala talia profert / Impietas » VC set caeca libido
Impietasque
« stygiisque docentibus umbris » VC geniisque hortantibus atris
« negas, nobisque audire recusas » VC neges nobis parere superbus
105
C40 241
« flagrassentque » VC flagraruntque
105 « Naiadum captus lachrymis, et amore parentum » VC f. p i r° Deuictus lachrymisque tuis
et amore parentis
« locuto » VC iubenti
G38 233
105 « tandem, non quod tua mulciber arma,
Non te, non tonitrum, non ignea tela, timerem :
At quia sopitum ingenium receare uolebam,
Viriculasque puer tentare, et ludere uersu : » VC (f.p i v° et f. P r°) idque hodie, neque enim
rem longius istam
Differri patiar, non quod tua Mulciber arma
Vel tonitrum metuam tempestatesque sonoras :
At quia sopitum iuuat hoc recreare parumper
Ingenium, et me tollere humo, atque adsuescere Musis,
Et puerilem animum inflammare, et ludere uersu :
105 « Christi » VC (f.p i v° rerum
« potes imperio nutuque fauere » VC potis es nutu imperioque
105 « Castellum iuxta, quod » VC (f.p i v° Haud procul a turri, quam
105 « (Oppida dum miseris infestat Gallica bellis) » : G38 233 / [sans doute la volonté de ne
pas accabler les Vandales ?
« terrae, » : C40 terrae, / Lingonicos inter fines non laude carentis :
« Hic mihi uterque parens, fratres hic, atque sorores,
Hic ego sum natus, sacrisque renatus in undis.
Hinc puer (ut memini) genitore rubente (IUBENTE?), tenellus,
Lingonius [in]genii cultum, capturus adiui,
Moxque …re...r...s quae me docuere utcumque latine.
Vandoperana… igitur ferraria praesidet illi,
Burbonius genitor, virtute insignis et arte. » : VC (f.p i v°)Hic nostra est (inquam) Ferraria,
praesidet illi
BORBONIUS genitor, pia quae mihi numina feruet :
« conducit » VC perquirit
« ligna secare » VC caedere ligna
« In syluam coeunt missi, hic discrimine nullo
106 Robora procumbunt, piceaeque, et quercus, et illex,
Procumbit phagus veterum altrix, ingemit echo
Per nemus, et » VC (f.p i v°) Conducti in syluam ueniunt, hic fissile Robur
C40 242 Diuiditur cunneis, Acer, Ornus, Fraxinus, Ilex,
Et Picea et Fagus ueterum altrix, ingemit Echo
C33 v° Per syluam,
« Quamque qui scius » VC Qui uero catus
« his etenim, carbo » VC et Larice indomita, Buxoque rebelli,
V33 f. p ii r° Quandoquidem his carbo semper
« insilit » LI r° VC exilit V33 f. p ii r°
« praesto » VC uisa
G38 234
« Reddundo » VC Reddendo
« soluat » VC pendat
« male decoquitur » VC bene non coquitur
« Ac abit » VC Set fugit
« ideoque cacumina montis / Ipse petit » VC quo fit sibi summa locorum
Eligat ut
« credit » VC credat
« manibusque pyram, multoque labore / Construit ingentem » VC qui deinde pyram lateque
patentem
Congeriem struit
« rotandam » VC rotundam
« dein » VC mox
[flammam]
« Est seruatus ad hoc locus in radice » VC Rima latet subtus certa atque angusta
« medias tenebras » VC in medium struis, atque
C40 243
« Atque simul foliis ea ianua clauditur atris, / Puluere » VC (C33 f. p 2 r°) Mox iterum rima haec
foliis terraque tenaci
Vnidque
« Praeterea » VC (v° et) Hinc simul
107
« Quamque » VC Aut
« laborans, / Iugiter impendit noctes » VC necesse est
(G38 235) Impendat noctes uigilans,
107 « imbresque futuros / Observat » : (G38 235) imbresque futuros / Praecaveat, flatusque
Austri, coelique figuram / Observet
107 « Nam pater omnipotens firmamenti omnia uasti / Signa homini ostendit, non natura ulla,
nec artes. » VC / V33 f. p ii v°
« Dixit adesse diem » VC Praecinuit lucem
« Panemque et nigricans uillum » VC Atque cadum uilli plenum
« Et rivos patiens haurit de rupe fluenteis » : C40 / [Sans doute la suppression la plus mystérieuse.
« Il puise dans les ruisseaux coulant des cavernes »…
« Illa » VC Haec
« Ille animum recreat, fessus ventremque saginat.
Nempe casam ramis humilem sibi sternit, et illuc
[Se] recipit gaudens una » VC Vna plumentumque coquens, renouansque cubile
Euerrensque casam, hanc humilem sibi strauerat ante :
Hanc habitat laetus laeta
C40 244
107 Les charbonniers chantent : « Syluestreis musas (dictu mirabile) gaudent » VC
Syluestrem Musam .V33 f. p ii v°
[Capreoli]
« [Et] lepores » VC (f. p iii r° et v°) Et uulpes
[Arrectis]
« cantum mirantes » VC omnes mirabundae
f. p ii r° V33
107 « Arrrectis cantum mirantes auribus adstant. / Saepe » VC f. p ii r° V33 Arrectis omnes
mirabundae auribus astant,
Concordesque ferae, et cantu fera pectora mulcent :
Non secus ac lenisse tigres Rhodopeius Orpheus
Amphionue sono blandae testudinis olim
Dicitur, et lapides duxisse in moenia duros :
Quin
108 G38 236
« Foedaeque » VC Foedae et
108 « Christi » VC f. p ii r° diuos
« auxilium et sanctum » VC et sanctum Christi [Ici il rajoute un Christ ?!
« Interdum » VC Cum libet
« hic implicat, illic » VC implicat hic illic
C40 245
108 « fuco… illo » VC VC f. p ii r° fucis… illis
108 « Pontificum istorum, quorum praecordia curae
Insatiata coquunt, uexatque scelestus habendi
Quos amor argenti, quos omnis foeda libido
Inquinat, incestat, contaminat, inficit, urit.
Qui desiderium carnis mundumque sequuntur :
Qui credunt satanae, floccifaciuntque prophetas,
Contemnunt inopes, condemnant uera loquutos
Eximiosque dei praecones ignibus urunt.
Candida communtant nigris, quadrata rotundis. » VC (V33 f. p ii v° et C33 f. p 3 r°) Qui nos
compilant, et quos immanis habendi
Est amor argenti, quos mundi gloria uexat,
Qui carnis desiderium sensumque sequuntur, [C40 Qui sibi persuadent nil non impune licere
Qui spernunt inopes, condemnant uera locutos : [C40 Qui spernunt inopes, qui CHRISTI
numina rident
O gens, ô cunctis Erebi dignissima poenis,
« sacro… uerbo » VC summa… cura
G38 237
108 « Christum » VC uerum V33 f. p ii v°
109
[ventris]
« O sores fidei, ius quorum iniuria summa est.
Proh dolor, » VC Et portenta hominum, qui foedo mascula miscent
Corpora concubitu, et uetitis complexibus ardent.
Quis dormire Orcum dubitet ? qui talia monstra
Non uoret ?
109 « O furor o iram divini numinis, o quam
Multas tecum animas perdis Rhomana tyrannis.
O nimis » G38 237 O seclum,
« o iram diuini numinis » VC irati et comtempti numinis
109 « perdis Rhomana tyrannis. / O nimis » VC V33 f. p ii v° pessum das foeda meretrix
Purpurea, ô
« illuc ? / Vnde abii ? » VC (C33 v°) ad rem / Vt redeam,
« transactis » VC interiectis
[uideres]
« Ligna, et » VC Ligna, ut
C40 246
« Adueniat » VC (V33 f. p iiii r°) Adcurrat
« iam » VC Nunc
« saltem quae paucula noui » VC (V33 f. p iiii r°) set quae puer ipse notaui
« Quod si forte rogas, quanam cognoscitur arte, / Materiem quae terra habeat, ferrique
fodinam, / Contineat, norunt pueri, nouere bubulci » G38 237 (à la place de « quanam
cognoscitur arte) qui possim scire videndo
G38 238
« numquam fallere nouit » VC raro fusa fefellit
« candensque » VC pallensque
[Persimilis limo]
« parturit » VC (C33 f. p 4 r°) congerit
110
« mollita parumper / Quassatur, carptimque minuta in frusta secatur. » VC contusa minutim (broyée
soigneusement)
À propos du minerai : 110 « Abluitur lymphis, pulchro currentibus alueo » VC V33 f. p iiii r°
apto (utile au lieu de beau)
« Est turris quadratae instar, » VC Quadrata est ingens Barsae
[dicunt]
« extructam » VC structa est
C40 247
« a tergo folles » VC folles a tergo
« Spirant respirantque » VC Et flant, et reflant
110 « hic praesto fusorem dicere plebes / Quem solet, is massam recipit » VC V33 f. p iiii r° hic
Fusor, sic illum nomine dicunt,
Excipit hic solers massam
« noctemque diemque » VC noctesque diesque
[dormire bimestri]
« Continuam… dicunt » VC Continum… perhibent
G38 239
110 « et flabra » VC V33 f. p iiii r° follesque
« Fortia, quae » VC Fortes, qui [c’est pour accorder à la correction précédente]
« ignisque potentior instet » VC atque ignis ut acrior instet
[credas]
« mutare » VC (C33 v°) motare
111
« et circumfremit » VC circumfremit
« Misceat et densos pinguesque subinde lapillos » : C40 / [C’est un oubli : la phrase a besoin de ce
vers]
« quoties » VC (V33 f. v r°) simul ac
« turris » VC custos
« fortisque et durus et asper.
Praeterea artifices adsunt, qui plurima fingant » VC (V33 f. p v r°) uultuque habituque
Charonti
C40 248 Persimilis, qui cum artifices qui plurima fingunt
« immania monstra, pilasque / Ingenteis » VC ita enim monstra illa uocantur,
Daemonis inuentum stygii, furor iraque diuum :
Mulciber his primos dum Teuthonas instruit armis :
Atque pilas,
« uincuntur reges, populique laborant. » VC flammiferi nimirum fulminis instar
Haec tormenta uolant, referuntque tonitrua bombo :
« ideo qui transmutet » VC igitur qui mox recoquat
G38 240
« magnis » VC (C33 f. P 5 r°) duris
111 « subinde / Intingunt » VC (V33 f. v r°) paratis / Immergunt [On passe d’un verbe précis,
utilisé par Vitruve, à un verbe plus commun
« fluuius… temperet » VC amnis… temperat
« Subtilius reddat » VC Ductilius reddit
111 « Corripiunt igitur ferrum, gestantque » VC (V33 f. v r°) Perdomitum flammis rapiunt,
portantque
[montes]
« Mirifice extendi hic massam » VC (V33 v°) Mirifice hic massam extendi
[tenues] [Egregie] [Officium]
112
C40 249
« sturnatim » VC hilares
« (Ut syncerus homo est, et turpia lucra perosus) » VC /
G38 241
« carpar » VC (V33 f. vi r° et v°) peccem
« sacerdotes » VC istos uentres
« Tutandis decimis defendendisque sacrarum » VC Redditu in augendo, defendendisque suarum
C40 250
112 « bullisque » VC (V33 f. vi r° tricisque
« Relliquiisque O me audacem qui talia dico : » VC O me imprudentem nimium, quur talia dico ?
Inconsultus homo temere molitur, et audet
Omnia, prudentem facti non poenitet unquam :
[+ « Horrida nil metuo rhomanae fulmina lernae :
Nil metuo haeretici nomen, nil carceris umbras :
Nil metuo flammam, qualem nec mulciber unquam
Viderit, o miserum atque » C40 Ah miserum puerum, atque]
112 « metuo rhomanae » VC (V33 f. vi r° timeo metuendae
« haeretici nomen, nil » VC longas graueolentis
113
« procerum, » VC (C33 f. P 6 r°) procerum ? cur non te respicis ipsum ? / Cur non Hippocrati,
« Christus, spes unica Christus, / Una salus Christus, cui laus et gloria soli. » VC (V33 f. vi r°
Virtus, satis unica Virtus :
(G38 242) Vna satis Virtus, et mens sibi conscia recti :
Praeterit ut uentus mundi illectantis imago,
(V33 v°)Transuersosque agit, et specie deludit inani.
113 « Quod lusi, pueris, lusi, meliora fauente
Parturio Christo, rumpantur liuida corda
Rumpantur, sciolique susurronesque nefandi :
Omnia mordere, atque bonis maledicere nati.
Archadicum pecus, et telluris inutile pondus.
Vos igitur pueri per summum obsecro parentem
Qui gnatum in terras caelo demisit ab alto,
Et nos horribili primorum labe parentum
Ablueret foedos, et libertate bearet,
Quique suo nostras animas de faucibus horci
Sanguine detraheret moriens, caeloque locaret,
Et faceret reges, fidei per nobile donum. » VC V33 f. vi v° Quod lusi pueris lusi, meliora
supersunt
Quae premimus, nec (spero) bonis ingrata futura.
Interea sciolique susurronesque nefandi,
Qui cum nil praestare queant, aliena reprendunt,
[C40 251]Arcadicae pecudes, et pondus inutile terrae,
Rumpantur, patremque suum te Zoile uisant.
Vos igitur pueri per summum obsecro tonantem,
(Qui natum in terras coelo demisit ab alto,
Vt nos mortifera primorum labe parentum
Ablueret foedos, et libertate bearet :
Vtque suo nostras animas a faucibus Orci
(C33 v°) Sanguine seruaret moriens, coeloque locaret,
Et faceret reges, fidei per nobile donum.)
FIN
VC ajoutent les vers liminaires de Steph. Pilostius Brixius et de Gilbert Ducher (en grec : Gilbertu
tou Duchoriou)
C40 La nuga qui suit est « Poeta ad uirtutem exhortatur omneis » : « Secula si uincas, uel quot
Gangeticus ales... »
Notes de lecture, Nicolas Bourbon
Le poème pourrait s’appeler « Tuer le père : NB et la paterna ferraria »,
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96050833/f19.image trad
La Ferraria dans l’éd. 1538 explose le cadre de l’épigramme. C’est ici que le livre est numéroté en
« Carmen » avec le numéro dans le livre. L’épigramme qui recommande de lire le livre à moitié se
retrouve à la fin du livre IV.
G38 : au début du livre IV, 208 une épître rieuse à Franciscus Pucrius a Benestaea, iuueni eruditione
singulari. 210 Signe « Vandoperae, qui uicus mihi natale solum est, in Lingonib. Anno domini
Christi M.D.XXXVIII. »
Dans cette épître il espère rire beaucoup, « salso et honesto risu » (210)
209 « Proinde Nugarum ueterum simul ac nouarum quicquid ad manum erat, in unum uolumen
iussu tuo, et tanquam in fascem redegi » : il s’agit d’une « réduction » là aussi, non pas « redigere in
artem » mais « redigere in fascem »… !
209 Il aurait voulu, s’il n’était pas « gravedinosissimus », venir auprès de son ami lui lire une satire
où le poète se moque de ses propres Nugae et les qualifie de :
« Dignaque rugosos uetularum radere culos » ! (il en donne les premiers vers).
C’est François Le Poulchre de Benestaye (1520-1594), un proche de Marguerite de Navarre, qui est
son maître d’hôtel à la mort de celle-ci.
101 « Venit ad uos, adolescentes nobilissimi, quam olim admodum puer lusi, Ferraria, una cum
hymno, cuius argumentum mihi suggessit aliquando [grec??] uester imo noster neutiq[uam?]
uulgaris amicus. »
Ce n’est pas un poème vulgaire.
« Accipietis hoc munusculi in bonam partem, a me alumno uestro, quod uobis longe maiora molior,
breuique in publicum emersura, opitulatore Christo. » Longtemps « machiné », bientôt publié.
« Non ignoratis (opinor) me amdiu stilum exacuere, ut scribam in quosdam [tous atheous], quorum
praecipuum esse studium uideo, sursum ac deorsum omnia confundere, caelumque terrae miscere
quod aiunt. »
102 Il prie ensuite la divinité : « At quid effecturus sim, uiderit Dominus deus, quem precor ipsum,
ut huiuscemodi Christianorum carcinomata uomicasque breui compescat. Proinde eo libentius et
confidentius ad uos mitto haec quae tum uis minutula et nugalia, quo uos erga me propensioreis
esse uideo. »
Le distique de Carolus Lyuenaeus :
Aurum habeant alii, argentumque, et rara metalla :
Ferrum Burbonius cuderit, ipse, probo.
C’est une allusion à l’âge d’or, qui n’est pas celui de Bourbon puisqu’il décrit la forge des armes.
Retournement spécieux de la rhétorique de l’âge d’or.
103
« flantibus Austris » : « Haec precor euincat, propulsaque flantibus Austris » est un hexamètre
d’Ovide, Tristes, livre I, élégie 10, p. 32, éd. et trad. Jacques André, Paris : Les Belles Lettres, 1987.
C’est l’iter de son exil, écrit au moment où il est au détroit du Bosphore : les souffles des vents du
sud doivent l’amener à Tomes.
sueur : cf. Georg Pictorius, la sueur du travail.
ferrugo = la rouille de l’envie, de la jalousie. Vulcain est jaloux de l’humanisme de NB.
« Puluerea facie » : C’est la poussière de la forge caduque, qui tombe en poussière, un memento
mori.
« oculis flammantibus » est une expression de Bède le Vénérable (Histoire ecclésiastique),
lorsqu’une âme revenue des Enfers, au monastère de Melros, raconte avoir vu des démons qui
tenaient des tenailles et lançaient des flammes par les yeux.
https://books.google.fr/books?id=MAVEAAAAYAAJ&pg=PA206&lpg=PA206&dq=
%22oculis+flammantibus
%22&source=bl&ots=JNgr2lOJDw&sig=ACfU3U04LWQl_m9IfdQNiSZXdwUXKBRv9Q&hl=fr
&sa=X&ved=2ahUKEwjgte-lkcjgAhUE6OAKHUDwDasQ6AEwAnoECAcQAQ#v=onepage&q=
%22oculis%20flammantibus%22&f=false
Les cyclopes sont encore ici des « famulos » **
« nomenque decusque » est une expression de Virgille, livre II, v. 89, p. 84-85, sous la bouche de
Sinon le fourbe Grec qui ment sur le cheval de Troie.
Texte de 38 :
v.1 Nox hiemalis erat, densis obscura tenebris,
2 aere commoto pluviosaque flantibus Austris,
3 cum defessa sopor mea membra profundus haberet,
4 ecce mihi in somnis offert se Mulciber, atro
5 terribilis vultu, velut e fornace revertens,
6 perfusus sudore artus, ferrugine crinem,
7 pulverea facie, atque oculis flammantibus horrens.
Pour Vulcain suant et les yeux allumés, voir la description de Jeanne de Flore, 1537, p. 151 « Or
comme jadis en l'ost et exercite des Grecz tenant le siegeà Troie, l'ymaige de Minerve qu'on
appelloit Palladion monstra par signes evidens l'indignation que la Déesse portoit contre les Troiens
(premierement veirent les Grecz en la mute statue les yeulx rougeset enflambez comme feu : après
on la veit suer par tout le corps : etpar troys fois le marbre blanc en fureur et raige (cas
esmerveillable!) s'eslever, et brandissant le glayve qu'elle tenoit en sa dextre main feithydeusement
cliquetter tout son harnoys) ». Quelle est sa source ? Je crois que Vulcain est Minerve ici,
permutation. Jeanne de Flore pour Vulcain C’est p. 109 de l’éd. des Contes amoureux par Madame
Jeanne Flore, éd. Régine Reynolds-Cornell, Saint-Etienne : P.U.S.E., 2005
8 Tres secum famulos, immania corpora, habebat,
9 nudos membra atque unoculos, vulgoque Cyclopas
10 Recte appellatos : Steropes a fulgure, Brontes
11 a tonitru, nomen sortitur ab igne Pyragmon.
12 His comitatus erat, cum me somno usque gravatum
13 talibus increpuit : "Puer (inquit) inique, patrisque
14 immemor et patriae, cur tempus segniter istud
15 conteris et pulchrum sine fructu prodigis aevum ?
16 Et patris interea retices nomenque decusque,
17 ingeniumque tui, fabros qui in pace gubernat,
18 accingitque suos ad opus, moderatur alitque
19 providus et gaudet sua reddere praemia cuique.
20 Infelix, patrii cur non reminisceris agri ?
21 Unde tibi haec nemorum tam dira oblivio ? Quae te
22 aequalesque simul toties mixtasque puellas
23 ludentes habuere ? Omnis cum frondibus arbos
24 luxuriat variisque adrident floribus agri ?
25 Num fontem et rivos per amoena vireta fluentes,
26 queis sine tota tui patris Ferraria friget,
27 num loca es oblitus, queis divum lumina gaudent ?
28 Quaeque homines mage mirantur quam Thessala Tempe ?
29 Quam suum et Elysium manes ? Clementia caeli
30 illic tanta et fertilitas et copia rerum,
31 siccine contemnis patriam patriosque penates,
32 infelix puer ? Haec Musis dignissima sedes
33 incelebris semper semperque ignota jacebit ?
34 Audi agendum quae pauca tibi curanda relinquo ;
35 si sapis, haec memori mea pectore dicta reconde.
36 Est scribenda tibi Ferraria carmine, cunctis
37 quo ferri ignaris ars innotescat habendi,
38 ferri, inter tam multa metalla bonique malique,
39 fructum et perniciem, vitam exitiumque ferentis.
40 Quippe rudis tellus incultaque scinditur illo,
41 aptaque fit segetes homini praebere quotannis,
42 plantaeque et vites, omni squalore resecto,
43 annua cum foliis juvenescunt dona ferentes.
44 Ferro aedes tolluntur et aspera saxa secantur :
45 humanos omnes ferrum conducit ad usus.
46 Illo etiam ad caedes hominum et funebria bella
47 vindictamque, et iter mortis praesentius atrae,
48 utimur, excusso tormentis atque lacertis,
49 pennatoque etiam : nullum non robore ferri
[Tout ceci versifie Pline sur le fer :
« Proxime indicari debent metalla ferri, optimo pessimoque uitae instrumento. Siquidem hoc
tellurem scindimus, arbores serimus, arbusta tondemus, ponimus pomaria, uites squalores deciso
annis omnibus cogimus iuuenescere. Hoc extruimus tecta, caedimus saxa, omnesque ad alios usus
ferro utimur. Sed eodem ad bella, caedes, latrocinia, non comminus solum, sed etiam missili
uolucrique, nunc tormentis excusso, nunc lacertis, nunc uero pennato : quam sceleratissimam
humani ingenii fraudem arbitror. » « Maintenant nous avons à parler des mines de fer, pour
l’homme l’instrument le meilleur et le pire. C’est avec le fer que nous labourons la terre, que nous
plantons les arbres, que nous taillons les hautains, que nous dressons les vergers, que nous forçons
tous les ans la vigne à se rajeunir en retranchant les branches décrépites ; c’est avec le fer que nous
bâtissons les maisons, que nous taillons les pierres, et tant d’autres services que nous en retirons.
Mais c’est aussi le fer qu’on emploie pour la guerre, pour le meurtre et le brigandage, non-
seulement de près, mais encore lancé de loin et volant dans les airs, mu, soit par les machines, soit
par le bras, et souvent même empenné. C’est là, suivant moi, de tous les méfaits de l’esprit humain
le plus criminel. » p. 602, livre XXXIV, 39, de Pline, Histoire naturelle, t. II, trad. Emile Littré,
Paris : Les Belles Lettres, 2016.
50 patratur facinus, vis, stuprum, furta, rapinae.
51 Nec tamen in culpa est ferrum, sed caeca libido,
52 impietasque hominum insignis, qui sponte ruentes
53 in scelus omne, novos astus artesque nocendi
54 inducunt, furiis geniisque hortantibus atris.
55 Quod si forte neges nobis parere superbus,
56 nosti quid patriis mea possit in aedibus ira,
57 expertus satis es nostrum dudum ipse furorem
58 (si memor es) tua cum flamma bacchante, cremavi
59 carmina, flagraruntque domus pia tecta paternae
60 funditus ; atque ubi nunc Ferraria, cresceret herba,
61 ni pius aetherei vetuisset rector Olympi,
62 devictus lacrimisque tuis et amore parentis.
63 Audistin' quae te jamdudum scire volebam ?"
64 Dixit, et in densas noctis se condidit umbras
65 cum famulis. Animo fuerant quae dicta voluto,
66 attonitus tanto monitu, et parere jubenti
67 constitui, idque hodie : neque enim rem longius istam
68 differri patiar. Non quod tua, Mulciber, arma
69 vel tonitrum metuam tempestatesque sonoras,
70 at quia sopitum juvat hoc recreare parumper
71 ingenium et me tollere humo, atque adsuescere Musis,
72 et puerilem animum inflammare et ludere versu,
« ludere versu » : premier vers de la 6e églogue de Virgile, Bucoliques, p. 64 : Prima Syracosio
dignata est ludere uersu / nostra, neque erubuit siluas habitare, Thalia. » p. 116 « La première, notre
Thalie a daigné s’amuser au vers syracusain, et n’a pas rougi d’habiter les bois. »
73 accingor. Tu summe fave Pater optime rerum,
74 qui solus potis es nutu, imperioque favere,
75 nempe Deus : puero vires mentemque ministra.
76 Vandoperae locus est cujus Ferraria nomen,
77 incumbens Barsae fluvio, saeptusque viretis,
78 haud procul a turri quam quondam Vandala pubes
79 struxit, ut historiae et veterum monumenta loquuntur.
80 Hinc et Vandoperae facta appellatio terrae,
81 Lingonicos inter fines non laude carentis ;
82 hic nostra est (inquam) Ferraria : praesidet illi
83 Borbonius genitor, pia quem mihi numina servent.
84 Is primum perquirit eos qui caedere ligna
85 et sudare diu et norunt vibrare securim.
86 Conducti in silvam veniunt. Hic fissile robur
87 dividitur cuneis acer, ornus, fraxinus, ilex,
88 et picea, et fagus veterum altrix. Ingemit Echo
89 per silvam, struibus late loca plena tumescunt.
90 Qui vero catus est lignator, quercubus omnis
91 abstinet et larice indomita, buxoque rebelli,
92 quandoquidem his carbo semper fit inutilis et qui
93 accensus crepitat, lauri instar, et exsilit ardens,
94 mox moritur, frigescit opus, faber aestuat ira.
95 Postquam magna satis lignorum copia visa est,
96 est gens silvestris, tenuisque et paupere cultu,
97 sorte sua contenta tamen, patiensque laborum.
98 Hi quadam quasi censura ac ratione, recensent
99 lignatoris opus, seriatimque omnia lustrant,
100 et numero accipiunt, ne vel fallantur in ipso
101 reddendo carbone patri, ne vel pater illis
102 plus pendat quam sint meriti ; dein quisque patentum
103 vestigat sedem prorsumque humore carentem.
104 Nam bene non coquitur carbo tellure in aquosa,
105 sed fugit in cineres, quo fit sibi summa locorum
106 eligat ut prudens, sua sicco denique credat
107 ligna solo. Qui deinde pyram lateque patentem
108 congeriem struit et patula radice rotundam,
109 culmine pyramidi similem. Mox fronde virenti
110 faginea quernaque tegit, cineresque nigrantes
111 et pingues spargit nec tum obruta ligna patescunt.
112 Atque ubi tempus adest quo vult immittere flammam,
113 rima latet subter certa atque angusta, subestque
114 hac iter in medium struis, atque hac mittitur ignis.
115 Mox iterum rima haec foliis terraque tenaci
116 undique stipatur : vento via nulla nec aurae
117 linquitur, ipse intus frustra permurmurat ignis
118 aera disquirens, magnoque fragore minatur.
119 Hinc simul erumpunt tanta caligine fumi,
120 tam grave spirantes quam qui de faucibus Orci ;
121 aut illi quos (ut fama est) perterritus olim
122 misit in Alcidem Cacus, Vulcania proles,
123 raptor Aventino jamjam moriturus in antro.
124 Huic operi septem soles, totidemque necesse est
125 impendat noctes vigilans, imbresque futuros
126 praecaveat, flatusque Austri, caelique figuram
127 observet, Pliadasque : nihil pigra plaustra Bootis
128 hunc fallunt, nihil hunc fallit nimbosus Orion.
107 « imbresque futuros / Observat » : (G38 235) imbresque futuros / Praecaveat, flatusque Austri,
coelique figuram / Observet
129 Instabilem Lunae faciem percallet ad unguem.
AFLanord ne traduit pas ce vers. « Le charbonnier connaît la face de la Lune complètement. » C’est
un astrologue que ce charbonnier, qui connaît la semaine à la face de la Lune.
130 Interea coquitur carbo, ipse subinde quiescit
131 carbonarius : hunc conjunx, ubi Martius ales
« oiseau de Mars » = le pivert
132 praecinuit lucem, visit, soletur ut aegrum.
133 Alliaque et caepas adfert, oleumque salemque
134 atque cadum villi plenum, pinguemque suillam.
135 Haec etiam noctes aliquot plerumque marito
136 cum fesso vigilat nec pernoctare gravatur
137 una, pulmentumque coquens, renovansque cubile,
138 everrensque casam (hanc humilem sibi straverat ante)
139 hanc habitat laetus, laeta cum conjuge et illic
140 cenitat. A cena fabellas audit et utrem
uter, utris : cornemuse, outre à vin. Instrument bacchique.
141 inflat, praerudibusque modos integrat agrestes
modos agrestes : les mélodies champêtres
142 articulis. Stupefactarum tum densa ferarum
143 agmina conveniunt, hominemque audire canentem
144 silvestrem Musam (dictu mirabile) gaudent :
145 capreoli, cervique leves, damaeque fugaces,
146 raptoresque lupi, villisque horrentibus ursi,
147 et vulpes, curvisque timendi dentibus apri,
148 arrectis omnes mirabundae auribus astant,
149 concordesque ferae et cantu fera pectora mulcent.
150 Ut quondam lenisse tigres Rhodopeius Orpheus,
151 Amphionve sono blandae testudinis olim
152 dicitur, et lapides duxisse in moenia duros.
153 Quin etiam nigris cum pallet nubibus aer,
154 cum tenebris media obscuris in nocte perhorret
155 telluris facies, tunc exaudire luporum
156 caecorum rabiem solet et diros ululatus.
157 Denique ramatim volitant lugubre canentes
158 foedae et lucifugae volucres, striduntque per umbram.
159 Ille nihil motus, comprensa lampade, divos
160 invocat et sanctum Christi super omnia nomen,
161 aggrediturque feras. Fugiunt perque invia lustra
162 attonitae sua tecta petunt notasque cavernas.
163 Quid memorem fossas et retia, se quibus ille,
164 cum libet, exercet ? Cervus se hic implicat, illic
165 incidit in fossam vulpes male vafra lupusque
166 pernicies ovium, aeternus pastoribus hostis.
167 Quid modulos avium dicam, quos tempore verno
168 audire est operae pretium ? Philomela serenam
169 flet noctem, quosque implumes manus aspera nido
170 abstraxit, queritur fetus, et flebile carmen
171 integrat et maestis implet nemus omne querelis.
172 O felix vulgus nimium, sua si bona norit,
Georgiques II, 458-459 : O fortunatos nimium, sua si bona norint, / agricolas ! », « Ô trop heureux
les cultivateurs, s’ils connaissaient leur bonheur ! » p. 68-69, Virgile, Géorgiques, trad. Eugène de
Saint-Denis, Paris : Les Belles Lettres, 1998.
173 aerumnasque graves animo toleraverit aequo.
174 O vulgus fucis longe felicius illis
175 qui nos compilant et quos immanis habendi
176 est amor argenti, quos mundi gloria vexat,
Horace, Satires, II, v. 77-78 satire 3, p. 150-151 :
Audire atque togam iubeo componere, quisquis
ambitione mala aut argenti pallet amore…
« J’invite à m’écouter, disposant commodément sa toge, tout homme que fait pâlir la funeste
ambition ou l’amour de l’argent... »
Horace, Satires, trad. François Villeneuve, Paris : Les Belles Lettres, 2001.
177 qui sibi persuadent nil non impune licere,
178 qui spernunt inopes, qui Christi numina rident.
179 O gens, o cunctis Erebi dignissima poenis,
Erebus = manière grecque de parler de l’Enfer
180 quid nostro hoc saeclo, quid tempore spurcius isto ?
181 Nempe gregem summa debent qui pascere cura,
182 doctrinaque decet quos praelucere popello,
183 ii verum ignorant, violant, gaudentque rapinis ;
184 egregie imponunt nobis, animalia ventris,
Dans les Méditations saint Augustin définit ainsi l’homme. https://books.google.fr/books?
id=D0F3cLOGJvQC&pg=PA70&lpg=PA70&dq=animalia+ventris&source=bl&ots=8vtbIXUssl&si
g=ACfU3U3WrkqEal5kGiFRsOsb49dY4WV9pQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj-
jNz41M3gAhVx2OAKHUf9AXEQ6AEwA3oECAYQAQ#v=onepage&q=animalia
%20ventris&f=false
185 et portenta hominum, qui foedo mascula miscent
186 corpora concubitu et vetitis complexibus ardent.
187 Quis dormire Orcum dubitet, qui talia monstra
188 non voret ? O homines, o sors, o tempora nostra,
189 o saeclum, infelix saeclum, o lacrimabilis aetas
190 ferrea, vel ferro pejor, quia durior ipso.
191 Quo rapior demens ? Quo me furor impulit ? Ad rem
192 ut redeam septem interjectis carbo diebus
La furor de Vulcain emporte le charbon durant les 7 jours (semaine cosmologique, qui amène tout
naturellement un discours eschatologique).
193 percoctus trahitur, fumusque ignisque residunt.
[Il aime bien ce stylème « fumusque ignisque », nomenque decusque etc. ** les autres
194 Tum pyra detegitur rastris, mutata videres
195 ligna, ut quae fuerant paulo prius humida et alba,
196 arida et atra patent, nec sunt tamen igne minuta.
[Charbon : passage de l’humide et froid au chaud et sec. Donc de l’eau au feu. Voilà pourquoi
« nocet imber » (cf. plus bas).
197 Tanta manent, solumque novum sortita colorem,
198 ingeniumque novum, superest auriga repente
199 adcurrat (nam carboni nocet imber), equisque
200 adjunctis plaustro, vectet sub tecta fabrorum.
« ducitque in tecta fabrorum » est un vers de Folengo, dit Merlin Coccaïe, dans son Baldus de 1517,
qu’Erasme et Rabelais connaissent. ** S’il y a dans les Nugae de 1530 des refs à Erasme ?
https://books.google.fr/books?id=PreAEOm0BdAC&pg=PA227&lpg=PA227&dq=
%22tecta+fabrorum%22&source=bl&ots=vfuLTIuA6N&sig=ACfU3U0Cdqfmb62R1-
hYpnAUr_P8Ie5gug&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiS3pr0183gAhWPnhQKHc31CUsQ6AEwAHo
ECAkQAQ#v=onepage&q=%22tecta%20fabrorum%22&f=false
dit que s’inspire du chant III de l’Orlando furioso où Bradamante tombe dans une grotte où la voix
de Merlin lui révèle son avenir. Chaîne de parodies. L’apparition de Vulcain parodie celle de Merlin
comme de Minerve. Tuer le père, tuer Vulcain : c’est la même chose, il s’agit de moquer Vulcain, de
l’humilier comme les humanistes savent faire.
201 De carbone satis ; nunc de fossoribus ordo
202 postulat ut dicam, sed quae puer ipse notavi.
203 Ii sunt qui cura multa, multoque labore
204 materiem ferri effodiunt et viscera terrae
205 ictibus invadunt crebris venasque requirunt
206 abstrusas, tornoque trahunt et fune sub auras.
207 Quod si forte roges qui possim scire videndo
208 materiem, quae terra habeat ferrique fodinam
209 contineat, norunt pueri, novere bubulci,
210 indicat ipsa soli facies subrufa, nec usquam
211 tam regio infelix, ferrum quae non ferat, ulla est.
212 At quae materies solita est excellere, disce.
213 Pondere quae gravis est, fulvumque imitata colorem
214 emicat, haec certa est, haec raro fusa fefellit.
215 Hinc tibi fertilitas ferri promittitur ingens.
216 Quae vero levis est pallensque, absumitur igni
217 persimilis limo, et fornaci congerit atram
218 colluviem, missa frustra de follibus aura.
[A propos du minerai je crois que NB livre un secret professionnel. Où peut-il l’avoir lu ?? Il brode
sur Pline. ** le De Mineralibus.
219 Denique materies omnis de more lavanda est.
220 Et quae crassa nimis, quaeque indigesta videtur,
221 subjicitur prunis, coquitur, contusa minutim
222 abluitur lymphis apto currentibus alveo.
223 Hinc ad fornacis radicem et limina fertur.
224 Quadrata est ingens Barsae prope fluminis undans
225 infabricata quidem moles, quam nomine dicunt
[infabricata : non travaillée, non forgée : forge non-forgée, forge forgeante…
226 fornacem, structa est saxis vulgaribus ; intus
[La forge est barbare, vulgaire, dure…
227 sunt silices duri, quibus est mirabile robur.
228 Visque resistendi flabris ignique voraci,
229 hic gemini folles a tergo immania spirant
230 terga boum, vibrante rota, quam versat aquarum
vivante, la forge a des « terga » comme les bœufs dont sont faits les soufflets.
231 impetus adsidue, motantur, flantque vicissim,
232 et flant et reflant, alternis motibus, aequi.
233 Adcubat hic fusor, sic illum nomine dicunt :
234 excipit hic solers massam, quod fusile ferrum
235 dicitur, atque regit ventos lituisque prehensis
236 ferreis emungit squamas et perdomat ignes.
[« lituus », bâton sacré qui est en fait un crochet de fer dont se sert le fusor pour retirer les scories
(le laitier).
237 Seligit impurum puro, noctesque diesque
238 pervigilans, homo durus et omnia ferre paratus :
[ferrum et ferre (porter) : jeu de mots aussi avec durus.
239 hunc vix sesquihoram toto dormire bimestri
240 continuum esse nefas perhibent, quo tempore fornax
il est nefas de dormir plus d’une demi-heure, dit-on
241 visceribus manet integris follesque supersunt
visceribus integris : le fourneau est vivant. Première occurrence de la machine vivante à la Zola ?
242 fortes, qui fessis succurrant fratribus et qui
243 fornacem renovent atque ignis ut acrior instet.
244 Hic rivis fluitat ferrum saevoque boatu
245 stricturas vomit et piceo cum turbine flammas,
boatus, us : vagissement ; strictura, ae : masse de fer dans Pline, qui tire cette expression de
« strictura acie », fer qu’on dégaîne
https://books.google.fr/books?
id=SFdHAAAAYAAJ&pg=PA126&lpg=PA126&dq=pline+strictura+ferrum&source=bl&ots=XhJ
Vu6Qtug&sig=ACfU3U3B1lnBcI-
RG6lujrxubEYhqi8D3g&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi6yvDbpM_gAhV9AWMBHZvoDE4Q6AE
wAHoECAAQAQ#v=onepage&q=pline%20strictura%20ferrum&f=false
246 ingentesque globos, quos lambere sidera credas,
247 haud aliter quam sulphureis ardoribus Ætna,
248 cum fessum latus incassum, sub pondere tanto
249 nititur Enceladus motare atque impos anhelat :
incassus = inutile
250 fit tonitru, exsuperant flammae, circumfremit aequor.
251 Carbonem interea, qui materiemque ministret
252 fornaci, simul ac vasto decrevit hiatu,
253 fusori comes est : is in ipso culmine custos
« Il y a un compagnon du fondeur qui administre le charbon et le minerai (materies) aussitôt que le
vastus hiatus décroît. » (hiatus, us m).
254 vir stabulat vigilax, vultuque habituque Charonti
255 persimilis, qui eum artifices, qui plurima fingunt
256 vasa luto primum tornatim ; denique formis
257 infundunt ferrum, quin et (mirabile visu)
258 bombardas constant (ita enim monstra illa vocantur,
259 daemonis inventum Stygii, furor, iraque divum,
260 Mulciber his primos dum Theutonas instruit armis)
261 atque pilas, quibus et muri quatiuntur et urbes
262 aequantur turresque solo, robusta teruntur
263 corpora ; flammiferi nimirum fulminis instar
264 haec tormenta volant referuntque tonitrua bombo.
265 Exin massa recens quae de fornace petita est,
266 germanum ferrum nondum solet illa vocari.
267 Est igitur qui mox recoquat vastaque secundo
268 fornace emendet faciatque plicatile ferrum
« plicatile ferrum » : fer corroyé (ou replié, littéralement, qui se plisse), ne se trouve nulle part
ailleurs que chez NB
269 congestum in globulos. Succedunt protinus acres
« globulos » : loupes
270 ipsum qui extenuent poliantque : his ferreus ille
271 malleus est ingens, quem maxima tollit aquae vis.
[Le martinet (?)
272 Calfaciunt iterum impigri versantque per ignes
impigri : infatigables
273 forcipibus duris ferrum, candensque paratis
274 immergunt lymphis : Chalybes imitantur, apud quos
[Cf Martial, IV, 55 pour les Chalybes et Bilbilis. C’st donc une erreur de NB qui réunit au même
endroit les Chalybes (peuple du Pont-Euxin) et le Bilbilis, fleuve d’Espagne. Preuve que la
Ferraria est un épigramme, elle se nourrit de Martial plus que d’exactitude scientifique.
Martial, Epigrammes, éd. et trad. H. J. Izaac, t. I, Paris : Les Belles Lettres, 1969, p. 134, livre IV,
55, v. 8-12 :
nos Celtis genitos et ex Hiberis
nostrae nomina duriora terrae
grato non pudeat referre uersu :
saeuo Bilbilin optimam metallo,
quae uincit Chalybasque Noricosque,
et ferro Plateam suo sonantem…
« pour nous, issus des Celtes et des Ibères, ne rougissons pas de prononcer dans nos vers
reconnaissants les noms un peu durs de notre pays natal : Bilbilis, sans rivale pour le métal
meurtrier, et qui l’emporte sur les Chalybes et les Noriques ; Platea, qui résonne du fer de son sous-
sol... »,
275 Bilbilis est amnis, qui ferrum temperat et qui
276 ductilius reddit fabricandisque ensibus aptum.
277 Perdomitum flammis rapiunt portantque sub ictus
278 terrificos quibus et regio strepit omnis et aether
279 et montes circum, et late nemora alta resultant.
280 Mirifice hic massam extendi ducique videres
281 in tenues longasque trabes : ceram esse putares.
« On croirait de la cire » : cf Ovide bien sûr.
282 Egregie vero contusum et rite politum,
283 officium patris est aequa perpendere lance,
284 exacta hebdomade. Adcurrunt lignator et una
La semaine, encore : c’est un rituel que la forge.
285 carbonarius et fossor fusorque fabrique
« fusorque fabrique » : encore ce stylème !
286 conveniunt hilares omnes, ut certa laborum
287 praemia percipiant : contenti a patre recedunt.
288 Is, ne quem imprudens fraudet mercedis honore,
289 scripta habet in libro rationum cuncta suorum
290 nomina ; se falli non vult, nec fallere quemquam.
291 Sic habet in promptu quod quisque labore meretur,
292 ut digitos unguesque suos. Glomerantur in unum
« ut digitos unguesque suos » est une expression commune pour dire : qui connaît par coeur (un
texte ancien). Par exemple Jérôme Avancius connaît Lucrèce par coeur, selon Simone Fraisse,
L’Influence de Lucrèce etc. Cela se trouve dans la préface d’Aldo Manuce à son commentaire de la
rhétorique à Herennius :
https://books.google.fr/books?id=u_QPiNpI-ekC&pg=PA413&lpg=PA413&dq=
%22ut+digitos+unguesque%22&source=bl&ots=AcdvxejbvY&sig=ACfU3U2FXvBwf4hUZQzEn-
n0FuWomOi_Ng&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwierJn7rM_gAhXN8eAKHQmUBGQQ6AEwD3oE
CAAQAQ#v=onepage&q=%22ut%20digitos%20unguesque%22&f=false
Donc NB fait de l’énumération des différents ouvriers une question de rhétorique.
293 mox illi aere graves exhaustaque membra labore
294 solantur dapibus, ludo vinoque calescunt.
295 Praebibit hic socio rodenti turpiter ossa,
296 ille jacet somno pressus vinoque sepultus,
297 mixta vomens misero ac eructans allia Baccho.
298 Implentur clamore aedes, confusa profecto
299 colluvio, simul hic omnes vario ore loquuntur.
300 Hic cernas Lapithas, pateras cursare, manusque
301 subverti mensas, effundi saepe cruorem.
302 Sic post vina solet saevire ignobile vulgus,
303 ac ita fit tandem ut quot vel sudoribus illi
304 nocturnis peperere sibi, peperere diurnis,
305 hauriat una dies et multa sequatur egestas.
Les ouvriers sont comme les Lapithes, incapables d’économie et de sobriété. Moitié animaux. cf
Minerve et le Centaure.
306 Quid mirum ? Procerum vitam moresque sequuntur :
307 sopitis etenim sic grex pastoribus errat.
L’image du « pastor » vise assez clairement le « sacerdos ».
308 Ne tamen hic peccem, sopitos dicere nolim
309 esse istos ventres ; nam quid vigilantius illis
310 redditu in augendo defendendisque suarum
311 rerum imposturis ? Inculcandisque popello
312 deliramentis hominum tricisque dolisque ?
ici encore « tricisque dolisque »
313 O me imprudentem nimium, cur talia dico ?
314 Inconsultus homo et temere molitur et audet
315 omnia : prudentem facti non paenitet umquam.
316 Ah miserum puerum atque infausto sidere natum
317 Borbonium, o miserum puerum quid vera profaris ?
[Ici passe à la trappe le « je ne crains pas l’hydre de l’Erne et les flammes du bûcher telles que
Vulcain n’en vit jamais » : ce n’est donc pas la même édition qu’ont AFL et ce texte
318 Cur non dissimulas ? Cur tam tibi libera lingua est ?
319 Cur non conives ? Cur non blandiris ubique ?
320 Cur non das operam lucrando, stulte, favori
321 istorum procerum ? Cur non te respicis ipsum ?
322 Cur non Hippocrati, cur non das legibus amens
323 humanis operam, ut possis evadere dives ?
« cur non das operam legibus humanis » : pourquoi ne t’attaches-tu pas aux lois humaines, sous-
entendu plutôt qu’aux lois divines ? Je crois qu’en réalité Bourbon cherche à tuer le père par la
révolte religieuse, et que donc les digressions évangélistes n’en sont pas : elles sont des
protestations contre le père et contre des études au service du roi (comme maître des forges?).
324 Vivere securus, pretiosa veste nitere ?
325 O me infelicem puerum, quem nulla cupido
326 vexat opum, quem nullus amor sceleratus habendi
327 sollicitat : satis est Virtus, satis unica Virtus,
328 una satis Virtus, et mens sibi conscia recti.
329 Praeterit ut ventus mundi illectantis imago,
[C’est une rhétorique protestante. Voir https://books.google.fr/books?
id=9ssUAAAAIAAJ&pg=PA62&lpg=PA62&dq=mundi+illectanti&source=bl&ots=plDLXQ0_mB
&sig=ACfU3U0cquTgi70S6RJkFCRY-57vAYTM3w&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi4-
9j8tM_gAhUB1-AKHXa_AW4Q6AEwAnoECAcQAQ#v=onepage&q=mundi
%20illectanti&f=false
330 transversosque agit et specie deludit inani.
331 Hactenus est perstricta brevi Ferraria tractu.
332 Multa ego de ferro prudens miranda reliqui,
333 plurima subticui, quae provectum ipsa poetam
334 poscere sunt mihi visa et sesquipedale volumen.
[C’est le De re metallica, 26 ans plus tard
335 Quod lusi, pueris lusi : meliora supersunt
336 quae premimus, nec (spero) bonis ingrata futura.
337 Interea sciolique, susurronesque nefandi,
338 qui, quum nil praestare queant, aliena reprendunt,
339 Arcadicae pecudes et pondus inutile terrae,
340 rumpantur, patremque suum te, Zoile, visant.
Les mauvais critiques vont rendre visite au père Zoile ?! Mais c’est ce que fait NB de rendre visite à
son père, puisqu’il écrit de Vandeuvre l’épître du livre IV.
341 Vos igitur pueri, per summum obsecro Tonantem
342 (qui natum in terras caelo demisit ab alto,
343 ut nos mortifera primorum labe parentum
344 ablueret foedos et libertate bearet,
[Dieu est pour NB celui qui lave les fautes des « parentes », la faute originelle.
345 utque suo nostras animas, a faucibus Orci,
346 sanguine servaret moriens, caeloque locaret,
347 et faceret reges, fidei per nobile donum)
[Par la foi : protestantisme
Petrus Rossetus De Puero Iudaeo ad sacramentum altaris profecto : et a Patre Vitreario in fornacem
adacto, Paris : Jean de Gourmont, s. d.. [c. 1515]
A i v° : épître à « Integerrimo uiro Francisco Tuliero Ecclesiae Bituricensis Canonico Eiusdem
Primati Petrus Rossetus Gruatus S.P.D. » Primat de Bourges.
C’est un poème latin dont l’argument est le suivant, A iii r°
Apud Bituriges [à Bourges] puer quidam fuit corporis et animi praestantia admodum insignis
Iudaeo patre uitreario natus : et pueris christianis familiariter usus : atque a patre flagellis persaepe
coesus : quod Christianorum consuetudine nequaquam uti desineret : is enim semper eiidem
inherens coeptis in die Paschae cum Pueris christianis quos potissimum amabat ad edem sacram
proficiscitur : cui placide ante aras astanti uirginis Mariae effigies subrisit : cuius pulchritudine
supra modum Puer oblectatus ad aram properat : atque sacratissima Eucharistia suppliciter uescitur :
laetusque domum repetit. Postquam illum pater sacratissimo eucharistie cibo usum fuisse comperit :
e uestigio eum crudelissime pugnis coesum in flagrantem fornacem coniecit : Cui statim, diuinam
opem imploranti mitissima dei mater Virgo maria succurrit : atque illum albo panniculo protegit.
Interea saeuissimi Iudaei uxor casum filii maxime dolens foras egreditur peruicos per compita
uociferat : eiulatque qua quidem uoce ingens Christianorum manus collecta ad domum atrocis
Iudaei confluit : ad quem quum omnes peruenissent : subito puerum in mediis ignibus illesum
leniter quiescere conspiciunt : ille uero populi strepitu excitus fornace celeriter egreditur : atque
cunctis admirantibus incolumem sese ostentat : populus enim apprime iratus sceleratissimum
patrem in fornacem trusit : mox ille ignibus correptus statim mortem oppetit : eiusque cadauer in
cineres effluit. Proinde Puerum pontix omnium primus interrogat. Puer quidem Virginem Mariam
apud populum commandans ut facta sint omnia commemorat. Post hac domum Iudaei ciues
funditus euertunt : atque ibidem Templum Virgini Mari condunt.
C i r° : le père apprend que son fils aime le Christ (insistance sur le Christ) : il lui dit :
Nunc pereas : ait : haec dicens crudelior ultro
Corropuit natum : et geminis puerili a palmis
Brachia compressit : rursus rapidoque rotatu
Voluit : et in terram fudit : iam calcibus ora
Assidue quatit : in liquidas iterum attrahit auras.
Extemploque illum medios fornacis in ignes
Proiicit : ac ualido uulcani uoluit in aestu…
Francesco Colonna, Le Songe de Poliphile, Venise 1499 [éd. Agora, Pocket, 1994
TH ** Lewis Mumford, Technics and civilisation
TH ** il y a un atelier de Vulcain dans un piédestal.
TH ** Les coups de marteaux non visibles sur une sculpture bien exécutée. Evidemment, p. 96,
« non pas de marbre mais de cire ».
TH ** Sens anatomique du terme « honnêteté ».
TH ** 148 Trois manières d’orfèvrerie. Il y a aussi 163 une description de Daphné avec des
perles au bout des rameaux comme celle que réalisera Jamnitzer. Le Songe de Poliphile est un
programme esthétique que la Renaissance a exécuté assez scrupuleusement.
Daniel Ménager, Introduction à la vie littéraire du XVIe siècle, Paris : Dunod, 1968
126 Dans la deuxième moitié du XVIe siècle, l’expérience devient une valeur défendue par
les savants ; déjà Léonard de Vinci disait : « Il faut commencer par l’expérience ». Pour
Palissy, similairement, c’est la pratique qui engendre la théorie.
142 Guillaume Du Vair, dissuadant un de ses amis de se retirer dans un monastère, écrit
l’Exhortation à la vie civile.
Dans un Paradoxe apologique, où il est fidèlement démontré que la femme est plus parfaite
que l’homme, de 1594, Alexandre de Pontaymeri condamne Homère pour avoir ridiculisé les
dieux, et notamment pour avoir fait de Vulcain un « Suisse »… ???
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1115800/f46.image
7 C’est la littérature qui a inventé le concept de bourgeoisie, inconnu des hommes de la fin du
XVIIIe siècle.
[L’ouvrage est très consensuel, beaucoup plus que La Griffe du temps : elle tient les rennes de
l’historiographie pour la garder dans des domaines sans controverse : l’histoire de la
réception, l’histoire sociale du livre, etc. Le plus audacieux : l’histoire de l’aspiration à la
littérature.
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31006645k
A ij r° Sonnet « A Monseigneur le Comte de Maulevrier son Parrein, luy dediant ce Cantique de la
Paix »
v° Sonnet à Charles de Navyere, sur son Cantique de la Paix. Par Anth. Mar. de Conzié Gentil.
Savoysien.
B iij r° : « Vulcain » pour « cocu ».
Luisa Secchi Tarugi (dir.), Guerra e Pace nel pensiero del Rinascimento, Firenze : Franco Cesati,
2005
Jean-Claude Margolin, « La nouvelle artillerie sous le regard des humanistes », p. 111-132
118 Cite en longueur la condamnation par Polydore Vergile du canon.
122-124 Margolin cite en longueur un poème d’André Thevet « De l’inventeur de la Scoppeterie et
Canons / Complainte », tiré des Vrais pourtraits et vies des hommes illustres grecz, latins et payens,
reecueilliz de leurs tableaux, livres, médailles antiques et modernes, Paris : Vve J. Kervert et G.
Chaudière, 1584, 506b-507a :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86246591/f1134.image
« Le mal vulcanien » y est le canon, v. 14.
… Ouvrage infortuné du boyteux Lemnien
Et ministre cruel du feu Plutonien !
Hé ! qui sçauroit penser que la douce Nature
Eut baillé les moiens, comme maratre dure,
De meurtrir son enfans, l’exposer au danger,
Et au perer fut fait le fils un estranger ? v. 19-24
… Non, ce ne fut nature, ainçois une furie,
Persephone, Alecton, ou Megere aguerrie,
Qui brisant des enfans les cloistres tenebreux,
Et machinant, horreur ! ce mal pernicieux,
A suborné celuy que la sage nature
Forma des animaux benigne creature
A forger ce torment homicide infernal
Feu-vomissant, poudreux, effroyant Martial,
Au moins que fut un Turc ou Barbare et Sauvage
Autheur de ce canon et machineux ouvrage
Et non pas de Chrestien faisant profession…v. 29-39
… Ah ! au fort seulement qu’en ta simple pensée,
Philosophe subtil, se fut encommencée
Cette forge du feu, et dedans ton cerveau
Soudain fut estouffé, et non comme bourreau,
Vengeur et impiteux a nostre grand domage
Fut perdu des plus forts de ce florissant age,
Tel que Perille autheur et fondeur inhumain [Perillos, artisan athénien qui invente le taureau d’airain
dans lequel brûler à petit feu les condamnés à mort, pour le tyran Phalaris ; il meurt dans son propre
taureau]
Premier eut son guerdon dans le taureau d’airain,
Ainsi subtil Berthold la cruelle machine
Eut fait preuve d’horreur à ta propre ruyne,
Ou bien, tel qu’Erostrat par un faict tout maudit
Ambitieux, cerchant estre mis en credit,
Te fut a deshonneur, et non pas à ta gloire,
Celle qu’avoit conceu eternelle memoire. v. 53-66 fin.
[Margolin étudie dans cet article l’exécration de l’artillerie chez Polydore Vergile, Ambroise
Paré, Erasme et André Thevet, et l’on y constate une grande continuité.] [Surtout ce qui est
frappant dans ce poème de Thevet, c’est qu’il fait d’un inventeur diabolique médiéval un
ingénieur pré-cartésien, « subtil ».
** https://sfdes.hypotheses.org/category/publications
[Les fourneaux des emblèmes de la Délie dialoguent avec le sonnet 137 des Regrets de Du Bellay
scrogneugeu !
Roi-forgeron : Recueil des antiquitez gauloises et françoises, Paris: Jacques du Puys, 1579.
A propos de Marius, empereur forgeron : f. 55 r°, "Toutesfois cest homme ferré, ne se peut garentir,
que trois jours apres son election, un sien ouvrier, qu'il avoit autresfois employé en sa forge, ne luy
passast du fer au travers le corps : disant. Voyla l'espee que tu as faite toy-mesme. Ce soldat, ou
ouvrier, estoit marry contre luy, de ce qu'il n'avoit esté advancé, tant durant que Marius estoit
Capitaine, que depuis qu'il fut Empereur." C'est une extrapolation, le texte ne dit rien de tel !
Michel Glatigny, « Le champ sémantique des parties du corps dans la poésie amoureuse de 1550 »,
Le Français moderne, vol. 37, 1969, p. 7-34.
1594 Jean Godard, Les Oeuvres, 1594, tome 1, salle Y. Magnifique reliure jaune aux motifs dorés
de fleurs de lys et de H de Henri IV.
Philippe Morel, Les Grottes maniéristes en Italie au XVIe siècle, Macula, 1998
6 Contrairement aux murs, le revêtement des parois des grottes est une donnée fondamentale pour la
décoration. On utilise la pierre ponce vive, pumex, pour arrondir les parois. Pas d’origine
volcanique, plutôt « écume de travertin » (roche vacuolaire à base de calcite), p. 9.
Descriptions de grottes… disent quelque chose de la formation des pierres, mais trop complexe
pour moi. 56 On raconte aussi des récits de pétrification, ce qui a intéressé Michel-Ange, décorant
les jardins de Boboli à Florence.
Paradoxalement, c'est plutôt dans ses pièces à sujet frivole que Pierre de Brach se montre
connaisseur passionné des réalités de l'armurerie de son temps :
La pucelle, Piquon, c’est une vierge espée,
Qui peut du premier coup qu’elle sera frappée,
En deux pars se brisant, a son maistre faillir,
Le laissant desarmé sans pouvoir assaillir.
C’est, ou bien le rodanche, ou la cuirasse neufve,
Que par l’arquebusade on n’a mis a l’espreuve,
Dont le fer mal battu par un coup enfonçé,
Sans rebuter le plomb peut estre outreperçé.
Mais soit la vefve prinse ou pour arme offençive,
Ou bien en l’assaillant pour arme deffençive :
Elle semble l’açier bien trempé, bien battu,
Qui fort est éprouvé, dont on a combatu.
Car bien que vivement elle soit enfoncée,
Elle n’est au combat jamais outre-percée. 124
liste de mots-clefs :
incus incudem incudis incude enclume
124 « L’amour des Vefves », op. cit., p. 213 v°.
fornax fornacem fornacis fornace caminus caminum camino camini fournaise fornaise fourneau
forneau
malleus malleum mallei malleo marteau
forceps forcipem forcipis forcipe tenaille
follis follem folle soufflet
massa massam massae masse
ferraria ferrariae ferrariam forge
faber fabri fabrum fabro forgeron mareschal
Vulcain Vulcan Vulcanus
** Juvenilia de Nuysement, 1578 (il suit Pétrarque, Pontus de Tyard et Ronsard, et sans l’avouer,
Du Bellay). Nuysement écrit plusieurs recueils de poésie alchimique publiés sur la fin de sa vie
entre 1620 et 1624. C’est une réponse à Du Gault inspirée d’Augurelli. A ce sujet (et pour vérifier
qu’aucun n’a été écrit avant 1610 — je suis cuit si c’est le cas!), voir la thèse de Wallace Kirsop,
Clovis Hesteau, sieur de Nuysement, et la littérature alchimique. **
Henri Weber, « L’analogie corps humain — corps social dans la pensée politique du XVIe siècle »,
dans Analogie et connaissance, dir. André Lichnerowicz, François Perroux et Gilbert Gadoffre, t. 1,
Paris : Maloine S. A. éditeur, 1980, p. 139-148
Carole Talon-Hugon, Une Histoire personnelle et philosophique des arts. Moyen Âge et
Renaissance, PUF 2014