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Nancy, le 24 juin 2017

OBJET : Évaluation du manuscrit soumis à la Revue de l’entrepreneuriat


Numéro spécial sur la cognition entrepreneuriale : Enjeux et perspectives pour la
recherche en entrepreneuriat

Cher Collègue,

J’espère que vous allez bien. Denis et moi revenons vers vous au sujet du manuscrit que vous
avez soumis pour le numéro thématique sur la cognition entrepreneuriale de la Revue de
l’Entrepreneuriat, manuscrit intitulé « L'expertise de l'entrepreneur: une approche cognitive de
la construction de l'organisation en faveur de l'innovation en PME de hautes technologies ».

Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur la contribution de trois évaluateurs familiers avec les
recherches contemporaines sur le profil de l’entrepreneur et sur les dynamiques cognitives
en entrepreneuriat.

À la lumière des commentaires obtenus et de notre propre évaluation indépendante, Denis et moi
avons le plaisir de vous inviter à réviser votre travail et à nous en soumettre une nouvelle
version augmentée. Félicitations ! 

Permettez-nous une observation franche et honnête cependant : en dépit de plusieurs points positifs, il
y a encore beaucoup de travail à faire pour transformer ce premier jet intéressant en un article clair,
précis, convaincant et apportant des contributions utiles et pertinentes. Comme vous pourrez le
constater, un des évaluateurs est sceptique par rapport à votre apport. Je vous invite à prendre
fortement en considération ses remarques afin de passer le second tour d’évaluation. Denis et moi
pensons qu’il y a du potentiel dans votre article et nous souhaitons vous donner la chance de nous le
prouver en remaniant votre article. Nous imaginons bien le travail que cela peut engendrer. Tenez-
nous rapidement au courant si vous relevez le défi.

Les évaluateurs vous font plusieurs suggestions, toutes pertinentes. Nous sommes tout à fait d’accord
avec leurs observations. Sans reprendre ici le détail de leurs remarques, il nous apparaît cependant
utile d’encourager vos efforts de révision sur les trois éléments suivants.

1. Bien que votre travail porte sur une thématique intéressante, l’organisation et la démonstration
de votre article reste encore à travailler pour la renforcer. Dans une certaine mesure, votre article
souffre de faiblesse. N’hésitez pas à inviter une autre personne afin d’améliorer le retour que
vous pourrez nous faire. Denis et moi, nous vous encourageons à revoir l’articulation globale
de votre texte afin d’en améliorer l’argumentation. Votre problématique est à la retravailler pour
la clarifier à la lumière de l’ensemble de votre réflexion et du numéro thématique. N’hésitez pas
dans votre résumé et dans votre introduction à insister sur la valeur ajoutée de votre travail.
2. Les évaluateurs et nous-mêmes nous vous invitons à mieux intégrer dans votre travail la
littérature portant sur la construction de la connaissance pour l’action. Ayant personnellement
travaillé sur ces aspects, je vous invite à regarder ces éléments avec la bibliographie
correspondante pour vous permettre d’avancer plus rapidement. Concernant l’expertise, il a
toute une littérature qui existe de la sociologie de l’expertise aux travaux de Sarasvathy qu’il
conviendrait d’investir plus précisément.

3. Au niveau des résultats, les évaluateurs ainsi que Denis et moi avons eu une certaine frustration.
Vous ne passez pas assez de temps à présenter les résultats du terrain et à les discuter. Nous
voudrions mieux voir l’apport de votre recherche sur la connaissance notamment en lien avec
la cognition entrepreneuriale. Nous vous invitons à repréciser la valeur ajoutée de votre
recherche et des connaissances que vous pouvez extraite de tout cela. N’oubliez pas de vous
positionner plus clairement par rapport à la littérature existante et de bien revenir sur l’apport
pour la recherche en entrepreneuriat et particulièrement sur la cognition entrepreneuriale.

4. A côté de cela, il y a un certain nombre de notions qui seraient à préciser autour de l’innovation
et des PME de haute technologie. Il conviendrait aussi de montrer l’apport de votre recherche
par rapport au terrain.

Ces diverses observations et suggestions ne doivent pas masquer le fait qu’au final, nous pensons que
votre manuscrit a le potentiel d’amener des contributions pertinentes, intéressantes et surtout
substantielles à la littérature actuelle en cognition entrepreneuriale. Cela dit, le défi reste pour vous de «
livrer la marchandise » pour offrir le meilleur manuscrit dont vous êtes capables ! Pour la suite, SVP
nous renvoyer une copie .doc ou .docx de votre manuscrit révisé au plus tard le vendredi 15 septembre
2017. SVP, prenez la peine de formater votre manuscrit révisé en fonction des critères de soumission de
la revue (voir ci-bas, mais SVP et pour fins d’évaluation, soumettez en interligne double pour le corps
du texte et interligne simple pour les références, tableaux et tout le reste, avec une cible autour de 50
pages).

http://archives.entrepreneuriat.com/pole-recherche/la-revue-nouvelleformule/
note-aux-auteurs/#c958

Aussi, SVP ajouter une lettre présentant votre réponse détaillée à chacun des points soulevés plus haut,
de même qu’à chacune des observations soulevées par les évaluateurs (texte en interligne simple, SVP).
Lorsque pertinent, SVP copier / illustrer ce qui a été concrètement ajouté et/ou changé dans le manuscrit
révisé pour chacune de ces observations. Sachez enfin que cette invitation à réviser votre travail ne
garantit en rien son acceptation éventuelle pour publication : tout dépendra de l’évaluation qui sera faite
du manuscrit révisé.

Au plaisir de recevoir les fruits de votre travail ! Bien cordialement,

Christophe SCHMITT

Titulaire de la Chaire Entreprendre


Professeur des Universités
Université de Lorraine

c.c. Denis Grégoire, HEC Montréal


copie anonyme aux trois évaluateurs
Evaluateur 1

Dans le cadre d’une recherche action menée auprès d’entreprises du Pôle de compétitivité
Optitec, l’auteur repère des modes d’organisation, de prescription que le Dirigeant de la PME
utilise pour gérer la connaissance. S’agissant d’entreprises de hautes technologies, les dirigeants
étudiés sont des entrepreneurs experts de leur domaine. La méta cognition que l’entrepreneur
met en œuvre relève d’une expertise distribuée. Celle-ci induirait un mode de management
favorisant l’auto critique, la mise à jour des connaissances par les experts eux-mêmes, en
résumé, une prescription souple en matière de gestion des connaissances.

Tout d’abord, nous relevons que la question de recherche n’est pas mentionnée. Ceci n’aide pas
à comprendre l’objectif poursuivi par l’auteur. A défaut, le titre n’est pas d’une grande aide
pour comprendre la finalité du travail de recherche. Il n’est donc pas facile de juger si la revue
de littérature est complète voire si l’article atteint son objectif.

Pourtant, l’auteur exprime le souhait de favoriser l’action opérationnelle des accompagnants du


pôle grâce à une meilleure compréhension des mécanismes de gestion des connaissances. En
cela, le but de la recherche devrait dépasser la visée de la recherche action pour s’intéresser au
comment les choses adviennent et non pas au pourquoi à visée explicative de la recherche action
(David, 1999). La volonté d’améliorer l’objet de la recherche annonce une visée ingénierique
de cette dernière (Chanal et al. 1997 ; Claveau et Tannery, 2002). Pourtant l’article ne propose
rien en matière de prescription pour le pôle. En cela, il ne répond pas à sa promesse.

L’article recherche une spécificité des entreprises PME de hautes technologies sans considérer
dans l’échantillon des entreprises qui n’appartiennent pas à cette catégorie. Dans ce cas, nous
doutons qu’il soit possible de trouver des spécificités sans les comparer avec des entreprises
extérieures à l’échantillon. Ce pourrait être la taille ou le fait que l’activité soit peu ou pas
technologique.

La question du partage des représentations de la connaissance entre experts n’est pas envisagée
dans l’article. C’est dommage car les travaux sur la cognition traitent souvent des cartes
cognitives mises en œuvre individuellement et collectivement. Ceci confère au mot cognitif une
signification vague, en tout cas évidente : un expert a des connaissances qui relève d’une
cognition des individus. De plus, le management collectif est le souci du dirigeant, lui-même
expert. En quoi cela nous apprend-il quelque chose de nouveau ?
Plusieurs fois un vocabulaire imprécis ou des expressions vagues sont utilisées : « nous avons
compris » p. 11, « nous supposons » p. 24, « l’entrepreneur construit donc intentionnellement
une organisation centrée sur la connaissance par son activité cognitive pour développer
l’innovation au grés des opportunités » (références  ou justifications ?). Il s’agit là d’une forme
d’expression qui n’est pas celle du chercheur. Parfois le ton est affirmatif sans toutefois
conforter l’affirmation. C’est le cas de l’expression « prescription souple » p 2. De quoi s’agit-
il vraiment ?
Evaluateur 2

L’article est relevant pour comprendre le rôle de l’entrepreneur au sein des PME. Les
méthodologies, aussi bien pour compléter la recherche que pour écrire l’article sont très
précieuses. D’un côté, on constate l’importance de faire de la recherche action-participative au
sein du pôle de compétitivité de hautes technologies, de l’autre il est vraiment riche la façon
d’exprimer les résultats dans le document. Il est aussi important à mentionner que l’objet
d’étude est fécond pour ce type de recherche.

Même si le document dénote une grande qualité, il y aura d’aspects qui pourraient être
améliorés, par example :

-C’est vrai qu’il y a de la bibliographie à propos du rôle de l’entrepreneur au sein des PME de
hautes technologies, cependant on ne trouve pas une révision profonde des efforts qui ont été
déjà faits dans ce qui concerne les intentions, des PME, liées à l’innovation. On peut critiquer
que la littérature citée ne soit pas mise à jour.

-Certainement, l’écosystème où la recherche a été menée est très fécond, cependant, on n’arrive
pas à connaitre les acteurs qui interviennent dans l’écosystème. On comprend que l’attention
est placée sur les organisations de hautes technologies, mais il vaut la peine, une description du
contexte qui encadre cet écosystème d’organisations et d’acteurs qui affectent le développement
des PME étudiées.

-Dans la troisième section l’auteur mentionne qu’il a utilisé des méthodes moins
conventionnelles, et qui appartiennent à la méthodologie PAR. Dans ce cas, il convient de les
faire connaitre.

-Les résultats montrent les aspects du partage de connaissance entre collaborateurs, cependant,
un des aspects que l’on vise à analyser est « la gestion de l’innovation en PME de hautes
technologies ». Bien que quelques acteurs (interviewé) utilisent le terme innovation, l’auteur ne
spécifie pas la signification de ce terme. Donc on se demande, est-ce que le partage de
connaissance se déroule de la même façon pour la gestion de l'innovation que pour la gestion
des PME en général? Lorsque l’auteur indique qu’il s’agit de faire « gestion de l’innovation »,
qu’est-ce que cette innovation signifie ? Quel genre d’innovation est présente dans cette gestion
?

-Les résultats permettent de connaitre ce qui se passe à l’intérieur des organisations. Cependant,
il parait que chaque PME est isolée, car on n’observe pas le lien et l’intervention d’autres
acteurs, à l’extérieur de l’entreprise, dans le processus d’innovation de l’organisation. Alors on
pose la question, y a-t-il d’intervention d’autres acteurs qui affectent le rôle des PME dans le
processus d’innovation ? Bien qu’il existe la probabilité d’identifier d’interventions d’autres
acteurs dans les processus d’innovations de ces PME, on peut accepter une réponse négative,
mais il vaut mieux le faire connaitre dans les résultats de cette étude.
Évaluateur 3

1. Introduction et problématique

En dépit de son originalité, la contribution au développement des connaissances scientifiques


est modeste, la question de recherche n’a pas été justifiée : pourquoi parler du rôle de
l’entrepreneur expert, de la métacognition et de l’expertise distribuée dans la promotion de
l’innovation dans le cas des PME de haute technologie? Pourquoi particulièrement des PME?
Cependant, une adéquation de la question de la recherche avec la thématique (la recherche en
entrepreneuriat qui mobilise la perspective cognitive).

 Titre : l’expertise de l’entrepreneur : une approche cognitive de la construction


de l’organisation en faveur de l’innovation en PME de haute technologie1 : titre est
long et ne comprend pas le point majeur de l’article à savoir le rôle de la
métacognition et de l’expertise distribuée dans l’innovation pour les cas des PME
de haute technologie.
 Introduction : la problématique n’a pas été située dans le cadre de revue de la
littérature. D’ailleurs, l’introduction ne contient aucune référence bibliographique
en relation avec la problématique traitée qui est le rôle de la métacognition et de
l’expertise distribuée dans l’innovation : cas des PME de haute technologie.
L’absence de ces références et du positionnement de la recherche par rapport à ce
qui a été traité ne permet pas d’appréhender la nouveauté de ce travail par rapport à
ce qui a été présenté. De plus, l’auteur ne précise pas explicitement pour quoi parler
du rôle spécifique de l’entrepreneur (expert) d’une PME de haute technologie, ce
problème est si important ce qui a donnée naissance à son travail.
 La problématique est mal structurée « nous cherchons donc à comprendre par
une approche cognitive, la construction de l’organisation et de l’expertise
technologique par l’entrepreneur de la PME de haute technologie »….. L’objet de
ce travail est alors de mettre en évidence la spécificité des PME de hautes
technologies dans la gestion de l’innovation technologique en questionnant la
centralité de la prise de décision de l’entrepreneur par une approche cognitive de
son organisation

2. Contexte théorique

La partie théorique est scindée en deux parties, une a été consacrée au rôle de l’entrepreneur
dans la construction de son PME et l’autre porte sur le concept d’expert dans la science de la
cognition. L’auteur n’a pas respecté l’ordre chronologique dans la présentation des travaux liés
à la question posée : Le rôle de l’entrepreneur dans la construction de l’organisation en PME
de hautes technologies. L’auteur Cite la phrase suivante (page 3) : « Dans le cadre de l’analyse
de la gestion du changement technologique en PME, Julien et al. (1988) suggèrent que « la
vision » de l’entrepreneur (Quinn, 1982), son questionnement face aux capacités
technologiques de son entreprise (Pavitt, 1990), ainsi que son leadership dans ce domaine
(Lefebvre et Colin, 1990) influencent le rythme d’adoption technologique de l’entreprise
(Julien et al., 1988) ». Comment les travaux de 1988 citent ceux de 1990?

 Définition des concepts : certains concepts ne sont pas définis c’est le cas du «
gatekeeper » (page 4) et « process de KM » (page 5)

Les écrits ont été plus ou moins synthétisés en répondant à la pertinence de l’hypothèse traitée.
3. Méthodologie

Le premier paragraphe de « Cette recherche est issue…… défense/sécurité/ aérospatiale » est


un superflu et vaut mieux le supprimer.

L’exploitation de 15 entretiens semi-directifs réalisés en PME ne permet pas de situer les


résultats de l’étude sur une grande échelle de confiance. L’auteur a utilisé l’analyse de
verbatims afin de mener une analyse de l’expert technologique et ses process de gestion des
connaissances individuelles comme enjeu de la démarche d’innovation, d’analyser son pouvoir
synchronisateur de l’expertise individuelle et collective des experts ce qui favorise l’expertise
distribuée ce qui assure l’innovation au sein de l’entreprise.

4. Résultats ou développement théorique

Les résultats présentés sont en concordance avec la méthodologie, ou l’approche théorique,


proposée préalablement.

5. Discussion des résultats

Les résultats obtenus ne sont pas clairement mis en relation avec ceux obtenus dans les écrits
antérieurs. De même, la discussion n’a pas mis du tout les limites de cette recherche. En effet,
ces résultats n’ont pas été nuancés ou relativisés sur le plan théorique et pratique. Sur le plan
théorique, l’auteur n’a pas présenté les limites de l’analyse de verbatims. De plus, se baser sur
un échantillon de 15 entreprises ne peut pas situer ses conclusions sur une grande échelle de
confiance. Sur le plan pratique, l’auteur n’a pas présenté des exemples concrets des PME de
haute technologie (Apple ou Microsoft) et montrer à quel degré l’innovation dans ces PME est
le résultat de l’expertise distribuée ou collective. En d’autres termes, à quel point, les décisions
prises ont été soumises à une validation par les pairs (je pense particulièrement à l’expérience
de Steve Jobs au sein de l’entreprise Apple) « L’entrepreneur soumet sa connaissance et la
prise de décision à une validation par les pairs qui peuvent ainsi les confirmer ou les infirmer
selon l’expertise collective par la prise en compte de variables cognitives liées à l’innovation,
la technologie, l’organisation… » et si on est dans le cas où les pairs infirment certains projets
ou décisions? Quel est l’effet de cette infirmation sur l’innovation au sein de la PME?

6. Conclusion

Les diverses étapes de la recherche ne sont pas clairement rappelées (absence de la


méthodologie) et des pistes de recherches futures ne sont pas proposées.

7. Présentation générale et matérielle

La qualité de la présentation générale et matérielle est insuffisante. On peut repérer facilement


des erreurs grammaticales, stylistiques et de ponctuation tout au long du texte : « Les notions
de connaissances sont donc étroitement liées avec et partagés par la nature du management
dans les PME » (page 4);« en référence aux travaux de Piaget » sans indiquer l’année (page 6)

8. Résumé

La problématique est mal posée « L’objet de ce travail est alors de mettre en évidence la
spécificité des PME de hautes technologies dans la gestion de l’innovation technologique en
questionnant la centralité de l’entrepreneur par une approche cognitive de la création de son
organisation ». Alors que le centre de la recherche est le rôle de l’expertise de l’entrepreneur et
de l’expertise distribuée dans la promotion de l’innovation dans le cas des PME de haute
technologie.

De plus, l’auteur n’a pas spécifié la méthodologie de la recherche qui est dans notre cas
l’analyse des propos ou des réponses des entrepreneurs des PME via la méthode du verbatims.
Alors que, l’auteur s’est contenté de la phrase suivante : « Cette recherche est soutenue par une
méthodologie de recherche action participative menée durant 30 mois dans un pôle de
compétitivité de hautes technologies composé à 85% de PME ».

9. Bibliographie

85% de la bibliographie est formée des références qui ont été citées dans le texte.
Cependant, certains auteurs qui ont été cités dans le texte ne figurent pas dans la bibliographie.
Exemple : Marchesnay (1991); Colin (1990); Macpherson (2004); Haapasalo (2003); Moffet
(1995); Mac Taggart (1991); Allard-Poesi et Perret (2003); Wadsworth et Pratt (1998);
Haapasalo (2003) ; Grison (2004).

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