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Dossier z La pièce de rechange dans tous ses états

classification

Les multiples facettes de la pièce d


pour automobile
D’origine, de qualité équivalente, adaptable, d’occasion
ou rénovée, il existe une classification très précise de la pièce
de rechange. Que recouvrent réellement ces différentes
notions ? Analyse des enjeux juridiques et commerciaux
pour les professionnels de la filière automobile.

L
e maintien d’un véhicule différentes notions. Or, la classifica­
dans des conditions de tion des pièces de rechange ne pré­
fonctionnement satisfai­ sente pas seulement un intérêt théo­
santes suppose que tout En Europe, rique. Pouvoir se prévaloir de telle ou
les achats aux
composant qui n’est plus conforme telle notion présente de véritables
constructeurs
à ses spécifications, du fait d’un enjeux économiques et juridiques.
par les répara­
acci­dent ou de l’usure entraînée par teurs et les
le fonctionnement ou l’âge, soit rem­ distributeurs
placé par une pièce de rechange. agréés
n Tout ce qui est nécessaire
La pièce de rechange joue donc un varient de n’est pas accessoire
rôle très important dans l’entretien 87 % à 95 % Aux termes de la norme Afnor
et la réparation d’un véhicule. Il selon le pays X 60-012, une pièce de rechange
existe cependant plusieurs catégo­ de l’Union. est une pièce destinée à remplacer
ries de pièces de rechange, telles que une pièce défectueuse ou dégradée
les pièces d’origine, de qualité équi­ dans un matériel ou une installation.
valente, adaptable, de réemploi, de Dans la législation européenne, on
contrefaçon, d’échange standard. trouve une définition des pièces de
Quel acteur de la filière automobile rechange automobile dans le règle­
n’a pas entendu parler de ces diffé­ ment n° 1400/02 (règlement CE « Des biens qui sont destinés à être
rentes catégories de pièces ? Pourtant, n° 1400/02 de la Commission du montés dans ou sur un véhicule
peu d’entre eux sont capables de 31 juillet 2002 concernant l’applica­ automobile pour remplacer des
déterminer ce que recouvrent ces tion de l’article 81, paragraphe 3, du composants de ce véhicule, y com­
traité à des catégories d’accords pris des biens tels que les lubrifiants
verticaux et de pratiques concertées qui sont nécessaires à l’utilisation
dans le secteur automobile, « JO CE » d’un véhicule automobile, à l’excep­
Lubrifiants, peintures, écrous ou L 203 du 1er août 2002) qui régit la tion de l’essence. »
boulons, destinés à être montés distribution des véhicules auto­mo­ Dès lors, les lubrifiants, la peinture
biles neufs, mais également leur et les articles généraux tels que les
sur un véhicule, sont considérés répa­ration et leur entretien. La défi­ vis, écrous, ou boulons qui sont des­
comme des pièces de rechange. nition retenue est la suivante : tinés à être montés sur un véhicule

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dossier

e de rechange

disponible sur le portail de l’UE à


l’adresse suivante : http://ec.europa.
eu/comm/competition/sectors/mo­
tor_vehicles/legislation/explana­
tory_brochure_fr.pdf).
Les pièces de rechange peuvent être
neuves, rénovées ou d’occasion.

n Trois catégories
de pièces neuves
Les pièces de rechange neuves
peuvent être classées en trois caté­
gories : d’origine, de qualité équiva­
lente et adaptables.
Fotolia

en matière
de jante, les Le règlement n° 1400/02 définit les
goûts, cela ne pièces de rechange d’origine comme
se discute pas. étant « des pièces de rechange qui
mais l’origine
automobile sont considérés comme et leur qualité dans le règlement n° 1400/02. Cepen­ sont de la même qualité que les com­
des pièces de rechange. si. comme pour dant, la Commission européenne a posants utilisés lors du montage d’un
Traditionnellement, on distingue les toutes les pièces précisé que s’ils sont installés sur la véhicule automobile et qui sont pro­
pièces de rechange des accessoires indispensables chaîne de montage du véhicule neuf duites selon les spécifications et les
automobiles. Ces derniers sont des à l’utilisation et intégrés au sein d’autres pièces ou normes de production fournies par
du véhicule.
produits qui ne sont pas indispen­ systèmes du véhicule, les accessoires le constructeur automobile pour la
sables à l’utilisation d’un véhicule deviennent des composants du véhi­ fabrication de composants ou de
automobile, comme un autoradio, cule. Dès lors, les pièces nécessaires pièces de rechange destinés au
un lecteur de CD, un kit « mains à leur réparation ou leur remplace­ véhicule automobile en question.
libres », un système de navigation ou ment sont des pièces de rechange au Sont incluses les pièces de rechange
un porte­bagages. Il convient de sens du règlement 1400/02 (bro­ fabriquées sur la même chaîne de
noter que cette distinction est reprise chure explicative – question n° 95, production que ces composants ». ...
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La directive 2007/46/CE du 5 sep­ Pour être qualifiées de pièces de du 18 septembre 2003 à la suite d’une
tembre 2007 (établissant un cadre rechange d’origine, ces différentes demande d’interprétation du règle­
pour la réception des véhicules à catégories doivent répondre à deux ment d’exemption n° 1400/2002).
moteur, de leurs remorques et des conditions cumulatives : être de la En pratique, dans de très nombreux
systèmes, des composants et des même qualité que les composants cas, notamment pour les produits
entités techniques qui leur sont des­ utilisés lors du montage d’un véhi­ complexes, seul l’équipementier de
tinés, « JO CE » L 263/1 du 9 octobre cule automobile et être produites première monte peut livrer des
2007) définit quant à elle les « pièces selon les spécifications et les normes pièces identiques à la rechange,
ou équipements d’origine » comme de production fournies par le dans la mesure où les solutions tech­
étant ceux « qui sont fabriqués constructeur automobile. niques nécessaires à la fabrication
conformément aux spécifications et des pièces lui appartiennent. Dans
aux normes de production prévues ces cas, il existe de facto une restric­
par le constructeur du véhicule pour
n Origine contrôlée tion d’utilisation de la notion de
la production des pièces ou des équi­ par la propriété intellectuelle pièce de rechange d’origine au profit
pements en vue de l’assemblage du La question s’est posée de savoir si des pièces de rechange qui sont
véhicule en question. Ceci comprend cette notion de pièces de rechange fabriquées par l’équipementier de
les pièces ou équipements qui sont d’origine pouvait s’appliquer à celles première monte.
fabriqués sur la même chaîne de qui ne sont pas fabriquées par l’équi­
production que ces dernières pièces pementier qui livre les pièces utili­
ou derniers équipements... ». sées pour le montage du véhicule
n Quand les constructeurs
Pour la Commission, il existe trois automobile neuf, mais qui satisfont entretiennent la confusion
catégories de pièces de rechange aux deux conditions rappelées pré­ Sous les effets d’une publicité astu­
d’origine : cédemment. La définition retenue cieuse de certains constructeurs, qui
– les pièces de rechange fabriquées par le projet de règlement publiée par communiquent sur la notion de
par les constructeurs ; la Commission en mars 2002 était « pièce d’origine constructeur X »,
– celles qui sont fournies par les claire, puisque seules « les pièces de reprenant ainsi à leur compte la
équipementiers aux constructeurs, rechange qui sont produites par le notion de pièces d’origine, les clients,
qui les revendent aux membres de fabricant des composants qui sont ou voire les réparateurs, peuvent penser
leurs réseaux ; ont été utilisés pour le montage du que les pièces de rechange d’origine
– les pièces fournies directement véhicule automobile neuf » pouvaient commercialisées par les construc­
par les équipementiers aux membres être qualifiées de pièces de rechange teurs sont différentes de celles com­
des réseaux des constructeurs ou d’origine (projet de règlement de la mercialisées par d’autres acteurs.
aux acteurs de la rechange indé­ Commission du 16 mars 2002, « JO Une dérive est donc susceptible de
pendante. CE » n° C 67 du 16 mars 2002 p. 2). se produire dans l’esprit des consom­
En pratique, il existe deux catégories Le texte définitif du règlement est mateurs et des réparateurs : la défi­
de pièces de rechange d’origine. En moins clair, mais la Commission a nition de la pièce d’origine passant
effet, à la différence éventuelle du confirmé que la notion de pièce de du domaine technique (les pièces de
marquage constructeur, les pièces rechange d’origine peut s’appliquer même qualité que les composants
fournies par les équipementiers aux aux pièces qui ne sont pas fabriquées utilisés lors du montage d’un véhi­
membres des réseaux des construc­ par l’équipementier retenu en pre­ cule automobile et produites selon
teurs ou aux acteurs de la rechange mière monte, mais qui satisfont aux les spécifications et les normes de
indépendante sont identiques à celles deux conditions cumulatives fixées production fournies par le construc­
fournies aux constructeurs. par le règlement. Elle a toutefois teur automobile) à une notion stric­
précisé que cette réponse doit se tement commerciale (pièce vendue
comprendre abstraction faite des par le réseau constructeur).
droits de propriété intellectuelle Par ailleurs, il convient de mettre en
Les pièces sont dites d’origine éventuellement détenus par l’équi­ exergue la pratique des construc­
si elles sont produites selon les pementier de première monte (ré­
ponse de la Commission européenne
teurs qui imposent aux équipemen­
tiers l’apposition de leur marque et/
spécifications et normes prévues à la Fédération des industries des ou logo pour les pièces qui leur sont
par le constructeur du véhicule. équipements pour véhicules en date livrées pour la première monte et la

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rechange et l’interdisent simultané­ pièce de « qualité équivalente », le À la différence des pièces de contre­
ment pour la rechange indépendante fabricant devrait donc passer en façon, les pièces adaptables peu­
et les pièces vendues directement revue ses processus et standards de vent être fabriquées et distribuées
aux distributeurs et réparateurs qualité et se soucier des critères légalement, sous réserve, le cas
agréés. La présence de deux types relatifs à l’éventuelle homologation de échéant, de respecter les conditions
de pièces, identiques à l’exception de la pièce. Il devrait également élaborer d’homologation.
la marque du constructeur, aboutit à un cahier des charges pour détermi­
une confusion pour le réparateur ner l’équivalence à l’origine sur la base
comme pour l’utilisateur final quant de plusieurs critères (par exemple
n L’occasion, pour le coût
à l’origine de ces pièces. l’interchangeabilité, la durabilité, la et le recyclage
fonctionnalité). La vente de pièces d’occasion répond
Enfin, les pièces de rechange adap­ à un besoin des automobilistes de
n De l’équivalence certifiée tables, ne sont pas, quant à elles, pouvoir faire réparer leurs véhicules
à la substitution acceptable définies par le règlement n° 1400/02. à un moindre coût et pour une qua­
Le règlement n° 1400/02 définit les Elles peuvent être définies comme lité perçue comme suffisante. Cela
« pièces de rechange de qualité équi­ des pièces substituables aux pièces répond par ailleurs au besoin de
valente » comme « exclusivement des utilisées lors du montage du véhicule recyclage, qui ne cesse de croître.
pièces de rechange fabriquées par automobile, mais qui ne sont ni Les véritables pièces d’occasion sont
toute entreprise capable de certifier d’origine ni de qualité équivalente. les pièces de réemploi, lesquelles ont
à tout moment que la qualité en est
équivalente à celle des composants
qui sont ou ont été utilisés pour le La pièce d’occasion est dite « en échange standard »
montage des véhicules automobiles
en question ».
si elle est montée dans un atelier qui a les moyens
Cette définition n’en est pas vraiment de garantir ses caractéristiques d’origine.
une. La Commission précise dans la
brochure explicative du règlement
qu’il s’agit de pièces de « qualité Trop souvent, elles sont, à tort, confon­ déjà été utilisées sur un véhicule et
première monte » ou supérieure, dues avec les pièces de contrefaçon. qui sont ensuite vendues pour être
mais non fabriquées selon les normes Celles-ci sont des pièces réalisées réutilisées en l’état. Il s’agit des pièces
et spécifications du constructeur. en violation des droits de propriété que l’on peut se procurer chez les
Dès lors, un fabricant qui met sur le intellectuelle et/ou industrielle démolisseurs automobiles. Pour
marché une pièce de rechange qu’il d’un tiers (marque, brevet, dessin et celles-ci, il convient de respecter
qualifie de « qualité équivalente » modèle…). Leur fabrication, impor­ des règles de démontage, de contrôle
doit pouvoir certifier à tout moment tation, commercialisation, détention et de stockage.
que c’est bien le cas par rapport à la ou utilisation sont interdites et sanc­ Il existe également des pièces qui
pièce utilisée lors de la fabrication du tionnées pénalement (voir article sont rénovées avant d’être vendues.
véhicule. Cela pose la question de la suivant, page 22). En effet, la fabri­ Pour ces pièces rénovées, certains
qualité et de l’équivalence. cation d’accessoires ou de pièces acteurs ont proposé de distinguer
La qualité d’une pièce est définie détachées automobiles peut être les pièces rénovées à neuf, les pièces
comme « l’ensemble des caractéris­ limitée au regard d’un droit de pro­ rénovées adaptables et les pièces répa­
tiques d’un produit qui lui confère priété intellectuelle détenu par un rées. Il nous semble plus simple de
l’aptitude à satisfaire des besoins constructeur, un équipementier ou distinguer les pièces d’échange stan­
exprimés et implicites » (NF EN Iso toute autre personne. Un tel droit dard et les autres pièces rénovées.
8402). Juridiquement, la qualité octroie un monopole à son titulaire. Les pièces d’échange standard sont
d’une pièce, c’est la conformité de C’est, par exemple, le cas en France définies par le décret n° 80-709 du
celle-ci par rapport au cahier des des pièces détachées visibles telles 5 septembre 1980 (décret pris pour
charges de commande. L’équivalence que les éléments de carrosserie pro­ l’application de la loi du 1er août 1905
signifie quant à elle « de valeur égale, tégés par des dessins ou modèles. sur les fraudes et falsifications en
comparable ». Ces pièces sont également dites matière de produits ou de services
En pratique, avant de certifier une « pièces captives ». en ce qui concerne les véhicules ...
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automobiles, « JO RF » du 12 septem­


bre 1980). Ce dernier dispose que « la Glossaire des pièces de rechange
mention “ écha nge sta ndard ”
Pièces de rechange d’origine
ne peut être utilisée pour désigner,
Pièces de rechange qui sont de la même qualité que les composants utilisés
en vue de la vente, un moteur, un lors du montage d’un véhicule automobile et qui sont produites selon les
organe ou un sous-ensemble monté spécifications et les normes de production fournies par le constructeur
ou destiné à être monté sur un véhi­ automobile pour la fabrication de composants ou de pièces de rechange
cule automobile, en remplacement destinés au véhicule automobile en question. Sont incluses les pièces de
d’un élément usagé qui fait l’objet rechange fabriquées sur la même chaîne de production que ces composants
d’une reprise, que si le moteur, (art. 1.t du règlement n° 1400/02).
l’organe ou le sous-ensemble livré, Pièces de rechange de qualité équivalente
identique ou équivalent est neuf ou Pièces de rechange dont la qualité est équivalente à celle des composants qui
a été remis en état conformément sont ou ont été utilisés pour le montage des véhicules automobiles en question
aux spécifications du fabricant soit (art. 1.u du règlement n° 1400/02).
par celui-ci, soit dans un atelier dont Pièces de rechange adaptables
les moyens de production et de Pièces de rechange substituables, mais qui ne sont ni d’origine ni de qualité
contrôle permettent de garantir les équivalente.
caractéristiques d’origine ». Pièces de contrefaçon
Le même texte précise que « lorsqu’il Pièces réalisées par un fabricant en violation des droits de propriété
est procédé à une telle opération, intellectuelle et/ou industrielle d’un tiers (marque, brevet, dessin et modèle…)
la mention “échange standard” suivie dont la fabrication, l’importation, la commercialisation, la détention ou
l’utilisation peuvent entraîner des sanctions pénales et civiles.
du nom ou de la raison sociale du
constructeur ou de l’auteur de la
restauration doit être inscrite en
caractères apparents sur tous les
documents commerciaux, notam­
ment sur les devis de réparation, cial, les fabricants de pièces et gros­ d’application de la procédure relative
les bons de commande et de livraison sistes ont un véritable intérêt à aux véhicules endommagés (« JO »
et les factures ». pouvoir se prévaloir des notions de du 14 mai 2009) dispose que « la liste
pièces d’origine, voire de qualité équi­ des réparations effectuées sur le
valente, mais également d’échange véhicule, précisant celles touchant à
n Enjeux commerciaux standard. De même, les acteurs de la sécurité ainsi que la nature des
et juridiques la filière qui sont en contact direct pièces remplacées (pièces neuves
de la classification avec le client final ont un intérêt à d’origine ou de qualité équivalente
L’intérêt pour les différents acteurs communiquer sur le fait qu’ils dis­ ou de réemploi), est transmise au
de la filière automobile d’être en tribuent ou utilisent ces types de propriétaire à sa demande ».
mesure de se prévaloir de certaines pièces pour la réparation des véhi­ Il appartient aux fabricants de pièces
notions réside dans les enjeux qui en cules qui leur sont confiés. et, le cas échéant, aux constructeurs
découlent, d’un point de vue du de certifier que les pièces vendues
marketing et de la communication, sont d’origine ou de qualité équi­
mais également au regard du droit
n La liste des réparations valente. Il leur appartient également
des contrats et de la distribution. doit préciser la nature de préciser s’il s’agit d’une pièce
Sur le plan publicitaire et commer­ des pièces d’échange standard. La Commission
Il est en effet plus simple de vendre a précisé que pour les pièces de
au client final une pièce d’origine rechange d’origine, il appartient à
plutôt qu’une pièce adaptable, ou l’équipementier de délivrer un cer­
La Commission européenne une pièce d’échange standard plutôt tificat selon lequel les pièces sont
impose aux équipementiers un qu’une pièce rénovée ne bénéficiant
pas de ce qualificatif.
de même qualité que les composants
utilisés pour le montage d’un véhi­
certificat attestant de l’origine Par ailleurs, l’annexe 3 de l’arrêté du cule et ont été fabriquées selon les
ou de la qualité de leurs pièces. 29 avril 2009 fixant les modalités spécifications et les normes de pro­

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duction du constructeur. Les pièces
accompagnées de ce type de certifi­
étant donné leurs engagements contractuels
cat sont présumées être des pièces envers les constructeurs, les réparateurs ont
de rechange d’origine. L’équipemen­ intérêt à se soucier de la qualité des pièces
tier peut procéder à une « autocerti­ de rechange qu’ils achètent à des tiers.
fication » ou avoir recours à un tiers
tel qu’un organisme de certification.
Concernant les pièces de rechange commerciales trompeuses au sens ment, le règlement n° 1400/02 prévoit
de qualité équivalente, le fabricant de l’article L. 121­1, I­2° du code de la que le constructeur peut imposer à
de pièces doit également pouvoir consommation. ses distributeurs et réparateurs
délivrer un certificat attestant que Une telle pratique commerciale agréés l’obligation d’utiliser unique­
les pièces sont de qualité équivalente trompeuse est punie d’un emprison­ ment des pièces de rechange d’ori­
à celle des composants utilisés pour nement de deux ans et/ou d’une gine ou de qualité équivalente.
le montage d’un véhicule. Cette amende de 37 500 €, ce montant En pratique, tous les constructeurs
« certification » se fait de la même pouvant être porté à 50 % des utilisent cette possibilité offerte par
manière que pour les pièces de dépenses de la publicité ou de la le règlement et prévoient donc cette
rechange d’origine. pratique constituant le délit (C. obligation dans les contrats qui les
consom., art. L. 121­6). Ces montants lient aux membres de leurs réseaux.
s’élèvent respectivement à 187 500 € Les approvisionnements des distri­
n approvisionnement et 250 % en cas de responsabilité buteurs et réparateurs agréés auprès
libre… sous contrôle pénale de la personne morale (C. pén., des constructeurs varient de 87 à
des constructeurs art. 121­2 et 131­41). 95 % selon les pays de l’Union (rap­
Il convient de souligner que le fait Au regard du droit de la distribution, port de juin 2006 du cabinet London
d’indiquer, de manière mensongère, la différence entre pièces de re­ Economics relatif à l’évaluation du
à un consommateur que les pièces change et accessoires automobiles, règlement CE n° 1400/02, disponible
qui lui sont vendues ou qui sont uti­ telle que rappelée précédemment, sur le portail de l’UE : http://
lisées pour entretenir ou réparer son est très importante. Les accords de ec.europa.eu/comm/competition/
véhicule sont des pièces d’origine, distribution de pièces de rechange sectors/motor_vehicles/documents/
de qualité équivalente ou d’échange sont régis par le règlement n° 1400/02, retailing.html).
standard, relève du délit de pratiques alors que les accords de distribution Même si leurs approvisionnements
d’accessoires relèvent du règlement auprès de tiers sont limités et se
général simplifié n° 2790/1999. font essentiellement auprès de
Aux termes du règlement n° 1400/02, grossistes indépendants, étant
à l’exception des réparations effec­ donné leur engagement contrac­
Les pièces détachées : tuées dans le cadre de la garantie, tuel de ne s’approvisionner qu’en
50 % de la réparation automobile du service gratuit et des actions de pièces d’origine ou de qualité équi­
rappel, les distributeurs et les répa­ valente, ils ont intérêt à se soucier
rateurs agréés sont libres d’acheter à de la qualité des pièces de rechange
Pièces détachées (En milliards d'euros)
(hors bris de glace) des tiers (équipementiers, distribu­ qu’ils achètent à des tiers. S’ils
teurs indépendants…) au moins 70 % utilisent des pièces qui ne sont pas
2,99 des achats de pièces de rechange d’origine ou de qualité équivalente,
concurrentielles qu’ils effectuent. Un ils risquent de voir les contrats qui
Main d'œuvre
2,38 constructeur peut contractuellement les lient aux constructeurs résiliés.
0,58 imposer à ses distributeurs et répa­ De même, les tiers qui leur vendent
Ingrédients
peinture rateurs agréés l’obligation d’utiliser des pièces devraient s’assurer de
des pièces détachées d’une marque bénéficier des certifications néces­
particulière jusqu’à 30 % des achats de saires s’ils ne sont pas fabricants
sur les 5,95 md€ que coûte aux assureurs la réparation pièces de rechange concurrentielles desdites pièces. n
source : sra

automobile (hors bris de glace), les pièces détachées effectués par ceux­ci.
représentent plus de 50 %. en ajoutant le bris de glace, charles aronica, responsable juridique
Pour les 70 % de pièces pour lesquelles
...
le coût des pièces s’élève à 3,58 md€. de la fédération des industries des
il existe une liberté d’approvisionne­ équipements pour véhicules (fiEv)

jurisprudence automobile • n°810 • septembre 2009 • jurisprudence-automobile.fr 21


Dossier z La pièce de rechange dans tous ses états

approvisionnement

Contrefaçon de marque :
la vigilance s’impose pour les revendeurs
de pièces de rechange
En constante progression, la contrefaçon expose son auteur à des reste soumise au régime classique de
sanctions pénales et civiles. Mais le code de la propriété intellectuelle la contrefaçon prévu par le CPI et
sanctionne également la détention, la vente ou l’offre à la vente peut entraîner, au plan pénal comme
de produits revêtus d’une marque contrefaite. Directement exposés, au plan civil, des sanctions lourdes
les garagistes et revendeurs doivent donc être particulièrement et très pénalisantes pour le contre­
facteur. Dans les faits, ce dernier sera
vigilants sur l’origine des produits qu’ils commercialisent. souvent le distributeur et/ou reven­
deur des pièces détachées de contre­
façon. Ces professionnels, sur les­
quels les tribunaux font peser une

A
ux termes des dictionnaires La provenance Ces faits de contrefaçon portent sur présomption de faute et une obliga­
usuels, la contrefaçon consiste géographique l’ensemble des pièces de rechange tion lourde de s’assurer de la licéité
à reproduire par imitation et le prix automobiles, qu’il s’agisse des élé­ des produits qu’ils commercialisent,
une œuvre littéraire artistique ou in­ d’achat ments de carrosserie (phares, ailes, doivent en conséquence être parti­
dustrielle au préjudice de son auteur. des pièces capots, etc.), des éléments moteurs et, culièrement vigilants sur l’origine
Codifiée en France par le code de la de rechange plus généralement, tous les éléments des produits qu’ils vendent.
peuvent amener
propriété intellectuelle (CPI), la les juges du véhicule appelés à être remplacés
contrefaçon caractérise, quelle qu’en à écarter régulièrement (plaquettes et disques
soit la forme, la violation de droits de de freins, amortisseurs, etc.).
n Différents cas
la bonne foi
propriété intellectuelle et/ou indus­ du revendeur. Outre la violation des droits de leur de contrefaçon
trielle détenus par leur auteur. titulaire, la contrefaçon de pièces La contrefaçon de marque de pièces
La contrefaçon suppose donc un détachées automobiles présente un détachées automobiles peut tout
préalable : un droit qui peut être risque particulier pour le consomma­ d’abord s’analyser comme une
protégé par celui qui s’en prétend teur, qui en est le destinataire final. contrefaçon par imitation et repro­
titulaire. Ce droit peut concerner En effet, les pièces de rechange auto­ duction. Il s’agit des cas classiques de
différents aspects, et notamment les mobile sont dans leur quasi-intégra­ contrefaçon prévus et définis aux
marques de commerce (les pièces lité soumises à des normes strictes articles L. 713-2 et L. 713-3 du CPI.
détachées automobiles connaissent relatives aux performances, à la L’article L. 713-2 du CPI interdit la
également des problématiques de sécurité des pièces comme de leurs reproduction d’une marque pour des
contrefaçon de dessins et modèles, composants (par exemple, l’ensemble produits ou services identiques à
notamment pour les éléments exté­ des produits de freinage est soumis ceux désignés dans l’enregistrement.
rieurs et visibles des véhicules). à la norme ECE R90). Une majorité Il s’agit de l’hypothèse la plus simple à
des pièces de contre­façon ne les mettre en œuvre pour le titulaire des
respecte pas, d’où un risque pour le droits, puisqu’il y a un cas de contre­
bon fonctionnement du véhicule, sa façon per se (en soi). La seule repro­
Les tribunaux font peser sur les sécurité comme celle de ses occupants duction de la marque pour des produits
et des tiers en cas d’accident. identiques emporte contrefaçon.
distributeurs une présomption En dépit des particularismes qui Pour le revendeur de pièces de
de faute et une obligation de précèdent, la contrefaçon de marque rechange automobiles, ces cas de
s’assurer de la licéité des pièces. des pièces détachées automobiles contrefaçon peuvent être délicats

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Dossier
à déterminer, la qualité apparente mention du fabricant, outre que les
des pièces contrefaites pouvant per­
La loi précise expressément produits se trouvent au milieu de
mettre de les confondre avec des qu’importer des produits authentiques Volvo, sont
produits authentiques. Cela implique marchandises contrefaites, constitutifs de contrefaçon).
de sa part une vigilance toute
particulière à l’authenticité des
c’est contrefaire.
pièces acquises.
n Sanctions pénales et
L’article L. 713-3 du CPI interdit : civiles de la contrefaçon
– la reproduction d’une marque pour Les actes de contrefaçon présentent
des produits ou services similaires marque connaît une actualité une dualité de régime, puisqu’ils
à ceux désignés dans l’enregis­ constante en matière de pièces de peuvent constituer des délits pénaux
trement (par opposition aux produits rechange automobile. L’article L. 713- comme civils.
identiques. Exemple : la reproduction 6 b du CPI dispose en effet que Aux termes des articles L. 716-9 à
d’une marque de chaussures de « l’enregistrement d’une marque ne L. 716-11 du CPI, les actes de contre­
football pour désigner des chaus­ fait pas obstacle à l’utilisation du façon sont punis d’une amende pou­
sures de tennis) ; même signe ou d’un signe similaire vant aller jusqu’à 400 000 € et d’une
– l’imitation d’une marque pour des comme référence nécessaire pour peine d’emprisonnement pouvant
produits ou services identiques ou indiquer la destination d’un produit aller jusqu’à quatre années. Ces
similaires à ceux désignés dans l’en­ ou d’un service, notamment en tant sanctions peuvent en outre être ac­
registrement (voir, par exemple, TGI qu’accessoire ou pièce détachée, à compagnées (CPI, art. L. 716-11-2) de
Saint-Pierre-de-La Réunion, 7 no­ condition qu’il n’y ait pas de confu­ la fermeture de l’établissement ayant
vembre 2008 : imitation des marques sion dans leur origine ». servi à la réalisation de l’infraction,
Lucas et TRW par les marques Lukas celle-ci pouvant aller jusqu’à 5 ans.
et TPW apposées sur des emballages Enfin, tous les délits de contrefaçon
reprenant les codes couleurs des
n La marque et le modèle peuvent donner lieu à la responsabi­
marques contrefaites, pour les pro­ doivent apparaître lité de la personne morale.
duits identiques). clairement Les tribunaux n’hésitent pas à retenir
De nombreuses pièces détachées des peines de prison à l’encontre des
sont ainsi commercialisées sous la personnes reconnues coupables de
n La copie ne suffit pas, marque de leur fabricant, généra­ contrefaçon, leur montant comme la
il faut un risque lement équipementier automobile et durée des peines dépendant bien
de confusion proposant à la vente des pièces de entendu des circonstances de fait
Dans ces dernières hypothèses, la rechange de qualité d’origine (ou de propres à chaque espèce et à la mau­
seule reproduction et/ou imitation qualité équivalente et/ou simple­ vaise foi de l’auteur des actes de
est insuffisante pour démontrer la ment adaptable, selon la définition contrefaçon (voir notamment Crim.,
contrefaçon. Le titulaire des droits qui en est donnée par le règlement 17 novembre 2004, pourvoi n° 04-
doit également démontrer l’existence CE n° 1400/2002). Ce faisant, les 80078 : importation de filtres Volvo
d’un risque de confusion entre la équipementiers précisent la destina­ contrefaisants ; une peine de 2 ans
marque accusée de contrefaçon tion des véhicules (donc leur marque d’emprisonnement et une amende de
et sa propre marque. La qualification et modèle) pour lesquels ces pièces 7 622,45 € ont été retenues à l’en­
de contrefaçon suppose alors un pourront être utilisées. contre du dirigeant de la personne
examen global des marques par le Cette référence ne doit pas être morale ; Crim., 29 juin 2005 : impor­
juge, qui les comparera sous les équivoque, elle doit être parfai­ tation en vue de leur revente de
angles visuel, phonétique, intellec­ tement claire (c’est généralement le pièces contrefaisantes des marques
tuel et analysera les produits ou cas) sous peine de sanction pour Citroën et Peugeot : une peine d’em­
services similaires pour apprécier contrefaçon (Crim., 4 février 1998, prisonnement de 8 mois avec sursis
l’existence éventuelle d’un risque de pourvoi n° 97-80118 : la Cour retient et une amende de 72 000 € ont été
confusion pour un consommateur en l’espèce que la seule mention en retenues à l’encontre du dirigeant
d’attention moyenne. tous petits caractères du terme de la personne morale).
Second cas de contrefaçon, d’appa­ « for » [pour] avant la marque Volvo Les personnes reconnues coupables
rence anodine, l’usage illicite de sur des emballages de filtres, sans d’actes de contrefaçon s’exposent ...
jurisprudence automobile • N°810 • septembre 2009 • jurisprudence-automobile.fr 23
Dossier z La pièce de rechange dans tous ses états

également à des sanctions civiles de CA Paris, 28 novembre 2001, Juris­ cants des pièces contrefaites eux-
différents types, résumées, depuis la data n° 180058 : marque Jean-Paul mêmes, mais le plus souvent les
loi du 29 octobre 2007, à l’article Gaultier). reven­deurs (distributeurs et/ou
L 716-14 du CPI : « Pour fixer les dom­ Outre les sanctions qui précèdent, garagistes) de ces pièces.
mages-intérêts, la juridiction prend l’auteur d’actes de contrefaçon est Les pièces de contrefaçon ont des
en considération les conséquences passible d’un certain nombre de provenances très diverses, parfois
économiques négatives, dont le man­ sanctions complémentaires, dont les difficiles à déterminer, d’autant que
que à gagner, subies par la partie impacts financiers et commerciaux le fabricant désigné sur les pièces est
lésée, les bénéfices réalisés par le peuvent être très conséquents : généralement la victime de l’acte
contrefacteur et le préjudice moral – la publication judiciaire : prévue de contrefaçon.
causé au titulaire des droits notamment par l’article L. 716-15 La loi prévoit expressément la
du fait de l’atteinte ». du CPI, cette mesure de publicité, responsabilité de vendeurs et/ou
qui participe à la défense légitime revendeurs de pièces de contrefaçon.
du titulaire des droits contrefaits, L’article L. 716-9 b) du CPI prévoit
n Publication judiciaire, est régulièrement octroyée par les ainsi la sanction de « quiconque aura
frais de garde tribunaux ; importé, sous tous régimes doua­
et destruction – le rappel et/ou la destruction de niers, ou exporté des marchandises
L’auteur des faits de contrefaçon doit l’ensemble des biens contrefaits ; présentées sous une marque contre­
tout d’abord réparer le préjudice en – les droits de garde : dans le cas de faite », application du principe selon
résultant pour le titulaire des droits retenue de biens en douane durant lequel « importer, c’est contrefaire »
(cela s’applique également aux cas de la procédure, la personne reconnue (à cet égard, il convient de noter que
contrefaçon de dessins et modèles). coupable de contrefaçon peut enfin, le seul transit douanier de pièces
Il s’agit en premier lieu de réparer et logiquement, avoir à supporter le détachées arguées de contrefaçon
le préjudice financier résultant du coût des frais de garde. est possible : Crim., 3 septembre
manque à gagner pour le titulaire des Ces sanctions, parfaitement justifiées 2002, pourvoi n° 01-87.631).
droits résultant de la vente de pro­ au regard des conséquences des L’article L. 716-10 du CPI sanctionne
duits de contrefaçon. En la matière, actes de contrefaçon, devraient quant à lui la détention, la vente ou
les règles propres à la réparation du inviter les professionnels vendeurs l’offre à la vente de produits revêtus
préjudice prévues par le code civil de pièces détachées pour automo­ d’une marque contrefaite.
s’appliquent, et le montant alloué biles à la plus grande prudence dans Tout revendeur, distributeur de
dépendra donc généra­lement de le cadre de leur approvisionnement. pièces de rechange automobile
l’ampleur des actes de contrefaçon. Ce sont en effet le plus souvent ces contrefaites est donc, au sens de la
Le contrefacteur sera également tenu revendeurs et/ou garagistes dont loi, un contrefacteur, et la juris­
d’indemniser le titulaire des droits la responsabilité est mise en cause prudence est particulièrement
pour l’atteinte portée à la marque dans les dossiers de contrefaçon de sévère à l’égard des professionnels
elle-même, c’est-à-dire d’indemniser pièces détachées. en général et des professionnels de
l’atteinte à la valeur patrimoniale l’automobile en particulier.
de la marque en raison du seul acte En effet, les actes de contrefaçon
de contrefaçon. Sur ce terrain, les
n La responsabilité constituent un délit civil. La mau­
sommes allouées par les tribunaux des revendeurs vaise foi n’étant pas nécessaire à
sont très variables, leur montant en première ligne l’action civile, il en résulte que la
dépendant dans les faits de la noto­ L’expérience démontre en effet que bonne foi est inopérante en matière
riété et du prestige attachés à la les personnes poursuivies pour d’atteinte à la marque. Partant, le
marque contrefaite (voir notamment contrefaçon sont rarement les fabri­ revendeur de pièces de rechange
automobiles contrefaites ne pourra
se défendre en invoquant son
ignorance du caractère de contre­
L’expérience démontre que les personnes façon des pièces commercialisées.
Le seul fait de vendre et/ou de
poursuivies pour contrefaçon sont rarement proposer à la vente des biens contre­
les fabricants, mais le plus souvent les revendeurs. faits emporte la qualification de

24 jurisprudence automobile • N°810 • septembre 2009 • jurisprudence-automobile.fr


Dossier
contrefaçon. plus de 15 ans, a détenu et vendu des
La bonne foi est également délicate
à rapporter dans le cas d’une action
Le poids de la contrefaçon produits d’une marque contrefaite »
(Crim., 4 février 1998, pourvoi n° 97-
publique, dans le cadre de laquelle Dans le domaine de l’automobile, la contrefaçon de marque 80.118) ou encore qu’« en ce qui
le caractère intentionnel du délit est, est devenue depuis plusieurs années un véritable marché concerne les jupes arrière de véhicules
en revanche, requis par les textes mondial, dont un bref rappel chiffré permet de mesurer Peugeot 205, ces pièces de qualité
l’impact sur le marché plus général des pièces de rechange
(voir art. L. 716-9 et L. 716-10 du douteuses étaient vendues à un prix
automobile.
CPI, précités, qui prévoient la re­ En 2005, le manque à gagner des constructeurs de
inférieur à celui des jupes d’origine »
vente de produits de contrefaçon véhicules de marque résultant des faits de contrefaçon (Crim., 20 juin 2000, n° de pourvoi
« sciemment »). était estimé par l’OCDE à 12 milliards de dollars (1). 99-81.520 ; dans cette affaire, le
En effet, sa qualité de professionnel L’OCDE observait également qu’entre 2000 et 2005, revendeur automobile s’était fourni
fait peser sur le revendeur distri­ la proportion de pièces de contrefaçon dans le marché auprès d’un ancien sous-traitant des
buteur de pièces de rechange auto­ mondial des pièces de rechange automobile avait doublé, Automobiles Peugeot qui continuait
mobile une véritable présomption passant de 5 à 10 %, chiffre toujours avancé aujourd’hui. à fabriquer, en dépit de la fin de son
de mauvaise foi, les tribunaux esti­ Dans certains États, comme la Russie, cette proportion contrat, des pièces Peugeot, sans que
s’élevait à 30 % au début des années deux mille.
mant logiquement qu’il « appartient celles-ci ne répondent au cahier des
1. Rapport de monsieur le député Laffineur à l’Assemblée
au revendeur, en raison de sa quali­ nationale en date du 8 juin 2005 dans le cadre de la lutte charges du constructeur).
fication professionnelle, de vérifier de l’Union européenne contre la contrefaçon, p. 31. La jurisprudence retient parfois éga­
les articles qui lui sont livrés » (voir lement l’acquisition de pièces déta­
notamment CA Paris, 4e chambre, chées en dehors du réseau habituel
30 janvier 1985). de revente et d’approvisionnement
des pièces authentiques (réseau de
de pièces automobiles » (TGI Saint- constructeur automobile ou de dis­
n Une présomption Pierre-de-La Réunion, 7 novembre tribution d’un équipementier) pour
de mauvaise foi 2008, inédit ; voir également CA caractériser la mauvaise foi du pro­
Compte tenu de l’importance du Paris, 15 janvier 1998, Jurisdata fessionnel de l’automobile.
marché des pièces de rechange n° 1998-0220129 : « En ne s’infor­
automobile de contrefaçon et de la mant pas, le professionnel a commis
publicité qui en est faite, les juges sont une faute qui ne lui permet pas
n Une quasi-obligation
particulièrement stricts dans cette d’invoquer sa bonne foi, d’autant de résultat
appréciation. Les magistrats sont qu’il se fournit à Hong Kong, où il est En pratique la jurisprudence impose
notamment attentifs aux circonstan­ de notoriété publique que les contre­ aux revendeurs de pièces de re­
ces entourant l’achat des pièces façons sont fréquentes ») ; change automobiles une obligation
contrefaites pour écarter toute bonne – au prix d’achat des pièces déta­ positive de se renseigner de manière
foi du revendeur, et notamment : chées : l’achat de pièces à des prix approfondie et méticuleuse sur l’ori­
– à la provenance géographique inférieurs à leur prix habituel est gine et l’authenticité des pièces qu’ils
des pièces. Dans une affaire portant également un élément révélateur de acquièrent en vue de leur revente
sur des plaquettes de freins contre­ la mauvaise foi du revendeur de pièces – qui pourrait s’apparenter à une obli­
faites, les premiers juges ont écarté détachées pour les magistrats. gation de résultat –, cette recherche
toute bonne foi d’un revendeur de La jurisprudence rappelle également pouvant leur imposer de solliciter l’avis
pièces détachées poursuivi pour souvent que la modicité du prix est et/ou l’expertise des fabricants des
contrefaçon de marque qui s’était un élément permettant de douter de pièces détachées ou encore des
fourni à Dubaï en retenant que la licéité des pièces. La Cour de cas­ constructeurs des automobiles aux­
« La défenderesse ne justifie pas sation a ainsi relevé que « les juges du quelles les pièces acquises sont destinées
qu’elle aurait pris toutes les mesures second degré ajoutent que les filtres (Crim., 29 juin 2005, pourvoi n° 04-
qui auraient été de nature à éviter contrefaisants ont été achetés à un 87.337). La lutte contre la contrefaçon de
l’importation de produits contre­ prix inférieur de 40 % à celui payé à pièces de rechange automobiles, qui
faits, alors qu’elle a choisi un four­ la société Volvo ; qu’ils en déduisent suppose des réseaux de distribution et
nisseur situé dans un lieu dont elle que c’est en parfaite connaissance de de revendeurs, est à ce prix. n
ne pouvait ignorer qu’il était une cause que le prévenu, spécialiste de
...
Bastien Mathieu, docteur en droit,
plaque tournante de la contrefaçon la vente de pièces détachées depuis avocat au barreau de Paris

jurisprudence automobile • N°810 • septembre 2009 • jurisprudence-automobile.fr 25


Dossier z La pièce de rechange dans tous ses états

conformité

Sécurité des pièces de rechange


et homologation
Pour des raisons évidentes de sécurité et de protection de l’environnement, à elle une obligation d’homologation
de très nombreux équipements et pièces doivent, à l’instar des véhicules pour les pièces ou équipements qui
sont susceptibles de compromettre,
automobiles eux-mêmes, être homologués avant d’être mis sur le
de manière significative, le fonction­
marché. Cette exigence de conformité aux prescriptions techniques nement des systèmes qui sont essen­
s’est renforcée récemment avec le décret du 30 avril 2009 transposant tiels en termes de sécurité ou de
la directive européenne du 5 septembre 2007. protection environnementale (direc­
tive 2007/46/CE du Parlement euro­
péen et du Conseil du 5 septembre
2007 établissant un cadre pour la

L
a sécurité des automobilistes cadre de la réception communau­ réception des véhicules à moteur, de
Le Certificat
et des autres usagers de la taire des véhicules neufs. leurs remorques et des systèmes,
de conformité
route constitue une priorité La sécurité d’un véhicule dépend composants et entités techniques
européen
des constructeurs et équipementiers est le sésame notamment de sa conformité aux destinés à ces véhicules, « JO UE », L 263
automobiles. Ils développent en per­ de la mise sur prescriptions techniques. En consé­ du 9 octobre 2007, p. 1).
manence des solutions techniques le marché d’un quence, avant de mettre un véhicule
innovantes permettant d’éviter l’ac­ équipement. en circulation, il est obligatoire de le
cident (sécurité active, par exemple, Les systèmes faire homologuer par les pouvoirs
n Homologation
ABS, ESP, SSP) et, s’il se produit, d’en
essentiels
publics. Le principal objectif de la obligatoire avant mise
en termes de
réduire les effets (sécurité passive, sécurité ou législation concernant la réception sur le marché
par exemple Airbag, ceinture de de protection de des véhicules est de garantir que les L’homologation est une procédure
sécurité, appuie-tête réactif), voire l’environnement nouveaux véhicules présentent un par laquelle l’Administration constate
doivent l’obtenir
d’alerter les secours (« eCall »). degré élevé de sécurité et de protec­ qu’un véhicule, un modèle de véhi­
depuis la
La sécurité des véhicules constitue tion environnementale. cule ou une pièce/un équipement est
transposition,
également une priorité des pouvoirs en avril,
conforme aux prescriptions tech­
publics européens. C’est pourquoi, niques réglementaires. Aucun véhi­
l’automobile est le secteur où le
d’une directive n Éviter les réparations cule ne peut être mis en circulation
européenne.
nombre de directives et règlements dangereuses sans avoir fait l’objet d’une telle récep­
techniques est le plus élevé. Il ne cesse Le montage de certaines pièces ou tion. En France, ce sont les directions
d’ailleurs d’augmenter avec l’appari­ de certains équipements après la régionales de l’Industrie, de la Re­
tion des innovations techniques. Le mise sur le marché ou la mise en cherche et de l’Environnement (Drire,
21 août dernier, la Commission a ainsi service des véhicules pourrait com­ anciennement service des Mines) qui
publié une communication qui pré­ promettre cet objectif. C’est pour­ sont chargées de s’assurer qu’un véhi­
voit d’imposer en série un système quoi, depuis très longtemps, certains cule de conception nouvelle, modifié,
d’appel d’urgence « eCall » dans le équipements et pièces touchant reconstruit ou importé est conforme
direc­tement à la sécurité doivent aux prescriptions techniques régle­
également faire l’objet d’une homo­ mentaires concernant la sécurité et les
logation avant mise en circulation. nuisances. Cette réception constitue
Le fabricant de pièces obtient La directive 2007/46/CE du Parle­ un préalable indispensable à l’obten­
ment européen et du Conseil du tion du certificat d’immatriculation
une réception par type dans 5 septembre 2007, transposée en auprès des préfectures.
l’un des pays de l’Union, valable France dans le code de la route par Pour les nouveaux véhicules, les
dans les autres États membres. décret du 30 avril 2009, prévoit quant constructeurs obtiennent une réception

26 jurisprudence automobile • N°810 • septembre 2009 • jurisprudence-automobile.fr


Dossier
par type, sur la base d’un prototype sécurité, sièges, poignées et char­ tiels en termes de sécurité ou de
représentatif d’un véhicule produit nières de porte…), ainsi qu’à l’envi­ protection environnementale », la
en série. Depuis une directive du ronnement (exemples : compatibilité directive 2007/46/CE prévoit une
6 février 1970, il leur est possible électromagnétique, émissions de obligation d’homologation avant leur
d’obtenir une réception européenne gaz polluants…). mise sur le marché. Afin d’éviter les
(réception CE), prononcée par un Les fabricants de pièces détachées doubles homologations, certaines
État membre de l’Union européenne et équipements concernés doivent exceptions sont toutefois prévues.
et valable dans tous les autres États obtenir une homologation avant leur Les pièces ou équipements « suscep­
membres. L’homologation se traduit mise sur le marché. Toutefois, les tibles de présenter un risque impor­
par l’obtention d’un Certificat de équipementiers qui fournissent leurs tant pour le bon fonctionnement de
conformité européen attestant que produits en première monte font systèmes essentiels pour la sécurité
le produit répond à l’ensemble de la homologuer leurs pièces dans le cadre du véhicule ou sa performance
réglementation européenne, tant en
termes de sécurité que de pollution.
Cette possibilité a été étendue aux Une liste de pièces susceptibles de compromettre
véhicules lourds et aux remorques par les systèmes essentiels en termes de sécurité
la directive précitée 2007/46/CE.
Leur mise en circulation nécessitait
ou de protection environnementale va être établie.
au préalable une réception nationale
dans chaque pays d’immatriculation.
La mise en circulation sur le territoire de l’homologation du véhicule (récep­ environnementale » doivent faire
national d’un véhicule importé d’un tion par type en rapport avec le l’objet d’une homologation.
pays hors UE, reconstruit ou modifié véhicule). Les pièces détachées sont Le fabricant de pièces ou d’équipe­
doit faire l’objet d’une réception alors exonérées si elles sont iden­ ments doit présenter à l’autorité
spécifique auprès de la Drire. tiques au type approuvé à l’origine. compétente en matière de réception
À l’instar des véhicules automobiles, Les pièces homologuées ne consti­ un rapport d’essai élaboré par un
de très nombreux équipements et tuent pas en soit une catégorie de service technique désigné, qui cer­
pièces doivent faire l’objet d’une pièce et n’entrent pas dans une seule tifie que les pièces ou équipements
homologation, condition préalable à catégorie. En effet, parmi les pièces pour lesquels une autorisation est
leur mise sur le marché. La procédure détachées homologuées, il est pos­ demandée sont conformes aux exi­
est quasiment identique, puisque le sible de trouver des pièces d’origine, gences réglementaires. Le fabricant ne
fabricant de pièces ou d’équipements des pièces de qualité équivalente et peut introduire qu’une seule demande
obtient une réception par type des pièces adaptables (voir p.17). par type et par pièce et auprès d’une
dans l’un des pays de l’UE, laquelle C’est le cas, par exemple, en matière seule autorité compétente en matière
est valable dans les autres États de garnitures de frein, lesquelles de réception. L’homologation se
membres. L’homologation se traduit doivent faire l’objet d’une homologa­ traduit par l’obtention d’un Certificat
par l’obtention d’un Certificat de tion au titre du règlement ECE R 90 de conformité européen. Le fabricant
conformité européen. (règlement ECE 90 du 1er novembre est tenu de garantir que les pièces et
1992, sur les prescriptions uniformes équipements sont produits et conti­
relatives à l’homologation des gar­ nuent à être produits dans le respect
n Type et première monte nitures de freins assemblées de des conditions auxquelles le certificat
La liste des pièces et équipements rechange pour les véhicules à moteur a été délivré. Chaque pièce ou partie
concernés est relativement longue. et leurs remorques). d’équipement concernée doit rece­
Ces pièces font l’objet de directives et voir un marquage approprié.
règlements techniques européens Le nombre de pièces et équipements
relatifs à la sécurité active (exemples :
n Sécurité et respect concernés est limité. Le législateur
dispositifs de direction, freinage, de l’environnement, deux européen a prévu que la liste de ces
essuie-glaces et lave-glaces, vitrages exigences de la réception derniers, avec les exigences qui s’y
de sécurité, pneumatiques, éclai­ Pour un certain nombre de pièces rapportent, devait être établie après
rage et signalisation…) ou passive « susceptibles de compromettre le consultation des parties intéressées
(exemples : appuis-tête, cein­tures de fonctionnement des systèmes essen­ sur la base d’un rapport et ...
jurisprudence automobile • N°810 • septembre 2009 • jurisprudence-automobile.fr 27
Dossier z La pièce de rechange dans tous ses états

« s’efforcer de parvenir à un équilibre autres états de l’UE. Dès qu’il est (DSCR). À l’inverse, c’est la direction
juste entre les exigences de renforce­ homologué, le produit peut être mis générale de la Concurrence, de la
ment de la sécurité routière et de la sur le marché. Par ailleurs, les pièces Consommation et de la Répression
protection de l’environnement et les et équipements qui ne font pas des fraudes (DGCCRF) qui récep­
intérêts des consommateurs, des fabri­ l’objet d’une homologation peuvent tionne les signalements effectués
cants et des distributeurs, en préservant être mis sur le marché sans aucune par les équipementiers ainsi que par
la concurrence sur le marché des pièces autorisation. les distributeurs et réparateurs non-
et équipements de rechange ». Cette Il existe toutefois une obligation membres d’un réseau de construc­
liste devra constituer l’annexe 13 de la générale de sécurité à la charge de teurs (avis aux opérateurs sur la mise
directive. Dès que cette liste aura été tous les professionnels de la filière en place de l’obligation de signa­
arrêtée, toute pièce qui y figurera devra automobile. La directive 2001/95/CE lement des risques et des mesures
faire l’objet d’une homologation préala­ du 3 décembre 2001 sur la sécurité prises par les professionnels, « JO »
ble à sa mise sur le marché. générale des produits (« JO CE » du du 10 juil­let 2004, p. 12574).
15 janvier 2002 L11/4), transposée en
France par l’ordonnance n° 2004-670
n Les exceptions du 9 juillet 2004 (« JO » du 10 juil­let
n Le réemploi en question
à l’homologation 2004, p. 12520), vise à s’assurer que Le législateur prévoit d’autres obli­
Concernant les pièces listées à l’an­ seuls des produits de consommation gations en matière de pièces tou­
nexe 13, certaines seront toutefois sûrs sont mis en circulation dans le chant à la sécurité. Par exemple,
« exemptées » d’homologation au marché de l’Union européenne. l’annexe 3 de l’arrêté du 29 avril
titre de la directive. Il s’agit, d’une 2009 fixant les modalités d’applica­
part, des « pièces ou équipements tion de la procédure relative aux
d’origine », qui sont couverts par une
n Surveiller, signaler véhicules endommagés (« JO » du
réception par type de système en et maîtriser les risques 14 mai 2009) dispose que « La liste
rapport avec un véhicule. Étant homo­ Aux termes de ces textes, qu’il des réparations effectuées sur le
loguées dans le cadre d’une récep­ s’agisse de pièces homologuées ou véhicule, précisant celles touchant à
tion par type d’un véhicule, il n’y a non, le responsable de la mise sur le la sécurité ainsi que la nature des
pas besoin d’homologation spéci­ marché doit adopter des mesures qui pièces remplacées (pièces neuves
fique pour ce type de pièces. lui permettent, d’une part, de se tenir d’origine ou de qualité équivalente,
Il s’agit, d’autre part, des pièces ou informé des risques que les produits ou de réemploi), est transmise au
équipements qui ont fait l’objet d’une qu’il commercialise peuvent pré­ propriétaire à sa demande » (voir
réception par type en application senter et, d’autre part, d’engager les « JA » 2009, p. 258).
d’un acte réglementaire (la liste des actions nécessaires à la maîtrise de Ce texte fait référence aux pièces de
actes réglementaires figure à l’an­ ces risques, notamment en procé­ réemploi et à la sécurité, sans toutefois
nexe IV de la directive), sous réserve dant au retrait du produit du marché, faire de lien entre les deux. Peut-on
toutefois que cette réception ne à une mise en garde adéquate et effi­ accepter que certaines pièces homo­
porte pas sur d’autres aspects que la cace des consommateurs ou au rappel loguées touchant directement à la
sécurité du véhicule ou sa perfor­ de ce produit auprès de ceux-ci. sécurité puissent être réemployées
mance environnementale. Par ailleurs, si le responsable de la sans être remises en état conformé­
Un État membre de l’UE ne peut mise sur le marché d’un produit ment aux spécifications du fabricant ?
pas interdire la vente ou la mise en constate que celui-ci ne satisfait pas Plus généralement, ne devrait-il pas
circulation de pièces ou équipements à l’obligation générale de sécurité, y avoir une réflexion des pouvoirs
dûment homologués dans l’un des il doit en informer immédiatement publics, en concertation avec toutes
les autorités administratives compé­ les parties intéressées, sur ce sujet,
tentes, en indiquant les actions qu’il ainsi que sur la mise en place de règles
engage afin de prévenir les risques impératives communes liées aux règles
Les pouvoirs publics devraient pour les consommateurs. En France, de démontage, de contrôle et de
réfléchir à des règles concernant les constructeurs automobiles et leur
réseau de distribution doivent noti­
stockage des pièces de réemploi ? n

le démontage, le contrôle et fier les risques à la direction de la


Charles Aronica, responsable juridique
de la Fédération des industries
le stockage des pièces de réemploi. Sécurité et de la Circulation routière des équipements pour véhicules (FIEV)

28 jurisprudence automobile • N°810 • septembre 2009 • jurisprudence-automobile.fr


dossier
EnTrETiEn avEc ...
« Il faut favoriser l’utilisation
de la pièce de réemploi dans
la réparation automobile »
Pensez-vous que l’avènement de la procédure des véhicules
alain martel, gravement endommagés (vGE), incluant un suivi des travaux
directeur des assurances de réparation sous le contrôle de l’expert, est de nature
dommages à impulser l’utilisation de ce type de pièces ?
maciF

du groupe macif La procédure VGE prévoit la possibilité de réparer avec de


l’occasion. Cela constitue un argument important et nécessaire
votre mutuelle est-elle intéressée à promouvoir l’usage pour développer ce marché. Mais, il n’est pas suffisant, car les
de la pièce de réemploi auprès de ses assurés fournisseurs de ces pièces doivent contribuer au développement
lors de la réparation des dommages ? ? par l’industrialisation du processus, la qualité et les garanties
Notre mutuelle a toujours été soucieuse de protéger le pouvoir accordées à ces pièces après montage, ainsi que la création d’un
d’achat de nos sociétaires, donc de favoriser l’utilisation de la stock suffisamment important pour promouvoir et crédibiliser
pièce de réemploi ou équivalente lors de la réparation du véhi­ leur offre. Le contexte est porteur, car la protection de l’envi­
cule accidenté. Des partenariats existent déjà avec des fournis­ ronnement et la réutilisation des objets industriels répondent
seurs pour faciliter et contrôler la qualité des pièces et le service aux attentes des Français et des autorités.
auprès des courtiers agréés par notre mutuelle.
L’expert aura-t-il un rôle à jouer dans ce domaine ?
Quel intérêt l’assuré pourra-t-il retirer de cette pratique ? Les experts ont un rôle fondamental. Ils sécurisent la technique
Peut-on envisager des incidences sur la rédaction de réparation, contrôlent la qualité des pièces et le respect des
des contrats d’assurance automobile ? normes de sécurité. Ils sont indispensables dans le processus
L’intérêt évoqué traditionnellement par les acteurs de la de validation des typologies de pièces d’occasion pouvant être
réparation réside dans la possibilité de sauver un véhicule ou ne pas être autorisées à alimenter ce marché.
qui, économiquement, ne peut plus être réparé parce que le
montant des réparations est supérieur à la valeur à dire L’utilisation de la pièce de réemploi aura-t-elle un impact
d’expert au jour de l’accident. Si le devis sur le chiffrage initial des dommages
peut être diminué suffisamment sur le par l’expert ?
poste pièces neuves par des pièces de « Les assureurs n’ont L’impact réel et mesurable de l’utilisation
réemploi ou équiva lentes, la réparation jamais intégré des pièces de réemploi ne peut être calculé
peut être réalisée à hauteur de la pièce en
charge et après accord de l’expert.
un rapport gagnant/ que sur la facture, au regard du chiffrage
initial effectué sur la base des prix des
En dehors de cette hypothèse, le proprié­ gagnant avec l’assuré pièces neuves. Encore faut­il que les éco­
taire du véhicule, dans certains cas, reste sur le coût nomies soient réelles et suffisantes. Ce
le payeur, il peut seul décider d’intégrer
des pièces d’occasion et pratiquer l’auto­
de la réparation. » marché de la pièce d’occasion ne concerne
que les véhicules âgés de plus de huit ans.
réparation si le véhicule n’est pas soumis à la procédure
de véhicule endommagé. faut-il encadrer l’utilisation de ce type de pièces de façon
En France, les assureurs n’ont pas favorisé ce marché à en exclure certaines, notamment celles qui touchent
parallèle à la pièce neuve constructeur, car ils n’ont de trop près à la sécurité du véhicule ?
jamais intégré un rapport gagnant/gagnant avec l’assuré. Des travaux sont d’ores et déjà en cours avec les syndicats pro­
En effet, hormis quelques tests, l ’assureur n’a jamais fessionnels des carrossiers, les experts et les assureurs afin de
partagé les économies sur le coût de la réparation, soit déterminer les typologies de pièces qui ne pourront pas être
par suppression de tout ou partie de la franchise, soit par réutilisées, notamment celles inhérentes à la sécurité. n
des rabais tarifaires. Propos recueillis par véronique crouzy

jurisprudence automobile • n°810 • septembre 2009 • jurisprudence-automobile.fr 29

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