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Ve r s u n a p p r e n t i s s a g e p l u s a u t o n o me :
S t r a t é g i e s d ' a p p r e n t i s s a g e f a vo r i s a n t
l ' a u t o n o mi e d e l ' é l è ve
La recherche portera sur l‟acquisition de méthodes de travail par les élèves et les
possibilités d‟articuler les apprentissages méthodologiques avec les contenus
d‟enseignement et les compétences cognitives des élèves, afin d‟engendrer un
apprentissage plus autonome.
Les motivations m‟ayant conduit à choisir le présent sujet seront exposées dans
l‟introduction, où je mettrai le point sur l‟importance à lui accorder.
Or, à l‟égard de ce qui a été dit ci-dessus, la notion d‟autonomie prend tout son sens
après avoir montré l‟influence des stratégies métacognitives, qui sont le sujet du
deuxième chapitre. Le concept de métacognition y est analysé de plus près en
retraçant son évolution depuis son émergence dans les années 1970 dans les
travaux de JOHN H. FLAVELL, jusqu‟aux recherches plus récentes réalisées par des
auteurs comme BERNADETTE NOËL, ANNE-MARIE DOLY ou MICHEL GRANGEAT.
Le troisième chapitre enfin parle d‟autonomie, et on peut être surpris, à bon escient,
par le nombre peu élevé de pages qu‟il occupe par rapport aux chapitres
précédents. Cependant, je vais montrer que le concept de métacognition engendre
parfaitement celui d‟autonomie. Il suffit ainsi d‟ajouter les quelques articulations
nécessaires pour éclaircir ce rapport.
0 Introduction ..................................................................................................... 9
2 Métacognition ................................................................................................ 39
5 Mise en pratique............................................................................................. 81
7 Bibliographie ................................................................................................. 95
8 Annexes ......................................................................................................... 99
Le mot clé est ici le qualificatif dynamique qui nous oblige à nous réadapter sans
cesse aux nouvelles exigences que la vie scolaire, professionnelle ou privée nous
impose. Nos élèves rencontrent une situation analogue dans le contexte scolaire,
contrée ainsi par JACKY ANTOINE :
1 e
Citation attribuée à MONTAIGNE, 16 siècle; dans [37].
2
HORNIG F., MÜLLER M., W EINGARTEN S., Die Daten-Sucht, dans Der Spiegel, Nr. 33 / 11.08.08.
10 0 Introduction
Ainsi, enseigner consiste en grande partie à aider les élèves à négocier le transfert
de la responsabilité d‟apprendre de l‟enseignant vers l‟élève (W EINSTEIN & HUME
page 26).
À cette occasion je dois remarquer que le Lycée Josy Barthel offre un contexte idéal
à la réalisation de pratiques d‟apprentissage telles que celles décrites dans le cadre
de ce travail. En effet, depuis 2003, le LJBM fait partie des établissements scolaires
mettant en œuvre le projet pilote cycle inférieur (PROCI)4. L‟enseignement par
compétences5 y a sa position fixe depuis plusieurs années et le LJBM joue ainsi un
rôle précurseur concernant la réalisation des objectifs de la réforme des classes
inférieures de l'enseignement secondaire et secondaire technique présentée le 29
septembre 2010 par la ministre de l‟Éducation nationale et de la Formation
professionnelle. Un enseignement visant une autonomisation des élèves tel que
présenté dans ce travail s‟intègre alors parfaitement dans ce contexte, tout en
favorisant l‟atteinte des buts visés par la réforme.
3 e e
Je pense ici surtout au passage d‟une classe de 9 vers une classe de 10 qui représente pour
beaucoup de jeunes un moment crucial dans leur carrière d‟élève.
4
Pour plus d‟informations, se référer au site suivant:
http://www.men.public.lu/sys_edu/postprimaire/projets_concepts/cycle_inferieur_est/index.html
5
Les compétences sont évaluées pour chaque devoir en classe, voir annexe 8.1 page 100.
1 St ratégies d ’appren tiss age
WOLFS [37] présente différents concepts qui ont trait aux stratégies
d‟apprentissage :
Deuxième volet : Moyens mis en œuvre par l‟élève pour atteindre ces
résultats. Ces moyens seront désignés par le terme de compétences
« processus » ou plus généralement par stratégies d‟apprentissage. Ce
volet comprend :
la notion de « compétence-processus » ;
6
LE BOTERF, 1994, « De la compétence. Essai sur un attracteur étrange ». Paris : Les Éditions
d‟organisation, p. 16.
12 1 Stratégies d‟apprentissage
Nous allons voir dans la suite que la terminologie de W OLFS, tout en constituant un
bon point de départ pour l‟articulation des différentes notions, ne correspond pas
tout à fait à nos besoins et qu‟il faut, après avoir définis les notions nécessaires,
1.1 Concepts de base relatifs aux stratégies d‟apprentissage 13
adapter et compléter ce schéma. Ainsi les paragraphes qui suivent vont développer
les notions qui apparaissent dans le schéma.
compétences
compétences-produits
compétences-processus
comportements comportements de
outils d‟ordre gestion de
cognitif l‟activité
cognitive
(métacognition)
WOLFS [37] cite plusieurs définitions du concept de compétence dont je reprends ici
la plus pragmatique : « Mise en œuvre d’un ensemble organisé de savoirs, de
savoir-faire et d’attitudes permettant d’accomplir un certain nombre de tâches. »
Nous allons voir que suite aux descriptions données par ANTOINE [1], cette
définition n‟est pas tout à fait complète et que la préface au socle de compétences
mathématiques pour l‟enseignement secondaire et secondaire technique [24] définit
la notion de compétence de manière plus évoluée7 :
7
Cette définition est indépendante de la voie de formation, du régime et du cycle.
14 1 Stratégies d‟apprentissage
Compét ence-capaci té
ANTOINE évoque la liste de seize « capacités cognitives de base » établie par JEAN-
MARIE DE KETELE en 1982. Pour ne pas rendre la confusion complète à propos des
notions de compétence, capacité, comportement et autres, je me limite à présenter
cette liste dans l‟annexe 8.2 page 99. Cette liste est néanmoins intéressante à deux
égards :
ANTOINE continue en citant DE KETELE par une interpellation pesant très lourd à mes
yeux puisqu‟elle concerne la pensée fondamentale des objectifs de l‟école :
8
Voir paragraphe 1.1.2 page 18 pour plus de détails.
1.1 Concepts de base relatifs aux stratégies d‟apprentissage 15
« Etre compétent signifie pouvoir mobiliser ses ressources dans une situation
donnée. »
JACKY ANTOINE anticipe ici sur les caractéristiques d‟une réflexion métacognitive : le
premier correspond à une condition d‟application d‟activités métacognitives, le
deuxième à une modalité de leur mise en œuvre (voir page 68).
16 1 Stratégies d‟apprentissage
Compét ence-évaluation
Dans le schéma présenté page 12, W OLFS [37] définit les compétences-produits
comme étant les résultats attendus de l‟action éducative. Jean-Marie DE KETELE,
dans la préface de l‟ouvrage de W OLFS [37], formule un point de désaccord avec
l‟auteur concernant la notion de compétence, et surtout de compétence-produit :
« […] les compétences dont parle l’auteur sont des niveaux de savoir (restituer,
comprendre) et non des compétences, car elles ne précisent pas les catégories de
situations-problèmes sur lesquels ces niveaux de savoir s’exercent. »10
9
La réforme des classes inférieures de l'enseignement secondaire et secondaire technique
présentée par la ministre de l‟Éducation nationale et de la Formation professionnelle le 29
septembre 2010 prévoit l‟intégration de l‟évaluation formative sur ces classes. La réforme entrera
en vigueur dans tous les lycées en 2013-2014.
10
Nous avons vu ci-dessus qu‟Antoine relie les compétences manifestement au contexte dans lequel
elles s‟exercent. Dans cette optique, les objectifs fixés dans le socle des compétences
mathématiques sont bien des compétences, puisque situés dans des contextes bien définis.
1.1 Concepts de base relatifs aux stratégies d‟apprentissage 17
Activité de la pensée
Niveau de complexité taxonomie révisée
taxonomie de Bloom
par Anderson
6. très complexe évaluation créer niveau supérieur
5. plus complexe synthèse évaluer
4. complexe analyse analyser
3. légèrement complexe application appliquer
2. basique compréhension comprendre
1. très basique connaissance se rappeler niveau inférieur
11
Taxonomie (ou taxinomie) : Étude théorique des bases, lois, règles, principes d‟une classification
(Petit Robert).
12
BENJAMIN BLOOM (21 février 1913 - 13 septembre 1999), psychologue américain spécialisé en
pédagogie (wikipedia.org).
18 1 Stratégies d‟apprentissage
Activité de la
Niveau de complexité Verbes d‟action
pensée
généraliser, formuler, anticiper,
6. très complexe créer
valider, structurer
comparer, estimer, déduire,
5. plus complexe évaluer
conclure, justifier, choisir
regrouper, comparer, ordonner,
4. complexe analyser
examiner, décomposer
déterminer, compléter, construire,
3. légèrement complexe appliquer
résoudre, représenter, démontrer
reconnaître, associer, comparer,
2. basique comprendre
convertir, retracer
mémoriser, nommer, répéter,
1. très basique se rappeler
identifier, reproduire, formuler
Tableau 2 : Verbes d’action sur lesquelles repose la taxonomie de
Bloom.
J‟ai reproduit ici la taxonomie de BLOOM puisqu‟elle peut être considérée comme
base à tout projet d‟élaboration d‟objectifs scolaires. J‟ai déjà mentionné plus haut
que W OLFS s‟est inspiré de cette taxonomie et je vais brièvement, en guise
d‟exemple, récapituler son essai de classification de compétences-produits à
caractère générique (WOLFS [37]). Cette classification oppose deux grands types
d‟activités, la reproduction et la production :
Certaines de ces activités sont développées sur plusieurs items que je ne vais pas
détailler ici.
13
Le site web suivant contient davantage d‟informations sur ces taxonomies :
http://www.techlearning.com .
1.1 Concepts de base relatifs aux stratégies d‟apprentissage 19
Alors que les niveaux de savoirs – que W OLFS a appelés les compétences-produits
– représentent les fins de l‟apprentissage, Wolfs désigne par compétences-
processus les stratégies d’apprentissage et/ou les « comportement-outils » utilisés
par le sujet pour atteindre les compétences-produits.
Dans la suite je ne vais pas adopter cette vision stricte de la notion de stratégie et
me référer plutôt à W EINSTEIN & HUME [35] qui utilisent la notion de stratégie
également pour désigner un comportement isolé :
14
BOULET, A., SAVOIE-ZAJC, L., CHEVRIER, J., Les stratégies d’apprentissage à l’université, Sainte-Foy,
Presse de l‟Université du Québec, 1996
20 1 Stratégies d‟apprentissage
compétences
stratégies d‟apprentissage
Nous allons voir que pour chacun de ces types de connaissances il existe plusieurs
catégories de stratégies d‟apprentissage adaptées à son acquisition.
22 1 Stratégies d‟apprentissage
À ces catégories, communes à tous les auteurs, s‟ajoutent les stratégies mises en
œuvre lors des travaux en groupes, ou plus généralement lors des interactions
entre apprenants et enseignants. Celles-ci agissent sur la motivation, la cognition
(MANDL et FRIEDRICH [19]) et la métacognition (PORTELANCE [28]).
1.4 Stratégies cognitives 23
Une classification de ces stratégies est faite selon le contexte dans lequel elles sont
utilisées. Ainsi chaque auteur présente une classification qu‟il juge utile pour ses
besoins. Un répertoire de stratégies mentionné par beaucoup d‟auteurs, dont
CARTIER [2], SAINT-PIERRE [32], MANDL & FRIEDRICH [19], W EINSTEIN & HUME [35] et
WOLFS [37] est celui établi en 1986 par W EINSTEIN & MAYER15. Ce modèle joue un
rôle particulièrement important non seulement parce qu‟il a inspiré un grand nombre
d‟auteurs jusqu‟à aujourd‟hui, mais également parce qu‟il constitue la base des
questionnaires LASSI et WLI présentés au chapitre 4.4.
Classification de W E I N S T E I N & M AY E R
15
WEINSTEIN, C. E., MAYER, R. E., The teaching of learning strategies, in M. C. Wittrock (Éd.),
Handbook research on teaching, 3rd ed., pp. 315-327, New York : Macmillan, 1986
24 1 Stratégies d‟apprentissage
16
Professeur de mathématiques, Université de Sherbrooke (Québec).
17
Cette notion de processus a la même signification que la notion de compétence-processus dont
parle W OLFS (voir chapitre 1.1.3).
26 1 Stratégies d‟apprentissage
Lire
élaborat ion
déclarat ives
organisat ion
Écout er
18
Ceci est vrai dans les publications de Saint-Pierre parues depuis 1993, avant cette date Saint-
Pierre elle aussi considérait les stratégies de répétition dans son modèle.
28 1 Stratégies d‟apprentissage
LAVOIE [15] cite, pour chacun des processus cognitifs, un certains nombres de
stratégies communément utilisées (Figure 3).
19
La dénommination exacte des compétences en relation avec les processus mathématiques est :
modéliser, résoudre des problèmes, argumenter et communiquer.
1.4 Stratégies cognitives 29
Stratégies d’élaboration
résumer
regrouper, écrire (les idées principales identifier la sorte de liens entre les
dans la marge), énumérer, classifier, parties d'un réseau : les parties de…;
comparer les types de … ; les caractéristiques
de…; les causes de… ; les
faire des schémas, des réseaux, des
conséquences de… ; les analogies…;
matrices
les séquences temporelles…
Stratégies d'automatisation
Stratégies de généralisation
faire des hypothèses : trouver des comparer deux exemples : trouver les
raisons pour lesquelles un exemple ressemblances
donné est un exemple du concept
inventer des exemples
rechercher des raisons ou une
explication pour lesquelles une action
particulière est appropriée
Stratégies de discrimination
Je vais revenir sur l‟utilité et le fonctionnement de ces stratégies dans les chapitres
2.4 et 2.5, après avoir introduit le concept de métacognition.
1.6 Stratégies motivationnelles et affectives 31
La motivation des élèves est un sujet extrêmement vaste dont il est impossible de
traiter ici tous les aspects. Un auteur très souvent référencé dans la littérature
francophone lorsqu‟il est question de motivation est ROLAND VIAU ([33], [34]).
Dans [34], VIAU situe la motivation dans le cadre des stratégies d‟apprentissages
dans le sens que nous venons de les définir dans les paragraphes qui précèdent.
Cette manière d‟aborder ce sujet est d‟autant plus intéressante qu‟elle nous permet
d‟avoir une influence sur la façon dont les élèves font usage des stratégies
d‟apprentissage.
VIAU [34] définit la motivation en contexte scolaire comme étant un état dynamique
qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son
environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer
dans son accomplissement afin d’atteindre un but. Il en résulte le modèle de
motivation illustré sur la figure ci-dessous. L‟interaction entre la composante
contextuelle et les composantes relatives à l‟élève forment ce que VIAU appelle la
dynamique motivationnelle.
32 1 Stratégies d‟apprentissage
Les déterminants définis par VIAU sont les composantes de la motivation qui sont
directement influencés par le contexte dans lequel l’élève se trouve. Précisément,
d‟après les recherches sociocognitives en pédagogie, ces déterminants
correspondent, selon VIAU, à trois types de perceptions : la perception de la valeur
d‟une activité (« pourquoi ferais-je cette activité »), la perception de sa compétence
à l‟accomplir (« est-ce que je suis capable de l‟accomplir ? ») et la perception de la
contrôlabilité de son déroulement et de ses conséquences (« ai-je un certain
contrôle sur son déroulement et sur ses conséquences ? »).
D‟après VIAU, les indicateurs sont des composantes qui permettent de mesurer le
degré de motivation d’un élève. Les principaux indicateurs qu‟il cite sont le choix
d‟entreprendre une activité, la persévérance et l‟engagement cognitif à l‟accomplir.
Le dernier indicateur est la performance de l‟élève, il est influencé directement ou
indirectement par les trois premiers indicateurs.
garder sa concentration
VIAU [33] cite BARBARA MCCOMBS20 qui attribue plusieurs caractéristiques à une
activité pour qu‟elle soit motivante à des adultes en formation continue :
20
B. MCCOMBS, What Underlies Learning to Learn in the Workplace ?, manuscrit inédit, 1993.
34 1 Stratégies d‟apprentissage
commenter les travaux des élèves plutôt que de se limiter à les noter ;
21
M.V. COVINGTON, Making the Grade, Cambridge University Press,1992.
22
À lire sur le site du MEN : Après les acteurs de l’école et les membres de la commissio
parlementaire, c’est à la presse que la ministre de l’Éducation nationale et de la Formation
professionnelle, a expliqué le 29 septembre [note : 2010] les objectifs et lignes directrices de la
réforme des classes inférieures. Fruit du travail de nombreux enseignants depuis 2006, elle entrera
en vigueur dans tous les lycées en 2013-2014.
1.7 Stratégies de support 35
qui correspond aux pratiques d‟apprentissage défendues par le Lycée Josy Barthel
depuis sa création.
Le fait que dans cette définition VIAU n‟attribue l‟usage de ces stratégies qu‟aux
élèves autorégulés montre qu‟il existe une certaine hiérarchie parmi les différents
aspects des stratégies d‟apprentissage. Notamment, en appliquant les stratégies de
gestion, l‟élève fait preuve d‟un certain niveau de réflexion métacognitive.
Les catégories citées par VIAU sont alors l‟organisation du travail dans le temps, le
lieu d‟apprentissage et les ressources humaines et matérielles. De manière
analogue, SAINT-PIERRE [32] donne pour chacune de ses rubriques quelques
exemples de stratégies :
1.8 L’apprenant-stratège
Cette notion ressemble à celle de l‟apprenant autonome que l‟on verra dans le
chapitre 3, mais les termes d‟autonomie et de métacognition n‟y surviennent pas.
La volonté se montre en :
Connais-toi toi-même.23
2.1 Historique
D‟après NOËL [25] et DOLY [3], le concept de métacognition a été introduit par
FLAVELL24 dans les années 70 dans le cadre de travaux de recherche sur des
stratégies ayant pour but l‟amélioration du fonctionnement de la mémoire. Selon
d‟autres sources cette notion était déjà connue dans l‟antiquité (fr.wikipedia.org,
WOLFS [37]) et par Confucius (fr.wikipedia.org), bien qu‟il soit néanmoins incontesté
que FLAVELL a lancé les recherches scientifiques dans ce domaine.
NOËL mentionne plusieurs raisons ayant favorisé dans la suite l‟attraction des
chercheurs à ce concept :
23
Inscription au fronton du temple de Delphes.
24
Wikipedia.org: John H. Flavell (born 1928) is an American developmental psychologist specializing
in children's cognitive development. Through the discovery of new developmental phenomena and
analysis of the theories of Jean Piaget, Flavell shifted the direction of developmental psychology in
the United States. In 1955, Flavell obtained a PhD in psychology from Clark University. He was
recognized with an Award for Distinguished Scientific Contributions from the American
Psychological Society in 1984, and was elected to the United States National Academy of Sciences
in 1994. He is currently an emeritus professor of developmental psychology at Stanford.
40 2 Métacognition
2.2 Genèse
A.-M. DOLY [3] affirme que le concept de métacognition est proche de la notion de
« prise de conscience » de J. Piaget qui permet d‟effectuer le passage du
« réussir » au « comprendre » (termes piagétiens) et indispensable au transfert des
compétences construites à des contextes différents à ceux de leur apprentissage.
D‟après DOLY, la thèse de Piaget constitue un apport fondateur sur la métacognition
auquel Flavell et d’autres réfèrent volontiers leur définition de la métacognition,
25 « Récemment » est ici relatif à l‟année 1997. Je pense néanmoins que ce qui suit est resté vrai de
nos jours, ou du moins ça l‟était lors de mon stage pédagogique en 2004-2005.
2.2 Genèse 41
même si ce terme n’est pas présent chez Piaget et que les deux concepts ne se
recouvrent qu’en partie.
Ainsi DOLY ([3], page 25) cite M. DEVELAY26 qui fait allusion à ce concept de « prise
de conscience » de J. PIAGET :
Cette description est certes très pragmatique et ne pourra pas servir de modèle de
référence lorsqu‟il s‟agit de construire un concept pédagogique et didactique solide
intégrant les processus métacognitifs. Elle contient néanmoins déjà quelques
notions essentielles qui surgiront encore plus en détail dans la suite, notamment le
recul nécessaire pour analyser une action, l‟acte de comprendre puis la mise en
question par les élèves et la possibilité de réutilisation ultérieure d‟un concept.
M. GRANGEAT ([7] page 13) insiste davantage sur le fait que la métacognition est la
réflexion sur les processus cognitifs :
Toutes les idées exprimées ci-dessus peuvent être ramenées à deux aspects
fondamentaux caractérisant la métacognition, c‟est sur ces deux aspects que va se
baser la recherche effectuée dans le cadre de ce travail :
26
DEVELAY, M., De l’apprentissage à l’enseignement, ESF éditeur, Paris, 1992
42 2 Métacognition
Comme évoqué plus haut, F. H. FLAVELL peut être considéré comme le pionnier de
la recherche sur la métacognition. Vers la même époque, A. BROWN fut fortement
inspirée par les travaux de FLAVELL, tout en insistant sur la métacognition en tant
que processus actif pouvant contrôler l‟activité cognitive. Les conceptions de ces
deux chercheurs ont engendré les travaux d‟auteurs plus récents, notamment ceux
de M. GRANGEAT, A.-M. DOLY et B. NOËL, sur lesquels je me suis appuyé en grande
partie lors de ma recherche concernant la métacognition. Alors que GRANGEAT et
DOLY suivent une approche plus opérationnelle menant à des champs d‟application
comme l‟intégration de la métacognition dans l‟enseignement et l‟autonomisation
des élèves, NOËL est surtout soucieuse de construire un cadre théorique stricte en
analysant maintes conceptualisations que l‟on peut avoir sur la notion de
métacognition. Notons que je me suis essentiellement concentré sur celles qui
seront utiles aux objectifs de mon travail, les autres s‟éloignant trop du pragmatisme
recherché ici.
Pour y parvenir, il est d‟abord nécessaire de revenir à une définition plus générale
donnée par FLAVELL en 1976 [4] – date de parution de son premier texte parlant de
métacognition – et, comme l‟affirme NOËL [25], « beaucoup trop large pour ne pas
donner lieu à de nombreuses confusions » :
2.3 Différents aspects de la métacognition 43
La critique de NOËL à l‟égard des recherches qui se sont basées sur cette définition
comportant plusieurs aspects différents et ayant « conduit à des conclusions
confuses et souvent abusivement généralisées », l‟a amenée à distinguer
clairement plusieurs domaines de la métacognition qui se distinguent par les
processus mentaux de l‟apprentissage et par les objets sur lesquels portent ces
processus.
Tout d‟abord, on peut s‟intéresser à ce que le sujet sait sur sa propre manière de
mémoriser, on parle alors de la métamémoire. La métacompréhension concerne les
connaissances que le sujet a sur son processus de compréhension. Enfin, les
connaissances ou perceptions que le sujet a sur les processus mentaux mobilisés
dans des situations de résolution de problèmes sont désignés par métarésolution de
problèmes.
objet résolution de
mémoire compréhension
modalité problèmes
Cette dissection de la métacognition en neuf champs différents est certes utile dans
la suite de la recherche menée par NOËL, mais peut être simplifié pour les buts de
ce travail.
1. Savoir quand on sait (knowing when you know). Cet aspect touche la
métacompréhension27. Le fait de ne pas savoir qu‟on ne sait pas est appelé par
Brown « ignorance secondaire ».
2. Savoir ce que l‟on sait (you know what it is that you know).
3. Savoir ce que l‟on a besoin de connaître (knowing what you need to know). Par
exemple savoir dresser une liste de questions à poser pour obtenir l‟information
manquante.
27
compréhension : comprendre le sens de consignes
métacompréhension : savoir qu‟on les a comprises
2.3 Différents aspects de la métacognition 45
« La métacognition est un processus mental dont l’objet est soit une activité
cognitive, soit un ensemble d’activités cognitives que le sujet vient d’effectuer,
soit un produit mental de ces activités cognitives. La métacognition peut
aboutir à un jugement (habituellement non exprimé) sur la qualité des activités
mentales en question ou de leur produit et éventuellement à une décision de
modifier l’activité cognitive, son produit ou même la situation qui l’a suscitée. »
1. Une situation d‟apprentissage engendre une activité cognitive qui mène d‟abord
à un produit mental, puis à une réponse (produit exprimé).
2. Lors de ces activités est lancé un processus mental qui porte sur les activités
cognitives effectuées ou en train d‟être effectuées. C‟est ce processus qu‟on
appelle métacognition.
2. le jugement exprimé ou non par le sujet sur son activité cognitive ou le produit
mental de cette activité, on parle de jugement métacognitif ou produit de la
métacognition ;
3. la décision que peut prendre le sujet de modifier ou non ses activités cognitives
ou leur produit ou tout autre aspect de la situation en fonction du résultat de son
jugement métacognitif, on parle alors de décision métacognitive.
NOËL affirme que la métacognition peut se limiter à la première étape. Si les trois
étapes sont accomplies, on peut parler de métacognition régulatrice, qui est un
mécanisme d‟évaluation mis en œuvre par le sujet de ses propres processus
mentaux. Il faut noter que la régulation métacognitive représente un aspect
particulier de ce qu‟on désigne souvent par le terme général de métacognition.
28
D‟après B. Noël, Flavell décrit, dans le cadre de la métamémoire, deux types essentiels de
connaissances mnémoniques. Un de ces types, que Flavell appelle les variables, correspond aux
métaconniassances décrites ici.
2.4 Phénomènes mentaux constituant la métacognition 47
knowledge in planning how to approach a math exam: "I know that I (person
variable) have difficulty with word problems (task variable), so I will answer the
computational problems first and save the word problems for last (strategy
variable)." Simply possessing knowledge about one's cognitive strengths or
weaknesses and the nature of the task without actively utilizing this information to
oversee learning is not metacognitive. »
Dans la suite je verrai les choses de manière moins contraignante que Livingston en
admettant qu‟on peut bien déjà parler de métacognition dès qu‟on est en possession
des connaissances métacognitives sans les utiliser activement. Ceci est d‟ailleurs
aussi le point de vue de NOËL, comme nous venons de voir à la fin du paragraphe
précédent.
Nous allons voir que GRANGEAT se réfère de manière conséquente aux notions de
métaconnaissances et habiletés métacognitives lorsqu‟il développe sa recherche
dans le domaine des régulations métacognitives. W OLFS, quant à lui, parle de
six « activités métacognitives » dont les cinq premières sont destinées à produire
des connaissances métacognitives, et la sixième, la « régulation de type
métacognitif », consiste à les utiliser effectivement.
Une description générale des métaconnaissances est donnée par S.R. YUSSEN29,
cité par DOLY :
29
S.R. YUSSEN, « The Role of Metacognition in Contemporary Theories of Cognitive
Developpement », dans Metacognition, Cognition and Human Performance, vol. 1, edit. Forrest-
Presley & Co. Academic Press, 1985
48 2 Métacognition
30
Pour une illustration plus divertissante, consulter l‟annexe 8.5 page 102.
2.4 Phénomènes mentaux constituant la métacognition 49
Flavell décrit ces catégories après 197731, elles suivent donc la définition donnée en
1977 dont découle le tableau montrant les neuf champs d‟investigation sur la
métacognition établi par B. Noël (voir page 44). En comparant les trois modalités du
tableau aux catégories de métaconnaissances décrites ici, on peut remarquer une
relation entre la première ligne du tableau (activité cognitive sur son propre
processus mental et sur le produit de ce dernier) et les métaconnaissances portant
sur les personnes, ainsi qu‟une relation entre la deuxième ligne (activité cognitive
sur les propriétés pertinentes de l’information ou des données de l’apprentissage) et
31
En 1978 et 1981 d‟après Noël, en 1985 d‟après Doly.
50 2 Métacognition
les métaconnaissances portant sur les tâches et les stratégies. La troisième ligne
(régulation) correspond aux habiletés métacognitives décrites ci-dessous.
Pour souligner le rôle important des habiletés métacognitives dans le transfert des
apprentissages, W OLFS [37] cite GLASER32 : « On peut enseigner à des élèves la
connaissance d’une règle, d’une théorie ou d’une procédure, mais si on prend
comme critère le transfert des apprentissages à de nouvelles situations, il faut en
outre que les étudiants sachent contrôler eux-mêmes l’utilisation de leurs
connaissances. »
D‟après DOLY, BROWN définit ce contrôle des activités par des processus spécifique,
qu‟il appelle les opérations :
32
GLASER, R., « Enseigner comment penser. Le rôle de la connaissance », dans Crahay, Lafonatine,
L’art de la science de l’enseignement, Bruxelles, Ed. Labor, Education 2000, 1986
2.4 Phénomènes mentaux constituant la métacognition 51
Ces opérations sont reprises par GRANGEAT qui cite également trois composantes
dans la régulation métacognitive :
MANINI [20] cite d‟autres auteurs qui, suite aux travaux de BROWN, distinguent
quatre habiletés métacognitives concernant les activités de l‟apprenant (désignées
alors par stratégies d’autorégulation cognitive, ou stratégies métacognitives) : la
détermination du but, la planification, le contrôle et l‟ajustement. Les deux premières
correspondent aux opérations d‟anticipations de BROWN, les deux autres aux
opérations d‟évaluation-régulation et d‟évaluation terminales.
Il faut noter que la terminologie peut parfois mener à confusion. BROWN utilise la
notion de régulation pour décrire son deuxième type d‟opération, alors que la plupart
des auteurs désignent par régulation l‟ensemble de ces opérations.
Dans le chapitre 4 nous allons donner une réponse aux questions suivantes :
Nous avons vu au chapitre 1.3 que les stratégies métacognitives sont une catégorie
de stratégies essentielles à développer parallèlement aux stratégies cognitives, aux
stratégies motivationnelles et affectives et aux stratégies de support.
Stratégies de planification
Stratégies de contrôle
Sauter une question d‟examen pour y revenir plus tard : « S‟il me reste
du temps, je répondrai à cette question que je ne comprends pas
maintenant.»
2.5 Stratégies métacognitives 55
AUTONOME [ɔtɔnɔm] adj. – 1751 ; du gr. autonomos « qui se régit par ses
En parcourant les trois étapes de la métacognition distinguées par NOËL, qui sont la
prise de conscience, l‟évaluation et le jugement, l‟apprenant autonome fait preuve
de métacognition régulatrice dans le sens donné par NOËL (voir page 45).
WOLFS [37] qualifie les élèves qui sont capables d‟effectuer une réflexion de type
métacognitif d‟ « analystes » et de « gestionnaires » de leurs propres stratégies et
méthodes de travail, sachant où et comment les utiliser et les adapter :
En résumé, ANNE-MARIE DOLY ([3] page 27) affirme que la métacognition est utile :
Enfin, je laisse la parole à MICHEL GRANGEAT pour justifier une fois pour toutes le
rôle fondamental joué par la métacognition lorsqu‟il s‟agit de développer l‟autonomie
de nos élèves (GRANGEAT, [7] page 10) :
Sous un point de vue de pragmatisme scolaire, GRANGEAT [10] définit des critères
concis pour saisir la notion d‟autonomie. Il admet que la notion d‟autonomie
demeure extrêmement floue, et essaie de la rendre opérationnelle dans les
pratiques scolaires en introduisant trois domaines complémentaires destinés à
mettre en évidence des attitudes d‟élèves qui peuvent renseigner sur le niveau
d‟autonomisation atteint :
Chacune de ces attitudes pourrait alors être utilisée comme indicateur dans une
observation :
Se distancier de l’activité
S’émanciper de l’enseignant
Cependant, il est aisé de discerner dans ces domaines les trois champs visés par la
métacognition : le sujet en tant qu‟apprenant et dans sa relation avec les objets de
savoir, les tâches scolaires et les stratégies d‟apprentissage. Avoir une influence sur
l‟autonomisation des élèves est donc réalisé en favorisant des activités
d‟apprentissages suscitant la réflexion métacognitives.
Malgré tout, après ses études menées en salle de classe, GRANGEAT [8] avoue que
l‟autonomisation des élèves en difficultés reste fragile.
62 3 Impact des stratégies sur l‟autonomie d‟apprentissage
4 Enseigner les s tratégies
Comme le suggère le titre de ce travail et d‟après ce qui a été dit déjà dans
l‟introduction, parmi les buts principaux d‟un enseignement des stratégies
d‟apprentissage on peut mentionner le transfert d‟apprentissage et le rôle de l‟élève
comme principal acteur de son développement, qui sont deux aspects de
l‟autonomie de l‟élève.
Ces buts justifient l‟accent mis sur la perspective métacognitive que j‟ai choisi ici et
qui est préconisée par d‟autres auteurs, dont tout particulièrement GRANGEAT [8] et
WOLFS [37].
D‟après GRANGEAT, une posture parmi d‟autres permettant de rendre l‟élève plus
autonome est la capacité de l‟élève de transférer dans des contextes variés une
connaissance acquise par ailleurs. W OLFS quant à lui montre comment favoriser ce
A.-M. DOLY ([3], page 25) affirme qu‟il ne servira à rien de donner aux élèves des
méthodes clés en main ; si elles sont trop éloignées de leur manière de faire
personnelle, ils ne pourront pas se les représenter, ni les assimiler : elles resteront
inutilisables pour eux.
Plus généralement, W OLFS parle de trois objectifs d‟une formation relative aux
stratégies d‟apprentissage :
Cet enseignement devrait porter sur tous les aspects en même temps,
entre autres les aspects affectifs.
WOLFS [37] donne un poids particulier au premier point ci-dessus, et il ajoute qu‟il
faudra viser à intégrer les initiatives de formation dans un projet d‟équipe plus vaste,
interdisciplinaire. De manière analogue à SAINT-PIERRE, il pense que c‟est dans le
cadre de chaque cours que les élèves devraient acquérir et développer leurs
stratégies d‟apprentissage, mais que chaque enseignant devrait coordonner ses
actions avec les collègues des autres disciplines.
D‟après l‟importance qui leur est donnée dans ce qui précède, je vais, dans la suite
de ce chapitre, d‟abord analyser de plus près l‟intégration des stratégies
métacognitives dans l‟enseignement.
4.2 Stratégies métacognitives 67
A.-M. DOLY [3] considère que les compétences métacognitives s‟apprennent par une
médiation sociale adéquate, ce qui revient, à l‟école, de concevoir les situations
d‟apprentissages de façon à ce qu‟elles soient susceptibles de développer ces
compétences auprès des élèves. Pour souligner cette idée elle cite J. H. FLAVELL36,
puis B. BIGGS37 :
JACKY ANTOINE affirme qu‟il n‟y a pas de compétence sans connaissance, mais que
la compétence engendre la connaissance. À la question précédente il répond
(ANTOINE [1]) : Si les compétences ne tournent pas le dos aux savoirs, puisqu’elles
ne peuvent s’en passer, il faut en revanche accepter d’enseigner moins de savoirs si
l’on veut réellement développer des compétences. Il faut restreindre la part des
savoirs enseignés pour faire de la place à l’entraînement de leur mobilisation en
situation complexe.
36
FLAVELL, J. H., « Développement métacognitif, dans Bideaud, J., Richelle », M., Psychologie
développementale, problèmes et réalités, Mardage, 1985
37
BIGGS, B., The role of metalearning in study process, Br. J. educ. Psychol., 55, 1985
68 4 Enseigner les stratégies d‟apprentissage
38
LE BOTERF, 1994, « De la compétence. Essai sur un attracteur étrange ». Paris : Les Editions
d‟organisation, p. 16
4.2 Stratégies métacognitives 69
GRANGEAT qualifie cependant d‟illusoire le fait que tous les élèves soient
capables de mener assez raisonnablement leurs activités pour développer
70 4 Enseigner les stratégies d‟apprentissage
Pour supporter les élèves dans le choix et la mise en œuvre des stratégies
métacognitives, GRANGEAT propose à l‟enseignant trois manières pour piloter
l‟activité cognitive en classe.
39
WOLFRAM SCHMIDT, seit 39 Jahren Lehrer an verschiedenen Haupt- und Gesamtschulen, seit 21
Jahren in der Lehrerfortbildung als Fachmoderator Mathematik tätig, seit April 2008 arbeitet er nur
noch als Autor und selbstständiger Fachmoderator für Mathematik, Schulbuchautor
(http://www.friedrich-verlag.de).
J‟avais invité cet auteur et formateur à une journée de formation continue au LJBM le 18 décembre
2008. Intitulé de la formation : Selbstreguliertes Lernen im Mathematikunterricht.
4.2 Stratégies métacognitives 71
Pour que l‟apprenant puisse modifier ses propres buts et les focaliser
sur les intentions de l‟enseignant, celui-ci peut rendre explicite ses
objectifs.
Ces trois aspects de l‟anticipation sont aussi préconisés par SCHMIDT qui les
met en œuvre en effectuant des tests diagnostiques en début de chapitre
(voir 5.2 page 82). GRANGEAT procède de manière similaire en utilisant une
base de coordination (voir 5.3 page 83), tandis que W OLFS propose de faire
rédiger les élèves des questions pouvant apparaître dans le prochain devoir
en classe (voir 5.1 page 81).
Notons que la régulation métacognitive comme elle est perçue ici par GRANGEAT40
est en accord avec la métacognition régulatrice dans le sens de NOËL, qui se base
d‟ailleurs également (entre autre) sur BROWN.
40
Voir aussi : Une régulation métacognitive en actes. Annexe 8.4 page 101.
41
PORTELANCE, L., Enseigner pour développer la compétence métacognitive : analyse des liens entre
des pratiques et les intentions qui les sous-tendent chez des enseignants de l’ordre secondaire,
Thèse de doctorat, Université de Montréal, 1999
4.2 Stratégies métacognitives 73
responsable de son propre apprentissage sans pour autant que celui-ci ne puisse
compter sur un encadrement efficace. Ce transfert de la responsabilité est en
grande partie favorisé par une valorisation des processus métacognitifs.
Soutenir la métacognition
Tenir compte des acquis, aider l‟élève à faire des liens, à organiser
Ci-dessus a été insisté sur le fait que la métacognition est un processus mental
interne au sujet et non pas le comportement qui est le produit de ce processus. Elle
est ainsi non observable directement par un observateur. D‟où, « comme toute
activité mentale, elle doit être inférée, soit à partir de ce qu’en dit le sujet, soit à
partir de ce qu’il fait, en résolvant un problème, par exemple » (GRANGEAT [8]).
Tenant compte de ce qui a été dit dans les paragraphes précédents, LISE SAINT-
PIERRE propose un modèle d‟enseignement en mathématiques. Les détails se
trouvent en annexe (paragraphe 8.6 page 104), je reprends ici seulement les quatre
étapes de cette démarche :
Dans cette partie je vais présenter trois questionnaires destinés à susciter chez
l‟élève une réflexion métacognitive. Les auteurs sont dans l‟ordre :
Il faut noter que METZGER coopère avec WEINSTEIN et PALMER et que son
questionnaire est une version adapté pour les pays germanophones de celui des
deux autres auteurs.
4.4 Questionnaires réflexifs sur les stratégies d‟apprentissage 79
Le questionnaire Mes outils de travail intellectuel a été développé par WOLFS dans
le cadre de sa recherche sur les méthodes de travail des élèves. Il est destiné aux
élèves de l‟enseignement supérieur ou aux élèves commençant l‟enseignement
supérieur. Le genre de questions ressemble fortement à celui des questions des
deux autres évaluations, ils ne semblent cependant pas liés puisque WOLFS ne
mentionne aucun des autres auteurs.
2. la reformulation ;
6. la mémorisation ;
42
La version LASSIE-HS dont je parle ici s‟adresse aux élèves du secondaire (high school). La
version initiale, publiée en 1987, s‟adressait plutôt aux étudiants d‟un niveau post-secondaire
(college).
80 4 Enseigner les stratégies d‟apprentissage
D‟après le manuel [36], les élèves bénéficiant de cette évaluation sont entre autres
les élèves éprouvant des difficultés d‟apprentissage, les élèves peu motivés, les
élèves voulant améliorer leurs compétences d‟apprentissage et les élèves voulant
tirer un profit maximal de leurs capacités.
L‟évaluation WLI (« Wie lerne ich ? ») est une adaptation de LASSIE aux conditions
d‟utilisation dans les pays germanophones. Les 65 questions (voir annexe 8.9 page
109) sont regroupées dans huit catégories : motivation (MOT), gestion du temps
(ZEI), concentration (KON), anxiété (ANG), identification de l‟essentiel (WES),
traitement de l‟information (INF), stratégies pour les devoirs en classe (PST) et
autorégulation (SKO).
Avant un devoir en classe j‟ai demandé aux élèves qu‟ils préparent eux-mêmes ce
devoir. Pour faciliter l‟exercice, ils pouvaient négliger la répartition exacte des points,
le but étant surtout de voir s‟ils étaient capables d‟anticiper les questions que j‟allais
poser (ou du moins les questions centrales découlant directement du sujet à
préparer).
Ce qui me frappait ensuite le plus en lisant les productions des élèves est que ceux-
ci avaient bien rédigé des exercices plus ou moins adaptés à la matière, mais ceci
43
KNOWLES, M., Self-directed learning : A guide for learners and teachers, New York : Association
Press, 1975
82 5 Mise en pratique
sans formuler d‟énoncé. Alors que l‟énoncé pour une expression du genre
3 20 7 5 peut encore se deviner (simplifier), cela est déjà moins évident pour
l‟expression 2 x 1x 3 2 x 1x 5 . Cet exemple est d‟autant plus intéressant
que dans le devoir en classe précédent certains élèves avaient préféré de
développer tout ce qui s‟y apprêtait, alors que l‟énoncé disait clairement « Factorise
les expressions suivantes … ».
D‟après W OLFS [37], pour aider les élèves à diversifier leurs stratégies d‟études,
différents types de question d‟anticipation peuvent être conçus. En plus, d‟après cet
auteur, plusieurs recherches effectuées dans l‟enseignement secondaire et
supérieur montrent qu‟il existe une relation entre le type de questions anticipées et
la réussite.
Dans l‟annexe 8.11 page 113 ce trouve un test diagnostique un peu plus évolué que
j‟avais fait sur une classe de 8STP. Il faut être conscient de planifier un certain
temps pour réaliser le test en classe, et que les élèves doivent déjà être en
possession d‟une certaine autonomie dans leurs actions pour suivre le plan proposé
sans l‟aide permanent de l‟enseignant. Surtout les tests diagnostiques proposés
dans la collection triangle représentent alors une alternative très efficace.
5.3 Fiches d‟auto-évaluation 83
La base de coordination de GRANGEAT (voir annexe 8.10.1 page 111) est une fiche
d‟évaluation, distribuée aux élèves quelques jours avant un test ou un devoir en
classe. Les objectifs à atteindre sont préinscrits par l‟enseignant, l‟élève recherche
les activités correspondantes qui ont été faites en classe (GRANGEAT propose une
réflexion collective pour faire le point). Au moment ou les élèves préparent le test,
individuellement à la maison, ils notent sur la base la manière dont ils jugent
dominer chacun des objectifs fixés. Ceci leur permet de demander, si nécessaire
une séance de remédiation. Après le test, chaque élève rectifie sur sa base son
estimation de maîtrise de chaque objectif.
Celle-ci est basée sur la précédente, mais la rectification par l‟élève de l‟évaluation
anticipée est supprimée. L‟élève peut ainsi directement comparer son estimation
faite avant le test à l‟évaluation terminale de l‟enseignant (paragraphe 8.10.3
page 112).
Dans cette activité les élèvent notent les calculs que je lis à voix haute, puis ils les
effectuent (voir paragraphe 8.7.1 page 105). Avant de commencer, chaque élève se
donne un objectif en annonçant le nombre de résultats juste qu‟il souhaite obtenir
84 5 Mise en pratique
(acte d‟anticipation). Après que tous les calculs ont été corrigés ensemble dans le
groupe classe, les élèves comparent leur résultat à l‟objectif fixé (contrôle du
résultat par rapport au but). Les trois questions qui suivent concernent les
connaissances sur la tâche (que fallait-il faire pour réussir ?), sur la personne (suis-
je satisfait du résultat ?) et sur la stratégie (comment faire mieux ?).
Il est clair qu‟un élève d‟une classe de 7e n‟arrive pas à comprendre toute l‟étendue
de ces questions. Or le but recherché ici n‟est pas de recevoir une réponse
exhaustive à chaque question, mais d‟initier une réflexion métacognitive qui, peu à
peu, habitue les élèves à ce genre d‟activité.
Concernant les deux fiches d‟élèves publiées ici, j‟aimerais tirer l‟attention sur les
objectifs que les deux élèves se sont fixés :
Ralph atteint 4 points sur 10, alors qu‟il voulait en obtenir 5. Il affirme
bien évidemment être satisfait du résultat.
Lynn par contre n‟obtient que 2 points sur 10. Son objectif était de ne
faire aucune faute, ce qui l‟amène à ne pas être contente de sa
performance.
Lynn est une élève qui présente des difficultés d‟apprentissage, surtout
lorsqu‟il s‟agit de s‟exprimer, mais elle est extrêmement intéressée,
assidue et persévérante. Elle réussit la classe de 8e avec une note
moyenne de 51 points en mathématiques.
L‟objectif de ce questionnaire est de faire réfléchir les élèves sur leur attitude par
rapport à l‟école et aux apprentissages, sur leurs angoisses et leurs mérites. Ils sont
également priés de formuler leur objectif personnel pour l‟année scolaire à venir.
J‟avais distribué ce genre de questionnaire déjà dans les années passées, or celui
de l‟année scolaire en cours est le plus évolué en termes de formulation des
5.4 Exemples de stratégies d‟organisation 85
questions. À titre d‟exemple j‟ai choisi parmi les réponses des élèves celles qui ont
attirées le plus mon attention (voir paragraphe 8.7.2 page 106) :
Mélissa, quant à elle, arrive à formuler clairement son objectif pour cette
année scolaire : travailler assidûment afin de pouvoir intégrer le cours
44
renforcé en classe de 9e. Finalement elle veut faire des études
universitaires en médecine. Pour l‟instant il n‟est pas question de mettre
en doute ou non ses chances de réussite à cet égard45, il suffit de
constater qu‟elle est une des seules à avoir un objectif clairement
exprimé.
Il y a deux ans, alors que les élèves de ma classe de 5e éprouvaient des difficultés
pour factoriser certaines expressions, notamment celles où il faut combiner la mise
en évidence et l‟utilisation d‟un produit remarquable, je leur ai proposé un schéma
qu‟ils pouvaient utiliser lorsqu‟ils faisaient des exercices (annexe 8.8.1 page 107).
44
En fait, pour chacune des branches mathématiques, langues et sciences naturelles, il exsiste en 9e
le cours renforcé et le cours de base. Les élèves intègrent, pour chacune de ces branches, soit l‟un
soit l‟autre, en fontion de la note obtenue en classe de 8e dans la branche respective.
45
En ma fonction de régent de cette classe j‟aurai encore de maintes occasions à discuter avec les
élèves sur leurs projets professionnels.
86 5 Mise en pratique
Les élèves n‟étaient pas habitués à s‟appuyer sur une telle ressource
lors de leur travail.
On ne peut donc dans cette situation que confirmer que ce qui a été dit dans les
chapitres précédents : les stratégies d‟apprentissage doivent être enseignées
comme tout autre sujet disciplinaire et en faire partie intégrante. Leur utilisation n‟est
pas innée, et surtout les élèves plus faibles, donc ceux qui en auraient le plus
besoin, arrivent difficilement à se les approprier par eux-mêmes.
À la fin de certains chapitres j‟ai complété, ensemble avec les élèves, une fiche pré
imprimée constituant un résumé du chapitre. Les élèves y notent entre autres les
connaissances, savoir-faire, nouveaux mots et difficultés rencontrés dans le chapitre
(annexe 8.8.2 page 108).
J‟ai pu observer que cet exercice se prête bien à une incitation à la réflexion
métacognitive, puisque les élèves sont demandés de passer en revue non
seulement la matière elle-même, mais aussi leur attitude face à cette matière.
Rappelons que les buts d‟une stratégie d‟élaboration sont entre autres une meilleure
mémorisation et un traitement plus sélectif des informations. Un recueil du
5.6 Évaluation WLI 87
J‟ai utilisé cette fiche en classe de 7ST, il était rare qu‟un élève prenne lui-même
l‟initiative de noter un nouveau mot. Le rôle de l‟enseignant est alors de veiller à une
bonne gestion de cet outil. Cette observation parle en faveur d‟un enseignement des
stratégies d‟apprentissage dans plusieurs branches d‟une classe, afin de familiariser
les élèves de manière plus efficace avec les stratégies qui sont à leur disposition.
Le concept de cette évaluation a été présenté au chapitre 4.4.3 page 80, toutes les
questions avec leur catégorie respective peuvent être consultées dans l‟annexe 8.9
page 109. Le questionnaire est conçu pour être traité sur papier, or pour une
évaluation plus efficace je l‟ai transposé en fiche MS-Excel (Figure 6).
Seuls les champs C9 jusqu‟à G73 sont accessibles par les élèves, la lettre « x »
(minuscule ou majuscule) est la seule valeur valide pour ces champs. Dans chaque
ligne il faut marquer exactement une croix, dans le cas contraire la cellule de la
colonne H est colorée en rouge (Figure 6, 4e et 5e questions).
88 5 Mise en pratique
Chaque question étant reliée à une des catégories, l‟élève obtient des points pour
chaque catégorie en fonction de sa réponse.
Exemple
affichés sur une deuxième feuille de travail (Figure 7). L‟appréciation du résultat
peut se faire de deux manières :
2. L‟élève repère la moyenne des points qu‟il a obtenus dans chaque catégorie.
D‟après les auteurs du questionnaire, cette moyenne est à interpréter
comme suit :
Pour rendre l‟élève attentif sur ses faiblesses, les catégories avec une
moyenne inférieure à 4,0 sont affichées dans la dernière ligne du tableau.
On peut évaluer les résultats soit pour un élève individuel, soit pour l‟ensemble de la
classe, soit pour l‟ensemble de tous les élèves de toutes les classes.
L‟interprétation des résultats n‟est cependant pas évidente, d‟autant plus que les
réponses des élèves peuvent être plus ou moins subjectives. Les résultats seront
alors plus fiables lorsqu‟ils proviennent d‟un échantillon plus grand.
90 5 Mise en pratique
L‟idée initiale, avant la formulation exacte du sujet, était de trouver des outils
permettant aux élèves à prendre en main leurs apprentissages et à acquérir plus de
conscience en ce qu‟ils font, afin d‟être les mieux placés face à la problématique
décrite dans l‟introduction.
Dès lors, la tâche des enseignants doit consister à former les élèves plus
systématiquement aux stratégies d‟apprentissage afin que ceux-ci disposent d‟un
répertoire de stratégies et soient capables d‟en choisir la plus adaptée suivant les
objectifs, contextes et situations d‟apprentissage.
46
Antoine de Saint-Exupéry
92 6 Conclusions et perspectives
Ce qui vient d‟être dit revient clairement à voir l‟autonomisation de nos élèves
comme un objectif premier de notre enseignement et de voir l‟élève comme sujet de
ses apprentissages. Dans le cas idéal, l‟élève autonome sait se détacher de son
enseignant et transférer les stratégies adaptées à toute situation donnée.
Cette démarche est confirmée par les auteurs référencés dans ce travail,
notamment par GRANGEAT qui semble soulagé lorsqu‟il déclare (GRANGEAT, [8]) :
De plus en plus je me rends compte que, lors du travail quotidien avec les élèves,
j‟ai maintes occasions d‟utiliser des méthodes décrites dans ce travail, sans
instaurer des moments spécialement dédiés à la régulation métacognitive ou aux
stratégies d‟apprentissage. Ce genre de réflexion peut être déclenché auprès de
l‟élève en lui posant les questions appropriées, lors du travail en classe par
exemple.
Certains élèves ne sont alors pas à même de choisir la méthode qui leur convient,
soit par manque de confiance en soi, soit par ignorance des méthodes, soit tout
généralement par un manque d‟initiative de prendre en mains la responsabilité de
leur apprentissage.
Je termine ce travail sur un tournant vers les récents mouvements dans la politique
de l‟Éducation nationale, à savoir la réforme du cycle inférieur de l‟enseignement
secondaire et secondaire technique présentée le 29 septembre 2010 47.
47
Le dossier de presse et le document-cadre relatifs à la réforme peuvent être consultés sur le site du
ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle.
7 Bib liog raphie
[2] CARTIER, S., Enseigner les stratégies d'apprentissage aux élèves du collégial
pour que leur français se porte mieux, dans Correspondance, vol. 5, n° 3,
février 2000
48
VICTOR HUGO, Extrait du discours d‟ Ouverture du congrès littéraire international de 1878
96 7 Bibliographie
[13] HENRY, V., DELAGARDELLE, J.-C., BAIR, J., Les narrations de recherche en tant
qu’activités métacognitives dans l’enseignement des mathématiques, dans
transfert, n°5, hiver 2007
[14] HORNIG F., MÜLLER M., WEINGARTEN S., Die Daten-Sucht, dans Der Spiegel,
Nr. 33/11.8.08
[16] LIQUÈTE, M. & MAURY, Y., Le travail autonome, Armand Colin, Paris, 2007
[23] MIETZEL, G., Pädagogische Psychologie des Lernens und Lehrens, Göttingen,
Hogrefe, 2001
[30] ROMERO, M., Métacognition dans les EIAH49, Exposé transversal, LIUM, Le
Mans, 2004
[32] SAINT-PIERRE, L., Quoi faire pour que les élèves étudient mieux et
davantage ?, dans Pédagogie collégiale, vol. 6, n° 4, mai 1993
49
EIAH : Environnement Informatique d‟Apprentissage Humain
98 7 Bibliographie
8 A n n exe s
Les fiches d‟évaluation des compétences de chaque devoir devoir en classe sont
réalisées à l‟aide du logiciel Excel.
50
CATHERINE CUSSET, Extrait de La Haine de la famille.
100 8 Annexes
7. Une question étant identifiée, tenir compte de tous les éléments de la question
9. Déceler et énoncer la structuration d‟un texte écrit que l‟on vient de lire
10. Déceler et énoncer la structuration d‟un exposé que l‟on vient d „écouter
12. Dans une situation donnée, appliquer ou tirer les implications d‟un principe (loi,
règle, …)
14. Une question d‟évaluation étant posée, se rappeler ou énoncer soi-même (selon
les cas) les critères qui vont servir à l‟évaluation et les utiliser judicieusement
Stress Plaisir
Individualisme Collaboration
Amé et Oua, sont deux élèves de sixième qui, en début d‟année, stoppaient toute
réflexion à la moindre difficulté et attendaient le guidage du professeur.
L‟observation suivante se déroule en avril. Elle montre clairement l‟évolution
effectuée grâce à la coordination évaluation – différenciation – métacognition.
Le problème indique que Johanna doit ranger 257 pains dans des boîtes pouvant
en contenir 12 au maximum ; il est précisé que tous les pains sont à ranger.
L‟énoncé détaille l‟opération nécessaire au calcul et quatre réponses différentes
données par quatre élèves fictifs. Amé et Oua doivent se mettre d‟accord pour
indiquer lequel de ces élèves a raison et le justifier.
Amé avance : « Je dirais que c‟est Théo qui a juste parce qu‟il faut remplir toutes les
boîtes. » Mais Oua s‟oppose : « Non, c‟est Léa parce qu‟il faut mettre tous les pains.
» Amé réplique : « Tu vas pas mettre une boîte avec que 5 pains ! » Cet épisode
montre la capacité à expliciter ses propres états mentaux et à se décentrer pour
prendre en compte ceux d‟autrui.
Oua persiste, s‟appuie sur l‟énoncé pour justifier sa réponse. Amé use alors d‟un
autre argument : « On a vu le problème en groupe de besoin, c‟était des bouteilles à
remplir. La prof, elle a dit que ça sert à quoi ce qui reste, elle va pas vendre une
bouteille à moitié vide ! » Oua montre l‟énoncé : « Regarde ce qui est écrit :
Johanna doit ranger tous les pains. » Mais Amé n‟est toujours pas convaincue. Cet
échange dénote la capacité à identifier les particularités de la tâche et à la référer à
une activité antérieure.
Amé décide : « Pour l‟instant, on laisse cet exercice parce que je suis sûre quec‟est
faux ! » Un quart d‟heure après, le reste du devoir terminé, Oua revient à la charge :
« Alors, t‟es d‟accord avec moi pour le problème des boîtes ? » Amé a la tête dans
les mains : « Attends, je re-réfléchis. » Puis elle montre l‟énoncé : « Ah ! Oui ! je me
suis trompée, il faut que tous les pains soient rangés. » Elles écrivent alors que Léa
a raison puis Amé demande : « Pour justifier la réponse, on met quoi ? » Oua
propose une formulation et Amé décide : « Attends, je vais l‟écrire au brouillon. »
Elle note : « Comme il reste 5 pains et qu‟elle doit tous les ranger, il faut 22 boîtes. »
Pendant ce temps, Oua écrit : « Johanna est obligée de prendre 22 boîtes, car il
reste 5 pains. » Puis Amé propose : « Regarde ce que j‟ai mis. » Elles lisent
8.5 Avoir de bonnes connaissances sur soi-même… 103
Lisa
8.8 Enseigner les stratégies 107
Mélissa
1 ANG Ich mache mir Sorgen, dass ich die Schule nicht schaffe.
2 WES Im Unterricht kann ich zwischen bedeutenden und weniger wichtigen Informationen
unterscheiden.
3 ZEI Bei meinen Argeiten zu Hause (Hausaufgaben, Prüfungsvorbereitung usw.) habe ich
Mühe, mich an einen Zeit-und Arbeitsplan zu halten.
4 SKO Nach dem Unterricht gehe ich meine Notizen nochmals durch, damit ich den Stoff
besser verstehe.
5 KON Während des Unterrichts höre ich dem Lehrer/der Lehrerin nicht aufmerksam zu,
sondern denke an andere Dinge.
6 ANG Schlechte Noten entmutigen mich.
7 WES Während ich dem Lehrer/der Lehrerin im Unterricht zuhöre, versuche ich, das
Wesentliche zu erkennen.
8 MOT Meine Hausaufgaben mache ich rechtzeitig.
9 KON Probleme ausserhalb der Schule (z.B. Konflikte mit den Eltern, unglücklich verliebt
sein, zeitraubende Verpflichtungen) bewirken, dass ich die schulischen Pflichten
vernachlässige.
10 INF Wenn ich einen Text (z.B. im Lehrbuch) durcharbeiten muss, dann lese ich ihn nicht
einfach ein- oder mehrmals durch, sondern denke dabei gründlich über das Thema
nach und entscheide, was ich lernen muss.
11 MOT Auch wenn ich Unterrichtsmaterial (z.B Lehrbücher, Arbeitsblätter, Notizen) langweilig
und uninteressant finde, arbeite ich es durch.
12 INF Neue Wörter, Begriffe, Definitionen usw. lerne ich, indem ich mir entsprechende
Beispiele und Situationen vorstelle.
13 MOT Ich komme unvorbereitet in den Unterricht.
14 SKO Während ich eine Prüfung vorbereite (Test, Probe, Examen, Klausur, Schlussprüfung
usw.), denke ich darüber nach, was für Fragen in der Prüfung vorkommen könnten.
15 PST Ich schneide in Prüfungen schlecht ab, weil ich Mühe habe, die knappe Prüfungszeit
richtig einzuteilen.
16 SKO Während ich mein Unterrichtsmaterial durchgehe, suche ich darin nach Fragen, die in
einer Prüfung vorkommen könnten.
110 8 Annexes
56 ZEI Ich schiebe das Lernen mehr auf, als ich sollte.
57 INF Ich versuche zu erkennen, wie sich das, was ich lerne, auf meinen Alltag beziehen
könnte.
58 KON Während ich lerne, schweifen meine Gedanken ständig ab.
59 SKO Wenn ich den Unterrichtsstoff wiederhole, dann gehe ich auch nochmals die
Hausaufgaben durch, die ich für das betreffende Fach erledigen musste (z.B.
Übungsaufgaben).
60 PST Es fällt mir schwer herauszufinden, wie ich am besten für unterschiedliche Fächer
lernen soll.
61 WES Beim Lernen verliere ich mich in Einzelheiten und kann mir dann das Wesentliche
nicht mehr merken.
62 ZEI Ich verbringe so viel Zeit mit meinen Freunden/Freundinnen, dass meine schulischen
Pflichten darunter leiden.
63 PST Bei Prüfungen und anderen bewerteten Arbeiten (z.B. Hausaufsatz, Bericht, Vortrag)
habe ich das Gefühl: “Ich habe nicht richtig verstanden, was der Lehrer/die Lehrerin
will, und deshalb bekomme ich eine schlechtere Note”
64 INF Beim Lernen versuche ich, Zusammenhänge zwischen verschiedenen Inhalten, Ideen
und Themen herzustellen.
65 WES Ich habe Mühe, beim Lesen das Wesentliche herauszufinden.
51
Le dossier de presse et le document-cadre relatifs à la réforme peuvent être consultés sur le site du
ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle.
52
Je me limite aux capacités utiles dans le contexte des stratégies d‟apprentissage et de l‟autonomie.