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IUFM de l’Académie de Montpellier

Site de Nîmes

POURQUOI ET COMMENT TRAVAILLER LE


PORTRAIT EN POESIE ?

Mémoire présenté par : Muriel ETIENNE


Directeur de mémoire : Mme CELLIER
Assesseur :

Année 2000-2001
Résumé

D’après les programmes de l’école primaire, les élèves doivent étudier les différents types de textes,
notamment le texte descriptif, et plus particulièrement le portrait.
Or, celui-ci est généralement travaillé à travers la description de personnages de récits (romans,
contes...). Aussi, la poésie est tout d’abord une manière originale d’aborder le portrait. De plus,
grâce à la poésie, l’enfant peut développer son imagination, se construire et se socialiser, acquérir le
langage oral et écrit.
L’analyse des diverses séquences réalisées montre la richesse de ce travail mais aussi ses limites.
Enfin, elle permet de donner quelques pistes de travail supplémentaires afin d’améliorer l’étude du
portrait poétique.

English summary

According to the primary school syllabuses, pupils have to study the different types of texts, notably
the descriptive texts and more particularly the portrait.
Yet, the latter is generally studied through the description of characters taken from narrative texts
(novels, tales...). Thus, poetry can be an original way of tackling portrait with pupils. Moreover,
thanks to poetry children can develop their own imagination, build up their personality, socialize and
improve their written and oral language.
The analysis of the different activities that I have experienced shows the richness of this work but
also its limits. Lastly, it can give us other work ideas helping to improve the study of the poetic
portrait.

Mots clés
Portrait - Poésie - Imagination - Construction de soi - Langage oral et écrit -
Originalité - Chantier poème - Portrait chinois - Acrostiche -

SOMMAIRE

INTRODUCTION P4

I- La poésie à l’école P5

A- La poésie à travers les programmes P5

1- Usage poétique de la langue P5

2- Pratique orale de la langue P6

3- Lecture P6

4- Production d’écrits P7

B- les enjeux de la poésie P9

1- Le développement de l’imagination P9

2- La construction de soi, la socialisation P 10

3- La maîtrise de la langue orale et écrite P 10

II- Pourquoi étudier le portrait en poésie ? P 12

A- Pour l’originalité P 12

B- Pour ce que le portrait poétique permet de travailler P 13

III- Comment étudier le portrait en poésie ? P 14


Analyse des différentes séquences.

A- Chantier poème P 14
B- Analyse des trois séquences menées en classe P 14

1- Analyse de la séquence menée en CP P 15


Le portrait de Monsieur Loyal

- Analyse de la séquence menée en CE1 P 19


Le portrait chinois
- Analyse de la séquence menée en CM1 P 22
Les acrostiches

4- Bilan de ces trois séquences P 25

IV- Prolongements possibles P 27

A- Jeu du portrait P 27

B- Oralisation P 27

C- Création d’une grille d’écriture P 28

D- En alliant la poésie à la musique P 28

CONCLUSION P 29

BIBLIOGRAPHIE P 30

ANNEXES P 31

Introduction

J’ai toujours été fascinée par la poésie qui représente pour moi un plaisir. Aussi, dès le début
de l’année, j’avais l’intention de faire un mémoire dans lequel j’en parlerai. Seulement, je n’arrivais
pas à trouver une problématique assez précise. Ce que je voulais en particulier, c’était de faire
produire des poèmes par les élèves.
C’est ainsi qu’au cours de mon stage en responsabilité au mois de janvier, j’ai fait produire des
poèmes à la classe de CP dans laquelle j’intervenais, à l’école Marignac de Saint Christol-les-Alès.
En particulier, je leur ai fait écrire un portrait : celui de Monsieur Loyal.
A partir de là, j’ai déterminé mon sujet : pourquoi et comment étudier le portrait en poésie ?
De plus, lorsque l’on regarde les programmes officiels de l’école primaire, on peut lire que les élèves
doivent, en effet, étudier les différents types de textes, et donc le texte descriptif en particulier, avec
notamment le portrait.

C’est ainsi qu’au mois de mars, j’ai essayé de trouver diverses manières de travailler le
portrait poétique. Plusieurs idées me venaient.
J’ai alors pu réaliser deux séances dans une classe de CM1 à l’école du Mont-Duplan à Nîmes. Là,
les élèves ont travaillé sur les acrostiches. Puis lors du dernier stage de pratique accompagnée, la
classe de CE1 à l’école de la Gazelle de Nîmes a écrit des portraits chinois.

A partir de ces travaux, je me suis demandée comment était perçue la poésie à travers les
programmes et quels étaient ses enjeux. Ceci constitue ainsi la première partie de mon mémoire.
Dans la deuxième partie, je m’attache à analyser ce que le fait de travailler le portrait en poésie peut
apporter par rapport aux activités proposées dans les manuels, en général.
La troisième partie regroupe les analyses des séquences que j’ai pu réaliser.
Enfin, dans la dernière partie, je propose quelques prolongements aux séquences présentées, afin
d’enrichir le travail à partir du portrait poétique.
I- LA POESIE A L’ECOLE

A- La poésie à travers les programmes

Les programmes de l’école primaire consacrent un paragraphe à « l’usage poétique de la langue » et


proposent différentes pistes.

1 - Usage poétique de la langue

Cycle 2 :

• Mémorisation et récitation de comptines et de poèmes


• Jeux poétiques sur les mots, les structures et les images
• Première constitution d’une anthologie
• Correspondance avec d’autres formes d’expression : la musique, la danse, les arts
plastiques, le théâtre...

Cycle 3 :

• Mémorisation et récitation de textes d’auteurs (prose, poèmes, poèmes en prose )


• Créations poétiques individuelles ou collectives
• Poursuite de la constitution de l’anthologie
• Correspondance avec d’autres formes d’expression : la musique, la danse, les arts
plastiques, le théâtre...

Mais les activités de poésie ne se limitent pas à ces quatre items. L’enseignant désireux de faire de la
poésie en classe peut consulter également d’autres paragraphes, qui concernent plus généralement
l’apprentissage de la langue.
2 - Pratique orale de la langue

Cycle 2 :

« Au cycle des apprentissages fondamentaux, les activités de pratique de la langue orale


conduisent l’enfant à bien prononcer et à articuler clairement, à donner une intonation aux phrases ».
Les activités de diction de poèmes sont des exercices de pratique de la langue.
Malheureusement, je n’ai pas pu mettre en place de telles activités.

Cycle 3 :

Il est dit que « le maître met en place des situations dans lesquelles les élèves s’exercent à
raconter, décrire, expliquer, questionner et justifier, commencer à argumenter ou exprimer des
sentiments ».
Or faire un portrait poétique permet de décrire tout en exprimant des sentiments.
« Il est donc nécessaire, dans la perspective de l’entrée au collège, d’entraîner les élèves à :
• utiliser différents types de discours (narration, description, argumentation...)
• [...] dire de mémoire un texte en prose ou en vers. »

3 - Lecture

Cycle 2 :

Les programmes mentionnent également la lecture à voix haute et la lecture silencieuse, chose
que l’on peut pratiquer à partir de poèmes.
De plus les programmes mettent l’accent sur l’importance de développer « le désir de lire », ce qui
est un des objectifs des activités poétiques. « Le maître lit lui-même à haute voix de nombreux textes,
contes, récits, poésie ».
Cycle 3 :

Les programmes de ce cycles préconisent que la lecture reste « une activité à privilégier sous
toutes ses formes, en n’oubliant jamais qu’elle est à la fois nécessité, un instrument de travail et une
source de plaisir.
Il s’agit :
• de compléter les apprentissages du cycle précédent ;
• d’approfondir et d’élargir les compétences acquises ;
• de familiariser les élèves avec différents types de textes [...].

4 - Production d’écrits

Cycle 2 :

On trouve dans les programmes de cycle 2 que l’écriture est très importante. L’écriture de
poèmes avec la réalisation d’un recueil par exemple ( comme j’ai pu le faire en stage en
responsabilité en CP), est un moyen d’amener les élèves à porter un intérêt particulier à ce type de
travail en s’appliquant.
Les programmes insistent aussi sur le caractère indissociable du « lire » et de « l’écrire ». Ainsi, la
lecture et la production de poèmes sont des activités correspondant aux programmes.

En ce qui concerne la production d’écrits, il est dit que « des textes, variés, sont d’abord
dictés à l’adulte puis produits de manière autonome », ce qui peut avoir lieu pour la production de
poèmes.
Enfin, on peut lire que « les élèves sont conduits à produire des textes soignés, en s’appuyant sur un
certain nombre de méthodes ou de techniques (mobilisation des idées, choix d’une progression,
pertinence des termes choisis, qualité de l’expression et de la présentation) ». Ceci a lieu lors de la
production et de la mise au propre d’un poème.
Cycle 3 :

Au cycle des approfondissements, « l’élève porte une attention particulière à la présentation


et à la mise en page de son travail écrit.
Dans le même esprit, pour la production d’écrits, le maître peut lui proposer la découverte d’un
traitement de texte qui développe des qualités de méthode et de rigueur. » A ce propos, les élèves
de CM1, avec lesquels j’ai fait les acrostiches, ont proposé de taper leurs productions à l’ordinateur
pour les envoyer à leurs correspondants portugais.

« L’interaction entre la lecture et l’écriture [...] reste essentielle au cycle des approfondissements.
Les productions sont nombreuses et de plus en plus conformes aux exigences d’organisation et de
présentation [...] ». Par la poésie, on peut travailler ces compétences à travers les calligrammes par
exemple.
« L’élève doit pouvoir s’exprimer et communiquer dans des situations variées. » De plus, « l’élève
reprend, corrige, améliore ses productions antérieures avec le souci de la qualité, de la forme et de
l’expression. » A ce sujet, l’idée de mettre au propre en utilisant le traitement de texte est venu des
élèves de CM1, et non de l’enseignante ni de moi.

Ainsi, on remarque que la poésie s’inscrit comme support d’apprentissage de la langue


comme les autres types de textes. Ce qui est important, c’est d’apporter une variété de textes à
l’enfant.

Pratiquer la poésie à l’école, c’est donc tout à la fois lire, apprendre, dire, écrire des poèmes.
• Lire des poèmes, c’est lire des textes de qualité qui touchent le lecteur au plus profond
de son être.
• Apprendre des poèmes, c’est vouloir garder en mémoire un texte, des mots, des
sonorités, un rythme, des images...qui ont retenu notre attention, éveillé notre sensibilité.
• Dire des poèmes, c’est vouloir communiquer à autrui le plaisir que l’on a eu en
découvrant le texte.
• Ecrire des poèmes, c’est jouer avec les sonorités, avec les mots, avec certaines
structures en s’inspirant des poètes...pour acquérir, en fin de compte, un comportement
d’auteur autonome.

B - Les enjeux de la poésie

Le fait de traiter le portrait par le biais de poèmes permet d’accéder aux enjeux de la poésie.
Or, la poésie peut jouer un rôle important dans la vie de l’enfant. En effet, les activités poétiques
permettent :

1 - Le développement de l’imagination

Commençons par définir l’imagination. Il s’agit de la faculté de l’esprit humain de se


représenter des images et d’avoir un regard différent sur le réel, la faculté de créer et de transformer
la réalité.
L’imagination ne doit pas être confondue avec l’imaginaire qui contient les images, les sensations et
les perceptions, plus généralement, les choses créées par l’imagination.

Par la présence de figures de style telles que la métaphore, la poésie revêt un pouvoir de
transformation de la réalité qui implique le passage à l’imaginaire. La fréquentation régulière de
poèmes que ce soit par la lecture, l’écoute ou la création, permet de développer chez chacun des
perceptions et des sensations nouvelles liées à l’imaginaire entraînant une certaine évasion de l’être.
Ainsi, le groupe de recherche d’Ecouen propose de « créer un milieu riche, stimulant pour amener
chaque enfant à fréquenter, parcourir régulièrement les territoires de l’imaginaire ».
Dans ce contexte, l’enfant s’enrichit de l’imagination des autres.

Pratiquer la poésie permet donc à l’enfant de nourrir et de développer son imagination, ce qui
est essentiel pour la construction de sa personnalité, afin que l’enfant s’affirme et qu’il soit ouvert au
monde et aux autres.
2 - La construction de soi, la socialisation

Pour l’enfant, le fait d’écrire un texte, en particulier un texte poétique, le fait de le dire, de le
produire est une manière de « se dire », de s’affirmer. En effet, dans chaque poème, n’y a-t-il pas
une part de l’auteur ?
Un poème reflète les sentiments, les sensations, les images de son auteur.
Ainsi, comme le note Georges Jean dans A l’école de la poésie en 1983, le texte poétique est une
image « spéculaire, reflet de la personne, destiné aux semblables. »
De plus, Michel Cosem dans La poésie de l’école précise que la poésie est « découverte du
monde, découverte de soi, des autres ». Ainsi, l’enfant, grâce à la poésie, arrive à mieux se connaître
lui-même et à mieux connaître le monde. Il comprend mieux les sensations et les sentiments en
essayant de les traduire. Il développe alors sa personnalité en apprenant à se connaître et à connaître
les autres.

Lors de la lecture d’un poème, il y a certes affirmation de soi qui fait partie de la construction
de la personnalité. Mais, l’enfant peut se révéler dans la production de poèmes. Pour Georges Jean,
les poèmes en disent souvent long sur « les drames ou les plaisirs cachés que vit chaque enfant. »
Ainsi, pour le groupe de recherche d’Ecouen, pratiquer la poésie a pour objectif d’approfondir la
personnalité de chacun. Il pense que la poésie est un moyen « d’enrichir la capacité individuelle à
connaître et à comprendre soi-même les autres, le monde » et à « apprendre à communiquer
autrement. »

3 - La maîtrise de la langue orale et écrite

Ce serait à l’école que la plupart des enfants rencontreraient la poésie. Ceci démontre
combien il est important de la faire découvrir à l’école primaire. Dès son plus jeune âge, l’enfant est
ainsi amené à fréquenter le langage littéraire via la poésie. Cela signifie que la poésie permet de
côtoyer un langage nouveau qui est autre que la langue de tous les jours.

Le groupe de recherche d’Ecouen reconnaît en effet le fonctionnement particulier du langage


en poésie avec notamment la présence d’un vocabulaire riche et d’une nouvelle syntaxe.
L’agencement particulier des mots en poésie par le biais des comparaisons, des métaphores et des
autres figures de style enrichit le langage de l’enfant que ce soit à l’oral comme à l’écrit par la
découverte de nouvelles structures linguistiques. Familiariser l’oreille aux multiplicités créatrices du
langage poétique amène l’élève à prendre de nouvelles habitudes linguistiques avec un vocabulaire
riche et varié qui pourra être à tout moment réinvesti oralement et par écrit.

Etudier la poésie permet également l’acquisition d’un vocabulaire plus spécifique tel que le
vers, la strophe (à distinguer de la phrase et du paragraphe) et la rime.

Pratiquer la poésie est aussi un moyen de faire découvrir les possibilités phonétiques de notre
langue. Les rimes, par exemple, souvent présentes dans les comptines et poèmes, ou encore les
assonances et les allitérations très fréquentes dans les jeux phonétiques donnent à l’enfant l’occasion
de s’imprégner des divers phonèmes de notre langue. La fréquentation de poèmes devient alors
observation et acquisition des différentes intonations, de la diction et du rythme.
Travailler l’articulation et la prononciation en poésie amène ainsi l’enfant à explorer et à utiliser toutes
les possibilités de sa voix.
II- POURQUOI ETUDIER LE PORTRAIT EN POESIE ?

A- Pour l’originalité

Comme nous pouvons le constater en regardant les manuels de français, en général, le texte
descriptif, et le portrait en particulier, est étudié à travers la description de personnages dans des
textes narratifs. Parfois, il est vu à travers des écrits du type carte d’identité.
Ainsi, j’ai essayé d’analyser quelques manuels pour voir comment est abordé le portrait en classe.
Pour cela, j’ai choisi Ribambelle et Abracadalire pour le cycle 2, et Défi écrire et Au pied de la
lettre pour le cycle 3. (Annexes n° 1,2,3,4).
Lorsque l’on regarde ces manuels, on s’aperçoit qu’en cycle 2, l’étude est axée
principalement sur le portrait physique, le portrait moral étant abordé au cycle 3.
D’une manière générale, les objectifs des manuels observés, en ce qui concerne le portrait sont les
suivants :
• prendre conscience d’une structure de texte (Annexes n° 1, 2 et 4)
• Créer une banque de mots ( Annexes n°1 et 3) : avec en particulier des adjectifs, de
nombreux verbes (Annexe n°3)
• Prendre conscience d’éléments de comparaison (Annexe n°1)
• Etudier divers écrits comportant des portraits (Annexes n°3 et 4) : des extraits de textes
narratifs, des listes comme les cartes d’identité, par exemple.

Ces manuels amènent à la production de portrait sous diverses formes :


• Dans Ribambelle (Annexe n° 1), le texte que les élèves doivent produire est un court
texte en prose. Pour cela les enfants découvrent collectivement une structure de texte afin
d’écrire « à la manière de ». De plus, un dessin doit être produit.
• Dans Abracadalire (Annexe n° 2), comme dans le manuel précédent, les élèves sont
amenés à produire un texte à la manière de celui proposé.
• Dans Au pied de la lettre (Annexe n° 4), étant destiné à des élèves de cycle 3 (CM1),
plusieurs productions sont demandées. Ainsi, lors de la séquence sur le portrait et la
description, les enfants doivent produire des listes comme la carte d’identité ou le
pedigree, des fiches documentaires, et un portrait en prose à partir d’une carte d’identité,
et portant aussi bien sur le physique que sur le moral et le caractère.
• Quant à Défi écrire (Annexe n° 3), il s’agit d’un guide qui ne propose aucune production,
mais permet une aide pour écrire un portrait.
Ainsi, aucun de ces manuels, comme la plupart de ceux existant, n’aborde le portrait par le biais de
la poésie. Pourtant, le fait d’étudier le portrait à travers la poésie permet également de travailler
diverses compétences.

B- Pour ce que le portrait poétique permet de travailler.

Tout comme à travers les autres types d’écrits (comme ceux que l’on a vu plus haut), la
poésie permet aussi bien d’aborder le portrait physique que moral. Ainsi, comme on le verra plus
tard, j’ai pu travailler le portrait physique en CP mais aussi le portrait moral avec les acrostiches en
CM1.

De plus, grâce à la poésie (et ses enjeux) le portrait poétique permet de développer
l’imagination et de travailler la maîtrise de la langue.
En effet, en poésie les comparaisons sont très présentes, et très souvent, ce n’est pas de simples
comparaisons mais il s’agit de métaphores. De plus, la poésie est en général centrée sur le ressenti,
les sentiments plus que sur ce que l’on voit. Aussi, elle permet de faire des portraits originaux, non
basés sur une suite de caractères physiques tels la couleur des yeux, des cheveux, la taille... Elle
permet de s’exprimer par diverses images, comparaisons, métaphores... L’imagination des élèves se
développe alors.
La poésie permet également de travailler sur le lexique et les champs lexicaux. Par exemple, lors de
la séquence en CP, pour faire le portrait de Monsieur Loyal, il a fallu dans un premier temps
répertorier une quantité suffisamment importante de termes ayant un lien avec le cirque. Ainsi, le
vocabulaire est enrichi, se complexifie.
De plus, lorsque l’on travaille le portrait en poésie, tout comme dans les manuels présentés plus haut,
on commence par découvrir et étudier une structure. En effet, pour écrire un portrait poétique, il
est nécessaire d’avoir un ou plusieurs textes de référence pour entrer dans un chantier poème. Nous
décrirons mieux ceci, dans la troisième partie du mémoire.

III- COMMENT ETUDIER LE PORTRAIT EN POESIE ?


ANALYSE DES DIFFERENTES SEQUENCES.

A- Chantier-poème

Le but de mes séquences étant d’amener les enfants à produire des portraits poétiques, je me
suis basée sur les recherches du groupe d’Ecouen en ce qui concerne les chantiers-poèmes. Aussi,
je vais vous décrire rapidement en quoi cela consiste.
Un chantier-poème doit permettre aux élèves de produire un poème à partir d’un ou plusieurs textes
de référence. Il s’agit donc de trouver les particularités, la structure d’un poème afin d’écrire un texte
à la manière de....
En annexe n° 5 est décrit la démarche générale d’un chantier-poème.

B- Analyse des trois séquences menées en classe

N’ayant trouvé mon sujet de mémoire qu’à la fin du stage en responsabilité du mois de
janvier, les diverses séquences que j’ai pu mener ont la particularité d’être courtes.
La première a été menée dans une classe de CP. Les élèves ont produit des portrait de Monsieur
Loyal. La deuxième séquence a eu lieu dans une classe de CE1 et avait pour but de faire écrire des
portraits chinois. Enfin, j’ai pu réaliser la troisième séquence en cycle 3, dans une classe de CM1,
avec laquelle j’ai fait produire des acrostiches aux enfants.
Je tiens à signaler que tous les poèmes à partir desquels les élèves ont travaillé sont mes propres
productions. En effet, n’ayant pas trouvé de textes en adéquation avec ce que je voulais leur faire
produire, j’ai moi-même écrit les textes de référence. Ainsi, cela a également montré aux enfants que
la poésie n’était pas seulement le produit d’une élite, mais que tout le monde pouvait y accéder.
1- Analyse de la séquence réalisée en CP :
Le portrait de Monsieur Loyal

J’ai réalisé cette séquence lors de mon stage en responsabilité au mois de janvier.
La classe dans laquelle j’intervenais avait pour projet de partir en classe cirque au mois de mars.
Aussi, pour préparer cette classe de découverte, j’ai essayé de faire intervenir le thème du cirque
dans différentes disciplines : lecture, arts plastiques et production d’écrits. Et comme je voulais
travailler la poésie et amener les élèves à produire des poèmes, cette production d’écrits a été une
production de poèmes.
De plus, j’ai inscrit cette séquence de production de poèmes dans un projet : créer un recueil de
poésie, en alliant l’écrit et les arts plastiques. Ceci a suscité beaucoup de motivation chez les élèves.
Ainsi, dès que l’on avait fini un travail, ils demandaient si on allait continuer le livre de poésie.
La séquence qui nous intéresse est composée de trois séances : (Fiches de préparation :
Annexes n° 6 et 7)

Séance n°1 :

* Lecture par la maîtresse du poème « Le musicien »

J’avais décidé de lire moi-même le poème (Annexe n°6) aux élèves car je trouvais que cette
entrée dans la poésie par la voix impliquer de la part des élèves une importante attention. Les enfants
étaient très intéressés par le poème et ont beaucoup aimé ce texte. Ils l’ont trouvé très amusant, et
donc ont été très motivés quand je leur ai proposé d’écrire le portrait de Monsieur Loyal de la même
manière. Mais avant de commencer la recherche de la structure, il a fallu expliquer qui était Monsieur
Loyal. J’ai commencé par interroger les enfants à propos de ce personnage, mais je me suis rendue
compte que personne ne le connaissait. Aussi, j’ai dû leur donner moi-même la réponse. Avec des
élèves plus grands, j’aurais fait chercher les enfants dans des livres, à la BCD par exemple.
* Recherche de la structure du poème

Cette phase a été très rapide puisque les enfants ont tout de suite compris comment le
poème « Le musicien » était écrit : les différentes parties du corps sont associés à des instruments de
musique.
A la suite de cela, j’ai demandé aux élèves comment on pourrait écrire un portrait semblable sur
Monsieur Loyal. Je voulais que l’idée de répertorier les mots sur le cirque vienne d’eux. Au départ,
certains élèves voulaient utiliser les instruments de musique. Ils étaient trop attachés au poème de
référence. J’ai donc dû reprendre avec eux la définition du personnage : Monsieur Loyal est la
personne qui présente les différents numéros du cirque. Un élève a alors proposé d’utiliser les
animaux que l’on trouve au cirque. Puis en les guidant, l’ensemble de la classe a constitué un
répertoire assez large composé des animaux, des différents métiers, des diverses collations que l’on
peut trouver au sein d’un chapiteau. (Liste des mots proposés par les élèves : annexe n°8).Ceci n’a
pas été très simple puisque peu d’enfants étaient apparemment voir du cirque. Aussi, surtout en ce
qui concerne les aliments que l’on peut y acheter, les élèves pensaient à toutes sortes de produits qui
ne figurent pas au cirque. Par exemple, comme le mois de janvier est le mois de la galette des rois, et
comme l’histoire sur laquelle nous faisions la lecture parlait de galette des rois, plusieurs enfants
m’ont proposé de l’ajouter à la liste.
Ainsi, cette phase a permis de travailler le vocabulaire du cirque.

* Constitution des groupes

J’ai voulu que les élèves travaillent par deux pour ne pas bloquer certains d’entre eux qui
présentaient des problèmes au niveau de la production d’écrits. Mais, j’ai distribué la trame du
poème à chaque enfant, car n’étant pas vraiment habitués à travailler en groupe, je ne voulais pas que
les problèmes tels que savoir qui allait écrire, gâchent la partie production.
J’avais bien précisé que je voulais que les deux membres du groupe écrivent le même texte.
* Premier jet

Le travail proposé a beaucoup plu aux enfants. Tous étaient très motivés d’écrire ce poème,
d’autant plus qu’il allait figurer dans leur recueil.
Un groupe seulement n’a pas suivi la consigne du texte « unique » : Rayan et Médi (Annexe n°9)
n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur le choix des termes. Pourtant, j’ai essayé de les aider à
travailler ensemble, en leur proposant par exemple d’alterner : un terme est choisi par l’un, et le
suivant par l’autre. Mais cela n’a pas marché, et ils ont écrit un texte différent chacun. Toutefois, ce
problème n’a pas altéré leur travail respectif.
Un autre problème que j’ai rencontré a été celui de la lecture des mots. En effet, les mots
répertoriés étaient écrits au tableau. Aussi, certains élèves avaient du mal à retrouver certains termes
et venaient me demander de leur montrer où ils étaient écrits. Ainsi, cela a retardé certains groupes.
Pour éviter ce problème, il aurait fallu donner une fiche avec les divers mots à chaque groupe ; et
pourquoi ne pas illustrer chaque terme avec une image, un dessin. Mais dans ce cas il n’aurait pas
été possible de commencer le premier jet dès cette séance, puisque je tenais à ce que tous les mots
répertoriés viennent des enfants et non de moi. Or je n’aurais pas pensé à mettre le magicien, les
popcorns, glaces ou autres friandises.

J’ai été très satisfaite de cette première séance, car les enfants étaient très motivés et ont pris
beaucoup de plaisir à poursuivre le travail.
En ce qui concerne le travail sur le portrait, cette première séance a permis de travailler la lecture des
diverses parties du corps (en lien avec la biologie, puisqu’on étudiait les parties du corps et les
mouvements) et le lexique du cirque. C’était un travail qui permettait également le développement de
l’imagination, puisqu’il fallait que les élèves s’imaginent Monsieur Loyal comme la personne la plus
représentative du cirque.

Séance n°2

* Correction du premier jet


Cette séance a débuté par une phase collective dans laquelle je voulais que les élèves
comprennent combien le choix des termes étaient important. Ainsi, comme on l’a vu plus haut,
certains avaient choisi des mots non adaptés à la partie du corps associée. (Par exemple : « les mains
de puma » de Clément et Inès : annexe n° 11) Je leur ai donc lu quelques vers de certains poèmes
qu’ils avaient écrits sans donner de nom pour ne pas faire penser aux « auteurs » que leur texte était
mauvais. Au départ, ils ne comprenaient pas pourquoi ces vers n’allaient pas. Aussi, je leur ai
demandé si par exemple les pumas avaient des mains. Ainsi, peu à peu, les élèves ont compris qu’il
fallait choisir le terme adéquat non pas par hasard mais pour le sens du poème et du portrait.
J’ai alors rendu les textes en ayant corrigé que l’orthographe et j’ai demandé aux groupes de relire
leur production et de voir ce qui pouvait être amélioré en mettant une croix au crayon de papier à
côté de ce qu’ils pensaient changer. Ceci a relativement bien marché, mais il a fallu que j’intervienne
sur la plupart des copies car soit ils oubliaient certaines corrections, soit ils en faisaient trop.

* Deuxième jet

Après avoir repéré les termes non adéquats, les élèves devaient trouver d’autres mots. Cette
phase s’est bien passée, et les productions montrent que les enfants ont été attentifs dans le choix
des termes de leur poème.

Cette séance a donc permis de travailler sur le sens d’un poème et sur l’importance du vocabulaire
dans un portrait.

Séance n°3 :

* Mise au propre

Lors de cette séance, il s’agissait pour les élèves de recopier proprement leur poème afin de
le mettre dans leur recueil. J’ai été très étonnée et satisfaite par le fait que tous ont essayé d’écrire
soigneusement (Loris et Lyamine : annexe n°16). Mêmes certains enfants qui avaient de gros
problèmes d’écriture tels Dylan (Annexe n°13 et 14) ont pris leur temps pour avoir un texte
extrêmement propre et sans erreur d’orthographe. Je pense que bien sûr le fait d’avoir la trame du
poème les a aidé. A ce propos, si je n’avais pas donné cette trame, je suis persuadée que certains
enfants n’auraient pas rendu un travail aussi propre car ils auraient été lassés de copier. De plus, cela
aurait pris beaucoup plus de temps que prévu, or étant à la fin de mon stage, je tenais à ce que tous
les recueils soient terminés.

2 - Analyse de la séquence réalisée en CE1 :


le portrait chinois

Cette séquence a été réalisée à la fin du mois de mars lors du troisième stage en pratique
accompagnée. Aussi, je n’avais pas beaucoup de temps, et pour raison de santé je n’ai pu terminer
mon stage. C’est pourquoi cette séquence n’est constituée que de deux séances. (Fiches de
préparation : annexes n°17, 18 et 19)

Séance n°1

* Découverte du poème de référence

Le poème de référence (Annexe n°17) était écrit au tableau. Les élèves ont lu d’abord
silencieusement le texte puis il y a eu une lecture collective (un enfant pour chaque vers).
Ensuite, j’ai interrogé les élèves sur le type de texte. Tout de suite, une élève, Laurie-Anna a répondu
qu’il s’agissait d’une poésie. Beaucoup étaient d’accord avec elle, mais un enfant a alors affirmé que
ce n’en était pas une car il n’y avait pas de rime. Aussi, Laurie-Anna a sorti son cahier pour montrer
que toutes les poésies qu’ils avaient apprises ne rimaient pas. Ainsi, il a fallu expliquer pourquoi
c’était tout de même un poème. Un enfant a alors dit que c’était une poésie car c’était « un rêve »
puisque l’on ne peut pas être vraiment un animal, une fleur ou une couleur ! Par la discussion, on en
est arrivé à dire ensuite que les poèmes étaient des textes qui parlaient de ce que l’on ressentait, de
nos sentiments.
De plus, je leur ai demandé également de quoi parlait ce poème ; ainsi, le mot « rêve » est revenu,
ainsi que le mot « envie ». Bien entendu, j’ai essayé par mon questionnement de leur faire dire le mot
portrait, mais il n’a jamais été prononcé par les élèves . Aussi, je leur ai donné le mot attendu, et leur
ai expliqué que ce poème était appelé portrait chinois.
Le poème a beaucoup plu aux enfants, et très vite certains ont commencé à dire que si eux ils étaient
un animal, ils seraient un chien, un chat, un oiseau.... Ainsi, ils sont très vite entrés dans l’activité de
production.
* Recherche de la structure

Lorsque j’ai dit aux élèves qu’ils allaient eux-mêmes écrire leur portrait chinois, ils ont eu l’air
très impatients et très motivés.
Les enfants ont très facilement découvert la structure de base « Si j’étais ....., je serais..... ».
Aussi, cette phase de recherche a été très courte puisqu’elle n’a duré que cinq minutes environ.

* Phase d’écriture individuelle

Au vu des différentes productions, cette phase s’est relativement bien passée (Annexes n°20
et 21). Mais, du fait de l’hétérogénéité par rapport à la vitesse d’écriture, il aurait fallu que je donne
une trame d’écriture comme celle-ci par exemple :
Si j’étais un animal, je serais..........
Si j’étais une fleur, je serais............
Si j’étais un fruit, je serais..............
Si j’étais une couleur, je serais.......
Si j’étais un objet, je serais...........

En effet, le fait de devoir tout écrire le texte a empêché certains élèves de finir (Annexes n°22). Ainsi,
ils étaient plus pris par un travail de copie qu’un travail de création. De plus, en donnant une trame
d’écriture, j’aurais évité que certains élèves écrivent tous les vers à la suite les uns des autres
(Annexe n°23). C’est pourquoi j’ai décidé que lors de la deuxième séance, je donnerais une trame
d’écriture.
Un autre problème rencontré a été que certains élèves ont eu des difficultés à démarrer. En effet, ils
n’arrivaient pas à choisir un animal ou une fleur... Aussi, pour la suite de la séquence, j’ai pensé à les
faire travailler par deux afin de ne pas les bloquer par rapport à l’imagination.
Séance n°2

* Lecture du texte de référence et découverte de la structure

Comme lors de la première séance, le poème (Annexe n°18) était écrit au tableau. Ainsi, dès
le début de la lecture silencieuse, les enfants ont reconnu le texte de la séance précédente. Les
réactions ont été immédiates, et un élève, Adrien, a tout de suite dit que l’on avait rajouté pourquoi
on voulait être un dauphin, ou une pomme....
Donc les élèves ont rappelé la structure de base et ont précisé qu’il fallait ajouter « pour.... » :
Si j’étais ..., je serais...
Pour...

* Production par groupe de deux

Comme je l’ai dit plus haut, pour cette séance, j’ai décidé de faire travailler les élèves par
deux. De plus, je leur ai distribué une trame d’écriture (Annexe n°19).
Grâce à la trame, tous les enfants ont pu terminer leur production lors de cette séance.
Par contre, le travail par deux a entraîné quelques petits conflits entre les élèves. En effet, ils
n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur l’animal, le fruit ou la couleur à choisir... Aussi, j’ai
interrompu cette phase de production pendant quelques minutes afin que les élèves qui arrivaient à
travailler ensemble expliquent comment ils faisaient. La solution la plus pratiquée était de choisir un
coup sur deux si il y avait désaccord.

Cette séquence a dans l’ensemble bien marché puisque seul un groupe n’a pas fini son portrait
chinois (Annexe n°27). Tous ont eu l’air très intéressés par ce travail, même si pour certains élèves, il
a été difficile de dire pourquoi ils voulaient être tel ou tel animal, tel ou tel fleur… Dans l’ensemble,
les productions sont assez satisfaisantes (Annexes n°24, 25 et 26) mais mériteraient d’être
retravaillées.
En outre, en ce qui concerne le portrait, cette séquence a permis de montrer aux élèves qu’un
portrait n’est pas forcément une simple description physique, mais peut au contraire se présenter
sous forme de poème et parler de ce qu’aimerait être une personne.
3 - Analyse de la séquence réalisée en CM1 :
les acrostiches

J’ai réalisé cette séquence dans le courant du mois de mars en fonction des disponibilités de
mon emploi du temps et de celui de l’enseignante de la classe. C’est pourquoi cette séquence est
également courte et je n’ai pas pu procéder à un deuxième jet ou une mise au propre. (Fiches de
préparation : annexes 28 et 29)
Il est vrai que la première séance peut paraître trop simple pour des enfants de CM1. Mais
comme il s’agissait d’enfants en difficulté, que ce soit scolaires, sociales ou familiales, je voulais dans
un premier temps les mettre dans une situation facilitante, de réussite afin de ne pas les bloquer.

Séance n°1

* Découverte du poème référence

Le poème de référence (Annexe n°28) était écrit au tableau. Les élèves l’ont lu
individuellement.
Ensuite, j’ai lancé la discussion sur le type de texte. Certains ont tout de suite affirmé que c’était un
poème, mais trois élèves ne l’admettaient pas car cette poésie ne présentait pas de rimes. Aussi,
m’attendant à cette remarque, j’avais préparé deux poèmes qui ne rimaient pas. Après lecture de
ceux-ci, les élèves en sont arrivés au fait, qu’un poème ne rimait pas toujours.
Pour les enfants de cette classe, un poème est un « joli » texte, qui parle de sentiments, de ce que
l’on ressent.
Les élèves ont, dès leur première lecture, compris que les vers du poème et les mots choisis
commençaient par les lettres de mon prénom.
Par contre, mis à part le fait qu’ils commencent par les lettres de mon prénom, les enfants ont eu des
difficultés à comprendre comment j’avais choisi les mots mer, union, rêve, île, enfant, lumière. Seul
Fabien a dit que c’était « des choses que j’aimais ».
Ainsi, après avoir confirmé la réponse de Fabien, je leur ai demandé d’écrire également un
acrostiche à partir de leur prénom.
* Production des acrostiches

Lors de cette phase de production, le plus grand problème que j’ai rencontré a été le fait que
certains enfants ont travaillé beaucoup plus vite que d’autres. Et contrairement à ce que l’on pourrait
penser, ce n’est pas forcément les prénoms les plus courts qui ont posé problème. En effet, lors de
cette séance, Samy n’avait pas terminé son acrostiche, alors que Elodie en a fait plusieurs (Annexe
n°30). Au départ, je demandais aux élèves qui avaient terminé, d’écrire d’autres acrostiches, soit
toujours avec leur prénom, sur des choses qu’ils n’aimaient pas, soit avec les prénoms d’autres
personnes.
Une autre difficulté que j’ai rencontrée a été l’utilisation du dictionnaire. En effet, certains
élèves m’ont demandé s’ils avaient le droit de s’en servir pour trouver des mots commençant par les
lettres de leur prénom. Au départ, je n’étais pas très d’accord, mais il est vrai, que certaines lettres
telles que le « u », le « y » ou le « x » posaient problème. Aussi, j’ai accepté : très vite, les enfants se
sont mis à ne plus chercher ce qu’ils aimaient, mais à trouver des mots dont l’initiale était dans leur
prénom. Ainsi, les poèmes produits ne reflètent pas forcément ce qu’ils aiment.
Un autre problème par rapport aux dictionnaires a été de gérer le fait qu’il n’y en avait pas un par
enfant. Aussi, il a fallu que je gère la répartition des dictionnaires.
Une élève, Maëva (Annexe n°32), a eu beaucoup de difficultés pour écrire son acrostiche.
Elle s’était complètement bloquée et répétait qu’elle n’y arrivait pas. Il faut savoir que cette enfant
avait de gros problèmes dans sa famille, ce n’était donc pas par provocation ou envie de ne rien
faire. Au départ, je lui ai proposé de prendre un dictionnaire pour s’aider. Puis, comme en fin de
séance, j’ai vu qu’elle n’avait toujours pas commencé (en fait, elle avait jeté une première feuille) Je
suis restée à ses côtés en lui proposant plusieurs mots commençant par la lettre M. Elle a alors choisi
celui qu’elle préférait. Puis, je lui ai donné des mots pour chacune des lettres de son prénom, et ainsi
peu à peu elle a écrit son acrostiche. Mais, je ne lui ai apporté mon aide qu’en fin de séance

Dans l’ensemble, la séance s’est tout de même bien passée malgré ces quelques difficultés.
Certains élèves ont beaucoup aimé cette activité, et ont ainsi écrit plusieurs acrostiches avec leur
prénom mais aussi avec celui de personnes chères à leur yeux : amis ou parents (Anaï s : annexe
n°31).
Séance n°2

* Découverte du poème de référence

Lors de cette phase, j’avais écrit au tableau le poème de référence de la première séance et
celui de cette séance, afin que les élèves comparent les deux textes et me disent ce qui avait
changeait.
Tout de suite, ils ont découvert que le deuxième poème était écrit à partir du premier et avait pour
structure « ... c’est ... .... qui .... ». Cette structure a alors été dessinée sur le poème de référence
grâce à un système de couleurs.

* Production des acrostiches

Avant de commencer cette activité, les élèves qui n’avaient pas fini leur acrostiche à la
première séance devaient le terminer.
Cette phase s’est relativement bien passée. Mais beaucoup n’ont pas écrit selon la structure
« ... c’est ... .... qui .... » (Asmâa et Pauline : annexe n°33 et 34) ou seulement partiellement (Fabien
et Malvina : annexe n°35) .De plus, quelques enfants ont écrit les définitions des mots qu’ils avaient
écrit à la première séance (Pauline, Jenna et Axelle : annexes n°34 et 36)
En ce qui concerne Maëva, elle n’est pas restée bloquée lors de cette séance. A ce propos, elle a
même participé à la phase de découverte de la structure. Pour ce qui est de sa production, elle a écrit
un texte simple mais qui suit relativement bien la structure.(Annexe n°32)
Quand on regarde l’ensemble des poèmes produits, il est vrai que l’on pourrait s’attendre à plus de
richesse pour des CM1. Mais, comme je l’ai dit plus haut, les élèves de cette classe sont pour
beaucoup en difficultés scolaires, sociales et familiales. Aussi, en tenant compte de cela, on remarque
que quelques productions présentent certaines réussites. Ainsi, le poème d’Ambre (annexe n°37) est
par exemple plein d’humour avec son « râteau qui gratte » et sa « maison qui déménage ». D’autres
apportent beaucoup d’émotions au lecteur, par exemple Axelle qui parle « d’abandon d’un enfant »
(annexe n°36) ou Samy qui écrit « le soleil qui donne la lumière au monde » (Annexe n°37).De
même, quand Malvina écrit « une larme qui est joyeuse » (Annexe n°35).
Cette séquence aurait mérité d’être plus longue. Ainsi, les élèves auraient pu reprendre leur
production afin de l’améliorer. Malheureusement, vu le temps qui m’était imparti, je n’ai pu leur faire
produire un deuxième jet, en reprenant au préalable la structure du poème de référence. Par contre,
je sais que les enfants voulaient envoyer leurs poèmes à leurs correspondants portugais, après les
avoir taper à l’ordinateur afin de bien les présenter. Aussi, j’espère que l’enseignante leur a fait
reprendre leurs textes.

4- Bilan de ces trois séquences

Lorsque l’on regarde de plus près ces trois séquences, on se demande très vite si les élèves
ont réellement appris à écrire des portraits. En fait, je pense que pour eux, il s’agissait plus d’écrire
des poèmes que des portraits, et ce aussi bien en CP qu’au CE1 ou CM1.
Ceci est sûrement dû au fait que je ne présentais pas le travail comme un travail sur le portrait mais
plutôt comme un travail sur la poésie. Ainsi, il aurait fallu introduire ces trois séquences, en disant aux
élèves que l’on allait écrire des portraits. J’aurais pu par exemple prendre leurs représentations sur
le portrait, en demandant comment à leur avis on écrivait des portraits.
Ainsi, la poésie aurait été présenté comme une manière de travailler le portrait, parmi d’autres.

C’est pourquoi, le bilan de ces séquences est assez mitigé. En ce qui concerne la production
de poèmes, il est vrai que cela a donné des outils aux élèves grâce à l’étude de structures poétiques.
Par contre en ce qui concerne le portrait en lui-même, mis à part le fait que travailler sur les champs
lexicaux, les métaphores, le sens d’un texte, l’imagination est important pour écrire un portrait, je ne
pense pas que les enfants soient capables de réutiliser ces compétences lorsqu’on leur demandera de
décrire un personnage.

Comment aurais-je pu faire autrement ?

Comme je le disais ci-dessus, j’aurais pu prendre les représentations des enfants en ce qui
concerne le portrait. Ainsi, à partir de là, il aurait fallu voir comment décrire un personnage, tel que
c’est présenté dans les manuels cités plus haut par exemple. Ensuite, j’aurais pu présenter plusieurs
portraits poétiques afin que les élèves découvrent que l’on peut également décrire une personne à
travers un poème. Enfin, après avoir étudier certaines structures de poèmes, les élèves auraient écrit
des portraits poétiques, avec lesquels ils auraient travaillé les métaphores, l’importance du choix des
termes pour les comparaisons, le sens de ces images, par exemple.
IV- PROLONGEMENTS POSSIBLES

J’ai essayé, dans cette partie, de trouver des activités qui seraient intéressantes d’effectuer en
classe, afin d’approfondir l’étude du portrait en poésie.

A- Jeu du portrait

Il s’agit, en fait, de proposer un portrait à une personne qui doit deviner de qui l’on parle.
Avec des portraits du type de celui de Monsieur Loyal (ou du musicien), on peut réaliser ce
jeu en classe. Par exemple, on peut décider d’écrire des portraits de ce genre en utilisant les
professions. Ainsi, par groupe ou individuellement, les élèves produisent des portraits. Les autres, en
les lisant ou en les écoutant, doivent deviner de qui il s’agit.
Ce jeu peut être par exemple un moyen de valider si le poème a du sens, s’il correspond bien au
personnage voulu.

B- Oralisation

Il s’agit de mettre en voix les poèmes écrits, de les lire ou les dire en mettant le ton,
l’intonation, l’intensité... On peut même aller plus loin, en mettant en scène le poème, en le jouant.
Ainsi, pour les portraits poétiques, il s’agit, par exemple, de prendre les caractéristiques, aussi bien
physiques que morales, du personnage décrit.
Cette activité aurait pu avoir lieu aussi bien à la suite des séquences de CP et CE1 qu’à la suite de
celle de CM1. En effet, le fait de les mettre en voix, aurait pu apporter plus de vie aux productions
des élèves.
De plus, cela aurait pu être utiliser comme évaluation formatrice, puisqu’en les écoutant, ou en les
regardant « jouer », les autres élèves auraient pu aider leurs camarades en lui donnant des idées pour
améliorer son portrait poétique.
Par contre, cette activité peut paraître difficile pour des enfants qui n’ont pas l’habitude de
lire leur travail aux autres élèves. Si c’est le cas, au départ, il faut demander aux volontaires de venir
présenter leur travail, afin de ne pas bloquer les autres. D’après ce que j’ai pu voir dans les classes,
peu à peu, presque tous les élèves deviennent volontaires.

C- Création grille d’écriture

Une grille d’écriture est un outil permettant la production d’un type d’écrit particulier.
Elle peut servir d’outil d’évaluation, d’auto-évaluation, ou tout simplement d’aide à l’écriture .
Lors du stage en pratique accompagnée en CE1, à la fin du mois de mars, j’avais pour but
de faire fabriquer une grille d’écriture sur le portrait chinois. Malheureusement, je n’ai pas pu le
réaliser.
Comme il s’agissait de CE1, je n’attendais pas une grille très compliquée, mais une aide pour écrire
un portrait chinois, sur laquelle aurait été noté, en particulier, la silhouette de ce type de poème.
En ce qui concerne la classe de CM1 avec laquelle j’ai fait les acrostiches, je pense qu’il
aurait été intéressant de faire produire une grille d’écriture aux élèves, afin d’améliorer leurs
productions. En effet, cela aurait permis à certains élèves de changer certains vers de leurs poèmes,
en particulier en ce qui concerne la structure « ... c’est... ... qui.... ».

D- En alliant la poésie et la musique

Comme il est écrit dans la première partie du mémoire, les programmes officiels indiquent
qu’il faut faire correspondre la poésie avec d’autres formes d’expression : la musique en particulier.
Ainsi, dans Ecriture poétique au cycle 2, C. Grosset-Bureau et M. Bélie proposent une activité
d’écriture de portrait poétique alliant la poésie et la musique (Déroulement : annexe n°38).
Aussi, la musique fait ressortir des sentiments, des images que les enfants, avant d’écrire, dessinent.
Le textes de référence n’est alors utilisé que pour sa structure.
Conclusion

En ce qui concerne l’écriture de portrait, je pense qu’il aurait fallu procéder


différemment ou approfondir le travail. Avec ce qui a été réalisé, j’imagine que les élèves n’ont pas
pu réellement se construire des outils leur permettant de produire des descriptions de personnages
plus pertinentes, plus originales, plus riches...
Aussi, on peut se demander s’il n’aurait pas fallu commencer par travailler le portrait de manière plus
« traditionnelle », et ensuite amener le portrait poétique afin d’enrichir les métaphores par exemple.

Cependant, en travaillant le portrait par la poésie, cela a permis aux élèves d’accéder aux
enjeux de celle-ci. En effet, la pratique de la poésie à l’école joue un rôle certain dans l’acquisition du
langage ainsi que pour l’enrichissement de l’imaginaire des élèves. L’impact sur la personnalité des
enfants et sur leur socialisation est également à prendre en compte.
De plus, les classes dans lesquelles je suis intervenue ne connaissaient la poésie que sous l’aspect
récitation. Aussi, le fait de réaliser leurs propres créations poétiques a permis aux élèves de
rencontrer la poésie de manière différente, plus ludique et peut-être plus accessible.

Bibliographie

Manuels

- Ribambelle CP (Edition Hatier)


- Abracadalire CP (Edition
- Au pied de la lettre, tout le français, CM (Edition
- Défi Ecrire (Edition Accès)
Ouvrages

- Former des enfants lecteurs et producteurs de poèmes du Groupe de


recherche d’Ecouen, 1992 (Edition
- L’écriture poétique au cycle 2 de C.Grosset-Bureau et M.Bélie, 1995
(Edition Armand Colin)
- Programmes de l’école primaire du Ministère de l’Education
Nationale, 1995
Cadre réservé au jury :

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