Histoire de Créteil :

préhistoire, histoire,
monuments / par M. Emile
Galtier

Source gallica.bnf.fr / Société de Clermont

 Galtier, Emile (1871-1941). Auteur du texte. Histoire de Créteil :
préhistoire, histoire, monuments / par M. Emile Galtier. 1929.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart

des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le
domaine public provenant des collections de la BnF. Leur
réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet
1978 :
- La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et
gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment
du maintien de la mention de source.
- La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait
l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la
revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de
fourniture de service.

CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de

l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes
publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation

particulier. Il s'agit :

- des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur

appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés,
sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable
du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservés dans les
bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont
signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à
s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de
réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le

producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du
code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica

sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans
un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la
conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions

d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en
matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces
dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par
la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition,

contacter
utilisation.commerciale@bnf.fr.
HISTOIRE DE CRÉTEIL

PRÉHISTOIRE -
HISTOIRE - MONUMENTS
Par M. Ktriile GALTIBH

CRYPTE DE L'ÉGLISE SAINT-CHRISTOPHE

EDITION DU VIEUX SAINT-MAUR

Société d'Histoire et d'Archéologie
Siège Social MAIRIE DE SAINT-MAUR

IIP. MAURICEGOURHAND
67, av. de la République
SAINT - MAUR

1929
 HISTOIRE DE CRÉTEIL
PRÉHISTOIRE
Examinons tout d'abord la physiono-
mie géologique de la région et voyons
les transformations qu'elle a subies à tra-
vers les âges.
C'est de la géographie locale que nous
allons faire ensemble.
Comment seprésentent le territoire de
Créteil et la vallée de la Marne ? Nous
voyons, entre la Seine et la Marne, un
éperon rocheux sur leauel s'est établi
le village, à l'est une butte de 73 mètres
d'altitude, le mont Mesly, à gauche et à
droite, une déclivité et des plaines ou
des îles.
Mais cette physionomie n'est pas la
forme primitive de la région. La terre
est comme le visage humain, elle se ride
en vieillissant et ces rides profondes
constituent des montagnes, des plaines,
des lits de rivière.
Lors du creusement du premier tron-
çon du canal de Bonneuil, une décou-
verte importante a modifié les notions
géologiques acquises sur la région. A
quelques mètres au-dessous d'alluvions
quaternaires, sables, graviers, les puis-
santes dragues remontèrent d'énormes
blocs de calcaire grossier pareil au tra-
vertin de Champigny. Cette découverte
inexplicable me frappa et j'en fis part à
deux savants, MM. Paul Lemoine et Tei-
lhard de Chardin, qui me convoquèrent
pour examiner les blocs rangés sur les
bords du chenal. Ils furent frappés de la
nature de ces blocs de calcaire et de
leur régularité de rupture et dans un ar-
ticle donné au savant périodique La Na-
ture, ils conclurent qu'à une epoque très
lointaine, les falaises de Champigny et
de Chennevières rejoignaient la masse
rocheuse de Créteil à travers une région
plate et lagunaire au centre de laquelle
la Marne s'étendait en des bras multiples
et peu profonds.
Peu à peu, les eaux ont emporté la
partie soluble des roches qui se sont
eboulées lentement jusqu'au niveau in-
férieur où nous voyons couler la Marne
aujourd'hui.
Ce tassement continu, qui a produit
des ruptures régulières, ne s'est pas fait
en un jour. Ce long travail dela nature
a demandé des milliers d'années. Elle a
été pour les générations qui nous ont pré-
cédé imperceptible, car la durée de la
vie humaine ne représente même pas unt
seconde dans l'âge de la terre; âge que
d'ailleurs les savants n'ont pu encore dé-
terminer.
A une époque plus ancienne encore,
la mer recouvrait le bassin parisien; on
en trouve des traces jusqu'à l'altitude de
60 mètres. Par conséquent, à ce moment,
de tout le territoire de Créteil. seul le
mont Mesly. situé à 73 m. 477. émergeait
en partie. Le point sur lequel a été bâti
l'église est à 47 m. 544; il n'a donc émer-
gé que bien plus tard.
A ce moment, la Marne avait deux em-
bouchures: l'une à Charenton, comme
aujourd'hui. l'autre à Villeneuve-Saint-
Georges. Celle-ci s'est colmatée petit.à
petit et la Marne, arrêtée par l'arête ro-
cheuse de Créteil, a pris une direction
curviligne au sortir de La Varenne pour
aller, tout entiere, se jeter dans la Seine
à Charenton.
 A l'époque où la Marne n'avaitpas en-
vagabondait à tra-
core creusé son lit etmarécages,
vivaient
vers d'immenses animaux aujourd'hui
dans la contrée des
disparus dont on a retrouvé les ossements
fossiles: l'élephas primigenius ou mam-
mouth, le rhinocéros tichorhillus, le
grand cerf.
*
* *
notons que dans les grottes des Eyzies
et ailleurs, l'homme s'est essayé à repro-
duire ces animaux sur des os ou les pa-
rois de certains refuges.
Mais il est impossible de dire à quelle
époque fut habitée la région. M. Camille
Julian, dans son bel ouvrage « De la
Gaule à la France » ne précise pas le
moment de l'apparition de l'homme sur
le territoire séquanien. On admet que
la plus ancienne période de notre his-
toire est caractérisée par les armes ou
outils de pierre grossièrementtaillée par
la main de l'homme. On l'appelle le
temps de la pierre ancienne, ou époque
paleolithique.
L'invention du polissoir a été une ré-
volutiondans l'art de l'armement ou de
l'outillage. Cette nouvelle époque est dite
de la pierre polie ou lléolithzque.
A ces époques lointaines. il est bien
certain que des peuplades, trjbus ou fa-
milles nombreuses occupaient le sol de
notre pays. On a trouvé un peu partout
des objets en pierre taillée ou polie. Pré-
cisément à Créteil, on a signalé de ces
sortes de découvertes qui prouvent que
ce coin du Parisis a été une station pré-
historique.
En 1897, M. Caillet a trouvé dans sa
propriété, 195, Grande-Rue, un si'ex
taillé et pointu du genre dit coup de
poing.
Vers 1902, des ouvriers découvrirent
au montMesly une hache en pierre em-
manchée.Celle-ci dont on ne connaît pas
la nature devait être en pierre polie.
Un peu plus tard, fut découvert dans
une propriété dominant le Bras du Cha-
pitre une pierre avec des stries hori-
zontales indiquant un polissoir.
Ces découvertes nous ramènent à plus
de 5.000 ans avant notre ère. Les peu-
plades de cette époque n'ont point laissé
de documents écrits, c'est pourquoi l'his-
toire n'a pu percer l'obscurité qui règne
sur ces âges lointains, autrement qu'à la
faible lueur des découvertes dont nous
venons de parler.
LES ROMAINS
Nous allons passer sur l'époque du
bronze et l'époque du fer qui ont suivi
pour en arriver à l'histoire, qui com-
conquête ro-
ence, pour la Gaule, à lafois
Nous
maine, aurons cette un guide
écrit, les Commentaires, sur la guerre des
Gaules de Jules César, où l'auteur de la
conquête nous donne de précieux dé-
tails sur les campagnes qu'il poursuivit
pour la soumission des divers peuples
gaulois, des dissertations sur le caractère
de ces peuples et sur la situation pros-
Et dans laquelle se trouvait
père la Gaule.
ceci nous conduit naturellement à
Créteil comme on va le voir.
Cependant la campagne contre les Pa-
rises et la prise de Lutèce ne furent pas
exécutées par Jules César, lui-même,
mais par son lieutenant Labienus ; c'est
pourquoi les Commentaires si précis
pour tout le reste de la conquêtr.man-
quent, sur ce point, de netteté et depré-
cision, parce qu'ils sent un récit de se-
conde main.
Labienus, qui occupait Melun, se porta
vers Lutèce par la rive gauche de la Seine
mais il fut arrêté par les marais de l'Orge
et les hauteurs d'Athis-Mons sur lesquel-
les était rangée l'armée du chef des Pa-
rises, Camulogène.
Dans l'impossibilité de passer, il ré-
trograda vers Melun en s'emparant de
tous les bateaux qu'il put trouver, de tous
ceux qui étaient à lamarre comme de
ceux qui faisaient le commerce par eau,
afin de ravitailler Lutèce, puis il revint
sur ses pas, en suivant la rive droite.
Suivant une thèse très vraisemblable
de Jules Quicherat, Labiénus, avec ses
quatre légions (la légion comptait envi-
ron 6.000 hommes) vint camper dans les
plaines de Créteil. Il était là protégé par
la
Seine et les marais sur sa gauche, par
la Marne sur sa droite. <
Il descendit la Seine jusqu'à l'embou-
chure de la Marne et, profitant.d'une nuit
d'orage, ilfit passer son armée sur la rive
 gauche- et surprit lés Gaulois dans les
plaines, de Vitry. Le souvenir de cette
victoire se serait ainsi perpétué dàns ce-
lui 4e cette localité (Viçtoriàcum),
D'après le même auteur, la chapelle
Notre-Dame dès Mèches Serait la suite
d'un Temple que les soldats auraient éle-
vé, au mLieu de leur camp, à la déesse.
Roma.
Il n'y a là que des conjectures- Les
Romains occupèrent Lutèce et la Gaule
pendant près de 500 ans, mais on ne
trouve pas à Créteil des traces de leur
domination, comme, par exemple, des.
monuments dont la solidité a jusqu'ici
défié le temps. Il est pourtant certain
que les Romains n'ont point négligé de
mettre en culture les bonnes terres des
environs de Paris dont celles de Créteil
faisaient partie.
LÉS BARBARES
L'étymologie du nom de Créteil est de-
meurée obscure. Les pentiers documents
écrits rappellent Chrïstoïlum. On serait
tenté d'y voir terre du Christ. Coïnci-
dence curieuse, l'église est consacrée à
saintChristophe, dans le nom duquel on
retrouve encore le radical Christ.
La première fois qu'ilest fait mention
dans l'histoire, du village de Créteil.
c'est au neuvième siècle, mais pour un
tait antérieur. Un moine de l'abbaye de
Saint-Denis, nommé Usuard, qui vivait
sousCharles-le-Chauve, a écrit un mar-
tyrologue dans lequel il dit ceci: « Au
territoire des Parisi, au village de Cré-
teil, furent mis à mort Agoard et Agli-
bert, ainsi aue beaucoup d'autres per-
sonnes des deux sexes ». On peut repor-
ter ce fait au passage des Huns en 451
et au massacre qu'ils firent des chrétiens
dans la presqu'île de Saint-Maur et dans
Créteil.
Une dénominationsemble garder le
souvenir de cette incursion des barbares,
c'est le nom de l'île Barbière (illsnla Bar-
barie) comme ele est désignée sur les
plus anciens documents. Là, purent cam-
per, dans cette placeentourée d'eau, les
barbares qui traînaient à leur suite 'eurs
familles dans d'innombrables chariots.
*
* *
Les massives d<° Créteil. — On prétend
que les blanchisseuses paiennes ont pris
une part très active au massacre des
saints, et, c'est une tradition tellement
accréditée,qùe M. Ràvesat a cru devoir
les faire figurer au fond du tableau re-
présentant le martyre des deux saints
qu'il a peint largement pour le maî-
tre-autel de l'église. Elles montent en
toute hâte le chemin qui conduit de la
rivière à la croix Tabourit en brandis-
sent d'un air menaçant leurs redoutables
battoirs. Si l'on rapproche ces cricons-
tances du récit faitpar du Breul. il de-
vient évident que cette locution: les mas-
sues de Créteil, était jadis une périphrase
populaire pour désigner les battoirs des
blanchisseuses.
La tradition rapporte que les saints de
Créteil étaient nés dans le village, qu'ils
ont demeuré à la porte Caillotin, aujour-
d'hui rue des Caillotins et qu'ils sont
morts à la croix Taboury. Les anciens
plans indiquent au milieu de cette rue
l'emplacement d'une croix dite de Saint-.
Aglibert. L'expression, porte des Caillo-
tins évoque l'idée d'un village fortifié,
avec porte de Paris et porte de la Brie.
La rue de la Recette semble tourner au-
tour des anciens murs. Tous les villages
des environs de Paris ont été entourés
de murailles.
Il est prouvé que les premiers rois mé-
rovingiens habitèrent Bonneuil. Lothaire
y possédait un château en 842. En 616,
Clotaire II aurait tenu à Bonneuil une
réunion des grands seigneurs de son
royaume. On croit que Dagobert aurait
été proclamé roi dans une assemblée te-
nue sur le mont Mesly. Tous ces faits
prouvent que la région n'était ni inculte,
ni abandonnée.
M. l'abbe Dambrine a cru voir dans
deux m-onnaies portant le nom de Créteil
l'existence en ce lieu d'un atelier de
monétaires. Je ne partage pas son avis,
et voici Dourquoi.
On trouve dans la collection des mon-
naies et médailles de la Bibliothèque na-
tionale deux triens d'or (ou tiers de sou
d'or) portant sur l'avers, ce sul mot.
Cristoialo et deux au revers PortoIohan-
nis sur l'une, Porto Iohannes sur l'autre.
L'auteur en conclut que l'ouvrier Jean
frappait ses pièces à Créteil, à l'endroit
dit le Port.
Or, en face se trouve de toute antiquité
le port de Créteil, propriété de l'Abbaye
de Saint-Maur, fondée en 638. L'âge dé
ces pièces peut remonter au septième ou
huitième siècle. On peut donc penser que
l'Abbaye suzeraine de toute la presqu'île
avait, comme les seigneurs de l'époque,
le droit de frapper monnaie et que son
atelier se trouvait au lieu dit le Port de
Créteil. Je suis désolé de déposséder la
commune voisine et amie d'un lambeau
de sa propre histoire pour l'attribuer à
sa riche voisine, Saint-Maur.
PRIVILÈGES ROYAUX
Après la conquête franque, les rois
donnèrent à leurs principaux chefs des
terres immenses tenues en fiefs. C'est
ainsi qu'au neuvième siècle, c'est un vi-
-
comte de Paris, Grimoard, qui était pro-
priétaire de Créteil. Le 24 avril de l'an
900 le roi Charles le Simple confirme la
donation que fit ce vicomte à l'église
St-Christophe de 15 manses « avec des
serfs de l'un et de Vautre sexe, terres cul-
tivées et incultes, prés, vignes, forêts et
serfs, eaux et décours d'eau et tout ce
qui en dépend justement et légalement ».
Par la suite c'est le Chapitre de Notre-
Dame de Paris qui en devint propriétaire
et seigneur et qui le resta jusqu'au sei-
zième siècle.
La charte de Grimoard spécifiait que
ces terres seraient exemptes de tous cens
et redevances. Faut-il voir là, l'origine
des privilèges dont jouissaient les cha-
noines et les habitants d'être exempts de
toutes fournitures lorsque le roi séjour-
nait à Créteil ?
Or un jour, Louis Vil, surpris, par "a
à
nuit, coucha Créteil et exigea des ha-
bitants le droit de gîte, c'est-à-dire le
couchage et la nourriture pour lui et sa
suite. Apprenant cette atteinte portée à
leurs privilèges, les chanoines décidè-
rent de témoigner de leur indignation en
interrompant le service de l'église métro-
politaine dont ils fermèrent les portes.
Le roi dut faire amende honorable.
*
* #
Par la suite, Jean le Bon. en 1351.
Charges VI. en 1381 et presque tous les
rois à leur suite signèrent des lettres
royales par lesquelles les habitants de
Créteil étaient dispensés de servir aux
officiers du roi autre chose que la paille
pour ses chevaux lorsqu'il se trouvait à
Vincennes, ou aux Carrières.
:
En voici d'autres confirmations
En juillet 1594, Henry IV confirme aux
habitants de Créteil, Maisons, Charen-
tonnel, et les hameaux dépendant d'iceux
les privilèges et exemptions accordés par
les rois prédécesseurs.
.Privilèges par lesquels en fournis-
sant par lesdits habitants desdits villa-
ges et hameaux la paille pour la litière
de nos grands chevaux tant que nous se-
rions logés en notre ville de Paris et en
nostre chasteau du bois de Vincennes,
ils sont affranchis, quittes et exempts de
tous ports, péages, passages et travers
eux leurs chevaux, charrettes, liarnois
et autres bètes. portant somme de
toutes manières de victuail'es qu'ils por-
tent vendre en quelque lieu que ce soit,
de fournir et bailler aucuns chevaux,
pionniers, gens de voiture pour mener
notre artillerie en nos camps et armées
et quelque autre part que ce soit. de lo-
ger aucuns gens de guerre tant de che-
val que de pied, de quelque nation qu'ils
soient, ni de leur fournir et contribuer i
aucuns vivres, biens et choses quelcon- "-
ques sinon de leur gré et consentement.
Outre lesdits habitants, sont exempts et
affranchis des fournissements et dépens
qui se fournissent par les villages à no-
tre gendarmerie etant aux garnisons.
Ensemble du taillon, mis sur le plat
pays de notre royaume pour l'augmen-
tation de notre dite gendarmerie et com-
mutation de vivre d'icelle.
Mais ces exemptions leur coûtaient
cependant cher.
Le 29 novembre 1616, sur la pétition
des habitants des villages de Créteil et
de Maisons, qu'attendu que les feus rovs
leur ont donné plusieurs privilèges avec
exemption de toutes sortes de levées de
deniers tant ordinaires qu'extraordinai-
res en considération des pailles qu'ils
fournissent pour la grande écurie du roi
comme ils ont fait de tout temps et font
encore à présent et que néanmoins ils
ne jouissent de leurs privilèges, ains
sont taxés aux tailles, crues ordinaires
et extraordinaires et autres levées de
deniers sansavoir ésard auxdites four-
nitures de pailles qui leur coûtent deux
fois plus que lesdites levées de deniers
ne montent; il plut au roi leur continuer
lesdits privilèges. ou les décharger à
l'avenir des fournitures pour les grands
chevaux de sa majesté et pour emplir
les paillasses des pages et palefreniers
de la grande écurie revenant bien par
chaque an à 1.056 livres. le roi les
exempte et affranchit de toutes levées de
deniers fors et excepté pour la tail'e or-
dinaire, taillon et crue du prévost des
maréchaux.
Les habitants durent souvent s'adres-
ser au roi pour faire respecter leurs pri-
vilèges et se faire dégrever des imposi-
tions abusives aux tailles.
Charles VI, dont nous avons cité le
nom, avait une certaine prédilection
pour Créteil. C'est lui qui avait fait
construire e château du Buisson pour
sa jeune maîtresse, Odette de Champdi-
vers.
Les Anglais et les Armagnacs, les Hu-
guenots qui ravagèrent ensuite les envi-
rons de Paris ne durent pas épargner
Créteil; mais il faut en arriver au xvI"
siècle pour trouver un fait historique
concernant le village. Le 3 février 1547
Jean du Bellay, évêque de Paris, doyen
du chapitre de St-^laur-des-Fossés- fit
échange avec le chapitre de Paris de sa
terre de Wissons contre celle de Créteil
avec collation à la cure. Les évêques
conservèrent par la suite, 'a jouissance
de la seigneurie et possédèrent, dans la
rue des Mèches une résidence.
Cette seigneurie comportait le château
ou grande maison seigneuriale (face à
l'avenue du Château) et deux fermes
importantes à droite et à gauche de la
rue des Mèches dont il reste, comme
vestige, un vieux pigeonnier du XIve siè-
cle digne d'être classé parmi les monu-
ments historiques.
LA FRONDE
Sous laFronde, en1652, levillage
devait connaître l'épreuve la plus sé-
rieuse de son histoire. Les troupes du
prince de Condé et celles du duc de
Wurtemberg, allemandes et lorraines,
vinrent à Grosbois. tandis que les trou-
pes royales étaient sur les hauteurs de
Villeneuve-St-Georges. Au moment où
l'on pouvait s'attendre à une bataille,
Turenne fit repasser la Seine, à ses sol-
dats sur un pont de bateaux fait avec
toutes les portes et les fenêtres qu'il
avait pu trouver. Dès lors les troupes
lorraines avancèrent et occupèrent Bois-
sy, Sucv. Bonneui". Chennevières et cam-
pèrent dans les Marais de Créteil et les
fermes.
Les habitants fuyaient devant les Lor-
rains qu'une réputation de cruauté pré-
cédait. Laissons ici la parole au curé de
Créteil qui a fait mention de ces faits
sur les registres de paroisse.
y restèrent cinq mois pendant
« Ils
;
lesquels personne n'osait paraître à Cré-
teil à peine d'être volé et maltraité les
lieux demeurèrent déserts et inhabités
pendant 4 mois 1/2 et les villages pro-
ches, de même; et durant ce temps mou-
rurent, tant de mauvais traitements que
de maladie d'infection 250 personnes de
Créteil, tant des principaux habitants
qu'autres du lieu, hommes, femmes, pau-
vres, ricues, petits et grands, garçons et
fiEes, serviteurs, servantes, tant à Cré-
teil, à Paris et à Saint-Maur et autres
lieux où ils s'étaient réfugiés. Et toutes
ces armées ne décampèrent qu'à la mi-
octobre où les troupes de Wittemberg
vinrent en leur décampement à Créteil,
où ils campèrent trois jours, tant dans
l'église qu'au presbytère et en toutes les
maisons, où ils firent de grands désor-
dres et ravages épouvantables.
« Et l'église de la paroisse et la cha-
pelle N.-Dame-des-Mèches fut réconciliée
et rebénite le 25e jour d'octobre 1652,
par moi prêtre. licencié es saints décrets,
conseiller et aumônier du roy, curé de
Créteil, suivant le pouvoir à moi donné
par Monseigneur l'Archevêque de Paris.
« Dieu nous délivre par sa sainte mi-
séricorde pour jamais, nous et toute la
France de semblables accidents. Amen.
Signé: E. PEILLOT.
*
* *
Voici un document qui confirme nos
assertions.
Etat sommaire des misères de la cam-
pagne et besoins des pauvres, aux envi-
rons. de Paris des 20, 22. 24 et 25 octo-
bre 1652.
En ce qui est des églises, l'on a trouvé
les vitres cassées, les bancs rompus, les
Tabernacles ouverts, les saints ciboires
emportés, les ornements pillés. et plu-
sieurs ont servi de corps de garde.
Les lieux, villages et hameaux déserts
et destitués de pasteurs.
 Les rues et voisinages infectés de cha-
rognes, puanteurs et de corps morts ex-
posés.
Les maisons sans portes, fenêtres, cloi-
sonnage et plusieurs sans couvert et tou-
tes réduites en cloaques et estables.
Toutes les femmes et filles en fuite et
les habitants restés sans meubles. usten-
siles, vivres et destitués de tout secours
spirituel et temporel.
Mais, surtout les malades, languissants,
moribonds et mourants, sans pain, vian-
de, remèdes, feu, lits, linge, couettes et
sans prêtres, médecin, chirurgien, ni au-
cun pour les soulager.
Les uns ont vécu d'eau et d'herbes
pendant quinze jours.
Pour les besoins de la population des
campagnes on installa des magasins où
la bienfaisance publique apporta linge,
vêtements, couvertures, choses nécessai-
res au culte.
« La piété de Mme de Bretonvi'liers.
nous a donné sa maison pour magasin,
qui est à la pointe de l'Ile et la plus com-
mode de Paris, pour nos envois et pour
la charge des bateaux. » (Ile Saint-Louis)
La misère de ce temps suscita la voca-
tion d* St-Vincent-de-Paul.
Ces faits douloureux sont confirmés
par les registres mortuaires de Saint-
Maur et par le chapitre que j'ai consa-
cré àce sujet dans mon Histoire des Pa-
roisses de Saint-Maur.
« C'est au Port de Créteil — ai-je
écrit — dans les cinq ou six maisons qui
s'y trouvaient que la majeure partie des
habitants de Créteil s'était réfugiée et
entassée. Du 8 juin au 12 décembre 1652.
le curé de la Varenne St-Hilaire enterra
156 personnes; 54 de Sucy, 25 de Chen-
nevieres, 35 de la Varenne et 42 de Cré-
teil. Ce furent sans contredit les plus
sombres jours de l'histoire de la paroisse
de Créteil.
Les dégâts matériels avaient dû être
importants car, j'ai trouvé aux Archives
Nationales, que le 26 décembre 1652, le
curé et les habitants empruntent 600 li-
vres, à un notable du lieu, Jehan de
Vienne, pour réparations à effectuer à
l'église et au Dresbvtère. Déjà, en 1649,
lors de la vieille Froide, les fermes
avaient été pillées, les récoltes anéanties
sur pied.
de Paris on trouve :
Dans les délibérations de l'Hôtel Dieu
« Cedit jour (11 janvier 1649) sur la
proposition faite à la-Compagnie par Jean
de Bièvre (?) (Vienne) demeurant à la
ferme de l'Hôtel-Dieu sise à Créteil. que
ayant fait venir en cette ville quantité
de cent cinq moutons dudit Créteil, pour
les échapper de l'invasion des gens de
guerre, lesquels moutons il a offert lais- 4
ser audict Hostel-Dieu pour la somme
de huit cents livres, ce que la compa-
gnie a accepté. »
Le curé dont nous venons de parler,
Etienne Peillot de La Garde était à Cré-
teil depuis 1642, il y fut inhumé le 9 jan-
vier 1667. Il est l'auteur des poésies que
j'ai publiées dans le Bulletin du Vieux
Saint-Maur d'avril 1928. Il eut pour suc-
cesseur. un parent, neveu sans doute.
Messire Louis Peillot de La Garde, qui
mourut le 21 septembre 1693.
 Le Village
Jetons unregard particulier sur l'ag-
glomération que constituait le village.
Les maisons s'étaientalignées le long de
la route de Champagne-en s'éleignant de
plus en plus du carrefour de l'église, la
partie la plus ancienne de Créteil.
Sous l'ancien régime, les rues avaient
des noms, les maisons n'avaient pas de
:
numéro. On les différenciait par des en-
seignes. On trouvait ainsi à Créteil
La maison du carrefour de l'église où
pend la Herse, la maison du Dauphin,
Grande-rue de Créteil, une maison près
l'église, servant,d'hostellerie et ayant
pour enseigne Saint-Christophe.
Dans unacte de donation du 11 dé-
cembre 1-545,nous trouvons une « mai-
son à Créteil au carrefour dudit lieu de-
.vant le carquant où soufoit pendre
pour Enseigne « LaTeste de Bœuf ».
Le village, sous l'ancien régime, n'a
jamais eu plus de 500 habitants en y
comprenant même ceux de l'écart de
Mesly et des fermes. En 1709, on y
comptait 120 feux, en 1745, 111; en 1726
on' évaluait la population à 498 habi-
tants.
Voici comme terme de comparaison le
dénombrement des paroisses voisines
Ormesson, 38 feux; iBoissy-St-Léger. 43;
: possédait les deux fermes se faisant face
Bonneuil, 27-; Champigny, 154 ; Chen-
nevières. 78 ; Sucy, 149 ; St-Maur, 93 ;
La Varenne, 17.
La paroisse était un pays de culture.
La vigne couvrait les pentes, :e reste
était en terre labourée. Vers la Seine
-s'étendaient de grands marais qui ont
été en grande partie asséchés au com-
mencement du xixe siècle. Le maire
-
Jeandieu, note sur les registres d'état ci-
vil qu'en 1807 on récolta dans les an-
ciens marais du blé plus beau que par-
tout ailleurs.
L'évêque de. Paris seigneur de la plus
grande partie de Créteil avait la haute
moyenne et basse justice. Il avait son
carcan sur la p:ace de l'église.
Mais d'autres seigneurs se partageaient
le territoire.'C'est ainsi que-les moines
et. plus tard les chanoines de St-Maur
avaient une ferme et des terres à Mesly.
L'Hôtel Dieu avait deux fermes (grande
ferme à gauche, petite ferme à droite),
dans la rue des Mèches et les terrains qui
appartiennent encore aujourd'hui à l'As-
sistance publique. Ces possessions lui ve-
naient de donations et d'acquisitions suc-
cessives.
Je vais les passer rapidement en re-
vue.Malheureusement l'incendie des Ar-
chives de l'archevêché de Paris et de
cel'es de l'Assistance publique, en 1871,
a fait disparaître des documents pré-
cieux pour l'histoire des paroisses et en
particulier, de Créteil.
A la fin du 14e siècle,Miles BaiCet,
conseiller et maître des comptes du roi
dans la rue des Mèches.
Le 8 janvier 1404. il les vend moyen-
nant 7.000 livres tournois à Marie La
Guérine, femme d'Etienne Laisné, ser-
:
gent d'armes, écuyer. Ces fermes sont
ainsi décrites
Un hôtel avec colombier et ses dépen-
dances et -3 quartiers de vignes et jar-
dins; un autre grand hôte' situé en fare
du premier avec colombier, pressoir,
granges, bergeries et jardins, contenant pour un clos fermé de murailles d'une
environ 6 arpents aboutissant par der- contenance de 3 arpents et d'un fief
appelé le fief de Longueil, contenant
6 arpents ci-dessus désigné;
rière au chemin qui va au Mesche, un
hôtel et un jardin contigus au clos de
20 arpents
de Saussaie en la rivière de Marne; .en-
4 arpents de terre pour 5.500 livres.

2° Le Tonnellier, avocat au parlement,

viron 300 arpents de terre tenus tant en pour une grande maison avec cour, jar-
fief qu'en censive ; deux gords à pes- din, potager et deux petites maisons en-
chier. clavées dans le potager, ayant entrée
dans la rue des Mesches, du parc atte-
Celle-ci les transmit, par testament en nant à ladite maison, d'une contenance
date du 25 août 1428, à sa sœur Cathe- de 30 arpents et de 3 arpents de terre
rine La Guérine, mais en en laissant hors des murs du parc, pour la somme
l'usufruit à son mari, sa vie durant. de 16.000 livres.
Ces biens appartinrent ensuite à Adam 3° L'Hôtel Dieu, pour une ferme et tou-
de Cambray, premier président du par- tes
lement de Paris et enfin à l'Hôtel-Dieu geries, ses dépendances, cours, estables, ber-
partie. granges, colombier, une petite
en maison située rue des Mesches, 195 ar-
au XVIIe siècle, Claude de Roche- pents de terre labourable, 2 arpents de
chouard, chevalier seigneur de Tonnay- vigne, 11 arpents de pré,censive les droits de
l'Ormoye. les droits de
Charente, comte de Vivonne, en avait la arpents sur 550
propriété comme seul héritier de Aimé de terre et sur les maisons sises
de Rochechouard et de Madeleine Man- au terroir de Créteil et de Maisons, pour
got et les vendit à Elisabeth Dumaistre. 20.000 livres.
Mais les 13 août et 22 septembre 1672, Pierre Margeret habitait le château
eut lieu l'adjudication sur folle enchère des archevêques. Il mourut le 2 octobre
comme l'indiquait une pierre tom-
faite par ladite Elisabeth du Maistre qui 1692, située
avait acquis ces biens moyenant 54.000 bale dans l'église, mais qui a dis-
livres. A cette nouvelle adjudication en paru- Il état chevalier, comte palatin,
:
la Chambre du Parlement furent déclarés conseiller du roi en ses conseils, grand
adjudicataires audiencier de France, seigneur de Pon-
taut, Longueil et autres lieux, c'est-à-dire
1° Pierre Margeret, conseiller secré- des fiefs situés à Créteil et ainsi dési-
taire du roi, grand audiencier de France gnés.
 T i Église
e
Puisque nous venons de parler de
l'église, entrons et visitons-la. C'est une
des plus anciennes et des plus intéres-
santes de la région. Le clocher est bâti
sur le porche comme dans l'église de
ÉGLISE SAINT-CHRISTOPHE DE CRÉTEIL
Le clocher a deux étages et supporte un
toit en batière, c'est-à-dire à deux pans.
C'est une construction de style de transi-
tion entre le roman et le gothique.
A l'intérieur, l'édifice est de plan rec-
tangulaire. Il se compose d'une nef et de
deux bas-côtés, divisés en 6 travées par
de forts piliers circulaires dont les cha-
Saint-Germain-des-Prés; c'est la partie
la plus ancienne. Ce porche s'ouvre pai
line porte en plein cintre le long de la-
ruelle se rencontrent des colonnes enga-
gées surmontées de chapiteaux romans.
piteaux sont à crochet et de style gothi-
que.
On y voyait, autrefois, des pierres
tombales et des épitaphes qui ont dis-
paru. On y admire encore une fort belle
chaire, délicatement scuJptée, dans le
goût du dix-huitième siècle, portant en
relief un saint Christophe, patron de
l'église, et les deux martyrs, armés de
pied en cap. Par la pureté de ses lignes,
de son dessin autant que par son ancien-
neté, cette chaire mérite d'être c'assée
dans la liste des monuments historiques.
Je la signale à la municipalité qui donne
des preuves de son respect de tout ce
qui touche à l'histoire du vieux village,
en faisant restaurer l'antique clocher de
l'église, à M. le Curé Bégin, pasteur dé-
voué et éclairé .dont le zèle augmente
tous les jours le patrimoine matériel et
moral de la paroisse.
Cette chaire a été donnée à l'église
Saint-Christophe par Messire Alexandre-
Julien Clément, chevalier, conseiller en
la cour du Parlement, qui avait une ha-
bitation de campagne à Cré-eil. Un act"
du 24 mars 1708. spécifie que « le curé
et marguillier de la paroisse s'engagent,
chaque fois qu'on prêchera, à faire dire
un De Profundis pour :'Ùme de Messire
Clément, écuyer, premier valet de cham-
bre de Mme la duchesse de Bourgogne,
pour le don d'une chaire venue de bois
sculpturé (sic) estimé 150 livres, pour
prescher et l'avoir fait mettre et pos?r à
sa place à ses frais ».
Cette famille Clément s'est illustrée
dans la personne de deux de ses en-
fants, nés tous deux à Créteil. qui ont
laissé un nom dans l'histoire. Le premier
fut Athanase-Alexandre, né le G septem-
bre 1716. mort en 1793. Jurisconsulte et
littérateur, il est surtout connu s-jus le
nom de Clément de Boissy. Le second est
Augustin-Jean-Charles, né le 8 septem-
bre 1717, mort en-1804. Ilse fit prêtre,
fut même évêaue de Versailles en 1797,
et a laissé des ouvrages canoniques et un
Journal, correspondance et voyages en
Italie et en Espagne.
* *
L'Eglise possède une crypte du XIT
siècle, à laquelle on accède par un esca-
lier pratiqué à la hauteur du maître-
autel. Cette crypte est sans doute d'ori-
gine plus ancienne et a dû être refaite
lors de l'érection de l'Eglise actuelle.
Elle est de forme rectangulaire et di-
visée en trois travées. On y voit encore
le sarcophage en pierre où reposaient
les restes des saints martyrs et qui
servait de table d'autel, l'armoire où l'on
cachait les vases sacrés et la piscine
aux ablutions.
Les reliques des saints martyrs sont
dans des châsses exposées dans l'Eglise.
Cette translation figure en ces termes
aux registres d'état civil deCréteil:
Le mardi 21 avril 1807, six heures
du soir, les châsses de Saint-Agoard et
Saint-Aglibert ont été scellées, après
avoir enfermé les authentiques (sic) le
procès-verbal de la cérémonie dans la
châsse de Saint-Agoard.
Le temps estoit très froid.
JEANDIEU, maire.
NOTA. — La cassette renfermant les
ossements des Saints Martyrs ci-dessus
nommés et de leurs compagnons a été
aussi scellée, le même jour et de suite
déposée dans la cave qui se trouve sous
le chœur de l'Eglise.
Factum est illud scriptum
ad memoriam hujns cere-
moniœ conservandam.
JEANDJEr.
Maire de-Créteil.
--«D») --
Puisque nous sommes sur la partie
religieuse de notre sujet, disons truc
dans la plaine où. selon la tradition, les
Romains auraient campé, se trouvait
une chapelle dite Notre-Dame-des-.\Iè-
ches, dirigée par une confrérie. Il s'y
faisait pas mal de pèlerinages, ce qui
était pour cette confrérie d'un grand
rapport, de telle sorte que la commu-
nauté des habitants et même des parti-
culiers lui empruntaient de l'argent. On
trouve, en effet, le 13 mai 1G95. un acte
d'assemblée des habitants de Créteil par
lequel ils empruntent à la confrérie No-
tre-Dame-des-Mèches, la somme de trois
cents livres pour le paiement des tailles.
Les collecteurs des tailles de la paroisse
avaient imposé pour l'année 1694, Jean
Dedibon, fermier de M. Le Tonnelier, a *
Mesly. sous l'obligation des habitants
qu'ils seraient solidaires du contribuable
et n'ayant pu se fare payer, par opposi-
tion formée par ledit Le Tonnelier, l'en-
semble des habitants contractaient le
prêt en question.
L'origine de cette chapelle estincer-
taine. On sait seulement qu'elle était
desservie uar les chanoines de St-Ger-
main-l'Auxerrois, qui possédaient égale-
ment la ferme des Mèches et la majeure
partie des terres de la plaine, 550 ar-
pents. Nous ignorons le temps où ils
durent aliéner ces terres et passer à
l'Eglise de Créteil, la desserte de la cha-
pelle. Le 4 juillet 1616, nous trouvons
une transaction entre Paul de Gondy
évèque de Paris et M.Mangot conseiller
du roi. en son Conseil d'Etat, premier
LA RÉVOLUTION
Les faits historiques re'atifsCréteil
à par paroisses et à lui présenter leurs
sont peu nombreux: les peuples heureux
n'ont pas d'histoire. Nous venons d'évo-
quer la vie de ses habitants sous la do-
mination des seigneurs de l'ancien ré-
gime. Voici la Hévolution, le nouveau
régime.
La Révolution est le point culminant
de la lutte du tiers Etat pour conquérir
la liberté. Au treizième siècle, par la
disparition du servage le peuple avait
obtenu sa personnalité, peut-on dire. La
Révolution est un grand mouvement
d'émancipation politique et sociale. Elle
ne fit pas grand bruit à Créteil où cepen-
dant se firent sentir les convulsions de
la capitale.
Le roi Louis XVI avait été amené à
convoquer les Etats généraux en 1789.
Il invita tous les habitants à se réunir
président en sa cour de Parlement de
Bordeaux, seigneur des fiefs de Longueil
et de Champs-sur-Marne, sis au dit Cré-
teil et propriétaire de la censive qui a
appartenu à l'Eglise St-Germain-:'Auxer-
rois sur 550 arpents de terre. (L'arpent
était de 51 ou 52 ares) soit 286 hectares
environ.
Cette chapelle fut fermée à la dévolu-
tion. Elle tombait en ruines lorsqu'elle
fut démolie ily a quelques dizaines
d'années. La cloche est aujourd'hui dans
le clocher de l'Eg'ise paroissiale. A la
suppression du culte, dans la chapelle.
pendant la période révolutionnaire, la
statue de la Vierge qu'on y révérait fut
solennellement transportée dans l'Eglise
paroissiale, le 5 juin 1791.
plaintes. Chacune d'eles envoya donc
au roi son cahier des plaintes et doléan-
ces. Ces cahiers ont été plus tard pu-
bliés.
De quoi se plaignaient les habitants
de Créteil, tous cultivateurs? Des impôts
trop lourds et surtout des vexations
mises à les lever, des capitaineries de
chasse comme très nuisibles aux pro-
priétés, d'autant plus, disaient-ils, qu'il
existe sur ce territoire trente remises,
formant environ 30 arpents; des inon-
dations de la Seine et de la Marne qui
détruisent les récoltes des meilleurs
terrains; ils demandaient que tous les
privilèges de colombier soient suppri-
més.
La nuit du 4 août supprima tous les
privilèges et leur donna satisfaction.
 La, Coiistituiuante invita les prêtres à
prêter le serment à la Constitution.
Beaucoup adhérèrent. Le dimanche 23
janvier le curé Jean-Baptiste Gendret et
Martin Vassel, vicaire, s'y conformèrent
dans l'Eglise en présence des autorités
municipales,M. Piot, maire.
Le 3 septembre 1791, la Constituante
vota la première constitution qu'ait eue
la France. A cette occasion, des réjouis-
sances furent organisées dans toutes les
communes. Voici comment se passa
cette fête à Créteil.
L'an mil sept cent quatre-vingt-onze,
à l'issue des vêpres en vertu de la loi du
15 septembre, présent mois, relative à la
publication solennelle de la constitution
et conformément à l'arrêté du directoire
du district de Bourg-la-iReine, qui fixe à
ce jour la publication de l'acte consti-
tutionnel de la France; se sont assemblés
en l'Eglise les habitants de la paroisse de
Créteil, conformément à la convocation
qui leur en avait été faite la veille au son
de la caisse dans toutes les rues et places
accoutumées dudit lieu. Et encore ceiour-
d'hui, au prosne de la messe paroissiale,
afin qu'aucun citoyen n'en puisse préten-
dre cause d'ignorance. La garde nationale
sous les armes avec le drapeau s'est ren-
due chez M. le Maire où la Municipalité
était assemblée; une députafion de ladite
garde est entrée avertir la municipalité
que la troupe l'attendait pour se rendre
à l'église, et de suite ont pris leur mar-
che. La municipalité précédée, accompa-
gnée et suivie de la garde nationale sont
entré dans l'église dans le même ordre, la
municipalité a été se placer dans le
chœur, la troupe est restée sous les armes
et en ordre dans la nef. Ensuite M. le
Maire a chargé le procureur de la Com-
mune de faire en son nom, en présence
des officiers municipaux, des notables, du
clergé et du peuple, la lecture de la Cons-
titution française, lequel est monté en
chaire pour en faire la publication après
laquelle la musique militaire a exécuté
des airs analogues (sic) à un si beau jour
entr'autres le refrain Ça i/ra. Ensuite, M.
le Maire a fait annoncer à tous les ci-
toyens que pour honorer cejour à jamais
mémorable dans tous les cœurs des Fran-
çais, la municipalité invitait tous les frè-
res de mettre des illuminations ce soir à
leurs fenêtres. Ensuite la garde nationale
en ordre estvenue dans le chœur, la Mu-
nicipalité et le clergé au centre, M. Gen-
dret, curé de ladite paroisse, a entonné
le Te Deum qui a été chanté, accompa-
gné par la musique militaire, en actions
de grâces de l'heureux événement de la
Constitution, acceptée et signée par le
Roy. La Municipalité, au centre de la
troupe, est sortie dans le même ordre et
a été reconduite chez M. le Maire au son
des instruments militaires et du peuple
qui l'acompagnaient.
Le soir, tous les citoyens ont illuminé.
Un bal champêtre offert par la Municipa-
lité offrait par le grand nombre des ci-
toyens des deux sexes et de tout âge ras-
semblés, par les illuminations en guir-
lande et les arbres touffus qui le couvrait
le spectacle vraiment digne de la fête na-
tionale. à laquelle un jour si solennel
avait donné lieu.
Et ont signé.
*<
Les décrets de 1790 avaient supprimé
les paroisses en tant qu'organismes admi-
nistratifs et créé les communes dans les
limites de celles-ci Des élections munici-
pales eurent lieu tous les ans. Le premier
maire révolutionnaire de Créteil fut
Louis-Simon Piot, marchand boucher,
pour 1791, puis — et je suis heureux de
combler ici une lacune au moyen des do-
cuments que j'ai retrouvés aux Archives
Nationales — ce fut Chalouvrier pour
1792. puis Maliverné pour 1793.
***
Après la proclamation de la Républi-
que, 2 septembre 1792. et l'exécution du
roi Louis XVI, 21 janvier 1793, le gouver-
nement révolutionnaire se trouva en pré-
sence des plus grandes difficultés: pénu-
rie des vivres, disette et famine même
sur certains points et invasion étrangère.
Son énergie vint à bout de tout.
Même à Créteil, pays de grande cul-
ture, le blé était rare et bien souvent ré-
quisitionné; les fermiers avaient ordre
d'approvisionner le marché de Charenton
et devant les menaces ou les violences.
 ils avaient toutes les peines du monde à
garder la semence qui leur était nécesr-
saire.
Le 30 octobre 1793, le maire Maliverné
écrit aux autorités du district: « Les gens
in'assaillènt tous les jours pour avoir du
blé-ou du pain; il y a peu de personnes
dans notre commune qui ne meurent de
faim ou de besoin. Moi qui vous parle, à
l'heure où je vous écris, il est, 2 heures
après-midi, ni.moi, ni mes enfants n'ont
* mangé- depuisprès, de 24 heures. Nous
avons trois boulangers dans notre com-
mune- qui ne peuvent avoir du bled nulle
part. s
.'t
* *
Four faire face à l'invasion, on décréta
des levées .en masse et l'on fit appel aux
volontaires. Quelques citoyens de Créteil
s'enrôlèrent et furent armés et équipés
parles soins de la municipalité. Cet élan
avait -été général, malheureusement les
volontaires se montrèrent assez mauvais
soldats et ils désertèrent en masse.
Le 16 novembre 1792, le procureur
syndic du .district de Bourg-la-Reine
écrit au mairepour lui signaler que les
volontaires de sa commune sont revenus
COLOMBIER ET VIEILLE FERME DE CHÉTEIL
sans congé et ont vendu l'armement et
rêquipement: fusil, sabre,. gibérne: qui
leur avaient été fournis par la municipa-
lité. Il le prie de les faire conduire au
district qui leur délivrera de nouveaux
rendre.
ordres de route ou de s'assurer de la per-
sonne de ceux qui refuseraient de s'y
*<
Puis on fait des réquisitions de che-
vaux pour l'armée.
Le 2 vendémiaire an II de la Républi-
que une et indivisible, réquisition est en-
voyée à la veuve Cathelin de Créteil d'a-
voir à conduire à la caserne du Bourg-
l'Egalité, dans le délai de 48 heures, à
peine d'être regardée comme contre-ré-
volutionnaire ei arrêtée comme telle, un
ch'eval. Le maire demande que ledit che-
val soit rendu à sa propriétaire pour son
commerce de coquetière, pour la culture
de ses terres et pour le transport des sub-
sistances. Ce cheval est d'ailleurs re-
connu impropre à tout service militaire.
Une autre réquisition du même genre
est adressée à la veuve Bailly qui sollicite
de garder son cheval pour la çulture et
pour le transport des matériaux néces-
saires à la construction d'un moulin
qu'elle a fait 'entreprendre sur la Marne.
Cete lettre est du 13 juin 1793 et nous
apprend donc que le moulin dit de Vil-
lettre ou Moulin Brûlé datait de cette
époque.
Il y avait .également à Créteil d'autres
moulins très anciens, situés sur le Bras
du Chapitre, au bas de la rue du Port, le
moulin neuf, au bas de la rue du Moulin,
le moulin vieux.
En 1817, un de ces moulins était de-
venu une filature de coton. Le nouveau
dictionnaire historique desenvirons de
Paris, par Dufey, 1825, dit, en effet, que
MM. Grammagnac et Hannequaud possè-
dent à Créteil de' très belles filatures de
coton.
Un de ces moulins brûla on octobre
1842, l'incendie était si important que
les poirmiers de toutes les communes vpi-
sines — Saint-Maur notamment — con-
tribuèrent à son extinction.
**<
Les difficultés de trouver du bronze et
du numéraire n'étaient pas moindres.
Pour fabriquer des canons, les cloches
des églises allèrent à la fonte sauf une
conservée pour l'exercice du culte.
Les autorités municipales furent solli-
citées de faire sur l'autel de la Patrie le
sacrifice de toutes les matières d'or et
d'argent des églises; c'est ce qu'on ap-
pela le don patriotique; voici la lettre
très curieuse qui accompagnait l'envoi
de la commune de Créteil :
Créteil, ce 23 brumaire l'an 2 de la R. F.
une et indivisible,
Citoyens législateurs,
La commune de Créteil considérant
que les métaux précieux furent toujours
le principe de tous les crimes,
Considérant que le culte de l'Etre su-
preme n'a pas besoin de ces ustensiles
moins faites (sic) pour le créateur que-
pour.flatter l'orgueil de la créature.
Considérant qu'une République n'a
besoin que d'avoir du fer et des bras.
A délibéré unanimement que ce sac,
contenant environ 21 marcs de cette ville
nature serait déposé sur l'autel de la
patrie, puissent les tyrans coalisés voir
dans notre mépris pour l'objet de leurs
adorations une opposition constante dans
leurs principes et la certitude qu'ils ne
parviendront jamais à détruire une Ré-
publique fondée sur la raison et la jus-
tice. Nous reconnaissons chers légis-
lateurs que c'est à vos travaux que nous
devons cette liberté et cette égalité et
que nous avons tous juré de soutenir
au péril de notre vie comme de vrais
frères républicain (sic).
MALIVERNE,
maire de la commune de Créteil.
*
Les malheurs de la patrie exaspéraient
les passions contre les ennemis de l'inté-
rieur, les prêtres et les aristocrates. Les
membres du clergé se refusaient à prê-
ter le nouveau serment, considéré par
eux comme contraire à la constitution
de l'Eglise. Beaucoup d'entre eux émi-
grerent pour ne pas aller en prison ou
guillotine.
à la Le curé et le maire de
Créteil passèrent en Angleterre avec un
notable habitant, Duport, qui avait été
représentant du peuple et même prési-
dent de la Constituante. Une perquisi-
tion fut faite à son domicile à Paris, ruc,
St-Louis-au-Marais, 79 (Turenne) et à sa
maison de campagne à Créteil, la ferme
du Colombier.Son vieux père, Duport
(François-Mathieu), conseiller de la
Grande Chambre du Parlement de Paris,
âgé de 76 ans et sa mère Marie-Made-
leineCabanis, âgée de 56 ans, furent ar-
rêtés pour avoir dissimulé deux sacs
d'argent et avoir été trouvés en posses-
sion de deux cachets d'argent armoriés
et de lettres de leur fils. La femme, arrê-
tée à Créteil était regardée « comme très
suspecte et très aristocrate ». Elle mou-
rut pendant sa détention, mais son mari
fut condamné à mort le 1er floréal an II
et guillotiné.
 DE L'EMPIRE A NOS JOURS
La Terreur s'achève, la paix intérieure
revient, mais la France va se donner un
maître qui la précipitera dans les
malheurs des guerres avec presque tous
les peuples de l'Europe. Les drapeaux
se couvriront de gloire mais le pays sera
pour longtemps appauvri d'hommes et
d'argent. Créteil, comme toutes les au-
tres communes de l'Est eut à supporter
l'occupation par les armées impériales
Ou coalisées en 1814 et 1815. Ce fut une
nouvelle épreuve.
*<
Vers 1808, le maréchal Serrurier, gou
verneur des Invalides devint acquéreur
- La brigade du général Ladreit de La
de l'ancienne résidence des Archevêques
du Maréchal »
de Paris et de l'enclos « dit les allées
qui est devenu l'avenue
de la République. C'est là qu'avaient
lieu, avec sa permission, la fête patro-
nale et les exercices de tir. Ces allées
figurent déjà sur un plan de 1757. Le
château passa dans la famille des Cau-
mont la Force, puis à Monseigneur Dar-
boy, l'archevêque de Paris, fusillé par
la commune.
* Les habitants avaient du quitter le
**
Le 19 septembre 1828, le roi Charles X,
rentrant à Paris, traversa Créteil. Le
maire Monsieur de Joly lui adressa une
harangue et lui fit offrir des fleurs, pris
le soir eut lieu un grand bal gratuitor-
ganisé par la municipalité.
Le général Pajol habitait Ct etdl en
1836.
* *
Un événement mémorable va faire re-
bondir l'histoire uniforme et terne du
village de Créteil. Lors de l'investisse-
ment de Paris, en 1870, son territoire
fut le théâtre d'une bataille, épisode de
celle qui se déroulait de Choisy-le-Roi à
Bry-sur-Marne. Le 17 septembre 1870.
une brigade de la division de Ducrot
avait défendu aprement le Mont-Mesly
pour empêcher les Allemands de traver-
ser la Marne dans leur marche sur Ver-
sailles. Mais le combat le plus sanglant
qui se soit déroulé à Créteil fut celui du
30 novembre 1870, diversion de la ba-
taille de Champigny, pour empêcher les
renforts allemands de se porter au. nord
de la route de Troyes.
Charrière, campée dans le bois de Vin-
cennes, se mit en marche vers le plateau
de Gravelle et traversa la Marne sur un
pont de bateaux jeté au-dessous de Cré-
teil. EIL trouva toutes les maisons barri-
cadées, puis s'étant portée vers le Mont
Mesly elle l'enleva dans un irrésistible
assaut. Malheureusement le général reçut
deux blessures, une à la main droite,
l'autre à la cuisse gauche dont il mourut
le lendemain.
village — encore une fois — et se réfu-
gier à Paris, où malgré le dévouement
de leurs édiles, ils supportèrent les ri-
gueurs du froid et de la faim et les dan-
gers du bombardement.
**
a
La derniere épreuve commune à toute
la France été la grande guerre de 1914
à 1918. au cours de laquelle Créteil
a vu tomber bon nombre de ses enfants.
 Depuislongtemps le calme champêtre
qu'on ygoûte, les bords ombragés de la
Marne avaient attiré les amants de la
nature. Au temps des romantiques, une
colonie de poètes, parmi lesquels Victor
Hugo qui a chanté les lavandières de
Créteil, d'écrivains comme Alphonse
Karr et de peintres, se donnaient ren-
dez-vous autour du bassin du Port de
Créteil et surtout au Petit Cochon de
lait où ils ont laissé des traces de leur
passage. Le peintre Stella y a peint une
truie avec ses petits.
Victor Hugo. dans ses Chansons des-
Rues et des Bois, consacre un chapitre
aux Choses écrites à Créteil dans lequel
il conte son idylle avec une jeunelavan-
dière. Il nous donne suffisamment de
détails pour nous permettre de conjec-
turer qu'il habitait, fort probablement
au Petit Cochon de Lait.
Sachez qu'hier de ma lucarne,
J'ai vu, j'ai couvert de clins d'yeux,
Une fille qui dans la Marne
Lavait des torchons radieux
Près d'un vieuxpont, dans les saulées,
Elle lavait, allait, venait,
L'aube et la brise étaient mêlées
, A la grâce de son bonnet.
Je quittai ma chambre d'auberge
En souriant comme un bandit,
Et je "descendis sur. la berge
Qu'une herbe glissante verdit.
Une colonie de jeunes artistes y fonda
vers 1907, une sorte de Créteilphalanstère dé-
nommé « L'Abbaye de
», situé
71, rue du Moulin.
* *
'Créteil n'a pas suivi le développement
rapide des contrées voisines parce que
les communications faciles avec la capi-
tale lui ont toujours fait défaut. Jusqu'à
une date peu reculée dont les anciens
se souviennent peut-être encore, on ve-
nait à Créteil par la voiture diligence
partant de Paris, MarchéSt-J ean, n" 16
et desservant Brie-Comte-Robert. En
1829, il en coûtait 1 fr. pour venir ici,
avec départs de Paris à 7 heures du ma-
tin et 4 heures du soir, et de Brie-Comte-
Robert, aux.mêmes heures. Avec ses
1.136 hectares de terrains propres à
bâtir, elle est promise au plus grand
avenir si des autorités intelligentes et
actives veulent bien seconsacrer à se-
conder son essor. La majeure partie de
son territoire est encore aux mains de
cultivateurs qui semblent avoir pris
pour devise celle des armes de la ville
Labore fideqiûe « Par le Travail et la
:
Confiance ».
C'est de la terre que vient la richesse la
plus noble et la plus utile au genre hu-
main, ce sont les agriculteurs qui prati- -
quent le mieux ces traditions de vertu
familiale et de labeur qui ont fait le
fonds de la solide race française et la
richesse du pays!
*
* *
Créteil n'est plus aujourd'hui le vil-
lage suburbain du dix-neuvième siècle.
C'est une ville coquette, bien dessinée,
qui se développe de jour en jour selon
les lois de l'hygiène et de l'urbanisme 'W
les plus modernes.
Lorsque le plus grand Paris étendra
ses bras tentaculaires vers la banlieue
-
il songera sans doute aux vastes espaces
libres qui l'entourenL-. Alors, Créteil
deviendra une ville nouvelle aux voies
larges et bien comprises aux maisons
saines et aérées. Mais alors, fini le calme
champêtre qu'on y goûte, les champs
sans bornes qu'on y cultive et les lar-
ges horizons qu'on y admire;c'est la loi
inéluctable, c'est le progrès, c'est l'ave-
nir. Déjà le peiit village rural déborde
de son cadre primitif, s'étend sur des
lotissements tout récents, son ascension
a commencé.
En attendant que disparaissent les té-
moins de la vie de nos pères, ces masu-
res vieillotes.où ils ont vécu, aimé et
peiné pendant des siècles de servitude,
puis de liberté relative, goûtons, le char-
me. exquis des vieilles pierres et le par-
fum des lointains souvenirs, secret lan-
gage des choses mortes. -