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Association Nationale des Administrateurs
de l’Administration Maritime

Une journée pas comme les autres !


Généralement l’expression « une journée pas comme les autres » marque l’importance que
l’on veut donner à cette journée, ou souligner le caractère exceptionnel d’un événement.

Or ici, il s’agit de la journée maritime mondiale, qui ne s’apparente pas à cette définition si
on la compare aux autres journées internationales, parfois de moindre importance,
commémorées par notre pays tambour battant.

En effet, on ne sait toujours pas pourquoi le Maroc, pays naturellement maritime, a souvent
ignoré cette journée, alors qu’elle est célébrée par la communauté internationale le 30
septembre de chaque année, sous l’égide de l’Organisation Maritime Internationale (OMI),
Institution spécialisée des Nations Unies, dont le siège est à Londres.

Cette année, c’est aux gens de mer que cette Organisation a consacré cette journée, qui a
été fêtée en apothéose à Buenos-Aires en Argentine le 7 octobre 2010, en présence de
Monsieur E. MITROPOULOS, Secrétaire Général de l’OMI. L’Argentine a donc su saisir cette
opportunité pour focaliser l’attention de la communauté maritime mondiale et faire de cette
journée un plateau tout scénique, pour promouvoir sa politique maritime à travers le
monde.

Le Maroc n’a malheureusement pas mis à profit cet événement planétaire, pour rendre à
son tour un hommage rarement exprimé à cette catégorie de personnel, qui n’appartient ni
à celle des vivants, ni à celle des morts, mais bien à celle de ces gens qui s’en vont sur la mer,
comme l’a si bien dit Aristote pour situer les marins parmi les êtres.

Pourquoi cette absence?

Tout simplement parce qu’il n’existe pas au Maroc une Administration maritime en mesure
de prendre l’initiative de célébrer cette journée au nom du secteur dans sa dimension
nationale intégrant sous une seule bannière, toutes les branches de l’activité maritime.
En effet, il est difficile de concevoir une célébration sectorielle, éparpillée à l’image des
administrations chargées de gérer le secteur maritime national. Pour cacher la dichotomie
qui entache notre Administration maritime, fallait-il placer cette action, le temps d’une
célébration, au niveau de la Primature? Mais si tel était le cas, qui aurait alors, la légitimité
d’attirer l’attention de la Primature sur cet événement ?

C’est sans équivoque, une occasion encore une fois ratée, pour montrer au citoyen marocain
en général et aux jeunes générations montantes en particulier, les atouts maritimes
stratégiques de notre pays et les potentialités de développement qui lui sont offertes par
l’exceptionnelle biodiversité de son littoral, ainsi que par les richesses biologiques et non
biologiques de ses eaux maritimes et de ses fonds marins.

Mieux encore, ils auraient pu être sensibilisés pour prendre conscience du privilège de
partager avec d’autres citoyens du monde, la responsabilité de prendre soin de la mer en
tant que patrimoine commun de l’humanité. Une telle action de sensibilisation répond
d’ailleurs parfaitement au souci de la Conférence internationale organisée à Tanger le 9
octobre 2010 et consacrée au thème : « Gestion durable du littoral : rôle de l’éducation et
de la sensibilisation ».

Ne pas avoir célébré cette journée, c’est également avoir passé sous silence l’élan pris par un
Maroc maritime en mouvement et manqué de mettre en valeur en interne et à
l’international, les grands chantiers de développement engagés par notre pays pour
s’affirmer en tant que puissance maritime régionale. Nous citerons à titre d’exemples, la
stratégie portuaire reflétée par les Ports de Tanger-Med, Nador West-Med, le futur port de
Tanger, la stratégie Halieutis pour le développement des pêches maritimes, le Centre de
contrôle du trafic maritime sur le Détroit de Gibraltar (VTS) (Mise en service prévue le 1er
décembre 2010), le Dispositif national de recherche et de sauvetage maritimes des vies
humaines en mer, l’outil de formation maritime pour les besoins du transport maritime et de
la pêche, la recherche halieutique récemment renforcée par des laboratoires scientifiques
modernes à Casablanca et un Centre régional à Tanger. De telles réalisations permettent par
ailleurs à notre pays de disposer des outils et des compétences permettant de donner un
contenu concret aux conventions et Directives pertinentes des Organisations internationales
spécialisées (Organisation Maritime Internationale, FAO notamment) et de s’engager en
faveur d’un partenariat agissant pour le développement du secteur maritime dans la région
africaine.

Ce sont là autant de thématiques sur lesquels notre pays devrait construire une démarche
de communication afin de mettre en exergue une vision maritime voulue au plus haut
sommet de l’Etat et relayée par notre Diplomatie, particulièrement à partir de la capitale
britannique, Londres, siège des instances maritimes internationales les plus influentes.

Par ailleurs, on pourrait regretter le fait que l’Organisation Maritime Internationale n’ait pas
de représentation au Maroc (l’OMI ne dispose pas de représentations à l'étranger), pour
suivre de près les questions qui relèvent de sa compétence, comme c’est le cas de la FAO
dont la Représentation à Rabat qui vient de célébrer conjointement avec le Ministère de
l’Agriculture et de la Pêche Maritime, la journée mondiale de l’alimentation, le samedi 16
octobre 2010.
Les gens de mer célébrés mondialement
Un hommage mérité.

Dans son message à l’occasion de la journée maritime mondiale,, Monsieur le Secrétaire


Général de l’OMI, explique pourquoi les gens de mer sont mis au devant de la scène :
« Lorsque nous avons commencé, à l'OMI, à réfléchir à l'idée d'un thème axé sur les gens de
mer pour 2010, notre objectif était double. Nous voulions premièrement attirer l'attention
sur une catégorie professionnelle largement négligée et méconnue, souvent même au sein du
secteur qui recourt à ses services. Deuxièmement, nous voulions exploiter le thème au-delà
du cadre habituel des célébrations de la Journée mondiale de la mer et créer une dynamique
qui s'étendrait d'un bout à l'autre de l'année et se poursuivrait même au-delà » Fin de
citation.

Il n’a pas manqué aussi de souligner éloquemment le caractère invisible des gens de mer,
puisque confinés à bord des navires de commerce ou de pêche opérant à partir de ports
fermés ou éloignés, sans rapport avec le public. Nous ajoutons pour notre part à cette
situation, la discrétion des marins quand ils mettent pieds à terre et disparaissent dans la
foule, méconnus par les « terriens », pour attendre le jour d’un autre embarquement qu’ils
souhaitent vite arrivé.

L’Association Nationale des Administrateurs de l’Administration Maritime s’invite parmi les


institutions et les acteurs de la société civile de par le monde, pour présenter un salut
déférent à tous les gens de mer de la planète et pour rendre un hommage particulier à ceux
de notre pays. Cet article, comme celui intitulé « Gens de mer, faisons le point », que nous
publions ultérieurement, leur sont humblement dédiés.

Si nous avons cette amicale pensée à l’égard des gens de mer, dont le nombre peut paraitre
modeste, mais qui cache l’immensité des services qui sont rendus à la communauté, c’est
parce que nous mesurons la vrai valeur de leur métier, difficile certes, mais combien
exaltant, qu’ils s’évertuent à exercer en bravant les hostilités de la mer, mais aussi dans de
nombreux cas, la malveillance des hommes.

Nous leur rendons hommage parce que notre pays assure souverainement grâce à leur
savoir faire, la conduite, l’exploitation et la maintenance de la flotte nationale de pêche et
de commerce. Ils garantissent par ailleurs les rotations de notre flotte à passagers,
sauvegardant ainsi à notre pays des possibilités stratégiques pour le transit de nos RME de
part et d’autres de la Méditerranée. Des projets grandioses comme Tanger-Med et bientôt
Nador West-Med, font appel aux services des gens de mer pour l’exploitation de leurs
installations. Nombreux sont actifs dans les autres ports du Royaume à des postes
d’importance diverses. Retenons également que ce sont des marins et des officiers navigants
marocains qui assurent la noble mission de recherche et de sauvetage des vies humaines en
mer à bord d’une vingtaine de vedettes de sauvetage tout le long du littoral marocain, tandis
que d’autres veillent 24/24 heures pour coordonner les opérations de sauvetage au niveau
national et international conformément aux obligations de notre pays vis-à-vis de la
communauté maritime internationale. Ils sont plusieurs à exercer la fonction de formateurs
dans les établissements de formation maritime, tandis que d’autres sont experts ou chefs
d’entreprises etc …..
Bien plus, ils accomplissent l’honorable tâche de marquer une présence effective dans nos
eaux maritimes et de faire flotter le pavillon national dans notre ZEE, dans les eaux
maritimes internationales et dans les ports étrangers.

Ils n’attendent certainement pas de nous cet hommage pour accomplir leur devoir, mais au
moins une reconnaissance des difficultés et de la particularité ancestrale de leur métier.

En exprimant notre gratitude aux gens de mer, nous ne pouvons nous permettre de faire
l’impasse sur cette mère ou cette épouse de marin, qui sombrent, à chaque expédition
maritime ou à chaque marée de pêche, dans une inquiétude profonde, mais bien discrète,
dont elles ne sont délivrées qu’une fois le fils ou le mari retrouvé. Nous leur rendons
également un vibrant hommage.

Par ailleurs, il y a lieu de se réjouir de la décision prise par la communauté internationale à


l’occasion de la Conférence diplomatique réunie en juin 2010 sous l’égide de l’OMI à Manille
(Philippines), consacrée à la révision de la Convention internationale sur les normes de
formation des gens de mer, de délivrance des brevets et de veille (STCW commerce et son
Code de 1995) qui a décidé de retenir le 25 juin de chaque année comme ''Journée des gens
mer".

En attendant, une question nous taraude : notre pays sera-t-il présent à ce rendez vous ?
Célébrera-il également la prochaine journée maritime mondiale ? Nous cherchons la réponse
désespérément.

Pour conclure cet hommage, nous nous contenterons d’emprunter au romancier de la mer,
Gabriel de la Landelle (1812-1886) quelques vers de son œuvre « Chansons maritimes »
(1862) dédiée aux marins de l’époque, mais toujours d’actualité, pour exprimer ce que nous,
Administrateurs de l’Administration Maritime, ressentons envers nos amis marins :

« Matelots, bon peuple marin


Votre ronde gaieté m’est chère,
Car je suis un ami sincère
Et quelque peu votre cousin.
Et c’est pourquoi j’ai fait ce livre
Recueilli dans vos nobles cœurs
Au gaillard d’avant je le livre.
Vous en êtes les vrais auteurs ;
Moi j’ai simplement mis en rime
Vos franches vertus maritimes. »

Abdelkabir RAFIKY
Président de l’Association Nationale
des Administrateurs de l’Administration Maritime

Fait à Rabat le 15 octobre 2010

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