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Manabendra Nath Roy (1887-1954), « représentant des Indes britanniq... https://journals.openedition.

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Cahiers d’histoire. Revue


d’histoire critique
111 | 2010 :
Conflits et conflictualité dans le monde britannique (1815-1931)
DOSSIER

Manabendra Nath Roy


(1887-1954), « représentant des
Indes britanniques » au
Komintern ou la critique de
l’impérialisme britannique
JEAN VIGREUX
p. 81-95

Résumé
Connu sous le nom du « Brahmane du Komintern », grâce à un documentaire récent, M-N Roy
a joué un rôle non négligeable dans le processus de mondialisation et surtout de lutte contre
l’impérialisme britannique. Figure de l’Internationale communiste jusqu’en 1929, il s’emploie à
défendre l’Inde et les peuples opprimés.

Entrées d’index
Mots-clés : impérialisme, Internationale, Komintern, Manabendra Nath Roy, nationalisme
Géographie : Inde
Chronologie : XXe siècle

Texte intégral
« Toute histoire, même celle des fragments,

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est une histoire qui s’inscrit implicitement dans l’universel »,

Christopher Baily, La naissance du monde moderne (1870-1914),

Paris, L’Atelier, 2009, p. 29

1 Si les rapports entre monde britannique et Internationale communiste restent


assez ténus dans l’ensemble – on ne peut pas dire que le monde britannique soit un
haut lieu de l’implantation du « parti mondial de la Révolution » ou Internationale
communiste –, il ne faudrait pas pour autant négliger certains moments et quelques
faits marquants de cette rencontre improbable. Une approche multiscalaire ou de
séquences historiques précises invitent alors à la prudence.
2 Rappelons, entre autres, la grève générale de 1926, où les mineurs fer de lance de la
contestation résistent plus de six mois avec Arthur-James Cook, secrétaire du
syndicat qui aimait rappeler « qu’il était l’humble disciple de Lénine », radicalisant
alors les esprits. Pour l’anecdote, 1,1 million de livres avaient été envoyées par le
Profintern (Internationale syndicale rouge liée au Komintern), mais cet argent fut
retourné à l’expéditeur. Il est vrai que cette grève a isolé pour longtemps les militants
communistes au sein du Trade Union Congress et de la gauche britannique… La
naissance de partis communistes en Australie 1 ou en Nouvelle-Zélande 2 témoigne
aussi de cette rencontre particulière.
3 Enfin, cette approche par petites touches invite à prendre en compte l’itinéraire de
Manabendra Nath Roy (de son vrai nom Narendranath Bhattacharya) qui fut
dirigeant de l’Internationale communiste. Son parcours reste souvent négligé,
d’autant qu’il a été écarté en 1929-1930 d’un monde communiste stalinisé. Pourtant,
en 2007, un documentaire réalisé pour la télévision par Vladimir Léon, intitulé « Le
Brahmane du Komintern » réhabilitait quelque peu le cadre communiste 3.
4 Différentes biographies4 complètent cette approche et les auteurs retracent son
itinéraire, soulignant la spécificité de son œuvre politique. Il ne s’agira pas ici de
résumer tous ces travaux, mais de tenter de comprendre et d’expliquer en quoi un
ressortissant indien, militant révolutionnaire, issu d’une haute caste indienne, devient
un cadre du Komintern et surtout un porte-parole anticolonialiste, dans une période
marquée par la sortie de la Grande Guerre, la vague révolutionnaire et l’onde de choc de
la révolution russe qui réveillent les contestations sociales.
5 L’ouverture des archives de Moscou et le renouveau historiographique qu’elles ont
suscité 5 – en particulier pour le monde britannique, les travaux menés par Kevin
Morgan et son équipe – permettent d’aborder les rapports entre le parti communiste
britannique, le parti communiste d’Inde et l’Internationale communiste 6. Grâce à un
dialogue international entre chercheurs qui décloisonne les champs de recherches,
Kevin Morgan peut faire connaître et surtout confronter les différents acquis
historiographiques comme les recherches de Sobhanlal Datta Gupta, spécialiste
indien du Komintern.

Émergence d’un cadre communiste


6 Manabendra Nath Bhattacharya est un fils de brahmane – membre héréditaire de
la caste sacerdotale, la première des grandes castes de l’Inde – de la région de
Calcutta, Dinabandhu Bhattacharjee, qui « avait abandonné le culte de la déesse
Ksheputaswari pour enseigner le Sanskrit à l’école locale7 ». Scolarisé à l’école anglo-
sanskrit d’Harinavi jusqu’en 1905, il poursuit des études de mathématiques 8. C’est
dans ce milieu particulier des brahmanes, fort bien décrit par Christopher Bayly, qu’il
appréhende la définition de l’oekoumène indien 9.
7 En ce début de siècle, il rencontre Sivanarayn Swami, un ancien cipaye révolté, et
considère que les hindous sont entrés en décadence « par la faute des castes et des

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traditions désuètes10 ». À l’âge de quatorze ans, Manabendra Nath Bhattacharya


aurait participé à un attentat terroriste contre l’administration britannique.
Grandissant dans l’Inde britannique au sein de l’une des plus hautes castes, il épouse
la cause du nationalisme bengali au sein du groupe Anushilan Samiti et la cause des
plus pauvres. Ainsi, son itinéraire qui peut sembler atypique se rapproche des Lords
anglais acquis au radicalisme, voire au socialisme au cours du XIXe siècle11.
8 Quittant l’Inde au cours de la Première Guerre mondiale afin d’acheter des armes
pour organiser la rébellion, il voyage en Birmanie, Indonésie, Philippines, Japon,
Chine, puis aux États-Unis. Son ouverture sur le monde, trait important de la
mondialisation britannique et de son esprit de voyageur, en font un des micro-acteurs
du monde britannique parmi tant d’autres, mais aussi un exilé…
9 Échouant dans sa tentative d’achat d’armes, il entre à l’université de Stanford en
Californie aux États-Unis. Arrêté en 1916, comme dangereux révolutionnaire, il prend
à partir de cette date comme pseudonyme le nom de Roy (Manabendra Nath Roy). À
Stanford, il fait la connaissance d’Evelyne Trent qui le suit dans son périple 12. Ils
s’installent à New York et se marient en 1917. Contraints de fuir les États-Unis, ils
débarquent au Mexique en 1917 où le pays connaît l’agitation révolutionnaire
zapatiste.
10 Roy met à profit ce séjour pour parfaire sa maîtrise des langues ; polyglotte, il parle
et écrit en bengali, en anglais, en espagnol, en allemand, en français et en russe. C’est
au Mexique, qu’il publie son premier livre en espagnol, La India, Su Pasado, Su
Presente Y Su Porvenir (L’Inde, son passé, son présent et son avenir) dans lequel il
développe ses thèses anticolonialistes.
11 Dans cette effervescence révolutionnaire, il fait la rencontre primordiale de l’exilé
russe bolchevik Mikhaïl Borodine, qui avait dû quitter la Russie après les événements
de 1905. C’est un moment crucial et fondateur ; M-N Roy épouse alors la cause du
bolchevisme et participe à la création du Parti communiste mexicain, devenant un
membre de l’Internationale communiste13.
12 Entre temps, à la fin de l’année 1917, il a publié une lettre ouverte au président
américain Wilson, dans laquelle il dénonce avec force et précision l’injustice dans
laquelle se trouve son pays, l’Inde. Il déplore les conséquences désastreuses de la
présence britannique : le budget de l’éducation ne représente que 12 %, alors que le
budget de la défense est de 30 % ; l’alphabétisation ne touche que 15 % de la
population pour un pays de 300 millions d’habitants ; il n’y a que 5 écoles de
médecine avec 1800 étudiants ; seules 3 écoles d’agriculture sont installées sur le sol
indien, etc., et d’évoquer avec ironie la mission civilisatrice de l’Angleterre 14. Son
regard sur l’exploitation de l’Inde fait également référence à la dure répression de la
révolte des Cipayes, sur laquelle il propose une étude précieuse, poursuivant quelques
années plus tard les travaux pionniers de Karl Marx 15. S’adresser publiquement au
Président des États-Unis, qui en appelle à un nouvel ordre international fondé sur le
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est à la fois dénoncer la duplicité des
libéraux, mais c’est aussi prendre appui sur le pays qui le premier a su s’émanciper de
la tutelle britannique. M-N Roy affûte alors sa plume pour dénoncer l’impérialisme
britannique et devient un auteur important d’articles et d’ouvrages qui sont publiés
au sein du mouvement révolutionnaire. En retour, il est invité au deuxième Congrès
de la Troisième Internationale16, qui est plus connu comme celui de la véritable
fondation du modèle communiste avec la mise en place de partis qui doivent adhérer
aux vingt et une conditions afin de démasquer les « réformistes » pour retrouver les
« vrais révolutionnaires »17. L’Internationale communiste est donc conçue comme un
instrument de lutte permettant l’accomplissement de la révolution prolétarienne à
travers le monde et la libération de tous les opprimés 18.
13 À Moscou, au sein de la « terre sainte » (« The holy land ») selon ses propres
mots19, il rencontre les dirigeants de l’IC alors qu’il a 33 ans (habillé à l’occidentale,
costume cravate et chaussures blanches [cf. photo infra]).
14

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Deuxième Congrès de l’IC, Moscou, 1920. Photographie de Viktor Bulla


De gauche à droite, au premier plan: Lénine, Gorki, Zorine, Zinoviev, M-N Roy (X),
Maria Oulianova, Bombacci
Arrière plan: Karakhane, Radek, Boukharine
15 Entre 1917 et 1925, il est secondé dans son travail militant par sa femme, qui prend
le nom de Shanti Devi, participant activement à la naissance du communisme en
Inde.
16 Lors de ce congrès où sont discutées également les thèses de l’Internationale
communiste, le référentiel idéologique, Lénine invite à prendre en considération la
question coloniale, « l’impérialisme apporte la guerre comme la nuée porte l’orage »,
prolongeant sa réflexion sur L’impérialisme stade suprême du capitalisme 20. Si
Lénine propose de créer de nouveaux foyers d’agitation révolutionnaire au sein des
colonies en prenant appui sur les mouvements nationalistes, M-N Roy conteste
Lénine sur plusieurs points. Écoutons-le : « Camarades, en tant que représentant des
Indes britanniques, j’ai soumis au congrès et à la commission certaines thèses
complémentaires, qui doivent être énoncées ici, puisqu’elles n’ont pas été
imprimées… » Évoquant l’impérialisme capitaliste en Chine et en Inde, il précise que
« l’une des sources majeures dont le capitalisme européen tire sa force principale se
trouve dans les possessions et dépendances coloniales. Sans le contrôle des marchés
étendus et du vaste champ d’exploitation qui se trouvent dans les colonies, les
puissances capitalistes d’Europe ne pourraient maintenir leur existence même
pendant un temps très court. L’Angleterre, rempart de l’impérialisme, souffre de
surproduction depuis plus d’un siècle. Sans les vastes possessions coloniales qu’elle a
acquises pour l’écoulement de ses marchandises et pour servir de source de matières
premières pour ses industries sans cesse croissantes, il y a longtemps que le système
capitaliste de l’Angleterre se serait écroulé sous son propre poids. C’est en réduisant
en esclavage les centaines de millions d’habitants de l’Asie et de l’Afrique que
l’impérialisme anglais est arrivé à maintenir jusqu’à présent le prolétariat britannique
sous la domination de la bourgeoisie. Le surprofit obtenu par l’exploitation des
colonies est le soutien principal du capitalisme contemporain, et aussi longtemps que
celui-ci n’aura pas été privé de cette source de surprofit, ce ne sera pas facile à la
classe ouvrière européenne de renverser l’ordre capitaliste 21 ».
17 Cette analyse des surprofits obtenus à partir des colonies structure sa pensée ; pour
lui, le pilier du capitalisme moderne est là. Partant du développement colonial indien,
M-N Roy considère qu’il s’agit d’un moment particulier du capitalisme qui donne à la
bourgeoisie coloniale un rôle spécifique au sein de l’ordre colonial, alors que Lénine

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analyse cette phase comme pré-capitaliste. Au sein de ce débat marxiste, M-N Roy
insiste sur le fait que « la bourgeoisie coloniale a un rôle réactionnaire », ayant pour
unique objectif de « remplacer les exploiteurs étrangers », et que le mouvement
révolutionnaire doit être fondé sur la paysannerie et le prolétariat, seuls véritables
acteurs de la Révolution. Dans cette optique maximaliste par rapport à Lénine, M-N
Roy refuse de s’allier à la bourgeoisie indienne et propose de créer un véritable parti
révolutionnaire, considérant le parti du Congrès comme l’expression politique de
cette bourgeoisie. Il estime alors que « le sort du mouvement révolutionnaire en
Europe dépend entièrement du cours de la révolution à l’Est 22 ».
18 Sa critique de Gandhi porte surtout sur l’absence de perspective révolutionnaire ;
pour M-N Roy, l’indépendance de l’Inde devait reposer sur un parti de masse fondé
sur le principe des intérêts de classe. Ainsi, il s’oppose avec force à Gandhi et au parti
du Congrès qui affirment en 1920 que « l’objet du Congrès National Indien est
l’obtention de l’indépendance par tous les moyens légitimes et pacifiques »,
dénonçant ainsi l’absence de perspective révolutionnaire afin de changer l’ordre
social indien.
19 L’onde de choc des révolutions russes et les sorties de la Première Guerre
mondiale – la phase d’agitation révolutionnaire (1917-1921) – semblent donner raison
à M-N Roy à l’échelle globale. C’est pourquoi Lénine l’intègre à sa nouvelle
Internationale. Aux lendemains du Congrès, il devient un permanent du Komintern,
où il travaille sur les thèses anticoloniales, puis voyage partout pour défendre les
thèses de l’IC.
20 Véritable commis voyageur du Komintern, il parcourt l’Asie et l’Europe ; c’est un
internationaliste aguerri face à la mondialisation britannique, dont les voyages
ouvrent l’horizon. Toutefois, en Inde, c’est bel et bien le parti du Congrès qui
l’emporte, et les différents noyaux communistes appliquent la ligne léniniste de
coopération avec les forces nationalistes : « Les forces révolutionnaires étaient
infimes comparées à celles du Congrès et, malgré leurs efforts, ne parviendront pas à
influencer sa ligne politique23. »

Un communiste anticolonialiste :
Komintern, PC indien et PC britannique
21 M-N Roy, au cœur d’un autre monde britannique… Entre 1920 et 1930, il voyage
beaucoup, reste un Indien en exil, mais pour qui la lutte d’émancipation politique de
son pays reste un pilier essentiel de son engagement, de son action et de sa réflexion.
Comme le rappelle sa première femme Evelyne Trent : « à partir de 1920, Roy a vécu
la vie d’un exilé politique à l’étranger, traqué par des agents des services secrets et la
pression de l’autorité britannique. Des mandats d’arrêt ont été délivrés en Allemagne
en 1922 et en France en 1924 quand il fut arrêté et expulsé dans un délai d’une
heure24 ». C’est à partir de cette expulsion de France, entre 1924 et 1925, que le
couple se sépare et Evelyne Trent rentre en Californie.
22 Il écrit plusieurs papiers au sein de la Correspondance internationale, organe
politique de l’IC ; certains sont repris dans les journaux nationaux des PC (le PCGB
ou le PCF dans les Cahiers de bolchevisme, mais aussi pour les communistes
indiens). Il n’hésite pas à comparer la situation de l’Inde, de l’Égypte et de l’Irlande à
plusieurs reprises au cours de ces années 1920 25.
23 Au Ve Congrès du Komintern, en juin 1924, qui prévoit la « bolchevisation », on
invite de nouveaux alliés, comme les paysans croates, mais M-N Roy s’emploie à
rappeler le rôle des prolétaires des pays coloniaux au sein de la révolution mondiale.
Dans cette optique, il réaffirme clairement ce qu’il avait proposé au II e Congrès, à
savoir couper les liens avec les mouvements d’émancipation nationale : « Nous
devons avoir des relations directes avec les masses et non avec les “mouvements

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d’émancipation nationale”. Ceux-ci embrassent toutes sortes de classes et de buts 26. »


24 Si sa typologie sur les pays coloniaux peut être remise en cause, il n’en demeure pas
moins que son intervention est riche pour notre réflexion sur le monde britannique. Il
divise les pays coloniaux en trois groupes :
25 1. les pays où la forme dominante est encore le féodalisme ;
26 2.les pays semi-coloniaux approchant d’un État national, mais dominés
financièrement et militairement par des pays impérialistes ;
27 3.les colonies pures, dominées complètement par l’impérialisme.
28 Pour M-N Roy, le premier groupe ne joue pas un grand rôle, dans la mesure où les
révoltes sont sporadiques, « désorganisées » et surtout « dirigées par des
réactionnaires », voire des « traîtres ». Il est difficile de leur donner une orientation
révolutionnaire, mais il faudrait les reconnaître comme des alliés et les soutenir un
peu plus que par des résolutions.
29 Dans le deuxième groupe, où il place la Perse et la Chine, il invite ses camarades à
poursuivre leurs efforts afin de dégager des revendications plus justes, fondées sur un
caractère social. Son projet est clair, s’il soutient la lutte contre l’impérialisme, celle-ci
doit revêtir un caractère avant tout de classe. En ce sens, il s’efforce à souligner les
éléments en faveur de la lutte des classes : « Manouilsky a dit que, dans l’année
passée, le mouvement nationaliste dans les Indes britanniques s’est sensiblement
ranimé. En 1920 et en 1921, le mouvement nationaliste, dirigé par des leaders
bourgeois et petits-bourgeois, avait, en effet, jeté la terreur dans les cœurs des
impérialistes britanniques. Mais cette période est maintenant passée. Il serait erroné
de prétendre le contraire ou de considérer la grève de Bombay comme une preuve de
la puissance du mouvement nationaliste. »
30 « Qu’était-ce que la grève de Bombay ? Dans tout autre pays, on l’aurait considérée
comme de première importance révolutionnaire, mais comme elle a eu lieu dans un
pays colonial, personne n’en sait rien. Pendant trois mois, 150 000 hommes et
30 000 femmes ont fait grève contre l’impérialisme capitaliste hindou et britannique.
Ce fut un mouvement véritablement révolutionnaire et qui n’a rien à voir avec le
mouvement national. Il a eu son origine dans le conflit entre les intérêts capitalistes
hindous et britanniques dans le Textile 27. » Et d’ajouter :
31 « Manouilsky a aussi parlé de la lutte des paysans. La lutte de la paysannerie est
une lutte de classe des paysans exploités contre les propriétaires fonciers hindous et
elle se poursuit parallèlement à la lutte des ouvriers des villes contre les capitalistes
hindous. En 1920 et 1921, au contraire, les paysans et les propriétaires révoltés
étaient dirigés par les bourgeois et les petits-bourgeois, qui ne comprenaient pas la
signification des forces révolutionnaires qu’ils appelaient à l’action. Le mouvement
nationaliste se trouve donc aujourd’hui divisé par la lutte de classe. Avec quelle classe
devons-nous avoir notre “contact direct” ? Les petits-bourgeois sont toujours
enchaînés par leur idéologie au féodalisme et à la grande propriété foncière et ils sont
séparés des masses, mais si nous organisons les paysans et les ouvriers, ils prendront
en mains les petits-bourgeois qui sont à présent prêts à conclure des compromis avec
l’impérialisme pour la paix et l’argent28. »
32 Le ton est enthousiaste, sans doute volontariste, comme y invite la rhétorique
kominternienne, mais le regard sur l’Inde britannique est assez juste. On pourrait
dire la même chose pour l’Égypte qu’il présente également dans son discours.
33 Sur l’Égypte, sa fine analyse de l’impérialisme britannique au cours des années
1920 emprunte aussi à l’histoire de la colonisation. Ses références sont précises et
ciselées, il n’hésite pas à reprendre des textes anciens, comme le manifeste du parti
national égyptien de 1868 : « Le lion britannique est vorace. Mais il ne tue pas sa
proie. Il la laisse vivre, pour savourer son sang goutte par goutte et sa chair morceau
par morceau. Le traitement infligé à nos frères de l’Inde nous attend. La malheureuse
Égypte est condamnée. Plutôt la mort qu’une telle existence. Levons-nous, nous, les
serviteurs de Dieu ! L’Égypte aux Égyptiens ! »
34 « Ce n’est pas là la voix d’un peuple heureux, qui goûte les joies d’une « civilisation

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pacifique ». C’était évidemment le cri désespéré de ceux qu’on mène au supplice. Ces
barbares n’ont pas vraiment le sens de la gratitude. Aujourd’hui, les Égyptiens parlent
toujours la même langue. 50 années de mise en coupe réglée n’ont pu faire apprécier
les bienfaits de la civilisation29. »
35 Si M-N Roy accepte de lutter avec les éléments bourgeois contre l’impérialisme
britannique, cela doit se faire en leur posant « des revendications de plus en plus
fortes, mais sans compromis ». En fait, sa méfiance repose surtout sur l’échec de la
révolte des Cipayes, révolte féodale qui a assis le pouvoir d’une bourgeoisie. Tirant
les leçons de cette déroute, il refuse tout aspect religieux, en particulier il affiche
son mépris pour l’hindouisme. On pourrait presque suggérer qu’il se comporte
comme un aristocrate, contre les bourgeois et les commerçants. Intellectuel et
homme de l’écrit, M-N Roy publie en 1922 India in Transition, (Geneva,
1922),ouvrage traduit en français sous le titre, La Libération des Indes30.
36 Intransigeant, il s’en prend, entre 1919 et 1922, au Parti du Congrès de Gandhi,
mais aussi aux partis du mouvement ouvrier britannique ; il s’emploie à dénoncer la
duplicité du Labour party ou de l’Independent labour party, qui, malgré une
phraséologie anticolonialiste, se comportent en Britanniques, loin des aspirations
internationalistes et fraternelles31.
37 Cette critique est aussi faite au parti communiste britannique (CPGB), qui dès ses
débuts surveille la section indienne, puis avec la stalinisation de l’IC, essaye d’en
garder le contrôle. Ce paradoxe l’amène à dénoncer à plusieurs reprises au CEIC cet
état de fait, soulignant à la fois les enjeux des rivalités multiples au sein du
Komintern32.
38 D’autre part, M-N Roy s’était opposé à la tenue du Congrès de Bakou ou Premier
Congrès des peuples de l’Orient, considérant qu’il s’agissait d’une « pittoresque
cavalcade », d’un spectacle, voire du « cirque de Zinoviev 33 », signalantque « Lénine
sourit avec indulgence sur ma perversité ; Zinoviev était en colère […] et Radek
ridiculisa mon manque de sérieux ». Si la critique de Roy est sévère, elle n’a pas eu les
effets attendus, puisque ce Congrès est un succès pour l’IC, avec 2 850 délégués 34,
« dont 235 Turcs, 192 “Persans et Parsis”, 157 Arméniens, 100 Géorgiens, 8 Chinois, 8
Kurdes, 3 Arabes, des Caucasiens divers, 15 Indiens, des Coréens 35 ». Lors du
Congrès, Zinoviev et d’autres orateurs appellent les peuples de l’Orient à lutter contre
l’impérialisme, particulièrement l’impérialisme britannique considéré comme le seul
grand empire à avoir survécu à la Grande Guerre. Le manifeste proclame : « Résultat
d’un carnage colossal et barbare, l’impérialisme britannique est apparu comme
l’unique et seul maître tout-puissant de l’Europe et de l’Asie » et d’ajouter :
« L’Angleterre, dernier puissant prédateur impérialiste d’Europe, a déployé ses ailes
noires sur les pays musulmans d’Orient, elle tente d’écraser les peuples d’Orient pour
les réduire à l’état d’esclaves, en faire son butin. Esclavage ! Effroyable esclavage,
ruine, oppression et exploitation, voilà ce que l’Angleterre est en train d’apporter aux
peuples d’Orient. Défendez-vous, peuples d’Orient ! […] Dressez-vous pour combattre
l’ennemi commun, l’impérialisme britannique ! » (« Manifeste » du Congrès des
Peuples d’Orient).
39 L’agitation anti-britannique se manifeste lors de la dernière séance du Congrès, où
tous les délégués présents rendent hommage aux 26 militants du soviet de Bakou
exécutés par les Britanniques en septembre 1916, en organisant leurs funérailles 36.
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Au IVe Congrès de l’IC en 1922


41 En 1926, Roy est membre de tous les organes centraux du Komintern : Praesidium,
Secrétariat Politique, Comité Exécutif et Congrès Mondial. Le rôle de l’IC est de
mener une analyse de la situation internationale, de dresser des théories à partir de
ces analyses, puis de diffuser dans les différents partis communistes nationaux les
orientations idéologiques ainsi élaborées (tactique du Front Unique à partir de 1921,
orientation « classe contre classe » de 1929 à 1934) et les tâches à suivre. Cette
caporalisation de l’organisation, depuis la bolchevisation lancée en 1924, aboutit à
une homogénéisation idéologique et à une restructuration des partis communistes
sur le modèle bolchevique (centralisme démocratique, cellules d’entreprises,
militants professionnels, permanents et culture ouvriériste). Tout se fait à partir du
Centre, Moscou, vers les différents partis nationaux et les relations entre Centre et
périphéries sont assurées par des émissaires de l’IC, comme M-N Roy qui travaille à
Moscou, Genève, Berlin et Tashkent.
42 Dans cette logique centrale et mondiale, le kominternien M-N Roy continue à
suivre le mouvement communiste en Inde et dirige le journal The Vanguard
(L’Avant-garde). Toutefois les travaux récents de Sobhanlal Datta Gupta soulignent
que la rivalité des hommes et des organisations était très forte pour ce groupe ultra-
minoritaire des communistes indiens où trois noyaux rivaux existaient, se jalousant
fortement ; l’Indian Revolutionary Association (IRA), formée à Tashkent en 1919 ; le
groupe de M-N Roy et Abani Mukherji qui a fondé le Communist Party of India (CPI)
en 1920 et la diaspora exilée en Allemagne avec Virendranath Chattopadhyay 37. Tout
au long des années 1920, chaque groupe se jalouse et l’IC joue, comme souvent, l’un
contre l’autre. D’ailleurs, le vice-roi des Indes sait utiliser à bon escient ces rivalités…
Le IVe Congrès de l’IC, en novembre 1922, salue les résultats obtenus par les
communistes indiens, confortant M-N Roy dans son travail ; il obtint
120 000 livres sterling de la commission coloniale de l’IC pour son travail en
Inde 38. Il a opéré au cours de l’année un rapprochement vers le Parti du Congrès,
en créant une aile gauche révolutionnaire. L’agence Reuter annonce alors que le
parti du Congrès est sous la coupe du « bolchevik Roy »… Les dirigeants du parti
coupent les ponts et la répression s’abat sur les dirigeants communistes indie ns ;
c’est un dur échec pour M-N Roy.

Épilogue : une mise à l’écart par la


stalinisation de l’IC

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43 À l’automne 1927, il participe à la session du CEIC qui condamne les agissements


de Léon Trotski et s’emploie à démontrer ses erreurs 39. Cadre fidèle, M-N Roy est
envoyé alors en Chine comme émissaire du Komintern. Là, il tente en vain de
convaincre ses interlocuteurs d’armer la paysannerie afin de lutter contre les féodaux
chinois, même si cela devait conduire à une rupture avec Kuomintang (Guomindang).
Il n’est pas écouté et les nationalistes chinois défont les communistes.
44 De retour à Moscou après son échec, il est pris dans la tourmente stalinienne et les
débats du VIe Congrès de l’IC. En fait, ses thèses sur le surprofit élaborées en 1920
sont reprises par les proches de Boukharine, qui contestent l’effondrement annoncé
du capitalisme, les colonies étant des ressources non négligeables comme à la fin du
XIXe siècle lors de la Grande dépression.
45 Refusant d’accepter la ligne du Congrès qui proclamait les partis socialistes en
Europe comme contre-révolutionnaires, voire « sociaux fascistes », alors qu’il pensait
utile de créer un rapprochement essentiel dans la lutte conte le fascisme, il est exclu
de l’IC comme « droitier » et boukharinien. Kuusinen le dénonce alors comme un
« laquais de l’impérialisme » : « Roy s’est mis en dehors des rangs de l’IC et doit être
considéré comme en étant exclu40. »
46 S’étant enfui à Berlin, il échappe aux purges staliniennes.Dans la capitale
allemande qui connaît les effets tragiques de la crise de 1929, il gagne l’amitié d’Albert
Einstein. Surtout, il participe à la rédaction du journal critique INKOP
(Internationale Nachrichten der Kommunistische Opposition) avec August
Thalheimer etrencontre sa deuxième épouse Ellen Gottschalk.À ce moment, il écrit
deux grands ouvrages, Révolution et Contre-révolution en Chine et La Grandeur et
la Décadence de l’Empire Britannique (le manuscrit est perdu car il a été détruit par
les nazis).
47 En 1930, à quarante-trois ans, M-N Roy décide de regagner son Inde natale. Peu de
temps après son retour, il est arrêté et se retrouve en prison pour des « crimes contre
Sa Majesté l’Empereur des Indes ». Il était toujours recherché pour sa participation
au mouvement d’émancipation nationale au cours des années 1900-1916. En prison,
Roy écrit une critique de la religion hindoue, sous le titre, Mémoires d’un Chat (son
seul compagnon en prison). C’est à ce moment que se termine, pour le programme
d’agrégation, cette vie militante… Toutefois, il faut signaler qu’au cours de la Seconde
Guerre mondiale, il participe aux côtés des Britanniques à la lutte antifasciste et
antinazie, puis ayant adhéré un temps au Parti du Congrès, il évolue vers
l’humanisme en créant, en 1948, le Mouvement Humaniste radical indien, qui rejoint
en 1952 d’autres groupes humanistes en Europe et en Amérique pour fonder
l’International Humanist and Ethical Union. Roy en devient l’un des premiers Vice-
présidents et s’éteint le 25 janvier 1954, à l’âge de 68 ans…
48 Toutefois cet itinéraire invite – dans le cadre du programme d’histoire
contemporaine aux concours – à repenser les effets de la crise de l’empire libéral au
lendemain de la Grande Guerre, où des militants révolutionnaires, tel M-N Roy,
forcés à l’exil, ont tenté d’arrimer l’Inde à une autre mondialisation, celle du
prolétariat mondial incarné un temps par le Komintern, la conflictualité trouvant
alors son débouché politique au sein de la nouvelle internationale. M-N Roy espérait
réconcilier ainsi mouvement national, lutte des classes et internationalisme, contre
toutes les formes de la domination bourgeoise et capitaliste, mais la stalinisation de
l’IC en a décidé autrement…

Notes
1 Stuart Macintyre, The Reds : the Communist Party of Australia from origins to illegality, St
Leonards (NSW), Allen & Unwin, 1999, 482 p.
2 Kerry Taylor, « Kiwi Comrades : the social basis of New-Zeland communism (1921-1948) »,
in Kevin Morgan(dir.), Agents of the revolution, Bern, Peter Lang, 2005 p. 265-287.

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3 Vladimir Léon, « Le Brahmane du Komintern », Documentaire, 128 minutes, INA et Caprici


Films, 2006.
4 John Patrick Haithcox, Communism And Nationalism In India : M.N. Roy And Comintern
Policy 1920-1939, Princeton, Princeton University Press, 1971 ; S.M. Ganguly,Leftism in India :
M.N. Roy and Indian Politics, 1920-1948,Columbia, Missouri, South Asia Books, 1984 ;
Samaren Roy, The twice-born heretic, M.N. Roy and Comintern, Calcutta, Firma KLM, 1986 ;
S.M. Ganguly,Manabendra Nath Roy : An Annotated Bibliography, Calcutta, K.P. Bagchi &
Co., 1993 ; Sobhandal Dutta Gupta, « M. N. Roy’s Critique of the Comintern : an Exercise in
Bukarinism ? », The International Newsletter of Historical Studies on Comintern, vol III,
n° 7-8, 1996, p. 165 sq (reproduction d’un article paru dans Calcutta Historical Journal,
n° 16-1, 1994) ; Michel Naumann, M.N. Roy (1887-1954), un révolutionnaire indien et la
question de l’universel. Le chat et les vaches sacrées, Paris, L’Harmattan, 2006, 187 p. ;
Satyabrata Rai Chowdhuri, Leftism in India, 1917-1947, Basingstoke, UK, Palgrave, 2007. Voir
également les mémoires de M-N Roy publiés en 1964 [M-N Roy, M-N Roy’s Memoirs, Bombay,
Allied publishers private ltd, 1964, 627 p. first edition].Enfin, voir Nicholas Owen, The British
Left and India : Metropolitan Anti-Imperialism 1885-1947, Oxford, OUP, 2007.
5 Mikhaïl Narinsky, Jürgen Rojahn (ed.), Centre and periphery. The history of the Comintern
in the lights of new documents, Amsterdam, International Institute of Social History, 1996 ;
Serge Wolikow (dir.) en collaboration avec Maurice Carrez, Michel Cordillot, Jean Vigreux,
Une histoire en révolution ? Du bon usage des archives de Moscou et d’ailleurs…, Dijon, EUD,
1996 ; Sobhanlal Datta Gupta, « The Comintern and the Indian Revolutionaries in Russia in
the 1920s’», Communist History Network Newsletter (CHNN), n° 13, 2002, p. 12-27.
6 Archives du RGASPI (Archives nationales russes d’histoire sociale et politique). La base
INCOMKA (20 000 pages d’inventaires, 220 000 dossiers, 1 000 000 d’images numérisées), réalisée
en partenariat entre les archives russes et le Conseil international des archives, permet de recenser
133 références sur M-N Roy, tant dans les instances de l’IC (Congrès, Praesidium, CEIC, etc.) que
dans le cadre du PC indien (voir, par exemple, RGASPI 495/68a et RGASPI 495/68). Cette base a été
consultée à l’Université de Bourgogne. Enfin, l’action de réseaux militants rendant accessibles sur
internet de nombreux textes de M-N Roy permet avec ses ouvrages publiés de disposer d’un corpus
d’une cinquantaine de textes afin d’aborder au mieux sa pensée et son analyse de l’impérialisme
britannique : http://www.marxists.org/archive/roy/index.htm (méritant il est vrai une scrupuleuse
vérification de traduction).
7 Michel Naumann, op. cit., p. 11.
8 Notice biographique parue dans Branko M. Lazitch, Milorad M. Drachkovitch, Biographical
dictionary of the Comintern, Stanford, Hoover Institution Press, 1986, p. 405-406.
9 Christopher Bayly, La naissance du monde moderne (1780-1914), Paris, Le Monde
diplomatique et les éditions de l’Atelier, 2007, p. 559.
10 Michel Naumann, op. cit., p. 22.
11 Voir Eric Hobsbawm, « Libéralisme et socialisme : le cas anglais » Genèses, n° 9, 1992
(Conservatisme, libéralisme, socialisme), p. 44-59.
12 Voir, Kumari Jayawardena, The white woman’s other burden : Western women and South
Asia during British, New York, Routledge, 1995.
13 Voir Lazar and Victor Kheyfetz, « Michael Borodin. The first Comintern-emissary to latin
america », The International Newsletter of Historical Studies on Comintern, n° 5/6, 1994-1995,
p. 145-149.
14 Lettre ouverte citée par Sibnarayan Ray, Selected Works of M-N Roy, Dehli, Oxford
University Press, 2000, vol. 1, p. 67-83.
15 Selected Works of M-N Roy, Dehli, Oxford University Press, 2000, vol. 1, p. 143. À ce
propos voir également, Michel Naumann, Fabien Chartier, La guerre d’indépendance de
l’Inde : 1857-1858, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 71-73.
16 Pierre Broué, Histoire de l’Internationale communiste (1919-1943), Paris, Fayard, 1997,
p. 158-170.
17 RGASPI, 489/1/13 : deuxième Congrès de l’IC, (Moscou, 19 juillet-7 août 1920), Thèses et
résolutions et Thèses, manifestes et résolutions adoptées par les Ier, IIe, IIIe et IVe congrès de
l’Internationale Communiste (1919-1923), Paris, Maspero, 1970.
18 Voir Serge Wolikow, « L’internationale communiste 1919-1943 », dans José Gotovitch,
Mikhaïl Narinsky (dir.), Le Komintern : l’histoire et les hommes. Dictionnaire biographique
des Kominterniens, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 2001, p. 15-92.
19 M-N Roy, M-N Roy’s Memoirs, op. cit., p. 312.
20 Brochure publiée en 1916, voir à ce propos Edward Hallett Carr, La Révolution
bolchevique, 1917-1923, volume 3, Paris, Éditions de Minuit, 1974, pp. 251-9.
21 RGASPI 489/1/6 : deuxième Congrès de l’IC, (Moscou, 19 juillet-7 août 1920). Voir
également « Thèses et additions sur les questions nationale et coloniale » dans Thèses,

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manifestes et résolutions adoptées par les Ier, IIe, IIIe et IVe congrès de l’Internationale
Communiste (1919-1923), Paris, Maspero, 1970, p. 57-60.
22 RGASPI 489/1/6: deuxième Congrès de l’IC, (Moscou, 19 juillet-7 août 1920).
23 Jean Elleinstein (dir.), Histoire mondiale des socialismes, tome 3, 1914-1928, Paris,
A. Colin, 1984, p. 174.
24 Propos repris par Samaren Roy, op. cit., p. 104.
25 M-N Roy, « The Liberalism of the British Labour Party », The Communist, June 3, 1922 ;
« L’impérialisme britannique contre le prolétariat de l’Empire (1924) », Cahiers du
bolchevisme, n° 7, 2 janvier 1925, p. 494-503.
26 Intervention de M-N Roy sur la question coloniale au Ve Congrès de l’IC, 1er juillet 1924.
27 Ibid.
28 Ibid.
29 M-N Roy, « L’impérialisme britannique contre le prolétariat de l’Empire (1924) », Cahiers
du bolchevisme n° 7, 2 janvier 1925, p. 497.
30 M-N Roy, India in Transition, Genève, Edition de la Librarie J. B. Target, 1922 et The
Future of Indian Politics, London, R. Bishop, s. d. [1927] ; trad. franç. La Libération nationale
des Indes, Paris, Éditions Sociales, s. d.
31 « L’impérialisme britannique contre le prolétariat de l’Empire », Cahiers du bolchevisme,
n° 7, 2 janvier 1925.
32 RGASPI, 495-68-12.
33 M-N Roy, M-N Roy’s Memoirs, op. cit., p. 391-392.
34 Voir Edith Chabrier, « Les délégués au Premier Congrès des peuples d’Orient », Cahiers du
monde russe et soviétique, volume 26, n° 1, 1985, p. 21-42.
35 Pierre Broué, op. cit., p. 181.
36 Voir Alfred Rosmer, « Les peuples de l’Orient au Congrès de Bakou », dans Moscou sous
Lénine, tome 1 1920, Paris, Maspero, 1970, chapitre 16.
Bülent Gökay, « Unholy Alliance : Muslims and Communists », Journal of Communist Studies
and Transition Politics, volume 25, issue, March 2009, p. 1-31.
37 Sobhanlal Datta Gupta, art. cit., CHNN, n° 13, 2002, p. 13.
38 Pierre Broué, op. cit., p. 275.
39 RGASPI 495/2/106 p 110-113.
40 RGASPI 495/2/160, p. 7.

Table des illustrations


Deuxième Congrès de l’IC, Moscou, 1920. Photographie de Viktor
Légende Bulla

URL http://journals.openedition.org/chrhc/docannexe/image/2075/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 164k
Légende Au IVe Congrès de l’IC en 1922
URL http://journals.openedition.org/chrhc/docannexe/image/2075/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 168k

Pour citer cet article


Référence papier
Jean Vigreux, « Manabendra Nath Roy (1887-1954), « représentant des Indes britanniques »
au Komintern ou la critique de l’impérialisme britannique », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire
critique, 111 | 2010, 81-95.

Référence électronique
Jean Vigreux, « Manabendra Nath Roy (1887-1954), « représentant des Indes britanniques »
au Komintern ou la critique de l’impérialisme britannique », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire
critique [En ligne], 111 | 2010, mis en ligne le 01 janvier 2013, consulté le 17 avril 2019. URL :
http://journals.openedition.org/chrhc/2075

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Auteur
Jean Vigreux
Professeur d’histoire contemporaine, Université de Franche-Comté, Laboratoire des Sciences
historiques EA 2273

Articles du même auteur


Introduction [Texte intégral]
Les conflits et conflictualités dans le monde britannique, 1815-1931
Paru dans Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 111 | 2010

Roger Bourderon, Rol-Tanguy [Texte intégral]


Paris, Tallandier, 2004, 768 p.
Paru dans Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 102 | 2007

Brochures communistes pour les paysans entre 1945 et 1958 [Texte intégral]
Paru dans Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 90-91 | 2003

Droits d’auteur

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