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(Requête no 18638/05)
ARRÊT
(Satisfaction équitable)
STRASBOURG
19 mars 2019
PROCÉDURE
1. À l’origine de l’affaire se trouve une requête (no 18638/05) dirigée
contre la République de Turquie et dont une ressortissante de cet État,
Mme Eftaliya İpseftel (« la requérante »), a saisi la Cour le 9 mai 2005 en
vertu de l’article 34 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme
et des libertés fondamentales (« la Convention »).
2. Par un arrêt du 26 mai 2015 (« l’arrêt au principal »), la Cour a jugé
que la privation de propriété sans indemnisation avait violé l’article 1 du
Protocole no 1 à la Convention (İpseftel c. Turquie, no 18638/05, 26 mai
2015).
3. En s’appuyant sur l’article 41 de la Convention, la requérante
réclamait une satisfaction équitable de 132 812 euros (EUR) à titre de
dédommagement du préjudice matériel, 30 000 EUR au titre du préjudice
moral et le remboursement des frais et dépens.
4. La question de l’application de l’article 41 de la Convention ne se
trouvant pas en état, la Cour l’a réservée et a invité le Gouvernement et la
requérante à lui soumettre par écrit, dans un délai de 6 mois à compter de la
notification de l’arrêt, leurs observations sur ladite question et notamment à
lui donner connaissance de tout accord auquel ils pourraient aboutir (ibidem,
§ 87 et point 3 du dispositif).
5. Tant la requérante que le Gouvernement ont déposé des observations.
EN DROIT
6. Aux termes de l’article 41 de la Convention,
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- que, compte tenu du fait que le second niveau disposait d’une surface de
25,10 m², la surface totale de la partie de la maison ayant appartenu au
de cujus de la requérante était de 47,33 m² ;
- que l’acte de cession établi par Ziya Duran faisait état d’une superficie
approximative de 50 m².
14. En ce qui concerne la valeur du bien, l’expert soutient avant tout que
le rapport d’expertise obtenu par la requérante est dénué d’objectivité, et ne
peut être pris en compte. En effet, non seulement celui-ci porterait sur
l’ensemble de la parcelle 6, et non sur la partie ayant appartenu au de cujus
de la requérante, mais en plus il ne prendrait en compte qu’un seul exemple
de bien à vendre pour évaluer la valeur du « bien » de la requérante.
15. Par ailleurs, il précise que le rapport d’expertise présenté par
l’intéressée a été obtenu de manière non-contradictoire et que la direction du
Trésor l’a contesté devant le tribunal en demandant une contre-expertise et
en fournissant deux exemples de vente de bien sur l’île. Le premier
concerne un bien de 54 m² constitué d’une maison en pierre sur deux
niveaux (îlot 255 parcelle 15) pour un prix de 30 000 TRY (environ
15 380 EUR en août 2010) et le second une maison de 42,40 m² (îlot 255
parcelle 20) pour 28 000 TRY (environ 14 350 EUR en août 2010).
16. L’expert du Gouvernement indique également qu’en septembre
2012, un bien de 46,37 m² constitué d’une maison en pierre sur deux
niveaux, et appartenant partiellement au Trésor, a été adjugé, lors d’une
vente aux enchères, pour 45 100 TRY (environ 19 600 EUR à la date de la
vente) par le service de l’exécution forcée.
17. Son rapport fournit en outre des exemples de biens à vendre sur l’île
dont les prix au mètre carré vont, selon le bien, de 966 TRY (environ
333 EUR à la date du rapport) à 2 510 TRY (environ 865 EUR à la date du
rapport).
18. Il précise par ailleurs avoir fait procéder à des estimations du
« bien » de la requérante par des agents immobiliers. La moyenne de celles-
ci se situe à 34 000 TRY (environ 11 700 EUR à la date du rapport).
19. Compte tenu de la situation, de l’état et de la superficie du bien, des
estimations faites par les agents susmentionnés et de l’état du marché
immobilier, l’expert estime la valeur du « bien » de la requérante à
35 000 TRY (environ 12 000 EUR à la date du rapport).
20. Sur le fondement de ce rapport, le Gouvernement invite la Cour à
rejeter les demandes de la requérante concernant la totalité de la parcelle 6
et le manque à gagner.
21. La requérante rétorque que le rapport qu’elle a soumis a été établi
par un expert recommandé par la chambre des ingénieurs en bâtiments de
Çanakkale et qu’il repose sur des critères objectifs.
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B. Appréciation de la Cour
26. La Cour rappelle que, dans son arrêt au principal, elle conclut à la
violation de l’article 1 du Protocole no 1, au motif que la requérante avait été
privée de l’espérance légitime de se voir reconnaître une partie de la
propriété de la parcelle no 6 (voir paragraphes 55, 57 et 59 de l’arrêt au
principal).
27. Prenant en compte l’ensemble des éléments qui lui ont été présentés
par les parties, la Cour estime raisonnable la somme de 13 000 EUR, au titre
du préjudice matériel.
28. En ce qui concerne le préjudice moral, la Cour estime raisonnable la
somme de 5 000 EUR, et l’accorde à la requérante.
29. Elle rappelle en outre que selon sa jurisprudence, l’allocation de frais
et dépens à un requérant ne peut intervenir que dans la mesure où se
trouvent établis leur réalité, leur nécessité et le caractère raisonnable de leur
taux (Staibano et autres c. Italie (satisfaction équitable), no 29907/07, § 30,
6 septembre 2018). Dès lors, elle octroie 275 EUR à la partie requérante,
somme qui correspond à la valeur actualisée des frais documentés.
30. La Cour juge approprié de calquer le taux des intérêts moratoires sur
le taux d’intérêt de la facilité de prêt marginal de la Banque centrale
européenne majoré de trois points de pourcentage.
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