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Nuit étoilée, Van Gogh, 1889, conservé au Musée d’Art Moderne de New York
Souvent présenté comme son grand œuvre, le tableau a été reproduit à de très nombreuses
reprises. Il est conservé au Musée d’Art Moderne (Museum of Modern Art - MoMA) à New York
depuis 1941.
Genèse de l'œuvre
À l'automne 1888, alors que Van Gogh réside à Arles, il réalise une peinture connue sous
le nom de Nuit étoilée sur le Rhône. Presque un an après, en juin 1889, il annonce « une nouvelle
étude d'un ciel étoilé ».
En mi-septembre 1889, après avoir été admis dans l'asile du monastère Saint-Paul-de-Mausole dû
à une crise de nerfs qui a duré de mi-juillet jusqu'à fin août, il inclut cette nuit étoilée dans un des
travaux qu'il envoie à son frère, Théo, à Paris.
Pour le peintre, « la nuit est beaucoup plus vivante et richement colorée que le jour ».
L'astrophysicien Jean-Pierre Luminet, a reconstitué que le ciel représenté dans le tableau
correspondait à la configuration céleste visible à Saint-Rémy-de-Provence, le 25 mai 1889, à 4:40
précisément.
Sujet de l’œuvre
L'œuvre rassemble à la fois une observation directe du sujet, et l'ajout d'éléments pour la
composition.
Le ciel occupe la majorité du tableau et est composé de volutes et de tourbillons rappelant
des nébuleuses. Les étoiles et la lune sont entourées par des touches de peinture créant ainsi un
halo. La Lune est visible en haut à droite, Vénus étant représentée à droite du cyprès.
La partie centrale du tableau représente le village de Saint-Rémy-de-Provence vu depuis la
chambre de Van Gogh dans l'asile du monastère Saint-Paul-de-Mausole, en direction du nord.
Cependant le clocher de l'église est de style hollandais.
Les Alpilles apparaissent au loin à droite de la toile. Les collines intermédiaires ne
correspondent toutefois pas à la vue réelle depuis l'asile et semblent avoir été rapportées d'un autre
point de vue, en direction du sud.
Le cyprès, au premier plan dans la partie gauche de la toile, a été ajouté pour la
composition.
L'air dans ce tableau est représenté par les nuages qui suivent le chemin des étoiles.
Pour Jean-Pierre Luminet, le tourbillon figuré dans le ciel du tableau, pourrait aussi avoir
été inspiré par Van Gogh par les nébuleuses dont, en 1845, William Parsons découvrit qu'il
s'agissait de galaxies spirales et dont on donnait, à l'époque de la genèse du tableau, les premières
représentations picturales dans les revues d'astronomie. Luminet évoque en particulier la galaxie
dite du Tourbillon.
Technique
Le tableau est une huile sur toile et on peut observer 4 détails à la loupe.
1. Le ciel étoilé
Aussi lumineuse qu’un soleil, la lune est éblouissante. On remarque cependant qu’elle
garde cette lumière dans un espace assez restreint. Van Gogh privilégie ici l’aspiration et non la
projection de cet éclat nocturne. Le ciel s’anime dans un camaïeu de bleus à la fois grandiose et
terrifiant. Voilà qui contraste fortement avec le jaune doré des étoiles et de la lune. Au total, ce
sont 11 étoiles qui composent ce ciel saint-rémois. « Certaines étoiles sont citronnées, d’autres ont
des feux roses, verts, bleus, myosotis » écrit le peintre à sa sœur.
2. La spirale infernale
Parmi toutes les arabesques qui composent cette Nuit, Van Gogh a concentré toute la
circularité au centre de son tableau. La plus importante des spirales paraît traduire et retranscrire
l’apogée de sa pathologie.
Pathologie ou accès de créativité sans précédent ? Car Van Gogh était particulièrement
inspiré par l’art japonais et notamment les estampes dans lesquelles on retrouve régulièrement des
spirales refermées sur elles-mêmes et des aplats de couleur.
3. Le cyprès déchaîné
La torpeur s’empare de cet arbre typique du Midi de la France. Les branches se meuvent
comme des vagues. Loin de toute quiétude, elles agissent en écho à tout cet environnement torturé
et sinueux. Ce cyprès, que l’on apparenterait à des flammes, est un ajout personnel de Van Gogh.
4. Le petit village
Malgré l’heure supposée tardive, des sources lumineuses apparaissent en provenance des
habitations. Derrière les maisons se trouve une église dont le clocher subit les mêmes affres que
les autres éléments de la toile. La pointe du clocher semble être aspirée par les volutes célestes.
Par-delà le village représentant Saint-Rémy-de-Provence – créé par Van Gogh – se dessinent les
Alpilles, massif montagneux qu’il aperçoit depuis sa fenêtre.