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Deuxième Edition
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Domination
Ottomane
EArménie Martyre
par
FAIZ EL-GHASSEIN
Notable bédouin de Damas
DOMINATION OTTOMANE
La
Domination
Ottomane
Etude publiée par The Round Table
GENÈVE
IMPRIMERIE ATAR, RUE DE LA DOLE, 11
1917
.M
LA
DOMINATION OTTOMANE
CHAPITRE PREMIER
Quand le président Wilson demanda aux bel-
ligérants d'exposer leurs buts de guerre, les Al-
liés déclarèrent qu'ils voulaient jeter les Turcs
hors d'Europe et libérer les peuples soumis an-
Croissant. Ils proclamèrent l'Empire ottoman
« complètement étranger à la civilisation occi-
dentale » et qualifièrent de « sanglante tyran-
nie » ses méthodes de gouvernement. Si on veut
bien les examiner de près, on constatera que
ces accusations sont absolument fondées et que
la solution proposée est la seule qui puisse
mettre fin au déplorable état de choses du passé.
Et si ces accusations sont fondées, il va de soi
que la solution que souhaitent les Alliés est
absolument incompatible avec le maintien du
statu quo en Turquie. Il importe donc de se ren-
dre compte de ce qu'était le régime turc avant
la guerre et de ce qu'il est devenu le jour où
la Turquie a lié partie avec les Empires cen-
traux.
L'examen de n'apprend pas
la carte politique
grand'chose. Le territoire qui porte le nom de
Turquie est circonscrit et colorié tout comme
», ou celui qui a nom
celui qui s'appelle « Italie
< France », ou celui que couvrent les mots
< Grande-Bretagne ». Et comme une proposi-
tion qui tendrait à morceler le territoire de ces
derniers pays serait regardée par le monde en-
tier comme un crime politique, de même l'idée
de toucher au territoire turc apparaît à ceux
qui ne connaissent que la carte comme étant à
tout le moins un acte d'agression. La différence
entre ces deux cas n'est point de celles qui frap-
pent d'emblée la vue, qui apparaissent néces-
sairement à qui a des yeux; elle doit être expli-
quée et comprise.
Comment ces différents territoires se sont-ils
constitués? Comment se sont formées ces éten-
dues compactes teintes d'une couleur uniforme
sur les cartes? Comment, en d'autres termes, ont
été créés ces Etats qui ont aujourd'hui la pré-
tention d'être des < blocs » auxquels on ne sau-
rait porter la main? Toute la différence entre
la Turquie d'une que nous
part et les trois Etats
venons de nommer de l'autre réside dans les ori-
gines. Ces derniers sont des Etats nationaux.
Leur droit à l'existence et à l'intégrité est fondé
sur le commun désir de leurs habitants de vivre
d'une vie politique commune, de former ensem-
ble un Ces habitants éprouvent ce désir,
Etat.
parce qu'ils sont venus ensemble dans la contrée
à une époque où elle était encore déserte et in-
habitée —
c'est le cas notamment des Améri-
cains — ou bien parce que vivant jadis désunis
dans le pays, luttant les uns contre les autres, ils
ont fini pas se tendre la main autour d'un idéal
politique commun, — ce dernier mode d'agréga-
tion fut celui de l'Italie, à l'époque du « Risorgi-
mento », — ou bien encore parce que le territoire
primitif s'agrandit peu à peu par des conquêtes
ou des héritages et que, l'esprit démocratique
se développant à mesure que s'étendaient les
frontières, les anciens et les nouveaux citoyens
ne tardèrent pas à former entre eux une commu-
nauté politique assurant à tous les mêmes droits.
C'est de ce processus que sont nées la France
et l'Angleterre. Aucune de ces formules n'est ap-
-2
— 18 -
sédés de leurs biens, le pays terrorisé. La gen-
darmerie ottomane ne prit jamais aucune me-
sure sérieuse pour mettre fin à ces abus. De
temps à autre, elle saccageait une localité, sous
prétexte que les bandits y avaient trouvé pro-
tection. A un moment donné, l'anarchie et le
banditisme sévissaient à un tel point en Macé-
doine que les Etats indépendants des Balkans
s'en émurent et que l'on fut à deux doigts de
la guerre. La tension entre les grandes puis-
sances de l'Europe, qui craignaient qu'une con-
flagration dans les Balkans ne mît en péril
l'équilibre politique de l'Europe, causa à diver-
ses reprises un malaise dont la génération ac-
tuelle a conservé le souvenir. Les deux guerres
des Balkans qui se produisirent après la dépo-
sition d'Abdul-Hamid furent les conséquences
directes de la politique de ce misérable, égale-
ment responsable de certains conflits qui sont
à l'origine de la guerre actuelle. La politique
d'Abdul-Hamid en Macédoine fut exécrable.
Elle n'avait qu'un but maintenir sous la domi-
:
CHAPITRE II
* * *
CHAPITRE III
3
— 34 —
événement historique abondent en détails pro-
bants les souhaits de bienvenue aux vain-
:
Le 1 er
septembre 1916, le roi Constantin a
accordé une interview à un correspondant de la
Presse associée, interview qui contient le pas-
sage .suivant :« Sa Majesté a parlé avec une
particulière anxiété du sort qui ne manquerait
pas d'être celui de plus d'un million de Grecs
habitant l'Asie Mineure et la Thrace si la Grèce
venait à être entraînée dans une guerre contre
la Turquie. Elle a exprimé les sentiments de
tristesse que lui inspire la pensée que tous ces
malheureux compatriotes, hommes, femmes et
enfants, subiraient le destin des Arméniens si
CHAPITRE V
La faillite de la Jihad
4
— 50 —
analogues à ceux que commirent, en Belgique
et en France envahie, les hordes teutonnes dé-
chaînées. Les Kurdes ont ravagé l'Arménie par
le fer et le feu, pillant, violant, martyrisant, se
montrant en ceci les dignes émules des sou-
dards prussiens.
Mais, par contre, les populations arabes,
exaspérées, ont résolu de se soustraire à ja-
mais au joug de Constantinople. D'après les
dires des prisonniers turcs capturés par les
troupes britanniques, le mécontentement parmi
les soldats ottomans serait très grand; ils sont
mal payés et mal nourris. De fréquentes révol-
tes ont éclaté à Constantinople et dans d'autres
villes; elles prouvent irréfutablement que la si-
tuation intérieure est très critique.
Le comité Union et Progrès conduit le peuple
turc à l'abîme; la prédiction d Abdul-Hamid se
réalise...
Les jours de l'Empire ottoman sont comptés;
toutefois,une réaction puissante pourrait se
produire, car le monde, a déjà assisté à une ré-
volution turque et il se peut que cette révolution
ne soit pas la dernière.
-51 —
CHAPITRE VI
Le Turc chevaleresque 1
4
Traduit à^Times du 20 février 1917.
— 52 —
cie faim et de long des routes arides,
soif, le
leurs infortunés prisonniers britanniques. Cer-
tains de ceux-ci, qui échappèrent par miracle
à cette mort atroce, succombèrent de froid dans
les prisons malsaines, où ils furent condamnés
à croupir dénudés, privés de soins médicaux et
du plus élémentaire confort.
* * *
* * *
Jeunes^Turcs et Vieux-Turcs
Partout où ils ont passé, les Turcs n'ont
laissé que des ruines, et cependant ils sont les
héros souriants des plus jolies légendes enfan-
tines; ils ont bouleversé deux civilisations, la
civilisation chrétienne et la civilisation musul-
— 54 —
mane, et cependant, les proverbes « turcs »,
d'une spirituelle sagesse, sont connus dans le
monde entier. Les Turcs sont des hôtes préve-
nants, pleins d'attention, affectionnant la bon-
homie s'ils sont les maîtres ou les propriétaires,
mais ils sont de détestables régisseurs; ils sont
dépensiers et qui plus est gaspilleurs, et — dé-
férence parler — rancuniers comme des cha-
meaux.
* * *
* * *
« Détruire! »
S'il est vrai que les Turcs dégénérés du XVI e
,
XVII e
et XVIII e
ne produisirent rien,
siècle
il faut reconnaître qu'ils permirent à d'autres
* * *
* * *
* * *
* * *
# * *
— 61 —
Nous devons reconnaître com-
qu'il a réussi
plètement à duper l'opinion voici deux ans et
:
Chapitre premier 5
Chapitre II
Les Turcs en Europe . . * 28
Chapitre III
Les Turcs en Asie 33
Chapitre IV
La Turquie et les Grecs d'Anatolie . , . . 38
Chapitre V
La faillite de la Jihad ........ 46
Chapitre VI
Le Turc chevaleresque 51
Jeunes-Turcs et Vieux-Turcs 53
Le crédo de la Jeune Turquie 57
V Arménie
Martyre
par
FAIZ EL-GHASSEIN
Notable bédouin de Damas
INTRODUCTION
Faiz el-Ghassein.
LE
MARTYRE DE L'ARMÉNIE
1
Probablement des Turcs et des Kourdes (Note du trad.).
- 77 -
6
- 82 —
d'Urfa, pleines de femmes et d'enfants, indi-
quaient assez ce qui allait se passer. Les Ar-
méniens refusèrent donc de livrer leurs armes
et firent même une vraie résistance, tuant un
agent et trois gendarmes. Les autorités ayant
aussitôt demandé des renforts à Alep, sur
l'ordre de Djemal pacha —
le bourreau de la
Syrie, —Zakhry pacha arriva avec de l'artille-
rie. Il détruisit complètement les quartiers ar-
— 86 —
Puis on annonça qu'ils avaient été mis à mort
par des brigands. On se débarrassa d'eux pour
que l'on ne puisse pas dire que les Arméniens
sont plus instruits et plus intelligents que
les Turcs.
Zohrab et Vartakis tombèrent victimes de
leur courage et de leur volonté inébranlable de
réaliser ce qu'ils croyaient être bon. Ils ont été
massacrés par jalousie ils ont été massacrés
;
1
Littéralement, compagnies de soutien.
— 95 —
commandant de la gendarmerie d'avoir à exé-
cuterun décret impérial prescrivant de les
diriger sur Mossoul, où ils seraient bannis
jusqu'à la fin de la guerre. —
Cette nouvelle
parut les réjouir vivement. On leur procura
tout ce dont ils avaient besoin en fait d'argent,
d'effets d'habillement, de vivres, et on les em-
barqua, à destination de Mossoul, sur des ke-
leks (radeaux faits de bois et de peaux de bêtes,
utilisés par les indigènes pour la navigation
sur l'Euphrate et le Tigre). Cependant, après
quelques jours, nous acquîmes la conviction
que tous ces malheureux avaient été délibéré-
ment noyés dans le Tigre, et qu'aucun d'eux
n'avait réussi à atteindre cette dernière ville.
Quant aux autorités de Diarbékir, elles conti-
nuèrent à persécuter les Arméniens, massa-
crant indifféremment hommes, femmes et en-
fants, bannissant des familles entières, dont
celles des Kazaziân, Tirpanjiân, Minassiân et
Kechijiân, qui comptaient parmi les plus for-
tunées de la région. Sept cents individus furent
emprisonnés, dont un évêque catholique nom-
mé — pour autant que je m'en rappelle —
Homandrias ; les autorités ne respectèrent
même pas les cheveux blancs de ce savant vé-
nérable, âgé de près de quatre-vingts ans il ;
DikrÔM. —
Cet homme était membre du co-
mité central de la Société Tashnaksit, dont le
siège était à Diarbékir. Un fonctionnaire de
cette ville, appartenant à la Société Union et
Progrès, me raconta que les autorités locales
firent mettre Dikrân en état d'arrestation et le
sommèrent de dévoiler le nom de ses collègues.
Il refusa, prétendant qu'il ne se plierait à cette
Agob Kaitanjiân. —
Akob Kaitanjiân était
un de ces Arméniens emprisonnés pour avoir
été, selon l'acte d'accusation, du nombre des
assassins aux gages de la Société arménienne ;
7
- 98 -
restation, d'une certaine quantité d'explosifs.
J'ai eu plusieurs fois Poccasion de m'entretenir
avec lui, et le priai deme narrer son histoire.
Ilme raconta qu'un jour, alors qu'il était tran-
quillement assis chez lui, un agent de police
frappa à sa porte et lui annonça que le chef de
la police désirait qu'il passât à son bureau. Il
se rendit à cette invitation, et là, il eut à subir
de la part de divers policiers un interrogatoire
roulant sur la Société arménienne et ses bravi
(ad libitum : assassins à gages). Ayant déclaré
qu'il ignorait absolument celle-ci comme ceux-
là, roué de coups et soumis à de telles
il fut
tortures qu'il résolut de se suicider plutôt que
de continuer à souffrir. En conséquence, il de-
manda l'autorisation de se rendre au W.-C,
assurant qu'il parlerait dès son retour. Bien
qu'il fût étroitement surveillé, il parvint à dis-
simuler un canif de poche, à l'aide duquel il
s'ouvrit les artères des poignets, dans le but
de mettre fin à ses jours. Lé sang gicla; Agob
Kaitanjiân tenta de regagner le bureau de po-
lice, mais s'évanouit sur le seuil. Ses gardiens
1
J'omets ici un épisode paru dans l'original (Note du trad.)
- 99 -
catrisées.
Telle est la relation fidèle du me fut
récit qui
fait par Agob Kaitanjiân. Celui-ci me demanda
de la publier dans le arménien Le
journal
Pays Amérique, de façon
natal, qui paraît en
à ce qu'elle puisse peut-être tomber sous les
yeux de son frère Garabed, lequel s'exila dès
qu'il eut acquis la conviction que le Gouverne-
ment ottoman n'épargnerait aucun de ses com-
patriotes.
D'autre part, j'ai eu l'occasion de m'entrete-
nir avec de nombreux jeunes gens arméniens,
emprisonnés, eux aussi, et nous parlâmes lon-
guement de certains agissements dont se rendit
coupable le gouvernement ottoman et qui sont
uniques dans l'histoire des nations.
Ces adolescents furent appelés à comparaître
devant le conseil de guerre de Kharpout ;
1
J'omets ici quelques remarques se rapportant à ce dernier
détail (Note du trad.).
— 107 —
lectuels arméniens servent aujourd'hui à em-
baller le fromage ou les dattes, et l'on m'a dit
qu'un haut fonctionnaire s'était récemment
rendu acquéreur de trente volumes de littéra-
ture française pour la somme infime de 50
piastres. Leurs écoles, autrefois si fréquentées,
ont fermé leurs portes. Telle est l'agonie misé-
rable de la race arménienne Puisse cet exem-
!
Barsoum agha. —
Pendant mon séjour
dans la province de Kiaktha Vilayet —
de Kharpout, —
je fis la connaissance d'un
Arménien, un notable de cette localité,
nommé Barsoum agha. C'était un homme de
mérite courageux, traitant avec la même
et très
cordialité les Kourdes, les Turcs ou les Armé-
niens il témoigna beaucoup d'affabilité aux
;
et de soif —
le plus âgé n'avait pas plus de
treize ans. « Nous n'avions avec nous, me dit
l'Arabe, qu'une petite gourde d'eau et quelques
vivres. A la vue des enfants, le scheik s'apitoya
et il leur donna, de ses propres mains, de l'eau
et quelque nourriture. Mais de quel secours
pouvait leur être un si faible appoint? Nous
nous dîmes que si nous les prenions avec nous
chez le pacha, ils seraient tués, puisque les
Kourdes massacraient tous les Arméniens par
— 115 —
ordre des autorités et d'autre part, nos Arabes
;
pas de la mort.
CONCLUSION
Si Ton demandait au gouvernement turc les
raisons pour lesquelles a été entreprise cette
campagne d'extermination contre le peuple ar-
ménien, pourquoi des hommes, des femmes et
des enfants ont été massacrés, pourquoi leurs
biens ont été livrés à ceux qui voulaient bien
s'en emparer, pourquoi ils ont été déshonorés
et bafoués, il répondrait que les Arméniens
ont assassiné des mahométans dans le vilayet
de Van, qu'on a trouvé dans leurs maisons des
armes, des explosifs et des documents indi-
quant qu'ils conspiraient en vue de la forma-
tion d'un Etat indépendant, qu'ils en avaient
déjà choisi les emblèmes, bref, que la race ar-
ménienne n'avait abandonné aucune de ses
aspirations séparatistes, qu'elle était toujours
prête à la révolte, et que sesregards étaient
toujours tournés vers la Russie, l'ennemie
héréditaire de la Turquie. Voilà ce que dirait
le gouvernement turc. Je me suis renseigné
sur la valeur de tous ces arguments. J"ai inter-
rogé des habitants et des fonctionnaires du dis-
trict de Van pour savoir si vraiment des maho-
métans avaient été tués par des Arméniens
9
- 130 —
dans la ville de Van ou ailleurs dans le vilayet.
Tous m'ont répondu négativement, disant que
le gouvernement avait ordonné à la population
de quitter la ville avant l'arrivée des Russes et
avant qu'il y eût une seule victime qu'il avait
;
dre responsables.
— 131 —
A Constantinople. on n'a entendu parler
d'aucun crime ni d'aucun acte contraire aux
lois dont les Arméniens fussent coupables,
sauf l'histoire des vingt braves que nous avons
relatée, mais qui n'est confirmée par aucun
document digne de foi.
Les Arméniens se sont tenus absolument
tranquilles dans les vilayets de Kharpout, de
Trébizonde, de Sivas, d'Adana et de Bitlis, ainsi
que dans la province de Moush.
J'ai raconté ce qui s'est passé à Zeïtoun. Ce
fut une affaire sans importance. A Urfa, s'ils
se sont défendus, c'est qu'ils étaient en état de
légitime défense. savaient ce qui était arrivé
Ils
à leurs compatriotes, préférant mourir que de
se rendre.
L'allégation suivant laquelle les Arméniens
se tenaient sur leurs gardes, qu'ils avaient des
armes, des bombes, et même un ou plusieurs
drapeaux, n'est peut-être pas dénuée de tout
fondement. Mais, en admettant même qu'elle
fût partiellement juste, elle ne saurait justifier
l'extermination, dans les conditions de cruauté
que l'on sait, de milliers et de milliers d'hom-
mes, de femmes, de vieillards et d'enfants,
extermination qui fut un crime à Tégard de
l'humanité et que le monde mahométan con-
damne — contrairement à ce que pensent ceux
qui ne connaissent pas le monde oriental et
qui rendent la religion responsable du crime
de quelques-uns.
A ceux qui seraient portés à douter de ce
132 —
que nous venons d'avancer, il nous suffira de
1
Faiz El-Ghassein donne ici une série de citations tirées du
Coran et rappelle des faits historiques qui prouvent, en effet, la
justesse de ses appréciations. — {Le Traducteur).
— 136 —
PIslam. Un gouvernement qui prétend être le
protecteur de la religion, un gouvernement qui
représente une partie de l'autorité religieuse,
ne peut pas, ne doit pas fouler aux pieds les
principes mêmes sur lesquels se fonde son au-
torité. Et s'il le fait néanmoins, c'est que, pré-
cisément, il n'est pas le gouvernement à qui
doit obéir le monde mahométan et que la loi
ne lui permet pas de prétendre à cette qualité.
Les mahométans se doivent à eux-mêmes de
se désolidariser d'avec un gouvernement de
cette espèce et de ne pas se laisser gouverner
par des gens qui enfreignent délibérément les
lois divines, les règles du Coran, les ordres de
Mahomet, les traditions du pays, et qui fait
verser le sang de femmes, de vieillards et d'en-
fants à qui on ne peut reprocher aucune faute.
S'ils ne protestent pas, ils se font les complices
des assassins et se rendent coupables du plus
grand des crimes qu'enregistre l'histoire.
Enfin, je voudrais me tourner vers les puis-
sances de l'Europe et leur dire que ce sont
elles qui ont permis au gouvernement turc
d'accomplir ses noirs desseins. Elles le con-
naissaient, elles savaient de quoi il était capa-
ble, elles l'ont vu plus d'une fois à l'œuvre
dans le passé, mais elles n'ont rien fait pour
empêcher la catastrophe.
Complété à Bombay, le 3 septembre 1916.
Faiz El-Ghassein.
—
IMPRIMÉ EN SUISSE
L'BRARY OF CONGRESS
il