Professional Documents
Culture Documents
Hoàng-sy-Quy Hoàng-Son. Les Upanisad sont-elles une interprétation de données mystiques ? A propos de l'hypothèse de M.
R. C. Zaehner dans « At Sundry Times ». In: Revue de l'histoire des religions, tome 174 n°1, 1968. pp. 27-37.
doi : 10.3406/rhr.1968.9202
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1968_num_174_1_9202
C J
1) London, éd. Faber ;md Faber, 1958. Sa traduction française a été faite
par E. Meyerovitch, sous le titre de Inde, Israël, Islam, religions mystiques el
révélations prophétiques, Desclče do Brouwer, I960.
•21; F. p. 97 ; Л. р. Ж
H) F, p. \)C ; A, p. .47.
"28 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
* *
D'abord, M. Zaehner ne semble pas voir les dilîérences
qui existent entre les expériences des sages hindous et celles
de tout homme de la rue.
11 prend soin en premier lieu de répartir la mystique en
général entre deux tendances principales : celle que repré
sentent le Sâmkhya-Yoga et Proust d'une part, et celle que
représentent les Upaniçad (en général) et Tennyson d'autre
part. Selon la première, l'âme se sent isolée du monde et du
corps1 ; et, selon l'autre, l'Ame s'identifie avec le Tout et se
perd en lui2.
Il identifie ensuite lesdites « expériences » des Upanisad :
«Brahman est Réalité, Connaissance, Infinitude » (TU, II, 1.1),
« Tu es Cela » fChU, VI, 8.6 sq.), « Je suis Brahman » (BÀU,
I, 4. 10), avec celles de Dorothea Spinney de Felden : « ... jus
qu'à ce que je semblât être Cela, et Cela semblât être je...
J'ai touché le Réel et ce qui est toujours Là »3.
Enfin, Zaehner semble attribuer à une même cause les
expériences upanisadiques et celles de toutes ces personnes
non initiées citées. Son texte laisse entendre que cette cause
consisterait en une dépression psycho-mentale :
« Les Indiens s'efforçaient de systématiser une expérience
pouvant advenir à n'importe quelle personne, expérience
qui arrive fréquemment à des gens passant par la phase
maniaque d'une psychose maniaco-dépressive, et qui peut
éventuellement être produite artificiellement par l'usage des
drogues »4.
* **
1) F, p. 97; A, p. 37.
2) F, p. 106 ; Л, p. 44.
!)() hevt'k dp: l'histoirk dks hrlicions
1) Bhâmatî.
2) VI, 41-46.
3) Où une disposition spirituelle est toujours requise.
LES IPAMSAI) .51
* **
La négation progressive du « terrestre » dans les Upanisad
a commencé avec l'assimilation de l'essence de l'homme par
l'essence cosmique, et avec la science « négative » qui concerne
cette dernière. Tout cela a commencé avec les Veda et les
Brâhmana.
Comme dans les Upanisad, l'essence cosmique védique
présente parfois une double face : manifesté (vyakla) et
non-manifesté (avyakta). L'hymne X, 90 du Rg-veda décrit
le purusa primordial dont le quart constitue le monde et dont
les trois autres quarts dépassent ce monde.
Les textes rituels décrivent deux genres de sacrifices :
le sacrifice parlé et le sacrifice silencieux. Le premier corres
pond à l'aspect manifesté, exprimable d'un dieu suprême,
le second correspond à son aspect indéfini et indescriptible.
Les deux sacrifices sont par conséquent complémentaires.
Dans le rite de l'édification de l'autel du feu (ngnicayana),
le sable se répandra également hors de l'autel, en l'honneur de
la partie indéterminée de Prajâpati (SB, VII, 3. 1 .42). Avant
1) Ainsi dans SB, IV, Г>. 0.2-3 : пдгауапа (un des modes d'extraction du
Soma) est identifié avec le Soi ; ensuite, Prajâpati, qui est le «lieu à qui l'on offre,
est identifié lui aussi avec le Soi, alors que rjraha (coupe, du Soma) est identifié
avec prána.
Finalement, au verset s, le morulu entier (jagal) est à son tour dit être le Soi.
34 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
* **
ABRÉVIATIONS