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La linguistique comparée

La linguistique historique naît avec August Schleicher, qui s'inspire de la méthodologie de


Charles Darwin concernant l'évolution. Au-delà de la comparaison entre langues proches, il
cherche à établir l'indo-européen comme langue-mère (Ursprache) ; il introduit en
linguistique le schéma en forme d'arbre généalogique.

Les Allemands pionniers du domaine:

Schleicher et l'Indo-européen: Schleicher aura été le premier linguiste à s'attaquer


sérieusement à la reconstitution des parlers indo-européens.

Les exigences scientifiques de Schleicher ne se limitaient pas à regrouper des mots de chaque
langue selon une racine originelle commune, par une quête romantique des origines : il
s'agissait de ramener la diversité des formes à une règle unique, méthode qui retira au sanskrit
le statut de langue-mère, pour constituer l'indo-européen comme état de la langue avant la
ramification des parlers.

IL était très attentif à ce point et composa même une brève fable dans cette langue
reconstruite. L’œuvre de Schleicher a marqué les Études indo-européennes de triple façon :
d'abord on lui doit la convention de marquer d'une astérisque les formes reconstituées ;
ensuite Schleicher a le premier produit un arbre historique des langues indo-européennes. Les
règles de mutation phonétiques partout citées sont inscrites sur l'arbre de Schleicher ; enfin,
c'est un illustre disciple de Schleicher, August Leskien, qui a fondé l’École des
Néogrammairiens à Leipzig.

Au XXe siècle, le hittite et le tokharien (les deux éteints) sont ajoutés à la famille de langues
d'abord indo-germanique, maintenant nommée indo-européenne.

Franz Bopp: 1791 1867) est un philologue et linguiste allemand

En 1812, Franz Bopp partit pour Paris. Là, avec l'aide de Chézy, de Silvestre de Sacy, de
Schlegel et d’autres, il put consulter les livres et les manuscrits utiles à la rédaction de sa thèse
révolutionnaire, Du système des conjugaisons de la langue sanskrite, comparée à ceux du
grec ancien, du latin, du vieux-perse et du proto-germanique, préfacée par son maître
Windischmann et publiée en 1816 à Francfort-sur-le-Main. Ce petit livre d’à peine 160 pages
marqua l’acte de naissance de l’indo-européen en tant qu’objet de science ; Franz Bopp passe
pour son découvreur.

Dans son Conjugationssystem, Bopp, s'appuyant sur les structures verbales de ces langues,
démontrait leur parenté historique, déjà pressentie par l’orientaliste anglais William Jones. Par
la suite, il élargit le cercle des langues indo-européennes pour y inclure les slave, le lituanien,
l’albanais et l’arménien.

Méthode de travail: La principale méthode de travail repose sur la comparaison, entre les
différents états d'une même langue ou entre des langues différentes mais issues d'un même
ancêtre. Elle permet, en relevant des concordances régulières phonétiques, syntaxiques et,
plus rarement, sémantiques, d'établir des parentés entre les langues. Elle a donc comme
premier objet d'étude les similarités formelles révélées par ces comparaisons. C'est la
linguistique comparée qui permet donc d'établir l'existence des familles de langues qu'on dit
alors liées par des relations génétiques ; elle étudie ainsi :

· comment une langue-mère donne naissance à ses langues filles ;


· la nature des liens entre la langue-mère (parfois disparue) et les langues-filles ;
· les innovations et les similarités qui subsistent entre les langues-filles elles-mêmes,
etc.

La linguistique comparée permet de savoir que bien que d'apparence très proches (par
l'écriture et le lexique), deux langues comme l'arabe et le persan n'ont aucun lien de parenté,
mais que ce dernier est de la même grande famille que le français ou encore, plus
lointainement, l'islandais.

La linguistique comparée s'intéresse donc avant tout aux évolutions connues par ces langues
au cours de leur histoire, qu'elles soient sémantiques, phonétiques, phonologiques, lexicales,
syntaxiques, etc. La branche la plus importante de la linguistique comparée est cependant la
phonétique historique, seule discipline portant sur des évolutions que l'on peut décrire de
manière formelle et objective et seule encore permettant d'affirmer qu'un mot B provient bien
d'un mot A ou que des mots B, C et D sont tous dérivés d'un étymon commun A et sont donc
liés historiquement. L'étymologie est, en sorte, le résultat d'une démarche comparative : c'est
par une telle démarche qu'il faut passer pour savoir qu'un mot français comme legs ne vient
pas, malgré la graphie fautive due à l'étymologie populaire, de léguer mais de laisser. La
reconstitution d'étymons à l'origine de mots tirés de différentes langues sœurs, quant à elle,
demande une démarche comparative encore plus forte. Il faut en effet trouver le signifié
originel d'un terme à partir de ses résultats dans les langues en question, signifié originel qui,
en se transmettant dans des langues dont l'évolution est autonome (et l'on sait que l'évolution
sémantique ne suit aucune règle précise), a pu se modifier dans des proportions importantes.

Autre l'établissement de familles de langues, la linguistique comparée permet surtout la


reconstruction d'une langue-mère préhistorique (c'est-à-dire non attestée directement au moins
par l'écriture) au moyen des seules traces qu'elle a laissées dans ses langues filles historiques
(traces qui sont les points de convergence des différentes similitudes). Elle autorise à
reconstituer, de manière parfois floue et supposée, mais toujours en suivant des méthodes
scientifiques, des ancêtres lointains comme l'indo-européen ou le chinois archaïque (pour ce
dernier, si c'est une langue d'époque historique, son système phonétique et phonologique est
cependant dissimulé par l'écriture chinoise ; ainsi, la phonétique historique comble ces
lacunes). Le postulat principal est le suivant : si, dans des langues A, B, C, et D qu'on sait
génétiquement liées, on retrouve par comparaison une caractéristique donnée (lexicale,
morphologique, phonétique, etc.), il est probable que cette caractéristique provienne de la
langue-mère. C'est par le recoupement de toutes ces caractéristiques partagées que l'on peut
obtenir une image lointaine de la langue-mère, le grand nombre de points communs
permettant de rejeter la possibilité d'une stricte coïncidence (comme les mots faussement
apparentés).

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