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Chantal Mouffe
L’ILLUSION DU CONSENSUS
Albin Michel, 2016, 198 p., 17,50 €
La parution de ce livre important de philoso-
phie politique, onze ans après sa publication
en langue anglaise, est une bonne nouvelle. Le
titre choisi pour la version française diffère
sensiblement de l’original (On the Political),
sans doute pour exprimer la thèse principale :
« le fait de concevoir le but d’une politique
démocratique en termes de consensus et de
réconciliation n’est pas seulement erroné
conceptuellement mais dangereux politique-
ment ». Pour l’auteure, c’est seulement lorsque
la dimension d’antagonisme du politique est
réellement prise en compte que la politique
démocratique peut fonctionner. Chantal
Mouffe insiste sur le fait qu’une démocratie
réelle ne mettra jamais tout le monde d’accord ;
il faut renoncer en la croyance d’un consen-
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sus rationnel universel. Ainsi, « plutôt que
d’essayer de concevoir des institutions qui, à
travers des procédures prétendument « impar-
tiales », résoudraient tous les conflits d’intérêts
et de valeur, les théoriciens de la démocratie
et les hommes politiques devraient travail-
ler à la création d’un vibrant espace public
« agonistique » de contestation, où différents
projets politiques hégémoniques pourraient
s’affronter. S’affronter sans se massacrer, dans
le respect de l’État de droit et des institutions
démocratiques. Car il est essentiel de passer du
modèle (antagoniste) « ami/ennemi », tel que
pensé par Carl Schmitt, à un modèle (agonis-
tique) de confrontation entre « adversaires ».
Un affrontement ainsi cadré permettrait de