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26/5/2016 Emmanuel Lévinas­Maurice Blanchot, penser la différence ­ Viens – Me voici.

 Derrida entre Blanchot et Levinas ­ Presses universitaires de Paris O…

Presses
universitaires
de Paris
Ouest
Emmanuel Lévinas­Maurice Blanchot, penser la
différence  | Éric Hoppenot,  Alain Milon

Viens – Me voici.
Derrida entre
Blanchot et
Levinas
http://books.openedition.org/pupo/929#access 1/16
26/5/2016 Emmanuel Lévinas­Maurice Blanchot, penser la différence ­ Viens – Me voici. Derrida entre Blanchot et Levinas ­ Presses universitaires de Paris O…

Michel Lisse
p. 535­546

Texte intégral
1 DANS  UN  TEXTE  INTITULÉ  ABRAHAM,  L’AUTRE1,  Jacques  Derrida
rapporte  une  histoire  que  Kafka  avait  envoyée  à  Robert
Klopstock  en  juin  1921.  Kafka  convoque  dans  cette  lettre
plusieurs  Abraham.  Le  dernier  à  être  conçu  (Kafka  parle
effectivement, selon le terme choisi par Marthe Robert dans
sa  traduction,  de  «  concevoir  un  autre  Abraham  »)  est  le
plus crasseux et le plus indigne d’être appelé. Cet Abraham­
là est le plus mauvais élève de la classe et, au moment de la
remise  solennelle  d’un  prix  au  meilleur  élève,  ayant  mal
entendu  et  croyant  avoir  été  appelé,  il  se  lève  et  la  classe
éclate  de  rire.  Mais  Kafka  envisage  une  autre  hypothèse  :
Abraham,  le  plus  crasseux,  le  plus  indigne  et  le  plus
mauvais  élève,  a  peut­être  bien  entendu  son  nom  être
prononcé,  il  a  bien  été  appelé,  car  le  plus  mauvais  élève
porte le même nom que le meilleur, mais cette confusion a
été  voulue  par  le  maître,  son  dessein  étant  «  que  la
récompense du meilleur soit en même temps la punition du
plus mauvais2 ».
2 Abraham aura répondu « oui, me voici » à un appel qui lui
était  et  qui  ne  lui  était  pas  destiné.  Il  se  sera  présenté  ou,
plus  exactement,  il  aura  acquiescé  à  une  présentation  de
soi. Telle est du moins l’hypothèse de Jacques Derrida :
[…] si tout […] commence par la réponse, si tout commence
par  le  «  oui  »  impliqué  dans  toute  réponse  («  oui,  je
réponds  »,  «  oui,  me  voici  »,  même  si  la  réponse  est
«  non  »),  alors  toute  réponse  […]  reste  l’acquiescement
donné à quelque présentation de soi3.

3 Cette  histoire,  racontée  dans  le  cadre  d’un  colloque,


pourrait tout aussi bien concerner celui qui en fait le récit et
qui croit avoir été appelé à intervenir, à tenir la conférence
de  clôture,  celui­là  ne  sera  peut­être  que  le  dernier  des
conférenciers,  mais  que  cette  situation  de  parole  soit  pour
moi  un  bonheur  ou  un  malheur,  une  bénédiction  ou  une
malédiction,  il  n’en  reste  pas  moins  que  je  veux  ici

remercier  très  chaleureusement  Éric  Hoppenot  pour  avoir


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26/5/2016 Emmanuel Lévinas­Maurice Blanchot, penser la différence ­ Viens – Me voici. Derrida entre Blanchot et Levinas ­ Presses universitaires de Paris O…
remercier  très  chaleureusement  Éric  Hoppenot  pour  avoir
organisé  ce  colloque  et  pour  sa  généreuse  invitation,  pour
m’avoir en quelque sorte dit : « Viens ».
4 Viens  est  le  premier  mot  de  Pas4  et  il  est  aussi  le  dernier
mot  de  ce  texte,  suivi,  il  est  vrai,  par  le  tout  dernier  mot
« oui, oui » qui, à la fois, le répète et lui répond.
5 Ce  texte  de  Jacques  Derrida  est  très  singulier.  Il  ne  s’agit
pas  d’un  simple  commentaire  de  textes  de  Blanchot,  mais
plutôt  de  l’enchâssement  d’une  écriture  dans  l’autre,  voire
d’un  double  enchâssement  :  les  textes  de  Blanchot  étant
pris dans le texte de Derrida (remarquons l’absence de tout
apparat  critique,  de  note  infrapaginale)  et  le  texte  de
Derrida  pouvant  devenir  des  pages  ajoutées  aux  livres  de
Blanchot,  comme  si  un  principe  de  supplément  était  à
l’œuvre,  pendant  du  principe  de  suppression  (Thomas
l’Obscur, L’arrêt de mort). Il faut dire un mot du mode de
fonctionnement  de  Pas  :  le  texte  commence  par  le  mot
Viens,  précédé  d’un  tiret  et  suivi,  à  la  ligne  suivante,  d’un
développement  sur  Viens.  Cette  voix,  doctorale,
professorale qui s’adresse à un tu, va être interrompue par
une  autre  voix  signalée,  elle  aussi,  par  un  tiret,  voix
syntaxiquement identifiée comme féminine qui va dire son
incompréhension  («  Je  suis  perdue  »)  et  interroger,  en  la
vouvoyant, la première voix, celle d’un certain savoir. Celle­
ci,  à  plusieurs  reprises,  va  répondre  en  commençant  par
« Oui, oui ». Il y a donc deux voix ou plus, car rien n’assure
qu’il  n’y  ait  qu’une  seule  voix  féminine  et  une  seule  voix
«  savante  »,  mais  ces  voix  sont  partagées  par  la  marque
d’une sexualité et d’un certain rapport au savoir, voire à une
certaine souveraineté professorale (« la » voix décide de ne
pas  répondre,  de  retarder  la  réponse…).  De  nombreux  et
longs extraits de Blanchot ponctuent ce dialogue, soit cités
par l’une ou l’autre voix (pour la commodité de l’exposé, je
fais  comme  si  elles  n’étaient  que  deux),  soit  même
survenant  comme  troisième  voix5,  voix  blanche,  oserai­je
dire.  La  dernière  page  de  Pas  comporte  une  citation  de
Blanchot,  puis  une  ligne  de  points  et  enfin  un  dernier
dialogue  où  deux  voix  qui  ne  sont  plus  identifiables  avec
certitude,  qui  ne  sont  plus  marquées  ni  par  la  différence
sexuelle, ni par la « science » disent :
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sexuelle, ni par la « science » disent :

Viens.
Oui, oui.

6 On pourrait tout aussi bien avancer que ces deux voix sont
celles qui ont dialogué au fil du texte, qu’elles répètent une
dernière fois le jeu du dialogue et la « logique » du viens et
du oui, oui ou bien que ces deux voix n’ont rien à voir avec
les précédentes, qu’elles les ignorent et constituent un autre
texte  et  que  dès  lors  tout  ce  qui  précède  ne  serait  qu’une
introduction,  une  préparation,  une  préface,  un
commentaire, une analyse… de ce micro­texte.
7 Enfin, toujours au titre de la complexité et de la singularité
de ce texte Pas, il faut encore préciser que l’effet de clôture
ou  de  circularité,  voire  d’invagination,  généré  par  le  Viens
initial  et  le  Viens  final  doublé  du  Oui,  oui,  n’empêche  pas
une  ouverture  vers  d’autres  textes  de  Jacques  Derrida  :  le
Viens, qu’on retrouve aussi dans d’autres textes de Parages,
réapparaît dans D’un ton apocalyptique adopté naguère en
philosophie,  mais  cette  fois,  il  s’agit  du  Viens  de
l’Apocalypse ; le oui est aussi le « Ouï­dire de Joyce » (dans
Ulysse gramophone), texte qui commence par « Oui, oui »
et qui rejoue le commencement et la fin du « Mollylogue »
de  Ulysses,  le  dernier  chapitre  que  la  voix  féminine  de
Molly commence et finit en disant oui. Il faudrait encore se
tourner  vers  De  l’esprit  pour  y  lire  la  dissymétrie  du  oui
avant toute opposition du oui et du non, vers « Nombre de
oui » (dans Psyché), qui commence aussi par un oui, un oui
à  Michel  de  Certeau  qui  a  cité  Angelus  Silesius  («  Dieu  ne
dit jamais que Oui »), qui renvoie à Nietzsche et au Chant
du Oui et de l’Amen…, vers le oui juif, le oui entendu dans le
mot juif6…
8 Et  bien  évidemment,  chacun  de  ces  textes  pourrait  être  lu
comme  un  autocommentaire  par  Derrida  de  son  texte.
Ainsi,  ce  passage  extrait  d’Ulysse  gramophone  est
également un commentaire de l’incipit de Pas :
Dans mon incipit,  vous  ne  pouviez  pas  décider,  et  vous  en
êtes  encore  incapables,  si  je  vous  disais  oui  ou  si  je  citais,

disons plus généralement si je mentionnais le mot oui […]7
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disons plus généralement si je mentionnais le mot oui […]

9 Remplacez  le  oui  par  Viens  et  vous  aurez  une  parfaite
description de l’incipit de Pas. On ne peut pas décider si le
Viens  est  déjà  une  quasi­citation  du  Viens  de  L’Arrêt  de
mort ou s’il s’agit d’un appel, dirai­je de manière inexacte et
insatisfaisante,  puisque,  Jacques  Derrida  le  montrera,  le
Viens  survient  avant  toute  détermination,  avant  même
l’infinitif  venir.  La  survenue  de  Viens  appelle  et  rend
possible  son  événement,  le  venir  et  l’appel  à  venir.  Il  ne
peut  être  réduit  à  des  catégories  grammaticales  (impératif
présent,  deuxième  personne,  singulier…),  sémantiques,
linguistiques,  ou  pragmatiques  (ordre,  prière,  demande,
désir, performatif). Viens dérive de l’autre, c’est­à­dire :
[…]  de  rien  qui  soit  une  origine  ou  une  identité  vérifiable,
décidable, présentable, appropriable […]8.

10 Qu’apprend  l’examen  de  l’extrait  de  L’Arrêt  de  mort  ?  Eh


bien que le « viens » est déjà entre guillemets, qu’il apparaît
comme  citation,  mais  que  cette  récitation  est  aussi  une
«  affirmation  répétée  ».  Le  narrateur  dit  qu’il  dit
éternellement « Viens » :
[…] je lui ai donné toute ma force et elle m’a donné toute la
sienne,  de  sorte  que  cette  force  trop  grande,  incapable
d’être  ruinée  par  rien,  nous  voue  peut­être  à  un  malheur
sans mesure, mais, si cela est, ce malheur je le prends sur
moi  et  je  m’en  réjouis  sans  mesure  et,  à  elle,  je  dis
éternellement : « Viens », et éternellement, elle est là9.

11 Selon  Jacques  Derrida,  la  citation  et  la  re­citation  de


«  Viens  »  est  une  «  répétition  affirmative  »,  une
«  affirmation  qui  s’affirme,  ne  se  produit  comme  appel
unique  de  l’à­venir  que  comme  volonté  de  se  répéter,  de
s’allier  avec  elle­même  en  ce  qu’elle  affirme,
éternellement10  ».  De  la  sorte,  la  force  de  «  Viens  »  est  la
même  que  celle  de  «  Oui  »,  elle  permet  d’approuver  un
malheur sans mesure dans une réjouissance, elle aussi sans
mesure :
Le  oui,  qui  fait  dans  la  langue  un  trou  aussi  étrange  que
viens, il approuve, il affirme, contre­signe tout « ce qui est
arrivé  »,  il  s’élance  au­devant  de  ce  qui  n’est  pas  encore
arrivé11.
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arrivé .

12 Viens,  oui  ouvrent  tous  deux  à  un  temps  disjoint  :  le


narrateur dit « Viens », le narrateur « dit maintenant qu’il
le  dit,  mais  qu’il  le  dit,  donc  l’a  dit  et  le  dira,
éternellement12  ».  Ce  temps  disjoint  est  le  temps  de  la
différance  –  autre  nom  pour  Viens,  oui.  Le  présent  est
disjoint  par  l’impossible  articulation  du  maintenant­
éternellement : « elle est là » sous une « fausse apparence
de présent ».
13 Viens,  oui  font  un  trou  dans  la  langue.  Viens,  dit  Jacques
Derrida,  «  n’échange  rien,  il  ne  communique  pas,  il  ne  dit
rien, ne montre, ne décrit, constate rien, à l’instant où il se
prononce, rien qui ne soit quelque chose ni quelqu’un, objet
ou  sujet13  ».  Sans  détermination,  viens  devance  le  verbe
venir  ;  excès  du  langage,  il  soustrait  ou  retire  toute
possibilité  de  position.  L’écriture  de  Blanchot,  son
«  opération  d’écriture  »  fait  que  le  mot  «  Viens  »  cesse
d’être un mot, n’obéit plus à « la prescription grammaticale
ou  linguistique,  ou  sémantique  »  qui  ferait  de  lui  un
impératif présent à la deuxième personne du singulier…
14 Jacques  Derrida  avance  que  ce  qu’y  est  soustrait  à  l’ordre
du langage, c’est la « pensée » (le nom auquel renverrait le
pronom « elle ») :
Une  pensée  «  hors  la  langue  »  ?  Il  y  aurait  là  de  quoi
scandaliser  une  certaine  modernité.  C’est  un  risque  à
courir,  le  prix  à  payer  pour  penser  autrement  le  «  hors  la
langue »14.

15 Ce « hors la langue » ou, comme j’ai tenté de le nommer à
mon tour, « excès du langage » n’est ni métalinguistique, ni
intralinguistique, Derrida y insistera à plusieurs reprises.
16 Ni métalinguistique :
Il y va d’un pas au­delà de la langue qui ne marche qu’avec
une  langue,  sans  doute,  mais  pour  ouvrir  à  une
transgression du linguistique sans métalangage.  […]  Viens
sans aucun langage de surplomb, rien qui puisse à son tour
le désigner depuis une troisième place, le nommer15.

17 Ni  intralinguistique.  Toute  lecture  du  «  Viens  »  est  de


l’ordre de la paralysie, de l’impossible. Impossible en effet :
[…] [d’] aborder la venue d’un viens qui franchit le langage
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dans  une  indirection  sans  retour,  vers  un  au­delà  du


langage  qui  ne  se  rassure  plus  dans  la  pensée
métalinguistique  traditionnelle  mais  ne  se  laisse  pas
davantage  replier,  comme  toute  la  modernité,  au­dedans
du langage16.

18 Que dire encore ? Ceci : que cette « pensée » hors la langue,
cette pensée qui se trouve dans L’Arrêt de mort a été voulue
comme  féminine  :  le  nom  anonyme  du  sans­nom  est
pensée,  donc  un  nom  «  choisi  de  telle  sorte  que  son  genre
soit féminin et que son pronom soit toujours elle, voilà qui
à  la  fois  marque  et  neutralise  la  différence  sexuelle17  ».  Le
respect  de  la  syntaxe,  Blanchot  est  scrupuleusement
syntaxier, oblige la pensée à pencher du côté féminin. Mais
«  comme  elle  ne  se  détermine,  ne  s’appelle  qu’à  partir  du
viens  qu’elle  lance  et  renvoie,  l’éloignement  du  viens
instruit le pas de différence sexuelle18 ».

VIENS – ME VOICI. DERRIDA ENTRE BLANCHOT ET
LEVINAS
19 Si  ce  titre  peut  être  lu  comme  un  dialogue  fictif  entre
Blanchot  et  Lévinas,  il  peut  également  donner  à  entendre
une séparation, un écart irréductible entre les deux amis.
20 Comme on s’en est aperçu, le mot « viens » fonctionne de
manière  quasi  autonome  et  contient  en  lui  la  réponse  à
l’appel  qu’il  envoie.  Il  reste  séparé  du  «  me  voici  »,  il
entretient  avec  lui  un  rapport  sans  rapport.  Jacques
Derrida va même jusqu’à voir, malgré « l’amitié personnelle
et l’amitié de pensée », une « terrifiante scène de discorde »
silencieuse entre Blanchot et Lévinas :
Quoi que Lévinas et Blanchot aient dit ou laissé paraître de
leur  accord,  de  leur  alliance,  un  abîme  les  sépare  qui
pourrait, si on voulait se livrer à cet exercice, donner lieu à
d’irréconciliables  différends,  parfois  à  des  oppositions
frontales ou explosives : sur le « neutre », par exemple, sur
un certain « anonymat », et même dans la forme que prend
leur  distance  respective  à  la  pensée  heideggerienne.  Sans
parler de ce dont « Sade », « Lautréamont » ou « Bataille »
représentent au moins la métonymie. Sans oublier la chose
« politique », leur expérience ou leur « pratique » politique
respective, avant et après la guerre. Ils ont tous les deux, et
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respective, avant et après la guerre. Ils ont tous les deux, et
très  tôt,  dénoncé  l’hitlérisme,  bien  avant  la  guerre,  mais  à
partir  de  lieux  «  politiques  »,  c’est  trop  clair,  aussi
incompatibles que possible. Après la guerre, Lévinas, pour
le dire d’un mot, n’est pas l’homme du Manifeste des 121 ou
de  Mai  68  !  Bon.  Il  faut  donc  cesser  de  les  associer  en  se
rassurant comme s’ils disaient la même chose. Il y a entre
eux, réduite au silence, une terrifiante scène de discorde19.

21 En  plaçant  Derrida  entre  Blanchot  et  Lévinas,  je  n’ai  pas
voulu  faire  de  lui  un  réconciliateur  ou  un  relais  entre  les
deux amis, car une autre terrifiante scène de discorde existe
peut­être  également  entre  Derrida  et  Lévinas.  Dans  le
même entretien accordé au Magazine littéraire, Derrida va
détailler quatre points de désaccord entre Lévinas et lui :

1. le  recours  par  Lévinas  à  un  lexique,  une  logique,  une


syntaxe et une sémantique issus de « l’ontologie gréco­
hegelienne, voire heideggerienne » ;
2. une dissymétrie phallocentrique où Lévinas associe un
privilège androcentrique à un fraternalisme ;
3. une position métaphysique sur la question de l’animal
et du vivant ;
4. des choix politiques différents.

22 Je vais maintenant tenter d’interroger le troisième point de
désaccord,  à  savoir  la  réflexion  lévinassienne  sur  l’animal
en  examinant  les  pages  consacrées  par  Jacques  Derrida  à
cette  problématique  dans  L’Animal  que  donc  je  suis20.
Jacques Derrida repart du privilège accordé au visage pour
interroger la mise « hors circuit de l’éthique » de l’animal.
Or  cette  mise  hors  circuit  est  effectuée  non  seulement  en
référence  à  l’humain,  mais  également  en  privilégiant  le
schème  de  la  fraternité.  Le  visage  est  d’abord  le  visage  de
mon  frère  et  de  mon  prochain,  visage  humain,  visage
fraternel.  Cette  détermination  du  visage  implique,  selon
Derrida, qu’il est :
[...] hors de question qu’on accorde à l’animal ou à l’animot
aucun des traits, des droits, des devoirs, des affections, des
possibilités reconnues au visage de l’autre21.
23 Il  y  aurait  là,  d’après  Jacques  Derrida,  un  «  immense
risque » dans ce « fraternalisme du « semblable ».
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risque » dans ce « fraternalisme du « semblable ».
24 Tout d’abord parce que :
Ce fraternalisme nous libère de toute obligation éthique, de
tout  devoir  de  ne  pas  être  criminel  et  cruel,  justement,  à
l’égard de tout vivant qui n’est pas mon semblable ou n’est
pas  reconnu  comme  mon  semblable,  parce  qu’il  est  autre
ou autre que l’homme » (La Bête et le souverain, séminaire
inédit).

25 Autrement dit, l’éthique de Lévinas, pourtant si attentive à
l’altérité  infinie,  ne  pourrait  pas  faire  droit  à  l’altérité  de
l’animal : celui­ci ne serait pas un autre.
26 Ensuite  parce  que  ce  même  «  fraternalisme  du
“semblable”  »  implique  de  toujours  penser  la  cruauté  et  le
crime de manière spéculaire. Si je suis jugé « cruel » envers
un  animal,  ce  sera  parce  que  cette  cruauté,  aura­t­on
estimé,  visait  mon  semblable,  la  figure  de  l’homme,  à
travers l’animal :
C’est toujours l’homme, mon semblable, le même que moi,
moi­même  en  somme,  que  je  fais  souffrir,  tue,  de  façon
coupable,  criminelle,  cruelle,  incriminable.  (La  Bête  et  le
souverain, séminaire inédit).

27 Pour  Jacques  Derrida,  la  question  de  l’altérité  se  pose  de


manière cruciale quand il y va de l’animal :
Si  je  suis  responsable  de  l’autre,  et  devant  l’autre,  et  à  la
place  de  l’autre,  pour  l’autre,  l’animal  n’est­il  pas  encore
plus  autre,  plus  radicalement  autre,  si  je  puis  dire,  que
l’autre  en  lequel  je  reconnais  mon  frère,  que  l’autre  en
lequel  j’identifie  mon  semblable  ou  mon  prochain  ?  Si  j’ai
un  devoir,  un  devoir  avant  toute  dette,  avant  tout  droit,
envers  l’autre,  alors  n’est­ce  pas  aussi  envers  l’animal  qui
est encore plus autre que l’autre homme, mon frère ou mon
prochain22 ?

28 Derrida  va  alors  ajouter  une  précision  :  non  seulement


l’animal  n’aurait  pas  de  visage,  ne  devrait  pas  avoir  de
visage, faudrait­il dire en tenant compte d’une hésitation de
Lévinas sur ce sujet, mais surtout pas de visage nu qui  me
regarderait :

Le mot si fréquent de « nudité », si indispensable à Levinas
pour décrire le visage, la peau, la vulnérabilité de l’autre ou
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pour décrire le visage, la peau, la vulnérabilité de l’autre ou
de mon rapport à l’autre, de ma responsabilité pour l’autre
quand  je  dis  «  me  voici  »,  jamais  il  ne  concerne  la  nudité
dans  la  différence  sexuelle  et  jamais  il  n’apparaît  dans  le
champ de mon rapport à l’animal23.

29 On  remarquera  que  Derrida,  même  s’il  a  tenu  à  préciser


dans  Adieu  que  «  la  femme  demeure  humaine  »  pour
Lévinas,  relie  la  problématique  de  l’animalité  à  celle  de  la
différence  sexuelle  en  ce  que  toutes  deux  sont
impertinentes  au  regard  de  la  nudité  qui  ne  pourrait  être
qu’humaine.  Et  la  même  impertinence  de  la  différence
sexuelle  ou  de  l’animalité  concerne,  semble­t­il,  le  «  me
voici ».
30 Venons­en  à  l’hésitation  de  Lévinas.  À  la  question
«  l’animal  a­t­il  un  visage  ?  »,  Lévinas  a  répondu  par  une
non­réponse, par un aveu d’incapacité à répondre :
Je  ne  peux  pas  dire  à  quel  moment  vous  avez  [ou  on  a]  le
droit  d’être  appelé  «  visage  »  (at  what  moment  you  have
the  right  to  be  called  «  face  »).  Le  visage  humain  est
absolument  différent  et  c’est  seulement  après  coup  que
nous découvrons le visage d’un animal. Je ne sais pas si le
serpent  a  un  visage.  Je  ne  peux  pas  répondre  à  cette
question. Une analyse plus spécifique est nécessaire24.

31 Jacques  Derrida  fait  remarquer  que  le  recours  à  l’après­


coup  semble  impliquer  une  primauté  de  l’humain  et  donc
une  secondarisation  de  l’animal  :  Lévinas  procède  par
anthropomorphisation,  il  transfère  analogiquement  le
visage,  comme  originairement  humain,  à  l’animal.  La
même  (ana­)logique  ou  (antropo­)logique  est  à  l’œuvre
quand  il  s’agit  d’étendre  l’éthique  au  vivant  en  général.  La
souffrance n’est reconnue à l’animal que parce que l’homme
en a un savoir (ou une expérience) :
Il  est  clair  que,  sans  considérer  les  animaux  comme  des
êtres  humains,  l’éthique  s’étend  à  tous  les  êtres  vivants.
Nous  ne  voulons  pas  faire  souffrir  un  animal  inutilement,
etc.  Mais  le  prototype  de  cela,  c’est  l’éthique  humaine.  Le
végétarianisme,  par  exemple,  procède  du  transfert  aux
animaux  de  l’idée  de  souffrance.  L’animal  souffre.  C’est

parce que nous, en tant qu’humains, savons ce que c’est que
souffrir que nous pouvons avoir cette obligation25.
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souffrir que nous pouvons avoir cette obligation25.

32 On  pourrait  poser  beaucoup  de  questions  à  Lévinas,  en


particulier sur l’inutilité et l’utilité de la souffrance. L’usage
de  l’adverbe  «  inutilement  »  semble  supposer  qu’une
souffrance  qui  serait  dite  «  utile  »  pourrait  être  acceptée.
Mais  si  l’idée  de  la  souffrance  animale  est  redevable  à  la
règle  du  transfert,  de  l’analogie…,  il  faut  supposer  que  la
distinction  entre  une  souffrance  utile  et  une  souffrance
inutile est également due au savoir humain. Autrement dit
que  l’humain  connaît  et  reconnaît  qu’il  peut  y  avoir  une
utilité  à  la  souffrance…  Et  donc  que  seule  la  souffrance
inutile  serait  intolérable,  tant  pour  l’humain  que  pour
l’animal (sans parler de ce qui reste du vivant : le végétal).
À moins qu’il faille supposer qu’une dissymétrie partage la
souffrance  humaine,  inacceptable  en  général,  et  la
souffrance  animale,  récusée  quand  elle  est  inutile,  mais
acceptée  quand  une  utilité  est  reconnue  (mais  au  nom  de
quoi ?).
33 Mais  venons­en  à  ce  qui  permet  le  transfert,  à  savoir
précisément  le  savoir.  «  Nous,  en  tant  qu’humains,
savons…  ».  Pour  opérer  le  transfert  anthropomorphique,
une  certaine  connaissance  (théorique  ou  empirique,
pratique,  expérimentale,  ce  n’est  pas  précisé)  serait
indispensable. Mais qu’en est­il quand un penseur, qui fait
du  visage,  un  des  moteurs  de  son  éthique  en  vient  à
déclarer 1° qu’il ne peut pas dire à quel moment « vous avez
[ou  on  a]  le  droit  d’être  appelé  “visage”  »  ;  2°  qu’il  ne  sait
pas « si le serpent a un visage » ?
34 Jacques  Derrida  met  en  évidence  cette  aporie  à  partir  de
l’aveu  de  non­réponse.  Cet  aveu  ne  concerne  bien  sûr  que
l’incapacité  à  répondre  à  la  question  précise  relative  à
l’animal  et  au  visage.  Il  ne  s’agit  pas  d’une  incapacité  à
répondre  en  général,  sur  n’importe  quel  sujet,  incapacité
que la tradition philosophique, depuis Descartes au moins,
tient  pour  le  critère  servant  à  distinguer  l’animal  de
l’homme.  L’animal  ne  répond  pas  ;  il  partage  cette
incapacité  avec  l’écrit,  auraient  dit  Socrate  et  Platon.  Par
contre,  quand  un  homme  répond  qu’il  ne  peut  pas
répondre, cette non­réponse reste une réponse :
[...]  cette  réponse  en  forme  de  non­réponse  est  humaine.
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[...]  cette  réponse  en  forme  de  non­réponse  est  humaine.
Toute  humaine,  trop  humaine.  N’importe  quel  animal,
sous­entendrait  Lévinas,  n’avouerait  pas  de  la  sorte  la
même incapacité à répondre à la question, en somme, de la
réponse : car avoir un visage, c’est pouvoir répondre, dans
le  «  me  voici  »,  devant  l’autre  et  pour  l’autre,  de  soi  pour
l’autre. Et en répondant qu’il ne peut pas répondre, Lévinas
dit « Me voici », il répond […]26.

35 Toute  l’argumentation  de  Derrida  va  alors  se  déployer  à


partir  de  cette  proposition  «  avoir  un  visage,  c’est  pouvoir
répondre,  dans  le  “me  voici”  »  et  de  cette  constatation,  le
savoir de Lévinas, en ce qui concerne le visage, est un non­
savoir :
Déclarer ne pas savoir où commence le droit d’être appelé
«  visage  »,  c’est  confesser  qu’on  ne  sait  pas  au  fond  ce
qu’est  un  visage,  ce  que  veut  dire  ce  mot,  ce  qui  en  règle
l’usage27.

36 Lévinas, en répondant qu’il ne peut pas répondre, continue
certes  à  répondre,  mais  que  répond­il  ?  Réponse  de
Derrida :
Il  répond  mais  en  avouant  qu’il  ne  peut  pas  répondre  à  la
question de savoir ce qu’est un visage, à savoir de savoir ce
que c’est que répondre, et donc qu’il ne peut plus répondre
de tout son discours sur le visage28.

37 La  conséquence  est  inéluctable  et  Derrida  la  tire


immédiatement :
N’est­ce  pas,  dès  lors,  remettre  en  question  toute  la
légitimité  du  discours  et  de  l’éthique  du  «  visage  »  de
l’autre,  la  légitimité  et  même  le  sens  de  toute  proposition
sur l’altérité de l’autre, sur l’autre comme mon prochain ou
mon frère, etc.29 ?

38 Cette critique de Jacques Derrida ne porte que sur l’altérité
pensée  à  partir  du  schème  du  «  fraternalisme  du
“semblable”  ».Y  a­t­il  une  autre  voie  ?  Et  une  autre  voix  ?
Oui,  semble  répondre  Derrida.  Il  faut  en  quelque  sorte
prendre  le  contre­pied  de  l’humanisme  et  de
l’anthropocentrisme :
[...]  une  pensée  de  l’autre,  de  l’infiniment  autre  qui  me
regarde,  devrait  au  contraire  privilégier  la  question  et  la
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demande de l’animal. Non pas la faire passer avant celle de
l’homme,  mais  penser  celle  de  l’homme,  du  frère,  du
prochain  à  partir  de  la  possibilité  d’une  question  et  d’une
demande  animales,  d’un  appel,  audible  ou  silencieux,  qui
appelle  en  nous  hors  de  nous,  du  plus  loin,  avant  nous
après  nous,  nous  précédant  et  nous  poursuivant  de  façon
inéluctable30.

39 Cette  autre  voix,  celle  de  l’animal,  est  peut­être  aussi  celle
du féminin dont le visage excède le visage, le met à mal en
lui  donnant  une  chance,  un  avenir.  Je  cite,  sans  les
commenter,  faute  de  temps,  trois  passages  de  Lévinas  qui
focalisent les motifs de l’autre, du féminin ou de l’Aimée, de
l’animal, du sans­langage et du sans­réponse :
Le  féminin,  c’est  l’Autre,  réfractaire  à  la  société,  membre
d’une  société  à  deux,  d’une  société  intime,  d’une  société
sans langage31. 
Le féminin offre un visage qui va au­delà du visage32. 
L’aimée ne s’oppose pas à moi comme une volonté en lutte
avec  la  mienne  ou  comme  soumise  à  la  mienne,  mais,  au
contraire,  comme  une  animalité  irresponsable  qui  ne  dit
pas de vraies paroles. L’aimée, revenue au rang de l’enfance
sans responsabilité […] a quitté son statut de personne33.

40 Il  faut  ajouter  une  dernière  remarque  qui  va  compliquer,


voire  perturber,  la  dissymétrie  entre
Blanchot/Derrida/Lévinas. Elle tient à une trace, une trace
laissée  dans  le  texte  de  Lévinas,  la  trace  de  la  passée,  mot
bien repéré par Derrida dans « En ce moment même dans
cet  ouvrage  me  voici  »  (dans  Psyché).  La  passée  désigne,
outre l’action de passer, le moment du soir où les bécasses
quittent le bois pour la campagne, mais encore la trace que
laisse  le  pied  d’une  bête,  le  lieu  de  passage  habituel  des
animaux.  Que  le  mot  passée,  étroitement  associées  aux
animaux,  dise  la  trace  et  la  redise  (passée  signifie  déjà
trace), que ce mot ait été choisi par Lévinas donne à penser
que  l’opposition  de  Derrida  à  celui­ci  se  double  d’une
proximité.  La  trace,  plutôt  que  le  signe,  ouvre  à  la  pensée
du  vivant,  excède  l’anthropomorphisme  de  la  sémiologie.

Cette trace, et Blanchot, et Lévinas, et Derrida, considèrent
qu’elle  n’arrive  qu’à  s’effacer.  Je  termine  par  cette  citation
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extraite  d’«  En  ce  moment  même  dans  cet  ouvrage  me


voici » :
Dans le concept de trace, le retrait de l’effacement s’inscrit
d’avance.  La  trace  s’inscrit  en  s’effaçant  et  en  laissant  la
trace  de  son  effacement  dans  le  retrait  ou  dans  ce
qu’Emmanuel Lévinas appelle la « surimpression » […]34.

Notes
1.  Dans  Judéités.  Questions  pour  Jacques  Derrida,  COHEN  Joseph  et
ZAGURY­ORLY  Raphael  (dir.),  Paris,  Galilée,  2003,  «  La  philosophie  en
effet », p. 11­42 ; désormais entre parenthèses dans le texte.
2. Œuvres complètes III, trad. de Marthe Robert, Claude David et Jean­
Pierre Danis, Paris, Gallimard, 1984, « La Pléiade », p. 1083.
3. « Abraham, l’autre », in Judéités. Questions pour Jacques Derrida,
op. cit., p. 13.
4. DERRIDA Jacques, « Pas », in Parages, Paris, Galilée, « La philosophie
en effet », 1986.
5. Ibid., p. 101.
6. « Abraham, l’autre », in Judéités. Questions pour Jacques Derrida,
op. cit., p. 20.
7.  Ulysse  gramophone.  Deux  mots  pour  Joyce,  Paris,  Galilée,  «  La
philosophie en effet », 1987, p. 58.
8.  D’un  ton  apocalyptique  adopté  naguère  en  philosophie,  Paris,
Galilée, « Débats », 1983, p. 95.
9. Cité dans « Pas », in Parages, op. cit., p. 22­23.
10. Ibid., p. 23.
11. Ibidem.
12. Ibidem.
13. Ibid., p. 26.
14. Ibidem.
15. Ibid., p. 56­57.
16. Ibid., p. 74.
17. Ibid., p. 81.
18. Ibidem.
19. Magazine littéraire, n° 419, avril 2003, p. 31.
20.  DERRIDA  Jacques,  L’Animal  que  donc  je  suis,  Paris,  Galilée,  «  La
philosophie en effet », 2006.
21. Ibid., p. 147.
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21. Ibid., p. 147.
22. Ibid., p. 147­148.
23. Ibidem.
24. Ibid., p. 149.
25. Ibid., p. 150.
26. Ibid., p. 150­151.
27. Ibid., p. 151.
28. Ibidem.
29. Ibidem.
30. Ibid., p. 156.
31.  Totalité  et  Infini  cité  par  Jacques  DERRIDA,  Le  Toucher,  Jean­Luc
Nancy, Paris, Galilée, « Incises », 2000, p. 96.
32. Ibid., p. 97.
33. Ibid., p. 104.
34. DERRIDA Jacques, Psyché. Inventions de l’autre, Paris, Galilée, « La
philosophie en effet », 1987, p. 190.

Auteur

Michel Lisse
Michel LISSE 
Chercheur  qualifié  du  Fonds  National  de  la  Recherche  Scientifique
(Belgique) et professeur à l’Université catholique de Louvain (Louvain­
la­Neuve). Il a publié les ouvrages suivants : Passions de la littérature.
Avec Jacques Derrida,  actes  du  colloque  de  l’Université  catholique  de
Louvain,  juillet  1995  (dir.  Michel  Lisse)  (Galilée,  1996)  ;  L’Expérience
de  la  lecture  I.  La  soumission,  (Galilée,  1998)  ;  L’Expérience  de  la
lecture  II.  Le  glissement  (Galilée,  2001)  ;  Magazine  littéraire,  n°430,
« Jacques Derrida. La philosophie en déconstruction », avril 2004 (p.
20­67), Cécile Hayez, Michel Lisse (éd.) ; Apparitions de l’auteur (Peter
Lang, 2005) ; Jacques Derrida (A.D.P.F, 2005) ; Maurice Blanchot. La
singularité  d’une  écriture,  (dir.  Arthur  Cools,  Nausicaa  Dewez,
Christophe  Halsberghe,  Michel  Lisse),  (Les  lettres  romanes,  2005,  N°
hors série).

© Presses universitaires de Paris Ouest, 2008

Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540

Référence électronique du chapitre
LISSE, Michel. Viens – Me voici. Derrida entre Blanchot et Levinas In :
Emmanuel Lévinas­Maurice Blanchot, penser la différence [en ligne].
http://books.openedition.org/pupo/929#access 15/16
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Emmanuel Lévinas­Maurice Blanchot, penser la différence [en ligne].
Nanterre  :  Presses  universitaires  de  Paris  Ouest,  2008  (généré  le  26
mai  2016).  Disponible  sur  Internet  :
<http://books.openedition.org/pupo/929>. ISBN : 9782821826885.

Référence électronique du livre
HOPPENOT,  Éric  (dir.)  ;  MILON,  Alain  (dir.).  Emmanuel  Lévinas­
Maurice  Blanchot,  penser  la  différence.  Nouvelle  édition  [en  ligne].
Nanterre  :  Presses  universitaires  de  Paris  Ouest,  2008  (généré  le  26
mai  2016).  Disponible  sur  Internet  :
<http://books.openedition.org/pupo/845>. ISBN : 9782821826885.
Compatible avec Zotero

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