Sriwanthi Thilakarathne

French Advanced Level

La scene d’exposition
Yasmina Reza, Art, 1995
Glossary
Dépouillé – sans ornement, sobre, très simple (pared-down)
Neutre – indiffèrent, sans éclat (neutral)
Successivement – l’un après l’autre, dans l’autre (one after the other, successively)
Liseré – bande étroite d’une autre couleur que le fond. (border, edging)
Fin – léger, pointu (fine, acute)
Transversal – horizontal, (horizontal)
Dermatologue : médecin spécialiste des maladies de la peau.
Toile : tableau (painting)
Convoiter – désirer, envier (lust after)
Particuliers – personnes privées (private sellers, individuals)
Merde – personne ou objet sans valeur (crap, shit)
Aéronautique: science de la navigation aérienne (avions etc.) (aviation)
Vanité - autosatisfaction exagérée, fierté (vanity)
Stupéfiant- très étonnant (stunning)
Prodigieux – extraordinaire, remarquable, merveilleux (tremendous)
Tendresse – affection, sympathie, douceur (tenderness, softness)
Perfide- fourbe, infidèle, déloyal (treacherous, devious, deceitful)
Haïr- détester, avoir de la haine (to hate)
sucer - faire fondre dans la bouche (to suck)
granules – petits grains (pills, gains)
Gelsémium - utiliser pour linsomnie
Ignatia - utiliser pour anxiété
Aisé – ayant des moyens financiers (well to do)
S’en foutre – se moquer de (not care, not give a toss)

Yasmina Reza : - dramaturge et romancière française

Ses pièces mettent souvent en scène des personnages contemporains, dont elles reflètent les
défauts et le ridicule
« Art » : - créée en 1994, rencontra immédiatement un grand succès, pas seulement en
France puisqu’elle est aujourd’hui traduite en 35 langues. « Art », parfois considérée comme une
pièce réactionnaire sur la peinture contemporaine.
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De quoi parle la pièce au juste ? Serge invite son ami Marc à découvrir sa nouvelle acquisition
dont il n’est pas peu fier : un tableau blanc qu’il vient d’acquérir pour 200 000 Francs. Marc,
atterré, ne comprend pas que son ami ait pu dépenser une telle somme pour une “merde blanche”
et le lui fait savoir sans ménagement, l’accusant de snobisme et de manque de discernement. Puis
il va trouver Yvan, leur ami commun, afin de lui faire part de son incompréhension et avoir son
opinion sur cet achat et la personnalité changée lui semble-il de Serge.
En quoi ce texte d'introduction montre une incompréhension entre deux amis de longue
date, à propos d'une peinture contemporaine ?
Dans un premier temps, nous étudierons l'incompréhension autour de l'œuvre
contemporaine achetée par Serge, par la suite nous verrons comment une distance peut
apparaître au sein d'une amitié.
Décor - L’appartement bourgeois originel

Marc - Rationnel et sceptique face à l'art contemporain, Marc a une belle situation, exerce le
métier d'ingénieur dans l'aéronautique et incarne la classe moyenne confortable sûre d'elle. Face à
Serge, il affirme son point de vue sans retenue, certain d'être approuvé, mais la réaction de son
ami le perturbe.

Il n'aime pas particulièrement ce que beaucoup considèrent la culture moderne et exprime son
opinion avec confiance tout au long de la pièce. Marc n’aime pas la peinture coûteuse de son ami
Serge et ne cache pas cette aversion. Plus tard dans la pièce, Marc admet que ce n’est pas la
peinture qui le gêne, mais le changement d’attitude de Serge qui le conduirait à l’acheter.

Il est intelligent, pas très modern et adepte du « vieux temps »

Serge - Dermatologue, Serge gagne bien sa vie, et se paye le luxe de hanter les galeries, intéressé
par l'art. Pressé, un peu snob, il est aussi certain de son goût que Marc de son dégoût.

L'incompréhension autour de l'œuvre contemporaine

1. La réaction de Marc face au tableau

- L'incrédulité de Marc face au tableau acheté par Serge s'observe :

* Par la répétition dans la description de la toile au début de l'extrait, du mot « blanc ».

* Par la première parole de Marc à son ami Serge ne concerne pas la qualité du tableau, mais son
prix : « Cher ? », montrant déjà que Marc semble ne pas apprécier ce tableau. La question sur qui
a peint le tableau arrive bien après.
* Par la ponctuation utilisée par l'auteur dans toutes les répliques dites par Marc. Les points
d'interrogation et les points de suspension appuient l'incrédulité.
* Par la répétition de « tu n'as pas acheté ce tableau deux cent mille francs » montrant que Marc
trouve ce prix exorbitant.
* Il ne considère pas ce tableau comme de l'art. Il qualifie d'ailleurs le tableau de « merde ».

- La couleur blanche exprime le vide, l'absence d'émotion, le froid… la couleur du tableau

entre en résonance avec les émotions de Marc.
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2. La réaction de Serge face à la réaction de Marc

- L'incrédulité de Serge face à la réaction de Marc apparaît au moment ou Marc dit « Serge, tu
n'as pas acheté ce tableau deux cent mille francs ? » : « Mais mon vieux, c'est le prix ».
Serge comprend que Marc n'apprécie pas cette forme d'art, et ne s'en montre pas étonné : « J'étais
sûr que tu passerais à côté ».

- La présentation de Marc par Serge à la fin de l'extrait montre très clairement que Marc
critique l'art contemporain car il ne le comprend pas.

II. La distance apparaissant au sein d'une amitié

1. Une amitié de longue date…

-Les deux amis se connaissent très bien, qu'ils sont des amis de longue date.

- Les didascalies qui amènent un silence, expriment la communication non verbale qui
existe en amitié. Il n'y a pas besoin de se parler pour se comprendre. Dans le temps de silence,
chacun attend de l'autre qu'il donne une réponse qui va dans le sens de ce qu'il pense. On peut
constater que l'incompréhension commence à se créer car ils n'ont pas ce qu'ils attendent l'un de
l'autre.

2. …qui commence à se détériorer

- L'amitié commence à être remise en cause au moment du temps de silence.

- A la fin de l'extrait, la situation s'est détériorée avec l'emploi des termes du champ lexical de
l'inimitié (inverse de l'amitié) : « ennemis », « vanité incompréhensible », « arrogance ».

L’humeur

Nous avons affaire à une exposition comique mais sérieuse.

– s’appuie sur certains effets comiques. On relève 4 occurrences du verbe « regarder » en 3

lignes. Il s’agit de souligner le plaisir de Serge et son désir assouvi, sa joie de posséder et
d’indiquer comment il cherche un signe d’assentiment chez Marc. Ses regards sont parlants:
« tous les sentiments se traduisent sans mot ». Le comique réside dans le regard de Marc que l’on
imagine et dans l’échec de ce jeu de miroirs puisque Marc ne voit pas la toile comme Serge.

Comique de répétition L 43 et 45 « Tu n’as pas acheté ce tableau… »

Comique de mot aussi avec le recours au terme trivial « cette merde » répété à plusieurs reprises.

Toutefois le comique se trouve remis en question dans le texte même. Face à la réaction de Serge
après l’emploi de l’expression « cette merde », Marc en appelle à son sens de l’humour L 62-63
« Serge, un peu d’humour! Ris!…Ris, vieux, c’est prodigieux que tu aies acheté ce tableau! ». Si
Serge reste de marbre, devant cette invitation au rire, c’est parce qu’il n’est pas à ce moment là
dans une relation de complicité avec son interlocuteur.
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Conclusion

Dans cette scène d'exposition de Art, Yasmina Reza met en parallèle l'incompréhension face à
l'art contemporain et la distance qui peut naître entre deux être amis.

Les procédés rhétoriques et leur interprétation :

Il ne s’agit pas de n’importe quel objet: « un tableau blanc avec des liserés blancs » - Absurdité
du détail, blanc sur blanc. L’anaphore du terme « blanc » dans la description de Marc montre
qu’il a besoin de répéter la couleur pour s’en convaincre lui-même
« merde blanche » Irrationalité de l’achat
« je haïs ce rire » - Serge haïs Marc
« Deux cent mille francs » - Hyperbole +« c’est prodigieux » - L’absurdité de la somme est
d’ailleurs rendue dans l’hyperbole utilisée par Marc.
Question de Marc « Cher ? » - Cherche à rattacher le tableau à quelque chose de concret
Remarque temporelle « depuis longtemps »- Insistent sur la solidité de leurs liens
Mélange de registre de langue soutenue « liserés », « vanité » et de registre de langue familier «
merde », « 20 briques » - Annonce une pièce moderne
Récurrence du terme « merde » - Source de comique de langage
Didascalie initiale contenant un chiasme « Serge regarde réjoui son tableau. Marc regarde le
tableau. Serge regarde Marc qui regarde le tableau. » - Jeu de mimes et de regards qui peut être
très drôle.
« Serge, tu n’as pas acheté ce tableau deux cent mille francs ? », « Tu n’as pas acheté ce tableau
deux cent mille francs ! », « Tu as acheté cette merde deux cent mille francs ?! » - Seul le ton
change, à l’image de la ponctuation, mais en fait ces trois répliques sont radicalement différentes,
d’abord de la surprise, puis exclamation d’incompréhension et enfin exclamation et question de
reproche.
« Serge un peu d’humour ! » et « A qui tu parles ne ce moment ? » - Efforts de Marc pour
désamorcer le conflit.
Hyperbole « Que Serge ait acheté ce tableau me dépasse, m’inquiète et provoque en moi une
angoisse indéfinie » - Révèle son trouble profond
« rire prétentieux » + hyperbole « sait mieux que tout le monde » - ce qui permet de faire
affleurer les failles de leur amitié comme le sentiment de supériorité de Marc.
Cette succession de monologues, ces changements de lieux dans le même espace, ainsi décrit,
semblaient quelque peu contradictoires avec la création.
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Questions
1. Où est-ce qu’on se trouve ? Quel décor est-ce qu’il y a sur la scène?
- On se trouve dans le salon d’un appartement. - Le décor est « le plus neutre possible ».
- La peinture exposée est le seul détail qui change pendant la pièce.

2. Résumez la « situation de départ » de la pièce (que Marc décrit dans son petit monologue de
lignes 10 à 19).
- Son ami Serge, un médecin dermatologue qui aime l’art, a acheté un tableau qu’il voulait
avoir depuis longtemps.
- C’est une toile peinte en blanc, d’environ 1.60 mètres sur 1.20 mètres.
- Sur le tableau on peut voir des liserés blancs transversaux
3. Qu’est-ce que Serge et Marc sont en train de faire au début de la pièce ?
Ils regardent ensemble le tableau que Serge a acheté. Serge observe Marc en même
temps, pour voir sa réaction.
4. Notez les détails suivants à propos du tableau que Serge a acheté.
Nom de l’artiste (peintre) - Antrios. Galerie qui l’a vendu Handtington

Prix d’achat du tableau - 200'000 francs français (« 20 briques »)

Prix de revente - 220'000 francs français (« 22 briques »)

5. Qu’est-ce que Marc pense du tableau que Serge a acheté ?

Marc ne peut pas croire que Serge a acheté « cette merde » à ce prix-là.

6. Comment est-ce que Serge caractérise son ami Marc ?

- C’est un garçon intelligent, qu’il estime depuis longtemps.
- Il est un « ennemi de la modernité » et un « adepte du bon vieux temps ».
- Il trouve Marc un peu arrogant ces derniers temps.

7. Comment est-ce que Serge réagit au commentaire de Marc sur le tableau ?

- Il se sent agressé par l’expression « cette merde ».
- Il reproche à Marc qu’il ne s’est jamais intéressé à la peinture moderne.
- Par conséquent, il pense que Marc ne comprend pas ce tableau.

8. Comment est-ce que Marc se sent après cette discussion ?

Marc ne peut pas comprendre que son ami a acheté ce tableau. Ça le dépasse, l’inquiète et
lui fait peur (il prend même des médicaments calmants). Il se demande comment Serge a eu
l’argent pour l’acheter. Il veut en parler avec leur ami commun Yvan.

9. Qu’est-ce que Marc dit à propos de ses amis Serge et Yvan ?

Serge : C’est « un garçon aisé » (qui gagne bien sa vie), mais qui n’est quand même
pas très riche (ne « roule pas sur l’or »).
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Yvan : Il est tolérant, mais pas très habile en « relations humaines ».

De plus :
1. Où se passe la scène?
2. Identifiez les éléments du décor.
3. Quelle phrase Marc répète-t-il ? Qu’est-ce qui le choque le plus dans l’achat fait par
Serge ?
4. Comment trouvez-vous la réaction de Marc? Et celle de Serge?
5. Quel terme injurieux Marc finit-il par employer pour désigner le tableau de Serge ? En
quoi ce mot devient-il un sujet de dispute entre les deux amis ?
6. Quel reproche Serge formule-t-il à l’égard de Marc ?
7. Quel est le véritable thème de la pièce et quelles sont vos impressions sur la mise en
scène?
8.Analysez les sources du comique de la pièce:
• le comique de situation • le comique de gestes
• le comique de mots •le comique de caractères.