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L'INTENTION ENTREPRENEURIALE
Azzedine TOUNÉS
le 15 décembre 2003
Membres du jury :
Rapporteurs Monsieur HERNANDEZ Emile-Michel
Professeur à l’Université de Reims
Monsieur PATUREL Robert
Professeur à l’Université de Toulon et du Var
Peu à peu, dans une période de ma vie, naissait une thèse où je ressentais souvent le
poids de la solitude, l'immensité et l'intensité de l'investissement. Mes lectures me firent
comprendre le rôle du sacrifice dans la vie de l'entrepreneur, son courage et sa ténacité. Je
ne voudrais convaincre personne qu'il est possible d’obtenir quelque chose sans peine.
1
dans les traitements statistiques. Philippe BOISTEL, maître de conférences en gestion à
l’Université de Rouen, Francis CONCATO, ingénieur d’études à l’Université de Rouen
(CREGO), et Eric LECLERCQ, maître de conférences en économie à l’Université de
Rouen, ont apporté tout leur soin à la lecture de cette thèse. Je leur témoigne ma vive
reconnaissance.
Je remercie toutes les personnes qui m'ont aidé dans la construction et l'épuration du
questionnaire. Sans être exhaustif, je cite Christian BRUYAT, maître de conférences en
gestion à l'E.S.A. de Grenoble, Thierry VOLERY, Professeur en Entrepreneuriat à l'E.M.
Lyon et Nathalie SCHIEB-BIENFAIT, maître de conférences en gestion à l'Université de
Nantes.
Je tiens tout particulièrement à remercier les responsables de diplômes qui ont bien
voulu me consacrer du temps pour l'administration des questionnaires. Leur coopération
m’a largement facilité l’accès au terrain. Un salut tout particulier pour les étudiants qui ont
eu la gentillesse de répondre à mes enquêtes.
A la fin de ce travail qui m'a rendu peu disponible, je ne peux oublier ceux qui m'ont
encouragé et soutenu dans mes moments de retranchement. Ma dernière pensée "survolera"
la Méditerranée pour atterrir en Algérie et déclarer à mes parents, mes sœurs et mon frère
qui m’ont donné le sens des valeurs familiales, que je leur voue un amour
incommensurable. Leur absence ne m'a jamais tant fait souffrir.
2
Sommaire
INTRODUCTION GENERALE........................................................................................ 4
3
INTRODUCTION GENERALE
"Dans la pensée scientifique, la méditation de l’objet par le sujet prend toujours la forme
de projet".
Gaston BACHELARD
Genèse de la problématique
"Comme toujours, qui veut trop prouver ne prouve rien", affirme J.K. GALBRAITH
(1969, p. 93) [1967]1. Cela s’applique parfaitement au processus et à la dynamique qu’a
connu notre recherche. Une très vague idée concernant les systèmes d’appui et
d’accompagnement à la création d’entreprise est née au cours d'un stage que nous avons
effectué dans le cadre d'un DESS, au sein d'une pépinière d'entreprise.
Par une certaine façon de construire son sujet d'étude, se projette une manière qui peut
être révélatrice de l'ambition du chercheur. Au début, nous voulions nous intéresser aux
systèmes d'appui et de soutien à la création d'entreprise en Haute-Normandie. Le processus
d'entonnoir a orienté notre travail vers les systèmes d'appui en phase amont de la création.
Une longue concertation avec notre directeur de thèse et une première présentation de
notre travail au cours du tutorat organisé lors du premier congrès de l'académie de
l'entrepreneuriat à Lille en novembre 1999, ont consolidé l'idée d’orienter notre recherche
vers l'influence de programmes ou de formations en entrepreneuriat sur l'intention
entrepreneuriale. L’hypothèse de départ était que le système éducatif supérieur, dans
la multiplicité des systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise, peut
contribuer à insuffler l’esprit d’entreprise.
La création d'entreprise est un acte qui naît au sein d'un processus en construction. En
amont de celui-ci, de multiples recherches ont tenté d'expliquer les causes qui amènent les
individus à devenir entrepreneur. En nous inscrivant dans cette perspective, une recherche
1
Cette année correspond à la première édition anglaise intitulée "The New Industrial State". Dans la suite de
cette thèse, les années entre crochets correspondent à la première édition, française ou anglaise.
4
bibliographique ciblée nous a convaincu que, pour comprendre l’acte d’entreprendre, il est
important de décrire et d’expliquer l’intention entrepreneuriale, qui est le médiateur entre
le comportement, les attitudes, les normes subjectives et les perceptions.
Finalement, d’une certaine façon, la recherche est en lien avec l'histoire du chercheur.
Construire le sujet et l’objet de recherche, c’est découvrir, à l’intérieur de la société, des
faits sociaux liés par un système de relations propres au phénomène étudié.
Trois constats majeurs dans les réalités économiques et sociales animent nos
préoccupations et éclairent nos premières interrogations. Il s’agit du faible nombre des
diplômés qui créent leur entreprise, de l’inadaptation du système éducatif qui, jusqu’au
début des années 1990, est resté à la marge du phénomène entrepreneurial et enfin des
progrès énormes, réalisés depuis cette époque, dans la mise en place d’un nombre accru de
cours, de programmes et de formations en entrepreneuriat depuis le secondaire jusqu’au
supérieur.
2
APCE, "Les enjeux de la création d'entreprise", http://www.apce.com, avril 1998, p. 2 ; R. TABOURIN et
alii, 2001, n° 814.
Ceci est d'ailleurs vrai aux Etats-Unis où R.H. BROCKHAUS (1982, p. 54) a fait le constat dès le début
de la décennie 1980. Nous retrouvons la même situation en Suède selon P. DAVIDSSON (1995).
5
La création d'entreprise est le parent pauvre des diplômés du supérieur. La revue des
statistiques indique que très peu de diplômés des universités, des écoles de management et
gestion et d’ingénieurs choisissent la voie entrepreneuriale. Dans une étude réalisée en
1978 sur 14 promotions regroupant 2 800 anciens élèves de l'ESC Paris, P. SENICOURT
(1997, p. 16) remarque que le taux de création peut être situé dans un intervalle de 5% à
10%. Un résultat étonnant selon M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 350), est le
manque d'esprit d'entreprise des jeunes diplômés de HEC. En effet, moins de 5%
deviennent entrepreneurs 7 ans après leur sortie de l'école. Les diplômés des grandes écoles
représentaient moins de 3% des créateurs d’entreprises en 19973. Selon l’enquête annuelle
de la conférence des grandes écoles, réalisée auprès de diplômés en 1996, 1997 et 1998,
seulement 1% d’entre eux auraient créé leur entreprise4.
Si au XIXème siècle, 40% des seuls ingénieurs des Arts et Métiers créaient leur
entreprise, aujourd’hui, moins de 3% des 20 à 25 000 ingénieurs diplômés chaque année
créent une entreprise avant l’âge de 35 ans5. Une étude réalisée en 1999 auprès de 10 000
créateurs d'entreprise a montré que seulement 6% de ceux-ci ont concrétisé un projet
d'étude6.
Ces faibles taux de création s’expliquent, en partie, par les difficultés institutionnelles
rencontrées. En effet, l’enquête réalisée en septembre 1996 par le CNPF (Centre National
du Patronat Français, aujourd’hui dénommé MEDEF) révèle qu’il est très difficile de créer
une entreprise en France. En effet, 90% des enquêtés jugent que se mettre à son propre
compte est une mission difficile. L’environnement ne s’y prête pas ; les principaux freins
cités, sont dans l’ordre, le poids des charges sociales, la frilosité des établissements
financiers et l’inadaptation du système éducatif7. Le patronat français adresse des critiques
3
A. PEREZ, "Innovation : une urgence Française", Les Echos, 1998b, p. 70.
4
Le Monde, "Les jeunes Français se rallient à l’esprit d’entreprise", mardi 31 août 1999, p. II. Cependant,
rien ne prouve que les diplômés des grandes écoles soient moins entreprenants que les autres. La fonction
entrepreneuriale est peut être liée à l'école fréquentée. Si les diplômés des grandes écoles sont peu
entreprenants, c’est peut être parce qu’ils se voient aussitôt offrir des postes gratifiants avec un statut
prestigieux et des conditions de rémunération très avantageuses.
5
Ecole des Mines d’Alès, "Education, Enseignement supérieur et création d’entreprise", Actes du colloque
international, Ecole des Mines d’Alès, Allocution de H. PUGNERE, novembre 1996, p. 6.
6
Etude réalisée par les organisateurs du VIème Salon des entrepreneurs, en collaboration avec l'APCE et la
CANAM - Caisse Nationale Maladie des Professions indépendantes - (C. FOUQUET, "Les créations
d'entreprises ont reculé en 98, pour la quatrième année consécutive", Les Echos, mercredi 27 janvier 1999, p.
4).
7
N.D, "Créations d’entreprises : 1,2 millions de candidats", Le Figaro, 07 mai 1998.
6
à l'égard de l'éducation nationale. On trouve dans 75% des réponses, l’idée que
l’enseignement ne nourrit pas l’esprit d’entreprise (35% pensent même qu’il n’y contribue
pas du tout).
P. ALBERT (1998, p. 94) déclare que depuis le collège jusqu’à l’université ou la très
grande école, le système éducatif ne produit que des salariés. Faut-il s'étonner si les jeunes
aspirent à intégrer l'administration ? Faut-il être surpris de voir les étudiants sortis des
universités et des écoles préférer les grandes sociétés conférant un titre de noblesse pour
celui qui prétend réussir, à la création de leur propre entreprise. Le faible nombre de
créateurs-diplômés suggère que le système éducatif français "rejetait" pendant longtemps
l’esprit d’entreprise.
L’école française s'était progressivement adaptée à la société industrielle par
l’enseignement des sciences dites "dures". Elle a permis dès le début des années 1960, en
démocratisant l’enseignement public, de surmonter le handicap culturel et social que
constituait l'appartenance à un milieu modeste (M. EURIAT, C. THELOT, 1995, p. 404 ;
M. LEVY-LEBOYER, 1979, p. 151)8. Cependant, elle est restée à la marge des
changements sociaux et économiques structurels qui se sont opérés dès le début de la
décennie 1970.
La composition du tissu productif dominée jusque là par la grande organisation, a vu
naître de nouveaux types d'entreprise, les TPE et les PME/PMI, dont les formes de
création, d’organisation et de management diffèrent largement de celles des grandes
entreprises.
8
Les travaux qui portent sur les contributions de l'institution scolaire à la conservation de l'ordre social ont
suscité beaucoup d'embarras. L'origine sociale reste discriminante pour l'accès aux grandes écoles. Par le
privilège qu'offre le diplôme de ces grandes écoles, la discrimination se trouve, selon certains auteurs,
perpétuée sur le marché du travail. Voir notamment P. BOURDIEU, La noblesse d'Etat, grandes écoles et
esprit de corps, Paris, Les Editions de Minuit, 1989, 568 pages.
7
l'emploi. Il entretenait des antagonismes entre les contextes d'initiative et de prise de
risque, et des visées intellectuelles de transmission de connaissances.
Pire encore, en formant à la discipline de l'esprit, à la pensée convergente et à la
soumission, le système éducatif traditionnel est resté sans réponse à la demande sociale en
création d’entreprise. Il dédaignait souvent l'expérimentation, le concret, l'imagination, le
goût du risque, la souplesse et l'esprit critique. L'action, l’autonomie et la capacité
d'entreprendre en particulier, occupaient peu de place au sein de ses valeurs fondamentales.
Le système éducatif ne donnait pas accès à l’esprit d'entreprise.
L'obstacle que posait peut être l'éducation nationale est que le débat sur l'école n'était
pas globalement tranché. Alors qu'elle assure la diffusion des connaissances, on se
demandait si elle ne devait pas développer aussi des attitudes et des aptitudes. Les
connaissances sont à la base de tous les programmes, mais leurs supports pédagogiques et
leurs finalités sociales prêtaient largement à débat.
Aujourd’hui, l'enjeu en France est bien de semer l'esprit d'entreprise dans le milieu
éducatif et faire de lui une valeur admirée. Il se construit à tous les niveaux du système
éducatif, en commençant par raconter l'entreprise dès le primaire9. La démarche est
nécessairement globale et stratégique : rapprocher l'école de l'entrepreneuriat ne peut se
concevoir que dans une volonté réciproque et collective de tous les intervenants publics,
parapublics et privés, dont le système éducatif est l’un des acteurs primordiaux.
En réhabilitant le goût d'entreprendre, le système éducatif mobiliserait les compétences
et les facultés créatrices indispensables au processus d'innovation. Il contribe2 1àtés er7(i)-6ces
8
Montée en régime des enseignements, programmes et formations en entrepreneuriat
Alors qu'il s'agit d'une discipline universitaire à part entière dans les pays anglo-saxons
où la plupart des universités possèdent des chaires d'entrepreneuriat et de nombreux cours
depuis les années 1970, le thème de l'entrepreneuriat est d'une actualité récente en France.
Depuis peu, des enseignements spécifiques à ce champ ont fait leur apparition. On observe
un développement à un rythme soutenu des enseignements, programmes et formations en
entrepreneuriat sous diverses formes10. Cela va des cours facultatifs aux formations
diplômantes de troisième cycle. Les universités, les écoles et les instituts manifestent
depuis la deuxième moitié de la décennie 1990 un réel engouement et une nette volonté
d’instaurer des cultures entrepreneuriales à travers leurs formations et leurs objectifs
pédagogiques.
Globalement, nous constatons aujourd’hui que le système éducatif déploie une double
perspective : sensibiliser le maximum d’étudiants à l'entrepreneuriat et, à un degré
moindre, spécialiser et accompagner ceux qui veulent s'orienter vers des carrières
entrepreneuriales. L’"éducation entrepreneuriale" est une réponse stratégique du monde
éducatif aux récents développements de la demande sociale émanant des étudiants (M.
LAUKKANEN, 2000, p. 26).
10
Cependant en 1999, la France était encore à la traîne des pays européens avec le Danemark, la Grèce et le
Portugal (avec respectivement 14 %, 12% et 12%) dans la mise en place de l’enseignement de
l’entrepreneuriat (CCI Paris, 1999, p. 10).
9
Savoir si l’entrepreneuriat peut s’enseigner revient à se demander si l'esprit d'entreprise
peut s'acquérir. Fondamentalement, pour B. SAPORTA et T. VERSTRAETE (2000, p.
98), si la question se pose, c'est que l'on confond connaissance et expérience. Cette
dernière est pourtant un élément de la première.
Pour savoir si l’entrepreneuriat peut faire l’objet d’un enseignement, ces auteurs, ainsi
que P. SENICOURT et T. VERSTRAETE (2000), notent qu'il faudrait au préalable se
poser deux questions : qu'est-ce que l'entrepreneuriat ? Mais aussi qu'est-ce qu'enseigner ?
La "réponse" à la première question est largement débattue dans le premier chapitre. En
accord avec les deux auteurs, l'inexistence de consensus sur le concept d’entrepreneuriat
n'exclut pas le développement de connaissances pouvant se décliner en enseignements
théoriques et pratiques. Pour la seconde question, sans une immersion dans les sciences de
l'éducation, si l'on conçoit l'entrepreneuriat comme un ensemble d’aptitudes et d'attitudes
s’exprimant par des perceptions, des intentions, des actes et des comportements, alors le
système éducatif, porteur et diffuseur des cultures, peut (doit) être le vecteur de ces
diverses composantes de la culture entrepreneuriale.
Comme la plupart des champs et disciplines appartenant aux sciences sociales, et plus
précisément aux sciences de gestion, l'entrepreneuriat peut faire l'objet d'un enseignement
académique et pratique (A. FAYOLLE, 2000c, p. 78 ; B. SAPORTA, T. VERSTRAETE,
2000, p. 98). Pour J.-P. BECHARD (1998, p. 25), la question ne se pose même plus. Les
interrogations aujourd’hui portent sur les programmes de formation : "Que doit-on
enseigner aux entrepreneurs ? Comment leur enseigner ? Dans quel contexte leur
enseigner ? Et qui peut leur enseigner ?".
Selon M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 17), "l'école est un lieu de
développement des caractéristiques entrepreneuriales potentielles et latentes". H.
LEIBENSTEIN (1968, p. 82-83) affirme que la formation à l'exercice de la fonction
entrepreneuriale peut accroître l'offre d'entrepreneurs. Evidemment, fait-il remarquer,
toutes les caractéristiques de l'entrepreneur ne peuvent faire l'objet d'une formation. Mais
beaucoup d'aptitudes qu'exige le processus entrepreneurial peuvent faire l'objet
d'enseignements (H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO, 1990, p. 25). N.F. KRUEGER et
D.V. BRAZEAL (1994, p. 99) soutiennent que l'on peut enseigner les aptitudes à
entreprendre, que l'on peut former les individus à être plus autonomes et à encourager
10
l'esprit d'initiative11. Pour J.A. KATZ (1990, p. 17), l’enseignement de l'entrepreneuriat est
l'une des formes les plus évidentes préparant les individus à la création d'entreprise12.
La problématique de recherche
Il est important de savoir quels types d'individus créent des entreprises, pour quelles
raisons ils le font et dans quels contextes ils opèrent. Les premières recherches en
entrepreneuriat identifiaient les causes qui amènent les individus à se vouloir entrepreneur,
leurs traits et leurs caractéristiques psychologiques. La spécificité de ces recherches est de
traiter notamment des populations dans des situations ex-post, c'est-à-dire des individus qui
sont déjà créateurs et entrepreneurs.
11
"… However, research suggests that we can train individuals to behave more autonomously. We can teach
self-management skills ; we can teach skills at coping with adversity ; we can visibly reward initiative taking
(including unsuccessful initiative taking)".
12
"One obvious form of preparation (à l’entrepreneuriat) is business school preparation for
entrepreneurship".
13
Il est surprenant de constater que S. BOUTILLIER et D. UZUNIDIS (1999, p. 136) affirment que l’esprit
d’entreprise est inné et qu'il ne peut être enseigné.
11
Depuis le début de la décennie 1990, les recherches en entrepreneuriat portent un intérêt
plus important aux phases amont, qui s'intéressent aux individus en devenir dans le
processus entrepreneurial. Ainsi, au lieu d'aborder les phénomènes sur la base de
comportements observés, il apparaît nécessaire de s’interroger d'abord sur les processus
amont pour expliquer les comportements futurs. Pour avoir une image globale de
l’entrepreneuriat, notent T. VOLERY et alii (1997, p. 277), il n’est pas suffisant d’étudier
seulement ceux qui ont concrétisé leurs objectifs (création), mais aussi ceux qui sont en
amont du processus menant à la création d’entreprise14. Pour N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993, p. 324), étudier un comportement futur de création d'entreprise est
inséparable des intentions qui animent les individus quant à la concrétisation de ce
comportement15.
Les processus sont moins compris lorsqu’ils sont traités rétrospectivement. Une optique
prospective de la recherche entrepreneuriale demande des modèles processuels
hypothético-déductifs qui s'intéressent à l'intention entrepreneuriale. L'entrepreneuriat est
un processus intentionnel qui exige l'utilisation de modèles adéquats qui prennent en
compte non seulement les individus qui ont concrétisé leurs projets, mais aussi ceux qui
sont en devenir (N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD, 1993, p. 316 et 327)16.
14
"In order to get a comprehensive picture of entrepreneurship, it is not sufficient to approach only those
who have fulfilled their objectives. Therefore, there is still a need to shed light on the process leading to new
enterprise. In this perspective, the analysis should focus on the pre-decision stage, i.e. interest,
entrepreneurial career preference, and characteristics of nascent entrepreneurs".
15
"Discussion of a target behaviour is inseparable from discussion of intentions toward that behavior".
16
"Process are less well understood retrospectively. Rather, they are best studied prospectively. We thus
need testable theory-driven process models of entrepreneurial cognition which focus on intentions and their
perceptual bases… Organizational emergence is an intentional process ; let us use models congruent with
that reality. We should evaluate the entire emergence process including not only successful and unsuccessful
entrepreneurs, but also those who change their minds or whose intentions are unrealistic. The reward for
including these is a better understanding of the mechanisms by which exogenous factors influence
emergence".
12
d’Administration Economique et Sociale, et diplômes d’écoles de management et gestion)
suivant des cursus à dominante "entrepreneuriat". Le choix de cette base de sondage
s’explique par le fait que ces étudiants sont à quelques mois d’intégrer le monde du travail
et exprimeraient une variété d’intentions de carrière. En outre, ces derniers sont dans des
contextes qui laissent supposer que leurs attitudes, leurs normes subjectives et leurs
perceptions peuvent se développer et renforcer leur intention entrepreneuriale.
Dans une perspective comparative, nous choisissons une population témoin présentant
globalement les mêmes caractéristiques que les populations précédentes (niveau de
diplôme, disciplines enseignées et débouchés professionnels). Le critère qui les distingue
est le non-suivi d’un programme ou d’une formation en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise. Notre choix s’est porté sur des étudiants de DESS CAAE.
13
essentiellement sur des travaux américains et scandinaves. Ce modèle mobilise une
approche psychosociologique fondée sur la théorie du comportement planifié (TOPB :
Theory Of Planned Behaviour). Les recherches en entrepreneuriat utilisent très peu de
modèles fondés sur l'intention entrepreneuriale. Cependant, selon N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993, p. 320), quelques recherches annoncent de bonnes perspectives pour ce
type d'approches17.
Avant de donner plus loin un aperçu global de notre "protocole" de recherche, nous
résumons l’articulation de notre démarche en distinguant ce qui est à décrire et à expliquer,
ce qui se traduit en variables mesurables et les modes d'investigation choisis pour les
enquêtes.
SUJET DE RECHERCHE
Ce que l'on cherche à comprendre,
INTENTION ENTREPRENEURIALE
décrire et analyser
OBJET DE RECHERCHE
- Etudiants en gestion suivant VARIABLES
des formations ou des MESURABLES
programmes en entrepreneuriat.
- Etudiants en DESS CAAE ne
suivant pas de programmes en
MODES
entrepreneuriat
OPERATOIRES
- Consultations d'experts
- Questionnaires auto-
administrés
17
"Few entrepreneurship studies explicitly consider intentions-based models. However, some existing
research indicates this would be a fruitful approach".
14
expliquer celles qui se font sur la base de comportements observés. Elles les enrichissent et
les consolident.
L’étude de l'intention entrepreneuriale accorde un intérêt croissant aux attitudes et aux
perceptions. Elle nous éclaire sur les facteurs personnels et situationnels qui interviennent
dans le processus de création d’entreprise au sein de populations étudiantes. Nous situons
ainsi l'ambition de notre recherche à un double niveau, théorique et pratique.
Comme pour toute démarche scientifique, notre recherche qui s’attache, au sein d’un
modèle multidimensionnel, à explorer un concept central du processus entrepreneurial, doit
apporter une contribution originale dans le progrès des connaissances. Elle tente de :
9 décrire et d'analyser, dans un champ en devenir, une phase du processus
entrepreneurial. L'intention entrepreneuriale permet de prédire les comportements.
Comprendre et expliquer ce processus cognitif nous informera pourquoi et comment un
individu est engagé dans le processus entrepreneurial, bien avant d’arriver au stade de
l’opportunité ou de décider quel type d'activité lancer par exemple. Notre recherche
est innovatrice car elle s’intéresse à des entrepreneurs potentiels. La quasi-totalité
des travaux en entrepreneuriat portent sur des entrepreneurs déjà établis et ne nous
renseignent, de ce fait, que peu ou pas du tout sur les phases amont du processus de
création d’entreprise ;
9 élaborer des concepts pour éclairer les recherches dans le champ de l’entrepreneuriat.
Nous espérons, à travers nos acceptions des concepts de l'entrepreneuriat, de
l'entrepreneur, des aptitudes, des attitudes et de l’intention entrepreneuriales, contribuer
à lever certaines "zones d’ombre et de contradiction" ;
9 construire des instruments de mesure pertinents, capables d'appréhender
l'intention entrepreneuriale. Sur l’opérationnalisation des construits, la revue de la
littérature en a révélé quelques-uns. Mais la majorité des items est élaborée à partir de
consultations d’experts, d’universitaires et de professionnels, et de réflexions
personnelles. Leur reproduction par des études empiriques sur des échantillons de
différents établissements et pays, pourrait consolider leur validité et contribuer à leur
généralisation ;
15
9 élaborer un modèle de l’intention entrepreneuriale, et contribuer par son test à
l'organisation, à l'accumulation et au développement des connaissances pour
mieux éclairer le cheminement du processus menant à l'acte d'entreprendre.
Mieux comprendre les actions des créateurs, exige un "stock" de connaissances sur
chacune des phases en amont du processus entrepreneurial, et sur les différentes
catégories de créateurs potentiels (des étudiants suivant des programmes ou des
formations en entrepreneuriat). Cette organisation et ce développement des savoirs
permettent un meilleur positionnement des chercheurs dans le champ de
l’entrepreneuriat.
Nous faisons une recherche en entrepreneuriat, mais tout d'abord, nous appartenons à la
communauté des chercheurs en sciences de gestion. Positionné de la sorte et en gardant les
impératifs utilitaristes de la recherche, cette dernière doit proposer des moyens et des outils
susceptibles d'améliorer la pratique.
Dans un souci de production de connaissances en phase avec la demande sociale, notre
projet coïncide avec des faits sociaux et économiques qui sont d'actualité. Les programmes
et les formations en entrepreneuriat foisonnent en France depuis le milieu des années 1990.
Notre rôle social nous confronte à des contraintes d’opérationnalité qui nous amène à
conforter (ou infirmer) l'influence de ces programmes et de ces formations en
entrepreneuriat sur l'intention d’entreprendre.
16
d’un projet d’affaire, et par la recherche d’informations en vue de mieux les
formaliser et les traduire en opportunités susceptibles de se concrétiser.
Puisque l’intention entrepreneuriale se situe en amont de l’acte de création, cette
recherche a donc pour intérêt pratique de déceler parmi les étudiants ceux qui détiennent
des projets et manifestent l’intention de les concrétiser. Elle est un "signal" pour
accompagner et suivre ces projets vers une maturité qui nécessite des soutiens et des
conseils personnalisés. Les responsables en charge des systèmes d’appui et de soutien à la
création d‘entreprise se trouveront face à des porteurs de projets qu’ils souhaitent conforter
et appuyer par les moyens classiques que l’on connaît.
Même si notre thèse se limite à l'intention, le bon sens suggère que lorsque cette
dernière se forme, qu'elle se concrétise (de suite ou de façon différée) ou non, une réponse
positive est donnée à des programmes ou des formations en entrepreneuriat en ce qu'ils
influencent le processus de passage à l'acte.
Globalement, ce travail s'adresse aux étudiants et diplômés des IAE, des écoles de
management et gestion et des écoles d’ingénieurs qui souhaitent s’orienter vers des
programmes ou des formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise, et aux
professeurs et responsables pédagogiques de ces établissements qui désirent répondre aux
demandes des étudiants et qui s’interrogent sur les objectifs et les contenus des
enseignements et des programmes entrepreneuriaux. Cette thèse intéresse les responsables
politiques et économiques, soucieux d'améliorer l'adéquation entre les demandes sociales
en entrepreneuriat et en création d’entreprise et les besoins économiques. Enfin, nous
destinant nous-même à l'enseignement de la Gestion, l'investigation de ce sujet répond à
une curiosité personnelle.
17
Justification du plan de la thèse
Le plan de la thèse, repris dans la figure 2, se présente en trois parties. Les objectifs de
chaque chapitre y sont détaillés. Ceux-ci ont pour finalité de justifier la construction du
plan, notamment la partie théorique qui aboutit à l’élaboration du modèle de recherche.
Pour bien situer l’intention entrepreneuriale dans son contexte, la deuxième partie "Un
modèle théorique de l’intention entrepreneuriale à travers un processus marqué par
des programmes ou des formations en entrepreneuriat", s’attarde sur la dualité du
système d’enseignement en France, sur l’accès aux fonctions dirigeantes et à responsabilité
des diplômés en gestion, sur les programmes, les formations et les pédagogies pratiquées
dans l’enseignement de l’entrepreneuriat en France. Ceci débouche sur l’élaboration d’un
cadre d’analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat en France qui combine les
méthodes pédagogiques, les niveaux d’intervention et les objectifs de formation. Cette
partie a pour but de présenter le cadre théorique, d’asseoir les fondements conceptuels du
cadre d'analyse et de générer les hypothèses de recherche. Enfin, elle élabore un modèle de
l’intention entrepreneuriale d’étudiants suivant des programmes ou des formations à
dominante entrepreneuriat.
18
La troisième partie "Méthodologie empirique, résultats et analyses" décrit la
méthodologie empirique utilisée. Celle-ci s’inspire de la méthode de G.A. CHURCHILL
(1979). Elle argumente le choix de la démarche hypothético-déductive appuyée sur une
approche qualitative de consultations d’experts en entrepreneuriat. Elle détaille la
construction du questionnaire et présente la méthode d’échantillonnage, les terrains
d’investigation et les populations observées. Elle contient la procédure de collecte des
données.
Cette partie a aussi pour objet d’exposer les analyses descriptives (données socio-
démographiques), les analyses de dimensionnalité et de fiabilité (analyses factorielles et
alpha de Cronbach) et les tests de validation qui confirment ou infirment les hypothèses de
recherche (méthodes de ANOVA à un facteur, de régressions simple et multiple ainsi que
la corrélation multiple). Nous arrivons ainsi à un modèle testé et validé de l'intention
entrepreneuriale de populations étudiantes suivant des programmes ou des formations en
entrepreneuriat
19
INTITULES DES PARTIES ET
DES CHAPITRES OBJECTIFS DU CHAPITRE
Première partie
Compréhension du processus
entrepreneurial et problématique
de recherche
- Acception du concept d’entrepreneuriat : positionnement de
la recherche.
Chapitre 1 - Mise en perspective de l’évolution de la recherche en
Positionnement de la recherche entrepreneuriat vers l’approche processuelle.
dans le champ de - Présentation de la problématique.
l’entrepreneuriat et - Délimitation du sujet : acception du questionnement
problématique principal de la recherche.
20
INTITULES DES PARTIES ET OBJECTIFS DU CHAPITRE
DES CHAPITRES
Deuxième partie
Un modèle de l’intention Analyse d’une variable contextuelle de l’intention
entrepreneuriale à travers un entrepreneuriale : l’enseignement de l’entrepreneuriat.
processus marqué par des - Acception.
programmes ou des formations - Mise en exergue de son intégration graduelle dans le système
en entrepreneuriat éducatif supérieur.
- Historique en France.
Chapitre 4
- Analyse des objectifs et des pédagogies en oeuvre.
Un cadre général d’analyse
- Mise en perspective des approches transversales s’appuyant
de l’enseignement de
sur des pédagogies par projet.
l’entrepreneuriat en France
- Elaboration d’un cadre général d’analyse en France.
Troisième partie
Méthodologie empirique,
résultats et analyses - Justification du choix de la démarche hypothético-déductive
et de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979).
Chapitre 7 - Définition des principaux construits : traduction des questions
La méthodologie empirique : de recherche en variables à mesurer.
une démarche hypothético-
- Elaboration du questionnaire.
déductive inscrite au sein de - Méthode d’échantillonnage et composition des populations
la méthode de G.A. observées.
CHURCHILL (1979)
- Procédure de recueil de données.
21
PARTIE I - COMPREHENSION DU PROCESSUS
ENTREPRENEURIAL ET PROBLEMATIQUE DE
RECHERCHE
22
INTRODUCTION
Dans le chapitre deuxième, nous abordons plus particulièrement l'"agent" qui est à la
base de toute création et innovation. Nous essayons de saisir, en puisant dans les origines
et les sources économistes, depuis R. CANTILLON jusqu'aux auteurs contemporains, la
métamorphose du concept d’entrepreneur et son rôle dans l'activité économique. Ce
personnage mythique cède du terrain à l'"organisation" à la fin du XIXème siècle et se
"réinvente" avec J. SCHUMPETER. Il se conforte à partir des années 1970 et voit
apparaître deux figures d'entrepreneur qui marquent l'économie d'aujourd'hui :
l’entrepreneur "social" et l’entrepreneur "virtuel". En synthèse de ce tour d’horizon dans la
littérature, nous présentons un schéma (figure 9) qui indique les principales figures
d’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques. Nous donnons, en adéquation avec
notre approche du concept d’entrepreneuriat, notre propre acception du concept
d'entrepreneur.
Ensuite, nous mettons en relief l’introduction des approches interdisciplinaires dans le
champ de l’entrepreneuriat. Celles-ci intègrent, parallèlement aux analyses économiques,
23
des dimensions psychologiques, sociologiques et managériales. Nous présentons celles qui
sont les plus répandues dans les recherches menées sur ce thème. Nous exposons des
typologies d’entrepreneur en insistant sur leur dimension dynamique.
Pour mieux cerner la formation de l’intention, le chapitre trois analyse les mobiles qui
animent les individus au sein du processus entrepreneurial. Ceux-ci nous informent sur
leurs motivations entrepreneuriales. Nous exposons des facteurs contingents qui, au cours
de ce processus, peuvent renforcer l’intention, voire l’acte de création. Nous insistons sur
le passé professionnel susceptible d’augmenter les perceptions des aptitudes
entrepreneuriales, l’ancrage territorial et les systèmes d’appui et de soutien à la création
d’entreprise qui peuvent influencer les perceptions de disponibilité des ressources des
porteurs de projet.
24
Chapitre 1 - Positionnement de la recherche dans le champ de
l’entrepreneuriat et problématique
18
Un des premiers précurseurs français qui a ouvert la voie de la dimension processuelle. Sa thèse, avec une
impressionnante bibliographie d'une quarantaine de pages, a posé les jalons de la recherche entrepreneuriale
en France. Elle est source d'inspiration pour plusieurs travaux.
25
des modèles processuels en vue de rendre compte de la diversité, de la
multidimensionnalité et de la complexité du phénomène entrepreneurial.
19
"… any cursory review of the literature finds a very large diversity of definitions or implied definitions of
entrepreneurs and entrerpreneurship".
20
Pour une large revue de la littérature sur le concept d’esprit d’entreprise, le lecteur peut se rapporter aux
ouvrages de B. PONSON et J.-L. SCHAAN (1993, 502 pages) et B. BERGER et alii (1993, 265 pages).
Accessoirement, d’autres auteurs, notamment G. GILDER (1985, p. 110-111 et 217), P. DRUCKER (1985,
p. 11, 16, 45 et 46), A. LABOURDETTE (1992 ) et D. MUZYKA et N.C. CHURCHILL (1998, p. 288-292)
présentent des éléments d’analyse sur ce concept.
Signalons que ces auteurs utilisent, indifféremment, les termes "esprit d’entreprise" et "esprit
d’entreprendre". Nous avons opté pour le premier, plus répandu dans la littérature entrepreneuriale.
26
politiques, de chercheurs et de chefs d'entreprise de grande renommée, W.B. GARTNER
(1990) a recensé quarante quatre définitions de l'entrepreneuriat21. Celles-ci sont réparties
en huit thèmes récurrents qui semblent, conclut-il, refléter les différentes parties d'un même
phénomène. Dans un autre article, W.B. GARTNER (1988, p. 23) avance que si l'on peut
définir qui est entrepreneur, alors on saura ce qu'est l'entrepreneuriat22.
Pourquoi cette diversité et cette division ? Chaque auteur s'exprime avec une volonté
différente de comprendre des phénomènes et des comportements entrepreneuriaux afin de
mieux organiser et structurer les connaissances dans le champ de l’entrepreneuriat. Nous
exposons des définitions qui reflètent la diversité, la division, et par moment, la confusion
dans les approches.
L.-J. FILION (1997, p. 156) définit l'entrepreneuriat comme étant "le champ qui étudie
la pratique des entrepreneurs : leurs activités, leurs caractéristiques, les effets
économiques et sociaux de leur comportement ainsi que les modes de soutien qui leur sont
apportés pour faciliter l'expression d'activités entrepreneuriales".
21
Selon C. BRUYAT (1993, op.cit., p. 45), il est l’un de ceux ayant fait le plus progresser l'entrepreneuriat
ces dernières années.
22
"If we can just find out who the entrepreneur is, then we'll know what entrepreneurship is".
23
Concernant ce concept, le lecteur peut se référer à P. ALBERT (1997, p. 42), F. PEIGNE (1995, 4 pages)
et au site de la Commission Nationale de la Création d’Entreprise (CNCE - Commission "Essaimage" -,
http://www.apce.com, avril 1998, 22 pages). D. LE COZ (1996) et H. DAVAL (2002) donnent une bonne
illustration des facteurs de succès et d’échec de l’essaimage en tant que politique stratégique de gestion des
ressources humaines.
24
Sur les particularités du processus "repreneurial" par rapport au processus de création d’entreprise, la
modélisation de B. DESCHAMPS (2002) est un exposé enrichissant et clair.
25
Cf. à ce sujet H.H. STEVENSON, J.C. JARILLO (1990).
27
H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, p. 23) affirment que définir
l'entrepreneuriat est une tentative d'ordre sémantique. Réduire son champ risque d'exclure
des travaux qui peuvent être utiles dans plusieurs domaines. L'élargir peut dissoudre sa
particularité de champ d'études spécifique. Dans tous les cas, constatent-ils, l'essence de
l'entrepreneuriat est la volonté de concrétiser une opportunité sans tenir compte au
préalable des ressources disponibles. Par opportunité, ces auteurs entendent une situation
future qui est considérée comme souhaitable et réalisable26. N.F. KRUEGER et D.V.
BRAZEAL (1994, p. 91) rejoignent (sans en faire référence) H.H. STEVENSON et J.C.
JARILLO (1990) dans leur conception de l'entrepreneuriat27.
M.G. SCOTT (1998, p. 193-195) postule que "l'entrepreneuriat consiste à mettre à
profit de façon créative les valeurs de l'environnement". D. MUZYKA et N.C.
CHURCHILL (1998, p. 288) définissent l'essence de l'entrepreneuriat comme "la faculté
d'identifier et de faire fructifier une valeur marchande en faisant coïncider une innovation
et un besoin".
26
"Defining entrepreneurship is, nevertheless, an important question, albeit semantic, because a definition
too narrow may render much useful research inapplicable to important areas, such as corporate
entrepreneurship. On the other hand, too broad a definition may make entrepreneurship equivalent to good
management, thus effectively dissolving it as a specialized field of study… But in any case the essence of
entrepreneurship is the willingness to pursue opportunity, regardless of the resources under control. It is
typical of entrepreneur "to find a way"…Opportunity is defined as a future situation which desirable and
feasible".
Quelques années plus tard, H.H. STEVENSON (1998, p. 23) convient toujours de l'acception
opportunité/ressources mais en l'approfondissant. Il écrit que l'entrepreneuriat est "une approche du
management que nous définissons comme la volonté de concrétiser une opportunité, indépendamment des
ressources disponibles au départ". Il affine cette définition par une analyse de six paramètres, qu'il juge
essentiels, pour un management entrepreneurial : l'orientation stratégique, le degré d'engagement,
l'engagement des ressources et leur maîtrise, la structure managériale et la politique de rémunération.
27
"We define "entrepreneurship" as "the pursuit of an opportunity irrespective of existing resources"".
28
http://www.entrepreneuriat.com/these.html.
28
recherche, à titre indicatif et provisoire, elle propose sa définition : "Au sens large, le
champ de l’entrepreneuriat couvre tous les aspects de l’engagement de l’entrepreneur,
tant professionnels que personnels, qui apparaissent lors de la création de l'entreprise et
tout au long du cycle de vie de celle-ci. Il s’étend aussi à la fonction sociétale de
l’entrepreneur et à ses manifestations dans des contextes culturels variés"29.
Il est bien entendu que si l'on veut mener à bien une recherche, il faut se positionner
dans le champ sur lequel on travaille (M. GRAWITZ, 1996, p. 348)30. Les raisonnements
que nous développons tout au long de cette thèse exigent de nous impliquer dans la
construction théorique du champ de l'entrepreneuriat et de proposer notre propre
acception du concept31. Celui-ci n’est pas seulement une aide pour percevoir, mais une
façon de concevoir. Il exerce un premier tri au milieu du flot d’impressions qui nous
29
Nous regrettons tout de même de ne pas retrouver la dimension processuelle de l'entrepreneuriat de façon
claire et prononcée.
30
La dernière édition de cet ouvrage est apparue en 2001.
31
Certains chercheurs, sans doute très prudents, se refusent de donner une définition, voire même une
acception de l'entrepreneuriat. Il en est ainsi de B. SAPORTA et T. VERSTRAETE (2000, op.cit., p. 98) qui
notent : "…il nous semble que l'entrepreneuriat est un phénomène trop complexe pour être réduit à une
définition".
29
submergent, organise notre compréhension du champ et fonde nos choix théoriques
ultérieurs.
Il n'existe pas de meilleure définition de l’entrepreneuriat, mais des acceptions et des
approches qui répondent à des problématiques et des projets de recherche pertinents. Nous
considérons l'entrepreneuriat comme un processus dynamique et complexe. Il est le
fruit de facteurs psychologiques, sociaux, culturels, politiques et économiques. Il
prend la forme d’attitudes, d’aptitudes, de perceptions, de motivations et de
comportements qui se manifestent dans un contexte donné. Il peut s’exprimer sous
diverses formes telles que l'intrapreneuriat, l'essaimage, la franchise ou la filialisation.
Cependant, la création d'entreprise constitue pour nous la manifestation la plus
visible du phénomène entrepreneurial. Elle prend le sens d’une opportunité que nous
assimilons à la concrétisation d'un projet pérenne avec les risques y afférents32. Il doit
y avoir, pour reprendre les termes de C. BRUYAT (1993, p. 169), "une double
: nouveauté pour le créateur et nouveauté pour l'entreprise".
32
Certains "entrepreneurs" sont spécialisés dans la création d'entreprise dans l'ultime perspective de revendre,
à l'image de ce qui se fait actuellement avec les jeunes pousses. La notion de pérennité, telle que nous
l’entendons ici, "voile" à peine celle de "persistance" de T. VERSTRAETE (2001, op.cit.).
Ainsi nous nous rangeons dans la lignée des auteurs qui assimilent innovation et création d’entreprise. Nous
citons notamment K.G. SHAVER et L.R. SCOTT (1991, p. 39) ("After all, new venture creation is nothing if
not innovation, taking the unforeseen with the foreseeable").
30
du phénomène entrepreneurial. Cette approche s’intéresse davantage au "Pourquoi… ?"
et au "Comment… ?".
Chronologiquement, nous présentons l'évolution des recherches en entrepreneuriat en
distinguant trois approches : descriptive, comportementale et processuelle33.
Cette approche a pris forme dans les premiers écrits des théories économiques et s’est
quelque peu atténuée depuis la fin de la décennie 1970. En analysant le rôle que joue
l'entrepreneur dans la croissance économique, en définissant l'entrepreneur par ses
fonctions économiques et sociales et en le décrivant par ses caractéristiques, l’économie a
concentré l’essentiel de la recherche en entrepreneuriat. Cette dernière peut se résumer
essentiellement en des essais de définition de l'entrepreneur, du manager ou du
propriétaire-dirigeant34. Chaque grand courant de pensée, selon les changements socio-
économiques, insiste sur des caractéristiques et des fonctions entrepreneuriales spécifiques.
L'entrepreneuriat a été donc identifié par les économistes comme une construction utile
pour mieux comprendre le développement économique. Cependant, H. LEIBENSTEIN
(1968, p. 1) conclut qu'il n'est pas possible d'établir un modèle complet et détaillé du
développement économique en relation avec l'entrepreneuriat. Il va même jusqu'à écrire
que la théorie de la concurrence donne l'impression qu'il n'y a nul besoin en ce domaine.
Cela résulte, argumente-t-il, du fait que cette théorie cache le rôle vital de l'entrepreneur35.
33
En présentant l’évolution des recherches en entrepreneuriat en plusieurs rubriques (questions principales,
types d'approche, échelle temporelle, domaines scientifiques principaux, objets d'étude, paradigmes
dominants et méthodologies utilisées), A. FAYOLLE (2000c, op.cit., p. 404) donne une autre vue
synthétique qui nous semble bien cerner la question. Cependant quelques divergences subsistent dans nos
points de vue, notamment pour ce qui est des paradigmes dominants dans le champ de l’entrepreneuriat.
I. DANJOU (2002) présente une autre évolution de la recherche en entrepreneuriat selon trois angles
d’attaque : le contexte, l’acteur et l’action. L’approche de l’auteur éclaire la littérature en retraçant ces trois
dimensions selon les facteurs suivants : les questions clés, les disciplines de base, les angles de vue, les
contributions et les définitions types.
34
Cf. infra., chap.2 "L’entrepreneur : des théories économiques aux approches interdisciplinaires" qui sera
entièrement dédié aux concepts d'entrepreneur et de manager dans la théorie économique et à son émergence
sociale.
35
"The received theory of competition gives the impression that there is no need for entrepreneurship… The
answer is that the standard competitive model hides the vital function of the entrepreneur".
31
W.R. SANDBERG (1992, p. 87) est arrivé à la conclusion qu'il y a davantage d'espoir
pour un développement d'une théorie de l'entrepreneuriat depuis que les faiblesses de
l'approche descriptive sont devenus évidentes36. D.M. RAY (1993, p. 349) s’aperçoit que le
champ de l'entrepreneuriat s'est longtemps retranché derrière l'approche descriptive, ce qui
n'a pas nécessairement amélioré notre compréhension du phénomène entrepreneurial37.
Plusieurs auteurs (E. CHELL, 1985 ; W.B. GARTNER, 1988 ; D.L. SEXTON, 1987)
manifestent la même position et critiquent les courants qui approchent la question par les
traits de personnalité.
W.B. GARTNER (1988, p. 21) affirme que l'approche descriptive est complémentaire
de l'approche comportementale, mais il prévoit plus de perspective pour cette dernière en
vue d'expliquer le phénomène entrepreneurial38. Les sciences économiques se trouvaient
alors face au problème suivant : une bonne partie de la recherche se situe désormais en
dehors d'elle, car il s'agit de découvrir les facteurs comportementaux du phénomène
entrepreneurial qui s'inscrivent dans des contextes sociaux, culturels, politiques et
économiques particuliers39.
36
"The prospects for developing a theory of entrepreneurship seem brighter than might have been imagined
a mere decade ago, when the shortcomings of the trait approach, including its inability to predict
performance, began to become obvious".
W.R SANDBERG (1992, op.cit. p. 83) présente les contributions que peut apporter le management
stratégique à la construction d'une théorie sur l'entrepreneuriat. La conclusion la plus importante à laquelle
l'on est arrivé, commente-t-il, est que le management stratégique s'applique comme paradigme au thème de la
création d'entreprise. Le démarrage d'une nouvelle activité présente plusieurs aspects qui peuvent trouver une
réponse dans des modèles du management stratégique, notamment l'acquisition et l'utilisation des ressources
("The acquisition and use of resources are the core of some strategic management models of the firm and its
performance").
Pour une autre approche sur les concepts d’entrepreneuriat et de management stratégique, pour une
réflexion approfondie sur les liens entre l’entrepreneuriat et la stratégie entrepreneuriale, voir T.
VERSTRAETE (2001, op.cit.).
37
"… the field of entrepreneurship has been stuck for too long on a limited number of psychological traits
that have not necessarily increased our understanding of entrepreneurs".
38
"Research on the entrepreneur should focus on what the entrepreneur does and not who the entrepreneur
is".
39
Il y a cependant quelques auteurs "obstinés" qui approchent toujours la question d'un point de vue
économiste. Ainsi, E.J. DOUGLAS (1999) explique que l’individu formule des intentions de choix de
carrière en comparant les utilités maximales qu’offrent ces carrières. L'utilité que retire un individu (salarié
ou installé à son compte) dépend aussi bien du revenu que des conditions de travail (responsabilité, prise de
risque, indépendance, effort requis). C'est la différence qu’il perçoit entre l'utilité globale (prestige, richesse,
pouvoir…) et la "désutilité" globale qu'offre la voie salariale, par opposition à la voie entrepreneuriale, qui
déterminera son choix de carrière. L’auteur évoque les limites de son hypothèse en annonçant que ce qui est
perçu comme "utilité" par l'un peut être "désutilité" pour l'autre, et que cette perception change avec
l'évolution de l'emploi.
En rapportant le choix de carrière à un calcul algorithmique, il est supposé que l'information est parfaite et
que chaque individu est capable d'évaluer mathématiquement ses attentes en termes d'emploi. Hors, nul ne
reviendrait sur l'asymétrie de l'information. Il nous semble très exagéré de dire qu'un individu puisse décider
de créer son entreprise parce que l'utilité qu'il retire de son actuel emploi ne le satisfait plus et qu'il pourrait
tirer une utilité supérieure en travaillant dans les mêmes conditions pour son propre compte.
32
Les économistes, toutes écoles confondues et à quelques très rares exceptions40,
raisonnaient comme si les aptitudes industrielles et techniques des individus pouvaient être
considérées comme des quantités fixes. Cependant, les penseurs modernes de
l'entrepreneuriat ont constamment à l'esprit le fait que ces aptitudes sont le produit des
circonstances propres au milieu dans lequel ils vivent.
M. WEBER (1964) [1905]41 est sans doute le premier auteur auquel nous pouvons
rattacher l’approche comportementale dans le champ de l’entrepreneuriat. Cependant,
selon plusieurs auteurs, celle-ci a été révélée par la psychologie et plus précisément par les
travaux de D.C. Mc CLELLAND (1961 ; 1962 ; 1965) dans le début de la décennie 196042.
Cet auteur est l'un des premiers à s'intéresser aux liens qui existent entre l'action des
individus (les entrepreneurs) et leur environnement (les valeurs, les croyances et les
motivations)43. Le fondement de son analyse est que le développement économique
s'explique par l'esprit d'entreprise, qui lui-même trouve ses sources dans le besoin
d'accomplissement (Need-Achievement). D.C. Mc CLELLAND (1965, p. 392) avance
l'hypothèse que ce trait psychologique est assez stable. Combiné aux caractéristiques de
l'environnement, il prédispose les individus à choisir des carrières entrepreneuriales44.
40
Nous pensons essentiellement à J. SCHUMPETER.
41
1905 est l’année de la première édition en langue anglaise intitulée "The Protestant Ethic and the Spirit of
Capitalism".
42
L'un des auteurs les plus cités dans le champ de l'entrepreneuriat selon A. SHAPERO et L. SOKOL (1982,
op.cit, p. 74).
43
Mais à son époque, on ne parlait pas encore d’entrepreneuriat en tant que champ de recherche ; ni
d’approche comportementale en tant que théories pouvant expliquer les phénomènes entrepreneuriaux.
44
"… n Ach is a fairly personality characteristic which, given certain characteristics of the social system,
predisposes young men to enter entrepreneurial occupations or to function in traditional occupations in
entrepreneurial ways".
33
Les variables environnementales caractérisant les individus sont donc devenues, elles-
mêmes de réels objets d'analyse. Les causes des actes des entrepreneurs constituent l'intérêt
principal de la recherche. Ainsi des travaux ayant pour origine diverses disciplines des
sciences humaines (Gestion, Economie, Psychologie, Sociologie, Anthropologie…) se sont
orientés vers l'explication des comportements entrepreneuriaux en liaison avec
l'environnement dans lequel ils s'expriment. Nous retrouvons ici, par exemple, tous les
travaux s’intéressant aux caractéristiques psychologiques et aux typologies des
entrepreneurs, que nous exposerons dans le deuxième chapitre.
45
"This behavioral approach views the creation of an organization as a contextual event, the outcome of
many influences".
46
"… the focal point of entrepreneurship research should be the entrepreneurial process or event as it take
place within a multidimensional social context, not the psychological profile of the entrepreneur".
34
Beaucoup de chercheurs, chacun dans son domaine, avec une logique et une méthodologie
propres, réalisent des travaux en la matière. Ainsi, le champ de l'entrepreneuriat se retrouve
au centre d'une multitude de disciplines. Mais "Si chacun de ces points de vue
disciplinaires (psychologie, sociologie, psychologie sociale, histoire des entreprises,
démographie des populations, …) possède sa légitimité, aucun ne peut revendiquer un
statut supérieur aux autres" (C. BRUYAT, 1993, p. 163).
47
"The paradigm attempts to include all versions of the entrepreneurial event, from the one-time promotion
to civic organization, and to include all of the variables, situational, social, and individual, that might be
identified with the event… Each entrepreneurial event is the endpoint of a process and the beginning of
another".
35
W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER (1991, p. 14) tout en réfutant les approches
descriptive et comportementale, insistent sur le changement dans l'objet de la recherche. A
l'instar du management stratégique qui a délaissé les rôles et fonctions du "manager" pour
se centrer sur les processus stratégiques de l'organisation, l’entrepreneuriat, au lieu de se
focaliser sur les caractéristiques, les fonctions et les innombrables définitions de
l'entrepreneur, a ici vocation à s’intéresser à la nature et aux caractéristiques du processus
entrepreneurial48. Ils traduisent l'évolution de la recherche comportementale vers la
recherche processuelle par quelques questions clés :
48
"Starting in the mid-1960s, however, the focus of that field shifted from the "roles and functions of the
general manager" to "the strategic processes of organisation"… In a similar fashion, it may be useful to shift
our focus from "the characteristics and functions of the entrepreneur" and the myriad definitions of what
constitutes an entrepreneur, and to focus, instead, on the nature and characteristics of "the entrepreneurial
process"".
36
changement créatrice"49. Cette dynamique dans le processus entrepreneurial est soutenue
par l'Organisation de Coopération et de Développement Economique. Celle-ci définit
l'entrepreneuriat comme "Le processus dynamique qui consiste à identifier les possibilités
économiques et à les exploiter par la mise au point, la production et la vente de biens et de
services" (OCDE, 1998, p. 269).
49
Le terme dialogique est emprunté, selon A. FAYOLLE (1998, p. 285), à E. MORIN. Pour C. BRUYAT
(1993, op.cit, p. 60), "Le principe de dialogique signifie que deux ou plusieurs logiques différentes sont liées
en une unité, de façon complexe (complémentaire, concurrente et antagoniste) sans que la dualité ne se
perde dans l'unité".
50
En cela, nous rejoignons E.-M. HERNANDEZ (1999, op.cit) et A. ARLEO et E.-M. HERNANDEZ
(2002) qui abordent le processus entrepreneurial selon deux concepts : "temporalité" et "complexité". Le
temps disent-il, n'est pas une contrainte, il est l'essence même du phénomène. Pour E.-M. HERNANDEZ
(1999, p. 221-228), il n'est pas question d'une temporalité linéaire, rationnelle et séquentielle, mais de boucles
et d'itérations. La complexité, qu'il tient à distinguer de la complication, fait interagir une multitude
d'éléments et se développe dans le temps avec une multitude de rétroactions.
La recherche de A. ARLEO et E.-M. HERNANDEZ (2002, op.cit) sur l’usage des métaphores en
entrepreneuriat apporte une bonne connaissance dans la construction théorique de ce champ. Ces auteurs font
une analyse intéressante des corpus théoriques anglais et français les plus utilisés en entrepreneuriat. Ils
présentent les limites des métaphores utilisées et en proposent deux pour sortir de "l’impasse
monométaphorique actuelle" qui caractérise le champ : l’organisation vue comme "cerveau" et "flux".
37
situation actuelle (salariat, chômage, études…) par rapport à une situation future (la
création d'entreprise). Ils décrivent cette préférence comme étant le résultat de facteurs
situationnels et personnels.
PR E
0 1 2 3 4 5
38
Etape 0 : "l'action de créer n'est pas perçue" du fait de l'éducation, de la personnalité ou
de l'environnement de l'individu. La création d'entreprise n'est pas intégrée dans les
schèmes cognitifs de l'individu.
Etape 1 : "l'action de créer sa propre entreprise est perçue". L'individu a l'information
nécessaire pour comprendre plus ou moins ce qu'est la création d'entreprise, sans pour
autant qu'une quelconque réflexion et action ne soient entreprises.
Etape 2 : "l'action de créer est envisagée". Elle est prise en compte par l'individu comme
étant une alternative possible. Il a un projet flou de ce que pourrait être sa future entreprise.
Il commence à rechercher une idée de création en y consacrant un peu de son temps.
Etape 3 : "l'action est recherchée" car l'individu investit activement une idée (s'il ne l'a pas
déjà) et tente de l'évaluer. Cette étape se distingue de la précédente par l'engagement réel
de l’individu dans le processus en consacrant du temps et de l'argent. C'est pendant cette
phase que sont réalisées l'étude de marché et l'élaboration du plan d'affaire. L'individu a un
statut hybride où il garde son ancienne activité s'il est salarié, ou continue à rechercher un
emploi s'il est chômeur.
Etape 4 : "l'action est lancée". Les négociations avec les clients et les fournisseurs sont en
cours, les procédures financières et juridiques sont déclenchées, le matériel nécessaire à la
production est commandé… et les premières commandes sont livrées. Si l'entreprise
parvient à atteindre son seuil de rentabilité et à assurer son équilibre financier, elle passera
à la dernière étape.
Etape 5 : "l'action est réalisée" et l'entreprise devient une entité reconnue par ses
partenaires quand elle atteint son équilibre d'exploitation. Le créateur est devant une
problématique de dirigeant de PME.
PR : "l'action est perçue et refusée". Ce refus peut être définitif ou temporaire. L'individu a
développé un projet, a recherché de l'information, mais il a renoncé pour des raisons
psychologiques ou autres.
L'auteur reconnaît le caractère "rustique" de la description du modèle qui met en relief
des moments forts dans le processus. Dans la pratique, poursuit-il, il est difficile de
déterminer dans quelle phase se trouve le créateur.
39
1.3.2. Le modèle du processus de création d'entreprise de W.D. BYGRAVE (1989a,
1989b)
W.D. BYGRAVE (1989a, p. 8) écrit que le processus de création d’entreprise tel que
décrit dans son modèle fait partie intégrante du paradigme entrepreneurial et qu'il fera une
quasi-unanimité dans le monde de la recherche51. Le processus entrepreneurial amont
appelle des variables :
9 inhérentes à l'individu qu'il répartit en deux groupes. Le premier agit sur la naissance
de l'idée (besoin d’accomplissement, contrôle interne, prise de risque, valeurs
personnelles, formation et expérience antérieure). Le second intervient au niveau du
déclenchement de l'événement de création "Triggering event" (prise de risque,
insatisfaction au travail, perte d'emploi, formation, âge, sexe et engagement) ;
9 sociologiques qui sont l'influence des relations personnelles, des collègues, de la
famille et de modèles d'entrepreneur ;
9 environnementales réparties elles aussi en deux groupes. Le premier a un impact sur la
naissance de l'idée et le déclenchement de l'événement (opportunités, modèles
d'entrepreneur et créativité). Le second intervient sur le déclenchement de l'événement
et sa mise à exécution (la concurrence, les ressources, les incubateurs ou les pépinières
et les politiques publiques en faveur de l'entrepreneuriat).
51
"There will be almost unanimous agreement that the phenomena in this model are an integral part of
entrepreneurship paradigm".
40
PERSONAL PERSONAL SOCIOLOGICAL
n-Achievement Risk Taking Networks
Internal Control Job Dissatisfaction Teams
Ambiguity Tol. Job Loss Parents
Risk Taking Education Family
Personal Values Age Role models
Education Gender
Experience Commitment
ENVIRONMENT ENVIRONMENT
Opportunities Competition
Role Models Resources
Creativity Incubator
Government policy
52
"The entrepreneurial event is a discontinuity.
The discontinuity ranges in size from a quantum jump to a tiny increment.
The antecedents to the event comprise many factors.
The event is triggered by changes in the antecedents.
the changes are usually tiny increments rather than large breakthroughs.
The event is unique : cannot be exactly replicated.
The process is unstable : outcomes are very sensitive to small changes to the inputs.
41
Dans la recherche en entrepreneuriat, poursuit W.D. BYGRAVE (1989a, p. 20 ; 1989b,
p. 10), il est presque impossible de réduire les problèmes à des facteurs qui peuvent être
considérés isolément. Il faut éviter, chaque fois que possible, le réductionnisme dans la
recherche. Il faut envisager l'approche comme un "tout". Pour comprendre les causes de
l'événement entrepreneurial, nous avons besoin de comprendre les changements dans les
facteurs antérieurs, qui ont déclenché l'événement. Le plus souvent, les créations
d'entreprise, y compris celles qui se sont accompagnées d'innovations importantes, sont
déclenchées par une succession de changements relativement faibles dans les variables
affectant le processus entrepreneurial53.
W.D. BYGRAVE (1989a, p.20-21), à travers son modèle, conçoit l'entrepreneuriat
comme un processus en devenir plutôt qu'un état immuable. L'essence de l'entrepreneuriat
est le changement dans un processus holistique où la stabilité disparaît. Si l'on se contentait
d'études transversales, on perdrait toute la richesse de l'approche longitudinale54.
It is a holistic process".
53
"In entrepreneurship research, it is nearly impossible to reduce problems to neat constituents that can be
examined in isolation. We should avoid, whenever possible, reductionism in entrepreneurship research.
Instead, we should look at the whole. Entrepreneurship is a process that evolves with time".
"To find its (l'événement) cause, we need to understand the changes in the antecedent variables that
triggered the even… Likewise, at the quantum end of the spectrum, some very innovative ventures are also
triggered by relatively small changes rather than one big breakthrough… True, some entrepreneurial
ventures are triggered by a single breakthrough, but they are few an far between. And even a new venture is
based on a breakthrough, it might be argued that the invention behind it was triggered by small changes".
54
Entrepreneurship is a process of becoming rather then a state of being. It is not a steady state
phenomenon. Nor does it change smoothly. It changes in quantum jumps… Entrepreneurship is a process
that evolves with time. If we do only cross-sectional studies, we lose much of the richness that comes from
longitudinal studies… But the essence of entrepreneurship is a change of state. And change a state is a
holistic process in which the existing stability disappear".
42
inadéquation totale, l'abandon constitue la voie la plus sage. La "Décision" de créer
implique de manifester des comportements entrepreneuriaux en vue de concrétiser
("Finalisation") son projet d'entreprise.
43
Environnement
1. Micro-économique
Caractéristiques = entreprise
psychologiques 2. Méso-économique
= réseau
3. Macro-économique
Vécu
Figure 5 - Proposition d’un modèle stratégique d’entrepreneuriat (E.-M. HERNANDEZ, 1999, p. 72)
44
1.3.4. Le modèle systémique du processus individuel d'émergence des entrepreneurs de
J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989)
55
Bien que les auteurs précisent que leur étude "analyse les programmes sous l'angle d'un processus de
transformation éducative des étudiants", le modèle ne montre pas de manière directe à quels niveaux
intervient la formation sur les intentions entrepreneuriales.
Cette modélisation nous éclaire sur les facteurs susceptibles d'agir sur l'intention entrepreneuriale, mais
nous n'avons pas trouvé de réponse qui puisse nous guider dans l'élaboration de notre cadre théorique. Les
auteurs n'ont entamé aucune approche théorique du concept d'intention entrepreneuriale ainsi que les
éventuels supports théoriques qui peuvent la soutenir.
56
La distribution des intentions en fonction du potentiel entrepreneurial montre que 31% des intentions
positives se concentrent chez les individus ayant un fort potentiel et que seulement 11% des intentions
négatives proviennent de ce groupe. A l'opposé, seulement 3,5% des intentions positives proviennent du
groupe à faible potentiel.
57
Sans en faire référence, les auteurs empruntent les concepts de "negative displacements" et "positive pull"
de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, op.cit.) ainsi que celui de "discontinuity" de W.D. BYGRAVE
(1989a, op.cit. ; 1989b, op.cit.).
45
ANTECEDENTS
Famille
Activités parascolaires
Expérience de travail
Environnement
• Modèle
• Infrastructure
• ressources
PREDISPOSITIONS
MOTIVATIONS APTITUDES
Aptitudes
Attitudes
Attitudes Intérêt
Intérêts
Argent
Risque Innovation/Initiatives
Succès/Echec COMPORTEMENT Action
Changement Engagement à long terme
Concurrence Affectif empathie Responsabilités
Destin leadership
ressources humaines
DECLENCHEURS Cognitif information
apprentissage
feed-back
Facteurs de discontinuité Action moyen
Licenciement, perte d'emploi opportunisme
Promotions personnelles adaptation
bloquées décision
Frustrations et insatisfactions
Crise de mi-carrière
Facteurs positifs
RESULTAT
Services de pré-incubation
Opportunités Entreprise nouvelle
Regroupement d'entrepreneurs
46
Toutes les analyses qui ont précédé ont mis en relief la dimension processuelle de
l’entrepreneuriat. Celle-ci nous indique que ce dernier comprend différentes phases. Les
propos ci-dessous ont pour objectif de s’intéresser à une phase en amont de ce processus :
l’intention entrepreneuriale qui constitue notre question principale de recherche.
Le processus entrepreneurial peut être représenté par des moments forts58. L’étude de
l’intention qui est en amont de celui-ci, présente un intérêt particulier pour comprendre le
cheminement qui mène à l'acte d'entreprendre.
Le débat sur les difficultés d'identifier le début du processus est largement commenté
dans la littérature. Nous considérons que le processus en amont est un continuum qui peut
être identifié par les quatre temps forts suivants :
Aptitudes
entrepreneuriales
Poursuite ou abandon
Choix formulés sur la base d’influences
personnelles et situationnelles
58
Ces séquences nous ont été inspirées par le modèle de la formation de l'organisation de K.E. LEARNED
(1992, p. 40). Notons aussi que les phases que nous présentons ici se rapprochent, dans la présentation
séquentielle, des concepts déployés et analysés par la philosophie de l'action : "plan-intention-choix-décision-
action" (A. BOYER, 1997, p. 268).
47
Avant d’aborder de façon synthétique ces étapes, notons que la littérature fait souvent
l’amalgame entre les concepts d’aptitudes entrepreneuriales et de potentiel
entrepreneurial59.
Un individu possédant de fortes aptitudes entrepreneuriales sera plus "réceptif" aux
facteurs personnels et environnementaux qui l’animeront pour créer son entreprise60.
Cependant, de fortes aptitudes entrepreneuriales ne sont pas toujours accompagnées d'une
intention de se mettre à son propre compte, et encore moins de l’acte de création.
Les aptitudes entrepreneuriales peuvent s’enrichir à mesure que l'individu progresse au
sein du processus. Il peut chercher à augmenter ses aptitudes entrepreneuriales par le suivi
d’enseignements ou de formations par exemple, une fois qu'il a saisi une idée ou une
opportunité d'affaire. Cependant, des individus pouvant présenter initialement de fortes
aptitudes entrepreneuriales ne se révèlent pas toujours comme étant de bons porteurs de
projets.
59
C’est le cas de J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991), N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL
(1994), N.F. KRUEGER et alii (2000) et K.E. LEARNED (1992, p. 39). L’approche de A. FAYOLLE
(2000a, p. 406) nous donne une idée de cet amalgame. En effet, le potentiel entrepreneurial prend le sens
d'"un ensemble de ressources personnelles (connaissances, expériences, compétences, relations, aptitudes)
utiles pour l'action entrepreneuriale".
60
Pour notre acception du concept d’aptitudes entrepreneuriales, cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions
des aptitudes entrepreneuriales".
61
"Propensity to found. Some individuals have a combination of psychological traits in interaction with
background factors which make them more likely candidates to attempt to found business".
48
La propension peut se transformer en intention entrepreneuriale62. Nous distinguons ces
deux concepts par deux aspects majeurs : l'existence d'une idée ou d'un projet d'affaire
plus ou moins formalisé, et l'engagement personnel dans le processus de création
d'entreprise, en recherchant notamment les premiers "matériaux" permettant de formaliser
cette idée ou ce projet.
La décision implique que l'individu est conforté dans son intention. Elle se distingue
de cette dernière par deux dimensions essentielles. Premièrement, la formalisation de
l’idée ou du projet est achevée dans ses "moindres détails". L'idée ou le projet sont
transformés en opportunité qui est validée par les études financière et marketing.
Deuxièmement, les ressources de différente nature (financières et logistiques) sont
globalement mobilisées.
62
Tout comme pour les concepts d’aptitude entrepreneuriale et de potentiel entrepreneurial, certains auteurs
amalgament aussi les concepts de propension et d’intention entrepreneuriale. Nous pensons plus
spécialement à T.M. BEGLEY et alii (1997) qui tantôt font usage de "entrepreneurial intention", et tantôt de
"propensity toward starting a business".
63
Certains auteurs considèrent que l’acte d’entreprendre correspond au lancement juridique et administratif.
Nous réfutons cette acception car l’entreprise peur rester longtemps en "sommeil". Pire encore, elle peut ne
jamais honorer des commandes que l’étude de marché a bien révélées.
64
Pour une large revue sur les comportements des entrepreneurs et des managers, voir A. GIBB (1999) et A.
GIBB et J. COTTON (2002, op.cit.).
49
la décision et l'acte de création. Mais les cheminements entrepreneuriaux des individus
sont très différents, pour ne pas dire singuliers. L'acte de création peut naître d'une
rencontre soudaine, d'une insatisfaction professionnelle, d'une opportunité saisie lors d'un
travail salarié… sans pour autant que les phases d’intention et de décision puissent être
nettement distinguées et différenciées dans le temps.
1.4.1. La problématique
65
L'auteur constate que les étudiants de l'université de Wesleyan ayant eu un fort besoin d'accomplissement,
sont entrepreneurs ou occupent des professions exigeant des comportements entrepreneuriaux.
"A cross-validation study of students of the classes of 1954 and 1964 confirmed the finding that males with
high n Ach gravitated toward business occupation of an entrepreneurial nature… 83% of the entrepreneurs
had been high in n Ach 14 years earlier versus only 21% of the nonentrepreneurs".
66
En s'intéressant aux étudiants de l'université de Saint Louis suivant des enseignements en entrepreneuriat,
l'auteur introduit les notions de "I-E (Internal, External) Locus of Control"
pour mesurer l'intention entrepreneuriale. Le concept de "I-E locus of control" est une des caractéristiques
psychologiques le plus souvent citée comme prédictive de l’acte d’entreprendre. Il décrit la manière dont
l’individu attribue la responsabilité des événements à des facteurs internes ou externes à son contrôle. Le
"locus of control" affecte la perception qu’a un individu des relations entre ses actions et leurs conséquences.
50
(T.M. BEGLEY et alii, 199767 ; N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 10268 ; N.F.
KRUEGER et alii, 2000, p. 41569).
Avant d'être créateur, l'étudiant s'inscrit d'abord dans une réalité sociale, économique et
politique dont on ne peut faire l'économie. Pour comprendre les variables qui sont à
l'origine de l'intention entrepreneuriale, il faut aborder le sujet de manière globale.
Les mobiles susceptibles de justifier, au sein du processus entrepreneurial, l’acte
d’entreprendre indiquent, comme nous le verrons au troisième chapitre, que la famille est
la première expérience sociale de l’individu. Elle modèle ses comportements et lui
transmet les valeurs qu’elle voudrait qu’il partage. Depuis S. FREUD, nous savons que les
modèles parentaux contribuent à orienter "les choix professionnels". Plusieurs études
montrent que les entrepreneurs ont des parents chefs d’entreprise ou qui exercent une
activité de travailleur indépendant. Les créateurs d’entreprise sont issus, pour une bonne
partie, d’un milieu entrepreneurial. Une amitié d'affaires ou encore la connaissance
d'entrepreneurs dans la société apportent une certaine expérience, et peuvent donner accès
à des réseaux d'informations forts utiles pour construire un projet d'entreprise.
Une formation entrepreneuriale vient s'adjoindre à cette réalité sociale, économique et
politique dans laquelle évoluent les étudiants. Elle constitue l'événement déclencheur
positif ("Positive Pull") au sens de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982). La formation en
entrepreneuriat, notamment pour des étudiants de troisième cycle, intervient à un moment
où ils doivent souvent décider de leur carrière. Elle joue un rôle capital dans leur "choix
professionnel" et leur offre un cadre où peuvent s’intégrer de nouvelles attitudes, aptitudes
et perceptions.
Plusieurs chercheurs se sont penchés sur la détection dans les populations estudiantines
d'entrepreneurs potentiels. Des recherches effectuées aux Etats-Unis sur les diplômés de
premier et deuxième cycles du fameux "Babson College" et de l’université de Harvard ont
67
"This paper explored the ability of socio-cultural factors to explain interest by individuals in seven
countries in starting a business. Since little previous empirical work had been done in the area, the paper
first attempted to identify socio-cultural dimensions that might be relevant in predicting interest in
entrepreneurship".
68
"Where we do focus on processes underlying entrepreneurial activity, we too often look backward through
the lens of existing entrepreneurs. Studies of entrepreneurial intentions are relatively few".
69
"These arguments (recherches antérieures) strongly support testing intentionality-driven models of
entrepreneurship, but few studies do so explicitly".
51
prouvé l’existence d’une corrélation positive entre le nombre de cours sur l’entrepreneuriat
ou sur la petite entreprise suivis durant les études et l’exercice ultérieur d’une activité
indépendante ou de création d’entreprise (OCDE, 1998, p. 97-99).
M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 20 et 21) montrent que
l'intention entrepreneuriale a quasiment doublé après le suivi du programme "Jeunes
Entreprises". Ils notent qu’il est vraisemblable qu'une formation à l'entrepreneuriat, si elle
n'agissait pas sur l'intention des étudiants, leur donnerait une meilleure connaissance du
monde des affaires. Elle leur ferait prendre conscience de leurs aptitudes, de leurs goûts et
de leur potentiel entrepreneurial. La formation en entrepreneuriat rendrait les étudiants plus
sensibles aux déclencheurs qui les amèneront à démarrer leur propre entreprise.
Ce à quoi nous nous intéressons est de chercher à comprendre et à expliquer dans quelle
mesure des programmes ou des formations en entrepreneuriat, parmi des variables
personnelles et contextuelles, agissent sur l'intention entrepreneuriale des étudiants70. Nous
nous attachons, dans une perspective prédictive, à comprendre et à expliquer
l'influence de facteurs individuels et contextuels, notamment ceux qui émergent du
suivi de programmes ou de formations en entrepreneuriat, sur l'intention
entrepreneuriale. Il est donc question, au sein d’une démarche hypothético-déductive,
descriptive et explicative à caractère rétrospectif, de savoir selon quelles modalités
des programmes ou des formations en entrepreneuriat, parmi des variables
psychologiques, socioculturelles et économiques, peuvent agir sur l'intention
entrepreneuriale des étudiants ? Ces programmes ou formations développent-ils des
attitudes et des perceptions qui influencent l'intention entrepreneuriale ?
Ainsi notre démarche se veut à caractère prospectif, dans la mesure où elle se chargera
de prédire des comportements. Mais elle est aussi rétrospective car l'intention
entrepreneuriale ne peut se comprendre qu'en combinant les événements de l'histoire
"entrepreneuriale" de l'étudiant (facteurs psychologiques et socioculturels) avec le contexte
présent dans lequel il évolue (formation, facteurs économiques).
70
Il est question d’étudiants en troisième cycle (bac+5) de gestion suivant des formations ou des programmes
en entrepreneuriat ou création d’entreprise. Donc, logiquement, à quelques mois de décider de leurs futurs
professionnels.
52
L'étude de l'intention entrepreneuriale fournit, selon B.J. BIRD (1988, p. 442), une voie
de recherche avancée qui permet de dépasser les études descriptives71. Elle affirme que
l'étude de l'intention entrepreneuriale met en jeu des relations complexes entre les idées
d'affaires et leurs conséquences en accordant une attention particulière aux variables
individuelles et contextuelles72. N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 102)
signalent que les études sur les intentions entrepreneuriales sont instructives73. Pour N.F.
KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 326), la création d'entreprise est un événement
assez rare ; étudier les intentions offre une idée et une compréhension adéquates du
processus entrepreneurial, même si le phénomène n'aboutit pas74.
Si nous voulons donner une portée opérationnelle à notre problématique, il nous faut
présenter notre acception de l’"intention entrepreneuriale". Nous insistons sur les
dimensions de volonté et de processus cognitif qui la contiennent. Nous mettons en
exergue le décalage entre la logique d'intention et celle d'action, et la nécessité de formuler
l’hypothèse de stabilité de l’intention sur une échéance de cinq ans.
71
"The study of entrepreneurial intentions provides a way of advancing entrepreneurship research beyond
descriptive studies".
72
"The study of entrepreneurial intentions opens new arenas to theory-based research. It directs attention
toward the complex relationships among entrepreneurial ideas and the consequent outcomes of these ideas,
and it directs attention away from previously studied entrepreneurial traits (e.g., personality, motivation, and
demographics) and contexts (e.g., displacements, prior experience, markets, and economics)".
73
"Studies of entrepreneurial intentions are relatively few but are typically enlightening".
74
"Also, given that new venture initiation is a relatively infrequent occurrence, studying intentions offers
valuable insights into the process, even where we cannot observe initiation".
75
Sur les intentions de choix de carrière, il existe une "pléthore" d’études empiriques réalisées notamment
par l’APCE. Cf., APCE, "Les Français et la création d'entreprise", http://www.apce.com, janvier 2000, 4
pages.
76
"Some modern theorists describe intention as one variable within larger psychological model".
53
représente la présence, plus ou moins grande, d'"antécédents" et de "prédispositions"77.
Pour J.M. CRANT (1996, p. 43), l'intention entrepreneuriale est définie par les "jugements"
de l'individu sur la probabilité de posséder sa propre entreprise78. Selon P. DAVIDSSON
(1995), l’intention entrepreneuriale est déterminée essentiellement par la conviction
personnelle qu’une carrière d’entrepreneur est une alternative préférable pour soi79.
K.E. LEARNED (1992, p. 40) affirme que la rencontre de situations qui interagissent
avec des traits psychologiques et des expériences professionnelles ou entrepreneuriales,
vont provoquer l'intention80. Pour J.-P. NEVEU (1996, p. 21), "l'intention représente une
étape nécessaire au cheminement motivationnel vers le comportement". Selon R.-J.
VALLERAND (1994, p. 784), le concept d'intention comportementale renvoie à la
prédisposition à agir.
77
Cf. supra., p. 45 et 46, "1.3.4. Le modèle systémique du processus individuel d'émergence des
entrepreneurs de J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989)".
78
"The central variable in this paper, entrepreneurial intentions, will be defined as one's judgements about
the likelihood of owning one's own business". Sans en faire référence, peut être que l'auteur se base sur la
vision répandue du comportement rationnel fondée sur les séquences : représentations, jugement, choix,
action. Voir à ce sujet G. DOSI et alii, "Les normes comme propriétés émergentes d'un apprentissage
adaptatif : Le cas des routines économiques", in : J.-P. DUPUY, P. LIVET (1997, p. 49-52).
79
“The model suggests that a major determinant of entrepreneurial intention is the individual’s conviction
that this career is a suitable alternative for him/her”.
80
"Intention to found. Some of those individuals will encounter situations which, in interaction with their
traits and backgrounds, will cause intentionality".
81
Nos recherches dans la littérature nous ont apportées la preuve, comme nous le verrons aussi plus loin avec
les emprunts que nous faisons aux sciences juridiques, que l'entrepreneuriat est un champ qui inévitablement
se construit avec les apports de diverses disciplines. Il est intéressant de noter qu'à l'université de Durham
(Grande-Bretagne), une thèse de doctorat en philosophie soutenue par R. Ma en 2000 avait pour thème
"Enterprise Education and its relationship to Enterprising Behaviours". Cité in : A. GIBB, J. COTTON
(2002, op.cit, p. 1-24).
82
Pour des exposés détaillés sur ces concepts, cf. A. BOYER (1997), M.-E. BRATMAN (1997), J.
COUTURE (1997) et D. FISETTE (1997).
54
de l'action. Cependant, l'auteur écrit que l'on distingue dans ces théories trois usages ou
concepts "irréductibles" d'intention83 :
9 l'"usage adverbial" : signifie avoir agi intentionnellement. Il nous permet de distinguer
un simple comportement d'une action. Tout ce que nous avons l'intention de faire et
que nous faisons effectivement, nous le faisons intentionnellement. Mais à l'opposé, il
n'est pas toujours vrai que nous ayons l'intention de faire tout ce que nous faisons
concrètement ;
9 l'"usage substantif" : l'intention désigne un état psychique. Avoir l'intention d'agir
s'impose lorsqu’elle est formée bien avant que l'action visée ne soit exécutée ;
9 "agir avec une intention" : implique une certaine attitude de la part de l'individu à
l'égard de la relation entre l'action et le résultat escompté. Il évalue les avantages et
inconvénients d'une action désirable en tenant compte de ses croyances et de ses
limites.
Pour notre part, nous nous situons dans les deux derniers usages. Il est question de
l'intention d'agir dans le futur. Celle-ci s'accompagne de certaines actions présentes qui
pourraient mener au comportement souhaité.
Le dictionnaire "Le Robert" définit l'intention comme "le fait de se proposer un certain
but". Dans l'intention délibérée, il y a "détermination, résolution, volonté". Au sens
épistémologique, l'intention vient du verbe latin intendere qui signifie "tendre vers". Elle
est la volonté tendue vers un certain but. A. BOYER (1997, p. 269) définit l'intention
comme "une "pro-attitude" qui manifeste une tendance positive de l'agent vers un état du
monde visé". Selon D. GAUTHIER (1997, p. 59-60), l'intention est synonyme du succès
d'une délibération concernant une action à venir84.
83
Tout le débat philosophique, selon l'auteur, s'est polarisé sur la question de savoir si ces trois sens
pouvaient être réduits à un sens unitaire.
84
Selon l'auteur, la délibération sur l'avenir concerne ce qu'il s'agirait de faire. Lorsqu'elle est couronnée de
succès, la délibération se traduit par une décision présente de réaliser une action future.
55
Pour R.H. BROCKHAUS (1975 ; 1982), l'intention prend le sens de contrôle interne
("internal locus control") versus contrôle externe ("external locus control"). L'internalité
du lieu de contrôle est un bon prédicteur de l'intention entrepreneuriale. Pour C. BRUYAT
(1993, p. 244), elle est une volonté. Pour A. FAYOLLE (2000a, p. 405), en plus de cette
volonté d'accomplir un acte, l'intention signifie un "dessein délibéré".
N.G. BOYD et G.S. VOZIKIS (1994, p. 66) précisent cette volonté en la reliant à la
poursuite d'un comportement donné85. R.J. BRADLEY (1990, p. 48)86, W.D. BYGRAVE et
C.H. HOFER (1991, p. 17)87, I. DANJOU (2002), H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO
(1990, p. 24)88 et T. VERSTRAETE (2001) notent que pour comprendre le phénomène
entrepreneurial, on doit tenir compte de la volonté de l'individu. Personne ne peut
concrétiser une opportunité s'il n'en exprime pas la volonté.
B.J. BIRD (1988, p. 44389 ; 1992, p. 1190) assimile aussi l'intention à une liberté et une
volonté individuelle ; elle est un état de l'esprit qui oriente l'attention, et conséquemment,
l'expérience et l'action de l'individu vers un objectif spécifique (créer une entreprise,
décisions de croissance, changements)91. Même si les idées d'affaires naissent avec
l'inspiration, une attention et une intention soutenues sont nécessaires pour la rendre
manifeste92.
85
"Intentions are thought to reflect a person's willingness to pursue a given behavior".
86
"Individuals are, after all, the energizers of the entrepreneurial process".
87
"So useful model of entrepreneurship must recognize the importance of human volition".
88
"By definition, nobody will pursue an opportunity if he/she does not want to".
89
"Intentionality is the larger framework which includes not only goal setting but also a greater degree of
freedom and expanded creativity for the entrepreneur".
90
"New ventures are not coerced into being nor are not they random or passive product of environmental
conditions. Ventures get started and develop through initial stages largely based on the vision, goals, and
motivations of individuals".
91
"Intention is a state of mind directing a person's attention, experience, and behavior toward a specific
object or method of behaving".
92
"Even though entrepreneurial ideas - for a new products, new services, new social movements - begin with
inspiration, sustained attention and intention are needed in order for them to become manifest".
56
fait ou l'acte nécessaire à son existence ; "réglementaire", c'est-à-dire le texte juridique qui
la sanctionne ; et enfin, l'élément "moral"93 où l'on retrouve l'intention.
Pour J. PRADEL (1995, p. 500 et 501), il n'existe aucune définition de l'intention dans
la loi, et encore moins dans la jurisprudence. En essayant de définir l'intention avec un
grand souci de précision, il est apparu, dit-il, dans la doctrine une notion monolithique et
très variée où la volonté est très présente. Cet auteur affirme que l'intention est "à la fois
connaissance de ce qui est interdit et volonté de transgresser l'interdit malgré tout…De
façon générale, elle n'est pas seulement la volonté tendue vers la recherche d'un résultat
précis, mais également que les agissements réalisés volontairement entraînent ce
résultat… Aux yeux de notre droit, la volonté est définie de manière objective : elle est le
fait de vouloir un acte et elle n'est rien d'autre".
En droit, l'intention est considérée comme "la volonté consciente" de commettre un fait
prohibé par la loi. D'après G. STEFANI et alii (1997), pour que l'infraction existe
juridiquement, il ne suffit pas qu'un acte matériel soit commis, il faut encore que celui-ci
ait été l'œuvre de la volonté de son auteur. En absence de volonté, en cas de force majeure
par exemple, il n'y a pas d'infraction. L'intention est la volonté d'accomplir un acte (G.
STEFANI et alii, 1997, p. 211 et 215 ; F. DESPORTES, F. LE GUNEHEC, 1997, p. 363 ;
W. JEANDIDIER, 1991, p. 353). D’où un lien étroit entre l'intention et le résultat envisagé
(P. CONTE, P. MAISTRE DU CHAMBON, 1998, p. 202).
93
Sans doute est-il préférable de parler d'élément psychologique selon G. STEFANI et alii (1997, p. 214).
94
"Intentions are a cognitive structure including both goals (ends) and plans (means), though goals typically
crystallize in subjects' minds before the plans to reach the goals".
95
“Intention is depicted as a cognitive structure reflecting both means and end, consistent with most prior
definitions of intention”.
57
structure et guide l'action (B.J. BIRD, 1988, p. 44396 ; 1992, p. 1197 ; N.F. KRUEGER et
alii, 2000, p. 42098).
B.J. BIRD (1988, p. 445)99 considère l'intention comme un processus qui naît avec les
besoins, les valeurs, les habitudes et les croyances de l'individu. B.J. BIRD (1992, p. 11)
58
entrepreneuriale se traduit par des perceptions à la fois de la faisabilité et de la
désirabilité d'un comportement105. Si elle n'aboutissait pas, elle resterait au stade de la
cognition.
105
Le raisonnement discursif nous amène à introduire les concepts de faisabilité et de désirabilité. Pour savoir
ce que nous en entendons, cf. infra., p. 178-201, "6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de
l'intention entrepreneuriale et hypothèses de recherche".
106
"Entrepreneurial behaviors entail relatively complex linkages between intention and action with long time
lags. Even very strong intentions need not lead to actual behavior".
59
réseaux d'informations) et l'entrée (démarrage de l'activité)107. Il présente un schéma très
représentatif du décalage entre l'intention et la création dans le déroulement du processus
entrepreneurial :
Seule une faible partie, donc, de ceux qui aspirent entreprendre crée effectivement leurs
entreprises. Nous sommes bien conscients que les proportions de concrétisation resteront
faibles et ne dépasseront pas les 10% au maximum108. Une faible proportion des individus
formuleront l'intention d'entreprendre. Une part plus faible prendra l'initiative de créer une
entreprise.
Nous sommes tout aussi conscients que les individus (diplômés en ce qui nous
concerne) ne passeront pas de suite à l'acte de création. Il est montré, comme nous
l'évoquerons en traitant des mobiles du processus entrepreneurial au chapitre troisième, que
le passage à l'acte intervient souvent des mois, voire des années, après la naissance de
l'idée. Plusieurs recherches, notamment celles de M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y.
GASSE (1989), P.B. DUFFY et H.H. STEVENSON (1984) et A. FAYOLLE (1996), pour
ne citer que celles-ci, l'affirment ou le prouvent.
107
"The first hurdle is aspiration to enter self-employment. This reflects the stated intention to become self-
employed. This statement can be to oneself, to others, or both. The second hurdle is preparation for entry to
self-employment by environmental scanning, resource gathering, networking, or obtaining training. The third
hurdle is entry itself, where the newly self-employed open their doors, or phones, for business".
108
Les différentes études en France montrent que les diplômés-créateurs représentent entre 5% et 7% de la
population des créateurs(quelle que soit la formation suivie).
60
L'intention est donc évolutive selon les circonstances, les populations, les lieux et les
opportunités (N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD, 1993, p. 326 et 328109 ; N.F
KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93-94110). Les événements professionnels
(licenciement, chômage, promotion bloquée…), les opportunités d'entrepreneuriat et la
disponibilité des ressources sont quelques facteurs qui pourraient affecter les attitudes et
les perceptions, et par là même, les intentions des individus.
Il est certain que notre travail rendra compte d'"une photographie" du processus
entrepreneurial. Cependant, notre recherche s’inscrit dans une perspective
processuelle. Nous pensons de plus qu’elle a le mérite de prendre en compte des variables
situationnelles et personnelles pertinentes pour comprendre et expliquer l’intention
entrepreneuriale.
Si au cours du processus de création d'entreprise une intention peut être décelée, il n'en
demeure pas moins que la concrétisation de cette intention ne peut être connue
qu'ultérieurement grâce à l’acte de création. L'entrepreneuriat est un processus. Qui dit
"processus", dit nécessairement changement, dynamique et fait référence au temps
nécessaire pour que des effets puissent se produire. Ce temps nécessaire qui
explique partiellement le décalage entre l’intention et l’action nous obligent à nous
questionner sur l’horizon de validité prédictive de l’intention.
Il est certain que toute prédiction de l’acte de création est soumise à contingence. Celle-
ci relèverait de deux ensembles de variables : personnelles et environnementales. Mais les
théories de la contingence retiennent des possibilités d'analogie de certaines situations. M.
CROZIER et E. FRIEDBERG (1977) signalent que l'on peut repérer des stratégies
d'acteurs en découvrant une régularité dans les comportements.
Pour K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 184, 213-214), la prédiction du comportement par
les attitudes dépend de l'intervalle de temps qui sépare la mesure des attitudes de la
109
"Intentions and attitudes depend on the situation as well as the person and predict behaviour better than
strictly individual (personality) or situational ((employment status) variables… The relative importance of
different attitudes on intentions will likely differ across cultures".
110
"Thus, they (les intentions) are learned and learnable and necessarily vary across both individual and
situations… Salient change in the situation is needed to precipitate intentions and thus behavior".
61
concrétisation du comportement souhaité. Ils affirment tout au moins que les attitudes sont
relativement persistantes. D'après M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977, p. 466), une
fois acquises et établies, les attitudes sont relativement stables, donc mesurables. Leur
caractère de stabilité relative leur permet de prédire les comportements. L'intention, selon
M.-E. BRATMAN (1997, p.248 et 255) est une composante stable de "plans partiels". Elle
"est soumise à une exigence de stabilité".
Nous nous appuyons donc sur l'hypothèse de stabilité des attitudes, des normes
subjectives et des perceptions, et conséquemment de l’intention. Mais quelle est
l’échéance de cette stabilité ? Les études de J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ
(1991), P. DAVIDSSON (1995) et A.F. DE NOBLE et alii (1999) ont vérifié
empiriquement la validité prédictive de l'intention sur une période de cinq ans. Nous
retenons donc celle-ci pour prédire les comportements et analyser l’intention pour un
étudiant donné, puis comparer les étudiants sur cette base111.
Si l'on trouve de manière significative et récurrente, malgré la diversité des situations,
que des facteurs psychologiques et situationnels (les attitudes, les normes subjectives et les
perceptions) agissent à un moment précis de l’histoire des étudiants (quelques mois avant
de décider de leurs avenirs professionnels), sur leurs intentions d’entreprendre, nous
pourrons alors prédire l’acte de création sur une échéance de cinq ans.
Conclusion du chapitre 1
L'entrepreneuriat ne fait pas l'unanimité sur son contenu. Pour certains (S. BIRLEY,
1998 ; M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE, 1989 ; C. BRUYAT, 1993, 1994 ;
W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER, 1991 ; P. DAVIDSSON, 1995 ; W.G. DYER, 1994 ;
W.B. GARTNER, 1988 ; E.-M. HERNANDEZ, 1999112), c'est tout simplement la création
d'entreprise, pour d'autres (A. FAYOLLE, 1998 ; D.C. Mc CLELLAND, 1965 ; D.W.
NAFFZIGER et alii, 1994 ; T. VERSTRAETE, 2001), il peut aussi correspondre à des
111
En outre, la plupart des études que nous avons consultées, indiquent que l'âge moyen des créateurs se situe
dans l’intervalle 30 à 35 ans. Au terme de cinq ans, les étudiants qui sont actuellement en fin de formation
auront un âge avoisinant la trentaine.
112
Tout récemment, E.-M. HERNANDEZ (2002, p. 99) se démarque de ce positionnement dans le champ en
montrant que l’entrepreneuriat est bien entendu la création d’entreprise, mais qu’il correspond aussi à la
reprise d’entreprise.
62
situations de reprise, de franchise, de développement d'activités nouvelles, de filiales,
d'unités stratégiques ou de centres de profits. Et pour d'autres encore (A. ARLEO et E.-M.
HERNANDEZ, 2002 ; A. GIBB et J. COTTON, 2002 ; E.-M. HERNANDEZ, 1999 ; N.F.
KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994 ; H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO, 1990), il est
fondé sur la notion de concrétisation d'opportunités.
113
Qualificatif utilisé par M. MARCHESNAY lors d'une intervention au premier colloque de l'Académie de
l'Entrepreneuriat à Lille, les 15 et 16 novembre 1999. Il l'utilise au lieu et place de "transdisciplinaire".
114
"No single discipline is sufficient to the task… Standing back from the profusion of literatures and
references, it becomes apparent that "entrepreneurship" is a label for a profound and pervasive human
activity that is of interest to many disciplines but is not encompassed by any one of them".
A ce sujet, C. BRUYAT (1993, op.cit, p. 38) note qu’"Il est intéressant de retracer la carrière de ceux qui,
en 1990, dominent la discipline. K. Vesper, I. Mc Millan, A. Cooper, T. Tybjee, D. Baumann ont des diplômes
d'ingénieurs ; W.-D. Bygrave, A. Bruno, I. Litvak sont physiciens ; W. Dunkleberg économiste, Y. Gasse; N.
Fast, R. Hisrich, B. Kirchhoff, R. Knight, R. Ronstat, J. Timmons, N. Churchill, W. Gartner, H. Stevenson
sont des gestionnaires ; J. Hornaday, A. Carsrud sont psychologues".
115
E.-M. HERNANDEZ et L. MARCO (2002) nous révèlent quelques uns des instruments que le champ de
l’entrepreneuriat a pu s’approprier de façon très avancée : la théorie de l’économie des coûts de transaction,
la théorie des conventions et l’approche évolutionniste.
63
L’entrepreneuriat est un processus où diverses phases sont distinguées en amont et en
aval. L’intention entrepreneuriale en représente un moment fort. Cette dernière est
notre principale question de recherche. Comprendre celle-ci est, selon N.F. KRUEGER et
A.L. CARSRUD (1993, p. 315)116 et N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 411)117,
particulièrement utile pour un phénomène qui est relativement rare. Etudier les intentions
nous donne un bon aperçu des comportements visant la création d'entreprise, même si
celle-ci ne se réalise pas. Ainsi, l'intention peut être un instrument de mesure pour la
prédiction de comportements futurs. Quels que soient les comportements recherchés par
les individus, l'intention reste le meilleur prédicteur des comportements futurs (L.
KOLVEREID, 1997, p. 49118 ; N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93119 ; N.F.
KRUEGER et alii, 2000, p. 412120). Par exemple, J.-P. NEVEU (1996, p. 104) révèle que
de façon générale, les études s’accordent sur le caractère positif de la relation intention-
comportement pour les départs de salariés
L’objectif des deux chapitres suivants est d’identifier dans la littérature les
concepts et les facteurs qui peuvent nous éclairer sur les variables à retenir dans la
construction de notre modèle de l’intention entrepreneuriale. A cet effet, le deuxième
chapitre a pour objet d’analyser et de décrire dans les théories économiques, la
psychologie, la sociologie et le management, les caractéristiques du principal acteur de
l’entrepreneuriat : l’entrepreneur.
116
"Understanding intentions is particularly useful where phenomena are relatively rare… That is, studying
intentions gives us valuable insights into new venture initiation, even without observing that initiation".
117
"In the psychological literature, intentions have proven the best predictor of planned behavior,
particularly when the behavior is rare, hard to observe, or involves unpredictable time lags".
118
"The theory of planned behavior has during recent years become one of the most widely used
psychological theories to explain and predict human behavior".
119
"The intentions literature strongly suggests two critical notions. First, intentions serve to focus decision
makers' attention on a target behavior and routinely prove to be the best single predictor of that behavior".
120
"Intentions are the single best predictor of any planned behavior including entrepreneurship".
64
Chapitre 2 - L’entrepreneur : des théories économiques aux
approches interdisciplinaires
"If we can just find out who the entrepreneur is, then we'll know what entrepreneurship is".
William.B. GARTNER (1988)
Depuis J.-B. SAY, notre revue de la littérature nous permet de distinguer, tout comme
M. CASSON (1991, p. 21) [1982], deux approches de l'entrepreneur, descriptive et
fonctionnelle. Cette revue de l’état de l’art nous indique que l’entrepreneur ne fait pas
l’unanimité sur son contenu. Plusieurs auteurs (R.J. BRADLEY, 1990 ; W.B. GARTNER,
1988 ; D.M. RAY, 1993 ; K.G. SHAVER et L.R. SCOTT, 1991) sont arrivés à la
conclusion qu'il n’existe pas de consensus sur la définition de l'entrepreneur. D.M. RAY
(1993 p. 346-347) remarque que l'inexistence de définition a amené à des résultats
empiriques contradictoires. Plus encore, les frontières entre entrepreneuriat et entrepreneur
sont très floues car l'on décèle des confusions sémantiques. Cependant nous considérons
que les différents courants économiques se réunissent autour de la reconnaissance de
l’individu comme source incontournable de richesses.
121
Cette année correspond à la parution de la première édition anglaise : The Entrepreneur : an economic
theory.
65
économique est le produit de l'initiative individuelle. Comment se sont construits les
personnages tantôt admirés, tantôt détestés de l'entrepreneur ? Quels sont ses rôles
économiques et sociaux ?
Rendre compte de la théorie économique et donner de l’entrepreneur une représentation
acceptable n’était pas une tâche aisée. Au simplisme initial a succédé le trop-plein et une
sophistication des hypothèses et des constructions. De plus, les différentes représentations
proposées ne sont en général pas cohérentes entre elles. Chaque grand courant d’analyse
propose une représentation qui lui est propre. Cependant la théorie économique a le mérite
d’avoir adapté le concept d’entrepreneur aux évolutions de ses activités et de ses fonctions
économiques et sociales. Sans prétendre à l'exhaustivité, nous avons conjugué une
perspective historique (et non chronologique) et une vision dynamique, ce qui constitue la
première contribution du présent propos.
Jusqu’à la fin de la décennie 1950, il est indéniable que l'analyse de l'entrepreneur s’est
faite dans une perspective purement économique. Les théoriciens du domaine restent à peu
près tous prisonniers de l'individualisme méthodologique dont Robinson CRUSOE incarne
le modèle. A partir des années 1960, sans tracer une frontière nette et définitive, et à
quelques exceptions près, l’analyse de l’entrepreneur se fait, parallèlement aux théories
économiques, dans une perspective interdisciplinaire. Celle-ci insiste davantage sur ses
actes et comportements, sur ses traits psychologiques et sur l'influence des variables
sociales et culturelles. La littérature actuelle en entrepreneuriat rejette l’exclusivité des
analyses chères aux néoclassiques, axées sur l'acteur "individuel".
66
"technostructure". La troisième étape reconsidère l’entrepreneur en tant que moteur de
l’activité économique. En synthèse de la revue de la littérature, nous traitons de la
reconquête de sa légitimité socio-économique. Pour mieux saisir l’entrepreneur, notre
deuxième contribution synthétise les figures dominantes qu’il épouse selon les
évolutions socio-économiques (figure 9) ; parmi ces figures, l’entrepreneur social et
l’entrepreneur "virtuel" connaissent un essor important. Nous donnons notre acception du
concept d’entrepreneur, en adéquation avec le concept d’entrepreneuriat que nous avons
adopté.
Ensuite, nous exposons les caractéristiques psychologiques, sociologiques et
managériales les plus répandues sur l’entrepreneur. Nous nous consacrons aux typologies
d’entrepreneur. La distinction des dimensions statique et dynamique dans l’évolution
des constructions typologiques constitue la troisième contribution de ce chapitre.
L’acte d'entreprendre et conséquemment l'intention entrepreneuriale, peuvent trouver une
explication partielle dans ces caractéristiques et ces typologies.
"Sans une théorie de l'entrepreneur", commente M. CASSON (1991, p. 12) [1982], "il
est impossible de fournir un compte rendu complet des retards qui gouvernent la
dynamique du cycle des affaires". L’interrogation sur le contenu du concept constitue un
préalable inévitable et indispensable à la fois.
L’entrepreneur fait son entrée dans la théorie économique avec R. CANTILLON. Le
mot "entrepreneur", au même titre que le mot "manager", est né en France, à la fin du
XVIIème siècle (H. VERIN, 1982). Il désignait ceux que l’on appellera plus tard les
fournisseurs aux armées. Très vite, il s’est appliqué à tous ceux qui étaient liés par contrat
avec le gouvernement royal, pour la construction des routes, des ponts et des fortifications.
Dès l'origine, l'entrepreneur a été associé à l'aventure, avec une forte connotation militaire.
67
2.1.1. Du personnage mythique …
Dans la première étape, l’analyse est essentiellement centrée sur l’entrepreneur. C’est le
cas, par exemple, de toute l’analyse classique. A. SMITH (1991, p. 122) [1776]122 assigne
comme fonction principale à l'entrepreneur l'accumulation du capital, et la bonne marche
de son affaire comme seul objectif123. Il distingue le profit, source de revenu de
l'entrepreneur, le salaire et la rente. Le profit que l'entrepreneur retire de l'emploi du
capital, est une part constitutive de la valeur. Contrairement au salaire et à la rente, celui-ci
ne hausse point selon l'état économique de la nation, c'est à dire l'état de la richesse
nationale124. A. SMITH (1991, p. 179) [1776] ajoute que "les profits ordinaires des
capitaux ne peuvent, dans aucune industrie, être affectés par la constance ou l'incertitude
de l'emploi. C'est la faute du commerçant, et non celle des affaires, si le capital n'est pas
constamment employé". Il retrace quatre manières d'utiliser le capital. Celui-ci peut être
employé à la fourniture ou à la fabrication de produits bruts pour l'usage et la
consommation ; il peut servir au transport de ces produits bruts ou manufacturés, ou à la
parcellisation de ces mêmes produits pour répondre aux besoins de la consommation
quotidienne.
Dans le cas où l'activité de l'entrepreneur est nouvelle, qu'il s'agisse d'une nouvelle
manufacture, d'une nouvelle branche de commerce ou d'une pratique nouvelle en
agriculture, celui-ci vise à réaliser les profits les plus élevés possible ; il est alors
"spéculateur" au sens d'A. SMITH (1991, p. 190) [1776], et son intérêt particulier peut
même s'opposer à l'intérêt général. Seul le profit personnel guide l'emploi d'un capital dans
une activité donnée125.
Il répartit, toutefois, le capital en deux : le capital fixe et le capital circulant126 ; il opère
une nette séparation entre le capitaliste qui prête moyennant un intérêt, et l'homme
d'affaires qui emploie le capital qu'il détient ou qu'il emprunte127.
122
Cette année correspond à la première édition anglaise intitulée "An Inquiry into the Nature and Causes of
the Wealth of Nations".
123
L'enrichissement désigné sous le concept d'accumulation du capital, constituait pour lui un objet théorique
nouveau dont l'économie politique devait expliquer les lois.
124
A. SMITH, 1991 [1776], op.cit, p. 335.
125
Idem., p. 336 et 465.
126
Ibid., cf. chap.I, p. 357-365.
127
Ibid., p 424-425.
68
P. LAURENT (1989) critique l'approche "smithienne" parce qu'elle n'articule pas ses
analyses avec celles de R.CANTILLON128. A. SMITH, avec sa fameuse main invisible,
dépersonnalise l'entrepreneur (M. CASSON, 1991 [1982]). Notre critique portera
principalement sur l'inexistence d'une analyse du rôle de l'entrepreneur et de son influence,
en tant qu'agent économique, sur l'activité économique. En ce sens, nous voyons là une
régression, du moins sur l'axe du temps, en comparaison avec R. CANTILLON.
128
Signalons qu'en aucune façon, A. SMITH ne cite le "Traité d'économie politique" de R. CANTILLON
dans son ouvrage "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations".
129
Cette loi fondamentale en économie politique est la réunion de la loi des variations des prix d'équilibre et
la loi d'établissement de ces mêmes prix.
69
exceptionnel. La formalisation mathématique de l'économie a contribué à effacer le rôle
dynamique de l'entrepreneur.
Assumer le risque et exercer la direction sont deux rôles qui ont progressivement été
dissociés et se sont imposés dans le personnage de l’entrepreneur. Ce qui explique, au
cours de cette première phase, que les approches de l’entrepreneur se soient réparties en
deux groupes, l’une mettant en exergue la notion de direction ou d’organisation et l’autre
celle de risque.
J.-B. SAY (1972) [1803], dont la contribution au progrès de l'analyse économique est
loin de faire l'unanimité, peut être considéré comme le premier auteur centrant l’analyse
sur le critère de direction. En divisant les procédés de l'industrie humaine en trois
opérations, il distingue le savant qui étudie les lois de la nature, l'entrepreneur, et l'ouvrier
qui travaille sous leurs ordres. L'entrepreneur profite des connaissances des savants pour
créer des produits utiles ; c'est l'agriculteur, le manufacturier ou le commerçant qui
"entreprend de créer pour son compte, à son profit et ses risques, un produit
quelconque"130. Cette typologie dit-il, est mise en place dans un souci de division des
occupations pour accroître les produits de la société. A. SMITH, à l’instar de J.-B. SAY
(1972, p. 88-96) [1803], a analysé les mérites de la division du travail131.
130
J.-B. SAY, op.cit, 1972 [1803], p 74-75.
131
Selon A. MARSHALL (1971, p. 427) [1906], A. SMITH a donné une portée nouvelle à cette idée grâce à
une pénétration philosophique et aux faits dont il l'illustra.
70
capital. Les deux fonctions peuvent être combinées par une même personne, mais cela n’a
rien de nécessaire. L’entrepreneur n’est pas forcément membre d’une classe sociale
particulière. Il est chargé de remplir une fonction économique originale qui doit être
assumée quel que soit le système économique.
Fort de son expérience d’industriel et de banquier, l’auteur a clairement vu que la mise
en place d’une organisation était un point crucial ; l’entrepreneur est avant tout un
organisateur. Il harmonise les trois facteurs de production, terre-travail-capital, pour
rechercher un maximum d'utilité. Néanmoins, quelques risques accompagnent toujours les
entreprises industrielles, même celles qui sont les mieux conduites. Elles ne sont pas à
l'abri d'un échec. L’entrepreneur peut y compromettre, ajoute J.-B. SAY (1972, p. 375)
[1803], sa fortune et éventuellement y perdre son honneur, capital symbolique en cas de
faillite.
Diriger et organiser d’une part, prendre des risques, d’autre part, sont les deux
traits les plus caractéristiques de l’activité de l’entrepreneur, et ils le sont restés.
L’analyse de J.-B. SAY présente cependant une faiblesse qui tient à son caractère statique.
Sa préoccupation centrale est l’étude d’un entrepreneur agissant dans un univers certain,
c'est-à-dire répondant aux impulsions des marchés tendant eux-mêmes vers l’équilibre132. Il
a considéré que l'offre crée sa propre demande, ce qui veut dire en reprenant les termes de
J.M. KEYNES (1996, p. 9 et 47) [1936]133, "En un certain sens évocateur mais non
clairement défini, que la totalité des coûts de production doit nécessairement, dans la
communauté entière, être dépensée directement ou indirectement pour l'achat de la
production". Celui-ci ajoute "qu'une théorie fondée sur une telle base ne saurait convenir à
l'étude des problèmes se rapportant au chômage et au cycle économique". J.-B. SAY
néglige le rôle perturbateur de l’entrepreneur, son action sur l’environnement. Néanmoins,
il écrit que le bien-être d'un pays dépend de sa population active et du dynamisme de ses
entrepreneurs.
132
La loi de J.-B. SAY : l’offre crée sa propre demande. Il s'est évertué à montrer qu'il existe des forces qui
ramènent toujours le système économique vers l'équilibre.
133
C’est l’année de la première édition anglaise ("The General Theory of Employment, Interest and Money").
71
2.1.1.2. Le preneur de risque
Les analyses du deuxième courant théorique sont fondées sur l’étude du risque. Selon
H. VERIN (1982), quelle que soit l'époque considérée, l’activité de l'entrepreneur est
assimilée à une action risquée.
R. CANTILLON (1997) [1755]134, qui s’enrichit grâce à sa compréhension des
mécanismes économiques, opère dans son ouvrage "Essai sur la nature du commerce en
général" une division socio-économique en trois classes135 : les propriétaires, qui seuls
comme le prince, vivent dans l'indépendance ; les fermiers et un dernier groupe très
hétérogène auquel appartient l'entrepreneur. Cette dernière classe comprend aussi bien les
marchands, les bouchers, les boulangers, les manufacturiers, les mendiants que les hommes
de lois…
En véritable entrepreneur, R. CANTILLON (1997) [1755] dépeint cet élément comme
un agent de direction de la production et du commerce. L’entrepreneur supporte les risques
liés aux contraintes du marché et aux fluctuations des prix. Il effectue des achats à des prix
certains pour se procurer tous les facteurs nécessaires à sa production. Ses ventes et ses
recettes sont par contre aléatoires. Son revenu, le profit, est incertain. Il accorde néanmoins
à l'entrepreneur la possibilité d'anticiper le risque en prévoyant les décisions d'achats et en
fixant le prix qui convient à ses marchandises. S'il leur accorde un prix excessif, il fera
banqueroute. L'évaluation de l'état du marché dépend de son expérience personnelle.
L'instinct du profit amène ainsi toujours l'emploi des méthodes les plus avantageuses. R.
CANTILLON (1997) [1755] fait de l'entrepreneur, de façon explicite, une pièce maîtresse
de la dynamique économique. Nous pouvons lui reprocher de bâtir son analyse sur le
postulat de l'équilibre naturel vers lequel tout revient ou tend à revenir. Aux prémices de la
pensée économique, il ignore le véritable rôle de l'entrepreneur qui s'étend au-delà de
l'intermédiation dans l'activité.
134
Cette année est celle de la première édition.
135
R. CANTILLON avait l'ambitieux objectif d'édifier un traité général d'économie. Il a construit un modèle
analytique qui cernait les éléments de l'économie afin d'isoler les forces fondamentales en exercice. Par son
œuvre, curieusement tombée dans l'oubli pendant plus d'un siècle, il fondait la doctrine capitaliste et donnait
l'une des premières applications de la méthode inductive en économie. Indéniablement, il a eu le mérite
d'annoncer la science économique.
72
Appartenant à l'école autrichienne qui a exploré la fonction d'acquisition et
d'exploitation de l'information par l'entrepreneur (B. CORIAT, O. WEINSTEIN, 1997, p.
16-17), F.H. KNIGHT (1985) [1921]136 signale la difficulté d'une théorie structurée de
l'entrepreneur et met l'accent sur l'incertitude liée à l'évolution économique137. Il fait,
contrairement à R. CANTILLON (1997) [1755], une distinction entre risque, assurable, et
incertitude, non assurable.
L'assurance est un moyen de se prémunir contre le risque, alors qu'il n’en existe aucun
pour se couvrir contre l'incertitude. Tout au plus peut-on la réduire. Le risque, soit par un
calcul à priori, soit par des statistiques portant sur des expériences antérieures, peut être
évalué, tandis que l’incertitude ne peut pas l’être138. C'est celle-ci qui joue un rôle dominant
vis-à-vis de l'entrepreneur dans la mesure où elle présente des situations pour lesquelles les
probabilités ne peuvent être déterminées ni par le raisonnement, ni par l'inférence
statistique. Le profit que l'entrepreneur en tire est une contrepartie de l'incertitude et sera
une fonction proportionnelle de celle-ci. Il en résulte selon F.H. KNIGHT (1985) [1921],
que la fonction d'entrepreneur n'est pas d'organiser la production, mais de porter un
jugement sur un futur prévisible.
Au terme de cette première étape, nous constatons la volonté prononcée des auteurs
d’identifier l’entrepreneur à un groupe particulier d’individus, distinct de tout autre, le
professionnel du risque pour R. CANTILLON et F.H. KNIGHT, l'organisateur pour
J.-B. SAY.
La taille des entreprises est devenue telle que celles-ci sont envisagées pour elles-
mêmes. La petite ou moyenne entreprise paternaliste à structure relativement simple,
propriété de l'entrepreneur, fait place, partiellement et progressivement, à la grande société
à structure beaucoup plus complexe (H. KAELBLE, 1979, p. 22). Le centre de l’analyse
est alors transposé de l’entrepreneur vers l’entreprise. Vient alors la deuxième étape, celle
136
Cette année correspond à la première édition.
137
Signalons, au passage, que P. DRUCKER (1985, p. 189), bien qu'il soit proche de l'école autrichienne par
le fait qu'il insiste sur l'innovation dans l'activité de l'entrepreneur, affirme que les entrepreneurs n'ont pas de
propension à prendre des risques. Il écrit que "Les innovateurs que je connais réussissent dans la mesure où
ils définissent et limitent les risques… Les innovateurs sont des conservateurs, ils n'ont pas le choix. Ils ne
cherchent pas les "risques", ils visent "l'opportunité"". Pour lui, l'entrepreneur n'est ni un employeur, ni un
investisseur ni un capitaliste. L'innovation est son instrument spécifique, le moyen d'utiliser le changement
comme une opportunité ouverte sur une affaire ou un service différent.
138
Voir à ce sujet G. GILDER (1985, op.cit., p. 69-76).
73
de l’attention privilégiée accordée à l’entreprise en tant qu’organisation. L'augmentation de
la dimension des entreprises s’est accompagnée d’une transformation des exploitations
individuelles en sociétés anonymes. La conséquence majeure de cette évolution de la taille
et des caractéristiques de l'entreprise est l'apparition de la carrière managériale qui a vu la
séparation de la propriété et de la gestion. En conséquence, pour l'entrepreneur, les tâches
de direction sont devenues plus complexes.
139
Toutefois, un réseau dense de petites entreprises se constitue ou subsiste, mais souvent en relation forte
avec les grands groupes industriels et financiers.
74
l’émergence d’une nouvelle classe de dirigeants professionnels qui détient le pouvoir.
Ceux-ci sont qualifiés de "directeurs" par J. BURNHAM (1969) [1947]140, de
"technostructure" par J.K. GALBRAITH (1969) [1967] ou de "managers" par H.
KAELBLE (1979, p. 23).
L’organisation a pris la place de l’entrepreneur dans la littérature économique,
spécialement dans l’économie industrielle où ce dernier est quasiment exclu. P.
DRUCKER (1985) et J. SCHUMPETER (1979, p. 178) [1942]141 regrettent sa disparition
au profit de l’organisation et des managers
J. BURNHAM (1969, p. 29) [1947] émet l'hypothèse que le monde vit une
transformation sociale décisive, et qu'un changement radical a lieu dans les institutions
économiques. Il affirme que l'on se dirigeait vers "la société directoriale". Celle-ci est une
transition entre le type de société qui a prévalu depuis le XVème siècle jusqu'au début du
XXème siècle. C'est une nouvelle société où la propriété privée individuelle ne joue plus un
rôle économique déterminant. Il observe des changements dans le groupe d'hommes qui
détient les positions dirigeantes et les privilèges dans la société. J. BURNHAM (1969, p.
117) [1947] les appelle "directeurs" ; ceux-ci demeurent, dans une large mesure, les
140
La première édition anglaise s’intitule "The Managerial Revolution" (1941).
141
Cette année correspond à la première édition anglaise dont le titre est "Capitalism, Socialism and
Democracy".
142
La première édition anglaise ("Principles of Economics") date de 1890.
75
serviteurs des grands capitalistes, leurs "délégués" dans l'exercice du pouvoir et du
contrôle.
En prédisant la disparition de la société capitaliste qu'il qualifie d'individualiste, de
liberté de contrats et d'initiative privée, cet auteur éclipse l'entrepreneur de la sphère
économique et sociale et ne lui prête aucun avenir.
Pour l'économiste et sociologue américain J.K. GALBRAITH (1969) [1967], seules les
grandes entreprises pouvaient aligner au début du XXème siècle les capitaux nécessaires et
mobiliser les compétences exigées par une haute productivité. Leur organisation massive et
complexe remet en cause tous les aspects du comportement économique. L'auteur affirme
ainsi que c’est la grande taille qui rend possible l’élimination de l’incertitude du marché,
alors que la petite entreprise ne le permet pas.
J.K. GALBRAITH (1969, p. 17-22) [1967] note que "le système industriel" sanctionne
l’enseignement économique qui veut que l’entreprise soit gérée par une seule personne.
Les exigences techniques de la complexité industrielle et la grande variété d’informations
imposent de recourir au groupe pour la prise de décisions. L’auteur insiste sur la notion de
"pouvoir économique" qui, dans l’organisation et la société, est irrévocablement transféré
des mains des propriétaires vers le groupe. J.K. GALBRAITH (1969, p. 82) [1967]
propose d’appeler celui-ci "la technostructure",
L’époque n’est plus celle de l’entrepreneur. Il n’existe plus en tant que personne
individuelle. L’imagination, l’esprit de décision et la propension au risque ne sont pas
spécialement importants pour organiser l’intelligence dans l’industrie. J.K. GALBRAITH
(1969, p. 99) [1967] écrit à propos de l’entrepreneur : "Son œuvre, si elle devait continuer
à répondre aux objectifs pour lesquels il l’avait conçu, exigeait son remplacement". Ainsi
l’organisation se voit plus apte à faire du profit et à exercer le pouvoir et, c’est là que
réside son avantage par rapport à l’entrepreneur qui est écarté de l’analyse. Il reconnaît
néanmoins à l’individu la faculté d’innovation pour assurer la prospérité et la survie de la
grande entreprise.
La production de masse qui privilégie des organisations toujours plus vastes et plus
complexes, une incitation au travail sans goût entrepreneurial, une production valorisant
les structures concentrées et un Etat qui étouffe les initiatives mènent vers une rigidité du
système industriel. Mais depuis le choc pétrolier de 1973 et le chômage incompressible que
76
celui-ci a engendré, la grande entreprise a montré ses limites. Les TPE/PME reconsidérées
par l’Etat ne sont plus incompatibles avec la multinationale et les progrès technologiques.
Pour M. CASSON (1991, p. 22) [1982], l’entrepreneur est un agent de changement car
il améliore l'affectation des ressources dans le but de maximiser le profit. Davantage qu’un
agent de coordination, il injecte de façon spontanée et indépendante de nouveaux éléments
dans le marché. Son agilité dans la découverte et son aptitude à tirer partie de l’instabilité
sont ses qualités fondamentales. Ses choix relèvent autant de l’imagination créative que de
la déduction logique. L’auteur fait de l’entrepreneur le responsable de sa structure. Il le
personnifie en un individu, par opposition à une équipe, un comité ou une organisation.
143
que L.-J. FILION (1997, op.cit, p. 134) qualifie de père du champ de l'entrepreneuriat.
144
Cette année correspond à la première édition anglaise dont le titre est "The theory of Economic
Development".
145
Par combinaisons nouvelles, qui ont lieu en prélevant des prestations de travail et de terre sur leurs
emplois accoutumés, J. SCHUMPETER entend cinq catégorie de cas : la fabrication d'un bien nouveau,
l'introduction d'une méthode de production nouvelle, la conquête d'un nouveau débouché, la conquête d'une
source nouvelle de matière première et la réalisation d'une nouvelle organisation de la production.
77
réfléchie, relative à l'engagement des ressources rares pour appliquer l'invention. J.
SCHUMPETER (1935) [1911] souligne que les individus capables d’innover méritent
seuls l’appellation d’"entrepreneur" ; ils sont doués d’imagination et font preuve
d’initiative et de volonté. Ils assurent le passage entre le monde scientifique de la
découverte et des inventions, et le monde économique des innovations.
Le système ne peut progresser rapidement que si l’effort créatif est récompensé. Par
l’innovation, l’entrepreneur introduit un déséquilibre dans le circuit économique et il peut
s’emparer d’un profit, mais celui-ci est temporaire. Toute innovation finit inévitablement
par être imitée, et lorsqu’elle est généralisée, un nouvel état d’équilibre est atteint et la
source de profit disparaît. Ainsi, la liaison profit-innovation est double ; d’une part,
l’innovation est la seule façon active de s’attribuer un profit, qui apparaît comme le
stimulant du progrès, d’autre part, le profit est la rémunération de l’innovation qui est la
récompense accordée à l’entrepreneur dynamique.
Cependant, J. SCHUMPETER (1935, p. 41-42) [1911] donne de l’entrepreneur une
définition plus restrictive que celle de J.-B SAY. Il rejette en effet totalement la notion de
risque. Il écrit que "C'est toujours le capitaliste qui supporte seul le risque… La conception
de l'entrepreneur comme celui qui supporte les risques, est incompatible avec nos idées"146.
Cette position est à notre avis excessive, même lorsque la propriété des outils de
production devient distincte de leur utilisation. Toute innovation comporte des aléas et la
volonté de vaincre ne va jamais sans risque. Les circonstances en règle générale,
contrairement à ce que pensait J. SCHUMPETER, se modifient brusquement et d'un coup.
146
Il distingue les risques prévisibles et les risques imprévisibles. La première catégorie se partage en risque
technique de la production et en risque commercial ; elle est incluse dans la détermination du coût de
production. La prime de risque ne représente cependant pas un gain pour le producteur ; elle l'est tout au plus
pour la compagnie d'assurance. Puisqu'il est prévisible, le risque n'est ni plus ni moins inexistant. Il en va
autrement si les risques ne sont pas prévus. D'une part, ils deviennent des sources de perte, et d'autre part, des
sources de gain.
78
ce qu'il appelle les "N-Entrepreneurs". Dans les deux cas, le rôle de l’entrepreneur consiste
à coordonner les activités qui impliquent différents marchés147.
Pour cet auteur, c'est la vigilance de l’entrepreneur à l'égard du déséquilibre qui le
distingue des autres agents. Il considère les fonctions de l'entrepreneur comme une réponse
créative à l'inefficience X ("gap-filler") et une transformation des facteurs de production
("input-transformer")148. En insistant sur le fait qu'il n y a pas de théorie universelle de
développement, il note que l'entrepreneur est le moteur de la croissance.
I.M. KIRZNER (1976) [1960]149 qui se rattache à la tradition autrichienne, identifie les
processus pouvant conduire une économie vers l’équilibre. Pour les autrichiens, les prix
observés dans la réalité ne sont jamais des prix d’équilibre, mais de déséquilibre. Face à
une telle situation, l’entrepreneur se voit attribuer la fonction de communication et
d’arbitrage sur les marchés. Pour cet auteur, l’entrepreneur a pour rôle essentiel
l'ajustement des prix150. C'est sa vigilance à l'égard du déséquilibre qui le distingue des
autres agents ; celle-ci signale un aspect important de l’activité de l’entrepreneur.
Lorsque l’économie est en situation d’équilibre, tous les agents économiques sont
supposés capables d’atteindre les objectifs de leurs plans. Dans de telles circonstances,
l’entrepreneur n’a rien à faire et le profit disparaît. Mais l’équilibre est hypothétique, les
goûts des consommateurs changent, les techniques évoluent avec le progrès. Un excédent
d’offre apparaît sur certains marchés, un excédent de demande sur d’autres. L’entrepreneur
va trouver là l’occasion d’exercer son intuition par des arbitrages plus ou moins complexes
sur les opérations d’achat et de vente. Il obtiendra pour cela un revenu, le profit.
Tels sont brièvement esquissés les principaux résultats de cette odyssée du concept
d'entrepreneur. Notre première préoccupation a été d’en retracer les changements. Ceux-ci
ont coïncidé avec les grandes mutations sociales et économiques du capitalisme. Si
147
"He (l’entrepreneur) is an intermarket operator." Mais ce n'est pas sa seule fonction majeure, constate-t-il.
Cf. infra, p. 88-89, "2.3.1. D'une conjonction de caractéristiques…".
148
La théorie de l'efficience X, qu'il contraste avec le paradigme néoclassique de la rationalité totale, suppose
qu'être pleinement rationnel entraîne des coûts psychologiques qui sont dus à l'inertie de la personnalité de
l'individu. Cette théorie constitue le degré d'inefficience dans l'utilisation des ressources au sein de la firme.
Elle représente la mesure dans laquelle la firme ne parvient pas à atteindre son potentiel productif, soit parce
que les ressources sont employées de manière inappropriée, soit parce qu'elles sont gaspillées.
149
C’est l’année de la première édition.
150
Pour S. BOUTILLIER et D. UZUNIDIS (1995, op.cit), la conception de I.M. KIRZNER est voisine de
celle de R. CANTILLON pour qui, en fonction de la localisation des marchés, l'entrepreneur joue sur la
différence des prix.
79
nous en restions là, le travail serait "inachevé". Une question reste posée : où nous mène
cette odyssée ? Certains, à l'image de P.-A. JULIEN et M. MARCHESNAY (1996),
évoquent la fin de la "société salariale". La création d'entreprise est au cœur du domaine de
l'entrepreneuriat et se développe rapidement et partout à travers le monde.
Nous synthétisons cette revue de la littérature en mettant l’accent sur la légitimité socio-
économique reconquise par l’entrepreneur. Celle-ci est accompagnée par l’apparition de
l’entrepreneur social et l’entrepreneur "virtuel". Nous schématisons les figures dominantes
de l’entrepreneur selon les évolutions économiques et sociales (figure 9). Enfin, nous
donnons notre acception de ce concept.
151
Outre le fait qu'il raisonne au niveau macro-économique, il est proche des classiques car il ne semble pas
accorder de l'importance à l'entrepreneur en tant que tel.
152
Cf. le chapitre "Le processus de destruction créatrice".
80
2.2.1. Une position confortée par une légitimité socio-économique
La croissance du revenu disponible dans les décennies 1960 et 1970 a créé une hausse
de la demande. Il a fallu adapter de plus en plus finement les produits aux nouvelles
habitudes individuelles et sociales et leur accoler des services répondant aux besoins non
standardisés. Les marchés des produits se sont fractionnés en de multiples micro-marchés,
beaucoup plus délimités et plus instables. Ensuite, les membres de la classe moyenne se
sont retrouvés en état de suréquipement et de saturation en biens industrialisés. Il a donc
fallu développer de nouvelles activités, et l'innovation s'est alors portée sur les activités de
services. Or dans celles-ci, l’adaptabilité, la flexibilité et la proximité du client constituent
un atout essentiel que les grandes firmes bureaucratiques ont été souvent incapables
d’assurer.
Il en découle, selon P.-A. JULIEN et M. MARCHESNAY (1996), un phénomène
littéralement de "dé-management" qui se traduit par un démembrement de plusieurs grands
groupes industriels. Ceux-ci externalisent des activités et s'efforcent d'insuffler un nouvel
esprit d'entreprise. Les grandes entreprises ne joueront vraisemblablement plus le même
rôle moteur dans la nouvelle société "post-industrielle"153.
C'est "l'économie de management" qui se transforme progressivement en une "économie
d'entrepreneurs" (P. DRUCKER, 1985). Nombre d’auteurs estiment que le capitalisme est
entré dans une nouvelle phase. On parle d’une société de services avec une résurgence
spectaculaire du capitalisme entrepreneurial.
153
L. BOYER (1998, op.cit. p. 75) utilise le qualificatif de société "post-salariale".
81
productivité de leurs entreprises. Ceci est devenu vrai autant pour les petites que pour les
grandes entreprises. A cause des multiples liaisons, notamment les systèmes intermédiaires
constitués par les réseaux d’entreprise et la sous-traitance, les petites entreprises sont aussi
importantes que les grandes dans la recherche de la compétitivité nationale et
l’augmentation du produit national. Leur contribution incontestable au développement
local, repose sur leur mode d’insertion dans le tissu économique et social.
Deuxièmement, les TPE/PME acquièrent, selon P.-A. JULIEN (1994, p. 189-191), une
légitimité sociale et économique. La première est liée aux facteurs de réalisation de soi et
d'insertion sociale. La seconde relève des innovations productrices, du développement des
nouveaux services et de la création d’emplois pour lesquels les TPE/PME ont été ces
dernières années le fer de lance154.
154
Entre les années 1960 et le milieu des années 1980, alors que les grandes entreprises ont perdu entre 4 et 6
millions d'emplois et le secteur public 5 millions, P. DRUCKER (1985, op.cit, p. 14) affirme que les Etats-
Unis ont créé quelques 40 millions d'emplois, essentiellement par les TPE/PME. Pour les 25 années suivant
les trente glorieuses, le développement économique de l'Amérique est certainement le fruit de la TPE/PME.
En France, de 1990 à 1994, les entreprises de 1 à 4 personnes ont créé 3,4 millions d'emplois, tandis que
celles de 100 à 500 salariés n'ont créé que 20 000 et que les entreprises de plus grande taille en perdaient (L.
BOYER, 1998, op.cit, p. 75). En 1995, les TPE et les PME françaises employaient respectivement 14% et
63% de l'emploi total (S. BOUTILLIER, D. UZUNIDIS, op.cit., 1999, p. 107).
82
2.2.2. Vers deux nouvelles figures d'entrepreneur
Il semble parfois plus facile de comprendre les motivations des premiers entrepreneurs
qui considéraient la réussite économique comme un objectif primordial. Aujourd'hui, la
rationalité des comportements des agents économiques est interpellée. Pour E. GIBERT
(1980, p. 6), l’entrepreneur ne peut plus être conçu comme un agent réagissant
mécaniquement au marché. Dans l'analyse, devenue célèbre, des rapports existants entre
l'éthique protestante et l'essor du capitalisme, M. WEBER (1964, p. 14 et 62) [1905] fait
remarquer que la recherche de plus en plus grande de profit n'a rien à voir avec le
capitalisme. Ce dernier, à juste titre dit-il, n'est pas le pur produit d'opérations financières.
Le profit n'est pas le seul but qui guide les hommes d'affaire, commente D.C. Mc
CLELLAND (1962, p. 100) ; la réalisation de soi apparaît également comme un but
recherché. Le profit est seulement une mesure qui indique la manière avec laquelle le
travail est accompli155. G. GILDER (1985, p. 15) note que les calculs d'optimisation de
profit tiennent peu de place dans la vie des entrepreneurs. A. MARSHALL (1971, p. 10)
[1906] distinguait les formes modernes de la vie économique des formes anciennes par ce
qu'il nommait "la liberté économique". Cette liberté peut mener à renoncer en partie à la
liberté individuelle lorsque l'association est une voie pour atteindre l'objectif voulu. Il s'agit
d'une motivation qui n'est pas complètement étrangère à la raison et à la loi économique.
L'entrepreneuriat ne trouve plus son explication dans une équation de profit et de gains
financiers. Les théories traditionnelles de l’économie se trouvent tronquées devant des
entrepreneurs qui ne sont pas entièrement "homo economicus".
Les changements intervenus dans toutes les sphères d’activité, la révision des modalités
de gestion des affaires publiques, la non satisfaction de certains besoins par l’Etat ou le
marché, la segmentation des besoins collectifs... ont conduit à l’apparition d’un nouveau
phénomène économique, l’entrepreneuriat socio-économique. Celui-ci s’insère dans
l’économie concurrentielle tout en s’appuyant sur les financements publics156. Ni public ni
155
"… But now the research I have done has come to businessman's rescue by showing that everyone has
been wrong, that is not profit per se that makes the businessman tick but a strong desire for achievement, for
doing a good job. Profit is simply one measure among several of how well the job has been done, but it is not
necessarily the goal itself".
156
En 1997, il existait en France entre 700 000 et 800 000 associations dont le budget global est estimé à 230
milliards de francs, dont 129 milliards de subventions publiques. On estime à 570 000 équivalent emplois à
temps plein (Ministère des Finances, "Notes bleues", n°146, 1998).
83
privé, il prend des formes variées, à savoir une entreprise sociale, une organisation à but
non lucratif, une association, une mutualité financière... L’essor de ce phénomène a amené
une nouvelle figure d’entrepreneur, l’entrepreneur social157.
Si l’entrepreneur peut être considéré comme celui ou celle qui prend des risques, associe
des ressources de manière cohérente et efficiente, innove en créant des nouveaux services,
produits ou procédés, son homologue "l’entrepreneur social, semble déployer les mêmes
compétences, à l’exception de la faculté de distribuer des bénéfices monétaires" (OCDE,
1998, p.130).
Evidemment, l'activité de l'entrepreneur social s'inscrit difficilement dans un cadre
public. Mais plutôt que d’invoquer les défaillances de l’Etat ou du marché pour justifier
son existence, sa démarche entrepreneuriale n’est pas très différente de l’entrepreneur
"classique". Le point de départ, le déclencheur de l’initiative, est la constatation d’un
besoin collectif, qu’il concerne un groupe social ou professionnel, une communauté
ethnique ou encore un territoire. Cependant son action s’exerce au profit de l’intérêt
général et de la richesse sociale. Par sa démarche éthique, sa contribution à la cohésion
sociale et au développement économique, il ajoute une valeur additionnelle à la production
des biens et services.
L’entrepreneur social est loin de s’essouffler. Les tendances actuelles font que les
organisations à but non lucratif innovent et restent compétitives dans l’élaboration et la
mise à disposition de biens et services de qualité et à moindre coût158.
Une autre figure de l'entrepreneur prend un énorme essor aujourd’hui. Elle est le produit
de l'explosion des nouvelles technologies de l'information et de la communication,
notamment Internet. Ce secteur est attractif car les coûts d'entrée sont faibles et le retour
sur investissement très élevé. Les pouvoirs publics consacrent de plus en plus de ressources
à la nouvelle économie159.
157
Depuis une vingtaine d'années, le secteur à but non lucratif suscite un intérêt grandissant de la part des
économistes, sociologues et juristes, mais commence à peine à susciter la curiosité des chercheurs en
sciences de gestion. La communauté scientifique, fait remarquer C. BRUYAT (1993, op.cit, p. 61), ne
semble pas opposée à une conception large de l'entrepreneuriat qui inclut le secteur non marchand.
158
L’avantage comparatif du secteur se mesure certainement par son aptitude à réduire les coûts de
transactions.
159
En 1999, l'ANVAR (Agence Nationale de Valorisation de la Recherche) a consacré 23% de ses
ressources, en subventions ou crédits, à des sociétés ou laboratoires actifs dans les nouvelles technologies de
l'information et de la communication (P. GUILLAUME, 2000, p. 40).
84
L'entrepreneur "virtuel", preneur de risque et très imaginatif, dans un "cyber-monde"
mouvant, prend l'esprit qu'a voulu J. SCHUMPETER (1935) [1911]. Il est innovateur, non
seulement capitaliste, mais aussi ingénieur de son exploitation, son directeur technique. Il
est le plus souvent tout à la fois acheteur et vendeur, et juriste des affaires courantes. Il est
"la tête de son bureau". L'aptitude à diriger et à organiser, chère à J.-B. SAY, n’est
certainement pas de mise pour un entrepreneur inséré dans une toile et des réseaux qui
irriguent la planète, dont le foyer est la domiciliation, l'ordinateur, le seul outil de travail et
sa personne, son unique employé.
Le long chemin de l'entrepreneur est un parcours dans lequel il est possible de repérer
des temps forts, des changements dans la nature de l'activité. Notre voyage fait ressortir,
quelle que soit la figure qu’épouse l’entrepreneur, trois traits majeurs : le risque, la
direction et l'innovation. Ainsi, en s'appuyant sur ces trois caractéristiques principales,
la deuxième contribution de ce chapitre est de mettre en œuvre les diverses figures
d'entrepreneur qui ont marqué des tournants importants dans l'évolution de
l'histoire du capitalisme (figure 9).
Tout découpage est simplificateur. Cependant, la lecture de notre schéma ne doit pas se
faire par rupture, par palier, mais plutôt comme un itinéraire avec de possibles allers-
retours, où plusieurs figures peuvent coexister au sein d'une même époque, avec bien sûr la
dominance d'une figure pour chaque grande mutation.
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les marchands, les commerçants et les négociants
qui assument le risque de l'échange des produits et de la monnaie sont les principales
figures qui ont dominé l'activité économique. L'ingénieur-entrepreneur, innovateur et
dirigeant, a accompagné la révolution industrielle. Le manager (qui peut être un groupe
d'hommes) est l'agent de direction qui a symbolisé l'organisation du capitalisme managérial
jusqu'au milieu de la décennie 1970. L'innovation et la prise de risque ressurgissent avec
les exigences de création des petites entreprises. Le capitalisme entrepreneurial est
schématisé par l'entrepreneur "virtuel" et l'entrepreneur social qui répondent à des
marchés de plus en plus segmentés et mouvants.
85
RISQUE (financier et social)
CAPITALISME CAPITALISME
ENTREPRENEURIAL MARCHAND
Entrepreneur-virtuel Marchand, commerçant,
négociant
Entrepreneur-social
DIRECTION
CAPITALISME
MANAGERIAL
Manager
CAPITALISME
LIBERAL
Ingénieur-entrepreneur :
Manufacturier, technicien,
directeur de fabrique
INNOVATION
Force est de constater, suite à la revue de la littérature, qu’il n’y a pas de définition de
l’entrepreneur, et il ne peut y en avoir dans la mesure où il s’agit d’un concept en
continuelle métamorphose. Celui-ci a subi une longue transformation dont nous pensons
qu’elle n’est pas parvenue à son terme.
86
avec l’acception que nous avons donnée du concept d’entrepreneuriat et notre
positionnement dans le champ de recherche160.
Le "glissement" des analyses des sciences économiques vers d’autres disciplines qui
mettent en exergue d’autres "facettes" de l’entrepreneur, s’explique par au moins deux
arguments. La fin de la seconde industrialisation a induit des changements culturels et a vu
cohabiter la grande, la moyenne et la petite entreprise, avec une multiplicité
d'entrepreneurs aux traits différents les uns des autres. A cela s'est combiné un fait
académique qui a vu le champ de l'entrepreneuriat "envahi" par diverses disciplines,
notamment le management, la psychologie, la démographie sociale, la sociologie et
l'anthropologie. "Tous nos collaborateurs – économistes, anthropologues, sociologues,
politologues, spécialistes du monde de l'entreprise – …", remarque B. BERGER (1993, p.
1), "s'accordent pour l'essentiel à penser qu'il n'est plus possible de cerner la fonction
multiforme de l'entrepreneur dans le cadre unique de l'une ou l'autre discipline
160
Cf. supra., p. 29-30, "1.1.2. Le positionnement de la recherche : une perspective processuelle".
161
Le terme "organisation" est employé pour inclure l’entrepreneur social dans notre acception. Il désigne
l’entreprise, au sens classique, mais aussi les structures non marchandes (organisation non lucrative,
association, mutualité…).
87
traditionnelle…, ils partagent le sentiment qu'une appréciation globale du domaine en
question suppose un travail interdisciplinaire".
J.-B. SAY (1972) [1803], par qui l'entrepreneur est véritablement entré dans la théorie
économique, écrit que dans l'exercice de son métier, l’entrepreneur rencontre des obstacles,
des inquiétudes et des malheurs. Autant de déconvenues à surmonter qui nécessitent de
l’intelligence, du calcul, de la prudence et de la probité. L’entrepreneur manifeste du
jugement et de la constance. Il est connaisseur des hommes et des choses. En fonction de
l'activité, ses capacités et ses connaissances sont variables.
88
produits, assume les responsabilités managériales les plus importantes et assure la
motivation des hommes.
Dans son remarquable ouvrage retraçant le parcours d'entrepreneurs hors du commun
aux Etats-Unis, G. GILDER (1985, p. 96) relève que les vertus traditionnelles les plus
célèbres de l'entrepreneur sont le goût de l'action, le sens de l'opportunité, le dynamisme
face à la concurrence et l'instinct de l'efficacité. Notre revue de la littérature moderne sur
l'entrepreneuriat révèle que les chercheurs prêtent aussi à l’entrepreneur la faculté
d’identifier et d’exploiter des innovations, la créativité, l'engagement personnel,
l’anticipation, la proactivité, l'adaptation, l'initiative, l’imagination, l’intelligence,
l'enthousiasme, l'énergie, le courage, la patience, la propension au risque, au changement et
à l'aventure, l’esprit de décision, la promptitude dans la réaction, les capacités
d’organisation, l'écoute, la souplesse, la confiance, la ténacité, l'honneur... Les
psychologues y ajoutent quelques traits parfois moins séduisants, comme le besoin de
domination, l'autonomie, l'indépendance, l'esprit de compétition, la défiance à l’égard
d’autrui, le désir d’être approuvé, la réalisation de soi, le refus de l'autorité… Ces
caractéristiques entrepreneuriales existent un peu partout dans la société. Elles
peuvent permettre une explication partielle des intentions, des actes et des
comportements des créateurs d’entreprise et des entrepreneurs.
Bien que les entrepreneurs présentent des caractéristiques communes, ils sont difficiles
à appréhender. Ainsi, il est apparu opportun dès le début des années 1970 de dépasser
le stade de la simple énumération de traits et facteurs qui semblaient qualifier
l'entrepreneur, pour élaborer des modèles sophistiqués de typologies d'entrepreneur.
Ceux-ci tentent de rendre compte des principaux mécanismes extra-économiques des actes
et des comportements des entrepreneurs, en les situant davantage dans des circonstances
contingentes.
L'approche typologique est intéressante car d'une part, elle affine l'approche fondée sur
la recherche d'une définition de l’entrepreneur et d'autre part, elle permet de mieux saisir
les points d'ancrage, les systèmes de pensée et de valeurs et de repérer des actes et des
comportements entrepreneuriaux susceptibles d'émerger dans des contextes spécifiques.
89
Sur le plan empirique, dès les années 1960, la littérature a tenté de classer les
entrepreneurs en fonction de leurs attitudes et aptitudes à manifester l’esprit d’entreprise.
Gestionnaires, psychologues, sociologues, ethnologues et spécialistes du comportement
humain se sont efforcés d’affecter les entrepreneurs dans des catégories. En la matière,
nous retrouvons pour les gestionnaires par exemple, les travaux sur l’analyse stratégique de
la petite entreprise. Ainsi, ont vu le jour d’innombrables typologies, établies presque
toujours à partir des caractéristiques psychologiques, sociologiques et managériales de
l'entrepreneur ou du créateur d’entreprise162.
L’approche des typologies est très souvent faite dans une perspective de simple
narration, de rapprochement ou de groupement entre diverses typologies. Le troisième
apport de ce chapitre est de distinguer les dimensions statique et dynamique dans
162
H. DAVAL et alii (1999) ont recensé 25 typologies d'entrepreneur. A partir des caractéristiques qui les
composent, ils ont construit une grille de lecture en utilisant une démarche heuristique d'analyse. Dans une
première étape, ils ont défini cinq catégories centrales de caractéristiques entrepreneuriales qui intègrent de
façon organisée les informations recueillies et permettent de comprendre et de classifier les différents
entrepreneurs. Trois d'entre elles sont propres à l'individu (histoire, aptitudes, besoins) et deux sont liées à
l'action de l'entrepreneur sur son organisation (politique générale de l'entreprise et management).
90
l’élaboration des typologies d’entrepreneur. Cette distinction souligne l'intérêt qu’il y
a à aborder l’entrepreneur et son activité dans une perspective processuelle163.
Par statisme, nous entendons une linéarité et une discontinuité au sein d’une même
typologie d'entrepreneur. Il n y’a pas de "passerelles" entre les différents types d’une
même typologie, c’est-à-dire pas d’évolution envisagée d’un type à un autre.
Dans une étude qui a porté sur soixante créations d'entreprise entre 1955 et 1970, J.
LAUFER (1975) distingue quatre types d'entrepreneur en fonction de leurs motivations
psychologiques et de leurs comportements économiques :
9 "le manager ou l'innovateur" orienté vers la croissance et ses exigences. Il n'est pas
inquiet quant au partage du pouvoir et à la délégation des responsabilités. Il a été formé
dans de grandes écoles et a acquis une solide expérience dans de grandes entreprises ;
9 "l’entrepreneur propriétaire" pratique un mode de gestion paternaliste. Il est très
concerné par la croissance de son entreprise dans la mesure où cela ne menace pas son
autonomie financière. La création de son entreprise est une insatisfaction liée à son
ancien emploi où il évoluait dans une relation de subordination. Il a connu un échec
scolaire ou des débuts professionnels perturbés ;
9 "l’entrepreneur technicien" refuse le développement de son entreprise de peur de
perdre son pouvoir. Cependant, il recherche la productivité et l'efficacité. Il a fait l'objet
d'une crise professionnelle ou psychologique ;
9 "l’entrepreneur artisan" n’éprouve pas de joie dans l'exercice du pouvoir. Il ne se
reconnaît pas comme un véritable entrepreneur. Il est animé par une volonté profonde
d'autonomie car son indépendance est plus importante que la réussite économique.
L'entreprise doit s'adapter aux besoins familiaux car il ne voit pas d'avenir en dehors du
cercle familial.
L'auteur arrive à la conclusion que la motivation qui forme un élément de la
personnalité de l'entrepreneur, est identifiable dès la constitution du projet de création
d’entreprise. Elle conditionnera l'évolution ultérieure de l'entreprise.
163
Les typologies ci-dessous, statiques et dynamiques, sont exposées dans un ordre chronologique. Par
contre, l’évolution des constructions typologiques, du statisme au dynamisme, s’est faite dans un processus
non chronologique.
91
J. LORRAIN et L. DUSSAULT (1988) se sont intéressés à des entreprises
manufacturières établies depuis un semestre environ, dans quatre régions du Québec. Ils
confirment la validité empirique des typologies fondées sur des caractéristiques
psychologiques, mais aussi sur des comportements de gestion qui conditionnent l'évolution
de l'entreprise. Ils discernent deux groupes majeurs d'entrepreneur, les "artisans" et les
"opportunistes"164. Ces derniers ont un niveau de formation élevé conjugué avec une bonne
expérience dans le domaine de la gestion. Ils s'impliquent plus que les "artisans" dans les
différentes fonctions de la gestion. Celle-ci s'en trouve plus équilibrée.
S. BOUTILLIER et D. UZUNIDIS (1995, p. 86-88) opposent "l’entrepreneur
révolutionnaire" à "l’entrepreneur routinier". Le premier est adepte de la nouveauté et du
changement. Il a un capital "connaissance" élevé. L'innovation le guide dans son activité.
Le partage du capital ne l'effraie pas. Le second est solidaire, jaloux de son indépendance
et très peu tenté par le bouleversement de l'ordre établi.
164
Remarquons que cette typologie est similaire à celle de N.R. SMITH.
165
Cette typologie a été déjà développée en 1985 par l’auteur lui-même en collaboration avec D.E.
GUMPERT (Cf. H.H. STEVENSON, D.-E. GUMPERT, 1985, p. 23-33).
92
L’auteur affirme cependant, qu'une large variété de comportements managériaux existe
entre les deux types d’entrepreneurs. Naturellement, plus l'individu se rapproche du
"promoteur", plus il est doté de l'esprit d'entreprise.
Les chercheurs qui ont introduit l’aspect dynamique ont le mérite de souligner encore
une fois, que l'entrepreneuriat n'a pas d'autres angles de compréhension et
d’explication qui soient extérieurs au "processus". Les modèles de croissance, de la
petite entreprise notamment, prescrivent qu’au fur et à mesure qu’elle grandit, l’entreprise
exige des changements organisationnels. Conséquemment, ceux-ci impliquent des
changements dans le profil du dirigeant. Les "mutations" entre divers types d’une même
typologie peuvent émaner de l’entrepreneur lui-même, ou être provoquées par des facteurs
tels que la croissance du marché ou la découverte de nouvelles opportunités.
P.-A. JULIEN (1994) distingue, à cet égard, quatre principaux types de chefs
d’entreprise :
9 "l’entrepreneur" qui réunit les qualités d’innovateur, de preneur de risque et
d’organisateur ;
9 "l’innovateur", peu animé par le risque ;
9 "l’entrepreneur technicien", gestionnaire recherchant une performance moyenne et
stable ;
9 "le manager ou le professionnel", guidé par le souci de performance de son
organisation. Ses objectifs sont arrêtés et ses produits stabilisés.
93
L’auteur remarque que ces typologies présentent une forte normativité. Avec le
développement de l’entreprise, le profil du dirigeant évolue. "L’innovateur" devrait
particulièrement se transformer en "manager" dans le souci d’une meilleure performance.
L.-J. FILION (1997, p. 145) a bâti une typologie dynamique représentant six cas de
figure :
9 "le bûcheron" : type le plus courant des propriétaires dirigeants. Grand travailleur, il se
met à son compte car il est convaincu que c’est la seule voie de recevoir son véritable
dû. Ambitieux, il délègue rarement les responsabilités car il est insatisfait du travail de
94
ses collaborateurs. Sa culture organisationnelle est axée sur la production. S'il réussit, il
pourra évoluer vers le "missionnaire" ;
9 "le séducteur" : doté d'un fort réseau relationnel, il est le champion de l'achat et de la
reprise d'entreprise. Il a les capacités d'évaluer autant les forces et les faiblesses que le
marché potentiel d'une entreprise. Il aime que les choses se fassent rapidement. Il
risque fort de devenir un "sportif" ;
9 "le sportif" : issu d'un milieu aisé et parfois d'une famille entrepreneuriale, il pratique
une discipline sportive car il juge ceci comme une activité vitale. Son entreprise qu'il
regarde par moment comme une contrainte nécessaire, représente l'autonomie
financière qui lui permet de se donner aux activités de loisir qui l'intéresse. Peu motivé,
il travaille en suivant des pics d'activité ;
9 "le vacancier" : il a un emploi "officiel" qu'il conserve par besoin de sécurité. Pour la
réalisation de soi, il consacre toute son énergie et son temps pour développer sa petite
entreprise. Il met beaucoup de temps pour prendre et articuler des décisions
stratégiques. Il peut se transformer en "bûcheron" ou en "converti". Mais il manifestera
inexorablement des tendances de "sportif", car il aura acquis un double mode de
fonctionnement ;
9 "le converti" : enfin, il a sa propre entreprise qui lui permettra de se réaliser. Véritable
obsession, il est impliqué de façon très émotionnelle dans ce qu'il croit être une tâche à
but social. Il délègue très peu car il aime le contrôle. Il pourrait devenir
"missionnaire" ;
9 "le missionnaire" : "converti" mature, il est convaincu de l'utilité sociale de sa mission,
mais avec moins d'implications émotives. Le plus souvent, il est l'unique maître
d'œuvre de l'entreprise qu'il a créée. Celle-ci, à l'image de la représentation qu’il se fait
de la famille, est le lieu où les individus évoluent de façon harmonieuse,
individuellement et collectivement pour réaliser les meilleures performances.
Passionné, il connaît bien son produit ainsi que ses débouchés. Il délègue dès que
l'occasion se présente et est ouvert à toutes les propositions. Réaliste dans la pratique
des affaires, il est moins intéressé par la croissance que par la gestion des hommes. Il se
consacre à communiquer et à motiver le personnel en donnant lui-même l'exemple.
95
En insistant sur les défauts habituels de toute typologie (simplification excessive,
grosseur des traits…), E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 81-85) distingue dans une
dichotomie "Croissance-Autonomie", quatre catégories principales de créateurs :
9 "le Manager" : a un comportement proche de celui d'un cadre de grande entreprise.
Instruit, il crée son entreprise dans une nette volonté de pouvoir. Il désire franchir
rapidement les étapes successives de développement. Il peut devenir "entrepreneur" ;
9 "l'Entrepreneur" : recherche comme le précédent la croissance, mais celle-ci doit être
maîtrisée financièrement. Travailleur infatigable, moins instruit, il délègue moins que
le "Manager". Il "a une revanche à prendre sur la vie" ;
9 "l'Artisan-TPE" : l'artisan et le Très Petit Entrepreneur ont moins de dix salariés. Ils
maîtrisent parfaitement un métier ou une technique de production. Déléguant peu dans
un esprit paternaliste, leur structure est très informelle. Ils recherchent avant tout
l'indépendance. L'"Artisan-TPE" peut évoluer vers la catégorie des "Entrepreneurs". Il
aura alors beaucoup de difficultés à déléguer ;
9 "l'Exclu" : proche du "Manager", il est chômeur et veut créer son propre emploi en
créant son entreprise. Cette dernière connaît une structure informelle. L'"Exclu" qui
provient du monde ouvrier peut rejoindre "l’Artisan-TPE". Celui qui occupait un
emploi de cadre peut devenir "Manager". Pour l'"Exclu" qui considère la création
d'entreprise comme "une véritable révélation", il rejoindra la catégorie des
"Entrepreneurs".
Bien peu d’individus réunissent les qualités pour assumer des fonctions
entrepreneuriales. Si l'entrepreneur qui réussit se fait rare, commente J.-B. SAY (1972, p.
375) [1803], c'est parce que ses qualités sont difficilement réunies chez une seule personne.
"La condition de capacité borne le nombre de gens qui offre le travail d'un entrepreneur".
A. MARSHALL (1971) [1906] note que les qualités pour faire un entrepreneur idéal sont
si nombreuses, que peu de personnes en sont dotées. H. LEIBENSTEIN (1968) fait
remarquer que les qualités entrepreneuriales sont un talent rare et pas toujours réunies en
un seul individu ou au sein d'une même entreprise.
J.R. SIMPLOT, cultivateur et fils de cultivateur, devenu milliardaire et empereur de la
pomme de terre surgelée, qui reçut des Etats-Unis le témoignage de la plus haute
reconnaissance, confia à G. GILDER (1985, p. 13) que "Sur les entrepreneurs, sur leur
personnalité et sur leur action, il n'y a ni idée généralisable ni prévision possible. Ce sont
96
parfois des savants, parfois des artistes, parfois des artisans ; le plus souvent ce sont des
chefs d'entreprise".
Dans le même esprit, P. DRUCKER (1985, p. 50) conclut après plusieurs années
passées dans le monde des affaires que "… En plus de vingt ans de carrière, je n'ai pas
rencontré une seule personnalité d'entrepreneur. J'ai en revanche vu des individus de
personnalité et de tempérament les plus divers réussir parfaitement dans leur démarche
d'entrepreneur".
La distinction entre entrepreneurs, non-entrepreneurs ou managers a toujours guidé les
chercheurs qui s’intéressent aux traits de personnalité (R.A. BARON, 1997166 ; D.W.
NAFFZIGER et alii, 1994, p. 29-32167). Mais constate W.B. GARTNER (1988), il y a
moins de différence en comparant les entrepreneurs entre eux, qu'en essayant de comparer
les entrepreneurs et les "non-entrepreneurs". Les typologies se contentent de proposer des
"prototypes" d’entrepreneur en privilégiant quelques caractéristiques jugées essentielles
par type de problème, et souvent par discipline de recherche168.
Nous constatons avec les auteurs ci-dessus qu’il n’existe pas d’idéal-type
d'entrepreneur. Cependant, l’approche typologique nous aide à mieux appréhender les
principaux acteurs de l’entrepreneuriat : les créateurs d’entreprise et les entrepreneurs. Sa
dimension dynamique a le mérite de retracer de façon plus fidèle la genèse de l’activité
entrepreneuriale. Nous ne serons pas étonnés de voir les travaux à venir abandonner
les typologies statiques.
Conclusion du chapitre 2
166
"A key question in entrepreneurship research has long been "Why do some persons choose to become
entrepreneurs while others do no?… The basic premise underlying such research was simple : entrepreneurs
are different from other persons with respect to certain traits ".
167
"The search for personality differences between entrepreneurs and non-entrepreneurs was pursued by
numerous researchers in the early 1980s… Early research in the field of entrepreneurship sought to
determine what personality characteristics distinguished entrepreneurs from non-entrepreneurs,
entrepreneurs from managers in large firms, and successful entrepreneurs from unsuccessful entrepreneurs".
168
Les résultats empiriques sont par moment contradictoires. Les caractéristiques retenues n'ont pas le même
poids et la même signification selon la culture, le secteur d'activité, l'expérience personnelle, l’histoire
entrepreneuriale, …
97
définitivement, avec l’entrepreneur. L'innovation ne peut se réaliser que si elle émane d'un
entrepreneur qui prend des risques et qui organise son développement, bref, qui
"entreprend". L'entrepreneur, c'est l'essence ou le cœur même de l'entrepreneuriat.
98
Et si nous devions "prendre partie" dans l'élaboration des typologies, il en existerait
deux pour nous. La typologie des individus qui créent les événements ou qui se demandent
ce qui a bien pu produire ceux qu'ils n'ont pas provoqué, et celle des individus qui
regardent ces mêmes événements en spectateurs. "Ainsi la tâche n’est point de contempler,
mais de méditer comme personne n’a encore médité sur ce que tout le monde a devant les
yeux" (Arthur SCHOPENHAUER). Les entrepreneurs appartiennent indéniablement à la
première typologie.
Cependant, quels que soient les progrès dans la construction dynamique des
typologies, ceux qui épousent le chemin de l’entrepreneuriat resteront hétérogènes. Il
n'existe aucun type idéal garantissant l’acte d’entreprendre ou le succès d'une entreprise.
On n'a pas établi, écrit L.-J. FILION (1997, p. 138) "un profil psychologique scientifique
absolu de l'entrepreneur". Les facteurs clés de passage à l’acte, les moyens à mobiliser et
les apprentissages à réaliser sont différents. La diversité des porteurs de projets, des
créateurs, de leurs buts et de leurs projets rend vaine la recherche d'un modèle
général de l’entrepreneur. Toute tentative pour dresser un profil-type de porteur de projet
ou de créateur d’entreprise, est vouée à l'échec.
Enfin, quelles que soient les oppositions de la théorie, et parfois ses contradictions, il
convient de ne pas oublier que les entrepreneurs existent et agissent presque toujours sans
tenir compte de la théorie (E. GIBERT, 1980, p. 6). Aujourd’hui encore, il sont toujours les
créateurs, les aventuriers des temps modernes. Ils continueront certainement, et pendant
longtemps, à occuper les esprits curieux.
99
Chapitre 3 - Le processus entrepreneurial amont : mobiles et facteurs
contingents
"Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer".
Guillaume D’ORANGE
Nous avons mentionné au premier chapitre que l’entrepreneuriat est un processus qui se
décompose en plusieurs phases (propension, intention, décision, acte, comportements :
entrepreneuriaux ou non)169. Si ce dernier demeure "un phénomène hétérogène
correspondant à des logiques diverses et évolutives aux limites floues, éphémères et
difficilement repérables dans le temps" (C. BRUYAT, 1993, p. 110), il est possible
néanmoins d’identifier au sein de ce processus, notamment dans ses phases intentionnelle
et d’acte (de création), des mobiles et des facteurs contingents susceptibles de nous
éclairer sur la formation de l’intention entrepreneuriale.
169
Cf. supra., p. 47-50, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus entrepreneurial".
170
Pour notre acception du concept d’aptitudes entrepreneuriales, cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions
des aptitudes entrepreneuriales".
171
Cf. infra., p. 201, "6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources ".
100
3.1. L'imbrication des mobiles du processus entrepreneurial
Comprendre et analyser des mobiles qui se manifestent chez les individus au cours du
processus entrepreneurial amont, nous renseigne sur certaines variables
motivationnelles et situationnelles qui peuvent influencer l'intention, et
éventuellement l’acte de création. Les mobiles sont inhérents à l'individu, conformes à sa
personnalité, à ses intérêts et parfois à son projet d'entreprise. Ils sont de différentes natures
et présentent une importance variable. Nous distinguons les mobiles économiques,
psychologiques et socioculturels172.
Le gain matériel a toujours guidé l'homme dans son activité. Mais si la détection des
perspectives de rémunération et de profit est souvent présentée comme une composante
essentielle, elle n’est pas toujours la motivation unique et suffisante dans le processus
entrepreneurial amont173. Pour A. MARSHALL (1971, p. 69 et 108-112) [1906],
172
L’ordre de présentation de ces mobiles n’est pas fortuit. Economiques d’abord, pour signaler que les
premiers penseurs en entrepreneuriat, exclusivement économistes, n'ont pas ou peu cherché d'explications
externes à l'acteur lui-même. Psychologiques ensuite, pour marquer le tournant pris au début des années 1960
dans la pensée entrepreneuriale qui met en relief les caractéristiques psychologiques. Enfin socioculturels,
pour indiquer l’importance de l’environnement dans le processus entrepreneurial.
173
A ce propos, nous faisons état des deux grandes logiques de création d’entreprise, la logique
entrepreneuriale volontaire, et la logique d’insertion sociale, forcée ou subie. C'est ce que L.-J. FILION
(1997, op.cit, p. 153) appelle respectivement l'entrepreneuriat des "volontaires" et l'entrepreneuriat des
"involontaires". Dans le premier cas, il est question de saisir une opportunité, et dans le second de la
nécessité de résoudre le problème de l’emploi que l’individu a renoncé de chercher par ailleurs. C’est dans
une période de chômage élevé et le désarroi de ne pas trouver un emploi que l’acte d’entreprendre devient
une issue incontournable dans une logique d’insertion sociale.
101
l'économie politique moderne fait preuve à l’origine d’une étroitesse d'esprit en considérant
la richesse comme une fin, plutôt que comme un moyen de la vie humaine. L'économie
politique, par le biais de grands penseurs note-t-il, avait déjà pris conscience que les
mobiles de l'action humaine ne se limitent pas à une équation de gains. I.M. KIRZNER
(1976) [1960] signale que le processus de marché suppose l'existence d'éléments qui ne se
laissent pas appréhender dans un cadre économique rationnel. Aujourd'hui, tous les auteurs
intervenant dans le champ de l'entrepreneuriat s'accordent à dire que le mobile économique
n'est pas le seul qui détermine le processus entrepreneurial amont dont l'ultime phase est
l’acte de création. Il est difficile de réduire ce processus aux algorithmes de
maximisation de gains.
La libre entreprise n'est pas seulement attirante parce qu’elle apporte une possibilité de
gain supérieur (D. MUZYKA, 1998a, p. 15). Une enquête sur les entreprises suédoises,
réalisée en 1989, a montré que 16% seulement des entrepreneurs pensaient que le but
essentiel de leur réalisation était d’augmenter leurs revenus (OCDE, 1998, p. 44). Plus
récemment, il ressort qu'un quart seulement des créateurs de la Communauté Européenne
recherchent l'attrait du gain (CCI Paris, 1999, p. 20). D’autres considérations que nous
exposons dans ce qui suit entrent en jeu dans l’acte d’entreprendre.
174
Il est avec l'école autrichienne, l'une des exceptions "économistes" qui dépasse le cadre interprétatif
traditionnel des sciences économiques.
102
propriété. Secundo, vient la volonté d’élévation sociale. Rien ne peut mieux stimuler
l'énergie et l'initiative d'un homme que l'espoir de pouvoir progresser dans la vie. Le
troisième groupe de mobiles qui se rencontre par ailleurs, tient dans le fait de donner forme
à une entité économique et de la diriger.
175
Cf. infra., p. 88-89, "2.3.1. D’une conjonction de caractéristiques…".
176
C'est ce que A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, op.cit, p. 79), comme nous le verrons dans l’exposé de
notre cadre théorique au chapitre 5, nomment les "déplacements" positifs et négatifs ("pushs and pulls") (Cf.
infra., p. 162-165, "5.1.1. Le cadre général de la recherche : le modèle de la formation de l'événement
entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, op.cit.)".
177
A. GUPTA (1993, p. 63) dans son étude sur les entrepreneurs indiens énonce très bien ce que peut être
une déception professionnelle qui pousserait un salarié à se mettre à son compte : "Nous avons connu des
experts-comptables qui ne supportaient plus la comptabilité, des cadres de publicité qui rongeaient leur frein
dans une agence dirigée par d'autres et des architectes lassés d'être envoyés par leur patron pour vérifier sur
leurs chantiers le bon fonctionnement des robinets et la propreté des lavabos".
103
sociale et une perspective professionnelle (W.G. DYER, 1994, p. 10178). Le dynamisme du
marché du travail américain est renforcé par l’immigration. Celle-ci est largement
représentée parmi les créateurs d’entreprise. L'exemple des communautés coréenne,
cubaine, italienne, iranienne ou juive est édifiant (A. SHAPERO, L. SOKOL, 1982, p. 80).
178
"For example, certain ethnic groups - particularly immigrant groups such as Asian Americans and Jews –
were often discriminated against as they sought employment. Thus, they were compelled to seek their
livelihoods outside established organizations and began to create their own businesses".
104
automobile, et que lui-même portait les bijoux de sa femme chez le prêteur sur gages. Et à
cet emploi du temps qui ne laissait déjà guère de place au sommeil, le jeune homme sans
instruction finit par ajouter des cours à l'école technique d'Hamamatsu, où son idée de
fabriquer des segments fit au début rire son professeur".
Les conditions socioculturelles constituent "le moule" dans lequel sont coulées les
capacités de chacun. Si le capital financier est indispensable à toute activité
entrepreneuriale, la culture et la religion fournissent le capital "spirituel". La religion est
sans doute l'influence culturelle la plus ancienne. La thèse de M. WEBER (1964, p. 34-
179
"Despite a focus on the potential entrepreneur, we fully recognize that entrepreneurial activity does not
occur in a vacuum. Instead, it is deeply embedded in a cultural and social context, often amid a web of
human networks that are both social and economic".
180
Pour B. BERGER (1993, op.cit, p. 25), la culture "englobe la totalité des manières de penser, de croire,
de comprendre et de sentir ainsi que les méthodes de travail, les modes de consommation, et, généralement,
les formes d'interaction sociale que partagent les membres d'un groupe déterminé".
105
36) [1905] qui privilégie la relation entre la religion protestante et l'essor du capitalisme,
souligne l'influence des valeurs éthiques sur l'environnement et la personnalité. L'éthique
religieuse agit sur la culture et la société, c'est-à-dire sur la conception du rôle de l'homme,
et celui des autres dans la vie économique. D’après M. WEBER (1964) [1905], le
développement de l’esprit du capitalisme trouve son origine dans la culture et l'éthique,
dans l'existence de systèmes de valeurs liées à l'initiative, à l'individualisme et à la volonté
de se dépasser. L'ascétisme, soutient M. WEBER (1964, p. 236) [1905], a constitué le plus
fort levier de l'esprit du capitalisme. A. GUPTA (1993, p. 55 et 93) conclut qu'il est
difficile de se défaire de la thèse de M. WEBER. La religion et les traditions culturelles,
constate-t-il, semblent avoir joué, partout en Inde, un rôle non négligeable dans
l'émergence de la culture entrepreneuriale.
181
Dans les pays de la Communauté Européenne, 2/3 des créateurs d'entreprise se sont associés
principalement à la famille, à des amis ou à des collaborateurs (CCI Paris, op.cit, 1999, p. 11-17).
106
Le processus entrepreneurial exige l'existence d'une économie de marché. Celle-ci
implique la liberté économique. Avec un capital, si minime soit-il, chacun doit pouvoir
s'installer librement à son compte. Dans l'histoire du développement des grandes nations, à
divers degrés, l'Etat, par l’éventail des mécanismes fiscaux et institutionnels, a joué un rôle
important dans le développement de l’entrepreneuriat. Mais la libre entreprise favorisée par
les pouvoirs publics ne trouve pas toujours un terreau fertile pour l’innovation et la prise de
risque. Des résistances sociales peuvent bloquer le cours du processus entrepreneurial.
Au début de la décennie 1990, le parlement algérien a voté plusieurs lois en faveur de la
privatisation et de l’initiative privée. La transition vers l'économie de marché a connu des
inerties et des oppositions manifestées par les diverses composantes syndicales, politiques
et associatives. Le capitalisme était rejeté et assimilé à la domination étrangère. Les
mentalités, ancrées dans la communauté des biens, n’étaient pas préparées. Les structures
mises en place au cours de décennies de dirigisme économique ont renforcé les aspects
bureaucratiques, anémié les capacités innovatrices et asphyxié le désir d’entreprendre.
Dans certains pays d’Europe de l’Est, le marché libre n’a été introduit que récemment.
La création d’entreprise représente un changement important par rapport aux anciens
schémas de comportement dans un contexte d’économie planifiée et centralisée, où
l’initiative privée était illégale et où l’Etat veillait (en théorie) aux besoins de chacun. Ainsi
en Russie, on découvrait une culture de méfiance, voire de ressentiment à l’égard de la
richesse et de toute activité entrepreneuriale. La conviction selon laquelle l'initiative privée
et le bénéfice sont des sources d'inégalité sociale est toujours présente dans les esprits.
La force des idées doit être telle qu'elle puisse donner aux individus et aux groupes la
possibilité de dépasser les obstacles de pratiques étouffant souvent le processus
entrepreneurial. Celui-ci exige la réalisation d’une deuxième condition, la liberté
politique. Il ne peut y avoir de libre entreprise sans règles de droit garantissant la liberté
des échanges, la protection des personnes et des biens. Liberté d’entreprendre et liberté
d’expression sont le socle du processus entrepreneurial amont.
107
les types d’environnement. En plus des mobiles analysés, des facteurs de contingence
peuvent conditionner le processus entrepreneurial en consolidant l’intention et en menant
éventuellement à l’acte d’entreprendre.
Il est rare de voir quelqu'un touché par la grâce et trouver une idée dans un domaine qui
lui est peu ou pas familier. Les opportunités décelées sont souvent à l'actif d'un
briscard doté d'une forte expérience professionnelle. La probabilité de créer une
entreprise est alors plus importante lorsque les individus arrivent à maturité
professionnelle. Celle-ci est un facteur important de réussite, ou du moins de survie, de la
jeune entreprise (C. BRUYAT, 1993, p. 124-127).
182
"Traditionally, most entrepreneurs began their careers by working for someone else".
108
Bon nombre de créateurs expliquent leur action par une idée, qui oubliée au "fond d'un
tiroir" par leur ancien employeur, est mise à exécution. Plusieurs études, notamment celles
de J. BERANGER et alii (1998, p. 32) sur les ingénieurs, montrent que le passage à l'acte
se produit souvent après un parcours professionnel qui amène une maturité dans le métier,
augmente les compétences et accroît le capital de direction des hommes et des techniques.
L'âge moyen des créateurs d'entreprise dans les pays de la Communauté Européenne est de
35 ans. 90% d'entre eux étaient en activité au moment de la création. L'idée de la création
d'entreprise est principalement en rapport (dans 43% des cas) avec le métier pratiqué (CCI
Paris, 1999, p. 11,15 et 20). Dans les pays de l’OCDE, l’entrepreneur type est âgé de 30 à
35 ans et bénéficie d’une grande expérience professionnelle acquise dans une moyenne ou
une grande entreprise (OCDE, 1998, p. 197).
Bien que le dynamisme local et régional de certaines régions soit mis en évidence par
plusieurs études, la prise en compte du territoire pour comprendre la dynamique
entrepreneuriale est relativement récente183. En effet, une tendance toute récente des
travaux académiques considère que le territoire, par les facilités qu'il permet, influence le
processus et l’acte entrepreneuriaux.
Cette prise en compte est née des constats sur les différences régionales dans les
créations d'entreprise. Ces écarts ont donné naissance à toute une série d'études en vue de
formuler des indices généraux de l'attrait que peut avoir le territoire sur l'activité
entrepreneuriale (R. WHITLEY, 1993, p. 135).
Pourquoi la création d’entreprise est-elle plus fréquente dans certaines régions que
dans d’autres ? Il n’existe pas d’explication claire de ce phénomène, mais certaines
variables semblent particulièrement importantes. Sans être exhaustif, il est probable que la
proximité d’universités et de réservoirs de compétence, une population active ouverte à
l’initiative individuelle, la croissance démographique, le niveau élevé du patrimoine
personnel, la présence de sociétés de capital-risque et d'organismes financiers, les
dispositifs incitatifs régionaux et locaux, les activités "amont" et "aval" générées par les
183
A ce sujet, trois laboratoires de recherche (l’ERFI, le CNME et le CLAREE) sous le patronage de
l’AIRPME, ont organisé à Montpellier le 6 mars 2002, un séminaire intitulé "L’entrepreneur et les petites et
moyennes entreprise face à la mondialisation : le rôle des territoires".
109
réseaux d'entreprise existants et les spécificités économiques régionales soient générateurs
d’entrepreneurs. De façon similaire, des régions sinistrées par une situation de chômage
peuvent également être des territoires où les fondateurs d'entreprises sont plus nombreux184.
Aux Etats-Unis, les taux de création d’entreprise les plus forts sont l’apanage de l’Ouest
et du Nord-Est, les plus faibles se retrouvent dans le Centre-Nord et le Sud185. Gladstone en
Australie, l’Emilie-Romagne en Italie sont les régions économiques les plus prospères de
leurs pays (R. WHITLEY, 1993, p. 156). En Inde, l'esprit d'initiative économique est plus
prononcé à l'Ouest (A. GUPTA, 1993, p. 65). En France, les régions PACA et Île-de-
France sont les plus dynamiques dans la création d’entreprise et d’emplois. Elles ont la
croissance économique la plus forte (P. ALBERT, 1997, p. 32).
184
De nombreuses études font apparaître que dans certaines régions anglaises, entre 1979 et 1983, les
créations d'entreprises sont en lien direct avec des situations de non-emploi (R. WHITLEY, 1993, op.cit, p.
143-144).
185
La Silicon Valley accueillait en 1998 un tiers des 100 entreprises technologiques les plus importantes
créées aux Etats-Unis depuis 1965. La région accueille environ un tiers des capitaux à risque américains
d’origine privée. On trouve à proximité, des centres d’enseignement et de recherche de premier plan qui
assurent en partie le succès de la vallée grâce à une exploitation de leurs retombées technologiques (OCDE,
op.cit, 1998, p. 102).
186
18% des créateurs de la Communauté Européenne ont une clientèle locale et 23% une clientèle régionale
(CCI Paris, op.cit, 1999, p. 35).
110
3.2.3. Les systèmes d'appui et de soutien à la création d'entreprise
Mis en place par les pouvoirs publics pour favoriser la création d’entreprise, ces
systèmes sont des moyens d’actions qui fournissent les ressources nécessaires (financières,
informations et conseils, logistiques) susceptibles de faciliter, le long du processus
entrepreneurial, le parcours des détenteurs de projets. Ces systèmes sont des facteurs
contingents qui peuvent influencer favorablement les perceptions de disponibilité des
ressources, qui à leur tour, renforceront l’intention, voire conduiront à la concrétisation de
l’acte de création.
En France, en se basant sur les conditions des créations d’entreprise, les pouvoirs
publics ont mis en place des systèmes d’appui et de soutien au début des années 1980 pour
187
Le milieu local et régional a d’autant plus de mérite qu’il a une marge faible en matière fiscale et
réglementaire.
111
faire face à un double enjeu : global, pour soutenir l’emploi et remédier à la disparition
d’entreprises ; individuel, pour apporter des réponses aux mobiles économiques et
psychologiques manifestés par les porteurs de projets.
Les instigateurs de ces systèmes constataient que ces derniers manquaient d'argent, de
savoir-faire, de formations spécifiques, d'infrastructures d'accueil… A partir de là, les
systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise se sont développés autour de trois
axes (P. ALBERT et alii, 1994, p. 101-103 ; A. LETOWSKI, 1991, p. 3) : l’appui
financier, les conseils et les formations, et le soutien logistique. Nous évoquons chacun de
ces axes en signalant que les pouvoirs publics n'ont d'emblée accordé aucune place au
système éducatif dans la conception des mécanismes de promotion de l'esprit d’entreprise.
Nous mettons en relief les perspectives d’évolution de ces systèmes.
Aussi précieux que soient les systèmes d'appui à l'émergence de nouvelles initiatives,
beaucoup d’études montrent que ceux-ci peuvent demeurer sans effet en l'absence de
soutien financier. On ne peut devenir entrepreneur sans être initialement débiteur, écrit J.
SCHUMPETER (1935, p. 147 et 152) [1911]. Dans l'économie nationale, ce dernier est le
seul débiteur typique. La quintessence du phénomène du crédit est "essentiellement une
création de pouvoir d'achat en vue de sa concession à l'entrepreneur".
L'accès au capital peut constituer une importante barrière à l'entrée dans la fonction
d'entrepreneur. Le problème le plus souvent évoqué en matière de création
d’entreprise est celui du financement188. C’est d'autant plus vrai pour les secteurs en
expansion, comme les nouvelles technologies de l'information et de la communication et
les biotechnologies, fortement innovants et nécessitant l’apport d’importants fonds
d'amorçage.
188
Un peu moins du tiers (27%) des créateurs d'entreprise européens évoquent les difficultés rencontrées
pour trouver des financements (CCI Paris, 1999, op.cit, p. 18).
112
En France l'appui financier est, d’un point de vue chronologique, l’un des premiers
leviers utilisés pour favoriser l’aboutissement du processus entrepreneurial amont : la
création d’entreprise. Les aides, primes et subventions développées sous cette forme sont
nombreuses et variées189. De façon succincte, il est possible de distinguer celles qui
dépendent de la localisation de l’entreprise et celles qui sont liées aux spécificités des
projets. Sur le premier point, que l'on s'implante dans tel ou tel département ou même, à
l'intérieur d'un département, dans tel canton ou telle commune, les conditions d'obtention et
les montants des appuis financiers varient sensiblement. Le second point tient compte des
caractéristiques des projets (aides, primes, subventions accordées à des entreprises
"écologiques", technologiques, créées par des demandeurs d'emploi…).
La transformation de la nature des activités depuis le milieu des années 1990, plus
technologiques avec une croissance rapide, impose une mise en adéquation des
dispositifs de financement. Ainsi se développent les financements de proximité et "à
risque". Nous traitons respectivement de ces deux points. Dans un second temps, nous
rapportons quelques exemples d'écoles et d'universités qui ont introduit la pratique de ces
financements au sein de leur établissement.
A. Le financement de proximité
189
Elles sont évaluées à près de 9 milliards de francs par an (S. BIRLEY et D. MUZYKA, 1998, op.cit, p. 5).
En 1998, l'Etat s'était engagé à mettre à la disposition des réseaux d'aide et d'appui à la création d'entreprise
une enveloppe de 200 millions de francs pour l'aide aux jeunes créateurs d'entreprises. Celle-ci prendra la
forme d'une avance remboursable pour les porteurs de projets de moins de trente ans (Industries, 1998, p. 9).
190
En 1992, près de 80% des 500 meilleures petites entreprises américaines avaient comme capital de départ
l'épargne personnelle de leurs créateurs (W.D. BYGRAVE 1998a, op.cit, p. 75). Sur quelque 2 millions
d'entreprises créées chaque années aux Etats-Unis, près de 95% disposent de fonds rassemblés par le
fondateur et ses proches. 4% bénéficient de l'apport des investisseurs providentiels et moins de 0,5%
connaissent des participations en capital-risque (W.D. BYGRAVE, 1998b, op.cit, p. 82). La même tendance
se retrouve en Chine (P. MUSTAR, 1998, p. 189).
113
angels"). Ceux-ci représentent le marché informel du capital-risque. Ils connaissent soit les
entrepreneurs, soit leurs secteurs d'activité, soit les deux à la fois. Ils apportent certes leur
argent, mais aussi et surtout, leur expertise professionnelle, leurs compétences d'hommes
d'affaire, leurs conseils, leurs savoir-faire ainsi que leurs carnets d'adresses. Ils participent à
la formulation des stratégies, au suivi et au soutien des projets191.
En France, il est impossible d'estimer le nombre ou le montant global des opérations des
investisseurs providentiels192. Une certitude cependant, leur population croît avec l'arrivée
d’épargnants que les avantages fiscaux liés à ce type d'investissement, et que la faiblesse
des taux d'intérêts éloignent peu à peu des placements traditionnels. Les investisseurs
providentiels s'organisent en associations et différents clubs.
191
La majeure partie des investissements providentiels sont constitués par l'achat d'actions. Cependant, ils
peuvent prendre la forme de prêts (habituellement non garantis), de garanties et de montages de créances
contre participation, associés ou non à un placement en actions.
192
Comme dans beaucoup d'autres pays, ils ne sont pas recensés. Si l'on ne parle que des investisseurs
providentiels actifs et compétents - et non de tous les particuliers investissant dans les sociétés non cotées -,
ils sont un millier (A. DENNIS, Les Echos, 2000, p. 78). En Europe, seulement 1% de la constitution du
capital de lancement provient des investisseurs providentiels (CCI Paris, op.cit, 1999, p. 35).
Aux Etats-Unis, les meilleures estimations laissent penser qu'ils sont environ 250 000 et qu'ils investissent,
annuellement, entre 10 et 20 milliards de dollars dans plus de 30 000 entreprises. Ceci représente au moins
cinq fois la taille du marché institutionnel du capital-risque (C. MASSON, R. HARRISON, 1998, p. 90-93).
114
lesquels le financement de proximité est insuffisant. Ce qui nous amène à aborder une
forme particulière de facteur contingent qui connaît en France un essor relativement
important depuis 1995, à savoir le capital-risque.
B. Le capital-risque
193
En 1996, environ 37% des nouveaux investissements à risque ont concerné des nouvelles entreprises. Ce
taux se voit réduit au tiers pour l'Europe. En 1998, l’encours du capital-risque était de l'ordre de 30 milliards
de dollars (OCDE, 1998, op.cit, p. 222).
194
Le capital-risque bénéficie d'un régime juridique très souple grâce à la mise en place de modalités
contractuelles novatrices. Les restrictions aux placements des fonds de pension (non soumis à l'impôt sur les
plus-values) et en titres non cotés ont été levées. Le succès des marchés de capital-risque a été renforcé par
une condition essentielle, la facilité de sortie pour les investisseurs grâce aux mécanismes de désengagement
qui leur permettent de récupérer la valeur de leurs investissements une fois ceux-ci parvenus à maturité. Ces
mécanismes de sortie revêtent la forme de transactions privées qui consistent dans la vente de l'entreprise à
une autre ou l'achat des intérêts d'un apporteur de capital-risque par un autre investisseur également apporteur
de capital-risque (Idem., p. 82-84).
195
On pense souvent, selon C. MASSON et R. HARRISON (1998, op.cit , p. 90), que les sociétés de capital-
risque sont la principale source de capitaux pour des nouveaux projets ou des jeunes entreprise. La réalité aux
Etats-Unis montre que la grande partie de leurs fonds est destinée à financer des opérations de croissance, de
rachat par les salariés ou par des personnes extérieures.
196
Aux Etats-Unis, depuis qu'il existe, la moyenne du rendement annuel du capital-risque atteint, au mieux
15%, ce qui n'a rien, selon W.D. BYGRAVE (1998b, op.cit, p. 85), de spectaculaire au regard du risque
encouru.
115
apport en capital-actions197. Deuxièmement, tout comme les investisseurs providentiels, les
capital-risqueurs gagnent leur vie en "pariant" sur les entrepreneurs. Leur rôle ne se limite
pas à un simple apport, il consiste aussi en des missions de conseil dans le cadre d’un
partenariat actif.
197
Il est courant de différencier l'intervention du capital-risque suivant la courbe de vie de l'entreprise. La
première étape se caractérise par le capital d'amorçage ("seed money"). Le capital-risqueur investit sur un
projet et son porteur. A l'étape de la naissance, correspond le financement de création de la jeune pousse
("start-up"). En cas de succès, suit alors la phase de croissance qui demande des besoins en fonds propres
pour financer le développement ("first and second stage financing"). Le "bridge financing" concerne, quant à
lui, les sociétés qui préparent leur introduction en bourse dans un horizon de douze mois (C.
CHAMAILLARD, 1987, op.cit, 238).
198
Par un dispositif législatif et réglementaire, l'Etat a institutionnalisé le capital-risque. Nous citerons la
création en 1982 de la SOFARIS (Société Française pour l'Assurance du Capital-Risque des PME), des
Fonds Communs de Placement à Risque (FCPR) par la loi du 3 janvier 1983, la mise en place du second
marché qui se traduit par des possibilités de sortie pour les participations, et plus récemment, la constitution
d'un fonds public pour le capital-risque de 600 milliards de francs prélevé sur les recettes de privatisation de
France Telecom.
199
Il y a par exemple, 20 000 ingénieurs diplômés en France par an, pour quelques centaines de jeunes
pousses qui se créent (Le Monde, 2000b, p. II).
200
C.T, Les Echos, 2000, p. 30.
116
accepter la perte de contrôle qu'implique le financement en capital-risque. Enfin, la taille
des opérations ainsi que le rythme de développement exigés par les investisseurs en
capital-risque exclut fréquemment de nombreux petits projets201.
Cependant, plusieurs personnalités du monde de la création d’entreprise prévoient de
bonnes perspectives pour le capital-risque. Dans un rapport sur la technologie et
l'innovation commandé en 1998 par le gouvernement JOSPIN, H.GUILLAUME, président
d'honneur de l'ANVAR, se dit convaincu que le capital-risque français est en train de
décoller. Tout d'abord, affirme-t-il, le capital d'amorçage se développe et les introductions
des jeunes entreprises de haute technologie se multiplient dans le nouveau marché202.
Ensuite, l'apport de capitaux anglo-saxons203 et les perspectives de financement importantes
ouvertes par les nouveaux produits d'assurance-vie augmentent les capacités
d'investissement.
201
C'est le cas aussi des projets américains dont la plupart n'offrent pas le potentiel nécessaire pour attirer les
investisseurs en capital-risque (W.D. BYGRAVE, 1998a, op.cit, p. 74).
202
Après près de trois ans de fonctionnement, le nouveau marché a mis en place le département
"biotechnologie" qui regroupe une cinquantaine de sociétés cotées. Ce département est pour l'instant
relativement limité, mais sa capitalisation est en revanche élevée (A. PEREZ, 1998b, op.cit, p. 70-71).
203
Les fonds de pension américains représentent actuellement près de la moitié des financements des
entreprises innovantes en France.
117
créent chaque année, grâce entre autres, à des aides publiques à la recherche et au
développement qui représentent près de 3% du PIB204. Des pépinières d'entreprises, avec
l'aide des municipalités, prennent en charge des frais de lancement de prototypes issus de
la recherche universitaire.
3.2.3.2. Les conseils et les formations : une intégration graduelle dans l’enseignement
supérieur
204
430 millions de dollars ont été investis en 1996 dans les jeunes pousses. On dénombre 80 fonds de
capital-risque, leurs moyens d'intervention sont estimés à 2 milliards de dollars (D. B, Les Echos, 1998, p.
56).
205
J.-C. LEWANDOWSKI, 1999.
206
Cependant, seulement une trentaine de chercheurs quittent chaque année le monde de la recherche
publique pour celui de l’entreprise. La commission européenne relève quatre causes majeures de la faiblesse
des activités innovantes dans le vieux continent. En plus du manque de ressources financières et la lourdeur
des procédures administratives, on retrouve une faible protection de l'innovation (le coût de dépôt et du
maintien d'un brevet est en Europe six fois plus élevé qu'aux Etats-Unis) et un effort de recherche
fondamentale globalement insuffisant (A. PEREZ, 1998b, op.cit, p. 70).
207
Plusieurs études et enquêtes montrent que les porteurs de projets manifestent un besoin en conseils et
formations. 82% des créateurs de la Communauté Européenne déclarent que le conseil est le type d'aide qui
leur a le plus manqué au moment du montage de leur projet (CCI Paris, 1999, op.cit, p. 44).
118
management en général, des conseils et des formations dispensés aux porteurs de projets en
particulier, donnent à un individu les aptitudes entrepreneuriales et les ressources qui
le guident dans la formalisation de son projet.
Nous distinguons les formations qui interviennent avant ou après la création. Les
formations "post-création" ont, pour de multiples raisons, du mal à se développer et restent
assez marginales. Les formations "ante-création" qui interviennent au niveau du
processus amont se sont mieux développées ; elles sont organisées par différents
organismes impliqués dans la création d'entreprise (Chambres consulaires, pépinières
d'entreprise, diverses associations…).
Celui-ci est symbolisé par les pépinières d’entreprise et les incubateurs. S'inspirant
d'expériences étrangères et des structures d'incubation des universités et des technopoles
américains, ces pépinières et incubateurs se sont développés tardivement mais de façon très
rapide en France. De moins de 10 en 1985, ils sont passés à plus de 200 au début des
années 1990. En l'an 2000, il en existait quasiment un par région (Le Monde, 2000b, p. I).
119
Les incubateurs ont pour objet d’aider les porteurs de projets en leur fournissant des
conditions préférentielles de loyer et des ressources communes variées et divisibles
(téléphone, fax, photocopieuse, ordinateur, accès à Internet, logiciels de simulation pour
plan d’affaires…). Cependant, leur réussite réside dans le conseil et l’accompagnement
proposés à ces porteurs. Autant de facteurs qui tendent à minimiser les coûts de lancement
d’un projet, et donc à renforcer la disponibilité des ressources et à faciliter la
concrétisation du processus entrepreneurial par l’acte de création.
Les incubateurs d’entreprise appartiennent habituellement aux collectivités locales ou à
des associations d’entreprise à but non lucratif208. Ils bénéficient d’une subvention en
acquittant un loyer symbolique. Ils visent la création d’emplois209. Les caractéristiques
économiques de leur implantation conditionnent fortement leur fonctionnement et leur
"rendement". Les zones choisies devraient théoriquement permettre un accès aux marchés
des produits et services, concentrer une certaine densité de compétences locales, disposer
des ressources financières et garantir l’engagement de la communauté locale, notamment
les milieux d’affaires.
Aujourd’hui, les incubateurs, tout comme les pépinières d’entreprise, vivent un conflit
opérationnel entre la promotion du développement économique et leur autonomie
financière. La question de la pérennisation d’un certain nombre d’entre eux est à
l’ordre du jour. Ils n’ont généralement pas atteint l’autonomie de fonctionnement pouvant
les mettre à l’abri de choix budgétaires à l’intérieur desquels ils n’apparaissent pas
prioritaires.
208
Il existe des incubateurs privés, mais ils sont très peu nombreux (Le Monde, 2000b, op.cit, p. XIV).
209
Ils peuvent aussi avoir à long terme des effets indirects qu’il est difficile de mesurer. Une fois sorties des
incubateurs, on ne sait pas ce qu'il advient des entreprises créées en termes de survie, de croissance et de
création d'emplois.
210
CRCI Haute Normandie, 2000, 18 pages.
120
dizaine suite à une sélection par un comité réuni en mai 2000211. La loi "Allègre" prévoit la
mise en place d'incubateurs "orientés technologies" pour valoriser les travaux de recherche
dans les universités.
Le premier incubateur dans un établissement de l’enseignement supérieur a vu le jour à
l'Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielle de Paris. L'Ecole des Mines d'Alès a
développé depuis 1984 le plus important incubateur de France pour les projets
technologiques (J. BERANGER et alii, 1998, p. 56 ; A. FAYOLLE, 1999, p. 49). La même
année, l'E.M. Lyon a mis en place "Le Centre des Entrepreneurs" qui assure
l'accompagnement dans la création, la reprise et le développement d'entreprise.
L'incubateur de l’Ecole Supérieure des Télécommunications de Bretagne abrite depuis
1996 ses dipômés-créateurs. L'ESC Grenoble a démarré depuis la rentrée 1999-2000 un
"Hall de l'entrepreneuriat technologique".
Si le coût des incubateurs et les ressources humaines qu’ils mobilisent font que leur
nombre est relativement faible dans les établissements d’enseignement supérieur, il n’en
demeure pas moins qu’ils sont une option stratégique dans les formations en
entrepreneuriat212. Leur mise en place pourrait consolider, tout au long du processus
entrepreneurial, l’intention et contribuer à la concrétisation des projets émanant des
étudiants.
211
Plusieurs établissements s'associent dans un seul incubateur. Nous citerons "Agranov" qui regroupe les
universités Pierre et Marie-Curie (Paris-VI), Paris-Dauphine, l'Ecole Normale Supérieure et Paris Tech (Le
Monde, 2000b, op.cit, p. XIV).
L'ESIEA (Ecole Supérieure d'Informatique, Electronique et Automatique) a crée un incubateur de jeunes
pousses avec l'université de Marne-la-Vallée et l'Ecole des Ponts. L'ESC Grenoble collabore avec l'université
californienne UCLA. A l'ESC Paris, les anciens élèves ont mis en place "ESCP-EAP Création", un
incubateur jumelé avec un réseau similaire en Allemagne, qui accueille des élèves ou des diplômés d'autres
écoles (J.-C. LEWANDOWSKI, 2000b, p. 50). L'incubateur de l'ESSEC collabore à l'international avec un
consortium d'écoles et d'universités (l'International Center for Entrepreneurship and New Development) (Les
Echos, 2000, p. 51).
212
Le coût d'un incubateur est au minimum de 200 000 F par an et par projet. Au Québec, où l'on est très
avancé dans ce domaine, on estime que le retour sur investissement n'est seulement que de 50% au bout de
dix ans (Industries, 2000, p. 13). Le Ministère de l'Education Nationale a débloqué 200 millions de francs
pour encourager les incubateurs orientés vers la haute technologie (Le Monde, 2000b, op.cit, p. XIV).
121
d'actions ponctuelles à des programmes d'action mis en œuvre par un ensemble de
partenaires213, l'architecture des domaines de compétence des organismes, de plus en
plus nombreux et avec des actions de plus en plus diversifiées, n'est pas transparente
aux yeux des porteurs de projet. L'ensemble des aides disponibles reste caractérisé par sa
grande diversité. On en recense en France quelques centaines214.
Cependant, le travail effectué par les organismes d'aide et d’accompagnement à la
création d'entreprise est indéniable. Ils ont le mérite d'offrir un espace de dialogue qui
rompt l’isolement des individus engagés dans le processus entrepreneurial. Cet espace
favorise une médiation entre ceux-ci, les acteurs concernés et les ressources mobilisées.
Une meilleure compréhension du processus entrepreneurial amont peut faire
progresser les dispositifs d'appui et de soutien. Le système éducatif (lycées, universités,
écoles, instituts), qui était jusqu'à un passé récent, en marge des systèmes de soutien et de
support à la création d'entreprise, en fait graduellement partie aujourd’hui. Mais il serait
sans doute vain de chercher un modèle explicatif global pour améliorer les systèmes de
soutien et d’appui215. La diversité des créateurs, de leurs buts, de leurs projets et de leurs
environnements impose une approche plurielle.
Quelques grandes tendances doivent toutefois se dessiner pour que ces systèmes
facilitent les trajectoires au sein du processus entrepreneurial amont216. Il faut faire appel à
des intervenants possédant un professionnalisme rigoureux, des vocations différenciées
mais plus généralistes. Les outils de financement locaux doivent être plus présents. Il est
nécessaire de trouver une synergie entre les divers organismes pour une meilleure
harmonisation des énergies qui diminuerait les interfaces avec les porteurs de projets et les
213
Des réseaux se sont constitués. Le réseau "Chances" mis en place par l'APCE, vise à "franchiser" tout un
nombre de partenaires pour accueillir et orienter, de façon semblable et sur l'ensemble du territoire, les
créateurs d'entreprise. Des Missions Régionales à la Création et au Développement des Nouvelles Entreprises
(sous l'égide de l'APCE) ont pour objectifs de coordonner les politiques régionales à la création d'entreprise
et de faciliter la synergie entre les différents partenaires (A. LETOWSKI, 1991, op.cit, p. 2 et 4).
214
L'APCE a recensé, en 1998, plus de 1 850 aides pour les TPE/PME (E. BEMBARON, Le Monde, 1998, p.
29). La quatrième édition du guide des financements de proximité a recensé 458 structures intervenant
spécialement dans le financement des créations de TPE (APCE, site Internet, http://www.apce.com, février
2000, op.cit).
A ce stade, les mises en relation, les informations sur les aides et les sources de financement et de conseil
privés ou publics sont particulièrement appréciées. Pour se reconnaître dans le "maquis" des aides et des
conseils, un site Internet au niveau de chaque région ou département, faciliterait les moyens d'accès aux
porteurs de projets.
215
Il n’en demeure pas moins que quelques travaux peuvent contribuer à l’amélioration du fonctionnement de
ces systèmes. Nous pensons particulièrement à F. BARES et R. MULLER (2002) qui ont mobilisé la théorie
du don pour dépasser certaines barrières aux soutiens entrepreneuriaux.
216
Nous nous inspirons essentiellement des articles de P. ALBERT et alii (1994, p. 101-103) et de A.
LETOWSKI (1991, op.cit, p. 3).
122
créateurs d’entreprise. De manière plus formelle, en présence cette fois de la nécessité
d’élaborer un plan de développement des systèmes d'appui et de soutien à la création
d'entreprise, il faut combiner une approche descendante de l’administration centrale et
une approche ascendante des acteurs locaux, avec des "alliances" entre les différents
niveaux de décision et d’intervention217.
Conclusion du chapitre 3
217
Pour une approche plus détaillée sur cette question, cf. P.-A. JULIEN (1994, op.cit, p. 63). Le Conseil
National de la Création d’Entreprises (CNCE) fait office d'organisme fédérateur au niveau de l'administration
centrale. Il a pour mission de construire une politique nationale de la création d’entreprise. Il a en charge
l’éducation nationale, l’information et la sensibilisation du grand public, les grandes décisions stratégiques
d’appui (financières, logistiques) et les actions favorisant la recherche et le transfert de l’information. Pour
ces dernières, il s’agit notamment de favoriser la création d’entreprise par des chercheurs. Le CNCE regroupe
désormais les quatre grandes structures d’aides à la création : "Entreprendre en France", "Fondation
Entreprendre" (structure patronale), "France Initiatives Réseaux" (collectivités locales) et "Adie"
(Association pour le Droit à l'Initiative Economique).
Au niveau local, plus proche des porteurs de projets et des créateurs, il est question de confier les actions de
formation, le financement de proximité et la coordination des différents protagonistes.
123
susceptibles d’augmenter les perceptions de disponibilité des ressources. La mise en
perspective de ces mobiles et de ces facteurs contingents nous servira de base pour
concevoir des hypothèses formulant les variables susceptibles d’influencer l'intention
entrepreneuriale.
Tout au long de cette première partie, nous nous sommes positionnés dans le champ de
la recherche, nous avons formulé notre problématique et tenté de mieux appréhender le
processus entrepreneurial à travers l’analyse de l’entrepreneur, des mobiles et des facteurs
contingents qui peuvent amener les individus à entreprendre. Conformément aux
positionnements théoriques précédemment exposés, la deuxième partie se propose tout
d’abord d’analyser un facteur contextuel susceptible d’influencer l’intention
entrepreneuriale : l’enseignement de l’entrepreneuriat et ses différents aspects. Ensuite,
nous présentons le cadre théorique et le modèle de l'intention entrepreneuriale en synthèse
des différentes hypothèses de recherche.
124
PARTIE II - UN MODELE DE L'INTENTION
ENTREPRENEURIALE A TRAVERS UN PROCESSUS
MARQUE PAR DES PROGRAMMES OU DES FORMATIONS
EN ENTREPRENEURIAT
125
INTRODUCTION
126
hypothèses de recherche. Il présente en synthèse le modèle de l’intention entrepreneuriale
qui est testé par une enquête comparative dans divers établissements de gestion.
127
Chapitre 4 - Un cadre général d'analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat en France
"Il faut oser tout examiner, tout discuter, tout enseigner même".
CONDORCET
Nous avons posé en introduction générale le postulat que l’entrepreneuriat peut faire
l’objet d’un enseignement. Les appropriations culturelles sont fonction de l'univers
fréquenté par l'apprenant (J.-Y. ROBIN, 1994, p. 77). Et si l'acte d'entreprendre dépend du
contexte, il n'en est pas moins de la formation des hommes, insiste S. BIRLEY (1998, p.
14).
Traiter de l’enseignement de l’entrepreneuriat exige de préciser ce que nous en
entendons. Il existe de multiples positions académiques, à l’instar de la diversité qui
subsiste sur le concept d’entrepreneuriat (K.H. VESPER, W.B. GARTNER, 1997, p. 407).
A. GIBB et J. COTTON (2002, p. 5) suggèrent que l’entrepreneuriat dans un contexte
éducatif est un ensemble de comportements, d’aptitudes et d’attributs exercés
individuellement ou collectivement pour manager des individus ou des organisations de
toute sorte, pour créer des entreprises et innover dans des contextes de forte incertitude et
complexité. Ces comportements, aptitudes et attributs sont des moyens d’accomplissement
personnel218. Selon M. LAUKKANEN (2000, p. 26-27), l’éducation entrepreneuriale peut
être définie comme "quelque chose" qui facilite l’accès aux pratiques entrepreneuriales.
Elle concerne le "que faire ?" et la façon de concrétiser celui-ci en étant personnellement
impliqué219.
Pour notre part, nous considérons que tout enseignement (enseignements,
programmes ou formations de sensibilisation, de spécialisation et d’accompagnement)
218
“Behaviours, skills and attributes applied individually and/or collectively to help individuals and
organisations of all kinds, to create, cope with and enjoy change and innovation involving higher levels of
uncertainty and complexity as a means of achieving personal fulfilment”.
219
"Entrepreneurial education is as something concerned with learning and facilitating for entrepreneurship
(what to do and how to make it happen by being personally involved) and less with studying about it (in a
detached manner, as a social phenomenon among others)".
128
destiné à préparer et à développer les perceptions, les attitudes et les aptitudes
entrepreneuriales, est qualifié d’"entrepreneurial"220.
220
Pour nos approches de l’enseignement de sensibilisation, de spécialisation et d’accompagnement, cf.
infra., p. 139 à 143, "4.4. Des objectifs et des pédagogies à un triple niveau d’intervention". Pour nos
acceptions d’attitude entrepreneuriale, cf. infra., p. 181-182, "6.1.1. Les attitudes associées au
comportement", et pour celle d’aptitude entrepreneuriale, cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions des
aptitudes entrepreneuriales".
129
synthèse de cette large mise en perspective, notre contribution personnelle se concrétise
par l’élaboration d’un cadre général d’analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat en France. En nous appuyant sur les travaux de J.-P. BECHARD
(2000), sur des études empiriques et sur nos investigations personnelles, ce cadre tient
compte des phases d’intervention de l’enseignement (sensibilisation, spécialisation,
accompagnement et appui), de ses objectifs et des méthodes pédagogiques en œuvre. Il est
un instrument qui peut servir à de nouvelles innovations pédagogiques.
Selon P. BOURDIEU (1989, p. 165), le diplôme est sans doute l'"attribut" le plus
déterminant de l'"identité sociale". Il est un titre académique qui confère à son détenteur
221
A tort, plusieurs auteurs attribuent l’origine et la paternité des grandes écoles françaises à Napoléon Ier,
note B. MAGLIULO (1982, p. 12-13). D’après cet auteur, c’est durant les années 1880-1914 que
l’expression "grande école" se substituait à celle d’"école spéciale". Elle fût véritablement consacrée après la
seconde guerre mondiale.
222
Pour insister sur l'opposition et la dualité entre les deux systèmes d’enseignement, P. BOURDIEU (1989,
p. 138) voit qu’ "Ainsi, il suffit de rassembler la série des traits qui caractérisent les deux espèces
d'institution scolaires pour entrevoir les effets qu'elles produisent dans et par leur opposition même".
130
des valeurs personnelles et un statut social. Cependant, la dualité du système
d’enseignement français produit des diplômes aux valeurs "marchandes" différentes, selon
entre autre, l’origine et la réputation de l’établissement qui l’a délivré. Ceux des écoles de
management et gestion, notamment les plus prestigieuses (EDHEC, ESCP, ESSEC, HEC et
Sup de Co), distinguent ses titulaires de leurs homologues universitaires sur le marché du
travail, avec des conséquences importantes sur les trajectoires de carrière des diplômés223.
A cet effet, M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 32) qualifie le diplôme d’outil de
"sélection culturelle".
Il n’en reste pas moins que le diplôme, quel que soit son origine, ouvre au moins,
majoritairement en France, l’accès au statut de cadre. En effet son rôle, explique M.
SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 36 et 82), doit être compris en relation avec le statut
typiquement français de cadre, essentiellement accessible par le niveau de formation. Le
diplôme confère la possibilité d'entamer une carrière dont les caractéristiques et le rythme
d'évolution se distinguent nettement de ceux qui n'ont pas commencé à ce niveau. Cet
accès direct au statut de cadre oppose les diplômés aux autodidactes. Ces derniers sont
handicapés quant à la "transférabilité du diplôme" sur le marché du travail224.
Partant du constat que les mêmes classes sociales occupent majoritairement les places
des grandes écoles et les positions dominantes dans les entreprises, P. BOURDIEU (1989,
223
Cf. à ce sujet, M. BAUER et B. BERTIN-MOUROT (1987).
224
Au vu de la théorie du "screening" (filtre), le diplôme est important car il permet une sélection à l'entrée et
à la sortie de l'école, ce qui représente des critères de "filtre" en moins pour l'employeur, commente M.
SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 420). Il est aussi, au regard de la théorie du signal, un "signe de
compétences supposées très qualifiées", surtout en début de carrière.
131
p. 139 et 140) envisage les "écoles du pouvoir"225 comme des instruments de reproduction
sociale et de "consécration". A travers elles, les classes dominantes cherchent à produire et
à conserver leurs privilèges. Les grandes écoles répondent beaucoup mieux que les facultés
aux attentes de la grande bourgeoisie qui contourne l'obstacle scolaire.
Le diplôme des grandes écoles réalise donc l'opération qui consiste à connaître et à
reconnaître les frontières sociales qui différencient ses détenteurs. En tant que système de
différences scolaires, confirme P. BOURDIEU (1989, p. 140 et 188), les grandes écoles
placent d'emblée leurs diplômés sur une trajectoire sociale qui les conduira toujours plus
vite, plus loin et plus haut. Les diplômés des écoles les plus connues sont recrutés à l'entrée
dans la vie active sur des postes plus intéressants et plus stratégiques dans de grandes
entreprises. Ayant commencé en général dans des postes importants, ils ont plus de
possibilités d'accéder aux fonctions les plus prestigieuses au fil de leur carrière226.
Cependant, le titre scolaire n'est pas suffisant en soi, signale P. BOURDIEU (1989, p.
404 et 412), pour accéder aux positions dominantes dans le champ économique. Les liens
de parenté avec les affaires et la cooptation sont aussi influents. Le taux de détenteurs de
titres d'enseignement supérieur parmi les dirigeants croît, signale P. BOURDIEU (1989,
p.404), très fortement quand on va des entreprises à contrôle familial, aux entreprises
publiques ou privées. L’"esprit du corps", synonyme de la constitution du capital social,
est une ressource collective qui permet à chacun des membres d'un groupe intégré
d'accéder au capital individuellement possédé par chacun. Il accroît le champ des
privilèges des diplômés des grandes écoles. Le diplôme se substitue donc au capital et au
lien du sang.
225
Le titre que donne l’auteur au deuxième chapitre de la quatrième partie de son ouvrage (p. 428-481) est
très parlant à cet égard : "écoles du pouvoir et pouvoir sur l'économie".
226
M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, op.cit, p. 43-49), dont la thèse tourne autour de l'influence du
diplôme sur les attitudes de carrière de l'individu, nous informe que la littérature sur la carrière, un "concept
multiforme", est riche. Les théories prennent leurs sources dans différentes disciplines telles que la
sociologie, la psychologie, l’économie, la gestion et le comportement organisationnel. Dans son acception la
plus courante, la carrière est considérée comme la chronologie des postes occupés durant la vie
professionnelle. Cependant, il existe des auteurs qui lui accordent une dimension dynamique en la définissant
comme "une suite de mobilités".
132
4.1.2. L’accès aux fonctions dirigeantes et à responsabilité des diplômés en gestion
Dans une études sur les 200 plus grandes entreprises françaises, M. BAUER et B.
BERTIN-MOUROT (1987) distinguent trois modalités d'accès aux fonctions de direction
et aux hautes responsabilités :
9 l'"atout-Etat" : les grandes écoles (ENA, Ecoles Polytechnique, Ecole Centrale, Ecole
des Mines…) et les couloirs de la haute administration publique, contribuent à la
distribution des pouvoirs et des privilèges. Les dirigeants et les hauts responsables ont
été portés à la direction avec "la complicité" de l'Etat ;
9 l'"atout-capital" : les dirigeants et les hauts responsables ont eu accès à leur statut à
travers la propriété du capital qui légitime le pouvoir. Le renouvellement de l’élite
économique est assuré par l’accumulation et la transmission des patrimoines227 ;
9 l'"atout-carrière" : les dirigeants et les hauts responsables ont été portés à leur fonction
grâce à leurs potentiels et leurs résultats dans les différents postes qu’ils ont occupé.
Au delà des voies d’accès au patronat et aux hautes sphères des entreprises publiques et
privées, il nous importe de comprendre la place et l'évolution des diplômés en gestion, par
rapport aux autres diplômés, en la matière.
Au début de la seconde industrialisation, ce sont surtout des ingénieurs qui occupaient
les postes de patrons et de hauts responsables. Leur nombre se renforçait avec les
années.Les mutations économiques, sociales et technologiques des années 1970 ont été
suivies par l’émergence de nouvelles catégories de patrons et de hauts responsables à la
mesure de l’accroissement des fonctions financières et commerciales, par rapport aux
fonctions techniques (P. BOURDIEU, 1989, p. 310). Ces changements se répercutent sur
les positions des diplômés en gestion dans la hiérarchie patronale et dirigeante. Par leur
formation, ils sont plus disposés à assurer des fonctions d'encadrement dans les métiers de
la finance, du marketing, de la gestion du personnel228... Leur ascension prend une
227
Cf. à ce sujet M. BAUER (1993).
228
Si parmi ces diplômés en gestion nous retrouvons une majorité provenant des écoles de commerce,
c’est que ces dernières étaient les seules, pendant longtemps, à dispenser des enseignements de gestion.
En 1940, on comptabilisait déjà vingt et une écoles de commerce (P. BOURDIEU, 1989, op.cit p. 316),
alors que la gestion n’a été admise comme discipline universitaire que dans la décennie 1960.
Aujourd’hui, en plus des écoles de management et gestion, diverses filières académiques fournissent
l'ensemble des cadres de "management" français, notamment les départements des sciences
économiques, de psychologie, de droit, les I.E.P, l’E.N.A et les autres filières de la fonction publique.
Les IAE par le biais de divers DESS de gestion qui se multiplient depuis la décennie 1980, préparent
133
extension progressive dans des secteurs d'activité de plus en plus diversifiés (A. THEPOT,
1979). Nous admettons que les changements sociaux et technologiques et le
renouvellement partiel du patronat et des hauts responsables sont allés de pair.
Les diplômés des établissements de gestion ne sont sans doute pas moins entreprenants
que les autres. Mais le cheminement de leur carrière où ils se voient, aussitôt le diplôme
obtenu, offrir des postes gratifiants avec des conditions de rémunération avantageuses, les
dirige droit vers le salariat. Pour les amener éventuellement vers des voies
entrepreneuriales, les établissements de gestion ont mis en place des enseignements,
programmes et formations où l’entrepreneuriat et la création d’entreprise occupent des
positions de plus en plus stratégiques dans leurs dispositifs pédagogiques.
134
introduction plus conséquente de l’enseignement de l'entrepreneuriat. Secundo, la
composition du tissu économique (à dominante TPE et PME) privilégie aujourd'hui des
salariés aux compétences et comportements plus entrepreneuriaux. Tertio, les changements
sociaux et économiques induits par la nouvelle économie se traduisent par un double effet
qui trouve peu d'échos dans l’ancien système éducatif.
Premièrement, davantage d’étudiants envisagent des carrières entrepreneuriales, d’où
une affluence sur les enseignements consacrés au "e-business", à la gestion de projets et à
la création d'entreprise. Deuxièmement, cette affluence induit des modifications profondes
des contenus et des pédagogies d’enseignement et une redistribution de la géographie des
cours optionnels.
Bon nombre d’universités, au sein desquelles des IAE, des écoles de management et
gestion et d’ingénieurs ont perçu la nécessité fondamentale de s’adapter aux changements
caractérisant cette période de mutations économiques, technologiques et sociales,
notamment la nouvelle économie qui offre aux étudiants de nouvelles opportunités
d'entreprendre229. Ces établissements mettent en place des programmes et des formations en
entrepreneuriat pour répondre à une demande sociale. En tant que tels, ce sont, au sens de
M. LAUKKANEN (2000, p. 26), des systèmes d’innovation sociale. Présentons
maintenant un historique de l’enseignement de l’entrepreneuriat pour rendre compte de son
intégration progressive dans le paysage éducatif français.
229
Il est difficile de quantifier le phénomène avec précision, d'autant qu'il est inégalement réparti. A l'ESSCA
d'Angers, on compte une bonne centaine de projets (J.-C. LEWANDOWSKI, 2000b, op.cit, p. 49). En
mettant en place un dispositif complet d'accompagnement de projets dans la nouvelle économie ("New
Business Center"), les enseignants de l'ESSEC sélectionnent une vingtaine de projets en moyenne par
trimestre qui sont orientés vers l'incubateur d'entreprises de l'école (Les Echos, 2000, op.cit, p. 51).
135
400 écoles dispensaient des enseignements en entrepreneuriat (K.H. VESPER et W.B.
GARTNER, 1997, p. 406-407). D’après J.O. FIET (2000, p. 102), plus de 800 écoles et
universités offraient des enseignements en entrepreneuriat en 2000.
Au Canada, M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 17) relèvent que
"Jeunes Entreprises", l'un des premiers programmes destinés à l'entrepreneuriat,
fonctionne depuis les années 1950 dans 85 villes environ. Il permet aux élèves du
secondaire et du collégial230 d'acquérir expérimentalement, les connaissances nécessaires à
la création et à la gestion d'une entreprise.
L'enquête réalisée par la junior entreprise d'HEC, avec le soutien d'Ifop-Gallup, montre
que plus du quart des étudiants européens reçoivent des enseignements de création
d'entreprise. Ceux-ci sont très présents en Allemagne, en Finlande et aux Pays-Bas231.
Les premiers enseignements en entrepreneuriat en France ont été optionnels. Ils ont vu
le jour en 1977 à l'ESC Paris, sur une initiative de P. SENICOURT (1997, p. 16). HEC a
emboîté le pas en instaurant en 1978 une formation à la création d'entreprise, qui est
devenue aujourd'hui HEC-Entrepreneurs. EM Lyon, un des pionniers dans le domaine, a
créé le Centre des Entrepreneurs en 1984. L'ESSEC Angers a lancé en 1996 "La chaire
Entrepreneurs PME/PMI". D’autres initiatives ont suivi à peu près à la même époque ;
l'ESC Grenoble, l'ESC Lille, l'ESC Clermont-Ferrand… ont créé des Mastères en
entrepreneuriat.
Avant d’intégrer des thématiques d’entrepreneuriat, l’enseignement supérieur public
s’est notablement orienté vers des formations en management de PME, de niveau
deuxième cycle au minimum. Ainsi, à partir de 1985, une dizaine de DESS ont été créés.
L'IAE de Tours a été le premier à lancer le DESS "Gestion des PME". Les DESS à
dominante entrepreneuriat ou création d'entreprise sont apparus dans le paysage éducatif au
début des années 1990 (tableau ci-dessous). Ils sont en nombre de 10. Les derniers créés
sont les DESS "Création d’entreprise et ingénierie entrepreneuriale" de l’UFR de
Sciences Sociales et de Gestion d’Evry-Val d’Essone, "Entrepreneuriat" de l’IAE de
230
Au Québec, la formation collégiale se caractérise par une double vocation, préparer aux études
universitaires et assurer une formation technique qui mène directement au monde du travail.
231
Le rapport ne précise pas la nature et le contenu des formations (CCI Paris, 1999, op.cit, p. 2 et 6).
136
Valenciennes, "Entrepreneuriat et développements de projets" de l’IGR de Rennes1, et
"Entrepreneuriat et Activités Nouvelles" de l'IAE de Rouen232.
232
Des enseignements sont intégrés dès le deuxième cycle un peu partout dans les départements de gestion
(tels que "la filière entrepreneuriat", une option de maîtrise de Gestion de l'université Paris-Dauphine, le
module "création d’entreprise" de maîtrise IUP de Rouen) et de plus en plus dans des troisièmes cycle (DESS
CAAE de Lille).
Il est à remarquer que les écoles d’ingénieurs ont initié l’enseignement de l'entrepreneuriat au début de la
décennie 1980. C'est le cas de l'Ecole Centrale de Lyon et de l'Ecole des Mines d'Alès. La création d'activités
fait partie des thèmes prioritaires retenus par le ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie dans la
charte des écoles d'ingénieurs définie en juin 1999 (Industries, 2000, op.cit, p. 12-13).
137
Plus de 70 établissements projetaient de lancer un enseignement en entrepreneuriat. Les
écoles d’ingénieurs occupent la tête avec le tiers des prévisions. Les universités (19%) et
les écoles de management et gestion (15%) manifestent des prévisions beaucoup moins
importantes.
233
P. ALBERT et S. MARION (1998, op.cit., p. 29), J.-P. BECHARD (1998, op.cit., p. 33), A. FAYOLLE
(1999, op.cit., p. 23 ; 2000c, op.cit., p. 91), A. GIBB et J. COTTON (2002, op.cit., p. 2), B. SAPORTA et T.
VERSTRAETE (2000, op.cit., p. 114-115), N. SCHIEB-BIENFAIT (2000, p. 126) et P. SENICOURT et T.
VERSTRAETE (2000, op.cit.).
138
Nous présentons dans les sections suivantes les finalités de l’enseignement de
l’entrepreneuriat tout en insistant sur les méthodes pédagogiques les plus répandues pour
chacune d’elles.
234
Seuls un peu plus du quart des étudiants européens déclarent être suffisamment informés sur la création
d'entreprise. Les Allemands et les Hollandais sont les plus satisfaits en termes d'information à la création
d'entreprise (CCI Paris, 1999, op.cit, p.6).
139
aborder sous un angle conceptuel, les différents thèmes de l'entrepreneuriat et de la
création d'entreprise, de mini-projets, d'enquêtes et de monographies, de vidéos
d'entrepreneurs liés à des constructions pédagogiques, de témoignages de jeunes créateurs,
d'entrepreneurs et de professionnels de la création ou de la reprise d’entreprise235. Il nous
semble particulièrement important d’insister sur ces témoignages qui peuvent être des
supports psychologiques et émotionnels indéniables, et des modèles d’identification pour
les étudiants. Rien ne vaut un vécu entrepreneurial relaté par son propre auteur. Les lots de
difficultés techniques, personnelles et familiales se vivent plus qu’ils ne s'apprennent.
Les enseignements d’éveil et de sensibilisation sont les plus répandus par rapport aux
enseignements de spécialisation et aux formations diplômantes. Ceci s’explique par une
exigence moindre en termes de ressources humaines, logistiques et temporelles. Ils
nécessitent peu de mobilisation en termes de compétences, de projets pédagogiques et de
logiques d'action respectant des objectifs précis. L'analyse des enseignements par finalité
dans l’étude de A. FAYOLLE (2000c) nous renseigne sur l’envergure de ce type
d’enseignement. 80% des enseignements en entrepreneuriat dispensés dans les écoles
d’ingénieurs sont de type sensibilisant, contre respectivement près de 70% et un peu plus
de 60% dans les écoles de management et gestion et les universités.
Plusieurs auteurs, notamment J. BERANGER et alii (1998, p. 34), militent en faveur
d’une généralisation des enseignements d’éveil et de sensibilisation. Une stratégie
éducative rendant "obligatoire" des cours d'entrepreneuriat dès le tronc commun du cycle
supérieur, produirait des changements dans la culture des établissements236. Ceci
constituerait une innovation dans les contenus des enseignements.
235
En plus du circuit traditionnel de formation, les médias (la presse écrite généraliste et spécialisée, audio et
audiovisuel) ont un rôle de premier plan dans la vulgarisation de l’entrepreneuriat et de la création
d’entreprise. Ils ont l’avantage d’atteindre un large public en dehors du système éducatif.
236
Des auteurs recommandent le mode optionnel en évoquant le fait que l’on ne peut forcer la "main" à des
individus qui, a priori, ne manifestent pas d’intérêt pour l’entrepreneuriat.
140
leur donner un esprit entrepreneur. Il n’est donc pas seulement question de préparer des
créateurs ou des repreneurs d'entreprise, mais aussi des individus qui à défaut de vouloir
entreprendre, auront une bonne connaissance des formes et des problématiques
entrepreneuriales. Ces derniers seront capables de travailler dans des activités annexes et
connexes à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise (développement d’entreprise,
intrapreunariat, dirigeant, métiers du conseil et d’aide à la création ou reprise
d’entreprise…). Autrement dit, il faut distinguer la formation "à" l'entrepreneuriat et
la formation "d"'entrepreneurs (de créateurs d'entreprise).
Dans cette phase intermédiaire, des moyens pédagogiques et humains conséquents sont
mobilisés au service d’une réelle stratégie de formation entrepreneuriale. Cette dernière
suppose des ressources professorales impliquées, expertes et motivées. A travers des
spécialisations, diplômantes (DESS, Mastère Spécialisé, MBA) ou non (options, filières,
unités de valeurs, majeures, dominantes…), ces programmes et formations doivent
répondre aux questions : comment opère-t-on ? Quels sont les apprentissages à
réaliser ? Quels sont les méthodes et les outils spécifiques à mettre en oeuvre ?
141
avec 16% des enseignements en entrepreneuriat devancent de loin les écoles de
management et gestion et d'ingénieurs (respectivement 6% et 1,3%).
237
Ceci oblige les établissements à revoir les charges de tutorat des enseignants et professionnels qui
augmentent considérablement dans leurs emplois du temps.
142
Face à de nouveaux comportements d’étudiants-porteurs de projets ou d’étudiants-
créateurs, induits notamment par la nouvelle économie, les établissements sont confrontés
au fait de réfléchir sur de nouvelles philosophies pédagogiques et de nouvelles stratégies
d’enseignement. L’un des changements les plus importants est l’aménagement des emplois
du temps et des cursus des étudiants. Bon nombre de ceux-ci ont des difficultés à suivre
une scolarité "normale", car ils sont partagés entre leurs exigences de créateur et leurs
études238. A cet effet, les auteurs du rapport sur la formation entrepreneuriale des ingénieurs
(J. BERANGER et alii, 1998) s'interrogent sur la nécessité de définir un statut d'élève-
entrepreneur permettant à l'étudiant de peaufiner son projet tout en poursuivant ses études.
Les méthodes pédagogiques utilisées présentent, comme nous l’avons vu en traitant des
objectifs et des pédagogies de l’enseignement de l’entrepreneuriat, une grande variété de
modalités envisageables. Cette dernière s’explique par l’hétérogénéité des publics, les
objectifs et les résultats escomptés des programmes et formations. E.-K. WINSLOW et alii
(1999) ont identifié 11 méthodes pédagogiques utilisées dans 209 écoles et universités
américaines239.
Notons d'emblée que les propos ci-dessous occultent, pour une bonne partie, un pan des
méthodes et techniques pédagogiques qui doivent faire l'objet d'une exploration dans les
sciences de l'éducation240. Nous exposons tout d’abord l’intérêt des approches transversales
238
Ceci peut aller jusqu'à prévoir des programmes sur mesure, à allonger la durée de la formation et à alterner
hebdomadairement les études et la vie en entreprise. Certains établissements, à l'image de SUPELEC et
EDHEC, offrent une gamme complète de services allant jusqu'à rechercher des investisseurs providentiels et
des capital-risqueurs. Bien que largement minoritaires, ces étudiants ont une influence considérable et
bousculent bien des habitudes. Ainsi, pour le directeur général de HEC, "Cette déferlante de la création
d'entreprise et des start-up est un mouvement salutaire. Mais elle nous oblige à trouver de nouveau modes de
fonctionnement" (J.-C. LEWANDOWSKI, 2000b, op.cit, p. 50).
239
Le montage de plans d’affaires (87%), les études de cas (78%) et les témoignages d’entrepreneurs (69%)
occupent une très large place.
240
Le lecteur en quête d’une littérature théorique sur les fondements théoriques de ces méthodes et
techniques trouvera peu d'éclairages ici. Sur cette question, J.-P. BECHARD (2000, op.cit, p. 165-178)
présente une bonne synthèse des différentes méthodes pédagogiques susceptibles d’être utilisées dans
l’enseignement de l’entrepreneuriat. L’auteur distingue les méthodes pédagogiques, les techniques
pédagogiques et les modèles pédagogiques. La méthode des cas est une méthode pédagogique. L'incident
critique est une technique particulière de la méthode des cas. Le modèle pédagogique est une configuration
particulière d'activité de gestion de la matière et de la classe. Un modèle pédagogique (d'enseignement et /ou
d'apprentissage) peut faire appel à plusieurs méthodes, et donc à plusieurs techniques pédagogiques.
143
qui inhibent les clivages des approches fonctionnelles. Ensuite, nous examinons une
pédagogie récente qui trouve un terrain favorable dans l’enseignement et l’apprentissage
de l’entrepreneuriat. C’est la pédagogie par projet qui aborde les TPE/PE comme objet
d’étude global intégrant leurs différentes fonctions (marketing, finance, GRH…).
Les établissements et les centres de recherche en gestion sont structurés par département
ou discipline (marketing, finance, gestion des ressources humaines, comptabilité…).
Chaque discipline possède ses propres techniques dans le management des organisations.
Cette "spécialisation" se retrouve dans l'enseignement de l’entrepreneuriat qui est
largement organisé autour d'un découpage fonctionnel du projet et de l'entreprise.
En "décloisonnant" un projet ou une entreprise par grandes fonctions, les enseignants
les présentent à leurs étudiants comme un ensemble d’indicateurs comptables et
statistiques, plutôt que comme un projet global qui est l'œuvre d’un individu ou d’une
équipe. Ce découpage n'est bien évidemment pas dénué de rationalité et de cohérence.
Mais une présentation séquentielle, analytique et linéaire d’un projet ou d’une
entreprise, occulte un postulat essentiel et souvent peu appréhendé dans le monde des
affaires : la vision globale. En outre, ce type de présentation n’est adéquat que pour les
entreprises ayant une certaine taille et un certain volume d'activités, obligeant une
organisation hiérarchisée et formalisée. Le processus entrepreneurial quant à lui,
notamment dans ses phases naissantes et émergentes, est par nature transversale. Il ne
convient donc pas à ce type d’approches. Son enseignement impose une "agrégation" dans
la formalisation du projet et le démarrage de l'entreprise.
Les modèles français d'enseignement de l'entrepreneuriat s'appuient souvent sur des
approches fonctionnelles et beaucoup moins sur des approches transversales intégrant
une vision globale et non éclatée du projet ou de l’entreprise (A. TOUNES, 2003b, 2003c).
De ce fait, ils prennent beaucoup moins en compte les temps forts de la vie d'un projet et
d’une entreprise en démarrage, et n’imbriquent pas la dialogique individu/projet241.
241
Il n’en demeure pas moins que dans l'enseignement de l'entrepreneuriat, nous sommes convaincus qu'il y a
complémentarité et compatibilité entre une large polyvalence dans les connaissances théoriques et
instrumentales (savoirs-faire, aptitudes), qui donne une vision globale du projet et de l'entreprise, et une
spécialisation par grandes fonctions de l'entreprise, qui peut nourrir des problématiques et des réflexions
avancées chez les étudiants.
144
La transversalité des approches renferme des voies d’association qui peuvent nous
économiser du temps et des moyens. Celle-ci contiennent une dimension "multi-
établissements" (P. ALBERT et S. MARION, 1998, p. 30 ; J. BERANGER et alii, 1998, p.
61), qui regroupe des étudiants aux compétences pluridisciplinaires (technique-
management) dans des projets et des missions communes. Ces modes d’association
impliquent aussi une diffusion et un partage des connaissances, des savoir-faire, des
apprentissages, des outils et des méthodes pédagogiques et des brassages d'expérience
entre les établissements français242. Ces voies peuvent renforcées par la mise en place de
programmes communs243, de partenariats et de coopérations nationales et internationales244,
et l’insertion dans des réseaux de recherche français et étrangers.
242
Il est regrettable de constater que l’enseignement de l'entrepreneuriat en France relève plus d'initiatives
isolées que de stratégies structurées au sein de systèmes réfléchis qui s’appuient sur des expériences
antérieures, françaises ou étrangères (BERANGER et alii, 1998, op.cit., p. 65 ; A. FAYOLLE, 2000c, op.cit.,
p. 89). Peu sont les structures où l'on peut observer des équipes constituées et travaillant autour de stratégies
et d'objectifs clairement définis.
243
Tel que le Mastère "Création d'Entreprise et Entrepreneuriat", créé en 2000 par trois grandes écoles :
l'Ecole Centrale et l'ESC de Lille et l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles de Roubaix.
Nous citerons aussi le programme commun mis ne place par l’Ecole des Mines et l’Ecole Supérieure de
Vente Industrielle et Internationale de Douai (Industries, 2000, p. 13).
244
A l’exemple du club franco-britannique, créé en novembre 1999 à l'initiative du Secrétariat d'Etat à
l'Industrie et The Department of Trade and Industry. Il rapproche les deux pays dans le domaine de la
formation en entrepreneuriat. Il réunit une soixantaine d'établissements (Idem., p. 14).
145
4.5.2. Les pédagogies par projet axées sur les attitudes et les perceptions
C. CARRIER (2000) insiste dans les pédagogies par projet sur la nécessité de déployer
plus d'activités d'apprentissage centrées sur la créativité et l'innovation. L'étudiant sera
146
amené à découvrir son potentiel créatif et innovateur. Il s’agit de le familiariser avec des
méthodes lui facilitant l'identification d'occasions d'affaire245.
Les pédagogies par projet, qui intègrent largement la pédagogie "expérientielle" de G.
KOENIG (2000, p. XI), recèlent une "communauté d'apprentissage" qui permet, selon N.
SCHIEB-BIENFAIT (2000, p. 139), un "apprentissage réciproque". Celui-ci s’opère grâce
à une forte dimension collective qui met en jeu des échanges entre étudiants, mais aussi
entre ceux-ci et le corps enseignant et les partenaires éventuels impliqués dans les projets.
Accéder aux compétences et aux ressources des autres, augmente de façon importante la
valeur collective de l’apprentissage entrepreneurial.
Développer les aptitudes et les attitudes des étudiants constitue un défi pour l'équipe
pédagogique. Celle-ci est généralement composée d'universitaires et de professionnels. La
théorie, dont les universitaires sont sans doute plus aptes à assurer l’enseignement, fournit
les outils d'analyse des situations, du sens aux expériences et aux compétences très
pratiques que des entrepreneurs et des professionnels de l’entrepreneuriat sont mieux à
même d'apporter. Cependant, il est vivement souhaité que les universitaires soient
confrontés à des situations entrepreneuriales, notamment le montage ou la participation
dans des projets (de création, de reprise ou développement d’entreprise). Notre regard
porte sur les universitaires plus "impliqués !" dans l’enseignement (de par leur statut et le
volume horaire) par rapport aux intervenants extérieurs.
245
Bien qu’elle déplore l'absence d’outils et de modèles appropriés pour intégrer concrètement des activités
d'apprentissage centrées sur la créativité et l'innovation, l’auteur recense quelques méthodes qui peuvent y
pallier : les méthodes combinatoires (la matrice de découverte, l'analyse morphologique), les méthodes
antithétiques (l'analyse de la valeur, le concassage, "Wishful thinking", la pensée latérale), les méthodes
associatives (les métaphores et les analogies, l'association/bi-sociation, la carte mentale ou schéma
heuristique, l'objet fétiche "unrelated stimuli"), les méthodes exploratoires (le groupe nominal, le
brainstorming, le RME) et les méthodes oniriques (l'allégorie et la visualisation créatrice).
147
spécialisés en entrepreneuriat sont rares246. Ils sont pour une bonne partie, des spécialistes
issus d'autres disciplines (stratégie, finance, marketing…) qui se décloisonnent peu à peu à
mesure qu'ils s'intéressent au champ.
Si nous ajoutons à cela la faible mobilisation de la communauté scientifique française
pour la recherche entrepreneuriale (C. BRUYAT, 1993 ; A. FAYOLLE, 2000b ; B.
SAPORTA, T. VERSTRAETE, 2000), la jeunesse des expériences dans l’enseignement247
et la fragilité des outils et supports qui soutiennent le champ de l’entrepreneuriat248, nous
arrivons à un corpus de connaissances et à quelques pratiques pédagogiques qui permettent
juste de monter des enseignements cohérents.
246
Le nombre de thèses soutenues pendant la décennie qui vient de s'écouler n'excède pas la dizaine. Le
nombre de doctorants qui se sont présentés au premier congrès de l'Académie de l'Entrepreneuriat en 1999,
ne dépassait pas la douzaine.
247
Les expériences sont pour la plupart au début de leurs parcours et se contentent généralement de dispenser
des enseignements qui se limitent à la PME, à la création ou la reprise d'entreprise, sans explorer les
multiples situations entrepreneuriales.
248
Aux Etats-Unis, les revues spécialisées (Journal of Business Venturing, Entrepreneurship Theory and
Practice, Entrepreneurship and Regional Development…), les centres de recherche, les congrès et
conférences (notamment celui organisé annuellement depuis 1981 par le célèbre Babson College) comptent
de nombreux travaux sur l'entrepreneuriat. Mais des cultures différentes appellent des besoins, des modes
opératoires et des formes d’intervention différentes dans l’enseignement de l’entrepreneuriat.
148
4.7. Analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les
établissements de gestion de l’enseignement supérieur en France
Pour mettre à l'épreuve la robustesse de son cadre d'analyse, J.-P. BECHARD a procédé
à deux études combinant les méthodes pédagogiques utilisées dans l'enseignement et
l’apprentissage de l'entrepreneuriat avec la nature des programmes dispensés. La première
étude explorait le programme "lancement d'une entreprise" mené dans 16 établissements
149
de régions différentes du Québec. La seconde étude analysait 146 programmes de
formation en entrepreneuriat et PME provenant de 40 pays dans les cinq continents.
Il ressort de la première étude que dans presque la moitié des cas (48,6%), les régions
du Québec utilisent des méthodes pédagogiques de reproduction. Un tiers (33,8%) présente
des pratiques éducatives reliées aux méthodes de construction. Les méthodes de co-
construction sont pratiquées dans un peu moins d’un cinquième (17,6%) des
établissements.
Au delà de ces résultats, il est particulièrement intéressant de détailler les combinaisons
qui s'opèrent entre les méthodes. 3 établissements utilisent majoritairement les méthodes de
reproduction. 8 établissements pratiquent les méthodes de reproduction appuyées fortement
par des méthodes pédagogiques de co-construction. 5 établissements associent les
méthodes de co-construction appuyées par les méthodes pédagogiques de reproduction.
La deuxième étude indique que les méthodes pédagogiques de reproduction sont
présentes dans un quart (24%) des programmes. Un peu plus de 40% de ceux-ci utilisent
des méthodes pédagogiques de reproduction appuyées par des méthodes de co-
construction. Plus d'un tiers (35%) des programmes font appel aux méthodes pédagogiques
de co-construction appuyées par des méthodes de reproduction249.
L'analyse croisée entre les méthodes pédagogiques et les programmes de formation
("programmes de sensibilisation à l'entrepreneuriat, de création d'une entreprise et de
développement d'une petite entreprise") semble refléter davantage la réalité. 23
programmes sur un total de 34 (68%) ont davantage valorisé les méthodes pédagogiques de
reproduction dans la sensibilisation. Dans les programmes de création d'entreprise, 39
programmes sur 60 (65%) ont mis l'accent sur des méthodes pédagogiques de reproduction
appuyées par des méthodes de co-construction. Dans les programmes de développement de
petite entreprise, 28 des 52 programmes (54%) ont développé de méthodes pédagogiques
de co-construction appuyée par des méthodes pédagogiques de reproduction.
249
L’analyse continentale indique que les programmes axés sur l’intervenant sont davantage répandus en
Europe (30% des programmes). Ceux centrés sur l’étudiant sont pratiqués surtout en Amérique Centrale et du
Sud et en Europe (33% pour chacune des régions). Deux autres formes de programmes ressortent de l’étude
de l’auteur. Une forme basée sur l’éducation permanente, plus valorisée en Asie (34%) et une autre axée sur
le réseau local, essentiellement prégnante en Amérique du Nord (50%).
150
4.7.2. Elaboration d’un cadre général d'analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat
combinant les phases d’enseignement, les objectifs et les pédagogies
250
En Europe, un projet d'enquête sur l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les principaux pays européens
vient d’être impulsé par l'ESCB (European Council For Small Business).
251
A ce jour, seules trois études ont été réalisées : celles de J. BERANGER et alii (1998, op.cit.) sur les
ingénieurs, et de A. FAYOLLE (1999, op.cit., 2000b, op.cit., 2002, op.cit.) sur les universités, les écoles de
gestion et d’ingénieurs.
252
Ceci serait d’ailleurs compliqué sur le plan conceptuel tout d’abord. Les sens que donneraient les uns et
les autres aux concepts d’entrepreneuriat et de l'enseignement de l'entrepreneuriat, risquent de donner des
résultats difficilement cumulables.
151
Phase I
Sensibilisation et information
Développement des connaissances générales sur
l'entrepreneuriat
Public : large
Objectifs : Pourquoi entreprendre ? Quelles sont les
finalités ? Quels bénéfices en tire-t-on ? Quels sont les
facteurs influents ? Quels sont les risques et les enjeux ?
Quelles sont les implications sur la vie du créateur et sur
son cercle familial et amical ?
Pédagogies de
Pédagogies de co- reproduction
construction - Centrées sur
appuyées par des l'individu et la classe
pédagogies de - Contrôle de
reproduction l'apprentissage par le
- Centrées sur les formateur. Phase III
sous-groupes et Accompagnement et appui
l’individu Développement de comportements
- Partage du contrôle entrepreneuriaux
de l’apprentissage Phase II
Spécialisation Public : porteurs de projets
Développement d'attitudes et d'aptitudes Objectifs : Comment
formaliser un projet ? Peut-on le
Public : essentiellement individus souhaitant travailler dans concrétiser ?
les domaines de l’entrepreneuriat et de la création Comment accéder aux
d’entreprise ; accessoirement, porteurs de projets différentes ressources et réseaux pour y
Objectifs : Comment opère-t-on ? Quels sont les parvenir ?
apprentissages à réaliser ? Quels sont les méthodes et les
outils spécifiques ?
Pédagogies de construction appuyées
par des pédagogies de co-
construction
- Centrées sur l'individu et les sous-
groupes
- Partage du contrôle de l'apprentissage
152
Les pédagogies de reproduction sont "largement" utilisées dans les enseignements de
sensibilisation et "peu" présentes dans les programmes ou les formations de spécialisation.
De par leurs méthodes de travail, elles sont centrées au même temps sur l'individu et la
classe. Le contrôle de l'apprentissage est à l’actif du formateur. Les pédagogies de co-
construction appuyées par des pédagogies de reproduction sont "largement" présentes
dans les programmes et les formations de spécialisation tout en étant "légèrement"
intégrées dans les enseignements de sensibilisation. Les méthodes pédagogiques de
formation font qu’elles sont centrées simultanément sur l'individu et les sous-groupes, avec
un partage du contrôle de l'apprentissage de ceux-ci avec le formateur. Les pédagogies de
construction appuyées par des pédagogies de co-construction sont
"proportionnellement" utilisées dans les programmes et les formations de spécialisation,
d’accompagnement et d’appui. Les méthodes de formation les axent simultanément sur les
sous-groupes et l’individu, tout en permettant un partage du contrôle de l’apprentissage
avec le formateur.
En l'état actuel des données, il faut avouer que les informations reconstituées pour
élaborer ce cadre d’analyse sont partielles et incomplètes. Nous pouvons seulement
affirmer, suite à nos investigations sur les 10 formations "DESS gestion" à dominante
entrepreneuriat ou création d’entreprise existant en France, que ce cadre est valide.
Toutefois, une des premières perspectives de recherche qu’ouvre notre thèse est la
validation empirique de ce cadre d’analyse dans le système éducatif supérieur
français. Celle-ci se fera par une étude nationale qui recensera les enseignements, les
programmes et les formations en entrepreneuriat, les méthodes pédagogiques adoptées, les
publics concernés et les objectifs poursuivis. Deux nuances importantes, nous semble-t-il,
doivent être levées, à savoir la répartition par type d'établissement (public, para-public et
privé) et par type de formation (gestion et management, scientifiques, autres formations).
Ce cadre global d'analyse, s’il vient à être confirmé, nous donnera une "cartographie"
d’ensemble de l’enseignement de l’entrepreneuriat, qui conjugue ces différentes
dimensions253. Il nous permettra notamment de consolider et d’enrichir les différentes
pratiques pédagogiques en France.
253
Le changement majeur que peut connaître ce cadre d’analyse est un léger "glissement" des différentes
catégories pédagogique à l’intérieur des "cadrans" des niveaux d'intervention et des objectifs. Dans
l’ensemble, nous pensons que les résultats de l’étude empirique respecteront sensiblement la "configuration"
présentée ici.
153
Bien que présentant des limites certaines sur le plan de la vérification empirique, ce
cadre représente un instrument pour de nouvelles explorations pédagogiques. Celles-ci
peuvent être guidées par la triple composante ainsi que l’architecture d’ensemble qui
constituent ce cadre. L’une des voies qui nous semble propice d’investir relève du domaine
psychosocial. Quelles pédagogies pourrait-on mobiliser pour agir sur les attitudes et
les perceptions en vue de déclencher des actes et des comportements
entrepreneuriaux ?
Conclusion du chapitre 4
254
Les concepts d’apprentissages "incident" et "intentionnel" sont empruntés à J.-Y. ROBIN (1994, op.cit., p.
81).
255
Mais de ce vivier, seul un faible nombre confirmera le souhait et la volonté d'entreprendre. D'une part,
certains espoirs se seront évaporés ou découragés chemin faisant. D'autre part, si la formation est perçue, elle
n'est pas pour autant intégrée. On aurait au moins économisé des énergies et fixer les étudiants sur leur choix
de carrière.
154
interagissent à tous les niveaux : les types de programmes visés, les publics concernés, les
finalités, les pédagogies en œuvre et les ressources à mobiliser.
L’enseignement de l’entrepreneuriat doit tenir compte des projets de vie des étudiants.
En dépassant les approches fonctionnelles, il doit construire des processus d'apprentissage
qui permettent de faire découvrir le projet et l’entreprise dans une perspective globale, tout
en insistant sur les phases cruciales de leur naissance. Pour ce faire, les pédagogies par
projet sont, au regard des pratiques actuelles, celles répondant le mieux à ce besoin.
Au niveau du corps enseignant, elles combinent les universitaires et les
professionnels ; au niveau des approches conceptuelles et expérientielles, elles marient
des pédagogies de reproduction, de construction et de co-construction.
155
centre de ressources256. Ce dernier partagerait des responsabilités complémentaires quant
aux conditions nécessaires à l'éclosion et la promotion de l'esprit d’entreprise.
256
A ce titre voir les exemples exposés par J. BERANGER et alii (1998, op.cit., p. 124), A. GIBB et J.
COTTON (2002, op.cit., p. 17).
156
Chapitre 5 - Le cadre théorique de référence
"L'art d'interroger n'est pas si facile qu'on pense. C'est bien plus l'art des maîtres que des
condisciples ; il faut avoir déjà beaucoup appris de choses pour savoir demander ce qu'on
ne sait pas".
Jean-Jacques ROUSSEAU, "La Nouvelle Héloïse"
257
L'entrepreneuriat, considéré dans une perspective processuelle, fait essentiellement référence à des notions
issues des théories des organisations, notamment les théories du comportement organisationnel
("Organizational Behavior") et les théories de l'émergence organisationnelle ("Organizational Emergence").
Les théories des organisations commencent en général au moment où les organisations cessent d'être
émergentes. Elles s'intéressent plus aux structures importantes dont l'existence est bien affirmée plutôt qu'aux
petites unités ou à celles en phase de création. Plusieurs événements entrepreneuriaux sont étudiés : la
décision de créer une entreprise, les comportements dans une organisation (valeurs, apprentissage
organisationnel, engagement de l'individu, motivations de l'individu, intrapreneuriat…)… L'émergence
organisationnelle s'intéresse au processus de formation et à la création des organisations. Pour E.-M.
HERNANDEZ (1999, op.cit., p. 62), cela revient à se demander pourquoi ? Où ? Quand ? Qui est impliqué
dans la naissance de l'organisation ?
258
"However, by the end of that decade (1980), due primarily to impressive advances in its body of empirical
knowledge, entrepreneurship could claim to be a legitimate field of academic inquiry in all respects except
one : it lacks a substantial theoretical foundation. A major challenge facing entrepreneurship researchers in
1990s is to develop models and theories built on solid foundations from the social sciences".
259
"A paradigm (l'entrepreneuriat) is in the pre-theory stage like a jig-saw puzzle with a framework but with
most of the pieces missing… Entrepreneurship has no great theories. At best, we take concepts from others
fields and incorporate them into process models".
157
entrepreneuriat doivent tirer leurs sources de la validité théorique de la psychologie et de la
sociologie260.
D.C. Mc CLELLAND (1961 ; 1962 ; 1965) est le premier à avoir posé les jalons d'une
approche psychosociologique dans la recherche en entrepreneuriat. Il se demandait quelles
sont les raisons qui étaient à un moment donné, à l’origine d’une bonne croissance
économique de certaines sociétés. Il a attribué ceci aux caractéristiques psychologiques
("Need-achievement" : besoin d’accomplissement) que manifestent une large part des
dirigeants et salariés de ces sociétés. L'apport de D.C. Mc CLELLAND s'est révélé très
fertile en ce qu'il a introduit le concept psychosociologique du "Need-Achievement" dans le
champ de l'entrepreneuriat.
Le champ de l'entrepreneuriat est jeune ; les outils sophistiqués qui sont par ailleurs
mobilisés par des paradigmes déjà bien élaborés ne lui sont pas encore pleinement
applicables. Très souvent les approches en entrepreneuriat définissent des pans de leur
sujet à partir des structures théoriques extérieures à leur discipline (A. SHAPERO et L.
260
"The various ideas contained in the model are rooted primarily in the sciences of business, economics,
psychology, sociology, and to a lesser (but increasing) degree, politics… But in our elation, we must not
forget that entrepreneurship models have to be rooted in psychology and sociology if they are to have
theoretical validity".
261
P. COSSETTE, Cartes cognitives et organisation, Québec, Presse de l'université Laval, Paris, Editions
ESKA, 1994. Non lu.
262
E.-M. HERNANDEZ (1995, op.cit., p. 111-112) révèle que c'est W.D. GUTH et A. KUMARASWAMY
qui, en 1991, ont modélisé l'entrepreneuriat dans une perspective cognitive. Ils ont mené une étude
longitudinale sur des porteurs de projets. Aux Etats-Unis, à partir du milieu des années 1990, plusieurs
auteurs se sont positionnés dans des perspectives cognitives pour expliquer des phénomènes
entrepreneuriaux. Cf. notamment R.A. BARON (1997, op.cit.).
158
SOKOL, 1982, p. 74)263. Nous allons chercher dans la psychologie sociale les fondements
de notre questionnement de recherche. Parce qu’elle s'intéresse à l'individu et au groupe
que la psychologie sociale trouve dans le champ de l'entrepreneuriat un terrain fertile de
recherche.
Notre problématique et la place que nous accordons aux attitudes, normes subjectives et
perceptions nous ont amené à rechercher un cadre théorique dans la psychologie sociale.
Celle-ci est particulièrement importante pour soutenir notre thèse car elle nous permet de
mieux comprendre les processus psychologiques responsables des comportements que
nous adoptons en société.
Le but fondamental du psychologue social est de comprendre les conditions à la base
des comportements des individus en société. En effet, le psychologue social cherche, entre
autre, à déterminer comment les variables individuelles interagissent avec le contexte dans
lequel la personne se trouve, pour prédire le comportement social (R.-J. VALLERAND,
1994, p. 12). Les théories comportementales peuvent nous éclairer sur les processus
d'influence des variables individuelles et contextuelles sur l'intention entrepreneuriale.
263
"Discipline-centered approaches to the subject of entrepreneurship almost always define away parts of
the subject or oversimplify it to fit theoretical structures".
159
Notre revue de la littérature montre que trois théories peuvent éventuellement servir de
cadre théorique à notre thèse. Il s’agit des théories de l'auto-efficacité ("Self-efficacy
theory") de A. BANDURA (1977, 1986), de l'attente ("VIE : Valence-Instrumentality-
Expectation") de V.H. VROOM (1995), et enfin de la théorie du comportement planifié
("TOPB : Theory Of Planned Behavior") de I. AJZEN (1991) que nous retenons comme
cadre théorique.
La théorie de l'auto-efficacité est surtout appliquée à l’analyse des choix de carrière.
Nous la rejetons car elle nous semble insuffisante et "incomplète" pour prédire l’intention.
Comme nous le verrons plus loin, la théorie de A. BANDURA (1977 ; 1986) s’apparente à
une dimension de la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991) : les
perceptions du contrôle comportemental264.
Il est aussi parfois fait référence à la théorie de V.H. VROOM (1995) dans les processus
de choix relatifs aux carrières265. L’auteur explique les choix et les intentions des individus
entre différents types de postes et différentes entreprises. Pour ce faire, il se fonde sur les
attentes et les valences de l’individu quant aux conséquences du comportement à adopter.
Le propos de la théorie VIE (Valence-Instrumentality-Expectation) est donc d'expliquer et
de prédire, tout comme la théorie du comportement planifié, les comportements.
264
Plusieurs auteurs font le rapprochement entre le concept de perceptions du contrôle comportemental et la
théorie de l’auto-efficacité. Nous citerons notamment T.M. BEGLEY et alii (1997, op.cit), N.F. KRUEGER
et D.V. BRAZEAL (1994, op.cit), N.F. KRUEGER et alii (2000, op.cit) et J. VESALAINEN et T.
PIHKALA (1999, op.cit).
D’ailleurs, I. AJZEN (1991, op.cit, p. 184) lui-même cite que les perceptions du contrôle comportemental
rejoignent la théorie de l’auto-efficacité : "The present view of perceived behavioral control, however, is most
compatible with Bandura's (1977, 1982) concept of perceived self-efficacy which "is concerned with
judgments of how well one can execute courses of action required to deal with prospective situations". Much
of our knowledge about the role of perceived behavioral control comes from the systematic research
program of Bandura and his associates… The theory of planned behavior places the construct of self-efficacy
belief or perceived behavioral control within a more general framework of the relations among beliefs,
attitudes, intentions, and behavior".
La recherche de N.G. BOYD et G.S. VOZIKIS (1994, op.cit) est une bonne illustration de l’insuffisance
de la théorie de l’auto-efficacité pour expliquer l'intention entrepreneuriale. Les auteurs ont introduit dans
leur modèle théorique, en plus de la dimension auto-efficacité (qui est influencée en amont par l'histoire
personnelle, la personnalité et les aptitudes), la dimension "attitudes et perceptions", qui est influencée en
amont par le contexte social, politique et économique. Pour d’autres applications de la théorie de l'auto-
efficacité à l'intention entrepreneuriale, le lecteur pourra consulter A.F. DE NOBLE et alii (1999, op.cit) et T.
ERIKSON (1998).
265
Cf. annexe 1, p. 413-414, " La théorie VIE de V.H. VROOM (1995)".
160
Bien que certains auteurs affirment que la théorie VIE est adaptée pour comprendre les
processus entrepreneuriaux266, nous avons également rejeté cette théorie car elle ne prend
pas en compte de façon explicite l'influence des variables contextuelles267. Il ressort du
modèle, à travers sa dimension "Expectation" une certaine "rationalité" dans les
comportements. Dans l'esprit de V.H. VROOM, le choix des individus est rationnel et
libre ; il n'est soumis à aucune contrainte extérieure.
266
Nous pensons notamment à W.B. GARTNER et al. (1992, op.cit, p. 24) qui affirment que la théorie de
l'expectation est la plus adaptée pour comprendre les choix de carrière, et plus particulièrement, le
phénomène entrepreneurial.
267
La recherche de J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999, op.cit) est une bonne illustration de l’utilisation
de la théorie VIE pour la prédiction de l'intention entrepreneuriale. Les auteurs sont arrivés au constat que
cette théorie ne rend pas compte de façon globale du processus entrepreneurial, car elle occulte l'influence
des variables environnementales. A ce titre aussi, N.G. BOYD et G.S. VOZIKIS (1994, op.cit, p. 68) notent
que l'objet de l’étude de la théorie VIE est orienté vers l'individu. Au lieu de poser la question "Can I do this
?", la théorie de l'expectation s’exclament-ils, voudrait répondre à "If I do this, what will happen ?".
268
"Social psychologists and marketing researchers have long used the Ajzen-Fishbein models of
behavioural intentions with great success in practical applications and in basic research. These cognitive
models are consistently robust and replicable in predicting behaviour and intentions, including sucess in
studies of career-related behaviour… Intentions models such as the theory of planned behaviour demonstrate
great utility to social psychologists and thus offer considerable potential for entrepreneurship researchers.
For instance, researchers might use this model to analyze how the process of doing a business plan or
entrepreneurial training affects intentions".
161
Nous nous proposons donc d'analyser la théorie du comportement planifié afin de voir
comment elle nous aide à justifier et à conceptualiser les variables que nous retenons dans
notre recherche. Mais avant d'entamer cette présentation, nous situons notre problématique
dans un cadre général très connu en entrepreneuriat : le modèle de la formation de
l'événement entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) - plus connu sous
l’appellation du modèle des dimensions sociales de l'entrepreneuriat -.
Les travaux de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) sont les plus anciens et certainement
ceux qui ont eu le plus grand retentissement dans la sphère académique entrepreneuriale.
Ces deux auteurs ont élaboré un modèle qui reste, selon T.M. BEGLEY et alii (1997) le
point de référence "the referencee point" dans les recherches en entrepreneuriat.
Ils ont modélisé la formation de l'événement entrepreneurial en recensant trois groupes
de facteurs (figure 11). Les "déplacements négatifs" ("negative displacements" : divorce,
licenciement, émigration, insatisfaction au travail…), les "déplacements positifs" ("positive
pull" : famille, consommateur…) et les "situations intermédiaires" ("Between things" :
sortie de l'armée, de l'école, de prison) sont les événements qui marquent des changements
dans les trajectoires de vie des individus et sont à la base du déclenchement de l'événement
entrepreneurial.
162
Life path change
Negative displacements :
Forcefully emigrated
Fired
Insulted
Angered
Bored Perceptions of Desirability Perceptions of feasibility
Reaching middle age Culture Financial support
Divorced or widowed Family Other support
Between things : Peers Demonstration effect Company
Out of army Colleagues Models Formation
Out of school Mentor Mentors
Out of jail Partners
Positive Pull :
From partner
From mentor
From investor
From customer
269
"It is no accident that entrepreneurship is highly identified with certain ethnic groups : Jews, Lebanese,
Ibos in Nigeria, Jains and Parsis in India, Gujeratis in East Africa. Each of these ethnic groups contains a
large number of examples to establish the credibility of company formation" (A. SHAPERO, L. SOKOL,
1982, op.cit, p. 85).
163
5.1.1.1. Les perceptions de désirabilité
270
"The social and cultural factors that enter into the formation of entrepreneurial events are most felt
through the formation of individual value systems… More diffusely, a social system that place a high value
on innovation, risk-taking, and independence is more likely to produce entrepreneurial events than a system
with contrasting values". Idem., p. 83.
271
"Failures apparently do not shake the credibility of company formation act, but may even reinforce its
credibility and serve as a learning experience". Ibid., p. 85.
272
" The many efforts of the Small Business Administration, including advice, consultation, education, and
financial support, make the act feasible to the potential entrepreneur. Popular journal articles and press
items may impart knowledge that removes some of the perceived uncertainty". Ibid., p. 87-88.
164
A la lecture de ce modèle, qui selon N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p.
320)273 et N.-F. KRUEGER et alii (2000, p. 418)274 est implicitement fondé sur l'intention,
nous comprenons que pour agir sur cette dernière, il faut favoriser simultanément les
perceptions de désirabilité et de faisabilité des individus.
La théorie du comportement planifiée de I. AJZEN nous a été suggérée par les travaux
de E. AUTIO et alii (1997), P. DAVIDSSON, (1995), L. KOLVEREID (1996), N.F.
KRUEGER, A.L. CARSRUD (1993) et N.F. KRUEGER et alii (2000) et A. TKACHEV et
273
"One existing intentionality-based model is Shapero's model of the entrepreneurial event (1982)… For
Shapero, intentions require that founders perceive entrepreneurship as a "credible" career alternative.
"Credibility" depends on perceptions that the venture is both desirable and feasible".
274
"Upon modest reflection, it clear that Shapero's (1982) model of the "Entrepreneurial Event" (SEE) is
implicitly an intention model, specific to the domain of entrepreneurship".
275
"It (le modèle) suggests that educational programs that pride themselves on discouraging the "wrong"
candidates are misguided to ignore the extent to which desirability and feasibility can be modified".
276
"What is the effect of business school education on entrepreneurship ? Does it convey the idea that small
business is not desirable ? or doomed to failure ? Does a business school education, particularly a "good"
one form a major business school, decrease the probability that an individual will start a business ?".
165
L. KOLVEREID (1999). Elle est par essence prédictive car elle tente d'expliquer
l'apparition d'un comportement dans des contextes spécifiques.
Cette théorie intègre et prolonge des travaux cognitifs qui ont pour objet d'expliquer et
prédire les comportements humains à travers des concepts renvoyant aux dispositions
comportementales, aux attitudes et aux traits de personnalité (I. AJZEN, 1991, p. 179)277.
Elle s’appuie particulièrement sur la théorie de l'action raisonnée ("the theory of reasoned
action") élaborée par I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980)278.
I. AJZEN (1991, p. 179 et 188) pose le postulat que les intentions peuvent prédire les
comportements à travers trois antécédents, conceptuellement distincts mais liés entre
eux280. Nous les présentons dans le schéma et les propos suivants :
277
"Concepts referring to behavioral dispositions, such as social attitude and personality trait, have played
an important role to predict and explain human behavior".
278 278
La théorie de l’action raisonnée prédit le comportement à travers deux variables : les attitudes associées
au comportement et les normes subjectives. I. AJZEN intègre une troisième variable prédictive "les
perceptions du contrôle comportemental" ("… In fact, the theory of planned behavior differs from the theory
of reasoned action in its addition of perceived behavioral control ". I. AJZEN, 1991, op.cit, p. 183).
Cette variable permet, selon l’auteur de prédire efficacement les situations où le comportement n'est pas
sous contrôle volontaire. Elle rend mieux compte de la volonté de l’individu et des perceptions qu’il a de ses
propres aptitudes et des ressources de l’environnement pour concrétiser son comportement.
279
"As in the original theory of reasoned action, a central factor in the theory of planned behavior is the
individual's intention to perform a given behavior … Intentions are assumed to capture the motivational
factors that influence a behavior ; they are indications of how hard people are willing to try, of how much of
an effort they are planning to exert, in order to perform behavior" (Idem., p. 181).
280
"Intentions to perform behavior of different kinds can be predicted with high accuracy from attitudes
towards the behaviour, subjective norms, and perceived behavioral control… The theory of planned behavior
postulates three conceptually independent determinants of intention".
166
Attitude
toward the
behavior
Subjective Intention
Behavior
norm
Perceived
behavioral
control
Par exemple, avoir l’intention de créer son entreprise peut s'expliquer dans le cadre de
notre recherche par des attitudes qui se manifesteraient par une meilleure formalisation
d’une idée ou d’un projet d’affaire. Ces attitudes peuvent se concrétiser, entre autre, par la
recherche d’informations auprès du corps professoral ou d'organismes spécialisés.
281
"The first is the attitude toward the behavior and refers to the degree to which a person has a favorable or
unfavorable evaluation or appraisal of the behavior in question".
167
5.1.2.2. Les normes subjectives
Les normes subjectives282 résultent des perceptions de la pression sociale qui concernent
ce que les parents, la famille et les amis penseraient de ce l'on voudrait entreprendre (I.
AJZEN, 1991, p. 188)283. Elles peuvent être l'effet de sensibilités qui naissent dans un
cercle plus large que celui de l'environnement immédiat. Un gouvernement qui encourage
la création d'entreprise de haute technologie pourra augmenter les sensibilités des individus
à s'orienter vers des entreprises technologiques. Les normes subjectives renvoient elles
aussi au concept de désirabilité élaboré par A. SHAPERO et L. SOKOL (1982).
282
Les normes subjectives est la traduction du terme "subjective norm" que nous avons emprunté à K.-J.
GERGEN et alii (1992) et R.-J. VALLERAND (1994, op.cit, p.398).
283
"The second predictor is a social factor termed subjective norm : it refers to the perceived social pressure
to perform or not perform the behavior".
284
"It should be clear, however, that a behavioral intention can find expression in behavior only if the
behavior in question is under volitional control" (I. AJZEN, 1991, op.cit, p. 181).
285
Le concept "perceived behavioral control" est celui qui nous a posé le plus de difficultés dans la
traduction. Plusieurs traductions sont possibles, comme "le contrôle perçu" ou "le contrôle comportemental
perçu". Mais nous avons opté pour "la perception du contrôle comportemental" que nous avons repris à J.-P.
NEVEU (1996, op.cit, p. 36) et R.-J. VALLERAND (1994, op.cit, p.398). Nous voulions être le plus proche
du sens de I. AJZEN. Il est question de perception avant tout.
286
"According to the theory of planned behavior, perceived behavioral control, together with behavioral
intention, can be used directly to predict behavioral achievement" (I. AJZEN, 1991, op.cit, p. 184).
168
Les perceptions du contrôle comportemental impliquent la prise en compte des degrés
de connaissance et de contrôle qu’a un individu de ses propres aptitudes, ainsi que des
ressources et des opportunités nécessaires en vue de concrétiser le comportement souhaité.
I. AJZEN (1991) prête à cette variable un rôle primordial en ce qu'elle apporte plus de
précision dans la prédiction du comportement287.
L’auteur accorde une telle importance aux perceptions du contrôle comportemental qu'il
va jusqu'à dire qu'elles peuvent à elles seules, prédire le comportement futur (flèche en
pointillé dans la figure 12)288. Selon I. AJZEN (1991, p. 186), il est empiriquement
démontré que lorsque les comportements ne dépendent d'aucune variable que l'individu ne
puisse maîtriser, les intentions peuvent les prédire avec une grande précision289.
Les perceptions du contrôle comportemental ne peuvent être réalistes si l'individu
dispose de peu d'informations sur le comportement à adopter, si les ressources nécessaires
ou disponibles changent ou si un élément nouveau et peu connu intervient dans le
contexte290. Les objectifs de l'acteur sont fonction des ressources et contraintes qu'il perçoit
dans la situation. En effet, selon M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977), une ressource
potentielle ne devient mobilisable que si elle est perçue.
287
"Perceived behavioral control plays an important part in the theory of planned behavior… a measure of
perceived behavioral control may add little to accuracy of behavioral prediction". Idem., p. 183 et 185.
288
L’auteur insiste sur l'importance de distinguer le concept de "perceived behavioral control" d'autres,
notamment le contrôle interne ("locus of control"), qui lui est stable dans le temps malgré le changement des
contextes et des situations. "Importantly, perceived behavior control differs greatly from Rotter's (1966)
concept of perceived locus of control… Whereas locus of control is a generalized expectancy that remains
stable across situations and forms of action, perceived behavioral control can, and usually does, vary across
situations and actions". Ibid., p. 183.
289
Il donne l’exemple des intentions de vote estimées juste avant les élections présidentielles et les intentions
d’allaitement (au sein ou au biberon) exprimées par des femmes enceintes : "As a general rule it is found that
when behaviors pose no serious problems of control, they can be predicted from intentions with considerable
accuracy (see Ajzen, 1988 ; Sheppard, Hartwick, & Warshaw, 1988). Good examples can be found in
behaviors that involves a choice among available alternatives. For example, people’s voting intentions,
assessed a short time prior to a presidential election, tend to correlate with actual voting choice in the range
of .75 to .80 (see Fishbein & Ajzen, 1981). A different decision is at issue in mother’s choice of feeding
method (breast versus bottle) for anew born baby. This choice was found to have a correlation of .82 with
intention expressed several weeks prior delivery (Manstead, Proffitt, &Smart, 1983) ".
290
"Perceived behavioral control may not be particularly realistic when a person has relatively little
information about the behavior, when requirements or available resources have changed, or when new and
unfamiliar elements have entered into the situation". Ibid., p. 184-185.
169
196 et 204)291. Dans notre cas, les perceptions du contrôle comportemental peuvent être
influencées par le suivi d’une formation ou d’un programme en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise, par les expériences entrepreneuriales antérieures de travail ou de
stage et par la disponibilité des ressources nécessaires (informations et conseils, financières
ou logistiques).
291
"These control beliefs may be based in part on past experience with the behavior… It thus stands to
reason that perceived behavioral control can play an important role in mediating the effect of past on later
behavior".
292
"The relative importance of attitude, subjective norm, and perceived behavioral control in the prediction
of intention is expected to vary across behaviors and situations. Thus, in some applications, it may be found
that only attitudes have a significant impact on intentions, in others that attitudes and perceived behavioral
control are sufficient to account for intentions, and in still others that all three predictors make independent
contributions".
170
planifié et le modèle de la formation de l'événement entrepreneurial se recouvrent et
coïncident fortement (N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994, p. 95-96293 ; N.F.
KRUEGER et alii 2000, p. 419 et 424294).
A travers les liens qui sont donc tissés entre la théorie du comportement planifié de
I. AJZEN (1991) et le modèle de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), il est mis en
exergue un domaine d'application d'une théorie de la psychologie sociale au champ de
l'entrepreneuriat : la prédiction de l’acte d’entreprendre qui s’exprime dans le
contexte d’étudiants suivant des formations ou programmes en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise. A titre d’illustration, présentons deux modèles pour montrer
l'"applicabilité" de la théorie du comportement planifié comme cadre théorique explicatif
de l'intention entrepreneuriale.
L’analyse de ces modèles peut nous aider dans le choix des variables que nous
retiendrons dans le notre. Le premier modèle est imputable à N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993) qui sont les premiers à avoir appliqué la théorie de I. AJZEN (1991)
dans l'explication de l'intention entrepreneuriale ; ils ont été suivi par P. DAVIDSSON
(1995). Le deuxième modèle, à l’actif de E. AUTIO et alii (1997), a le privilège d'être testé
sur des populations de cultures différentes.
293
"The theory of planned behavior and Shapero's model of the entrepreneurial event overlap considerably...
At the risk of oversimplifying the models, perceived feasibility in SEE corresponds to perceived behavior
control in TPB (both correspond to perceived self-efficacy) ; TPB's other two attitude measures are
subsumed by SEE's perceived desirabillity".
294
"Both TPB and SEE are largely homologous to one another. Both contain an element conceptually
associated with perceived self-efficacy (perceived behavioral control in TPB ; perceived feasibility in SEE).
TPB's other two attitude measures correspond to SEE's perceived desirability…The Shapero model appears
slightly superior for assessing entrepreneurial intentions, at least as the models are specified currently.
However, the theory of planned behavior appears equally useful. Both of these two intention-based models
offer researchers a valuable tool for understanding the process of organizational emergence".
171
5.2.1. Le modèle de N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993)
L'objectif de ces auteurs est de montrer qu'un modèle largement utilisé en psychologie
sociale pour prédire une variété de comportements, peut trouver un domaine d'application
dans le champ de l'entrepreneuriat. L’intention, selon N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD
(1993, p. 315), est le seul et le meilleur prédicteur des comportements entrepreneuriaux295.
Dans une modélisation restée au stade théorique (sans résultats empiriques), s'inspirant
largement du modèle de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), les auteurs relèvent trois
éléments essentiels qui agissent sur l'intention :
Perceived
Attractiveness
Of Entrepreneurial
Hypothesized Exogenous Influences on
Behavioral
Entrepreneurial Activity
Intentions
Perceived Social Target
Toward
Norms about Entrepreneurial
Entrepreneurial
Entrepreneurial Behavior
Behavior
Behaviors
295
"We discuss exactly such a model, widely used in social psychology, and demonstrate its applicability to
the entrepreneurial domain. Ajzen's intentions-centered "theory of planned behavior" is parsimonious, well
grounded in theory, and robustly predicts a wide variety of planned behaviours. Intentions are the single best
predictor of such behavior, both conceptually and empirically".
172
résultats du comportement que l'on désire ("presumed to depend on the likely impact of
296
"Generally, exogenous factors either influence attitudes or the intentions-behaviour relationship" (N.F.
KRUEGER, A.L. CARSRUD, 1993, op.cit, p. 326).
297
"The empirical samples have been compiled from Finland, Sweden, USA and South-East Asia. This
approach allows us both to test the stability of the model, as well as compare the prevalence of
entrepreneurial intent among students in different countries".
173
SITUATIONAL
Years studied
Employed ?
GENERAL
ATTITUDES
Achievement
BACKGROUND Autonomy CONVICTION
Change And career ENTREPRENEURIAL
Relatives
Money Preferences INTENT
Small firm
experience
Age
Immigrant ?
Sex
Educational level
IMAGE/PAYOFF
UNIVERSITY
ENVIRONMENT
Figure 14 - Illustration of the final model, relationships grouped (E. AUTIO et alii,
1997, p. 141)
A cet effet, ils ont introduit dans le modèle de P. DAVIDSSON (1995) des variables
exprimant l'image de l'entrepreneuriat et la récompense que les étudiants attendent en
optant pour une carrière entrepreneuriale ("image/payoff")298. Il ressort de leur analyse que
la conviction entrepreneuriale et les préférences de carrière ("conviction and career
preferences") des étudiants sont les facteurs les plus importants dans la formation de
l'intention entrepreneuriale. Ces préférences et cette conviction se référent aux concepts de
perceptions de faisabilité de A. SHAPERO et de L. SOKOL (1982) et de perceptions du
contrôle comportemental de I. AJZEN (1991). Elles sont influencées par :
9 l'image de l'entrepreneuriat ("image/payoff") comme possibilité de carrière et les
conséquences que les étudiants en attendent. Cette image renvoie aux attitudes
associées au comportement de I. AJZEN (1991) et aux perceptions de désirabilité de A.
SHAPERO et L. SOKOL (1982)299. L'image est influencée par le niveau d'éducation,
les expériences de travail dans les petites entreprises et l'entourage immédiat ;
298
"Our model is based on the model of Davidsson (1995). We have developed some modifications to
account for the characteristics of university students In Davidsson's domain attitudes, we introduce variables
relating to the image of entrepreneurship as well as to the expected payoff".
299
"In the model, the image of entrepreneurship corresponds to Ajzen's attitude toward the behavior,
Shapero's perceived desirability".
174
9 les attitudes générales ("general attitudes" : besoin de réussite, autonomie,
changement, gain d'argent) sont influencées par le niveau d'éducation, les expériences
de travail dans les petites entreprises et l'entourage immédiat ;
9 l'environnement universitaire ("university environment") en ce qu'il est perçu comme
support permettant aux aspirations entrepreneuriales de s'exprimer300.
Conclusion du chapitre 5
300
"In the model, social variables try to capture characteristics of the university environment as well as
situational variables… The perceived support of the university environment relates to the degree to which the
university is perceived as supporting entrepreneurial aspirations".
301
Les motivations de création (besoin de réussite, autonomie, changement, gain d'argent) sont incluses dans
le groupe de variables nommé "general attitudes"; il en est de même pour les normes subjectives (les
proches et les modèles d’entrepreneur) qui sont intégrées dans la variable image de l’entrepeneuriat
("image/payoff").
302
Cf. supra., p. 33-35, "1.2.2 L'approche comportementale : l'amorce de l'entrepreneuriat comme véritable
champ de recherche".
175
l'entrepreneuriat, et plus particulièrement en ce qui nous concerne, à l’intention
entrepreneuriale.
En choisissant comme toile de fond à notre problématique le modèle de la formation de
l’événement entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), et en l'approchant à la
lumière de la théorie du comportement planifié, nous arrivons au constat que pour
comprendre l'intention entrepreneuriale, il est primordial de décrire et d’analyser les
attitudes associées au comportement, les normes subjectives et les perceptions du contrôle
comportemental. Plus spécialement, il est question de décrire les actions qu’entreprennent
les étudiants en vue de concrétiser leur intentions (variables d’attitude), les motivations et
les influences sociales qui les animent (variables de norme subjective), et enfin, les
perceptions de leurs aptitudes et des ressources pour ce qui est de la faisabilité des idées ou
des projets d'affaire (variables de perception).
Ayant justifié le cadre théorique de référence, il est maintenant nécessaire d'énoncer les
hypothèses de recherche et d'exposer ce que recouvrent les facteurs personnels et
contextuels qui agissent sur l'intention d'entreprendre dans une thématique de formation en
entrepreneuriat. En synthèse des deux parties théoriques de cette thèse, nous présentons un
modèle de l’intention entrepreneuriale.
176
Chapitre 6 - Proposition d'un modèle de l'intention
entrepreneuriale
303
A ce titre, elles sont similaires aux études et recherches en marketing qui sont soient exploratoire,
descriptive, explicative-prédictive-causale ou d'aide à la décision (Y. EVRARD et alii, 1997).
304
Pour un exposé sur les conditions qui permettent d’envisager une relation de causalité, le lecteur pourra se
référer à J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 174-175) qui notent qu'"On ne peut jamais démontrer la
causalité, on peut seulement l'inférer".
305
"The application of multidimensional research models should result in a better understanding of the
nature of the whole "entrepreneurial animal" as a complex and dynamic set of interrelated parts".
306
"Research in entrepreneurship has largely ignored these models for less robust and less predictive
approaches using personality traits, demographics or even attitudinal approaches".
307
"Intentions and attitudes depend on the situation and person. Accordingly, intentions models will predict
behavior better than either individual (for example personality) or situational (for example, employment
status) variables".
177
juste titre W.D. BYGRAVE (1989a, p. 13), sont essentiellement descriptifs. Ils sont plus
empiriques et "phénoménologiques" que théoriques308.
Or, ce type d’approche nous oblige à conceptualiser les variables explicatives retenues
dans le modèle. Successivement, nous traitons des attitudes associées au comportement,
des normes subjectives et des perceptions du contrôle comportemental. Chacun de ces trois
concepts est accompagné d’une argumentation sur ses facteurs constitutifs.
Au fur et à mesure de la présentation de quelques définitions et de nos propres
acceptions des variables explicatives de l'intention entrepreneuriale, nous énonçons les
hypothèses de travail. Sur ces bases, nous pouvons esquisser le modèle de recherche dans
sa globalité.
308
"Today's entrepreneurship models are mainly descriptive. They are empirical or phenomenological rather
than theoretical".
309
"The theory of planned behaviour's demonstrated robustness offers much to research on the emergence of
new organization. Theory-based intentional models successfully reflect the nature of intentional, perception-
driven process phenomen of organizational emergence".
178
H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, p. 20) notent que l’utilisation d’outils
sociologiques et psychologiques dans le champ de l’entrepreneuriat a suscité plusieurs
critiques. Tout au plus, persistent-il, peut-on corréler les variables psychologiques et
sociologiques agissant sur le processus entrepreneurial avec des types de comportement
entrepreneuriaux310.
Cependant, nous prenons le risque "scientifique" de nous aventurer sur un terrain où les
résultats de recherche sont probablement à un stade où leur validité reste à confirmer. Il
n’en demeure pas moins qu’en l’état des connaissances actuelles, il nous est possible
d’affirmer que l'intention, une phase importante en amont du processus
entrepreneurial, est suffisamment stable dans le temps pour être isolée et étudiée avec
"précaution". Nous partons du constat que certains facteurs situationnels et
personnels (les attitudes, les normes et les perceptions) influencent, sur une période
s’étalant sur cinq ans, l'intention entrepreneuriale.
Une fois ce constat formulé, il est nécessaire de spécifier les variables explicatives qui
agissent sur l'intention entrepreneuriale. Mais au fur et à mesure de l'élaboration de la
problématique et de la définition du cadre théorique de référence, nous avons pris
conscience de :
9 la diversité des variables à prendre en compte ;
9 de leur interdépendance ;
9 de la difficulté de leur opérationnalisation (il est question d'attitudes, de normes et
de perceptions).
310
"Many criticisms have been levelled at these attempts to understand the why of entrepreneurship…
Indeed, the literature suggests that no causal link can be established between any of the above-mentioned
variables (variables psychologiques et sociologiques) and entrepreneurship. At most, one could speak of
correlates or antecedents of particular kinds of entrepreneurial behavior".
311
E.-M. HERNANDEZ (1999, op.cit., p. 52) signale qu’une modélisation "se heurte à deux difficultés : la
capacité du chercheur à identifier les éléments et les relations en rapport avec l'objectif retenu, et sa
capacité à la rendre communicable à ceux qui auront à s'y référer".
179
Il serait évidemment difficile, sinon impossible comme le note J.M. CRANT (1996, p.
44) de contrôler toutes les variables qui expliqueraient l'intention entrepreneuriale312.
Préciser les objectifs de la recherche, c’est déterminer ce que l’on veut décrire ou mesurer,
définir ce que l’on retient, mais aussi écarter un certain nombre de problèmes (M.
GRAWITZ 1996, p. 499). Nous avons opéré des choix entre une multitude de variables ;
ils peuvent être discutables et critiquables selon différents points de vue313. Notre
problématique et le contexte dans lequel se trouve les étudiants nous ont conduit à retenir
les aspects les plus saillants de notre recherche.
Chaque trajectoire entrepreneuriale est unique, mais la lecture de quelques modèles
laisse supposer que des régularités contingentes peuvent émerger par rapport à l’existence
d’idées d’affaire ou de projet, à des variables psychologiques, à l’entourage des étudiants
et aux perceptions des aptitudes et ressources qui faciliteraient la concrétisation de
l’intention entrepreneuriale. Nous avons réussi à faire émerger des variables
explicatives et prédictives de l'intention entrepreneuriale de populations suivant des
formations ou des programmes en entrepreneuriat.
312
"… it would be difficult if not impossible to control for all possible effects on entrepreneurial intentions".
313
Selon les problématiques et les objectifs de recherche, certaines dimensions sont toujours occultées au
détriment d'autres.
180
6.1.1. Les attitudes associées au comportement
314
La théorie béhavioriste repose sur le postulat qui veut que l'action humaine soit gouvernée par des
événements extérieurs, qui sont significatifs en raison de leur influence sur les états psychologiques
responsables du comportement. Cette approche incite le chercheur à identifier des événements
environnementaux intimement liés aux actions des gens, et conséquemment, à prévoir leur influence.
La théorie cognitive rejette le point de vue béhavioriste et met l'accent sur les processus intérieurs,
notamment les effets des pensées et des interprétations sur les propriétés de l'environnement. Tandis que les
béhavioristes affirment que les événements environnementaux influent sur les gens, les cognitivistes croient
que la perception que les gens ont des événements constitue ce qui influe sur leur comportement.
La théorie des règles et des rôles tire ses origines de la sociologie. Les sociologues ont proposé, dans leur
intérêt pour les patterns d'activité sociale, que les gens partagent des "règles" qui guident leur conduite dans
le temps. Lorsque ces règles sont largement adoptées, les "rôles" se substituent aux "règles". Les adeptes de
cette théorie accordent moins d'importance aux événements extérieurs, ils s'intéressent à la manière dont les
règles intériorisées guident la conduite. Contrairement aux cognitivistes, ils s'intéressent moins à la façon
dont une personne interprète ou perçoit le monde extérieur.
181
Ces trois dimensions sont interactives, de sorte qu'une modification de l'une entraîne des
changements sur les autres.
La psychologie sociale se préoccupe donc des attitudes au regard de leur lien étroit avec
les actions des individus. K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 211-217) notent que "le postulat
d'une relation étroite entre les attitudes et le comportement occupe une place centrale en
psychologie sociale". Connaître les attitudes d'un individu envers un autre ou envers un
objet, devrait rendre possible de prédire son comportement315. "Intuitivement, ce postulat
semble sensé". Pour R.-J. VALLERAND (1994, p. 332), l'attitude oriente l’individu vers
certaines actions particulières.
Dans le même sens, M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977, p. 463) distinguent deux
types d'études sur les attitudes. Le premier s'intéresse aux attitudes en ce qu'elles révèlent
des régularités et des modes de structuration de l'univers social catégorisé des individus. Le
second, qui répond indubitablement à notre préoccupation, s'intéresse aux attitudes dans
une perspective de prédiction des comportements, en établissant une "équivalence
implicite" entre eux.
Les intentions entrepreneuriales dépendent des attitudes envers des comportements que
l'on souhaite atteindre. Elles sont mieux saisies par le biais d'attitudes spécifiques (N.F.
KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93316 ; N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD,
1993, p. 315317 ; N.F. KRUEGER et alii, 2000, p. 413318). Les intentions sont de parfaits
médiateurs entre les attitudes et les comportements visés.
Selon le point de vue qui nous intéresse, nous retenons de l’attitude sa dimension
conative319. Les actions de l’individu sont orientées vers le comportement souhaité,
c’est à dire que l’attitude oriente l’action. Les attitudes associées au comportement sont
315
Ces auteurs affirment que plusieurs chercheurs rappellent souvent que les attitudes ne permettent pas de
prédire les comportements. Le problème provient, confirment K.-J. GERGEN et alii (1992, op.cit), des biais
de la recherche, c'est-à-dire de l'impuissance des modèles théoriques et des plans de recherche à identifier la
relation entre les attitudes et le comportement.
316
"In turn, certain key attitudes or beliefs robustly predict intentions. That is, the forces acting upon a
potential behavior do so indirectly by influencing intentions via those key attitudes".
317
"… In turn, intentions are best predicted by certain specific attitudes. Intentions fully mediate the
relationship between attitudes and the target behavior".
318
"In its simplest form, intentions predict behavior, while in turn, certain specific attitudes predict
intention".
319
La dimension cognitive y est sous-jacente.
182
l'un des trois groupes de variables explicatives de l'intention entrepreneuriale. Elles se
manifestent par l'existence d’une idée ou d’un projet d’affaire et la recherche
d’informations en vue de mieux les formaliser.
Comme nous l’avons annoncé au chapitre premier, l’existence d’une idée ou d’un projet
d’affaire distingue l’intention entrepreneuriale au sein du processus amont de création
d’entreprise320. L'étudiant qui a l’intention de se mettre à son compte, a d'abord une idée de
création avant de cerner son projet321. C. BURYAT (1993, p. 104) affirme que le processus
entrepreneurial ne devient repérable pour le chercheur qu'à partir du moment où il est
suffisamment engagé. Cet engagement dans son modèle générique nous situe
essentiellement à l'étape 2 ("l'action de créer est envisagée" : l'individu possède un projet
flou) et accessoirement à l'étape 3 (l‘individu a formalisé un plan d'affaires)322. Nous en
sommes aussi en phase d'"Initiation" de E.-M. HERNANDEZ (1999)323.
Pour E.J. DOUGLAS (1999), même s’il existe une forte intention à se vouloir
entrepreneur, celle-ci ne peut se concrétiser réellement sans l’existence d’une opportunité
de création et des ressources nécessaires pour sa mise en œuvre324. Dans leur modèle de
création d'entreprise, D.B. GREENBERGER et D.L. SEXTON (1988, p. 4) intègrent une
variable "vision" qui implique l'existence probable dans l'esprit du porteur de projet d'une
"image" ou d'une idée d'affaire qui se transformera plus tard en intention
entrepreneuriale325.
320
Cf. supra., p. 47-50, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus
entrepreneuriale".
321
Certains auteurs supposent que l'individu décide d’abord de créer son entreprise, puis recherche une idée ;
d'autres clament le contraire. Le débat pour nous ne se pose pas. Il nous importe seulement d'affirmer que
l’existence d’une idée ou d'un projet est un facteur qui peut influencer l'intention entrepreneuriale.
322
Cf. supra., p. 38-39, "1.3.1. La forme générique du processus de création d’entreprise de C. BRUYAT
(1993)".
323
Cf. supra., p. 42-44, "1.3.3. Le modèle stratégique d'entrepreneuriat de E.-M. HERNANDEZ (1999)".
324
"We note that even with the strongest intentions to be an entrepreneur, no entrepreneurship will occur
without the advent of a suitable self-employment opportunity and the funding required to undertake that
opportunity".
325
"In addition to possessing a predisposing personality, the individual who initiates a new venture is also
likely to have some vision or idea of the prospective business… Instead, entrepreneurs are likely to have
some abstract image in mind about what they intend to accomplish".
Selon T. VERSTRAETE (2001, op.cit., p. 13), le terme "vision", qui a plutôt une dimension
organisationnelle est, dans la littérature entrepreneuriale, attaché aux représentations que se fait
183
L. KOLVEREID (1997), D.W. NAFFZIGER et alii (1994, p. 35) notent que l'existence
d'idée d'affaire est une composante importante dans le processus de passage à l'acte de
création326. M.G. SCOTT et D.F. TWOMEY (1988, p. 9 et 11) notent que la validation
d'une idée d'affaire doit être sans nul doute la pièce centrale d'un programme de formation
visant à assister des entrepreneurs potentiels327. Les résultats de leur enquête
transcontinentale portant sur 436 étudiants américains, anglais et irlandais, montrent que
plus de la moitié des étudiants aspirant à créer leur entreprise ont une idée d'affaire. La
possession de cette dernière représente peut être l'influence la plus importante dans le
choix d'une carrière entrepreneuriale328. Dans une recherche plus récente, R. RAIJMAN
(2001, p. 398) montre que 90% des immigrés mexicains résidants à Little Village (Etats-
Unis), ayant l’intention d’entreprendre, possèdent une idée d’affaire329.
J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999) confortent les constats ci-dessus en affirmant
que la recherche d'idées d'affaire permet de mesurer l'intention entrepreneuriale330. N.F.
KRUEGER et alii (2000, p. 411 et 428) notent que l'identification d'une opportunité est
partie intégrante du processus de formation de l'intention entrepreneuriale.
l’entrepreneur du futur désiré. La vision se forme de différents éléments "dispositionnels" (l’expérience, les
relations, les motivations et les aspirations…) et "situationnels" (le contexte économique, politique et social).
L’article de C. FONROUGE (2002) apporte un bon éclairage de la notion de vision dans l’étude des
phénomènes entrepreneuriaux.
326
"Obviously, no one will start a business without an idea… Thus, it is the contention of this paper that the
existence of an idea and the evaluation of that idea is an important part of the new venture decision-making
process".
327
"The creation and validation of a business idea should be incorporated as a central part of any program
designed to assist aspiring entrepreneurs and promote interest in self-employment".
328
"Nearly 52 percent of those who preferred self-employment said they had a business idea as opposed to
26.8 percent of those who wanted to work in small business, 16.5 percent of those who preferred work in the
public sector… Finally, the possessing of a business idea is perhaps the strongest influence on career
aspiration".
329
"About half of the respondents in the household survey reported having thought about starting a business,
and almost 90% of these have a specific line of business in mind".
330
" The dependent variable (intentionality) is measured as follows… We asked whether the respondent will
involve in various pre-start-up actions such as actively look for business ideas, make experiments to produce
a product, develop a new product or service, look for business partners, or apply for a patent for a product".
184
hypothèse 1 : l'existence d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins
formalisé influence positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants.
Dans leur "traité" sur les problèmes que pose l'"action organisée", sur les conditions qui
la rendent possible et les contraintes qu’elle impose, M. CROZIER et E. FRIEDBERG
(1977, p. 460-461) suggèrent que les attitudes sont développées non pas uniquement en
fonction du passé (la socialisation, les expériences passées), mais aussi en fonction des
opportunités présentes et futures. Elles correspondent à des "orientations stratégiques" que
les acteurs adoptent en tenant compte des ressources et des contraintes qui pèsent sur eux.
Les attitudes reflètent alors le choix d'une orientation d'action face aux risques et
opportunités des jeux auxquels les acteurs participent dans leurs univers sociaux. Elles sont
donc utilisées comme des révélateurs des stratégies d'acteur.
331
" Intention implies action… Individuals with intention have a higher likelihood of founding than do
individual with only propensity, because they have committed themselves to attempting to found".
332
"Such a measure (mesure de la fiabilité et de validité de l'auto-efficacité entrepreneuriale) can be used to
identify individuals who actually commit to marshalling the necessary financial and human resources needed
to pursue a venture opportunity. These individuals would be quite distinct from those who merely think about
setting up their own business but never initiate the necessary actions".
333
"Individuals with the intention to start a business not only have a propensity to start, but also a rational
behaviour to reach their goal. They have therefore already taken some steps (e.g. gathered some information,
established a business plan and saved some money) toward this goal".
185
398)334 notent que les individus qui ont l’intention de créer leur entreprise ont, non
seulement une propension entrepreneuriale, mais franchissent certaines étapes pour
parvenir à leurs objectifs. Ils recherchent les ressources et les informations nécessaires
pour mettre en œuvre leurs projets.
Pour R.-J. VALLERAND (1994, p. 571, 622, 671 et 672), les normes sont des attentes
généralisées concernant le comportement adopté au cours d’un processus de socialisation.
Elles sont des règles de conduite dictées par la société. Les normes constituent des modèles
d'approbation ou de désapprobation sociale. Dans les sociétés d'aujourd'hui, les normes
334
"Once the idea of starting business exists, the following stage is to take steps to accomplish the desired
goal. The search for sources of financial capital and information were other common steps taken by latent
entrepreneurs".
335
"They (entrepreneurs potentiels) are likely to see obstacles that are simply not there and not see very real
obstacles. Someone with well-developed intentions toward starting business is more likely to have
investigated obstacles than someone for whom intentions are not salient".
336
Ceci dit, il n'est nullement besoin que le projet soit ficelé par un plan d'affaires solide pour montrer
l'existence de l'intention. A ce titre, N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit., p. 322) note que
"One need not a formal business plan to have an intention to start a business or to demonstrate that
intention".
186
subjectives s’acquièrent principalement par le biais de la famille, de l'école et du milieu
professionnel.
L’auteur constate que la norme subjective constitue un concept voisin de celui de
l’influence sociale. Elle précise l'effet de la présence des autres et de leurs comportements
comme source d'influence sur nos propres comportements. "En somme, les individus
cherchent à se conformer aux normes de leur groupe et de la société".
K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 214 et 288) mettent aussi en exergue "la proximité" des
deux concepts. L’influence sociale peut amener les individus à changer leurs
comportements ou leurs attitudes selon les schémas dominants de la culture dans laquelle
ils sont immergés337. L’influence sociale est fonction des "croyances normatives". Ces
dernières sont relatives à la perception des autres sur ce que nous devrions faire.
Plusieurs études montrent l'importance des phénomènes d’influence sociale sur les
comportements des individus. Quelles formes prennent concrètement ces normes
subjectives dans le cadre de notre problématique ?
Dans un premier temps, les normes subjectives peuvent s’exprimer sous forme de
motivations. En effet, leur théorisation est réalisée autour d'un cadre de référence culturel
donné. Les motivations tiennent, selon D. DRILLON (1995, p. 10 et 44) à la pression que
peut exercer l’environnement dans le rapport qu’entretient avec lui l’individu. La
motivation concerne l'individu dans son ensemble, et dans les relations qu'il entretient avec
son environnement. Elle est soumise à deux formes d'influence : une interne et une autre
issue de l'interaction individu-environnement. La motivation est certes influencée à divers
degrés par nos valeurs, besoins, attentes et performances. Mais à ces éléments personnels
s'ajoutent, poursuit l’auteur, le rôle de la société et de l'organisation dans lesquelles
s’inscrivent les actions individuelles.
Dans un second temps, les normes subjectives se concrétisent par la propension à la
prise de risque. Une société ou un entourage favorisant cette dernière sont plus enclins à
337
Les auteurs notent trois formes d'influences sociales qui produisent la similarité des comportements :
9 ""l'uniformité" : repose sur le fait que l'on accepte le postulat tacite qui veut qu'il est désirable d'être
comme les autres ;
9 "le conformisme" : une forme de similarité qui se produit lorsqu'on cède à la pression sociale qui nous
oblige à être comme les autres ;
9 "la soumission" : repose sur l'acquiescement à une demande faite par une autorité".
187
inciter leurs membres vers la voie entrepreneuriale, contrairement à un groupe social
manifestant une aversion au risque.
Enfin, les normes subjectives peuvent se matérialiser à travers la connaissance de
modèles d’entrepreneur et le souhait de les imiter. Le fait de se trouver dans un milieu
culturel donné peut amener un individu à agir différemment, par l’observation du
comportement des autres. Selon J. MAISONNEUVE (1971, p. 39), tout individu membre
d’un groupe subit l’influence de modèles collectifs et respecte certaines normes explicites
ou implicites, se conforme à ce qu’on attend de lui.
Pour C. BRUYAT (1993, p. 120), "Il est naturel qu'un champ se constituant à partir de
l'affirmation de l'individu comme source principale de la création de valeur, tente de
décrire et de mettre… les facteurs intra-individuels prédictifs de l'acte entrepreneurial et
de sa réussite… Les études empiriques de type hypothético-déductif tentent de différencier
les entrepreneurs d'autres populations avec comme objectif, au moins implicite, de tester
un modèle prédictif de l'acte entrepreneurial".
Les approches descriptive et comportementale ont été dominées, entre autres, par les
travaux sur les motivations des porteurs de projets, des créateurs d’entreprise et des
entrepreneurs. Ces dernières ne fournissent pas directement des éléments tangibles, mais
elles ont, tout au moins, contribué à mieux faire comprendre les phénomènes
entrepreneuriaux en mettant en exergue leur diversité, leur complexité et leur contingence.
188
changement pour l'individu. Celui-ci pondère ce changement et le filtre selon ces valeurs,
son image de soi, ses perceptions et ses attentes. Le comportement qui en découle reflète
en partie l'image de cette motivation ; l’autre partie étant fonction des différences
individuelles et culturelles qui atténuent ou amplifient ce comportement.
D’après L.-J. FILION (1997, p. 135), la motivation est ce que la personne perçoit
comme menant à son bien être ; elle inclut l'estimation du degré d'importance d'un but ou
d'un comportement. La motivation, selon K.-G. GERGEN et alii (1992, p. 476), désigne
les forces (besoins, tendances…) qui poussent un individu à agir. Elle "implique une
volonté concrétisée de bien faire, de mobiliser tous ses efforts, et de réaliser de son mieux,
selon ses capacités, le travail qui est confié" (J. IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 107).
M. WEBER (1964) [1905] explique fondamentalement les motivations par le système de
valeurs, les motivations structurant les attitudes.
Bien que les motivations soient rarement mises en relation avec le concept d’intention,
la multiplicité des éléments retenus dans la littérature (gain d'argent, réalisation de
soi, recherche du pouvoir et du succès, désir d'autonomie…) fait certainement que les
choix que nous opérons ci-dessous feront l’objet d’interrogations "légitimes".
L'approche comportementale présentée au chapitre premier de cette thèse a mis en
évidence de façon marquée le besoin d'accomplissement comme motivation distinctive des
créateurs d’entreprise338. Il a été associé à l'entrepreneuriat depuis que D.C. Mc
CLELLAND (1961) a publié ses travaux sur les liens entre le protestantisme, le
développement économique et le besoin d'accomplissement (n Ach)339. L'auteur repose sur
la thèse que les entrepreneurs sont psychologiquement différents des non-entrepreneurs et
qu'ils sont à la base du développement économique. D.C. Mc CLELLAND (1961, p. 411 ;
1962, p. 101 et 110) affirme que le besoin d'accomplissement trouve ses sources les plus
importantes dans les valeurs, les croyances et l'idéologie340. Il reflète les rêves, les pensées
338
Cf. supra., p. 33-57, "1.2.2 L'approche comportementale : l'amorce de l'entrepreneuriat comme véritable
champ de recherche".
339
E.-G. DE PILLIS (1998) révèle que le concept a été défini par H.A. MURRAY ("The concept of Need for
Achievement was originated by Henry Murray in 1938 ").
340
"Where does strong achievement motivation come from ? Values, beliefs, ideology - these are the really
important sources of a strong concern for achievement in a country".
189
et les souvenirs qui nous renseignent sur les inquiétudes intimes des individus341. Le besoin
d'accomplissement présente les aspects suivants :
9 la définition d’un problème ;
9 la volonté de le résoudre ;
9 la réflexion aux moyens à mettre en œuvre, aux difficultés que l'on peut rencontrer et
aux personnes qui peuvent nous aider à trouver la solution ;
9 l’anticipation du succès ou de l'échec de l'idée à concrétiser342.
Il nous a semblé d'autant plus judicieux de retenir le concept de besoin
d'accomplissement car D.C. Mc CLELLAND (1962, p. 109) tisse un lien direct avec le
concept d'opportunité (existence d'une idée d'affaire) que nous retenons dans notre modèle.
En effet, note-t-il, une opportunité d'affaire incite à l'acte, surtout les individus possédant
déjà une certaine motivation à réussir343.
J.A. STARR et N. FONDAS (1992, p. 70) notent qu'il a été démontré que le besoin
d'accomplissement constitue une force motrice dans le processus de création d'entreprise344.
Il ressort comme une variable discriminante dans divers travaux345. Pour K.G. SHAVER et
L.R. SCOTT (1991, p. 31), il est peut être la seule variable psychologique dont
l'association avec la création d'entreprise est convaincante.346
Cependant, P. DAVIDSSON (1995) signale que le besoin d’accomplissement est certes
le concept psychologique le plus utilisé dans les recherches entrepreneuriales, mais aussi le
plus critiqué. E.G. DE PILLIS (1998) signale que les résultats des recherches sur la
corrélation entre l'entrepreneuriat et le besoin d'accomplissement sont mitigés, voire
341
"It (le besoin d'accomplissement) is the fantasies of the person, his thoughts and associations, which give
us his real "inner concerns" at the time he is working" .
342
"… These all represent different aspects of a complete achievement sequence - defining the problem,
wanting to solve it, thinking of means of solving it, thinking of difficulties that get in the way of solving it
(either in one's self or in the environment). Thinking of people who might help in solving it, and anticipating
what would happen if one succeed or failed".
343
"Opportunity is part of the story, of course. It does arouse people to act, but it arouses precisely those
who have some need for achievement already…Opportunity challenges those who are achievement-
oriented".
344
"In the entrepreneurial context, Need for achievement (Nach) motivation has been demonstrated to be a
driving force in the start-up process".
345
Nous citons, entre autre, E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), O.C. BRENNER et alii (1991, op.cit., p. 66),
W.D. BYGRAVE (1989a, op.cit. ; 1989b, op.cit ; 1990), W.G. DYER (1994, p. 9, op.cit.), J.A. KATZ
(1992), L. KOLVEREID (1996, op.cit., p. 29 ; 1997, p. 51), J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, op.cit.),
H.H STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, op.cit., p. 18) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999
op.cit.).
346
"Remarkably, although that quest is now thought quixotic, achievement motivation remains perhaps the
only personological whose association with new venture creation appears convincing".
190
contradictoires ; une étude comparative menée sur des étudiants Irlandais et Américains
montre que le lien ainsi analysé est loin d’être clairement établi et qu'il peut être expliqué
par des différences culturelles347.
Nous retenons le besoin d'accomplissement comme motivation distinctive qui peut
agir sur l'intention entrepreneuriale, car les étudiants sont en fin d'études, donc en phase de
décider de leur choix de carrière. Cette motivation est sans doute une voie de réalisation de
soi dans la vie professionnelle. La première hypothèse relative aux motivations qui
influencent l’intention entrepreneuriale s'énonce comme suit :
La deuxième variable, qui nous semble comme une motivation différenciant des
étudiants qui peuvent formuler une intention entrepreneuriale, est la recherche de
l'autonomie. Celle-ci est synonyme d’être son propre chef, d’être indépendant et de
travailler selon son propre désir. Selon P. DAVIDSSON (1995), la recherche de
l’autonomie est l’un des facteurs les plus fréquemment révélés dans les motivations menant
à la création d’entreprise. Nous la retrouvons comme facteur déterminant dans plusieurs de
travaux348. La deuxième hypothèse relative aux motivations qui influencent l'intention
entrepreneuriale peut donc être formulée comme suit :
347
"Research on entrepreneurship and achievement motivation has yielded uneven results… Some studies
show that measures of need for achievement correlate strongly with entrepreneurial behavior. On other
research, however, these measures do not appear to be related to entrepreneurial behavior… Studies
performed in the United States seem to show a positive relationship between entrepreneuring and need for
achievement. Research from the United Kingdom and Ireland, on the other hand, finds little or no connection
between need for achievement and business venturing… The debate on nAch is far from settled … Cultural
differences may be responsible for some of the inconsistencies in findings on nAch".
348
Nous faisons référence essentiellement à J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, op.cit.), E.
AUTIO et alii (1997, op.cit.), O.C. BRENNER et alii (1991, op.cit.), E.J. DOUGLAS (1999, op.cit.), P.B.
DUFFY et H.H. STEVENSON (1984, op.cit.), W.B. GARTNER (1990, op.cit.), J.A. KATZ (1992, op.cit.),
L. KOLVEREID (1996, op.cit. ; 1997, op.cit.), N.F. KRUEGER (2000, op.cit.), J.-P. SABOURIN et Y.
GASSE (1989, op.cit.), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit.) et J. VESALAINEN et T.
PIHKALA (1999, op.cit.).
191
6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la
disparition de l’entreprise
Il ne peut y avoir d'entrepreneur qui ne veuille ou qui ne soit obligé de prendre des
risques. Quelle que soit l'époque envisagée dans le capitalisme, quelles que soient les
figures d'entrepreneur dominant chaque époque, nous avons montré au deuxième
chapitre que le risque (combiné avec l'innovation et la direction) ressort comme une
dimension distinguant à chaque fois l'entrepreneur350. R.H. BROCKHAUS (1982, p. 47)
divise le risque entrepreneurial en trois composantes :
1. la propension à la prise de risque en général (qu'il définit comme la probabilité perçue
par l'individu de recevoir les récompenses de sa future entreprise) ;
2. la probabilité perçue de l'échec ;
3. les conséquences perçues de l'échec351.
Ainsi à partir de cette troisième dimension, nous "jumelons" donc la propension à
la prise de risque avec les perceptions qu’ont les étudiants des conséquences de la
disparition de l’entreprise qu’ils seraient amenés à créer. Ces perceptions peuvent
349
Cf. supra., p. 86-87, "2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la
recherche".
350
Cf. supra., p. 80-86, "2.2. En synthèse de cette odyssée".
351
"… Moreover, entrepreneurial risk can be divided into three components : the general risk taking
propensity of potential entrepreneur, the perceived probability of failure for specific venture, and the
perceived consequences of failure".
192
prendre la forme d’un échec352, et par là même diminuer peut être la propension au
risque.
Du temps de A. SMITH (1991, p. 429) [1776], la banqueroute était fortement
humiliante. C'est pourquoi les hommes prenaient bien soin de l'éviter. Aujourd'hui encore,
l’échec d’une entreprise signifie une incapacité à honorer ses engagements. Dans bon
nombre de pays, l'échec est considéré comme une défaillance personnelle, sévèrement
sanctionnée matériellement et juridiquement. En France et en Grande-Bretagne, la faillite
est souvent assimilée à un échec personnel et social (E.G. DE PILLIS, 1998353 ; P.
ALBERT, 1997, p. 32 ; J. BERANGER et alii, 1998, p. 18). Les perceptions sociales
constituent souvent une sanction morale de l’échec. Celui-ci peut avoir un coût
psychologique et social élevé, qui découragerait selon toute vraisemblance, la prise de
risque.
Aux Etats-Unis en revanche, note E.G. DE PILLIS (1998), l’échec entrepreneurial est
généralement considéré comme le résultat justifié d’une opération qui valait la peine d’être
tentée par celui qui incarne le choix et la liberté354. Une faillite n’est nullement jugée
dégradante et la responsabilité n’en est pas automatiquement imputée au failli. L’échec
devrait témoigner d'une évolution sous-jacente, d'une expérience enrichissante, et par là
même, d'une nouvelle opportunité à saisir. "Un échec vécu comme un processus
d'apprentissage", souligne à juste raison C. BRUYAT (1993, p. 296), "peut être, pour
certains, porteur de réussites ultérieures". Dans le processus complexe de la création
d'entreprise, le résultat de l'action devrait être moins important que l'action elle même.
L'échec en sera alors plus toléré.
352
Les chercheurs en entrepreneuriat traduisent souvent les notions d'échec ou de réussite par la survie
ou les performances de l'entreprise créée. Implicitement, il est supposé que la satisfaction de l'entrepreneur
est plus forte quand cette dernière réussit et se développe. Si ce point de vue est légitime dans les approches
économiques pour lesquelles seul le résultat du processus compte, les chercheurs du domaine de
l’entrepreneuriat ne peuvent ignorer le point de vue de l'acteur, comme l’indiquent C. BRUYAT (1993,
op.cit, p. 92), L.-J. FILION (1997, op.cit, p. 153-154) et B. SAPORTA (1994, p. 79).
353
"Fear of failure plays a large role in British attitudes toward business venturing… In sum, neither Ireland
nor England appears to offer a hospitable climate toward entrepreneurship. Entrepreneurial venturing is not
a prestigious or popular pursuit, neither financially nor socially rewarding… An unsuccessful endeavor may
reap ridicule… Ireland is an island country with a relatively small population, and word of failure spreads
quickly".
354
"Americans admire entrepreneurs for the individual expression and freedom of choice that they embody…
Entrepreneurship, or any activity with uncertain outcome, carries with it the real possibility of failure.
Americans accept this ; for them, initial setbacks may only make the final victory sweeter… In the United
States, by contrast, failure is understood to be part of an ambitious undertaking ".
193
Les étudiants peuvent alors, à l’opposé de l’échec, percevoir les conséquences de la
disparition de l’entreprise comme un enrichissement profitable pour une autre
aventure entrepreneuriale, ou pour la suite de leurs carrières professionnelles. De ce
fait, la propension au risque serait éventuellement renforcée. Nous cernons donc
l’hypothèse correspondant à la propension au risque dans les termes suivants :
L'approche processuelle nous oblige à chercher l’origine des normes subjectives dans
les histoires individuelles des étudiants. Ceci nous amène à nous interroger sur l'existence
d'événements, passés ou présents, qui peuvent nous éclairer sur leurs intentions de devenir
entrepreneurs.
D'après K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 44 et 239), "La perception sociale est
également influencée par le contexte dans lequel on observe les actions d'autrui". Les
individus cherchent à se conformer aux comportements de ceux considérés comme
modèles, "Ceux qui sont déjà engagés malgré l'ambiguïté de la situation". Comme nous
l'avons exposé au chapitre troisième355, la connaissance de modèles d'entrepreneur au
sein de la famille, de l’entourage proche ou lointain, peut inciter les individus à vouloir
prendre exemple en imitant les actes et comportements de ces modèles ; plusieurs auteurs
l’attestent356.
Dans une recherche comparative sur les types de recrutement du patronat pendant la
révolution industrielle, il apparaît clairement à H. KAELBLE (1979, p. 15) que les
entrepreneurs Allemands, Britanniques et Américains étaient issus pour plus de la moitié
355
Cf. supra., p. 105-108, "3.1.3. Les mobiles socioculturels".
356
Nous citons notamment J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, op.cit.), N.G. BOYD et G.S.
VOZIKIS (1994, op.cit.), R.H. BROCKHAUS (1982, op.cit., p. 52), W.D. BYGRAVE (1989a, op.cit. ;
1989b, op.cit.), J.M. CRANT (1996, op.cit., p. 44), P. DAVIDSSON (1995, op.cit.), W.G. DYER (1994,
op.cit., p. 9), N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit.), N.F. KRUEGER et alii (2000, op.cit.),
W.B. GARTNER (1990, op.cit.), J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, op.cit.), M.G. SCOTT et D.F.
TWOMEY (1988, op.cit., p. 7), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit., p. 271) et T. VOLERY et
alii (1997, op.cit., p. 281).
194
de familles d'affaires. C'est alors, dit-il, le seul groupe de cette importance dont les
membres possèdent une origine sociale commune. "L'accession à l'élite des affaires suit
sensiblement les mêmes voies pendant la révolution industrielle et pendant la seconde
industrialisation". R. TORSTENDAHL (1979) est arrivé aux mêmes conclusions en Suède
où plus de la moitié des chefs d'entreprises avaient un père, beau-père, frère ou oncle qui
étaient leurs prédécesseurs ou propriétaires de leurs propres affaires. L'accès à la voie
entrepreneuriale et patronale, au XIXème siècle, n'était pas étranger à la famille.
Dans un temps plus récent, A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 77) remarquent que
plus de la moitié des créateurs d'entreprise américains ont un parent ou un autre membre de
la famille dans les affaires357. M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 16 et
19) font le même constat dans une étude portant sur un échantillon de créateurs canadiens.
L’étude de R. RAIJMAN (2001, p. 398) a révélé aussi que plus de la moitié des immigrés
mexicains de "Little Village" (Etats-Unis) ayant formulé l’intention d’entreprendre,
possèdent un parent ou un membre de famille qui sont chefs ou créateurs d’entreprise.
En France, A. LETOWSKI et F. PEIGNE (1992, p. 3) relèvent que dans deux tiers des
cas, le créateur a au moins un proche parent qui a fondé son entreprise. En 2000, une
enquête de l’APCE prouve que dans plus de la moitié des situations, le père du créateur
travaille lui-même pour son compte (APCE, 2000).
L'étude de R. ABDESSELAM et alii (1999, p. 5) montre que l’environnement
entrepreneurial du créateur-repreneur conditionne partiellement le passage à l’acte
d’entreprendre. En effet, plus de 40% des créateurs-repreneurs ont un membre de la famille
qui dirige une entreprise, un peu plus de 20% un ami qui dirige une entreprise et 10% les
deux. Selon ces auteurs, cette tendance est une caractéristique stable qu’ils retrouvent dans
plusieurs études faites à des époques et dans des cultures différentes.
357
"Fifty to 58 percent of company founders in the United States had parents who were company owners,
free professionals, independent artisans, farmers".
195
hypothèse 5 : la connaissance par les étudiants de modèles d'entrepreneur qu’ils
souhaiteraient imiter agit positivement sur leur intention entrepreneuriale.
D'après K.-G. GERGEN et alii (1992, p. 477), "La perception est un processus cognitif
actif". Cette définition nous a particulièrement intéressée car elle s’inscrit dans notre
acception de l’intention entrepreneuriale358. Selon nous, et replacée dans notre
problématique, les perceptions du contrôle comportemental impliquent les
perceptions de ses propres aptitudes entrepreneuriales359, des ressources et obstacles
de l’environnement qui peuvent favoriser ou entraver l’intention entrepreneuriale. Il
est question ici des perceptions de faisabilité du comportement auquel on aspire.
N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 94) affirment qu'en l'absence des
perceptions du contrôle comportemental, il ne peut y avoir de comportement. Selon eux,
les modèles hypothético-déductifs fondés sur ces perceptions sont un outil précieux pour
comprendre les intentions360. T. ERIKSON (1998) a montré que plus fortes sont les
perceptions du contrôle comportemental, meilleure sera l'intention entrepreneuriale361.
358
Cf. supra., p.57-59, "1.4.2.2. Un processus cognitif".
359
Cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales".
360
"To be blunt : no self-efficacy, no behavior… Formal theory driven models of intentions, anchored by
perceived self-efficacy, are invaluable to understanding toward planned, intentional behaviors like
entrepreneurship".
361
"… Consequently, in this study it is argued that the higher the belief in one's capability to start a new
business, that is, entrepreneurial self-efficacy, the stronger the entrepreneurial intentions".
362
Nous pensons notamment à E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), B.J. BIRD (1992, op.cit.), R.H.
BROCKHAUS (1982, op.cit., p. 50), W.D. BYGRAVE (1989a, op.cit. ; 1989b, op.cit.), L. HERRON et H.J.
SAPIENZA (1992, op.cit., p. 50), J.A. KATZ (1992, op.cit.), N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993,
op.cit.), W.G. DYER (1994, op.cit., p. 9), D.M. RAY (1993, op.cit.), J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989,
op.cit.), et H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, op.cit., p. 21).
196
perceptions de la facilité (ou la difficulté !) d'accès aux ressources du milieu (informations,
conseils et finances). En effet, pour M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977), le
comportement de l'acteur ne peut se comprendre et s'expliquer que dans un contexte donné,
avec ses propres ressources et contraintes. Le contexte influence les "perceptions" dans la
construction des "logiques d'acteurs". Celles-ci établissent la manière avec laquelle les
individus choisissent leurs stratégies en fonction de la perception qu'ils ont des ressources
et des contraintes qui pèsent sur eux. En effet, confirment-ils, ce sont les perceptions qui
comptent.
Avant d’aller plus en profondeur dans les perceptions des aptitudes, que signifie le
concept d’"aptitudes entrepreneuriales" ? Dans une recherche où il cerne le débat sur les
aptitudes entrepeneuriales, il subsiste selon A. GIBB (1999, p. 2-3), un manque certain
dans la clarification du concept363. Ceci, poursuit-il, est le fait d’abondance et de confusion
dans les définitions. Il substitue aux aptitudes entrepeneuriales, le concept de capacités
entrepreneuriales. Celui-ci rend mieux compte de l’effet de l’environnement professionnel
et culturel364.
Cela étant, cette abondance et confusion ne doit pas nous empêcher de nous positionner
pour ancrer davantage notre démarche dans la modélisation de l’intention entrepreneuriale.
Pour notre part, nous entendons par "aptitudes entrepreneuriales" une triple
dimension. Conceptuelle tout d’abord, elle regroupe les connaissances et savoirs
théoriques que les étudiants acquièrent avec les enseignements magistraux et les
travaux dirigés. Il est question des enseignements de marketing, comptabilité, gestion
financière, droit… qui fournissent les matériaux indispensables pour mieux comprendre les
363
"Yet there remains a substantial lack of clarity as to what is meant by entrepreneurial skills".
364
Le concept d’aptitude renvoie, selon l’auteur, plus à l’individu, et occulte de ce fait l’environnement. Le
concept d’aptitude est défini comme le potentiel à se comporter d’une certaine façon. Les capacités
entrepreneuriales, quant à elles, sont associées à des aptitudes, connaissances et attitudes. Elles constituent
pour lui les conditions de base, nécessaires et suffisantes, pour la réalisation de comportements
entrepreneuriaux, que cela soit sur les plans individuel, organisationnel ou sociétal.
("Combining, therefore, the various contexts leads towards a proposed definition on entrepreneurial
capacities as :
those capacities that constitute the basic, necessary, and sufficient conditions for the pursuit of effective
entrepreneurial behaviour individually, organizationally and societally in an increasingly turbulent and
global environment").
197
diverses dimensions d'un projet. Instrumentale ensuite, elle représente les savoir-faire
et compétences que les étudiants intègrent avec des programmes et formations
spécialisés en entrepreneuriat. Il s’agit de formaliser des projets et éventuellement les
concrétiser. Il est question d’agréger la spécialisation et le découpage fonctionnel de la
composante conceptuelle. Dans une optique de vision globale, la transversalité mobilise
d’autres formes pédagogiques telles que les pédagogies par projets365. Expérientielle enfin,
elle prend la forme de savoir-être et comportements "entrepreneuriaux" qui sont le
produit de différentes expériences (professionnelles, associatives...).
Déclinées selon le triptyque que nous avons défini, les perceptions des aptitudes
entrepreneuriales sont mieux à même de renforcer les perceptions des étudiants sur la
faisabilité de leurs projets ou idées. Elles trouvent leurs sources dans les formations et
programmes en entrepreneuriat et en création d’entreprise et dans les expériences
professionnelles et associatives.
365
Cf. supra., p. 144-145, "4.5.1. Les approches d’enseignement : transversalité versus fonctionnalité".
366
"Here we have a possibility to observe the importance of perceptions on personal skills : just mere
favourable attitudes towards entrepreneurship are not enough, the person has to be capable to act
accordingly, otherwise the attitudes do not lead to entrepreneurial intentions. For an entrepreneurial career
choice, the person needs to see both that the choice brings him the rewards he values, and that the choice
would be feasible for him".
367
"Specifically, intention requires the individual's ability and willingness to sustain temporal tension, to
stretch between a vision of what could be and current conditions. Temporal tension bridges the interval
between the idea for a new business and the existence of some approximation of that business".
198
l'acquisition de connaissances nécessaires et du savoir liés à la concrétisation d'un projet
restent indispensables368. A ce titre, W.G. DYER (1994, p. 11) affirme que des
enseignements de spécialisation en entrepreneuriat sont susceptibles de nourrir la confiance
dont on a besoin pour passer à l'acte369. N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 326)
écrivent que les perceptions du contrôle comportemental incluent les aptitudes à
entreprendre, que l'on acquiert notamment par le biais d'une formation et des expériences
de travail antérieures370.
Au troisième chapitre, nous avons montré que les expériences professionnelles sont
des facteurs contingents qui peuvent renforcer, au sein du processus entrepreneurial
amont, l’intention et éventuellement conduire à l’acte de création371. Selon I. AJZEN
(1991, p. 202), les expériences passées de comportements similaires à un comportement
futur sont les meilleurs prédicteurs de celui-ci372. Souvent, les entreprises créées revêtent un
lien avec les expériences antérieures des individus (O.C. BRENNER et alii, 1991, p. 62 ; P.
DAVIDSSON, 1995).
368
"There are many examples of individuals who possess the appropriate personality and a meaningful idea
about a new venture, and who, because of their business background, may even possess the knowledge
required to initiate the venture".
369
"Specialized courses in entrepreneurship or training in how to start a business may give some people the
confidence they need to start their own companies".
370
"Proven antecedents of self-efficacy (and thus intentions behaviour) include actual "hands-on" mastery
(e.g., acquiring business skills) and vicarious learning (e.g., prior exposure to entrepreneurial activity)".
371
Cf. supra., p. 108-109, "3.2.1. L’expérience professionnelle", p. WW.
372
"Past behavior is the best predictor of future behavior".
199
L'étude de J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, p. 47-48) montre qu'il
existe une corrélation positive entre le désir de créer et le nombre d'entreprises fréquentées.
Aussi, plus les expériences en entreprise ont été convaincantes, plus les étudiants
expriment une intention de créer leur entreprise. Les résultats de l’enquête de M.
BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 19) indiquent que plus des deux tiers
des créateurs d'entreprise ont eu des expériences de travail en étant élèves.
E. AUTIO et alii (1997) ont construit leur modèle de l’intention entrepreneuriale en
intégrant les expériences passées de travail. M.G. SCOTT et D.F. TWOMEY (1988, p.
10)373, L. KOLVEREID (1997), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, p. 272)374 et T.
ERIKSON (1998)375 soutiennent que les expériences de travail affectent les intentions de
carrière.
Pour notre part, les dimensions qui nous importent dans les expériences de travail et de
stages sont la prise de responsabilité et de décisions importantes ainsi que la conduite ou la
participation à des projets dans des petites ou moyennes structures. Ces dimensions sont
mieux à même de consolider les aptitudes entrepreneuriales des étudiants. Les
responsabilités prises dans des activités associatives peuvent également être un terrain
d’acquisition d’aptitudes entrepreneuriales. Nous considérerons donc que :
hypothèse 6b : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités, la conduite ou la participation dans des projets et la prise individuelle
de décisions importantes lors d’expériences professionnelles (travail ou stage)
influencent positivement l’intention entrepreneuriale ;
hypothèse 6c : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale.
373
"Work experience is another crucial factor which helps shape career aspirations ".
374
"Prior entrepreneurial experience is another factor that may affect employment status choice intentions".
375
"The acquisition of skills through past achievements reinforces self-efficacy and contributes to higher
aspirations and future performance".
200
6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources
N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 93) affirment que les modèles
hypothético-déductifs élaborés sur l’intention entrepreneuriale ont apporté la preuve de
leur validité prédictive et expliquent mieux la formation de celle-ci378. Dans le même esprit,
N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 413 et 415) soutiennent que ces modèles sont compatibles
avec les principales conclusions de la plupart des travaux effectués dans le champ de
l'entrepreneuriat379.
376
"Perceived feasibility requires perceptions that obstacles are surmountable and that resources are
available".
377
Cf. supra., p. 111-121, "3.2.3. Les systèmes d'appui et d’accompagnement à la création d'entreprise".
378
"Formal, theory driven models of intentions have proven remarkably robust in predictive validity".
379
"These arguments (recherches antérieures) strongly support testing intentionality-driven models of
entrepreneurship".
201
Les modèles élaborés sur l'intention tiennent leur succès, d’après ces auteurs, du fait que
les comportements soient intentionnels380. Auparavant, N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993, p. 316) ont conclu pareillement381.
Grâce aux hypothèses que nous avons pu formuler, nous cherchons donc à expliquer
l'impact de facteurs liés aux attitudes associées au comportement, aux normes subjectives
et aux perceptions du contrôle comportemental sur l'intention d’entreprendre. Ces
hypothèses nous permettent de proposer le modèle de recherche (hypothético-déductif).
Inspiré du cadre des dimensions sociales de l'entrepreneuriat de A. SHAPERO et L.
SOKOL (1982) et fondé sur la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991), ce
modèle prend la forme suivante :
LES ATTITUDES Existence d’une idée ou d’un
ASSOCIEES AU projet plus ou moins formalisé
COMPORTEMENT
Recherche d’informations
Besoin d’accomplissement
Recherche d'autonomie
LES NORMES
SUBJECTIVES INTENTION
Propension à la prise de risque
ENTREPRENEURIALE
Connaissance de modèles
d'entrepreneur
Formations et programmes en
entrepreneuriat
Perceptions de la (non)
disponibilité des ressources :
informations et conseils
Ressources financières
Figure 15 - Modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale d’étudiants de gestion de
troisième cycle suivant des programmes ou des formations en entrepreneuriat
380
"Although it is possible that some will argue otherwise, it seems evident that much of what we consider
"entrepreneurial" activity is intentionally planned behavior".
381
"Intentions-based models derive their success from two sources. First, planned behaviour is intentional.
These models are thus congruent with what we already know about human cognition…".
202
Nous considérons ce modèle comme instable, non-séquentiel et répondant à des
situations hétérogènes. Instable, car on ne peut reposer, comme nous l’avons signalé
précédemment382, sur la stabilité temporelle de l'intention et de ses variables constitutives.
Le processus de création d’entreprise est dynamique, compliqué et complexe. W.D.
BYGRAVE (1989a, p. 13) ne se réserve pas de généraliser que les modèles en
entrepreneuriat sont fragiles et leurs paramètres sont en continuel changement383.
Non-séquentiel, car les facteurs qui affectent l’intention entrepreneuriale ne sont pas
chronologiques et successifs. Enfin répondant à des situations hétérogènes, car il fait
émerger des variables pertinentes qui englobent des contextes et des histoires personnelles
différents.
Conclusion du chapitre 6
382
Cf. supra., p. 59-61, "1.4.2.3. Le décalage entre les logiques d'intention et d'action dans le processus de
création d'entreprise".
383
"Entrepreneurship models are fragile and parameters are always changing".
384
Notamment les travaux de E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), P. DAVIDSSON (1995, op.cit.), T. ERIKSON
(1998, op.cit.), E.-M. HERNANDEZ (1995 op.cit. ; 1999, op.cit.), N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL
(1994, op.cit.), N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit.), L. KOLVEREID (1997, op.cit.), N.F.
KRUEGER et alii (2000, op.cit.), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit.) et J. VESALAINEN et
T. PIHKALA (1999, op.cit.).
203
subjectives et les perceptions du contrôle comportemental) pour décrire et expliquer
l'intention entrepreneuriale. Celle-ci est le résultat d'un processus cognitif dicté par
l’influence de plusieurs facteurs : l’existence d’une idée ou d’un projet d’affaire ; la
recherche d’informations en vue de formaliser cette idée ou ce projet ; des motivations à
entreprendre (besoin d’accomplissement et la recherche de l’autonomie) ; un trait
psychologique (la propension à la prise de risque) ; la connaissance de modèles
d’entrepreneur ; les perceptions des aptitudes entrepreneuriales qui naissent avec le suivi
de programmes ou formations en entrepreneuriat ; des aptitudes entrepreneuriales acquises
par le biais d’expériences professionnelles et associatives ; les perceptions de disponibilité
des informations, conseils ainsi que des ressources financières.
Le modèle que nous proposons élabore des hypothèses qui nous assurent la
transition d'une question à un projet de recherche cohérent. Novateur par son unicité
"française", il est susceptible d'enrichir les travaux anglo-saxons sur l’intention
entrepreneuriale. Il sera soumis à validation à travers deux enquêtes quantitatives
(comparatives) et des tests statistiques qui feront l'objet de la troisième partie de cette
thèse. Mais auparavant, la rigueur scientifique exige d’opérationnaliser nos variables
explicatives et à expliquer en les traduisant par des items "mesurables". Pour ce faire, une
investigation documentaire combinée à des réflexions personnelles sera renforcée par des
consultations d’experts en entrepreneuriat. Celle-ci constitue la première étape de notre
approche empirique.
385
"Intentions-based models of entrepreneurial activity are compatible with existing research results and
open new approaches to studying venture initiation… The versatility and robustness of intentions-based
models should hearten proponents of process models of entrepreneurship and should encourage further
process-based research".
386
"Intention based models appear most promising for research and for teaching and practice".
204
PARTIE III - METHODOLOGIE EMPIRIQUE, RESULTATS
ET ANALYSES
205
INTRODUCTION
206
Chapitre 7 - La méthodologie empirique : une démarche hypothético-
déductive inscrite au sein de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)
La méthode de G.A. CHURCHILL (1979) se prête bien à notre recherche car nous
étudions un phénomène non directement observable (l'intention entrepreneuriale), pour
lequel il n’existe pas de travaux dans le contexte français. La génération de questions et
207
d’items concernant les attitudes, les normes subjectives et les perceptions d’étudiants
suivant des formations ou des programmes de spécialisation ou d’accompagnement en
entrepreneuriat et en création d’entreprise s’en trouve facilitée.
208
Définition des principaux construits
Traduction des questions de recherche en variables
mesurables
Validité de contenu
Epuration
Questionnaire Suppression, modification et génération d’items
5 moutures avant Enquête qualitative auprès de 9 chercheurs et 3
la version professionnels experts en entrepreneuriat
définitive
Recueil de données
Enquêtes auto-administrées auprès de 178 étudiants suivant
des programmes ou des formations en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise (5 DESS IAE et 6 écoles de
management et gestion) et de 176 étudiants dans 5 DESS
CAAE
209
L’objet de ce chapitre est d’expliciter concrètement les stratégies opératoires. Avant
d’aller plus finement dans le protocole empirique, nous devons justifier et légitimer le
choix de la démarche hypothético-déductive jumelée avec une logique quantitative. Nous
présentons la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) et les aménagements opérés dans le
cadre de notre travail. Nous distinguons les phases exploratoire et de validation. Pour des
raisons didactiques, nous exposons d’abord les sections relatives à l’enquête qualitative et
aux tests du projet de questionnaire, avant de développer la construction du questionnaire
lui-même387. Nous souhaitons montrer les diverses modifications (génération, modification
et suppression d’items) qu’a connues celui-ci suite aux consultations d’experts et au double
test.
Notre objectif dans ce chapitre est par ailleurs de rendre compte de la méthode
d’échantillonnage adoptée. Celle-ci est accompagnée de la composition de notre
échantillon de référence. Notre perspective comparative nous amène à rechercher une
homogénéité dans la constitution d’un échantillon témoin. Nous analysons l’optimalité des
échantillons qui interroge les chercheurs en sciences sociales. Nous terminons ce chapitre
en évoquant le mode de collecte des observations.
Le clivage traditionnel dans les sciences de gestion distingue les approches quantitative
et qualitative, et les logiques déductive et inductive388. La déduction est l’expression
courante du positivisme. Elle implique de partir d’une(de) question(s) "précise(s)". Après
avoir défini les concepts de façon rigoureuse et traduit les analyses théoriques en
hypothèses "testables", le chercheur conçoit alors, à partir d’un échantillon représentatif,
une enquête empirique pour confirmer ou infirmer la validité de ces dernières.
387
Pour l’analyse comparative, nous avons élaboré deux projets de questionnaire. Le premier concerne des
étudiants ayant suivi des formations ou programmes en entrepreneuriat ou création d’entreprise ; le second
s’adresse à des étudiants en DESS CAAE. Ces deux questionnaires sont quasiment identiques (à deux
différences près que nous exposons dans les sections "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial" et "7.5.3. La fiche
signalétique"). Ainsi, dans la suite de ce chapitre, nous utilisons les termes "projets de questionnaire" et
"questionnaire" au singulier.
388
La logique inductive consiste à enquêter sur un fragment de réalité sociale aux caractéristiques a priori peu
connues.
210
La démarche hypothético-déductive, combinée à une approche quantitative, cherche à
déterminer si les variables explicatives possèdent bien les propriétés et les relations
anticipées par le modèle. L’objectif principal de la recherche est de décrire l’intention
entrepreneuriale en vue de lui donner un caractère explicatif et prédictif. Trois raisons
majeures expliquent donc le choix de cette démarche.
La première tient à l’abondance de travaux sur les facteurs et les influences menant
les individus à la création d’entreprise, sans pour autant qu’ils soient "connectés"
directement à l’intention entrepreneuriale389.
La seconde raison trouve son argument dans l’existence de travaux anglo-saxons et
scandinaves sur l’intention entrepreneuriale. Celle-ci a été mesurée empiriquement
par des questionnaires fermés, sous forme dichotomique et à échelles390. En tenant
compte des différences culturelles et en prenant les précautions spécifiques au contexte
français, ces travaux peuvent être "transposables" dans celui-ci.
La dernière raison s’explique par la théorie du comportement planifié de I. AJZEN
(1991) qui stipule que l’influence des attitudes et des perceptions sur l’intention est
mieux perçue grâce à la formulation préalable d’un système d’hypothèses. Celles-ci
doivent être testées à travers de larges et pertinents échantillons.
389
Nous voulons dire par là que ces travaux ne distinguent pas les phases amont du processus
entrepreneurial. On expose des approches et résultats sur les processus menant à la création d’entreprise, sans
pour autant que ceux-ci soient liés à l’une des phases amont que nous avons présentées en figure 9 dans le
premier (Cf. supra., p. 47-50, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus
entrepreneurial)".
390
Parmi les travaux ayant opérationnalisé l’intention entrepreneuriale et ses variables explicatives, nous
citerons E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), T.M. BEGLEY et alii (1997, op.cit.), J.M. CRANT (1996, op.cit.),
P. DAVIDSSON (1995, op.cit.), A.F. DE NOBLE et alii (1999, op.cit.), E.J. DOUGLAS (1999, op.cit.), T.
ERIKSON (1998, op.cit.), L. KOLVEREID (1996, op.cit. ; 1997, op.cit.), N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993, op.cit.), N.F. KRUEGER et alii (2000, op.cit.), R. RAIJMAN (2001, op.cit.), A.
TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit.) et T. VOLERY et alii (1997, op.cit.).
211
7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)
Cette méthode peut être considérée comme une définition d'échelles multiples en
plusieurs étapes. Elle constitue "une démarche méthodologique qui s'applique seulement
au processus de création et de développement des échelles d'attitudes multiples ou multi-
items… Cette méthode consiste à élaborer des échelles où plusieurs énoncés mesurent un
seul indicateur" (J. IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 113, 114)391.
Cette méthode, présentée ci-dessous, propose un cadre de travail et une démarche qui
permettent d’élaborer avec rigueur des instruments de mesure de type questionnaire à
échelles multi-items. N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 425) affirment que l'utilisation de
ces dernières pour mesurer les construits d'un modèle "intentionnel" réduit les erreurs de
mesure392.
391
La méthode de G.A. CHURCHILL (1979) s'inscrit dans le modèle de la vraie valeur, "connu aussi sous le
nom de la théorie de l’erreur de mesure (Roehrich, 1993)", qui vise à tester la qualité des instruments tels
que les échelles d'attitudes. Cette théorie est formalisée comme suit : "mesure obtenue = vraie valeur +
erreur systématique + erreur aléatoire". Elle repose sur l'hypothèse qui veut que si un questionnaire respecte
les critères de validité convergente et de validité discriminante, l'erreur systématique et l'erreur aléatoire
seront alors peu importantes.
La phase exploratoire de la méthode tente de réduire l'erreur aléatoire, "c’est-à-dire l’exposition de
l’instrument aux "aléas tels que les circonstances, l’humeur des personnes interrogées… Elle a donc pour
objectif de limiter les réponses aléatoires ne correspondant pas à la véritable position de la personne
interrogée" (Y. EVRARD et alii, 1997, op.cit, p. 288). La phase de validation tente de réduire non seulement
l'erreur aléatoire, mais aussi l'erreur systématique, liée à la conception des échelles.
392
"It would equally valuable if future studies would employ multiple-item measures of key construct to
reduce measurement error. Although research into intentions and self-efficacy has often used multi-item
measures, multiple items would increase confidence of researchers at little cost".
212
1 Recommended Coefficients or Techniques
Specify domain of construct
Literature search
2
4
Coefficient alpha
Purify measure Factor analysis
Collect data
8
Average and other statistics
Develop norms summarizing distribution of scores
Précisons d'emblée que cette méthode n’est pas un cadre méthodologique rigide et
séquentiel. Elle tolère des aménagements en s'adaptant au contexte et aux objectifs de la
recherche. Alors que G.A. CHURCHILL (1979) préconise une double collecte de données
(les étapes 3 et 5), nous n’en avons opéré qu’une seule, sur laquelle nous avons réalisé
l’ensemble de nos analyses393.
393
La première collecte sert à un premier niveau d’analyse de dimensionnalité et de fiabilité (identification de
structures factorielles). La deuxième permet d’administrer le même questionnaire mais purifier de ces items
inadaptés. Les conséquences prévisibles pour notre recherche seraient d’opérer des analyses sur des variables
dont la fiabilité et les validités convergente et discriminante ne sont pas stables.
213
Les propos suivants décrivent la méthode de G. A. CHURCHILL (1979) en insistant sur
son adaptation à notre cadre de recherche. Elle se subdivise en deux grandes phases :
exploratoire et de validation. A chacune des étapes de cette dernière, il est possible d'opérer
des itérations avec la phase exploratoire pour modifier tout ou une partie du questionnaire.
Cette phase est importante car de la définition et de la traduction des concepts en items
dépendra en partie la qualité de la mesure. La phase exploratoire se décompose en quatre
étapes : la spécification du domaine du construit, la génération d’un échantillon d’items, la
collecte des données et la purification de l’instrument de mesure.
Il convient par ailleurs, poursuit G.A. CHURCHILL (1979), de présenter les courants
théoriques qui ont étudié le problème, de s'inscrire dans l'un d'eux en justifiant son choix.
Ensuite, il doit confirmer les premières idées sur les caractéristiques du phénomène étudié
à travers l'analyse de cas précis. Cette dernière permet alors une meilleure compréhension
du phénomène étudié et aide à l'élaboration des items395.
La revue de la littérature et les réflexions personnelles que nous avons menées
répondent à cette première étape. Nous avons défini tous nos concepts en empruntant à des
394
Le terme "construit" est utilisé, selon Y. EVRARD et alii (1997, op.cit, p. 304), du fait que l'on considère
les mesures comme des constructions élaborées sur la base des concepts qui conditionnent notre
représentation du sujet étudié.
395
Les consultations d’experts que nous avons menées répondent à cette exigence. .
214
auteurs ou en proposant nos propres acceptions396 ; nous avons argumenté notre cadre
théorique et justifié le rejet des autres théories qui étaient susceptibles de nous servir de
bases397.
L'objectif ici est d'élaborer un projet de questionnaire. Tout d’abord, le chercheur puise
dans la littérature afin d'identifier toutes les échelles qui ont été élaborées et qui peuvent
être adaptées à ses construits. Il est souvent appelé à construire ses propres échelles, surtout
pour des sujets à caractère exploratoire.
Ensuite, la finalité de cette étape est de tester "la validité de contenu"398 pour améliorer
la construction des échelles, c'est-à-dire s'assurer que les items élaborés dans le projet de
questionnaire pour mesurer le problème étudié appréhendent bien ses différents aspects (J.
IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 104). La validation du contenu implique, dans notre
cas, comme le recommande G.A. CHURCHILL (1979), de soumettre le projet de
questionnaire à des experts directement impliqués dans des problématiques
entrepreneuriales en général, et l’enseignement de l’entrepreneuriat en particulier. Nous
avons mené des entretiens avec des universitaires et des professionnels399.
396
Cf. supra., p. 178-201, "6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de l'intention
entrepreneuriale et hypothèses de recherche".
397
Cf. supra., p. 159-171, "5.1. Le cadre théorique de la recherche".
398
C'est la "validité de consensus" de Y. EVRARD et alii (1997, op.cit, p. 294).
399
Cf. infra, p. 218-219, "7.3. L’enquête qualitative : les consultations d’experts".
215
comprendre 5 à 10 fois plus d'individus qu'il n'y a d'items introduits dans une même ACP.
L’auteur note qu’il est préférable de choisir l’ACP contenant le plus grand nombre d’items.
Cette ultime étape de la phase exploratoire se propose de purifier les échelles de mesure
de façon quantitative au cours d'un processus par itérations. Dans une première itération
où le chercheur teste la fiabilité et opère des analyses factorielles, les items qui nuisent
à la cohérence interne des échelles, c'est-à-dire à l'identification d'une structure factorielle
claire, sont éliminés ou modifiés. La modification d'un énoncé est nécessaire lorsque l'item
nuit faiblement à la cohérence interne et qu'il procure une information importante.
Dans une deuxième itération où il aura supprimé les items inadaptés, le chercheur
soumettra à nouveau les données recueillies au test de fiabilité, notamment à l'alpha de
Cronbach et aux analyses factorielles.
Une fois terminée la purification des instruments de mesure, une nouvelle version du
questionnaire est alors rédigée si besoin est. Celle-ci est soumise à une deuxième collecte
de données ainsi qu’aux analyses statistiques de la phase de validation.
400
Pour des raisons de présentation, nous avons regroupé les étapes 6 et 7 de la méthode.
216
souhaitable de choisir un nouvel échantillon afin d'éviter différents biais tels que les effets
de maturité et de désirabilité sociale.
Comme nous l’avons déjà signalé, nous n’avons opéré qu’une seule collecte de
données sur laquelle a porté l’ensemble de nos analyses (les étapes 6 à 8 de la
méthode)401 ; les impératifs de temps ont rendu quasiment impossible une double
collecte402.
Lors de ces deux étapes, l'objectif principal consiste à tester la stabilité des validités
convergente et discriminante du questionnaire dans le temps et sur un autre échantillon. S'il
se révèle que des items nuisent à l'homogénéité403 et à la cohérence interne des échelles, le
chercheur doit envisager leur élimination définitive.
401
Cf. supra., p. 212-214, "7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)".
402
Pour réaliser un deuxième recueil de donnés, il fallait attendre l’entrée universitaire suivante, c’est-à-dire
2002-2003. Notre collecte comme, nous le verrons plus loin, s’est étalée de mars à juin 2002.
403
Ce concept est exposé au chapitre huit, cf. infra., p. 257-260, "8.2.L’homogénéité des échelles".
217
adéquates ont pour objet de confirmer ou d’infirmer les hypothèses. Le développement des
"normes" trouve un intérêt principal dans les comparaisons que l’on peut opérer avec des
études empiriques antérieures ou postérieures.
Si la présence (ou l'absence) de liens entre certaines variables de la recherche est
conforme aux résultats et prédictions issus des théories fondées sur les travaux antérieurs,
alors "la validité nomologique" (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 294), appelée aussi validité
externe, de tout ou partie des concepts développés sera établie.
Précisons que cette validité est fonction des conditions de la comparaison, laquelle
doit tenir compte des différences contextuelles et culturelles. En outre, il est nécessaire que
les modèles théoriques testés soient similaires et que les techniques utilisées pour obtenir
les résultats soient voisines. Ces difficultés propres à l’analyse comparative expliquent la
faiblesse de la validité externe de certaines études, les résultats ainsi obtenus n’étant pas
toujours identiques. Pire encore, il n’est pas rare de se retrouver en situation de
contradiction.
404
C’est le cas par exemple de T.M. BEGLEY et alii (1997, op.cit). Ils ont consulté des experts asiatiques
dans le domaine de l’entrepreneuriat pour générer des items sur les variables explicatives de l’intention
entrepreneuriale.
218
Concrètement, cette enquête que nous qualifions d’"épuration du questionnaire",
nous permettra d'améliorer la compréhensibilité et l’intelligibilité des items en modifiant
ceux qui sont mal adaptés. Elle doit aussi éliminer ceux qui ne sont pas pertinents et
générer des items que la littérature ou nos réflexions personnelles n'ont pas dévoilés.
Notre enquête qualitative se matérialise par des consultations d’experts directement
concernés par des thématiques entrepreneuriales, notamment l’enseignement de
l’entrepreneuriat. Leurs expériences et leurs connaissances de diverses problématiques
entrepreneuriales constituent un apport indéniable dans l’opérationnalisation de nos
hypothèses. Cette enquête revêt donc une importance de premier ordre dans notre
protocole empirique car elle consolide la rigueur scientifique de notre projet.
Nos consultations ont eu lieu en septembre 2001 et janvier 2002, c’est-à-dire avant et
après le premier test du projet de questionnaire. Nous avons contacté 13 universitaires et 4
professionnels, mais l’échantillon final se compose de 12 individus. En effet, 9
universitaires, professeurs, habilités à diriger des recherches et maîtres de conférence en
sciences de gestion, et 3 professionnels ont pris soin de nous répondre. Il est généralement
nécessaire, selon les recommandations de G.A. CHURCHILL (1979), de réunir des
échantillons de 10 à 30 personnes.
Nous avons joint pour chaque (groupe de) question(s) ou échelle(s) l’hypothèse
correspondante. Ainsi, les experts peuvent mieux apprécier l’opérationnalisation de cette
dernière selon sa formulation et son sens. Ces consultations ont été fructueuses tant au
niveau du contenu que des recommandations sur les précautions à prendre pour faciliter la
codification informatique préalable aux analyses statistiques. Cependant, cette enquête
n’a pas remis fondamentalement en cause les intitulés et les items de nos questions.
Notons enfin, dans le volet des consultations, qu’une collègue PRAG d’anglais, nous a
aidé dans la traduction des échelles anglo-saxonnes.
219
l’enquête. Il a pour objectif de vérifier la qualité et la pertinence d’un questionnaire. Cette
étape du protocole empirique a pour finalité d’assurer que les questions, telles
qu’elles sont formulées et conçues, sont bien comprises et assimilées par les étudiants,
destinataires finaux de notre enquête.
Le premier test du projet de questionnaire s’est déroulé en novembre 2001 auprès de 23
étudiants de deuxième année de l’ESC Lyon. Nous l’avons opéré en classe, à la fin d’un
cours. Nous avons demandé à chaque individu d’expliquer les raisons des choix de ses
réponses, et d’indiquer les questions qu'il avait mal comprises. Nous avons appréhendé la
manière dont les étudiants interprétaient ces dernières, et vérifié éventuellement celles qui
présentaient des ambiguïtés.
Ce premier test a révélé quelques mauvaises formulations et "incompréhensions". Après
avoir remédié à ces faiblesses en modifiant ou en éliminant certains énoncés, nous avons
élaboré une deuxième version de notre projet de questionnaire. Soumis à une seconde
consultations d’experts, nous l’avons testé à nouveau, à la fin d’un cours en février 2002,
auprès de 42 étudiants en Maîtrise IUP Management et Gestion de l’Université de Rouen.
Pour la taille des échantillons du test, nous répondons largement à un critère formulé
par Y. EVRARD et alii (1997, p. 245). Ces auteurs indiquent qu’elle doit être comprise
entre 12 et 30 individus.
220
7.5. Elaboration du questionnaire
405
Pour exemple, la première rubrique a pour objet d’opérationnaliser la variable explicative de l’hypothèse
6b.
406
Cf. infra, p. 415-421, "Annexe 2 : Questionnaire Ecoles de management et gestion et DESS
entrepreneuriat et création d’entreprise".
407
Ce questionnaire concerne les étudiants ayant suivi des programmes et formations de spécialisation ou
d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise. Notre démarche comparative nous amène à
élaborer un deuxième questionnaire pour des étudiants n’ayant pas suivi ce type d’enseignement (DESS
CAAE). Ce dernier, repris en annexe 3, comprend 36 questions Cf. infra, p. 422-428, "Annexe 3 :
Questionnaire DESS CAAE". Il présente deux différences avec le premier questionnaire (Cf. infra, p. 228-
230, "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial" et p. 239-240, "7.5.3. La fiche signalétique").
221
de 8) et non par question. Le motif est de ne pas afficher le nombre total des questions qui
pourrait éventuellement décourager les répondants.
L’importance du questionnaire en tant qu’instrument de mesure et la recherche
permanente de la rigueur méthodologique nous incitent à détailler, dans les
commentaires suivants, la construction de notre questionnaire rubrique par rubrique. Le
but est de permettre au lecteur d’apprécier sa fiabilité et ses limites. Nous faisons part,
dans ses grandes lignes, de l’épuration qui a résulté des consultations d’experts et du
double test. Avant de présenter les instruments de mesure et la fiche signalétique,
reprenons la rubrique présentant l’objet de notre enquête.
Nous présentons l’objet de l’enquête de façon "imprécise". Pour ne pas biaiser les
réponses et éviter tout effet de "désirabilité sociale", une pratique bien connue consiste à ne
pas informer les sujets sur les buts réels de l'étude à laquelle ils participent. Nous avons
simplement signalé son caractère académique et l’impact de la formation et des
expériences personnelles sur les projets professionnels des étudiants.
Nous nous sommes engagés à fournir les résultats de notre recherche. Dans le souci
de réduire les non-réponses, nous avons indiqué la durée approximative de l’enquête.
Ceci est fort souhaitable, indique M. GRAWITZ (1996, p. 502). Il en est de même pour
l’assurance de la confidentialité des réponses, celle-ci étant une règle déontologique
relevant de l'honnêteté intellectuelle. En outre, il semblerait que les sujets soient plus
rassurés. L’introduction à notre enquête est formulée de la façon suivante :
222
Cette enquête est réalisée dans le cadre d'une recherche doctorale. Elle vise à
comprendre l'impact de votre formation, ainsi que de vos expériences personnelles, sur
votre projet professionnel.
Nous vous tiendrons informés des résultats de cette étude par le biais de votre
association des étudiants ou du BDE. Le temps que vous consacrerez à ce questionnaire
n’excédera pas 20 minutes. Nous vous assurons que la confidentialité totale de vos
réponses sera préservée.
Les instruments de mesure traduisent nos hypothèses en variables, circonscrites par des
questions de différentes natures, en vue de les confirmer ou de les infirmer. Notre
démarche hypothético-déductive repose sur un ensemble de construits articulés au sein
d’un modèle qui reproduirait une interprétation valide de l'intention entrepreneuriale.
Il n’est pas rare, comme pour notre recherche, de se retrouver en présence de construits
non définis. En effet, note T.M. BEGLEY et alii (1997), parce que peu d’études ont été
conduites sur l’intention entrepreneuriale, qu’il existe peu de construits opérationnalisés408.
La génération des items a conjugué à la littérature nos réflexions personnelles et les apports
des experts. Le principe de base est que, derrière toute hypothèse, il y a une (des)
question(s) qui doit(doivent) l’éclairer avec concision.
Avant d’entamer la présentation des huit rubriques du questionnaire, nous devons faire
au préalable quatre remarques d’ensemble pour nous entourer d’un maximum de
précautions méthodologiques. La première tient à la (l’im)parité des échelles. Nous
n’avons pas trouvé de règle absolue dans la littérature. Nous avons exclu la réponse
médiane pour la totalité des échelles ; nous avons choisi un nombre de points pairs (quatre)
pour éliminer les sans opinions et les positions neutres. Nous voulons impliquer à chaque
fois l’interviewé dans ses perceptions, ses attitudes et ses (dés)accords409.
La deuxième remarque concerne l’intégration de l’item "Autre (merci de préciser)"
pour toutes les échelles et les questions multichotomiques à réponse unifiée ou à choix
multiples. Le but étant de pallier à un éventuel oubli d’une modalité de réponse.
408
"Since few studies have been conducted in this area, few measures exist for the constructs of interest".
409
Il en est de même pour P. DAVIDSSON (1995, op.cit.) dans le test de son modèle de l’intention
entrepreneuriale ("All attitudes were measured by four category agree-disagree statements").
223
La troisième remarque s’interroge sur le sens des modalités des échelles. Faut-il
l’alterner ou garder le même ? Là encore, la littérature, notamment M. GRAWITZ (1996),
M. GAUTHY-SINECHAL et M. VANDERCAMMEN (1998) et Y. EVRARD et alii
(1997), révèle des contradictions. Pour éviter l'effet de halo, certains auteurs préconisent
d’inverser les continuums des échelles, s’agissant des questions qui se suivent. L’intérêt est
d'éviter un alignement des réponses sur une même modalité. Les défenseurs de l’unicité du
sens des échelles évoquent le fait qu’il convient de ne pas "déstabiliser" le répondant. Nous
avons pris cette option. Les consultations d’experts nous ont conforté dans cette voie.
La dernière remarque regarde l'ordre de présentation des items dans les questions à
échelles, multichotomiques à réponse unifiée ou à choix multiples. Celui-ci pourrait
influencer les choix des réponses dans la mesure où les items placés au début pourront
avoir une plus forte fréquence d’apparition. Le double test n'a globalement pas montré de
biais induits par cet effet.
Accessoirement, nous avons formulé des questions (1.1 à 1.8.) pour circonscrire mieux
encore les expériences professionnelles. Nous voulons savoir leur nombre, la nature du
contrat de travail, l’effectif de l’entreprise, le secteur d’activité, la durée et le lieu de
ces expériences. Cette première rubrique contient les questions ci-après :
224
Si vous avez travaillé dans plusieurs entreprises, veuillez nous renseigner, pour les
questions 1.3. jusqu’à 1.9. sur l’expérience professionnelle qui vous semble la plus
significative en termes de prises de responsabilité et de décision, et d'implication dans
un ou une partie d'un projet.
1.8. Si vous avez répondu "Etranger" à la question 1.7., pour quelles raisons étiez-vous
parti ?
1.9. Dans le cadre de votre travail (cochez une case pour chacune des modalités
suivantes) :
1. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
hommes importante
2. Vous aviez des responsabilités sur un Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
budget importante
3. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
moyens matériels importante
4. Vous aviez à charge de mener ou Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
participer à un projet importante
5. Vous preniez des décisions importantes Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
seul importante
6. Autre (merci de préciser)
225
Les questions 1.7. et 1.8 nous ont été inspirées par le modèle de l’intention
entrepreneuriale de P. DAVIDSSON (1995). L’auteur pose l’hypothèse que les individus
qui voyagent sont plus enclins à créer leur entreprise410.
Deux aménagements majeurs ont été opérés suite aux consultations d’experts et au
double test. Nous avons ajouté le commentaire précédant la question 1.3. et transformé la
question 1.6 en numérique ouverte au lieu de codée.
2.2. Dans quel type de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ? (Vous pouvez
cocher plusieurs réponses selon le nombre de vos activités)
Association au sein de votre établissement (B.D.E, …) Syndicat
Association en dehors de votre établissement Parti politique
Conseil d'établissement (lycée, école, université,…)
Autre (merci de préciser) ………………………………………………………………..
2.3. Vous occupez (occupiez) le statut de ? (Vous pouvez cocher les deux réponses si vous
occupez (occupiez) les deux statuts)
Membre simple Responsable
2.4. Si vous occupez (occupiez) le statut de responsable, lequel ? (Vous pouvez cocher
plusieurs réponses selon vos différents statuts)
Président Vice-président Secrétaire Trésorier
Membre du bureau Membre du Conseil d'administration
Autre (merci de préciser) ………………………………………………………………
410
“… However, if experience with radical change increases the probability of founding one’s own firm, then
native Swedes who have lived in several different places should be more prone to found businesses than those
who have stayed in the same place their entire life”.
226
L’avis d’un expert nous a permis de transformer la question 2.4., qui était ouverte, en
multichotomique à choix multiples.
411
"People look up to those who run own firms".
412
"To follow the example of a person I admire".
227
3.3. Qui sont-ils ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre
d’entrepreneurs)
Parents Frères ou sœurs Autres membres de la famille
Amis Autre (merci de préciser) …………………. ……………………………..
3.7. Dans quels types de médias les avez-vous connus ? (Vous pouvez cocher plusieurs
réponses)
Le(s)quel(s) ?
1. Ecrits nationaux
2. Ecrits étrangers
3. Chaînes radios nationales
4. Chaînes radios étrangères
5. Chaînes télévisées nationales
6. Chaînes télévisées étrangères
Les consultations d’experts nous ont conduit à intégrer la question 3.7. Les tests nous
ont révélé qu’il fallait préciser les termes de la question 3.4. Nous avons ainsi reformulé "Y
a-t-il des entrepreneurs en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ?" en "Y
a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise,
créateurs d'entreprise) en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ?".
228
et formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat ou création
d’entreprise413. Nous les avons à cet effet interrogé de la façon suivante :
4. Le cursus entrepreneurial
4.1. Avez-vous suivi des enseignements obligatoires en entrepreneuriat ou en
création d'entreprise ?
Oui
Lesquels ?…………………………………………………………………………….………
……………………………………………………………………………………………….
Non
4.2. Avez-vous suivi des enseignements optionnels en entrepreneuriat ou en
création d'entreprise ?
Oui
Lesquels ?…………………………………………………………………………….………
……………………………………………………………………………………………….
Non
Si vous avez répondu par Non aux questions 4.1. et 4.2., veuillez aller directement à la
question 5.1.. Si vous avez répondu par Oui à la questions 4.1. et/ou à la question 4.2,
veuillez répondre à la question 4.3.
L’ensemble des questions ci-dessus concerne uniquement les étudiants n’ayant pas
suivi des programmes et formations de spécialisation ou d’accompagnement en
entrepreneuriat ou création d’entreprise (DESS CAAE). Il constitue (avec une
modalité de réponse dans une thématique que nous présenterons plus loin) la
première des deux différences dans le contenu de nos deux questionnaires.
413
Cet échantillon se compose d’étudiants en DESS CAAE. Cf. infra., p. 244-245, "7.6.2. L’échantillon
témoin : la quête d’une homogénéité comparative".
414
"Perceived behavioral control was measured using the following six, 7-point rating scales : (1) "For me,
being self-employed would be (1 = very easy, 7 = very difficult)". (2) "If I wanted to, I could easily pursue a
career as self-employed (1 = strongly agree, 7 = strongly disagree)". (3) "As self-employed, how much
control would you have over the situation ? (1 = absolutely no control, 7 = complete control)". (4) "The
number of events outside my control which could prevent me from being self-employed are (1 = very few, 7 =
229
4.3. Les enseignements spécifiques à la création d'entreprise que vous avez suivis font que
(cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :
1. devenir créateur d'entreprise me serait Très difficile Difficile Facile Très facile
2. si je voulais, je pourrais facilement poursuivre Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
une carrière de créateur d'entreprise d'accord d'accord d'accord d'accord
3. comme créateur d'entreprise, j'aurais un Absolument Peu de Beaucoup Contrôle
contrôle de la situation aucun contrôle de contrôle total
4. le nombre d'événements qui ne seraient pas Très peu élevé Peu élevé Elevé Très élevé
sous mon contrôle, et qui pourraient
m'empêcher de devenir créateur d'entreprise est
5. si je deviens créateur d'entreprise, les chances Très fortes Fortes Faibles Très
de réussite de mon entreprise seront faibles
Suite aux résultats de consultations d’experts, nous avons éliminé l’item 6 "si je deviens
créateur d'entreprise, les chances d’échec de mon entreprise seront…"415 car il semble
redondant avec l’item 5.
Dans un second temps, cette rubrique se donne pour finalité de transcrire les questions
et les échelles (5.4. et 5.5) capables d’appréhender la variable de l’hypothèse 2 ("la
recherche d'informations dans le but de formaliser certains aspects de l'idée ou du projet
d'entreprise influence positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants"). Nous les
avons créées nous-même.
numerous)". (5) "If I become self-employed, the chances to success would be (1 = very low, 7 = very high)".
(6) "If I pursue a career as self-employed, the chances of failure would be (1 = very low, 7 = very high)".
415
"If I pursue a career as self-employed, the chances of failure would be".
230
La question 5.6. conduit les étudiants à nous renseigner sur quelques aspects de leurs
idées ou projets. Il s’agit de vérifier la véracité de ces derniers comme prolongement
logique à la question 5.1. La question 5.7. sert à appréhender l’échéance de
concrétisation des idées ou projets détenus par les étudiants. Le groupe de questions
qui renvoie aux attitudes entrepreneuriales est formulé de la façon suivante :
231
5.6. Pourriez-vous nous renseigner sur les aspects suivants de votre idée ou projet
d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
1. Avez-vous une idée de vos futurs clients ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
2. Avez-vous une idée de vos besoins financiers au Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
démarrage ? Précise précise précise précise
3. Avez-vous une idée de vos concurrents ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
4. Avez-vous une idée de vos besoins en ressources Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
humaines au démarrage ? Précise précise précise précise
5.7. Dans combien de temps pensez-vous concrétiser votre idée ou projet en créant votre
entreprise ?
Moins d’un an Entre 1 et moins de 3 ans
Entre 3 et 5 ans Plus de 5 ans
Cette sixième thématique a pour objet de traduire en échelle les facteurs explicatifs
de des hypothèses 3a ("le besoin d'accomplissement est une motivation qui influence
positivement l’intention entrepreneuriale des étudiants") et 3b ("la recherche de
l'autonomie est une motivation psychologique qui influence positivement l’intention
entrepreneuriale des étudiants").
"Pour appréhender la motivation", note D. DRILLON (1995, p. 26 et 45), "il faut viser
des informations profondes et complexes difficiles à exprimer et donc à saisir". Les
motivations sont une composante essentielle de notre modèle. Elles peuvent être perçues à
travers des facteurs capables de l'activer. Le premier d’entre eux que nous avons retenu est
le besoin d’accomplissement pour lequel il existe plusieurs échelles. R. J. BRADLEY
(1990, p. 41-43) note que huit échelles ont été développées pour mesurer le n Ach des
entrepreneurs. Ce nombre atteste de la différence dans la mesure du construit416.
416
"The number of different measures attests to the popularity of the study of the motive, but, more
importantly, to the variability of definition and disagreement about measurement … In the studies, reviewed
for this paper is a considerable variability in the "entrepreneurial" samples studied, different
232
Pour notre part, nous avons recensé les échelles de E. AUTIO et alii (1997, p. 147)417, de
P. DAVIDSSON (1995)418 et R. LYNN (1969, p. 529)419. Cette dernière, souvent utilisée en
GRH, s’applique aux choix et à la gestion des carrières ; elle est mal adaptée pour des
populations en cours d'études. Nous n’avons pas non plus retenu les deux premières car,
telles qu’elles sont formulées, elles ne paraissent pas répondre à des motivations de
concrétisation de projet. Celle de P. DAVIDSSON (1995) nous semble particulièrement
mal conçue car l’enquêté doit se référer à une "moyenne" (average) qu’il ne peut pas
toujours apprécier.
R.J. BRADLEY (1990, p. 47) relève que les échelles TAT (Thematic Apperception
Test) de D.C. Mc CLELLAND et EPPS (The Edwards Personal Preference Schedule) de
A.L. EDWARDS sont les plus utilisées pour mesurer le n Ach dans le champ de
l’entrepreneuriat420. Appliqué à une population d’entrepreneurs, le TAT de D.C. Mc
CLELLAND (1961, 207) montre que ceux possédant un "fort" besoin d'accomplissement
manifestent les caractéristiques suivantes :
1. la prise de risque comme une fonction de compétence ;
2. l'activité contribuant au dynamisme et/ou à l'originalité ;
3. la responsabilité individuelle ;
4. la connaissance des résultats des décisions, l'argent étant la mesure de ces résultats ;
5. l'anticipation du futur421.
233
Nous avons retenu parmi celles-ci la troisième (la responsabilité individuelle) et la
quatrième (la connaissance des résultats des décisions, l'argent étant la mesure de ces
résultats)422. Gagner plus d’argent est une motivation qui revient souvent comme facteur
amenant les individus à se vouloir entrepreneurs (L.-J. FILION, 1997 ; T. VOLERY et alii,
1997, p. 283).
Ainsi, nous avons construit notre propre échelle en conjuguant les deux caractéristiques
de D.C. Mc CLELLAND (1961) avec les motivations de vouloir aller au bout d’une idée
ou d’un projet, d’avoir du pouvoir423 et de relever un défi. Cette échelle renferme les 5
items suivants :
6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise
en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
234
qu’elles sont énoncées, elles ne contiennent pas des motivations de concrétisation de
projet.
6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise
en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
426
“Autonomy reflects the willingness of entrepreneurs to be independent… The desire to be one’s own boss
further reflects this autonomy”.
427
Cf. supra., p. 111-121, "3.2.3. Les systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise".
235
7.1. Dans quelle mesure les facteurs suivants feraient-ils obstacles à la mise en œuvre de
votre idée ou projet d’entreprise ? (cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
d'accord d'accord d'accord d'accord
1. La difficulté à obtenir un financement bancaire
2. La difficulté à attirer les capital-risqueurs
3. La difficulté à réunir des fonds de proximité (amis,
famille)
4. La difficulté à trouver les informations dont j’aurais
besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet
5. La difficulté à trouver les conseils dont j’aurais
besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet
6. Autre (merci de préciser)
Initialement, nous voulions que les interviewés classent ces 5 obstacles par ordre
croissant de difficulté pour la mise en œuvre de leurs projets. La question 7.1. s’énonçait
alors : "Classez par ordre d'importance les facteurs suivants selon la difficulté qu’ils
représenteraient pour la mise en œuvre de votre projet (notez 1 pour le plus important des
cinq, et 5 pour le moins important des cinq) ?". Le premier test auprès des étudiants de
l'ESC Lyon a montré les difficultés qu’il y a à classer ces 5 items. Nous avons éliminé le
classement par ordre d’importance.
428
Cf. supra., p. 53-59, "1.4.2. Le questionnement principal de la recherche : l'intention entrepreneuriale".
429
"I intend to start my own business firm within the next ten years" ; "I have no intention of starting my own
firm in the future (the latter was reverse scored)".
236
(1996, p. 45)430, P. DAVIDSSON (1995)431, A.F. DE NOBLE et alii (1999)432, L.
KOLVEREID (1997, p. 50-51)433 et R. RAIJMAN (2001, p. 401)434. Exceptée cette
dernière, celles-ci sont toutes des "variantes" de celle utilisée par I. AJZEN et M.
FISHBEIN (1980)435. L’échelle de ces deux auteurs a donc fait la preuve de sa
dimensionnalité et de sa fiabilité dans ces diverses études. Nous l’avons adoptée et traduite
de la manière suivante :
8.1. Dans les cinq prochaines années (Cochez une case pour chacune des modalités
suivantes)
1. la probabilité que vous créiez votre entreprise Très Faible Faible Forte Très forte
est
2. la probabilité que vous poursuiviez une Très Faible Faible Forte Très forte
carrière de salarié est
3. si vous devez choisir entre créer votre Certainement Plutôt Plutôt créer Certainement
entreprise et être salarié, vous préféreriez être salarié être mon créer mon
salarié entreprise entreprise
430
"Entrepreneurial intentions : three items, including "I will probably own my own business one day" and
"It is likely that I will personally own a small business in the relatively future", were developed to measure
this variable using a seven-point Likert format".
431
“It should be added here that the ultimate dependent variable, intention, was measured by an index of
three questions : “Have you ever considered founding your own firm?” (with three response categories from
“never occurred to me” to “have seriously considered”) and “How likely do you consider it to be, that one
[five] year[s] from now you run your own firm?“ (five response categories “not likely at all” to “dead
certain”)”.
432
"We also measured participants' intention to start their own business using a four-item scale developed by
Krueger, and al. (1999). An example of one item is : "How likely it is that you are going to start your own
business in the next five years ? All four items were measured based on a 5-point scale ranging from
Extremely unlikely (1) to Extremely likely (5)".
433
L’auteur a repris l’échelle de I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980) dans son intégralité. Il cite : "As Ajzen
and Fishbein (1980) have pointed out, choice intentions of this kind can be explained in terms of the
intentions to perform each of the alternatives involved".
434
"On a scale form 1 to 5, where 5 is the most desirable and 1 is the least desirable, tell me how each of the
following activities rank in your mind :
"Working for the government" ; "Working for a large company" ; "Having your own business" ; "Being a
Farmer" ; "Working for a small company" ; "Working in hospital "".
435
"(1) "If you would to choose between running your own business and being self-employed by someone,
what would you prefer ? (1 = Would prefer to be employed by someone ; 7 = Would prefer to be self-
employed) ; (2) "How likely is that you would pursue a career as self-employed?" (unlikely – likely. (3) "How
likely is it that you will pursue a career as employed in organization ?" (likely – unlikely)".
237
propension au risque, en l’occurrence celle de R. RAIJMAN (2001, p. 401)436. Nous
l’avons rejetée car elle nous semble assez "pauvre" pour appréhender les différentes
facettes de notre hypothèse.
Nous avons bâti notre propre échelle pour mesurer la propension à la prise de risque.
Nous avons traduit cette dernière par les perceptions qu’ont les étudiants des
conséquences de la disparition de l’entreprise qu’ils seraient amenés à créer. Ceci
nous a été inspiré, comme nous l’avons signalé précédemment, par R.H. BROCKHAUS
(1982, p. 47)437.
Ces perceptions peuvent se manifester de deux manières. La première serait l’échec qui
se déclinerait en trois aspects. Financier tout d'abord (item 1), car créer exige d'engager
des ressources propres, et éventuellement celles de ses proches. En cas de faillite, la
conséquence en serait le remboursement des dettes des années durant. Social ensuite (item
2), car souvent la société française sanctionne négativement les créateurs qui "échouent".
Personnel enfin (item 3), car les étudiants qui n’auraient pas su mener à terme ou
pérenniser un projet peuvent avoir des perceptions négatives d’eux-mêmes.
436
""Would you be willing to risk your possessions to start a business ? (Willing - Very Willing)" ;
"To start your own business is a risk thing (Disagree - Strongly Disagree)".
437
Cf. supra., p. 192-194, "6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la
disparition de l’entreprise".
438
"Failures apparently do not shake the credibility of the company formation act, but may even reinforce its
credibility and serve as a learning experience".
238
8.2. Si un jour vous créez votre entreprise, pour vous, son échec éventuel serait avant tout
(Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :
Dans un deuxième groupe, nous interrogeons les étudiants sur le diplôme obtenu avant
d’intégrer les formations actuelles ("L'admission à cette formation s’est faite après : … ").
Enfin, dans le dernier groupe, sous une forme dichotomique, nous avons voulu connaître
les motivations qui les ont poussés à choisir ces formations de troisième cycle
("Pourquoi avez-vous intégré ce diplôme ?").
Dans ce dernier groupe, nous avons ajouté une modalité de réponse uniquement pour les
étudiants suivant des programmes et formations de spécialisation ou d’accompagnement en
entrepreneuriat ou création d’entreprise. Il s’agit de "4. Me donner les connaissances
439
Tout en garantissant la confidentialité, nous pourrons retrouver les individus à l’aide, par exemple, des
fichiers d’associations d'anciens élèves.
239
nécessaires pour développer mes aptitudes entrepreneuriales". Celle-ci constitue la
seconde différence de contenu entre les deux questionnaires. Notre fiche signalétique
reprend donc les intitulés suivants :
L’une des difficultés majeures de notre méthodologie empirique consiste à définir les
caractéristiques de notre base de sondage. L’interrogation porte sur le choix entre deux
populations. La première est composée de jeunes entrepreneurs et de salariés qui
auraient suivi, il y a cinq ans au plus, un programme ou une formation de spécialisation ou
d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise. La seconde population
comporte un ensemble d’étudiants de troisième cycle (bac+5) suivant le même type de
cursus. Ces sujets sont à quelques mois, voire quelques semaines, d’entamer leur carrière
professionnelle, donc manifestent une large variété d'intentions de carrière.
240
Nous avons rejeté la première alternative car les attitudes, normes subjectives et
perceptions sont susceptibles d’évoluer dans le temps. Les effets des socialisations
professionnelle et organisationnelle ne sont souvent pas neutres440. En outre, décrire et
expliquer des événements qui se seraient produits il y a cinq ans peut représenter un
sérieux handicap pour la mémoire des enquêtés. A cet effet, N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993, p. 327) nous confortent dans le choix de la seconde population en
indiquant qu’une démarche rétrospective n’est pas pertinente pour l’étude de l’intention
comportementale441.
Le choix d’étudiants de troisième cycle suivant des formations et des programmes
à dominante "entrepreneuriale" s’explique par le fait que ces derniers sont des contextes
qui laissent supposer que les attitudes, les normes subjectives et les perceptions peuvent se
développer et renforcer l’intention entrepreneuriale.
En France, les écoles de management et de gestion, les écoles d'ingénieurs et, à un degré
moindre, les établissements universitaires (Instituts d’Administration des Entreprises,
départements de Sciences Economiques et d’Administration Economique et Sociale), sont
les structures qui ont le plus instauré des programmes ou des formations en entrepreneuriat.
En nous attachant à repérer des similitudes à l’intérieur de groupes "homogènes",
nous avons exclu de nos enquêtes les écoles d’ingénieurs. Non pas que le "goût" pour
l'innovation et la création d'entreprise soit l’apanage des seuls étudiants de gestion ou de
sciences économiques et d’administration économique et sociale, mais il se trouve que
l’accès au terrain nous était plus facile dans ces conditions. En outre, intervenant nous-
même dans le DESS "Entrepreneuriat et nouvelles activités" de l’IAE de Rouen, il nous a
paru opportun de tester notre modèle et vérifier l’impact de la formation sur nos propres
étudiants.
440
Le modèle de l’intention entrepreneuriale que nous avons élaboré aurait été bien évidemment différent.
Cf. supra., p. 201-203, "6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale inspiré du cadre des
dimensions sociales de l'entrepreneuriat de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) et fondé sur la théorie du
comportement planifié de I. AJZEN (1991)".
441
"For intentional behaviors, hindsight is not perfect".
241
7.6.1. La population de référence : un échantillon de convenance
Dans un premier temps, nous avons recherché toutes les composantes universitaires et
les écoles de management et gestion assurant ce type d’enseignement. La requête s’est faite
essentiellement sur Internet. Sur dix formations universitaires (DESS)442, la moitié de
leurs responsables a bien voulu donner suite à notre demande.
Pour les écoles de management et gestion, nous avons localisé sur les sites de "La
Conférence des Grandes Ecoles" et de la "FNEGE", 28 établissements dispensant un
enseignement en entrepreneuriat ou en création d’entreprise. 17 répondent aux
caractéristiques que nous recherchons (bac+5 ; formations diplômantes, "programmes",
"majeures" et "options"). Mais seuls 6 (35,3%) responsables de diplôme ont répondu
favorablement à notre sollicitation.
Au total nous avons recueilli 178 questionnaires entièrement exploitables. 76
(42,7%) proviennent d’établissements universitaires et 102 (57,3%) d’écoles de
management et gestion. La ventilation de notre échantillon de référence par intitulé et
composante de diplôme se décline de la manière suivante :
442
Cf. supra., p. 137, "Tableau 2 : DESS de Gestion orientés entrepreneuriat ou création d'entreprise".
242
Intitulés et composantes des DESS à dominante entrepreneuriat ou Nombre de
création d’entreprise questionnaires
exploitables
Création d'entreprise et gestion de projets innovants (IAE Bordeaux IV) 13
Entrepreneuriat et nouvelles activités (IAE Rouen) 13
Gestion et Management des PME (IAE Nantes) 14
Entrepreneuriat et Développement de PME (IAE Metz) 15
Création et Gestion des PME (Faculté de droit, Paris V) 21
Total 76
Intitulés et composantes des diplômes "Ecoles de management et
gestion"
Mastère "Entrepreneurs" (ESC Paris-EAP) 6
"Majeure Entrepreneur" (EDHEC Nice) 8
Mastère "Création d’entreprise et Entrepreneuriat" (ESC Lille) 10
Programme ESC (EM Lyon) 22
Mastère "Entrepreneurs" (ESC Grenoble) 23
Option "Entrepreneurs" (ESC Le Havre) 33
Total 102
Tableau 3 - Répartition de l’échantillon de référence par intitulé et composante des
diplômes
243
7.6.2. L’échantillon témoin : la quête d’une homogénéité comparative
Pour respecter une certaine homogénéité dans la comparaison, nous avons pris un
échantillon témoin présentant globalement des caractéristiques similaires à l’échantillon de
référence. Celles-ci sont le niveau de diplôme (bac+5), les disciplines enseignées (sciences
de gestion) et les débouchés professionnels. Il s'agit de rechercher une contingence au
sein de chacun des deux "univers sociaux semblables". Notre choix s’est porté sur des
étudiants en DESS CAAE.
Nous avons répertorié, sur le site Internet du réseau des IAE, 27 CAAE. Nous avons
effectué un sondage aléatoire avec un tirage au sort sans remise. Nous sommes donc en
présence d’"un échantillon aléatoire simple", selon Y. EVRARD et alii (1997, p. 177).
La quête d’homogénéité nous a conduit aussi à constituer une population témoin de
taille équivalente à celle de l’échantillon de référence (178). Les cinq premiers
établissements tirés au sort ont suffi pour répondre à cette exigence. En effet, nous avons
arrêté le recueil de données dès que l’échantillon a atteint une taille voisine de 178. Nous
avons collecté 183 questionnaires, dont 176 exploitables. La répartition de notre
échantillon par composante se présente comme suit :
244
Composantes (IAE) des DESS CAAE Nombre de questionnaires exploitables
Amiens 13
Tours 26
Rouen 28
Nantes 48
Caen 61
Total 176
Tableau 4 - Répartition de l’échantillon témoin par intitulé et composante des
diplômes
DIPLOME Nombre en %
d’étudiants
DESS, formations ou programmes en écoles de management et 178 50,3%
gestion en création d’entreprise ou en entrepreneuriat
DESS CAAE 176 49,7%
Total 354 100,0%
Tableau 5 - Composition des échantillons de référence et témoin
245
partiellement la taille de l'échantillon443. La rigueur méthodologique de cette méthode
voudrait que le chercheur définisse un échantillon comportant 5 à 10 fois plus d'individus
qu'il n’y a d'items introduits dans une même ACP. Cette dernière doit regrouper le plus
grand nombre d'items444.
Pour les deux questionnaires, cette ACP contient au maximum 8 items - c’est la
question 6.1 -. Les tailles de nos échantillons de référence et témoin sont respectivement de
178 et 176. Elles représentent 22 fois l’ACP contenant le plus d’items. Nous remplissons
donc largement le critère fixé par G.A. CHURCHILL (1979).
D’après F. WACHEUX (1996, p. 202), avant d’être une étape dans le processus de
validation et d’explication des hypothèses, la collecte des données coïncide d’abord avec
une confrontation entre les constructions théoriques et les réalités empiriques. La nature
même des informations qu’il convient de recueillir pour atteindre les objectifs de
recherche, écrit M. GRAWITZ (1996, p. 455), commande les moyens à employer pour le
faire.
Le premier stade de notre stratégie de collecte des données a consisté à obtenir une prise
de contact avec les responsables de diplôme. Nous avons opéré par courrier électronique
ou par téléphone. Après plusieurs relances, nous réussissons à obtenir un premier entretien
téléphonique au cours duquel nous nous efforçons de convaincre notre interlocuteur de
l’intérêt de notre étude. En cas d’avis favorable, nous expliquons l’objet de notre enquête,
et convenons, de suite ou plus tard, du moment et des modalités d’administration des
questionnaires.
Concernant ces dernières, trois voies étaient envisageables. Les deux premières sont
le courrier postal ou électronique. Ces deux modalités nous ont été plusieurs fois
proposées par des responsables de diplômes. Nous nous sommes appliqués à les en
443
Cf. supra, p. 215-216, "7.2.1.3. Collecte des données".
444
Cependant, d’après J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 120), il est considéré que de telles normes
peuvent être exceptionnellement révisées à la baisse. Ils citent que "Pedhazur et Pedhazur Schmelkin (1991),
dans leur ouvrage d'analyse des données, font état de recherches empiriques qui ont dû limiter l'échantillon
à 150 personnes pour des ACP sur 40 items".
246
dissuader. Le caractère impersonnel qu’elles revêtent peut générer un risque important de
non-réponse.
Le taux de réponse des enquêtes est fortement lié à leur organisation, à l'adhésion et à
l'aide des responsables de formation ainsi qu’à la collaboration des étudiants445. Pour
"optimiser" ce taux, nous avons choisi comme mode de recueil de données l’auto-
administration, en classe à la fin d’un cours, avec l’assistance d’un enseignant ou par
nos propres soins. Chaque fois, les objectifs de l’enquête étaient expliqués et les étudiants
sensibilisés aux points difficiles des questionnaires.
Cette modalité nécessitait bien entendu une implication plus importante des
responsables de diplôme et des enseignants, dont certains nous ont accueilli au sein de leur
classe ; nous avons pu nous-même administrer des questionnaires auprès des étudiants du
DESS "Entrepreneuriat et activités nouvelles" (IAE Rouen), des Mastères "Création
d’entreprise et Entrepreneuriat" (ESC Lille) et "Entrepreneurs" (ESC Paris-EAP), de
l’Option "Entrepreneurs" (ESC Le Havre), du "Programme ESC" (EM Lyon) et des
DESS CAAE des IAE de Rouen et Caen.
L’administration des questionnaires s’est déroulée entre mars et juin 2002. La longueur
de cette période s’explique essentiellement par l’indisponibilité de certaines promotions
qui étaient en stage, et des responsables de diplôme pris par leurs engagements
professionnels.
Conclusion du chapitre 7
445
Le vocabulaire "taux de réponse" tel qu’utilisé dans les recherches quantitatives est peu approprié ici, car
tous les étudiants présents aux cours ont pris soin de nous répondre.
247
stipule que celle-ci ne peut être décrite et expliquée qu’à travers de larges échantillons,
justifient l’adoption de la démarche hypothético-déductive. En prenant en considération
les spécificités du contexte français dans lequel nous testons notre modèle, nous adaptons
la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) qui structure notre méthodologie empirique.
Notre perspective comparative nous amène à enquêter sur deux populations dont le
critère distinctif est le (non)suivi de programmes ou de formations de spécialisation ou
d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise. Recherchant une certaine
homogénéité dans la comparaison (niveau de diplôme, disciplines enseignées et
débouchés professionnels), les difficultés d’accès aux terrains ont largement déterminé la
taille de nos deux échantillons. Il n’en demeure pas moins que celle-ci respecte le critère de
"significativité" suggéré par G.A. CHURCHILL (1979).
248
Chapitre 8 - Caractéristiques descriptives et analyses d’homogénéité
"Ce n'est pas dans la science qu'est le bonheur, mais dans l'acquisition de la science".
E. A. POE (1809-1849)
L’objet de ce chapitre est d’exposer les analyses descriptives et les tests d’homogénéité
des construits. Nous réalisons tout d’abord des tris croisés concernant les caractéristiques
socio-démographiques. Ensuite, nous passons en revue les concepts de dimensionnalité et
de fiabilité. Ceux-ci nous permettent, à travers l’analyse factorielle et le test de l’alpha de
Cronbach, de procéder à l’agrégation, et si nécessaire à l’épuration, des items composants
les différentes échelles du questionnaire. A cet effet, la perspective comparative de la
recherche conduit à distinguer parallèlement deux échantillons lors des calculs : celui des
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat
ou en création d’entreprise" et celui des "DESS CAAE". Nous comparons, chaque fois que
possible, les résultats obtenus à ceux issus des travaux américains et scandinaves446.
446
En ayant à l’esprit la diversité culturelle, les différences dans les techniques d’échantillonnage et la taille
des populations étudiées, la comparaison ne peut s’opérer que pour des échelles identiques, c’est-à-dire
composées des mêmes items.
249
8.1.1. Le sexe
DIPLOME
DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
SEXE
nb en % nb en %
Masculin 115 65,7 83 48,0
Féminin 60 34,3 90 52,0
447
Total 175 100,0 173 100,0
Tableau 6 - Tri croisé "sexe-échantillons"
8.1.2. L’âge
Le croisement de l’âge et du diplôme laisse apparaître que l’âge moyen est identique
dans les deux populations examinées, soit 24,7 ans (tableau 7). Cependant, l’écart-type
montre une différence de 1,1 point en faveur de l’échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise". En effet, dans la composition détaillée de l’âge (annexe 4448), cet écart peut
s’expliquer de deux manières : premièrement, cet échantillon contient plus d’individus
ayant 21 ou 22 ans, soit 38 (22,5%) contre 26 (15,2%) pour l’échantillon "DESS CAAE".
En outre, celui-ci connaît une plus grande concentration d’étudiants ayant 24 ou 25 ans,
soit 59 (34,5%) contre 48 (28,4%) pour l’échantillon de référence. Deuxièmement, la
tranche d’âge supérieure à 34 ans révèle que ce dernier renferme 10 individus (6%) contre
7 (4,2%) pour l’échantillon témoin.
447
Pour ce tableau et ceux qui suivent dans les chapitres 8 et 9, les totaux des répondants dans les deux
échantillons de référence et témoin peuvent être inférieurs à la taille de ces derniers (respectivement 178 et
176). Cela résulte des "non-réponses" ou des questions "filtres" introduites dans le questionnaire.
448
Cf. infra., p. 429, "Annexe 4 : Répartition des deux échantillons selon l’âge".
250
Dans un horizon de cinq ans, échéance retenue pour prédire l’intention entrepreneuriale
des étudiants, la moyenne d’âge des deux échantillons avoisinera la trentaine. Or, la plupart
des études indiquent que l'âge moyen des créateurs en France se situe entre 30 et 35 ans449.
A ce titre, les deux populations se trouvent donc dans une tranche d’âge proche de celle
qui est empiriquement validée.
DIPLOME
ÂGE DESS, formations ou programmes en écoles de management et DESS CAAE
gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
Moyenne 24,7 24,7
Nb 169 171
Ecart-type 4,971 3,883
Tableau 7 - Tri croisé "âge-échantillons"
La répartition par pays ou région d’origine est largement dominée par la France dans les
deux échantillons (tableau 8). En effet, 90% des individus de chacun d’eux sont Français.
Pour une part négligeable n’excédant pas à chaque fois 4% dans chaque population, nous
retrouvons des Maghrébins, des Africains, des Européens et des Sud-Américains. Nous
relevons cependant que la population "DESS CAAE" comporte 5% de Chinois. Il est
permis de penser que les programmes de coopération engagés avec la Chine par des IAE
composant l’échantillon témoin expliquent cette fréquence, qui reste toutefois peu
significative.
449
Cf. supra., p. 108-109, "3.2.1. L'expérience professionnelle".
251
DIPLOME
DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
PAYS OU REGION
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
D’ORIGINE
nb en % nb en %
France 160 91,4 155 89,1
Maghreb 7 4,0 3 1,7
Afrique noire 5 2,9 5 2,9
Chine 2 1,1 9 5,2
Europe et Amérique du Sud 1 0,6 2 1,1
Total 175 100,0 174 100,0
Tableau 8 - Tri croisé "pays ou régions d’origine-échantillons"
Avant d’intégrer les formations actuelles, les cursus antérieurs suivis par les étudiants
des deux échantillons présentent une large variété (tableau 9). Presque un quart (23,2%)
des étudiants de la population de référence provient des écoles préparatoires450. Environ un
cinquième (18%) est issu des filières qualifiées de sciences "dures" (7,3% titulaires de
maîtrises, 5,6% d’ingénieurs et 5,1% en dernière année d’ingéniorat). Pour une part
légèrement inférieure (environ 15%), les étudiants ont acquis une maîtrise de gestion ou
de sciences sociales.
Dans des proportions égales (7,9%), ces étudiants ont obtenu des diplômes de maîtrise
"AES" ou validé leurs acquis professionnels. Loin derrière, et pour des valeurs ne
dépassant guère 5%, nous retrouvons des étudiants titulaires d’une maîtrise en sciences
économiques, droit ou LEA, d’un DEA, DESS et d’une licence en sciences sociales.
Pour les étudiants en DESS CAAE, presque un tiers (29,9%) est titulaire d’une maîtrise
en sciences dites "dures" et un cinquième (19,0%) de maîtrise de droit. Les diplômés de
maîtrises en sciences sociales et les ingénieurs représentent plus d’un dixième de
l’échantillon (soit 13,2% et 10,3%). Le "CAAE" ayant pour vocation une formation à
double compétence, la dominance de ces filières pourrait s’expliquer par la sélection à
l’entrée où ce type de profil est particulièrement recherché par les responsables de diplôme.
450
Un sous échantillonnage de cette population montre que ces étudiants appartiennent exclusivement aux
formations ou programmes en écoles de management et gestion.
252
Tout comme la population de référence, de façon marginale mais plus diversifiée, le
reste de l’échantillon est composé d’étudiants titulaires de DEA ou de DESS en sciences
sociales ou "dures", de maîtrises de gestion, de sciences économiques, d’AES et de LEA,
d’étudiants suivant parallèlement une dernière année de pharmacie et d’ingéniorat ou ayant
validé des acquis professionnels.
DIPLOME
DESS, formations ou programmes en DESS CAAE
CURSUS ANTERIEUR écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % Nb en %
"Prépa" 41 23,2
451
Maîtrise en gestion 25 14,1 5 2,9
452
Maîtrise en "sciences sociales" 23 13,0 23 13,2
Maîtrise AES 14 7,9 1 0,6
Validation d’acquis professionnels 14 7,9 8 4,6
Maîtrises en sciences "dures" 13 7,3 52 29,9
Diplôme d’ingénieur 10 5,6 18 10,3
Dernière année en école d’ingénieur 9 5,1 4 2,3
Maîtrise en sciences économiques 9 5,1 2 1,1
DEA en "sciences sociales" 5 2,8 4 2,3
Licence en sciences sociales 5 2,8
Maîtrise en droit 4 2,3 33 19,0
DESS en sciences sociales 4 2,3 1 0,6
453
Maîtrise LEA 1 0,6 9 5,2
DEA en sciences "dures" 6 3,4
DESS en sciences "dures" 3 1,7
Dernière année de pharmacie 5 2,9
Total 177 100,0 174 100,0
Tableau 9 - Tri croisé "cursus antérieur-échantillons
451
Sous ce vocable, nous avons regroupé toutes les maîtrises à dominante Gestion (MSG, Management et
Gestion des Entreprise de l’Economie Sociale, Management du Sport, Commerce International,
Administration des Affaires, Communication …).
452
Nous avons regroupé dans cette rubrique les maîtrise d’histoire, de géographie, de psychologie, de
musique et de musicologie et d’environnement.
453
Langues Etrangères Appliquées.
253
8.1.5. Le type de formation
Dans le type de formation, nous distinguons les formations continues et initiales. Nous
constatons dans le tableau ci-dessous que ces dernières sont majoritaires et présentes de
façon égale dans les deux échantillons (94%).
DIPLOME
TYPE DE DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
FORMATION et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en %
Initiale 167 93,8 164 93,7
Continue 11 6,2 11 6,3
Total 178 100,0 175 100,0
Tableau 10 - Tri croisé "type de formation-échantillons"
Les raisons qui ont motivé les répondants de l’échantillon de référence à intégrer ces
formations sont multiples (tableau 11). Vouloir se donner les connaissances nécessaires
pour développer des aptitudes entrepreneuriales et approfondir son savoir en gestion sont
les deux causes majoritairement évoquées (dans 90% des cas pour chacune d’elle454). La
découverte d’une discipline pour laquelle les étudiants manifestent un intérêt et chercher à
compléter une formation technique par une formation en gestion, représentent dans l’ordre,
plus de deux tiers (76,3%) et plus d’un cinquième (22%) des raisons citées. De manière
moins significative, les étudiants mettent en avant la vision globale de l'entreprise, le
diplôme comme carte de visite, l’étude de la faisabilité d’un projet, l’accès au secteur du
conseil en création, l’apport d’un réseau professionnel en matière de création, la
préparation psychologique à la création d'entreprise et l’intégration du réseau de l'ESCP.
Concernant la population témoin, les raisons annoncées sont souvent les mêmes que
celles évoquées ci-dessus, mais les fréquences observées sont sensiblement différentes.
Ainsi, vouloir découvrir une discipline qui intéresse les étudiants occupe largement la
454
Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à
plusieurs énoncés. Cf. supra., p. 239-240, "7.5.3. La fiche signalétique".
254
première position avec une fréquence de 80%. Dans des proportions équivalentes (60%),
les étudiants déclarent qu’ils souhaitent compléter une formation technique par une
formation en gestion et approfondir leurs connaissances en gestion. Dans des fréquences
beaucoup plus faibles, les étudiants évoquent différentes autres raisons : avoir une vision
globale de l'entreprise, envisager la création d’une entreprise avoir un troisième cycle,
s'ouvrir des perspectives d'évolution de carrière, de rachat ou de création d'entreprise et
élargir les possibilités sur le marché du travail.
455
Deux fiches signalétiques n’ont pas été remplies dans chacun des échantillons.
255
DESS, formations ou programmes en
RAISON D’INTEGRATION DE LA écoles de management et gestion en DESS CAAE
FORMATION entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en %
Etudier la faisabilité de mon projet en suivant Oui 1 0,6
une formation spécifique
Non 176 99,4
Total 177 100,0
Accéder au secteur du conseil en création Oui 1 0,6
Non 176 99,4
Total 177 100,0
M'apporter un réseau professionnel de la création Oui 1 0,6
Non 176 99,4
Total 177 100,0
Me préparer psychologiquement à la création Oui 1 0,6
d'entreprise
Non 176 99,4
Total 177 100,0
Intégrer le réseau de l'ESCP Oui 1 0,6
Non 176 99,4
Total 177 100,0
Dans l'objectif de création de mon entreprise Oui 1 0,6
Non 173 99,4
Total 174 100,0
Avoir un troisième cycle Oui 1 0,6
Non 173 99,4
Total 174 100,0
M'ouvrir des perspectives d'évolution de carrière, Oui 1 0,6
de rachat ou de création d'entreprise
Non 173 99,4
Total 174 100,0
Elargir les possibilités sur le marché du travail Oui 1 0,6
Non 173 99,4
Total 174 100,0
Tableau 11 - Tri croisé "raison d’intégration de la formation-échantillons"
256
8.2. L’homogénéité des échelles
8.2.1. La dimensionnalité
456
Selon Y. EVRARD et alii (1997, op.cit, p. 290-291), il existe principalement trois techniques pour les
tests de fiabilité. "La technique du test/retest" consiste à administrer deux fois le même questionnaire à la
même population. "La technique des deux moitiés" scinde la population en deux et vérifie que les réponses
sont similaires au sein des deux sous-populations. "La technique des formes alternatives" utilise plusieurs
échelles pour appréhender la même variable ; elle a pour inconvénient d’alourdir le questionnaire.
L'utilisation de l’alpha de Cronbach s’est tardivement généralisée en marketing dans la deuxième moitié de
la décennie 90. En effet, la première publication de L.J. CRONBACH traitant de la cohérence interne date de
1951 (L.J. CRONBACH, "Coefficient alpha and the internal structure of tests", Psychometrika, 1951, vol. 16,
n° 3, p. 297-334. Non lu).
257
mesure précisément et exclusivement le construit qu'elle est censée mesurer. A cet égard,
l’ACP révèle une structure factorielle à travers laquelle la (les) composante(s) identifiée(s)
est(sont) clairement reliée(s) à des items.
Si la variable est unidimensionnelle, tous les items servant à l’évaluer forment un seul et
même facteur. Dans ce cas, ces derniers se rapportent au même axe factoriel ; l'échelle
formant ces items ne mesure qu'une seule dimension de la variable étudiée. Dans le cas
contraire, nous sommes en présence d’une structure factorielle à au moins 2 facteurs, et la
variable est alors bi ou multidimensionnelle.
L’ACP est donc une méthode de réduction des données qui sélectionne parmi les
variables initiales (items), celles qui interviennent le plus dans la description du
phénomène étudié. Nous obtenons ainsi des variables composites (facteurs) au sein
desquelles ne sont conservées pour les tests de validation d’hypothèses que les variables
initiales fortement corrélées avec les facteurs jugés les plus importants. Mais quels sont
les critères qui permettent d’une part, d’éliminer les items d’une échelle, et d’autre
part de choisir le nombre de facteurs à retenir ?
457
Les auteurs utilisent le terme de "règles" qui nous semble "fort" car s’appuyant seulement sur des résultats
empiriques.
458
Ces coefficients représentent la corrélation entre l’item et le facteur retenu.
258
facteurs dont les valeurs propres initiales sont supérieures à 1459. Enfin, le dernier
critère recommande de retenir un nombre d’axes restituant un pourcentage de la variance
totale au moins égal à 50% (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 383-384 ; J. IGALENS J et P.
ROUSSEL, 1998, p. 154).
Ainsi, en respectant ces critères, il devient possible grâce aux coefficients de corrélation
les plus élevés obtenus pour un facteur donné, de trouver les variables initiales qui
contribuent le plus à sa formation, et donc de l’interpréter.
8.2.2. La fiabilité
Cependant, ce score soulève des problèmes de seuil. Il n'existe pas, selon J. IGALENS
et P. ROUSSEL (1998, p. 49 et 142), de "bonne règle" concernant les valeurs minimales
de ce coefficient (comprises entre –1 et +1). Les normes les plus souples servent de
référence en la matière. Le choix de ce seuil "joue un rôle essentiel dans le processus
d'épuration d'un questionnaire. Fixer un seuil à 0,50, 0,60 ou 0,70 peut changer
considérablement le processus de condensation, c'est-à-dire, le nombre d'items à
éliminer". Toutefois, ces auteurs indiquent que ce seuil doit au moins dépasser 0,70 pour
des études confirmatoires. Y. EVRARD et alii (1997, p. 292) considèrent que "pour une
étude exploratoire, l'α est acceptable s'il est compris entre 0,6 et 0,8 ; pour une étude
459
Celles-ci représentent la variation expliquée par les facteurs communs restitués par l’ACP.
460
Cf. supra., p. 216, "7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)".
259
confirmatoire, une valeur supérieure à 0,8 est recommandée". Les valeurs du coefficient
de l’alpha dans les recherches sur l'intention entrepreneuriale se situent entre 0,49 et 0,94.
Les résultats de A.F. DE NOBLE et alii (1999) indiquent un coefficient avec une borne
inférieure égale à 0,66 et une borne supérieure égale à 0,69461. L’étude de T.M. BEGLEY
et alii (1997) laisse apparaître des valeurs comprises entre 0,69 et 0,91 ; les résultats de T.
VOLERY et alii (1997, p. 281) et L. KOLVEREID (1997, p. 51) recouvrent des scores
proches, soit respectivement les intervalles [0,65;0,91] et [0,68;0,90]. Il en est de même
pour E. AUTIO et alii (1997, p. 137) et P. DAVIDSSON (1995), soit dans l’ordre les
intervalles [0,49;0,75] et [0,52;0,77]. Les valeurs qui bornent l’alpha des recherches de
E.G. DE PILLIS (1998) et N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 421-422) sont respectivement
estimées à 0,62 et 0,83, et à 0,69 et 0,83. Les calculs de A. TKACHEV et L. KOLVEREID
(1999 p. 275-276) se situent entre 0,50 et 0,89. Enfin, l’enquête de T. ERIKSON (1998) est
celle qui présente la valeur de l’alpha la plus élevée, soit 0,94 (la valeur minimale étant
0,74).
Le modèle que nous souhaitons vérifier n’a pas été testé dans le contexte français. De ce
point de vue, il revêt un caractère exploratoire. Cependant, les valeurs recensées ci-
dessus, l’emprunt à des auteurs scandinaves et américains de deux échelles dont la fiabilité
a été confirmée462, et la valeur la plus faible relevée dans nos calculs, soit 0,68, nous
conduisent à retenir cette dernière comme un seuil minimum significatif du coefficient
alpha. Ce seuil est largement supérieur à 0,6, valeur recommandée par Y. EVRARD et alii
(1997, p. 292) et J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 49).
461
"Reliabilities of four out of seven scales exceed the recommended cut-off point .70 for a newly created measure
(Nunnally, 1978). Reliabilities of the remaining three scales (Core purposes, Unexpected challenges, and Critical human
resources) also were close to the cut-off point ranging between .66 and .69".
462
Il s’agit des échelles opérationnalisant les hypothèses 6a et la variable à expliquer (l’intention
entrepreneuriale) que nous avons empruntées respectivement à L. KOLVEREID (1997, op.cit., p. 52) et A.
TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit., p. 276-277) et I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980, op.cit.).
260
une structure factorielle claire en raison d’items ayant des contributions supérieures à 0,30
sur plusieurs facteurs, il est souhaitable d'introduire une rotation pour "ajuster" la structure
proposée (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 384 ; J. IGALENS et P. ROUSSEL, 1998, p. 155-
156). La rotation nous aide à interpréter les facteurs en augmentant la valeur des
coefficients de corrélation de certains items avec les nouveaux axes de représentation.
Parmi les différentes méthodes de rotation proposées, les plus répandues sont en nombre de
cinq : varimax, quartimax, equamax et promax, toutes de type orthogonal, et la rotation
oblique dite oblimin directe.
Le choix de la rotation la plus pertinente est, tant du point de vue conceptuel que
statistique, d’ordre méthodologique. Il peut induire des résultats différents pour les
analyses factorielles, et par là même, influencer les tests de validation d’hypothèses. "La
revue de la littérature indique que les rotations varimax et oblique sont les plus utilisées"
(J. IGALENS et P. ROUSSEL, 1998, p. 155-156 et 158). La rotation varimax a pour objet
de réduire le nombre d’items qui ont des fortes contributions sur un axe afin de simplifier
les facteurs463. "La rotation de type oblique est conseillée lorsqu’il y a anticipation d’un
certain degré de chevauchement entre les dimensions à identifier". Contrairement aux
rotations dites orthogonales, l’oblimin tolère des inter-corrélations entre facteurs tout en
respectant leur indépendance. Elle ne maintient pas les axes de l’espace factoriel en angle
droit.
Les items de chaque échelle opérationnalisant les construits que nous avons définis ne
sont pas complètement indépendants les uns des autres. Nous retenons donc la rotation
oblique car elle a, en outre, l’avantage de mieux rendre compte de situations où
plusieurs facteurs sont composés d’items ayant des contributions élevées dans plus
d’un facteur.
463
Elle est fondée sur la maximisation des coefficients de corrélation des variables les plus corrélées.
261
Selon ces auteurs, il a été démontré à plusieurs reprises que les scores de fiabilité les
plus élevés sont à l’actif d’échelles dont le nombre d’items et de modalités est élevé. De
plus, le coefficient α tend à être plus fort pour les construits unidimensionnels par rapport à
ceux qui sont multidimensionnels.
Lorsque l’α d’une échelle est sensiblement inférieur au seuil retenu, il faut s’intéresser
aux scores de chaque item (corrélation entre l'item et le score de l'échelle) en vérifiant si le
score total de l’échelle augmente au-delà de ce seuil, après suppression de l’item ou des
items qui lui sont le moins corrélés. Dans l’affirmative, nous pouvons éliminer le ou les
items en question et la cohérence globale s’en trouvera améliorée. Néanmoins, si le
coefficient α d’un item représentant une information importante est légèrement inférieur au
seuil retenu - et donc nuit faiblement à la fiabilité de l’échelle -, il ne faudrait pas le
supprimer.
Par ordre croissant des hypothèses, nous allons appliquer les tests d’homogénéité aux
données recueillies dans les échantillons de référence et témoin. La perspective
comparative que nous avons adoptée nous contraint à retenir, dans ces deux
échantillons, le même nombre de facteurs avec des compositions similaires (les mêmes
items).
Nous avons conçu une échelle multiple à 3 items pour mesurer cette variable. Pour
tester sa dimensionnalité, nous avons effectué une analyse factorielle reprise dans le
tableau 12. La procédure de résolution permet d’identifier les axes factoriels, de
calculer la variance qui leur est associée et les contributions factorielles de chaque
item. L’ACP indique que la variable "recherche d’informations" ainsi constituée est
unidimensionnelle pour les "DESS, formations ou programmes en écoles de management
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise". Les items "RINFOMAR"
(recherche d’informations sur le marché), "RINFOPRO" (recherche d’informations sur le
bien ou le service) et "RINFOBP" (recherche d’informations pour le montage du plan
d’affaires) se rapportent de manière significative à la même composante. Ils ont tous un
262
coefficient de contribution factorielle (matrice des composantes) supérieur à 0,80. De plus,
74,7% de l’information recueillie est représentée par le seul facteur contenant ces items.
Qualité de représentation
Initial Extraction
RINFOMAR 1,000 ,799
RINFOPRO 1,000 ,778
RINFOBP 1,000 ,665
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la % cumulés Total % de la variance % cumulés
variance
1 2,242 74,749 74,749 2,242 74,749 74,749
2 ,477 15,914 90,662
3 ,280 9,338 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
La fiabilité étant une condition nécessaire d’homogénéité, nous avons procédé au test de
cohérence interne pour approfondir les résultats de l’ACP. Celui-ci calcule, d’une part, la
corrélation de chaque item avec l’échelle globale (quatrième colonne) ; d’autre part,
l’α est calculé en enlevant à chaque fois un item de l’échelle (cinquième colonne). L’α
global est égal à 0,8297, ce qui est une valeur largement supérieure à la norme retenue, soit
0,68. L’échelle présente donc une bonne cohérence interne.
263
Echelle multiple "recherche d’informations" : cohérence interne
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,8297
Pour l’échantillon témoin, l’ACP fait ressortir les résultats reportés dans le tableau ci-
dessous. Elle montre que la variable "recherche d’informations", comme pour l’échantillon
de référence, est unidimensionnelle. Les trois items se rapportent de façon importante à
une seule composante. Ils ont tous un coefficient de contribution supérieur à 0,75. En
outre, les items restituent 71,4% de la variance de l’information. Nous vérifions ainsi que
les items se regroupent bien entre eux suivant la dimension qu’ils sont censés représenter.
Qualité de représentation
Initial Extraction
RINFOMAR 1,000 ,889
RINFOPRO 1,000 ,682
RINFOBP 1,000 ,572
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
264
Matrice des composantes a
Composante
1
RINFOMAR ,943
RINFOPRO ,826
RINFOBP ,756
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : une composante extraite.
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,7938
265
8.3.2. La variable "aspects de l’idée ou du projet d’entreprise"
Qualité de représentation a
Initial Extraction
IDECLIEN 1,000 ,613
IDEFINAN 1,000 ,618
IDECONCU 1,000 ,613
IDEGRH 1,000 ,336
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a
Variance totale expliquée
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs
Composante retenus
Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,181 54,515 54,515 2,181 54,515 54,515
2 ,953 23,825 78,340
3 ,482 12,055 90,395
4 ,384 9,605 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
266
Le test de fiabilité fait apparaître que cette échelle est homogène (tableau 17). En effet,
les caractéristiques de cohérence interne montrent que la valeur de l’α est égal à 0,7164.
Ce dernier ainsi que l’analyse factorielle nous amènent donc à retenir, pour l’échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat
ou en création d’entreprise"), la totalité des items de l’échelle mesurant la variable "aspects
de l’idée ou du projet d’entreprise".
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,7164
Mais avant de condenser cette échelle, les contraintes de comparaison nous oblige à
vérifier son unidimensionnalité et sa fiabilité auprès de l’échantillon "DESS CAAE".
L’analyse factorielle, détaillée dans le tableau suivant, montre que la variable comprend
une seule composante, avec une contribution supérieure à 0,62 de tous les items.
Qualité de représentation
Initial Extraction
IDECLIEN 1,000 ,468
IDEFINAN 1,000 ,395
IDECONCU 1,000 ,577
IDEGRH 1,000 ,656
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
267
Variance totale expliquée
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs
retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,096 52,408 52,408 2,096 52,408 52,408
2 ,884 22,102 74,509
3 ,560 13,994 88,504
4 ,460 11,496 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
De plus, l’échelle multiple présente pour cette population un α acceptable, soit 0,6961
(tableau 19). Nous gardons donc les items "IDECLIEN", "IDEFINAN", "IDECONCU" et
"IDEGRH" que nous regroupons sous une nouvelle variable nommée "IDEPROJ".
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,6961
268
8.3.3. La variable "besoin d’accomplissement"
Les analyses factorielles sur les deux échantillons font apparaître que les deux axes
factoriels dégagés dans chacun d’eux ne contiennent pas les mêmes items. La
comparaison que nous souhaitons effectuer entre ces échantillons exige de garder une
structure factorielle composée des mêmes items. Le choix de la solution à retenir ne se
contente pas seulement de trouver le ou les facteurs "interprétables", mais tient
compte des contraintes de similarité entre les structures factorielles composant
chaque échantillon. A cet égard, les calculs suggèrent qu’il convient de retirer les items
"PLUSARGE" et "DEFI". Ainsi seuls sont conservés les items qui discriminent le mieux le
269
besoin d’accomplissement ("PRISRESP", "REALIS" et "POUVOIR"). Sur cette base, nous
avons exécuté à nouveau les opérations d’homogénéité.
Qualité de représentation
Initial Extraction
PRISRESP 1,000 ,584
REALIS 1,000 ,335
POUVOIR 1,000 ,478
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a
Variance totale expliquée
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,397 49,575 49,575 1,397 46,575 49,575
2 ,893 29,779 79,354
3 ,709 20,646 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
270
Echelle multiple "besoin d’accomplissement sans les items PLUSARGE et DEFI" : cohérence interne
Coefficient de fiabilité
nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 3
Alpha = ,6848
Tableau 21 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les
items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
Qualité de représentation
Initial Extraction
PRISRESP 1,000 ,556
REALIS 1,000 ,591
POUVOIR 1,000 ,432
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a
Variance totale expliquée
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,578 52,607 52,607 1,578 52,607 52,607
2 ,785 26,177 78,784
3 ,636 21,216 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Matrice des composantes a
Composante
1
PRISRESP ,746
REALIS ,769
POUVOIR ,657
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
A : 1 composante extraite.
Tableau 22 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les
items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE")
271
Les statistiques de cohérence interne indiquent que l’homogénéité du facteur retenu est
vérifiée pour l’échantillon témoin (tableau 23). En effet, le coefficient de l’alpha est
satisfaisant (0,7175). Ainsi, nous condensons les items "PRISRESP", "REALIS" et
"POUVOIR" sous une nouvelle variable appelée "ACCOMPLI".
Echelle multiple "besoin d’accomplissement sans les items PLUSARGE et DEFI" : cohérence interne
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,7175
272
Qualité de représentation
Initial Extraction
AUTONOME 1,000 ,663
LIBERTE 1,000 ,663
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,6852
Tableau 25 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
273
L’ACP de l’échantillon "DESS CAAE" détaillée dans le tableau 26 donne des
caractéristiques voisines de celles de l’échantillon de référence. Chaque item possède une
contribution factorielle égale à 0,83 et la variance totale est bonne (69,2%). Le construit
est donc unidimensionnel.
Qualité de représentation
Initial Extraction
AUTONOME 1,000 ,692
LIBERTE 1,000 ,692
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Alpha = ,7217
Tableau 27 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie"
(échantillon "DESS CAAE")
274
8.3.5. La variable "propension à la prise de risque"
Qualité de représentation
Initial Extraction
ECHECFIN 1,000 ,342
ECHECSOC 1,000 ,676
ECHECPER 1,000 ,567
UTIAVENT 1,000 ,775
UTISUICA 1,000 ,751
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
464
Cf. supra., pp. 192-194, "6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de
la disparition de l’entreprise".
275
Matrice des composantes a
Composantes
1 2
ECHECFIN ,518 ,272
ECHECSOC ,517 ,639
ECHECPER ,467 ,591
UTIAVENT -,670 ,571
UTISUICA -,681 ,536
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.
Tableau 28 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
Qualité de représentation
Initial Extraction
ECHECFIN 1,000 ,342
ECHECSOC 1,000 ,676
ECHECPER 1,000 ,567
UTIAVENT 1,000 ,775
UTISUICA 1,000 ,751
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
276
Matrice des types a
Composantes
1 2
ECHECFIN ,540
ECHECSOC ,827
ECHECPER ,757
UTIAVENT -,882
UTISUICA -,865
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
a : la rotation a convergé en 6 itérations.
Matrice de structure
Composantes
1 2
ECHECFIN ,558
ECHECSOC ,818
ECHECPER ,748
UTIAVENT -,880
UTISUICA -,866
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
277
dimension renvoyant à des perceptions positives des conséquences de la disparition de
l’entreprise est de 0,7078 (tableau 30).
Echelle multiple "perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence interne
Statistiques pour l’échelle
Moy Variance Ecart type Variables
6,6836 1,7175 1,3105 2
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
UTIAVENT 3,3785 ,5434 ,5490 .
UTISUICA 3,3051 ,5655 ,5490 .
Coefficient de fiabilité
nbre de cases = 177,0 nbre d’items = 2
Alpha = ,7078
Tableau 30 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des
conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise")
Ce score est convenable pour une échelle exploratoire. Il en est de même pour la
cohérence interne de la dimension exprimant des perceptions négatives des conséquences
de la disparition de l’entreprise dont les caractéristiques sont présentées dans le tableau
suivant (α = 0,7078).
Alpha = ,7108
Tableau 31 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des
conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise")
278
Etudions l’échantillon témoin pour s’enquérir de la bidimensionnalité révélée dans
l’échantillon de référence. Comme pour ce dernier, la première ACP reprise dans le tableau
32 n’indique pas de structure factorielle claire dans la mesure où les items "UTIAVENT"
et "UTISUICA" ont des contributions factorielles supérieures à 0,30 sur les deux facteurs.
Qualité de représentation
Initial Extraction
ECHECFIN 1,000 ,370
ECHECSOC 1,000 ,667
ECHECPER 1,000 ,555
UTIAVENT 1,000 ,752
UTISUICA 1,000 ,722
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
C’est pourquoi nous avons réalisé une rotation oblimin qui met au jour les mêmes
facteurs identifiés dans l’échantillon de référence (tableau 33). Ceux-ci expliquent 61,3%
de la variance totale de l’information collectée. Cependant, l’item "ECHECFIN" a une
contribution factorielle supérieure à 0,30 sur les deux composantes. Le test de cohérence
interne renseignera sur la position à adopter en ce qui le concerne (le garder ou le
supprimer).
279
Qualité de représentation
Initial Extraction
ECHECFIN 1,000 ,370
ECHECSOC 1,000 ,667
ECHECPER 1,000 ,555
UTIAVENT 1,000 ,752
UTISUICA 1,000 ,722
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Matrice de structure
Composantes
1 2
ECHECFIN ,329 ,499
ECHECSOC ,815
ECHECPER ,693
UTIAVENT ,861
UTISUICA ,850
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
280
Matrice de corrélation des composantes
Composante 1 2
1 1,000 -3,533E-02
2 -3,533E-02 1,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
Echelle multiple "perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence interne
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,7274
281
Echelle multiple "perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence
interne
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,7106
Ainsi, sur la base des rotations oblimin et des tests de l’α sur les deux échantillons, nous
condensons l’échelle initiale en passant de 5 items à deux variables représentant les deux
axes factoriels. Renvoyant à des perceptions positives des conséquences de la disparition
de l’entreprise que les étudiants auraient créées, la variable "ECHEC" regroupe les items
"ECHECFIN", "ECHECSOC" et "ECHECPERSO". Révélant des perceptions négatives
des conséquences de la disparition de l’entreprise, la variable "UTI" rassemble les items
"UTIAVENT" et "UTISUICA".
Pour opérationnaliser cette variable, nous avons traduit l’échelle utilisée par L.
KOLVEREID (1997 p. 52) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999 p. 276-277)465.
Celle-ci a été testée uniquement auprès de l’échantillon de référence. En effet, le suivi d’un
enseignement en entrepreneuriat ou en création d’entreprise différencie les deux
populations de l’étude.
465
Cf. supra, p. 228-230, "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial".
282
Composée de cinq items, cette échelle renvoie aux perceptions qu’ont les étudiants des
aptitudes entrepreneuriales qu’ils peuvent acquérir par le biais des programmes et des
formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise. Le premier item
("DEVECREA") traduit les perceptions des étudiants quant aux difficultés (facilités) de
devenir créateur d’entreprise ; le deuxième item ("POURCARR") représente la difficulté
(facilité) de poursuivre une carrière de créateur d’entreprise ; le troisième item
("ENSCONT") renvoie au contrôle de la situation en qualité de créateur d’entreprise ; le
quatrième item ("ENSNCONT") porte sur le degré de contrôle des événements qui peuvent
être un obstacle pour devenir créateur ; enfin le dernier item ("ENSREUSS") énonce les
perceptions des chances de réussite ou d’échec nées à la suite des formations et des
programmes.
Qualité de représentation
Initial Extraction
DEVECREA 1,000 ,590
POURCARR 1,000 ,463
ENSCONT 1,000 ,448
ENSNCONT 1,000 ,297
ENSREUSS 1,000 ,397
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
283
Matrice des composantes a
Composante
1
DEVECREA ,768
POURCARR ,680
ENSCONT ,669
ENSNCONT ,545
ENSREUSS ,630
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.
Tableau 36 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")
Avant de décider de regrouper les cinq items de l’échelle au sein d’une seule variable,
nous avons procédé au test de cohérence interne dont les caractéristiques sont reprises dans
le tableau ci-dessous. Le score de l’α est acceptable (0,6869), mais il reste faible par
rapport à ceux des études de L. KOLVEREID (1997 p. 52) et A. TKACHEV et L.
KOLVEREID (1999 p. 276-277). De plus, l’élimination d’un des cinq items réduit à
chaque fois sa valeur.
Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" :
cohérence interne
Statistiques pour l’échelle
Moy Variance Ecart type Variables
13,8596 3,7372 1,9332 5
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
DEVECREA 11,2865 2,3751 ,5431 ,5563
POURCARR 11,0449 2,3821 ,4304 ,6134
ENSCONT 10,9270 2,7234 ,4384 ,6104
ENSNCONT 11,2416 2,6023 ,3240 ,6660
ENSREUSS 10,9382 2,8719 ,4063 ,6260
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,6869
Tableau 37 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")
284
L’analyse factorielle indique que la variable ainsi constituée est unidimensionnelle ;
l’échelle est fiable. Nous la conservons telle quelle et agrégeons ses cinq items pour former
la variable "PERCFOR".
8.3.7. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des
expériences professionnelles"
Cette variable est opérationnalisée par cinq items. Les trois premiers renvoient à
l’exercice de responsabilités sur des hommes "RESPHOM", sur un budget "RESPBUD" et
sur du matériel "RESPMAT". Les deux derniers traduisent la conduite ou la participation
dans des projets "MENPART" et la prise de décisions importantes de manière solitaire
"DECISEUL".
Concernant l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", les statistiques de l’ACP
montrent que ce construit est undimensionnel (annexe 8). Tous les items se rapportent à la
même composante. Cependant, la contribution factorielle de l’item "MENPART" est
inférieure à 0,50. En outre, seulement 46,1% de l’information recueillie est représentée par
le facteur en question.
Pour ce qui est de l’échantillon témoin, les contributions factorielles des items
"RESPBUD" et "RESPMAT" sont supérieures à 0,30 pour les deux facteurs contenant
cette variable (annexe 9). L’ACP nécessite donc une rotation oblimin, laquelle indique que
la variable est bidimensionnelle (annexe 10). La première facette regroupe les items
"RESPHOM", "MENPART" et "DECISEUL". La deuxième est formée par les items
"RESPBUD" et "RESPMAT".
L’optique comparative nous oblige à retenir le même nombre de facteurs avec des
items identiques pour chacun d’eux. Des calculs simultanés sur les deux échantillons
nous informent qu’il faut supprimer l’item "MENPART". Le tableau 38 reprend les
propriétés de l’ACP de la population de référence sans ce dernier. Les contributions
factorielles des quatre items restant (toutes supérieures à 0,69) sont améliorées de façon
importante. De plus, la variance totale augmente pour s’établir à hauteur de 53,9%.
285
Qualité de représentation
Initial Extraction
RESPHOM 1,000 ,484
RESPBUD 1,000 ,639
RESPMAT 1,000 ,511
DECISEUL 1,000 ,523
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales
Le calcul de l’α révèle un coefficient acceptable pour l’échelle initiale (annexe 11).
Cependant, le tableau ci-dessous indique que l’élimination de l’item "MENPART" permet
d’améliorer ce score de 0,1 point (0,7144).
286
Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles sans l’item MENPART" : cohérence interne
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,7144
Ainsi donc, au regard des critères de l’ACP et de l’α, nous épurons l’échelle de l’item
"MENPART" pour la population de référence. Qu’en est il pour la population témoin ? La
suppression de cet item conduit à un construit unidimensionnel (tableau 40). Bien que la
variance totale soit inférieure à 50%, les contributions factorielles de chacun des facteurs à
l’axe principal sont satisfaisantes.
Qualité de représentation
Initial Extraction
RESPHOM 1,000 ,340
RESPBUD 1,000 ,471
RESPMAT 1,000 ,263
DECISEUL 1,000 ,570
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales
287
Matrice des composantes a
Composante
1
RESPHOM ,583
RESPBUD ,686
RESPMAT ,513
DECISEUL ,755
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.
Echelle multiple Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des
expériences professionnelles sans l’item MENPART" : cohérence interne
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,6846
288
perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles ("RESPHOM", "RESPBUD", "RESPMAT", et "DECISEUL") pour
former la nouvelle variable dont le nom est "PERCEXP".
466
Précédemment, celle-ci s’énonçait de la façon suivante : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants
acquièrent avec les responsabilités, la conduite ou la participation dans des projets et la prise individuelle de
décisions importantes lors d’expériences professionnelles (travail ou stage) influencent positivement
l’intention entrepreneuriale (Cf. supra., p. 199, "B. Les expériences professionnelles et associatives").
467
Cf. supra., p. 201, "6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources".
289
Qualité de représentation
Initial Extraction
DIFFINBA 1,000 ,708
DIFFINRI 1,000 ,665
DIFFINPR 1,000 ,431
DIFINFO 1,000 ,843
DIFCONSE 1,000 ,832
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Cette rotation fait nettement ressortir les liens entre les facteurs et leurs composantes car
les contributions factorielles ont des valeurs plus élevées (tableau 43). Tous les items
contribuent fortement (contribution supérieure à 0,65) et essentiellement (aucune
contribution supérieure ou égale à 0,30 sur un autre facteur) à la dimension qu’ils
composent. De plus, les deux axes restituent chacun plus d’un tiers de l’information
collectée et le total de leur variance est égal à 69,5%.
Qualité de représentation
Initial Extraction
DIFFINBA 1,000 ,708
DIFFINRI 1,000 ,665
DIFFINPR 1,000 ,431
DIFINFO 1,000 ,843
DIFCONSE 1,000 ,832
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
290
Variance totale expliquée a
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés Somme des carrés des facteurs
Composante des facteurs retenus retenus pour la rotation
Total % de la % Total % de la % Total
variance cumulés variance cumulés
1 1,800 35,990 35,990 1,800 35,990 35,990 1,749
2 1,679 33,576 69,566 1,679 33,576 69,566 1,731
3 ,762 15,245 84,811
4 ,456 9,127 93,938
5 ,303 6,062 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés
pour obtenir une variance totale.
291
Matrice de corrélation des composantes
Composante 1 2
1 1,000 -1,880E-02
2 -1,880E-02 1,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
Tableau 43 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable
"perceptions de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise")
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,6899
Tableau 44 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des
ressources financières" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
292
Les caractéristiques de fiabilité du deuxième facteur sont reprises dans le tableau ci-
dessous. Elles indiquent un bon score de l’α (0,8165) d’autant plus que l’échelle est réduite
à son nombre le plus faible (deux items).
Alpha = ,8165
Tableau 45 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des
informations et conseils" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles
de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
Qualité de représentation
Initial Extraction
DIFFINBA 1,000 ,690
DIFFINRI 1,000 ,739
DIFFINPR 1,000 ,551
DIFINFO 1,000 ,889
DIFCONSE 1,000 ,881
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
293
Variance totale expliquée a
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,983 39,670 39,670 1,983 39,670 39,670
2 1,766 35,322 74,992 1,766 35,322 74,992
3 ,634 12,687 87,679
4 ,399 7,971 95,650
5 ,217 4,350 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
En effet, avec cette rotation, nous retrouvons au sein de l’échantillon témoin la même
structure factorielle que dans l’échantillon de référence (tableau 47). Deux facteurs sont
clairement distingués avec des contributions factorielles élevées (toutes supérieures à
0,74). En outre, les deux composantes présentent une variance totale très satisfaisante
(74,9%).
Qualité de représentation
Initial Extraction
DIFFINBA 1,000 ,690
DIFFINRI 1,000 ,739
DIFFINPR 1,000 ,551
DIFINFO 1,000 ,889
DIFCONSE 1,000 ,881
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Variance totale expliquée a
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des Somme des carrés des facteurs
Composante carrés des facteurs retenus retenus pour la rotation
Total % de la % Total % de la % Total
variance cumulés variance cumulés
1 1,983 39,670 39,670 1,983 39,670 39,670 1,968
2 1,766 35,322 74,992 1,766 35,322 74,992 1,784
3 ,634 12,687 87,679
4 ,399 7,971 95,650
5 ,217 4,350 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés
pour obtenir une variance totale.
294
Matrice des composantes a
Composantes
1 2
DIFFINBA ,821
DIFFINRI ,825 302
DIFFINPR ,694
DIFINFO -,301 ,894
DIFCONSE ,908
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.
Pour s’enquérir de l’homogénéité de chacun des axes factoriels, nous allons procéder
aux calculs de fiabilité. S’agissant de la dimension regroupant les perceptions de
disponibilité des ressources financières, le tableau 48 indique que le score de l’α est
satisfaisant (0,7174). Aucune suppression d’items ne permet de l’améliorer de manière
conséquente.
295
Echelle multiple "perceptions de disponibilité des ressources financières" : cohérence interne
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,7174
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,8712
Les calculs d’homogénéité dans les deux échantillons révèlent donc l’existence de deux
dimensions dans les perceptions de disponibilité des ressources. La dimension relative au
financement condense les items "DIFFINBA", "DIFFINRI" et "DIFFINPR" ; elle est
représentée par une nouvelle variable appelée "DIFFI". La dimension afférente aux
296
conseils et aux informations rassemble les items "DIFINFO" et "DIFCONSE". Nous lui
affectons la variable qui portera le nom de "DIFINFCO".
Cette échelle a été utilisée par L. KOLVEREID (1997 p. 52), A.F. DE NOBLE et alii
(1999) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999 p. 276-277). Les résultats de ces études
prouvent l’unidimensionnalité et la fiabilité de cette échelle auprès d’étudiants Norvégiens,
Américains et Russes suivant des cours en entrepreneuriat (au sein de cursus de
management). Respectivement, les scores de l’α étaient de 0,89, 0,70 et 0,83. La mise en
perspective dans le contexte français conduira-t-elle à une même unidimensionnalité et une
même fiabilité alors que le contexte culturel est différent ?
Qualité de représentation a
Initial Extraction
PROBACRE 1,000 ,780
PROBASAL 1,000 ,757
CHCREASA 1,000 ,781
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
468
Cf. supra., p. 236-239, "7.5.2.8. Choix de carrières".
297
Variance totale expliquée
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,318 77,272 77,272 2,318 77,272 77,272
2 ,361 12,037 89,309
3 ,321 10,691 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Le test de Cronbach indique que l’échelle est très cohérente (tableau 51). Le score de
l’α est très bon (0,8521) et tous les items sont corrélés à plus de 70% au score global de
l’échelle (quatrième colonne).
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,8521
298
Les calculs d’homogénéité réalisés sur l’échantillon "DESS CAAE" vont dans le même
sens que ceux effectués sur l’échantillon de référence. En effet, l’ACP dégage une seule
dimension avec des items ayant des contributions factorielles au moins égale à 0,80
(tableau 52). Le facteur restitue 68,6% de l’information collectée.
Qualité de représentation a
Initial Extraction
PROBACRE 1,000 ,643
PROBASAL 1,000 ,739
CHCREASA 1,000 ,677
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
299
Echelle multiple "intention entrepreneuriale" : cohérence interne
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,7547
Conclusion du chapitre 8
Les tris croisant successivement les deux échantillons avec le sexe, l’âge, le pays ou la
région d’origine, le cursus antérieur, le type de formation et les raisons de l’intégration des
programmes et des formations en entrepreneuriat ont permis de décrire et de spécifier des
propriétés socio-démographiques des deux populations de la recherche.
Les critères d’homogénéité pour les traitements des échelles s’appuient sur les méthodes
de dimensionnalité et de cohérence interne. Celles-ci sont centrées sur le résumé des
données et la structuration des variables. En effet, l’analyse factorielle révèle les
469
Soit [0,70 et 0,89].
300
dimensions sous-jacentes des hypothèses. L’alpha de Cronbach confirme ou infirme ces
dimensions. Les composantes des différentes variables sont mises au jour en factorisant les
items pertinents et en supprimant ceux qui le sont moins.
Ainsi, au terme de cette avant-dernière étape de la recherche, nous avons condensé les
variables initiales en un nombre réduit de variables composites en vue de pouvoir les
interpréter. Les nouvelles variables créées sont des opérationnalisations pertinentes des
hypothèses. En effet, seuls trois items ont été supprimés et les dimensions mises au jour
par les ACP sont conformes aux différents aspects formulés dans les hypothèses.
Les calculs d’homogénéité reposent sur des "références empiriques". En tenant compte
de considérations spécifiques aux différences culturelles, nous avons comparé les résultats
obtenus avec ceux des travaux norvégien, américain et russe. Les résultats de la
recherche dans le contexte français sont en adéquation avec ceux trouvés dans
d’autres régions du monde.
L’homogénéité des échelles étant vérifiée, nous allons procéder dans un ultime chapitre
aux tests de validation des hypothèses. Dans cette perspective, notre démarche mobilise les
méthodes de ANOVA à un facteur, de régressions simple et multiple ainsi que la
corrélation multiple.
301
Chapitre 9 - Un modèle de l’intention entrepreneuriale validé dans un
contexte de l’enseignement de l’entrepreneuriat
"Une vérité n'appartient pas à celui qui la trouve, mais à celui qui la prouve, et qui sait en
voir les conséquences".
J.-B. SAY (1972) [1803]
Valider ou invalider des hypothèses implique pour notre étude de vérifier l’influence
des variables explicatives du modèle sur la variable à expliquer : l’intention
entrepreneuriale. Il s’agit donc de soumettre les relations formulées dans les hypothèses à
des tests économétriques de manière à déterminer, lorsqu’elles existent, l’importance et la
signification des contributions des variables indépendantes sur les variations de la
variable dépendante.
302
9.1. Les méthodes explicatives et prédictives utilisées
Les tests de vérification des hypothèses font appel à des méthodes explicatives et
prédictives470 dont le choix est subordonné à trois critères : les objectifs de la recherche
exprimés à travers les hypothèses, les propriétés des données (c’est-à-dire le niveau des
variables analysées qui peuvent être nominales, ordinales ou métriques) qui déterminent les
tests mathématiques qu’il est pertinent de leur appliquer et le nombre de variables à
expliquer.
Cette analyse est une des méthodes explicatives et prédictives les plus utilisées.
Fréquemment fondée sur la problématique de l’ajustement linéaire471, elle permet de
vérifier la relation de cause (variable explicative) à effet (variable à expliquer) entre deux
variables quantitatives (métriques) dont on a postulé l’existence et le sens dans
l’hypothèse correspondante (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 449-450). L’analyse de
régression linéaire simple permet d’identifier les coefficients de l’équation de la droite qui
minimisent la dispersion entre ordonnées observées et ordonnées ajustées472.
A l’aide de cette équation, l’interprétation des résultats d’une régression se fait à trois
niveaux (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 458 ; J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE,
2001, p. 356). L’intensité de la relation entre les deux variables est calculée grâce au
coefficient de corrélation linéaire (R). Il en est de même pour la significativité de la
liaison et la qualité de l’ajustement du modèle dont les indicateurs sont le coefficient de
détermination linéaire (R2) et le test F de FISHER-SNEDECOR. Enfin, la régression
permet l’examen "des résidus" en se prononçant sur la précision du modèle, c’est-à-dire
l’écart entre les valeurs prédites par le modèle et celles réellement observées473.
470
Prédictives car à partir d’un certain nombre d’observations, on peut prédire pour chaque individu à partir
de la valeur de la variable explicative, la valeur correspondante de la variable à expliquer.
471
L’analyse de régression ainsi que celle de la variance sont des variantes du modèle linéaire général. Le
plus souvent, la forme de la fonction choisie est linéaire car elle est la relation la plus simple.
472
Cette équation détermine la droite "moyenne" qui résume un "nuage de points".
473
La variation résiduelle est obtenue en considérant la différence entre la valeur réelle (observée) de la
variable à expliquer et la valeur recalculée (théorique) par le modèle. Ce dernier est d’autant meilleur que la
différence entre ces deux valeurs est faible (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 454). "Plus la somme des carrés
des erreurs est faible, meilleure est la régression" (J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE, 2001, op.cit., p.
361). Ainsi, la variation résiduelle est aussi un indicateur de la qualité globale du modèle.
303
9.1.2. L’analyse de la variance à 1 facteur
474
Cette influence se formule, selon Y. EVRARD et alii (1997, op.cit., p. 466) par "l’hypothèse nulle
suivante : la valeur moyenne de la variable à expliquer est la même pour toutes les modalités de la variable
explicative ; si cette hypothèse nulle est démentie par le test, l’existence d’une liaison est établie".
304
identifie la qualité globale de l’ajustement. Le dernier objectif vérifie le poids de chaque
modalité dans l’explication apportée par la variable indépendante.
9.1.3. La corrélation
La corrélation multiple quantifie l’association entre plusieurs variables et repose sur les
mêmes principes que la corrélation simple. Nous l’utiliserons après avoir procédé à la
régression multiple pour vérifier qu’il n’existe pas de corrélations significatives entre les
variables explicatives. En effet, celles-ci doivent être significativement indépendantes les
unes des autres (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 450) ; si leurs coefficients de corrélation sont
très faibles, il n y a pas d’effet de multicolinéarité.
Dans le cas contraire, J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, p. 410-411)
signalent une double conséquence : une "estimation imprécise des coefficients de
régression, donc des erreurs standard de régression élevées", et un "manque de stabilité"
de ces coefficients dont la valeur variera sensiblement d’un échantillon à un autre. De ce
fait, l’estimation de la part relative de chacune des variables explicatives dans la "qualité"
de la régression devient délicate. Conséquemment, il est conseillé, chaque fois que cela est
possible, "de privilégier l’indépendance dans le choix des variables explicatives
potentielles".
305
9.2. Les tests et les analyses de validation des hypothèses
Accepter une hypothèse implique que les données recueillies au cours d’une enquête lui
sont compatibles. "Il serait plus juste de dire que l’hypothèse est "non rejetée" plutôt
qu’"acceptée", car rien ne prouve que d’autres hypothèses ne seraient pas également
acceptables" (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 326). Cette précaution interprétative étant
formulée, nous allons procéder aux analyses statistiques pour ne pas confirmer ou infirmer
les hypothèses envisagées une à une.
9.2.1. Les effets des attitudes associées au comportement sur l’intention entrepreneuriale
475
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.1.
476
Cf. supra., p. 236-239, "7.5.2.8. Choix de carrières", la question 8.1.
306
les propriétés statistiques sont connues. Nous comparons la valeur calculée de F à sa valeur
critique, à un seuil α fixé et pour le nombre de degrés de liberté correspondant.
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 110 2,945455 ,7031707 ,0670447 2,812574 3,078335 1,3333 4,0000
1 68 2,313725 ,7259290 ,0880318 2,138013 2,489438 1,0000 4,0000
Total 178 2,704120 ,7737667 ,0579963 2,589667 2,818573 1,0000 4,0000
ANOVA
INTENT
Somme des carrés Ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 16,770 1 16,770 33,089 ,000
Intra-groupes 89,202 176 ,507
Total 105,973 177
477
Dans la suite de ce chapitre, "sig." désigne la significativité de la relation.
307
Ainsi, l’hypothèse 1 n’est pas rejetée pour l’échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise". Qu’en est-il pour l’échantillon "DESS CAAE" ?
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 49 2,401361 ,5269566 ,0752795 2,250001 2,552720 1,0000 3,6667
1 127 1,650919 ,5037046 ,0446966 1,562465 1,739372 1,0000 3,3333
Total 176 1,859848 ,6104312 ,0460130 1,769037 1,950660 1,0000 3,6667
ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 19,912 1 19,912 76,489 ,000
Intra-groupes 45,297 174 ,260
Total 65,209 175
Ayant validé la première hypothèse au sein des deux échantillons, nous allons décrire
les aspects des idées ou des projets que nous avons recueillis à travers le questionnaire. Le
tableau 56 montre que plus de 60% des étudiants de l’échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
308
d’entreprise" déclarent posséder une idée ou un projet d’entreprise (61,8%)478. Ce taux
baisse de plus de la moitié pour les étudiants de l’échantillon "DESS CAAE" (27,8%).
DIPLÔME
EXISTENCE DE L’IDEE DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
OU DU PROJET et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en %
Oui 110 61,8 49 27,8
Non 68 38,2 127 72,2
Total 178 100,0 176 100,0
Tableau 56 - Tri croisé "existence d’une idée ou d’un projet-échantillons"
DIPLOME
MOMENT DE DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
NAISSANCE DE L’IDEE et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
OU DU PROJET nb en % nb en %
Avant 89 80,9 48 98,0
Après 21 19,1 1 2,0
Total 110 100,0 49 100,0
Tableau 57 - Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-échantillons"
478
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.1.
479
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.2.
309
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise". Les
diagrammes reportés en annexe 13 illustrent ces différences.
DIPLOME
MOMENT DE NAISSANCE DESS, formations ou programmes en écoles DESS CAAE
DE L’IDEE OU DU PROJET de management et gestion en entrepreneuriat
ou en création d’entreprise
INTENTION ENTREPRENEURIALE
Moyenne 3,011236 2,409722
Avant Nb 89 48
Les événements à l’origine de la naissance des idées ou des projets émanant des
étudiants de l’échantillon de référence sont de diverses formes (tableau 59). L’expérience
professionnelle (emploi ou stage) et des rencontres avec des entrepreneurs sont les plus
citées avec environ 40% des cas pour chacune d’elle (soit respectivement 42,7% et
38,2%480). La presse écrite spécialisée inspire les étudiants qui déclarent posséder une idée
ou un projet d’affaire dans presque un tiers des cas (30,0%). Ceci est révélateur de
l’intérêt qu’ils manifestent pour les médias dédiés à l’entrepreneuriat et à la création
d’entreprise. Dans des fréquences égales (22,7%) et supérieures au cinquième, des
projets menés pendant les formations actuelles ou antérieures sont à l’origine des idées ou
des projets de création d’entreprise. Ces derniers sont aussi la conséquence, avec une
fréquence relativement importante (17%), de voyages à l’étranger.
De façon moins significative, les étudiants mettent en avant divers faits à l’origine de
leur idée ou leur projet de création d’entreprise : "la passion" pour la création d’entreprise ;
des discussions et des réflexions avec des amis ; des réflexions personnelles sur un besoin
non satisfait ; "les loisirs" consacrés à la création d’entreprise ; un cours suivi pendant la
formation actuelle ; une idée concrétisée dans la ville natale et inexistante dans la ville où
les étudiants poursuivent leurs formation et enfin une "illumination".
480
Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à
plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.3).
310
Concernant l’échantillon "DESS CAAE", les événements cités par les étudiants sont
quasiment identiques à ceux annoncés ci-dessus, mais les proportions enregistrées s’en
éloignent sensiblement. Ainsi, l’expérience professionnelle (emploi et stage) et des
rencontres avec des entrepreneurs sont, comme dans l’échantillon de référence, les deux
origines les plus citées avec respectivement 36,7% et 24,5%. Les séjours à l’étranger et les
projets menés au cours de formations antérieures inspirent des idées ou des projets de
création d’entreprise dans presque un quart des cas (soit 20,4% et 18,4%). Dans des
fréquences légèrement supérieures à 10%, les étudiants évoquent la presse spécialisée
écrite (14,3%), des réflexions personnelles (12,2%) et des discussions et des réflexions
avec des amis (10,2%).
Dans des proportions beaucoup plus faibles, les étudiants ont donné les sources
suivantes : les projets menés pendant les formations antérieures ; la "passion" ; la volonté
de vouloir concrétiser une idée ou un projet d’entreprise constaté(e) dans la ville natale et
inexistant(e) dans la ville où ils suivent leur formation.
DIPLOME
DESS, formations ou programmes en écoles de DESS CAAE
ORIGINE DE LA NAISSANCE DE
management et gestion en entrepreneuriat ou en
L’IDEE OU DU PROJET
création d’entreprise
nb en % nb en %
Suite à un emploi, à un stage Oui 47 42,7 18 36,7
Non 63 57,8 31 63,3
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à des rencontres avec des Oui 42 38,2 12 24,5
entrepreneurs
Non 68 61,8 37 75,5
Total 110 100,0 49 100,0
En lisant la presse spécialisée Oui 33 30,0 7 14,3
Non 77 70,0 42 85,7
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à un projet mené pendant votre Oui 25 22,7 3 6,1
formation actuelle
Non 85 77,8 46 93,9
Total 110 100,0 49 100,0
311
DIPLOME
ORIGINE DE LA NAISSANCE DE DESS, formations ou programmes en écoles de DESS CAAE
L’IDEE OU DU PROJET management et gestion en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise
nb en % nb en %
Suite à un projet mené pendant votre Oui 25 22,7 9 18,4
formation antérieure
Non 85 77,3 40 81,6
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à un séjour à l'étranger Oui 19 17,3 10 20,4
Non 91 82,7 39 79,6
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à une passion Oui 8 7,3 1 2,0
Non 102 92,7 48 98,0
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à des discussions et des Oui 4 3,6 5 10,2
réflexions avec des amis
Non 106 96,4 44 89,8
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à des réflexions personnelles sur Oui 3 2,7 6 12,2
un besoin non satisfait
Non 107 97,3 43 87,2
Total 110 100,0 49 100,0
Projet en relation avec mes loisirs Oui 3 2,7
Non 107 97,3
Total 110 100,0
Grâce à un cours suivi pendant cette Oui 1 0,9
formation
Non 109 99,1
Total 110 100,0
Suite à une idée concrétisée dans ma Oui 1 0,9 1 2,0
ville natale et inexistante dans la ville
où je fais mon DESS
Non 109 99,1 48 98,0
Total 110 100,0 49 100,0
Grâce à une illumination Oui 1 2,0
Non 48 98,0
Total 49 100,0
Tableau 59 - Tri croisé "origine de la naissance de l’idée ou du projet-échantillons"
312
9.2.1.2. L’influence de la recherche d’informations
Le test de régression, dont les caractéristiques sont reprises dans le tableau 60, indique
pour la population de référence une bonne corrélation entre la recherche d’informations
et l’intention entrepreneuriale. L’intensité de cette relation se traduit par un coefficient (de
corrélation R) dont la valeur est 49,2%. Le R2 ajusté présente un score acceptable de
0,235483. Ce résultat indique que le modèle restitue 24% de la variation exprimée dans les
données de départ.
Pour évaluer la qualité de l’ajustement de cette régression, il est fait appel au test F de
FISHER-SNEDECOR. Il s’agit de savoir si, pour le risque α considéré, le R2 multiple est
significativement différent de 0 dans l’échantillon étudié (J.-L. GIANNELLONI et E.
VERNETTE, 2001, p. 413). La valeur critique de F, au seuil α = 0,05, pour 1 et 107 degrés
de liberté, est égale à 3,92. Le F calculé (34,151, sig. = 0,000) étant nettement supérieur,
nous pouvons conclure que la qualité de l’ajustement offert par la régression est
significative. Il existe donc une dépendance significative entre le fait de rechercher des
481
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.4.
482
J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, op.cit., p. 412-413).
483
Il est "normal" que les valeurs des R2 ajustés soient faibles pour chacune des régressions simples que nous
allons effectuer. En effet, la somme algébrique de ces valeurs doit être "proche" de celle du R2 ajusté si l’on
régressait conjointement (régression multiple) l’ensemble des variables explicatives quantitatives.
313
informations et l’intention entrepreneuriale. Plus les étudiants de l’échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise" sont en quête d’informations pour mieux formaliser certains aspects
de leurs idées ou leurs projets, meilleure est leur intention entrepreneuriale. Ainsi, sur la
base du test de la régression simple, l’hypothèse 2 n’est pas rejetée au sein de la
population de référence.
La régression multiple confirmera ou infirmera ce résultat. Il en sera de même
pour toutes les hypothèses dont les variables explicatives sont quantitatives. Les
résultats de la régression multiple doivent corroborer ceux des régressions simples pour
pouvoir se prononcer définitivement sur la validité de ces hypothèses484.
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 RINFO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,492 a ,242 ,235 ,6170490
a : valeurs prédites : (constantes), RINFO.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 13,003 1 13,003 34,151 ,000 a
Résidu 40,740 107 ,381
Total 53,743 108
a : valeurs prédites : (constantes), RINFO.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés T Signification
484
Cf. infra., p. 364-366, "9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuiriale testé dans le
cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat".
314
Pour savoir si l’hypothèse 2 ne peut être rejetée dans le cadre de l’échantillon "DESS
CAAE", nous allons nous intéresser au score du R2 ajusté (tableau 61). Celui-ci est quasi
nul (-0,020). Il n’existe pas de lien significatif entre la recherche d’informations et
l’intention entrepreneuriale. Le coefficient F observé (0,051 ; sig. = 0,83) est inférieur au F
calculé pour 1 et 47 degrés de liberté (F = 4,000 ; sig. = 0,05). La régression simple ne
révèle pas de liaison linéaire significative. En conséquence, l’hypothèse 2 est rejetée au
sein de la population témoin.
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 RINFO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,033 a ,001 -,020 ,5322466
a : valeurs prédites : (constantes), RINFO.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,014 1 ,014 ,051 ,823 a
Résidu 13,314 47 ,283
Total 13,329 48
a : valeurs prédites : (constantes), RINFO.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
315
Pour mieux formaliser ces derniers, les étudiants ont consulté dans des proportions
avoisinant 40% leurs enseignants, des organisations professionnelles et des organismes
spécialisés dans l’aide à la création et à la reprise d’entreprise (soit respectivement 46,9%,
44,8% et 39,6%485). Pour des scores proches du tiers, ces étudiants se sont rapprochés des
Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) et de l’Agence pour la Création d’Entreprise
(APCE) pour recueillir les informations nécessaires à leurs projets ou leurs idées (soit
35,4% et 32,3%). Dans 20% des cas, la collecte d’informations s’est faite auprès des
chambres des métiers et sur Internet. Enfin, de façon marginale, avec une fréquence ne
dépassant guère 4%, les étudiants mentionnent les sources suivantes : l’entourage ; la
presse spécialisée ; les professionnels de la création d’entreprise ; un experts comptable ;
l’INSEE ; la chambre d’agriculture et un "parrain".
485
Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à
plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.5.).
316
DESS, formations ou programmes en écoles de management et
LES SOURCES D’INFORMATIONS gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en %
Internet Oui 20 20,8
Non 76 79,2
Total 96 100,0
Chambre des métiers Oui 20 20,8
Non 76 79,2
Total 96 100,0
Entourage Oui 4 4,2
Non 92 95,8
Total 96 100,0
Presse spécialisée Oui 3 3,1
Non 93 96,9
Total 96 100,0
Professionnels du métier Oui 3 3,1
Non 93 96,9
Total 96 100,0
Expert comptable Oui 1 1,0
Non 95 99,0
Total 96 100,0
INSEE Oui 1 1,0
Non 95 99,0
Total 96 100,0
Parrain Oui 1 1,0
Non 95 99,0
Total 96 100,0
Chambre d’agriculture Oui 1 1,0
Non 95 99,0
Total 96 100,0
Tableau 62 - Tri croisé "sources d’informations-échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise""
Dans un second temps, nous allons nous consacrer au degré de renseignement avec
lequel les étudiants décrivent leurs projets ou leurs idées d’entreprise. Le tableau des
317
correspondances suivant prouve que la moitié des étudiants (53, soit 48%) présentent ces
derniers de façon "plutôt précise" ou "tout à fait précise"486. Au total, un tiers des individus
(38, soit 34,5%) décrivent leurs projets ou leurs idées de façon "plutôt précise" ou "tout à
fait précise" et manifestent, en même temps, une forte intention entrepreneuriale ; cette
dernière prend les valeurs les plus fortes (3 et 4).
Dans un troisième temps, nous analysons l’horizon auquel les étudiants pensent
concrétiser leurs projets ou leurs idées d’entreprise487. L’analyse de ANOVA à un facteur,
reprise dans le tableau suivant, indique une influence significative du terme auquel les
étudiants souhaitent concrétiser leurs idées ou leurs projets sur l’intention entrepreneuriale.
La table de FISHER-SNEDECOR donne pour α = 0,05 et 3 et 106 degrés de liberté, une
valeur de 2,68, laquelle est inférieure à celle que nous avons calculée (F = 30,504 ; sig. =
0,000).
486
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.6.
487
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.7.
318
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
1 21 3,555556 ,4260064 ,0929622 3,361640 3,749471 2,6667 4,0000
2 38 3,210526 ,4131550 ,0670226 3,074726 3,346327 2,6667 4,0000
3 29 2,747126 ,7435179 ,1380678 2,464307 3,029946 1,3333 4,0000
4 22 2,166667 ,4082483 ,0870388 1,985660 2,347674 1,3333 2,6667
Total 110 2,945455 ,7031707 ,0670447 2,812574 3,078335 1,3333 4,0000
ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 24,971 3 8,324 30,504 ,000
Intra-groupes 28,924 106 ,273
Total 53,895 109
Sous-ensembles homogènes
INTENT
Duncan a,b
TPSCONCR Nbre Sous-ensemble pour alpha = .05
1 2 3 4
4 22 2,166667
3 29 2,747126
2 38 3,210526
1 21 3,555556
Signification 1,000 1,000 1,000 1,000
Les moyennes des groupes des sous-ensembles homogènes sont affichées.
a : utilise la taille d'échantillon de la moyenne harmonique = 25,996.
b : les effectifs des groupes ne sont pas égaux. La moyenne harmonique des effectifs des groupes est utilisée.
Les niveaux des erreurs de type I ne sont pas garantis.
Ainsi, les statistiques reprises dans la rubrique des "sous-ensembles homogènes" montre
que plus proche est le terme auquel les étudiants souhaitent concrétiser leurs idées ou
projets, plus forte est la moyenne de leur intention entrepreneuriale. Comme l’illustre la
figure 18, les moyennes de l’intention sont de 3,55 et 3,21 pour les individus manifestant
respectivement des termes de moins d’un an et entre 1 et moins de 3 ans. Ces moyennes
baissant à 2,74 et 2,16 pour des horizons de concrétisation respectifs entre 3 et 5 ans et plus
de 5 ans.
319
3,8
3,6
3,4
3,2
3,0
2,8
Moyenne de INTENT
2,6
2,4
2,2
2,0
1 2 3 4
TPSCONCR
Les tests des hypothèses relatives aux attitudes associées au comportement étant
effectués, nous cherchons à vérifier dans la section suivante la validité statistique des
hypothèses concernant les normes subjectives.
Les influences des normes subjectives sont formulées à travers les motivations
psychologiques, la propension à la prise de risque et la connaissance de modèles
d’entrepreneur. Nous allons successivement tester la validité des hypothèses y afférentes.
320
9.2.2.1. L’influence des motivations psychologiques
Cette dernière, détaillée dans le tableau suivant, indique pour l’échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise", une corrélation satisfaisante entre le besoin d’accomplissement et
l’intention entrepreneuriale. La force de cette relation est évaluée à 26,7% (R). La part de
la variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par le besoin d’accomplissement est
égale à 6,2% ; la qualité de l’ajustement de la relation obtenue par la régression simple est
donc acceptable et le lien s’en trouve significatif (la valeur calculée de F est supérieure à
la valeur critique observée sur la table statistique : F calculé = 8,261 ; sig. = 0,05 ; F
critique = 3,92, au seuil α = 0,05 pour 1 et 108 degrés de liberté).
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 ACCOMPLI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,267 a ,071 ,062 ,6808581
a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 3,830 1 3,830 8,261 ,005
Résidu 50,065 108 ,464
Total 53,895 109
a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI.
b : variable dépendante : INTENT.
488
Cf. supra., p. 232-235, "7.5.2.6. Les motivations de concrétisation", les questions 6.1 et 6.2.
321
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 ACCOMPLI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,168 a ,028 ,008 ,5249211
a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI.
322
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,378 1 ,378 1,373 ,247 a
Résidu 12,950 47 ,276
Total 13,329 48
a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 RECHAUTO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,300 a ,090 ,081 ,6739246
a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 4,844 1 4,844 10,666 ,001 a
Résidu 49,051 108 ,454
Total 53,895 109
a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO.
b : variable dépendante : INTENT.
323
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
Les statistiques de régression, dont les caractéristiques sont contenues dans le tableau
ci-dessous, montrent que la corrélation entre la recherche de l’autonomie et l’intention
entrepreneuriale est quasiment nulle (-0,5%). Le coefficient F de FISHER-SNEDECOR
est égal à 0,784 pour un sig. = 0,381. La valeur du F critique est de 4,00, au seuil α = 0,05
pour 1 et 47 degrés de liberté. L’hypothèse 3b est donc rejetée au sein de l’échantillon
témoin.
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 RECHAUTO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,128 a ,016 -,005 ,5281480
a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO.
324
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,219 1 ,219 ,784 ,381 a
Résidu 13,110 47 ,279
Total 13,329 48
a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
489
Cf. supra., p. 192-194, "6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la
disparition de l’entreprise".
490
Cf. supra., p. 275-282, "8.3.4. La variable "propension à la prise de risque"".
325
significative car la valeur observée du coefficient F (13,996 pour un sig. = ,000) est
nettement supérieure à la valeur critique (3,84 au seuil α = 0,05, pour 1 et 175 degrés de
liberté).
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 ECHEC a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 -,272 a ,074 ,069 ,7483198
a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 7,837 1 7,837 13,996 ,000 a
Résidu 97,997 175 ,560
Total 105,834 176
a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés T Signification
326
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 UTI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,188 a ,035 ,030 ,7638662
a : valeurs prédites : (constantes), UTI.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 3,723 1 3,723 6,381 ,012 a
Résidu 102,111 175 ,583
Total 105,834 176
a : valeurs prédites : (constantes), UTI.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés T Signification
327
de l’entreprise et l’intention entrepreneuriale ; le coefficient de cette association s’élève à -
24,5% et signifie une variation opposée entre ces deux variables.
Il est mis au jour un impact négatif de ces perceptions sur l’intention entrepreneuriale.
Celui-ci est significatif ; en effet la valeur observée du coefficient F (11,153 pour un sig. =
,001) dépasse largement la valeur critique repérée dans la table statistique (F= 3,84 au seuil
α = 0,05, pour 1 et 174 degrés de liberté).
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 ECHEC a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 -,245 a ,060 ,055 ,5934586
a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 3,928 1 3,928 11,153 ,001 a
Résidu 61,282 174 ,352
Total 65,210 175
a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
328
liberté) lui est supérieure. L’hypothèse 4, sur la base de la régression simple, est donc
rejetée au sein de l’échantillon "DESS CAAE".
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 UTI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,035 a ,001 -,004 ,6117984
a : valeurs prédites : (constantes), UTI.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,082 1 ,082 ,219 ,641 a
Résidu 65,128 174 ,374
Total 65,210 175
a : valeurs prédites : (constantes), UTI.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
329
ceux qui en font partie491, la table de FISHER-SNEDECOR donne pour l’échantillon de
référence au seuil α = 0,05 pour 1 et 176 degrés de liberté, une valeur de 3,84, laquelle est
inférieure à celle calculée et reprise dans le tableau 73 (F = 4,854 pour un sig. = ,029). Ces
résultats permettent de conclure, au vu des données collectées dans l’échantillon de
référence, à l’influence significative de la connaissance de modèles d’entrepreneur dans
l’entourage immédiat que les étudiants souhaiteraient imiter sur l’intention
entrepreneuriale. Le test de variance va-t-il conforter cette validité statistique au sein de
l’échantillon témoin ?
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 105 2,809524 ,7068909 ,0689855 2,672723 2,946325 1,3333 4,0000
1 73 2,552511 ,8429431 ,0986590 2,355838 2,749185 1,0000 4,0000
Total 178 2,704120 ,7737667 ,0579963 2,589667 2,818573 1,0000 4,0000
ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 2,844 1 2,844 4,854 ,029
Intra-groupes 103,128 176 ,586
Total 105,973 177
Les calculs, dont le détail est présenté dans le tableau ci-dessous, indiquent une
influence significative de la connaissance et la volonté d’imiter des modèles
d’entrepreneur dans l’entourage immédiat sur l’intention entrepreneuriale. En effet, la
valeur critique de F pour α = 0,05 et 1 et 174 degrés de liberté est égale à 3,84. La valeur
observée de F lui est largement supérieure (F = 12,422 ; sig. = ,001).
491
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.1.
330
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 64 2,067708 ,6234107 ,0779263 1,911985 2,223432 1,0000 3,6667
1 112 1,741071 ,5724923 ,0540954 1,633878 1,848265 1,0000 2,6667
Total 176 1,859848 ,6104312 ,0460130 1,769037 1,950660 1,0000 3,6667
ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 4,345 1 4,345 12,422 ,001
Intra-groupes 60,864 174 ,350
Total 65,210 175
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 81 2,880658 ,6568203 ,0729800 2,735424 3,025893 1,0000 4,0000
1 97 2,556701 ,8343350 ,0847139 2,388545 2,724857 1,0000 4,0000
Total 178 2,704120 ,7737667 ,0579963 2,589667 2,818573 1,0000 4,0000
331
ANOVA
INTENT
Somme des carrés Ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 4,632 1 4,632 8,045 ,005
Intra-groupes 101,340 176 ,576
Total 105,973 177
Cet effet se retrouve au sein de l’échantillon "DESS CAAE" dont les caractéristiques de
l’analyse de la variance sont détaillées dans le tableau ci-dessous. L’influence sur
l’intention entrepreneuriale de la connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de
l’entourage immédiat et le désir de les imiter est significative. La valeur observée du
coefficient de FISHER-SNEDECOR (F = 11,175 ; sig. = 0,001) est nettement supérieure à
la valeur critique (3,84 au seuil α = 0,05, pour 1 et 174 degrés de liberté).
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 32 2,177083 ,5078903 ,0897832 1,993969 2,360197 1,3333 3,0000
1 144 1,789352 ,6103822 ,0508652 1,688807 1,889897 1,0000 3,6667
Total 176 1,859848 ,6104312 ,0460130 1,769037 1,950660 1,0000 3,6667
ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 3,936 1 3,936 11,177 ,001
Intra-groupes 61,274 174 ,352
Total 65,210 175
332
Ainsi, quel que soit l’échantillon et le fait que les modèles d’entrepreneur font ou non
partie de l’entourage immédiat, plus les étudiants en connaissent avec une volonté de les
imiter, plus forte est leur intention entrepreneuriale. Nous concluons, sur la base des
analyses de la variance et conformément à nos attentes, que l’hypothèse 5 n’est pas
rejetée au sein des deux échantillons. Celle-ci étant validée, nous mettons en évidence
des aspects liés à la connaissance de modèles d’entrepreneur que nous avons collectés à
travers le questionnaire.
Le tri croisant l’existence de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat que les
étudiants souhaiteraient imiter avec les deux populations de l’étude (tableau 77) recense
que presque 60% des étudiants de l’échantillon de référence affichent leur souhait
d’emprunter les mêmes voies que ces modèles (59%). Ce taux se réduit à un peu plus
d’un tiers pour les individus de l’échantillon "DESS CAAE" (36,4%).
333
CONNAISSANCE DE MODELES DIPLOME
D’ENTREPRENEUR DANS DESS, formations ou programmes en DESS CAAE
L’ENTOURAGE IMMEDIAT écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise
INTENTION ENTREPRENEURIALE
Oui Moyenne 2,81 2,07
Nb 105 64
Non Moyenne 2,55 1,74
Nb 73 112
Tableau 78 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage
immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale"
Une étude plus fine recensant le nombre de ces modèles d’entrepreneur pour lesquels
les étudiants manifestent le vœu d’emprunter les mêmes parcours montre que plus de 60%
des individus de l’échantillon "DESS CAAE" connaissent au moins un entrepreneur dans
leur entourage contre moins de 40% pour ceux de l’échantillon de référence (soit
respectivement 60,9% et 38,1%)492. Il est important de signaler que la totalité des étudiants
de l’échantillon témoin citent au plus 4 entrepreneurs, alors que plus du dixième (12,4%)
de ceux de l’échantillon de référence en connaissent plus de 4.
DIPLOME
NOMBRE DE MODELES DESS, formations ou programmes en DESS CAAE
D’ENTREPRENEUR DANS écoles de management et gestion en
L’ENTOURAGE IMMEDIAT entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % % nb en % %
cumulé cumulé
1 40 38,1 38,1 39 60,9 60,9
2 35 33,3 71,4 13 20,3 81,3
3 17 16,2 87,6 7 10,9 92,2
4 6 5,7 93,3 5 7,8 100,0
5 et + 7 6,7 100,0
Total 105 100,0 64 100,0
Tableau 79 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur dans l’entourage
immédiat-échantillons"
492
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.2.
334
Pour obtenir une estimation synthétique de ces nombres, nous avons calculé des
indicateurs de position et de dispersion (tableau 80). Il ressort des enquêtes que le score
des moyennes du nombre de modèles d’entrepreneur que les étudiants connaissent et
qu’ils désirent imiter est assez proche dans les deux populations (soit respectivement 2,10
et 1,66 dans les échantillons de référence et témoin).
DIPLOME
DESS, formations ou programmes en écoles de management et DESS CAAE
gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
Moyenne 2,10 1,66
Nb 105 64
Ecart-type 1,200 ,963
Tableau 80 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de
modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-échantillons"
Nous avons affiné davantage l’analyse en identifiant les liens de parenté ou d’amitié
entre les individus des deux échantillons et les modèles d’entrepreneur qu’ils veulent
imiter. Présentées dans le tableau suivant, les données recueillies dans l’échantillon de
référence placent les parents en première position avec près de 60% (soit 57,1%). Juste
derrière, les amis sont cités avec plus de 45%493. Pour plus d’un tiers (35,2%), les
étudiants connaissent d’"autre membres de leur famille" qui représentent des modèles à
suivre. Les frères et sœurs se détachent en dernière place avec une fréquence inférieure à
10% (8,6%).
493
Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondus simultanément de façon dichotomique à
plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.3).
335
S’agissant de l’échantillon "DESS CAAE", ce sont les amis qui, avec un score
supérieur à 50%, attirent le plus les étudiants vers les chemins de l’entrepreneuriat
(53,1%). Les parents sont cités dans des proportions dépassant 45% (soit 45,3%). Les
"autres membres de la famille" représentent près d’un tiers (29,7%) des modèles
d’entrepreneur que les étudiants souhaitent imiter. Les frères et sœurs figurent avec une
faible part excédant à peine 10% (12,5%).
DIPLOME
LIEN DE PARENTE OU DESS, Formations ou programmes en Ecoles de DESS CAAE
D’AMITIE Commerce en création d’entreprise ou en entrepreneuriat
Nb en % nb en %
Parents Oui 60 57,1 29 45,3
Non 45 42,9 35 54,7
Total 105 100,0 64 100,0
Amis Oui 49 46,7 34 53,1
Non 56 53,3 30 46,9
Total 105 100,0 64 100,0
Autres membres de la famille Oui 37 35,2 19 29,7
Non 68 64,8 45 70,3
Total 105 100,0 64 100,0
Frères ou sœurs Oui 9 8,6 8 12,5
Non 96 91,4 56 87,5
Total 105 100,0 64 100,0
Tableau 81 - Tri croisé "lien de parenté ou d’amitié avec les modèles d’entrepreneur
de l’entourage immédiat-échantillons"
494
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.4.
336
DIPLOME
CONNAISSANCE DE MODELES DESS, formations ou programmes en DESS CAAE
D’ENTREPRENEUR EN DEHORS écoles de management et gestion en
DE L’ENTOURAGE IMMEDIAT entrepreneuriat ou en création d’entreprise
Nb en % nb en %
Oui 81 45,5 32 18,2
Non 97 54,5 144 81,8
Total 178 100,0 176 100,0
Tableau 82 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de
l’entourage immédiat-échantillons"
Les résultats concernant le nombre de ces modèles laissent apparaître dans l’échantillon
"DESS CAAE" que 90% des individus connaissent au plus 2 entrepreneurs (tableau
84)495. Ce score est réduit de 20% chez les étudiants de l’échantillon "DESS, formations
495
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.5.
337
ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise" (soit respectivement 90,6% et 70,4%). Seul un dixième (10%) de la
population témoin connaît 3 entrepreneurs et plus, contre un peu moins d’un tiers pour
la population de référence (29,6%).
DIPLOME
DESS, formations ou programmes en écoles de management et DESS CAAE
gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
Moyenne 2,18 1,78
Nb 81 32
Ecart-type 1,174 1,008
Tableau 85 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de
modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat-échantillons"
338
Nous avons demandé aux étudiants de nous citer les noms de modèles d’entrepreneur
qu’ils désirent imiter496. L’annexe 16 montre que la primauté ne revient pas à des
entrepreneurs de renom, mais plutôt aux entrepreneurs chez lesquels ces étudiants ont
travaillé ou effectué un stage. Ces entrepreneurs sont cités dans presque un tiers des cas
(30,8%). B. GATES, J.-M. MESSIER, F. PINAULT et B. TAPIE sont relégués au second
rang ; chacun d’eux occupe une fréquence dépassant légèrement le dixième (13,5%).
Dans des parts négligeables n’excédant pas à chaque fois 5%, les étudiants font notamment
référence à R. BRANSON, J.-M. FOLTZ, L. SCHWEITZER et à des entrepreneurs
intervenant dans leur Mastère497.
Enfin, nous ne pouvons exploiter les questions relatives aux supports médiatiques
dans lesquels les étudiants ont pris connaissance de ces modèles498. En effet, seule une
vingtaine d’étudiants des deux échantillons ont, à cet égard, fait acte de réponse. Ce
nombre n’est pas quantitativement (d’un point de vue statistique) significatif.
Les quatre hypothèses concernant les normes subjectives étant de la sorte vérifiées, nous
allons procéder à l’examen de l’influence des perceptions du contrôle comportemental sur
l’intention entrepreneuriale.
496
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.6. Les résultats concernant
l’échantillon "DESS CAAE" ne sont pas reportés car seuls 9 étudiants ont répondu.
497
Les totaux dépassent 100% car les étudiants peuvent cités plusieurs noms en même temps.
498
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.7.
339
9.2.3.1. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais
de la formation
L’effet des perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec
la formation sur l’intention entrepreneuriale est exprimé par l’hypothèse 6a ("les
perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
programmes et les formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat
ou en création d’entreprise influencent positivement l’intention entrepreneuriale").
Rappelons que celle-ci est à vérifier uniquement au sein de l’échantillon de référence car le
suivi de programmes ou de formations en entrepreneuriat est ce qui le différencie de la
population témoin. Ces perceptions étant opérationnalisées sous forme de variable
quantitative499, il convient de procéder à une régression simple.
Cette dernière, détaillée dans le tableau 86, montre une corrélation satisfaisante entre les
perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par la formation et l’intention
entrepreneuriale. L’intensité de cette relation est évaluée à 35,6% (R). La part de la
variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par ces perceptions est égale à 12,2% ;
la qualité de l’ajustement de la relation obtenue par la régression simple est donc
acceptable et le lien en est significatif. En effet, la valeur observée du coefficient F
(25,542 pour un sig. = ,000) est largement supérieure à la valeur critique (3,84, au seuil α =
0,05, pour 1 et 176 degrés de liberté).
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 PERCFOR a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,356 a ,127 ,122 ,7251260
a : valeurs prédites : (constantes), PERCFOR.
499
Cf. supra., p. 228-230, "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial", la question 4.3.
340
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 13,430 1 13,430 25,542 ,000 a
Résidu 92,542 176 ,526
Total 105,973 177
a : valeurs prédites : (constantes), PERCFOR.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales que développent les étudiants grâce aux
programmes et formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise ont donc un effet
significatif sur leur intention entrepreneuriale. Plus les étudiants perçoivent ces aptitudes
entrepreneuriales, meilleure est leur intention entrepreneuriale. L’hypothèse 6a n’est pas
rejetée au sein de l’échantillon de référence.
9.2.3.2. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais
des expériences professionnelles
L’impact des perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent
avec les expériences professionnelles sur l’intention entrepreneuriale s’exprime par
l’hypothèse 6b ("les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités et la prise individuelle de décisions importantes lors d’expériences
professionnelles (travail ou stage) influencent positivement l’intention entrepreneuriale").
Ces perceptions sont opérationnalisées sous forme de variable quantitative500, nous allons
donc effectuer une analyse de régression linéaire simple.
500
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.9.
341
Celle-ci laisse apparaître un coefficient de corrélation acceptable (R = 25,7%). La
proportion de la variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par les perceptions des
aptitudes entrepreneuriales acquises avec les expériences professionnelles est égale à
6,1%. La qualité de l’ajustement obtenue par la régression est évaluée à 12,167 pour un
sig. = 0,01. Cette valeur observée est supérieure à la valeur critique de F (3,84, au seuil α =
0,05 pour 1 et 172 degrés de liberté).
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 PERCEXP a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,257 a ,066 ,061 ,7392438
a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 6,649 1 6,649 12,167 ,001 a
Résidu 93,995 172 ,546
Total 100,644 173
a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
Ainsi, les perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les expériences
professionnelles ont une influence significative sur l’intention entrepreneuriale des
étudiants. Plus ceux-ci perçoivent ces aptitudes entrepreneuriales, plus élevée est leur
342
intention entrepreneuriale. L’hypothèse 6b n’est pas rejetée au sein de l’échantillon de
référence.
Pour savoir si elle ne l’est pas au sein de l’échantillon "DESS CAAE", nous allons nous
intéresser au score du R2 ajusté (tableau 88). Celui-ci est quasi nul (-0,003). En outre, le
coefficient F observé (0,463 ; sig. = 0,497) est inférieur au F calculé pour 1 et 159 degrés
de liberté (F = 3,84 ; sig. = 0,05). Il n’existe donc pas de lien significatif entre les
perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les expériences professionnelles
et l’intention entrepreneuriale. La régression simple ne révèle pas de liaison linéaire
significative. En conséquence, l’hypothèse 6b est rejetée au sein de la population
témoin.
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 PERCEXP a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,054 a ,003 -,003 ,6031929
a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,168 1 ,168 ,463 ,497 a
Résidu 57,851 159 ,364
Total 58,019 160
a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
343
Ayant été validée par la régression linéaire simple au sein de l’échantillon de référence,
nous allons mettre en exergue des aspects de l’hypothèse 6b qui décrivent les expériences
professionnelles des étudiants. Dans un premier temps, nous allons exposer leur nombre.
Sur 178 étudiants, 174 déclarent avoir une expérience professionnelle501. Parmi ceux-ci
(tableau 89)502, presque la moitié en a eu deux ou trois (soit respectivement 23,0% et
20,7%). Un tiers (33,9%) ont travaillé dans cinq entreprises ou plus. Le reste (un
cinquième) a travaillé dans une ou quatre entreprises (soit dans l’ordre 9,2% et 13,2%).
Nous avons demandé aux étudiants de nous renseigner sur l’expérience professionnelle
qui leur a semblé la plus significative en termes de prises de responsabilité et de décision.
Dans une première analyse portant sur la nature du contrat de travail (tableau 90)503, il
ressort que le stage, avec deux tiers des cas (64,4%), est l’expérience de travail la plus
contractée par les étudiants. Les CDD (Contrat à Durée Déterminée) et les CDI (Contrat à
Durée Indéterminée) en représentent chacun environ 15% (soit respectivement 17,8% et
14,4%). De façon très marginale, les étudiants ont réalisé des missions sous forme
d’intérim, de contrats d’apprentissage, de qualification ou d’adaptation.
501
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.1.
502
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.2.
503
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.3.
344
NATURE DU CONTRAT DESS, formations ou programmes en écoles de management
DE TRAVAIL et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en %
Stages 112 64,4
CDD 31 17,8
CDI 25 14,4
Contrat d'apprentissage 3 1,7
Contrat de qualification 1 0,6
Contrat d'adaptation 1 0,6
Intérim 1 0,6
Total 174 100,0
Tableau 90 - Tri croisé "nature du contrat de travail - échantillon "DESS, formations
ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise""
Parmi les types d’organisation où ont été effectuées ces expériences professionnelles,
repris dans le tableau suivant, prédominent les grandes entreprises (34,5%)504. Les
PME/PMI viennent en second rang avec plus d’un quart des cas (26,4%). Les PE (Petites
Entreprises) et les TPE (Très Petites Entreprises) sont citées dans des proportions
inférieures au cinquième (soit respectivement 19,5% et 13,8%). Marginalement, les
étudiants ont effectué leur expérience professionnelle au sein des organisations suivantes :
organisme public ou parapublic, association de moins 49 salariés et organisme public de
plus de 250 salariés et plus.
504
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.4.
345
DESS, formations ou programmes en écoles de management
TYPE D’ORGANISATION et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en %
Grande entreprise (250 et +) 60 34,5
PME/PMI (50 à 249 salariés) 46 26,4
PE (10 à 49 salariés) 34 19,5
TPE (-10 salariés) 24 13,8
Organisme public ou parapublic (nombre de 4 2,3
salariés non indiqué)
Organisme public ou parapublic (-10 salariés) 3 1,7
Association de moins 49 salariés 2 1,1
Organisme public (250 et +) 1 0,6
Total 174 100,0
Tableau 91 - Tri croisé "type d’organisation - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise""
505
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.5.
346
DESS, formations ou programmes en écoles de management
SECTEUR D’ACTIVITE et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en %
Services 94 54,0
Industrie 35 20,1
Nouvelles technologies 30 17,2
Distribution 6 3,4
Culture 4 2,3
Commerce 2 1,1
Création d'entreprise 2 1,1
BTP 1 0,6
Total 174 100,0
Tableau 92 - Tri croisé "secteur d’activité - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise""
506
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.6.
347
Enfin, nous allons terminer la description des expériences de travail en mettant en relief
leur lieu de réalisation507. Un peu plus d’un dixième (13,8%) des étudiants les ont
effectuées à l’étranger (tableau 93). Une subdivision de l’échantillon montre que la
totalité de ces individus provient d’écoles de management et gestion. Ce score ne nous
permet pas d’exploiter les motifs de ces départs à l’extérieur de l’Hexagone car le nombre
d’individus (24) n’est pas quantitativement significatif508.
507
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.7.
508
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.8.
509
Cf. supra., p. 226-227, "7.5.2.2. Les centres d’intérêts associatifs", la question 2.3.
348
égale à 0,216, pour un sig. = 0,643. La table de FISHER-SNEDECOR en indique une qui
lui supérieure (pour α = 0,05 et 1 et 116 degrés de liberté, F critique = 3,92).
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur
Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard
95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 81 2,786008 ,7998414 ,0888713 2,609149 2,962868 1,0000 4,0000
1 37 2,711712 ,8208779 ,1349515 2,438017 2,985406 1,0000 4,0000
Total 118 2,762712 ,8037208 ,0739885 2,616182 2,909242 1,0000 4,0000
ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes ,140 1 ,140 ,216 ,643
Intra-groupes 75,438 116 ,650
Total 75,578 117
Nous concluons donc sur la base des informations collectées et contrairement à nos
attentes, qu’il n y a pas d’influence significative des aptitudes entrepreneuriales que les
étudiants acquièrent avec les responsabilités associatives sur l’intention entrepreneuriale.
Ainsi, l’hypothèse 6c est rejetée au sein de l’échantillon de référence. Qu’en est-il de la
population témoin ?
Les résultats de ANOVA à un facteur prouvent que l’hypothèse 6c est aussi rejetée au
sein de l’échantillon "DESS CAAE" (tableau 95). En effet, la valeur calculée du
coefficient de FISHER-SNEDECOR (F = 0,243 ; sig = 0,624) est inférieure à celle donnée
par la table statistique (F = 3,92, au seuil α = 0,05, pour 1 et 77 degrés de liberté). Ainsi, il
n’existe pas d’influence significative des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les
responsabilités associatives sur l’intention entrepreneuriale.
349
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 47 1,950355 ,6215872 ,0906678 1,767850 2,132859 1,0000 3,6667
1 32 2,020833 ,6275486 ,1109360 1,794578 2,247089 1,0000 3,0000
Total 79 1,978903 ,6209582 ,0698633 1,839816 2,117990 1,0000 3,6667
ANOVA
INTENT
Somme des carrés Ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes ,095 1 ,095 ,243 ,624
Intra-groupes 29,981 77 ,389
Total 30,076 78
Des réflexions plausibles peuvent étayer le rejet de l’hypothèse 6c au sein des deux
populations. Sur 178 étudiants en "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" et 176 en "DESS
CAAE", respectivement 118 (66,3%) et 79 (44,8%) ont été engagés dans des structures
associatives. Parmi ceux-là, le tableau ci-dessous montre que 81 (68,6%) et 47 (59,5%) des
étudiants des échantillons de référence et témoin ont occupé un statut de responsable
dans le monde associatif510.
510
Cf. supra., p. 226-227, "7.5.2.2. Les centres d’intérêts associatifs", la question 2.3.
350
DIPLOME
STATUT DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en %
Membre simple
Oui 60 50,8 47 59,5
Non 58 49,2 32 40,5
Total 118 100,0 79 100,0
Responsable
Cependant, une analyse plus approfondie permet de mieux saisir les structures
associatives à l’intérieur desquelles les étudiants ont assuré des responsabilités (tableau
97). Il ressort au sein des deux échantillons, qu’ils les ont majoritairement exercées au
sein de structures scolaires (Bureau Des Elèves, Conseil d’établissement…)511. La faible
activité de ces dernières (rythme des réunions, engagement exigé, compétences
requises…), comparativement à d’autres structures (telles que les partis politiques ou les
syndicats), suggère que les étudiants, dans de telles fonctions, ne développent pas
réellement des aptitudes pouvant influencer leur intention entrepreneuriale.
511
Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à
plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 226-227, "7.5.2.2. Les centres d’intérêts associatifs", la question 2.2.).
351
DIPLOME
TYPES DE STRUCTURE DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
ASSOCIATIVE et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb En %
Association au sein de votre Oui 80 67,8 40 50,6
établissement (B.D.E…)
Non 38 32,2 39 49,4
Total 118 100,0 79 100,0
Association en dehors de Oui 32 29,6 25 32,1
votre établissement
Non 76 70,4 53 67,9
Total 108 100,0 78 100,0
Conseil d'établissement Oui 9 7,6 5 6,3
(lycée, école, université…)
Non 109 92,4 74 93,7
Total 79 100,0 79 100,0
Parti politique Oui 5 4,2 1 1,3
Non 113 95,8 78 98,7
Total 118 100,0 79 100,0
Syndicat Oui 2 1,7 1 1,3
Non 116 98,3 78 98,8
Total 118 100,0 79 100,0
Tableau 97 - Tri croisé "type de structure associative - échantillons
Ayant examiné la validité des trois hypothèses relatives aux perceptions du contrôle
comportemental, nous allons procéder aux estimations économétriques relatives à
l’influence des perceptions de disponibilité des ressources sur l’intention entrepreneuriale.
Selon les arguments développés dans l’hypothèse 7512 ("les perceptions de disponibilité
des ressources - informations et conseils, finances - influencent positivement l’intention
entrepreneuriale"), deux types de perceptions sont distingués : les perceptions de
512
Cf. supra., p. 201, "6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources".
352
disponibilité des ressources financières et les perceptions de disponibilité des informations
et conseils. Les résultats de l’analyse en composantes principales a mis au jour cette double
composante que nous avons respectivement représentée par les variables "DIFFI" et
"DIFINFCO"513. Celles-ci étant d’essence quantitative, nous allons donc procéder à des
analyses de régression linéaire simple.
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFFI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 -,096 a ,009 ,000 ,7031404
a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,499 1 ,499 1,009 ,317 a
Résidu 53,396 108 ,494
Total 53,895 109
a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI.
b : variable dépendante : INTENT.
513
Cf. supra., p. 289-297, "8.3.7. La variable "perceptions de disponibilité des ressources"".
353
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFINFCO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 -,015 a ,000 -,009 ,7063356
a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,013 1 ,013 ,025 ,874 a
Résidu 53,882 108 ,499
Total 53,895 109
a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO.
b : variable dépendante : INTENT.
354
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFFI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,007 a ,000 -,021 ,5325208
a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI.
355
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,001 1 ,001 ,002 ,963 a
Résidu 13,328 47 ,284
Total 13,329 48
a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFINFCO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
356
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,072 a ,005 -,016 ,5311426
a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,070 1 ,070 ,246 ,662 a
Résidu 13,259 47 ,282
Total 13,329 48
a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
Les résultats statistiques ne montrent pas de liaisons linéaires significatives entre les
perceptions de disponibilité des ressources (financières, informations et conseils) et
l’intention entrepreneuriale. En conséquence, l’hypothèse 7 est aussi rejetée au sein de la
population de témoin.
Il est possible que ce rejet soit le fait que les idées ou les projets des étudiants ne sont
pas à une phase poussée de formalisation permettant de s’enquérir des ressources
nécessaires à leur concrétisation514. De ce fait, ils ne perçoivent pas les entraves relatives à
la création d’entreprise.
Pour se prononcer sur la qualité et la contribution apportées par chacune des variables
quantitatives à l’explication et la prédiction de l’intention entrepreneuriale, nous réalisons
une régression multiple qui rend compte de la qualité du modèle que nous avons élaboré.
514
Cf. infra., p. 317-318, "9.2.1.2. L’influence de la recherche d’informations tableau 63".
357
9.2.5. Les effets concomitants des variables quantitatives sur l’intention entrepreneuriale
Pour l’échantillon de référence, les variables quantitatives qui sont censées expliquer et
prédire l’intention entrepreneuriale ("INTENT") sont : la recherche d'informations dans le
but de formaliser certains aspects de l'idée ou du projet d'entreprise ("RINFO") ; le besoin
d’accomplissement ("ACCOMPLI") ; la recherche de l'autonomie ("RECHAUTO") ; la
propension à la prise de risque qui se manifeste par des perceptions négatives ("ECHEC")
ou positives ("UTI") des conséquences de la disparition de l’entreprise que les étudiants
seraient amenés à créer ; les perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants
acquièrent avec les programmes et les formations de spécialisation ou d’accompagnement
en entrepreneuriat ("PERCFOR") ; les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants
acquièrent avec les responsabilités et la prise individuelle de décisions importantes lors
d’expériences professionnelles ("PERCEXP") et enfin, les perceptions de disponibilité des
ressources financières ("DIFFI") et des informations et conseils ("DIFINFCO")516.
515
J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, op.cit., p. 410-411).
516
Deux variables qualitatives explicatives ne sont pas intégrées dans le modèle de régression : l’existence
d’une idée ou d’un projet d’affaire et la connaissance de modèles d’entrepreneur.
358
Pour estimer l’influence conjointe de ces variables sur l’intention entrepreneuriale, nous
procédons à une régression multiple dont les résultats économétriques sont exposés dans le
tableau 102. Ceux-ci indiquent une bonne corrélation multiple (R = 72,3%) entre
"INTENT" et "RINFO", "ACCOMPLI", "RECHAUTO", "ECHEC", "UTI", "PERCFOR",
"PERCEXP", "DIFFI" ainsi que "DIFINFCO"517. Le coefficient de détermination linéaire
R2 multiple ajusté présente un score très acceptable égal à 0,48. Le modèle est de qualité
satisfaisante puisque les neuf variables indépendantes expliquent la moitié de la variance
de la variable dépendante exprimée dans les données de départ.
L’estimation de la qualité de l’ajustement du modèle est confirmée par le coefficient
F de FISHER-SNEDECOR qui est égal à 11,872 (sig. = 0,000), ce qui est largement
supérieur à la valeur critique donnée par la table statistique (F = 1,96 pour α = 0,05 et 9 et
97 degrés de liberté). Nous en concluons, par conséquent, que la qualité de l’ajustement
obtenue par la régression multiple est significative.
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFINFCO, , Introduire
UTI,
RINFO,
RECHAUTO,
ECHEC,
PERCEXP,
DIFFI,
PERCFOR,
ACCOMPLI a
A : toutes variables requises introduites
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 0,723 a ,523 ,480 ,5473843
A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, UTI, RINFO, RECHAUTO, ECHEC, PERCEXP, DIFFI,
PERCFOR, ACCOMPLI.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 27,609 9 3,067 11,872 ,000 a
Résidu 25,064 97 ,258
Total 52,673 106
A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, UTI, RINFO, RECHAUTO, ECHEC, PERCEXP, DIFFI,
PERCFOR, ACCOMPLI.
b : variable dépendante : INTENT.
517
Alors que le coefficient de corrélation simple mesure le sens et l’intensité de la relation entre la variable à
expliquer et chacun des régresseurs pris séparément, le coefficient de corrélation multiple R mesure ce sens
et cette intensité entre la variable à expliquer et l’ensemble des régresseurs.
359
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés T Signification
Les résultats statistiques qui viennent d’être évoqués sont des indicateurs de la liaison
globale entre la variable à expliquer et les variables explicatives. Pour évaluer les
contributions de chacune de ces dernières à l’explication globale du modèle, nous
calculons les valeurs du coefficient partiel de régression Bêta. Celui-ci représente la
variation attendue de la variable à expliquer lorsque une variable explicative "change
d’une unité" et que les autres variables explicatives "sont maintenues constantes ou
contrôlées"518. C’est le coefficient de régression standardisé qui importe (rubrique des
"Coefficients" du tableau précédent), il est calculé sur les mêmes bases que le coefficient
non standardisé, mais il est supposé que "toutes les variables prise en compte dans
l’analyse aient été contrées-réduites", c’est-à-dire ramenées à une moyenne nulle et un
écart-type égal à 1.
L’examen des valeurs de ce coefficient indique que la recherche d’informations
("RINFO") est la variable qui explique le mieux l’intention entrepreneuriale (0,431). Les
variables concernant les motivations psychologiques, "RECHAUTO" et "ACCOMPLI",
contribuent chacune avec des scores de l’ordre de 0,206 et 0,184 à l’explication globale du
modèle. Les variables concernant les perceptions des aptitudes entrepreneuriales,
"PERCFOR" et "PERCEXP", y contribuent avec des coefficients de régression
respectivement égaux à 0,164 et 0,133. Les variables renvoyant à la propension à la prise
de risque, "ECHEC" et "UTI", présentent des contributions successives égales à -0,152 et
518
J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, op.cit., p. 412).
360
0,141. Les variables relatives aux perceptions de disponibilité des ressources, "DIFFI" et
"DIFINFCO", indiquent respectivement des valeurs -0,874 et -0,341.
519
Leur élimination de la régression ne changera pas de façon significative la qualité de l’ajustement global
du modèle, c’est-à-dire la valeur du R2 ajusté.
520
On pourrait calculer une corrélation significative (donc un R2 significatif aussi) entre la variable
explicative et la variable à expliquer, alors qu’il n’existe aucune relation entre celles-ci. Cette relation serait
due à une troisième variable, incluse ou non dans le modèle.
361
Au sein de l’échantillon témoin, nous allons effectuer les mêmes calculs
économétriques pour estimer l’influence conjointe et la contribution de chacune des
variables indépendantes à l’explication de l’intention entrepreneuriale (tableau 103). Les
facteurs introduits dans la régression multiple sont les mêmes que ceux concernant
l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise", à l’exception de la variable relative aux
perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
programmes et les formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat
("PERCFOR") ; cette dernière différencie les deux populations de l’étude.
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFINFCO, , Introduire
DIFFI,
RECHAUTO,
RINFO,
PERCEXP,
ACCOMPLI,
ECHEC,
UTI a
A : toutes variables requises introduites
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,371 a ,138 -,044 ,5483874
A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, DIFFI, RECHAUTO, RINFO, PERCEXP, ACCOMPLI,
ECHEC, UTI.
362
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 1,825 8 ,228 ,759 ,640 a
Résidu 11,428 38 ,301
Total 13,253 46
A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, DIFFI, RECHAUTO, RINFO, PERCEXP, ACCOMPLI,
ECHEC, UTI.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification
Sur la base de l’ensemble des calculs que nous avons effectués, nous pouvons enfin
présenter un modèle de l’intention entrepreneuriale validé au sein d’étudiants suivant un
enseignement à dominante "entrepreneuriat".
363
9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé
dans le cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat
Au fil de cette deuxième étape de l’analyse quantitative, nous avons testé le modèle que
nous avons bâti. S’agissant de l’échantillon de référence, il ressort des tests
économétriques que huit hypothèses sur dix ne sont pas rejetées. Seules sont invalidées
les hypothèses 6c (les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale) et 7 (les
perceptions de disponibilité des ressources (informations et conseils, finances) influencent
positivement l’intention entrepreneuriale).
364
Existence d’une idée ou d’un
projet plus ou moins
LES ATTITUDES formalisé
ASSOCIEES AU
COMPORTEMENT Moy =2,94 ;
F = 33,089 ; α = 0,000
Recherche d’informations
B = 0,431
Besoin d’accomplissement
B = 0,184
Recherche d'autonomie
B = 0,206 INTENTION
LES NORMES
ENTREPRENEURIALE
SUBJECTIVES
Propension à la prise de
risque B = -0,152 ; B = 0,141
Connaissance de modèles
d'entrepreneur Moy = 2,81 ; F = 4,854 ; α = 0,029
Moy = 2,88 ; F = 8,045 ; α = 0,005
Formations et programmes en
LES PERCEPTIONS entrepreneuriat B = 0,164
DU
CONTRÔLE
COMPORTEMENTAL Expériences professionnelles B = 0,133
Figure 19 - Un modèle explicatif et prédictif de l'intention entrepreneuriale validé auprès d’étudiants suivant des programmes ou
des formations en entrepreneuriat
365
Concernant l’échantillon témoin, seules deux hypothèses sont validées. Il s’agit des
hypothèses 1 (l'existence d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins formalisé
influence positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants) et 5 (la connaissance par
les étudiants de modèles d'entrepreneur qu’ils souhaiteraient imiter agit positivement sur
leur intention entrepreneuriale). Les variables explicatives exprimant ces hypothèses sont
toutes deux qualitatives. Aucune variable quantitative n’a une influence significative sur
l’intention entrepreneuriale.
Conclusion du chapitre 9
Pour tester la validité du modèle de recherche, nous avons employé des techniques de
régression simple et multiple, de corrélation et le test ANOVA à un facteur. Ceux-ci ont
permis de mettre au jour des facteurs explicatifs et prédictifs de l’intention
entrepreneuriale. Chaque fois que les données et le questionnaire le permettaient, nous
avons procédé à des analyses quantitatives pour mieux cerner et décrire ces facteurs qui
influencent significativement l’intention entrepreneuriale.
Cependant, les hypothèses 6c et 7 n’ont pas été validées dans le modèle. Notre
recherche a, certes, une démarche "positive" de validation d’hypothèses. Mais la
vérification n’est pas synonyme de démonstration. Etablir qu’une hypothèse est invalidée
est en soi un résultat intéressant qui peut éclairer des recherches ultérieures traitant de
l’intention en tant que phase importante en amont du processus entrepreneurial.
Ainsi, s’agissant de l’hypothèse 6c, nous avons signalé que la faible activité des
structures associatives scolaires laisse penser que les étudiants ne sont pas confrontés à des
situations où ils acquièrent des aptitudes pouvant influencer leur intention entrepreneuriale.
366
Une étude intégrant le type des structures associatives en tant que critère (lieu)
d’acquisition d’aptitudes entrepreneuriales "associatives" pourrait venir moduler cette
conclusion.
Concernant l’hypothèse 7, nous n’avons pas réussi à mettre au jour des facteurs
pertinents et significatifs relatifs aux perceptions de disponibilité des ressources qui
influencent l’intention entrepreneuriale. Une explication plausible serait que les idées ou
les projets des étudiants ne sont pas à un stade suffisamment avancé de formalisation
pour s’interroger sur les ressources nécessaires à leur concrétisation. De ce fait, ils ne
percevraient pas encore les obstacles liés à la création d’entreprise.
367
CONCLUSION GENERALE
"Le cours de la rivière qui va jamais ne s’interrompt, et pourtant ce n’est déjà plus la
même eau".
Kamo No CHÔMEL, "Notes de mon ermitage".
521
Cf. supra., p. 201-203., "6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale".
368
dans le cadre d’une démarche hypothético-déductive appuyée sur une approche
qualitative de consultations d’experts, le modèle de l’intention entrepreneuriale est
validé auprès de populations étudiantes (universités et écoles de management et gestion de
niveau bac+5) suivant des formations ou des programmes à dominante "entrepreneuriat"522.
Cette validation implique des apports théoriques et pratiques, des limites et des
perspectives de recherche qu’il convient d’exposer.
Bilan théorique
522
Cf. supra., p. 364-366, "9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé dans le
cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat".
523
Cf. supra., p. 29-30, "1.1.2. Le positionnement de la recherche : une perspective processuelle".
369
Malgré l’abondance des travaux sur le processus entrepreneurial amont, la littérature ne
distingue pas facilement les différents stades le composant. Ce travail différencie les
phases du processus entrepreneurial amont, dénombre et spécifie le continuum suivant :
la propension, l’intention, la décision et l’acte (figure 7)524. Cette organisation linéaire et
séquentielle des savoirs a pour objectif de rendre le phénomène intelligible et non
"disjoint". Elle permet ainsi aux chercheurs de mieux se positionner dans le champ de
l’entrepreneuriat.
524
Cf. supra., p. 47-49, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus entrepreneurial".
525
Cf. supra., p. 57-59, "1.4.2.2. Un processus cognitif".
526
Cf. supra., p. 85-86, "2.2.3. Les principales figures d’entrepreneur selon les évolutions socio-
économiques".
370
les diverses ressources pour concrétiser une opportunité, en assumant les risques qui
en découlent et en assurant la pérennité de son organisation527.
Après avoir identifié et mis en perspective des mobiles et des facteurs contingents
pouvant aider à la formulation des hypothèses de recherche, notre réflexion sur un facteur
contextuel susceptible d’influencer l’intention entrepreneuriale, l’enseignement de
l’entrepreneuriat, a abouti à deux contributions essentielles. La première consiste en une
acception de l’enseignement de l’entrepreneuriat permettant d’éclaircir certaines
ambiguïtés dans le cadre d’une thématique pour laquelle il n’existe pas beaucoup de
travaux en France. Ainsi, tout enseignement (programmes ou formations de
sensibilisation, de spécialisation et d’accompagnement et d’appui) dont le but est de
préparer et de développer des perceptions, des attitudes et des aptitudes
entrepreneuriales, est qualifié d’"entrepreneurial"529.
La deuxième contribution renvoie à un cadre général d’analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat en France. Ce cadre conjugue les phases d’intervention de cet
enseignement (sensibilisation, spécialisation, accompagnement et appui), ses objectifs et
les méthodes pédagogiques en œuvre. Il représente un outil pour réfléchir sur de
nouvelles innovations pédagogiques530.
527
Cf. supra., p. 86-87., "2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la
recherche".
528
Cf. supra., p. 89-97, "2.3.2. … au dynamisme des typologies".
529
Cf. supra., p. 128-129, "Chapitre 4 - Un cadre général d'analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat en
France".
530
Cf. supra., p. 151-154., "4.7.2. Elaboration d’un cadre général d'analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat combinant les phases d’enseignement, les objectifs et les pédagogies".
371
Pour ancrer davantage notre démarche dans la modélisation de l’intention
entrepreneuriale, le processus de recherche exige de formuler une acception des attitudes
et des aptitudes entrepreneuriales. Le débat académique laisse subsister un manque
certain dans la définition de ces deux concepts. Selon le point de vue qui intéresse la
problématique, nous retenons de l’attitude sa dimension conative : les actions de
l’individu sont orientées vers le comportement souhaité, l’attitude oriente l’action531.
La clarification des aptitudes entrepreneuriales se décline en une triple dimension532.
Conceptuelle, elle se compose des connaissances et savoirs théoriques que les étudiants
acquièrent avec les enseignements magistraux et les travaux dirigés. Instrumentale, elle
contient les savoir-faire et compétences que les étudiants peuvent retirer des programmes
et formations spécialisés en entrepreneuriat. Expérientielle enfin, elle se concrétise par des
savoir-être et des comportements "entrepreneuriaux" qui sont le produit de différentes
expériences (professionnelles, associatives...).
531
Cf. supra., p. 181-183, "6.1.1. Les attitudes associées au comportement".
532
Cf. supra., p. 197-198, "6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales".
533
En tenant compte de considérations spécifiques aux différences culturelles, nous avons comparé les
résultats obtenus avec ceux des travaux norvégien, américain et russe. Les résultats trouvé dans le contexte
français sont conformes à ceux trouvés dans d’autres endroits du monde.
534
Cf. supra., p. 260-300, "8.3. Les tests et les analyses de condensation des échelles".
372
corrélation et du test ANOVA à un facteur ont montré des facteurs explicatifs et
prédictifs pertinents de l’intention entrepreneuriale535.
En effet, au sein de l’échantillon de référence ("DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise"),
l’enseignement de l’entrepreneuriat est, parmi d’autres facteurs contextuels et personnels,
une des variables explicatives et prédictives de l’intention entrepreneuriale536. Les variables
quantitatives relatives aux attitudes (existence d’une idée ou d’un projet plus ou moins
formalisé ; recherche d’informations) et aux traits psychologiques (recherche de
l’autonomie ; besoin d’accomplissement ; propension à la prise de risque et connaissance
de modèles d’entrepreneur) sont celles qui contribuent le plus à l’explication et à la
prédiction de l’intention entrepreneuriale. Celles relatives aux perceptions y contribuent le
moins.
Eu égard à la stratégie comparative que nous avons adoptée, nous avons confronté ce
modèle à une population témoin ("DESS CAAE") ne suivant pas d’enseignement en
entrepreneuriat mais comportant des similitudes avec l’échantillon de référence. Nous
avons mis en évidence des différences notables car seules les hypothèses 1 (l'existence
d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins formalisé influence positivement
l'intention entrepreneuriale des étudiants) et 5 (la connaissance par les étudiants de modèles
d'entrepreneur qu’ils souhaiteraient imiter agit positivement sur leur intention
entrepreneuriale) ont été validées dans le cadre de l’échantillon témoin.
535
Cf. supra., p. 364-366, "9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé dans le
cadre de l’enseignement de l’entrepreneur".
536
Seules les hypothèses 6c ("les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale") et 7 ("les perceptions de
disponibilité des ressources - informations et conseils, finances - influencent positivement l’intention
entrepreneuriale") ont été rejetées.
373
Bilan pratique
374
Une autre forme d’opérationnalité de ce processus de sélection est de fournir un cadre
d’analyse à la disposition des responsables de diplômes visant à recruter essentiellement
des candidats potentiellement entrepreneurs. Décelant des variables représentatives de
l’engagement dans le processus de création d’entreprise, ce modèle représente ainsi un
instrument facilitant l’analyse des profils pour le recrutement d’étudiants désireux
d’emprunter la voie entrepreneuriale.
Nos apports sont de nature à consolider les orientations adoptées par les différents
organismes (chambres consulaires, associations, incubateurs…) dans la mise en place de
programmes et de formations de spécialisation et d’accompagnement à la création
d’entreprise. Ces apports renforcent l’idée que le système éducatif supérieur peut agir en
tant qu’acteur à part entière dans la promotion de l’entrepreneuriat en assurant une
adéquation entre les demandes sociales en création d’entreprise et les besoins
économiques.
De manière plus générale, cette thèse concerne les étudiants et diplômés d’universités,
d’écoles de management et gestion et d’écoles d’ingénieurs désireux de suivre des
formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise. Elle s’adresse également aux
professeurs et responsables pédagogiques de ces établissements souhaitant répondre aux
demandes croissantes des étudiants dans ce domaine.
Les implications théoriques et pratiques ayant été présentées, nous allons exposer les
principales limites de notre thèse.
375
2. Les limites de la recherche
Les principales limites de cette thèse sont de deux catégories : théoriques inhérentes à la
nature même du sujet (l’intention entrepreneuriale) et plus générales concernant la
démarche empirique adoptée.
Bien qu’elle s’inscrive dans une perspective processuelle intégrant des dimensions
rétrospective537 et prospective538, l’intention entrepreneuriale n'explique pas le devenir du
processus entrepreneurial. L’une de ses principales limites est qu’elle rend compte d'"une
photographie" du processus entrepreneurial à un moment donné (quelques mois avant
d’intégrer le marché du travail) et dans un contexte précis (suivi de formations ou de
programmes en entrepreneuriat).
537
L'intention entrepreneuriale est décrite et expliquée en combinant des événements de l’histoire
"entrepreneuriale" de l'étudiant - facteurs psychologiques et socioculturels - avec le contexte présent dans
lequel il évolue - formation et facteurs économiques -.
538
Dans la mesure où l’intention prédit les comportements.
539
L’intention est suffisamment stable dans le temps pour être isolée et étudiée. L’hypothèse est que les
attitudes, les normes subjectives et les perceptions influencent, sur une période de cinq ans, l'intention
entrepreneuriale.
540
Les trajectoires des individus, les socialisations professionnelle et organisationnelle et les contextes
économiques peuvent avoir, entre autre, des effets sur l’intention.
376
Toute modélisation suppose un processus de sélection et de choix de facteurs
explicatifs du sujet étudié. Les résultats économétriques ont montré, qu’au vu des
informations collectées dans l’enquête, les hypothèses 6c et 7 n’ont pas été validées dans le
cadre de notre modèle. Certes, toute recherche n’atteint pas obligatoirement l’objectif
ambitieux de vérification des hypothèses, mais il est certain que nous n’avons pas réussi
à faire émerger des variables pertinentes relatives aux aptitudes entrepreneuriales que les
étudiants acquièrent avec les responsabilités associatives et aux perceptions de
disponibilité des ressources
Une étude qualitative auprès d’étudiants ou de jeunes créateurs aurait peut être permis
non seulement de faire émerger des facteurs pertinents concernant ces deux aspects, mais
éventuellement d’en mettre en évidence d’autres que la revue de la littérature, les
consultations d’experts et nos réflexions personnelles pourraient avoir ignorés.
Le cadre empirique que nous avons retenu, s’il comporte nombre d’intérêts, présente
également des limites certaines. Malgré les précautions méthodologiques mises en place, la
rigueur scientifique nous invite à repérer les faiblesses des choix et stratégies opératoires
adoptés. Les limites les plus importantes de la méthodologie empirique concernent deux
aspects. Le premier relève de la composition des échantillons de référence et témoin et
donc, de la comparaison que nous avons effectuée entre ceux-ci. Le deuxième renvoie à
la validité externe des échelles.
377
L’approche comparative nous amène à constituer un échantillon témoin dont le critère
distinctif par rapport à la population de référence est le non-suivi de programmes ou de
formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat. Dans l’objectif
de maintenir une certaine homogénéité comparative et trouver une contingence au sein de
deux "univers sociaux semblables", notre choix s’est porté sur des étudiants en "DESS
CAAE". Il s’agit de constituer une population estudiantine possédant des
caractéristiques globalement similaires à celles de l’échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise" (le niveau de diplôme - bac+5 -, les disciplines enseignées - sciences de
gestion- et la nature des débouchés sur le marché du travail).
541
Les nombres d’observations et de variables explicatives sont intégrés dans le calcul du R2 ajusté.
L’ANOVA à un facteur tient aussi compte du nombre d’observations.
378
être vérifiée que par des études portant sur des échantillons de différents établissements et
de différents pays. Leur reproduction consolidera ainsi cette validité et contribuera à leur
généralisation.
Une limite découlant directement de la validité externe renvoie à la difficulté de
confronter les résultats obtenus à ceux émanant d’autres travaux (internationaux). La
comparaison des résultats n’est possible que si les modèles testés sont similaires et les
méthodes déployées pour les analyses sont identiques. En effet, en prenant les précautions
liées à la diversité culturelle, aux différences dans les techniques d’échantillonnage, la
taille des populations et les techniques de calcul, la comparaison ne peut s’opérer que pour
des échelles identiques, c’est-à-dire composées des mêmes items.
Pour progresser, une recherche doit renouveler des problématiques, introduire des
approches différentes et évaluer des perspectives. Ouvrir le débat sur ces dernières
implique, notamment, d’apporter des réponses en vue de pallier certaines limites évoquées.
A ce titre, les explorations que nous souhaitons entreprendre sont de deux natures :
nécessaires et envisageables.
Prolongements indispensables
379
contraire, il sera intéressant d’appréhender les facteurs personnels et situationnels qui ont
inhibé l’intention. Les opportunités d’emploi et l’inaccessibilité des ressources notamment,
sont des variables qui peuvent se révéler pertinentes.
Pour tester la validité externe des échelles que nous avons développées, il est
indispensable de varier les échantillons. Le modèle de l’intention entrepreneuriale serait-
il valide dans d’autres contextes, auprès de populations ne réunissant pas les mêmes
caractéristiques ? Les variables que nous avons retenues et les opérationnalisations qui en
découlent seraient-elles pertinentes auprès d’étudiants ingénieurs ou d’individus désirant
entreprendre dans le monde associatif ? L’hétérogénéité des trajectoires scolaires,
familiales et professionnelles révélerait peut-être d’autres facteurs explicatifs de l’intention
entrepreneuriale.
Les dernières pistes de recherche qu’il nous semble nécessaire d’explorer concernent le
domaine de l’enseignement de l’entrepreneuriat. Premièrement, nous souhaitons valider
sur un échantillon plus large et varié le cadre général d’analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat en France. Testé auprès de dix formations "DESS" de gestion et
sciences économiques (IAE et départements Sciences Economiques et AES) à dominante
"entrepreneuriat", notre but est d’élargir ce cadre analytique à l’ensemble du système
éducatif supérieur.
L’enquête de terrain consistera à recenser sur le territoire français l’ensemble des
enseignements, des programmes et des formations en entrepreneuriat, les méthodes
pédagogiques en œuvre, les publics concernés et les objectifs fixés. Une distinction doit
être opérée entre, d’une part les types d'établissement (public, para-public et privé) et
d’autre part, les types de formation (gestion et management, scientifiques, autres
formations).
La confirmation de ce cadre d'analyse, susceptible d’aménagements, fournira une
"cartographie" synthétique de l’enseignement de l’entrepreneuriat conjuguant les aspects
ci-dessus. Ce cadre permettra notamment de consolider et d’enrichir les différentes
pratiques pédagogiques en France.
Deuxièmement, sur la base du cadre d’analyse qui serait validé, il paraît nécessaire de
s’interroger sur les pédagogies susceptibles d’être mobilisées pour agir sur les attitudes
et les perceptions, et conséquemment sur l’intention entrepreneuriale.
380
Prolongements envisageables
Au-delà des perspectives directement liées à notre sujet, nous souhaitons approfondir
nos connaissances sur le processus entrepreneurial amont, dans sa phase décisionnelle.
Quels sont les enseignements du modèle de l’intention entrepreneuriale qui
permettent d’aborder et d’appréhender la décision de vouloir entreprendre ?
Enfin, de façon plus large, nous projetons d’explorer l’analyse et la description des
actes de création d’entreprise, en tant que comportements initiant le processus
entrepreneurial aval.
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409
VERIN H, Entrepreneurs, entreprises : histoire d’une idée, PUF, Paris, 1982, 262 pages.
410
VROOM V.H, Work and motivation, San Francisco, Jossey-Bass Publishers, 1995, 397
pages.
WEBER M, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Plon, Paris, 1964, 340 pages.
411
Annexes
412
Annexe 1 - La théorie VIE de V.H. VROOM (1995)
The cognized
instrumentality of
Valence of
outcome j for the
attainment of outcome j
(VJ)
The Force to perform act i
outcome k
(IJK)
Past and
present
The outcome k
The strength
situational
variables of the
Valence of
expectancy
outcome k that act i will
(Vk) be followed
by outcome j
(EIJ)
542
Version simplifiée.
413
Ce modèle permet de prédire le comportement "i" ; il tente d’expliquer un choix ou une
intention. Il s'appuie sur les trois équations suivantes :
F =Σ(EIJ*VJ)
F : la force motivationnelle à adopter le comportement i ("The force to
perform act i").
EIJ : l'attente que le comportement i conduira au résultat j ("The strength of
the expectancy act i will be followed by outcome j").
VJ : la valence ou attractivité accordée au résultat j ("the valence of
outcome j").
VJ =Σ(IJK*Vk)
IJK = l'instrumentalité du résultat j pour obtenir les récompenses k ("The
cognized instrumentality of outcome j for the attainment of outcome k").
Vk = la valence accordée aux récompenses k ("the valence of outcome
k").
P =F*A ;
P : la performance, c'est-à-dire la réalisation effective du comportement i.
A : les possibilités effectives (ressources, compétences et opportunités)
de réussir le résultat k.
414
Annexe 2 - Questionnaire Ecoles de management et gestion et DESS entrepreneuriat
et création d’entreprise
Cette enquête est réalisée dans le cadre d'une recherche doctorale. Elle vise à
comprendre l'impact de votre formation, ainsi que de vos expériences personnelles, sur
votre projet professionnel.
Nous vous tiendrons informés des résultats de cette étude par le biais de votre
association des étudiants ou du BDE. Le temps que vous consacrerez à ce questionnaire
n’excédera pas 20 minutes. Nous vous assurons que la confidentialité totale de vos
réponses sera préservée.
415
1.6. Combien de mois a duré votre travail ?…………
1.8. Si vous avez répondu "Etranger" à la question 1.7., pour quelles raisons étiez-vous
parti ?
1.9. Dans le cadre de votre travail (cochez une case pour chacune des modalités
suivantes) :
1. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
hommes importante
2. Vous aviez des responsabilités sur un Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
budget importante
3. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
moyens matériels importante
4. Vous aviez à charge de mener ou participer Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
à un projet importante
5. Vous preniez des décisions importantes seul Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
importante
6. Autre (merci de préciser)
2.1. Dans combien de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ?……….
(Si vous répondez "0" à cette question, veuillez aller à la question 3.1.)
2.2. Dans quel type de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ? (Vous pouvez
cocher plusieurs réponses selon le nombre de vos activités)
2.3. Vous occupez (occupiez) le statut de ? (Vous pouvez cocher les deux réponses si vous
occupez (occupiez) les deux statuts)
416
2.4. Si vous occupez (occupiez) le statut de responsable, lequel ? (Vous pouvez cocher
plusieurs réponses selon vos différents statuts)
Président Vice-président Secrétaire Trésorier
Membre du bureau Membre du Conseil d'administration
Autre (merci de préciser) ………………………………………………………………
3.3. Qui sont-ils ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre
d’entrepreneurs)
Parents Frères ou sœurs Autres membres de la famille
Amis Autre (merci de préciser) …………………. ……………………………..
3.7. Dans quels types de médias les avez-vous connus ? (Vous pouvez cocher plusieurs
réponses)
Le(s)quel(s) ?
1. Ecrits nationaux
2. Ecrits étrangers
3. Chaînes radios nationales
4. Chaînes radios étrangères
5. Chaînes télévisées nationales
6. Chaînes télévisées étrangères
417
4. Le cursus entrepreneurial
4.1. Les enseignements spécifiques à la création d'entreprise que vous avez suivis font que
(cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :
1. devenir créateur d'entreprise me serait Très difficile Difficile Facile Très facile
2. si je voulais, je pourrais facilement poursuivre Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
une carrière de créateur d'entreprise d'accord d'accord d'accord d'accord
3. comme créateur d'entreprise, j'aurais un Absolument Peu de Beaucoup Contrôle
contrôle de la situation aucun contrôle de contrôle total
4. le nombre d'événements qui ne seraient pas Très peu élevé Peu élevé Elevé Très élevé
sous mon contrôle, et qui pourraient
m'empêcher de devenir créateur d'entreprise est
5. si je deviens créateur d'entreprise, les chances Très fortes Fortes Faibles Très
de réussite de mon entreprise seront faibles
5.2. Cette idée ou projet d'entreprise est-il(elle) né(e) avant ou après que vous ayez suivi
les enseignements spécifiques à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise ?
Avant Après
418
5.5. Auprès de qui ?
5.6. Pourriez-vous nous renseigner sur les aspects suivants de votre idée ou projet
d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
1. Avez-vous une idée de vos futurs clients ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
2. Avez-vous une idée de vos besoins financiers au Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
démarrage ? Précise précise précise précise
3. Avez-vous une idée de vos concurrents ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
4. Avez-vous une idée de vos besoins en ressources Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
humaines au démarrage ? Précise précise précise précise
5.7. Dans combien de temps pensez-vous concrétiser votre idée ou projet en créant votre
entreprise ?
Moins d’un an Entre 1 et moins de 3 ans Entre 3 et 5 ans Plus de 5 ans
6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise
en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
419
7. La disponibilité des ressources
7.1. Dans quelle mesure les facteurs suivants feraient-ils obstacles à la mise en œuvre de
votre idée ou projet d’entreprise ? (cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
d'accord d'accord d'accord d'accord
1. La difficulté à obtenir un financement bancaire
2. La difficulté à attirer les capital-risqueurs
3. La difficulté à réunir des fonds de proximité (amis,
famille)
4. La difficulté à trouver les informations dont j’aurais
besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet
5. La difficulté à trouver les conseils dont j’aurais
besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet
6. Autre (merci de préciser)
8. Choix de carrières
8.1. Dans les cinq prochaines années (Cochez une case pour chacune des modalités
suivantes)
1. la probabilité que vous créiez votre entreprise Très Faible Faible Forte Très forte
est
2. la probabilité que vous poursuiviez une carrière Très Faible Faible Forte Très forte
de salarié est
3. si vous devez choisir entre créer votre entreprise Certainement Plutôt être Plutôt créer Certainement
et être salarié, vous préféreriez être salarié salarié mon créer mon
entreprise entreprise
8.2. Si un jour vous créez votre entreprise, pour vous, son échec éventuel serait avant tout
(Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :
420
Fiche signalétique
421
Annexe 3 - Questionnaire DESS CAAE
Cette enquête est réalisée dans le cadre d'une recherche doctorale. Elle vise à
comprendre l'impact de votre formation, ainsi que de vos expériences personnelles, sur
votre projet professionnel.
Nous vous tiendrons informés des résultats de cette étude par le biais de votre
association des étudiants ou du BDE. Le temps que vous consacrerez à ce questionnaire
n’excédera pas 20 minutes. Nous vous assurons que la confidentialité totale de vos
réponses sera préservée.
422
1.6. Combien de mois a duré votre travail ?…………
1.8. Si vous avez répondu "Etranger" à la question 1.7., pour quelles raisons étiez-vous
parti ?
1.9. Dans le cadre de votre travail (cochez une case pour chacune des modalités
suivantes) :
1. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
hommes importante
2. Vous aviez des responsabilités sur un Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
budget importante
3. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
moyens matériels importante
4. Vous aviez à charge de mener ou participer Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
à un projet importante
5. Vous preniez des décisions importantes seul Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
importante
6. Autre (merci de préciser)
2.1. Dans combien de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ?……….
(Si vous répondez "0" à cette question, veuillez aller à la question 3.1.)
2.2. Dans quel type de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ? (Vous pouvez
cocher plusieurs réponses selon le nombre de vos activités)
2.3. Vous occupez (occupiez) le statut de ? (Vous pouvez cocher les deux réponses si vous
occupez (occupiez) les deux statuts)
423
2.4. Si vous occupez (occupiez) le statut de responsable, lequel ? (Vous pouvez cocher
plusieurs réponses selon vos différents statuts)
Président Vice-président Secrétaire Trésorier
Membre du bureau Membre du Conseil d'administration
Autre (merci de préciser) ………………………………………………………………
3.3. Qui sont-ils ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre
d’entrepreneurs)
Parents Frères ou sœurs Autres membres de la famille
Amis Autre (merci de préciser) …………………. ……………………………..
3.7. Dans quels types de médias les avez-vous connus ? (Vous pouvez cocher plusieurs
réponses)
Le(s)quel(s) ?
1. Ecrits nationaux
2. Ecrits étrangers
3. Chaînes radios nationales
4. Chaînes radios étrangères
5. Chaînes télévisées nationales
6. Chaînes télévisées étrangères
4. Le cursus entrepreneurial
Oui
Lesquels ?…………………………………………………………………………….………
……………………………………………………………………………………………….
Non
424
4.2. Avez-vous suivi des enseignements optionnels en entrepreneuriat ou en
création d'entreprise ?
Oui
Lesquels ?…………………………………………………………………………….………
……………………………………………………………………………………………….
Non
Si vous avez répondu par Non aux questions 4.1. et 4.2., veuillez aller directement à la
question 5.1.. Si vous avez répondu par Oui à la questions 4.1. et/ou à la question 4.2,
veuillez répondre à la question 4.3.
4.3. Les enseignements spécifiques à la création d'entreprise que vous avez suivis font que
(cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :
1. devenir créateur d'entreprise me serait Très difficile Difficile Facile Très facile
2. si je voulais, je pourrais facilement poursuivre Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
une carrière de créateur d'entreprise d'accord d'accord d'accord d'accord
3. comme créateur d'entreprise, j'aurais un contrôle Absolument Peu de Beaucoup Contrôle
de la situation aucun contrôle de contrôle total
4. le nombre d'événements qui ne seraient pas sous Très peu élevé Peu élevé Elevé Très élevé
mon contrôle, et qui pourraient m'empêcher de
devenir créateur d'entreprise est
5. si je deviens créateur d'entreprise, les chances de Très fortes Fortes Faibles Très
réussite de mon entreprise seront faibles
5.2. Cette idée ou projet d'entreprise est-il(elle) né(e) avant ou après que vous ayez suivi
les enseignements spécifiques à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise ?
Avant Après
425
5.4. Consacrez-vous actuellement du temps à la recherche d’informations pour mieux
formaliser les aspects suivants de votre idée ou projet d'entreprise ? (Cochez une case pour
chacune des modalités suivantes)
1. Le marché Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent
2. Le produit (bien ou service) Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent
3. Le montage du plan d'affaires Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent
4. Autre (merci de préciser)
5.6. Pourriez-vous nous renseigner sur les aspects suivants de votre idée ou projet
d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
1. Avez-vous une idée de vos futurs clients ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
2. Avez-vous une idée de vos besoins financiers au Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
démarrage ? Précise précise précise précise
3. Avez-vous une idée de vos concurrents ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
4. Avez-vous une idée de vos besoins en ressources Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
humaines au démarrage ? Précise précise précise précise
5.7. Dans combien de temps pensez-vous concrétiser votre idée ou projet en créant votre
entreprise ?
Moins d’un an Entre 1 et moins de 3 ans Entre 3 et 5 ans Plus de 5 ans
6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise
en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
426
7. La disponibilité des ressources
7.1. Dans quelle mesure les facteurs suivants feraient-ils obstacles à la mise en œuvre de
votre idée ou projet d’entreprise ? (cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
8. Choix de carrières
8.1. Dans les cinq prochaines années (Cochez une case pour chacune des modalités
suivantes)
1. la probabilité que vous créiez votre entreprise Très Faible Faible Forte Très forte
est
2. la probabilité que vous poursuiviez une carrière Très Faible Faible Forte Très forte
de salarié est
3. si vous devez choisir entre créer votre entreprise Certainement Plutôt être Plutôt créer Certainement
et être salarié, vous préféreriez être salarié salarié mon créer mon
entreprise entreprise
8.2. Si un jour vous créez votre entreprise, pour vous, son échec éventuel serait avant tout
(Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :
427
Fiche signalétique
428
Annexe 4 - Répartition des deux échantillons selon l’âge
DIPLOME
AGE DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE Total
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en % nb en %
21 3 1,8 3 0,9
22 35 20,7 26 15,2 61 17,9
23 60 35,5 52 30,4 112 32,9
24 32 18,9 40 23,4 72 21,2
25 16 9,5 19 11,1 35 10,3
26 2 1,2 12 7,0 14 4,1
27 5 3,0 5 2,9 10 2,9
28 3 1,8 3 0,9
29 1 0,6 3 1,8 4 1,2
30 1 0,6 1 0,6 2 0,6
31 2 1,2 1 0,6 3 0,9
32 2 1,2 2 1,2 4 1,2
34 1 0,6 1 0,3
35 1 0,6 1 0,3
37 2 1,2 2 0,6
38 1 0,6 1 0,6 2 0,6
39 1 0,6 1 0,6 2 0,6
40 1 0,6 1 0,6 2 0,6
41 1 0,6 1 0,3
43 1 0,6 1 0,3
47 2 1,2 2 0,6
49 1 0,6 1 0,3
51 2 1,2 2 0,6
Total 169 100,0 171 100,0 340 100,0
429
Annexe 5 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
Qualité de représentation
Initial Extraction
PRISRESP 1,000 ,530
PLUSARGE 1,000 ,573
REALIS 1,000 ,467
POUVOIR 1,000 ,515
DEFI 1,000 ,728
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
430
Annexe 6 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "besoin
d’accomplissement" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
Qualité de représentation
Initial Extraction
PRISRESP 1,000 ,530
PLUSARGE 1,000 ,573
REALIS 1,000 ,467
POUVOIR 1,000 ,515
DEFI 1,000 ,728
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
431
Matrice de structure
Composante
1 2
PRISRESP ,674 ,352
PLUSARGE ,752
REALIS ,345 ,627
POUVOIR ,711
DEFI ,821
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
432
Annexe 7 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon
"DESS CAAE")
Qualité de représentation
Initial Extraction
PRISRESP 1,000 ,569
PLUSARGE 1,000 ,875
REALIS 1,000 ,588
POUVOIR 1,000 ,457
DEFI 1,000 ,508
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
433
Annexe 8 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
Qualité de représentation
Initial Extraction
RESPHOM 1,000 ,411
RESPBUD 1,000 ,600
RESPMAT 1,000 ,491
MENPART 1,000 ,237
DECISEUL 1,000 ,565
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
434
Annexe 9 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon
"DESS CAAE")
Qualité de représentation
Initial Extraction
RESPHOM 1,000 ,499
RESPBUD 1,000 ,452
RESPMAT 1,000 ,776
MENPART 1,000 ,641
DECISEUL 1,000 ,653
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
435
Annexe 10 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable
"perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles" (échantillon "DESS CAAE")
Qualité de représentation
Initial Extraction
RESPHOM 1,000 ,499
RESPBUD 1,000 ,452
RESPMAT 1,000 ,776
MENPART 1,000 ,641
DECISEUL 1,000 ,653
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
436
Matrice de structure
Composantes
1 2
RESPHOM ,694
RESPBUD ,375 ,627
RESPMAT ,866
MENPART ,801
DECISEUL ,759 ,436
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
437
Annexe 11 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles" : cohérence interne
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,7030
438
Annexe 12 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon
"DESS CAAE")
Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles" : cohérence interne
Coefficient de fiabilité
Alpha = ,6861
439
Annexe 13 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et le
moment de naissance de l’idée ou du projet
3,1
3,0
2,9
Moyenne de INTENT
2,8
2,7
2,6
0 1
IDEPROAA
Echantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise".
2,5
2,4
2,3
2,2
Moyenne de INTENT
2,1
2,0
1,9
0 1
IDEPROAA
440
Annexe 14 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et la
connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat
2,9
2,8
2,7
Moyenne de INTENT
2,6
2,5
0 1
ENTRENT
Echantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise".
2,1
2,0
1,9
Moyenne de INTENT
1,8
1,7
0 1
ENTRENT
Echantillon "DESS CAAE".
Légende : INTENT : l’intention entrepreneuriale.
ENTRENT : connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat.
Sur l’axe des abscisses :
0 : Oui.
1 : Non
441
Annexe 15 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et la
connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat
2,9
2,8
2,7
Moyenne de INTENT
2,6
2,5
0 1
ENTRHENT
2,2
2,1
2,0
Moyenne de INTENT
1,9
1,8
1,7
0 1
ENTRHENT
442
Annexe 16 – Exemples de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat
543
Les 13 entrepreneurs cités sont : Les créateurs d'AMAZON, de TATI et d'Easyjet, John Davison
ROCKFELLER, Jean-Claude DECAUX, Yves ROCHER, Francis MER, LAGARDERE, BUFFET, Stoe
JOBS, Maître VERGES, Marc ARAZI, Louis NICOLLIN.
443
Annexe 17 – Corrélation multiple de l’ensemble des variables quantitatives
INTENT RINFO ACCOMPLI RECHAUTO ECHEC UTI PERCFOR PERCEXP DIFFI DIFINFCO
INTENT Corrélation de Pearson 1 ,492** ,267** ,300** -,272** ,188* ,356** ,257** -,096 -,015
Sig. (bilatérale) , ,000 ,005 ,001 ,000 ,012 ,000 ,001 ,317 ,874
Nbre 178 109 110 110 177 177 178 174 110 110
RINFO Corrélation de Pearson ,492** 1 ,113 ,051 -,067 ,040 ,012 ,070 -,055 ,050
Sig. (bilatérale) ,000 , ,243 ,595 ,489 ,681 ,905 ,472 ,571 ,609
Nbre 109 109 109 109 109 109 109 107 109 109
ACCOMPLI Corrélation de Pearson ,267** ,113 1 ,120 ,133 ,109 ,110 ,048 -,035 -,003
Sig. (bilatérale) ,005 ,243 , ,239 ,167 ,254 ,252 ,623 ,719 ,975
Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110
RECHAUTOCorrélation de Pearson ,300** ,051 ,120 1 -,025 ,031 ,153 ,087 ,076 ,052
Sig. (bilatérale) ,001 ,595 ,239 , ,794 ,749 ,111 ,373 ,428 ,587
Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110
ECHEC Corrélation de Pearson -,272** -,067 ,133 -,025 1 -,084 -,079 ,004 ,191 -,012
Sig. (bilatérale) ,000 ,489 ,167 ,794 , ,269 ,297 ,960 ,146 ,904
Nbre 177 109 110 110 177 177 177 173 110 110
UTI Corrélation de Pearson ,188* ,040 ,109 ,031 -,084 1 ,108 ,044 ,128 ,014
Sig. (bilatérale) ,012 ,681 ,254 ,749 ,269 , ,151 ,564 ,184 ,883
Nbre 177 109 110 110 177 177 177 173 110 110
PERCFOR Corrélation de Pearson ,356** ,012 ,110 ,153 -,079 ,108 1 ,200 -,110 -,140
Sig. (bilatérale) ,000 ,905 ,252 ,111 ,297 ,151 , ,018 ,251 ,143
Nbre 178 109 110 110 177 177 178 174 110 110
444
INTENT RINFO ACCOMPLI RECHAUTO ECHEC UTI PERCFOR PERCEXP DIFFI DIFINFCO
PERCEXP Corrélation de Pearson ,257** ,070 ,048 ,087 ,004 ,044 ,200 1 -,020 -,054
Sig. (bilatérale) ,001 ,472 ,623 ,373 ,960 ,564 ,018 , ,840 ,580
Nbre 174 107 108 108 173 173 174 174 108 108
DIFFI Corrélation de Pearson -,096 -,055 -,035 ,076 ,191 ,128 -,110 -,020 1 -,040
Sig. (bilatérale) ,317 ,571 ,719 ,428 ,146 ,184 ,251 ,840 , ,678
Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110
DIFINFCO Corrélation de Pearson -,015 ,050 -,003 ,052 -,012 ,014 -,140 -,054 -,040 1
Sig. (bilatérale) ,874 ,609 ,975 ,587 ,904 ,883 ,143 ,580 ,678 ,
Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110
** La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).
* La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).
445
Tables des figures
446
Tables des tableaux
Tableau 1 - Some of the key questions in the field (W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER,
1991, p. 16) ................................................................................................................... 36
Tableau 2 - DESS de Gestion orientés entrepreneuriat ou création d'entreprise............... 137
Tableau 3 - Répartition de l’échantillon de référence par intitulé et composante des
diplômes...................................................................................................................... 243
Tableau 4 - Répartition de l’échantillon témoin par intitulé et composante des diplômes 245
Tableau 5 - Composition des échantillons de référence et témoin .................................... 245
Tableau 6 - Tri croisé "sexe-échantillons" ........................................................................ 250
Tableau 7 - Tri croisé "âge-échantillons" .......................................................................... 251
Tableau 8 - Tri croisé "pays ou régions d’origine-échantillons"....................................... 252
Tableau 9 - Tri croisé "cursus antérieur-échantillons........................................................ 253
Tableau 10 - Tri croisé "type de formation-échantillons" ................................................. 254
Tableau 11 - Tri croisé "raison d’intégration de la formation-échantillons"..................... 256
Tableau 12 - Analyse factorielle de la variable "recherche d’informations" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 263
Tableau 13 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche d’informations" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 264
Tableau 14 - Analyse factorielle de la variable "recherche d’informations" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 265
Tableau 15 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche d’informations" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 265
Tableau 16 - Analyse factorielle de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 266
Tableau 17 - Alpha de Cronbach de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 267
Tableau 18 - Analyse factorielle de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 268
Tableau 19 - Alpha de Cronbach de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 268
Tableau 20 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items
"PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 270
Tableau 21 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items
"PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 271
Tableau 22 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items
"PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE") ............................................ 271
Tableau 23 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items
"PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE") ............................................ 272
447
Tableau 24 - Analyse factorielle de la variable " recherche de l’autonomie" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 273
Tableau 25 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 273
Tableau 26 - Analyse factorielle de la variable " recherche de l’autonomie" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 274
Tableau 27 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 274
Tableau 28 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 276
Tableau 29 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "propension à
la prise de risque" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 277
Tableau 30 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des conséquences de
la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 278
Tableau 31 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des conséquences de
la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 278
Tableau 32 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque"
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 279
Tableau 33 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "propension à
la prise de risque" (échantillon "DESS CAAE") ........................................................ 281
Tableau 34 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des conséquences de
la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS CAAE") ...................................... 281
Tableau 35 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des conséquences de
la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS CAAE") ...................................... 282
Tableau 36 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
.................................................................................................................................... 284
Tableau 37 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
.................................................................................................................................... 284
Tableau 38 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 286
Tableau 39 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 287
Tableau 40 - Analyse factorielle la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART"
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 288
448
Tableau 41 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART"
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 288
Tableau 42 - Analyse factorielle de la variable "perceptions de la disponibilité des
ressources" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ........................................ 290
Tableau 43 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "perceptions
de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 292
Tableau 44 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des ressources
financières" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ........................................ 292
Tableau 45 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des
informations et conseils" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 293
Tableau 46 - Analyse factorielle de la variable "perceptions de disponibilité des
ressources" (échantillon "DESS CAAE")................................................................... 294
Tableau 47 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "perceptions
de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS CAAE")................................... 295
Tableau 48 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des ressources
financières" (échantillon "DESS CAAE") .................................................................. 296
Tableau 49 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des
informations et conseils" (échantillon "DESS CAAE") ............................................. 296
Tableau 50 - Analyse factorielle de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 298
Tableau 51 - Alpha de Cronbach de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 298
Tableau 52 - Analyse factorielle de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 299
Tableau 53 - Alpha de Cronbach de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 300
Tableau 54 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à l’existence
d’une idée ou d’un projet d’entreprise (échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
.................................................................................................................................... 307
Tableau 55 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à l’existence
d’une idée ou d’un projet d’entreprise (échantillon "DESS CAAE")......................... 308
Tableau 56 - Tri croisé "existence d’une idée ou d’un projet-échantillons" ..................... 309
Tableau 57 - Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-échantillons" ........ 309
Tableau 58 – Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-moyenne de intention
entrepreneuriale"......................................................................................................... 310
Tableau 59 - Tri croisé "origine de la naissance de l’idée ou du projet-échantillons" ...... 312
Tableau 60 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche
d’informations (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 314
Tableau 61 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche
d’informations (échantillon "DESS CAAE") ............................................................. 315
449
Tableau 62 - Tri croisé "sources d’informations-échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise"" .............................................................................................................. 317
Tableau 63 - Tableau des correspondances "intention entrepreneuriale-renseignement des
aspects de l’idée ou du projet" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 318
Tableau 64 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale sur l’horizon de
concrétisation de l’idée ou du projet (échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
.................................................................................................................................... 319
Tableau 65 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport au besoin
d’accomplissement (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 322
Tableau 66 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport au besoin
d’accomplissement (échantillon "DESS CAAE") ...................................................... 323
Tableau 67 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche
de l’autonomie (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 324
Tableau 68 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche
de l’autonomie (échantillon "DESS CAAE") ............................................................. 325
Tableau 69 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")............................................................................................ 326
Tableau 70 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
positives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")............................................................................................ 327
Tableau 71 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS
CAAE")....................................................................................................................... 328
Tableau 72 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
positives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS
CAAE")....................................................................................................................... 329
Tableau 73 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la
connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 330
Tableau 74 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la
connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 331
Tableau 75 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la
connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 332
Tableau 76 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la
connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 332
450
Tableau 77 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage
immédiat-échantillons" ............................................................................................... 333
Tableau 78 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage
immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale" .................................................. 334
Tableau 79 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-
échantillons"................................................................................................................ 334
Tableau 80 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de modèles
d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-échantillons" ........................................... 335
Tableau 81 - Tri croisé "lien de parenté ou d’amitié avec les modèles d’entrepreneur de
l’entourage immédiat-échantillons"............................................................................ 336
Tableau 82 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage
immédiat-échantillons" ............................................................................................... 337
Tableau 83 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage
immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale" .................................................. 337
Tableau 84 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage
immédiat-échantillons" ............................................................................................... 338
Tableau 85 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de modèles
d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat-échantillons" .............................. 338
Tableau 86 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 341
Tableau 87 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 342
Tableau 88 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 343
Tableau 89 - Tri croisé "nombre d’entreprises - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise"" .............................................................................................................. 344
Tableau 90 - Tri croisé "nature du contrat de travail - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise"" .............................................................................................................. 345
Tableau 91 - Tri croisé "type d’organisation - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise"" .............................................................................................................. 346
Tableau 92 - Tri croisé "secteur d’activité - échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise""
.................................................................................................................................... 347
Tableau 93 - Tri croisé "lieu de travail - échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise""... 348
Tableau 94 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport aux aptitudes
entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")............................................................................................ 349
451
Tableau 95 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport aux aptitudes
entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives (échantillon "DESS
CAAE")....................................................................................................................... 350
Tableau 96 - Tri croisé "statut associatif - échantillons .................................................... 351
Tableau 97 - Tri croisé "type de structure associative - échantillons ............................... 352
Tableau 98 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
de disponibilité des ressources financières (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise") .............................................................................................................. 354
Tableau 99 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
de disponibilité des informations et conseils (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise") .............................................................................................................. 355
Tableau 100 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux
perceptions de disponibilité des ressources financières (échantillon "DESS CAAE")
.................................................................................................................................... 356
Tableau 101 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux
perceptions de disponibilité des informations et conseils (échantillon "DESS CAAE")
.................................................................................................................................... 357
Tableau 102 - Régression multiple de l’intention entrepreneuriale par rapport à toutes les
variables quantitatives (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 360
Tableau 103 - Régression multiple de l’intention entrepreneuriale par rapport à toutes les
variables quantitatives (échantillon "DESS CAAE") ................................................. 363
452
Tables des annexes
453
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS................................................................................................................. 1
SOMMAIRE .......................................................................................................................... 3
INTRODUCTION GENERALE........................................................................................ 4
454
2.2.2. Vers deux nouvelles figures d'entrepreneur .................................................... 83
2.2.3. Les principales figures d’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques
................................................................................................................................... 85
2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la
recherche.................................................................................................................... 86
2.3. L’intégration des approches interdisciplinaires : de l’analyse statique et disjointe
à l’analyse dynamique et contingente........................................................................... 87
2.3.1. D'une conjonction de caractéristiques… ......................................................... 88
2.3.2. … au dynamisme des typologies ..................................................................... 89
2.3.2.1. Les typologies statiques ............................................................................ 91
2.3.2.2. Les typologies dynamiques ....................................................................... 93
Conclusion du chapitre 2 .............................................................................................. 97
CHAPITRE 3 - LE PROCESSUS ENTREPRENEURIAL AMONT : MOBILES ET FACTEURS
CONTINGENTS .................................................................................................................. 100
3.1. L'imbrication des mobiles du processus entrepreneurial .................................... 101
3.1.1. Les mobiles économiques.............................................................................. 101
3.1.2. Les mobiles psychologiques.......................................................................... 102
3.1.3. Les mobiles socioculturels ............................................................................ 105
3.2. Des facteurs contingents ...................................................................................... 108
3.2.1. L'expérience professionnelle ......................................................................... 108
3.2.2. L'ancrage territorial ....................................................................................... 109
3.2.3. Les systèmes d'appui et de soutien à la création d'entreprise ........................ 111
3.2.3.1. Un appui financier dépendant de la nature de l'activité et de la taille de
l'entreprise ............................................................................................................ 112
A. Le financement de proximité ....................................................................... 113
B. Le capital-risque........................................................................................... 115
C. Une singulière entrée dans le système éducatif............................................ 117
3.2.3.2. Les conseils et les formations : une intégration graduelle dans
l’enseignement supérieur ..................................................................................... 118
3.2.3.3. Le soutien logistique : un requis organisationnel.................................... 119
3.2.3.4. Les perspectives d’évolution................................................................... 121
Conclusion du chapitre 3 ............................................................................................ 123
PARTIE II - UN MODELE DE L'INTENTION ENTREPRENEURIALE A
TRAVERS UN PROCESSUS MARQUE PAR DES PROGRAMMES OU DES
FORMATIONS EN ENTREPRENEURIAT................................................................ 125
INTRODUCTION.......................................................................................................... 126
CHAPITRE 4 - UN CADRE GENERAL D'ANALYSE DE L’ENSEIGNEMENT DE
L’ENTREPRENEURIAT EN FRANCE .................................................................................... 128
4.1. Dualité du système d’enseignement supérieur français : diversité des valeurs
sociales et "marchandes" des diplômes ...................................................................... 130
4.1.1. Le diplôme des grandes écoles : un système de différence sociale ............... 131
4.1.2. L’accès aux fonctions dirigeantes et à responsabilité des diplômés en gestion
................................................................................................................................. 133
4.2. Une adaptation croissante du système éducatif supérieur à l’enseignement de
l’entrepreneuriat ......................................................................................................... 134
4.3. Un historique de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les établissements
supérieurs français ..................................................................................................... 135
4.4. Des objectifs et des pédagogies à un triple niveau d'intervention....................... 138
455
4.4.1. Les enseignements d’éveil et de sensibilisation ............................................ 139
4.4.2. Les programmes et les formations de spécialisation ..................................... 140
4.4.3. Accompagnement et appui des porteurs de projets ....................................... 142
4.5. Vers des approches transversales déployant des pédagogies par projet ............ 143
4.5.1. Les approches d’enseignement : transversalité versus fonctionnalité ........... 144
4.5.2. Les pédagogies par projet axées sur les attitudes et les perceptions ............. 146
4.6. Pour un corps enseignant universitaire spécialisé .............................................. 147
4.7. Analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les établissements de gestion
de l’enseignement supérieur en France...................................................................... 149
4.7.1. Le cadre d’analyse de J.-P. BECHARD (2000) ............................................ 149
4.7.2. Elaboration d’un cadre général d'analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat combinant les phases d’enseignement, les objectifs et les
pédagogies ............................................................................................................... 151
Conclusion du chapitre 4 ............................................................................................ 154
CHAPITRE 5 - LE CADRE THEORIQUE DE REFERENCE ....................................................... 157
5.1. Le cadre théorique de la recherche ..................................................................... 159
5.1.1. Le cadre général de la recherche : le modèle de la formation de l'événement
entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982).......................................... 162
5.1.1.1. Les perceptions de désirabilité ................................................................ 164
5.1.1.2. Les perceptions de faisabilité .................................................................. 164
5.1.2. La théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991)............................ 165
5.1.2.1. Les attitudes associées au comportement................................................ 167
5.1.2.2. Les normes subjectives ........................................................................... 168
5.1.2.3. Les perceptions du contrôle comportemental ......................................... 168
5.2. Deux modèles intégratifs de l'intention entrepreneuriale fondés sur la théorie du
comportement planifié ................................................................................................ 171
5.2.1. Le modèle de N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993).......................... 172
5.2.2. Le modèle de E. AUTIO et alii (1997).......................................................... 173
Conclusion du chapitre 5 ............................................................................................ 175
CHAPITRE 6 - PROPOSITION D'UN MODELE DE L'INTENTION ENTREPRENEURIALE............. 177
6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de l'intention entrepreneuriale
et hypothèses de recherche ......................................................................................... 178
6.1.1. Les attitudes associées au comportement ...................................................... 181
6.1.1.1. L'idée ou le projet d’affaire ..................................................................... 183
6.1.1.2. La recherche d’informations ................................................................... 185
6.1.2. Les normes subjectives.................................................................................. 186
6.1.2.1. Les motivations de l'intention entrepreneuriale ...................................... 188
6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la
disparition de l’entreprise..................................................................................... 192
6.1.2.3. La connaissance de modèles d'entrepreneur ........................................... 194
6.1.3. Les perceptions du contrôle comportemental................................................ 196
6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales ..................................... 197
A. Les formations et programmes spécifiques en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise ....................................................................................................... 198
B. Les expériences professionnelles et associatives ......................................... 199
6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources .................................. 201
6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale .......................................... 201
Conclusion du chapitre 6 ............................................................................................ 203
456
PARTIE III - METHODOLOGIE EMPIRIQUE, RESULTATS ET ANALYSES.. 205
INTRODUCTION.......................................................................................................... 206
CHAPITRE 7 - LA METHODOLOGIE EMPIRIQUE : UNE DEMARCHE HYPOTHETICO-DEDUCTIVE
INSCRITE AU SEIN DE LA METHODE DE G.A. CHURCHILL (1979) ................................. 207
7.1. Pourquoi avoir choisi une démarche hypothético-déductive appuyée sur une
approche qualitative ? ................................................................................................ 210
7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) ............................. 212
7.2.1. La phase exploratoire .................................................................................... 214
7.2.1.1. Spécification du domaine du construit .................................................... 214
7.2.1.2. Génération d'un échantillon d'items ........................................................ 215
7.2.1.3. Collecte des données ............................................................................... 215
7.2.1.4. Purification de l'instrument de mesure .................................................... 216
7.2.2. La phase de validation ................................................................................... 216
7.2.2.1. Collecte des données ............................................................................... 216
7.2.2.2. Estimation de la fiabilité et de la validité................................................ 217
7.2.2.3. Développement de normes ...................................................................... 217
7.3. L’enquête qualitative : les consultations d’experts ............................................. 218
7.4. Le double test du projet de questionnaire............................................................ 219
7.5. Elaboration du questionnaire .............................................................................. 221
7.5.1. Présentation de l’objet de l’enquête............................................................... 222
7.5.2. Les instruments de mesure : des emprunts et des constructions personnelles
................................................................................................................................. 223
7.5.2.1. Les expériences de travail ....................................................................... 224
7.5.2.2. Les centres d’intérêt associatifs .............................................................. 226
7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur .................................................................... 227
7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial ........................................................................ 228
7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales ................................................................ 230
7.5.2.6. Les motivations de concrétisation........................................................... 232
7.5.2.7. La disponibilité des ressources................................................................ 235
7.5.2.8. Le choix de carrière................................................................................. 236
7.5.3. La fiche signalétique...................................................................................... 239
7.6. Méthode d’échantillonnage et composition des populations observées .............. 240
7.6.1. La population de référence : un échantillon de convenance.......................... 242
7.6.2. L’échantillon témoin : la quête d’une homogénéité comparative ................. 244
7.6.3. L’optimalité de la taille des échantillons....................................................... 245
7.7. Procédure de recueil des données : une auto-administration assistée................ 246
Conclusion du chapitre 7 ............................................................................................ 247
CHAPITRE 8 - CARACTERISTIQUES DESCRIPTIVES ET ANALYSES D’HOMOGENEITE .......... 249
8.1. Les données socio-démographiques .................................................................... 249
8.1.1. Le sexe........................................................................................................... 250
8.1.2. L’âge.............................................................................................................. 250
8.1.3. Le pays ou la région d’origine....................................................................... 251
8.1.4. Le cursus antérieur......................................................................................... 252
8.1.5. Le type de formation...................................................................................... 254
8.1.6. Les raisons de l’intégration des formations................................................... 254
8.2. L’homogénéité des échelles ................................................................................. 257
8.2.1. La dimensionnalité ........................................................................................ 257
8.2.2. La fiabilité .................................................................................................... 259
457
8.3. Les tests et les analyses de condensation des échelles ........................................ 260
8.3.1. La variable "recherche d’informations" ........................................................ 262
8.3.2. La variable "aspects de l’idée ou du projet d’entreprise" .............................. 266
8.3.3. La variable "besoin d’accomplissement" ...................................................... 269
8.3.4. La variable "recherche de l’autonomie" ........................................................ 272
8.3.5. La variable "propension à la prise de risque" ................................................ 275
8.3.6. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais
de la formation" ....................................................................................................... 282
8.3.7. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais
des expériences professionnelles" ........................................................................... 285
8.3.8. La variable "perceptions de disponibilité des ressources"............................ 289
8.3.9. La variable "intention entrepreneuriale"........................................................ 297
Conclusion du chapitre 8 ............................................................................................ 300
CHAPITRE 9 - UN MODELE DE L’INTENTION ENTREPRENEURIALE VALIDE DANS UN
CONTEXTE DE L’ENSEIGNEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT ............................................... 302
9.1. Les méthodes explicatives et prédictives utilisées ............................................... 303
9.1.1. L’analyse de régression simple...................................................................... 303
9.1.2. L’analyse de la variance à 1 facteur .............................................................. 304
9.1.3. La corrélation................................................................................................. 305
9.2. Les tests et les analyses de validation des hypothèses......................................... 306
9.2.1. Les effets des attitudes associées au comportement sur l’intention
entrepreneuriale ....................................................................................................... 306
9.2.1.1. L’influence de l’existence d’une idée ou d’un projet.............................. 306
9.2.1.2. L’influence de la recherche d’informations ............................................ 313
9.2.2. Les effets des normes subjectives sur l’intention entrepreneuriale ............... 320
9.2.2.1. L’influence des motivations psychologiques .......................................... 321
9.2.2.2. L’influence de la propension à la prise de risque.................................... 325
9.2.2.3. L’influence de la connaissance de modèles d’entrepreneur.................... 329
9.2.3. Les effets des perceptions du contrôle comportemental sur l’intention
entrepreneuriale ....................................................................................................... 339
9.2.3.1. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le
biais de la formation............................................................................................. 340
9.2.3.2. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le
biais des expériences professionnelles ................................................................. 341
9.2.3.3. Influence des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités
associatives........................................................................................................... 348
9.2.4. Influence des perceptions de disponibilité des ressources sur l’intention
entrepreneuriale ....................................................................................................... 352
9.2.5. Les effets concomitants des variables quantitatives sur l’intention
entrepreneuriale ....................................................................................................... 358
9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé dans le
cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat ............................................................ 364
Conclusion du chapitre 9 ............................................................................................ 366
CONCLUSION GENERALE......................................................................................... 368
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 382
ANNEXES ........................................................................................................................ 412
TABLES DES FIGURES....................................................................................................... 446
TABLES DES TABLEAUX ................................................................................................... 447
458
TABLES DES ANNEXES ..................................................................................................... 453
459