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UNIVERSITE DE ROUEN

Faculté de Droit, des Sciences Economiques et de Gestion


Institut d’Administration des Entreprises

L'INTENTION ENTREPRENEURIALE

Une recherche comparative entre des étudiants suivant des formations en


entrepreneuriat (bac+5) et des étudiants en DESS CAAE

Thèse pour le doctorat ès Sciences de Gestion


présentée et soutenue publiquement par

Azzedine TOUNÉS
le 15 décembre 2003

Directeur de recherche : Monsieur ORANGE Gérald


Professeur à l’Université de Rouen

Membres du jury :
Rapporteurs Monsieur HERNANDEZ Emile-Michel
Professeur à l’Université de Reims
Monsieur PATUREL Robert
Professeur à l’Université de Toulon et du Var

Suffragants Monsieur LETOWSKI André


Responsable analyses et statistiques à l’APCE - Paris -
Monsieur VATTEVILLE Eric
Professeur à l’Université de Rouen
"Hélas ! Rien n'est pire que l'ignorance quand elle se farde de science et prend la parole.
L'ignorance tout court, l'ignorance du peuple est nette : comme une plaie franche, on peut
la guérir".
Malek BENNABI
A mes parents,
mes sœurs
et mon frère.
Remerciements

Peu à peu, dans une période de ma vie, naissait une thèse où je ressentais souvent le
poids de la solitude, l'immensité et l'intensité de l'investissement. Mes lectures me firent
comprendre le rôle du sacrifice dans la vie de l'entrepreneur, son courage et sa ténacité. Je
ne voudrais convaincre personne qu'il est possible d’obtenir quelque chose sans peine.

S’en tenir à la bibliographie à partir de laquelle j'ai bâti mes connaissances ne me


permettrait pas de faire part de toutes les dettes intellectuelles que j'ai contractées au cours
de cette recherche. Je ne pourrai citer tous ceux qui m’ont aidé au cours de ce long travail.

Je désire exprimer ma profonde gratitude à monsieur le Professeur Gérald ORANGE


qui m'a initié et accompagné dans cette longue et sinueuse aventure. Il a éclairé mes
balbutiements d'apprenti-chercheur et m'a fait confiance quand le "destin" me tournait le
dos. Ses remarques, ses observations et son écoute attentive m'ont été très précieuses.

Messieurs Emile-Michel HERNANDEZ, André LETOWSKI et Robert PATUREL


portent depuis de nombreuses années un intérêt particulier au champ de l’entrepreneuriat.
Monsieur Eric VATTEVILLE manifeste une curiosité certaine pour mon sujet. Leur
présence dans ce jury de thèse m’honore. Qu’ils trouvent ici l’expression de mon profond
respect.

Toute ma reconnaissance va à mademoiselle Caroline CINTAS, maître de conférences


en gestion à l’Université de Rouen et à monsieur Yves CONDE, Premier Conseiller à la
Chambre Régionale des Comptes de Haute-Normandie. Leur implication et leur
disponibilité sans cesse renouvelées m’ont été d’un apport inestimable. Leurs
recommandations ont amélioré la qualité de la rédaction et la cohérence de cette thèse.

Monsieur Alain FAYOLLE, maître de conférences et Habilité à Diriger des Recherches


à l’INPG de Valence, m’a prodigué des conseils et m’a orienté vers des contributions qui
ont éclairé mon cadre théorique. Monsieur Eric COMPOY, maître de conférences en
gestion à l’Université de Paris I - Panthéon Sorbonne m’a apporté un concours pertinent

1
dans les traitements statistiques. Philippe BOISTEL, maître de conférences en gestion à
l’Université de Rouen, Francis CONCATO, ingénieur d’études à l’Université de Rouen
(CREGO), et Eric LECLERCQ, maître de conférences en économie à l’Université de
Rouen, ont apporté tout leur soin à la lecture de cette thèse. Je leur témoigne ma vive
reconnaissance.

Je remercie toutes les personnes qui m'ont aidé dans la construction et l'épuration du
questionnaire. Sans être exhaustif, je cite Christian BRUYAT, maître de conférences en
gestion à l'E.S.A. de Grenoble, Thierry VOLERY, Professeur en Entrepreneuriat à l'E.M.
Lyon et Nathalie SCHIEB-BIENFAIT, maître de conférences en gestion à l'Université de
Nantes.

Je tiens tout particulièrement à remercier les responsables de diplômes qui ont bien
voulu me consacrer du temps pour l'administration des questionnaires. Leur coopération
m’a largement facilité l’accès au terrain. Un salut tout particulier pour les étudiants qui ont
eu la gentillesse de répondre à mes enquêtes.

A la fin de ce travail qui m'a rendu peu disponible, je ne peux oublier ceux qui m'ont
encouragé et soutenu dans mes moments de retranchement. Ma dernière pensée "survolera"
la Méditerranée pour atterrir en Algérie et déclarer à mes parents, mes sœurs et mon frère
qui m’ont donné le sens des valeurs familiales, que je leur voue un amour
incommensurable. Leur absence ne m'a jamais tant fait souffrir.

2
Sommaire

INTRODUCTION GENERALE........................................................................................ 4

PARTIE I - COMPREHENSION DU PROCESSUS ENTREPRENEURIAL ET


PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE........................................................................ 22
CHAPITRE 1 - POSITIONNEMENT DE LA RECHERCHE DANS LE CHAMP DE
L’ENTREPRENEURIAT ET PROBLEMATIQUE ........................................................................ 25
CHAPITRE 2 - L’ENTREPRENEUR : DES THEORIES ECONOMIQUES AUX APPROCHES
INTERDISCIPLINAIRES ........................................................................................................ 65
CHAPITRE 3 - LE PROCESSUS ENTREPRENEURIAL AMONT : MOBILES ET FACTEURS
CONTINGENTS .................................................................................................................. 100

PARTIE II - UN MODELE DE L'INTENTION ENTREPRENEURIALE A


TRAVERS UN PROCESSUS MARQUE PAR DES PROGRAMMES OU DES
FORMATIONS EN ENTREPRENEURIAT................................................................ 125
CHAPITRE 4 - UN CADRE GENERAL D'ANALYSE DE L’ENSEIGNEMENT DE
L’ENTREPRENEURIAT EN FRANCE .................................................................................... 128
CHAPITRE 5 - LE CADRE THEORIQUE DE REFERENCE ....................................................... 157
CHAPITRE 6 - PROPOSITION D'UN MODELE DE L'INTENTION ENTREPRENEURIALE............. 177

PARTIE III - METHODOLOGIE EMPIRIQUE, RESULTATS ET ANALYSES.. 205


CHAPITRE 7 - LA METHODOLOGIE EMPIRIQUE : UNE DEMARCHE HYPOTHETICO-DEDUCTIVE
INSCRITE AU SEIN DE LA METHODE DE G.A. CHURCHILL (1979) ................................. 207
CHAPITRE 8 - CARACTERISTIQUES DESCRIPTIVES ET ANALYSES D’HOMOGENEITE .......... 249
CHAPITRE 9 - UN MODELE DE L’INTENTION ENTREPRENEURIALE VALIDE DANS UN
CONTEXTE DE L’ENSEIGNEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT ............................................... 302

CONCLUSION GENERALE......................................................................................... 368

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 382


ANNEXES ........................................................................................................................ 412
TABLES DES FIGURES....................................................................................................... 446
TABLES DES TABLEAUX ................................................................................................... 447
TABLES DES ANNEXES ..................................................................................................... 453

3
INTRODUCTION GENERALE

"Dans la pensée scientifique, la méditation de l’objet par le sujet prend toujours la forme
de projet".
Gaston BACHELARD

Genèse de la problématique

"Comme toujours, qui veut trop prouver ne prouve rien", affirme J.K. GALBRAITH
(1969, p. 93) [1967]1. Cela s’applique parfaitement au processus et à la dynamique qu’a
connu notre recherche. Une très vague idée concernant les systèmes d’appui et
d’accompagnement à la création d’entreprise est née au cours d'un stage que nous avons
effectué dans le cadre d'un DESS, au sein d'une pépinière d'entreprise.

Par une certaine façon de construire son sujet d'étude, se projette une manière qui peut
être révélatrice de l'ambition du chercheur. Au début, nous voulions nous intéresser aux
systèmes d'appui et de soutien à la création d'entreprise en Haute-Normandie. Le processus
d'entonnoir a orienté notre travail vers les systèmes d'appui en phase amont de la création.
Une longue concertation avec notre directeur de thèse et une première présentation de
notre travail au cours du tutorat organisé lors du premier congrès de l'académie de
l'entrepreneuriat à Lille en novembre 1999, ont consolidé l'idée d’orienter notre recherche
vers l'influence de programmes ou de formations en entrepreneuriat sur l'intention
entrepreneuriale. L’hypothèse de départ était que le système éducatif supérieur, dans
la multiplicité des systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise, peut
contribuer à insuffler l’esprit d’entreprise.

La création d'entreprise est un acte qui naît au sein d'un processus en construction. En
amont de celui-ci, de multiples recherches ont tenté d'expliquer les causes qui amènent les
individus à devenir entrepreneur. En nous inscrivant dans cette perspective, une recherche

1
Cette année correspond à la première édition anglaise intitulée "The New Industrial State". Dans la suite de
cette thèse, les années entre crochets correspondent à la première édition, française ou anglaise.

4
bibliographique ciblée nous a convaincu que, pour comprendre l’acte d’entreprendre, il est
important de décrire et d’expliquer l’intention entrepreneuriale, qui est le médiateur entre
le comportement, les attitudes, les normes subjectives et les perceptions.

Finalement, d’une certaine façon, la recherche est en lien avec l'histoire du chercheur.
Construire le sujet et l’objet de recherche, c’est découvrir, à l’intérieur de la société, des
faits sociaux liés par un système de relations propres au phénomène étudié.

Les constats de départ

Trois constats majeurs dans les réalités économiques et sociales animent nos
préoccupations et éclairent nos premières interrogations. Il s’agit du faible nombre des
diplômés qui créent leur entreprise, de l’inadaptation du système éducatif qui, jusqu’au
début des années 1990, est resté à la marge du phénomène entrepreneurial et enfin des
progrès énormes, réalisés depuis cette époque, dans la mise en place d’un nombre accru de
cours, de programmes et de formations en entrepreneuriat depuis le secondaire jusqu’au
supérieur.

Très peu de diplômés-créateurs

En s’appuyant sur l’enquête SINE (Système d’informations sur les nouvelles


entreprises) qui recense les créateurs-repreneurs d’entreprise pendant la période du premier
semestre de l’année 1994, R. ABDESSELAM et alii (1999, p. 6) notent que les créateurs
ou repreneurs qui ne sont pas titulaires du baccalauréat représentent 60% des créateurs.
Dans le même sens, J. BONNEAU et D. FRANCOZ (1996) constatent en 1994, que
seulement 4,6% des créateurs-repreneurs ont le baccalauréat. J. BERANGER et alii (1998,
p. 11) notent qu’en France, la probabilité de créer une entreprise est divisée par deux si
l’on est diplômé du supérieur. Des études plus récentes montrent que plus les individus
sont diplômés, moins ils créent des entreprises2.

2
APCE, "Les enjeux de la création d'entreprise", http://www.apce.com, avril 1998, p. 2 ; R. TABOURIN et
alii, 2001, n° 814.
Ceci est d'ailleurs vrai aux Etats-Unis où R.H. BROCKHAUS (1982, p. 54) a fait le constat dès le début
de la décennie 1980. Nous retrouvons la même situation en Suède selon P. DAVIDSSON (1995).

5
La création d'entreprise est le parent pauvre des diplômés du supérieur. La revue des
statistiques indique que très peu de diplômés des universités, des écoles de management et
gestion et d’ingénieurs choisissent la voie entrepreneuriale. Dans une étude réalisée en
1978 sur 14 promotions regroupant 2 800 anciens élèves de l'ESC Paris, P. SENICOURT
(1997, p. 16) remarque que le taux de création peut être situé dans un intervalle de 5% à
10%. Un résultat étonnant selon M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 350), est le
manque d'esprit d'entreprise des jeunes diplômés de HEC. En effet, moins de 5%
deviennent entrepreneurs 7 ans après leur sortie de l'école. Les diplômés des grandes écoles
représentaient moins de 3% des créateurs d’entreprises en 19973. Selon l’enquête annuelle
de la conférence des grandes écoles, réalisée auprès de diplômés en 1996, 1997 et 1998,
seulement 1% d’entre eux auraient créé leur entreprise4.

Si au XIXème siècle, 40% des seuls ingénieurs des Arts et Métiers créaient leur
entreprise, aujourd’hui, moins de 3% des 20 à 25 000 ingénieurs diplômés chaque année
créent une entreprise avant l’âge de 35 ans5. Une étude réalisée en 1999 auprès de 10 000
créateurs d'entreprise a montré que seulement 6% de ceux-ci ont concrétisé un projet
d'étude6.

Ces faibles taux de création s’expliquent, en partie, par les difficultés institutionnelles
rencontrées. En effet, l’enquête réalisée en septembre 1996 par le CNPF (Centre National
du Patronat Français, aujourd’hui dénommé MEDEF) révèle qu’il est très difficile de créer
une entreprise en France. En effet, 90% des enquêtés jugent que se mettre à son propre
compte est une mission difficile. L’environnement ne s’y prête pas ; les principaux freins
cités, sont dans l’ordre, le poids des charges sociales, la frilosité des établissements
financiers et l’inadaptation du système éducatif7. Le patronat français adresse des critiques

3
A. PEREZ, "Innovation : une urgence Française", Les Echos, 1998b, p. 70.
4
Le Monde, "Les jeunes Français se rallient à l’esprit d’entreprise", mardi 31 août 1999, p. II. Cependant,
rien ne prouve que les diplômés des grandes écoles soient moins entreprenants que les autres. La fonction
entrepreneuriale est peut être liée à l'école fréquentée. Si les diplômés des grandes écoles sont peu
entreprenants, c’est peut être parce qu’ils se voient aussitôt offrir des postes gratifiants avec un statut
prestigieux et des conditions de rémunération très avantageuses.
5
Ecole des Mines d’Alès, "Education, Enseignement supérieur et création d’entreprise", Actes du colloque
international, Ecole des Mines d’Alès, Allocution de H. PUGNERE, novembre 1996, p. 6.
6
Etude réalisée par les organisateurs du VIème Salon des entrepreneurs, en collaboration avec l'APCE et la
CANAM - Caisse Nationale Maladie des Professions indépendantes - (C. FOUQUET, "Les créations
d'entreprises ont reculé en 98, pour la quatrième année consécutive", Les Echos, mercredi 27 janvier 1999, p.
4).
7
N.D, "Créations d’entreprises : 1,2 millions de candidats", Le Figaro, 07 mai 1998.

6
à l'égard de l'éducation nationale. On trouve dans 75% des réponses, l’idée que
l’enseignement ne nourrit pas l’esprit d’entreprise (35% pensent même qu’il n’y contribue
pas du tout).

Inadaptation du système éducatif aux réalités économiques et sociales

P. ALBERT (1998, p. 94) déclare que depuis le collège jusqu’à l’université ou la très
grande école, le système éducatif ne produit que des salariés. Faut-il s'étonner si les jeunes
aspirent à intégrer l'administration ? Faut-il être surpris de voir les étudiants sortis des
universités et des écoles préférer les grandes sociétés conférant un titre de noblesse pour
celui qui prétend réussir, à la création de leur propre entreprise. Le faible nombre de
créateurs-diplômés suggère que le système éducatif français "rejetait" pendant longtemps
l’esprit d’entreprise.
L’école française s'était progressivement adaptée à la société industrielle par
l’enseignement des sciences dites "dures". Elle a permis dès le début des années 1960, en
démocratisant l’enseignement public, de surmonter le handicap culturel et social que
constituait l'appartenance à un milieu modeste (M. EURIAT, C. THELOT, 1995, p. 404 ;
M. LEVY-LEBOYER, 1979, p. 151)8. Cependant, elle est restée à la marge des
changements sociaux et économiques structurels qui se sont opérés dès le début de la
décennie 1970.
La composition du tissu productif dominée jusque là par la grande organisation, a vu
naître de nouveaux types d'entreprise, les TPE et les PME/PMI, dont les formes de
création, d’organisation et de management diffèrent largement de celles des grandes
entreprises.

La crise du chômage a modifié l'assurance éthique sur laquelle était fondé


l'enseignement public, et a fortement fragilisé la culture du succès que le monde de
l'éducation a bâtie : l'enseignement n'ouvrait plus désormais l'accès systématique à

8
Les travaux qui portent sur les contributions de l'institution scolaire à la conservation de l'ordre social ont
suscité beaucoup d'embarras. L'origine sociale reste discriminante pour l'accès aux grandes écoles. Par le
privilège qu'offre le diplôme de ces grandes écoles, la discrimination se trouve, selon certains auteurs,
perpétuée sur le marché du travail. Voir notamment P. BOURDIEU, La noblesse d'Etat, grandes écoles et
esprit de corps, Paris, Les Editions de Minuit, 1989, 568 pages.

7
l'emploi. Il entretenait des antagonismes entre les contextes d'initiative et de prise de
risque, et des visées intellectuelles de transmission de connaissances.
Pire encore, en formant à la discipline de l'esprit, à la pensée convergente et à la
soumission, le système éducatif traditionnel est resté sans réponse à la demande sociale en
création d’entreprise. Il dédaignait souvent l'expérimentation, le concret, l'imagination, le
goût du risque, la souplesse et l'esprit critique. L'action, l’autonomie et la capacité
d'entreprendre en particulier, occupaient peu de place au sein de ses valeurs fondamentales.
Le système éducatif ne donnait pas accès à l’esprit d'entreprise.
L'obstacle que posait peut être l'éducation nationale est que le débat sur l'école n'était
pas globalement tranché. Alors qu'elle assure la diffusion des connaissances, on se
demandait si elle ne devait pas développer aussi des attitudes et des aptitudes. Les
connaissances sont à la base de tous les programmes, mais leurs supports pédagogiques et
leurs finalités sociales prêtaient largement à débat.

Aujourd’hui, l'enjeu en France est bien de semer l'esprit d'entreprise dans le milieu
éducatif et faire de lui une valeur admirée. Il se construit à tous les niveaux du système
éducatif, en commençant par raconter l'entreprise dès le primaire9. La démarche est
nécessairement globale et stratégique : rapprocher l'école de l'entrepreneuriat ne peut se
concevoir que dans une volonté réciproque et collective de tous les intervenants publics,
parapublics et privés, dont le système éducatif est l’un des acteurs primordiaux.
En réhabilitant le goût d'entreprendre, le système éducatif mobiliserait les compétences
et les facultés créatrices indispensables au processus d'innovation. Il contribe2 1àtés er7(i)-6ces

8
Montée en régime des enseignements, programmes et formations en entrepreneuriat

Alors qu'il s'agit d'une discipline universitaire à part entière dans les pays anglo-saxons
où la plupart des universités possèdent des chaires d'entrepreneuriat et de nombreux cours
depuis les années 1970, le thème de l'entrepreneuriat est d'une actualité récente en France.
Depuis peu, des enseignements spécifiques à ce champ ont fait leur apparition. On observe
un développement à un rythme soutenu des enseignements, programmes et formations en
entrepreneuriat sous diverses formes10. Cela va des cours facultatifs aux formations
diplômantes de troisième cycle. Les universités, les écoles et les instituts manifestent
depuis la deuxième moitié de la décennie 1990 un réel engouement et une nette volonté
d’instaurer des cultures entrepreneuriales à travers leurs formations et leurs objectifs
pédagogiques.

Globalement, nous constatons aujourd’hui que le système éducatif déploie une double
perspective : sensibiliser le maximum d’étudiants à l'entrepreneuriat et, à un degré
moindre, spécialiser et accompagner ceux qui veulent s'orienter vers des carrières
entrepreneuriales. L’"éducation entrepreneuriale" est une réponse stratégique du monde
éducatif aux récents développements de la demande sociale émanant des étudiants (M.
LAUKKANEN, 2000, p. 26).

Ces constats étant formulés, il convient, avant de présenter notre problématique, de


répondre à la question :

L'entrepreneuriat peut-il s'enseigner ?

Avant d'entamer ce long travail de recherche, il convient d'élucider cette interrogation


fondamentale qui revient dans les travaux s'intéressant aux liens entre l'éducation et
l'entrepreneuriat (nous citons notamment J.-P. BECHARD, 1998 ; A. FAYOLLE, 2000c ;
B. SAPORTA et T. VERSTRAETE, 2000 ; P. SENICOURT et T. VERSTRAETE, 2000).

10
Cependant en 1999, la France était encore à la traîne des pays européens avec le Danemark, la Grèce et le
Portugal (avec respectivement 14 %, 12% et 12%) dans la mise en place de l’enseignement de
l’entrepreneuriat (CCI Paris, 1999, p. 10).

9
Savoir si l’entrepreneuriat peut s’enseigner revient à se demander si l'esprit d'entreprise
peut s'acquérir. Fondamentalement, pour B. SAPORTA et T. VERSTRAETE (2000, p.
98), si la question se pose, c'est que l'on confond connaissance et expérience. Cette
dernière est pourtant un élément de la première.
Pour savoir si l’entrepreneuriat peut faire l’objet d’un enseignement, ces auteurs, ainsi
que P. SENICOURT et T. VERSTRAETE (2000), notent qu'il faudrait au préalable se
poser deux questions : qu'est-ce que l'entrepreneuriat ? Mais aussi qu'est-ce qu'enseigner ?
La "réponse" à la première question est largement débattue dans le premier chapitre. En
accord avec les deux auteurs, l'inexistence de consensus sur le concept d’entrepreneuriat
n'exclut pas le développement de connaissances pouvant se décliner en enseignements
théoriques et pratiques. Pour la seconde question, sans une immersion dans les sciences de
l'éducation, si l'on conçoit l'entrepreneuriat comme un ensemble d’aptitudes et d'attitudes
s’exprimant par des perceptions, des intentions, des actes et des comportements, alors le
système éducatif, porteur et diffuseur des cultures, peut (doit) être le vecteur de ces
diverses composantes de la culture entrepreneuriale.
Comme la plupart des champs et disciplines appartenant aux sciences sociales, et plus
précisément aux sciences de gestion, l'entrepreneuriat peut faire l'objet d'un enseignement
académique et pratique (A. FAYOLLE, 2000c, p. 78 ; B. SAPORTA, T. VERSTRAETE,
2000, p. 98). Pour J.-P. BECHARD (1998, p. 25), la question ne se pose même plus. Les
interrogations aujourd’hui portent sur les programmes de formation : "Que doit-on
enseigner aux entrepreneurs ? Comment leur enseigner ? Dans quel contexte leur
enseigner ? Et qui peut leur enseigner ?".
Selon M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 17), "l'école est un lieu de
développement des caractéristiques entrepreneuriales potentielles et latentes". H.
LEIBENSTEIN (1968, p. 82-83) affirme que la formation à l'exercice de la fonction
entrepreneuriale peut accroître l'offre d'entrepreneurs. Evidemment, fait-il remarquer,
toutes les caractéristiques de l'entrepreneur ne peuvent faire l'objet d'une formation. Mais
beaucoup d'aptitudes qu'exige le processus entrepreneurial peuvent faire l'objet
d'enseignements (H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO, 1990, p. 25). N.F. KRUEGER et
D.V. BRAZEAL (1994, p. 99) soutiennent que l'on peut enseigner les aptitudes à
entreprendre, que l'on peut former les individus à être plus autonomes et à encourager

10
l'esprit d'initiative11. Pour J.A. KATZ (1990, p. 17), l’enseignement de l'entrepreneuriat est
l'une des formes les plus évidentes préparant les individus à la création d'entreprise12.

Si selon la formule anglo-saxonne consacrée "learning by doing" s’acquiert par


l'exercice des fonctions d'entrepreneur, des enseignements, des programmes ou des
formations en entrepreneuriat sont mieux à même de fournir les outils théoriques et
pratiques indispensables pour faire face aux futurs situations et comportements
entrepreneuriaux13. L'entrepreneuriat est un processus qui nécessite certaines aptitudes et
attitudes. Bon nombre d'entre elles peuvent s'acquérir en suivant des enseignements, des
programmes ou des formations. Ceux-ci peuvent anticiper sur des décisions que seul le
créateur ou l'individu en situation entrepreneuriale est à même d'assumer. Ils favoriseraient
probablement l'émergence d'idées ou d'opportunités d'affaire, et in fine la création
d'entreprise.
Le postulat de base de notre thèse est que l'entrepreneuriat peut faire l'objet
d'enseignements, de programmes ou de formations. L’entrepreneuriat est non
seulement une pratique et un champ de recherche, mais aussi un domaine
d’enseignement. Il peut avoir des effets sur les attitudes, les normes et les perceptions des
étudiants quant à leur choix de carrière. Les caractéristiques entrepreneuriales, révélées ou
cachées, ne pourraient se développer et prendre forme que dans un milieu propice.

La problématique de recherche

Il est important de savoir quels types d'individus créent des entreprises, pour quelles
raisons ils le font et dans quels contextes ils opèrent. Les premières recherches en
entrepreneuriat identifiaient les causes qui amènent les individus à se vouloir entrepreneur,
leurs traits et leurs caractéristiques psychologiques. La spécificité de ces recherches est de
traiter notamment des populations dans des situations ex-post, c'est-à-dire des individus qui
sont déjà créateurs et entrepreneurs.

11
"… However, research suggests that we can train individuals to behave more autonomously. We can teach
self-management skills ; we can teach skills at coping with adversity ; we can visibly reward initiative taking
(including unsuccessful initiative taking)".
12
"One obvious form of preparation (à l’entrepreneuriat) is business school preparation for
entrepreneurship".
13
Il est surprenant de constater que S. BOUTILLIER et D. UZUNIDIS (1999, p. 136) affirment que l’esprit
d’entreprise est inné et qu'il ne peut être enseigné.

11
Depuis le début de la décennie 1990, les recherches en entrepreneuriat portent un intérêt
plus important aux phases amont, qui s'intéressent aux individus en devenir dans le
processus entrepreneurial. Ainsi, au lieu d'aborder les phénomènes sur la base de
comportements observés, il apparaît nécessaire de s’interroger d'abord sur les processus
amont pour expliquer les comportements futurs. Pour avoir une image globale de
l’entrepreneuriat, notent T. VOLERY et alii (1997, p. 277), il n’est pas suffisant d’étudier
seulement ceux qui ont concrétisé leurs objectifs (création), mais aussi ceux qui sont en
amont du processus menant à la création d’entreprise14. Pour N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993, p. 324), étudier un comportement futur de création d'entreprise est
inséparable des intentions qui animent les individus quant à la concrétisation de ce
comportement15.
Les processus sont moins compris lorsqu’ils sont traités rétrospectivement. Une optique
prospective de la recherche entrepreneuriale demande des modèles processuels
hypothético-déductifs qui s'intéressent à l'intention entrepreneuriale. L'entrepreneuriat est
un processus intentionnel qui exige l'utilisation de modèles adéquats qui prennent en
compte non seulement les individus qui ont concrétisé leurs projets, mais aussi ceux qui
sont en devenir (N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD, 1993, p. 316 et 327)16.

Cette thèse tente de décrire et d’expliquer la formation de l'intention


entrepreneuriale des étudiants en gestion suivant des programmes ou des formations
en entrepreneuriat. L'idée centrale de notre recherche est de comprendre l’influence
de programmes ou de formations en entrepreneuriat, au même titre que des variables
situationnelles et personnelles, sur l’intention entrepreneuriale des étudiants.
Nous nous intéressons à des populations étudiantes de niveau bac+5 (DESS Instituts
d’Administration des Entreprises, départements des Sciences Economiques et

14
"In order to get a comprehensive picture of entrepreneurship, it is not sufficient to approach only those
who have fulfilled their objectives. Therefore, there is still a need to shed light on the process leading to new
enterprise. In this perspective, the analysis should focus on the pre-decision stage, i.e. interest,
entrepreneurial career preference, and characteristics of nascent entrepreneurs".
15
"Discussion of a target behaviour is inseparable from discussion of intentions toward that behavior".
16
"Process are less well understood retrospectively. Rather, they are best studied prospectively. We thus
need testable theory-driven process models of entrepreneurial cognition which focus on intentions and their
perceptual bases… Organizational emergence is an intentional process ; let us use models congruent with
that reality. We should evaluate the entire emergence process including not only successful and unsuccessful
entrepreneurs, but also those who change their minds or whose intentions are unrealistic. The reward for
including these is a better understanding of the mechanisms by which exogenous factors influence
emergence".

12
d’Administration Economique et Sociale, et diplômes d’écoles de management et gestion)
suivant des cursus à dominante "entrepreneuriat". Le choix de cette base de sondage
s’explique par le fait que ces étudiants sont à quelques mois d’intégrer le monde du travail
et exprimeraient une variété d’intentions de carrière. En outre, ces derniers sont dans des
contextes qui laissent supposer que leurs attitudes, leurs normes subjectives et leurs
perceptions peuvent se développer et renforcer leur intention entrepreneuriale.
Dans une perspective comparative, nous choisissons une population témoin présentant
globalement les mêmes caractéristiques que les populations précédentes (niveau de
diplôme, disciplines enseignées et débouchés professionnels). Le critère qui les distingue
est le non-suivi d’un programme ou d’une formation en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise. Notre choix s’est porté sur des étudiants de DESS CAAE.

L'intention entrepreneuriale représente une phase forte du processus de création


d'entreprise. En amont, elle prédit l'acte d'entreprendre qui serait susceptible de se
concrétiser. L'état de l'art nous indique que l'intention ne peut être abordée que dans une
perspective processuelle qui prend en compte des facteurs personnels et contextuels. Au
sein d’un modèle hypothético-déductif, défini par le cadre général des dimensions
sociales de l'entrepreneuriat de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), et fondé sur la théorie
du comportement planifié de I. AJZEN (1991), nous décrivons et analysons l'intention
entrepreneuriale en considérant trois groupes de facteurs :
9 les attitudes associées au comportement : qui sont spécifiées par l’existence d’une
idée ou d’un projet de création plus ou moins formalisé, et la recherche
d’informations ;
9 les normes subjectives : qui s’expriment par le besoin d’accomplissement, la
recherche de l’autonomie, la propension à la prise de risque et l’existence de
modèles d’entrepreneur ;
9 les perceptions du contrôle comportemental : qui se forment par les expériences
professionnelles et associatives, les programmes ou les formations en
entrepreneuriat, l’accessibilité des ressources financières, des informations et
conseils.

Nous voulons tester un modèle intentionnel élaboré à partir de la revue documentaire,


de nos choix théoriques, méthodologiques et de nos réflexions personnelles. Il se base

13
essentiellement sur des travaux américains et scandinaves. Ce modèle mobilise une
approche psychosociologique fondée sur la théorie du comportement planifié (TOPB :
Theory Of Planned Behaviour). Les recherches en entrepreneuriat utilisent très peu de
modèles fondés sur l'intention entrepreneuriale. Cependant, selon N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993, p. 320), quelques recherches annoncent de bonnes perspectives pour ce
type d'approches17.
Avant de donner plus loin un aperçu global de notre "protocole" de recherche, nous
résumons l’articulation de notre démarche en distinguant ce qui est à décrire et à expliquer,
ce qui se traduit en variables mesurables et les modes d'investigation choisis pour les
enquêtes.

SUJET DE RECHERCHE
Ce que l'on cherche à comprendre,
INTENTION ENTREPRENEURIALE
décrire et analyser

OBJET DE RECHERCHE
- Etudiants en gestion suivant VARIABLES
des formations ou des MESURABLES
programmes en entrepreneuriat.
- Etudiants en DESS CAAE ne
suivant pas de programmes en
MODES
entrepreneuriat
OPERATOIRES
- Consultations d'experts
- Questionnaires auto-
administrés

Facteurs influençant l'intention :


9 Attitudes associées au comportement
Ce que l'on cherche à observer 9 Normes subjectives
9 Perceptions du contrôle comportemental

Figure 1 - L’articulation du sujet, de l’objet d’étude et des modes opératoires

Les intérêts de la recherche

L’entrepreneuriat ne peut se contenter d’études en aval, notamment celles concernant


l’acte d’entreprendre. Les recherches qui s’opèrent en amont permettent de mieux

17
"Few entrepreneurship studies explicitly consider intentions-based models. However, some existing
research indicates this would be a fruitful approach".

14
expliquer celles qui se font sur la base de comportements observés. Elles les enrichissent et
les consolident.
L’étude de l'intention entrepreneuriale accorde un intérêt croissant aux attitudes et aux
perceptions. Elle nous éclaire sur les facteurs personnels et situationnels qui interviennent
dans le processus de création d’entreprise au sein de populations étudiantes. Nous situons
ainsi l'ambition de notre recherche à un double niveau, théorique et pratique.

Sur le plan théorique

Comme pour toute démarche scientifique, notre recherche qui s’attache, au sein d’un
modèle multidimensionnel, à explorer un concept central du processus entrepreneurial, doit
apporter une contribution originale dans le progrès des connaissances. Elle tente de :
9 décrire et d'analyser, dans un champ en devenir, une phase du processus
entrepreneurial. L'intention entrepreneuriale permet de prédire les comportements.
Comprendre et expliquer ce processus cognitif nous informera pourquoi et comment un
individu est engagé dans le processus entrepreneurial, bien avant d’arriver au stade de
l’opportunité ou de décider quel type d'activité lancer par exemple. Notre recherche
est innovatrice car elle s’intéresse à des entrepreneurs potentiels. La quasi-totalité
des travaux en entrepreneuriat portent sur des entrepreneurs déjà établis et ne nous
renseignent, de ce fait, que peu ou pas du tout sur les phases amont du processus de
création d’entreprise ;
9 élaborer des concepts pour éclairer les recherches dans le champ de l’entrepreneuriat.
Nous espérons, à travers nos acceptions des concepts de l'entrepreneuriat, de
l'entrepreneur, des aptitudes, des attitudes et de l’intention entrepreneuriales, contribuer
à lever certaines "zones d’ombre et de contradiction" ;
9 construire des instruments de mesure pertinents, capables d'appréhender
l'intention entrepreneuriale. Sur l’opérationnalisation des construits, la revue de la
littérature en a révélé quelques-uns. Mais la majorité des items est élaborée à partir de
consultations d’experts, d’universitaires et de professionnels, et de réflexions
personnelles. Leur reproduction par des études empiriques sur des échantillons de
différents établissements et pays, pourrait consolider leur validité et contribuer à leur
généralisation ;

15
9 élaborer un modèle de l’intention entrepreneuriale, et contribuer par son test à
l'organisation, à l'accumulation et au développement des connaissances pour
mieux éclairer le cheminement du processus menant à l'acte d'entreprendre.
Mieux comprendre les actions des créateurs, exige un "stock" de connaissances sur
chacune des phases en amont du processus entrepreneurial, et sur les différentes
catégories de créateurs potentiels (des étudiants suivant des programmes ou des
formations en entrepreneuriat). Cette organisation et ce développement des savoirs
permettent un meilleur positionnement des chercheurs dans le champ de
l’entrepreneuriat.

Sur le plan pratique

Nous faisons une recherche en entrepreneuriat, mais tout d'abord, nous appartenons à la
communauté des chercheurs en sciences de gestion. Positionné de la sorte et en gardant les
impératifs utilitaristes de la recherche, cette dernière doit proposer des moyens et des outils
susceptibles d'améliorer la pratique.
Dans un souci de production de connaissances en phase avec la demande sociale, notre
projet coïncide avec des faits sociaux et économiques qui sont d'actualité. Les programmes
et les formations en entrepreneuriat foisonnent en France depuis le milieu des années 1990.
Notre rôle social nous confronte à des contraintes d’opérationnalité qui nous amène à
conforter (ou infirmer) l'influence de ces programmes et de ces formations en
entrepreneuriat sur l'intention d’entreprendre.

Les investissements pédagogiques, matériels et humains engagés par l'Etat, les


universités (notamment les IAE et les UFR de Droit, Sciences Economiques et Gestion),
les écoles de management et gestion, les organismes consulaires et les entreprises,
nécessitent un corpus de connaissances qui les informe des effets des programmes et des
formations en entrepreneuriat. Parmi d’autres variables, nous cherchons à appréhender
leurs influences sur l’intention entrepreneuriale à travers :
9 le changement des perceptions des étudiants ;
9 le changement des attitudes des étudiants par leurs engagements dans le processus
entrepreneurial. Ces engagements se manifestent par l’existence d’une idée ou

16
d’un projet d’affaire, et par la recherche d’informations en vue de mieux les
formaliser et les traduire en opportunités susceptibles de se concrétiser.
Puisque l’intention entrepreneuriale se situe en amont de l’acte de création, cette
recherche a donc pour intérêt pratique de déceler parmi les étudiants ceux qui détiennent
des projets et manifestent l’intention de les concrétiser. Elle est un "signal" pour
accompagner et suivre ces projets vers une maturité qui nécessite des soutiens et des
conseils personnalisés. Les responsables en charge des systèmes d’appui et de soutien à la
création d‘entreprise se trouveront face à des porteurs de projets qu’ils souhaitent conforter
et appuyer par les moyens classiques que l’on connaît.
Même si notre thèse se limite à l'intention, le bon sens suggère que lorsque cette
dernière se forme, qu'elle se concrétise (de suite ou de façon différée) ou non, une réponse
positive est donnée à des programmes ou des formations en entrepreneuriat en ce qu'ils
influencent le processus de passage à l'acte.

Le modèle de l’intention entrepreneuriale que nous validerons représente, pour les


responsables de diplômes visant essentiellement à former des créateurs d’entreprise, un
instrument facilitant l’analyse des profils pour le recrutement d’étudiants.

Globalement, ce travail s'adresse aux étudiants et diplômés des IAE, des écoles de
management et gestion et des écoles d’ingénieurs qui souhaitent s’orienter vers des
programmes ou des formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise, et aux
professeurs et responsables pédagogiques de ces établissements qui désirent répondre aux
demandes des étudiants et qui s’interrogent sur les objectifs et les contenus des
enseignements et des programmes entrepreneuriaux. Cette thèse intéresse les responsables
politiques et économiques, soucieux d'améliorer l'adéquation entre les demandes sociales
en entrepreneuriat et en création d’entreprise et les besoins économiques. Enfin, nous
destinant nous-même à l'enseignement de la Gestion, l'investigation de ce sujet répond à
une curiosité personnelle.

17
Justification du plan de la thèse

Le plan de la thèse, repris dans la figure 2, se présente en trois parties. Les objectifs de
chaque chapitre y sont détaillés. Ceux-ci ont pour finalité de justifier la construction du
plan, notamment la partie théorique qui aboutit à l’élaboration du modèle de recherche.

La première partie "Compréhension du processus entrepreneurial et problématique


de recherche" relate des incursions dans la littérature qui nous semblent impératives pour
la justification des hypothèses de recherche, et donc du modèle de l’intention
entrepreneuriale. Elle présente le positionnement de la thèse dans le champ de
l’entrepreneuriat. Elle tente de cerner l’évolution et les constructions théoriques de ce
champ à travers trois approches. Elle formule la problématique, notre acception de
l’intention entrepreneuriale et le décalage entre les logiques d’intention et d’action dans le
déroulement du processus de création d’entreprise.
Cette partie approche l'entrepreneur et son rôle dans la pensée économique. L’analyse
des caractéristiques et des typologies d’entrepreneur s’est avérée particulièrement
intéressante pour générer les hypothèses. Pour aller plus en profondeur dans la
compréhension du processus entrepreneurial, cette partie traite des mobiles et des facteurs
contingents susceptibles d’expliquer l’intention entrepreneuriale et l’acte de création.

Pour bien situer l’intention entrepreneuriale dans son contexte, la deuxième partie "Un
modèle théorique de l’intention entrepreneuriale à travers un processus marqué par
des programmes ou des formations en entrepreneuriat", s’attarde sur la dualité du
système d’enseignement en France, sur l’accès aux fonctions dirigeantes et à responsabilité
des diplômés en gestion, sur les programmes, les formations et les pédagogies pratiquées
dans l’enseignement de l’entrepreneuriat en France. Ceci débouche sur l’élaboration d’un
cadre d’analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat en France qui combine les
méthodes pédagogiques, les niveaux d’intervention et les objectifs de formation. Cette
partie a pour but de présenter le cadre théorique, d’asseoir les fondements conceptuels du
cadre d'analyse et de générer les hypothèses de recherche. Enfin, elle élabore un modèle de
l’intention entrepreneuriale d’étudiants suivant des programmes ou des formations à
dominante entrepreneuriat.

18
La troisième partie "Méthodologie empirique, résultats et analyses" décrit la
méthodologie empirique utilisée. Celle-ci s’inspire de la méthode de G.A. CHURCHILL
(1979). Elle argumente le choix de la démarche hypothético-déductive appuyée sur une
approche qualitative de consultations d’experts en entrepreneuriat. Elle détaille la
construction du questionnaire et présente la méthode d’échantillonnage, les terrains
d’investigation et les populations observées. Elle contient la procédure de collecte des
données.
Cette partie a aussi pour objet d’exposer les analyses descriptives (données socio-
démographiques), les analyses de dimensionnalité et de fiabilité (analyses factorielles et
alpha de Cronbach) et les tests de validation qui confirment ou infirment les hypothèses de
recherche (méthodes de ANOVA à un facteur, de régressions simple et multiple ainsi que
la corrélation multiple). Nous arrivons ainsi à un modèle testé et validé de l'intention
entrepreneuriale de populations étudiantes suivant des programmes ou des formations en
entrepreneuriat

La conclusion générale synthétise les principaux apports de cette recherche et ses


implications théoriques et pratiques. Nous présentons également les limites et les
principaux prolongements de ce travail qu’il nous semble nécessaire d'explorer. Enfin,
dans les annexes, nous avons sélectionné les documents, les informations et les données
utiles pour une meilleure illustration de nos commentaires.

19
INTITULES DES PARTIES ET
DES CHAPITRES OBJECTIFS DU CHAPITRE

Première partie
Compréhension du processus
entrepreneurial et problématique
de recherche
- Acception du concept d’entrepreneuriat : positionnement de
la recherche.
Chapitre 1 - Mise en perspective de l’évolution de la recherche en
Positionnement de la recherche entrepreneuriat vers l’approche processuelle.
dans le champ de - Présentation de la problématique.
l’entrepreneuriat et - Délimitation du sujet : acception du questionnement
problématique principal de la recherche.

Identification dans la littérature des facteurs susceptibles


de nous éclairer sur les variables à retenir dans le modèle
de l’intention entrepreneuriale.
- Analyse de l’évolution du concept d’entrepreneur dans les
Chapitre 2 théories économiques :
L’entrepreneur : des théories synthèse de cette évolution à travers un schéma ;
économiques aux approches acception personnelle du concept d’entrepreneur.
interdisciplinaires - Analyse interdisciplinaires des caractéristiques de
l’entrepreneur et du créateur d’entreprise :
mise en exergue du dynamisme typologique.

Identification dans la littérature des facteurs susceptibles


de nous éclairer sur les variables à retenir dans le modèle
de l’intention entrepreneuriale.
Chapitre 3 - Compréhension et analyse au sein du processus
Le processus entrepreneurial entrepreneurial amont :
amont : mobiles et facteurs des mobiles qui guident les individus vers l’acte
contingents d’entreprendre ;
des facteurs contingents qui peuvent favoriser cet acte.

20
INTITULES DES PARTIES ET OBJECTIFS DU CHAPITRE
DES CHAPITRES

Deuxième partie
Un modèle de l’intention Analyse d’une variable contextuelle de l’intention
entrepreneuriale à travers un entrepreneuriale : l’enseignement de l’entrepreneuriat.
processus marqué par des - Acception.
programmes ou des formations - Mise en exergue de son intégration graduelle dans le système
en entrepreneuriat éducatif supérieur.
- Historique en France.
Chapitre 4
- Analyse des objectifs et des pédagogies en oeuvre.
Un cadre général d’analyse
- Mise en perspective des approches transversales s’appuyant
de l’enseignement de
sur des pédagogies par projet.
l’entrepreneuriat en France
- Elaboration d’un cadre général d’analyse en France.

- Détermination du cadre théorique de la recherche :


Chapitre 5 Le modèle de la formation de l’événement entrepreneurial
Le cadre théorique de de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) ;
référence la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991).
- Illustration de l’applicabilité de la théorie du comportement
planifié par le biais de deux modèles.

- Définitions et acceptions des variables explicatives de


Chapitre 6 l’intention entrepreneuriale.
Proposition d’un modèle de - Elaboration d'un corps d'hypothèses.
l’intention entrepreneuriale - Conceptualisation des questions de recherche au sein d'un
modèle.

Troisième partie
Méthodologie empirique,
résultats et analyses - Justification du choix de la démarche hypothético-déductive
et de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979).
Chapitre 7 - Définition des principaux construits : traduction des questions
La méthodologie empirique : de recherche en variables à mesurer.
une démarche hypothético-
- Elaboration du questionnaire.
déductive inscrite au sein de - Méthode d’échantillonnage et composition des populations
la méthode de G.A. observées.
CHURCHILL (1979)
- Procédure de recueil de données.

- Analyses socio-démographiques et tests de validité des


Chapitre 8 construits :
Caractéristiques descriptives tris croisés ;
et analyses d’homogénéité tests de dimensionnalité et de fiabilité.

Chapitre 9 - Tests statistiques de validation d’hypothèses :


Un modèle de l’intention ANOVA à un facteur.
entrepreneuriale validé dans régression simple.
un contexte de régression multiple.
l’enseignement de corrélation multiple.
l’entrepreneuriat

Figure 2 - Justification du plan de la thèse

21
PARTIE I - COMPREHENSION DU PROCESSUS
ENTREPRENEURIAL ET PROBLEMATIQUE DE
RECHERCHE

22
INTRODUCTION

Cette première partie "Compréhension du processus entrepreneurial et


problématique de recherche" se décline en trois chapitres.

Traiter de l'intention entrepreneuriale exige au préalable une compréhension de


l’entrepreneuriat, de l’évolution de la recherche dans ce champ et un positionnement du
chercheur. Dans le premier chapitre, nous parcourons quelques définitions et approches
d'un concept controversé : l'entrepreneuriat. Nous en présentons notre propre acception.
Nous retraçons les évolutions et les trois approches qui délimitent ce champ (descriptive,
comportementale et processuelle). Nous présentons ensuite des modèles processuels
d'entrepreneuriat.
Ce chapitre permet également de délimiter le sujet et la problématique de recherche.
Nous donnons notre acception de l’intention qui met en exergue la volonté personnelle au
sein d’un processus cognitif. Nous cernons les contours de la problématique par le
décalage entre la logique d’intention et d’action et l’hypothèse de stabilité temporelle qui
régit l’intention entrepreneuriale.

Dans le chapitre deuxième, nous abordons plus particulièrement l'"agent" qui est à la
base de toute création et innovation. Nous essayons de saisir, en puisant dans les origines
et les sources économistes, depuis R. CANTILLON jusqu'aux auteurs contemporains, la
métamorphose du concept d’entrepreneur et son rôle dans l'activité économique. Ce
personnage mythique cède du terrain à l'"organisation" à la fin du XIXème siècle et se
"réinvente" avec J. SCHUMPETER. Il se conforte à partir des années 1970 et voit
apparaître deux figures d'entrepreneur qui marquent l'économie d'aujourd'hui :
l’entrepreneur "social" et l’entrepreneur "virtuel". En synthèse de ce tour d’horizon dans la
littérature, nous présentons un schéma (figure 9) qui indique les principales figures
d’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques. Nous donnons, en adéquation avec
notre approche du concept d’entrepreneuriat, notre propre acception du concept
d'entrepreneur.
Ensuite, nous mettons en relief l’introduction des approches interdisciplinaires dans le
champ de l’entrepreneuriat. Celles-ci intègrent, parallèlement aux analyses économiques,

23
des dimensions psychologiques, sociologiques et managériales. Nous présentons celles qui
sont les plus répandues dans les recherches menées sur ce thème. Nous exposons des
typologies d’entrepreneur en insistant sur leur dimension dynamique.

Pour mieux cerner la formation de l’intention, le chapitre trois analyse les mobiles qui
animent les individus au sein du processus entrepreneurial. Ceux-ci nous informent sur
leurs motivations entrepreneuriales. Nous exposons des facteurs contingents qui, au cours
de ce processus, peuvent renforcer l’intention, voire l’acte de création. Nous insistons sur
le passé professionnel susceptible d’augmenter les perceptions des aptitudes
entrepreneuriales, l’ancrage territorial et les systèmes d’appui et de soutien à la création
d’entreprise qui peuvent influencer les perceptions de disponibilité des ressources des
porteurs de projet.

24
Chapitre 1 - Positionnement de la recherche dans le champ de
l’entrepreneuriat et problématique

"Entrepreneurship is a process of becoming rather then a state of being".


William.D. BYGRAVE (1989a)

Des articles fondateurs et fondamentaux de la recherche ont traité et traitent toujours du


sens à donner au concept d’entrepreneuriat. La recherche dans ce champ s'est développée
dans les années d'après-guerre grâce aux économistes et aux historiens d'entreprise. Le
Research Center in Entrepreneural History Of Harvard créé en 1948 a connu une intense
activité dans le champ durant les années 1950 et a réellement prospéré à la fin de la
décennie 1960 (C. BRUYAT, 1993, p. 32-3318). Les décennies 1980 et 1990 ont vu
foisonner des recherches (américaines pour l'essentiel) traitant du concept
d'entrepreneuriat. En France, d'éminents travaux de thèse ont été consacrés à la
modélisation entrepreneuriale (C. BRUYAT, 1993 ; A. FAYOLLE, 1996 ; S. MARION,
1999 ; P. SENICOURT 1997 ; T. VERSTRAETE, 1996).

En l'état actuel de la recherche, il n'est pas possible de ne pas "revisiter" le concept et la


genèse du champ de l'entrepreneuriat. Primo, la théorisation entrepreneuriale est en
plein "chantier" et cela nécessite d'exposer son évolution et ses tendances actuelles.
Secundo, notre recherche doit se situer dans le champ de l'entrepreneuriat
caractérisé par la diversité, la multiplicité et parfois les contradictions entre les
approches.
Notre présentation reprend des approches et des définitions du concept
d’entrepreneuriat afin de le situer dans la construction théorique. Nous donnons notre
propre acception de ce concept en nous inscrivant dans une dimension processuelle. Dans
un deuxième temps, nous retraçons les trois grands axes de l'évolution de la recherche en
entrepreneuriat depuis R. CANTILLON jusqu'à nos jours. Ensuite, nous mettons en relief

18
Un des premiers précurseurs français qui a ouvert la voie de la dimension processuelle. Sa thèse, avec une
impressionnante bibliographie d'une quarantaine de pages, a posé les jalons de la recherche entrepreneuriale
en France. Elle est source d'inspiration pour plusieurs travaux.

25
des modèles processuels en vue de rendre compte de la diversité, de la
multidimensionnalité et de la complexité du phénomène entrepreneurial.

En adoptant la dimension processuelle de l’entrepreneuriat, l'objet de ce chapitre est


également d’en présenter une phase forte : l’intention entrepreneuriale qui constitue notre
problématique de recherche. Notre acception du questionnement principal insiste sur la
volonté personnelle qui s’exprime à travers un processus cognitif. Nous passons en revue
le décalage entre les logiques d’intention et d’action dans le processus de création
d’entreprise. Avant de conclure, nous posons l’hypothèse de stabilité temporelle à
moyenne échéance de l’intention entrepreneuriale.

1.1. Un concept multiforme et controversé

La revue de la recherche académique révèle d'emblée que le concept


d'entrepreneuriat divise plus qu'il ne réunit. Le constat est déjà formulé à l'aube de la
genèse de ce champ par A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 77)19. J.M. CRANT (1996,
p. 43) au même titre que W.G. DYER (1994, p. 7), W.B. GARTNER (1990), A. GIBB et J.
COTTON (2002, p. 4), L.-J. FILION (1997, p. 142) et E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 46),
affirme qu'il n'y a pas d'accord, ni au sein de la communauté universitaire, ni chez les
praticiens, sur le contenu de l'entrepreneuriat. L’exposé de certaines définitions en rend
compte.

1.1.1. Des approches et des définitions

Pour P.-A. JULIEN et M. MARCHESNAY (1996), le vocable d'entrepreneuriat dans la


littérature tourne généralement autour de trois concepts : l'entrepreneur, l'esprit
d'entreprise20 et la création d'entreprise. Dans une étude réalisée auprès d'hommes

19
"… any cursory review of the literature finds a very large diversity of definitions or implied definitions of
entrepreneurs and entrerpreneurship".
20
Pour une large revue de la littérature sur le concept d’esprit d’entreprise, le lecteur peut se rapporter aux
ouvrages de B. PONSON et J.-L. SCHAAN (1993, 502 pages) et B. BERGER et alii (1993, 265 pages).
Accessoirement, d’autres auteurs, notamment G. GILDER (1985, p. 110-111 et 217), P. DRUCKER (1985,
p. 11, 16, 45 et 46), A. LABOURDETTE (1992 ) et D. MUZYKA et N.C. CHURCHILL (1998, p. 288-292)
présentent des éléments d’analyse sur ce concept.
Signalons que ces auteurs utilisent, indifféremment, les termes "esprit d’entreprise" et "esprit
d’entreprendre". Nous avons opté pour le premier, plus répandu dans la littérature entrepreneuriale.

26
politiques, de chercheurs et de chefs d'entreprise de grande renommée, W.B. GARTNER
(1990) a recensé quarante quatre définitions de l'entrepreneuriat21. Celles-ci sont réparties
en huit thèmes récurrents qui semblent, conclut-il, refléter les différentes parties d'un même
phénomène. Dans un autre article, W.B. GARTNER (1988, p. 23) avance que si l'on peut
définir qui est entrepreneur, alors on saura ce qu'est l'entrepreneuriat22.
Pourquoi cette diversité et cette division ? Chaque auteur s'exprime avec une volonté
différente de comprendre des phénomènes et des comportements entrepreneuriaux afin de
mieux organiser et structurer les connaissances dans le champ de l’entrepreneuriat. Nous
exposons des définitions qui reflètent la diversité, la division, et par moment, la confusion
dans les approches.

L.-J. FILION (1997, p. 156) définit l'entrepreneuriat comme étant "le champ qui étudie
la pratique des entrepreneurs : leurs activités, leurs caractéristiques, les effets
économiques et sociaux de leur comportement ainsi que les modes de soutien qui leur sont
apportés pour faciliter l'expression d'activités entrepreneuriales".

Pour E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 19-21), la démarche entrepreneuriale au sens large


prend plusieurs aspects tels que la PMIsation juridique, la croissance interne, la franchise,
l'essaimage23, la reprise d'entreprise24 et la création ex-nihilo. Dans le même esprit, S.
BIRLEY et D. MUZYKA (1998a, p. 14-15) voient que le champ de l'entrepreneuriat prend
un sens vague et varié. On retrouve les thèmes du rachat d'entreprise par les salariés, de
l'acquisition d'entreprise par une équipe de direction extérieure ("MBO : Management buy-
out"), du rachat d'entreprise par le management en place ("MBI: Management buy-in"), de
la franchise, du développement de nouvelles activités au sein des grandes entreprises
("corporate entrepreneurship")25, des entreprises familiales et des entreprises publiques.

21
Selon C. BRUYAT (1993, op.cit., p. 45), il est l’un de ceux ayant fait le plus progresser l'entrepreneuriat
ces dernières années.
22
"If we can just find out who the entrepreneur is, then we'll know what entrepreneurship is".
23
Concernant ce concept, le lecteur peut se référer à P. ALBERT (1997, p. 42), F. PEIGNE (1995, 4 pages)
et au site de la Commission Nationale de la Création d’Entreprise (CNCE - Commission "Essaimage" -,
http://www.apce.com, avril 1998, 22 pages). D. LE COZ (1996) et H. DAVAL (2002) donnent une bonne
illustration des facteurs de succès et d’échec de l’essaimage en tant que politique stratégique de gestion des
ressources humaines.
24
Sur les particularités du processus "repreneurial" par rapport au processus de création d’entreprise, la
modélisation de B. DESCHAMPS (2002) est un exposé enrichissant et clair.
25
Cf. à ce sujet H.H. STEVENSON, J.C. JARILLO (1990).

27
H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, p. 23) affirment que définir
l'entrepreneuriat est une tentative d'ordre sémantique. Réduire son champ risque d'exclure
des travaux qui peuvent être utiles dans plusieurs domaines. L'élargir peut dissoudre sa
particularité de champ d'études spécifique. Dans tous les cas, constatent-ils, l'essence de
l'entrepreneuriat est la volonté de concrétiser une opportunité sans tenir compte au
préalable des ressources disponibles. Par opportunité, ces auteurs entendent une situation
future qui est considérée comme souhaitable et réalisable26. N.F. KRUEGER et D.V.
BRAZEAL (1994, p. 91) rejoignent (sans en faire référence) H.H. STEVENSON et J.C.
JARILLO (1990) dans leur conception de l'entrepreneuriat27.
M.G. SCOTT (1998, p. 193-195) postule que "l'entrepreneuriat consiste à mettre à
profit de façon créative les valeurs de l'environnement". D. MUZYKA et N.C.
CHURCHILL (1998, p. 288) définissent l'essence de l'entrepreneuriat comme "la faculté
d'identifier et de faire fructifier une valeur marchande en faisant coïncider une innovation
et un besoin".

Le monde universitaire représenté par l'Académie de l'Entrepreneuriat qui regroupe


l'élite francophone en la matière, s'accorde sur l'absence d'une définition ultime de
l'entrepreneuriat, autant par la complexité que par la diversité du phénomène. L'Académie
convient qu'"A ce jour, on ne peut pas augurer d'un prochain consensus s'agissant d'une
définition de l'entrepreneuriat (comme on ne peut croire en une définition de la firme, ou
bien d'autres objets ou champs de recherche, quelle que soit la discipline d'ailleurs). La
complexité du phénomène entrepreneurial et la diversité de ses manifestations expliquent
sans doute que toute définition réduit, voire ampute, l'appréhension des formes qu'il
revêt"28. Mais respectant son statut et son rôle d'organisme fédérateur en matière de

26
"Defining entrepreneurship is, nevertheless, an important question, albeit semantic, because a definition
too narrow may render much useful research inapplicable to important areas, such as corporate
entrepreneurship. On the other hand, too broad a definition may make entrepreneurship equivalent to good
management, thus effectively dissolving it as a specialized field of study… But in any case the essence of
entrepreneurship is the willingness to pursue opportunity, regardless of the resources under control. It is
typical of entrepreneur "to find a way"…Opportunity is defined as a future situation which desirable and
feasible".
Quelques années plus tard, H.H. STEVENSON (1998, p. 23) convient toujours de l'acception
opportunité/ressources mais en l'approfondissant. Il écrit que l'entrepreneuriat est "une approche du
management que nous définissons comme la volonté de concrétiser une opportunité, indépendamment des
ressources disponibles au départ". Il affine cette définition par une analyse de six paramètres, qu'il juge
essentiels, pour un management entrepreneurial : l'orientation stratégique, le degré d'engagement,
l'engagement des ressources et leur maîtrise, la structure managériale et la politique de rémunération.
27
"We define "entrepreneurship" as "the pursuit of an opportunity irrespective of existing resources"".
28
http://www.entrepreneuriat.com/these.html.

28
recherche, à titre indicatif et provisoire, elle propose sa définition : "Au sens large, le
champ de l’entrepreneuriat couvre tous les aspects de l’engagement de l’entrepreneur,
tant professionnels que personnels, qui apparaissent lors de la création de l'entreprise et
tout au long du cycle de vie de celle-ci. Il s’étend aussi à la fonction sociétale de
l’entrepreneur et à ses manifestations dans des contextes culturels variés"29.

1.1.2. Le positionnement de la recherche : une perspective processuelle

Les approches et les définitions ci-dessus tentent de reproduire un des aspects de


l'entrepreneuriat. Il n'est nullement indiqué, du moins de manière nette et affirmée, que
l'entrepreneuriat soit un phénomène et un processus dont les interactions sont diverses et
complexes. E.-M. HERNANDEZ (1999) nous conforte dans ce constat en décomposant
l'évolution de la recherche en trois grandes étapes.
La première, qualifiée de "fondamentaliste", consiste en une conception abordée selon
une logique unique. Il est question de mettre à nu les caractéristiques et les profils de
l'entrepreneur et du créateur d'entreprise. L'extrême variété des entrepreneurs et des
créations d'entreprise réfute l'universalisme. La "contingence" matérialise la deuxième
étape qui tisse des liens entre l'efficacité et l'adaptation, ainsi qu'avec la cohérence du
concept d'entrepreneuriat et l'environnement de l'individu. La dernière phase est centrée sur
l'aspect "processuel" du phénomène et marque une nette rupture avec les précédentes.

Il est bien entendu que si l'on veut mener à bien une recherche, il faut se positionner
dans le champ sur lequel on travaille (M. GRAWITZ, 1996, p. 348)30. Les raisonnements
que nous développons tout au long de cette thèse exigent de nous impliquer dans la
construction théorique du champ de l'entrepreneuriat et de proposer notre propre
acception du concept31. Celui-ci n’est pas seulement une aide pour percevoir, mais une
façon de concevoir. Il exerce un premier tri au milieu du flot d’impressions qui nous

29
Nous regrettons tout de même de ne pas retrouver la dimension processuelle de l'entrepreneuriat de façon
claire et prononcée.
30
La dernière édition de cet ouvrage est apparue en 2001.
31
Certains chercheurs, sans doute très prudents, se refusent de donner une définition, voire même une
acception de l'entrepreneuriat. Il en est ainsi de B. SAPORTA et T. VERSTRAETE (2000, op.cit., p. 98) qui
notent : "…il nous semble que l'entrepreneuriat est un phénomène trop complexe pour être réduit à une
définition".

29
submergent, organise notre compréhension du champ et fonde nos choix théoriques
ultérieurs.
Il n'existe pas de meilleure définition de l’entrepreneuriat, mais des acceptions et des
approches qui répondent à des problématiques et des projets de recherche pertinents. Nous
considérons l'entrepreneuriat comme un processus dynamique et complexe. Il est le
fruit de facteurs psychologiques, sociaux, culturels, politiques et économiques. Il
prend la forme d’attitudes, d’aptitudes, de perceptions, de motivations et de
comportements qui se manifestent dans un contexte donné. Il peut s’exprimer sous
diverses formes telles que l'intrapreneuriat, l'essaimage, la franchise ou la filialisation.
Cependant, la création d'entreprise constitue pour nous la manifestation la plus
visible du phénomène entrepreneurial. Elle prend le sens d’une opportunité que nous
assimilons à la concrétisation d'un projet pérenne avec les risques y afférents32. Il doit
y avoir, pour reprendre les termes de C. BRUYAT (1993, p. 169), "une double
: nouveauté pour le créateur et nouveauté pour l'entreprise".

La dimension processuelle n’est intégrée dans le champ de l’entrepreneuriat que depuis


une dizaine d’années. Pour en arriver là, les recherches dans le domaine ont connu trois
grandes tendances que l'on peut distinguer dans l’axe du temps. Mais les deux dernières
tendances se sont développées en tissant des liens théoriques avec celles qui les ont
précédées.

1.2. La "trilogie" de la recherche dans le champ de l'entrepreneuriat

A ce jour, on peut schématiser l’évolution de la recherche en entrepreneuriat selon trois


grands courants de pensée. Jusqu'à la fin de la décennie 1980, tout comme l'entrepreneur
depuis deux siècles et demi, la recherche a connu essentiellement deux approches :
descriptive et fonctionnelle (comportementale). Globalement, la première voulait répondre
à la question "Qui est… ?". La seconde tentait de répondre à la question "Que fait… ?".
La décennie 1990 a vu naître une approche qui tient compte du dynamisme du processus et

32
Certains "entrepreneurs" sont spécialisés dans la création d'entreprise dans l'ultime perspective de revendre,
à l'image de ce qui se fait actuellement avec les jeunes pousses. La notion de pérennité, telle que nous
l’entendons ici, "voile" à peine celle de "persistance" de T. VERSTRAETE (2001, op.cit.).
Ainsi nous nous rangeons dans la lignée des auteurs qui assimilent innovation et création d’entreprise. Nous
citons notamment K.G. SHAVER et L.R. SCOTT (1991, p. 39) ("After all, new venture creation is nothing if
not innovation, taking the unforeseen with the foreseeable").

30
du phénomène entrepreneurial. Cette approche s’intéresse davantage au "Pourquoi… ?"
et au "Comment… ?".
Chronologiquement, nous présentons l'évolution des recherches en entrepreneuriat en
distinguant trois approches : descriptive, comportementale et processuelle33.

1.2.1. L'approche descriptive : les limites "économistes" dans l'élaboration du champ de


l'entrepreneuriat

Cette approche a pris forme dans les premiers écrits des théories économiques et s’est
quelque peu atténuée depuis la fin de la décennie 1970. En analysant le rôle que joue
l'entrepreneur dans la croissance économique, en définissant l'entrepreneur par ses
fonctions économiques et sociales et en le décrivant par ses caractéristiques, l’économie a
concentré l’essentiel de la recherche en entrepreneuriat. Cette dernière peut se résumer
essentiellement en des essais de définition de l'entrepreneur, du manager ou du
propriétaire-dirigeant34. Chaque grand courant de pensée, selon les changements socio-
économiques, insiste sur des caractéristiques et des fonctions entrepreneuriales spécifiques.
L'entrepreneuriat a été donc identifié par les économistes comme une construction utile
pour mieux comprendre le développement économique. Cependant, H. LEIBENSTEIN
(1968, p. 1) conclut qu'il n'est pas possible d'établir un modèle complet et détaillé du
développement économique en relation avec l'entrepreneuriat. Il va même jusqu'à écrire
que la théorie de la concurrence donne l'impression qu'il n'y a nul besoin en ce domaine.
Cela résulte, argumente-t-il, du fait que cette théorie cache le rôle vital de l'entrepreneur35.

33
En présentant l’évolution des recherches en entrepreneuriat en plusieurs rubriques (questions principales,
types d'approche, échelle temporelle, domaines scientifiques principaux, objets d'étude, paradigmes
dominants et méthodologies utilisées), A. FAYOLLE (2000c, op.cit., p. 404) donne une autre vue
synthétique qui nous semble bien cerner la question. Cependant quelques divergences subsistent dans nos
points de vue, notamment pour ce qui est des paradigmes dominants dans le champ de l’entrepreneuriat.
I. DANJOU (2002) présente une autre évolution de la recherche en entrepreneuriat selon trois angles
d’attaque : le contexte, l’acteur et l’action. L’approche de l’auteur éclaire la littérature en retraçant ces trois
dimensions selon les facteurs suivants : les questions clés, les disciplines de base, les angles de vue, les
contributions et les définitions types.
34
Cf. infra., chap.2 "L’entrepreneur : des théories économiques aux approches interdisciplinaires" qui sera
entièrement dédié aux concepts d'entrepreneur et de manager dans la théorie économique et à son émergence
sociale.
35
"The received theory of competition gives the impression that there is no need for entrepreneurship… The
answer is that the standard competitive model hides the vital function of the entrepreneur".

31
W.R. SANDBERG (1992, p. 87) est arrivé à la conclusion qu'il y a davantage d'espoir
pour un développement d'une théorie de l'entrepreneuriat depuis que les faiblesses de
l'approche descriptive sont devenus évidentes36. D.M. RAY (1993, p. 349) s’aperçoit que le
champ de l'entrepreneuriat s'est longtemps retranché derrière l'approche descriptive, ce qui
n'a pas nécessairement amélioré notre compréhension du phénomène entrepreneurial37.
Plusieurs auteurs (E. CHELL, 1985 ; W.B. GARTNER, 1988 ; D.L. SEXTON, 1987)
manifestent la même position et critiquent les courants qui approchent la question par les
traits de personnalité.
W.B. GARTNER (1988, p. 21) affirme que l'approche descriptive est complémentaire
de l'approche comportementale, mais il prévoit plus de perspective pour cette dernière en
vue d'expliquer le phénomène entrepreneurial38. Les sciences économiques se trouvaient
alors face au problème suivant : une bonne partie de la recherche se situe désormais en
dehors d'elle, car il s'agit de découvrir les facteurs comportementaux du phénomène
entrepreneurial qui s'inscrivent dans des contextes sociaux, culturels, politiques et
économiques particuliers39.

36
"The prospects for developing a theory of entrepreneurship seem brighter than might have been imagined
a mere decade ago, when the shortcomings of the trait approach, including its inability to predict
performance, began to become obvious".
W.R SANDBERG (1992, op.cit. p. 83) présente les contributions que peut apporter le management
stratégique à la construction d'une théorie sur l'entrepreneuriat. La conclusion la plus importante à laquelle
l'on est arrivé, commente-t-il, est que le management stratégique s'applique comme paradigme au thème de la
création d'entreprise. Le démarrage d'une nouvelle activité présente plusieurs aspects qui peuvent trouver une
réponse dans des modèles du management stratégique, notamment l'acquisition et l'utilisation des ressources
("The acquisition and use of resources are the core of some strategic management models of the firm and its
performance").
Pour une autre approche sur les concepts d’entrepreneuriat et de management stratégique, pour une
réflexion approfondie sur les liens entre l’entrepreneuriat et la stratégie entrepreneuriale, voir T.
VERSTRAETE (2001, op.cit.).
37
"… the field of entrepreneurship has been stuck for too long on a limited number of psychological traits
that have not necessarily increased our understanding of entrepreneurs".
38
"Research on the entrepreneur should focus on what the entrepreneur does and not who the entrepreneur
is".
39
Il y a cependant quelques auteurs "obstinés" qui approchent toujours la question d'un point de vue
économiste. Ainsi, E.J. DOUGLAS (1999) explique que l’individu formule des intentions de choix de
carrière en comparant les utilités maximales qu’offrent ces carrières. L'utilité que retire un individu (salarié
ou installé à son compte) dépend aussi bien du revenu que des conditions de travail (responsabilité, prise de
risque, indépendance, effort requis). C'est la différence qu’il perçoit entre l'utilité globale (prestige, richesse,
pouvoir…) et la "désutilité" globale qu'offre la voie salariale, par opposition à la voie entrepreneuriale, qui
déterminera son choix de carrière. L’auteur évoque les limites de son hypothèse en annonçant que ce qui est
perçu comme "utilité" par l'un peut être "désutilité" pour l'autre, et que cette perception change avec
l'évolution de l'emploi.
En rapportant le choix de carrière à un calcul algorithmique, il est supposé que l'information est parfaite et
que chaque individu est capable d'évaluer mathématiquement ses attentes en termes d'emploi. Hors, nul ne
reviendrait sur l'asymétrie de l'information. Il nous semble très exagéré de dire qu'un individu puisse décider
de créer son entreprise parce que l'utilité qu'il retire de son actuel emploi ne le satisfait plus et qu'il pourrait
tirer une utilité supérieure en travaillant dans les mêmes conditions pour son propre compte.

32
Les économistes, toutes écoles confondues et à quelques très rares exceptions40,
raisonnaient comme si les aptitudes industrielles et techniques des individus pouvaient être
considérées comme des quantités fixes. Cependant, les penseurs modernes de
l'entrepreneuriat ont constamment à l'esprit le fait que ces aptitudes sont le produit des
circonstances propres au milieu dans lequel ils vivent.

1.2.2. L'approche comportementale : l'amorce de l'entrepreneuriat comme véritable


champ de recherche

A force de parler de l'entrepreneur, on oublie que la réussite n’est pas uniquement


redevable à des qualités personnelles. Celle-ci implique la famille qui lui a donné naissance
et la société dans laquelle il puise sa culture. L'initiative individuelle n'est rien sans un
contexte social, culturel, économique et politique propice.

M. WEBER (1964) [1905]41 est sans doute le premier auteur auquel nous pouvons
rattacher l’approche comportementale dans le champ de l’entrepreneuriat. Cependant,
selon plusieurs auteurs, celle-ci a été révélée par la psychologie et plus précisément par les
travaux de D.C. Mc CLELLAND (1961 ; 1962 ; 1965) dans le début de la décennie 196042.
Cet auteur est l'un des premiers à s'intéresser aux liens qui existent entre l'action des
individus (les entrepreneurs) et leur environnement (les valeurs, les croyances et les
motivations)43. Le fondement de son analyse est que le développement économique
s'explique par l'esprit d'entreprise, qui lui-même trouve ses sources dans le besoin
d'accomplissement (Need-Achievement). D.C. Mc CLELLAND (1965, p. 392) avance
l'hypothèse que ce trait psychologique est assez stable. Combiné aux caractéristiques de
l'environnement, il prédispose les individus à choisir des carrières entrepreneuriales44.

40
Nous pensons essentiellement à J. SCHUMPETER.
41
1905 est l’année de la première édition en langue anglaise intitulée "The Protestant Ethic and the Spirit of
Capitalism".
42
L'un des auteurs les plus cités dans le champ de l'entrepreneuriat selon A. SHAPERO et L. SOKOL (1982,
op.cit, p. 74).
43
Mais à son époque, on ne parlait pas encore d’entrepreneuriat en tant que champ de recherche ; ni
d’approche comportementale en tant que théories pouvant expliquer les phénomènes entrepreneuriaux.
44
"… n Ach is a fairly personality characteristic which, given certain characteristics of the social system,
predisposes young men to enter entrepreneurial occupations or to function in traditional occupations in
entrepreneurial ways".

33
Les variables environnementales caractérisant les individus sont donc devenues, elles-
mêmes de réels objets d'analyse. Les causes des actes des entrepreneurs constituent l'intérêt
principal de la recherche. Ainsi des travaux ayant pour origine diverses disciplines des
sciences humaines (Gestion, Economie, Psychologie, Sociologie, Anthropologie…) se sont
orientés vers l'explication des comportements entrepreneuriaux en liaison avec
l'environnement dans lequel ils s'expriment. Nous retrouvons ici, par exemple, tous les
travaux s’intéressant aux caractéristiques psychologiques et aux typologies des
entrepreneurs, que nous exposerons dans le deuxième chapitre.

L'approche comportementale est donc intéressante en ce qu'elle se préoccupe des


comportements de l'entrepreneur dans l'exercice de son activité, lesquels s'inscrivent dans
un environnement culturel, social, économique et politique. Elle considère l'entrepreneuriat
comme un événement contextuel, comme le résultat de plusieurs influences (W.B.
GARTNER, 1988, p. 21)45.

L'analyse comportementale a dominé le champ de l'entrepreneuriat entre les années


1960 et les années 1980 (L.-J. FILION, 1997, p. 138). La fin de la décennie 1980 a connu
une remise en cause des théorisations "traditionnelles" sur l'entrepreneuriat en présentant le
phénomène entrepreneurial comme un processus. P. DAVIDSSON (1995), D.B.
GREENBERGER et D.L. SEXTON (1988), L. HERRON et H.J. SAPIENZA (1992) et J.
VESALAINEN et T. PIHKALA (1999) confirment que les récents développements des
constructions théoriques en entrepreneuriat considèrent que l'approche comportementale ne
rend pas compte du phénomène ; ces auteurs mettent l'accent sur sa dimension
processuelle. R.J. BRADLEY (1990, p. 39) écrit que le centre d'intérêt des recherches en
entrepreneuriat doit être le processus qui s'inscrit dans un contexte social
multidimensionnel et non pas le profil psychologique de l'entrepreneur46. Toute la
littérature (que nous avons consultée) ultérieure à la fin de la décennie 1980 s'inscrit
parfaitement dans la genèse processuelle du phénomène entrepreneurial.
Les années 1980 ont vu, selon L.-J. FILION (1997, p. 141) et I. DANJOU (2002, p.
109), l'introduction de l'entrepreneuriat dans la quasi-totalité des sciences humaines.

45
"This behavioral approach views the creation of an organization as a contextual event, the outcome of
many influences".
46
"… the focal point of entrepreneurship research should be the entrepreneurial process or event as it take
place within a multidimensional social context, not the psychological profile of the entrepreneur".

34
Beaucoup de chercheurs, chacun dans son domaine, avec une logique et une méthodologie
propres, réalisent des travaux en la matière. Ainsi, le champ de l'entrepreneuriat se retrouve
au centre d'une multitude de disciplines. Mais "Si chacun de ces points de vue
disciplinaires (psychologie, sociologie, psychologie sociale, histoire des entreprises,
démographie des populations, …) possède sa légitimité, aucun ne peut revendiquer un
statut supérieur aux autres" (C. BRUYAT, 1993, p. 163).

Si l'approche comportementale doit être abandonnée en soi pour expliquer le


phénomène entrepreneurial, nous pensons qu’elle a le mérite d'avoir amorcé
l'entrepreneuriat comme champ de recherche à part entière, et ce en se positionnant à
l'intersection de plusieurs disciplines des sciences humaines.

1.2.3. L'approche processuelle : un affranchissement "rationnel" et irréversible du


champ de l’entrepreneuriat

Si l’approche descriptive cherche à comprendre le rôle de l’entrepreneur dans


l’économie et la société, si l’approche comportementale explique les actes et les
comportements des entrepreneurs en les situant dans leurs contextes spécifiques, la
démarche processuelle a pour objet d’analyser dans une perspective temporelle et
contingente, les variables personnelles et environnementales qui favorisent ou
inhibent l’esprit d’entreprise, les actes et les comportements entrepreneuriaux.

Dans un remarquable panorama où nous découvrons des travaux traitant de l'influence


des facteurs sociaux, culturels, ethniques, institutionnels et économiques sur la formation
de l'événement entrepreneurial, A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 78) sont les
premiers qui ont éclairé l'optique processuelle du phénomène entrepreneurial. Ils tentent de
comprendre le déclenchement d'un événement entrepreneurial en le corrélant avec des
facteurs situationnels et individuels. Tout événement entrepreneurial, font-ils remarquer,
est la fin d'un processus et le début d'un autre47.

47
"The paradigm attempts to include all versions of the entrepreneurial event, from the one-time promotion
to civic organization, and to include all of the variables, situational, social, and individual, that might be
identified with the event… Each entrepreneurial event is the endpoint of a process and the beginning of
another".

35
W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER (1991, p. 14) tout en réfutant les approches
descriptive et comportementale, insistent sur le changement dans l'objet de la recherche. A
l'instar du management stratégique qui a délaissé les rôles et fonctions du "manager" pour
se centrer sur les processus stratégiques de l'organisation, l’entrepreneuriat, au lieu de se
focaliser sur les caractéristiques, les fonctions et les innombrables définitions de
l'entrepreneur, a ici vocation à s’intéresser à la nature et aux caractéristiques du processus
entrepreneurial48. Ils traduisent l'évolution de la recherche comportementale vers la
recherche processuelle par quelques questions clés :

Quelques questions clés dans le champ de l'entrepreneuriat


Centrées sur l'entrepreneur Centrées sur le processus entrepreneurial
1. Qui devient entrepreneur ? 1. Qu'est-ce qui permet la perception
d'opportunités de manière efficace et
performante ?
2. Pourquoi devient-on entrepreneur ? 2. Quelles sont les tâches clés pour créer avec
succès une entreprise ?
3. Quelles sont les caractéristiques des 3. En quoi ces tâches diffèrent-elles de celles
entrepreneurs qui réussissent ? mises en œuvre dans les organisations
existantes ?
4. Quelles sont les caractéristiques des 4. Quelles sont les contributions spécifiques de
entrepreneurs qui échouent ? l'entrepreneur dans le processus ?
Tableau 1 - Some of the key questions in the field (W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER,
1991, p. 16)

C. BRUYAT (1993, p. 62) dans une remarquable entreprise de modélisation s’aperçoit


que l'entrepreneuriat "fait référence à un changement ou à quelque chose en train de se
faire, à un temps créateur. La dialogique sujet/objet (individu/création de valeur ; pour lui
ce qui qualifie un entrepreneur est la création de valeur) s'inscrit dans une dynamique de

48
"Starting in the mid-1960s, however, the focus of that field shifted from the "roles and functions of the
general manager" to "the strategic processes of organisation"… In a similar fashion, it may be useful to shift
our focus from "the characteristics and functions of the entrepreneur" and the myriad definitions of what
constitutes an entrepreneur, and to focus, instead, on the nature and characteristics of "the entrepreneurial
process"".

36
changement créatrice"49. Cette dynamique dans le processus entrepreneurial est soutenue
par l'Organisation de Coopération et de Développement Economique. Celle-ci définit
l'entrepreneuriat comme "Le processus dynamique qui consiste à identifier les possibilités
économiques et à les exploiter par la mise au point, la production et la vente de biens et de
services" (OCDE, 1998, p. 269).

La notion de processus, tout en reposant sur les approches descriptive et


comportementale qui font appel à des variables psychologiques, culturelles, sociales,
politiques et économiques, inscrit donc celles-ci dans une double dimension : dynamique
et complexe50. Les interrelations entre les variables influant sur le phénomène supplantent
l'importance des variables prises séparément. Les propos suivants présentent des travaux
récents qui témoignent de la nécessité de la prise en compte de la dimension processuelle
dans le champ de l’entrepreneuriat.

1.3. Des modèles processuels d'entrepreneuriat

Aujourd'hui, tous les modèles accompagnent la genèse théorique dans la construction


processuelle de l'entrepreneuriat. Bien entendu, ils s'appuient sur les approches descriptive
et comportementale en les intégrant dans une optique temporelle et complexe.
Passer en revue des modèles théoriques implique pour notre recherche de saisir les
différents stades du processus entrepreneurial et d’analyser et de comprendre les
facteurs personnels et environnementaux qui peuvent éventuellement intervenir dans
chaque phase. Plusieurs modèles théoriques retiennent la dimension de préférence d'une

49
Le terme dialogique est emprunté, selon A. FAYOLLE (1998, p. 285), à E. MORIN. Pour C. BRUYAT
(1993, op.cit, p. 60), "Le principe de dialogique signifie que deux ou plusieurs logiques différentes sont liées
en une unité, de façon complexe (complémentaire, concurrente et antagoniste) sans que la dualité ne se
perde dans l'unité".
50
En cela, nous rejoignons E.-M. HERNANDEZ (1999, op.cit) et A. ARLEO et E.-M. HERNANDEZ
(2002) qui abordent le processus entrepreneurial selon deux concepts : "temporalité" et "complexité". Le
temps disent-il, n'est pas une contrainte, il est l'essence même du phénomène. Pour E.-M. HERNANDEZ
(1999, p. 221-228), il n'est pas question d'une temporalité linéaire, rationnelle et séquentielle, mais de boucles
et d'itérations. La complexité, qu'il tient à distinguer de la complication, fait interagir une multitude
d'éléments et se développe dans le temps avec une multitude de rétroactions.
La recherche de A. ARLEO et E.-M. HERNANDEZ (2002, op.cit) sur l’usage des métaphores en
entrepreneuriat apporte une bonne connaissance dans la construction théorique de ce champ. Ces auteurs font
une analyse intéressante des corpus théoriques anglais et français les plus utilisés en entrepreneuriat. Ils
présentent les limites des métaphores utilisées et en proposent deux pour sortir de "l’impasse
monométaphorique actuelle" qui caractérise le champ : l’organisation vue comme "cerveau" et "flux".

37
situation actuelle (salariat, chômage, études…) par rapport à une situation future (la
création d'entreprise). Ils décrivent cette préférence comme étant le résultat de facteurs
situationnels et personnels.

L'abondance des recherches, américaines pour la plupart, nous pousse à occulter


certains travaux riches en enseignements. Cependant, les modèles que nous présentons ici
sont des variantes assez représentatives de ce que nous retrouvons dans les modélisations
du processus entrepreneurial. Ils nous paraissent assez significatifs et synthétiques de la
littérature.

1.3.1. La forme générique du processus de création d’entreprise de C. BRUYAT (1993)

Dans ses contributions épistémologiques à la création d'entreprise, C. BRUYAT (1993,


p. 62 et 96) note que trop de chercheurs semblent négliger la prise en compte conjointe de
deux points de vue dans l’évaluation du changement dans le processus entrepreneurial,
l'environnement et l'individu qui sont "dialogiquement indissociables". Pour lui, tout
modèle de recherche doit prendre en compte l'entreprise créée, le créateur, l'environnement
et le processus. Il schématise le processus de création d'entreprise sous une forme
générique comme suit :

PR E

0 1 2 3 4 5

Figure 3 - Une forme générique du processus de création d'entreprise (C. BRUYAT,


1993, p. 260)

38
Etape 0 : "l'action de créer n'est pas perçue" du fait de l'éducation, de la personnalité ou
de l'environnement de l'individu. La création d'entreprise n'est pas intégrée dans les
schèmes cognitifs de l'individu.
Etape 1 : "l'action de créer sa propre entreprise est perçue". L'individu a l'information
nécessaire pour comprendre plus ou moins ce qu'est la création d'entreprise, sans pour
autant qu'une quelconque réflexion et action ne soient entreprises.
Etape 2 : "l'action de créer est envisagée". Elle est prise en compte par l'individu comme
étant une alternative possible. Il a un projet flou de ce que pourrait être sa future entreprise.
Il commence à rechercher une idée de création en y consacrant un peu de son temps.
Etape 3 : "l'action est recherchée" car l'individu investit activement une idée (s'il ne l'a pas
déjà) et tente de l'évaluer. Cette étape se distingue de la précédente par l'engagement réel
de l’individu dans le processus en consacrant du temps et de l'argent. C'est pendant cette
phase que sont réalisées l'étude de marché et l'élaboration du plan d'affaire. L'individu a un
statut hybride où il garde son ancienne activité s'il est salarié, ou continue à rechercher un
emploi s'il est chômeur.
Etape 4 : "l'action est lancée". Les négociations avec les clients et les fournisseurs sont en
cours, les procédures financières et juridiques sont déclenchées, le matériel nécessaire à la
production est commandé… et les premières commandes sont livrées. Si l'entreprise
parvient à atteindre son seuil de rentabilité et à assurer son équilibre financier, elle passera
à la dernière étape.
Etape 5 : "l'action est réalisée" et l'entreprise devient une entité reconnue par ses
partenaires quand elle atteint son équilibre d'exploitation. Le créateur est devant une
problématique de dirigeant de PME.
PR : "l'action est perçue et refusée". Ce refus peut être définitif ou temporaire. L'individu a
développé un projet, a recherché de l'information, mais il a renoncé pour des raisons
psychologiques ou autres.
L'auteur reconnaît le caractère "rustique" de la description du modèle qui met en relief
des moments forts dans le processus. Dans la pratique, poursuit-il, il est difficile de
déterminer dans quelle phase se trouve le créateur.

39
1.3.2. Le modèle du processus de création d'entreprise de W.D. BYGRAVE (1989a,
1989b)

W.D. BYGRAVE (1989a, p. 8) écrit que le processus de création d’entreprise tel que
décrit dans son modèle fait partie intégrante du paradigme entrepreneurial et qu'il fera une
quasi-unanimité dans le monde de la recherche51. Le processus entrepreneurial amont
appelle des variables :
9 inhérentes à l'individu qu'il répartit en deux groupes. Le premier agit sur la naissance
de l'idée (besoin d’accomplissement, contrôle interne, prise de risque, valeurs
personnelles, formation et expérience antérieure). Le second intervient au niveau du
déclenchement de l'événement de création "Triggering event" (prise de risque,
insatisfaction au travail, perte d'emploi, formation, âge, sexe et engagement) ;
9 sociologiques qui sont l'influence des relations personnelles, des collègues, de la
famille et de modèles d'entrepreneur ;
9 environnementales réparties elles aussi en deux groupes. Le premier a un impact sur la
naissance de l'idée et le déclenchement de l'événement (opportunités, modèles
d'entrepreneur et créativité). Le second intervient sur le déclenchement de l'événement
et sa mise à exécution (la concurrence, les ressources, les incubateurs ou les pépinières
et les politiques publiques en faveur de l'entrepreneuriat).

51
"There will be almost unanimous agreement that the phenomena in this model are an integral part of
entrepreneurship paradigm".

40
PERSONAL PERSONAL SOCIOLOGICAL
n-Achievement Risk Taking Networks
Internal Control Job Dissatisfaction Teams
Ambiguity Tol. Job Loss Parents
Risk Taking Education Family
Personal Values Age Role models
Education Gender
Experience Commitment

INNOVATION TRIGGERING EVENT

ENVIRONMENT ENVIRONMENT
Opportunities Competition
Role Models Resources
Creativity Incubator
Government policy

Figure 4 - A model of Start up Process (W.D. BYGRAVE, 1989b, p. 8)

W.D. BYGRAVE (1989b, p. 11) décrit le processus entrepreneurial par les


caractéristiques suivantes :
1. l'événement entrepreneurial est une discontinuité ;
2. la discontinuité contient aussi bien le prodigieux que le faible progrès ;
3. l'événement entrepreneurial est le produit de plusieurs variables ;
4. l'événement est déclenché par des changements qui affectent les facteurs qui lui sont
antérieurs ;
5. les changements sont souvent de faible ampleur et non des progrès majeurs ;
6. l'événement entrepreneurial est unique : deux événements ne se ressemblent jamais ;
7. le processus est instable. Son évolution est très sensible aux changements mineurs qui
affectent les facteurs qui le déclenchent ;
8. le processus est holistique. On ne peut analyser l'événement en analysant isolément les
variables en jeu52.

52
"The entrepreneurial event is a discontinuity.
The discontinuity ranges in size from a quantum jump to a tiny increment.
The antecedents to the event comprise many factors.
The event is triggered by changes in the antecedents.
the changes are usually tiny increments rather than large breakthroughs.
The event is unique : cannot be exactly replicated.
The process is unstable : outcomes are very sensitive to small changes to the inputs.

41
Dans la recherche en entrepreneuriat, poursuit W.D. BYGRAVE (1989a, p. 20 ; 1989b,
p. 10), il est presque impossible de réduire les problèmes à des facteurs qui peuvent être
considérés isolément. Il faut éviter, chaque fois que possible, le réductionnisme dans la
recherche. Il faut envisager l'approche comme un "tout". Pour comprendre les causes de
l'événement entrepreneurial, nous avons besoin de comprendre les changements dans les
facteurs antérieurs, qui ont déclenché l'événement. Le plus souvent, les créations
d'entreprise, y compris celles qui se sont accompagnées d'innovations importantes, sont
déclenchées par une succession de changements relativement faibles dans les variables
affectant le processus entrepreneurial53.
W.D. BYGRAVE (1989a, p.20-21), à travers son modèle, conçoit l'entrepreneuriat
comme un processus en devenir plutôt qu'un état immuable. L'essence de l'entrepreneuriat
est le changement dans un processus holistique où la stabilité disparaît. Si l'on se contentait
d'études transversales, on perdrait toute la richesse de l'approche longitudinale54.

1.3.3. Le modèle stratégique d'entrepreneuriat de E.-M. HERNANDEZ (1999)

E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 72) présente un modèle stratégique où il accorde une


place importante à l'individu et à l'opportunité d'affaire. Il distingue quatre phases où le
créateur potentiel est influencé par son origine familiale, ses traits psychologiques et son
histoire personnelle.
L'étape d'"Initiation" reflète essentiellement la recherche d'opportunité. Celle-ci
exprime pour l'auteur l'écoute permanente et l'anticipation de l'environnement sur les
évolutions démographique, technologique et des modes de vie. La phase de "Maturation"
doit permettre de vérifier la cohérence entre le créateur et son projet. Lorsqu'il y a

It is a holistic process".
53
"In entrepreneurship research, it is nearly impossible to reduce problems to neat constituents that can be
examined in isolation. We should avoid, whenever possible, reductionism in entrepreneurship research.
Instead, we should look at the whole. Entrepreneurship is a process that evolves with time".
"To find its (l'événement) cause, we need to understand the changes in the antecedent variables that
triggered the even… Likewise, at the quantum end of the spectrum, some very innovative ventures are also
triggered by relatively small changes rather than one big breakthrough… True, some entrepreneurial
ventures are triggered by a single breakthrough, but they are few an far between. And even a new venture is
based on a breakthrough, it might be argued that the invention behind it was triggered by small changes".
54
Entrepreneurship is a process of becoming rather then a state of being. It is not a steady state
phenomenon. Nor does it change smoothly. It changes in quantum jumps… Entrepreneurship is a process
that evolves with time. If we do only cross-sectional studies, we lose much of the richness that comes from
longitudinal studies… But the essence of entrepreneurship is a change of state. And change a state is a
holistic process in which the existing stability disappear".

42
inadéquation totale, l'abandon constitue la voie la plus sage. La "Décision" de créer
implique de manifester des comportements entrepreneuriaux en vue de concrétiser
("Finalisation") son projet d'entreprise.

43
Environnement
1. Micro-économique
Caractéristiques = entreprise
psychologiques 2. Méso-économique
= réseau
3. Macro-économique

Projet-Stratégie Stratégie : mise


: choix en œuvre

Origine Créateur Opportunité Décision Comportement


familiale potentiel de créer entrepreneurial Création
réussie

Vécu

INITIATION MATURATION DECISION FINALISATION

Etape I Etape II Etape III Etape IV

Figure 5 - Proposition d’un modèle stratégique d’entrepreneuriat (E.-M. HERNANDEZ, 1999, p. 72)

44
1.3.4. Le modèle systémique du processus individuel d'émergence des entrepreneurs de
J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989)

Nous avons choisi de présenter ce modèle car il concerne un sujet et un objet de


recherche identiques aux nôtres : l'intention entrepreneuriale de populations étudiantes55.
Sur la base d'un modèle de développement d’entrepreneurs élaboré en synthèse des
principales conclusions de quelques études, à partir d'une étude de huit programmes
professionnels de formation, J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, p. 21) constatent qu'il
existe une relation positive entre les intentions de démarrage et le potentiel
entrepreneurial56. Les variables qui agissent sur ce dernier se répartissent en trois groupes :
9 les "antécédents" représentent l'ensemble des facteurs personnels et environnementaux
qui favorisent l'apparition de prédispositions chez un individu. L'environnement dans
lequel il évolue facilite ou inhibe son cheminement vers une carrière entrepreneuriale.
Ils remarquent par exemple que les élèves ayant des parents travaillant à leur compte
ont un plus fort potentiel entrepreneurial comparativement aux autres ;
9 les "prédispositions" sont l'ensemble des caractéristiques psychologiques décelées chez
un entrepreneur. Ce sont "les motivations, les attitudes, les aptitudes et l'intérêt" qui
dans un contexte favorable, interagiront pour se manifester en comportement ;
9 la concrétisation du potentiel entrepreneurial par un projet qui aboutit à un lancement
se produit souvent sous l'effet de "déclencheurs" qui sont des facteurs de
"discontinuité" et des facteurs "positifs"57. La présence de déclencheurs plus intenses
incitera un plus grand nombre d'individus à démarrer une entreprise, et en principe, les
individus à fort potentiel entrepreneurial auront besoin d'un déclencheur plus faible.

55
Bien que les auteurs précisent que leur étude "analyse les programmes sous l'angle d'un processus de
transformation éducative des étudiants", le modèle ne montre pas de manière directe à quels niveaux
intervient la formation sur les intentions entrepreneuriales.
Cette modélisation nous éclaire sur les facteurs susceptibles d'agir sur l'intention entrepreneuriale, mais
nous n'avons pas trouvé de réponse qui puisse nous guider dans l'élaboration de notre cadre théorique. Les
auteurs n'ont entamé aucune approche théorique du concept d'intention entrepreneuriale ainsi que les
éventuels supports théoriques qui peuvent la soutenir.
56
La distribution des intentions en fonction du potentiel entrepreneurial montre que 31% des intentions
positives se concentrent chez les individus ayant un fort potentiel et que seulement 11% des intentions
négatives proviennent de ce groupe. A l'opposé, seulement 3,5% des intentions positives proviennent du
groupe à faible potentiel.
57
Sans en faire référence, les auteurs empruntent les concepts de "negative displacements" et "positive pull"
de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, op.cit.) ainsi que celui de "discontinuity" de W.D. BYGRAVE
(1989a, op.cit. ; 1989b, op.cit.).

45
ANTECEDENTS

Famille
Activités parascolaires
Expérience de travail
Environnement
• Modèle
• Infrastructure
• ressources

PREDISPOSITIONS
MOTIVATIONS APTITUDES

Réalisation Confiance en soi


Pouvoir Capacités physiques et
Autonomie sociale Motivations conceptuelles
Défi/audace Energie
Tolérance au stress

Aptitudes
Attitudes

Attitudes Intérêt

Intérêts
Argent
Risque Innovation/Initiatives
Succès/Echec COMPORTEMENT Action
Changement Engagement à long terme
Concurrence Affectif empathie Responsabilités
Destin leadership
ressources humaines
DECLENCHEURS Cognitif information
apprentissage
feed-back
Facteurs de discontinuité Action moyen
Licenciement, perte d'emploi opportunisme
Promotions personnelles adaptation
bloquées décision
Frustrations et insatisfactions
Crise de mi-carrière

Facteurs positifs
RESULTAT
Services de pré-incubation
Opportunités Entreprise nouvelle
Regroupement d'entrepreneurs

Figure 6 - Le modèle du développement des entrepreneurs (J.-P. SABOURIN et Y.


GASSE, 1989, p. 15)

46
Toutes les analyses qui ont précédé ont mis en relief la dimension processuelle de
l’entrepreneuriat. Celle-ci nous indique que ce dernier comprend différentes phases. Les
propos ci-dessous ont pour objectif de s’intéresser à une phase en amont de ce processus :
l’intention entrepreneuriale qui constitue notre question principale de recherche.

1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus


entrepreneurial

Le processus entrepreneurial peut être représenté par des moments forts58. L’étude de
l’intention qui est en amont de celui-ci, présente un intérêt particulier pour comprendre le
cheminement qui mène à l'acte d'entreprendre.
Le débat sur les difficultés d'identifier le début du processus est largement commenté
dans la littérature. Nous considérons que le processus en amont est un continuum qui peut
être identifié par les quatre temps forts suivants :

Aptitudes
entrepreneuriales

Propension Intention Décision Acte Comportements


entrepreneuriale entrepreneuriale d'entreprendre d’entreprendre (entrepreneuriaux
ou non)

Poursuite ou abandon
Choix formulés sur la base d’influences
personnelles et situationnelles

Figure 7 - Les différentes phases du processus entrepreneurial

58
Ces séquences nous ont été inspirées par le modèle de la formation de l'organisation de K.E. LEARNED
(1992, p. 40). Notons aussi que les phases que nous présentons ici se rapprochent, dans la présentation
séquentielle, des concepts déployés et analysés par la philosophie de l'action : "plan-intention-choix-décision-
action" (A. BOYER, 1997, p. 268).

47
Avant d’aborder de façon synthétique ces étapes, notons que la littérature fait souvent
l’amalgame entre les concepts d’aptitudes entrepreneuriales et de potentiel
entrepreneurial59.
Un individu possédant de fortes aptitudes entrepreneuriales sera plus "réceptif" aux
facteurs personnels et environnementaux qui l’animeront pour créer son entreprise60.
Cependant, de fortes aptitudes entrepreneuriales ne sont pas toujours accompagnées d'une
intention de se mettre à son propre compte, et encore moins de l’acte de création.
Les aptitudes entrepreneuriales peuvent s’enrichir à mesure que l'individu progresse au
sein du processus. Il peut chercher à augmenter ses aptitudes entrepreneuriales par le suivi
d’enseignements ou de formations par exemple, une fois qu'il a saisi une idée ou une
opportunité d'affaire. Cependant, des individus pouvant présenter initialement de fortes
aptitudes entrepreneuriales ne se révèlent pas toujours comme étant de bons porteurs de
projets.

La première phase du processus entrepreneurial est la propension que le "Larousse"


définit comme un "penchant, inclination à faire quelque chose". Pour A. FAYOLLE
(2000a, p. 405), la propension entrepreneuriale est "une inclination, un penchant à
s'engager dans une démarche entrepreneuriale". K.E. LEARNED (1992, p. 40) considère
la propension à créer comme une combinaison des caractéristiques psychologiques et
d'expériences professionnelles qui augmente la probabilité pour certains individus à tenter
l’aventure entrepreneuriale61. Pour notre part, la propension entrepreneuriale signifie
que sous l'influence de son environnement, notamment la famille, les proches, la
formation, et de ses propres expériences entrepreneuriales, l'individu est sensibilisé à
l'entrepreneuriat et n’écarte pas l'éventualité de fonder son entreprise.

59
C’est le cas de J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991), N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL
(1994), N.F. KRUEGER et alii (2000) et K.E. LEARNED (1992, p. 39). L’approche de A. FAYOLLE
(2000a, p. 406) nous donne une idée de cet amalgame. En effet, le potentiel entrepreneurial prend le sens
d'"un ensemble de ressources personnelles (connaissances, expériences, compétences, relations, aptitudes)
utiles pour l'action entrepreneuriale".
60
Pour notre acception du concept d’aptitudes entrepreneuriales, cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions
des aptitudes entrepreneuriales".
61
"Propensity to found. Some individuals have a combination of psychological traits in interaction with
background factors which make them more likely candidates to attempt to found business".

48
La propension peut se transformer en intention entrepreneuriale62. Nous distinguons ces
deux concepts par deux aspects majeurs : l'existence d'une idée ou d'un projet d'affaire
plus ou moins formalisé, et l'engagement personnel dans le processus de création
d'entreprise, en recherchant notamment les premiers "matériaux" permettant de formaliser
cette idée ou ce projet.

La décision implique que l'individu est conforté dans son intention. Elle se distingue
de cette dernière par deux dimensions essentielles. Premièrement, la formalisation de
l’idée ou du projet est achevée dans ses "moindres détails". L'idée ou le projet sont
transformés en opportunité qui est validée par les études financière et marketing.
Deuxièmement, les ressources de différente nature (financières et logistiques) sont
globalement mobilisées.

L'acte d’entreprendre correspond au démarrage "physique" de l'activité qui se


manifeste par la réalisation des premiers produits ou services63. Les comportements du
créateur d'entreprise, qui sont en aval du processus entrepreneurial, font l’objet d'une
littérature abondante64. Les comportements des créateurs d'entreprise ne sont pas (et ne
peuvent pas) tous être qualifiés d'entrepreneuriaux. Certains d'entre eux seront autonomes,
meneurs d'hommes, anticiperont le marché, rechercheront en permanence des opportunités
et développeront leurs activités. D'autres au contraire, pour plusieurs raisons, telles que la
recherche de l'équilibre familial ou le manque de ressources, éviteront de s'engager dans
des situations entrepreneuriales, se satisferont des positions acquises et se contenteront du
maintien d'un niveau d'activité.

Il serait illusoire de concevoir le processus de création d’entreprise en phases


"disjointes". La présentation du processus amont dans une optique linéaire et séquentielle
est très simplificatrice. Il s’agit de le rendre intelligible. Certes, l'intention précède souvent

62
Tout comme pour les concepts d’aptitude entrepreneuriale et de potentiel entrepreneurial, certains auteurs
amalgament aussi les concepts de propension et d’intention entrepreneuriale. Nous pensons plus
spécialement à T.M. BEGLEY et alii (1997) qui tantôt font usage de "entrepreneurial intention", et tantôt de
"propensity toward starting a business".
63
Certains auteurs considèrent que l’acte d’entreprendre correspond au lancement juridique et administratif.
Nous réfutons cette acception car l’entreprise peur rester longtemps en "sommeil". Pire encore, elle peut ne
jamais honorer des commandes que l’étude de marché a bien révélées.
64
Pour une large revue sur les comportements des entrepreneurs et des managers, voir A. GIBB (1999) et A.
GIBB et J. COTTON (2002, op.cit.).

49
la décision et l'acte de création. Mais les cheminements entrepreneuriaux des individus
sont très différents, pour ne pas dire singuliers. L'acte de création peut naître d'une
rencontre soudaine, d'une insatisfaction professionnelle, d'une opportunité saisie lors d'un
travail salarié… sans pour autant que les phases d’intention et de décision puissent être
nettement distinguées et différenciées dans le temps.

1.4.1. La problématique

La recherche sur l'enseignement et l'entrepreneuriat n'est pas un fait nouveau. D.C. Mc


CLELLAND (1965, p. 389-392) est le premier auteur à s'y être intéressé au début des
années 1960. Il a mené une étude longitudinale sur les comportements entrepreneuriaux
des étudiants65. La première recherche traitant de l'intention entrepreneuriale d'une
population d'étudiants en gestion remonte à 1975. Elle est à l'actif de R.H. BROCKHAUS
(1975, p. 433-435)66.

Le rôle du système éducatif dans le développement de l'entrepreneuriat soulève


plusieurs questions. Les premières pistes de recherche ont été suggérées par A. SHAPERO
et L. SOKOL (1982, p. 87-88) dans leur modèle des dimensions sociales de
l'entrepreneuriat. Ils s'interrogeaient sur les effets des formations en gestion sur la création
d'entreprise chez les étudiants américains. Ces formations ne diminuent-elles pas la
probabilité que les étudiants créent des entreprises ? Ne véhiculent-elles pas l'idée que la
petite entreprise est indésirable et condamnée à l'échec ?
L'éclosion d'études sur l’influence de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans le
processus de création d’entreprise a eu véritablement lieu durant la décennie 1990. Mais la
question de l'impact de programmes ou de formations en entrepreneuriat sur l'intention
d’entreprendre est rarement abordée dans la recherche. Peu de travaux y sont consacrés

65
L'auteur constate que les étudiants de l'université de Wesleyan ayant eu un fort besoin d'accomplissement,
sont entrepreneurs ou occupent des professions exigeant des comportements entrepreneuriaux.
"A cross-validation study of students of the classes of 1954 and 1964 confirmed the finding that males with
high n Ach gravitated toward business occupation of an entrepreneurial nature… 83% of the entrepreneurs
had been high in n Ach 14 years earlier versus only 21% of the nonentrepreneurs".
66
En s'intéressant aux étudiants de l'université de Saint Louis suivant des enseignements en entrepreneuriat,
l'auteur introduit les notions de "I-E (Internal, External) Locus of Control"
pour mesurer l'intention entrepreneuriale. Le concept de "I-E locus of control" est une des caractéristiques
psychologiques le plus souvent citée comme prédictive de l’acte d’entreprendre. Il décrit la manière dont
l’individu attribue la responsabilité des événements à des facteurs internes ou externes à son contrôle. Le
"locus of control" affecte la perception qu’a un individu des relations entre ses actions et leurs conséquences.

50
(T.M. BEGLEY et alii, 199767 ; N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 10268 ; N.F.
KRUEGER et alii, 2000, p. 41569).

Avant d'être créateur, l'étudiant s'inscrit d'abord dans une réalité sociale, économique et
politique dont on ne peut faire l'économie. Pour comprendre les variables qui sont à
l'origine de l'intention entrepreneuriale, il faut aborder le sujet de manière globale.
Les mobiles susceptibles de justifier, au sein du processus entrepreneurial, l’acte
d’entreprendre indiquent, comme nous le verrons au troisième chapitre, que la famille est
la première expérience sociale de l’individu. Elle modèle ses comportements et lui
transmet les valeurs qu’elle voudrait qu’il partage. Depuis S. FREUD, nous savons que les
modèles parentaux contribuent à orienter "les choix professionnels". Plusieurs études
montrent que les entrepreneurs ont des parents chefs d’entreprise ou qui exercent une
activité de travailleur indépendant. Les créateurs d’entreprise sont issus, pour une bonne
partie, d’un milieu entrepreneurial. Une amitié d'affaires ou encore la connaissance
d'entrepreneurs dans la société apportent une certaine expérience, et peuvent donner accès
à des réseaux d'informations forts utiles pour construire un projet d'entreprise.
Une formation entrepreneuriale vient s'adjoindre à cette réalité sociale, économique et
politique dans laquelle évoluent les étudiants. Elle constitue l'événement déclencheur
positif ("Positive Pull") au sens de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982). La formation en
entrepreneuriat, notamment pour des étudiants de troisième cycle, intervient à un moment
où ils doivent souvent décider de leur carrière. Elle joue un rôle capital dans leur "choix
professionnel" et leur offre un cadre où peuvent s’intégrer de nouvelles attitudes, aptitudes
et perceptions.

Plusieurs chercheurs se sont penchés sur la détection dans les populations estudiantines
d'entrepreneurs potentiels. Des recherches effectuées aux Etats-Unis sur les diplômés de
premier et deuxième cycles du fameux "Babson College" et de l’université de Harvard ont

67
"This paper explored the ability of socio-cultural factors to explain interest by individuals in seven
countries in starting a business. Since little previous empirical work had been done in the area, the paper
first attempted to identify socio-cultural dimensions that might be relevant in predicting interest in
entrepreneurship".
68
"Where we do focus on processes underlying entrepreneurial activity, we too often look backward through
the lens of existing entrepreneurs. Studies of entrepreneurial intentions are relatively few".
69
"These arguments (recherches antérieures) strongly support testing intentionality-driven models of
entrepreneurship, but few studies do so explicitly".

51
prouvé l’existence d’une corrélation positive entre le nombre de cours sur l’entrepreneuriat
ou sur la petite entreprise suivis durant les études et l’exercice ultérieur d’une activité
indépendante ou de création d’entreprise (OCDE, 1998, p. 97-99).
M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 20 et 21) montrent que
l'intention entrepreneuriale a quasiment doublé après le suivi du programme "Jeunes
Entreprises". Ils notent qu’il est vraisemblable qu'une formation à l'entrepreneuriat, si elle
n'agissait pas sur l'intention des étudiants, leur donnerait une meilleure connaissance du
monde des affaires. Elle leur ferait prendre conscience de leurs aptitudes, de leurs goûts et
de leur potentiel entrepreneurial. La formation en entrepreneuriat rendrait les étudiants plus
sensibles aux déclencheurs qui les amèneront à démarrer leur propre entreprise.

Ce à quoi nous nous intéressons est de chercher à comprendre et à expliquer dans quelle
mesure des programmes ou des formations en entrepreneuriat, parmi des variables
personnelles et contextuelles, agissent sur l'intention entrepreneuriale des étudiants70. Nous
nous attachons, dans une perspective prédictive, à comprendre et à expliquer
l'influence de facteurs individuels et contextuels, notamment ceux qui émergent du
suivi de programmes ou de formations en entrepreneuriat, sur l'intention
entrepreneuriale. Il est donc question, au sein d’une démarche hypothético-déductive,
descriptive et explicative à caractère rétrospectif, de savoir selon quelles modalités
des programmes ou des formations en entrepreneuriat, parmi des variables
psychologiques, socioculturelles et économiques, peuvent agir sur l'intention
entrepreneuriale des étudiants ? Ces programmes ou formations développent-ils des
attitudes et des perceptions qui influencent l'intention entrepreneuriale ?
Ainsi notre démarche se veut à caractère prospectif, dans la mesure où elle se chargera
de prédire des comportements. Mais elle est aussi rétrospective car l'intention
entrepreneuriale ne peut se comprendre qu'en combinant les événements de l'histoire
"entrepreneuriale" de l'étudiant (facteurs psychologiques et socioculturels) avec le contexte
présent dans lequel il évolue (formation, facteurs économiques).

70
Il est question d’étudiants en troisième cycle (bac+5) de gestion suivant des formations ou des programmes
en entrepreneuriat ou création d’entreprise. Donc, logiquement, à quelques mois de décider de leurs futurs
professionnels.

52
L'étude de l'intention entrepreneuriale fournit, selon B.J. BIRD (1988, p. 442), une voie
de recherche avancée qui permet de dépasser les études descriptives71. Elle affirme que
l'étude de l'intention entrepreneuriale met en jeu des relations complexes entre les idées
d'affaires et leurs conséquences en accordant une attention particulière aux variables
individuelles et contextuelles72. N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 102)
signalent que les études sur les intentions entrepreneuriales sont instructives73. Pour N.F.
KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 326), la création d'entreprise est un événement
assez rare ; étudier les intentions offre une idée et une compréhension adéquates du
processus entrepreneurial, même si le phénomène n'aboutit pas74.

Si nous voulons donner une portée opérationnelle à notre problématique, il nous faut
présenter notre acception de l’"intention entrepreneuriale". Nous insistons sur les
dimensions de volonté et de processus cognitif qui la contiennent. Nous mettons en
exergue le décalage entre la logique d'intention et celle d'action, et la nécessité de formuler
l’hypothèse de stabilité de l’intention sur une échéance de cinq ans.

1.4.2. Le questionnement principal de la recherche : l'intention entrepreneuriale

Usuellement, on distingue l’intention de choix et l’intention d’adopter un comportement


donné (I. AJZEN et M. FISHBEIN, 1980)75. Cette dernière qui intéresse notre recherche est
aujourd'hui souvent décrite comme une variable au sein de modèles psychologiques (B.-J.
BIRD, 1988, p. 442)76. Pour J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, p. 20), l'intention
entrepreneuriale est l'une des "unités de mesure" de la propension à entreprendre qui

71
"The study of entrepreneurial intentions provides a way of advancing entrepreneurship research beyond
descriptive studies".
72
"The study of entrepreneurial intentions opens new arenas to theory-based research. It directs attention
toward the complex relationships among entrepreneurial ideas and the consequent outcomes of these ideas,
and it directs attention away from previously studied entrepreneurial traits (e.g., personality, motivation, and
demographics) and contexts (e.g., displacements, prior experience, markets, and economics)".
73
"Studies of entrepreneurial intentions are relatively few but are typically enlightening".
74
"Also, given that new venture initiation is a relatively infrequent occurrence, studying intentions offers
valuable insights into the process, even where we cannot observe initiation".
75
Sur les intentions de choix de carrière, il existe une "pléthore" d’études empiriques réalisées notamment
par l’APCE. Cf., APCE, "Les Français et la création d'entreprise", http://www.apce.com, janvier 2000, 4
pages.
76
"Some modern theorists describe intention as one variable within larger psychological model".

53
représente la présence, plus ou moins grande, d'"antécédents" et de "prédispositions"77.
Pour J.M. CRANT (1996, p. 43), l'intention entrepreneuriale est définie par les "jugements"
de l'individu sur la probabilité de posséder sa propre entreprise78. Selon P. DAVIDSSON
(1995), l’intention entrepreneuriale est déterminée essentiellement par la conviction
personnelle qu’une carrière d’entrepreneur est une alternative préférable pour soi79.
K.E. LEARNED (1992, p. 40) affirme que la rencontre de situations qui interagissent
avec des traits psychologiques et des expériences professionnelles ou entrepreneuriales,
vont provoquer l'intention80. Pour J.-P. NEVEU (1996, p. 21), "l'intention représente une
étape nécessaire au cheminement motivationnel vers le comportement". Selon R.-J.
VALLERAND (1994, p. 784), le concept d'intention comportementale renvoie à la
prédisposition à agir.

Le colloque du CERISY sur "les limites de la rationalité" organisé en 1997 par


l'université Paris XIII nous a fait découvrir que le thème de l'intention est une
préoccupation importante des philosophes81. A ce titre, A. BOYER (1997, p. 269) note que
"la philosophie morale requiert une théorie élaborée de l'intention, ne serait-ce que pour
ne pas priver de sens les "éthiques de l'intention" (non purement conséquentialistes) et
pour fonder le concept juridico-oral de responsabilité personnelle".
Les travaux présentés lors de ce colloque montrent qu'il existe plusieurs concepts de
l’"intention" (intention partagée, commune et collective82). D. FISETTE (1997, p. 348-349)
fait remarquer que la multiplicité conceptuelle complique les recherches dans les théories

77
Cf. supra., p. 45 et 46, "1.3.4. Le modèle systémique du processus individuel d'émergence des
entrepreneurs de J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989)".
78
"The central variable in this paper, entrepreneurial intentions, will be defined as one's judgements about
the likelihood of owning one's own business". Sans en faire référence, peut être que l'auteur se base sur la
vision répandue du comportement rationnel fondée sur les séquences : représentations, jugement, choix,
action. Voir à ce sujet G. DOSI et alii, "Les normes comme propriétés émergentes d'un apprentissage
adaptatif : Le cas des routines économiques", in : J.-P. DUPUY, P. LIVET (1997, p. 49-52).
79
“The model suggests that a major determinant of entrepreneurial intention is the individual’s conviction
that this career is a suitable alternative for him/her”.
80
"Intention to found. Some of those individuals will encounter situations which, in interaction with their
traits and backgrounds, will cause intentionality".
81
Nos recherches dans la littérature nous ont apportées la preuve, comme nous le verrons aussi plus loin avec
les emprunts que nous faisons aux sciences juridiques, que l'entrepreneuriat est un champ qui inévitablement
se construit avec les apports de diverses disciplines. Il est intéressant de noter qu'à l'université de Durham
(Grande-Bretagne), une thèse de doctorat en philosophie soutenue par R. Ma en 2000 avait pour thème
"Enterprise Education and its relationship to Enterprising Behaviours". Cité in : A. GIBB, J. COTTON
(2002, op.cit, p. 1-24).
82
Pour des exposés détaillés sur ces concepts, cf. A. BOYER (1997), M.-E. BRATMAN (1997), J.
COUTURE (1997) et D. FISETTE (1997).

54
de l'action. Cependant, l'auteur écrit que l'on distingue dans ces théories trois usages ou
concepts "irréductibles" d'intention83 :
9 l'"usage adverbial" : signifie avoir agi intentionnellement. Il nous permet de distinguer
un simple comportement d'une action. Tout ce que nous avons l'intention de faire et
que nous faisons effectivement, nous le faisons intentionnellement. Mais à l'opposé, il
n'est pas toujours vrai que nous ayons l'intention de faire tout ce que nous faisons
concrètement ;
9 l'"usage substantif" : l'intention désigne un état psychique. Avoir l'intention d'agir
s'impose lorsqu’elle est formée bien avant que l'action visée ne soit exécutée ;
9 "agir avec une intention" : implique une certaine attitude de la part de l'individu à
l'égard de la relation entre l'action et le résultat escompté. Il évalue les avantages et
inconvénients d'une action désirable en tenant compte de ses croyances et de ses
limites.

Pour notre part, nous nous situons dans les deux derniers usages. Il est question de
l'intention d'agir dans le futur. Celle-ci s'accompagne de certaines actions présentes qui
pourraient mener au comportement souhaité.

1.4.2.1. Une volonté personnelle

Le dictionnaire "Le Robert" définit l'intention comme "le fait de se proposer un certain
but". Dans l'intention délibérée, il y a "détermination, résolution, volonté". Au sens
épistémologique, l'intention vient du verbe latin intendere qui signifie "tendre vers". Elle
est la volonté tendue vers un certain but. A. BOYER (1997, p. 269) définit l'intention
comme "une "pro-attitude" qui manifeste une tendance positive de l'agent vers un état du
monde visé". Selon D. GAUTHIER (1997, p. 59-60), l'intention est synonyme du succès
d'une délibération concernant une action à venir84.

83
Tout le débat philosophique, selon l'auteur, s'est polarisé sur la question de savoir si ces trois sens
pouvaient être réduits à un sens unitaire.
84
Selon l'auteur, la délibération sur l'avenir concerne ce qu'il s'agirait de faire. Lorsqu'elle est couronnée de
succès, la délibération se traduit par une décision présente de réaliser une action future.

55
Pour R.H. BROCKHAUS (1975 ; 1982), l'intention prend le sens de contrôle interne
("internal locus control") versus contrôle externe ("external locus control"). L'internalité
du lieu de contrôle est un bon prédicteur de l'intention entrepreneuriale. Pour C. BRUYAT
(1993, p. 244), elle est une volonté. Pour A. FAYOLLE (2000a, p. 405), en plus de cette
volonté d'accomplir un acte, l'intention signifie un "dessein délibéré".
N.G. BOYD et G.S. VOZIKIS (1994, p. 66) précisent cette volonté en la reliant à la
poursuite d'un comportement donné85. R.J. BRADLEY (1990, p. 48)86, W.D. BYGRAVE et
C.H. HOFER (1991, p. 17)87, I. DANJOU (2002), H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO
(1990, p. 24)88 et T. VERSTRAETE (2001) notent que pour comprendre le phénomène
entrepreneurial, on doit tenir compte de la volonté de l'individu. Personne ne peut
concrétiser une opportunité s'il n'en exprime pas la volonté.
B.J. BIRD (1988, p. 44389 ; 1992, p. 1190) assimile aussi l'intention à une liberté et une
volonté individuelle ; elle est un état de l'esprit qui oriente l'attention, et conséquemment,
l'expérience et l'action de l'individu vers un objectif spécifique (créer une entreprise,
décisions de croissance, changements)91. Même si les idées d'affaires naissent avec
l'inspiration, une attention et une intention soutenues sont nécessaires pour la rendre
manifeste92.

Selon A. TOUNES (2001a ; 2001b), plusieurs auteurs considèrent donc l'intention


comme l'expression d'une volonté. Nous avons fait un détour dans le droit pénal pour
rendre compte de cet aspect. L'intention se retrouve dans la notion d'infraction qui est le
fait générateur de la responsabilité pénale. En effet, l'infraction se compose de trois
éléments (F. DESPORTES et F. LE GUNEHEC, 1997, p. 333) : "matériel", c'est-à-dire le

85
"Intentions are thought to reflect a person's willingness to pursue a given behavior".
86
"Individuals are, after all, the energizers of the entrepreneurial process".
87
"So useful model of entrepreneurship must recognize the importance of human volition".
88
"By definition, nobody will pursue an opportunity if he/she does not want to".
89
"Intentionality is the larger framework which includes not only goal setting but also a greater degree of
freedom and expanded creativity for the entrepreneur".
90
"New ventures are not coerced into being nor are not they random or passive product of environmental
conditions. Ventures get started and develop through initial stages largely based on the vision, goals, and
motivations of individuals".
91
"Intention is a state of mind directing a person's attention, experience, and behavior toward a specific
object or method of behaving".
92
"Even though entrepreneurial ideas - for a new products, new services, new social movements - begin with
inspiration, sustained attention and intention are needed in order for them to become manifest".

56
fait ou l'acte nécessaire à son existence ; "réglementaire", c'est-à-dire le texte juridique qui
la sanctionne ; et enfin, l'élément "moral"93 où l'on retrouve l'intention.
Pour J. PRADEL (1995, p. 500 et 501), il n'existe aucune définition de l'intention dans
la loi, et encore moins dans la jurisprudence. En essayant de définir l'intention avec un
grand souci de précision, il est apparu, dit-il, dans la doctrine une notion monolithique et
très variée où la volonté est très présente. Cet auteur affirme que l'intention est "à la fois
connaissance de ce qui est interdit et volonté de transgresser l'interdit malgré tout…De
façon générale, elle n'est pas seulement la volonté tendue vers la recherche d'un résultat
précis, mais également que les agissements réalisés volontairement entraînent ce
résultat… Aux yeux de notre droit, la volonté est définie de manière objective : elle est le
fait de vouloir un acte et elle n'est rien d'autre".
En droit, l'intention est considérée comme "la volonté consciente" de commettre un fait
prohibé par la loi. D'après G. STEFANI et alii (1997), pour que l'infraction existe
juridiquement, il ne suffit pas qu'un acte matériel soit commis, il faut encore que celui-ci
ait été l'œuvre de la volonté de son auteur. En absence de volonté, en cas de force majeure
par exemple, il n'y a pas d'infraction. L'intention est la volonté d'accomplir un acte (G.
STEFANI et alii, 1997, p. 211 et 215 ; F. DESPORTES, F. LE GUNEHEC, 1997, p. 363 ;
W. JEANDIDIER, 1991, p. 353). D’où un lien étroit entre l'intention et le résultat envisagé
(P. CONTE, P. MAISTRE DU CHAMBON, 1998, p. 202).

1.4.2.2. Un processus cognitif

En exposant quelques modèles de mobilité et de départ volontaire de salariés fondés sur


l’intention, J.-P. NEVEU (1996, p. 35) définit l’intention comme "une représentation
cognitive à la fois d’un objectif précis et des moyens pour l’atteindre". Pour N.F.
KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 322)94, et M.E. TUBBS et S.E. EKEBERG
(1991, p. 184)95, l'intention est une structure cognitive qui inclut les fins et les moyens. Elle

93
Sans doute est-il préférable de parler d'élément psychologique selon G. STEFANI et alii (1997, p. 214).
94
"Intentions are a cognitive structure including both goals (ends) and plans (means), though goals typically
crystallize in subjects' minds before the plans to reach the goals".
95
“Intention is depicted as a cognitive structure reflecting both means and end, consistent with most prior
definitions of intention”.

57
structure et guide l'action (B.J. BIRD, 1988, p. 44396 ; 1992, p. 1197 ; N.F. KRUEGER et
alii, 2000, p. 42098).
B.J. BIRD (1988, p. 445)99 considère l'intention comme un processus qui naît avec les
besoins, les valeurs, les habitudes et les croyances de l'individu. B.J. BIRD (1992, p. 11)

58
entrepreneuriale se traduit par des perceptions à la fois de la faisabilité et de la
désirabilité d'un comportement105. Si elle n'aboutissait pas, elle resterait au stade de la
cognition.

1.4.2.3. Le décalage entre les logiques d'intention et d'action dans le processus de


création d'entreprise

Dans l'étymologie du verbe "prédire", le dictionnaire "Larousse" conçoit l'idée


d'"annoncer ce qui doit arriver". Mais les prédictions peuvent être démenties par les faits.
Il n'est pas vrai que toute intention, même suffisamment forte, peut servir de garantie que
l'acte correspondant sera bien réalisé (D. GAUTHIER, 1997, p.64). Ce qui relève de la
volonté présente pourra devenir un futur impossible. "Ni nos intentions, ni nos motivations,
ni nos objectifs…", notent M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977, p. 17-18), "ne sont une
garantie ou une preuve de la réussite de nos entreprises".
Le passage d'une logique d'intention (intention de concrétiser une idée ou un projet
d'affaire) à une logique d'action (l'acte de création lui même) est difficile à cerner. Le
comportement entrepreneurial, selon N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 322),
implique des liens complexes entre l'intention et l'action avec un grand décalage dans le
temps, bien que la première soit forte dans certains cas106. D'après J.-P. NEVEU (1996, p.
21), des variables viennent "se greffer" à la séquence intention-comportement, et peuvent
ainsi changer complètement la direction originale indiquée par le sens de l'intention. Les
intentions sont "révocables" si les choses varient de façon pertinente (M.-E. BRATMAN,
1997, p.248).
Dans une synthèse des différentes approches qui étudient le passage à l'acte de création,
J.A. KATZ (1990, p. 15-16) conclut que l'on peut les regrouper en trois composantes
principales : l'aspiration (qui reflète l'intention), la préparation (accès aux ressources et aux

105
Le raisonnement discursif nous amène à introduire les concepts de faisabilité et de désirabilité. Pour savoir
ce que nous en entendons, cf. infra., p. 178-201, "6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de
l'intention entrepreneuriale et hypothèses de recherche".
106
"Entrepreneurial behaviors entail relatively complex linkages between intention and action with long time
lags. Even very strong intentions need not lead to actual behavior".

59
réseaux d'informations) et l'entrée (démarrage de l'activité)107. Il présente un schéma très
représentatif du décalage entre l'intention et la création dans le déroulement du processus
entrepreneurial :

Hurdle 1 : Hurdle 3 :entering


aspiring
Hurdle 2 : preparing

Box size suggests


Frequency of
action
Don't aspire to
self-employment

Figure 8 - Hurdles to self-employment for wage-or-salaried workers - hypothetical


frequencies (J.A. KATZ, 1990, p. 16)

Seule une faible partie, donc, de ceux qui aspirent entreprendre crée effectivement leurs
entreprises. Nous sommes bien conscients que les proportions de concrétisation resteront
faibles et ne dépasseront pas les 10% au maximum108. Une faible proportion des individus
formuleront l'intention d'entreprendre. Une part plus faible prendra l'initiative de créer une
entreprise.
Nous sommes tout aussi conscients que les individus (diplômés en ce qui nous
concerne) ne passeront pas de suite à l'acte de création. Il est montré, comme nous
l'évoquerons en traitant des mobiles du processus entrepreneurial au chapitre troisième, que
le passage à l'acte intervient souvent des mois, voire des années, après la naissance de
l'idée. Plusieurs recherches, notamment celles de M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y.
GASSE (1989), P.B. DUFFY et H.H. STEVENSON (1984) et A. FAYOLLE (1996), pour
ne citer que celles-ci, l'affirment ou le prouvent.

107
"The first hurdle is aspiration to enter self-employment. This reflects the stated intention to become self-
employed. This statement can be to oneself, to others, or both. The second hurdle is preparation for entry to
self-employment by environmental scanning, resource gathering, networking, or obtaining training. The third
hurdle is entry itself, where the newly self-employed open their doors, or phones, for business".
108
Les différentes études en France montrent que les diplômés-créateurs représentent entre 5% et 7% de la
population des créateurs(quelle que soit la formation suivie).

60
L'intention est donc évolutive selon les circonstances, les populations, les lieux et les
opportunités (N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD, 1993, p. 326 et 328109 ; N.F
KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93-94110). Les événements professionnels
(licenciement, chômage, promotion bloquée…), les opportunités d'entrepreneuriat et la
disponibilité des ressources sont quelques facteurs qui pourraient affecter les attitudes et
les perceptions, et par là même, les intentions des individus.
Il est certain que notre travail rendra compte d'"une photographie" du processus
entrepreneurial. Cependant, notre recherche s’inscrit dans une perspective
processuelle. Nous pensons de plus qu’elle a le mérite de prendre en compte des variables
situationnelles et personnelles pertinentes pour comprendre et expliquer l’intention
entrepreneuriale.

Si au cours du processus de création d'entreprise une intention peut être décelée, il n'en
demeure pas moins que la concrétisation de cette intention ne peut être connue
qu'ultérieurement grâce à l’acte de création. L'entrepreneuriat est un processus. Qui dit
"processus", dit nécessairement changement, dynamique et fait référence au temps
nécessaire pour que des effets puissent se produire. Ce temps nécessaire qui
explique partiellement le décalage entre l’intention et l’action nous obligent à nous
questionner sur l’horizon de validité prédictive de l’intention.

1.4.2.4. L'hypothèse de base : la stabilité à moyenne échéance de l'intention

Il est certain que toute prédiction de l’acte de création est soumise à contingence. Celle-
ci relèverait de deux ensembles de variables : personnelles et environnementales. Mais les
théories de la contingence retiennent des possibilités d'analogie de certaines situations. M.
CROZIER et E. FRIEDBERG (1977) signalent que l'on peut repérer des stratégies
d'acteurs en découvrant une régularité dans les comportements.
Pour K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 184, 213-214), la prédiction du comportement par
les attitudes dépend de l'intervalle de temps qui sépare la mesure des attitudes de la

109
"Intentions and attitudes depend on the situation as well as the person and predict behaviour better than
strictly individual (personality) or situational ((employment status) variables… The relative importance of
different attitudes on intentions will likely differ across cultures".
110
"Thus, they (les intentions) are learned and learnable and necessarily vary across both individual and
situations… Salient change in the situation is needed to precipitate intentions and thus behavior".

61
concrétisation du comportement souhaité. Ils affirment tout au moins que les attitudes sont
relativement persistantes. D'après M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977, p. 466), une
fois acquises et établies, les attitudes sont relativement stables, donc mesurables. Leur
caractère de stabilité relative leur permet de prédire les comportements. L'intention, selon
M.-E. BRATMAN (1997, p.248 et 255) est une composante stable de "plans partiels". Elle
"est soumise à une exigence de stabilité".

Nous nous appuyons donc sur l'hypothèse de stabilité des attitudes, des normes
subjectives et des perceptions, et conséquemment de l’intention. Mais quelle est
l’échéance de cette stabilité ? Les études de J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ
(1991), P. DAVIDSSON (1995) et A.F. DE NOBLE et alii (1999) ont vérifié
empiriquement la validité prédictive de l'intention sur une période de cinq ans. Nous
retenons donc celle-ci pour prédire les comportements et analyser l’intention pour un
étudiant donné, puis comparer les étudiants sur cette base111.
Si l'on trouve de manière significative et récurrente, malgré la diversité des situations,
que des facteurs psychologiques et situationnels (les attitudes, les normes subjectives et les
perceptions) agissent à un moment précis de l’histoire des étudiants (quelques mois avant
de décider de leurs avenirs professionnels), sur leurs intentions d’entreprendre, nous
pourrons alors prédire l’acte de création sur une échéance de cinq ans.

Conclusion du chapitre 1

L'entrepreneuriat ne fait pas l'unanimité sur son contenu. Pour certains (S. BIRLEY,
1998 ; M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE, 1989 ; C. BRUYAT, 1993, 1994 ;
W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER, 1991 ; P. DAVIDSSON, 1995 ; W.G. DYER, 1994 ;
W.B. GARTNER, 1988 ; E.-M. HERNANDEZ, 1999112), c'est tout simplement la création
d'entreprise, pour d'autres (A. FAYOLLE, 1998 ; D.C. Mc CLELLAND, 1965 ; D.W.
NAFFZIGER et alii, 1994 ; T. VERSTRAETE, 2001), il peut aussi correspondre à des

111
En outre, la plupart des études que nous avons consultées, indiquent que l'âge moyen des créateurs se situe
dans l’intervalle 30 à 35 ans. Au terme de cinq ans, les étudiants qui sont actuellement en fin de formation
auront un âge avoisinant la trentaine.
112
Tout récemment, E.-M. HERNANDEZ (2002, p. 99) se démarque de ce positionnement dans le champ en
montrant que l’entrepreneuriat est bien entendu la création d’entreprise, mais qu’il correspond aussi à la
reprise d’entreprise.

62
situations de reprise, de franchise, de développement d'activités nouvelles, de filiales,
d'unités stratégiques ou de centres de profits. Et pour d'autres encore (A. ARLEO et E.-M.
HERNANDEZ, 2002 ; A. GIBB et J. COTTON, 2002 ; E.-M. HERNANDEZ, 1999 ; N.F.
KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994 ; H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO, 1990), il est
fondé sur la notion de concrétisation d'opportunités.

Le renouvellement de l'étude de l'entrepreneuriat doit aller de pair avec celui du


vocabulaire utilisé pour le décrire, notamment le concept d'entrepreneur pour lequel
l'analyse, comme nous le verrons dans le chapitre deuxième, n'est pas moins difficile. Pour
C. BRUYAT (1993, p. 49), le champ de l'entrepreneuriat est dans une impasse
"sémantique" à cause de la réification du concept d'entrepreneur. L'inexistence d'un
consensus peut être expliquée par le manque de définition de l'entrepreneur (E.-M.
HERNANDEZ, 1999, p. 17 ; R.J. BRADLEY, 1990, 48) et par la diversité et la complexité
des paramètres qui constituent le paradigme.
Cette diversité et cette complexité ne peuvent que conforter la tendance actuelle des
recherches qui se font dans une optique "multidisciplinaire" (L.-J. FILION, 1997, p. 149)
ou de "discipline réseau"113. Le champ de l'entrepreneuriat intéresse plusieurs disciplines et
ne peut être contenu par aucune d'elles (A. SHAPERO, L. SOKOL, p. 74)114. Il emprunte à
la gestion, l'économie, la psychologie, la sociologie, la psychologie sociale, la démographie
sociale, l'anthropologie et l'histoire. Chacune d’elle pose des problématiques avec des
logiques, des modèles et des cultures spécifiques. Cependant, il est montré que
l’entrepreneuriat a pu s'affranchir des sciences économiques grâce notamment à
l'avènement de l'approche comportementale. Il est devenu un champ de recherche doté
d'instruments propres empruntés aux diverses disciplines citées ci-dessus115.

113
Qualificatif utilisé par M. MARCHESNAY lors d'une intervention au premier colloque de l'Académie de
l'Entrepreneuriat à Lille, les 15 et 16 novembre 1999. Il l'utilise au lieu et place de "transdisciplinaire".
114
"No single discipline is sufficient to the task… Standing back from the profusion of literatures and
references, it becomes apparent that "entrepreneurship" is a label for a profound and pervasive human
activity that is of interest to many disciplines but is not encompassed by any one of them".
A ce sujet, C. BRUYAT (1993, op.cit, p. 38) note qu’"Il est intéressant de retracer la carrière de ceux qui,
en 1990, dominent la discipline. K. Vesper, I. Mc Millan, A. Cooper, T. Tybjee, D. Baumann ont des diplômes
d'ingénieurs ; W.-D. Bygrave, A. Bruno, I. Litvak sont physiciens ; W. Dunkleberg économiste, Y. Gasse; N.
Fast, R. Hisrich, B. Kirchhoff, R. Knight, R. Ronstat, J. Timmons, N. Churchill, W. Gartner, H. Stevenson
sont des gestionnaires ; J. Hornaday, A. Carsrud sont psychologues".
115
E.-M. HERNANDEZ et L. MARCO (2002) nous révèlent quelques uns des instruments que le champ de
l’entrepreneuriat a pu s’approprier de façon très avancée : la théorie de l’économie des coûts de transaction,
la théorie des conventions et l’approche évolutionniste.

63
L’entrepreneuriat est un processus où diverses phases sont distinguées en amont et en
aval. L’intention entrepreneuriale en représente un moment fort. Cette dernière est
notre principale question de recherche. Comprendre celle-ci est, selon N.F. KRUEGER et
A.L. CARSRUD (1993, p. 315)116 et N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 411)117,
particulièrement utile pour un phénomène qui est relativement rare. Etudier les intentions
nous donne un bon aperçu des comportements visant la création d'entreprise, même si
celle-ci ne se réalise pas. Ainsi, l'intention peut être un instrument de mesure pour la
prédiction de comportements futurs. Quels que soient les comportements recherchés par
les individus, l'intention reste le meilleur prédicteur des comportements futurs (L.
KOLVEREID, 1997, p. 49118 ; N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93119 ; N.F.
KRUEGER et alii, 2000, p. 412120). Par exemple, J.-P. NEVEU (1996, p. 104) révèle que
de façon générale, les études s’accordent sur le caractère positif de la relation intention-
comportement pour les départs de salariés

L’intention entrepreneuriale n'explique pas le devenir du processus entrepreneurial,


mais donne une photographie de celui-ci à un moment précis et dans un contexte où des
étudiants suivent des formations ou programmes en entrepreneuriat ou création
d’entreprise. Notre problématique s'interroge sur une phase du processus entrepreneurial,
mais nous comprenons que le décalage entre l’action et l’intention pourrait empêcher
cette dernière de se réaliser.

L’objectif des deux chapitres suivants est d’identifier dans la littérature les
concepts et les facteurs qui peuvent nous éclairer sur les variables à retenir dans la
construction de notre modèle de l’intention entrepreneuriale. A cet effet, le deuxième
chapitre a pour objet d’analyser et de décrire dans les théories économiques, la
psychologie, la sociologie et le management, les caractéristiques du principal acteur de
l’entrepreneuriat : l’entrepreneur.

116
"Understanding intentions is particularly useful where phenomena are relatively rare… That is, studying
intentions gives us valuable insights into new venture initiation, even without observing that initiation".
117
"In the psychological literature, intentions have proven the best predictor of planned behavior,
particularly when the behavior is rare, hard to observe, or involves unpredictable time lags".
118
"The theory of planned behavior has during recent years become one of the most widely used
psychological theories to explain and predict human behavior".
119
"The intentions literature strongly suggests two critical notions. First, intentions serve to focus decision
makers' attention on a target behavior and routinely prove to be the best single predictor of that behavior".
120
"Intentions are the single best predictor of any planned behavior including entrepreneurship".

64
Chapitre 2 - L’entrepreneur : des théories économiques aux
approches interdisciplinaires

"If we can just find out who the entrepreneur is, then we'll know what entrepreneurship is".
William.B. GARTNER (1988)

L'entrepreneur est le principal acteur du phénomène entrepreneurial. Le plus difficile


dans l’étude de son rôle consiste à définir qui est un entrepreneur ou ce qu’est un
entrepreneur. Pour M. CASSON (1991, p. 9) [1982]121, il n'existe aucune théorie de
l'entrepreneur. La plupart des études consacrées à ce sujet ne cherchent pas à en donner
une définition. Elles se fondent sur une vision stéréotypée d'un aventurier qui fait des
affaires.

Depuis J.-B. SAY, notre revue de la littérature nous permet de distinguer, tout comme
M. CASSON (1991, p. 21) [1982], deux approches de l'entrepreneur, descriptive et
fonctionnelle. Cette revue de l’état de l’art nous indique que l’entrepreneur ne fait pas
l’unanimité sur son contenu. Plusieurs auteurs (R.J. BRADLEY, 1990 ; W.B. GARTNER,
1988 ; D.M. RAY, 1993 ; K.G. SHAVER et L.R. SCOTT, 1991) sont arrivés à la
conclusion qu'il n’existe pas de consensus sur la définition de l'entrepreneur. D.M. RAY
(1993 p. 346-347) remarque que l'inexistence de définition a amené à des résultats
empiriques contradictoires. Plus encore, les frontières entre entrepreneuriat et entrepreneur
sont très floues car l'on décèle des confusions sémantiques. Cependant nous considérons
que les différents courants économiques se réunissent autour de la reconnaissance de
l’individu comme source incontournable de richesses.

La notion d’entrepreneur correspond au besoin de la théorie économique de s’appuyer


sur un type idéal afin de fournir une explication générale du fonctionnement de l’économie
de marché. L'idéologie de l'entrepreneur repose sur l'idée que le développement

121
Cette année correspond à la parution de la première édition anglaise : The Entrepreneur : an economic
theory.

65
économique est le produit de l'initiative individuelle. Comment se sont construits les
personnages tantôt admirés, tantôt détestés de l'entrepreneur ? Quels sont ses rôles
économiques et sociaux ?
Rendre compte de la théorie économique et donner de l’entrepreneur une représentation
acceptable n’était pas une tâche aisée. Au simplisme initial a succédé le trop-plein et une
sophistication des hypothèses et des constructions. De plus, les différentes représentations
proposées ne sont en général pas cohérentes entre elles. Chaque grand courant d’analyse
propose une représentation qui lui est propre. Cependant la théorie économique a le mérite
d’avoir adapté le concept d’entrepreneur aux évolutions de ses activités et de ses fonctions
économiques et sociales. Sans prétendre à l'exhaustivité, nous avons conjugué une
perspective historique (et non chronologique) et une vision dynamique, ce qui constitue la
première contribution du présent propos.

Jusqu’à la fin de la décennie 1950, il est indéniable que l'analyse de l'entrepreneur s’est
faite dans une perspective purement économique. Les théoriciens du domaine restent à peu
près tous prisonniers de l'individualisme méthodologique dont Robinson CRUSOE incarne
le modèle. A partir des années 1960, sans tracer une frontière nette et définitive, et à
quelques exceptions près, l’analyse de l’entrepreneur se fait, parallèlement aux théories
économiques, dans une perspective interdisciplinaire. Celle-ci insiste davantage sur ses
actes et comportements, sur ses traits psychologiques et sur l'influence des variables
sociales et culturelles. La littérature actuelle en entrepreneuriat rejette l’exclusivité des
analyses chères aux néoclassiques, axées sur l'acteur "individuel".

L’objectif de ce chapitre est de fournir les premiers matériaux capables de nous


éclairer sur les variables à retenir dans le modèle de recherche. Il tente de cerner
l'entrepreneur, ses rôles socio-économiques et ses fonctions dans l’entreprise ou
l’organisation. Notre investigation nous amène aux premières sources du concept. Nous
présentons tout d’abord la naissance de la terminologie et les premières acceptions du
terme. Nous abordons l’évolution théorique que nous avons décomposée en trois étapes. Le
point de départ est la fusion complète des notions d’entrepreneur et d’entreprise. La
deuxième étape rend compte de la croissance des dimensions de l’entreprise que l’on
nomme "organisation" d’où une scission entre les notions d’entrepreneur et d’entreprise.
Le "manager" supplante l’entrepreneur et prend des formes d’organisateur ou de

66
"technostructure". La troisième étape reconsidère l’entrepreneur en tant que moteur de
l’activité économique. En synthèse de la revue de la littérature, nous traitons de la
reconquête de sa légitimité socio-économique. Pour mieux saisir l’entrepreneur, notre
deuxième contribution synthétise les figures dominantes qu’il épouse selon les
évolutions socio-économiques (figure 9) ; parmi ces figures, l’entrepreneur social et
l’entrepreneur "virtuel" connaissent un essor important. Nous donnons notre acception du
concept d’entrepreneur, en adéquation avec le concept d’entrepreneuriat que nous avons
adopté.
Ensuite, nous exposons les caractéristiques psychologiques, sociologiques et
managériales les plus répandues sur l’entrepreneur. Nous nous consacrons aux typologies
d’entrepreneur. La distinction des dimensions statique et dynamique dans l’évolution
des constructions typologiques constitue la troisième contribution de ce chapitre.
L’acte d'entreprendre et conséquemment l'intention entrepreneuriale, peuvent trouver une
explication partielle dans ces caractéristiques et ces typologies.

2.1. Les pérégrinations socio-économiques de l’entrepreneur

"Sans une théorie de l'entrepreneur", commente M. CASSON (1991, p. 12) [1982], "il
est impossible de fournir un compte rendu complet des retards qui gouvernent la
dynamique du cycle des affaires". L’interrogation sur le contenu du concept constitue un
préalable inévitable et indispensable à la fois.
L’entrepreneur fait son entrée dans la théorie économique avec R. CANTILLON. Le
mot "entrepreneur", au même titre que le mot "manager", est né en France, à la fin du
XVIIème siècle (H. VERIN, 1982). Il désignait ceux que l’on appellera plus tard les
fournisseurs aux armées. Très vite, il s’est appliqué à tous ceux qui étaient liés par contrat
avec le gouvernement royal, pour la construction des routes, des ponts et des fortifications.
Dès l'origine, l'entrepreneur a été associé à l'aventure, avec une forte connotation militaire.

67
2.1.1. Du personnage mythique …

Dans la première étape, l’analyse est essentiellement centrée sur l’entrepreneur. C’est le
cas, par exemple, de toute l’analyse classique. A. SMITH (1991, p. 122) [1776]122 assigne
comme fonction principale à l'entrepreneur l'accumulation du capital, et la bonne marche
de son affaire comme seul objectif123. Il distingue le profit, source de revenu de
l'entrepreneur, le salaire et la rente. Le profit que l'entrepreneur retire de l'emploi du
capital, est une part constitutive de la valeur. Contrairement au salaire et à la rente, celui-ci
ne hausse point selon l'état économique de la nation, c'est à dire l'état de la richesse
nationale124. A. SMITH (1991, p. 179) [1776] ajoute que "les profits ordinaires des
capitaux ne peuvent, dans aucune industrie, être affectés par la constance ou l'incertitude
de l'emploi. C'est la faute du commerçant, et non celle des affaires, si le capital n'est pas
constamment employé". Il retrace quatre manières d'utiliser le capital. Celui-ci peut être
employé à la fourniture ou à la fabrication de produits bruts pour l'usage et la
consommation ; il peut servir au transport de ces produits bruts ou manufacturés, ou à la
parcellisation de ces mêmes produits pour répondre aux besoins de la consommation
quotidienne.
Dans le cas où l'activité de l'entrepreneur est nouvelle, qu'il s'agisse d'une nouvelle
manufacture, d'une nouvelle branche de commerce ou d'une pratique nouvelle en
agriculture, celui-ci vise à réaliser les profits les plus élevés possible ; il est alors
"spéculateur" au sens d'A. SMITH (1991, p. 190) [1776], et son intérêt particulier peut
même s'opposer à l'intérêt général. Seul le profit personnel guide l'emploi d'un capital dans
une activité donnée125.
Il répartit, toutefois, le capital en deux : le capital fixe et le capital circulant126 ; il opère
une nette séparation entre le capitaliste qui prête moyennant un intérêt, et l'homme
d'affaires qui emploie le capital qu'il détient ou qu'il emprunte127.

122
Cette année correspond à la première édition anglaise intitulée "An Inquiry into the Nature and Causes of
the Wealth of Nations".
123
L'enrichissement désigné sous le concept d'accumulation du capital, constituait pour lui un objet théorique
nouveau dont l'économie politique devait expliquer les lois.
124
A. SMITH, 1991 [1776], op.cit, p. 335.
125
Idem., p. 336 et 465.
126
Ibid., cf. chap.I, p. 357-365.
127
Ibid., p 424-425.

68
P. LAURENT (1989) critique l'approche "smithienne" parce qu'elle n'articule pas ses
analyses avec celles de R.CANTILLON128. A. SMITH, avec sa fameuse main invisible,
dépersonnalise l'entrepreneur (M. CASSON, 1991 [1982]). Notre critique portera
principalement sur l'inexistence d'une analyse du rôle de l'entrepreneur et de son influence,
en tant qu'agent économique, sur l'activité économique. En ce sens, nous voyons là une
régression, du moins sur l'axe du temps, en comparaison avec R. CANTILLON.

Dans ses travaux d'économie mathématique où il expose sa conception de l'économie


politique pure - qu'il oppose à l'économie politique appliquée -, L. WALRAS (1976)
[1874], le principal représentant du courant marginaliste, établit une nette distinction entre
le propriétaire foncier, le travailleur, le détenteur de capital et un quatrième personnage,
l'entrepreneur qui en appliquant des "services producteurs" (terre-travail-capital) aux
matières premières, vend à son compte les produits obtenus. L. WALRAS (1976, p. 191)
[1874] affirme, qu'un même individu peut cumuler deux, trois, voire toutes ses fonctions.
"La diversité de ces combinaisons engendre la diversité des modes d'entreprises".
Le "paradoxe walrasien", selon P. LAURENT (1989), est que dans le contexte de la
théorie de l'équilibre général, l'entrepreneur, qui dans un premier temps est identifié
comme un acteur à part, est réduit par la loi de l'offre et de la demande, à un agent de
transition et de coordination des marchés129. L’auteur vide de son contenu l'action de
l'entrepreneur en tant qu'acteur de la vie économique. En faisant reposer son raisonnement
sur la loi de l'équilibre de la production, L. WALRAS (1976, p. 195) [1874] fait le constat
que "les entrepreneurs ne font ni bénéfice ni perte. Ils subsistent alors non comme
entrepreneurs, mais comme propriétaires fonciers, travailleurs ou capitalistes dans leurs
propres entreprises ou dans d'autres". Il va même jusqu'à conclure qu'à l'état d'équilibre de
l'échange et de la production, nous pouvons faire abstraction de l'intervention de
l'entrepreneur. Il ignore ainsi le risque que celui-ci peut supporter.
Aussi l'entrepreneur combine-t-il les facteurs de production, mais à la différence de R.
CANTILLON et de J.-B. SAY, nous sommes d'accord avec S. BOUTILLIER et D.
UZUNIDIS (1995, p. 21-22), pour dire que L. WALRAS ne lui accorde aucun caractère

128
Signalons qu'en aucune façon, A. SMITH ne cite le "Traité d'économie politique" de R. CANTILLON
dans son ouvrage "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations".
129
Cette loi fondamentale en économie politique est la réunion de la loi des variations des prix d'équilibre et
la loi d'établissement de ces mêmes prix.

69
exceptionnel. La formalisation mathématique de l'économie a contribué à effacer le rôle
dynamique de l'entrepreneur.

Assumer le risque et exercer la direction sont deux rôles qui ont progressivement été
dissociés et se sont imposés dans le personnage de l’entrepreneur. Ce qui explique, au
cours de cette première phase, que les approches de l’entrepreneur se soient réparties en
deux groupes, l’une mettant en exergue la notion de direction ou d’organisation et l’autre
celle de risque.

2.1.1.1. L’organisateur de J.-B. SAY

J.-B. SAY (1972) [1803], dont la contribution au progrès de l'analyse économique est
loin de faire l'unanimité, peut être considéré comme le premier auteur centrant l’analyse
sur le critère de direction. En divisant les procédés de l'industrie humaine en trois
opérations, il distingue le savant qui étudie les lois de la nature, l'entrepreneur, et l'ouvrier
qui travaille sous leurs ordres. L'entrepreneur profite des connaissances des savants pour
créer des produits utiles ; c'est l'agriculteur, le manufacturier ou le commerçant qui
"entreprend de créer pour son compte, à son profit et ses risques, un produit
quelconque"130. Cette typologie dit-il, est mise en place dans un souci de division des
occupations pour accroître les produits de la société. A. SMITH, à l’instar de J.-B. SAY
(1972, p. 88-96) [1803], a analysé les mérites de la division du travail131.

L’auteur met l'entrepreneur au centre du raisonnement économique ; c'est un agent


économique rationnel et dynamique garantissant l'équilibre économique. J.-B. SAY (1972,
p. 376-377) [1803] le décrit comme étant "l'intermédiaire entre toutes les classes de
producteurs et entre ceux-ci et le consommateur. Il administre l'œuvre de la production ; il
est le centre de plusieurs rapports ; il profite de ce que les autres savent et de ce qu'ils
ignorent, et de tous les avantages accidentels de la production". J.-B. SAY (1972) [1803]
effectue un apport intéressant : la distinction (délicate selon ses dires) entre les fonctions
d’entrepreneur et d’apporteur de capitaux, cette dernière étant rétribuée par le profit du

130
J.-B. SAY, op.cit, 1972 [1803], p 74-75.
131
Selon A. MARSHALL (1971, p. 427) [1906], A. SMITH a donné une portée nouvelle à cette idée grâce à
une pénétration philosophique et aux faits dont il l'illustra.

70
capital. Les deux fonctions peuvent être combinées par une même personne, mais cela n’a
rien de nécessaire. L’entrepreneur n’est pas forcément membre d’une classe sociale
particulière. Il est chargé de remplir une fonction économique originale qui doit être
assumée quel que soit le système économique.
Fort de son expérience d’industriel et de banquier, l’auteur a clairement vu que la mise
en place d’une organisation était un point crucial ; l’entrepreneur est avant tout un
organisateur. Il harmonise les trois facteurs de production, terre-travail-capital, pour
rechercher un maximum d'utilité. Néanmoins, quelques risques accompagnent toujours les
entreprises industrielles, même celles qui sont les mieux conduites. Elles ne sont pas à
l'abri d'un échec. L’entrepreneur peut y compromettre, ajoute J.-B. SAY (1972, p. 375)
[1803], sa fortune et éventuellement y perdre son honneur, capital symbolique en cas de
faillite.

Diriger et organiser d’une part, prendre des risques, d’autre part, sont les deux
traits les plus caractéristiques de l’activité de l’entrepreneur, et ils le sont restés.
L’analyse de J.-B. SAY présente cependant une faiblesse qui tient à son caractère statique.
Sa préoccupation centrale est l’étude d’un entrepreneur agissant dans un univers certain,
c'est-à-dire répondant aux impulsions des marchés tendant eux-mêmes vers l’équilibre132. Il
a considéré que l'offre crée sa propre demande, ce qui veut dire en reprenant les termes de
J.M. KEYNES (1996, p. 9 et 47) [1936]133, "En un certain sens évocateur mais non
clairement défini, que la totalité des coûts de production doit nécessairement, dans la
communauté entière, être dépensée directement ou indirectement pour l'achat de la
production". Celui-ci ajoute "qu'une théorie fondée sur une telle base ne saurait convenir à
l'étude des problèmes se rapportant au chômage et au cycle économique". J.-B. SAY
néglige le rôle perturbateur de l’entrepreneur, son action sur l’environnement. Néanmoins,
il écrit que le bien-être d'un pays dépend de sa population active et du dynamisme de ses
entrepreneurs.

132
La loi de J.-B. SAY : l’offre crée sa propre demande. Il s'est évertué à montrer qu'il existe des forces qui
ramènent toujours le système économique vers l'équilibre.
133
C’est l’année de la première édition anglaise ("The General Theory of Employment, Interest and Money").

71
2.1.1.2. Le preneur de risque

Les analyses du deuxième courant théorique sont fondées sur l’étude du risque. Selon
H. VERIN (1982), quelle que soit l'époque considérée, l’activité de l'entrepreneur est
assimilée à une action risquée.
R. CANTILLON (1997) [1755]134, qui s’enrichit grâce à sa compréhension des
mécanismes économiques, opère dans son ouvrage "Essai sur la nature du commerce en
général" une division socio-économique en trois classes135 : les propriétaires, qui seuls
comme le prince, vivent dans l'indépendance ; les fermiers et un dernier groupe très
hétérogène auquel appartient l'entrepreneur. Cette dernière classe comprend aussi bien les
marchands, les bouchers, les boulangers, les manufacturiers, les mendiants que les hommes
de lois…
En véritable entrepreneur, R. CANTILLON (1997) [1755] dépeint cet élément comme
un agent de direction de la production et du commerce. L’entrepreneur supporte les risques
liés aux contraintes du marché et aux fluctuations des prix. Il effectue des achats à des prix
certains pour se procurer tous les facteurs nécessaires à sa production. Ses ventes et ses
recettes sont par contre aléatoires. Son revenu, le profit, est incertain. Il accorde néanmoins
à l'entrepreneur la possibilité d'anticiper le risque en prévoyant les décisions d'achats et en
fixant le prix qui convient à ses marchandises. S'il leur accorde un prix excessif, il fera
banqueroute. L'évaluation de l'état du marché dépend de son expérience personnelle.
L'instinct du profit amène ainsi toujours l'emploi des méthodes les plus avantageuses. R.
CANTILLON (1997) [1755] fait de l'entrepreneur, de façon explicite, une pièce maîtresse
de la dynamique économique. Nous pouvons lui reprocher de bâtir son analyse sur le
postulat de l'équilibre naturel vers lequel tout revient ou tend à revenir. Aux prémices de la
pensée économique, il ignore le véritable rôle de l'entrepreneur qui s'étend au-delà de
l'intermédiation dans l'activité.

134
Cette année est celle de la première édition.
135
R. CANTILLON avait l'ambitieux objectif d'édifier un traité général d'économie. Il a construit un modèle
analytique qui cernait les éléments de l'économie afin d'isoler les forces fondamentales en exercice. Par son
œuvre, curieusement tombée dans l'oubli pendant plus d'un siècle, il fondait la doctrine capitaliste et donnait
l'une des premières applications de la méthode inductive en économie. Indéniablement, il a eu le mérite
d'annoncer la science économique.

72
Appartenant à l'école autrichienne qui a exploré la fonction d'acquisition et
d'exploitation de l'information par l'entrepreneur (B. CORIAT, O. WEINSTEIN, 1997, p.
16-17), F.H. KNIGHT (1985) [1921]136 signale la difficulté d'une théorie structurée de
l'entrepreneur et met l'accent sur l'incertitude liée à l'évolution économique137. Il fait,
contrairement à R. CANTILLON (1997) [1755], une distinction entre risque, assurable, et
incertitude, non assurable.
L'assurance est un moyen de se prémunir contre le risque, alors qu'il n’en existe aucun
pour se couvrir contre l'incertitude. Tout au plus peut-on la réduire. Le risque, soit par un
calcul à priori, soit par des statistiques portant sur des expériences antérieures, peut être
évalué, tandis que l’incertitude ne peut pas l’être138. C'est celle-ci qui joue un rôle dominant
vis-à-vis de l'entrepreneur dans la mesure où elle présente des situations pour lesquelles les
probabilités ne peuvent être déterminées ni par le raisonnement, ni par l'inférence
statistique. Le profit que l'entrepreneur en tire est une contrepartie de l'incertitude et sera
une fonction proportionnelle de celle-ci. Il en résulte selon F.H. KNIGHT (1985) [1921],
que la fonction d'entrepreneur n'est pas d'organiser la production, mais de porter un
jugement sur un futur prévisible.

Au terme de cette première étape, nous constatons la volonté prononcée des auteurs
d’identifier l’entrepreneur à un groupe particulier d’individus, distinct de tout autre, le
professionnel du risque pour R. CANTILLON et F.H. KNIGHT, l'organisateur pour
J.-B. SAY.

La taille des entreprises est devenue telle que celles-ci sont envisagées pour elles-
mêmes. La petite ou moyenne entreprise paternaliste à structure relativement simple,
propriété de l'entrepreneur, fait place, partiellement et progressivement, à la grande société
à structure beaucoup plus complexe (H. KAELBLE, 1979, p. 22). Le centre de l’analyse
est alors transposé de l’entrepreneur vers l’entreprise. Vient alors la deuxième étape, celle

136
Cette année correspond à la première édition.
137
Signalons, au passage, que P. DRUCKER (1985, p. 189), bien qu'il soit proche de l'école autrichienne par
le fait qu'il insiste sur l'innovation dans l'activité de l'entrepreneur, affirme que les entrepreneurs n'ont pas de
propension à prendre des risques. Il écrit que "Les innovateurs que je connais réussissent dans la mesure où
ils définissent et limitent les risques… Les innovateurs sont des conservateurs, ils n'ont pas le choix. Ils ne
cherchent pas les "risques", ils visent "l'opportunité"". Pour lui, l'entrepreneur n'est ni un employeur, ni un
investisseur ni un capitaliste. L'innovation est son instrument spécifique, le moyen d'utiliser le changement
comme une opportunité ouverte sur une affaire ou un service différent.
138
Voir à ce sujet G. GILDER (1985, op.cit., p. 69-76).

73
de l’attention privilégiée accordée à l’entreprise en tant qu’organisation. L'augmentation de
la dimension des entreprises s’est accompagnée d’une transformation des exploitations
individuelles en sociétés anonymes. La conséquence majeure de cette évolution de la taille
et des caractéristiques de l'entreprise est l'apparition de la carrière managériale qui a vu la
séparation de la propriété et de la gestion. En conséquence, pour l'entrepreneur, les tâches
de direction sont devenues plus complexes.

2.1.2. ... qui s’estompe au détriment de l’organisation …

L’individualisme méthodologique dominant dans la pensée économique a souligné le


fait que seul l’individu pense et agit. L’entreprise est "l’affaire de l’entrepreneur", au risque
de dissimuler quelque peu l’aspect social de l’entreprise. Notre approche dynamique
dans sa perspective historique, met en évidence le phénomène de dissociation entre
l’exercice du pouvoir de décision dans l’entreprise et la détention de la propriété.
Le développement des unités économiques qui se livrent à des activités de production et
d’échange, de plus en plus imposantes par leur structure et leur rôle dans le marché, s’est
traduit par le fait que la prise de décision n'est pas toujours individuelle, mais souvent
collégiale. D’autre part, les centres de direction et de propriété qui formaient au départ un
bloc, ne sont plus fondus en une seule personne ; ils sont dispersés en autant d’acteurs qui
animent les transformations juridico-économiques de l’entreprise. Le problème de la
définition de l’entrepreneur s’en trouve posé.

Le capitalisme managérial apparaît à la fin du XIXème siècle avec la vague des


révolutions technologiques et les mouvements de concentration financière. La grande
organisation devenait le moteur de la puissance industrielle. La production de masse s'est
érigée en loi industrielle139. S'ouvre l'ère des managers qui supplantent progressivement les
entrepreneurs individuels ; la vision managériale succède à la vision patrimoniale. La
culture industrielle est devenue orpheline d'entrepreneurs.
La gestion n’est donc plus l’apanage d’un individu ; elle est aux mains de plusieurs
spécialistes qui se partagent les compétences et l’autorité. Le contrôle, écrit E. GIBERT
(1980, p. 9), est pour une large mesure en dehors de la propriété. Ceci a favorisé

139
Toutefois, un réseau dense de petites entreprises se constitue ou subsiste, mais souvent en relation forte
avec les grands groupes industriels et financiers.

74
l’émergence d’une nouvelle classe de dirigeants professionnels qui détient le pouvoir.
Ceux-ci sont qualifiés de "directeurs" par J. BURNHAM (1969) [1947]140, de
"technostructure" par J.K. GALBRAITH (1969) [1967] ou de "managers" par H.
KAELBLE (1979, p. 23).
L’organisation a pris la place de l’entrepreneur dans la littérature économique,
spécialement dans l’économie industrielle où ce dernier est quasiment exclu. P.
DRUCKER (1985) et J. SCHUMPETER (1979, p. 178) [1942]141 regrettent sa disparition
au profit de l’organisation et des managers

A. MARSHALL (1971) [1906]142, qui assimile l'entrepreneur au "management" au sens


le plus vaste du terme, affirme que celui-ci remet en cause le statu quo économique. Il
n'hésite pas à mythifier l'entrepreneur qui fournit le capital et le travail nécessaires.
L’auteur le considère à deux points de vue ; il est une entité industrielle très spécialisée et
un intermédiaire entre l'ouvrier manuel et le consommateur. L’entrepreneur est un
marchand et un organisateur de la production.
Mais selon A. MARSHALL (1971, p. 502) [1906], la nouvelle organisation industrielle
a transféré la responsabilité et la direction qui étaient la propriété d'un seul individu. "Cette
forme est en train d'être supplantée par d'autres où l'autorité suprême est répartie entre
plusieurs associés ou même entre un grand nombre d'actionnaires". L’auteur prévoyait
une étendue des formes collectives et démocratiques de direction des entreprises.

J. BURNHAM (1969, p. 29) [1947] émet l'hypothèse que le monde vit une
transformation sociale décisive, et qu'un changement radical a lieu dans les institutions
économiques. Il affirme que l'on se dirigeait vers "la société directoriale". Celle-ci est une
transition entre le type de société qui a prévalu depuis le XVème siècle jusqu'au début du
XXème siècle. C'est une nouvelle société où la propriété privée individuelle ne joue plus un
rôle économique déterminant. Il observe des changements dans le groupe d'hommes qui
détient les positions dirigeantes et les privilèges dans la société. J. BURNHAM (1969, p.
117) [1947] les appelle "directeurs" ; ceux-ci demeurent, dans une large mesure, les

140
La première édition anglaise s’intitule "The Managerial Revolution" (1941).
141
Cette année correspond à la première édition anglaise dont le titre est "Capitalism, Socialism and
Democracy".
142
La première édition anglaise ("Principles of Economics") date de 1890.

75
serviteurs des grands capitalistes, leurs "délégués" dans l'exercice du pouvoir et du
contrôle.
En prédisant la disparition de la société capitaliste qu'il qualifie d'individualiste, de
liberté de contrats et d'initiative privée, cet auteur éclipse l'entrepreneur de la sphère
économique et sociale et ne lui prête aucun avenir.

Pour l'économiste et sociologue américain J.K. GALBRAITH (1969) [1967], seules les
grandes entreprises pouvaient aligner au début du XXème siècle les capitaux nécessaires et
mobiliser les compétences exigées par une haute productivité. Leur organisation massive et
complexe remet en cause tous les aspects du comportement économique. L'auteur affirme
ainsi que c’est la grande taille qui rend possible l’élimination de l’incertitude du marché,
alors que la petite entreprise ne le permet pas.
J.K. GALBRAITH (1969, p. 17-22) [1967] note que "le système industriel" sanctionne
l’enseignement économique qui veut que l’entreprise soit gérée par une seule personne.
Les exigences techniques de la complexité industrielle et la grande variété d’informations
imposent de recourir au groupe pour la prise de décisions. L’auteur insiste sur la notion de
"pouvoir économique" qui, dans l’organisation et la société, est irrévocablement transféré
des mains des propriétaires vers le groupe. J.K. GALBRAITH (1969, p. 82) [1967]
propose d’appeler celui-ci "la technostructure",
L’époque n’est plus celle de l’entrepreneur. Il n’existe plus en tant que personne
individuelle. L’imagination, l’esprit de décision et la propension au risque ne sont pas
spécialement importants pour organiser l’intelligence dans l’industrie. J.K. GALBRAITH
(1969, p. 99) [1967] écrit à propos de l’entrepreneur : "Son œuvre, si elle devait continuer
à répondre aux objectifs pour lesquels il l’avait conçu, exigeait son remplacement". Ainsi
l’organisation se voit plus apte à faire du profit et à exercer le pouvoir et, c’est là que
réside son avantage par rapport à l’entrepreneur qui est écarté de l’analyse. Il reconnaît
néanmoins à l’individu la faculté d’innovation pour assurer la prospérité et la survie de la
grande entreprise.

La production de masse qui privilégie des organisations toujours plus vastes et plus
complexes, une incitation au travail sans goût entrepreneurial, une production valorisant
les structures concentrées et un Etat qui étouffe les initiatives mènent vers une rigidité du
système industriel. Mais depuis le choc pétrolier de 1973 et le chômage incompressible que

76
celui-ci a engendré, la grande entreprise a montré ses limites. Les TPE/PME reconsidérées
par l’Etat ne sont plus incompatibles avec la multinationale et les progrès technologiques.

2.1.3. … et qui renaît avec J. SCHUMPETER

Avec la domination de la pensée néoclassique, l’entrepreneur qui occupait une place


primordiale chez J.-B. SAY, disparaît presque totalement de la littérature. Cependant selon
B. CORIAT et O. WEINSTEIN (1997, p.16), quelques auteurs tels que J. SCHUMPETER,
F.H. KNIGHT et F. HAYEK, font exception et se situent en marge de cette pensée du
calcul rationnel qui ignore l'initiative et l’innovation. Cette étape est celle d’une
réaffirmation de l'entrepreneur en tant que personnage-clé de l'activité économique.

Pour M. CASSON (1991, p. 22) [1982], l’entrepreneur est un agent de changement car
il améliore l'affectation des ressources dans le but de maximiser le profit. Davantage qu’un
agent de coordination, il injecte de façon spontanée et indépendante de nouveaux éléments
dans le marché. Son agilité dans la découverte et son aptitude à tirer partie de l’instabilité
sont ses qualités fondamentales. Ses choix relèvent autant de l’imagination créative que de
la déduction logique. L’auteur fait de l’entrepreneur le responsable de sa structure. Il le
personnifie en un individu, par opposition à une équipe, un comité ou une organisation.

J. SCHUMPETER (1935, p. 41-42)143 [1911]144 marque une évolution importante dans la


compréhension de la fonction entrepreneuriale. Il fait de l’entrepreneur un agent
économique d'une espèce particulière, le moteur du progrès technique qui fait des
combinaisons nouvelles des moyens de production et réalise des innovations145.
L’auteur distingue l'invention, qui est une activité scientifique pas nécessairement
motivée par le progrès économique, et l'innovation. Ce n'est qu'exceptionnellement que
l'entrepreneur peut être inventeur. Ce dernier développe une technique que l'innovateur
cherche à exploiter pour la création de richesses. L'innovation implique une décision

143
que L.-J. FILION (1997, op.cit, p. 134) qualifie de père du champ de l'entrepreneuriat.
144
Cette année correspond à la première édition anglaise dont le titre est "The theory of Economic
Development".
145
Par combinaisons nouvelles, qui ont lieu en prélevant des prestations de travail et de terre sur leurs
emplois accoutumés, J. SCHUMPETER entend cinq catégorie de cas : la fabrication d'un bien nouveau,
l'introduction d'une méthode de production nouvelle, la conquête d'un nouveau débouché, la conquête d'une
source nouvelle de matière première et la réalisation d'une nouvelle organisation de la production.

77
réfléchie, relative à l'engagement des ressources rares pour appliquer l'invention. J.
SCHUMPETER (1935) [1911] souligne que les individus capables d’innover méritent
seuls l’appellation d’"entrepreneur" ; ils sont doués d’imagination et font preuve
d’initiative et de volonté. Ils assurent le passage entre le monde scientifique de la
découverte et des inventions, et le monde économique des innovations.
Le système ne peut progresser rapidement que si l’effort créatif est récompensé. Par
l’innovation, l’entrepreneur introduit un déséquilibre dans le circuit économique et il peut
s’emparer d’un profit, mais celui-ci est temporaire. Toute innovation finit inévitablement
par être imitée, et lorsqu’elle est généralisée, un nouvel état d’équilibre est atteint et la
source de profit disparaît. Ainsi, la liaison profit-innovation est double ; d’une part,
l’innovation est la seule façon active de s’attribuer un profit, qui apparaît comme le
stimulant du progrès, d’autre part, le profit est la rémunération de l’innovation qui est la
récompense accordée à l’entrepreneur dynamique.
Cependant, J. SCHUMPETER (1935, p. 41-42) [1911] donne de l’entrepreneur une
définition plus restrictive que celle de J.-B SAY. Il rejette en effet totalement la notion de
risque. Il écrit que "C'est toujours le capitaliste qui supporte seul le risque… La conception
de l'entrepreneur comme celui qui supporte les risques, est incompatible avec nos idées"146.
Cette position est à notre avis excessive, même lorsque la propriété des outils de
production devient distincte de leur utilisation. Toute innovation comporte des aléas et la
volonté de vaincre ne va jamais sans risque. Les circonstances en règle générale,
contrairement à ce que pensait J. SCHUMPETER, se modifient brusquement et d'un coup.

D’inspiration "néo-schumpeterienne", H. LEIBENSTEIN (1968, p. 73 et 80) considère


que l'un des obstacles majeurs à la compréhension de l'entrepreneur réside dans la théorie
de la fonction de production qui est incomplète. Il considère la firme comme une
organisation composée d'individus différents entre lesquels n'existe aucune unanimité en
terme d'objectifs. Il distingue dans l’activité de l’entreprise ce qui est de la routine, qui
regarde le management, et ce qui est exceptionnel et qui constitue la véritable fonction de

146
Il distingue les risques prévisibles et les risques imprévisibles. La première catégorie se partage en risque
technique de la production et en risque commercial ; elle est incluse dans la détermination du coût de
production. La prime de risque ne représente cependant pas un gain pour le producteur ; elle l'est tout au plus
pour la compagnie d'assurance. Puisqu'il est prévisible, le risque n'est ni plus ni moins inexistant. Il en va
autrement si les risques ne sont pas prévus. D'une part, ils deviennent des sources de perte, et d'autre part, des
sources de gain.

78
ce qu'il appelle les "N-Entrepreneurs". Dans les deux cas, le rôle de l’entrepreneur consiste
à coordonner les activités qui impliquent différents marchés147.
Pour cet auteur, c'est la vigilance de l’entrepreneur à l'égard du déséquilibre qui le
distingue des autres agents. Il considère les fonctions de l'entrepreneur comme une réponse
créative à l'inefficience X ("gap-filler") et une transformation des facteurs de production
("input-transformer")148. En insistant sur le fait qu'il n y a pas de théorie universelle de
développement, il note que l'entrepreneur est le moteur de la croissance.

I.M. KIRZNER (1976) [1960]149 qui se rattache à la tradition autrichienne, identifie les
processus pouvant conduire une économie vers l’équilibre. Pour les autrichiens, les prix
observés dans la réalité ne sont jamais des prix d’équilibre, mais de déséquilibre. Face à
une telle situation, l’entrepreneur se voit attribuer la fonction de communication et
d’arbitrage sur les marchés. Pour cet auteur, l’entrepreneur a pour rôle essentiel
l'ajustement des prix150. C'est sa vigilance à l'égard du déséquilibre qui le distingue des
autres agents ; celle-ci signale un aspect important de l’activité de l’entrepreneur.
Lorsque l’économie est en situation d’équilibre, tous les agents économiques sont
supposés capables d’atteindre les objectifs de leurs plans. Dans de telles circonstances,
l’entrepreneur n’a rien à faire et le profit disparaît. Mais l’équilibre est hypothétique, les
goûts des consommateurs changent, les techniques évoluent avec le progrès. Un excédent
d’offre apparaît sur certains marchés, un excédent de demande sur d’autres. L’entrepreneur
va trouver là l’occasion d’exercer son intuition par des arbitrages plus ou moins complexes
sur les opérations d’achat et de vente. Il obtiendra pour cela un revenu, le profit.

Tels sont brièvement esquissés les principaux résultats de cette odyssée du concept
d'entrepreneur. Notre première préoccupation a été d’en retracer les changements. Ceux-ci
ont coïncidé avec les grandes mutations sociales et économiques du capitalisme. Si

147
"He (l’entrepreneur) is an intermarket operator." Mais ce n'est pas sa seule fonction majeure, constate-t-il.
Cf. infra, p. 88-89, "2.3.1. D'une conjonction de caractéristiques…".
148
La théorie de l'efficience X, qu'il contraste avec le paradigme néoclassique de la rationalité totale, suppose
qu'être pleinement rationnel entraîne des coûts psychologiques qui sont dus à l'inertie de la personnalité de
l'individu. Cette théorie constitue le degré d'inefficience dans l'utilisation des ressources au sein de la firme.
Elle représente la mesure dans laquelle la firme ne parvient pas à atteindre son potentiel productif, soit parce
que les ressources sont employées de manière inappropriée, soit parce qu'elles sont gaspillées.
149
C’est l’année de la première édition.
150
Pour S. BOUTILLIER et D. UZUNIDIS (1995, op.cit), la conception de I.M. KIRZNER est voisine de
celle de R. CANTILLON pour qui, en fonction de la localisation des marchés, l'entrepreneur joue sur la
différence des prix.

79
nous en restions là, le travail serait "inachevé". Une question reste posée : où nous mène
cette odyssée ? Certains, à l'image de P.-A. JULIEN et M. MARCHESNAY (1996),
évoquent la fin de la "société salariale". La création d'entreprise est au cœur du domaine de
l'entrepreneuriat et se développe rapidement et partout à travers le monde.

2.2. En synthèse de cette odyssée

L'entrepreneur a modifié le cours de l'histoire, dit M. CASSON (1991) [1982]. Il a un


comportement atypique. Bien qu'il fasse partie d'une minorité, c'est lui qui a raison, alors
que la majorité est dans l'erreur. "Ce sont les entrepreneurs qui connaissent les grandes
lois du monde et les commandements de Dieu", écrit G. GILDER (1985, p. 15), "grâce à
cela, ils entretiennent la vie de l'univers d'ici-bas… Ils ne rétablissent pas des équilibres,
ils renversent ce qui est établi". L’enseignement principal que l’on peut tirer est de
reconnaître avec J.M. KEYNES (1996) [1936], dans son ouvrage "Théorie Générale de
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie", qui l'a hissé aux premiers rangs des économistes
contemporains, que c’est notre besoin inné d’activité qui constitue le véritable moteur
des affaires151.
Ce besoin de l’entrepreneur est ravivé avec les changements socio-économiques. En
effet, contrairement à J. SCHUMPETER (1979)152 [1942] qui prévoyait la disparition
graduelle des PME avec le déclin des nouveaux entrepreneurs dans une économie
concentrée dans d’énormes conglomérats, les années 1975 inaugurent trente années de
rupture dans le capitalisme industriel. Celui-ci entre dans sa troisième génération.

Nous synthétisons cette revue de la littérature en mettant l’accent sur la légitimité socio-
économique reconquise par l’entrepreneur. Celle-ci est accompagnée par l’apparition de
l’entrepreneur social et l’entrepreneur "virtuel". Nous schématisons les figures dominantes
de l’entrepreneur selon les évolutions économiques et sociales (figure 9). Enfin, nous
donnons notre acception de ce concept.

151
Outre le fait qu'il raisonne au niveau macro-économique, il est proche des classiques car il ne semble pas
accorder de l'importance à l'entrepreneur en tant que tel.
152
Cf. le chapitre "Le processus de destruction créatrice".

80
2.2.1. Une position confortée par une légitimité socio-économique

La croissance du revenu disponible dans les décennies 1960 et 1970 a créé une hausse
de la demande. Il a fallu adapter de plus en plus finement les produits aux nouvelles
habitudes individuelles et sociales et leur accoler des services répondant aux besoins non
standardisés. Les marchés des produits se sont fractionnés en de multiples micro-marchés,
beaucoup plus délimités et plus instables. Ensuite, les membres de la classe moyenne se
sont retrouvés en état de suréquipement et de saturation en biens industrialisés. Il a donc
fallu développer de nouvelles activités, et l'innovation s'est alors portée sur les activités de
services. Or dans celles-ci, l’adaptabilité, la flexibilité et la proximité du client constituent
un atout essentiel que les grandes firmes bureaucratiques ont été souvent incapables
d’assurer.
Il en découle, selon P.-A. JULIEN et M. MARCHESNAY (1996), un phénomène
littéralement de "dé-management" qui se traduit par un démembrement de plusieurs grands
groupes industriels. Ceux-ci externalisent des activités et s'efforcent d'insuffler un nouvel
esprit d'entreprise. Les grandes entreprises ne joueront vraisemblablement plus le même
rôle moteur dans la nouvelle société "post-industrielle"153.
C'est "l'économie de management" qui se transforme progressivement en une "économie
d'entrepreneurs" (P. DRUCKER, 1985). Nombre d’auteurs estiment que le capitalisme est
entré dans une nouvelle phase. On parle d’une société de services avec une résurgence
spectaculaire du capitalisme entrepreneurial.

Le développement de la création d’entreprise est à l'ordre du jour. L'accroissement du


volume des petites et moyennes entreprises semble être un phénomène universel. La petite
entreprise s’est imposée comme une institution qui a acquis une légitimité considérable
(P.-A. JULIEN, 1994, p. 151-152). Le petit entrepreneur, créateur, dirigeant et propriétaire
de son affaire se voit attribué un intérêt grandissant (S. BOUTILLIER, D. UZUNIDIS,
1995, p. 46). Globalement, deux faits majeurs expliquent ce dernier.
Premièrement, les problèmes propres à la grande entreprise. La grande dimension
n’était plus un objectif en soi. Les TPE/PME, quoi qu’on en dise, ne sont souvent pas
appelées à devenir grandes. Le dynamisme des économies industrialisées repose sur la

153
L. BOYER (1998, op.cit. p. 75) utilise le qualificatif de société "post-salariale".

81
productivité de leurs entreprises. Ceci est devenu vrai autant pour les petites que pour les
grandes entreprises. A cause des multiples liaisons, notamment les systèmes intermédiaires
constitués par les réseaux d’entreprise et la sous-traitance, les petites entreprises sont aussi
importantes que les grandes dans la recherche de la compétitivité nationale et
l’augmentation du produit national. Leur contribution incontestable au développement
local, repose sur leur mode d’insertion dans le tissu économique et social.
Deuxièmement, les TPE/PME acquièrent, selon P.-A. JULIEN (1994, p. 189-191), une
légitimité sociale et économique. La première est liée aux facteurs de réalisation de soi et
d'insertion sociale. La seconde relève des innovations productrices, du développement des
nouveaux services et de la création d’emplois pour lesquels les TPE/PME ont été ces
dernières années le fer de lance154.

Le mouvement des créations d'entreprise redonne à la personne de l'entrepreneur un rôle


primordial dans la vie du XXIème siècle. Les conditions économiques et sociales changent
constamment, et chaque génération d’auteurs envisage l’entrepreneur d'une façon propre et
souvent différente. Les sensibilités actuelles ne se distinguent guère des précédentes.
Certains, comme P.B. DUFFY et H.H. STEVENSON (1984) et P. DRUCKER (1985), à
l'instar de J. SCHUMPETER, privilégient l'innovation, que l’on soit dans un contexte de
création d'entreprise ou d'intrapreneuriat. D'autres, tel que W.B. GARTNER (1990), dans
la lignée de R. CANTILLON ou de J.-B. SAY, s'intéressent à l'entrepreneur comme étant
celui qui assume les risques et la responsabilité de la mise en œuvre d'une nouvelle
entreprise.
Aujourd'hui, l'entrepreneur se confond généralement avec la petite entreprise. Il
n'est plus héroïque par des innovations majeures qui bouleversent la société. Il crée souvent
son propre emploi. Il est proche de ses clients, de ses fournisseurs, de ses financiers et de
ses partenaires locaux. Il s'inscrit dans un réseau complexe d'entreprises où il trouve sa
source d'innovation.

154
Entre les années 1960 et le milieu des années 1980, alors que les grandes entreprises ont perdu entre 4 et 6
millions d'emplois et le secteur public 5 millions, P. DRUCKER (1985, op.cit, p. 14) affirme que les Etats-
Unis ont créé quelques 40 millions d'emplois, essentiellement par les TPE/PME. Pour les 25 années suivant
les trente glorieuses, le développement économique de l'Amérique est certainement le fruit de la TPE/PME.
En France, de 1990 à 1994, les entreprises de 1 à 4 personnes ont créé 3,4 millions d'emplois, tandis que
celles de 100 à 500 salariés n'ont créé que 20 000 et que les entreprises de plus grande taille en perdaient (L.
BOYER, 1998, op.cit, p. 75). En 1995, les TPE et les PME françaises employaient respectivement 14% et
63% de l'emploi total (S. BOUTILLIER, D. UZUNIDIS, op.cit., 1999, p. 107).

82
2.2.2. Vers deux nouvelles figures d'entrepreneur

Il semble parfois plus facile de comprendre les motivations des premiers entrepreneurs
qui considéraient la réussite économique comme un objectif primordial. Aujourd'hui, la
rationalité des comportements des agents économiques est interpellée. Pour E. GIBERT
(1980, p. 6), l’entrepreneur ne peut plus être conçu comme un agent réagissant
mécaniquement au marché. Dans l'analyse, devenue célèbre, des rapports existants entre
l'éthique protestante et l'essor du capitalisme, M. WEBER (1964, p. 14 et 62) [1905] fait
remarquer que la recherche de plus en plus grande de profit n'a rien à voir avec le
capitalisme. Ce dernier, à juste titre dit-il, n'est pas le pur produit d'opérations financières.
Le profit n'est pas le seul but qui guide les hommes d'affaire, commente D.C. Mc
CLELLAND (1962, p. 100) ; la réalisation de soi apparaît également comme un but
recherché. Le profit est seulement une mesure qui indique la manière avec laquelle le
travail est accompli155. G. GILDER (1985, p. 15) note que les calculs d'optimisation de
profit tiennent peu de place dans la vie des entrepreneurs. A. MARSHALL (1971, p. 10)
[1906] distinguait les formes modernes de la vie économique des formes anciennes par ce
qu'il nommait "la liberté économique". Cette liberté peut mener à renoncer en partie à la
liberté individuelle lorsque l'association est une voie pour atteindre l'objectif voulu. Il s'agit
d'une motivation qui n'est pas complètement étrangère à la raison et à la loi économique.

L'entrepreneuriat ne trouve plus son explication dans une équation de profit et de gains
financiers. Les théories traditionnelles de l’économie se trouvent tronquées devant des
entrepreneurs qui ne sont pas entièrement "homo economicus".
Les changements intervenus dans toutes les sphères d’activité, la révision des modalités
de gestion des affaires publiques, la non satisfaction de certains besoins par l’Etat ou le
marché, la segmentation des besoins collectifs... ont conduit à l’apparition d’un nouveau
phénomène économique, l’entrepreneuriat socio-économique. Celui-ci s’insère dans
l’économie concurrentielle tout en s’appuyant sur les financements publics156. Ni public ni

155
"… But now the research I have done has come to businessman's rescue by showing that everyone has
been wrong, that is not profit per se that makes the businessman tick but a strong desire for achievement, for
doing a good job. Profit is simply one measure among several of how well the job has been done, but it is not
necessarily the goal itself".
156
En 1997, il existait en France entre 700 000 et 800 000 associations dont le budget global est estimé à 230
milliards de francs, dont 129 milliards de subventions publiques. On estime à 570 000 équivalent emplois à
temps plein (Ministère des Finances, "Notes bleues", n°146, 1998).

83
privé, il prend des formes variées, à savoir une entreprise sociale, une organisation à but
non lucratif, une association, une mutualité financière... L’essor de ce phénomène a amené
une nouvelle figure d’entrepreneur, l’entrepreneur social157.

Si l’entrepreneur peut être considéré comme celui ou celle qui prend des risques, associe
des ressources de manière cohérente et efficiente, innove en créant des nouveaux services,
produits ou procédés, son homologue "l’entrepreneur social, semble déployer les mêmes
compétences, à l’exception de la faculté de distribuer des bénéfices monétaires" (OCDE,
1998, p.130).
Evidemment, l'activité de l'entrepreneur social s'inscrit difficilement dans un cadre
public. Mais plutôt que d’invoquer les défaillances de l’Etat ou du marché pour justifier
son existence, sa démarche entrepreneuriale n’est pas très différente de l’entrepreneur
"classique". Le point de départ, le déclencheur de l’initiative, est la constatation d’un
besoin collectif, qu’il concerne un groupe social ou professionnel, une communauté
ethnique ou encore un territoire. Cependant son action s’exerce au profit de l’intérêt
général et de la richesse sociale. Par sa démarche éthique, sa contribution à la cohésion
sociale et au développement économique, il ajoute une valeur additionnelle à la production
des biens et services.
L’entrepreneur social est loin de s’essouffler. Les tendances actuelles font que les
organisations à but non lucratif innovent et restent compétitives dans l’élaboration et la
mise à disposition de biens et services de qualité et à moindre coût158.

Une autre figure de l'entrepreneur prend un énorme essor aujourd’hui. Elle est le produit
de l'explosion des nouvelles technologies de l'information et de la communication,
notamment Internet. Ce secteur est attractif car les coûts d'entrée sont faibles et le retour
sur investissement très élevé. Les pouvoirs publics consacrent de plus en plus de ressources
à la nouvelle économie159.

157
Depuis une vingtaine d'années, le secteur à but non lucratif suscite un intérêt grandissant de la part des
économistes, sociologues et juristes, mais commence à peine à susciter la curiosité des chercheurs en
sciences de gestion. La communauté scientifique, fait remarquer C. BRUYAT (1993, op.cit, p. 61), ne
semble pas opposée à une conception large de l'entrepreneuriat qui inclut le secteur non marchand.
158
L’avantage comparatif du secteur se mesure certainement par son aptitude à réduire les coûts de
transactions.
159
En 1999, l'ANVAR (Agence Nationale de Valorisation de la Recherche) a consacré 23% de ses
ressources, en subventions ou crédits, à des sociétés ou laboratoires actifs dans les nouvelles technologies de
l'information et de la communication (P. GUILLAUME, 2000, p. 40).

84
L'entrepreneur "virtuel", preneur de risque et très imaginatif, dans un "cyber-monde"
mouvant, prend l'esprit qu'a voulu J. SCHUMPETER (1935) [1911]. Il est innovateur, non
seulement capitaliste, mais aussi ingénieur de son exploitation, son directeur technique. Il
est le plus souvent tout à la fois acheteur et vendeur, et juriste des affaires courantes. Il est
"la tête de son bureau". L'aptitude à diriger et à organiser, chère à J.-B. SAY, n’est
certainement pas de mise pour un entrepreneur inséré dans une toile et des réseaux qui
irriguent la planète, dont le foyer est la domiciliation, l'ordinateur, le seul outil de travail et
sa personne, son unique employé.

2.2.3. Les principales figures d’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques

Le long chemin de l'entrepreneur est un parcours dans lequel il est possible de repérer
des temps forts, des changements dans la nature de l'activité. Notre voyage fait ressortir,
quelle que soit la figure qu’épouse l’entrepreneur, trois traits majeurs : le risque, la
direction et l'innovation. Ainsi, en s'appuyant sur ces trois caractéristiques principales,
la deuxième contribution de ce chapitre est de mettre en œuvre les diverses figures
d'entrepreneur qui ont marqué des tournants importants dans l'évolution de
l'histoire du capitalisme (figure 9).

Tout découpage est simplificateur. Cependant, la lecture de notre schéma ne doit pas se
faire par rupture, par palier, mais plutôt comme un itinéraire avec de possibles allers-
retours, où plusieurs figures peuvent coexister au sein d'une même époque, avec bien sûr la
dominance d'une figure pour chaque grande mutation.
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les marchands, les commerçants et les négociants
qui assument le risque de l'échange des produits et de la monnaie sont les principales
figures qui ont dominé l'activité économique. L'ingénieur-entrepreneur, innovateur et
dirigeant, a accompagné la révolution industrielle. Le manager (qui peut être un groupe
d'hommes) est l'agent de direction qui a symbolisé l'organisation du capitalisme managérial
jusqu'au milieu de la décennie 1970. L'innovation et la prise de risque ressurgissent avec
les exigences de création des petites entreprises. Le capitalisme entrepreneurial est
schématisé par l'entrepreneur "virtuel" et l'entrepreneur social qui répondent à des
marchés de plus en plus segmentés et mouvants.

85
RISQUE (financier et social)

CAPITALISME CAPITALISME
ENTREPRENEURIAL MARCHAND
Entrepreneur-virtuel Marchand, commerçant,
négociant

Entrepreneur-social

DIRECTION

CAPITALISME
MANAGERIAL
Manager

CAPITALISME
LIBERAL
Ingénieur-entrepreneur :
Manufacturier, technicien,
directeur de fabrique
INNOVATION

Figure 9 - Les principales figures d'entrepreneur selon les évolutions socio-


économiques

2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la


recherche

Force est de constater, suite à la revue de la littérature, qu’il n’y a pas de définition de
l’entrepreneur, et il ne peut y en avoir dans la mesure où il s’agit d’un concept en
continuelle métamorphose. Celui-ci a subi une longue transformation dont nous pensons
qu’elle n’est pas parvenue à son terme.

En l'absence d'une définition "universelle" de l'entrepreneur, nos choix théoriques nous


obligent à formuler notre propre approche du concept, afin de mieux asseoir notre
raisonnement et nos positions théoriques ultérieures. Cette approche doit être cohérente

86
avec l’acception que nous avons donnée du concept d’entrepreneuriat et notre
positionnement dans le champ de recherche160.

C'est en combinant le risque de J.-B. SAY et l'innovation de J. SCHUMPETER que


nous cherchons à comprendre l'entrepreneur. Pour nous, l'entrepreneur réunit et
emploie, de façon rationnelle, les diverses ressources pour concrétiser une
opportunité, en assumant les risques y afférents et en assurant la pérennité de son
organisation161. Il ne suffit pas de détenir une opportunité, il faut être capable de la faire
vivre et de lui assurer la continuité.

A partir de la décennie 1960, l’analyse de l’entrepreneur s’est étendue à d’autres


disciplines. En même temps que les analyses économiques, des approches prenant en
compte des dimensions psychologiques, sociologiques et managériales intégraient
graduellement le champ de l’entrepreneuriat. Les propos suivants en rendent compte.

2.3. L’intégration des approches interdisciplinaires : de l’analyse


statique et disjointe à l’analyse dynamique et contingente

Le "glissement" des analyses des sciences économiques vers d’autres disciplines qui
mettent en exergue d’autres "facettes" de l’entrepreneur, s’explique par au moins deux
arguments. La fin de la seconde industrialisation a induit des changements culturels et a vu
cohabiter la grande, la moyenne et la petite entreprise, avec une multiplicité
d'entrepreneurs aux traits différents les uns des autres. A cela s'est combiné un fait
académique qui a vu le champ de l'entrepreneuriat "envahi" par diverses disciplines,
notamment le management, la psychologie, la démographie sociale, la sociologie et
l'anthropologie. "Tous nos collaborateurs – économistes, anthropologues, sociologues,
politologues, spécialistes du monde de l'entreprise – …", remarque B. BERGER (1993, p.
1), "s'accordent pour l'essentiel à penser qu'il n'est plus possible de cerner la fonction
multiforme de l'entrepreneur dans le cadre unique de l'une ou l'autre discipline

160
Cf. supra., p. 29-30, "1.1.2. Le positionnement de la recherche : une perspective processuelle".
161
Le terme "organisation" est employé pour inclure l’entrepreneur social dans notre acception. Il désigne
l’entreprise, au sens classique, mais aussi les structures non marchandes (organisation non lucrative,
association, mutualité…).

87
traditionnelle…, ils partagent le sentiment qu'une appréciation globale du domaine en
question suppose un travail interdisciplinaire".

A quoi reconnaît-on les entrepreneurs ? La recherche de leurs traits majeurs peut se


faire dans une double perspective, théorique et empirique. Les traits qui caractérisent
l’entrepreneur sont variés et intéressent, parallèlement aux sciences économiques, plusieurs
disciplines.

2.3.1. D'une conjonction de caractéristiques…

J.-B. SAY (1972) [1803], par qui l'entrepreneur est véritablement entré dans la théorie
économique, écrit que dans l'exercice de son métier, l’entrepreneur rencontre des obstacles,
des inquiétudes et des malheurs. Autant de déconvenues à surmonter qui nécessitent de
l’intelligence, du calcul, de la prudence et de la probité. L’entrepreneur manifeste du
jugement et de la constance. Il est connaisseur des hommes et des choses. En fonction de
l'activité, ses capacités et ses connaissances sont variables.

A. MARSHALL (1971) [1906] définit deux agents de production, la nature et l'homme.


Le capital et l'organisation sont le fruit de l'homme aidé par la nature. Ils sont assis sur la
faculté que l'entrepreneur a de prévoir l'avenir et sur son désir d'y pourvoir. L'entrepreneur
est meneur d'hommes.

L’entrepreneur selon J. SCHUMPETER (1935, p. 125-126) [1911], grâce à une volonté


et une capacité particulière est le chef qui a une manière spéciale de percevoir la réalité des
choses. La particularité de l’entrepreneur tient à sa capacité d'aller seul de l'avant, de
combattre l'insécurité et les résistances et d'influencer autrui. Il obtient l'autorité et
l'obéissance. C'est en remplissant toutes, ou quelques-unes de ces caractéristiques, qu'il
arrive à exercer ses fonctions.

Dans la coordination des activités qui impliquent différents marchés, H. LEIBENSTEIN


(1968) suppose que l’entrepreneur a les capacités de découvrir des opportunités et de les
évaluer. Il interprète les informations pour conquérir de nouveaux marchés, techniques ou

88
produits, assume les responsabilités managériales les plus importantes et assure la
motivation des hommes.
Dans son remarquable ouvrage retraçant le parcours d'entrepreneurs hors du commun
aux Etats-Unis, G. GILDER (1985, p. 96) relève que les vertus traditionnelles les plus
célèbres de l'entrepreneur sont le goût de l'action, le sens de l'opportunité, le dynamisme
face à la concurrence et l'instinct de l'efficacité. Notre revue de la littérature moderne sur
l'entrepreneuriat révèle que les chercheurs prêtent aussi à l’entrepreneur la faculté
d’identifier et d’exploiter des innovations, la créativité, l'engagement personnel,
l’anticipation, la proactivité, l'adaptation, l'initiative, l’imagination, l’intelligence,
l'enthousiasme, l'énergie, le courage, la patience, la propension au risque, au changement et
à l'aventure, l’esprit de décision, la promptitude dans la réaction, les capacités
d’organisation, l'écoute, la souplesse, la confiance, la ténacité, l'honneur... Les
psychologues y ajoutent quelques traits parfois moins séduisants, comme le besoin de
domination, l'autonomie, l'indépendance, l'esprit de compétition, la défiance à l’égard
d’autrui, le désir d’être approuvé, la réalisation de soi, le refus de l'autorité… Ces
caractéristiques entrepreneuriales existent un peu partout dans la société. Elles
peuvent permettre une explication partielle des intentions, des actes et des
comportements des créateurs d’entreprise et des entrepreneurs.

Bien que les entrepreneurs présentent des caractéristiques communes, ils sont difficiles
à appréhender. Ainsi, il est apparu opportun dès le début des années 1970 de dépasser
le stade de la simple énumération de traits et facteurs qui semblaient qualifier
l'entrepreneur, pour élaborer des modèles sophistiqués de typologies d'entrepreneur.
Ceux-ci tentent de rendre compte des principaux mécanismes extra-économiques des actes
et des comportements des entrepreneurs, en les situant davantage dans des circonstances
contingentes.

2.3.2. … au dynamisme des typologies

L'approche typologique est intéressante car d'une part, elle affine l'approche fondée sur
la recherche d'une définition de l’entrepreneur et d'autre part, elle permet de mieux saisir
les points d'ancrage, les systèmes de pensée et de valeurs et de repérer des actes et des
comportements entrepreneuriaux susceptibles d'émerger dans des contextes spécifiques.

89
Sur le plan empirique, dès les années 1960, la littérature a tenté de classer les
entrepreneurs en fonction de leurs attitudes et aptitudes à manifester l’esprit d’entreprise.
Gestionnaires, psychologues, sociologues, ethnologues et spécialistes du comportement
humain se sont efforcés d’affecter les entrepreneurs dans des catégories. En la matière,
nous retrouvons pour les gestionnaires par exemple, les travaux sur l’analyse stratégique de
la petite entreprise. Ainsi, ont vu le jour d’innombrables typologies, établies presque
toujours à partir des caractéristiques psychologiques, sociologiques et managériales de
l'entrepreneur ou du créateur d’entreprise162.

Nous considérons qu’une typologie est un outil méthodologique résumant un


ensemble d'informations pouvant s'appliquer à un sujet ou un groupe de sujets. Elle a
d’après L.-J. FILION (1997, p. 138), l’avantage de présenter des repères non négligeables
à ceux qui aspirent entreprendre en vue de mieux se situer comme entrepreneurs potentiels.
Selon nous, la première typologie a été élaborée par J. SCHUMPETER (1935) [1911]
qui distingue deux catégories d’entrepreneur : "l'innovateur" et "l'imitateur". Ce dernier,
tout en reprenant l'innovation, l'aménage et l'adapte selon le marché visé. L'une des
premières typologies fondée sur le niveau d'éducation et de formation remonte à 1967,
selon J. LORRAIN et L. DUSSAULT (1988, p. 159). Elle est à l'actif de N.R. SMITH, et
distingue l'"entrepreneur artisan" et l'"entrepreneur opportuniste". Le premier manifeste
une forte compétence technique avec un faible niveau de formation. Il adopte une attitude
paternaliste et a une certaine aversion au risque. Le second, mieux formé, dispose de
nombreuses et diverses expériences. Il ne craint pas la perte de contrôle de son entreprise
car il est motivé par des considérations financières.

L’approche des typologies est très souvent faite dans une perspective de simple
narration, de rapprochement ou de groupement entre diverses typologies. Le troisième
apport de ce chapitre est de distinguer les dimensions statique et dynamique dans

162
H. DAVAL et alii (1999) ont recensé 25 typologies d'entrepreneur. A partir des caractéristiques qui les
composent, ils ont construit une grille de lecture en utilisant une démarche heuristique d'analyse. Dans une
première étape, ils ont défini cinq catégories centrales de caractéristiques entrepreneuriales qui intègrent de
façon organisée les informations recueillies et permettent de comprendre et de classifier les différents
entrepreneurs. Trois d'entre elles sont propres à l'individu (histoire, aptitudes, besoins) et deux sont liées à
l'action de l'entrepreneur sur son organisation (politique générale de l'entreprise et management).

90
l’élaboration des typologies d’entrepreneur. Cette distinction souligne l'intérêt qu’il y
a à aborder l’entrepreneur et son activité dans une perspective processuelle163.

2.3.2.1. Les typologies statiques

Par statisme, nous entendons une linéarité et une discontinuité au sein d’une même
typologie d'entrepreneur. Il n y’a pas de "passerelles" entre les différents types d’une
même typologie, c’est-à-dire pas d’évolution envisagée d’un type à un autre.
Dans une étude qui a porté sur soixante créations d'entreprise entre 1955 et 1970, J.
LAUFER (1975) distingue quatre types d'entrepreneur en fonction de leurs motivations
psychologiques et de leurs comportements économiques :
9 "le manager ou l'innovateur" orienté vers la croissance et ses exigences. Il n'est pas
inquiet quant au partage du pouvoir et à la délégation des responsabilités. Il a été formé
dans de grandes écoles et a acquis une solide expérience dans de grandes entreprises ;
9 "l’entrepreneur propriétaire" pratique un mode de gestion paternaliste. Il est très
concerné par la croissance de son entreprise dans la mesure où cela ne menace pas son
autonomie financière. La création de son entreprise est une insatisfaction liée à son
ancien emploi où il évoluait dans une relation de subordination. Il a connu un échec
scolaire ou des débuts professionnels perturbés ;
9 "l’entrepreneur technicien" refuse le développement de son entreprise de peur de
perdre son pouvoir. Cependant, il recherche la productivité et l'efficacité. Il a fait l'objet
d'une crise professionnelle ou psychologique ;
9 "l’entrepreneur artisan" n’éprouve pas de joie dans l'exercice du pouvoir. Il ne se
reconnaît pas comme un véritable entrepreneur. Il est animé par une volonté profonde
d'autonomie car son indépendance est plus importante que la réussite économique.
L'entreprise doit s'adapter aux besoins familiaux car il ne voit pas d'avenir en dehors du
cercle familial.
L'auteur arrive à la conclusion que la motivation qui forme un élément de la
personnalité de l'entrepreneur, est identifiable dès la constitution du projet de création
d’entreprise. Elle conditionnera l'évolution ultérieure de l'entreprise.

163
Les typologies ci-dessous, statiques et dynamiques, sont exposées dans un ordre chronologique. Par
contre, l’évolution des constructions typologiques, du statisme au dynamisme, s’est faite dans un processus
non chronologique.

91
J. LORRAIN et L. DUSSAULT (1988) se sont intéressés à des entreprises
manufacturières établies depuis un semestre environ, dans quatre régions du Québec. Ils
confirment la validité empirique des typologies fondées sur des caractéristiques
psychologiques, mais aussi sur des comportements de gestion qui conditionnent l'évolution
de l'entreprise. Ils discernent deux groupes majeurs d'entrepreneur, les "artisans" et les
"opportunistes"164. Ces derniers ont un niveau de formation élevé conjugué avec une bonne
expérience dans le domaine de la gestion. Ils s'impliquent plus que les "artisans" dans les
différentes fonctions de la gestion. Celle-ci s'en trouve plus équilibrée.
S. BOUTILLIER et D. UZUNIDIS (1995, p. 86-88) opposent "l’entrepreneur
révolutionnaire" à "l’entrepreneur routinier". Le premier est adepte de la nouveauté et du
changement. Il a un capital "connaissance" élevé. L'innovation le guide dans son activité.
Le partage du capital ne l'effraie pas. Le second est solidaire, jaloux de son indépendance
et très peu tenté par le bouleversement de l'ordre établi.

H.H. STEVENSON (1998) met aux antipodes deux entrepreneurs165 :


9 "le promoteur" se caractérise par une forte confiance en soi. Constamment à l'écoute de
son environnement, il a l'aptitude à saisir et à exploiter une opportunité
indépendamment des ressources dont il dispose (management entrepreneurial). Fort de
son intelligence, son énergie et son expérience, il est enclin à réagir vite. Ce n'est pas sa
capacité d'action qui est en cause, mais sa constance dans l'engagement. Par une
structure hiérarchique horizontale, il s’informe de l’avancement des projets par des
contacts directs avec ses salariés. Créatif et innovateur, il accepte un risque plus
important dans la mesure où il essaie de maximiser la création de valeur avec le moins
de ressources possibles ;
9 "le gestionnaire" stimulé par le contrôle et l'utilisation efficace des ressources
disponibles (management administratif), met plus de temps à se décider et engage plus
de ressources. Il semble plus stable dans les choix qu'il effectue en établissant une
structure hiérarchique formelle dans la délégation du pouvoir et des responsabilités.

164
Remarquons que cette typologie est similaire à celle de N.R. SMITH.
165
Cette typologie a été déjà développée en 1985 par l’auteur lui-même en collaboration avec D.E.
GUMPERT (Cf. H.H. STEVENSON, D.-E. GUMPERT, 1985, p. 23-33).

92
L’auteur affirme cependant, qu'une large variété de comportements managériaux existe
entre les deux types d’entrepreneurs. Naturellement, plus l'individu se rapproche du
"promoteur", plus il est doté de l'esprit d'entreprise.

Plusieurs chercheurs se sont intéressés à la relation entre les différents types


d'entrepreneur et l'évolution de l'entreprise et de son management. Cependant, aucun d’eux
n'a souligné le changement du comportement de l'entrepreneur qui induirait le passage, au
sein d'une même typologie, d’un type d’entrepreneur à un autre. P.-A. JULIEN (1994) dans
une remarquable rétrospective de la littérature, a bâti une typologie qui a ouvert dans le
processus - non chronologique - de construction des typologies, la voie à la prise en
compte de la dimension dynamique.

2.3.2.2. Les typologies dynamiques

Les chercheurs qui ont introduit l’aspect dynamique ont le mérite de souligner encore
une fois, que l'entrepreneuriat n'a pas d'autres angles de compréhension et
d’explication qui soient extérieurs au "processus". Les modèles de croissance, de la
petite entreprise notamment, prescrivent qu’au fur et à mesure qu’elle grandit, l’entreprise
exige des changements organisationnels. Conséquemment, ceux-ci impliquent des
changements dans le profil du dirigeant. Les "mutations" entre divers types d’une même
typologie peuvent émaner de l’entrepreneur lui-même, ou être provoquées par des facteurs
tels que la croissance du marché ou la découverte de nouvelles opportunités.

P.-A. JULIEN (1994) distingue, à cet égard, quatre principaux types de chefs
d’entreprise :
9 "l’entrepreneur" qui réunit les qualités d’innovateur, de preneur de risque et
d’organisateur ;
9 "l’innovateur", peu animé par le risque ;
9 "l’entrepreneur technicien", gestionnaire recherchant une performance moyenne et
stable ;
9 "le manager ou le professionnel", guidé par le souci de performance de son
organisation. Ses objectifs sont arrêtés et ses produits stabilisés.

93
L’auteur remarque que ces typologies présentent une forte normativité. Avec le
développement de l’entreprise, le profil du dirigeant évolue. "L’innovateur" devrait
particulièrement se transformer en "manager" dans le souci d’une meilleure performance.

P-A. JULIEN et M. MARCHESNAY (1996) ont construit une typologie d’entrepreneur


en s’appuyant sur la détermination des buts économiques qui pouvaient affecter de façon
majeure ses choix stratégiques. Au regard de ces objectifs, ils ont intégré les composantes
personnelles et sociales des entrepreneurs. Leurs investigations dans la littérature font
ressortir trois buts économiques : la recherche de la pérennisation et de la survie, la
recherche de l’autonomie de décision et enfin, la recherche de la croissance et du pouvoir.
Ainsi deux types d’entrepreneur nommés "PIC" (Pérennité, Indépendance, Croissance) et
"CAP" (Croissance, Autonomie, Pérennité) sont décrits.
Le premier est animé par une logique d’accumulation du patrimoine ; son objectif
principal est la pérennisation de son entreprise. Le désir d’indépendance se manifeste par
une volonté de détenir le capital social et d’éviter l’endettement long. Le second est guidé
par la valorisation rapide des capitaux engagés. Le "CAP" est davantage préoccupé par des
problèmes d’autonomie de décision que d’indépendance patrimoniale. Il n’hésite pas à
intégrer des fonds extérieurs, tout en gardant l’indépendance décisionnelle. Peu motivé par
la recherche de la pérennité de son entreprise, il préfère les investissements immatériels.
Un "CAP" peut évoluer vers un "PIC" lorsque son entreprise se retrouve dans une activité
mûre.
Les deux auteurs précisent qu’il s’agit d’une systématisation et non d’une idéalisation
des réalités observées. Ils reconnaissent les propres limites de leur apport. En effet, cette
classification bute sur les mêmes objections que les autres typologies car elle ne représente
que des situations extrêmes. Cependant, elle a le mérite de faire apparaître les incohérences
dans les buts des propriétaires-dirigeants et de mettre en exergue les conflits d’objectifs
entre les détenteurs du capital.

L.-J. FILION (1997, p. 145) a bâti une typologie dynamique représentant six cas de
figure :
9 "le bûcheron" : type le plus courant des propriétaires dirigeants. Grand travailleur, il se
met à son compte car il est convaincu que c’est la seule voie de recevoir son véritable
dû. Ambitieux, il délègue rarement les responsabilités car il est insatisfait du travail de

94
ses collaborateurs. Sa culture organisationnelle est axée sur la production. S'il réussit, il
pourra évoluer vers le "missionnaire" ;
9 "le séducteur" : doté d'un fort réseau relationnel, il est le champion de l'achat et de la
reprise d'entreprise. Il a les capacités d'évaluer autant les forces et les faiblesses que le
marché potentiel d'une entreprise. Il aime que les choses se fassent rapidement. Il
risque fort de devenir un "sportif" ;
9 "le sportif" : issu d'un milieu aisé et parfois d'une famille entrepreneuriale, il pratique
une discipline sportive car il juge ceci comme une activité vitale. Son entreprise qu'il
regarde par moment comme une contrainte nécessaire, représente l'autonomie
financière qui lui permet de se donner aux activités de loisir qui l'intéresse. Peu motivé,
il travaille en suivant des pics d'activité ;
9 "le vacancier" : il a un emploi "officiel" qu'il conserve par besoin de sécurité. Pour la
réalisation de soi, il consacre toute son énergie et son temps pour développer sa petite
entreprise. Il met beaucoup de temps pour prendre et articuler des décisions
stratégiques. Il peut se transformer en "bûcheron" ou en "converti". Mais il manifestera
inexorablement des tendances de "sportif", car il aura acquis un double mode de
fonctionnement ;
9 "le converti" : enfin, il a sa propre entreprise qui lui permettra de se réaliser. Véritable
obsession, il est impliqué de façon très émotionnelle dans ce qu'il croit être une tâche à
but social. Il délègue très peu car il aime le contrôle. Il pourrait devenir
"missionnaire" ;
9 "le missionnaire" : "converti" mature, il est convaincu de l'utilité sociale de sa mission,
mais avec moins d'implications émotives. Le plus souvent, il est l'unique maître
d'œuvre de l'entreprise qu'il a créée. Celle-ci, à l'image de la représentation qu’il se fait
de la famille, est le lieu où les individus évoluent de façon harmonieuse,
individuellement et collectivement pour réaliser les meilleures performances.
Passionné, il connaît bien son produit ainsi que ses débouchés. Il délègue dès que
l'occasion se présente et est ouvert à toutes les propositions. Réaliste dans la pratique
des affaires, il est moins intéressé par la croissance que par la gestion des hommes. Il se
consacre à communiquer et à motiver le personnel en donnant lui-même l'exemple.

95
En insistant sur les défauts habituels de toute typologie (simplification excessive,
grosseur des traits…), E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 81-85) distingue dans une
dichotomie "Croissance-Autonomie", quatre catégories principales de créateurs :
9 "le Manager" : a un comportement proche de celui d'un cadre de grande entreprise.
Instruit, il crée son entreprise dans une nette volonté de pouvoir. Il désire franchir
rapidement les étapes successives de développement. Il peut devenir "entrepreneur" ;
9 "l'Entrepreneur" : recherche comme le précédent la croissance, mais celle-ci doit être
maîtrisée financièrement. Travailleur infatigable, moins instruit, il délègue moins que
le "Manager". Il "a une revanche à prendre sur la vie" ;
9 "l'Artisan-TPE" : l'artisan et le Très Petit Entrepreneur ont moins de dix salariés. Ils
maîtrisent parfaitement un métier ou une technique de production. Déléguant peu dans
un esprit paternaliste, leur structure est très informelle. Ils recherchent avant tout
l'indépendance. L'"Artisan-TPE" peut évoluer vers la catégorie des "Entrepreneurs". Il
aura alors beaucoup de difficultés à déléguer ;
9 "l'Exclu" : proche du "Manager", il est chômeur et veut créer son propre emploi en
créant son entreprise. Cette dernière connaît une structure informelle. L'"Exclu" qui
provient du monde ouvrier peut rejoindre "l’Artisan-TPE". Celui qui occupait un
emploi de cadre peut devenir "Manager". Pour l'"Exclu" qui considère la création
d'entreprise comme "une véritable révélation", il rejoindra la catégorie des
"Entrepreneurs".

Bien peu d’individus réunissent les qualités pour assumer des fonctions
entrepreneuriales. Si l'entrepreneur qui réussit se fait rare, commente J.-B. SAY (1972, p.
375) [1803], c'est parce que ses qualités sont difficilement réunies chez une seule personne.
"La condition de capacité borne le nombre de gens qui offre le travail d'un entrepreneur".
A. MARSHALL (1971) [1906] note que les qualités pour faire un entrepreneur idéal sont
si nombreuses, que peu de personnes en sont dotées. H. LEIBENSTEIN (1968) fait
remarquer que les qualités entrepreneuriales sont un talent rare et pas toujours réunies en
un seul individu ou au sein d'une même entreprise.
J.R. SIMPLOT, cultivateur et fils de cultivateur, devenu milliardaire et empereur de la
pomme de terre surgelée, qui reçut des Etats-Unis le témoignage de la plus haute
reconnaissance, confia à G. GILDER (1985, p. 13) que "Sur les entrepreneurs, sur leur
personnalité et sur leur action, il n'y a ni idée généralisable ni prévision possible. Ce sont

96
parfois des savants, parfois des artistes, parfois des artisans ; le plus souvent ce sont des
chefs d'entreprise".
Dans le même esprit, P. DRUCKER (1985, p. 50) conclut après plusieurs années
passées dans le monde des affaires que "… En plus de vingt ans de carrière, je n'ai pas
rencontré une seule personnalité d'entrepreneur. J'ai en revanche vu des individus de
personnalité et de tempérament les plus divers réussir parfaitement dans leur démarche
d'entrepreneur".
La distinction entre entrepreneurs, non-entrepreneurs ou managers a toujours guidé les
chercheurs qui s’intéressent aux traits de personnalité (R.A. BARON, 1997166 ; D.W.
NAFFZIGER et alii, 1994, p. 29-32167). Mais constate W.B. GARTNER (1988), il y a
moins de différence en comparant les entrepreneurs entre eux, qu'en essayant de comparer
les entrepreneurs et les "non-entrepreneurs". Les typologies se contentent de proposer des
"prototypes" d’entrepreneur en privilégiant quelques caractéristiques jugées essentielles
par type de problème, et souvent par discipline de recherche168.
Nous constatons avec les auteurs ci-dessus qu’il n’existe pas d’idéal-type
d'entrepreneur. Cependant, l’approche typologique nous aide à mieux appréhender les
principaux acteurs de l’entrepreneuriat : les créateurs d’entreprise et les entrepreneurs. Sa
dimension dynamique a le mérite de retracer de façon plus fidèle la genèse de l’activité
entrepreneuriale. Nous ne serons pas étonnés de voir les travaux à venir abandonner
les typologies statiques.

Conclusion du chapitre 2

La décennie 1980 restera celle du renouveau de l’entrepreneuriat. L’entreprise


individuelle constitue pratiquement la moitié de la totalité des créations d’entreprise en
France durant ces dernières années. Elle se confond et s’identifie, temporairement ou

166
"A key question in entrepreneurship research has long been "Why do some persons choose to become
entrepreneurs while others do no?… The basic premise underlying such research was simple : entrepreneurs
are different from other persons with respect to certain traits ".
167
"The search for personality differences between entrepreneurs and non-entrepreneurs was pursued by
numerous researchers in the early 1980s… Early research in the field of entrepreneurship sought to
determine what personality characteristics distinguished entrepreneurs from non-entrepreneurs,
entrepreneurs from managers in large firms, and successful entrepreneurs from unsuccessful entrepreneurs".
168
Les résultats empiriques sont par moment contradictoires. Les caractéristiques retenues n'ont pas le même
poids et la même signification selon la culture, le secteur d'activité, l'expérience personnelle, l’histoire
entrepreneuriale, …

97
définitivement, avec l’entrepreneur. L'innovation ne peut se réaliser que si elle émane d'un
entrepreneur qui prend des risques et qui organise son développement, bref, qui
"entreprend". L'entrepreneur, c'est l'essence ou le cœur même de l'entrepreneuriat.

La conception de l'entrepreneur a évolué avec le temps, en parallèle avec la complexité


et la complexification de l'organisation et de l'activité économique. L’entrepreneur ne peut
être véritablement compris et analysé qu’en dépassant les hypothèses de base de l’école
néoclassique. Il faut passer du comportement rationnel de l’équilibre statique vers une
représentation évolutionniste prenant en considération l’imperfection de l’information et la
complexité de l’entreprise. C’est dans cette voie, concluent B. CORIAT et O.
WEINSTEIN (1997, p.17), que se sont développées les analyses qui visent à rendre compte
de la réalité de l’entreprise moderne.
Les changements sociaux et économiques conditionnent les comportements et les
activités de l'entrepreneur. Mais aussi, par sa créativité et son innovation,
l’entrepreneur suscite l'activité économique et interpelle les chercheurs afin de mieux
le saisir. Les faits sociaux et économiques de ces trente dernières années le projettent aux
devants de la recherche académique. Revenu au cœur des préoccupations des acteurs de la
vie sociale et économique, il est l’objet d’un ensemble d’interrogations majeures de la part
des théoriciens de diverses disciplines, de l’Economie et de la Gestion notamment. Il
retient l’attention et devient un objet d’analyse de plus en plus étroit.

En décrivant l'entrepreneur, la recherche voulait, à partir de la décennie 1960, étendre le


cadre théorique dans le champ de l’entrepreneuriat à d'autres disciplines. La
compréhension de l'entrepreneur et de ses comportements de management s'est faite au
départ sous une simple forme de conjugaison de caractéristiques, avant d’évoluer vers des
typologies.
Il est essentiel de ne jamais figer ces dernières, et donc de les concevoir avec beaucoup
de souplesse et de flexibilité. Les typologies, en surpassant la description de l'entrepreneur
au sens d'acteur individuel, intégreront à un degré croissant les facteurs psychologiques,
sociologiques et managériaux qui régissent le processus entrepreneurial. Nous pensons
que les typologies futures qui verront l'essor du net-entrepreneur et de l'entrepreneur
social, s'intéresseront moins aux possibilités de réalisation de profit.

98
Et si nous devions "prendre partie" dans l'élaboration des typologies, il en existerait
deux pour nous. La typologie des individus qui créent les événements ou qui se demandent
ce qui a bien pu produire ceux qu'ils n'ont pas provoqué, et celle des individus qui
regardent ces mêmes événements en spectateurs. "Ainsi la tâche n’est point de contempler,
mais de méditer comme personne n’a encore médité sur ce que tout le monde a devant les
yeux" (Arthur SCHOPENHAUER). Les entrepreneurs appartiennent indéniablement à la
première typologie.
Cependant, quels que soient les progrès dans la construction dynamique des
typologies, ceux qui épousent le chemin de l’entrepreneuriat resteront hétérogènes. Il
n'existe aucun type idéal garantissant l’acte d’entreprendre ou le succès d'une entreprise.
On n'a pas établi, écrit L.-J. FILION (1997, p. 138) "un profil psychologique scientifique
absolu de l'entrepreneur". Les facteurs clés de passage à l’acte, les moyens à mobiliser et
les apprentissages à réaliser sont différents. La diversité des porteurs de projets, des
créateurs, de leurs buts et de leurs projets rend vaine la recherche d'un modèle
général de l’entrepreneur. Toute tentative pour dresser un profil-type de porteur de projet
ou de créateur d’entreprise, est vouée à l'échec.

Enfin, quelles que soient les oppositions de la théorie, et parfois ses contradictions, il
convient de ne pas oublier que les entrepreneurs existent et agissent presque toujours sans
tenir compte de la théorie (E. GIBERT, 1980, p. 6). Aujourd’hui encore, il sont toujours les
créateurs, les aventuriers des temps modernes. Ils continueront certainement, et pendant
longtemps, à occuper les esprits curieux.

Le troisième chapitre s’intéresse au processus entrepreneurial amont. Nous expliquons


des mobiles et des facteurs contingents qui peuvent guider les individus et favoriser leur
cheminement au sein de ce processus, notamment dans ces phases intentionnelle et d’acte
de création.

99
Chapitre 3 - Le processus entrepreneurial amont : mobiles et facteurs
contingents

"Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer".
Guillaume D’ORANGE

Nous avons mentionné au premier chapitre que l’entrepreneuriat est un processus qui se
décompose en plusieurs phases (propension, intention, décision, acte, comportements :
entrepreneuriaux ou non)169. Si ce dernier demeure "un phénomène hétérogène
correspondant à des logiques diverses et évolutives aux limites floues, éphémères et
difficilement repérables dans le temps" (C. BRUYAT, 1993, p. 110), il est possible
néanmoins d’identifier au sein de ce processus, notamment dans ses phases intentionnelle
et d’acte (de création), des mobiles et des facteurs contingents susceptibles de nous
éclairer sur la formation de l’intention entrepreneuriale.

Ce chapitre prolonge les réflexions personnelles et la quête d’éléments de l’état de


l’art susceptibles de nous guider dans la construction de notre modèle de l’intention
entrepreneuriale. Nous traitons tout d’abord des mobiles économiques, psychologiques et
socioculturels qui renseignent sur les motivations qui animent les individus au cours
du processus entrepreneurial amont, notamment dans sa phase intentionnelle. Pour
donner un ancrage opérationnel à cette dernière, ce chapitre a aussi pour objet de rendre
compte des facteurs contingents qui influencent les individus au cours de ce processus. En
effet, l’expérience professionnelle peut augmenter les aptitudes entrepreneuriales des
individus170 ; l’ancrage territorial et les systèmes d’appui et de soutien à la création
d’entreprise peuvent agir favorablement sur les perceptions de disponibilité des
ressources (financières, informations et conseils, logistiques)171 et par là même, renforcer
l’intention, voire la concrétisation de l’acte de création.

169
Cf. supra., p. 47-50, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus entrepreneurial".
170
Pour notre acception du concept d’aptitudes entrepreneuriales, cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions
des aptitudes entrepreneuriales".
171
Cf. infra., p. 201, "6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources ".

100
3.1. L'imbrication des mobiles du processus entrepreneurial

Comprendre et analyser des mobiles qui se manifestent chez les individus au cours du
processus entrepreneurial amont, nous renseigne sur certaines variables
motivationnelles et situationnelles qui peuvent influencer l'intention, et
éventuellement l’acte de création. Les mobiles sont inhérents à l'individu, conformes à sa
personnalité, à ses intérêts et parfois à son projet d'entreprise. Ils sont de différentes natures
et présentent une importance variable. Nous distinguons les mobiles économiques,
psychologiques et socioculturels172.

3.1.1. Les mobiles économiques

La séparation de l'activité économique du reste des phénomènes sociaux constitue l'acte


de naissance des sciences économiques. Bien que les économistes abordent dans la théorie
des marchés les influences réciproques entre les individus, leur analyse part, selon B.
BERGER (1993, p. 16), de cet être "sans culture et sans psychologie". Traditionnellement,
les économistes considèrent l'activité entrepreneuriale comme le produit de situations
économiques particulières. Entreprendre serait profiter des occasions de faire des bénéfices
que d'autres auraient négligées. Pour les marginalistes, la recherche du profit maximum
est la motivation principale conduisant un individu à la création d'une entreprise.

Le gain matériel a toujours guidé l'homme dans son activité. Mais si la détection des
perspectives de rémunération et de profit est souvent présentée comme une composante
essentielle, elle n’est pas toujours la motivation unique et suffisante dans le processus
entrepreneurial amont173. Pour A. MARSHALL (1971, p. 69 et 108-112) [1906],

172
L’ordre de présentation de ces mobiles n’est pas fortuit. Economiques d’abord, pour signaler que les
premiers penseurs en entrepreneuriat, exclusivement économistes, n'ont pas ou peu cherché d'explications
externes à l'acteur lui-même. Psychologiques ensuite, pour marquer le tournant pris au début des années 1960
dans la pensée entrepreneuriale qui met en relief les caractéristiques psychologiques. Enfin socioculturels,
pour indiquer l’importance de l’environnement dans le processus entrepreneurial.
173
A ce propos, nous faisons état des deux grandes logiques de création d’entreprise, la logique
entrepreneuriale volontaire, et la logique d’insertion sociale, forcée ou subie. C'est ce que L.-J. FILION
(1997, op.cit, p. 153) appelle respectivement l'entrepreneuriat des "volontaires" et l'entrepreneuriat des
"involontaires". Dans le premier cas, il est question de saisir une opportunité, et dans le second de la
nécessité de résoudre le problème de l’emploi que l’individu a renoncé de chercher par ailleurs. C’est dans
une période de chômage élevé et le désarroi de ne pas trouver un emploi que l’acte d’entreprendre devient
une issue incontournable dans une logique d’insertion sociale.

101
l'économie politique moderne fait preuve à l’origine d’une étroitesse d'esprit en considérant
la richesse comme une fin, plutôt que comme un moyen de la vie humaine. L'économie
politique, par le biais de grands penseurs note-t-il, avait déjà pris conscience que les
mobiles de l'action humaine ne se limitent pas à une équation de gains. I.M. KIRZNER
(1976) [1960] signale que le processus de marché suppose l'existence d'éléments qui ne se
laissent pas appréhender dans un cadre économique rationnel. Aujourd'hui, tous les auteurs
intervenant dans le champ de l'entrepreneuriat s'accordent à dire que le mobile économique
n'est pas le seul qui détermine le processus entrepreneurial amont dont l'ultime phase est
l’acte de création. Il est difficile de réduire ce processus aux algorithmes de
maximisation de gains.

La libre entreprise n'est pas seulement attirante parce qu’elle apporte une possibilité de
gain supérieur (D. MUZYKA, 1998a, p. 15). Une enquête sur les entreprises suédoises,
réalisée en 1989, a montré que 16% seulement des entrepreneurs pensaient que le but
essentiel de leur réalisation était d’augmenter leurs revenus (OCDE, 1998, p. 44). Plus
récemment, il ressort qu'un quart seulement des créateurs de la Communauté Européenne
recherchent l'attrait du gain (CCI Paris, 1999, p. 20). D’autres considérations que nous
exposons dans ce qui suit entrent en jeu dans l’acte d’entreprendre.

3.1.2. Les mobiles psychologiques

L’interdisciplinarité des approches dans le champ de l’entrepreneuriat induite


notamment par la fin de la seconde industrialisation et le changement des modes de vie,
explique que les chercheurs mettent en avant d'autres éléments pour comprendre le
processus entrepreneurial amont. D'ordre psychologique, les mobiles sont parfois
synonymes d'un bouleversement dans la vie quotidienne. Cependant, J. SCHUMPETER
(1935)174 [1911] insistait déjà sur les aspects psychologiques pour décrire l’entrepreneur. Il
le présente comme un joueur qui va à l'encontre des pratiques et des idées reçues. L’auteur
recense plusieurs mobiles qui peuvent expliquer l’acte entrepreneurial. Primo, il y a le rêve
et la volonté de bâtir un royaume, un empire qui procure un sentiment de puissance et de

174
Il est avec l'école autrichienne, l'une des exceptions "économistes" qui dépasse le cadre interprétatif
traditionnel des sciences économiques.

102
propriété. Secundo, vient la volonté d’élévation sociale. Rien ne peut mieux stimuler
l'énergie et l'initiative d'un homme que l'espoir de pouvoir progresser dans la vie. Le
troisième groupe de mobiles qui se rencontre par ailleurs, tient dans le fait de donner forme
à une entité économique et de la diriger.

Le nombre de paramètres caractérisant l'entrepreneur a augmenté depuis l'avènement de


l'approche comportementale. La prégnance des psychologues dans le champ de
l’entrepreneuriat a fait émerger de nouveaux facteurs (motivations, représentations,
valeurs, perceptions, attitudes…) pour comprendre le processus entrepreneurial
amont. Parmi les mobiles psychologiques que nous avons esquissés lors de notre analyse
des caractéristiques de l'entrepreneur175, nous insistons sur ceux que nous pouvons qualifier
de "rupture psychologique"176.
Pour qu'un homme s’oriente vers le chemin de l’entreprise, il faut qu’intervienne dans
sa vie une forte pulsion psychologique ou un bouleversement de son environnement. A.
SHAPERO (1975) observe que les créateurs/repreneurs d'entreprise ont subi un "choc"
dans leur vie privée ou professionnelle qui a éveillé en eux le désir d'entreprendre. Dans la
formation d'une personnalité d'entrepreneur coïncident souvent une certaine
marginalisation, des difficultés à être accepté, une insécurité sociale, une négligence, une
éviction de la vie socio-économique, une crise, une véhémence, une rupture ou une
insatisfaction au travail177. Ceci consiste souvent en une trahison, un divorce, une
séparation familiale ou encore une immigration.
Cette dernière est un bouleversement qui peut aider à transcender des barrières que l’on
rencontre au sein du processus entrepreneurial amont (R.H. BROCKHAUS, 1982, p. 53 ;
P. DAVIDSSON 1995). Pour certains immigrés et certaines minorités ethniques, l'acte de
création est l'aboutissement d'un processus pour des groupes de statuts inférieurs. Les
conditions de vie et le racisme ne leur ont pas donné par ailleurs une reconnaissance

175
Cf. infra., p. 88-89, "2.3.1. D’une conjonction de caractéristiques…".
176
C'est ce que A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, op.cit, p. 79), comme nous le verrons dans l’exposé de
notre cadre théorique au chapitre 5, nomment les "déplacements" positifs et négatifs ("pushs and pulls") (Cf.
infra., p. 162-165, "5.1.1. Le cadre général de la recherche : le modèle de la formation de l'événement
entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, op.cit.)".
177
A. GUPTA (1993, p. 63) dans son étude sur les entrepreneurs indiens énonce très bien ce que peut être
une déception professionnelle qui pousserait un salarié à se mettre à son compte : "Nous avons connu des
experts-comptables qui ne supportaient plus la comptabilité, des cadres de publicité qui rongeaient leur frein
dans une agence dirigée par d'autres et des architectes lassés d'être envoyés par leur patron pour vérifier sur
leurs chantiers le bon fonctionnement des robinets et la propreté des lavabos".

103
sociale et une perspective professionnelle (W.G. DYER, 1994, p. 10178). Le dynamisme du
marché du travail américain est renforcé par l’immigration. Celle-ci est largement
représentée parmi les créateurs d’entreprise. L'exemple des communautés coréenne,
cubaine, italienne, iranienne ou juive est édifiant (A. SHAPERO, L. SOKOL, 1982, p. 80).

Le futur entrepreneur a été prématurément arraché à une existence "normale". La


rupture entraîne un sentiment de culpabilité, un état d'angoisse, et finalement un besoin
irrésistible et une volonté implacable pour réussir. Pour illustrer notre propos, nous ne
pouvons nous empêcher, encore une fois, de reprendre les récits de G. GILDER (1985, p.
13). En résumant les faits psychologiques qui guident les individus au cours du processus
entrepreneurial vers l’acte de création, il écrit : "Beaucoup ont fui la maison et la famille
natale pour des terres lointaines, et ont été blessés par la perte qu'ils infligeaient aux
autres comme à eux-mêmes ; mais ils se battent maintenant pour cicatriser leur blessure et
justifier leur action. Des immigrés se sentent orphelins de leurs pays et ils en tirent la
volonté de fonder une nouvelle dynastie. D'autres ont perdu leur père, ont dû très tôt le
remplacer, et ils tentent de jouer pour lui le grand rôle qu'il aurait pu tenir. S'ils sont laids,
ils sont plus forts que la beauté ; durs et sans pitié, ils donnent bonté et vérité. La plupart
sont des parias, des exilés, des orphelins de père, des exclus, et des combattants : ils ont
appris très tôt les leçons de la vie, subi l'expérience de la douleur, et connu les grandes
joies de la lutte… Connaissant les défaites, ils savent en tirer les moyens de la victoire.
Acceptant le risque, ils assurent la sécurité de tous. Assumant le changement, ils
apportèrent la stabilité économique et sociale".
Retraçant le parcours entrepreneurial de S. HONDA, G. GILDER (1985, p. 247) nous
présente le portrait de ce brillant pionnier de la construction mécanique : "Mais en cette
période d'avant-guerre (la deuxième) où il avait décidé d'essayer de produire un bon
segment de piston, et de se consacrer jour et nuit à l'étude et à l'expérimentation des
techniques de fonderie, il n'avait eu de l'homme de génie que les terribles sueurs, le joyeux
drille était devenu un ermite hirsute retranché dans son atelier, harassé, puant d'huile et
de transpiration, tandis que ses économies s'épuisaient, que ses amis s'inquiétaient, que
ses parents lui rappelaient les belles occasions qu'il manquait dans la réparation

178
"For example, certain ethnic groups - particularly immigrant groups such as Asian Americans and Jews –
were often discriminated against as they sought employment. Thus, they were compelled to seek their
livelihoods outside established organizations and began to create their own businesses".

104
automobile, et que lui-même portait les bijoux de sa femme chez le prêteur sur gages. Et à
cet emploi du temps qui ne laissait déjà guère de place au sommeil, le jeune homme sans
instruction finit par ajouter des cours à l'école technique d'Hamamatsu, où son idée de
fabriquer des segments fit au début rire son professeur".

Cependant la reconnaissance des mobiles individuels ne doit pas conduire à négliger le


poids des contraintes et des influences sociales et culturelles dans de le processus
entrepreneurial, notamment dans ses phase intentionnelle et d’acte de création. La
religion, la famille et les amis, les libertés économique et politique peuvent influencer ce
processus.

3.1.3. Les mobiles socioculturels

Entreprendre, ou le vouloir, n'est pas seulement fonction de caractéristiques


individuelles prises isolément dans un environnement (N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL,
1994, p. 92)179. Les facteurs environnementaux et situationnels agissent de manière
contingente pour favoriser ou inhiber le processus entrepreneurial amont dans ses
différentes phases. "C'est le lien inextricable", note B. BERGER (1993, p. 9) "entre
activité entrepreneuriale et culture qui nous oblige à les associer sur le plan théorique"180.
Cette démarche se trouve à l'origine de l'incapacité des économistes à comprendre
l'élément radicalement social de l'esprit humain. Nous répartissons les mobiles
socioculturels selon qu’ils proviennent de la religion, de la famille, du cadre politico-
économique ou du système éducatif.

Les conditions socioculturelles constituent "le moule" dans lequel sont coulées les
capacités de chacun. Si le capital financier est indispensable à toute activité
entrepreneuriale, la culture et la religion fournissent le capital "spirituel". La religion est
sans doute l'influence culturelle la plus ancienne. La thèse de M. WEBER (1964, p. 34-

179
"Despite a focus on the potential entrepreneur, we fully recognize that entrepreneurial activity does not
occur in a vacuum. Instead, it is deeply embedded in a cultural and social context, often amid a web of
human networks that are both social and economic".
180
Pour B. BERGER (1993, op.cit, p. 25), la culture "englobe la totalité des manières de penser, de croire,
de comprendre et de sentir ainsi que les méthodes de travail, les modes de consommation, et, généralement,
les formes d'interaction sociale que partagent les membres d'un groupe déterminé".

105
36) [1905] qui privilégie la relation entre la religion protestante et l'essor du capitalisme,
souligne l'influence des valeurs éthiques sur l'environnement et la personnalité. L'éthique
religieuse agit sur la culture et la société, c'est-à-dire sur la conception du rôle de l'homme,
et celui des autres dans la vie économique. D’après M. WEBER (1964) [1905], le
développement de l’esprit du capitalisme trouve son origine dans la culture et l'éthique,
dans l'existence de systèmes de valeurs liées à l'initiative, à l'individualisme et à la volonté
de se dépasser. L'ascétisme, soutient M. WEBER (1964, p. 236) [1905], a constitué le plus
fort levier de l'esprit du capitalisme. A. GUPTA (1993, p. 55 et 93) conclut qu'il est
difficile de se défaire de la thèse de M. WEBER. La religion et les traditions culturelles,
constate-t-il, semblent avoir joué, partout en Inde, un rôle non négligeable dans
l'émergence de la culture entrepreneuriale.

La famille a été de tout temps le principal agent de socialisation (R.-J.


VALLERAND, 1994, p. 671). Elle porte en elle les valeurs économiques et sociales
capables d'influencer et d'inciter ses membres vers les voies de l’entreprise. La plupart des
études qui se penchent sur le milieu d'origine des entrepreneurs montrent que la famille
n'est pas étrangère au monde des affaires. H. LEIBENSTEIN (1968) note que les
entrepreneurs proviennent souvent de familles qui sont dans les affaires ou le commerce.
Celles-ci interfèrent dans le processus de création d’entreprise. La présence d'un parent ou
d’un ami entrepreneur, peut représenter un modèle pour ceux qui sont engagés au sein du
processus entrepreneurial.
Le "réseau primaire des connaissances" de l'individu prépare souvent le terrain à une
carrière d'entrepreneur. Il inclut souvent, en plus de la famille, les amis, les connaissances
scolaires et professionnelles… Bien qu'il fournisse des informations plus "générales", le
caractère personnel et informel de ce réseau fait qu'il est le premier et le plus souvent
consulté (P.-A. JULIEN, 1994, p. 203 ; R. RAIJMAN, 2001, p. 396). Il est une source
notable qui peut aider à franchir les nombreuses barrières à la création. Par moment, les
membres de ce réseau peuvent même s'impliquer directement dans le projet de création
d'entreprise181.

181
Dans les pays de la Communauté Européenne, 2/3 des créateurs d'entreprise se sont associés
principalement à la famille, à des amis ou à des collaborateurs (CCI Paris, op.cit, 1999, p. 11-17).

106
Le processus entrepreneurial exige l'existence d'une économie de marché. Celle-ci
implique la liberté économique. Avec un capital, si minime soit-il, chacun doit pouvoir
s'installer librement à son compte. Dans l'histoire du développement des grandes nations, à
divers degrés, l'Etat, par l’éventail des mécanismes fiscaux et institutionnels, a joué un rôle
important dans le développement de l’entrepreneuriat. Mais la libre entreprise favorisée par
les pouvoirs publics ne trouve pas toujours un terreau fertile pour l’innovation et la prise de
risque. Des résistances sociales peuvent bloquer le cours du processus entrepreneurial.
Au début de la décennie 1990, le parlement algérien a voté plusieurs lois en faveur de la
privatisation et de l’initiative privée. La transition vers l'économie de marché a connu des
inerties et des oppositions manifestées par les diverses composantes syndicales, politiques
et associatives. Le capitalisme était rejeté et assimilé à la domination étrangère. Les
mentalités, ancrées dans la communauté des biens, n’étaient pas préparées. Les structures
mises en place au cours de décennies de dirigisme économique ont renforcé les aspects
bureaucratiques, anémié les capacités innovatrices et asphyxié le désir d’entreprendre.
Dans certains pays d’Europe de l’Est, le marché libre n’a été introduit que récemment.
La création d’entreprise représente un changement important par rapport aux anciens
schémas de comportement dans un contexte d’économie planifiée et centralisée, où
l’initiative privée était illégale et où l’Etat veillait (en théorie) aux besoins de chacun. Ainsi
en Russie, on découvrait une culture de méfiance, voire de ressentiment à l’égard de la
richesse et de toute activité entrepreneuriale. La conviction selon laquelle l'initiative privée
et le bénéfice sont des sources d'inégalité sociale est toujours présente dans les esprits.

La force des idées doit être telle qu'elle puisse donner aux individus et aux groupes la
possibilité de dépasser les obstacles de pratiques étouffant souvent le processus
entrepreneurial. Celui-ci exige la réalisation d’une deuxième condition, la liberté
politique. Il ne peut y avoir de libre entreprise sans règles de droit garantissant la liberté
des échanges, la protection des personnes et des biens. Liberté d’entreprendre et liberté
d’expression sont le socle du processus entrepreneurial amont.

Les facteurs psychologiques, l’environnement culturel, politique, social, économique et


religieux exercent de toute évidence une influence sur les individus, qu’ils soient engagés
ou non dans le processus entrepreneurial. Ces individus, notamment les porteurs de projets,
n’agissent pas de la même façon, pour les mêmes raisons, ni pour les mêmes fins dans tous

107
les types d’environnement. En plus des mobiles analysés, des facteurs de contingence
peuvent conditionner le processus entrepreneurial en consolidant l’intention et en menant
éventuellement à l’acte d’entreprendre.

3.2. Des facteurs contingents

Nous distinguons essentiellement trois facteurs. L’expérience professionnelle peut


accroître les perceptions des aptitudes entrepreneuriales. L’ancrage territorial, comme
les systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise, peuvent favoriser les
perceptions de disponibilité des ressources. Ces trois variables peuvent renforcer
l’intention entrepreneuriale et conduire, par là même, à l’acte. Nous évoquons
successivement chacun de ces trois facteurs.

3.2.1. L'expérience professionnelle

Cette expérience relate l’histoire entrepreneuriale de l’individu. Traditionnellement, la


plupart des entrepreneurs commencent leur carrière comme salariés, écrivent O.C.
BRENNER et alii (1991, p. 62)182. Le travail constitue souvent un lieu de rencontre
essentiel entre le créateur et l'idée. Il permet d'observer et d'explorer en profondeur un
secteur d'activité, un marché et un métier. L’expérience professionnelle peut augmenter
les perceptions des aptitudes entrepreneuriales et de ce fait, contribuer
éventuellement, au sein du processus entrepreneurial, à la formation de l’intention et
à l’acte de création.

Il est rare de voir quelqu'un touché par la grâce et trouver une idée dans un domaine qui
lui est peu ou pas familier. Les opportunités décelées sont souvent à l'actif d'un
briscard doté d'une forte expérience professionnelle. La probabilité de créer une
entreprise est alors plus importante lorsque les individus arrivent à maturité
professionnelle. Celle-ci est un facteur important de réussite, ou du moins de survie, de la
jeune entreprise (C. BRUYAT, 1993, p. 124-127).

182
"Traditionally, most entrepreneurs began their careers by working for someone else".

108
Bon nombre de créateurs expliquent leur action par une idée, qui oubliée au "fond d'un
tiroir" par leur ancien employeur, est mise à exécution. Plusieurs études, notamment celles
de J. BERANGER et alii (1998, p. 32) sur les ingénieurs, montrent que le passage à l'acte
se produit souvent après un parcours professionnel qui amène une maturité dans le métier,
augmente les compétences et accroît le capital de direction des hommes et des techniques.
L'âge moyen des créateurs d'entreprise dans les pays de la Communauté Européenne est de
35 ans. 90% d'entre eux étaient en activité au moment de la création. L'idée de la création
d'entreprise est principalement en rapport (dans 43% des cas) avec le métier pratiqué (CCI
Paris, 1999, p. 11,15 et 20). Dans les pays de l’OCDE, l’entrepreneur type est âgé de 30 à
35 ans et bénéficie d’une grande expérience professionnelle acquise dans une moyenne ou
une grande entreprise (OCDE, 1998, p. 197).

3.2.2. L'ancrage territorial

Bien que le dynamisme local et régional de certaines régions soit mis en évidence par
plusieurs études, la prise en compte du territoire pour comprendre la dynamique
entrepreneuriale est relativement récente183. En effet, une tendance toute récente des
travaux académiques considère que le territoire, par les facilités qu'il permet, influence le
processus et l’acte entrepreneuriaux.
Cette prise en compte est née des constats sur les différences régionales dans les
créations d'entreprise. Ces écarts ont donné naissance à toute une série d'études en vue de
formuler des indices généraux de l'attrait que peut avoir le territoire sur l'activité
entrepreneuriale (R. WHITLEY, 1993, p. 135).
Pourquoi la création d’entreprise est-elle plus fréquente dans certaines régions que
dans d’autres ? Il n’existe pas d’explication claire de ce phénomène, mais certaines
variables semblent particulièrement importantes. Sans être exhaustif, il est probable que la
proximité d’universités et de réservoirs de compétence, une population active ouverte à
l’initiative individuelle, la croissance démographique, le niveau élevé du patrimoine
personnel, la présence de sociétés de capital-risque et d'organismes financiers, les
dispositifs incitatifs régionaux et locaux, les activités "amont" et "aval" générées par les

183
A ce sujet, trois laboratoires de recherche (l’ERFI, le CNME et le CLAREE) sous le patronage de
l’AIRPME, ont organisé à Montpellier le 6 mars 2002, un séminaire intitulé "L’entrepreneur et les petites et
moyennes entreprise face à la mondialisation : le rôle des territoires".

109
réseaux d'entreprise existants et les spécificités économiques régionales soient générateurs
d’entrepreneurs. De façon similaire, des régions sinistrées par une situation de chômage
peuvent également être des territoires où les fondateurs d'entreprises sont plus nombreux184.

Aux Etats-Unis, les taux de création d’entreprise les plus forts sont l’apanage de l’Ouest
et du Nord-Est, les plus faibles se retrouvent dans le Centre-Nord et le Sud185. Gladstone en
Australie, l’Emilie-Romagne en Italie sont les régions économiques les plus prospères de
leurs pays (R. WHITLEY, 1993, p. 156). En Inde, l'esprit d'initiative économique est plus
prononcé à l'Ouest (A. GUPTA, 1993, p. 65). En France, les régions PACA et Île-de-
France sont les plus dynamiques dans la création d’entreprise et d’emplois. Elles ont la
croissance économique la plus forte (P. ALBERT, 1997, p. 32).

Le territoire est un pôle de ressources dont "l’attractivité entrepreneuriale" est


indéniable. Il peut développer les perceptions de disponibilités des ressources
nécessaires (informationnelles, financières, logistiques et relationnelles) qui
influenceraient le processus entrepreneurial amont, notamment dans ses phases
intentionnelle et d’acte de création. Le territoire permet de tirer profit de marchés
existants186, de s'insérer dans un réseau d'entreprise et de nouer des contacts en amont et en
aval de l’activité. L'individu tisse un réseau relationnel (clients, sous-traitants, donneurs
d’ordre, organismes publics et para-publics…) qui lui permet de gagner du temps et de
bénéficier de l'asymétrie de l'information. L'ancrage territorial, par le biais de dispositifs
incitatifs, pourra favoriser l'émergence de projets d'entreprise qui, in fine, assureront le
développement local.

184
De nombreuses études font apparaître que dans certaines régions anglaises, entre 1979 et 1983, les
créations d'entreprises sont en lien direct avec des situations de non-emploi (R. WHITLEY, 1993, op.cit, p.
143-144).
185
La Silicon Valley accueillait en 1998 un tiers des 100 entreprises technologiques les plus importantes
créées aux Etats-Unis depuis 1965. La région accueille environ un tiers des capitaux à risque américains
d’origine privée. On trouve à proximité, des centres d’enseignement et de recherche de premier plan qui
assurent en partie le succès de la vallée grâce à une exploitation de leurs retombées technologiques (OCDE,
op.cit, 1998, p. 102).
186
18% des créateurs de la Communauté Européenne ont une clientèle locale et 23% une clientèle régionale
(CCI Paris, op.cit, 1999, p. 35).

110
3.2.3. Les systèmes d'appui et de soutien à la création d'entreprise

Mis en place par les pouvoirs publics pour favoriser la création d’entreprise, ces
systèmes sont des moyens d’actions qui fournissent les ressources nécessaires (financières,
informations et conseils, logistiques) susceptibles de faciliter, le long du processus
entrepreneurial, le parcours des détenteurs de projets. Ces systèmes sont des facteurs
contingents qui peuvent influencer favorablement les perceptions de disponibilité des
ressources, qui à leur tour, renforceront l’intention, voire conduiront à la concrétisation de
l’acte de création.

Contrairement à l'impulsion nationale donnée par la "Training Agency" anglaise, il est


original de constater qu'en France, le foisonnement des systèmes d'appui et
d’accompagnement a eu une origine locale, avec des alliances variées entre acteurs locaux
publics, consulaires et privés187. Cependant, la création d’entreprise est à la fois une
problématique nationale et locale.
Au niveau national sont fixés la législation, la réglementation et son cortège de
complications administratives, l'essentiel de la fiscalité, de la politique du crédit et les
principaux instruments d'aide financière. D’une manière générale, c’est au niveau local
qu’un certain nombre de programmes et de politiques importants en destination de
l’entrepreneuriat sont le mieux conçus et mis en œuvre. La concentration des ressources
aux points névralgiques (les informations, les conseils, les mesures de sensibilisation et les
dispositifs de formation), la mobilisation de tout un éventail d’acteurs et de réseaux
directement en prise avec les porteurs de projets et les entreprises nouvellement créées (les
apporteurs de capitaux, de technologie et de savoir-faire, les réseaux qui les soutiennent,
les administrations de l'Etat et des collectivités territoriales, les organismes consulaires, les
organismes de formation, les associations, etc), comptent parmi les très nombreuses
initiatives qui relèvent du cadre local.

En France, en se basant sur les conditions des créations d’entreprise, les pouvoirs
publics ont mis en place des systèmes d’appui et de soutien au début des années 1980 pour

187
Le milieu local et régional a d’autant plus de mérite qu’il a une marge faible en matière fiscale et
réglementaire.

111
faire face à un double enjeu : global, pour soutenir l’emploi et remédier à la disparition
d’entreprises ; individuel, pour apporter des réponses aux mobiles économiques et
psychologiques manifestés par les porteurs de projets.
Les instigateurs de ces systèmes constataient que ces derniers manquaient d'argent, de
savoir-faire, de formations spécifiques, d'infrastructures d'accueil… A partir de là, les
systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise se sont développés autour de trois
axes (P. ALBERT et alii, 1994, p. 101-103 ; A. LETOWSKI, 1991, p. 3) : l’appui
financier, les conseils et les formations, et le soutien logistique. Nous évoquons chacun de
ces axes en signalant que les pouvoirs publics n'ont d'emblée accordé aucune place au
système éducatif dans la conception des mécanismes de promotion de l'esprit d’entreprise.
Nous mettons en relief les perspectives d’évolution de ces systèmes.

3.2.3.1. Un appui financier dépendant de la nature de l'activité et de la taille de


l'entreprise

Aussi précieux que soient les systèmes d'appui à l'émergence de nouvelles initiatives,
beaucoup d’études montrent que ceux-ci peuvent demeurer sans effet en l'absence de
soutien financier. On ne peut devenir entrepreneur sans être initialement débiteur, écrit J.
SCHUMPETER (1935, p. 147 et 152) [1911]. Dans l'économie nationale, ce dernier est le
seul débiteur typique. La quintessence du phénomène du crédit est "essentiellement une
création de pouvoir d'achat en vue de sa concession à l'entrepreneur".

L'accès au capital peut constituer une importante barrière à l'entrée dans la fonction
d'entrepreneur. Le problème le plus souvent évoqué en matière de création
d’entreprise est celui du financement188. C’est d'autant plus vrai pour les secteurs en
expansion, comme les nouvelles technologies de l'information et de la communication et
les biotechnologies, fortement innovants et nécessitant l’apport d’importants fonds
d'amorçage.

188
Un peu moins du tiers (27%) des créateurs d'entreprise européens évoquent les difficultés rencontrées
pour trouver des financements (CCI Paris, 1999, op.cit, p. 18).

112
En France l'appui financier est, d’un point de vue chronologique, l’un des premiers
leviers utilisés pour favoriser l’aboutissement du processus entrepreneurial amont : la
création d’entreprise. Les aides, primes et subventions développées sous cette forme sont
nombreuses et variées189. De façon succincte, il est possible de distinguer celles qui
dépendent de la localisation de l’entreprise et celles qui sont liées aux spécificités des
projets. Sur le premier point, que l'on s'implante dans tel ou tel département ou même, à
l'intérieur d'un département, dans tel canton ou telle commune, les conditions d'obtention et
les montants des appuis financiers varient sensiblement. Le second point tient compte des
caractéristiques des projets (aides, primes, subventions accordées à des entreprises
"écologiques", technologiques, créées par des demandeurs d'emploi…).

La transformation de la nature des activités depuis le milieu des années 1990, plus
technologiques avec une croissance rapide, impose une mise en adéquation des
dispositifs de financement. Ainsi se développent les financements de proximité et "à
risque". Nous traitons respectivement de ces deux points. Dans un second temps, nous
rapportons quelques exemples d'écoles et d'universités qui ont introduit la pratique de ces
financements au sein de leur établissement.

A. Le financement de proximité

Egalement appelé "financement affectif", les nouvelles petites entreprises sont, en


général, financées par l’épargne personnelle, la famille, les amis et enfin les organismes de
crédits. Le financement de proximité reste le moyen de financement essentiel pour les
créations d'entreprise, notamment celles à faibles capitaux ou de petite taille. Les porteurs
de projets se lancent souvent avec leur énergie et leurs propres économies190.
Dans une faible proportion, certains porteurs de projet augmentent leur capital en faisant
appel à des investisseurs individuels appelés "investisseurs providentiels" ("business

189
Elles sont évaluées à près de 9 milliards de francs par an (S. BIRLEY et D. MUZYKA, 1998, op.cit, p. 5).
En 1998, l'Etat s'était engagé à mettre à la disposition des réseaux d'aide et d'appui à la création d'entreprise
une enveloppe de 200 millions de francs pour l'aide aux jeunes créateurs d'entreprises. Celle-ci prendra la
forme d'une avance remboursable pour les porteurs de projets de moins de trente ans (Industries, 1998, p. 9).
190
En 1992, près de 80% des 500 meilleures petites entreprises américaines avaient comme capital de départ
l'épargne personnelle de leurs créateurs (W.D. BYGRAVE 1998a, op.cit, p. 75). Sur quelque 2 millions
d'entreprises créées chaque années aux Etats-Unis, près de 95% disposent de fonds rassemblés par le
fondateur et ses proches. 4% bénéficient de l'apport des investisseurs providentiels et moins de 0,5%
connaissent des participations en capital-risque (W.D. BYGRAVE, 1998b, op.cit, p. 82). La même tendance
se retrouve en Chine (P. MUSTAR, 1998, p. 189).

113
angels"). Ceux-ci représentent le marché informel du capital-risque. Ils connaissent soit les
entrepreneurs, soit leurs secteurs d'activité, soit les deux à la fois. Ils apportent certes leur
argent, mais aussi et surtout, leur expertise professionnelle, leurs compétences d'hommes
d'affaire, leurs conseils, leurs savoir-faire ainsi que leurs carnets d'adresses. Ils participent à
la formulation des stratégies, au suivi et au soutien des projets191.
En France, il est impossible d'estimer le nombre ou le montant global des opérations des
investisseurs providentiels192. Une certitude cependant, leur population croît avec l'arrivée
d’épargnants que les avantages fiscaux liés à ce type d'investissement, et que la faiblesse
des taux d'intérêts éloignent peu à peu des placements traditionnels. Les investisseurs
providentiels s'organisent en associations et différents clubs.

L'actionnariat populaire est un moyen de mobiliser et de renforcer une identité locale.


L'épargne de proximité pourra être canalisée par les acteurs locaux (collectivités locales,
chambres consulaires, associations d’entreprise, réseaux d’entrepreneurs…). Même si
certains particuliers étaient prêts à investir dans des TPE ou PME, ils n'ont ni les
compétences ni l'envie de le faire directement. Il faudrait qu'ils puissent procéder par
l'intermédiaire de sociétés locales de capital-risque. Celles-ci investiraient à leur tour dans
les TPE/PME, avec une gestion professionnelle, selon la volonté de E. ZUCARELLI,
ancien ministre de la fonction publique et de la décentralisation. L’ancien Secrétaire d'Etat
aux PME, M. LEBRANCHU, souhaitait examiner la faisabilité et les contraintes de cette
mobilisation de l'épargne locale avec l'appui des réseaux locaux (Industries, 1998, p. 9). La
tendance, aujourd’hui, est donc à la professionnalisation du marché informel du
financement de proximité.

Il existe cependant des projets, notamment dans les nouvelles technologies de


l'information et de la communication, avec un caractère fortement innovant et pour

191
La majeure partie des investissements providentiels sont constitués par l'achat d'actions. Cependant, ils
peuvent prendre la forme de prêts (habituellement non garantis), de garanties et de montages de créances
contre participation, associés ou non à un placement en actions.
192
Comme dans beaucoup d'autres pays, ils ne sont pas recensés. Si l'on ne parle que des investisseurs
providentiels actifs et compétents - et non de tous les particuliers investissant dans les sociétés non cotées -,
ils sont un millier (A. DENNIS, Les Echos, 2000, p. 78). En Europe, seulement 1% de la constitution du
capital de lancement provient des investisseurs providentiels (CCI Paris, op.cit, 1999, p. 35).
Aux Etats-Unis, les meilleures estimations laissent penser qu'ils sont environ 250 000 et qu'ils investissent,
annuellement, entre 10 et 20 milliards de dollars dans plus de 30 000 entreprises. Ceci représente au moins
cinq fois la taille du marché institutionnel du capital-risque (C. MASSON, R. HARRISON, 1998, p. 90-93).

114
lesquels le financement de proximité est insuffisant. Ce qui nous amène à aborder une
forme particulière de facteur contingent qui connaît en France un essor relativement
important depuis 1995, à savoir le capital-risque.

B. Le capital-risque

Celui-ci est né en 1946 aux Etats-Unis (W.D. BYGRAVE, 1998b, p. 8 ; F.


TABOURIN, 1989, p. 3). Il a connu une véritable explosion lorsque l'industrie
électronique a inondé le monde de ses nouveaux produits (semi-conducteurs, micro-
processeurs…). Par la suite, l’émergence d’investisseurs institutionnels tels que les fonds
de pension, les compagnies d'assurance et les banques, a été un facteur important de son
développement (C. CHAMAILLARD, 1987, p. 236)193. Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni
et au Japon, la révision des règles régissant les investissements des fonds de pension qui
fournissent un tiers, voire davantage du financement en capital-risque, a permis à des
investisseurs de se lancer dans des projets à plus haut risque194.
Malgré la diversité des approches, on peut retenir deux traits essentiels qui permettent
de caractériser le capital-risque. Premièrement, il constitue un apport en fonds propres dans
un projet ou une entreprise présentant des perspectives aléatoires de croissance195. Par
définition, il n'est pas, contrairement aux prêts bancaires, garanti par des actifs. Le niveau
de risque acceptable consiste en ce que le projet soit bien réalisé et bien géré, d'où
l'importance des qualités personnelles et managériales du créateur d'entreprise196. Le
capital-risque peut prendre aussi la forme d'un prêt à court, moyen ou long terme ou d'un

193
En 1996, environ 37% des nouveaux investissements à risque ont concerné des nouvelles entreprises. Ce
taux se voit réduit au tiers pour l'Europe. En 1998, l’encours du capital-risque était de l'ordre de 30 milliards
de dollars (OCDE, 1998, op.cit, p. 222).
194
Le capital-risque bénéficie d'un régime juridique très souple grâce à la mise en place de modalités
contractuelles novatrices. Les restrictions aux placements des fonds de pension (non soumis à l'impôt sur les
plus-values) et en titres non cotés ont été levées. Le succès des marchés de capital-risque a été renforcé par
une condition essentielle, la facilité de sortie pour les investisseurs grâce aux mécanismes de désengagement
qui leur permettent de récupérer la valeur de leurs investissements une fois ceux-ci parvenus à maturité. Ces
mécanismes de sortie revêtent la forme de transactions privées qui consistent dans la vente de l'entreprise à
une autre ou l'achat des intérêts d'un apporteur de capital-risque par un autre investisseur également apporteur
de capital-risque (Idem., p. 82-84).
195
On pense souvent, selon C. MASSON et R. HARRISON (1998, op.cit , p. 90), que les sociétés de capital-
risque sont la principale source de capitaux pour des nouveaux projets ou des jeunes entreprise. La réalité aux
Etats-Unis montre que la grande partie de leurs fonds est destinée à financer des opérations de croissance, de
rachat par les salariés ou par des personnes extérieures.
196
Aux Etats-Unis, depuis qu'il existe, la moyenne du rendement annuel du capital-risque atteint, au mieux
15%, ce qui n'a rien, selon W.D. BYGRAVE (1998b, op.cit, p. 85), de spectaculaire au regard du risque
encouru.

115
apport en capital-actions197. Deuxièmement, tout comme les investisseurs providentiels, les
capital-risqueurs gagnent leur vie en "pariant" sur les entrepreneurs. Leur rôle ne se limite
pas à un simple apport, il consiste aussi en des missions de conseil dans le cadre d’un
partenariat actif.

En France, contrairement aux Etats-Unis où il s'est développé par le jeu d'investisseurs


privés, le capital-risque a dû son essor à l'action des pouvoirs publics dans la décennie
1980 (E. STEPHANY, 1999, p. 28-29 ; F. TABOURIN, 1989, p. 6)198. L’Etat voulait, en
transférant une partie du risque sur le secteur public, remédier à la défaillance du
financement de proximité qui risquait d'entraîner l'abandon de projets prometteurs,
notamment ceux présentant un risque plus élevé. Il n’en reste pas moins que comme dans
d’autres pays de la Communauté Européenne, le capital-risque français ne finance qu’un
pourcentage très restreint (seulement 1%) des créations d’entreprise (CCI Paris, 1999, p.
35). Les jeunes pousses, en nombre modeste, ont drainé 675 millions de francs en 1998199.
L'explosion des nouvelles technologies de l'information et des biotechnologies a triplé ce
montant en l'espace d'un an, pour atteindre 2,27 milliards de francs. L'investissement
moyen était de 8,2 millions de francs en 1999200.
Bien qu’il reste une source importante de financement de grands projets ayant
vraisemblablement de rapides perspectives de croissance, le capital-risque reste faiblement
présent dans les créations d’entreprise françaises. D’abord les investisseurs institutionnels
ne peuvent détenir qu'un volume restreint de titres non cotés. En outre, ceux-ci rencontrent
des difficultés lorsqu'ils expriment la volonté de céder leurs placements. Il est possible
aussi que cette mauvaise posture tienne au fait que les porteurs de projets sont réticents à

197
Il est courant de différencier l'intervention du capital-risque suivant la courbe de vie de l'entreprise. La
première étape se caractérise par le capital d'amorçage ("seed money"). Le capital-risqueur investit sur un
projet et son porteur. A l'étape de la naissance, correspond le financement de création de la jeune pousse
("start-up"). En cas de succès, suit alors la phase de croissance qui demande des besoins en fonds propres
pour financer le développement ("first and second stage financing"). Le "bridge financing" concerne, quant à
lui, les sociétés qui préparent leur introduction en bourse dans un horizon de douze mois (C.
CHAMAILLARD, 1987, op.cit, 238).
198
Par un dispositif législatif et réglementaire, l'Etat a institutionnalisé le capital-risque. Nous citerons la
création en 1982 de la SOFARIS (Société Française pour l'Assurance du Capital-Risque des PME), des
Fonds Communs de Placement à Risque (FCPR) par la loi du 3 janvier 1983, la mise en place du second
marché qui se traduit par des possibilités de sortie pour les participations, et plus récemment, la constitution
d'un fonds public pour le capital-risque de 600 milliards de francs prélevé sur les recettes de privatisation de
France Telecom.
199
Il y a par exemple, 20 000 ingénieurs diplômés en France par an, pour quelques centaines de jeunes
pousses qui se créent (Le Monde, 2000b, p. II).
200
C.T, Les Echos, 2000, p. 30.

116
accepter la perte de contrôle qu'implique le financement en capital-risque. Enfin, la taille
des opérations ainsi que le rythme de développement exigés par les investisseurs en
capital-risque exclut fréquemment de nombreux petits projets201.
Cependant, plusieurs personnalités du monde de la création d’entreprise prévoient de
bonnes perspectives pour le capital-risque. Dans un rapport sur la technologie et
l'innovation commandé en 1998 par le gouvernement JOSPIN, H.GUILLAUME, président
d'honneur de l'ANVAR, se dit convaincu que le capital-risque français est en train de
décoller. Tout d'abord, affirme-t-il, le capital d'amorçage se développe et les introductions
des jeunes entreprises de haute technologie se multiplient dans le nouveau marché202.
Ensuite, l'apport de capitaux anglo-saxons203 et les perspectives de financement importantes
ouvertes par les nouveaux produits d'assurance-vie augmentent les capacités
d'investissement.

C. Une singulière entrée dans le système éducatif

L'industrie américaine de la biotechnologie est née d'une stimulante compétition


universitaire qui dure depuis trente ans entre les universités de Stanford et de Berkeley,
situées respectivement au sud et au nord de San Francisco (M. KTITAREFF, 1998, p. 58-
59). Les grandes universités locales ont structuré depuis longtemps toutes les étapes qui
séparent la réussite d'un programme de recherche spécifique, de la mise sur pied d'une
véritable entreprise à partir des travaux de recherche. Elles peuvent enregistrer elles-
mêmes des brevets au nom de leurs chercheurs. Elles soutiennent financièrement les
scientifiques qui quittent leurs laboratoires. Une panoplie de liens les unit avec l'industrie
privée qui finance directement des recherches académiques. Ainsi, le capital-risque connaît
un grand engouement aujourd’hui dans des universités ou écoles de renommée, telles que
le Babson College, Stanford, ou Wharton.
En Israël, quatrième rang mondial pour le capital-risque (derrière les Etats-Unis, le
Canada et la Grande-Bretagne), au moins 250 nouvelles firmes de haute technologie se

201
C'est le cas aussi des projets américains dont la plupart n'offrent pas le potentiel nécessaire pour attirer les
investisseurs en capital-risque (W.D. BYGRAVE, 1998a, op.cit, p. 74).
202
Après près de trois ans de fonctionnement, le nouveau marché a mis en place le département
"biotechnologie" qui regroupe une cinquantaine de sociétés cotées. Ce département est pour l'instant
relativement limité, mais sa capitalisation est en revanche élevée (A. PEREZ, 1998b, op.cit, p. 70-71).
203
Les fonds de pension américains représentent actuellement près de la moitié des financements des
entreprises innovantes en France.

117
créent chaque année, grâce entre autres, à des aides publiques à la recherche et au
développement qui représentent près de 3% du PIB204. Des pépinières d'entreprises, avec
l'aide des municipalités, prennent en charge des frais de lancement de prototypes issus de
la recherche universitaire.

L’appui financier, notamment par le biais du capital-risque, reste en revanche un


facteur contingent très peu présent au sein du système éducatif français. Nous citons
les exemples de Sup de Co Paris, l’INSEAD, et le lancement en 1999 de la première
formation au capital-risque à l'ESSEC dans le cadre de sa filière "Entrepreneuriat" où les
étudiants investissent leur propre argent dans les projets. L'EDHEC a constitué un fonds
d'amorçage destinée a apporté le premier financement aux projets qui naissent au sein de
l’école205.
Suite à la loi "Allègre", un fonds de 100 millions de francs sous forme de capital
d'amorçage sur trois ans a été dégagé en 1998 par la Caisse des dépôts et consignations,
pour accompagner financièrement les chercheurs qui souhaitent créer leur entreprise sur la
base de leurs travaux206.

3.2.3.2. Les conseils et les formations : une intégration graduelle dans l’enseignement
supérieur

Les besoins en conseil et formation du porteur de projet d’entreprise, qu’ils soient


formulés ou non, constituent un facteur contingent essentiel au sein du processus
entrepreneurial amont207. Certes, l’apprentissage managérial est pour une part essentielle
le fruit de rencontres entre l’individu et l’environnement, mais des techniques de

204
430 millions de dollars ont été investis en 1996 dans les jeunes pousses. On dénombre 80 fonds de
capital-risque, leurs moyens d'intervention sont estimés à 2 milliards de dollars (D. B, Les Echos, 1998, p.
56).
205
J.-C. LEWANDOWSKI, 1999.
206
Cependant, seulement une trentaine de chercheurs quittent chaque année le monde de la recherche
publique pour celui de l’entreprise. La commission européenne relève quatre causes majeures de la faiblesse
des activités innovantes dans le vieux continent. En plus du manque de ressources financières et la lourdeur
des procédures administratives, on retrouve une faible protection de l'innovation (le coût de dépôt et du
maintien d'un brevet est en Europe six fois plus élevé qu'aux Etats-Unis) et un effort de recherche
fondamentale globalement insuffisant (A. PEREZ, 1998b, op.cit, p. 70).
207
Plusieurs études et enquêtes montrent que les porteurs de projets manifestent un besoin en conseils et
formations. 82% des créateurs de la Communauté Européenne déclarent que le conseil est le type d'aide qui
leur a le plus manqué au moment du montage de leur projet (CCI Paris, 1999, op.cit, p. 44).

118
management en général, des conseils et des formations dispensés aux porteurs de projets en
particulier, donnent à un individu les aptitudes entrepreneuriales et les ressources qui
le guident dans la formalisation de son projet.

Nous distinguons les formations qui interviennent avant ou après la création. Les
formations "post-création" ont, pour de multiples raisons, du mal à se développer et restent
assez marginales. Les formations "ante-création" qui interviennent au niveau du
processus amont se sont mieux développées ; elles sont organisées par différents
organismes impliqués dans la création d'entreprise (Chambres consulaires, pépinières
d'entreprise, diverses associations…).

Depuis la moitié des années 1990, différents enseignements, programmes et formations


ante-création, ou tout simplement dédiés à l’entrepreneuriat, voient le jour dans les
établissements du système éducatif supérieur. Cela va des formations diplômantes (DESS à
dominante entrepreneuriat, Mastères dans les écoles de management et gestion et
d'ingénieurs), des filières et options dans les premier, deuxième et troisième cycles, aux
actions sporadiques, tels que les concours à la création d'entreprise, organisés
conjointement avec des acteurs locaux (chambres de commerce, associations d'aide à la
création d'entreprise…). Ces enseignements, programmes et formations, qui seront abordés
au chapitre suivant, ont non seulement pour objet de former des créateurs, des cadres
capables d’intervenir dans des problématiques entrepreneuriales, mais aussi de susciter des
comportements entrepreneuriaux chez les futurs salariés.

3.2.3.3. Le soutien logistique : un requis organisationnel

Celui-ci est symbolisé par les pépinières d’entreprise et les incubateurs. S'inspirant
d'expériences étrangères et des structures d'incubation des universités et des technopoles
américains, ces pépinières et incubateurs se sont développés tardivement mais de façon très
rapide en France. De moins de 10 en 1985, ils sont passés à plus de 200 au début des
années 1990. En l'an 2000, il en existait quasiment un par région (Le Monde, 2000b, p. I).

119
Les incubateurs ont pour objet d’aider les porteurs de projets en leur fournissant des
conditions préférentielles de loyer et des ressources communes variées et divisibles
(téléphone, fax, photocopieuse, ordinateur, accès à Internet, logiciels de simulation pour
plan d’affaires…). Cependant, leur réussite réside dans le conseil et l’accompagnement
proposés à ces porteurs. Autant de facteurs qui tendent à minimiser les coûts de lancement
d’un projet, et donc à renforcer la disponibilité des ressources et à faciliter la
concrétisation du processus entrepreneurial par l’acte de création.
Les incubateurs d’entreprise appartiennent habituellement aux collectivités locales ou à
des associations d’entreprise à but non lucratif208. Ils bénéficient d’une subvention en
acquittant un loyer symbolique. Ils visent la création d’emplois209. Les caractéristiques
économiques de leur implantation conditionnent fortement leur fonctionnement et leur
"rendement". Les zones choisies devraient théoriquement permettre un accès aux marchés
des produits et services, concentrer une certaine densité de compétences locales, disposer
des ressources financières et garantir l’engagement de la communauté locale, notamment
les milieux d’affaires.
Aujourd’hui, les incubateurs, tout comme les pépinières d’entreprise, vivent un conflit
opérationnel entre la promotion du développement économique et leur autonomie
financière. La question de la pérennisation d’un certain nombre d’entre eux est à
l’ordre du jour. Ils n’ont généralement pas atteint l’autonomie de fonctionnement pouvant
les mettre à l’abri de choix budgétaires à l’intérieur desquels ils n’apparaissent pas
prioritaires.

Pour se donner les moyens de réussir une formation entrepreneuriale, il apparaissait


important pour un certain nombre d’établissements français de dédier un espace physique
aux projets de création. Certains d’entre eux, à l'image de la Suisse, instaurent des
incubateurs internes pour accueillir et faciliter le mûrissement de projets210. Il existe 23
incubateurs au sein d'universités, d’écoles et d’instituts auxquels il devait s'en ajouter une

208
Il existe des incubateurs privés, mais ils sont très peu nombreux (Le Monde, 2000b, op.cit, p. XIV).
209
Ils peuvent aussi avoir à long terme des effets indirects qu’il est difficile de mesurer. Une fois sorties des
incubateurs, on ne sait pas ce qu'il advient des entreprises créées en termes de survie, de croissance et de
création d'emplois.
210
CRCI Haute Normandie, 2000, 18 pages.

120
dizaine suite à une sélection par un comité réuni en mai 2000211. La loi "Allègre" prévoit la
mise en place d'incubateurs "orientés technologies" pour valoriser les travaux de recherche
dans les universités.
Le premier incubateur dans un établissement de l’enseignement supérieur a vu le jour à
l'Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielle de Paris. L'Ecole des Mines d'Alès a
développé depuis 1984 le plus important incubateur de France pour les projets
technologiques (J. BERANGER et alii, 1998, p. 56 ; A. FAYOLLE, 1999, p. 49). La même
année, l'E.M. Lyon a mis en place "Le Centre des Entrepreneurs" qui assure
l'accompagnement dans la création, la reprise et le développement d'entreprise.
L'incubateur de l’Ecole Supérieure des Télécommunications de Bretagne abrite depuis
1996 ses dipômés-créateurs. L'ESC Grenoble a démarré depuis la rentrée 1999-2000 un
"Hall de l'entrepreneuriat technologique".
Si le coût des incubateurs et les ressources humaines qu’ils mobilisent font que leur
nombre est relativement faible dans les établissements d’enseignement supérieur, il n’en
demeure pas moins qu’ils sont une option stratégique dans les formations en
entrepreneuriat212. Leur mise en place pourrait consolider, tout au long du processus
entrepreneurial, l’intention et contribuer à la concrétisation des projets émanant des
étudiants.

3.2.3.4. Les perspectives d’évolution

Les systèmes de soutien et d'appui à la création d’entreprise accompagnent les


créateurs potentiels le long du processus entrepreneurial. Ces systèmes étaient à
l'origine des mosaïques d’actions déconnectées les unes des autres. Bien que l'on soit passé

211
Plusieurs établissements s'associent dans un seul incubateur. Nous citerons "Agranov" qui regroupe les
universités Pierre et Marie-Curie (Paris-VI), Paris-Dauphine, l'Ecole Normale Supérieure et Paris Tech (Le
Monde, 2000b, op.cit, p. XIV).
L'ESIEA (Ecole Supérieure d'Informatique, Electronique et Automatique) a crée un incubateur de jeunes
pousses avec l'université de Marne-la-Vallée et l'Ecole des Ponts. L'ESC Grenoble collabore avec l'université
californienne UCLA. A l'ESC Paris, les anciens élèves ont mis en place "ESCP-EAP Création", un
incubateur jumelé avec un réseau similaire en Allemagne, qui accueille des élèves ou des diplômés d'autres
écoles (J.-C. LEWANDOWSKI, 2000b, p. 50). L'incubateur de l'ESSEC collabore à l'international avec un
consortium d'écoles et d'universités (l'International Center for Entrepreneurship and New Development) (Les
Echos, 2000, p. 51).
212
Le coût d'un incubateur est au minimum de 200 000 F par an et par projet. Au Québec, où l'on est très
avancé dans ce domaine, on estime que le retour sur investissement n'est seulement que de 50% au bout de
dix ans (Industries, 2000, p. 13). Le Ministère de l'Education Nationale a débloqué 200 millions de francs
pour encourager les incubateurs orientés vers la haute technologie (Le Monde, 2000b, op.cit, p. XIV).

121
d'actions ponctuelles à des programmes d'action mis en œuvre par un ensemble de
partenaires213, l'architecture des domaines de compétence des organismes, de plus en
plus nombreux et avec des actions de plus en plus diversifiées, n'est pas transparente
aux yeux des porteurs de projet. L'ensemble des aides disponibles reste caractérisé par sa
grande diversité. On en recense en France quelques centaines214.
Cependant, le travail effectué par les organismes d'aide et d’accompagnement à la
création d'entreprise est indéniable. Ils ont le mérite d'offrir un espace de dialogue qui
rompt l’isolement des individus engagés dans le processus entrepreneurial. Cet espace
favorise une médiation entre ceux-ci, les acteurs concernés et les ressources mobilisées.
Une meilleure compréhension du processus entrepreneurial amont peut faire
progresser les dispositifs d'appui et de soutien. Le système éducatif (lycées, universités,
écoles, instituts), qui était jusqu'à un passé récent, en marge des systèmes de soutien et de
support à la création d'entreprise, en fait graduellement partie aujourd’hui. Mais il serait
sans doute vain de chercher un modèle explicatif global pour améliorer les systèmes de
soutien et d’appui215. La diversité des créateurs, de leurs buts, de leurs projets et de leurs
environnements impose une approche plurielle.
Quelques grandes tendances doivent toutefois se dessiner pour que ces systèmes
facilitent les trajectoires au sein du processus entrepreneurial amont216. Il faut faire appel à
des intervenants possédant un professionnalisme rigoureux, des vocations différenciées
mais plus généralistes. Les outils de financement locaux doivent être plus présents. Il est
nécessaire de trouver une synergie entre les divers organismes pour une meilleure
harmonisation des énergies qui diminuerait les interfaces avec les porteurs de projets et les

213
Des réseaux se sont constitués. Le réseau "Chances" mis en place par l'APCE, vise à "franchiser" tout un
nombre de partenaires pour accueillir et orienter, de façon semblable et sur l'ensemble du territoire, les
créateurs d'entreprise. Des Missions Régionales à la Création et au Développement des Nouvelles Entreprises
(sous l'égide de l'APCE) ont pour objectifs de coordonner les politiques régionales à la création d'entreprise
et de faciliter la synergie entre les différents partenaires (A. LETOWSKI, 1991, op.cit, p. 2 et 4).
214
L'APCE a recensé, en 1998, plus de 1 850 aides pour les TPE/PME (E. BEMBARON, Le Monde, 1998, p.
29). La quatrième édition du guide des financements de proximité a recensé 458 structures intervenant
spécialement dans le financement des créations de TPE (APCE, site Internet, http://www.apce.com, février
2000, op.cit).
A ce stade, les mises en relation, les informations sur les aides et les sources de financement et de conseil
privés ou publics sont particulièrement appréciées. Pour se reconnaître dans le "maquis" des aides et des
conseils, un site Internet au niveau de chaque région ou département, faciliterait les moyens d'accès aux
porteurs de projets.
215
Il n’en demeure pas moins que quelques travaux peuvent contribuer à l’amélioration du fonctionnement de
ces systèmes. Nous pensons particulièrement à F. BARES et R. MULLER (2002) qui ont mobilisé la théorie
du don pour dépasser certaines barrières aux soutiens entrepreneuriaux.
216
Nous nous inspirons essentiellement des articles de P. ALBERT et alii (1994, p. 101-103) et de A.
LETOWSKI (1991, op.cit, p. 3).

122
créateurs d’entreprise. De manière plus formelle, en présence cette fois de la nécessité
d’élaborer un plan de développement des systèmes d'appui et de soutien à la création
d'entreprise, il faut combiner une approche descendante de l’administration centrale et
une approche ascendante des acteurs locaux, avec des "alliances" entre les différents
niveaux de décision et d’intervention217.

Conclusion du chapitre 3

Ce chapitre nous permet de consolider notre positionnement dans l’approche


processuelle de l’entrepreneuriat que nous avons annoncée au chapitre premier. Dans
les travaux sur les mobiles qui agissent sur le processus entrepreneurial amont, nous
distinguons ceux des économistes qui ont tendance à les concevoir d’un point de vue
exclusivement "économique", et ceux des chercheurs venus d'autres disciplines qui les
expliquent par des liens intimes entre l'individu, ses traits de personnalité et son
environnement. Les mobiles qui peuvent expliquer le processus entrepreneurial sont
une interpénétration constante d'un besoin économique, de traits psychologiques,
d'une culture, d’un sentiment familial et de principes éthiques.
Conjointement à ces mobiles, des facteurs contingents agissent sur ce processus. En
effet, l’expérience professionnelle, l’environnement territorial et les systèmes d’appui
et de soutien à la création d’entreprise peuvent agir sur l’intention entrepreneuriale, et
conséquemment sur l’acte d’entreprendre.
Au cours du processus entrepreneurial amont, l’identification des mobiles
entrepreneuriaux nous aident à comprendre les motivations des individus ; l’expérience
professionnelle peut expliquer l’acquisition d’aptitudes entrepreneuriales ; l’ancrage
territorial et les systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise sont des facteurs

217
Pour une approche plus détaillée sur cette question, cf. P.-A. JULIEN (1994, op.cit, p. 63). Le Conseil
National de la Création d’Entreprises (CNCE) fait office d'organisme fédérateur au niveau de l'administration
centrale. Il a pour mission de construire une politique nationale de la création d’entreprise. Il a en charge
l’éducation nationale, l’information et la sensibilisation du grand public, les grandes décisions stratégiques
d’appui (financières, logistiques) et les actions favorisant la recherche et le transfert de l’information. Pour
ces dernières, il s’agit notamment de favoriser la création d’entreprise par des chercheurs. Le CNCE regroupe
désormais les quatre grandes structures d’aides à la création : "Entreprendre en France", "Fondation
Entreprendre" (structure patronale), "France Initiatives Réseaux" (collectivités locales) et "Adie"
(Association pour le Droit à l'Initiative Economique).
Au niveau local, plus proche des porteurs de projets et des créateurs, il est question de confier les actions de
formation, le financement de proximité et la coordination des différents protagonistes.

123
susceptibles d’augmenter les perceptions de disponibilité des ressources. La mise en
perspective de ces mobiles et de ces facteurs contingents nous servira de base pour
concevoir des hypothèses formulant les variables susceptibles d’influencer l'intention
entrepreneuriale.

Tout au long de cette première partie, nous nous sommes positionnés dans le champ de
la recherche, nous avons formulé notre problématique et tenté de mieux appréhender le
processus entrepreneurial à travers l’analyse de l’entrepreneur, des mobiles et des facteurs
contingents qui peuvent amener les individus à entreprendre. Conformément aux
positionnements théoriques précédemment exposés, la deuxième partie se propose tout
d’abord d’analyser un facteur contextuel susceptible d’influencer l’intention
entrepreneuriale : l’enseignement de l’entrepreneuriat et ses différents aspects. Ensuite,
nous présentons le cadre théorique et le modèle de l'intention entrepreneuriale en synthèse
des différentes hypothèses de recherche.

124
PARTIE II - UN MODELE DE L'INTENTION
ENTREPRENEURIALE A TRAVERS UN PROCESSUS
MARQUE PAR DES PROGRAMMES OU DES FORMATIONS
EN ENTREPRENEURIAT

125
INTRODUCTION

Cette deuxième partie "Un modèle théorique de l’intention entrepreneuriale à


travers un processus marqué par des programmes ou des formations en
entrepreneuriat" s’articule autour de trois ensembles.

Le chapitre quatre expose ce que nous entendons par l’enseignement de


l’entrepreneuriat. Il tente d’apporter des éclairages sur la dualité du système
d’enseignement supérieur français. Il retrace l’évolution des diplômés en gestion dans
l’accès aux fonctions dirigeantes et à haute responsabilité. Il formule les mutations socio-
économiques et technologiques qui ont conduit l’enseignement supérieur à intégrer
graduellement l’entrepreneuriat et la création d’entreprise dans ses cursus. Nous
inventorions les pratiques de l’enseignement de l’entrepreneuriat en France. Nous
répartissons l’enseignement de l’entrepreneuriat en trois niveaux d’intervention en
présentant parallèlement à chacun d’eux, les pratiques pédagogiques les plus déployées.
Nous mettons ainsi l’accent sur la nécessité d’adopter des approches transversales dans
l’enseignement de l’entrepreneuriat. Celles-ci trouvent un terreau favorable dans les
pédagogies par projet. Nous accordons une attention particulière aux intervenants
universitaires. Avant de conclure, notre réflexion sur l’analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat en France se concrétise par la construction d’un cadre général d’analyse.
Celui-ci combine les méthodes pédagogiques et les phases d’intervention dans
l’enseignement de l’entrepreneuriat.

Le chapitre cinq consiste à argumenter la construction théorique qui s’appuie sur le


modèle de la formation entrepreneuriale de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) et la
théorie du comportement planifiée de I. AJZEN (1991). Il expose deux modèles de
l’intention entrepreneuriale illustrant la théorie du comportement planifié en tant que cadre
théorique.

Le chapitre six conceptualise les variables personnelles et contextuelles que nous


retenons dans l’intention entrepreneuriale (les attitudes associées au comportement, les
normes subjectives et les perceptions du contrôle comportemental), tout en posant les

126
hypothèses de recherche. Il présente en synthèse le modèle de l’intention entrepreneuriale
qui est testé par une enquête comparative dans divers établissements de gestion.

127
Chapitre 4 - Un cadre général d'analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat en France

"Il faut oser tout examiner, tout discuter, tout enseigner même".
CONDORCET

Nous avons posé en introduction générale le postulat que l’entrepreneuriat peut faire
l’objet d’un enseignement. Les appropriations culturelles sont fonction de l'univers
fréquenté par l'apprenant (J.-Y. ROBIN, 1994, p. 77). Et si l'acte d'entreprendre dépend du
contexte, il n'en est pas moins de la formation des hommes, insiste S. BIRLEY (1998, p.
14).
Traiter de l’enseignement de l’entrepreneuriat exige de préciser ce que nous en
entendons. Il existe de multiples positions académiques, à l’instar de la diversité qui
subsiste sur le concept d’entrepreneuriat (K.H. VESPER, W.B. GARTNER, 1997, p. 407).
A. GIBB et J. COTTON (2002, p. 5) suggèrent que l’entrepreneuriat dans un contexte
éducatif est un ensemble de comportements, d’aptitudes et d’attributs exercés
individuellement ou collectivement pour manager des individus ou des organisations de
toute sorte, pour créer des entreprises et innover dans des contextes de forte incertitude et
complexité. Ces comportements, aptitudes et attributs sont des moyens d’accomplissement
personnel218. Selon M. LAUKKANEN (2000, p. 26-27), l’éducation entrepreneuriale peut
être définie comme "quelque chose" qui facilite l’accès aux pratiques entrepreneuriales.
Elle concerne le "que faire ?" et la façon de concrétiser celui-ci en étant personnellement
impliqué219.
Pour notre part, nous considérons que tout enseignement (enseignements,
programmes ou formations de sensibilisation, de spécialisation et d’accompagnement)

218
“Behaviours, skills and attributes applied individually and/or collectively to help individuals and
organisations of all kinds, to create, cope with and enjoy change and innovation involving higher levels of
uncertainty and complexity as a means of achieving personal fulfilment”.
219
"Entrepreneurial education is as something concerned with learning and facilitating for entrepreneurship
(what to do and how to make it happen by being personally involved) and less with studying about it (in a
detached manner, as a social phenomenon among others)".

128
destiné à préparer et à développer les perceptions, les attitudes et les aptitudes
entrepreneuriales, est qualifié d’"entrepreneurial"220.

S’intéresser à l'impact que peut avoir un programme ou une formation en


entrepreneuriat, parmi d’autres variables, sur l’intention entrepreneuriale, nécessite au
préalable d’analyser l’enseignement de l’entrepreneuriat sous ses divers aspects. Il nous a
semblé utile, avant d’entrer dans le vif du sujet, de comprendre les diverses fonctions du
diplôme et les différences "marchandes" et sociales qu’il engendre. Nous adoptons une
perspective historique pour appréhender les liens entre les formations en gestion et
l'évolution de l’exercice de fonctions patronales et dirigeantes. Ceci peut nous aider à
structurer notre compréhension sur les trajectoires de carrière des diplômés de
gestion. Ensuite, nous exposons l’adéquation des systèmes d’enseignement supérieur avec
l’enseignement de l’entrepreneuriat et de la création d’entreprise. Nous insistons sur les
mutations économiques et technologiques qui génèrent une demande sociale des étudiants
qui souhaitent emprunter des voies entrepreneuriales.
Il est impératif pour notre question de recherche de développer une compréhension
globale de l'"existant" en matière d’enseignement de l’entrepreneuriat en France,
notamment pour ce qui est des DESS IAE. Pour avoir un aperçu sur ce que peuvent être
nos terrains d'enquête, nous dressons un état des lieux des formations universitaires de
troisième cycle. La diversité des formes d’entrepreneuriat et de création d’entreprise nous
oblige à analyser les niveaux d’intervention dans l’enseignement de l’entrepreneuriat en
général et de la création d’entreprise en particulier, tout en insistant sur les pratiques
pédagogiques les plus utilisées.
Pour une vue d’ensemble du phénomène, et sans une immersion profonde dans les
sciences de l’éducation, notre objectif est également de présenter les approches
transversales qui utilisent des pédagogies par projets axées sur les attitudes. Vouloir
apporter des connaissances sur l’enseignement de l’entrepreneuriat exige de nous intéresser
à un type d’intervenant particulier, les enseignants pour lesquels nous prévoyons une
spécialisation dans la formation et une reconnaissance académique par leurs pairs. En

220
Pour nos approches de l’enseignement de sensibilisation, de spécialisation et d’accompagnement, cf.
infra., p. 139 à 143, "4.4. Des objectifs et des pédagogies à un triple niveau d’intervention". Pour nos
acceptions d’attitude entrepreneuriale, cf. infra., p. 181-182, "6.1.1. Les attitudes associées au
comportement", et pour celle d’aptitude entrepreneuriale, cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions des
aptitudes entrepreneuriales".

129
synthèse de cette large mise en perspective, notre contribution personnelle se concrétise
par l’élaboration d’un cadre général d’analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat en France. En nous appuyant sur les travaux de J.-P. BECHARD
(2000), sur des études empiriques et sur nos investigations personnelles, ce cadre tient
compte des phases d’intervention de l’enseignement (sensibilisation, spécialisation,
accompagnement et appui), de ses objectifs et des méthodes pédagogiques en œuvre. Il est
un instrument qui peut servir à de nouvelles innovations pédagogiques.

4.1. Dualité du système d’enseignement supérieur français : diversité des


valeurs sociales et "marchandes" des diplômes

Si l'économie du XIXème siècle s'est développée sans "diplômés", aujourd'hui les


autodidactes et les hommes formés uniquement par la voie pratique ne sont plus aussi
nombreux. Jusqu’à la fin des années 1970, l’université avait pour tâche de former les
enseignants, les membres des professions de la santé, les juristes et les fonctionnaires
moyens. Les grandes écoles de l’Etat pourvoient la haute administration et les postes à
haute responsabilité. Depuis leur fondation, les écoles de management et gestion forment
les dirigeants et les cadres supérieurs d’entreprise. Cette "spécialisation" dans les objectifs
de formation, conjuguée avec des raisons historiques, idéologiques, économiques et
sociales, fait que le système d'enseignement supérieur en France connaît une "dualité" sans
égale par ailleurs. Elle se manifeste dans l'existence simultanée d’un double système
d’enseignement, le secteur universitaire et celui des grandes écoles221. Elle recouvre, nous
fait savoir P. BOURDIEU (1989, p. 132), deux styles de travail et deux visions du
monde222. Cette "dualité" distingue les diplômés universitaires de ceux des écoles
publiques, consulaires ou privées.

Selon P. BOURDIEU (1989, p. 165), le diplôme est sans doute l'"attribut" le plus
déterminant de l'"identité sociale". Il est un titre académique qui confère à son détenteur

221
A tort, plusieurs auteurs attribuent l’origine et la paternité des grandes écoles françaises à Napoléon Ier,
note B. MAGLIULO (1982, p. 12-13). D’après cet auteur, c’est durant les années 1880-1914 que
l’expression "grande école" se substituait à celle d’"école spéciale". Elle fût véritablement consacrée après la
seconde guerre mondiale.
222
Pour insister sur l'opposition et la dualité entre les deux systèmes d’enseignement, P. BOURDIEU (1989,
p. 138) voit qu’ "Ainsi, il suffit de rassembler la série des traits qui caractérisent les deux espèces
d'institution scolaires pour entrevoir les effets qu'elles produisent dans et par leur opposition même".

130
des valeurs personnelles et un statut social. Cependant, la dualité du système
d’enseignement français produit des diplômes aux valeurs "marchandes" différentes, selon
entre autre, l’origine et la réputation de l’établissement qui l’a délivré. Ceux des écoles de
management et gestion, notamment les plus prestigieuses (EDHEC, ESCP, ESSEC, HEC et
Sup de Co), distinguent ses titulaires de leurs homologues universitaires sur le marché du
travail, avec des conséquences importantes sur les trajectoires de carrière des diplômés223.
A cet effet, M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 32) qualifie le diplôme d’outil de
"sélection culturelle".
Il n’en reste pas moins que le diplôme, quel que soit son origine, ouvre au moins,
majoritairement en France, l’accès au statut de cadre. En effet son rôle, explique M.
SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 36 et 82), doit être compris en relation avec le statut
typiquement français de cadre, essentiellement accessible par le niveau de formation. Le
diplôme confère la possibilité d'entamer une carrière dont les caractéristiques et le rythme
d'évolution se distinguent nettement de ceux qui n'ont pas commencé à ce niveau. Cet
accès direct au statut de cadre oppose les diplômés aux autodidactes. Ces derniers sont
handicapés quant à la "transférabilité du diplôme" sur le marché du travail224.

Parmi les diverses fonctions du diplôme, nos investigations portent plus


particulièrement sur les différences sociales qu’il engendre. En plus du titre scolaire, les
liens familiaux et la propriété du capital sont des facteurs indispensables pour se frayer un
chemin dans les postes de direction et de responsabilité. Notre propos se termine par la
mise en valeur des mutations économiques et technologiques qui ont propulsé les
"gestionnaires" aux devants des fonctions dirigeantes et à responsabilité.

4.1.1. Le diplôme des grandes écoles : un système de différence sociale

Partant du constat que les mêmes classes sociales occupent majoritairement les places
des grandes écoles et les positions dominantes dans les entreprises, P. BOURDIEU (1989,

223
Cf. à ce sujet, M. BAUER et B. BERTIN-MOUROT (1987).
224
Au vu de la théorie du "screening" (filtre), le diplôme est important car il permet une sélection à l'entrée et
à la sortie de l'école, ce qui représente des critères de "filtre" en moins pour l'employeur, commente M.
SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 420). Il est aussi, au regard de la théorie du signal, un "signe de
compétences supposées très qualifiées", surtout en début de carrière.

131
p. 139 et 140) envisage les "écoles du pouvoir"225 comme des instruments de reproduction
sociale et de "consécration". A travers elles, les classes dominantes cherchent à produire et
à conserver leurs privilèges. Les grandes écoles répondent beaucoup mieux que les facultés
aux attentes de la grande bourgeoisie qui contourne l'obstacle scolaire.
Le diplôme des grandes écoles réalise donc l'opération qui consiste à connaître et à
reconnaître les frontières sociales qui différencient ses détenteurs. En tant que système de
différences scolaires, confirme P. BOURDIEU (1989, p. 140 et 188), les grandes écoles
placent d'emblée leurs diplômés sur une trajectoire sociale qui les conduira toujours plus
vite, plus loin et plus haut. Les diplômés des écoles les plus connues sont recrutés à l'entrée
dans la vie active sur des postes plus intéressants et plus stratégiques dans de grandes
entreprises. Ayant commencé en général dans des postes importants, ils ont plus de
possibilités d'accéder aux fonctions les plus prestigieuses au fil de leur carrière226.
Cependant, le titre scolaire n'est pas suffisant en soi, signale P. BOURDIEU (1989, p.
404 et 412), pour accéder aux positions dominantes dans le champ économique. Les liens
de parenté avec les affaires et la cooptation sont aussi influents. Le taux de détenteurs de
titres d'enseignement supérieur parmi les dirigeants croît, signale P. BOURDIEU (1989,
p.404), très fortement quand on va des entreprises à contrôle familial, aux entreprises
publiques ou privées. L’"esprit du corps", synonyme de la constitution du capital social,
est une ressource collective qui permet à chacun des membres d'un groupe intégré
d'accéder au capital individuellement possédé par chacun. Il accroît le champ des
privilèges des diplômés des grandes écoles. Le diplôme se substitue donc au capital et au
lien du sang.

225
Le titre que donne l’auteur au deuxième chapitre de la quatrième partie de son ouvrage (p. 428-481) est
très parlant à cet égard : "écoles du pouvoir et pouvoir sur l'économie".
226
M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, op.cit, p. 43-49), dont la thèse tourne autour de l'influence du
diplôme sur les attitudes de carrière de l'individu, nous informe que la littérature sur la carrière, un "concept
multiforme", est riche. Les théories prennent leurs sources dans différentes disciplines telles que la
sociologie, la psychologie, l’économie, la gestion et le comportement organisationnel. Dans son acception la
plus courante, la carrière est considérée comme la chronologie des postes occupés durant la vie
professionnelle. Cependant, il existe des auteurs qui lui accordent une dimension dynamique en la définissant
comme "une suite de mobilités".

132
4.1.2. L’accès aux fonctions dirigeantes et à responsabilité des diplômés en gestion

Dans une études sur les 200 plus grandes entreprises françaises, M. BAUER et B.
BERTIN-MOUROT (1987) distinguent trois modalités d'accès aux fonctions de direction
et aux hautes responsabilités :
9 l'"atout-Etat" : les grandes écoles (ENA, Ecoles Polytechnique, Ecole Centrale, Ecole
des Mines…) et les couloirs de la haute administration publique, contribuent à la
distribution des pouvoirs et des privilèges. Les dirigeants et les hauts responsables ont
été portés à la direction avec "la complicité" de l'Etat ;
9 l'"atout-capital" : les dirigeants et les hauts responsables ont eu accès à leur statut à
travers la propriété du capital qui légitime le pouvoir. Le renouvellement de l’élite
économique est assuré par l’accumulation et la transmission des patrimoines227 ;
9 l'"atout-carrière" : les dirigeants et les hauts responsables ont été portés à leur fonction
grâce à leurs potentiels et leurs résultats dans les différents postes qu’ils ont occupé.

Au delà des voies d’accès au patronat et aux hautes sphères des entreprises publiques et
privées, il nous importe de comprendre la place et l'évolution des diplômés en gestion, par
rapport aux autres diplômés, en la matière.
Au début de la seconde industrialisation, ce sont surtout des ingénieurs qui occupaient
les postes de patrons et de hauts responsables. Leur nombre se renforçait avec les
années.Les mutations économiques, sociales et technologiques des années 1970 ont été
suivies par l’émergence de nouvelles catégories de patrons et de hauts responsables à la
mesure de l’accroissement des fonctions financières et commerciales, par rapport aux
fonctions techniques (P. BOURDIEU, 1989, p. 310). Ces changements se répercutent sur
les positions des diplômés en gestion dans la hiérarchie patronale et dirigeante. Par leur
formation, ils sont plus disposés à assurer des fonctions d'encadrement dans les métiers de
la finance, du marketing, de la gestion du personnel228... Leur ascension prend une

227
Cf. à ce sujet M. BAUER (1993).
228
Si parmi ces diplômés en gestion nous retrouvons une majorité provenant des écoles de commerce,
c’est que ces dernières étaient les seules, pendant longtemps, à dispenser des enseignements de gestion.
En 1940, on comptabilisait déjà vingt et une écoles de commerce (P. BOURDIEU, 1989, op.cit p. 316),
alors que la gestion n’a été admise comme discipline universitaire que dans la décennie 1960.
Aujourd’hui, en plus des écoles de management et gestion, diverses filières académiques fournissent
l'ensemble des cadres de "management" français, notamment les départements des sciences
économiques, de psychologie, de droit, les I.E.P, l’E.N.A et les autres filières de la fonction publique.
Les IAE par le biais de divers DESS de gestion qui se multiplient depuis la décennie 1980, préparent

133
extension progressive dans des secteurs d'activité de plus en plus diversifiés (A. THEPOT,
1979). Nous admettons que les changements sociaux et technologiques et le
renouvellement partiel du patronat et des hauts responsables sont allés de pair.
Les diplômés des établissements de gestion ne sont sans doute pas moins entreprenants
que les autres. Mais le cheminement de leur carrière où ils se voient, aussitôt le diplôme
obtenu, offrir des postes gratifiants avec des conditions de rémunération avantageuses, les
dirige droit vers le salariat. Pour les amener éventuellement vers des voies
entrepreneuriales, les établissements de gestion ont mis en place des enseignements,
programmes et formations où l’entrepreneuriat et la création d’entreprise occupent des
positions de plus en plus stratégiques dans leurs dispositifs pédagogiques.

4.2. Une adaptation croissante du système éducatif supérieur à


l’enseignement de l’entrepreneuriat

Les établissements de gestion du système éducatif supérieur formaient en général, à des


métiers de direction ou de "technostructure", pour reprendre le vocable de J.K.
GALBRAITH (1969) [1967]. Il n'était pas dans leurs objectifs de présenter
l'entrepreneuriat comme une possibilité professionnelle. Leurs diplômés semblaient
s'intégrer dans des structures formalisées où les fonctions, les responsabilités et les
activités étaient bien délimitées.
Cependant, depuis 1995, bien qu’elle reste relativement faible par rapport à l'Amérique
du Nord et à la Grande-Bretagne, l'introduction de l'entrepreneuriat dans le système
éducatif supérieur français connaît un rythme de plus en plus accéléré. Les universités, les
écoles et les instituts innovent en introduisant plus d’enseignements, d’options, de filières
et de formations entières en entrepreneuriat et en création d'entreprise. L'esprit d’entreprise
font désormais davantage partie de leurs missions.
Cette intégration croissante de l’entrepreneuriat dans les programmes d’enseignement
trouve plusieurs sources. Primo, bien qu’aucune mesure politique de grande envergure
n’ait été prise pour donner à l'entrepreneuriat une place réelle dans les programmes
éducatifs, une réelle volonté des divers acteurs concernés s'exprime en faveur d'une

explicitement à des métiers de gestionnaire et de dirigeants de PME/PMO. Néanmoins, aujourd'hui


encore, les diplômés des écoles de management et gestion, notamment les plus huppées, bénéficient de
plus grandes facilités d’accès à des postes intéressants dans les premières années de leur vie active.

134
introduction plus conséquente de l’enseignement de l'entrepreneuriat. Secundo, la
composition du tissu économique (à dominante TPE et PME) privilégie aujourd'hui des
salariés aux compétences et comportements plus entrepreneuriaux. Tertio, les changements
sociaux et économiques induits par la nouvelle économie se traduisent par un double effet
qui trouve peu d'échos dans l’ancien système éducatif.
Premièrement, davantage d’étudiants envisagent des carrières entrepreneuriales, d’où
une affluence sur les enseignements consacrés au "e-business", à la gestion de projets et à
la création d'entreprise. Deuxièmement, cette affluence induit des modifications profondes
des contenus et des pédagogies d’enseignement et une redistribution de la géographie des
cours optionnels.

Bon nombre d’universités, au sein desquelles des IAE, des écoles de management et
gestion et d’ingénieurs ont perçu la nécessité fondamentale de s’adapter aux changements
caractérisant cette période de mutations économiques, technologiques et sociales,
notamment la nouvelle économie qui offre aux étudiants de nouvelles opportunités
d'entreprendre229. Ces établissements mettent en place des programmes et des formations en
entrepreneuriat pour répondre à une demande sociale. En tant que tels, ce sont, au sens de
M. LAUKKANEN (2000, p. 26), des systèmes d’innovation sociale. Présentons
maintenant un historique de l’enseignement de l’entrepreneuriat pour rendre compte de son
intégration progressive dans le paysage éducatif français.

4.3. Un historique de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les


établissements supérieurs français

Aux Etats-Unis, la Harvard Business School a introduit un cours d’entrepreneuriat en


1945. A la fin de la décennie 1960, il y avait 16 écoles et universités qui dispensaient des
enseignements d'entrepreneuriat. J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, p.
40) notent qu’entre 1968 et 1983, les Etats-Unis ont développé à un rythme annuel soutenu
(seize en moyenne) des programmes et des formations en entrepreneuriat. En 1995, plus de

229
Il est difficile de quantifier le phénomène avec précision, d'autant qu'il est inégalement réparti. A l'ESSCA
d'Angers, on compte une bonne centaine de projets (J.-C. LEWANDOWSKI, 2000b, op.cit, p. 49). En
mettant en place un dispositif complet d'accompagnement de projets dans la nouvelle économie ("New
Business Center"), les enseignants de l'ESSEC sélectionnent une vingtaine de projets en moyenne par
trimestre qui sont orientés vers l'incubateur d'entreprises de l'école (Les Echos, 2000, op.cit, p. 51).

135
400 écoles dispensaient des enseignements en entrepreneuriat (K.H. VESPER et W.B.
GARTNER, 1997, p. 406-407). D’après J.O. FIET (2000, p. 102), plus de 800 écoles et
universités offraient des enseignements en entrepreneuriat en 2000.
Au Canada, M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 17) relèvent que
"Jeunes Entreprises", l'un des premiers programmes destinés à l'entrepreneuriat,
fonctionne depuis les années 1950 dans 85 villes environ. Il permet aux élèves du
secondaire et du collégial230 d'acquérir expérimentalement, les connaissances nécessaires à
la création et à la gestion d'une entreprise.
L'enquête réalisée par la junior entreprise d'HEC, avec le soutien d'Ifop-Gallup, montre
que plus du quart des étudiants européens reçoivent des enseignements de création
d'entreprise. Ceux-ci sont très présents en Allemagne, en Finlande et aux Pays-Bas231.

Les premiers enseignements en entrepreneuriat en France ont été optionnels. Ils ont vu
le jour en 1977 à l'ESC Paris, sur une initiative de P. SENICOURT (1997, p. 16). HEC a
emboîté le pas en instaurant en 1978 une formation à la création d'entreprise, qui est
devenue aujourd'hui HEC-Entrepreneurs. EM Lyon, un des pionniers dans le domaine, a
créé le Centre des Entrepreneurs en 1984. L'ESSEC Angers a lancé en 1996 "La chaire
Entrepreneurs PME/PMI". D’autres initiatives ont suivi à peu près à la même époque ;
l'ESC Grenoble, l'ESC Lille, l'ESC Clermont-Ferrand… ont créé des Mastères en
entrepreneuriat.
Avant d’intégrer des thématiques d’entrepreneuriat, l’enseignement supérieur public
s’est notablement orienté vers des formations en management de PME, de niveau
deuxième cycle au minimum. Ainsi, à partir de 1985, une dizaine de DESS ont été créés.
L'IAE de Tours a été le premier à lancer le DESS "Gestion des PME". Les DESS à
dominante entrepreneuriat ou création d'entreprise sont apparus dans le paysage éducatif au
début des années 1990 (tableau ci-dessous). Ils sont en nombre de 10. Les derniers créés
sont les DESS "Création d’entreprise et ingénierie entrepreneuriale" de l’UFR de
Sciences Sociales et de Gestion d’Evry-Val d’Essone, "Entrepreneuriat" de l’IAE de

230
Au Québec, la formation collégiale se caractérise par une double vocation, préparer aux études
universitaires et assurer une formation technique qui mène directement au monde du travail.
231
Le rapport ne précise pas la nature et le contenu des formations (CCI Paris, 1999, op.cit, p. 2 et 6).

136
Valenciennes, "Entrepreneuriat et développements de projets" de l’IGR de Rennes1, et
"Entrepreneuriat et Activités Nouvelles" de l'IAE de Rouen232.

Intitulé du DESS Universités


Création d'entreprises et gestion de projets Bordeaux IV(IAE)
innovants
Création, reprise et redressement Clermont-Ferrand I
d'entreprise
Création d’entreprise et ingénierie Evry-Val d’Essone (UFR de
entrepreneuriale Sciences Sociales et de Gestion)
Entrepreneuriat et développement de PME Metz (IAE)
Gestion et management des PME Nantes (IAE)
Création et gestion des PME Paris V
Gestion des PME-PMI : Création Paris XII
d'entreprise
Entrepreneuriat et développement de projets Rennes1 (IGR)
Entrepreneuriat et activités nouvelles Rouen (IAE)
Entrepreneuriat Valenciennes (IAE)
Tableau 2 - DESS de Gestion orientés entrepreneuriat ou création d'entreprise

L'enquête de A. FAYOLLE (2000c) révèle qu'environ 160 établissements


d'enseignement supérieur dispensaient en 1998, au moins un cours ou entreprenaient une
action de sensibilisation à l'entrepreneuriat. L'analyse des résultats par type d'établissement
montre que les écoles de management et gestion affichent, et de loin, le score le plus fort
en la matière. En effet, plus de 70% de celles-ci offraient au moins un enseignement de
l’entrepreneuriat, suivies respectivement par les écoles d'ingénieurs (46%) et les
universités (37%).

232
Des enseignements sont intégrés dès le deuxième cycle un peu partout dans les départements de gestion
(tels que "la filière entrepreneuriat", une option de maîtrise de Gestion de l'université Paris-Dauphine, le
module "création d’entreprise" de maîtrise IUP de Rouen) et de plus en plus dans des troisièmes cycle (DESS
CAAE de Lille).
Il est à remarquer que les écoles d’ingénieurs ont initié l’enseignement de l'entrepreneuriat au début de la
décennie 1980. C'est le cas de l'Ecole Centrale de Lyon et de l'Ecole des Mines d'Alès. La création d'activités
fait partie des thèmes prioritaires retenus par le ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie dans la
charte des écoles d'ingénieurs définie en juin 1999 (Industries, 2000, op.cit, p. 12-13).

137
Plus de 70 établissements projetaient de lancer un enseignement en entrepreneuriat. Les
écoles d’ingénieurs occupent la tête avec le tiers des prévisions. Les universités (19%) et
les écoles de management et gestion (15%) manifestent des prévisions beaucoup moins
importantes.

4.4. Des objectifs et des pédagogies à un triple niveau d'intervention

Plusieurs travaux233 traitant de l’enseignement de l’entrepreneuriat privilégient, à


quelques différences secondaires, trois types de débats en la matière (A. TOUNES, 2003b,
2003c) :
9 les finalités : que nous répartissons en trois groupes. La première consiste à
sensibiliser à l'entrepreneuriat, c’est-à-dire à stimuler des facultés de créativité et
d'initiative, et à développer l'autonomie et l'esprit d'initiative. La seconde a pour
objectif de spécialiser les étudiants dans les domaines d’activités de l’entrepreneuriat,
de les inciter à la création d'entreprise. La dernière finalité, enfin, est
l’accompagnement et le suivi d’étudiants qui ont un projet de création d'entreprise.
Dans la pratique, ces trois finalités sont complémentaires et peuvent se recouvrer ;
9 les types de public : les besoins d’apprentissage, les niveaux de responsabilité et les
attentes des individus se distinguent selon qu’il s'agit d’un public vaste, d’étudiants, de
jeunes créateurs ou de chefs d’entreprise. Les étudiants, comparativement aux jeunes
créateurs et aux entrepreneurs, manquent d'expérience, ont des ambitions spécifiques
de carrière et des compétences vraisemblablement moindres. Cependant,
l’hétérogénéité des profils peut être porteuse d’un riche partage d’expérience ;
9 la conception des apprentissages : les méthodes pédagogiques pratiquées se
distinguent selon les finalités et les publics en présence. Elles mobilisent des contenus,
des ressources logistiques, didactiques et humaines variés. Les stratégies
d’enseignement impliquent de définir au préalable les places et rôles de l’intervenant
(universitaire, entrepreneur ou conseiller) et de l’étudiant.

233
P. ALBERT et S. MARION (1998, op.cit., p. 29), J.-P. BECHARD (1998, op.cit., p. 33), A. FAYOLLE
(1999, op.cit., p. 23 ; 2000c, op.cit., p. 91), A. GIBB et J. COTTON (2002, op.cit., p. 2), B. SAPORTA et T.
VERSTRAETE (2000, op.cit., p. 114-115), N. SCHIEB-BIENFAIT (2000, p. 126) et P. SENICOURT et T.
VERSTRAETE (2000, op.cit.).

138
Nous présentons dans les sections suivantes les finalités de l’enseignement de
l’entrepreneuriat tout en insistant sur les méthodes pédagogiques les plus répandues pour
chacune d’elles.

4.4.1. Les enseignements d’éveil et de sensibilisation

A ce niveau d’intervention, l’individu ou l'étudiant n'a pas forcément connaissance


d'une possibilité de carrière entrepreneuriale234. S'il en est informé, c'est de façon large et
floue. Cette "non-connaissance" ou méconnaissance peut s'expliquer par un "déficit"
d'informations lié à la formation antérieure, à la famille ou aux médias.
Eveiller et sensibiliser implique qu’entreprendre est possible et faisable. Il s’agit de
stimuler la curiosité et l'intérêt d’un large public à l'égard de la création d'entreprise et
d’activité, c’est-à-dire finalement valoriser l'entrepreneur et l’entreprise. Ceci est
synonyme d'une préparation des perceptions à intégrer l’entrepreneuriat.
Il est question d’informer les individus qu’à un moment de leur carrière, ils seront
appelés à créer des entreprises ou à participer à la création d’activités. Il s’agit de leur faire
comprendre que c’est stimulant et enrichissant sur les plans intellectuel et personnel. Ceci
concerne aussi la démystification de la création d’activité en général et d’entreprise en
particulier. Il paraît indispensable d’informer d'une façon réaliste sur ce que sont la
création d'entreprise et d’activité (les difficultés de financement, les facteurs d'échec et de
réussite, les statistiques sur la mortalité des entreprises...), leurs mécanismes, leurs enjeux,
les compétences et outils nécessaires, sans rien cacher des risques financier et social
associés et des difficultés des démarches administratives. Nous aurions compris que les
enseignements de sensibilisation doivent répondre essentiellement aux questions :
pourquoi entreprendre ? Quelles sont les finalités ? Quels bénéfices en tire-t-on ?
Quels sont les facteurs influents ? Quels sont les risques et les enjeux ? Quelles sont
les implications sur la vie du créateur et sur son cercle familial et amical ?

Les enseignements de sensibilisation sont généralement ponctuels, et utilisent plusieurs


méthodes pédagogiques. Ils peuvent prendre la forme de cours théoriques destinés à

234
Seuls un peu plus du quart des étudiants européens déclarent être suffisamment informés sur la création
d'entreprise. Les Allemands et les Hollandais sont les plus satisfaits en termes d'information à la création
d'entreprise (CCI Paris, 1999, op.cit, p.6).

139
aborder sous un angle conceptuel, les différents thèmes de l'entrepreneuriat et de la
création d'entreprise, de mini-projets, d'enquêtes et de monographies, de vidéos
d'entrepreneurs liés à des constructions pédagogiques, de témoignages de jeunes créateurs,
d'entrepreneurs et de professionnels de la création ou de la reprise d’entreprise235. Il nous
semble particulièrement important d’insister sur ces témoignages qui peuvent être des
supports psychologiques et émotionnels indéniables, et des modèles d’identification pour
les étudiants. Rien ne vaut un vécu entrepreneurial relaté par son propre auteur. Les lots de
difficultés techniques, personnelles et familiales se vivent plus qu’ils ne s'apprennent.
Les enseignements d’éveil et de sensibilisation sont les plus répandus par rapport aux
enseignements de spécialisation et aux formations diplômantes. Ceci s’explique par une
exigence moindre en termes de ressources humaines, logistiques et temporelles. Ils
nécessitent peu de mobilisation en termes de compétences, de projets pédagogiques et de
logiques d'action respectant des objectifs précis. L'analyse des enseignements par finalité
dans l’étude de A. FAYOLLE (2000c) nous renseigne sur l’envergure de ce type
d’enseignement. 80% des enseignements en entrepreneuriat dispensés dans les écoles
d’ingénieurs sont de type sensibilisant, contre respectivement près de 70% et un peu plus
de 60% dans les écoles de management et gestion et les universités.
Plusieurs auteurs, notamment J. BERANGER et alii (1998, p. 34), militent en faveur
d’une généralisation des enseignements d’éveil et de sensibilisation. Une stratégie
éducative rendant "obligatoire" des cours d'entrepreneuriat dès le tronc commun du cycle
supérieur, produirait des changements dans la culture des établissements236. Ceci
constituerait une innovation dans les contenus des enseignements.

4.4.2. Les programmes et les formations de spécialisation

Le but essentiel d’un enseignement de spécialisation est de permettre à des étudiants


souhaitant créer leur entreprise ou travailler dans les domaines de l’entrepreneuriat
et de la création d’entreprise, d'approfondir la formalisation de leurs projets, leurs
connaissances et leurs apprentissages, d'appréhender la diversité de l'entrepreneuriat et de

235
En plus du circuit traditionnel de formation, les médias (la presse écrite généraliste et spécialisée, audio et
audiovisuel) ont un rôle de premier plan dans la vulgarisation de l’entrepreneuriat et de la création
d’entreprise. Ils ont l’avantage d’atteindre un large public en dehors du système éducatif.
236
Des auteurs recommandent le mode optionnel en évoquant le fait que l’on ne peut forcer la "main" à des
individus qui, a priori, ne manifestent pas d’intérêt pour l’entrepreneuriat.

140
leur donner un esprit entrepreneur. Il n’est donc pas seulement question de préparer des
créateurs ou des repreneurs d'entreprise, mais aussi des individus qui à défaut de vouloir
entreprendre, auront une bonne connaissance des formes et des problématiques
entrepreneuriales. Ces derniers seront capables de travailler dans des activités annexes et
connexes à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise (développement d’entreprise,
intrapreunariat, dirigeant, métiers du conseil et d’aide à la création ou reprise
d’entreprise…). Autrement dit, il faut distinguer la formation "à" l'entrepreneuriat et
la formation "d"'entrepreneurs (de créateurs d'entreprise).

Dans cette phase intermédiaire, des moyens pédagogiques et humains conséquents sont
mobilisés au service d’une réelle stratégie de formation entrepreneuriale. Cette dernière
suppose des ressources professorales impliquées, expertes et motivées. A travers des
spécialisations, diplômantes (DESS, Mastère Spécialisé, MBA) ou non (options, filières,
unités de valeurs, majeures, dominantes…), ces programmes et formations doivent
répondre aux questions : comment opère-t-on ? Quels sont les apprentissages à
réaliser ? Quels sont les méthodes et les outils spécifiques à mettre en oeuvre ?

Si l’on désire développer des aptitudes et des attitudes entrepreneuriales, et in fine


des comportements entrepreneuriaux, il faut nécessairement passer par un élargissement de
l'offre des enseignements et par le développement de programmes spécifiques exigeant des
pratiques pédagogiques élaborées. Celles-ci, en privilégiant une orientation de type auto-
formatrice, tournent généralement autour d’études de cas réels, de montage de projets
(fictifs ou réels) de création, reprise ou redressement d'entreprise, de conduite de projets de
développement d'activités dans une TPE/PME, de missions d’appui et d’assistance à des
porteurs de projets ou de jeunes créateurs, de participation à des concours de création
d'entreprise… Des pédagogies plus rares telles que des ateliers entrepreneurs-étudiants
organisés autour de situations vécues, d'idées de création sont en œuvre dans certains
établissements.
Les programmes et formations de spécialisation sont beaucoup moins présents que les
enseignements de sensibilisation. L’enquête de A. FAYOLLE (2000c) révèle que 25% des
programmes ou formations en entrepreneuriat dispensés par les écoles de management et
gestion sont de type spécialisant. Ce pourcentage se réduit à 20% dans les universités et les
écoles d’ingénieurs. Les formations diplômantes se font encore plus rares : les universités

141
avec 16% des enseignements en entrepreneuriat devancent de loin les écoles de
management et gestion et d'ingénieurs (respectivement 6% et 1,3%).

4.4.3. Accompagnement et appui des porteurs de projets

La finalité de ce type d’intervention est d’accompagner par le soutien et le conseil des


étudiants qui ont des projets de création ou de reprise d'entreprise, ou qui participent à
la mise en œuvre de tels projets. Dans un contexte d'éducation entrepreneuriale, il ne s'agit
pas seulement de "faire acquérir" des connaissances intellectuelles et cognitives, écrit C.
CARRIER (2000, p. 152), mais surtout des compétences et des activités d'apprentissage
qui guideront l'individu dans sa propre démarche entrepreneuriale. Un programme de
formation ne saurait prétendre à l'expertise, note G. KOENIG (2000, p. XI), en formant les
hommes dans le conformisme et la similitude des profils.
Les pédagogies à mettre en œuvre pour donner aux projets le maximum de chance de se
concrétiser sont pragmatiques, personnalisées et relèvent de la collaboration. Pour orienter
et accompagner les porteurs de projets dans leurs parcours, il est nécessaire de développer
des offres de cours centrés sur les besoins des projets. L’accompagnement et le suivi de
projets nécessitent de grandes qualités d'écoute, des soutiens et conseils individualisés dans
la réalisation des plans d'affaires, de la disponibilité avec un engagement de
l'accompagnateur dans l'encadrement et le passage à l'acte237.
Donner à des projets une maturité nécessaire en vue de les valider ou de les refuser,
appelle aussi des apports pédagogiques qui tiennent à la mise en réseaux avec des
partenaires extérieurs et à l’accès aux conditions matérielles pour se lancer en affaire.
L'incubation est la forme d'accompagnement de projets la plus avancée et la plus originale
en ce qu'elle offre des ressources matérielles, informatiques et documentaires. Les
incubateurs des établissements sont, dans ce cas, un lieu de transition entre le milieu de
l'éducation et le monde des affaires.
L'accompagnement, l'appui et le suivi, en intégrant une dimension prospective dans la
réflexion avec les étudiants sur leurs projets doivent permettre de répondre aux questions
suivantes : comment formaliser un projet ? Peut-on le concrétiser ? Comment accéder
aux différentes ressources et réseaux pour y parvenir ?

237
Ceci oblige les établissements à revoir les charges de tutorat des enseignants et professionnels qui
augmentent considérablement dans leurs emplois du temps.

142
Face à de nouveaux comportements d’étudiants-porteurs de projets ou d’étudiants-
créateurs, induits notamment par la nouvelle économie, les établissements sont confrontés
au fait de réfléchir sur de nouvelles philosophies pédagogiques et de nouvelles stratégies
d’enseignement. L’un des changements les plus importants est l’aménagement des emplois
du temps et des cursus des étudiants. Bon nombre de ceux-ci ont des difficultés à suivre
une scolarité "normale", car ils sont partagés entre leurs exigences de créateur et leurs
études238. A cet effet, les auteurs du rapport sur la formation entrepreneuriale des ingénieurs
(J. BERANGER et alii, 1998) s'interrogent sur la nécessité de définir un statut d'élève-
entrepreneur permettant à l'étudiant de peaufiner son projet tout en poursuivant ses études.

4.5. Vers des approches transversales déployant des pédagogies par


projet

Les méthodes pédagogiques utilisées présentent, comme nous l’avons vu en traitant des
objectifs et des pédagogies de l’enseignement de l’entrepreneuriat, une grande variété de
modalités envisageables. Cette dernière s’explique par l’hétérogénéité des publics, les
objectifs et les résultats escomptés des programmes et formations. E.-K. WINSLOW et alii
(1999) ont identifié 11 méthodes pédagogiques utilisées dans 209 écoles et universités
américaines239.
Notons d'emblée que les propos ci-dessous occultent, pour une bonne partie, un pan des
méthodes et techniques pédagogiques qui doivent faire l'objet d'une exploration dans les
sciences de l'éducation240. Nous exposons tout d’abord l’intérêt des approches transversales

238
Ceci peut aller jusqu'à prévoir des programmes sur mesure, à allonger la durée de la formation et à alterner
hebdomadairement les études et la vie en entreprise. Certains établissements, à l'image de SUPELEC et
EDHEC, offrent une gamme complète de services allant jusqu'à rechercher des investisseurs providentiels et
des capital-risqueurs. Bien que largement minoritaires, ces étudiants ont une influence considérable et
bousculent bien des habitudes. Ainsi, pour le directeur général de HEC, "Cette déferlante de la création
d'entreprise et des start-up est un mouvement salutaire. Mais elle nous oblige à trouver de nouveau modes de
fonctionnement" (J.-C. LEWANDOWSKI, 2000b, op.cit, p. 50).
239
Le montage de plans d’affaires (87%), les études de cas (78%) et les témoignages d’entrepreneurs (69%)
occupent une très large place.
240
Le lecteur en quête d’une littérature théorique sur les fondements théoriques de ces méthodes et
techniques trouvera peu d'éclairages ici. Sur cette question, J.-P. BECHARD (2000, op.cit, p. 165-178)
présente une bonne synthèse des différentes méthodes pédagogiques susceptibles d’être utilisées dans
l’enseignement de l’entrepreneuriat. L’auteur distingue les méthodes pédagogiques, les techniques
pédagogiques et les modèles pédagogiques. La méthode des cas est une méthode pédagogique. L'incident
critique est une technique particulière de la méthode des cas. Le modèle pédagogique est une configuration
particulière d'activité de gestion de la matière et de la classe. Un modèle pédagogique (d'enseignement et /ou
d'apprentissage) peut faire appel à plusieurs méthodes, et donc à plusieurs techniques pédagogiques.

143
qui inhibent les clivages des approches fonctionnelles. Ensuite, nous examinons une
pédagogie récente qui trouve un terrain favorable dans l’enseignement et l’apprentissage
de l’entrepreneuriat. C’est la pédagogie par projet qui aborde les TPE/PE comme objet
d’étude global intégrant leurs différentes fonctions (marketing, finance, GRH…).

4.5.1. Les approches d’enseignement : transversalité versus fonctionnalité

Les établissements et les centres de recherche en gestion sont structurés par département
ou discipline (marketing, finance, gestion des ressources humaines, comptabilité…).
Chaque discipline possède ses propres techniques dans le management des organisations.
Cette "spécialisation" se retrouve dans l'enseignement de l’entrepreneuriat qui est
largement organisé autour d'un découpage fonctionnel du projet et de l'entreprise.
En "décloisonnant" un projet ou une entreprise par grandes fonctions, les enseignants
les présentent à leurs étudiants comme un ensemble d’indicateurs comptables et
statistiques, plutôt que comme un projet global qui est l'œuvre d’un individu ou d’une
équipe. Ce découpage n'est bien évidemment pas dénué de rationalité et de cohérence.
Mais une présentation séquentielle, analytique et linéaire d’un projet ou d’une
entreprise, occulte un postulat essentiel et souvent peu appréhendé dans le monde des
affaires : la vision globale. En outre, ce type de présentation n’est adéquat que pour les
entreprises ayant une certaine taille et un certain volume d'activités, obligeant une
organisation hiérarchisée et formalisée. Le processus entrepreneurial quant à lui,
notamment dans ses phases naissantes et émergentes, est par nature transversale. Il ne
convient donc pas à ce type d’approches. Son enseignement impose une "agrégation" dans
la formalisation du projet et le démarrage de l'entreprise.
Les modèles français d'enseignement de l'entrepreneuriat s'appuient souvent sur des
approches fonctionnelles et beaucoup moins sur des approches transversales intégrant
une vision globale et non éclatée du projet ou de l’entreprise (A. TOUNES, 2003b, 2003c).
De ce fait, ils prennent beaucoup moins en compte les temps forts de la vie d'un projet et
d’une entreprise en démarrage, et n’imbriquent pas la dialogique individu/projet241.

241
Il n’en demeure pas moins que dans l'enseignement de l'entrepreneuriat, nous sommes convaincus qu'il y a
complémentarité et compatibilité entre une large polyvalence dans les connaissances théoriques et
instrumentales (savoirs-faire, aptitudes), qui donne une vision globale du projet et de l'entreprise, et une
spécialisation par grandes fonctions de l'entreprise, qui peut nourrir des problématiques et des réflexions
avancées chez les étudiants.

144
La transversalité des approches renferme des voies d’association qui peuvent nous
économiser du temps et des moyens. Celle-ci contiennent une dimension "multi-
établissements" (P. ALBERT et S. MARION, 1998, p. 30 ; J. BERANGER et alii, 1998, p.
61), qui regroupe des étudiants aux compétences pluridisciplinaires (technique-
management) dans des projets et des missions communes. Ces modes d’association
impliquent aussi une diffusion et un partage des connaissances, des savoir-faire, des
apprentissages, des outils et des méthodes pédagogiques et des brassages d'expérience
entre les établissements français242. Ces voies peuvent renforcées par la mise en place de
programmes communs243, de partenariats et de coopérations nationales et internationales244,
et l’insertion dans des réseaux de recherche français et étrangers.

La transversalité des approches et des dispositifs d’enseignement de l’entrepreneuriat


exige la mobilisation de formes pédagogiques spécifiques qui s'éloignent notablement de
celles où l'apprentissage ignore les dimensions processuelles d'un phénomène aux
manifestations diverses et singulières. Le défi note G. KOENIG (2000, p. XI), "n'est donc
pas de se conformer à des normes, mais bien d'inventer des pédagogies nouvelles,
dépassant les clivages entre disciplines… C'est une évolution difficile, mais
indispensable".
Les pédagogies par projet apparaissent, en l’état actuel des connaissances, comme des
pratiques répondant à la nécessité de la transversalité. Elles semblent être plus appropriées
à l’enseignement et à l’apprentissage de la culture entrepreneuriale. Elles fournissent une
compréhension du projet et de l'entreprise dans sa globalité, avec des approches
transversales qui décrivent les visions fonctionnelles.

242
Il est regrettable de constater que l’enseignement de l'entrepreneuriat en France relève plus d'initiatives
isolées que de stratégies structurées au sein de systèmes réfléchis qui s’appuient sur des expériences
antérieures, françaises ou étrangères (BERANGER et alii, 1998, op.cit., p. 65 ; A. FAYOLLE, 2000c, op.cit.,
p. 89). Peu sont les structures où l'on peut observer des équipes constituées et travaillant autour de stratégies
et d'objectifs clairement définis.
243
Tel que le Mastère "Création d'Entreprise et Entrepreneuriat", créé en 2000 par trois grandes écoles :
l'Ecole Centrale et l'ESC de Lille et l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles de Roubaix.
Nous citerons aussi le programme commun mis ne place par l’Ecole des Mines et l’Ecole Supérieure de
Vente Industrielle et Internationale de Douai (Industries, 2000, p. 13).
244
A l’exemple du club franco-britannique, créé en novembre 1999 à l'initiative du Secrétariat d'Etat à
l'Industrie et The Department of Trade and Industry. Il rapproche les deux pays dans le domaine de la
formation en entrepreneuriat. Il réunit une soixantaine d'établissements (Idem., p. 14).

145
4.5.2. Les pédagogies par projet axées sur les attitudes et les perceptions

L’enseignement de l’entrepreneuriat en France, indistinctement des trois phases


d’intervention, montre que l'on est le plus souvent au sein du paradigme pédagogique
traditionnel. Les enseignements classiques de gestion d'entreprise (finance, fiscalité,
marketing…) sont privilégiés au détriment du développement de l'esprit d’entreprise. C.
CARRIER (2000, p. 151-152) préconise l'abandon de ce paradigme où domine la
transmission des connaissances, les méthodes pédagogiques qui perfectionnent la
rationalisation, la maximisation et le cartésianisme. Il faut accepter, note-elle, "avec
beaucoup d'insécurité, de désapprendre tous les principes de ces paradigmes
pédagogiques créaticides… Il ne s'agit plus ici de "transmettre" mais plutôt de "faire
acquérir"".

Une solide formation aux connaissances et aux savoirs conceptuels demeure


indispensable, mais elle doit s'accompagner de situations pédagogiques qui consolident les
perceptions et les attitudes des étudiants qui souhaitent épouser le chemin de
l’entrepreneuriat. La première est d'ordre cognitif, la seconde est d'ordre pratique car elle
s'acquiert par l'expérimentation, les situations d'incertitudes, la prise de risque, la créativité,
l'initiative, le sens de l'équipe et les essais-erreurs.
L’enseignement et l’apprentissage de l’entrepreneuriat nécessite donc d'agir
simultanément sur les aptitudes, mais aussi et surtout sur les perceptions et les
attitudes. Ce qui fait appel nécessairement à une pédagogie de l'action ("learning by
doing"), qui est selon A. GIBB (1999, p. 16), le mode didactique le plus approprié en la
matière. Parmi les méthodes les plus utilisées dans les pédagogies de l’action, les
pédagogies par projet (réel ou virtuel) sont les plus propices à l’innovation et l’aventure (P.
ALBERT, 1998, p. 94).

C. CARRIER (2000) insiste dans les pédagogies par projet sur la nécessité de déployer
plus d'activités d'apprentissage centrées sur la créativité et l'innovation. L'étudiant sera

146
amené à découvrir son potentiel créatif et innovateur. Il s’agit de le familiariser avec des
méthodes lui facilitant l'identification d'occasions d'affaire245.
Les pédagogies par projet, qui intègrent largement la pédagogie "expérientielle" de G.
KOENIG (2000, p. XI), recèlent une "communauté d'apprentissage" qui permet, selon N.
SCHIEB-BIENFAIT (2000, p. 139), un "apprentissage réciproque". Celui-ci s’opère grâce
à une forte dimension collective qui met en jeu des échanges entre étudiants, mais aussi
entre ceux-ci et le corps enseignant et les partenaires éventuels impliqués dans les projets.
Accéder aux compétences et aux ressources des autres, augmente de façon importante la
valeur collective de l’apprentissage entrepreneurial.

4.6. Pour un corps enseignant universitaire spécialisé

Développer les aptitudes et les attitudes des étudiants constitue un défi pour l'équipe
pédagogique. Celle-ci est généralement composée d'universitaires et de professionnels. La
théorie, dont les universitaires sont sans doute plus aptes à assurer l’enseignement, fournit
les outils d'analyse des situations, du sens aux expériences et aux compétences très
pratiques que des entrepreneurs et des professionnels de l’entrepreneuriat sont mieux à
même d'apporter. Cependant, il est vivement souhaité que les universitaires soient
confrontés à des situations entrepreneuriales, notamment le montage ou la participation
dans des projets (de création, de reprise ou développement d’entreprise). Notre regard
porte sur les universitaires plus "impliqués !" dans l’enseignement (de par leur statut et le
volume horaire) par rapport aux intervenants extérieurs.

Un enseignement en entrepreneuriat se veut par essence innovateur, créatif et novateur.


Or, les universitaires ont été eux-mêmes formés à l'intérieur du paradigme pédagogique
traditionnel de l'ordre, du rationnel et du formel. Ils remplissent souvent une fonction de
médiation et de transfert de connaissances. Ils agissent peu sur les attitudes et les
perceptions des étudiants relatives au monde des affaires. En outre, les chercheurs

245
Bien qu’elle déplore l'absence d’outils et de modèles appropriés pour intégrer concrètement des activités
d'apprentissage centrées sur la créativité et l'innovation, l’auteur recense quelques méthodes qui peuvent y
pallier : les méthodes combinatoires (la matrice de découverte, l'analyse morphologique), les méthodes
antithétiques (l'analyse de la valeur, le concassage, "Wishful thinking", la pensée latérale), les méthodes
associatives (les métaphores et les analogies, l'association/bi-sociation, la carte mentale ou schéma
heuristique, l'objet fétiche "unrelated stimuli"), les méthodes exploratoires (le groupe nominal, le
brainstorming, le RME) et les méthodes oniriques (l'allégorie et la visualisation créatrice).

147
spécialisés en entrepreneuriat sont rares246. Ils sont pour une bonne partie, des spécialistes
issus d'autres disciplines (stratégie, finance, marketing…) qui se décloisonnent peu à peu à
mesure qu'ils s'intéressent au champ.
Si nous ajoutons à cela la faible mobilisation de la communauté scientifique française
pour la recherche entrepreneuriale (C. BRUYAT, 1993 ; A. FAYOLLE, 2000b ; B.
SAPORTA, T. VERSTRAETE, 2000), la jeunesse des expériences dans l’enseignement247
et la fragilité des outils et supports qui soutiennent le champ de l’entrepreneuriat248, nous
arrivons à un corpus de connaissances et à quelques pratiques pédagogiques qui permettent
juste de monter des enseignements cohérents.

Pour dynamiser le développement de connaissances et de pratiques pédagogiques


spécifiques au champ de l’entrepreneuriat, la mobilisation d’enseignants-chercheurs
spécialisés est une réponse parmi d’autres qui restent à préciser. Pour faire décoller
cette dynamique, C. BRUYAT (1993, p. 35) conseille la constitution d’un doctorat
spécifique qui serait un couronnement pour le champ de l’entrepreneuriat en France. A ce
titre, A. FAYOLLE (20000b, p. 152), B. SAPORTA et T. VERSTRAETE (2000, p. 105)
se déclarent en faveur d’une reconnaissance de celui-ci comme discipline académique.
Si l'entrepreneuriat a acquis son statut de champ scientifique autonome, sa
reconnaissance académique permettrait une professionnalisation d’enseignants-chercheurs
formés aux spécificités de l'entrepreneuriat. Ceux-ci pourraient s'investir de façon
permanente et non marginale, dans l'enseignement et la recherche.

246
Le nombre de thèses soutenues pendant la décennie qui vient de s'écouler n'excède pas la dizaine. Le
nombre de doctorants qui se sont présentés au premier congrès de l'Académie de l'Entrepreneuriat en 1999,
ne dépassait pas la douzaine.
247
Les expériences sont pour la plupart au début de leurs parcours et se contentent généralement de dispenser
des enseignements qui se limitent à la PME, à la création ou la reprise d'entreprise, sans explorer les
multiples situations entrepreneuriales.
248
Aux Etats-Unis, les revues spécialisées (Journal of Business Venturing, Entrepreneurship Theory and
Practice, Entrepreneurship and Regional Development…), les centres de recherche, les congrès et
conférences (notamment celui organisé annuellement depuis 1981 par le célèbre Babson College) comptent
de nombreux travaux sur l'entrepreneuriat. Mais des cultures différentes appellent des besoins, des modes
opératoires et des formes d’intervention différentes dans l’enseignement de l’entrepreneuriat.

148
4.7. Analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les
établissements de gestion de l’enseignement supérieur en France

Pour contribuer à la connaissance sur l’enseignement et l’entrepreneuriat, notre apport


consiste à élaborer un cadre général d’analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat
dans les établissements de gestion de l’enseignement supérieur en France. A cet effet,
nous combinons les phases d’intervention de l’enseignement de l’entrepreneuriat, ses
objectifs et les méthodes pédagogiques les plus utilisées. Nous nous inspirons du cadre
d’analyse bâti par J.-P. BECHARD (2000). Ce cadre offre, entre autres, des réflexions sur
de nouvelles expériences pédagogiques qui restent à découvrir.

4.7.1. Le cadre d’analyse de J.-P. BECHARD (2000)

J.-P. BECHARD (2000, p. 168-169) pose l'hypothèse que l’enseignement de


l’entrepreneuriat se fait essentiellement à l’aide de trois catégories de méthodes
pédagogiques : les méthodes pédagogiques de reproduction, de construction et de co-
construction. Les premières sont centrées sur l'individu (ou la classe) et se caractérisent par
un contrôle de l'apprentissage par le formateur. Les méthodes utilisées sont les exposés, la
documentation, les enseignements modulaires et les exercices répétitifs. Les secondes se
définissent par leur organisation spatiale autour de l'individu qui a le contrôle de ses
apprentissages. Il s'agit des méthodes de protocole, de la recherche guidée, de l'interview et
du projet individuel. Les méthodes pédagogiques de co-construction sont centrées sur la
classe et les sous-groupes à géométrie variable ; le contrôle des apprentissages est partagé
entre le formateur et les apprenants. Les méthodes utilisées sont le travail d’équipe, les
jeux de rôle, les simulations, les études de cas, les groupes de discussion, les ressources du
milieu…

Pour mettre à l'épreuve la robustesse de son cadre d'analyse, J.-P. BECHARD a procédé
à deux études combinant les méthodes pédagogiques utilisées dans l'enseignement et
l’apprentissage de l'entrepreneuriat avec la nature des programmes dispensés. La première
étude explorait le programme "lancement d'une entreprise" mené dans 16 établissements

149
de régions différentes du Québec. La seconde étude analysait 146 programmes de
formation en entrepreneuriat et PME provenant de 40 pays dans les cinq continents.

Il ressort de la première étude que dans presque la moitié des cas (48,6%), les régions
du Québec utilisent des méthodes pédagogiques de reproduction. Un tiers (33,8%) présente
des pratiques éducatives reliées aux méthodes de construction. Les méthodes de co-
construction sont pratiquées dans un peu moins d’un cinquième (17,6%) des
établissements.
Au delà de ces résultats, il est particulièrement intéressant de détailler les combinaisons
qui s'opèrent entre les méthodes. 3 établissements utilisent majoritairement les méthodes de
reproduction. 8 établissements pratiquent les méthodes de reproduction appuyées fortement
par des méthodes pédagogiques de co-construction. 5 établissements associent les
méthodes de co-construction appuyées par les méthodes pédagogiques de reproduction.
La deuxième étude indique que les méthodes pédagogiques de reproduction sont
présentes dans un quart (24%) des programmes. Un peu plus de 40% de ceux-ci utilisent
des méthodes pédagogiques de reproduction appuyées par des méthodes de co-
construction. Plus d'un tiers (35%) des programmes font appel aux méthodes pédagogiques
de co-construction appuyées par des méthodes de reproduction249.
L'analyse croisée entre les méthodes pédagogiques et les programmes de formation
("programmes de sensibilisation à l'entrepreneuriat, de création d'une entreprise et de
développement d'une petite entreprise") semble refléter davantage la réalité. 23
programmes sur un total de 34 (68%) ont davantage valorisé les méthodes pédagogiques de
reproduction dans la sensibilisation. Dans les programmes de création d'entreprise, 39
programmes sur 60 (65%) ont mis l'accent sur des méthodes pédagogiques de reproduction
appuyées par des méthodes de co-construction. Dans les programmes de développement de
petite entreprise, 28 des 52 programmes (54%) ont développé de méthodes pédagogiques
de co-construction appuyée par des méthodes pédagogiques de reproduction.

249
L’analyse continentale indique que les programmes axés sur l’intervenant sont davantage répandus en
Europe (30% des programmes). Ceux centrés sur l’étudiant sont pratiqués surtout en Amérique Centrale et du
Sud et en Europe (33% pour chacune des régions). Deux autres formes de programmes ressortent de l’étude
de l’auteur. Une forme basée sur l’éducation permanente, plus valorisée en Asie (34%) et une autre axée sur
le réseau local, essentiellement prégnante en Amérique du Nord (50%).

150
4.7.2. Elaboration d’un cadre général d'analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat
combinant les phases d’enseignement, les objectifs et les pédagogies

Contrairement aux Etats-Unis, où des recensements sur les programmes et formations


en entrepreneuriat sont régulièrement réalisés depuis vingt ans par K.H. VESPER, un des
pères fondateur du champ de l'entrepreneuriat, en France, à l'image d’autres pays
développés, le manque d’études et de recensements sur les différents aspects de
l’enseignement de l’entrepreneuriat250 est patent. Tandis que de nombreuses universités,
écoles et instituts développent des dispositifs d’enseignement de l’entrepreneuriat, la
connaissance que l’on a de ce phénomène reste encore réduite et amputée sur ses divers
aspects. Les données disponibles sur les publics concernés, les objectifs poursuivis, les
enseignements proposés, les méthodes et pratiques pédagogiques et les moyens déployés,
sont pauvres et dispersées251.
Il est donc difficile d'entamer un travail qui veut structurer des connaissances
quantitatives, et encore moins qualitatives, sur l’enseignement de l'entrepreneuriat en
France252. Néanmoins, en nous appuyant sur le cadre fourni par J.-P. BECHARD (2000),
sur les résultats de BERANGER et alii (1998) et de A. FAYOLLLE (1999, 2000c, 2002),
sur des expériences françaises présentées lors du premier congrès de l'Académie de
l'Entrepreneuriat en 1999 et des VIIèmes Journées Scientifiques du Réseau Entrepreneuriat
de l’AUF en 2001, sur nos analyses qui ont associées les objectifs, les pédagogies et le
triple niveau d'intervention de l’enseignement de l’entrepreneuriat, et sur nos propres
investigations (A. TOUNES, 2003b, 2003c), notamment lors de la recherche de terrains
d’enquête pour notre thèse, nous avons pu concevoir un cadre général d’analyse de
l’enseignement de l’entrepreneuriat en France. Celui-ci se présente comme suit :

250
En Europe, un projet d'enquête sur l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les principaux pays européens
vient d’être impulsé par l'ESCB (European Council For Small Business).
251
A ce jour, seules trois études ont été réalisées : celles de J. BERANGER et alii (1998, op.cit.) sur les
ingénieurs, et de A. FAYOLLE (1999, op.cit., 2000b, op.cit., 2002, op.cit.) sur les universités, les écoles de
gestion et d’ingénieurs.
252
Ceci serait d’ailleurs compliqué sur le plan conceptuel tout d’abord. Les sens que donneraient les uns et
les autres aux concepts d’entrepreneuriat et de l'enseignement de l'entrepreneuriat, risquent de donner des
résultats difficilement cumulables.

151
Phase I
Sensibilisation et information
Développement des connaissances générales sur
l'entrepreneuriat
Public : large
Objectifs : Pourquoi entreprendre ? Quelles sont les
finalités ? Quels bénéfices en tire-t-on ? Quels sont les
facteurs influents ? Quels sont les risques et les enjeux ?
Quelles sont les implications sur la vie du créateur et sur
son cercle familial et amical ?

Pédagogies de
Pédagogies de co- reproduction
construction - Centrées sur
appuyées par des l'individu et la classe
pédagogies de - Contrôle de
reproduction l'apprentissage par le
- Centrées sur les formateur. Phase III
sous-groupes et Accompagnement et appui
l’individu Développement de comportements
- Partage du contrôle entrepreneuriaux
de l’apprentissage Phase II
Spécialisation Public : porteurs de projets
Développement d'attitudes et d'aptitudes Objectifs : Comment
formaliser un projet ? Peut-on le
Public : essentiellement individus souhaitant travailler dans concrétiser ?
les domaines de l’entrepreneuriat et de la création Comment accéder aux
d’entreprise ; accessoirement, porteurs de projets différentes ressources et réseaux pour y
Objectifs : Comment opère-t-on ? Quels sont les parvenir ?
apprentissages à réaliser ? Quels sont les méthodes et les
outils spécifiques ?
Pédagogies de construction appuyées
par des pédagogies de co-
construction
- Centrées sur l'individu et les sous-
groupes
- Partage du contrôle de l'apprentissage

Figure 10 - Un cadre général d'analyse de l’enseignement de l'entrepreneuriat en


France combinant les phases d'intervention, les objectifs et les catégories de méthodes
pédagogiques

Ce cadre associe les trois niveaux d’intervention de l’enseignement de l’entrepreneuriat,


ses objectifs et les méthodes pédagogiques les plus pratiquées. Les zones d’intersection
indiquent le "degré" d’utilisation des catégories pédagogiques selon les phases
d’intervention de l’enseignement de l’entrepreneuriat.

152
Les pédagogies de reproduction sont "largement" utilisées dans les enseignements de
sensibilisation et "peu" présentes dans les programmes ou les formations de spécialisation.
De par leurs méthodes de travail, elles sont centrées au même temps sur l'individu et la
classe. Le contrôle de l'apprentissage est à l’actif du formateur. Les pédagogies de co-
construction appuyées par des pédagogies de reproduction sont "largement" présentes
dans les programmes et les formations de spécialisation tout en étant "légèrement"
intégrées dans les enseignements de sensibilisation. Les méthodes pédagogiques de
formation font qu’elles sont centrées simultanément sur l'individu et les sous-groupes, avec
un partage du contrôle de l'apprentissage de ceux-ci avec le formateur. Les pédagogies de
construction appuyées par des pédagogies de co-construction sont
"proportionnellement" utilisées dans les programmes et les formations de spécialisation,
d’accompagnement et d’appui. Les méthodes de formation les axent simultanément sur les
sous-groupes et l’individu, tout en permettant un partage du contrôle de l’apprentissage
avec le formateur.

En l'état actuel des données, il faut avouer que les informations reconstituées pour
élaborer ce cadre d’analyse sont partielles et incomplètes. Nous pouvons seulement
affirmer, suite à nos investigations sur les 10 formations "DESS gestion" à dominante
entrepreneuriat ou création d’entreprise existant en France, que ce cadre est valide.
Toutefois, une des premières perspectives de recherche qu’ouvre notre thèse est la
validation empirique de ce cadre d’analyse dans le système éducatif supérieur
français. Celle-ci se fera par une étude nationale qui recensera les enseignements, les
programmes et les formations en entrepreneuriat, les méthodes pédagogiques adoptées, les
publics concernés et les objectifs poursuivis. Deux nuances importantes, nous semble-t-il,
doivent être levées, à savoir la répartition par type d'établissement (public, para-public et
privé) et par type de formation (gestion et management, scientifiques, autres formations).
Ce cadre global d'analyse, s’il vient à être confirmé, nous donnera une "cartographie"
d’ensemble de l’enseignement de l’entrepreneuriat, qui conjugue ces différentes
dimensions253. Il nous permettra notamment de consolider et d’enrichir les différentes
pratiques pédagogiques en France.

253
Le changement majeur que peut connaître ce cadre d’analyse est un léger "glissement" des différentes
catégories pédagogique à l’intérieur des "cadrans" des niveaux d'intervention et des objectifs. Dans
l’ensemble, nous pensons que les résultats de l’étude empirique respecteront sensiblement la "configuration"
présentée ici.

153
Bien que présentant des limites certaines sur le plan de la vérification empirique, ce
cadre représente un instrument pour de nouvelles explorations pédagogiques. Celles-ci
peuvent être guidées par la triple composante ainsi que l’architecture d’ensemble qui
constituent ce cadre. L’une des voies qui nous semble propice d’investir relève du domaine
psychosocial. Quelles pédagogies pourrait-on mobiliser pour agir sur les attitudes et
les perceptions en vue de déclencher des actes et des comportements
entrepreneuriaux ?

Conclusion du chapitre 4

C'est souvent au sein de la famille, dans l'épreuve, la confrontation, la désillusion et les


échecs professionnels que se construit le processus entrepreneurial. Cet apprentissage
"incident", intransmissible et incompressible, où l'individu apprend à ses dépends, précède
l'apprentissage "intentionnel" qui domine les pédagogies éducatives254. A l’intérieur de ce
dernier, la formation guide les choix professionnels des hommes. D’où l’intérêt d’instaurer
l’enseignement de l’entrepreneuriat. Celui-ci empêche qu'une bonne partie de l'offre
d'entrepreneurs ne se perde ou ne soit révélée. S’il n’augmente pas directement celle-ci,
l’enseignement de l’entrepreneuriat peut forger un vivier de créateurs potentiels en
cultivant des projets qui se concrétiseraient des années après255. Il a aussi pour objet
d’inciter des comportements entrepreneuriaux qui ne se seraient pas dévoilés.

Quelles que soient les stratégies d’enseignement en entrepreneuriat, elles reviennent à


répondre à trois objectifs : sensibiliser et éveiller à l'entrepreneuriat ceux qui ne sont
pas informés, former et spécialiser ceux qui envisagent un métier dans les domaines
de la création d’entreprise ou de l’entrepreneuriat, et préparer et accompagner, si
possible, ceux qui ont l'intention de passer à l'acte d'entreprendre. Toutefois, il
n’existe pas de réponses univoques aux différentes questions que nous avons soulevées
pour mettre en place un enseignement en entrepreneuriat. De multiples variables

254
Les concepts d’apprentissages "incident" et "intentionnel" sont empruntés à J.-Y. ROBIN (1994, op.cit., p.
81).
255
Mais de ce vivier, seul un faible nombre confirmera le souhait et la volonté d'entreprendre. D'une part,
certains espoirs se seront évaporés ou découragés chemin faisant. D'autre part, si la formation est perçue, elle
n'est pas pour autant intégrée. On aurait au moins économisé des énergies et fixer les étudiants sur leur choix
de carrière.

154
interagissent à tous les niveaux : les types de programmes visés, les publics concernés, les
finalités, les pédagogies en œuvre et les ressources à mobiliser.

L’enseignement de l’entrepreneuriat doit tenir compte des projets de vie des étudiants.
En dépassant les approches fonctionnelles, il doit construire des processus d'apprentissage
qui permettent de faire découvrir le projet et l’entreprise dans une perspective globale, tout
en insistant sur les phases cruciales de leur naissance. Pour ce faire, les pédagogies par
projet sont, au regard des pratiques actuelles, celles répondant le mieux à ce besoin.
Au niveau du corps enseignant, elles combinent les universitaires et les
professionnels ; au niveau des approches conceptuelles et expérientielles, elles marient
des pédagogies de reproduction, de construction et de co-construction.

Nous avons élaboré un cadre d’analyse de l’enseignement de l'entrepreneuriat en


décrivant et analysant ses multiples facettes. Notre cadre d’analyse peut servir d’outil pour
explorer de nouvelles pratiques pédagogiques. En outre, il nous renseigne qu'un bon
chemin est parcouru, mais que des évolutions certaines restent à entreprendre.
L’enseignement de l'entrepreneuriat n’a pas encore atteint son degré de maturité. Il
cherche ses voies.
En France, rares sont les expériences ayant beaucoup d’antériorité ; les gains en
apprentissage sont importants. Pour que des progrès notables puissent s’édifier dans
l’enseignement de l’entrepreneuriat, trois conditions semblent nécessaires (A. GIBB et J.
COTTON, 2002, p. 11) ; l’établissement doit être une organisation entrepreneuriale ; la
classe doit être un lieu entrepreneurial et l’intervenant doit être une personne
entreprenante. Ceci suppose de manière sous-jacente, d’engager une stratégie affirmée en
adéquation avec les ressources de l'établissement, ses objectifs pédagogiques, son
histoire et sa culture.
Cependant, ces progrès n’interpellent pas seulement les structures éducatives, mais
aussi les entreprises régionales, les organismes parapublics, les organisations
professionnelles, les associations et les bailleurs de fonds. Pour répondre à une demande
sociale et économique, l’établissement, cadre entrepreneurial, devrait être un véritable

155
centre de ressources256. Ce dernier partagerait des responsabilités complémentaires quant
aux conditions nécessaires à l'éclosion et la promotion de l'esprit d’entreprise.

L’entrepreneuriat est une pratique pédagogique, mais aussi académique car il


développe un corpus de connaissances. Mais si la transmission du savoir et du savoir-
faire entrepreneurial ne présente a priori pas de difficultés, agir sur les attitudes et les
perceptions des étudiants est beaucoup plus délicat. Ceci nécessite non seulement un
changement des comportements du corps enseignant, qui doit s’éloigner du paradigme
pédagogique traditionnel, mais aussi une exploration de nouvelles voies pédagogiques. Il
sera laborieux pour de longues années encore, en France et dans bien d'autres pays
développés, d'enseigner l'entrepreneuriat.
En outre, l’enseignement de l’entrepreneuriat est loin d’être suffisant, à lui seul, pour
modifier les attitudes et les perceptions qui permettent de déclencher et de mobiliser des
opportunités et des événements entrepreneuriaux. Les contingences dans le déroulement du
processus entrepreneurial impliquent des dimensions sociales, perceptives et attitudinales
qu'il est difficile d'enseigner selon les méthodes pédagogiques établies. La suite de la
deuxième partie de la présente thèse, qui adopte et explicite notre cadre de recherche, et
qui présente notre modèle de l’intention entrepreneuriale, montre qu’à ce niveau du
processus entrepreneurial, l'influence de la formation ne peut être envisagée pour
elle-même. Les étudiants sont en prise avec d’autres composantes personnelles et
environnementales.

256
A ce titre voir les exemples exposés par J. BERANGER et alii (1998, op.cit., p. 124), A. GIBB et J.
COTTON (2002, op.cit., p. 17).

156
Chapitre 5 - Le cadre théorique de référence

"L'art d'interroger n'est pas si facile qu'on pense. C'est bien plus l'art des maîtres que des
condisciples ; il faut avoir déjà beaucoup appris de choses pour savoir demander ce qu'on
ne sait pas".
Jean-Jacques ROUSSEAU, "La Nouvelle Héloïse"

Pour W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER (1991 p. 13), si l'entrepreneuriat peut se


revendiquer comme un champ de recherche grâce surtout à de considérables travaux
empiriques réalisés dans la décennie 1980, ses lacunes sont essentiellement théoriques257.
L'un des défis majeur qui se pose aux chercheurs en entrepreneuriat, est selon eux, de bâtir
des théories et des modèles en puisant dans les sciences sociales258. W.D. BYGRAVE
(1989a, p. 13 et 23) affirme que le paradigme de l'entrepreneuriat est dans une phase de
"pré-theorie". Tout au plus, l'on peut emprunter, avec la prudence nécessaire, à d'autres
disciplines, des concepts et des théories que l'on intègre dans des modèles "processuels"
qui peuvent s’avérer utiles et ouvrir d’intéressantes perspectives de recherche259.
Toute théorie modélisant l'entrepreneuriat doit prendre racine dans les sciences sociales,
comme l'anthropologie, la psychologie, la sociologie, l'économie et les sciences politiques.
Celles-ci décrivent les variables clés qui sous-tendent le processus entrepreneurial. Dans
notre allégresse, écrit W.D. BYGRAVE (1989a, p. 8), n'oublions pas que les modèles en

257
L'entrepreneuriat, considéré dans une perspective processuelle, fait essentiellement référence à des notions
issues des théories des organisations, notamment les théories du comportement organisationnel
("Organizational Behavior") et les théories de l'émergence organisationnelle ("Organizational Emergence").
Les théories des organisations commencent en général au moment où les organisations cessent d'être
émergentes. Elles s'intéressent plus aux structures importantes dont l'existence est bien affirmée plutôt qu'aux
petites unités ou à celles en phase de création. Plusieurs événements entrepreneuriaux sont étudiés : la
décision de créer une entreprise, les comportements dans une organisation (valeurs, apprentissage
organisationnel, engagement de l'individu, motivations de l'individu, intrapreneuriat…)… L'émergence
organisationnelle s'intéresse au processus de formation et à la création des organisations. Pour E.-M.
HERNANDEZ (1999, op.cit., p. 62), cela revient à se demander pourquoi ? Où ? Quand ? Qui est impliqué
dans la naissance de l'organisation ?
258
"However, by the end of that decade (1980), due primarily to impressive advances in its body of empirical
knowledge, entrepreneurship could claim to be a legitimate field of academic inquiry in all respects except
one : it lacks a substantial theoretical foundation. A major challenge facing entrepreneurship researchers in
1990s is to develop models and theories built on solid foundations from the social sciences".
259
"A paradigm (l'entrepreneuriat) is in the pre-theory stage like a jig-saw puzzle with a framework but with
most of the pieces missing… Entrepreneurship has no great theories. At best, we take concepts from others
fields and incorporate them into process models".

157
entrepreneuriat doivent tirer leurs sources de la validité théorique de la psychologie et de la
sociologie260.

D.C. Mc CLELLAND (1961 ; 1962 ; 1965) est le premier à avoir posé les jalons d'une
approche psychosociologique dans la recherche en entrepreneuriat. Il se demandait quelles
sont les raisons qui étaient à un moment donné, à l’origine d’une bonne croissance
économique de certaines sociétés. Il a attribué ceci aux caractéristiques psychologiques
("Need-achievement" : besoin d’accomplissement) que manifestent une large part des
dirigeants et salariés de ces sociétés. L'apport de D.C. Mc CLELLAND s'est révélé très
fertile en ce qu'il a introduit le concept psychosociologique du "Need-Achievement" dans le
champ de l'entrepreneuriat.

L'orientation cognitive de l'explication de l'acte entrepreneurial a pour thèse que


l'entrepreneur est non seulement très productif économiquement, mais qu'il est aussi l'un
des principaux porteurs des modes de cognition et des comportements spécifiques de la
société à laquelle il appartient. Pour L.-J. FILION (1997), P. COSSETTE (1994)261 a
ouvert une piste de recherche originale. Pour mieux comprendre la logique stratégique de
l'entrepreneur, il utilise la cartographie cognitive262. En France, les travaux de T.
VERSTRAETE (1997a, 1997b) illustrent dans une perspective constructiviste,
l'application de la cartographie cognitive sur des créateurs d'entreprise.

Le champ de l'entrepreneuriat est jeune ; les outils sophistiqués qui sont par ailleurs
mobilisés par des paradigmes déjà bien élaborés ne lui sont pas encore pleinement
applicables. Très souvent les approches en entrepreneuriat définissent des pans de leur
sujet à partir des structures théoriques extérieures à leur discipline (A. SHAPERO et L.

260
"The various ideas contained in the model are rooted primarily in the sciences of business, economics,
psychology, sociology, and to a lesser (but increasing) degree, politics… But in our elation, we must not
forget that entrepreneurship models have to be rooted in psychology and sociology if they are to have
theoretical validity".
261
P. COSSETTE, Cartes cognitives et organisation, Québec, Presse de l'université Laval, Paris, Editions
ESKA, 1994. Non lu.
262
E.-M. HERNANDEZ (1995, op.cit., p. 111-112) révèle que c'est W.D. GUTH et A. KUMARASWAMY
qui, en 1991, ont modélisé l'entrepreneuriat dans une perspective cognitive. Ils ont mené une étude
longitudinale sur des porteurs de projets. Aux Etats-Unis, à partir du milieu des années 1990, plusieurs
auteurs se sont positionnés dans des perspectives cognitives pour expliquer des phénomènes
entrepreneuriaux. Cf. notamment R.A. BARON (1997, op.cit.).

158
SOKOL, 1982, p. 74)263. Nous allons chercher dans la psychologie sociale les fondements
de notre questionnement de recherche. Parce qu’elle s'intéresse à l'individu et au groupe
que la psychologie sociale trouve dans le champ de l'entrepreneuriat un terrain fertile de
recherche.

Les paragraphes qui suivent sont consacrés à la présentation et à l’argumentation du


cadre théorique choisi. Dans un premier temps, notre objectif est de situer notre
problématique au sein d'un cadre très répandu et appliqué dans les recherches en
entrepreneuriat, à savoir le modèle des dimensions sociales de l'entrepreneuriat de A.
SHAPERO et L. SOKOL (1982). Puis, dans un deuxième temps, nous posons les jalons
théoriques de notre questionnement de recherche en nous appuyant sur une théorie de
prédiction comportementale : la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991).
Avant de conclure, il est utile d’illustrer à travers deux modèles d'entrepreneuriat
l’application de la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991) comme cadre
théorique.

5.1. Le cadre théorique de la recherche

Notre problématique et la place que nous accordons aux attitudes, normes subjectives et
perceptions nous ont amené à rechercher un cadre théorique dans la psychologie sociale.
Celle-ci est particulièrement importante pour soutenir notre thèse car elle nous permet de
mieux comprendre les processus psychologiques responsables des comportements que
nous adoptons en société.
Le but fondamental du psychologue social est de comprendre les conditions à la base
des comportements des individus en société. En effet, le psychologue social cherche, entre
autre, à déterminer comment les variables individuelles interagissent avec le contexte dans
lequel la personne se trouve, pour prédire le comportement social (R.-J. VALLERAND,
1994, p. 12). Les théories comportementales peuvent nous éclairer sur les processus
d'influence des variables individuelles et contextuelles sur l'intention entrepreneuriale.

263
"Discipline-centered approaches to the subject of entrepreneurship almost always define away parts of
the subject or oversimplify it to fit theoretical structures".

159
Notre revue de la littérature montre que trois théories peuvent éventuellement servir de
cadre théorique à notre thèse. Il s’agit des théories de l'auto-efficacité ("Self-efficacy
theory") de A. BANDURA (1977, 1986), de l'attente ("VIE : Valence-Instrumentality-
Expectation") de V.H. VROOM (1995), et enfin de la théorie du comportement planifié
("TOPB : Theory Of Planned Behavior") de I. AJZEN (1991) que nous retenons comme
cadre théorique.
La théorie de l'auto-efficacité est surtout appliquée à l’analyse des choix de carrière.
Nous la rejetons car elle nous semble insuffisante et "incomplète" pour prédire l’intention.
Comme nous le verrons plus loin, la théorie de A. BANDURA (1977 ; 1986) s’apparente à
une dimension de la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991) : les
perceptions du contrôle comportemental264.

Il est aussi parfois fait référence à la théorie de V.H. VROOM (1995) dans les processus
de choix relatifs aux carrières265. L’auteur explique les choix et les intentions des individus
entre différents types de postes et différentes entreprises. Pour ce faire, il se fonde sur les
attentes et les valences de l’individu quant aux conséquences du comportement à adopter.
Le propos de la théorie VIE (Valence-Instrumentality-Expectation) est donc d'expliquer et
de prédire, tout comme la théorie du comportement planifié, les comportements.

264
Plusieurs auteurs font le rapprochement entre le concept de perceptions du contrôle comportemental et la
théorie de l’auto-efficacité. Nous citerons notamment T.M. BEGLEY et alii (1997, op.cit), N.F. KRUEGER
et D.V. BRAZEAL (1994, op.cit), N.F. KRUEGER et alii (2000, op.cit) et J. VESALAINEN et T.
PIHKALA (1999, op.cit).
D’ailleurs, I. AJZEN (1991, op.cit, p. 184) lui-même cite que les perceptions du contrôle comportemental
rejoignent la théorie de l’auto-efficacité : "The present view of perceived behavioral control, however, is most
compatible with Bandura's (1977, 1982) concept of perceived self-efficacy which "is concerned with
judgments of how well one can execute courses of action required to deal with prospective situations". Much
of our knowledge about the role of perceived behavioral control comes from the systematic research
program of Bandura and his associates… The theory of planned behavior places the construct of self-efficacy
belief or perceived behavioral control within a more general framework of the relations among beliefs,
attitudes, intentions, and behavior".
La recherche de N.G. BOYD et G.S. VOZIKIS (1994, op.cit) est une bonne illustration de l’insuffisance
de la théorie de l’auto-efficacité pour expliquer l'intention entrepreneuriale. Les auteurs ont introduit dans
leur modèle théorique, en plus de la dimension auto-efficacité (qui est influencée en amont par l'histoire
personnelle, la personnalité et les aptitudes), la dimension "attitudes et perceptions", qui est influencée en
amont par le contexte social, politique et économique. Pour d’autres applications de la théorie de l'auto-
efficacité à l'intention entrepreneuriale, le lecteur pourra consulter A.F. DE NOBLE et alii (1999, op.cit) et T.
ERIKSON (1998).
265
Cf. annexe 1, p. 413-414, " La théorie VIE de V.H. VROOM (1995)".

160
Bien que certains auteurs affirment que la théorie VIE est adaptée pour comprendre les
processus entrepreneuriaux266, nous avons également rejeté cette théorie car elle ne prend
pas en compte de façon explicite l'influence des variables contextuelles267. Il ressort du
modèle, à travers sa dimension "Expectation" une certaine "rationalité" dans les
comportements. Dans l'esprit de V.H. VROOM, le choix des individus est rationnel et
libre ; il n'est soumis à aucune contrainte extérieure.

Cependant, il nous paraît opportun d’adopter la théorie du comportement planifié de I.


AJZEN (1991) comme cadre théorique de la recherche. Les concepts de cette théorie
s'apparentent à la conception que nous avons de l'intention. La théorie du comportement
planifié, à travers ses trois composantes (les attitudes associées au comportement, les
normes subjectives et les perceptions du contrôle comportemental), contient et englobe
parfaitement l’intention entrepreneuriale, en tant que processus cognitif où la volonté de
l’individu se conjugue avec les facteurs environnementaux.
Pour N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 318 et 327), la théorie du
comportement planifié a été utilisée avec beaucoup de succès, autant dans des recherches
empiriques que fondamentales. Son utilisation s'étend de la prédiction des comportements
de carrière et des habitudes de consommation aux intentions d'abandon de comportements
nuisibles à la santé. Cette théorie largement utilisée par les psychosociologues offre
d'énormes potentialités pour les chercheurs en entrepreneuriat, notamment pour ceux qui
s’intéressent à l'impact d'une formation en entrepreneuriat sur les intentions des
individus268.

266
Nous pensons notamment à W.B. GARTNER et al. (1992, op.cit, p. 24) qui affirment que la théorie de
l'expectation est la plus adaptée pour comprendre les choix de carrière, et plus particulièrement, le
phénomène entrepreneurial.
267
La recherche de J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999, op.cit) est une bonne illustration de l’utilisation
de la théorie VIE pour la prédiction de l'intention entrepreneuriale. Les auteurs sont arrivés au constat que
cette théorie ne rend pas compte de façon globale du processus entrepreneurial, car elle occulte l'influence
des variables environnementales. A ce titre aussi, N.G. BOYD et G.S. VOZIKIS (1994, op.cit, p. 68) notent
que l'objet de l’étude de la théorie VIE est orienté vers l'individu. Au lieu de poser la question "Can I do this
?", la théorie de l'expectation s’exclament-ils, voudrait répondre à "If I do this, what will happen ?".
268
"Social psychologists and marketing researchers have long used the Ajzen-Fishbein models of
behavioural intentions with great success in practical applications and in basic research. These cognitive
models are consistently robust and replicable in predicting behaviour and intentions, including sucess in
studies of career-related behaviour… Intentions models such as the theory of planned behaviour demonstrate
great utility to social psychologists and thus offer considerable potential for entrepreneurship researchers.
For instance, researchers might use this model to analyze how the process of doing a business plan or
entrepreneurial training affects intentions".

161
Nous nous proposons donc d'analyser la théorie du comportement planifié afin de voir
comment elle nous aide à justifier et à conceptualiser les variables que nous retenons dans
notre recherche. Mais avant d'entamer cette présentation, nous situons notre problématique
dans un cadre général très connu en entrepreneuriat : le modèle de la formation de
l'événement entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) - plus connu sous
l’appellation du modèle des dimensions sociales de l'entrepreneuriat -.

5.1.1. Le cadre général de la recherche : le modèle de la formation de l'événement


entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982)

Les travaux de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) sont les plus anciens et certainement
ceux qui ont eu le plus grand retentissement dans la sphère académique entrepreneuriale.
Ces deux auteurs ont élaboré un modèle qui reste, selon T.M. BEGLEY et alii (1997) le
point de référence "the referencee point" dans les recherches en entrepreneuriat.
Ils ont modélisé la formation de l'événement entrepreneurial en recensant trois groupes
de facteurs (figure 11). Les "déplacements négatifs" ("negative displacements" : divorce,
licenciement, émigration, insatisfaction au travail…), les "déplacements positifs" ("positive
pull" : famille, consommateur…) et les "situations intermédiaires" ("Between things" :
sortie de l'armée, de l'école, de prison) sont les événements qui marquent des changements
dans les trajectoires de vie des individus et sont à la base du déclenchement de l'événement
entrepreneurial.

162
Life path change

Negative displacements :
Forcefully emigrated
Fired
Insulted
Angered
Bored Perceptions of Desirability Perceptions of feasibility
Reaching middle age Culture Financial support
Divorced or widowed Family Other support
Between things : Peers Demonstration effect Company
Out of army Colleagues Models Formation
Out of school Mentor Mentors
Out of jail Partners
Positive Pull :
From partner
From mentor
From investor
From customer

Figure 11 - Entrepreneurial event Formation (A. SHAPERO et L. SOKOL, 1982, p.


83)

Les "déplacements négatifs" tels que l'émigration peuvent provoquer l'acte


entrepreneurial. Il n'est pas accidentel que l'entrepreneuriat soit hautement identifié à
certains groupes ethniques. Juifs, Libanais et autres groupes sont de nombreux exemples de
la crédibilité de l'événement entrepreneurial269. Les "déplacements positifs" et les
"situations intermédiaires" influencent le système de valeurs des individus et par là même,
leurs perceptions de désirabilité.

A l'interface entre ces trois groupes de variables explicatives du modèle et la variable à


expliquer ("Company formation"), les auteurs identifient deux groupes de variables
intermédiaires : les perceptions de désirabilité et les perceptions de faisabilité qui sont le
produit de l'environnement culturel, social et économique. Elles varient d'un individu à un
autre. Elles nous aident à déterminer quelles actions seront prises effectivement en
considération.

269
"It is no accident that entrepreneurship is highly identified with certain ethnic groups : Jews, Lebanese,
Ibos in Nigeria, Jains and Parsis in India, Gujeratis in East Africa. Each of these ethnic groups contains a
large number of examples to establish the credibility of company formation" (A. SHAPERO, L. SOKOL,
1982, op.cit, p. 85).

163
5.1.1.1. Les perceptions de désirabilité

Les facteurs sociaux et culturels qui interviennent dans la formation de l'événement


entrepreneurial se manifestent à travers le système de valeurs de l'individu. Plus un
système social accorde de la valeur à l'innovation, à la prise de risque, à l'autonomie, plus
fortes seront les perceptions de désirabilité, et plus l'on verra des entreprises se créer270.

Le système de valeurs se construit par l'influence de la famille, notamment les parents


qui jouent le rôle le plus important dans la formation de la désirabilité. Les expériences
antérieures, les échecs dans des aventures entrepreneuriales sont des facteurs qui renforcent
les perceptions de désirabilité271. L'entreprise est une expérience de travail où naissent
souvent des idées d'affaires qui peuvent réunir plusieurs personnes, qui à leur tour si elles
passent à l'acte de création, vont influencer les perceptions de désirabilité de leurs
collègues.

5.1.1.2. Les perceptions de faisabilité

La faisabilité se construit sur les perceptions des variables de soutien et d'aides de


différente nature. La disponibilité des ressources financières influence directement la
propension à entreprendre selon A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 86). Celle-ci peut
être générée par les économies personnelles de l'individu et par les apports de la famille,
mais aussi par les membres du groupe dans le cas des ethnies. La presse spécialisée, l'aide
du conjoint ou d'amis proches, les conseils et la formation à la création d'entreprise,
notamment les programmes et les formations en entrepreneuriat, thématique qui intéresse
directement notre sujet, agissent aussi sur les perceptions de faisabilité272.

270
"The social and cultural factors that enter into the formation of entrepreneurial events are most felt
through the formation of individual value systems… More diffusely, a social system that place a high value
on innovation, risk-taking, and independence is more likely to produce entrepreneurial events than a system
with contrasting values". Idem., p. 83.
271
"Failures apparently do not shake the credibility of company formation act, but may even reinforce its
credibility and serve as a learning experience". Ibid., p. 85.
272
" The many efforts of the Small Business Administration, including advice, consultation, education, and
financial support, make the act feasible to the potential entrepreneur. Popular journal articles and press
items may impart knowledge that removes some of the perceived uncertainty". Ibid., p. 87-88.

164
A la lecture de ce modèle, qui selon N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p.
320)273 et N.-F. KRUEGER et alii (2000, p. 418)274 est implicitement fondé sur l'intention,
nous comprenons que pour agir sur cette dernière, il faut favoriser simultanément les
perceptions de désirabilité et de faisabilité des individus.

A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 87-88) accordent à l’enseignement de


l’entrepreneuriat un rôle important dans leur modèle. En effet, ils avancent l'hypothèse
que des programmes et des formations en entrepreneuriat s'appuyant sur leur
modèle augmenteraient les perceptions de désirabilité et de faisabilité des étudiants ;
ils sont mieux à même de décourager les "mauvais" candidats, mal avisés quant à l'étendue
que peuvent prendre les changements des perceptions de désirabilité et de faisabilité275.
Les auteurs concluent sur une piste de recherche qui investira les effets des formations en
écoles de gestion sur les perceptions de désirabilité des étudiants276. Cette piste sera
constitutive d’un de nos objectifs de recherche.

Parallèlement à ce cadre général de recherche, notre cadre théorique trouve sa source


dans la psychologie sociale qui a pour objet, entre autres, la prédiction des comportements.
La théorie du comportement planifié est d'un apport indéniable dans l'explication de
l'intention entrepreneuriale à travers des facteurs personnels et contextuels.

5.1.2. La théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991)

La théorie du comportement planifiée de I. AJZEN nous a été suggérée par les travaux
de E. AUTIO et alii (1997), P. DAVIDSSON, (1995), L. KOLVEREID (1996), N.F.
KRUEGER, A.L. CARSRUD (1993) et N.F. KRUEGER et alii (2000) et A. TKACHEV et

273
"One existing intentionality-based model is Shapero's model of the entrepreneurial event (1982)… For
Shapero, intentions require that founders perceive entrepreneurship as a "credible" career alternative.
"Credibility" depends on perceptions that the venture is both desirable and feasible".
274
"Upon modest reflection, it clear that Shapero's (1982) model of the "Entrepreneurial Event" (SEE) is
implicitly an intention model, specific to the domain of entrepreneurship".
275
"It (le modèle) suggests that educational programs that pride themselves on discouraging the "wrong"
candidates are misguided to ignore the extent to which desirability and feasibility can be modified".
276
"What is the effect of business school education on entrepreneurship ? Does it convey the idea that small
business is not desirable ? or doomed to failure ? Does a business school education, particularly a "good"
one form a major business school, decrease the probability that an individual will start a business ?".

165
L. KOLVEREID (1999). Elle est par essence prédictive car elle tente d'expliquer
l'apparition d'un comportement dans des contextes spécifiques.
Cette théorie intègre et prolonge des travaux cognitifs qui ont pour objet d'expliquer et
prédire les comportements humains à travers des concepts renvoyant aux dispositions
comportementales, aux attitudes et aux traits de personnalité (I. AJZEN, 1991, p. 179)277.
Elle s’appuie particulièrement sur la théorie de l'action raisonnée ("the theory of reasoned
action") élaborée par I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980)278.

La théorie du comportement planifié confère à l'intention de l'individu la place


centrale dans la genèse du comportement. Celle-ci reflète l'ensemble des forces
motivationnelles qui influencent un comportement. L’intention est l’indicateur des
comportements que les individus veulent adopter279. Elle met en relation les attitudes et les
comportements. Les attitudes prédisent donc les intentions qui à leur tour prédisent les
comportements (I. AJZEN et M. FISHBEIN, 1980).

I. AJZEN (1991, p. 179 et 188) pose le postulat que les intentions peuvent prédire les
comportements à travers trois antécédents, conceptuellement distincts mais liés entre
eux280. Nous les présentons dans le schéma et les propos suivants :

277
"Concepts referring to behavioral dispositions, such as social attitude and personality trait, have played
an important role to predict and explain human behavior".
278 278
La théorie de l’action raisonnée prédit le comportement à travers deux variables : les attitudes associées
au comportement et les normes subjectives. I. AJZEN intègre une troisième variable prédictive "les
perceptions du contrôle comportemental" ("… In fact, the theory of planned behavior differs from the theory
of reasoned action in its addition of perceived behavioral control ". I. AJZEN, 1991, op.cit, p. 183).
Cette variable permet, selon l’auteur de prédire efficacement les situations où le comportement n'est pas
sous contrôle volontaire. Elle rend mieux compte de la volonté de l’individu et des perceptions qu’il a de ses
propres aptitudes et des ressources de l’environnement pour concrétiser son comportement.
279
"As in the original theory of reasoned action, a central factor in the theory of planned behavior is the
individual's intention to perform a given behavior … Intentions are assumed to capture the motivational
factors that influence a behavior ; they are indications of how hard people are willing to try, of how much of
an effort they are planning to exert, in order to perform behavior" (Idem., p. 181).
280
"Intentions to perform behavior of different kinds can be predicted with high accuracy from attitudes
towards the behaviour, subjective norms, and perceived behavioral control… The theory of planned behavior
postulates three conceptually independent determinants of intention".

166
Attitude
toward the
behavior

Subjective Intention
Behavior
norm

Perceived
behavioral
control

Figure 12 - Theory of planned behavior (I. AZJEN , 1991, p. 182)

5.1.2.1. Les attitudes associées au comportement

Les attitudes associées au comportement impliquent l’évaluation, favorable ou


défavorable, que fait l'individu du comportement auquel il aspire (I. AJZEN, 1991, p.
188)281. Elles dépendent des résultats probables que l'individu en attend du comportement
en question. Les attitudes associées au comportement renvoient au concept de
désirabilité de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982).

Par exemple, avoir l’intention de créer son entreprise peut s'expliquer dans le cadre de
notre recherche par des attitudes qui se manifesteraient par une meilleure formalisation
d’une idée ou d’un projet d’affaire. Ces attitudes peuvent se concrétiser, entre autre, par la
recherche d’informations auprès du corps professoral ou d'organismes spécialisés.

281
"The first is the attitude toward the behavior and refers to the degree to which a person has a favorable or
unfavorable evaluation or appraisal of the behavior in question".

167
5.1.2.2. Les normes subjectives

Les normes subjectives282 résultent des perceptions de la pression sociale qui concernent
ce que les parents, la famille et les amis penseraient de ce l'on voudrait entreprendre (I.
AJZEN, 1991, p. 188)283. Elles peuvent être l'effet de sensibilités qui naissent dans un
cercle plus large que celui de l'environnement immédiat. Un gouvernement qui encourage
la création d'entreprise de haute technologie pourra augmenter les sensibilités des individus
à s'orienter vers des entreprises technologiques. Les normes subjectives renvoient elles
aussi au concept de désirabilité élaboré par A. SHAPERO et L. SOKOL (1982).

Selon nous, l'influence de facteurs culturels tels que l'existence de modèles


d'entrepreneur dans l'entourage de l'étudiant, et des motivations telles que le besoin
d’accomplissement et la recherche de l’autonomie, sont des dimensions des normes
subjectives qui peuvent influencer éventuellement l'intention entrepreneuriale.

5.1.2.3. Les perceptions du contrôle comportemental

La théorie du comportement planifié pose l'hypothèse que l'intention ne peut trouver un


terrain d'expression que si elle est sous le contrôle de la volonté de l'individu284. C'est
pourquoi, comme nous l’avons annoncé précédemment, I. AJZEN (1991, p. 183-186)
"greffe" à "la théorie de l'action raisonnée" de I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980) une
troisième variable prédictive : "les perceptions du contrôle comportemental"285. Celles-ci
combinées avec l'intention, permettent de prédire directement le comportement286.

282
Les normes subjectives est la traduction du terme "subjective norm" que nous avons emprunté à K.-J.
GERGEN et alii (1992) et R.-J. VALLERAND (1994, op.cit, p.398).
283
"The second predictor is a social factor termed subjective norm : it refers to the perceived social pressure
to perform or not perform the behavior".
284
"It should be clear, however, that a behavioral intention can find expression in behavior only if the
behavior in question is under volitional control" (I. AJZEN, 1991, op.cit, p. 181).
285
Le concept "perceived behavioral control" est celui qui nous a posé le plus de difficultés dans la
traduction. Plusieurs traductions sont possibles, comme "le contrôle perçu" ou "le contrôle comportemental
perçu". Mais nous avons opté pour "la perception du contrôle comportemental" que nous avons repris à J.-P.
NEVEU (1996, op.cit, p. 36) et R.-J. VALLERAND (1994, op.cit, p.398). Nous voulions être le plus proche
du sens de I. AJZEN. Il est question de perception avant tout.
286
"According to the theory of planned behavior, perceived behavioral control, together with behavioral
intention, can be used directly to predict behavioral achievement" (I. AJZEN, 1991, op.cit, p. 184).

168
Les perceptions du contrôle comportemental impliquent la prise en compte des degrés
de connaissance et de contrôle qu’a un individu de ses propres aptitudes, ainsi que des
ressources et des opportunités nécessaires en vue de concrétiser le comportement souhaité.
I. AJZEN (1991) prête à cette variable un rôle primordial en ce qu'elle apporte plus de
précision dans la prédiction du comportement287.

L’auteur accorde une telle importance aux perceptions du contrôle comportemental qu'il
va jusqu'à dire qu'elles peuvent à elles seules, prédire le comportement futur (flèche en
pointillé dans la figure 12)288. Selon I. AJZEN (1991, p. 186), il est empiriquement
démontré que lorsque les comportements ne dépendent d'aucune variable que l'individu ne
puisse maîtriser, les intentions peuvent les prédire avec une grande précision289.
Les perceptions du contrôle comportemental ne peuvent être réalistes si l'individu
dispose de peu d'informations sur le comportement à adopter, si les ressources nécessaires
ou disponibles changent ou si un élément nouveau et peu connu intervient dans le
contexte290. Les objectifs de l'acteur sont fonction des ressources et contraintes qu'il perçoit
dans la situation. En effet, selon M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977), une ressource
potentielle ne devient mobilisable que si elle est perçue.

Les perceptions du contrôle comportemental s'apparentent au concept de


faisabilité de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982). Elles jouent un rôle médiateur
important entre les expériences passées et le comportement futur (I. AJZEN, 1991, p.

287
"Perceived behavioral control plays an important part in the theory of planned behavior… a measure of
perceived behavioral control may add little to accuracy of behavioral prediction". Idem., p. 183 et 185.
288
L’auteur insiste sur l'importance de distinguer le concept de "perceived behavioral control" d'autres,
notamment le contrôle interne ("locus of control"), qui lui est stable dans le temps malgré le changement des
contextes et des situations. "Importantly, perceived behavior control differs greatly from Rotter's (1966)
concept of perceived locus of control… Whereas locus of control is a generalized expectancy that remains
stable across situations and forms of action, perceived behavioral control can, and usually does, vary across
situations and actions". Ibid., p. 183.
289
Il donne l’exemple des intentions de vote estimées juste avant les élections présidentielles et les intentions
d’allaitement (au sein ou au biberon) exprimées par des femmes enceintes : "As a general rule it is found that
when behaviors pose no serious problems of control, they can be predicted from intentions with considerable
accuracy (see Ajzen, 1988 ; Sheppard, Hartwick, & Warshaw, 1988). Good examples can be found in
behaviors that involves a choice among available alternatives. For example, people’s voting intentions,
assessed a short time prior to a presidential election, tend to correlate with actual voting choice in the range
of .75 to .80 (see Fishbein & Ajzen, 1981). A different decision is at issue in mother’s choice of feeding
method (breast versus bottle) for anew born baby. This choice was found to have a correlation of .82 with
intention expressed several weeks prior delivery (Manstead, Proffitt, &Smart, 1983) ".
290
"Perceived behavioral control may not be particularly realistic when a person has relatively little
information about the behavior, when requirements or available resources have changed, or when new and
unfamiliar elements have entered into the situation". Ibid., p. 184-185.

169
196 et 204)291. Dans notre cas, les perceptions du contrôle comportemental peuvent être
influencées par le suivi d’une formation ou d’un programme en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise, par les expériences entrepreneuriales antérieures de travail ou de
stage et par la disponibilité des ressources nécessaires (informations et conseils, financières
ou logistiques).

L'importance des attitudes associées au comportement, des normes subjectives et des


perceptions du contrôle comportemental dans la prédiction de l'intention varie dans le
temps et selon les situations. Dans certains cas, seules les attitudes comptent dans la
prédiction ; dans d'autres, les attitudes et le contrôle comportemental agissent ensemble ; et
dans d'autres cas encore, les trois prédicteurs contribuent de manière indépendante (I.
AJZEN, 1991, p. 188-189)292.
Pour notre problématique, nous retiendrons de la théorie du comportement planifié, ces
trois principales composantes qui sont les attitudes manifestées en vue d'atteindre un
comportement souhaité ("attitude toward behavior"), les normes subjectives ("subjective
norm") et les perceptions du contrôle comportemental ("perceived behavioral control").
Ces trois concepts semblent parfaitement convenir à notre problématique et adaptés
à notre acception de l’intention entrepreneuriale. Ainsi, le processus entrepreneurial
peut être abordé dans sa phase intentionnelle par le biais de la théorie du
comportement planifié. Nous adoptons donc celle-ci en insistant sur les sens que nous
donnerons aux attitudes, aux normes subjectives et aux perceptions telles qu'elles émergent
de notre question de recherche.

La théorie du comportement planifié par le biais des concepts d'attitudes associées au


comportement et normes subjectives qui renvoient au concept de désirabilité, de
perceptions du contrôle comportemental qui s'assimile au concept de faisabilité, rejoint le
modèle élaboré par A. SHAPERO et L. SOKOL (1982). La théorie du comportement

291
"These control beliefs may be based in part on past experience with the behavior… It thus stands to
reason that perceived behavioral control can play an important role in mediating the effect of past on later
behavior".
292
"The relative importance of attitude, subjective norm, and perceived behavioral control in the prediction
of intention is expected to vary across behaviors and situations. Thus, in some applications, it may be found
that only attitudes have a significant impact on intentions, in others that attitudes and perceived behavioral
control are sufficient to account for intentions, and in still others that all three predictors make independent
contributions".

170
planifié et le modèle de la formation de l'événement entrepreneurial se recouvrent et
coïncident fortement (N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994, p. 95-96293 ; N.F.
KRUEGER et alii 2000, p. 419 et 424294).

A travers les liens qui sont donc tissés entre la théorie du comportement planifié de
I. AJZEN (1991) et le modèle de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), il est mis en
exergue un domaine d'application d'une théorie de la psychologie sociale au champ de
l'entrepreneuriat : la prédiction de l’acte d’entreprendre qui s’exprime dans le
contexte d’étudiants suivant des formations ou programmes en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise. A titre d’illustration, présentons deux modèles pour montrer
l'"applicabilité" de la théorie du comportement planifié comme cadre théorique explicatif
de l'intention entrepreneuriale.

5.2. Deux modèles intégratifs de l'intention entrepreneuriale fondés sur


la théorie du comportement planifié

L’analyse de ces modèles peut nous aider dans le choix des variables que nous
retiendrons dans le notre. Le premier modèle est imputable à N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993) qui sont les premiers à avoir appliqué la théorie de I. AJZEN (1991)
dans l'explication de l'intention entrepreneuriale ; ils ont été suivi par P. DAVIDSSON
(1995). Le deuxième modèle, à l’actif de E. AUTIO et alii (1997), a le privilège d'être testé
sur des populations de cultures différentes.

293
"The theory of planned behavior and Shapero's model of the entrepreneurial event overlap considerably...
At the risk of oversimplifying the models, perceived feasibility in SEE corresponds to perceived behavior
control in TPB (both correspond to perceived self-efficacy) ; TPB's other two attitude measures are
subsumed by SEE's perceived desirabillity".
294
"Both TPB and SEE are largely homologous to one another. Both contain an element conceptually
associated with perceived self-efficacy (perceived behavioral control in TPB ; perceived feasibility in SEE).
TPB's other two attitude measures correspond to SEE's perceived desirability…The Shapero model appears
slightly superior for assessing entrepreneurial intentions, at least as the models are specified currently.
However, the theory of planned behavior appears equally useful. Both of these two intention-based models
offer researchers a valuable tool for understanding the process of organizational emergence".

171
5.2.1. Le modèle de N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993)

L'objectif de ces auteurs est de montrer qu'un modèle largement utilisé en psychologie
sociale pour prédire une variété de comportements, peut trouver un domaine d'application
dans le champ de l'entrepreneuriat. L’intention, selon N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD
(1993, p. 315), est le seul et le meilleur prédicteur des comportements entrepreneuriaux295.
Dans une modélisation restée au stade théorique (sans résultats empiriques), s'inspirant
largement du modèle de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), les auteurs relèvent trois
éléments essentiels qui agissent sur l'intention :

Perceived
Attractiveness
Of Entrepreneurial
Hypothesized Exogenous Influences on

Behavioral
Entrepreneurial Activity

Intentions
Perceived Social Target
Toward
Norms about Entrepreneurial
Entrepreneurial
Entrepreneurial Behavior
Behavior
Behaviors

Perceived Self- Hypothesized Exogenous


Efficacy/Control Precipitating, Facilitating,
for Entrepreneurial
or Inhibiting influences
Behaviors

Figure 13 - Intentions toward entrepreneurial behavior : the theory of planned


behavior (simplified) (N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD, 1993, p. 323)

9 la perception de l'attrait du comportement entrepreneurial ("perceived attractiveness of


entrepreneurial behavior") qui est supposée dépendre de la probabilité d'arriver aux

295
"We discuss exactly such a model, widely used in social psychology, and demonstrate its applicability to
the entrepreneurial domain. Ajzen's intentions-centered "theory of planned behavior" is parsimonious, well
grounded in theory, and robustly predicts a wide variety of planned behaviours. Intentions are the single best
predictor of such behavior, both conceptually and empirically".

172
résultats du comportement que l'on désire ("presumed to depend on the likely impact of

salient outcomes from the target behaviour") ;


9 la perception des normes sociales quant aux comportements entrepreneuriaux
("perceived social norms about entrepreneurial behaviors"), laquelle est supposée
dépendre de la perception de la pression sociale qui favorise ou inhibe le comportement
en question ("presumed to depend on perceived social pressure which favour or
suppose the behavior"). L'existence de modèles d'entrepreneur est supposée agir sur
l'intention ;
9 la perception de l’auto-efficacité des comportements entrepreneuriaux ("perceived self-
efficacy/control for entrepreneurial behaviors"), celle-ci représentant la perception
quant à la faisabilité et à la réalisation du comportement recherché ("represents
optimism that the target behavior is actually doable or achievable"). Les auteurs
soulignent que cette perception est un puissant prédicteur pour une multitude de
comportements. Elle fournit aux chercheurs un outil intéressant pour expliquer
l'émergence de nouvelles entreprises.
Les facteurs exogènes (compétences et aptitudes, traits de personnalité, disponibilité des
ressources, situation économique…) influencent indirectement les comportements à travers
les perceptions. Mais ils peuvent aussi agir directement sur la liaison intentions-
comportements (flèches en pointillés)296.

5.2.2. Le modèle de E. AUTIO et alii (1997)

Inspirés des travaux de P. DAVIDSSON (1995) et de A. SHAPERO et L. SOKOL


(1982), E. AUTIO et alii (1997, p. 134, 136-137) ont testé, à la fin de 1996 et au début de
1997, le modèle ci-dessous auprès de 1956 étudiants (Finlandais, Suédois, Américains et
Asiatiques) en sciences techniques. La comparaison internationale est motivée par le souci
de vérifier la solidité de la théorie du comportement planifié dans la prédiction de l'acte
entrepreneurial297.

296
"Generally, exogenous factors either influence attitudes or the intentions-behaviour relationship" (N.F.
KRUEGER, A.L. CARSRUD, 1993, op.cit, p. 326).
297
"The empirical samples have been compiled from Finland, Sweden, USA and South-East Asia. This
approach allows us both to test the stability of the model, as well as compare the prevalence of
entrepreneurial intent among students in different countries".

173
SITUATIONAL
Years studied
Employed ?
GENERAL
ATTITUDES
Achievement
BACKGROUND Autonomy CONVICTION
Change And career ENTREPRENEURIAL
Relatives
Money Preferences INTENT
Small firm
experience
Age
Immigrant ?
Sex
Educational level
IMAGE/PAYOFF
UNIVERSITY
ENVIRONMENT

Figure 14 - Illustration of the final model, relationships grouped (E. AUTIO et alii,
1997, p. 141)

A cet effet, ils ont introduit dans le modèle de P. DAVIDSSON (1995) des variables
exprimant l'image de l'entrepreneuriat et la récompense que les étudiants attendent en
optant pour une carrière entrepreneuriale ("image/payoff")298. Il ressort de leur analyse que
la conviction entrepreneuriale et les préférences de carrière ("conviction and career
preferences") des étudiants sont les facteurs les plus importants dans la formation de
l'intention entrepreneuriale. Ces préférences et cette conviction se référent aux concepts de
perceptions de faisabilité de A. SHAPERO et de L. SOKOL (1982) et de perceptions du
contrôle comportemental de I. AJZEN (1991). Elles sont influencées par :
9 l'image de l'entrepreneuriat ("image/payoff") comme possibilité de carrière et les
conséquences que les étudiants en attendent. Cette image renvoie aux attitudes
associées au comportement de I. AJZEN (1991) et aux perceptions de désirabilité de A.
SHAPERO et L. SOKOL (1982)299. L'image est influencée par le niveau d'éducation,
les expériences de travail dans les petites entreprises et l'entourage immédiat ;

298
"Our model is based on the model of Davidsson (1995). We have developed some modifications to
account for the characteristics of university students In Davidsson's domain attitudes, we introduce variables
relating to the image of entrepreneurship as well as to the expected payoff".
299
"In the model, the image of entrepreneurship corresponds to Ajzen's attitude toward the behavior,
Shapero's perceived desirability".

174
9 les attitudes générales ("general attitudes" : besoin de réussite, autonomie,
changement, gain d'argent) sont influencées par le niveau d'éducation, les expériences
de travail dans les petites entreprises et l'entourage immédiat ;
9 l'environnement universitaire ("university environment") en ce qu'il est perçu comme
support permettant aux aspirations entrepreneuriales de s'exprimer300.

La formation et les expériences de travail ("background"), le nombre d'années d'études,


ainsi que les attitudes générales peuvent influencer directement l'intention entrepreneuriale
(flèches en pointillés).

Ce modèle a l’avantage d'une validité transcontinentale. Mais il amalgame, nous


semble-t-il, attitudes, motivations et normes subjectives301.

Conclusion du chapitre 5

Nous avons construit notre propre cadre théorique en empruntant à la psychologie


sociale une théorie (la théorie du comportement planifié) peu usitée dans les recherches
entrepreneuriales en particulier, et en sciences de gestion en général. Notre construction
théorique confirme que l'entrepreneuriat est un champ au carrefour de plusieurs
disciplines302. L'apport transdisciplinaire de notions psychosociales est indéniable quant à
la formulation des acceptions et des concepts auxquels nous ferons appel dans le chapitre
qui suit.
Le processus entrepreneurial dans sa phase intentionnelle peut être analysé par le biais
de la théorie du comportement planifié. C'est parce qu'elle permet de prédire les
comportements que le champ d'application de cette théorie s'étend et s'applique à

300
"In the model, social variables try to capture characteristics of the university environment as well as
situational variables… The perceived support of the university environment relates to the degree to which the
university is perceived as supporting entrepreneurial aspirations".
301
Les motivations de création (besoin de réussite, autonomie, changement, gain d'argent) sont incluses dans
le groupe de variables nommé "general attitudes"; il en est de même pour les normes subjectives (les
proches et les modèles d’entrepreneur) qui sont intégrées dans la variable image de l’entrepeneuriat
("image/payoff").
302
Cf. supra., p. 33-35, "1.2.2 L'approche comportementale : l'amorce de l'entrepreneuriat comme véritable
champ de recherche".

175
l'entrepreneuriat, et plus particulièrement en ce qui nous concerne, à l’intention
entrepreneuriale.
En choisissant comme toile de fond à notre problématique le modèle de la formation de
l’événement entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), et en l'approchant à la
lumière de la théorie du comportement planifié, nous arrivons au constat que pour
comprendre l'intention entrepreneuriale, il est primordial de décrire et d’analyser les
attitudes associées au comportement, les normes subjectives et les perceptions du contrôle
comportemental. Plus spécialement, il est question de décrire les actions qu’entreprennent
les étudiants en vue de concrétiser leur intentions (variables d’attitude), les motivations et
les influences sociales qui les animent (variables de norme subjective), et enfin, les
perceptions de leurs aptitudes et des ressources pour ce qui est de la faisabilité des idées ou
des projets d'affaire (variables de perception).

Ayant justifié le cadre théorique de référence, il est maintenant nécessaire d'énoncer les
hypothèses de recherche et d'exposer ce que recouvrent les facteurs personnels et
contextuels qui agissent sur l'intention d'entreprendre dans une thématique de formation en
entrepreneuriat. En synthèse des deux parties théoriques de cette thèse, nous présentons un
modèle de l’intention entrepreneuriale.

176
Chapitre 6 - Proposition d'un modèle de l'intention
entrepreneuriale

"Quelque compliqué que soit un ordre de phénomènes, il y a toujours moyen de l'étudier


scientifiquement à la condition d'observer la règle qui prescrit d'aller du simple au
composé".
Léon WALRAS (1976) [1874]

Les recherches en entrepreneuriat prennent diverses formes303. Souvent exploratoires


ou descriptives, elles dominent le champ pour une grande partie. L'objectif de ces
recherches est d'apporter de l'information, de décrire un événement ou un phénomène du
processus entrepreneurial. Elles apportent une meilleure connaissance des divers aspects de
l’entrepreneuriat. Explicatives et/ou prédictives, les recherches combinent au sein d’une
démarche hypothético-déductive l'approche exploratoire et les tests d'hypothèses. Elles
tentent de mettre en évidence des relations d’influence ou de causalité entre des
variables304.
Les chercheurs en entrepreneuriat se sont longtemps cantonnés dans des approches
utilisant les traits de personnalité, les attitudes et les facteurs situationnels au détriment de
modèles multidimensionnels et prédictifs, plus solides et largement utilisés par ailleurs
(R.J. BRADLEY, 1990, p. 51305 ; N.F. KRUEGER et A.L CARSRUD, 1993, p. 318306 ;
N.F. KRUEGER et alii, 2000, p. 412307). Les modèles en entrepreneuriat, fait remarquer à

303
A ce titre, elles sont similaires aux études et recherches en marketing qui sont soient exploratoire,
descriptive, explicative-prédictive-causale ou d'aide à la décision (Y. EVRARD et alii, 1997).
304
Pour un exposé sur les conditions qui permettent d’envisager une relation de causalité, le lecteur pourra se
référer à J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 174-175) qui notent qu'"On ne peut jamais démontrer la
causalité, on peut seulement l'inférer".
305
"The application of multidimensional research models should result in a better understanding of the
nature of the whole "entrepreneurial animal" as a complex and dynamic set of interrelated parts".
306
"Research in entrepreneurship has largely ignored these models for less robust and less predictive
approaches using personality traits, demographics or even attitudinal approaches".
307
"Intentions and attitudes depend on the situation and person. Accordingly, intentions models will predict
behavior better than either individual (for example personality) or situational (for example, employment
status) variables".

177
juste titre W.D. BYGRAVE (1989a, p. 13), sont essentiellement descriptifs. Ils sont plus
empiriques et "phénoménologiques" que théoriques308.

Notre volonté est de concevoir et de tester un modèle fondé sur l’intention


entrepreneuriale. Prédictif de l’acte de création d’entreprise, ce modèle décrit et
explique, dans une optique multidimensionelle, cette phase-amont du processus
entrepreneurial. Les modèles fondés sur la théorie du comportement planifié, utilisés
avec succès pour l'étude de l'intention comportementale, reposent sur un système
d'hypothèses (N.F. KRUEGER, A.L. CARSRUD, 1993, p. 32309). Notre démarche est
donc hypothético-déductive.

Or, ce type d’approche nous oblige à conceptualiser les variables explicatives retenues
dans le modèle. Successivement, nous traitons des attitudes associées au comportement,
des normes subjectives et des perceptions du contrôle comportemental. Chacun de ces trois
concepts est accompagné d’une argumentation sur ses facteurs constitutifs.
Au fur et à mesure de la présentation de quelques définitions et de nos propres
acceptions des variables explicatives de l'intention entrepreneuriale, nous énonçons les
hypothèses de travail. Sur ces bases, nous pouvons esquisser le modèle de recherche dans
sa globalité.

6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de l'intention


entrepreneuriale et hypothèses de recherche

L'entrepreneuriat, si besoin est de le rappeler, est un champ mobilisant plusieurs


disciplines. Nul ne peut prétendre à une compétence pluridisciplinaire. Ainsi, notre
démarche n'est pas d'opérer une exploration conceptuelle profonde de chacune des
variables figurant dans le modèle.

308
"Today's entrepreneurship models are mainly descriptive. They are empirical or phenomenological rather
than theoretical".
309
"The theory of planned behaviour's demonstrated robustness offers much to research on the emergence of
new organization. Theory-based intentional models successfully reflect the nature of intentional, perception-
driven process phenomen of organizational emergence".

178
H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, p. 20) notent que l’utilisation d’outils
sociologiques et psychologiques dans le champ de l’entrepreneuriat a suscité plusieurs
critiques. Tout au plus, persistent-il, peut-on corréler les variables psychologiques et
sociologiques agissant sur le processus entrepreneurial avec des types de comportement
entrepreneuriaux310.
Cependant, nous prenons le risque "scientifique" de nous aventurer sur un terrain où les
résultats de recherche sont probablement à un stade où leur validité reste à confirmer. Il
n’en demeure pas moins qu’en l’état des connaissances actuelles, il nous est possible
d’affirmer que l'intention, une phase importante en amont du processus
entrepreneurial, est suffisamment stable dans le temps pour être isolée et étudiée avec
"précaution". Nous partons du constat que certains facteurs situationnels et
personnels (les attitudes, les normes et les perceptions) influencent, sur une période
s’étalant sur cinq ans, l'intention entrepreneuriale.

Une fois ce constat formulé, il est nécessaire de spécifier les variables explicatives qui
agissent sur l'intention entrepreneuriale. Mais au fur et à mesure de l'élaboration de la
problématique et de la définition du cadre théorique de référence, nous avons pris
conscience de :
9 la diversité des variables à prendre en compte ;
9 de leur interdépendance ;
9 de la difficulté de leur opérationnalisation (il est question d'attitudes, de normes et
de perceptions).

Les variables intervenant dans l'intention entrepreneuriale sont nombreuses.


Opter pour des relations multiples se heurte au dilemme classique opérationnalité-
exhaustivité (C. BRUYAT, 1993, p. 137)311. Quelles variables sélectionner parmi
celles, nombreuses, citées dans la littérature ?

310
"Many criticisms have been levelled at these attempts to understand the why of entrepreneurship…
Indeed, the literature suggests that no causal link can be established between any of the above-mentioned
variables (variables psychologiques et sociologiques) and entrepreneurship. At most, one could speak of
correlates or antecedents of particular kinds of entrepreneurial behavior".
311
E.-M. HERNANDEZ (1999, op.cit., p. 52) signale qu’une modélisation "se heurte à deux difficultés : la
capacité du chercheur à identifier les éléments et les relations en rapport avec l'objectif retenu, et sa
capacité à la rendre communicable à ceux qui auront à s'y référer".

179
Il serait évidemment difficile, sinon impossible comme le note J.M. CRANT (1996, p.
44) de contrôler toutes les variables qui expliqueraient l'intention entrepreneuriale312.
Préciser les objectifs de la recherche, c’est déterminer ce que l’on veut décrire ou mesurer,
définir ce que l’on retient, mais aussi écarter un certain nombre de problèmes (M.
GRAWITZ 1996, p. 499). Nous avons opéré des choix entre une multitude de variables ;
ils peuvent être discutables et critiquables selon différents points de vue313. Notre
problématique et le contexte dans lequel se trouve les étudiants nous ont conduit à retenir
les aspects les plus saillants de notre recherche.
Chaque trajectoire entrepreneuriale est unique, mais la lecture de quelques modèles
laisse supposer que des régularités contingentes peuvent émerger par rapport à l’existence
d’idées d’affaire ou de projet, à des variables psychologiques, à l’entourage des étudiants
et aux perceptions des aptitudes et ressources qui faciliteraient la concrétisation de
l’intention entrepreneuriale. Nous avons réussi à faire émerger des variables
explicatives et prédictives de l'intention entrepreneuriale de populations suivant des
formations ou des programmes en entrepreneuriat.

La modélisation est une construction complexe. La forme de l'exposé, cependant,


contraint la pensée à un raisonnement analytique et linéaire. "Tout découpage est
fondamentalement artificiel. C'est cependant un moyen commode pour simplifier l'étude et
la compréhension d'un processus complexe" (C. BRUYAT, 1993, p. 259).
"Désarticuler" et "découper" l’intention entrepreneuriale revient à énoncer l’influence
de trois types de variables. Les attitudes associées au comportement se déclinent par
l'existence d’une idée ou d’un projet d’affaire et par la quête d’informations pour mieux les
structurer. Les normes subjectives sont approchées par les motivations qui soutiennent
l’intention entrepreneuriale (besoin d’accomplissement, recherche de l’autonomie), les
perceptions des conséquences de la prise de risque et la connaissance de modèles
d'entrepreneur. Les perceptions du contrôle comportemental sont contenues par les
perceptions des aptitudes entrepreneuriales (les programmes ou formations en
entrepreneuriat), les expériences professionnelles et associatives, et par les perceptions de
disponibilité des ressources (informations, conseils et finances).

312
"… it would be difficult if not impossible to control for all possible effects on entrepreneurial intentions".
313
Selon les problématiques et les objectifs de recherche, certaines dimensions sont toujours occultées au
détriment d'autres.

180
6.1.1. Les attitudes associées au comportement

Selon Le Robert, l'attitude est un "…Ensemble de jugements et de tendances qui


poussent à un comportement". En psychologie, les attitudes sont analysées dans l'ensemble
des rapports qu'entretient l'homme en société, aussi bien dans le monde du travail, la
famille que le monde éducatif (J. IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 48). Pour S.
MOSCOVICI (1962, p. 190), l’attitude est "une dimension de certaines classes de
comportement dont elle est l'élément essentiel".
En psychologie sociale, selon M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977, p. 463),
l'attitude est "un attribut de l'individu" qui permet de comprendre le comportement qu’il a
choisi. Elle renvoie à ses traits de personnalité, à son système de valeurs ainsi qu’à leurs
processus de formation. L'attitude constitue "le pont entre les conduites observables des
individus et la structure de valeurs - inobservable - qui oriente celles-ci".
Il existe d’après K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 14, 15, 19 et 184), trois principaux
courants théoriques qui étudient le changement des attitudes en psychologie sociale : les
théories béhavioriste, cognitive, des règles et des rôles314. Les nombreuses définitions
proposées reflètent à chaque fois, d’après eux, une prise de position particulière. Ces
auteurs définissent l'attitude comme "une prédisposition à réagir de façon positive ou
négative à une personne ou à un objet, ou encore à un ensemble de personnes ou d'objets".
Ils distinguent trois composantes des attitudes :
9 "cognitive" : l'individu possède des croyances ou opinions sur un objet ;
9 "affective" : l'individu possède un sentiment envers une personne ou un objet qui peut
varier positivement ou négativement ;
9 "conative" (comportemental) : l'action de l'individu est orientée vers l'objet.

314
La théorie béhavioriste repose sur le postulat qui veut que l'action humaine soit gouvernée par des
événements extérieurs, qui sont significatifs en raison de leur influence sur les états psychologiques
responsables du comportement. Cette approche incite le chercheur à identifier des événements
environnementaux intimement liés aux actions des gens, et conséquemment, à prévoir leur influence.
La théorie cognitive rejette le point de vue béhavioriste et met l'accent sur les processus intérieurs,
notamment les effets des pensées et des interprétations sur les propriétés de l'environnement. Tandis que les
béhavioristes affirment que les événements environnementaux influent sur les gens, les cognitivistes croient
que la perception que les gens ont des événements constitue ce qui influe sur leur comportement.
La théorie des règles et des rôles tire ses origines de la sociologie. Les sociologues ont proposé, dans leur
intérêt pour les patterns d'activité sociale, que les gens partagent des "règles" qui guident leur conduite dans
le temps. Lorsque ces règles sont largement adoptées, les "rôles" se substituent aux "règles". Les adeptes de
cette théorie accordent moins d'importance aux événements extérieurs, ils s'intéressent à la manière dont les
règles intériorisées guident la conduite. Contrairement aux cognitivistes, ils s'intéressent moins à la façon
dont une personne interprète ou perçoit le monde extérieur.

181
Ces trois dimensions sont interactives, de sorte qu'une modification de l'une entraîne des
changements sur les autres.

La psychologie sociale se préoccupe donc des attitudes au regard de leur lien étroit avec
les actions des individus. K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 211-217) notent que "le postulat
d'une relation étroite entre les attitudes et le comportement occupe une place centrale en
psychologie sociale". Connaître les attitudes d'un individu envers un autre ou envers un
objet, devrait rendre possible de prédire son comportement315. "Intuitivement, ce postulat
semble sensé". Pour R.-J. VALLERAND (1994, p. 332), l'attitude oriente l’individu vers
certaines actions particulières.
Dans le même sens, M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977, p. 463) distinguent deux
types d'études sur les attitudes. Le premier s'intéresse aux attitudes en ce qu'elles révèlent
des régularités et des modes de structuration de l'univers social catégorisé des individus. Le
second, qui répond indubitablement à notre préoccupation, s'intéresse aux attitudes dans
une perspective de prédiction des comportements, en établissant une "équivalence
implicite" entre eux.

Les intentions entrepreneuriales dépendent des attitudes envers des comportements que
l'on souhaite atteindre. Elles sont mieux saisies par le biais d'attitudes spécifiques (N.F.
KRUEGER et D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93316 ; N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD,
1993, p. 315317 ; N.F. KRUEGER et alii, 2000, p. 413318). Les intentions sont de parfaits
médiateurs entre les attitudes et les comportements visés.

Selon le point de vue qui nous intéresse, nous retenons de l’attitude sa dimension
conative319. Les actions de l’individu sont orientées vers le comportement souhaité,
c’est à dire que l’attitude oriente l’action. Les attitudes associées au comportement sont

315
Ces auteurs affirment que plusieurs chercheurs rappellent souvent que les attitudes ne permettent pas de
prédire les comportements. Le problème provient, confirment K.-J. GERGEN et alii (1992, op.cit), des biais
de la recherche, c'est-à-dire de l'impuissance des modèles théoriques et des plans de recherche à identifier la
relation entre les attitudes et le comportement.
316
"In turn, certain key attitudes or beliefs robustly predict intentions. That is, the forces acting upon a
potential behavior do so indirectly by influencing intentions via those key attitudes".
317
"… In turn, intentions are best predicted by certain specific attitudes. Intentions fully mediate the
relationship between attitudes and the target behavior".
318
"In its simplest form, intentions predict behavior, while in turn, certain specific attitudes predict
intention".
319
La dimension cognitive y est sous-jacente.

182
l'un des trois groupes de variables explicatives de l'intention entrepreneuriale. Elles se
manifestent par l'existence d’une idée ou d’un projet d’affaire et la recherche
d’informations en vue de mieux les formaliser.

6.1.1.1. L'idée ou le projet d’affaire

Comme nous l’avons annoncé au chapitre premier, l’existence d’une idée ou d’un projet
d’affaire distingue l’intention entrepreneuriale au sein du processus amont de création
d’entreprise320. L'étudiant qui a l’intention de se mettre à son compte, a d'abord une idée de
création avant de cerner son projet321. C. BURYAT (1993, p. 104) affirme que le processus
entrepreneurial ne devient repérable pour le chercheur qu'à partir du moment où il est
suffisamment engagé. Cet engagement dans son modèle générique nous situe
essentiellement à l'étape 2 ("l'action de créer est envisagée" : l'individu possède un projet
flou) et accessoirement à l'étape 3 (l‘individu a formalisé un plan d'affaires)322. Nous en
sommes aussi en phase d'"Initiation" de E.-M. HERNANDEZ (1999)323.

Pour E.J. DOUGLAS (1999), même s’il existe une forte intention à se vouloir
entrepreneur, celle-ci ne peut se concrétiser réellement sans l’existence d’une opportunité
de création et des ressources nécessaires pour sa mise en œuvre324. Dans leur modèle de
création d'entreprise, D.B. GREENBERGER et D.L. SEXTON (1988, p. 4) intègrent une
variable "vision" qui implique l'existence probable dans l'esprit du porteur de projet d'une
"image" ou d'une idée d'affaire qui se transformera plus tard en intention
entrepreneuriale325.

320
Cf. supra., p. 47-50, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus
entrepreneuriale".
321
Certains auteurs supposent que l'individu décide d’abord de créer son entreprise, puis recherche une idée ;
d'autres clament le contraire. Le débat pour nous ne se pose pas. Il nous importe seulement d'affirmer que
l’existence d’une idée ou d'un projet est un facteur qui peut influencer l'intention entrepreneuriale.
322
Cf. supra., p. 38-39, "1.3.1. La forme générique du processus de création d’entreprise de C. BRUYAT
(1993)".
323
Cf. supra., p. 42-44, "1.3.3. Le modèle stratégique d'entrepreneuriat de E.-M. HERNANDEZ (1999)".
324
"We note that even with the strongest intentions to be an entrepreneur, no entrepreneurship will occur
without the advent of a suitable self-employment opportunity and the funding required to undertake that
opportunity".
325
"In addition to possessing a predisposing personality, the individual who initiates a new venture is also
likely to have some vision or idea of the prospective business… Instead, entrepreneurs are likely to have
some abstract image in mind about what they intend to accomplish".
Selon T. VERSTRAETE (2001, op.cit., p. 13), le terme "vision", qui a plutôt une dimension
organisationnelle est, dans la littérature entrepreneuriale, attaché aux représentations que se fait

183
L. KOLVEREID (1997), D.W. NAFFZIGER et alii (1994, p. 35) notent que l'existence
d'idée d'affaire est une composante importante dans le processus de passage à l'acte de
création326. M.G. SCOTT et D.F. TWOMEY (1988, p. 9 et 11) notent que la validation
d'une idée d'affaire doit être sans nul doute la pièce centrale d'un programme de formation
visant à assister des entrepreneurs potentiels327. Les résultats de leur enquête
transcontinentale portant sur 436 étudiants américains, anglais et irlandais, montrent que
plus de la moitié des étudiants aspirant à créer leur entreprise ont une idée d'affaire. La
possession de cette dernière représente peut être l'influence la plus importante dans le
choix d'une carrière entrepreneuriale328. Dans une recherche plus récente, R. RAIJMAN
(2001, p. 398) montre que 90% des immigrés mexicains résidants à Little Village (Etats-
Unis), ayant l’intention d’entreprendre, possèdent une idée d’affaire329.
J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999) confortent les constats ci-dessus en affirmant
que la recherche d'idées d'affaire permet de mesurer l'intention entrepreneuriale330. N.F.
KRUEGER et alii (2000, p. 411 et 428) notent que l'identification d'une opportunité est
partie intégrante du processus de formation de l'intention entrepreneuriale.

La formation de l'intention exige donc de formuler une idée ou un projet, plus ou


moins structurés, qui expliqueraient les attitudes entrepeneuriales des étudiants. La
possession d'une idée ou d’un projet est une étape centrale dans la formation de l'intention
entrepreneuriale des étudiants. On peut donc énoncer notre première hypothèse :

l’entrepreneur du futur désiré. La vision se forme de différents éléments "dispositionnels" (l’expérience, les
relations, les motivations et les aspirations…) et "situationnels" (le contexte économique, politique et social).
L’article de C. FONROUGE (2002) apporte un bon éclairage de la notion de vision dans l’étude des
phénomènes entrepreneuriaux.
326
"Obviously, no one will start a business without an idea… Thus, it is the contention of this paper that the
existence of an idea and the evaluation of that idea is an important part of the new venture decision-making
process".
327
"The creation and validation of a business idea should be incorporated as a central part of any program
designed to assist aspiring entrepreneurs and promote interest in self-employment".
328
"Nearly 52 percent of those who preferred self-employment said they had a business idea as opposed to
26.8 percent of those who wanted to work in small business, 16.5 percent of those who preferred work in the
public sector… Finally, the possessing of a business idea is perhaps the strongest influence on career
aspiration".
329
"About half of the respondents in the household survey reported having thought about starting a business,
and almost 90% of these have a specific line of business in mind".
330
" The dependent variable (intentionality) is measured as follows… We asked whether the respondent will
involve in various pre-start-up actions such as actively look for business ideas, make experiments to produce
a product, develop a new product or service, look for business partners, or apply for a patent for a product".

184
hypothèse 1 : l'existence d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins
formalisé influence positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants.

6.1.1.2. La recherche d’informations

Dans leur "traité" sur les problèmes que pose l'"action organisée", sur les conditions qui
la rendent possible et les contraintes qu’elle impose, M. CROZIER et E. FRIEDBERG
(1977, p. 460-461) suggèrent que les attitudes sont développées non pas uniquement en
fonction du passé (la socialisation, les expériences passées), mais aussi en fonction des
opportunités présentes et futures. Elles correspondent à des "orientations stratégiques" que
les acteurs adoptent en tenant compte des ressources et des contraintes qui pèsent sur eux.
Les attitudes reflètent alors le choix d'une orientation d'action face aux risques et
opportunités des jeux auxquels les acteurs participent dans leurs univers sociaux. Elles sont
donc utilisées comme des révélateurs des stratégies d'acteur.

L'intention implique l'action (K.E. LEARNED, 1992, p. 42). L'engagement personnel


dans le processus de création d'entreprise distingue les individus qui ont l'intention de créer
et ceux qui manifestent seulement une propension à entreprendre331. Selon M.E. TUBBS et
S.E. EKEBERG (1991, p. 184), l’intention s’exprime par des objectifs mais aussi par un
plan d’action destiné à la concrétiser. A.F. DE NOBLE et alii (1999) affirment que la
recherche des ressources nécessaires à la mise en œuvre d'opportunités d'affaires distingue
essentiellement les individus qui entreprennent des actions en vue de concrétiser leurs
idées332.
Pour E.-M. HERNANDEZ (1999, p. 64), "Elle (l'intention) reflète l'objectif ou les
objectifs du ou des créateurs. En général, elle se traduit par la recherche de l'information
utile pour agir". T. VOLERY et alii (1997, p. 277)333 ainsi que R. RAIJMAN (2001, p.

331
" Intention implies action… Individuals with intention have a higher likelihood of founding than do
individual with only propensity, because they have committed themselves to attempting to found".
332
"Such a measure (mesure de la fiabilité et de validité de l'auto-efficacité entrepreneuriale) can be used to
identify individuals who actually commit to marshalling the necessary financial and human resources needed
to pursue a venture opportunity. These individuals would be quite distinct from those who merely think about
setting up their own business but never initiate the necessary actions".
333
"Individuals with the intention to start a business not only have a propensity to start, but also a rational
behaviour to reach their goal. They have therefore already taken some steps (e.g. gathered some information,
established a business plan and saved some money) toward this goal".

185
398)334 notent que les individus qui ont l’intention de créer leur entreprise ont, non
seulement une propension entrepreneuriale, mais franchissent certaines étapes pour
parvenir à leurs objectifs. Ils recherchent les ressources et les informations nécessaires
pour mettre en œuvre leurs projets.

D'après N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 97), la recherche d'informations


implique que l'intention est plus forte car on entame un processus à travers lequel on
cherche à surmonter les obstacles relatifs à la création d'entreprise335. Une idée ou un projet
ne sont donc pas suffisants à eux seuls dans le processus de création d’entreprise.
L’intention exige donc des actions qui conforteraient ou fragiliseraient les choix des
individus. Ces dernières se manifestent par la recherche d'informations sur le marché, le
produit et la formalisation de certains aspects de l’idée ou du projet de création. Ces
actions et ces orientations permettent de percevoir et de mesurer l'intention
d’entreprendre des étudiants336. Il nous est ainsi possible de poser l'hypothèse suivante :

hypothèse 2 : la recherche d'informations dans le but de formaliser certains aspects


de l'idée ou du projet d'entreprise influence positivement l'intention entrepreneuriale
des étudiants.

6.1.2. Les normes subjectives

Pour R.-J. VALLERAND (1994, p. 571, 622, 671 et 672), les normes sont des attentes
généralisées concernant le comportement adopté au cours d’un processus de socialisation.
Elles sont des règles de conduite dictées par la société. Les normes constituent des modèles
d'approbation ou de désapprobation sociale. Dans les sociétés d'aujourd'hui, les normes

334
"Once the idea of starting business exists, the following stage is to take steps to accomplish the desired
goal. The search for sources of financial capital and information were other common steps taken by latent
entrepreneurs".
335
"They (entrepreneurs potentiels) are likely to see obstacles that are simply not there and not see very real
obstacles. Someone with well-developed intentions toward starting business is more likely to have
investigated obstacles than someone for whom intentions are not salient".
336
Ceci dit, il n'est nullement besoin que le projet soit ficelé par un plan d'affaires solide pour montrer
l'existence de l'intention. A ce titre, N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit., p. 322) note que
"One need not a formal business plan to have an intention to start a business or to demonstrate that
intention".

186
subjectives s’acquièrent principalement par le biais de la famille, de l'école et du milieu
professionnel.
L’auteur constate que la norme subjective constitue un concept voisin de celui de
l’influence sociale. Elle précise l'effet de la présence des autres et de leurs comportements
comme source d'influence sur nos propres comportements. "En somme, les individus
cherchent à se conformer aux normes de leur groupe et de la société".
K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 214 et 288) mettent aussi en exergue "la proximité" des
deux concepts. L’influence sociale peut amener les individus à changer leurs
comportements ou leurs attitudes selon les schémas dominants de la culture dans laquelle
ils sont immergés337. L’influence sociale est fonction des "croyances normatives". Ces
dernières sont relatives à la perception des autres sur ce que nous devrions faire.

Plusieurs études montrent l'importance des phénomènes d’influence sociale sur les
comportements des individus. Quelles formes prennent concrètement ces normes
subjectives dans le cadre de notre problématique ?
Dans un premier temps, les normes subjectives peuvent s’exprimer sous forme de
motivations. En effet, leur théorisation est réalisée autour d'un cadre de référence culturel
donné. Les motivations tiennent, selon D. DRILLON (1995, p. 10 et 44) à la pression que
peut exercer l’environnement dans le rapport qu’entretient avec lui l’individu. La
motivation concerne l'individu dans son ensemble, et dans les relations qu'il entretient avec
son environnement. Elle est soumise à deux formes d'influence : une interne et une autre
issue de l'interaction individu-environnement. La motivation est certes influencée à divers
degrés par nos valeurs, besoins, attentes et performances. Mais à ces éléments personnels
s'ajoutent, poursuit l’auteur, le rôle de la société et de l'organisation dans lesquelles
s’inscrivent les actions individuelles.
Dans un second temps, les normes subjectives se concrétisent par la propension à la
prise de risque. Une société ou un entourage favorisant cette dernière sont plus enclins à

337
Les auteurs notent trois formes d'influences sociales qui produisent la similarité des comportements :
9 ""l'uniformité" : repose sur le fait que l'on accepte le postulat tacite qui veut qu'il est désirable d'être
comme les autres ;
9 "le conformisme" : une forme de similarité qui se produit lorsqu'on cède à la pression sociale qui nous
oblige à être comme les autres ;
9 "la soumission" : repose sur l'acquiescement à une demande faite par une autorité".

187
inciter leurs membres vers la voie entrepreneuriale, contrairement à un groupe social
manifestant une aversion au risque.
Enfin, les normes subjectives peuvent se matérialiser à travers la connaissance de
modèles d’entrepreneur et le souhait de les imiter. Le fait de se trouver dans un milieu
culturel donné peut amener un individu à agir différemment, par l’observation du
comportement des autres. Selon J. MAISONNEUVE (1971, p. 39), tout individu membre
d’un groupe subit l’influence de modèles collectifs et respecte certaines normes explicites
ou implicites, se conforme à ce qu’on attend de lui.

6.1.2.1. Les motivations de l'intention entrepreneuriale

Pour C. BRUYAT (1993, p. 120), "Il est naturel qu'un champ se constituant à partir de
l'affirmation de l'individu comme source principale de la création de valeur, tente de
décrire et de mettre… les facteurs intra-individuels prédictifs de l'acte entrepreneurial et
de sa réussite… Les études empiriques de type hypothético-déductif tentent de différencier
les entrepreneurs d'autres populations avec comme objectif, au moins implicite, de tester
un modèle prédictif de l'acte entrepreneurial".
Les approches descriptive et comportementale ont été dominées, entre autres, par les
travaux sur les motivations des porteurs de projets, des créateurs d’entreprise et des
entrepreneurs. Ces dernières ne fournissent pas directement des éléments tangibles, mais
elles ont, tout au moins, contribué à mieux faire comprendre les phénomènes
entrepreneuriaux en mettant en exergue leur diversité, leur complexité et leur contingence.

D’après M. SAFAVIAN-MARTINON (1998, p. 262-263), il est difficile de distinguer


les concepts de "motivations", "mobiles", "valeurs", "préférences", "objectifs" et "besoins"
les uns des autres, surtout quand on se réfère aux carrières. Pour D. DRILLON (1995, p.
13-14), "Parler de la motivation c'est prendre le risque de ne pas se comprendre". Il s'agit
d'un thème ardemment exploré et décrit depuis fort longtemps. L'auteur note qu'il existerait
140 définitions différentes de la motivation, qui reste un concept flou, un "fourre tout". Il
en conclut que les débats soulèvent plus de questions que de réponses.
S'agissant d'une "entité non matérialisable", la motivation serait "une force qui pousse
l'individu à agir". Elle est activée ou inhibée selon la pertinence et l'intensité d'un

188
changement pour l'individu. Celui-ci pondère ce changement et le filtre selon ces valeurs,
son image de soi, ses perceptions et ses attentes. Le comportement qui en découle reflète
en partie l'image de cette motivation ; l’autre partie étant fonction des différences
individuelles et culturelles qui atténuent ou amplifient ce comportement.
D’après L.-J. FILION (1997, p. 135), la motivation est ce que la personne perçoit
comme menant à son bien être ; elle inclut l'estimation du degré d'importance d'un but ou
d'un comportement. La motivation, selon K.-G. GERGEN et alii (1992, p. 476), désigne
les forces (besoins, tendances…) qui poussent un individu à agir. Elle "implique une
volonté concrétisée de bien faire, de mobiliser tous ses efforts, et de réaliser de son mieux,
selon ses capacités, le travail qui est confié" (J. IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 107).
M. WEBER (1964) [1905] explique fondamentalement les motivations par le système de
valeurs, les motivations structurant les attitudes.

Bien que les motivations soient rarement mises en relation avec le concept d’intention,
la multiplicité des éléments retenus dans la littérature (gain d'argent, réalisation de
soi, recherche du pouvoir et du succès, désir d'autonomie…) fait certainement que les
choix que nous opérons ci-dessous feront l’objet d’interrogations "légitimes".
L'approche comportementale présentée au chapitre premier de cette thèse a mis en
évidence de façon marquée le besoin d'accomplissement comme motivation distinctive des
créateurs d’entreprise338. Il a été associé à l'entrepreneuriat depuis que D.C. Mc
CLELLAND (1961) a publié ses travaux sur les liens entre le protestantisme, le
développement économique et le besoin d'accomplissement (n Ach)339. L'auteur repose sur
la thèse que les entrepreneurs sont psychologiquement différents des non-entrepreneurs et
qu'ils sont à la base du développement économique. D.C. Mc CLELLAND (1961, p. 411 ;
1962, p. 101 et 110) affirme que le besoin d'accomplissement trouve ses sources les plus
importantes dans les valeurs, les croyances et l'idéologie340. Il reflète les rêves, les pensées

338
Cf. supra., p. 33-57, "1.2.2 L'approche comportementale : l'amorce de l'entrepreneuriat comme véritable
champ de recherche".
339
E.-G. DE PILLIS (1998) révèle que le concept a été défini par H.A. MURRAY ("The concept of Need for
Achievement was originated by Henry Murray in 1938 ").
340
"Where does strong achievement motivation come from ? Values, beliefs, ideology - these are the really
important sources of a strong concern for achievement in a country".

189
et les souvenirs qui nous renseignent sur les inquiétudes intimes des individus341. Le besoin
d'accomplissement présente les aspects suivants :
9 la définition d’un problème ;
9 la volonté de le résoudre ;
9 la réflexion aux moyens à mettre en œuvre, aux difficultés que l'on peut rencontrer et
aux personnes qui peuvent nous aider à trouver la solution ;
9 l’anticipation du succès ou de l'échec de l'idée à concrétiser342.
Il nous a semblé d'autant plus judicieux de retenir le concept de besoin
d'accomplissement car D.C. Mc CLELLAND (1962, p. 109) tisse un lien direct avec le
concept d'opportunité (existence d'une idée d'affaire) que nous retenons dans notre modèle.
En effet, note-t-il, une opportunité d'affaire incite à l'acte, surtout les individus possédant
déjà une certaine motivation à réussir343.

J.A. STARR et N. FONDAS (1992, p. 70) notent qu'il a été démontré que le besoin
d'accomplissement constitue une force motrice dans le processus de création d'entreprise344.
Il ressort comme une variable discriminante dans divers travaux345. Pour K.G. SHAVER et
L.R. SCOTT (1991, p. 31), il est peut être la seule variable psychologique dont
l'association avec la création d'entreprise est convaincante.346
Cependant, P. DAVIDSSON (1995) signale que le besoin d’accomplissement est certes
le concept psychologique le plus utilisé dans les recherches entrepreneuriales, mais aussi le
plus critiqué. E.G. DE PILLIS (1998) signale que les résultats des recherches sur la
corrélation entre l'entrepreneuriat et le besoin d'accomplissement sont mitigés, voire

341
"It (le besoin d'accomplissement) is the fantasies of the person, his thoughts and associations, which give
us his real "inner concerns" at the time he is working" .
342
"… These all represent different aspects of a complete achievement sequence - defining the problem,
wanting to solve it, thinking of means of solving it, thinking of difficulties that get in the way of solving it
(either in one's self or in the environment). Thinking of people who might help in solving it, and anticipating
what would happen if one succeed or failed".
343
"Opportunity is part of the story, of course. It does arouse people to act, but it arouses precisely those
who have some need for achievement already…Opportunity challenges those who are achievement-
oriented".
344
"In the entrepreneurial context, Need for achievement (Nach) motivation has been demonstrated to be a
driving force in the start-up process".
345
Nous citons, entre autre, E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), O.C. BRENNER et alii (1991, op.cit., p. 66),
W.D. BYGRAVE (1989a, op.cit. ; 1989b, op.cit ; 1990), W.G. DYER (1994, p. 9, op.cit.), J.A. KATZ
(1992), L. KOLVEREID (1996, op.cit., p. 29 ; 1997, p. 51), J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, op.cit.),
H.H STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, op.cit., p. 18) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999
op.cit.).
346
"Remarkably, although that quest is now thought quixotic, achievement motivation remains perhaps the
only personological whose association with new venture creation appears convincing".

190
contradictoires ; une étude comparative menée sur des étudiants Irlandais et Américains
montre que le lien ainsi analysé est loin d’être clairement établi et qu'il peut être expliqué
par des différences culturelles347.
Nous retenons le besoin d'accomplissement comme motivation distinctive qui peut
agir sur l'intention entrepreneuriale, car les étudiants sont en fin d'études, donc en phase de
décider de leur choix de carrière. Cette motivation est sans doute une voie de réalisation de
soi dans la vie professionnelle. La première hypothèse relative aux motivations qui
influencent l’intention entrepreneuriale s'énonce comme suit :

hypothèse 3a : le besoin d'accomplissement influence positivement l’intention


entrepreneuriale des étudiants.

La deuxième variable, qui nous semble comme une motivation différenciant des
étudiants qui peuvent formuler une intention entrepreneuriale, est la recherche de
l'autonomie. Celle-ci est synonyme d’être son propre chef, d’être indépendant et de
travailler selon son propre désir. Selon P. DAVIDSSON (1995), la recherche de
l’autonomie est l’un des facteurs les plus fréquemment révélés dans les motivations menant
à la création d’entreprise. Nous la retrouvons comme facteur déterminant dans plusieurs de
travaux348. La deuxième hypothèse relative aux motivations qui influencent l'intention
entrepreneuriale peut donc être formulée comme suit :

hypothèse 3b : la recherche de l'autonomie influence positivement l’intention


entrepreneuriale des étudiants.

347
"Research on entrepreneurship and achievement motivation has yielded uneven results… Some studies
show that measures of need for achievement correlate strongly with entrepreneurial behavior. On other
research, however, these measures do not appear to be related to entrepreneurial behavior… Studies
performed in the United States seem to show a positive relationship between entrepreneuring and need for
achievement. Research from the United Kingdom and Ireland, on the other hand, finds little or no connection
between need for achievement and business venturing… The debate on nAch is far from settled … Cultural
differences may be responsible for some of the inconsistencies in findings on nAch".
348
Nous faisons référence essentiellement à J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, op.cit.), E.
AUTIO et alii (1997, op.cit.), O.C. BRENNER et alii (1991, op.cit.), E.J. DOUGLAS (1999, op.cit.), P.B.
DUFFY et H.H. STEVENSON (1984, op.cit.), W.B. GARTNER (1990, op.cit.), J.A. KATZ (1992, op.cit.),
L. KOLVEREID (1996, op.cit. ; 1997, op.cit.), N.F. KRUEGER (2000, op.cit.), J.-P. SABOURIN et Y.
GASSE (1989, op.cit.), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit.) et J. VESALAINEN et T.
PIHKALA (1999, op.cit.).

191
6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la
disparition de l’entreprise

Dans le processus de formation de l’intention entrepreneuriale, la prise de risque est une


dimension des normes subjectives qui peut être nourrie par des influences sociales émanant
de la société en général, et de l’entourage immédiat en particulier. La prise de risque, une
dimension que nous avons retenue dans notre acception de l'entrepreneur349, est une
caractéristique psychologique qui ressort comme discriminante dans les recherches sur
l’intention entrepreneuriale, notamment les travaux de E.J. DOUGLAS (1999) et R.
RAIJMAN (2001).

Il ne peut y avoir d'entrepreneur qui ne veuille ou qui ne soit obligé de prendre des
risques. Quelle que soit l'époque envisagée dans le capitalisme, quelles que soient les
figures d'entrepreneur dominant chaque époque, nous avons montré au deuxième
chapitre que le risque (combiné avec l'innovation et la direction) ressort comme une
dimension distinguant à chaque fois l'entrepreneur350. R.H. BROCKHAUS (1982, p. 47)
divise le risque entrepreneurial en trois composantes :
1. la propension à la prise de risque en général (qu'il définit comme la probabilité perçue
par l'individu de recevoir les récompenses de sa future entreprise) ;
2. la probabilité perçue de l'échec ;
3. les conséquences perçues de l'échec351.
Ainsi à partir de cette troisième dimension, nous "jumelons" donc la propension à
la prise de risque avec les perceptions qu’ont les étudiants des conséquences de la
disparition de l’entreprise qu’ils seraient amenés à créer. Ces perceptions peuvent

349
Cf. supra., p. 86-87, "2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la
recherche".
350
Cf. supra., p. 80-86, "2.2. En synthèse de cette odyssée".
351
"… Moreover, entrepreneurial risk can be divided into three components : the general risk taking
propensity of potential entrepreneur, the perceived probability of failure for specific venture, and the
perceived consequences of failure".

192
prendre la forme d’un échec352, et par là même diminuer peut être la propension au
risque.
Du temps de A. SMITH (1991, p. 429) [1776], la banqueroute était fortement
humiliante. C'est pourquoi les hommes prenaient bien soin de l'éviter. Aujourd'hui encore,
l’échec d’une entreprise signifie une incapacité à honorer ses engagements. Dans bon
nombre de pays, l'échec est considéré comme une défaillance personnelle, sévèrement
sanctionnée matériellement et juridiquement. En France et en Grande-Bretagne, la faillite
est souvent assimilée à un échec personnel et social (E.G. DE PILLIS, 1998353 ; P.
ALBERT, 1997, p. 32 ; J. BERANGER et alii, 1998, p. 18). Les perceptions sociales
constituent souvent une sanction morale de l’échec. Celui-ci peut avoir un coût
psychologique et social élevé, qui découragerait selon toute vraisemblance, la prise de
risque.

Aux Etats-Unis en revanche, note E.G. DE PILLIS (1998), l’échec entrepreneurial est
généralement considéré comme le résultat justifié d’une opération qui valait la peine d’être
tentée par celui qui incarne le choix et la liberté354. Une faillite n’est nullement jugée
dégradante et la responsabilité n’en est pas automatiquement imputée au failli. L’échec
devrait témoigner d'une évolution sous-jacente, d'une expérience enrichissante, et par là
même, d'une nouvelle opportunité à saisir. "Un échec vécu comme un processus
d'apprentissage", souligne à juste raison C. BRUYAT (1993, p. 296), "peut être, pour
certains, porteur de réussites ultérieures". Dans le processus complexe de la création
d'entreprise, le résultat de l'action devrait être moins important que l'action elle même.
L'échec en sera alors plus toléré.

352
Les chercheurs en entrepreneuriat traduisent souvent les notions d'échec ou de réussite par la survie
ou les performances de l'entreprise créée. Implicitement, il est supposé que la satisfaction de l'entrepreneur
est plus forte quand cette dernière réussit et se développe. Si ce point de vue est légitime dans les approches
économiques pour lesquelles seul le résultat du processus compte, les chercheurs du domaine de
l’entrepreneuriat ne peuvent ignorer le point de vue de l'acteur, comme l’indiquent C. BRUYAT (1993,
op.cit, p. 92), L.-J. FILION (1997, op.cit, p. 153-154) et B. SAPORTA (1994, p. 79).
353
"Fear of failure plays a large role in British attitudes toward business venturing… In sum, neither Ireland
nor England appears to offer a hospitable climate toward entrepreneurship. Entrepreneurial venturing is not
a prestigious or popular pursuit, neither financially nor socially rewarding… An unsuccessful endeavor may
reap ridicule… Ireland is an island country with a relatively small population, and word of failure spreads
quickly".
354
"Americans admire entrepreneurs for the individual expression and freedom of choice that they embody…
Entrepreneurship, or any activity with uncertain outcome, carries with it the real possibility of failure.
Americans accept this ; for them, initial setbacks may only make the final victory sweeter… In the United
States, by contrast, failure is understood to be part of an ambitious undertaking ".

193
Les étudiants peuvent alors, à l’opposé de l’échec, percevoir les conséquences de la
disparition de l’entreprise comme un enrichissement profitable pour une autre
aventure entrepreneuriale, ou pour la suite de leurs carrières professionnelles. De ce
fait, la propension au risque serait éventuellement renforcée. Nous cernons donc
l’hypothèse correspondant à la propension au risque dans les termes suivants :

hypothèse 4 : la propension à la prise de risque influence l’intention entrepreneuriale


des étudiants.

6.1.2.3. La connaissance de modèles d'entrepreneur

L'approche processuelle nous oblige à chercher l’origine des normes subjectives dans
les histoires individuelles des étudiants. Ceci nous amène à nous interroger sur l'existence
d'événements, passés ou présents, qui peuvent nous éclairer sur leurs intentions de devenir
entrepreneurs.
D'après K.-J. GERGEN et alii (1992, p. 44 et 239), "La perception sociale est
également influencée par le contexte dans lequel on observe les actions d'autrui". Les
individus cherchent à se conformer aux comportements de ceux considérés comme
modèles, "Ceux qui sont déjà engagés malgré l'ambiguïté de la situation". Comme nous
l'avons exposé au chapitre troisième355, la connaissance de modèles d'entrepreneur au
sein de la famille, de l’entourage proche ou lointain, peut inciter les individus à vouloir
prendre exemple en imitant les actes et comportements de ces modèles ; plusieurs auteurs
l’attestent356.

Dans une recherche comparative sur les types de recrutement du patronat pendant la
révolution industrielle, il apparaît clairement à H. KAELBLE (1979, p. 15) que les
entrepreneurs Allemands, Britanniques et Américains étaient issus pour plus de la moitié

355
Cf. supra., p. 105-108, "3.1.3. Les mobiles socioculturels".
356
Nous citons notamment J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, op.cit.), N.G. BOYD et G.S.
VOZIKIS (1994, op.cit.), R.H. BROCKHAUS (1982, op.cit., p. 52), W.D. BYGRAVE (1989a, op.cit. ;
1989b, op.cit.), J.M. CRANT (1996, op.cit., p. 44), P. DAVIDSSON (1995, op.cit.), W.G. DYER (1994,
op.cit., p. 9), N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit.), N.F. KRUEGER et alii (2000, op.cit.),
W.B. GARTNER (1990, op.cit.), J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989, op.cit.), M.G. SCOTT et D.F.
TWOMEY (1988, op.cit., p. 7), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit., p. 271) et T. VOLERY et
alii (1997, op.cit., p. 281).

194
de familles d'affaires. C'est alors, dit-il, le seul groupe de cette importance dont les
membres possèdent une origine sociale commune. "L'accession à l'élite des affaires suit
sensiblement les mêmes voies pendant la révolution industrielle et pendant la seconde
industrialisation". R. TORSTENDAHL (1979) est arrivé aux mêmes conclusions en Suède
où plus de la moitié des chefs d'entreprises avaient un père, beau-père, frère ou oncle qui
étaient leurs prédécesseurs ou propriétaires de leurs propres affaires. L'accès à la voie
entrepreneuriale et patronale, au XIXème siècle, n'était pas étranger à la famille.
Dans un temps plus récent, A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 77) remarquent que
plus de la moitié des créateurs d'entreprise américains ont un parent ou un autre membre de
la famille dans les affaires357. M. BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 16 et
19) font le même constat dans une étude portant sur un échantillon de créateurs canadiens.
L’étude de R. RAIJMAN (2001, p. 398) a révélé aussi que plus de la moitié des immigrés
mexicains de "Little Village" (Etats-Unis) ayant formulé l’intention d’entreprendre,
possèdent un parent ou un membre de famille qui sont chefs ou créateurs d’entreprise.
En France, A. LETOWSKI et F. PEIGNE (1992, p. 3) relèvent que dans deux tiers des
cas, le créateur a au moins un proche parent qui a fondé son entreprise. En 2000, une
enquête de l’APCE prouve que dans plus de la moitié des situations, le père du créateur
travaille lui-même pour son compte (APCE, 2000).
L'étude de R. ABDESSELAM et alii (1999, p. 5) montre que l’environnement
entrepreneurial du créateur-repreneur conditionne partiellement le passage à l’acte
d’entreprendre. En effet, plus de 40% des créateurs-repreneurs ont un membre de la famille
qui dirige une entreprise, un peu plus de 20% un ami qui dirige une entreprise et 10% les
deux. Selon ces auteurs, cette tendance est une caractéristique stable qu’ils retrouvent dans
plusieurs études faites à des époques et dans des cultures différentes.

Le processus de création d’entreprise, dans divers endroits du monde, n'échappe donc


pas à une certaine "pesanteur sociale". Il connaît même une certaine "reproduction
familiale". L’hypothèse relative à l'impact de modèles d’entrepreneur sur l’intention
entrepreneuriale peut être formulée comme suit :

357
"Fifty to 58 percent of company founders in the United States had parents who were company owners,
free professionals, independent artisans, farmers".

195
hypothèse 5 : la connaissance par les étudiants de modèles d'entrepreneur qu’ils
souhaiteraient imiter agit positivement sur leur intention entrepreneuriale.

6.1.3. Les perceptions du contrôle comportemental

D'après K.-G. GERGEN et alii (1992, p. 477), "La perception est un processus cognitif
actif". Cette définition nous a particulièrement intéressée car elle s’inscrit dans notre
acception de l’intention entrepreneuriale358. Selon nous, et replacée dans notre
problématique, les perceptions du contrôle comportemental impliquent les
perceptions de ses propres aptitudes entrepreneuriales359, des ressources et obstacles
de l’environnement qui peuvent favoriser ou entraver l’intention entrepreneuriale. Il
est question ici des perceptions de faisabilité du comportement auquel on aspire.
N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 94) affirment qu'en l'absence des
perceptions du contrôle comportemental, il ne peut y avoir de comportement. Selon eux,
les modèles hypothético-déductifs fondés sur ces perceptions sont un outil précieux pour
comprendre les intentions360. T. ERIKSON (1998) a montré que plus fortes sont les
perceptions du contrôle comportemental, meilleure sera l'intention entrepreneuriale361.

Comment se manifestent les perceptions du contrôle comportemental dans le


processus de formation de l’intention entrepreneuriale d’étudiants suivant des
programmes ou des formations en entrepreneuriat ? L’entrepreneuriat est un processus
où des aptitudes élevées sont exigées. Plusieurs auteurs insistent sur les aptitudes
entrepeneuriales de l'individu dans le passage à l’acte de création362.
Cependant les perceptions du contrôle comportemental ne sont pas seulement
conditionnées par les perceptions des aptitudes entrepreneuriales, mais aussi par les

358
Cf. supra., p.57-59, "1.4.2.2. Un processus cognitif".
359
Cf. infra., p. 197, "6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales".
360
"To be blunt : no self-efficacy, no behavior… Formal theory driven models of intentions, anchored by
perceived self-efficacy, are invaluable to understanding toward planned, intentional behaviors like
entrepreneurship".
361
"… Consequently, in this study it is argued that the higher the belief in one's capability to start a new
business, that is, entrepreneurial self-efficacy, the stronger the entrepreneurial intentions".
362
Nous pensons notamment à E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), B.J. BIRD (1992, op.cit.), R.H.
BROCKHAUS (1982, op.cit., p. 50), W.D. BYGRAVE (1989a, op.cit. ; 1989b, op.cit.), L. HERRON et H.J.
SAPIENZA (1992, op.cit., p. 50), J.A. KATZ (1992, op.cit.), N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993,
op.cit.), W.G. DYER (1994, op.cit., p. 9), D.M. RAY (1993, op.cit.), J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989,
op.cit.), et H.H. STEVENSON et J.C. JARILLO (1990, op.cit., p. 21).

196
perceptions de la facilité (ou la difficulté !) d'accès aux ressources du milieu (informations,
conseils et finances). En effet, pour M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977), le
comportement de l'acteur ne peut se comprendre et s'expliquer que dans un contexte donné,
avec ses propres ressources et contraintes. Le contexte influence les "perceptions" dans la
construction des "logiques d'acteurs". Celles-ci établissent la manière avec laquelle les
individus choisissent leurs stratégies en fonction de la perception qu'ils ont des ressources
et des contraintes qui pèsent sur eux. En effet, confirment-ils, ce sont les perceptions qui
comptent.

6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales

Avant d’aller plus en profondeur dans les perceptions des aptitudes, que signifie le
concept d’"aptitudes entrepreneuriales" ? Dans une recherche où il cerne le débat sur les
aptitudes entrepeneuriales, il subsiste selon A. GIBB (1999, p. 2-3), un manque certain
dans la clarification du concept363. Ceci, poursuit-il, est le fait d’abondance et de confusion
dans les définitions. Il substitue aux aptitudes entrepeneuriales, le concept de capacités
entrepreneuriales. Celui-ci rend mieux compte de l’effet de l’environnement professionnel
et culturel364.
Cela étant, cette abondance et confusion ne doit pas nous empêcher de nous positionner
pour ancrer davantage notre démarche dans la modélisation de l’intention entrepreneuriale.
Pour notre part, nous entendons par "aptitudes entrepreneuriales" une triple
dimension. Conceptuelle tout d’abord, elle regroupe les connaissances et savoirs
théoriques que les étudiants acquièrent avec les enseignements magistraux et les
travaux dirigés. Il est question des enseignements de marketing, comptabilité, gestion
financière, droit… qui fournissent les matériaux indispensables pour mieux comprendre les

363
"Yet there remains a substantial lack of clarity as to what is meant by entrepreneurial skills".
364
Le concept d’aptitude renvoie, selon l’auteur, plus à l’individu, et occulte de ce fait l’environnement. Le
concept d’aptitude est défini comme le potentiel à se comporter d’une certaine façon. Les capacités
entrepreneuriales, quant à elles, sont associées à des aptitudes, connaissances et attitudes. Elles constituent
pour lui les conditions de base, nécessaires et suffisantes, pour la réalisation de comportements
entrepreneuriaux, que cela soit sur les plans individuel, organisationnel ou sociétal.
("Combining, therefore, the various contexts leads towards a proposed definition on entrepreneurial
capacities as :
those capacities that constitute the basic, necessary, and sufficient conditions for the pursuit of effective
entrepreneurial behaviour individually, organizationally and societally in an increasingly turbulent and
global environment").

197
diverses dimensions d'un projet. Instrumentale ensuite, elle représente les savoir-faire
et compétences que les étudiants intègrent avec des programmes et formations
spécialisés en entrepreneuriat. Il s’agit de formaliser des projets et éventuellement les
concrétiser. Il est question d’agréger la spécialisation et le découpage fonctionnel de la
composante conceptuelle. Dans une optique de vision globale, la transversalité mobilise
d’autres formes pédagogiques telles que les pédagogies par projets365. Expérientielle enfin,
elle prend la forme de savoir-être et comportements "entrepreneuriaux" qui sont le
produit de différentes expériences (professionnelles, associatives...).

Les résultats de l’enquête de J. VESALAINEN et T. PIHKALA (1999) confirment que


des attitudes favorables à l'entrepreneuriat ne suffisent pas à elles seules pour la formation
des intentions entrepreneuriales. Elles doivent s’accompagner de perceptions des aptitudes
qui permettent d'envisager la faisabilité de l'acte366. L'intention entrepreneuriale, selon B.J.
BIRD (1992, p. 12), exige la volonté personnelle mais aussi des aptitudes qui permettent
de vérifier la faisabilité d'une idée d'affaire et d’extrapoler sur les aspects futurs de
l'entreprise367.

Déclinées selon le triptyque que nous avons défini, les perceptions des aptitudes
entrepreneuriales sont mieux à même de renforcer les perceptions des étudiants sur la
faisabilité de leurs projets ou idées. Elles trouvent leurs sources dans les formations et
programmes en entrepreneuriat et en création d’entreprise et dans les expériences
professionnelles et associatives.

A. Les formations et programmes spécifiques en entrepreneuriat ou en création d’entreprise

D.B. GREENBERGER et D.L. SEXTON (1988, p. 5) notent que même si l'individu


possède les qualités psychologiques nécessaires, et détient une opportunité d'entreprise,

365
Cf. supra., p. 144-145, "4.5.1. Les approches d’enseignement : transversalité versus fonctionnalité".
366
"Here we have a possibility to observe the importance of perceptions on personal skills : just mere
favourable attitudes towards entrepreneurship are not enough, the person has to be capable to act
accordingly, otherwise the attitudes do not lead to entrepreneurial intentions. For an entrepreneurial career
choice, the person needs to see both that the choice brings him the rewards he values, and that the choice
would be feasible for him".
367
"Specifically, intention requires the individual's ability and willingness to sustain temporal tension, to
stretch between a vision of what could be and current conditions. Temporal tension bridges the interval
between the idea for a new business and the existence of some approximation of that business".

198
l'acquisition de connaissances nécessaires et du savoir liés à la concrétisation d'un projet
restent indispensables368. A ce titre, W.G. DYER (1994, p. 11) affirme que des
enseignements de spécialisation en entrepreneuriat sont susceptibles de nourrir la confiance
dont on a besoin pour passer à l'acte369. N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, p. 326)
écrivent que les perceptions du contrôle comportemental incluent les aptitudes à
entreprendre, que l'on acquiert notamment par le biais d'une formation et des expériences
de travail antérieures370.

Des formations ou programmes en entrepreneuriat ou en création d’entreprise,


notamment en phases de spécialisation et d’accompagnement, sont des évènements qui
peuvent renforcer les perceptions des aptitudes entrepreneuriales des étudiants. Ainsi, nous
pouvons formuler l'hypothèse suivante :

hypothèse 6a : les perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants


acquièrent avec les programmes et les formations de spécialisation ou
d’accompagnement en entrepreneuriat ou en création d’entreprise influencent
positivement l’intention entrepreneuriale.

B. Les expériences professionnelles et associatives

Au troisième chapitre, nous avons montré que les expériences professionnelles sont
des facteurs contingents qui peuvent renforcer, au sein du processus entrepreneurial
amont, l’intention et éventuellement conduire à l’acte de création371. Selon I. AJZEN
(1991, p. 202), les expériences passées de comportements similaires à un comportement
futur sont les meilleurs prédicteurs de celui-ci372. Souvent, les entreprises créées revêtent un
lien avec les expériences antérieures des individus (O.C. BRENNER et alii, 1991, p. 62 ; P.
DAVIDSSON, 1995).

368
"There are many examples of individuals who possess the appropriate personality and a meaningful idea
about a new venture, and who, because of their business background, may even possess the knowledge
required to initiate the venture".
369
"Specialized courses in entrepreneurship or training in how to start a business may give some people the
confidence they need to start their own companies".
370
"Proven antecedents of self-efficacy (and thus intentions behaviour) include actual "hands-on" mastery
(e.g., acquiring business skills) and vicarious learning (e.g., prior exposure to entrepreneurial activity)".
371
Cf. supra., p. 108-109, "3.2.1. L’expérience professionnelle", p. WW.
372
"Past behavior is the best predictor of future behavior".

199
L'étude de J.-M. AURIFEILLE et E.-M. HERNANDEZ (1991, p. 47-48) montre qu'il
existe une corrélation positive entre le désir de créer et le nombre d'entreprises fréquentées.
Aussi, plus les expériences en entreprise ont été convaincantes, plus les étudiants
expriment une intention de créer leur entreprise. Les résultats de l’enquête de M.
BOUCHARD-D'AMOURS et Y. GASSE (1989, p. 19) indiquent que plus des deux tiers
des créateurs d'entreprise ont eu des expériences de travail en étant élèves.
E. AUTIO et alii (1997) ont construit leur modèle de l’intention entrepreneuriale en
intégrant les expériences passées de travail. M.G. SCOTT et D.F. TWOMEY (1988, p.
10)373, L. KOLVEREID (1997), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, p. 272)374 et T.
ERIKSON (1998)375 soutiennent que les expériences de travail affectent les intentions de
carrière.

Pour notre part, les dimensions qui nous importent dans les expériences de travail et de
stages sont la prise de responsabilité et de décisions importantes ainsi que la conduite ou la
participation à des projets dans des petites ou moyennes structures. Ces dimensions sont
mieux à même de consolider les aptitudes entrepreneuriales des étudiants. Les
responsabilités prises dans des activités associatives peuvent également être un terrain
d’acquisition d’aptitudes entrepreneuriales. Nous considérerons donc que :

hypothèse 6b : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités, la conduite ou la participation dans des projets et la prise individuelle
de décisions importantes lors d’expériences professionnelles (travail ou stage)
influencent positivement l’intention entrepreneuriale ;
hypothèse 6c : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale.

373
"Work experience is another crucial factor which helps shape career aspirations ".
374
"Prior entrepreneurial experience is another factor that may affect employment status choice intentions".
375
"The acquisition of skills through past achievements reinforces self-efficacy and contributes to higher
aspirations and future performance".

200
6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources

Si les attitudes et les aptitudes entrepreneuriales sont indispensables pour la faisabilité


d'idées d'affaire ou de projets d'entreprise, elles resteront sans effet si les étudiants peuvent
percevoir des obstacles insurmontables qui les compliquent et les rendent risqués, et donc
non désirables.
La faisabilité exige des perceptions que les obstacles soient surmontables et que les
ressources soient disponibles (N.F. KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 100)376. En
effet, selon M. CROZIER et E. FRIEDBERG (1977), une ressource potentielle ne devient
mobilisable que si elle est perçue. Les perceptions qu’ont les étudiants des facilités ou des
difficultés d’accès aux informations, conseils et moyens financiers pour affiner et
éventuellement concrétiser leurs idées ou leurs projets sont des composantes des
perceptions du contrôle comportemental qui peuvent agir sur l'intention entrepreneuriale.
Ces ressources, que nous avons étayées dans les facteurs contingents du processus
entrepreneurial (chapitre troisième)377 rendent possible de poser l’hypothèse ci-dessous :

hypothèse 7 : les perceptions de disponibilité des ressources (informations et conseils,


finances) influencent positivement l’intention entrepreneuriale.

6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale

N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL (1994, p. 93) affirment que les modèles
hypothético-déductifs élaborés sur l’intention entrepreneuriale ont apporté la preuve de
leur validité prédictive et expliquent mieux la formation de celle-ci378. Dans le même esprit,
N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 413 et 415) soutiennent que ces modèles sont compatibles
avec les principales conclusions de la plupart des travaux effectués dans le champ de
l'entrepreneuriat379.

376
"Perceived feasibility requires perceptions that obstacles are surmountable and that resources are
available".
377
Cf. supra., p. 111-121, "3.2.3. Les systèmes d'appui et d’accompagnement à la création d'entreprise".
378
"Formal, theory driven models of intentions have proven remarkably robust in predictive validity".
379
"These arguments (recherches antérieures) strongly support testing intentionality-driven models of
entrepreneurship".

201
Les modèles élaborés sur l'intention tiennent leur succès, d’après ces auteurs, du fait que
les comportements soient intentionnels380. Auparavant, N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993, p. 316) ont conclu pareillement381.
Grâce aux hypothèses que nous avons pu formuler, nous cherchons donc à expliquer
l'impact de facteurs liés aux attitudes associées au comportement, aux normes subjectives
et aux perceptions du contrôle comportemental sur l'intention d’entreprendre. Ces
hypothèses nous permettent de proposer le modèle de recherche (hypothético-déductif).
Inspiré du cadre des dimensions sociales de l'entrepreneuriat de A. SHAPERO et L.
SOKOL (1982) et fondé sur la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991), ce
modèle prend la forme suivante :
LES ATTITUDES Existence d’une idée ou d’un
ASSOCIEES AU projet plus ou moins formalisé
COMPORTEMENT
Recherche d’informations

Besoin d’accomplissement

Recherche d'autonomie
LES NORMES
SUBJECTIVES INTENTION
Propension à la prise de risque
ENTREPRENEURIALE

Connaissance de modèles
d'entrepreneur

Formations et programmes en
entrepreneuriat

LES PERCEPTIONS Expériences professionnelles


DU
CONTRÔLE Expériences associatives
COMPORTEMENTAL

Perceptions de la (non)
disponibilité des ressources :
informations et conseils
Ressources financières
Figure 15 - Modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale d’étudiants de gestion de
troisième cycle suivant des programmes ou des formations en entrepreneuriat

380
"Although it is possible that some will argue otherwise, it seems evident that much of what we consider
"entrepreneurial" activity is intentionally planned behavior".
381
"Intentions-based models derive their success from two sources. First, planned behaviour is intentional.
These models are thus congruent with what we already know about human cognition…".

202
Nous considérons ce modèle comme instable, non-séquentiel et répondant à des
situations hétérogènes. Instable, car on ne peut reposer, comme nous l’avons signalé
précédemment382, sur la stabilité temporelle de l'intention et de ses variables constitutives.
Le processus de création d’entreprise est dynamique, compliqué et complexe. W.D.
BYGRAVE (1989a, p. 13) ne se réserve pas de généraliser que les modèles en
entrepreneuriat sont fragiles et leurs paramètres sont en continuel changement383.
Non-séquentiel, car les facteurs qui affectent l’intention entrepreneuriale ne sont pas
chronologiques et successifs. Enfin répondant à des situations hétérogènes, car il fait
émerger des variables pertinentes qui englobent des contextes et des histoires personnelles
différents.

Conclusion du chapitre 6

La recherche documentaire basée sur le cadre général de l’évènement entrepreneurial de


A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) et sur la théorie du comportement planifié de I.
AJZEN (1991), la présentation de deux modèles américain et scandinave construits sur
l’intention entrepreneuriale, des explorations en psychologie sociale, des réflexions ainsi
que des choix personnels nous ont permis d'analyser les variables explicatives de
l'intention entrepreneuriale et d’en donner des acceptions.

Toute modélisation suppose un processus de sélection et d’élimination de


variables ; ceci est lié à des contraintes de recherche et temporelles. Les premières sont
imputées à la problématique et à l’objet de l’étude. Les secondes trouvent une explication
classique dans l'échéance de réalisation de la thèse qui conditionne en partie le propre
devenir professionnel du doctorant.
La revue de la littérature384 et les objectifs de recherche imposent de combiner dans le
modèle trois groupes de variables (les attitudes associées au comportement, les normes

382
Cf. supra., p. 59-61, "1.4.2.3. Le décalage entre les logiques d'intention et d'action dans le processus de
création d'entreprise".
383
"Entrepreneurship models are fragile and parameters are always changing".
384
Notamment les travaux de E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), P. DAVIDSSON (1995, op.cit.), T. ERIKSON
(1998, op.cit.), E.-M. HERNANDEZ (1995 op.cit. ; 1999, op.cit.), N.F. KRUEGER et D.V. BRAZEAL
(1994, op.cit.), N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993, op.cit.), L. KOLVEREID (1997, op.cit.), N.F.
KRUEGER et alii (2000, op.cit.), A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit.) et J. VESALAINEN et
T. PIHKALA (1999, op.cit.).

203
subjectives et les perceptions du contrôle comportemental) pour décrire et expliquer
l'intention entrepreneuriale. Celle-ci est le résultat d'un processus cognitif dicté par
l’influence de plusieurs facteurs : l’existence d’une idée ou d’un projet d’affaire ; la
recherche d’informations en vue de formaliser cette idée ou ce projet ; des motivations à
entreprendre (besoin d’accomplissement et la recherche de l’autonomie) ; un trait
psychologique (la propension à la prise de risque) ; la connaissance de modèles
d’entrepreneur ; les perceptions des aptitudes entrepreneuriales qui naissent avec le suivi
de programmes ou formations en entrepreneuriat ; des aptitudes entrepreneuriales acquises
par le biais d’expériences professionnelles et associatives ; les perceptions de disponibilité
des informations, conseils ainsi que des ressources financières.

La souplesse et l'adaptabilité des modèles basés sur l'intention entrepreneuriale


devraient encourager les chercheurs en entrepreneuriat à s'appuyer sur ce type de modèles
processuels qui ouvrent de nouvelles voies pour la création d'entreprise (N.F. KRUEGER
et A.L. CARSRUD, 1993, p. 318, 326385 ; N.F. KRUEGER et alii, 2000, p. 426386).

Le modèle que nous proposons élabore des hypothèses qui nous assurent la
transition d'une question à un projet de recherche cohérent. Novateur par son unicité
"française", il est susceptible d'enrichir les travaux anglo-saxons sur l’intention
entrepreneuriale. Il sera soumis à validation à travers deux enquêtes quantitatives
(comparatives) et des tests statistiques qui feront l'objet de la troisième partie de cette
thèse. Mais auparavant, la rigueur scientifique exige d’opérationnaliser nos variables
explicatives et à expliquer en les traduisant par des items "mesurables". Pour ce faire, une
investigation documentaire combinée à des réflexions personnelles sera renforcée par des
consultations d’experts en entrepreneuriat. Celle-ci constitue la première étape de notre
approche empirique.

385
"Intentions-based models of entrepreneurial activity are compatible with existing research results and
open new approaches to studying venture initiation… The versatility and robustness of intentions-based
models should hearten proponents of process models of entrepreneurship and should encourage further
process-based research".
386
"Intention based models appear most promising for research and for teaching and practice".

204
PARTIE III - METHODOLOGIE EMPIRIQUE, RESULTATS
ET ANALYSES

205
INTRODUCTION

Cette partie "Méthodologie empirique, résultats et analyses" est structurée en trois


chapitres. Le chapitre sept a pour objet de décrire et de justifier notre méthodologie
empirique. Nous débutons l’exposé par les justifications de la démarche hypothético-
déductive et de la logique quantitative consolidées par une enquête qualitative. Nous
adoptons et adaptons la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) aux impératifs de la
recherche.
Nous présentons, plus concrètement, le déroulement de l’enquête qualitative des
consultations d’experts. Leur apport est indéniable dans l’épuration du projet de
questionnaire. Le double test de ce dernier poursuit l’objectif de l’amélioration de sa
compréhension et la vérification de sa pertinence et de sa qualité. Nous détaillons la
construction du questionnaire en mettant l’accent sur la modalité d’échantillonnage, les
tailles et compositions des deux échantillons et la question de l’optimalité qui en découle.
Avant de conclure, nous expliquons la procédure de collecte de données.

Le chapitre huit comprend les analyses descriptives et les traitements d’homogénéité.


Nous débutons par les résultats concernant les données socio-démographiques (tris
croisés). Nous exposons les concepts de dimensionnalité et de fiabilité. Dans un premier
niveau d’analyse, nous procédons aux tests d’homogénéité des échelles par le biais des
analyses factorielles et de l’alpha de Cronbach. Ces tests sont indispensables avant
d’effectuer les calculs concernant la validation des hypothèses.

Le chapitre neuf procède au deuxième niveau d'analyse. Il contient les analyses de


vérification d’hypothèses (ANOVA à un facteur, régressions simple et multiple ainsi que la
corrélation multiple) qui portent sur les influences des variables explicatives (celles qui
interviennent dans la formation de l’intention entrepreneuriale) sur la variable à expliquer
(l'intention entrepreneuriale). Ces analyses permettent alors de valider certaines hypothèses
et d'en rejeter d'autres.

206
Chapitre 7 - La méthodologie empirique : une démarche hypothético-
déductive inscrite au sein de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)

"A l’aide de ces sciences expérimentales actives, l’homme devient un inventeur de


phénomènes, un véritable contremaître de la création".
Claude BERNARD

La méthodologie empirique consiste à connecter le théorique au terrain. Il est question


de stratégies opératoires qui permettent de relier les aspects théoriques et le recueil
de données par des choix méthodologiques. C’est aussi, pour F. WACHEUX (1996, p.
48, 86 et 258), l’appréhension des faits en relation avec la problématique et les logiques et
outils adoptés pour l’observation et la collecte des informations.

Selon ce même auteur, le chercheur peut construire sa propre méthodologie ou opter


librement pour déterminer celle qui convient à son projet. Spécifique à l’objet théorique et
empirique de la recherche, elle doit répondre à ses objectifs et à ses contraintes. Nous
avons adopté et adapté la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) en nous inspirant de J.
IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 11).
G.A. CHURCHILL (1979) a élaboré une méthode permettant de construire
rigoureusement des instruments de mesure de type questionnaire à échelles multiples.
Celle-ci permet d’appréhender des faits et de formuler des résultats. Cette démarche est
surtout utilisée en sciences de gestion dans les disciplines du marketing, et à un degré
moindre en GRH, où il est question d'images, de perceptions, d'attitudes, de croyances et
de comportements. Dans ce type de recherches, cette méthode permet de réduire les
difficultés que posent l'élaboration des questionnaires ainsi que les problèmes de
dimensionnalité et de fiabilité des mesures.

La méthode de G.A. CHURCHILL (1979) se prête bien à notre recherche car nous
étudions un phénomène non directement observable (l'intention entrepreneuriale), pour
lequel il n’existe pas de travaux dans le contexte français. La génération de questions et

207
d’items concernant les attitudes, les normes subjectives et les perceptions d’étudiants
suivant des formations ou des programmes de spécialisation ou d’accompagnement en
entrepreneuriat et en création d’entreprise s’en trouve facilitée.

Un de nos objectifs de recherche est de vérifier si ces formations ou programmes


influencent l’intention entrepreneuriale. Il est indiqué de comparer cette intention à celle
d’individus ne suivant pas ce type d’enseignement. Nous avons alors intégré dans notre
protocole empirique cette comparaison modulant de la sorte la méthode de G.A.
CHURCHILL (1979).
La stratégie comparative, dans le cas de notre recherche, est essentiellement un
mode d’analyse particulier et non une finalité ; l’objectif étant de confronter deux
contextes comportant quelques similitudes pour mettre en évidence d’éventuelles
différences et les expliquer.

Après avoir choisi la méthodologie empirique, F. WACHEUX (1996, p. 86) conseille


de fournir les éléments et arguments permettant de l’évaluer, notamment en spécifiant les
conditions de réalisation sur le terrain. Celles-ci peuvent être schématisées de la façon
suivante :

208
Définition des principaux construits
Traduction des questions de recherche en variables
mesurables

Elaboration du projet de questionnaire

Validité de contenu
Epuration
Questionnaire Suppression, modification et génération d’items
5 moutures avant Enquête qualitative auprès de 9 chercheurs et 3
la version professionnels experts en entrepreneuriat
définitive

Premier test du projet de questionnaire auprès de 23


étudiants en 1ère année à l'ESC Lyon

Deuxième test du projet de questionnaire auprès de 42


étudiants en Maîtrise IUP Management et gestion de
l'université de Rouen

Recueil de données
Enquêtes auto-administrées auprès de 178 étudiants suivant
des programmes ou des formations en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise (5 DESS IAE et 6 écoles de
management et gestion) et de 176 étudiants dans 5 DESS
CAAE

Codification des variables avec le logiciel SPSS


Saisie des réponses
Regroupement de certaines modalités de réponse

Epuration des items - Tests de fiabilité

Tests de validité des items

Résultats, analyses et interprétation

Figure 16 - Les phases de la méthodologie empirique

209
L’objet de ce chapitre est d’expliciter concrètement les stratégies opératoires. Avant
d’aller plus finement dans le protocole empirique, nous devons justifier et légitimer le
choix de la démarche hypothético-déductive jumelée avec une logique quantitative. Nous
présentons la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) et les aménagements opérés dans le
cadre de notre travail. Nous distinguons les phases exploratoire et de validation. Pour des
raisons didactiques, nous exposons d’abord les sections relatives à l’enquête qualitative et
aux tests du projet de questionnaire, avant de développer la construction du questionnaire
lui-même387. Nous souhaitons montrer les diverses modifications (génération, modification
et suppression d’items) qu’a connues celui-ci suite aux consultations d’experts et au double
test.
Notre objectif dans ce chapitre est par ailleurs de rendre compte de la méthode
d’échantillonnage adoptée. Celle-ci est accompagnée de la composition de notre
échantillon de référence. Notre perspective comparative nous amène à rechercher une
homogénéité dans la constitution d’un échantillon témoin. Nous analysons l’optimalité des
échantillons qui interroge les chercheurs en sciences sociales. Nous terminons ce chapitre
en évoquant le mode de collecte des observations.

7.1. Pourquoi avoir choisi une démarche hypothético-déductive appuyée


sur une approche qualitative ?

Le clivage traditionnel dans les sciences de gestion distingue les approches quantitative
et qualitative, et les logiques déductive et inductive388. La déduction est l’expression
courante du positivisme. Elle implique de partir d’une(de) question(s) "précise(s)". Après
avoir défini les concepts de façon rigoureuse et traduit les analyses théoriques en
hypothèses "testables", le chercheur conçoit alors, à partir d’un échantillon représentatif,
une enquête empirique pour confirmer ou infirmer la validité de ces dernières.

387
Pour l’analyse comparative, nous avons élaboré deux projets de questionnaire. Le premier concerne des
étudiants ayant suivi des formations ou programmes en entrepreneuriat ou création d’entreprise ; le second
s’adresse à des étudiants en DESS CAAE. Ces deux questionnaires sont quasiment identiques (à deux
différences près que nous exposons dans les sections "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial" et "7.5.3. La fiche
signalétique"). Ainsi, dans la suite de ce chapitre, nous utilisons les termes "projets de questionnaire" et
"questionnaire" au singulier.
388
La logique inductive consiste à enquêter sur un fragment de réalité sociale aux caractéristiques a priori peu
connues.

210
La démarche hypothético-déductive, combinée à une approche quantitative, cherche à
déterminer si les variables explicatives possèdent bien les propriétés et les relations
anticipées par le modèle. L’objectif principal de la recherche est de décrire l’intention
entrepreneuriale en vue de lui donner un caractère explicatif et prédictif. Trois raisons
majeures expliquent donc le choix de cette démarche.
La première tient à l’abondance de travaux sur les facteurs et les influences menant
les individus à la création d’entreprise, sans pour autant qu’ils soient "connectés"
directement à l’intention entrepreneuriale389.
La seconde raison trouve son argument dans l’existence de travaux anglo-saxons et
scandinaves sur l’intention entrepreneuriale. Celle-ci a été mesurée empiriquement
par des questionnaires fermés, sous forme dichotomique et à échelles390. En tenant
compte des différences culturelles et en prenant les précautions spécifiques au contexte
français, ces travaux peuvent être "transposables" dans celui-ci.
La dernière raison s’explique par la théorie du comportement planifié de I. AJZEN
(1991) qui stipule que l’influence des attitudes et des perceptions sur l’intention est
mieux perçue grâce à la formulation préalable d’un système d’hypothèses. Celles-ci
doivent être testées à travers de larges et pertinents échantillons.

Le caractère scientifique de toute recherche est notamment subordonné au dispositif


méthodologique d’opérationnalisation des hypothèses. En plus des recherches
documentaires et des réflexions personnelles, nous avons procédé à une enquête
"qualitative" de consultations d’experts, directement ou indirectement intéressés par
l’enseignement de l’entrepreneuriat. Il s’agit "de réduire en permanence les incertitudes de
situations de recherche" (F. WACHEUX, 1996, p. 32). Notre but est de faire émerger les
erreurs liées à la conception des questions et des échelles.

389
Nous voulons dire par là que ces travaux ne distinguent pas les phases amont du processus
entrepreneurial. On expose des approches et résultats sur les processus menant à la création d’entreprise, sans
pour autant que ceux-ci soient liés à l’une des phases amont que nous avons présentées en figure 9 dans le
premier (Cf. supra., p. 47-50, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus
entrepreneurial)".
390
Parmi les travaux ayant opérationnalisé l’intention entrepreneuriale et ses variables explicatives, nous
citerons E. AUTIO et alii (1997, op.cit.), T.M. BEGLEY et alii (1997, op.cit.), J.M. CRANT (1996, op.cit.),
P. DAVIDSSON (1995, op.cit.), A.F. DE NOBLE et alii (1999, op.cit.), E.J. DOUGLAS (1999, op.cit.), T.
ERIKSON (1998, op.cit.), L. KOLVEREID (1996, op.cit. ; 1997, op.cit.), N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993, op.cit.), N.F. KRUEGER et alii (2000, op.cit.), R. RAIJMAN (2001, op.cit.), A.
TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit.) et T. VOLERY et alii (1997, op.cit.).

211
7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)

Cette méthode peut être considérée comme une définition d'échelles multiples en
plusieurs étapes. Elle constitue "une démarche méthodologique qui s'applique seulement
au processus de création et de développement des échelles d'attitudes multiples ou multi-
items… Cette méthode consiste à élaborer des échelles où plusieurs énoncés mesurent un
seul indicateur" (J. IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 113, 114)391.

Un grand débat en méthodologie empirique, notent J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998,


p. 49) et Y. EVRARD et alii (1997), concerne les résultats des données recueillies par
questionnaire avec des échelles d'attitudes. Ces résultats sont souvent sujets à des erreurs
de dimensionnalité et de fiabilité. La méthode de G.A. CHURCHILL (1979) est
particulièrement appropriée pour y remédier dans notre projet de recherche. Tout
d’abord, nos variables (explicatives et à expliquer) sont en grande partie traduites en
échelles multi-items. Ensuite, l’inexistence de travaux dans le contexte français
opérationnalisant nos hypothèses nous y incite davantage.

Cette méthode, présentée ci-dessous, propose un cadre de travail et une démarche qui
permettent d’élaborer avec rigueur des instruments de mesure de type questionnaire à
échelles multi-items. N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 425) affirment que l'utilisation de
ces dernières pour mesurer les construits d'un modèle "intentionnel" réduit les erreurs de
mesure392.

391
La méthode de G.A. CHURCHILL (1979) s'inscrit dans le modèle de la vraie valeur, "connu aussi sous le
nom de la théorie de l’erreur de mesure (Roehrich, 1993)", qui vise à tester la qualité des instruments tels
que les échelles d'attitudes. Cette théorie est formalisée comme suit : "mesure obtenue = vraie valeur +
erreur systématique + erreur aléatoire". Elle repose sur l'hypothèse qui veut que si un questionnaire respecte
les critères de validité convergente et de validité discriminante, l'erreur systématique et l'erreur aléatoire
seront alors peu importantes.
La phase exploratoire de la méthode tente de réduire l'erreur aléatoire, "c’est-à-dire l’exposition de
l’instrument aux "aléas tels que les circonstances, l’humeur des personnes interrogées… Elle a donc pour
objectif de limiter les réponses aléatoires ne correspondant pas à la véritable position de la personne
interrogée" (Y. EVRARD et alii, 1997, op.cit, p. 288). La phase de validation tente de réduire non seulement
l'erreur aléatoire, mais aussi l'erreur systématique, liée à la conception des échelles.
392
"It would equally valuable if future studies would employ multiple-item measures of key construct to
reduce measurement error. Although research into intentions and self-efficacy has often used multi-item
measures, multiple items would increase confidence of researchers at little cost".

212
1 Recommended Coefficients or Techniques
Specify domain of construct
Literature search
2

Generate sample of items


Literature search
Experience survey
3 Insight stimulating examples
Critical incidents
Collect data Focus groups

4
Coefficient alpha
Purify measure Factor analysis

Collect data

Assess reliability Coefficient alpha


Split-half reliability

Assess validity Multitrait-multimethod matrix


Criterion validity

8
Average and other statistics
Develop norms summarizing distribution of scores

Figure 17 - Suggested procedure for developing better measures (G.A. CHURCHILL,


1979, p. 66)

Précisons d'emblée que cette méthode n’est pas un cadre méthodologique rigide et
séquentiel. Elle tolère des aménagements en s'adaptant au contexte et aux objectifs de la
recherche. Alors que G.A. CHURCHILL (1979) préconise une double collecte de données
(les étapes 3 et 5), nous n’en avons opéré qu’une seule, sur laquelle nous avons réalisé
l’ensemble de nos analyses393.

393
La première collecte sert à un premier niveau d’analyse de dimensionnalité et de fiabilité (identification de
structures factorielles). La deuxième permet d’administrer le même questionnaire mais purifier de ces items
inadaptés. Les conséquences prévisibles pour notre recherche seraient d’opérer des analyses sur des variables
dont la fiabilité et les validités convergente et discriminante ne sont pas stables.

213
Les propos suivants décrivent la méthode de G. A. CHURCHILL (1979) en insistant sur
son adaptation à notre cadre de recherche. Elle se subdivise en deux grandes phases :
exploratoire et de validation. A chacune des étapes de cette dernière, il est possible d'opérer
des itérations avec la phase exploratoire pour modifier tout ou une partie du questionnaire.

7.2.1. La phase exploratoire

Cette phase est importante car de la définition et de la traduction des concepts en items
dépendra en partie la qualité de la mesure. La phase exploratoire se décompose en quatre
étapes : la spécification du domaine du construit, la génération d’un échantillon d’items, la
collecte des données et la purification de l’instrument de mesure.

7.2.1.1. Spécification du domaine du construit

La première étape du cadre méthodologique de G.A. CHURCHILL (1979) est


consacrée à la définition des construits394. Dans un premier temps, il s'agit d'identifier de la
façon la plus exhaustive possible, l'ensemble des construits et variables utiles à la
compréhension du problème étudié. Dans un second temps, il est question de retenir pour
chaque variable explicative une définition précise, ou d’en proposer une si la littérature
n’en fournit pas. La conceptualisation, note M. GRAWITZ (1996, p. 348), doit guider la
recherche en lui procurant au départ, un point de vue.

Il convient par ailleurs, poursuit G.A. CHURCHILL (1979), de présenter les courants
théoriques qui ont étudié le problème, de s'inscrire dans l'un d'eux en justifiant son choix.
Ensuite, il doit confirmer les premières idées sur les caractéristiques du phénomène étudié
à travers l'analyse de cas précis. Cette dernière permet alors une meilleure compréhension
du phénomène étudié et aide à l'élaboration des items395.
La revue de la littérature et les réflexions personnelles que nous avons menées
répondent à cette première étape. Nous avons défini tous nos concepts en empruntant à des

394
Le terme "construit" est utilisé, selon Y. EVRARD et alii (1997, op.cit, p. 304), du fait que l'on considère
les mesures comme des constructions élaborées sur la base des concepts qui conditionnent notre
représentation du sujet étudié.
395
Les consultations d’experts que nous avons menées répondent à cette exigence. .

214
auteurs ou en proposant nos propres acceptions396 ; nous avons argumenté notre cadre
théorique et justifié le rejet des autres théories qui étaient susceptibles de nous servir de
bases397.

7.2.1.2. Génération d'un échantillon d'items

L'objectif ici est d'élaborer un projet de questionnaire. Tout d’abord, le chercheur puise
dans la littérature afin d'identifier toutes les échelles qui ont été élaborées et qui peuvent
être adaptées à ses construits. Il est souvent appelé à construire ses propres échelles, surtout
pour des sujets à caractère exploratoire.

Ensuite, la finalité de cette étape est de tester "la validité de contenu"398 pour améliorer
la construction des échelles, c'est-à-dire s'assurer que les items élaborés dans le projet de
questionnaire pour mesurer le problème étudié appréhendent bien ses différents aspects (J.
IGALENS, P. ROUSSEL, 1998, p. 104). La validation du contenu implique, dans notre
cas, comme le recommande G.A. CHURCHILL (1979), de soumettre le projet de
questionnaire à des experts directement impliqués dans des problématiques
entrepreneuriales en général, et l’enseignement de l’entrepreneuriat en particulier. Nous
avons mené des entretiens avec des universitaires et des professionnels399.

7.2.1.3. Collecte des données

A ce stade de la méthode, le chercheur doit arrêter le mode d'administration du


questionnaire et la taille de l'échantillon. Les techniques d'analyses statistiques
recommandées par G.A. CHURCHILL (1979), notamment l'ACP (Analyse en Composante
Principale), conditionnent en partie la taille de l'échantillon. Selon la rigueur scientifique
qu'il veut imposer à ses résultats, le chercheur définit un échantillon dont la taille peut

396
Cf. supra., p. 178-201, "6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de l'intention
entrepreneuriale et hypothèses de recherche".
397
Cf. supra., p. 159-171, "5.1. Le cadre théorique de la recherche".
398
C'est la "validité de consensus" de Y. EVRARD et alii (1997, op.cit, p. 294).
399
Cf. infra, p. 218-219, "7.3. L’enquête qualitative : les consultations d’experts".

215
comprendre 5 à 10 fois plus d'individus qu'il n'y a d'items introduits dans une même ACP.
L’auteur note qu’il est préférable de choisir l’ACP contenant le plus grand nombre d’items.

7.2.1.4. Purification de l'instrument de mesure

Cette ultime étape de la phase exploratoire se propose de purifier les échelles de mesure
de façon quantitative au cours d'un processus par itérations. Dans une première itération
où le chercheur teste la fiabilité et opère des analyses factorielles, les items qui nuisent
à la cohérence interne des échelles, c'est-à-dire à l'identification d'une structure factorielle
claire, sont éliminés ou modifiés. La modification d'un énoncé est nécessaire lorsque l'item
nuit faiblement à la cohérence interne et qu'il procure une information importante.
Dans une deuxième itération où il aura supprimé les items inadaptés, le chercheur
soumettra à nouveau les données recueillies au test de fiabilité, notamment à l'alpha de
Cronbach et aux analyses factorielles.

Une fois terminée la purification des instruments de mesure, une nouvelle version du
questionnaire est alors rédigée si besoin est. Celle-ci est soumise à une deuxième collecte
de données ainsi qu’aux analyses statistiques de la phase de validation.

7.2.2. La phase de validation

Au-delà de la réduction de l'erreur aléatoire qui doit se poursuivre dans la phase de


validation, il est question aussi de réduire l'erreur systématique liée à une mauvaise
conception des instruments de mesure. Cette phase regroupe quatre étapes qui nous mènent
à la confirmation ou à l’infirmation des hypothèses de recherche400.

7.2.2.1. Collecte des données

Ce second recueil de données doit respecter deux conditions au regard des


caractéristiques de l'échantillon. Pour ce qui est de la taille, le chercheur doit reconduire les
normes observées à l'étape 3 de la phase exploratoire. Concernant la composition, il est

400
Pour des raisons de présentation, nous avons regroupé les étapes 6 et 7 de la méthode.

216
souhaitable de choisir un nouvel échantillon afin d'éviter différents biais tels que les effets
de maturité et de désirabilité sociale.

Comme nous l’avons déjà signalé, nous n’avons opéré qu’une seule collecte de
données sur laquelle a porté l’ensemble de nos analyses (les étapes 6 à 8 de la
méthode)401 ; les impératifs de temps ont rendu quasiment impossible une double
collecte402.

7.2.2.2. Estimation de la fiabilité et de la validité

Lors de ces deux étapes, l'objectif principal consiste à tester la stabilité des validités
convergente et discriminante du questionnaire dans le temps et sur un autre échantillon. S'il
se révèle que des items nuisent à l'homogénéité403 et à la cohérence interne des échelles, le
chercheur doit envisager leur élimination définitive.

Le test de validité discriminante concerne non seulement les instruments de mesure


utilisés, mais aussi les construits théoriques développés dans le modèle d'analyse. Cette
validité permet de savoir si les différents items censés mesurer une variable du
modèle ne mesurent effectivement que celle-ci (et pas une autre).
Si cela est vérifié, l'échelle à laquelle appartiennent ces items présente des qualités de
validité discriminante. Du même coup, les construits théoriques sont clairement identifiés
et indépendants les uns des autres. La validité discriminante occupe l'essentiel des travaux
d'analyse dans les tests de validation de questionnaire. Le plus souvent, elle est fondée sur
les analyses factorielles.

7.2.2.3. Développement de normes

Une fois la fiabilité et la validité du questionnaire vérifiées, le chercheur opère des


calculs des scores pour chaque échelle du questionnaire. Les analyses statistiques

401
Cf. supra., p. 212-214, "7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)".
402
Pour réaliser un deuxième recueil de donnés, il fallait attendre l’entrée universitaire suivante, c’est-à-dire
2002-2003. Notre collecte comme, nous le verrons plus loin, s’est étalée de mars à juin 2002.
403
Ce concept est exposé au chapitre huit, cf. infra., p. 257-260, "8.2.L’homogénéité des échelles".

217
adéquates ont pour objet de confirmer ou d’infirmer les hypothèses. Le développement des
"normes" trouve un intérêt principal dans les comparaisons que l’on peut opérer avec des
études empiriques antérieures ou postérieures.
Si la présence (ou l'absence) de liens entre certaines variables de la recherche est
conforme aux résultats et prédictions issus des théories fondées sur les travaux antérieurs,
alors "la validité nomologique" (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 294), appelée aussi validité
externe, de tout ou partie des concepts développés sera établie.
Précisons que cette validité est fonction des conditions de la comparaison, laquelle
doit tenir compte des différences contextuelles et culturelles. En outre, il est nécessaire que
les modèles théoriques testés soient similaires et que les techniques utilisées pour obtenir
les résultats soient voisines. Ces difficultés propres à l’analyse comparative expliquent la
faiblesse de la validité externe de certaines études, les résultats ainsi obtenus n’étant pas
toujours identiques. Pire encore, il n’est pas rare de se retrouver en situation de
contradiction.

7.3. L’enquête qualitative : les consultations d’experts

Après la recherche documentaire et les réflexions personnelles pour élaborer le projet de


questionnaire, G.A. CHURCHILL (1979) recommande de valider les instruments de
mesure (items) en vérifiant la validité des construits. Il s’agit de consolider, à travers des
consultations d’experts, la validité de contenu de notre projet de questionnaire pour
améliorer la construction des échelles404. Ceci constitue une précaution nécessaire avant
de procéder à toute analyse de dimensionnalité et de fiabilité, et aux traitements sur les
liaisons entre notre variable à expliquer et les variables explicatives.
Cette enquête qualitative a donc pour objectif de juger la pertinence des items à mesurer
chacune des variables retenues dans notre modèle. Autrement dit, il est question de la
validité de ces instruments qui doivent opérationnaliser le mieux possible ces variables. Il
s'agit de répondre à la question, notent Y. EVRARD et alii (1997, p. 294), "Mesure-t-on ce
qu'on cherche à mesurer ?".

404
C’est le cas par exemple de T.M. BEGLEY et alii (1997, op.cit). Ils ont consulté des experts asiatiques
dans le domaine de l’entrepreneuriat pour générer des items sur les variables explicatives de l’intention
entrepreneuriale.

218
Concrètement, cette enquête que nous qualifions d’"épuration du questionnaire",
nous permettra d'améliorer la compréhensibilité et l’intelligibilité des items en modifiant
ceux qui sont mal adaptés. Elle doit aussi éliminer ceux qui ne sont pas pertinents et
générer des items que la littérature ou nos réflexions personnelles n'ont pas dévoilés.
Notre enquête qualitative se matérialise par des consultations d’experts directement
concernés par des thématiques entrepreneuriales, notamment l’enseignement de
l’entrepreneuriat. Leurs expériences et leurs connaissances de diverses problématiques
entrepreneuriales constituent un apport indéniable dans l’opérationnalisation de nos
hypothèses. Cette enquête revêt donc une importance de premier ordre dans notre
protocole empirique car elle consolide la rigueur scientifique de notre projet.

Nos consultations ont eu lieu en septembre 2001 et janvier 2002, c’est-à-dire avant et
après le premier test du projet de questionnaire. Nous avons contacté 13 universitaires et 4
professionnels, mais l’échantillon final se compose de 12 individus. En effet, 9
universitaires, professeurs, habilités à diriger des recherches et maîtres de conférence en
sciences de gestion, et 3 professionnels ont pris soin de nous répondre. Il est généralement
nécessaire, selon les recommandations de G.A. CHURCHILL (1979), de réunir des
échantillons de 10 à 30 personnes.
Nous avons joint pour chaque (groupe de) question(s) ou échelle(s) l’hypothèse
correspondante. Ainsi, les experts peuvent mieux apprécier l’opérationnalisation de cette
dernière selon sa formulation et son sens. Ces consultations ont été fructueuses tant au
niveau du contenu que des recommandations sur les précautions à prendre pour faciliter la
codification informatique préalable aux analyses statistiques. Cependant, cette enquête
n’a pas remis fondamentalement en cause les intitulés et les items de nos questions.

Notons enfin, dans le volet des consultations, qu’une collègue PRAG d’anglais, nous a
aidé dans la traduction des échelles anglo-saxonnes.

7.4. Le double test du projet de questionnaire

Le test, nous indique M. GRAWITZ (1996, p. 501), permet d’explorer le problème à


étudier sur un échantillon réduit présentant quelques caractéristiques de la population de

219
l’enquête. Il a pour objectif de vérifier la qualité et la pertinence d’un questionnaire. Cette
étape du protocole empirique a pour finalité d’assurer que les questions, telles
qu’elles sont formulées et conçues, sont bien comprises et assimilées par les étudiants,
destinataires finaux de notre enquête.
Le premier test du projet de questionnaire s’est déroulé en novembre 2001 auprès de 23
étudiants de deuxième année de l’ESC Lyon. Nous l’avons opéré en classe, à la fin d’un
cours. Nous avons demandé à chaque individu d’expliquer les raisons des choix de ses
réponses, et d’indiquer les questions qu'il avait mal comprises. Nous avons appréhendé la
manière dont les étudiants interprétaient ces dernières, et vérifié éventuellement celles qui
présentaient des ambiguïtés.
Ce premier test a révélé quelques mauvaises formulations et "incompréhensions". Après
avoir remédié à ces faiblesses en modifiant ou en éliminant certains énoncés, nous avons
élaboré une deuxième version de notre projet de questionnaire. Soumis à une seconde
consultations d’experts, nous l’avons testé à nouveau, à la fin d’un cours en février 2002,
auprès de 42 étudiants en Maîtrise IUP Management et Gestion de l’Université de Rouen.
Pour la taille des échantillons du test, nous répondons largement à un critère formulé
par Y. EVRARD et alii (1997, p. 245). Ces auteurs indiquent qu’elle doit être comprise
entre 12 et 30 individus.

Le test d’un projet de questionnaire offre, en outre, l’avantage d’estimer la durée


de son administration. De manière générale, les répondants ont trouvé celle-ci "correcte".
Des chronométrages ont montré que le temps moyen de réponse avoisinait 20 minutes.
Cette information sera reprise dans la présentation de l’objet du questionnaire en vue de
rassurer les étudiants qui surestiment cette durée à cause de l’effet visuel (le questionnaire
contient sept pages).

Au final, les tests du projet de questionnaire n’ont pas révélé de problèmes


majeurs. Nous nous adressions à des populations estudiantines familiarisées avec le
vocabulaire utilisé. Notre questionnaire a ainsi pris sa forme et son contenu définitifs suite
aux modifications induites par l’enquête qualitative et le double test. Les propos suivants le
présentent en insistant sur les modifications les plus marquantes.

220
7.5. Elaboration du questionnaire

La formulation de la problématique et le cadre théorique sont indispensables pour


défendre une thèse. Cette dernière consiste à délimiter, concevoir et définir ce que le
chercheur souhaite mesurer. Dans une optique hypothético-déductive, le questionnaire
représente, par excellence, l’instrument de mesure de(des) l’objectif(s) de recherche.
Il est le maillon intermédiaire entre la théorie et le terrain ; il construit les outils de mesure
du pan théorique.

L’élaboration du questionnaire exige une rigueur scientifique et un soin extrême.


La construction de la première version s’est étalée d’avril à juillet 2001, soit un peu plus de
3 mois. Entre le projet initial du questionnaire, épuré avec le double test et les
consultations d’experts, et la version finale, six mois se sont écoulés et cinq moutures
différentes se sont succédées.
Notre questionnaire est bâti à partir de huit thèmes cohérents. Il s’appuie sur un plan qui
est agencé non pas selon l’ordre croissant d’émission des hypothèses, mais en respectant
deux critères405. Le premier est dicté par une progressivité qui implique d’aller du plus
simple au plus compliqué. Le second est imposé par une succession logique dans l’ordre
des questions. Au début, l’interviewé doit se familiariser avec le sujet de façon générale,
avant de réfléchir et se prononcer sur des questions plus difficiles. Ainsi par exemple, nous
avons délibérément laissé en dernier les questions relatives aux mesures de l’intention
entrepreneuriale et à la prise de risque.

L’intégralité du questionnaire est joint en annexe 2406. Il compte 34 questions dont un


certain nombre a été repris par B. SAPORTA et A. FAYOLLE (2003)407. Nous avons tenté
d’atténuer l'effet "optique" de longueur en opérant une numérotation par thème (au nombre

405
Pour exemple, la première rubrique a pour objet d’opérationnaliser la variable explicative de l’hypothèse
6b.
406
Cf. infra, p. 415-421, "Annexe 2 : Questionnaire Ecoles de management et gestion et DESS
entrepreneuriat et création d’entreprise".
407
Ce questionnaire concerne les étudiants ayant suivi des programmes et formations de spécialisation ou
d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise. Notre démarche comparative nous amène à
élaborer un deuxième questionnaire pour des étudiants n’ayant pas suivi ce type d’enseignement (DESS
CAAE). Ce dernier, repris en annexe 3, comprend 36 questions Cf. infra, p. 422-428, "Annexe 3 :
Questionnaire DESS CAAE". Il présente deux différences avec le premier questionnaire (Cf. infra, p. 228-
230, "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial" et p. 239-240, "7.5.3. La fiche signalétique").

221
de 8) et non par question. Le motif est de ne pas afficher le nombre total des questions qui
pourrait éventuellement décourager les répondants.
L’importance du questionnaire en tant qu’instrument de mesure et la recherche
permanente de la rigueur méthodologique nous incitent à détailler, dans les
commentaires suivants, la construction de notre questionnaire rubrique par rubrique. Le
but est de permettre au lecteur d’apprécier sa fiabilité et ses limites. Nous faisons part,
dans ses grandes lignes, de l’épuration qui a résulté des consultations d’experts et du
double test. Avant de présenter les instruments de mesure et la fiche signalétique,
reprenons la rubrique présentant l’objet de notre enquête.

7.5.1. Présentation de l’objet de l’enquête

Selon M. GRAWITZ (1996, p. 502), il est important de ne pas négliger la présentation


de l’objet de l’enquête. L’interviewer doit être conscient que son travail peut souvent
"transgresser" l’intimité et les secrets des enquêtés. Il est utile, poursuit-elle, de sensibiliser
les interviewés sur le caractère académique de l’étude. En effet, parmi ceux-ci, certains
réagiront davantage au sujet, s’il leur paraît indiscret, au fait même d’être interrogés.

Nous présentons l’objet de l’enquête de façon "imprécise". Pour ne pas biaiser les
réponses et éviter tout effet de "désirabilité sociale", une pratique bien connue consiste à ne
pas informer les sujets sur les buts réels de l'étude à laquelle ils participent. Nous avons
simplement signalé son caractère académique et l’impact de la formation et des
expériences personnelles sur les projets professionnels des étudiants.
Nous nous sommes engagés à fournir les résultats de notre recherche. Dans le souci
de réduire les non-réponses, nous avons indiqué la durée approximative de l’enquête.
Ceci est fort souhaitable, indique M. GRAWITZ (1996, p. 502). Il en est de même pour
l’assurance de la confidentialité des réponses, celle-ci étant une règle déontologique
relevant de l'honnêteté intellectuelle. En outre, il semblerait que les sujets soient plus
rassurés. L’introduction à notre enquête est formulée de la façon suivante :

222
Cette enquête est réalisée dans le cadre d'une recherche doctorale. Elle vise à
comprendre l'impact de votre formation, ainsi que de vos expériences personnelles, sur
votre projet professionnel.
Nous vous tiendrons informés des résultats de cette étude par le biais de votre
association des étudiants ou du BDE. Le temps que vous consacrerez à ce questionnaire
n’excédera pas 20 minutes. Nous vous assurons que la confidentialité totale de vos
réponses sera préservée.

7.5.2. Les instruments de mesure : des emprunts et des constructions personnelles

Les instruments de mesure traduisent nos hypothèses en variables, circonscrites par des
questions de différentes natures, en vue de les confirmer ou de les infirmer. Notre
démarche hypothético-déductive repose sur un ensemble de construits articulés au sein
d’un modèle qui reproduirait une interprétation valide de l'intention entrepreneuriale.
Il n’est pas rare, comme pour notre recherche, de se retrouver en présence de construits
non définis. En effet, note T.M. BEGLEY et alii (1997), parce que peu d’études ont été
conduites sur l’intention entrepreneuriale, qu’il existe peu de construits opérationnalisés408.
La génération des items a conjugué à la littérature nos réflexions personnelles et les apports
des experts. Le principe de base est que, derrière toute hypothèse, il y a une (des)
question(s) qui doit(doivent) l’éclairer avec concision.

Avant d’entamer la présentation des huit rubriques du questionnaire, nous devons faire
au préalable quatre remarques d’ensemble pour nous entourer d’un maximum de
précautions méthodologiques. La première tient à la (l’im)parité des échelles. Nous
n’avons pas trouvé de règle absolue dans la littérature. Nous avons exclu la réponse
médiane pour la totalité des échelles ; nous avons choisi un nombre de points pairs (quatre)
pour éliminer les sans opinions et les positions neutres. Nous voulons impliquer à chaque
fois l’interviewé dans ses perceptions, ses attitudes et ses (dés)accords409.
La deuxième remarque concerne l’intégration de l’item "Autre (merci de préciser)"
pour toutes les échelles et les questions multichotomiques à réponse unifiée ou à choix
multiples. Le but étant de pallier à un éventuel oubli d’une modalité de réponse.

408
"Since few studies have been conducted in this area, few measures exist for the constructs of interest".
409
Il en est de même pour P. DAVIDSSON (1995, op.cit.) dans le test de son modèle de l’intention
entrepreneuriale ("All attitudes were measured by four category agree-disagree statements").

223
La troisième remarque s’interroge sur le sens des modalités des échelles. Faut-il
l’alterner ou garder le même ? Là encore, la littérature, notamment M. GRAWITZ (1996),
M. GAUTHY-SINECHAL et M. VANDERCAMMEN (1998) et Y. EVRARD et alii
(1997), révèle des contradictions. Pour éviter l'effet de halo, certains auteurs préconisent
d’inverser les continuums des échelles, s’agissant des questions qui se suivent. L’intérêt est
d'éviter un alignement des réponses sur une même modalité. Les défenseurs de l’unicité du
sens des échelles évoquent le fait qu’il convient de ne pas "déstabiliser" le répondant. Nous
avons pris cette option. Les consultations d’experts nous ont conforté dans cette voie.
La dernière remarque regarde l'ordre de présentation des items dans les questions à
échelles, multichotomiques à réponse unifiée ou à choix multiples. Celui-ci pourrait
influencer les choix des réponses dans la mesure où les items placés au début pourront
avoir une plus forte fréquence d’apparition. Le double test n'a globalement pas montré de
biais induits par cet effet.

7.5.2.1. Les expériences de travail

L’objectif de cette première rubrique est d’opérationnaliser la variable explicative de


l’hypothèse 6b ("les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités et la prise individuelle de décisions importantes lors d’expériences
professionnelles (travail ou stage) influencent positivement l’intention entrepreneuriale").
Ceci est fait à travers la question 1.9 pour laquelle nous avons créé la totalité des items

Accessoirement, nous avons formulé des questions (1.1 à 1.8.) pour circonscrire mieux
encore les expériences professionnelles. Nous voulons savoir leur nombre, la nature du
contrat de travail, l’effectif de l’entreprise, le secteur d’activité, la durée et le lieu de
ces expériences. Cette première rubrique contient les questions ci-après :

1. Les expériences de travail

1.1. Avez-vous travaillé en entreprise ?


Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 2.1.)
1.2. Dans combien d’entreprises avez-vous travaillé ?…….

TRES IMPORTANT POUR LA SUITE DU QUESTIONNAIRE : MERCI DE LIRE


LE PARAGRAPHE CI-DESSOUS EN ENTIER

224
Si vous avez travaillé dans plusieurs entreprises, veuillez nous renseigner, pour les
questions 1.3. jusqu’à 1.9. sur l’expérience professionnelle qui vous semble la plus
significative en termes de prises de responsabilité et de décision, et d'implication dans
un ou une partie d'un projet.

1.3. Quelle était la nature de votre contrat de travail ?


CDD ˆ CDI ˆ Stages ˆ Intérim ˆ Autre (merci de préciser) ˆ……………...

1.4. Dans quel type d'entreprise ?


TPE (-10 salariés) ˆ PE (10 à 49 salariés) ˆ
PME/PMI (50 à 249 salariés) ˆ Grande entreprise (250 et +) ˆ
Autre (organismes publics, parapublics,… : merci de préciser le nombre de salariés)
ˆ………

1.5. Dans quel secteur d'activité ?

Secteur Merci de préciser


Services ˆ
Industrie ˆ
Nouvelles technologies ˆ
Autre (merci de préciser) ˆ

1.6. Combien de mois a duré votre travail ?…………

1.7. Où avez-vous effectué ce travail ?


France ˆ Etranger ˆ

1.8. Si vous avez répondu "Etranger" à la question 1.7., pour quelles raisons étiez-vous
parti ?

1. Opportunité dans le cadre de la formation Oui ˆ Non ˆ


2. Opportunité professionnelle Oui ˆ Non ˆ
3. Rejoindre de la famille Oui ˆ Non ˆ
4. Rejoindre des amis Oui ˆ Non ˆ
5. Découvrir un autre pays Oui ˆ Non ˆ
6. Autre (merci de préciser)

1.9. Dans le cadre de votre travail (cochez une case pour chacune des modalités
suivantes) :
1. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
hommes importante
2. Vous aviez des responsabilités sur un Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
budget importante
3. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
moyens matériels importante
4. Vous aviez à charge de mener ou Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
participer à un projet importante
5. Vous preniez des décisions importantes Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
seul importante
6. Autre (merci de préciser)

225
Les questions 1.7. et 1.8 nous ont été inspirées par le modèle de l’intention
entrepreneuriale de P. DAVIDSSON (1995). L’auteur pose l’hypothèse que les individus
qui voyagent sont plus enclins à créer leur entreprise410.

Deux aménagements majeurs ont été opérés suite aux consultations d’experts et au
double test. Nous avons ajouté le commentaire précédant la question 1.3. et transformé la
question 1.6 en numérique ouverte au lieu de codée.

7.5.2.2. Les centres d’intérêt associatifs

Cette deuxième rubrique traduit la variable explicative de l’hypothèse 6c par les


questions 2.3. et 2.4 ("les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale"). Les
responsabilités associatives comme un parcours favorable à la formation de l’intention
entrepreneuriale sont opérationnalisées comme suit :

2. Les centres d'intérêt associatifs


2.1. Dans combien de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ?……….
(Si vous répondez "0" à cette question, veuillez aller à la question 3.1.)

2.2. Dans quel type de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ? (Vous pouvez
cocher plusieurs réponses selon le nombre de vos activités)
Association au sein de votre établissement (B.D.E, …) ˆ Syndicat ˆ
Association en dehors de votre établissement ˆ Parti politique ˆ
Conseil d'établissement (lycée, école, université,…) ˆ
Autre (merci de préciser) ˆ ………………………………………………………………..
2.3. Vous occupez (occupiez) le statut de ? (Vous pouvez cocher les deux réponses si vous
occupez (occupiez) les deux statuts)
Membre simple ˆ Responsable ˆ
2.4. Si vous occupez (occupiez) le statut de responsable, lequel ? (Vous pouvez cocher
plusieurs réponses selon vos différents statuts)
Président ˆ Vice-président ˆ Secrétaire ˆ Trésorier ˆ
Membre du bureau ˆ Membre du Conseil d'administration ˆ
Autre (merci de préciser) ˆ ………………………………………………………………

410
“… However, if experience with radical change increases the probability of founding one’s own firm, then
native Swedes who have lived in several different places should be more prone to found businesses than those
who have stayed in the same place their entire life”.

226
L’avis d’un expert nous a permis de transformer la question 2.4., qui était ouverte, en
multichotomique à choix multiples.

7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur

A travers cette thématique, nous voulons opérationnaliser l’influence de modèles


d’entrepreneur sur l’intention entrepreneuriale ("hypothèse 5 : la connaissance par les
étudiants de modèles d'entrepreneur qu’ils souhaiteraient imiter agit positivement sur leur
intention entrepreneuriale").
Nous avons trouvé dans la littérature deux travaux qui traduisent cette influence. T.M.
BEGLEY et alii (1997), et T. VOLERY et alii (1997, p. 282) proposent respectivement
"S’intéresser à ceux qui dirigent leurs propres entreprises"411, et "Suivre l’exemple d’une
personne que j’admire"412. Ces items nous ont semblé "réducteurs" pour recueillir les
informations nécessaires aux analyses de notre hypothèse. Nous avons alors développé
nos propres questions (3.1. et 3.4).

Secondairement, nous avons cherché à connaître le nombre des entrepreneurs, à


l’intérieur ou à l’extérieur de l’entourage immédiat (questions 3.2. et 3 .5.), que les
étudiants souhaiteraient imiter. Nous voulons aussi nous informer sur le lien de parenté
avec l’entourage immédiat (questions 3.3.) et avoir quelques exemples d’entrepreneur
en dehors de cet entourage (questions 3.6.). Enfin, il nous a semblé important
d’approfondir l’analyse en considérant les supports médiatiques sur lesquels les étudiants
ont pris connaissance de ces exemples d’entrepreneurs (questions 3.7). Cette thématique
renferme les questions ci-dessous :

3. Les modèles d’entrepreneur

3.1. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise,


créateurs d'entreprise) dans votre entourage que vous souhaiteriez imiter ?
Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 3.4.)

3.2. Combien sont-ils ?……..

411
"People look up to those who run own firms".
412
"To follow the example of a person I admire".

227
3.3. Qui sont-ils ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre
d’entrepreneurs)
Parents ˆ Frères ou sœurs ˆ Autres membres de la famille ˆ
Amis ˆ Autre (merci de préciser) ˆ…………………. ……………………………..

3.4. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise,


créateurs d'entreprise) en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ?
Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 4.1.)

3.5. Combien sont-ils ?……..

3.6. Veuillez nous donner des exemples……...……………………………………………..

3.7. Dans quels types de médias les avez-vous connus ? (Vous pouvez cocher plusieurs
réponses)

Le(s)quel(s) ?
1. Ecrits nationaux ˆ
2. Ecrits étrangers ˆ
3. Chaînes radios nationales ˆ
4. Chaînes radios étrangères ˆ
5. Chaînes télévisées nationales ˆ
6. Chaînes télévisées étrangères ˆ

Les consultations d’experts nous ont conduit à intégrer la question 3.7. Les tests nous
ont révélé qu’il fallait préciser les termes de la question 3.4. Nous avons ainsi reformulé "Y
a-t-il des entrepreneurs en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ?" en "Y
a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise,
créateurs d'entreprise) en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ?".

7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial

Cette quatrième thématique a pour but de traduire la variable explicative de


l’hypothèse 6a en échelle ("les perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les
étudiants acquièrent avec les programmes et les formations de spécialisation ou
d’accompagnement en entrepreneuriat ou en création d’entreprise influencent positivement
l’intention entrepreneuriale"). Mais avant, notre optique comparative nous amène à filtrer
et à éliminer dans notre échantillon témoin les étudiants qui auraient suivi des programmes

228
et formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat ou création
d’entreprise413. Nous les avons à cet effet interrogé de la façon suivante :

4. Le cursus entrepreneurial
4.1. Avez-vous suivi des enseignements obligatoires en entrepreneuriat ou en
création d'entreprise ?
Oui ˆ
Lesquels ?…………………………………………………………………………….………
……………………………………………………………………………………………….
Non ˆ
4.2. Avez-vous suivi des enseignements optionnels en entrepreneuriat ou en
création d'entreprise ?
Oui ˆ
Lesquels ?…………………………………………………………………………….………
……………………………………………………………………………………………….
Non ˆ
Si vous avez répondu par Non aux questions 4.1. et 4.2., veuillez aller directement à la
question 5.1.. Si vous avez répondu par Oui à la questions 4.1. et/ou à la question 4.2,
veuillez répondre à la question 4.3.

L’ensemble des questions ci-dessus concerne uniquement les étudiants n’ayant pas
suivi des programmes et formations de spécialisation ou d’accompagnement en
entrepreneuriat ou création d’entreprise (DESS CAAE). Il constitue (avec une
modalité de réponse dans une thématique que nous présenterons plus loin) la
première des deux différences dans le contenu de nos deux questionnaires.

Pour opérationnaliser la variable indépendante de l’hypothèse 6a, nous nous sommes


inspirés de l’échelle de L. KOLVEREID (1997 p. 52) et A. TKACHEV et L.
KOLVEREID (1999 p. 276-277)414 que nous avons traduit comme suit :

413
Cet échantillon se compose d’étudiants en DESS CAAE. Cf. infra., p. 244-245, "7.6.2. L’échantillon
témoin : la quête d’une homogénéité comparative".
414
"Perceived behavioral control was measured using the following six, 7-point rating scales : (1) "For me,
being self-employed would be (1 = very easy, 7 = very difficult)". (2) "If I wanted to, I could easily pursue a
career as self-employed (1 = strongly agree, 7 = strongly disagree)". (3) "As self-employed, how much
control would you have over the situation ? (1 = absolutely no control, 7 = complete control)". (4) "The
number of events outside my control which could prevent me from being self-employed are (1 = very few, 7 =

229
4.3. Les enseignements spécifiques à la création d'entreprise que vous avez suivis font que
(cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :
1. devenir créateur d'entreprise me serait Très difficile Difficile Facile Très facile

2. si je voulais, je pourrais facilement poursuivre Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
une carrière de créateur d'entreprise d'accord d'accord d'accord d'accord
3. comme créateur d'entreprise, j'aurais un Absolument Peu de Beaucoup Contrôle
contrôle de la situation aucun contrôle de contrôle total

4. le nombre d'événements qui ne seraient pas Très peu élevé Peu élevé Elevé Très élevé
sous mon contrôle, et qui pourraient
m'empêcher de devenir créateur d'entreprise est
5. si je deviens créateur d'entreprise, les chances Très fortes Fortes Faibles Très
de réussite de mon entreprise seront faibles

Suite aux résultats de consultations d’experts, nous avons éliminé l’item 6 "si je deviens
créateur d'entreprise, les chances d’échec de mon entreprise seront…"415 car il semble
redondant avec l’item 5.

7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales

Dans un premier temps, cette cinquième rubrique souhaite d’opérationnaliser le


facteur explicatif de l’hypothèse 1 par l’intermédiaire de la question 5.1 ("l'existence
d'une idée, ou d'un projet d'entreprise plus ou moins formalisé influence positivement
l'intention entrepreneuriale des étudiants"). Il nous a semblé utile de nous enquérir de
l’origine de l’idée ou du projet (question 5.3.) et de savoir si ceux-ci sont nés avant ou
après l’intégration de la formation entrepreneuriale (question 5.2.).

Dans un second temps, cette rubrique se donne pour finalité de transcrire les questions
et les échelles (5.4. et 5.5) capables d’appréhender la variable de l’hypothèse 2 ("la
recherche d'informations dans le but de formaliser certains aspects de l'idée ou du projet
d'entreprise influence positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants"). Nous les
avons créées nous-même.

numerous)". (5) "If I become self-employed, the chances to success would be (1 = very low, 7 = very high)".
(6) "If I pursue a career as self-employed, the chances of failure would be (1 = very low, 7 = very high)".
415
"If I pursue a career as self-employed, the chances of failure would be".

230
La question 5.6. conduit les étudiants à nous renseigner sur quelques aspects de leurs
idées ou projets. Il s’agit de vérifier la véracité de ces derniers comme prolongement
logique à la question 5.1. La question 5.7. sert à appréhender l’échéance de
concrétisation des idées ou projets détenus par les étudiants. Le groupe de questions
qui renvoie aux attitudes entrepreneuriales est formulé de la façon suivante :

5. Les attitudes entrepreneuriales


5.1. Avez-vous une idée ou un projet d'entreprise ?
Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 8.1.)
5.2. Cette idée ou projet d'entreprise est-il(elle) né(e) avant ou après que vous ayez suivi
les enseignements spécifiques à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise ?
Avant ˆ Après ˆ
5.3. Comment cette idée ou projet est-il(elle) né(e) ?
1. Suite à des rencontres avec des entrepreneurs Oui ˆ Non ˆ
2. Suite à un projet mené pendant votre formation antérieure Oui ˆ Non ˆ
3. Suite à un projet mené pendant votre formation actuelle Oui ˆ Non ˆ
4. Suite à un emploi, à un stage Oui ˆ Non ˆ
5. En lisant la presse spécialisée Oui ˆ Non ˆ
6. Suite à un séjour à l'étranger Oui ˆ Non ˆ
7. Autre (merci de préciser)

5.4. Consacrez-vous actuellement du temps à la recherche d’informations pour mieux


formaliser les aspects suivants de votre idée ou projet d'entreprise ? (Cochez une case
pour chacune des modalités suivantes)
1. Le marché Pas du tout Peu Conséquent Très
conséquent conséquent
2. Le produit (bien ou service) Pas du tout Peu Conséquent Très
conséquent conséquent
3. Le montage du plan d'affaires Pas du tout Peu Conséquent Très
conséquent conséquent
4. Autre (merci de préciser)

5.5. Auprès de qui ?


1. Organismes spécialisés dans l'aide à la création et à la reprise Oui ˆ Non ˆ
d'entreprise
2. CCI Oui ˆ Non ˆ
3. Agence Pour la Création d'Entreprise Oui ˆ Non ˆ
4. Chambre des métiers Oui ˆ Non ˆ
5. Organisations professionnelles Oui ˆ Non ˆ
6. Enseignants de votre établissement Oui ˆ Non ˆ
7. Autre (merci de préciser)

231
5.6. Pourriez-vous nous renseigner sur les aspects suivants de votre idée ou projet
d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
1. Avez-vous une idée de vos futurs clients ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
2. Avez-vous une idée de vos besoins financiers au Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
démarrage ? Précise précise précise précise
3. Avez-vous une idée de vos concurrents ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
4. Avez-vous une idée de vos besoins en ressources Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
humaines au démarrage ? Précise précise précise précise

5.7. Dans combien de temps pensez-vous concrétiser votre idée ou projet en créant votre
entreprise ?
Moins d’un an ˆ Entre 1 et moins de 3 ans ˆ
Entre 3 et 5 ans ˆ Plus de 5 ans ˆ

Un expert nous a aidé à transformer la question 5.6. Complètement ouverte au départ,


elle s’énonçait dans les terme suivants : "Veuillez nous décrire votre idée ou projet
d’entreprise…………".

7.5.2.6. Les motivations de concrétisation

Cette sixième thématique a pour objet de traduire en échelle les facteurs explicatifs
de des hypothèses 3a ("le besoin d'accomplissement est une motivation qui influence
positivement l’intention entrepreneuriale des étudiants") et 3b ("la recherche de
l'autonomie est une motivation psychologique qui influence positivement l’intention
entrepreneuriale des étudiants").
"Pour appréhender la motivation", note D. DRILLON (1995, p. 26 et 45), "il faut viser
des informations profondes et complexes difficiles à exprimer et donc à saisir". Les
motivations sont une composante essentielle de notre modèle. Elles peuvent être perçues à
travers des facteurs capables de l'activer. Le premier d’entre eux que nous avons retenu est
le besoin d’accomplissement pour lequel il existe plusieurs échelles. R. J. BRADLEY
(1990, p. 41-43) note que huit échelles ont été développées pour mesurer le n Ach des
entrepreneurs. Ce nombre atteste de la différence dans la mesure du construit416.

416
"The number of different measures attests to the popularity of the study of the motive, but, more
importantly, to the variability of definition and disagreement about measurement … In the studies, reviewed
for this paper is a considerable variability in the "entrepreneurial" samples studied, different

232
Pour notre part, nous avons recensé les échelles de E. AUTIO et alii (1997, p. 147)417, de
P. DAVIDSSON (1995)418 et R. LYNN (1969, p. 529)419. Cette dernière, souvent utilisée en
GRH, s’applique aux choix et à la gestion des carrières ; elle est mal adaptée pour des
populations en cours d'études. Nous n’avons pas non plus retenu les deux premières car,
telles qu’elles sont formulées, elles ne paraissent pas répondre à des motivations de
concrétisation de projet. Celle de P. DAVIDSSON (1995) nous semble particulièrement
mal conçue car l’enquêté doit se référer à une "moyenne" (average) qu’il ne peut pas
toujours apprécier.

R.J. BRADLEY (1990, p. 47) relève que les échelles TAT (Thematic Apperception
Test) de D.C. Mc CLELLAND et EPPS (The Edwards Personal Preference Schedule) de
A.L. EDWARDS sont les plus utilisées pour mesurer le n Ach dans le champ de
l’entrepreneuriat420. Appliqué à une population d’entrepreneurs, le TAT de D.C. Mc
CLELLAND (1961, 207) montre que ceux possédant un "fort" besoin d'accomplissement
manifestent les caractéristiques suivantes :
1. la prise de risque comme une fonction de compétence ;
2. l'activité contribuant au dynamisme et/ou à l'originalité ;
3. la responsabilité individuelle ;
4. la connaissance des résultats des décisions, l'argent étant la mesure de ces résultats ;
5. l'anticipation du futur421.

operationalizations of achievement motivation, and a lack of consistency in the measurement of the


achievement motive".
417
“I like to take initiative, and make things happen, even if this would mean greater stress and longer
working hours.
I am always trying to accomplish new things, to do better than the average”.
418
“I find it hard to understand people who always keep on striving towards new goals although they have
already achieved all the success they could possibly have imagined (rev).
To face new challenges and to manage to cope with them is extremely important to me.
I always try to succeed and accomplish something more than average.
I ‘m probably a bit pushing and try to improve all the time”.
419
"Do you find it easy to relax completely when you are on holiday ?
Do you feel annoyed when people are not punctual for appointments ?
Do you dislike seeing things wasted ?
Do you like getting drunk ?
Do you find it easy to forget about your work outside normal working hours ?
Would you prefer to work with a congenital but incompetent partner, rather than with a difficult highly
competent one ?
Does inefficiency make you angry ?
420
“Mc Clelland's TAT has been more used extensively than any other single measure… The achievement
subscales of the Edwards Personal Preference Schedule (EPPS) is the second most frequently used measure
of achievement motivation in entrepreneurship research (Edwards, 1959)".
421
" Modern risk-taking as a function of skill not chance ;

233
Nous avons retenu parmi celles-ci la troisième (la responsabilité individuelle) et la
quatrième (la connaissance des résultats des décisions, l'argent étant la mesure de ces
résultats)422. Gagner plus d’argent est une motivation qui revient souvent comme facteur
amenant les individus à se vouloir entrepreneurs (L.-J. FILION, 1997 ; T. VOLERY et alii,
1997, p. 283).
Ainsi, nous avons construit notre propre échelle en conjuguant les deux caractéristiques
de D.C. Mc CLELLAND (1961) avec les motivations de vouloir aller au bout d’une idée
ou d’un projet, d’avoir du pouvoir423 et de relever un défi. Cette échelle renferme les 5
items suivants :

6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise
en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)

Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait


d'accord d'accord d'accord d'accord
1. Je prendrai des responsabilités
2. Je gagnerai plus d'argent
3. Je me réaliserai en tant qu'être humain (j’irais
jusqu'au bout de mon idée ou de mon projet)
4. J’aurai du pouvoir
5. J’ai à cœur de relever un défi

Cette thématique souhaite aussi opérationnaliser la variable explicative de


l’hypothèse 3b. Là encore, plusieurs échelles ont été développées pour mesurer la
recherche de l’autonomie, notamment celles de E. AUTIO et alii (1997, p. 147)424 et P.
DAVIDSSON (1995)425. Nous ne les avons pas adoptées car nous pensons que telles

energetic and/or novel instrumental activity ;


Individual responsibility ;
knowledge of results of decisions ; money as a measure of results ; and
anticipation of future possibilities".
422
La première caractéristique (la prise de risque comme une fonction de compétence) se retrouve sous une
autre forme dans l’hypothèse 4.
423
Notre acception du pouvoir rejoint celle de R.-J. VALLERAND (1994, p. 683). Il implique une forme
d’épanouissement. Selon cet auteur, il est associé à l'idée de force ; c'est la capacité d'influencer autrui même
contre son gré.
424
"Working for an established employer is more important for me than freedom to pursue my own ideas.
I prefer employment security, even if I would have less autonomy".
425
“ When I am in a group I am happy to let someone else take the lead (rev).
I think I’ve found it harder than others to let authorities like parents, teachers, and superiors control me.
I usually do what is expected of me and follow instructions (rev).
I usually trust my own judgement and do not care much about what others say or think”.

234
qu’elles sont énoncées, elles ne contiennent pas des motivations de concrétisation de
projet.

Selon T. VOLERY et alii (1997, p. 282), l’autonomie d’un entrepreneur reflète sa


volonté d’être indépendant, son désir d’être son propre chef426. En tenant compte de cette
forme d’expression de la recherche d’autonomie, nous l’avons opérationnalisée par les
deux items suivants :

6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise
en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)

Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait


d'accord d'accord d'accord d'accord
6. Je serai autonome (être mon propre chef)
7. J’aspire à plus de liberté
8. Autre (merci de préciser)

7.5.2.7. La disponibilité des ressources

Cette septième rubrique souhaite traduire en items la variable explicative de


l’hypothèse 7 ("les perceptions de disponibilité des ressources - informations et conseils,
finances - influencent positivement l’intention entrepreneuriale"). Nous avons construit
notre propre échelle en nous appuyant sur des facteurs contingents analysés au
troisième chapitre427. Nous avons alors distingué les ressources financières subdivisées en
trois catégories (financement bancaire, capital-risque et fonds de proximité : items 1, 2
et 3), et les ressources en informations et conseils en vue de mettre en œuvre l’idée ou le
projet d’entreprise (items 4 et 5). L’échelle relative aux perceptions des ressources est
formulée par les items suivants :

426
“Autonomy reflects the willingness of entrepreneurs to be independent… The desire to be one’s own boss
further reflects this autonomy”.
427
Cf. supra., p. 111-121, "3.2.3. Les systèmes d’appui et de soutien à la création d’entreprise".

235
7.1. Dans quelle mesure les facteurs suivants feraient-ils obstacles à la mise en œuvre de
votre idée ou projet d’entreprise ? (cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
d'accord d'accord d'accord d'accord
1. La difficulté à obtenir un financement bancaire
2. La difficulté à attirer les capital-risqueurs
3. La difficulté à réunir des fonds de proximité (amis,
famille)
4. La difficulté à trouver les informations dont j’aurais
besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet
5. La difficulté à trouver les conseils dont j’aurais
besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet
6. Autre (merci de préciser)

Initialement, nous voulions que les interviewés classent ces 5 obstacles par ordre
croissant de difficulté pour la mise en œuvre de leurs projets. La question 7.1. s’énonçait
alors : "Classez par ordre d'importance les facteurs suivants selon la difficulté qu’ils
représenteraient pour la mise en œuvre de votre projet (notez 1 pour le plus important des
cinq, et 5 pour le moins important des cinq) ?". Le premier test auprès des étudiants de
l'ESC Lyon a montré les difficultés qu’il y a à classer ces 5 items. Nous avons éliminé le
classement par ordre d’importance.

7.5.2.8. Le choix de carrière

Cette thématique est le champ d’exploration de deux objectifs. Le premier est


d’appréhender la variable à expliquer, l’intention entrepreneuriale. Comme nous
l'avons souligné lors de l'approche du concept de l’intention, celle-ci est de deux types : les
intentions d’adopter un comportement souhaité et les intentions de choix428. Le but ici est
d’opérationnaliser ces dernières, c’est-à-dire les intentions de choix de carrière des
étudiants. Celles-ci peuvent être entrepreneuriales ou salariales.
Nous avons relevé dans la littérature plusieurs opérationnalisations de l’intention
entrepreneuriale. Nous citerons entre autres, T.M. BEGLEY et alii (1997)429, J.M. CRANT

428
Cf. supra., p. 53-59, "1.4.2. Le questionnement principal de la recherche : l'intention entrepreneuriale".
429
"I intend to start my own business firm within the next ten years" ; "I have no intention of starting my own
firm in the future (the latter was reverse scored)".

236
(1996, p. 45)430, P. DAVIDSSON (1995)431, A.F. DE NOBLE et alii (1999)432, L.
KOLVEREID (1997, p. 50-51)433 et R. RAIJMAN (2001, p. 401)434. Exceptée cette
dernière, celles-ci sont toutes des "variantes" de celle utilisée par I. AJZEN et M.
FISHBEIN (1980)435. L’échelle de ces deux auteurs a donc fait la preuve de sa
dimensionnalité et de sa fiabilité dans ces diverses études. Nous l’avons adoptée et traduite
de la manière suivante :

8.1. Dans les cinq prochaines années (Cochez une case pour chacune des modalités
suivantes)

1. la probabilité que vous créiez votre entreprise Très Faible Faible Forte Très forte
est
2. la probabilité que vous poursuiviez une Très Faible Faible Forte Très forte
carrière de salarié est
3. si vous devez choisir entre créer votre Certainement Plutôt Plutôt créer Certainement
entreprise et être salarié, vous préféreriez être salarié être mon créer mon
salarié entreprise entreprise

Le deuxième objectif de cette rubrique est d’opérationnaliser la variable explicative


de l’hypothèse 4 ("la propension à la prise de risque influence l’intention entrepreneuriale
des étudiants"). La revue documentaire nous a révélé une seule opérationnalisation de la

430
"Entrepreneurial intentions : three items, including "I will probably own my own business one day" and
"It is likely that I will personally own a small business in the relatively future", were developed to measure
this variable using a seven-point Likert format".
431
“It should be added here that the ultimate dependent variable, intention, was measured by an index of
three questions : “Have you ever considered founding your own firm?” (with three response categories from
“never occurred to me” to “have seriously considered”) and “How likely do you consider it to be, that one
[five] year[s] from now you run your own firm?“ (five response categories “not likely at all” to “dead
certain”)”.
432
"We also measured participants' intention to start their own business using a four-item scale developed by
Krueger, and al. (1999). An example of one item is : "How likely it is that you are going to start your own
business in the next five years ? All four items were measured based on a 5-point scale ranging from
Extremely unlikely (1) to Extremely likely (5)".
433
L’auteur a repris l’échelle de I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980) dans son intégralité. Il cite : "As Ajzen
and Fishbein (1980) have pointed out, choice intentions of this kind can be explained in terms of the
intentions to perform each of the alternatives involved".
434
"On a scale form 1 to 5, where 5 is the most desirable and 1 is the least desirable, tell me how each of the
following activities rank in your mind :
"Working for the government" ; "Working for a large company" ; "Having your own business" ; "Being a
Farmer" ; "Working for a small company" ; "Working in hospital "".
435
"(1) "If you would to choose between running your own business and being self-employed by someone,
what would you prefer ? (1 = Would prefer to be employed by someone ; 7 = Would prefer to be self-
employed) ; (2) "How likely is that you would pursue a career as self-employed?" (unlikely – likely. (3) "How
likely is it that you will pursue a career as employed in organization ?" (likely – unlikely)".

237
propension au risque, en l’occurrence celle de R. RAIJMAN (2001, p. 401)436. Nous
l’avons rejetée car elle nous semble assez "pauvre" pour appréhender les différentes
facettes de notre hypothèse.
Nous avons bâti notre propre échelle pour mesurer la propension à la prise de risque.
Nous avons traduit cette dernière par les perceptions qu’ont les étudiants des
conséquences de la disparition de l’entreprise qu’ils seraient amenés à créer. Ceci
nous a été inspiré, comme nous l’avons signalé précédemment, par R.H. BROCKHAUS
(1982, p. 47)437.
Ces perceptions peuvent se manifester de deux manières. La première serait l’échec qui
se déclinerait en trois aspects. Financier tout d'abord (item 1), car créer exige d'engager
des ressources propres, et éventuellement celles de ses proches. En cas de faillite, la
conséquence en serait le remboursement des dettes des années durant. Social ensuite (item
2), car souvent la société française sanctionne négativement les créateurs qui "échouent".
Personnel enfin (item 3), car les étudiants qui n’auraient pas su mener à terme ou
pérenniser un projet peuvent avoir des perceptions négatives d’eux-mêmes.

Aux antipodes de l’échec, une deuxième forme de perceptions, qualifiées de "positives",


peut se développer suite à une faillite ; ses conséquences peuvent être perçues par les
étudiants de deux manières. La première serait une expérience enrichissante pour
renouer avec d’autres aventures entrepreneuriales (item 4). La seconde serait un vécu
professionnel à faire valoir pour la suite de leur carrière (item 5), comme le signalent
A. SHAPERO et L. SOKOL (1982, p. 85)438. Ainsi, les items relatifs aux perceptions de la
disparition des entreprises en tant que conséquence de la prise de risque sont formulés
comme suit :

436
""Would you be willing to risk your possessions to start a business ? (Willing - Very Willing)" ;
"To start your own business is a risk thing (Disagree - Strongly Disagree)".
437
Cf. supra., p. 192-194, "6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la
disparition de l’entreprise".
438
"Failures apparently do not shake the credibility of the company formation act, but may even reinforce its
credibility and serve as a learning experience".

238
8.2. Si un jour vous créez votre entreprise, pour vous, son échec éventuel serait avant tout
(Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :

Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait


d'accord d'accord d'accord d'accord
1. Un échec financier
2. Un échec social
3. Un échec personnel
4. Une expérience utile pour une autre aventure
entrepreneuriale
5. Une expérience utile pour la suite de votre
carrière professionnelle
6. Autre (merci de préciser)

7.5.3. La fiche signalétique

Il est d’usage que les renseignements signalétiques soient laissés à la fin du


questionnaire. Les variables que nous avons sélectionnées sont essentiellement descriptives
et se répartissent en trois groupes. Le premier concerne les données d’identification.
L’intérêt est d’opérer des analyses socio-démographiques et des segmentations (sous-
échantillonnages). Ce groupe contient le nom et le prénom dans la perspective d’une
étude longitudinale sur le lien intention-acte de création439, le sexe, l’âge, la nationalité, le
type de formation (initiale ou continue) et enfin l’établissement fréquenté.

Dans un deuxième groupe, nous interrogeons les étudiants sur le diplôme obtenu avant
d’intégrer les formations actuelles ("L'admission à cette formation s’est faite après : … ").
Enfin, dans le dernier groupe, sous une forme dichotomique, nous avons voulu connaître
les motivations qui les ont poussés à choisir ces formations de troisième cycle
("Pourquoi avez-vous intégré ce diplôme ?").

Dans ce dernier groupe, nous avons ajouté une modalité de réponse uniquement pour les
étudiants suivant des programmes et formations de spécialisation ou d’accompagnement en
entrepreneuriat ou création d’entreprise. Il s’agit de "4. Me donner les connaissances

439
Tout en garantissant la confidentialité, nous pourrons retrouver les individus à l’aide, par exemple, des
fichiers d’associations d'anciens élèves.

239
nécessaires pour développer mes aptitudes entrepreneuriales". Celle-ci constitue la
seconde différence de contenu entre les deux questionnaires. Notre fiche signalétique
reprend donc les intitulés suivants :

Nom (facultatif) :…………………. Prénom (facultatif) :………………………….


Sexe : M ˆ Fˆ Age :…… Nationalité :…………………….……
Type de formation : initiale ˆ continue ˆ
Etablissement :…………………………..
L'admission à cette formation s’est faite après :
La(les)quelle(les)
1. Obtention d’une maîtrise ˆ
2. Obtention d’un diplôme d’ingénieur ˆ
3. Validation d’acquis professionnels ˆ
4. Autre (merci de préciser)

Pourquoi avez-vous intégré ce diplôme ?


1. Compléter une formation technique par une formation en gestion Oui ˆ Non ˆ
2. Approfondir mes connaissances en gestion Oui ˆ Non ˆ
3. Découvrir une discipline qui m’intéresse Oui ˆ Non ˆ
4. Me donner les connaissances nécessaires pour développer mes aptitudes Oui ˆ Non ˆ
entrepreneuriales
5. Autre (merci de préciser)

La construction et la composition du questionnaire ainsi détaillées, nous allons procéder


à la présentation des modes opératoires d’échantillonnage et de recueil des données.

7.6. Méthode d’échantillonnage et composition des populations observées

L’une des difficultés majeures de notre méthodologie empirique consiste à définir les
caractéristiques de notre base de sondage. L’interrogation porte sur le choix entre deux
populations. La première est composée de jeunes entrepreneurs et de salariés qui
auraient suivi, il y a cinq ans au plus, un programme ou une formation de spécialisation ou
d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise. La seconde population
comporte un ensemble d’étudiants de troisième cycle (bac+5) suivant le même type de
cursus. Ces sujets sont à quelques mois, voire quelques semaines, d’entamer leur carrière
professionnelle, donc manifestent une large variété d'intentions de carrière.

240
Nous avons rejeté la première alternative car les attitudes, normes subjectives et
perceptions sont susceptibles d’évoluer dans le temps. Les effets des socialisations
professionnelle et organisationnelle ne sont souvent pas neutres440. En outre, décrire et
expliquer des événements qui se seraient produits il y a cinq ans peut représenter un
sérieux handicap pour la mémoire des enquêtés. A cet effet, N.F. KRUEGER et A.L.
CARSRUD (1993, p. 327) nous confortent dans le choix de la seconde population en
indiquant qu’une démarche rétrospective n’est pas pertinente pour l’étude de l’intention
comportementale441.
Le choix d’étudiants de troisième cycle suivant des formations et des programmes
à dominante "entrepreneuriale" s’explique par le fait que ces derniers sont des contextes
qui laissent supposer que les attitudes, les normes subjectives et les perceptions peuvent se
développer et renforcer l’intention entrepreneuriale.

En France, les écoles de management et de gestion, les écoles d'ingénieurs et, à un degré
moindre, les établissements universitaires (Instituts d’Administration des Entreprises,
départements de Sciences Economiques et d’Administration Economique et Sociale), sont
les structures qui ont le plus instauré des programmes ou des formations en entrepreneuriat.
En nous attachant à repérer des similitudes à l’intérieur de groupes "homogènes",
nous avons exclu de nos enquêtes les écoles d’ingénieurs. Non pas que le "goût" pour
l'innovation et la création d'entreprise soit l’apanage des seuls étudiants de gestion ou de
sciences économiques et d’administration économique et sociale, mais il se trouve que
l’accès au terrain nous était plus facile dans ces conditions. En outre, intervenant nous-
même dans le DESS "Entrepreneuriat et nouvelles activités" de l’IAE de Rouen, il nous a
paru opportun de tester notre modèle et vérifier l’impact de la formation sur nos propres
étudiants.

440
Le modèle de l’intention entrepreneuriale que nous avons élaboré aurait été bien évidemment différent.
Cf. supra., p. 201-203, "6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale inspiré du cadre des
dimensions sociales de l'entrepreneuriat de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982) et fondé sur la théorie du
comportement planifié de I. AJZEN (1991)".
441
"For intentional behaviors, hindsight is not perfect".

241
7.6.1. La population de référence : un échantillon de convenance

La possibilité de vérifier des hypothèses à partir de faits observés est caractéristique de


toute démarche scientifique. Il est question d’obtenir des résultats généralisables ayant la
portée la plus vaste possible (M. GRAWITZ, 1996, p. 500). Ainsi, nous avons visé
l’exhaustivité. Notre base de sondage est constituée de l’ensemble des établissements
universitaires - IAE et départements Sciences Economiques et AES - et des écoles de
management et gestion assurant des programmes et des formations de spécialisation ou
d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise (niveau bac+5). Ceux-ci
peuvent être diplômants (DESS pour les établissements universitaires, mastères pour les
écoles de management et gestion), ou non ("programmes", "majeures" ou "options" pour
les écoles de management et gestion).

Dans un premier temps, nous avons recherché toutes les composantes universitaires et
les écoles de management et gestion assurant ce type d’enseignement. La requête s’est faite
essentiellement sur Internet. Sur dix formations universitaires (DESS)442, la moitié de
leurs responsables a bien voulu donner suite à notre demande.
Pour les écoles de management et gestion, nous avons localisé sur les sites de "La
Conférence des Grandes Ecoles" et de la "FNEGE", 28 établissements dispensant un
enseignement en entrepreneuriat ou en création d’entreprise. 17 répondent aux
caractéristiques que nous recherchons (bac+5 ; formations diplômantes, "programmes",
"majeures" et "options"). Mais seuls 6 (35,3%) responsables de diplôme ont répondu
favorablement à notre sollicitation.
Au total nous avons recueilli 178 questionnaires entièrement exploitables. 76
(42,7%) proviennent d’établissements universitaires et 102 (57,3%) d’écoles de
management et gestion. La ventilation de notre échantillon de référence par intitulé et
composante de diplôme se décline de la manière suivante :

442
Cf. supra., p. 137, "Tableau 2 : DESS de Gestion orientés entrepreneuriat ou création d'entreprise".

242
Intitulés et composantes des DESS à dominante entrepreneuriat ou Nombre de
création d’entreprise questionnaires
exploitables
Création d'entreprise et gestion de projets innovants (IAE Bordeaux IV) 13
Entrepreneuriat et nouvelles activités (IAE Rouen) 13
Gestion et Management des PME (IAE Nantes) 14
Entrepreneuriat et Développement de PME (IAE Metz) 15
Création et Gestion des PME (Faculté de droit, Paris V) 21
Total 76
Intitulés et composantes des diplômes "Ecoles de management et
gestion"
Mastère "Entrepreneurs" (ESC Paris-EAP) 6
"Majeure Entrepreneur" (EDHEC Nice) 8
Mastère "Création d’entreprise et Entrepreneuriat" (ESC Lille) 10
Programme ESC (EM Lyon) 22
Mastère "Entrepreneurs" (ESC Grenoble) 23
Option "Entrepreneurs" (ESC Le Havre) 33
Total 102
Tableau 3 - Répartition de l’échantillon de référence par intitulé et composante des
diplômes

18 questionnaires ont été administrés aux étudiants de l’IAE de Nantes et 25 à ceux de


l’EM Lyon. Respectivement 4 et 3 étaient peu ou pas du tout exploitables. La composition
de notre échantillon "cible" présente, nous semble-il, une bonne diversité entre universités
(5 établissements) et écoles de management (6 établissements). Cette population observée
est qualifiée d’échantillon de convenance car tous les établissements qui recèlent les
caractéristiques recherchées ont été sollicités. L’exhaustivité n’a pas été réalisée à cause
des non-réponses ou du refus pur et simple de responsables de diplôme.

243
7.6.2. L’échantillon témoin : la quête d’une homogénéité comparative

L’adoption de la démarche comparative nous amène à constituer un deuxième


échantillon, appelé échantillon témoin. Le critère distinctif par rapport à l’échantillon
de référence est le non-suivi d’un programme ou d’une formation de spécialisation ou
d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise.

Pour respecter une certaine homogénéité dans la comparaison, nous avons pris un
échantillon témoin présentant globalement des caractéristiques similaires à l’échantillon de
référence. Celles-ci sont le niveau de diplôme (bac+5), les disciplines enseignées (sciences
de gestion) et les débouchés professionnels. Il s'agit de rechercher une contingence au
sein de chacun des deux "univers sociaux semblables". Notre choix s’est porté sur des
étudiants en DESS CAAE.

Nous avons répertorié, sur le site Internet du réseau des IAE, 27 CAAE. Nous avons
effectué un sondage aléatoire avec un tirage au sort sans remise. Nous sommes donc en
présence d’"un échantillon aléatoire simple", selon Y. EVRARD et alii (1997, p. 177).
La quête d’homogénéité nous a conduit aussi à constituer une population témoin de
taille équivalente à celle de l’échantillon de référence (178). Les cinq premiers
établissements tirés au sort ont suffi pour répondre à cette exigence. En effet, nous avons
arrêté le recueil de données dès que l’échantillon a atteint une taille voisine de 178. Nous
avons collecté 183 questionnaires, dont 176 exploitables. La répartition de notre
échantillon par composante se présente comme suit :

244
Composantes (IAE) des DESS CAAE Nombre de questionnaires exploitables
Amiens 13
Tours 26
Rouen 28
Nantes 48
Caen 61
Total 176
Tableau 4 - Répartition de l’échantillon témoin par intitulé et composante des
diplômes

Nous avons reçu 15 questionnaires de l’IAE d’Amiens et 29 de celui de Tours.


Respectivement 2 et 3 questionnaires étaient peu ou totalement inexploitables. Nous avons
éliminé 2 questionnaires de l’IAE de Caen car les étudiants concernés avaient suivi des
enseignements de sensibilisation ou de spécialisation en création d’entreprise.
En résumé, nos échantillons de référence et témoin se présentent comme suit :

DIPLOME Nombre en %
d’étudiants
DESS, formations ou programmes en écoles de management et 178 50,3%
gestion en création d’entreprise ou en entrepreneuriat
DESS CAAE 176 49,7%
Total 354 100,0%
Tableau 5 - Composition des échantillons de référence et témoin

7.6.3. L’optimalité de la taille des échantillons

Après la présentation de la composition des deux échantillons, on ne peut faire fi de


l’"optimalité" de leur taille qui demeure un débat en sciences sociales. Cependant,
plusieurs auteurs essaient de s’accorder sur des seuils minima pour lesquels les données
recueillies peuvent avoir une "significativité" quantitative et statistique.

Lors de la présentation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979), nous avons signalé


que les techniques statistiques recommandées, notamment l'ACP, conditionnent

245
partiellement la taille de l'échantillon443. La rigueur méthodologique de cette méthode
voudrait que le chercheur définisse un échantillon comportant 5 à 10 fois plus d'individus
qu'il n’y a d'items introduits dans une même ACP. Cette dernière doit regrouper le plus
grand nombre d'items444.
Pour les deux questionnaires, cette ACP contient au maximum 8 items - c’est la
question 6.1 -. Les tailles de nos échantillons de référence et témoin sont respectivement de
178 et 176. Elles représentent 22 fois l’ACP contenant le plus d’items. Nous remplissons
donc largement le critère fixé par G.A. CHURCHILL (1979).

7.7. Procédure de recueil des données : une auto-administration assistée

D’après F. WACHEUX (1996, p. 202), avant d’être une étape dans le processus de
validation et d’explication des hypothèses, la collecte des données coïncide d’abord avec
une confrontation entre les constructions théoriques et les réalités empiriques. La nature
même des informations qu’il convient de recueillir pour atteindre les objectifs de
recherche, écrit M. GRAWITZ (1996, p. 455), commande les moyens à employer pour le
faire.

Le premier stade de notre stratégie de collecte des données a consisté à obtenir une prise
de contact avec les responsables de diplôme. Nous avons opéré par courrier électronique
ou par téléphone. Après plusieurs relances, nous réussissons à obtenir un premier entretien
téléphonique au cours duquel nous nous efforçons de convaincre notre interlocuteur de
l’intérêt de notre étude. En cas d’avis favorable, nous expliquons l’objet de notre enquête,
et convenons, de suite ou plus tard, du moment et des modalités d’administration des
questionnaires.
Concernant ces dernières, trois voies étaient envisageables. Les deux premières sont
le courrier postal ou électronique. Ces deux modalités nous ont été plusieurs fois
proposées par des responsables de diplômes. Nous nous sommes appliqués à les en

443
Cf. supra, p. 215-216, "7.2.1.3. Collecte des données".
444
Cependant, d’après J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 120), il est considéré que de telles normes
peuvent être exceptionnellement révisées à la baisse. Ils citent que "Pedhazur et Pedhazur Schmelkin (1991),
dans leur ouvrage d'analyse des données, font état de recherches empiriques qui ont dû limiter l'échantillon
à 150 personnes pour des ACP sur 40 items".

246
dissuader. Le caractère impersonnel qu’elles revêtent peut générer un risque important de
non-réponse.

Le taux de réponse des enquêtes est fortement lié à leur organisation, à l'adhésion et à
l'aide des responsables de formation ainsi qu’à la collaboration des étudiants445. Pour
"optimiser" ce taux, nous avons choisi comme mode de recueil de données l’auto-
administration, en classe à la fin d’un cours, avec l’assistance d’un enseignant ou par
nos propres soins. Chaque fois, les objectifs de l’enquête étaient expliqués et les étudiants
sensibilisés aux points difficiles des questionnaires.
Cette modalité nécessitait bien entendu une implication plus importante des
responsables de diplôme et des enseignants, dont certains nous ont accueilli au sein de leur
classe ; nous avons pu nous-même administrer des questionnaires auprès des étudiants du
DESS "Entrepreneuriat et activités nouvelles" (IAE Rouen), des Mastères "Création
d’entreprise et Entrepreneuriat" (ESC Lille) et "Entrepreneurs" (ESC Paris-EAP), de
l’Option "Entrepreneurs" (ESC Le Havre), du "Programme ESC" (EM Lyon) et des
DESS CAAE des IAE de Rouen et Caen.

L’administration des questionnaires s’est déroulée entre mars et juin 2002. La longueur
de cette période s’explique essentiellement par l’indisponibilité de certaines promotions
qui étaient en stage, et des responsables de diplôme pris par leurs engagements
professionnels.

Conclusion du chapitre 7

Ce chapitre a en toile de fond la justification des choix et stratégies opératoires. La


rigueur méthodologique nous incite à fournir au lecteur les éléments d’évaluation des
forces et faiblesses de chaque étape du protocole empirique.
L’abondance des recherches analysant les facteurs menant les individus à la création
d’entreprise, l’existence de travaux anglo-saxons et scandinaves portant sur l’intention
entrepreneuriale, ainsi que la théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991) qui

445
Le vocabulaire "taux de réponse" tel qu’utilisé dans les recherches quantitatives est peu approprié ici, car
tous les étudiants présents aux cours ont pris soin de nous répondre.

247
stipule que celle-ci ne peut être décrite et expliquée qu’à travers de larges échantillons,
justifient l’adoption de la démarche hypothético-déductive. En prenant en considération
les spécificités du contexte français dans lequel nous testons notre modèle, nous adaptons
la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) qui structure notre méthodologie empirique.

L’élaboration d’un questionnaire, intermédiaire entre nos hypothèses et les vérifications


statistiques, exige du bons sens, de la réflexion, de la créativité, de l'intuition et une bonne
dose d'expérience. Il est le fruit d’emprunts à la littérature, de consultations d’experts, de
réflexions personnelles et d’un double test.

Notre perspective comparative nous amène à enquêter sur deux populations dont le
critère distinctif est le (non)suivi de programmes ou de formations de spécialisation ou
d’accompagnement en entrepreneuriat ou création d’entreprise. Recherchant une certaine
homogénéité dans la comparaison (niveau de diplôme, disciplines enseignées et
débouchés professionnels), les difficultés d’accès aux terrains ont largement déterminé la
taille de nos deux échantillons. Il n’en demeure pas moins que celle-ci respecte le critère de
"significativité" suggéré par G.A. CHURCHILL (1979).

L’auto-administration assistée par un enseignant ou par nous-même est le mode de


recueil des informations qui nous a semblé le plus opportun en termes de taux et de facilité
de réponse pour les étudiants. Il permet un climat de sérieux entretenu par la réponse
simultanée en présentiel.

Ayant déterminé le protocole empirique dans sa globalité, l’objectif du chapitre suivant


est de présenter les propriétés socio-démographiques des deux populations enquêtées et les
traitements statistiques de dimensionnalité et de fiabilité.

248
Chapitre 8 - Caractéristiques descriptives et analyses d’homogénéité

"Ce n'est pas dans la science qu'est le bonheur, mais dans l'acquisition de la science".
E. A. POE (1809-1849)

Avant de saisir les questionnaires à l’aide du logiciel de traitements statistiques SPSS,


nous avons codifié toutes les variables au sein d’une base de données structurellement
constituée pour faciliter les calculs souhaités.

L’objet de ce chapitre est d’exposer les analyses descriptives et les tests d’homogénéité
des construits. Nous réalisons tout d’abord des tris croisés concernant les caractéristiques
socio-démographiques. Ensuite, nous passons en revue les concepts de dimensionnalité et
de fiabilité. Ceux-ci nous permettent, à travers l’analyse factorielle et le test de l’alpha de
Cronbach, de procéder à l’agrégation, et si nécessaire à l’épuration, des items composants
les différentes échelles du questionnaire. A cet effet, la perspective comparative de la
recherche conduit à distinguer parallèlement deux échantillons lors des calculs : celui des
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat
ou en création d’entreprise" et celui des "DESS CAAE". Nous comparons, chaque fois que
possible, les résultats obtenus à ceux issus des travaux américains et scandinaves446.

8.1. Les données socio-démographiques

Avant d’entamer les tests d’homogénéité indispensables à la validation des hypothèses,


il est opportun de spécifier les propriétés des données que nous avons recueillies par le
biais de la fiche signalétique du questionnaire. Ainsi, nous décrivons les caractéristiques
des deux échantillons par le biais des variables suivantes : le sexe, l’âge, le pays ou la
région d’origine, le cursus antérieur, le type de formation et les raisons d’intégration des
formations.

446
En ayant à l’esprit la diversité culturelle, les différences dans les techniques d’échantillonnage et la taille
des populations étudiées, la comparaison ne peut s’opérer que pour des échelles identiques, c’est-à-dire
composées des mêmes items.

249
8.1.1. Le sexe

La répartition par sexe indique que l’échantillon "DESS, formations ou programmes en


écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" contient
un tiers de femmes (34,3%) et deux tiers d’hommes (65,7%). L’échantillon "DESS
CAAE" est composé à parité d’hommes et de femmes (respectivement 48,0% et 52,0%).
Le tableau 6 présente le détail de cette répartition.

DIPLOME
DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
SEXE
nb en % nb en %
Masculin 115 65,7 83 48,0
Féminin 60 34,3 90 52,0
447
Total 175 100,0 173 100,0
Tableau 6 - Tri croisé "sexe-échantillons"

8.1.2. L’âge

Le croisement de l’âge et du diplôme laisse apparaître que l’âge moyen est identique
dans les deux populations examinées, soit 24,7 ans (tableau 7). Cependant, l’écart-type
montre une différence de 1,1 point en faveur de l’échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise". En effet, dans la composition détaillée de l’âge (annexe 4448), cet écart peut
s’expliquer de deux manières : premièrement, cet échantillon contient plus d’individus
ayant 21 ou 22 ans, soit 38 (22,5%) contre 26 (15,2%) pour l’échantillon "DESS CAAE".
En outre, celui-ci connaît une plus grande concentration d’étudiants ayant 24 ou 25 ans,
soit 59 (34,5%) contre 48 (28,4%) pour l’échantillon de référence. Deuxièmement, la
tranche d’âge supérieure à 34 ans révèle que ce dernier renferme 10 individus (6%) contre
7 (4,2%) pour l’échantillon témoin.

447
Pour ce tableau et ceux qui suivent dans les chapitres 8 et 9, les totaux des répondants dans les deux
échantillons de référence et témoin peuvent être inférieurs à la taille de ces derniers (respectivement 178 et
176). Cela résulte des "non-réponses" ou des questions "filtres" introduites dans le questionnaire.
448
Cf. infra., p. 429, "Annexe 4 : Répartition des deux échantillons selon l’âge".

250
Dans un horizon de cinq ans, échéance retenue pour prédire l’intention entrepreneuriale
des étudiants, la moyenne d’âge des deux échantillons avoisinera la trentaine. Or, la plupart
des études indiquent que l'âge moyen des créateurs en France se situe entre 30 et 35 ans449.
A ce titre, les deux populations se trouvent donc dans une tranche d’âge proche de celle
qui est empiriquement validée.

DIPLOME
ÂGE DESS, formations ou programmes en écoles de management et DESS CAAE
gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
Moyenne 24,7 24,7
Nb 169 171
Ecart-type 4,971 3,883
Tableau 7 - Tri croisé "âge-échantillons"

8.1.3. Le pays ou la région d’origine

La répartition par pays ou région d’origine est largement dominée par la France dans les
deux échantillons (tableau 8). En effet, 90% des individus de chacun d’eux sont Français.
Pour une part négligeable n’excédant pas à chaque fois 4% dans chaque population, nous
retrouvons des Maghrébins, des Africains, des Européens et des Sud-Américains. Nous
relevons cependant que la population "DESS CAAE" comporte 5% de Chinois. Il est
permis de penser que les programmes de coopération engagés avec la Chine par des IAE
composant l’échantillon témoin expliquent cette fréquence, qui reste toutefois peu
significative.

La supériorité numérique des individus de nationalité française contribue à


l’homogénéité des deux populations ; ceci peut atténuer les effets éventuels des variables
culturelles spécifiques aux pays ou aux régions. Nous pensons notamment aux variables
ayant opérationnalisé les hypothèses 3a, 3b, 4, 5 et 6c.

449
Cf. supra., p. 108-109, "3.2.1. L'expérience professionnelle".

251
DIPLOME
DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
PAYS OU REGION
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
D’ORIGINE
nb en % nb en %
France 160 91,4 155 89,1
Maghreb 7 4,0 3 1,7
Afrique noire 5 2,9 5 2,9
Chine 2 1,1 9 5,2
Europe et Amérique du Sud 1 0,6 2 1,1
Total 175 100,0 174 100,0
Tableau 8 - Tri croisé "pays ou régions d’origine-échantillons"

8.1.4. Le cursus antérieur

Avant d’intégrer les formations actuelles, les cursus antérieurs suivis par les étudiants
des deux échantillons présentent une large variété (tableau 9). Presque un quart (23,2%)
des étudiants de la population de référence provient des écoles préparatoires450. Environ un
cinquième (18%) est issu des filières qualifiées de sciences "dures" (7,3% titulaires de
maîtrises, 5,6% d’ingénieurs et 5,1% en dernière année d’ingéniorat). Pour une part
légèrement inférieure (environ 15%), les étudiants ont acquis une maîtrise de gestion ou
de sciences sociales.
Dans des proportions égales (7,9%), ces étudiants ont obtenu des diplômes de maîtrise
"AES" ou validé leurs acquis professionnels. Loin derrière, et pour des valeurs ne
dépassant guère 5%, nous retrouvons des étudiants titulaires d’une maîtrise en sciences
économiques, droit ou LEA, d’un DEA, DESS et d’une licence en sciences sociales.

Pour les étudiants en DESS CAAE, presque un tiers (29,9%) est titulaire d’une maîtrise
en sciences dites "dures" et un cinquième (19,0%) de maîtrise de droit. Les diplômés de
maîtrises en sciences sociales et les ingénieurs représentent plus d’un dixième de
l’échantillon (soit 13,2% et 10,3%). Le "CAAE" ayant pour vocation une formation à
double compétence, la dominance de ces filières pourrait s’expliquer par la sélection à
l’entrée où ce type de profil est particulièrement recherché par les responsables de diplôme.

450
Un sous échantillonnage de cette population montre que ces étudiants appartiennent exclusivement aux
formations ou programmes en écoles de management et gestion.

252
Tout comme la population de référence, de façon marginale mais plus diversifiée, le
reste de l’échantillon est composé d’étudiants titulaires de DEA ou de DESS en sciences
sociales ou "dures", de maîtrises de gestion, de sciences économiques, d’AES et de LEA,
d’étudiants suivant parallèlement une dernière année de pharmacie et d’ingéniorat ou ayant
validé des acquis professionnels.

DIPLOME
DESS, formations ou programmes en DESS CAAE
CURSUS ANTERIEUR écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % Nb en %
"Prépa" 41 23,2
451
Maîtrise en gestion 25 14,1 5 2,9
452
Maîtrise en "sciences sociales" 23 13,0 23 13,2
Maîtrise AES 14 7,9 1 0,6
Validation d’acquis professionnels 14 7,9 8 4,6
Maîtrises en sciences "dures" 13 7,3 52 29,9
Diplôme d’ingénieur 10 5,6 18 10,3
Dernière année en école d’ingénieur 9 5,1 4 2,3
Maîtrise en sciences économiques 9 5,1 2 1,1
DEA en "sciences sociales" 5 2,8 4 2,3
Licence en sciences sociales 5 2,8
Maîtrise en droit 4 2,3 33 19,0
DESS en sciences sociales 4 2,3 1 0,6
453
Maîtrise LEA 1 0,6 9 5,2
DEA en sciences "dures" 6 3,4
DESS en sciences "dures" 3 1,7
Dernière année de pharmacie 5 2,9
Total 177 100,0 174 100,0
Tableau 9 - Tri croisé "cursus antérieur-échantillons

451
Sous ce vocable, nous avons regroupé toutes les maîtrises à dominante Gestion (MSG, Management et
Gestion des Entreprise de l’Economie Sociale, Management du Sport, Commerce International,
Administration des Affaires, Communication …).
452
Nous avons regroupé dans cette rubrique les maîtrise d’histoire, de géographie, de psychologie, de
musique et de musicologie et d’environnement.
453
Langues Etrangères Appliquées.

253
8.1.5. Le type de formation

Dans le type de formation, nous distinguons les formations continues et initiales. Nous
constatons dans le tableau ci-dessous que ces dernières sont majoritaires et présentes de
façon égale dans les deux échantillons (94%).

DIPLOME
TYPE DE DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
FORMATION et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en %
Initiale 167 93,8 164 93,7
Continue 11 6,2 11 6,3
Total 178 100,0 175 100,0
Tableau 10 - Tri croisé "type de formation-échantillons"

8.1.6. Les raisons de l’intégration des formations

Les raisons qui ont motivé les répondants de l’échantillon de référence à intégrer ces
formations sont multiples (tableau 11). Vouloir se donner les connaissances nécessaires
pour développer des aptitudes entrepreneuriales et approfondir son savoir en gestion sont
les deux causes majoritairement évoquées (dans 90% des cas pour chacune d’elle454). La
découverte d’une discipline pour laquelle les étudiants manifestent un intérêt et chercher à
compléter une formation technique par une formation en gestion, représentent dans l’ordre,
plus de deux tiers (76,3%) et plus d’un cinquième (22%) des raisons citées. De manière
moins significative, les étudiants mettent en avant la vision globale de l'entreprise, le
diplôme comme carte de visite, l’étude de la faisabilité d’un projet, l’accès au secteur du
conseil en création, l’apport d’un réseau professionnel en matière de création, la
préparation psychologique à la création d'entreprise et l’intégration du réseau de l'ESCP.

Concernant la population témoin, les raisons annoncées sont souvent les mêmes que
celles évoquées ci-dessus, mais les fréquences observées sont sensiblement différentes.
Ainsi, vouloir découvrir une discipline qui intéresse les étudiants occupe largement la

454
Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à
plusieurs énoncés. Cf. supra., p. 239-240, "7.5.3. La fiche signalétique".

254
première position avec une fréquence de 80%. Dans des proportions équivalentes (60%),
les étudiants déclarent qu’ils souhaitent compléter une formation technique par une
formation en gestion et approfondir leurs connaissances en gestion. Dans des fréquences
beaucoup plus faibles, les étudiants évoquent différentes autres raisons : avoir une vision
globale de l'entreprise, envisager la création d’une entreprise avoir un troisième cycle,
s'ouvrir des perspectives d'évolution de carrière, de rachat ou de création d'entreprise et
élargir les possibilités sur le marché du travail.

DESS, formations ou programmes en


RAISON DE L’INTEGRATION DE LA écoles de management et gestion en DESS CAAE
FORMATION entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en %
Me donner les connaissances nécessaires pour Oui 159 89,8
développer mes aptitudes entrepreneuriales
Non 18 10,2
Total 177455 100,0
Approfondir mes connaissances en gestion Oui 158 89,3 104 59,8
Non 19 10,7 70 40,2
Total 177 100,0 174 100,0
Découvrir une discipline qui m’intéresse Oui 135 76,3 140 80,5
Non 42 23,7 34 19,5
Total 177 100,0 174 100,0
Compléter une formation technique par une Oui 39 22,0 106 60,9
formation en gestion
Non 138 78,0 68 39,1
Total 177 100,0 174 100,0
Avoir une vision globale de l'entreprise Oui 3 1,7 2 1,1
Non 174 98,3 172 98,8
Total 177 100,0 174 100,0
Diplôme comme carte de visite Oui 2 1,1
Non 175 98,9
Total 177 100,0

455
Deux fiches signalétiques n’ont pas été remplies dans chacun des échantillons.

255
DESS, formations ou programmes en
RAISON D’INTEGRATION DE LA écoles de management et gestion en DESS CAAE
FORMATION entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en %
Etudier la faisabilité de mon projet en suivant Oui 1 0,6
une formation spécifique
Non 176 99,4
Total 177 100,0
Accéder au secteur du conseil en création Oui 1 0,6
Non 176 99,4
Total 177 100,0
M'apporter un réseau professionnel de la création Oui 1 0,6
Non 176 99,4
Total 177 100,0
Me préparer psychologiquement à la création Oui 1 0,6
d'entreprise
Non 176 99,4
Total 177 100,0
Intégrer le réseau de l'ESCP Oui 1 0,6
Non 176 99,4
Total 177 100,0
Dans l'objectif de création de mon entreprise Oui 1 0,6
Non 173 99,4
Total 174 100,0
Avoir un troisième cycle Oui 1 0,6
Non 173 99,4
Total 174 100,0
M'ouvrir des perspectives d'évolution de carrière, Oui 1 0,6
de rachat ou de création d'entreprise
Non 173 99,4
Total 174 100,0
Elargir les possibilités sur le marché du travail Oui 1 0,6
Non 173 99,4
Total 174 100,0
Tableau 11 - Tri croisé "raison d’intégration de la formation-échantillons"

256
8.2. L’homogénéité des échelles

L’homogénéité, appelée aussi validité, est la capacité des échelles à mesurer


"précisément et uniquement" les concepts définis dans les hypothèses de recherche (J.
IGALENS et P. ROUSSEL, 1998, p. 104). Il s’agit de procéder de façon complémentaire
aux tests de dimensionnalité et de fiabilité. Dans le premier cas, il est question de "vérifier
si les mesures de construits différents obtenues avec un ou plusieurs instruments ne sont
pas corrélées (ou le sont faiblement)". Dans le second cas, il est question d'examiner si "la
mesure d'un construit obtenue avec un instrument est corrélée avec celle produite par un
ou plusieurs autres instruments".

La méthode de G.A. CHURCHILL (1979) recommande particulièrement les traitements


d’homogénéité dans la mesure où ils permettent d’épurer les échelles si besoin est. La
dimensionnalité se réalise grâce à l’analyse factorielle. La fiabilité s’opère par le biais du
coefficient alpha (α) de Cronbach utilisé comme instrument de mesure dans les travaux les
plus récents, notamment ceux traitant de l'intention entrepreneuriale456. Examinons ces
deux concepts.

8.2.1. La dimensionnalité

La dimensionnalité repose sur l’analyse factorielle. Les possibilités qu’offre l’analyse


en composantes principales (ACP) pour l’épuration et la validation des échelles en ont fait
une des méthodes descriptives les plus utilisées (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 376 ; J.
IGALENS et P. ROUSSEL, 1998, p. 152). Cette méthode doit être établie
préalablement au calcul de fiabilité.
L’ACP identifie la(les) dimension(s) d’une variable construite a priori en identifiant
le(s) facteur(s) sous-jacent(s) de son échelle. Ceci implique de vérifier si cette dernière

456
Selon Y. EVRARD et alii (1997, op.cit, p. 290-291), il existe principalement trois techniques pour les
tests de fiabilité. "La technique du test/retest" consiste à administrer deux fois le même questionnaire à la
même population. "La technique des deux moitiés" scinde la population en deux et vérifie que les réponses
sont similaires au sein des deux sous-populations. "La technique des formes alternatives" utilise plusieurs
échelles pour appréhender la même variable ; elle a pour inconvénient d’alourdir le questionnaire.
L'utilisation de l’alpha de Cronbach s’est tardivement généralisée en marketing dans la deuxième moitié de
la décennie 90. En effet, la première publication de L.J. CRONBACH traitant de la cohérence interne date de
1951 (L.J. CRONBACH, "Coefficient alpha and the internal structure of tests", Psychometrika, 1951, vol. 16,
n° 3, p. 297-334. Non lu).

257
mesure précisément et exclusivement le construit qu'elle est censée mesurer. A cet égard,
l’ACP révèle une structure factorielle à travers laquelle la (les) composante(s) identifiée(s)
est(sont) clairement reliée(s) à des items.
Si la variable est unidimensionnelle, tous les items servant à l’évaluer forment un seul et
même facteur. Dans ce cas, ces derniers se rapportent au même axe factoriel ; l'échelle
formant ces items ne mesure qu'une seule dimension de la variable étudiée. Dans le cas
contraire, nous sommes en présence d’une structure factorielle à au moins 2 facteurs, et la
variable est alors bi ou multidimensionnelle.

L’ACP est donc une méthode de réduction des données qui sélectionne parmi les
variables initiales (items), celles qui interviennent le plus dans la description du
phénomène étudié. Nous obtenons ainsi des variables composites (facteurs) au sein
desquelles ne sont conservées pour les tests de validation d’hypothèses que les variables
initiales fortement corrélées avec les facteurs jugés les plus importants. Mais quels sont
les critères qui permettent d’une part, d’éliminer les items d’une échelle, et d’autre
part de choisir le nombre de facteurs à retenir ?

La suppression d’un item, le nombre de facteurs et l’interprétation de leur signification


sont déterminés en fonction de "références empiriques". Quatre critères sont fréquemment
retenus dans les travaux de validation de questionnaire à échelles multiples. Ils révèlent "le
caractère arbitraire, subjectif" de la procédure d’épuration (J. IGALENS et P. ROUSSEL,
1998, p. 155). Ces critères457 s’appuient sur l’importance des items initiaux dans la
formation des axes factoriels. Le principe de base est d’éliminer les items ne se rapportant
à aucun facteur ou ayant de faibles coefficients de contribution factorielle458.
Le premier critère prescrit de supprimer les items dont les contributions factorielles
sont supérieures à 0,30 sur plusieurs facteurs, ou n’ayant aucune contribution
atteignant ce score sur l’un des facteurs principaux retenus. Le deuxième critère
recommande d’éliminer les items n’ayant aucune contribution supérieure ou égale à 0,50
sur ces mêmes facteurs. C’est en fonction des résultats de l’ACP que l’une ou l’autre
option est prise "sans préférence a priori". Le troisième critère consiste à sélectionner les

457
Les auteurs utilisent le terme de "règles" qui nous semble "fort" car s’appuyant seulement sur des résultats
empiriques.
458
Ces coefficients représentent la corrélation entre l’item et le facteur retenu.

258
facteurs dont les valeurs propres initiales sont supérieures à 1459. Enfin, le dernier
critère recommande de retenir un nombre d’axes restituant un pourcentage de la variance
totale au moins égal à 50% (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 383-384 ; J. IGALENS J et P.
ROUSSEL, 1998, p. 154).
Ainsi, en respectant ces critères, il devient possible grâce aux coefficients de corrélation
les plus élevés obtenus pour un facteur donné, de trouver les variables initiales qui
contribuent le plus à sa formation, et donc de l’interpréter.

8.2.2. La fiabilité

La fiabilité (appelée aussi cohérence interne : "Internal consistency reliability") apporte


la confirmation de l’homogénéité d’une échelle dont le construit peut être unidimensionnel
ou multidimensionnel. La fiabilité est une condition nécessaire mais non suffisante de
la validité (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 292 et 294 ; J. IGALENS J et P. ROUSSEL,
1998, p. 144). Elle a pour objectif de réduire l’erreur aléatoire460.
La cohérence interne nous informe, à travers l’alpha de Cronbach, sur le degré de
corrélation de chaque item d'une échelle avec au moins un autre item de celle-ci. Ainsi, ces
items mesurent précisément et uniquement le construit analysé et partagent par là même,
une notion commune. Le coefficient de l’alpha estime la variance du score total des
facteurs communs propres aux items de l'échelle testée.

Cependant, ce score soulève des problèmes de seuil. Il n'existe pas, selon J. IGALENS
et P. ROUSSEL (1998, p. 49 et 142), de "bonne règle" concernant les valeurs minimales
de ce coefficient (comprises entre –1 et +1). Les normes les plus souples servent de
référence en la matière. Le choix de ce seuil "joue un rôle essentiel dans le processus
d'épuration d'un questionnaire. Fixer un seuil à 0,50, 0,60 ou 0,70 peut changer
considérablement le processus de condensation, c'est-à-dire, le nombre d'items à
éliminer". Toutefois, ces auteurs indiquent que ce seuil doit au moins dépasser 0,70 pour
des études confirmatoires. Y. EVRARD et alii (1997, p. 292) considèrent que "pour une
étude exploratoire, l'α est acceptable s'il est compris entre 0,6 et 0,8 ; pour une étude

459
Celles-ci représentent la variation expliquée par les facteurs communs restitués par l’ACP.
460
Cf. supra., p. 216, "7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)".

259
confirmatoire, une valeur supérieure à 0,8 est recommandée". Les valeurs du coefficient
de l’alpha dans les recherches sur l'intention entrepreneuriale se situent entre 0,49 et 0,94.
Les résultats de A.F. DE NOBLE et alii (1999) indiquent un coefficient avec une borne
inférieure égale à 0,66 et une borne supérieure égale à 0,69461. L’étude de T.M. BEGLEY
et alii (1997) laisse apparaître des valeurs comprises entre 0,69 et 0,91 ; les résultats de T.
VOLERY et alii (1997, p. 281) et L. KOLVEREID (1997, p. 51) recouvrent des scores
proches, soit respectivement les intervalles [0,65;0,91] et [0,68;0,90]. Il en est de même
pour E. AUTIO et alii (1997, p. 137) et P. DAVIDSSON (1995), soit dans l’ordre les
intervalles [0,49;0,75] et [0,52;0,77]. Les valeurs qui bornent l’alpha des recherches de
E.G. DE PILLIS (1998) et N.F. KRUEGER et alii (2000, p. 421-422) sont respectivement
estimées à 0,62 et 0,83, et à 0,69 et 0,83. Les calculs de A. TKACHEV et L. KOLVEREID
(1999 p. 275-276) se situent entre 0,50 et 0,89. Enfin, l’enquête de T. ERIKSON (1998) est
celle qui présente la valeur de l’alpha la plus élevée, soit 0,94 (la valeur minimale étant
0,74).

Le modèle que nous souhaitons vérifier n’a pas été testé dans le contexte français. De ce
point de vue, il revêt un caractère exploratoire. Cependant, les valeurs recensées ci-
dessus, l’emprunt à des auteurs scandinaves et américains de deux échelles dont la fiabilité
a été confirmée462, et la valeur la plus faible relevée dans nos calculs, soit 0,68, nous
conduisent à retenir cette dernière comme un seuil minimum significatif du coefficient
alpha. Ce seuil est largement supérieur à 0,6, valeur recommandée par Y. EVRARD et alii
(1997, p. 292) et J. IGALENS et P. ROUSSEL (1998, p. 49).

8.3. Les tests et les analyses de condensation des échelles

Avant d’entamer le premier niveau d’analyse indispensable à la validation des


hypothèses, quelques remarques s’imposent. Concernant l’analyse factorielle, si l’ACP
initiale (orthogonale), comme nous le verrons pour certaines échelles, ne fait pas ressortir

461
"Reliabilities of four out of seven scales exceed the recommended cut-off point .70 for a newly created measure
(Nunnally, 1978). Reliabilities of the remaining three scales (Core purposes, Unexpected challenges, and Critical human
resources) also were close to the cut-off point ranging between .66 and .69".
462
Il s’agit des échelles opérationnalisant les hypothèses 6a et la variable à expliquer (l’intention
entrepreneuriale) que nous avons empruntées respectivement à L. KOLVEREID (1997, op.cit., p. 52) et A.
TKACHEV et L. KOLVEREID (1999, op.cit., p. 276-277) et I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980, op.cit.).

260
une structure factorielle claire en raison d’items ayant des contributions supérieures à 0,30
sur plusieurs facteurs, il est souhaitable d'introduire une rotation pour "ajuster" la structure
proposée (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 384 ; J. IGALENS et P. ROUSSEL, 1998, p. 155-
156). La rotation nous aide à interpréter les facteurs en augmentant la valeur des
coefficients de corrélation de certains items avec les nouveaux axes de représentation.
Parmi les différentes méthodes de rotation proposées, les plus répandues sont en nombre de
cinq : varimax, quartimax, equamax et promax, toutes de type orthogonal, et la rotation
oblique dite oblimin directe.

Le choix de la rotation la plus pertinente est, tant du point de vue conceptuel que
statistique, d’ordre méthodologique. Il peut induire des résultats différents pour les
analyses factorielles, et par là même, influencer les tests de validation d’hypothèses. "La
revue de la littérature indique que les rotations varimax et oblique sont les plus utilisées"
(J. IGALENS et P. ROUSSEL, 1998, p. 155-156 et 158). La rotation varimax a pour objet
de réduire le nombre d’items qui ont des fortes contributions sur un axe afin de simplifier
les facteurs463. "La rotation de type oblique est conseillée lorsqu’il y a anticipation d’un
certain degré de chevauchement entre les dimensions à identifier". Contrairement aux
rotations dites orthogonales, l’oblimin tolère des inter-corrélations entre facteurs tout en
respectant leur indépendance. Elle ne maintient pas les axes de l’espace factoriel en angle
droit.
Les items de chaque échelle opérationnalisant les construits que nous avons définis ne
sont pas complètement indépendants les uns des autres. Nous retenons donc la rotation
oblique car elle a, en outre, l’avantage de mieux rendre compte de situations où
plusieurs facteurs sont composés d’items ayant des contributions élevées dans plus
d’un facteur.

Concernant l’alpha de Cronbach, celui-ci s’emploie essentiellement dans les échelles


métriques, de proportion ou d'intervalle. Toutefois, Y. EVRARD et alii (1997, p. 298 et
377), ainsi que J. IGALENS J et P. ROUSSEL (1998, p. 139, p. 144-146), notent que
certaines échelles non métriques, de types ordinal ou Likert comme c'est notre cas, sont le
plus souvent traitées comme des échelles métriques.

463
Elle est fondée sur la maximisation des coefficients de corrélation des variables les plus corrélées.

261
Selon ces auteurs, il a été démontré à plusieurs reprises que les scores de fiabilité les
plus élevés sont à l’actif d’échelles dont le nombre d’items et de modalités est élevé. De
plus, le coefficient α tend à être plus fort pour les construits unidimensionnels par rapport à
ceux qui sont multidimensionnels.
Lorsque l’α d’une échelle est sensiblement inférieur au seuil retenu, il faut s’intéresser
aux scores de chaque item (corrélation entre l'item et le score de l'échelle) en vérifiant si le
score total de l’échelle augmente au-delà de ce seuil, après suppression de l’item ou des
items qui lui sont le moins corrélés. Dans l’affirmative, nous pouvons éliminer le ou les
items en question et la cohérence globale s’en trouvera améliorée. Néanmoins, si le
coefficient α d’un item représentant une information importante est légèrement inférieur au
seuil retenu - et donc nuit faiblement à la fiabilité de l’échelle -, il ne faudrait pas le
supprimer.

Par ordre croissant des hypothèses, nous allons appliquer les tests d’homogénéité aux
données recueillies dans les échantillons de référence et témoin. La perspective
comparative que nous avons adoptée nous contraint à retenir, dans ces deux
échantillons, le même nombre de facteurs avec des compositions similaires (les mêmes
items).

8.3.1. La variable "recherche d’informations"

Nous avons conçu une échelle multiple à 3 items pour mesurer cette variable. Pour
tester sa dimensionnalité, nous avons effectué une analyse factorielle reprise dans le
tableau 12. La procédure de résolution permet d’identifier les axes factoriels, de
calculer la variance qui leur est associée et les contributions factorielles de chaque
item. L’ACP indique que la variable "recherche d’informations" ainsi constituée est
unidimensionnelle pour les "DESS, formations ou programmes en écoles de management
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise". Les items "RINFOMAR"
(recherche d’informations sur le marché), "RINFOPRO" (recherche d’informations sur le
bien ou le service) et "RINFOBP" (recherche d’informations pour le montage du plan
d’affaires) se rapportent de manière significative à la même composante. Ils ont tous un

262
coefficient de contribution factorielle (matrice des composantes) supérieur à 0,80. De plus,
74,7% de l’information recueillie est représentée par le seul facteur contenant ces items.

Qualité de représentation
Initial Extraction
RINFOMAR 1,000 ,799
RINFOPRO 1,000 ,778
RINFOBP 1,000 ,665
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée

Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la % cumulés Total % de la variance % cumulés
variance
1 2,242 74,749 74,749 2,242 74,749 74,749
2 ,477 15,914 90,662
3 ,280 9,338 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composante
1
RINFOMAR ,894
RINFOPRO ,882
RINFOBP ,816
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.

Tableau 12 - Analyse factorielle de la variable "recherche d’informations"


(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

La fiabilité étant une condition nécessaire d’homogénéité, nous avons procédé au test de
cohérence interne pour approfondir les résultats de l’ACP. Celui-ci calcule, d’une part, la
corrélation de chaque item avec l’échelle globale (quatrième colonne) ; d’autre part,
l’α est calculé en enlevant à chaque fois un item de l’échelle (cinquième colonne). L’α
global est égal à 0,8297, ce qui est une valeur largement supérieure à la norme retenue, soit
0,68. L’échelle présente donc une bonne cohérence interne.

263
Echelle multiple "recherche d’informations" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle

Moy Variance Ecart type Variables


7,5364 6,6913 2,5868 3
Moy échelle si item Variance échelle si Corrélation item-total Alpha si item
supprimé item supprimé corrigé supprimé
RINFOMAR 4,8909 3,1807 ,7389 ,7151
RINFOPRO 4,8818 3,0960 ,7148 ,7375
RINFOBP 5,3000 3,4046 ,6151 ,8356

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 3

Alpha = ,8297

Tableau 13 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche d’informations"


(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Pour l’échantillon témoin, l’ACP fait ressortir les résultats reportés dans le tableau ci-
dessous. Elle montre que la variable "recherche d’informations", comme pour l’échantillon
de référence, est unidimensionnelle. Les trois items se rapportent de façon importante à
une seule composante. Ils ont tous un coefficient de contribution supérieur à 0,75. En
outre, les items restituent 71,4% de la variance de l’information. Nous vérifions ainsi que
les items se regroupent bien entre eux suivant la dimension qu’ils sont censés représenter.

Qualité de représentation
Initial Extraction
RINFOMAR 1,000 ,889
RINFOPRO 1,000 ,682
RINFOBP 1,000 ,572
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs
retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,142 71,409 71,409 2,142 71,409 71,409
2 ,672 22,386 93,795
3 ,186 6,205 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

264
Matrice des composantes a
Composante
1
RINFOMAR ,943
RINFOPRO ,826
RINFOBP ,756
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : une composante extraite.

Tableau 14 - Analyse factorielle de la variable "recherche d’informations"


(échantillon "DESS CAAE")

De même que pour l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de


management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", les données
collectées sur les étudiants "DESS CAAE" concernant la variable "recherche
d’informations" présente une valeur très satisfaisante de l’α, soit 0,7938 (tableau 15).
L’échelle de cette variable présente donc une bonne cohérence interne. Elle est pertinente
pour mesurer la nouvelle variable agrégeant les items "RINFOMAR", "RINFOPRO" et
"RINFOBP". Celle-ci est nommée "RINFO".

Echelle multiple "recherche d’informations" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
5,4694 4,5459 2,1321 3
Moy échelle si item Variance échelle si Corrélation item-total Alpha si item
supprimé item supprimé corrigé supprimé
RINFOMAR 3,5510 1,9192 ,8296 ,5007
RINFOPRO 3,5510 2,3359 ,5892 ,7681
RINFOBP 3,8367 2,4311 ,5145 ,8458

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 49,0 nbre d’items = 3

Alpha = ,7938

Tableau 15 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche d’informations"


(échantillon "DESS CAAE")

265
8.3.2. La variable "aspects de l’idée ou du projet d’entreprise"

L’échelle du tableau 16 a pour objectif de recueillir des informations concernant des


aspects des idées ou des projets d’entreprise émanant des les étudiants. Il s’agit de
s’enquérir de la véracité de leur existence. Le test de dimensionnalité exécuté sur
l’échantillon de référence indique que les énoncés "IDECLIEN" (renseignements sur les
futurs clients), "IDEFINAN" (renseignements sur les besoins financiers de démarrage),
"IDECONCU" (renseignements sur la concurrence) et "IDEGRH" (renseignements sur les
besoins en ressources humaines) sont rattachés à un seul facteur. Ils contribuent tous pour
une valeur supérieure à 0,78 pour sa formation, à l’exception du dernier item qui possède
un coefficient factoriel légèrement supérieur au critère de contribution de 0,50 (0,58). De
plus, les items restituent 54,5% de la variance de l’information. L’échelle ainsi constituée
est unidimensionnelle.

Qualité de représentation a
Initial Extraction
IDECLIEN 1,000 ,613
IDEFINAN 1,000 ,618
IDECONCU 1,000 ,613
IDEGRH 1,000 ,336
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a
Variance totale expliquée
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs
Composante retenus
Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,181 54,515 54,515 2,181 54,515 54,515
2 ,953 23,825 78,340
3 ,482 12,055 90,395
4 ,384 9,605 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composante
1
IDECLIEN ,783
IDEFINAN ,786
IDECONCU ,783
IDEGRH ,580
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.
Tableau 16 - Analyse factorielle de la variable "aspects de l’idée ou du projet"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

266
Le test de fiabilité fait apparaître que cette échelle est homogène (tableau 17). En effet,
les caractéristiques de cohérence interne montrent que la valeur de l’α est égal à 0,7164.
Ce dernier ainsi que l’analyse factorielle nous amènent donc à retenir, pour l’échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat
ou en création d’entreprise"), la totalité des items de l’échelle mesurant la variable "aspects
de l’idée ou du projet d’entreprise".

Echelle multiple "aspects de l’idée ou du projet d’entreprise" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
11,0818 6,6997 2,5884 4
Moy échelle si item Variance échelle si Corrélation item-total Alpha si item
supprimé item supprimé corrigé supprimé
IDECLIEN 8,1727 4,2176 ,5516 ,6294
IDEFINAN 8,5909 3,7852 ,5821 ,6042
IDECONCU 8,2636 3,8473 ,5336 ,6360
IDEGRH 8,2182 4,6492 ,3613 ,7335

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 110 nbre d’items = 4

Alpha = ,7164

Tableau 17 - Alpha de Cronbach de la variable "aspects de l’idée ou du projet"


(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Mais avant de condenser cette échelle, les contraintes de comparaison nous oblige à
vérifier son unidimensionnalité et sa fiabilité auprès de l’échantillon "DESS CAAE".
L’analyse factorielle, détaillée dans le tableau suivant, montre que la variable comprend
une seule composante, avec une contribution supérieure à 0,62 de tous les items.

Qualité de représentation
Initial Extraction
IDECLIEN 1,000 ,468
IDEFINAN 1,000 ,395
IDECONCU 1,000 ,577
IDEGRH 1,000 ,656
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

267
Variance totale expliquée
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs
retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,096 52,408 52,408 2,096 52,408 52,408
2 ,884 22,102 74,509
3 ,560 13,994 88,504
4 ,460 11,496 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composante
1
IDECLIEN ,684
IDEFINAN ,629
IDECONCU ,759
IDEGRH ,810
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.

Tableau 18 - Analyse factorielle de la variable "aspects de l’idée ou du projet"


(échantillon "DESS CAAE")

De plus, l’échelle multiple présente pour cette population un α acceptable, soit 0,6961
(tableau 19). Nous gardons donc les items "IDECLIEN", "IDEFINAN", "IDECONCU" et
"IDEGRH" que nous regroupons sous une nouvelle variable nommée "IDEPROJ".

Echelle multiple "aspects de l’idée ou du projet d’entreprise" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
10,2449 7,2721 2,6967 4
Moy échelle si item Variance échelle si Corrélation item-total Alpha si item
supprimé item supprimé corrigé supprimé
IDECLIEN 7,5510 4,6276 ,4355 ,6599
IDEFINAN 8,1020 5,0935 ,3870 ,6851
IDECONCU 7,5510 4,4192 ,5213 ,6061
IDEGRH 7,5306 3,8793 ,5848 ,5590

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 49 nbre d’items = 4

Alpha = ,6961

Tableau 19 - Alpha de Cronbach de la variable "aspects de l’idée ou du projet"


(échantillon "DESS CAAE")

268
8.3.3. La variable "besoin d’accomplissement"

L’opérationnalisation du besoin d’accomplissement implique que l’intention


entrepreneuriale des étudiants est influencée par les motivations suivantes : la prise de
responsabilité ("PRISRESP"), la recherche du gain financier ("PLUSARGE"), la volonté
de se réaliser ("REALIS"), le pouvoir ("POUVOIR") et le défi ("DEFI"). Une première
analyse factorielle sur l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" met en évidence
l’existence de deux facteurs (annexe 5). Cependant la structure factorielle n’est pas claire.
L’item "REALIS" a une contribution factorielle supérieure à 0,30 et identique dans les
deux facteurs (0,48) ; il devrait être éliminé. Il convient de procéder à une rotation oblimin
(annexe 6).
Cette dernière a permis de mettre au jour une structure qui fait sens. L’examen de la
matrice des types indique deux composantes bien distinctes. La première, qui regroupe les
items "PRISRESP", "PLUSARGE" et "POUVOIR", met en jeu des variables
environnementales (prendre des responsabilités et exercer du pouvoir sur des individus).
Elle rejoint la conception de D.C. Mc CLELLAND (1961) du besoin d’accomplissement.
La deuxième est constituée des items "REALIS" et "DEFI" et se rapporte davantage à
l’individu en tant que tel.
Les résultats de l’analyse factorielle sur l’échantillon "DESS CAAE" indique, comme
pour l’échantillon de référence, une bidimensionnalité (annexe 7). La première composante
contient des items renvoyant à des motivations psychologiques ("PRISRESP", "REALIS",
"POUVOIR" et "DEFI"). La seconde est d’ordre financier et contient un seul item
("PLUSARGE").

Les analyses factorielles sur les deux échantillons font apparaître que les deux axes
factoriels dégagés dans chacun d’eux ne contiennent pas les mêmes items. La
comparaison que nous souhaitons effectuer entre ces échantillons exige de garder une
structure factorielle composée des mêmes items. Le choix de la solution à retenir ne se
contente pas seulement de trouver le ou les facteurs "interprétables", mais tient
compte des contraintes de similarité entre les structures factorielles composant
chaque échantillon. A cet égard, les calculs suggèrent qu’il convient de retirer les items
"PLUSARGE" et "DEFI". Ainsi seuls sont conservés les items qui discriminent le mieux le

269
besoin d’accomplissement ("PRISRESP", "REALIS" et "POUVOIR"). Sur cette base, nous
avons exécuté à nouveau les opérations d’homogénéité.

L’analyse factorielle de l’échantillon de référence (tableau 20) montre


l’unidimensionnalité du besoin d’accomplissement. Bien que l’axe factoriel ne rende
compte que d’une valeur minimale de la variance totale (49,6%), les items "PRISRESP",
"REALIS" et "POUVOIR" ont des contributions factorielles satisfaisantes (toutes
supérieures à 0,57).

Qualité de représentation
Initial Extraction
PRISRESP 1,000 ,584
REALIS 1,000 ,335
POUVOIR 1,000 ,478
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

a
Variance totale expliquée
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,397 49,575 49,575 1,397 46,575 49,575
2 ,893 29,779 79,354
3 ,709 20,646 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composante
1
PRISRESP ,764
REALIS ,579
POUVOIR ,691
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.

Tableau 20 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les


items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

La dimensionnalité de l’échelle est globalement acceptable. Le faible nombre des items


la constituant et l’importance des informations qu’ils contiennent nous incite à les garder,
d’autant plus que leur cohérence interne, détaillée dans le tableau suivant, est satisfaisante
(0,6848).

270
Echelle multiple "besoin d’accomplissement sans les items PLUSARGE et DEFI" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
9,5818 2,4872 1,754 3
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
PRISRESP 6,2273 1,3914 ,5788 ,46023
REALIS 6,0909 1,7379 ,4554 ,6891
POUVOIR 6,8455 1,4744 ,5568 ,5880

Coefficient de fiabilité
nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 3

Alpha = ,6848
Tableau 21 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les
items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Le test de dimensionnalité sur l’échantillon DESS "CAAE" conforte l’unicité factorielle


du "besoin d’accomplissement" (tableau 22). Tous les items contribuent à la formation de
sa composante avec de bons coefficients (supérieurs à 0,65). De plus, le facteur représente
une variance acceptable de l’information recueillie (52,6%).

Qualité de représentation
Initial Extraction
PRISRESP 1,000 ,556
REALIS 1,000 ,591
POUVOIR 1,000 ,432
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

a
Variance totale expliquée
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,578 52,607 52,607 1,578 52,607 52,607
2 ,785 26,177 78,784
3 ,636 21,216 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Matrice des composantes a
Composante
1
PRISRESP ,746
REALIS ,769
POUVOIR ,657
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
A : 1 composante extraite.
Tableau 22 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les
items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE")

271
Les statistiques de cohérence interne indiquent que l’homogénéité du facteur retenu est
vérifiée pour l’échantillon témoin (tableau 23). En effet, le coefficient de l’alpha est
satisfaisant (0,7175). Ainsi, nous condensons les items "PRISRESP", "REALIS" et
"POUVOIR" sous une nouvelle variable appelée "ACCOMPLI".

Echelle multiple "besoin d’accomplissement sans les items PLUSARGE et DEFI" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
9,7959 2,6575 1,7676 3
Moy échelle si item Variance échelle si Corrélation item-total Alpha si item
supprimé item supprimé corrigé supprimé
PRISRESP 6,1837 1,8114 ,5592 ,6063
REALIS 6,1837 1,6031 ,5796 ,5479
POUVOIR 7,2245 1,2527 ,5050 ,7250

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 49,0 nbre d’items = 3

Alpha = ,7175

Tableau 23 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les


items "PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE")

8.3.4. La variable "recherche de l’autonomie"

La variable "recherche de l’autonomie" contient les items "AUTONOME" (être


autonome) et "LIBERTE" (aspirer à plus de liberté). L’analyse factorielle concernant
l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise" met en évidence l’unidimensionnalité du
construit. La matrice des composantes, reprise dans le tableau ci-dessous, montre que les
coefficients de contribution factorielle des deux items sont très bons (0,81). De plus, la
variance totale du nuage de points, concentré sur un seul axe, restitue une bonne valeur de
l’information totale (66,3%).

272
Qualité de représentation
Initial Extraction
AUTONOME 1,000 ,663
LIBERTE 1,000 ,663
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Composante Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,326 66,279 66,279 1,326 66,279 66,279
2 ,674 33,721 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composante
1
AUTONOME ,814
LIBERTE ,814
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
A : 1 composante extraites.
Tableau 24 - Analyse factorielle de la variable " recherche de l’autonomie"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Examinons la fiabilité pour se prononcer sur l’homogénéité de cette échelle (tableau


25). Le calcul de l’α révèle un coefficient au-dessus du seuil retenu (0,6852), d’autant plus
que cette dernière est réduite au nombre minimum d’items (deux). Ceux-ci sont corrélés
entre eux et mesurent bien la variable "recherche de l’autonomie".

Echelle multiple "recherche de l’autonomie" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
6,6545 1,5126 1,2299 2
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
AUTONOME 3,2000 ,6752 ,5256 .
LIBERTE 3,4545 ,4704 ,5256 .

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 2

Alpha = ,6852
Tableau 25 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

273
L’ACP de l’échantillon "DESS CAAE" détaillée dans le tableau 26 donne des
caractéristiques voisines de celles de l’échantillon de référence. Chaque item possède une
contribution factorielle égale à 0,83 et la variance totale est bonne (69,2%). Le construit
est donc unidimensionnel.

Qualité de représentation
Initial Extraction
AUTONOME 1,000 ,692
LIBERTE 1,000 ,692
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Composante Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,384 69,216 69,216 1,384 69,216 69,216
2 ,616 30,784 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Matrice des composantes a
Composante
1
AUTONOME ,832
LIBERTE ,832
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.
Tableau 26 - Analyse factorielle de la variable " recherche de l’autonomie"
(échantillon "DESS CAAE")

Le calcul du coefficient de fiabilité indique un α supérieur à celui de l’échantillon de


référence, soit 0,7217 (tableau 27). Nous conservons donc cette échelle sous sa forme
actuelle et additionnons ses deux items. Nous créons ainsi la variable "RECHAUTO" qui
renvoie à la recherche de l’autonomie.

Echelle multiple "recherche de l’autonomie" : cohérence interne


Statistiques pour l’échelle
Moy Variance Ecart type Variables
6,7959 1,2908 1,1361 2
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
AUTONOME 3,2041 ,6658 ,5843 .
LIBERTE 3,5918 ,2883 ,5843 .
Coefficient de fiabilité
nbre de cases = 49,0 nbre d’items = 2

Alpha = ,7217
Tableau 27 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie"
(échantillon "DESS CAAE")

274
8.3.5. La variable "propension à la prise de risque"

Selon les développements argumentant l’hypothèse correspondante464, la propension au


risque, qui se manifeste à travers les perceptions des conséquences de la disparition de
l’entreprise que les étudiants seraient amenés à créer, contient deux aspects. Le premier est
l’échec qui peut être financier "ECHECFIN", social "ECHECSOC" ou personnel
"ECHECPER". A l’opposé, le second traduit l’utilité d’une expérience pour une autre
aventure entrepreneuriale "UTIAVENT" ou pour la suite de la carrière professionnelle
"UTISUICA". L’ACP devrait donc révéler deux facettes de la propension au risque.

Concernant l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management


et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", la rotation initiale ne fait pas
apparaître de structure factorielle claire (tableau 28). Les items "ECHECSOC" et
"ECHECPER" ont des contributions factorielles supérieures à 0,30 sur les deux axes
factoriels.

Qualité de représentation
Initial Extraction
ECHECFIN 1,000 ,342
ECHECSOC 1,000 ,676
ECHECPER 1,000 ,567
UTIAVENT 1,000 ,775
UTISUICA 1,000 ,751
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs
Composante retenus
Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,666 33,325 33,325 1,666 33,325 33,325
2 1,445 28,895 62,220 1,445 28,895 62,220
3 ,864 17,283 79,503
4 ,585 11,701 91,204
5 ,440 8,796 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

464
Cf. supra., pp. 192-194, "6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de
la disparition de l’entreprise".

275
Matrice des composantes a
Composantes
1 2
ECHECFIN ,518 ,272
ECHECSOC ,517 ,639
ECHECPER ,467 ,591
UTIAVENT -,670 ,571
UTISUICA -,681 ,536
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.
Tableau 28 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Le tableau 29 approfondit l’analyse de bidimensionnalité de cette échelle en exécutant


une rotation oblimin. L’interprétation des deux axes factoriels devient plus nuancée et
conforte les deux dimensions précédentes. La matrice des types met au jour de façon très
claire une double facette de la propension au risque.

Qualité de représentation
Initial Extraction
ECHECFIN 1,000 ,342
ECHECSOC 1,000 ,676
ECHECPER 1,000 ,567
UTIAVENT 1,000 ,775
UTISUICA 1,000 ,751
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés Somme des carrés des facteurs
Composante des facteurs retenus retenus pour la rotation
Total % de la % Total % de la % Total
variance cumulés variance cumulés
1 1,666 33,325 33,325 1,666 33,325 33,325 1,578
2 1,445 28,895 62,220 1,445 28,895 62,220 1,555
3 ,864 17,283 79,503
4 ,585 11,701 91,204
5 ,440 8,796 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés
pour obtenir une variance totale.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
ECHECFIN ,518
ECHECSOC ,517 ,639
ECHECPER ,467 ,591
UTIAVENT -,670 ,571
UTISUICA -,681 ,536
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

276
Matrice des types a
Composantes
1 2
ECHECFIN ,540
ECHECSOC ,827
ECHECPER ,757
UTIAVENT -,882
UTISUICA -,865
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
a : la rotation a convergé en 6 itérations.

Matrice de structure
Composantes
1 2
ECHECFIN ,558
ECHECSOC ,818
ECHECPER ,748
UTIAVENT -,880
UTISUICA -,866
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Matrice de corrélation des composantes


Composante 1 2
1 1,000 ,104
2 ,104 1,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Tableau 29 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable


"propension à la prise de risque" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Les items "UTIAVENT" et "UTISUICA" expriment des perceptions positives (utilité)


quant aux conséquences de la disparition de l’entreprise que les étudiants créeraient ; ils
contribuent fortement au premier facteur (coefficients factoriels supérieurs à 0,86). Les
items "ECHECFIN" et "ECHECSOC" et "ECHECPER") forment le deuxième facteur ; ils
renvoient à des perceptions négatives (échec) des conséquences de la disparition de
l’entreprise et possèdent des coefficients de contribution factorielle satisfaisants. Les
premier et deuxième facteurs restituent respectivement 33,3% et 28,9% de l’information
recueillie ; le plan factoriel qu’ils constituent rend compte de 62,2% de l’information de
départ.
Procédons aux tests de fiabilité sur chacune des dimensions dégagées par la rotation
oblimin pour pouvoir se prononcer sur leur homogénéité. La valeur de l’α pour la

277
dimension renvoyant à des perceptions positives des conséquences de la disparition de
l’entreprise est de 0,7078 (tableau 30).

Echelle multiple "perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence interne
Statistiques pour l’échelle
Moy Variance Ecart type Variables
6,6836 1,7175 1,3105 2
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
UTIAVENT 3,3785 ,5434 ,5490 .
UTISUICA 3,3051 ,5655 ,5490 .

Coefficient de fiabilité
nbre de cases = 177,0 nbre d’items = 2

Alpha = ,7078
Tableau 30 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des
conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise")

Ce score est convenable pour une échelle exploratoire. Il en est de même pour la
cohérence interne de la dimension exprimant des perceptions négatives des conséquences
de la disparition de l’entreprise dont les caractéristiques sont présentées dans le tableau
suivant (α = 0,7078).

Echelle multiple "perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence


interne
Statistiques pour l’échelle
Moy Variance Ecart type Variables
7,7175 3,4538 1,8585 3
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
ECHECFIN 4,8701 4,0910 ,4294 ,7652
ECHECSOC 5,7175 3,8516 ,6358 ,4393
ECHECPER 4,8475 3,7891 ,5289 ,6065
Coefficient de fiabilité
nbre de cases = 177,0 nbre d’items = 3

Alpha = ,7108
Tableau 31 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des
conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise")

278
Etudions l’échantillon témoin pour s’enquérir de la bidimensionnalité révélée dans
l’échantillon de référence. Comme pour ce dernier, la première ACP reprise dans le tableau
32 n’indique pas de structure factorielle claire dans la mesure où les items "UTIAVENT"
et "UTISUICA" ont des contributions factorielles supérieures à 0,30 sur les deux facteurs.

Qualité de représentation
Initial Extraction
ECHECFIN 1,000 ,370
ECHECSOC 1,000 ,667
ECHECPER 1,000 ,555
UTIAVENT 1,000 ,752
UTISUICA 1,000 ,722
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs
Composante retenus
Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,771 35,430 35,430 1,771 35,430 35,430
2 1,294 25,884 61,314 1,294 25,884 61,314
3 ,904 18,070 79,384
4 ,614 12,273 91,657
5 ,417 8,343 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
ECHECFIN 4,983E-02 ,606
ECHECSOC -,457 ,677
ECHECPER -,583 ,464
UTIAVENT ,810 ,311
UTISUICA ,751 ,397
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

Tableau 32 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque"


(échantillon "DESS CAAE")

C’est pourquoi nous avons réalisé une rotation oblimin qui met au jour les mêmes
facteurs identifiés dans l’échantillon de référence (tableau 33). Ceux-ci expliquent 61,3%
de la variance totale de l’information collectée. Cependant, l’item "ECHECFIN" a une
contribution factorielle supérieure à 0,30 sur les deux composantes. Le test de cohérence
interne renseignera sur la position à adopter en ce qui le concerne (le garder ou le
supprimer).

279
Qualité de représentation
Initial Extraction
ECHECFIN 1,000 ,370
ECHECSOC 1,000 ,667
ECHECPER 1,000 ,555
UTIAVENT 1,000 ,752
UTISUICA 1,000 ,722
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés Somme des carrés des facteurs
Composante des facteurs retenus retenus pour la rotation
Total % de la % cumulés Total % de la % cumulés Total
variance variance
1 1,771 35,430 35,430 1,771 35,430 35,430 1,666
2 1,294 25,884 61,314 1,294 25,884 61,314 1,414
3 ,904 18,070 79,384
4 ,614 12,273 91,657
5 ,417 8,343 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés
pour obtenir une variance totale.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
ECHECFIN ,606
ECHECSOC -,457 ,677
ECHECPER -,583 ,464
UTIAVENT ,810 ,311
UTISUICA ,751 ,397
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

Matrice des types a


Composantes
1 2
ECHECFIN ,347 ,512
ECHECSOC ,813
ECHECPER ,684
UTIAVENT ,857
UTISUICA ,850
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
a : la rotation a convergé en 7 itérations.

Matrice de structure
Composantes
1 2
ECHECFIN ,329 ,499
ECHECSOC ,815
ECHECPER ,693
UTIAVENT ,861
UTISUICA ,850
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

280
Matrice de corrélation des composantes
Composante 1 2
1 1,000 -3,533E-02
2 -3,533E-02 1,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Tableau 33 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable


"propension à la prise de risque" (échantillon "DESS CAAE")

Au sein de l’échantillon "DESS CAAE", le score de fiabilité de la dimension renvoyant


aux perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise que les
étudiants créeraient éventuellement possède une valeur qui satisfait largement au seuil
minimum retenu, soit 0,7274 (tableau 34). Les items ont une bonne mesure de la cohérence
interne de cette composante ; ils sont corrélés entre eux.

Echelle multiple "perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
6,3920 1,9883 1,4101 2
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
UTIAVENT 3,2727 ,5652 ,5748 .
UTISUICA 3,1193 ,7000 ,5748 .

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 176,0 nbre d’items = 2

Alpha = ,7274

Tableau 34 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des


conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS CAAE")

Selon l’interprétation des résultats de cohérence interne de la dimension renvoyant aux


perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise, il n’est pas
envisagé de supprimer l’item "ECHECFIN" (tableau 35). Premièrement, il apporte une
information importante dans la composition de ce facteur. Deuxièmement, la qualité du
coefficient de fiabilité renseigne sur la satisfaction du critère de cohérence interne de ce
facteur (0,7106).

281
Echelle multiple "perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise" : cohérence
interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
8,5795 2,7365 1,6542 3
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
ECHECFIN 5,6307 3,9828 ,4098 ,8288
ECHECSOC 6,0739 3,3602 ,6757 ,3525
ECHECPER 5,4545 3,3808 ,5671 ,5740

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 176,0 nbre d’items = 3

Alpha = ,7106

Tableau 35 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des


conséquences de la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS CAAE")

Ainsi, sur la base des rotations oblimin et des tests de l’α sur les deux échantillons, nous
condensons l’échelle initiale en passant de 5 items à deux variables représentant les deux
axes factoriels. Renvoyant à des perceptions positives des conséquences de la disparition
de l’entreprise que les étudiants auraient créées, la variable "ECHEC" regroupe les items
"ECHECFIN", "ECHECSOC" et "ECHECPERSO". Révélant des perceptions négatives
des conséquences de la disparition de l’entreprise, la variable "UTI" rassemble les items
"UTIAVENT" et "UTISUICA".

8.3.6. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la


formation"

Pour opérationnaliser cette variable, nous avons traduit l’échelle utilisée par L.
KOLVEREID (1997 p. 52) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999 p. 276-277)465.
Celle-ci a été testée uniquement auprès de l’échantillon de référence. En effet, le suivi d’un
enseignement en entrepreneuriat ou en création d’entreprise différencie les deux
populations de l’étude.

465
Cf. supra, p. 228-230, "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial".

282
Composée de cinq items, cette échelle renvoie aux perceptions qu’ont les étudiants des
aptitudes entrepreneuriales qu’ils peuvent acquérir par le biais des programmes et des
formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise. Le premier item
("DEVECREA") traduit les perceptions des étudiants quant aux difficultés (facilités) de
devenir créateur d’entreprise ; le deuxième item ("POURCARR") représente la difficulté
(facilité) de poursuivre une carrière de créateur d’entreprise ; le troisième item
("ENSCONT") renvoie au contrôle de la situation en qualité de créateur d’entreprise ; le
quatrième item ("ENSNCONT") porte sur le degré de contrôle des événements qui peuvent
être un obstacle pour devenir créateur ; enfin le dernier item ("ENSREUSS") énonce les
perceptions des chances de réussite ou d’échec nées à la suite des formations et des
programmes.

Cette échelle est unidimensionnelle et fiable auprès d’étudiants en management


norvégiens et russes (avec un alpha de 0,72 et 0,75). Qu’en est-il des scores d’homogénéité
de cette échelle dans le contexte culturel français ?
L’ACP, présentée dans le tableau suivant, met en évidence l’unidimensionnalité de la
variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation"
auprès de l’échantillon de référence. Tous les items se rapportent de manière significative à
un seul facteur (contributions factorielles supérieures à 0,54). Cependant, la variance totale
restituée par le facteur est égale à 47,9%, ce qui représente un score légèrement inférieur à
la moyenne requise.

Qualité de représentation
Initial Extraction
DEVECREA 1,000 ,590
POURCARR 1,000 ,463
ENSCONT 1,000 ,448
ENSNCONT 1,000 ,297
ENSREUSS 1,000 ,397
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,195 47,899 43,899 2,195 47,899 47,899
2 ,927 17,532 65,431
3 ,714 13,283 78,714
4 ,681 12,614 91,328
5 ,484 8,672 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

283
Matrice des composantes a
Composante
1
DEVECREA ,768
POURCARR ,680
ENSCONT ,669
ENSNCONT ,545
ENSREUSS ,630
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.
Tableau 36 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")

Avant de décider de regrouper les cinq items de l’échelle au sein d’une seule variable,
nous avons procédé au test de cohérence interne dont les caractéristiques sont reprises dans
le tableau ci-dessous. Le score de l’α est acceptable (0,6869), mais il reste faible par
rapport à ceux des études de L. KOLVEREID (1997 p. 52) et A. TKACHEV et L.
KOLVEREID (1999 p. 276-277). De plus, l’élimination d’un des cinq items réduit à
chaque fois sa valeur.

Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" :
cohérence interne
Statistiques pour l’échelle
Moy Variance Ecart type Variables
13,8596 3,7372 1,9332 5
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
DEVECREA 11,2865 2,3751 ,5431 ,5563
POURCARR 11,0449 2,3821 ,4304 ,6134
ENSCONT 10,9270 2,7234 ,4384 ,6104
ENSNCONT 11,2416 2,6023 ,3240 ,6660
ENSREUSS 10,9382 2,8719 ,4063 ,6260

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 178,0 nbre d’items = 5

Alpha = ,6869
Tableau 37 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")

284
L’analyse factorielle indique que la variable ainsi constituée est unidimensionnelle ;
l’échelle est fiable. Nous la conservons telle quelle et agrégeons ses cinq items pour former
la variable "PERCFOR".

8.3.7. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des
expériences professionnelles"

Cette variable est opérationnalisée par cinq items. Les trois premiers renvoient à
l’exercice de responsabilités sur des hommes "RESPHOM", sur un budget "RESPBUD" et
sur du matériel "RESPMAT". Les deux derniers traduisent la conduite ou la participation
dans des projets "MENPART" et la prise de décisions importantes de manière solitaire
"DECISEUL".
Concernant l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", les statistiques de l’ACP
montrent que ce construit est undimensionnel (annexe 8). Tous les items se rapportent à la
même composante. Cependant, la contribution factorielle de l’item "MENPART" est
inférieure à 0,50. En outre, seulement 46,1% de l’information recueillie est représentée par
le facteur en question.
Pour ce qui est de l’échantillon témoin, les contributions factorielles des items
"RESPBUD" et "RESPMAT" sont supérieures à 0,30 pour les deux facteurs contenant
cette variable (annexe 9). L’ACP nécessite donc une rotation oblimin, laquelle indique que
la variable est bidimensionnelle (annexe 10). La première facette regroupe les items
"RESPHOM", "MENPART" et "DECISEUL". La deuxième est formée par les items
"RESPBUD" et "RESPMAT".

L’optique comparative nous oblige à retenir le même nombre de facteurs avec des
items identiques pour chacun d’eux. Des calculs simultanés sur les deux échantillons
nous informent qu’il faut supprimer l’item "MENPART". Le tableau 38 reprend les
propriétés de l’ACP de la population de référence sans ce dernier. Les contributions
factorielles des quatre items restant (toutes supérieures à 0,69) sont améliorées de façon
importante. De plus, la variance totale augmente pour s’établir à hauteur de 53,9%.

285
Qualité de représentation
Initial Extraction
RESPHOM 1,000 ,484
RESPBUD 1,000 ,639
RESPMAT 1,000 ,511
DECISEUL 1,000 ,523
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,157 53,932 53,932 2,157 53,932 53,932
2 ,726 18,155 72,088
3 ,624 15,602 87,690
4 ,492 12,310 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Matrice des composantes a
Composante
1
RESPHOM ,696
RESPBUD ,799
RESPMAT ,715
DECISEUL ,724
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.

Tableau 38 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes


entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item
"MENPART" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Le calcul de l’α révèle un coefficient acceptable pour l’échelle initiale (annexe 11).
Cependant, le tableau ci-dessous indique que l’élimination de l’item "MENPART" permet
d’améliorer ce score de 0,1 point (0,7144).

286
Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles sans l’item MENPART" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
8,2759 8,1431 2,8536 4
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
RESPHOM 6,3678 5,1125 ,4607 ,6767
RESPBUD 6,5000 4,5867 ,5810 ,6007
RESPMAT 6,1034 5,1222 ,4792 ,6652
DECISEUL 5,8563 5,2451 ,4870 ,6609

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 174,0 nbre d’items = 4

Alpha = ,7144

Tableau 39 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes


entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item
"MENPART" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Ainsi donc, au regard des critères de l’ACP et de l’α, nous épurons l’échelle de l’item
"MENPART" pour la population de référence. Qu’en est il pour la population témoin ? La
suppression de cet item conduit à un construit unidimensionnel (tableau 40). Bien que la
variance totale soit inférieure à 50%, les contributions factorielles de chacun des facteurs à
l’axe principal sont satisfaisantes.

Qualité de représentation
Initial Extraction
RESPHOM 1,000 ,340
RESPBUD 1,000 ,471
RESPMAT 1,000 ,263
DECISEUL 1,000 ,570
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,644 46,098 46,098 1,644 46,098 46,098
2 ,967 22,184 68,282
3 ,742 17,539 85,821
4 ,647 14,179 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

287
Matrice des composantes a
Composante
1
RESPHOM ,583
RESPBUD ,686
RESPMAT ,513
DECISEUL ,755
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.

Tableau 40 - Analyse factorielle la variable "perceptions des aptitudes


entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item
"MENPART" (échantillon "DESS CAAE")

Le coefficient de fiabilité après suppression de l’item "MENPART" est quasiment


identique à celui de l’échelle le contenant, soit respectivement 0,6846 (tableau 41) et
0,6861 (annexe 12). Si la fiabilité de l’échelle n’est pas améliorée, il n’en demeure pas
moins que l’élimination de l’item "MENPART" produit, comme pour l’échantillon de
référence, un construit unidimensionnel.

Echelle multiple Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des
expériences professionnelles sans l’item MENPART" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
7,0373 4,1861 2,1060 4
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
RESPHOM 5,4224 2,7705 ,4498 ,6774
RESPBUD 5,6770 2,9950 ,5443 ,6069
RESPMAT 5,0497 2,8850 ,4116 ,7110
DECISEUL 4,9627 2,3236 ,6088 ,5170

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 161,0 nbre d’items = 4

Alpha = ,6846

Tableau 41 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes


entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item
"MENPART" (échantillon "DESS CAAE")

Ainsi, après suppression de l’item "MENPART" réalisée pour obtenir un construit


unidimensionnel dans les deux échantillons, nous condensons l’échelle afférente aux

288
perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles ("RESPHOM", "RESPBUD", "RESPMAT", et "DECISEUL") pour
former la nouvelle variable dont le nom est "PERCEXP".

La suppression de l’item "MENPART" qui traduit la conduite ou la participation dans


des projets a pour conséquence de reformuler les termes de l’hypothèse 6b qui contient
cette dimension. Ainsi, celle-ci s’exprime de la manière suivante :
hypothèse 6b : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités et la prise individuelle de décisions importantes lors d’expériences
professionnelles (travail ou stage) influencent positivement l’intention
entrepreneuriale466.

8.3.8. La variable "perceptions de disponibilité des ressources"

Les perceptions de disponibilité des ressources s’expriment à travers deux aspects467. Le


premier est d’ordre financier : la difficulté d’obtention d’un financement bancaire
"DIFFINBA" ; la difficulté à attirer les capital-risqueurs "DIFFINRI" et la difficulté à
réunir des fonds de proximité "DIFFINPR". Le second relève du conseil et de
l’information : la difficulté à trouver les informations pour mieux formaliser l’idée ou le
projet "DIFINFO" ; la difficulté à trouver les conseils pour mieux formaliser l’idée ou le
projet "DIFCONSE".
Ainsi l’échelle que nous avons construite devrait mener à une structure factorielle
bidimensionnelle. L’examen de l’ACP initiale au sein de l’échantillon "DESS, formations
ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise" révèle en effet deux axes factoriels (tableau 42). Cependant, la matrice des
composantes n’est pas claire ; en effet les trois premiers items ("DIFFINBA",
"DIFFINRI" et "DIFFINPR") ont des contributions factorielles supérieures à 0,30 sur les
deux dimensions. Pour pouvoir interpréter plus clairement ces facteurs, une rotation
oblimin s’impose.

466
Précédemment, celle-ci s’énonçait de la façon suivante : les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants
acquièrent avec les responsabilités, la conduite ou la participation dans des projets et la prise individuelle de
décisions importantes lors d’expériences professionnelles (travail ou stage) influencent positivement
l’intention entrepreneuriale (Cf. supra., p. 199, "B. Les expériences professionnelles et associatives").
467
Cf. supra., p. 201, "6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources".

289
Qualité de représentation
Initial Extraction
DIFFINBA 1,000 ,708
DIFFINRI 1,000 ,665
DIFFINPR 1,000 ,431
DIFINFO 1,000 ,843
DIFCONSE 1,000 ,832
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,800 35,990 35,990 1,800 35,990 35,990
2 1,679 33,576 69,566 1,679 33,576 69,566
3 ,762 15,245 84,811
4 ,456 9,127 93,938
5 ,303 6,062 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
DIFFINBA ,585 ,605
DIFFINRI ,734 ,356
DIFFINPR ,444 ,484
DIFINFO -,603 ,692
DIFCONSE -,598 ,688
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
A : 2 composantes extraites.
Tableau 42 - Analyse factorielle de la variable "perceptions de la disponibilité des
ressources" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Cette rotation fait nettement ressortir les liens entre les facteurs et leurs composantes car
les contributions factorielles ont des valeurs plus élevées (tableau 43). Tous les items
contribuent fortement (contribution supérieure à 0,65) et essentiellement (aucune
contribution supérieure ou égale à 0,30 sur un autre facteur) à la dimension qu’ils
composent. De plus, les deux axes restituent chacun plus d’un tiers de l’information
collectée et le total de leur variance est égal à 69,5%.

Qualité de représentation
Initial Extraction
DIFFINBA 1,000 ,708
DIFFINRI 1,000 ,665
DIFFINPR 1,000 ,431
DIFINFO 1,000 ,843
DIFCONSE 1,000 ,832
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

290
Variance totale expliquée a
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés Somme des carrés des facteurs
Composante des facteurs retenus retenus pour la rotation
Total % de la % Total % de la % Total
variance cumulés variance cumulés
1 1,800 35,990 35,990 1,800 35,990 35,990 1,749
2 1,679 33,576 69,566 1,679 33,576 69,566 1,731
3 ,762 15,245 84,811
4 ,456 9,127 93,938
5 ,303 6,062 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés
pour obtenir une variance totale.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
DIFFINBA ,585 ,605
DIFFINRI ,734 ,356
DIFFINPR ,444 ,484
DIFINFO -,603 ,692
DIFCONSE -,598 ,688
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

Matrice des types a


Composantes
1 2
DIFFINBA ,839
DIFFINRI ,786
DIFFINPR ,653
DIFINFO ,918
DIFCONSE ,912
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
a : la rotation a convergé en 4 itérations.

Matrice des structures a


Composantes
1 2
DIFFINBA ,837
DIFFINRI ,790
DIFFINPR ,651
DIFINFO ,918
DIFCONSE ,912
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

291
Matrice de corrélation des composantes
Composante 1 2
1 1,000 -1,880E-02
2 -1,880E-02 1,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
Tableau 43 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable
"perceptions de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise")

La première dimension regroupe les perceptions de disponibilité des ressources


financières ("DIFFINBA", "DIFFINRI" et "DIFFINPR"). La seconde est composée des
perceptions des ressources en informations et conseils ("DIFINFO" et "DIFCONSE"). Pour
confirmer l’homogénéité de chacune de ces dimensions, nous avons exécuté le test de
l’alpha.
S’agissant du premier axe factoriel, le tableau suivant indique que le coefficient de
fiabilité α est légèrement supérieur au seuil retenu (0,6899) ; il est d’autant plus acceptable
que cette échelle est exploratoire.

Echelle multiple "perceptions de disponibilité des ressources financières" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
7,5909 4,3907 2,1854 3
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
DIFFINBA 4,8818 2,3437 ,5973 ,4714
DIFFINRI 5,0273 2,0818 ,5239 ,5668
DIFFINPR 5,2727 ,3961 ,7325

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 3

Alpha = ,6899
Tableau 44 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des
ressources financières" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

292
Les caractéristiques de fiabilité du deuxième facteur sont reprises dans le tableau ci-
dessous. Elles indiquent un bon score de l’α (0,8165) d’autant plus que l’échelle est réduite
à son nombre le plus faible (deux items).

Echelle multiple "perceptions de disponibilité des informations et conseils": cohérence interne


Statistiques pour l’échelle
Moy Variance Ecart type Variables
4,4182 2,4107 1,5526 3
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
DIFINFO 2,1455 ,6575 ,6920 .
DIFCONSE 2,2727 ,7690 ,6920 .
Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 110,0 nbre d’items = 3

Alpha = ,8165
Tableau 45 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des
informations et conseils" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles
de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

La bidimensionnalité révélée dans l’échantillon "DESS, formations ou programmes en


écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" se
confirmera-t-elle pour l’échantillon DESS "CAAE" ? Les résultats de l’analyse factorielle
initiale montrent en fait une double composante (tableau 46). Cependant, comme pour
l’échantillon de référence, la structure factorielle proposée n’est pas claire car l’item
"DIFINRI" a une contribution factorielle supérieure à 0,30 sur les deux facteurs. Ceci nous
oblige à procéder à une rotation oblimin en vue d’obtenir des axes qui puissent être
interprétables.

Qualité de représentation
Initial Extraction
DIFFINBA 1,000 ,690
DIFFINRI 1,000 ,739
DIFFINPR 1,000 ,551
DIFINFO 1,000 ,889
DIFCONSE 1,000 ,881
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

293
Variance totale expliquée a
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,983 39,670 39,670 1,983 39,670 39,670
2 1,766 35,322 74,992 1,766 35,322 74,992
3 ,634 12,687 87,679
4 ,399 7,971 95,650
5 ,217 4,350 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
DIFFINBA ,821 ,124
DIFFINRI ,825 ,302
DIFFINPR ,694 ,263
DIFINFO -,301 ,894
DIFCONSE -,237 ,908
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

Tableau 46 - Analyse factorielle de la variable "perceptions de disponibilité des


ressources" (échantillon "DESS CAAE")

En effet, avec cette rotation, nous retrouvons au sein de l’échantillon témoin la même
structure factorielle que dans l’échantillon de référence (tableau 47). Deux facteurs sont
clairement distingués avec des contributions factorielles élevées (toutes supérieures à
0,74). En outre, les deux composantes présentent une variance totale très satisfaisante
(74,9%).

Qualité de représentation
Initial Extraction
DIFFINBA 1,000 ,690
DIFFINRI 1,000 ,739
DIFFINPR 1,000 ,551
DIFINFO 1,000 ,889
DIFCONSE 1,000 ,881
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Variance totale expliquée a
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des Somme des carrés des facteurs
Composante carrés des facteurs retenus retenus pour la rotation
Total % de la % Total % de la % Total
variance cumulés variance cumulés
1 1,983 39,670 39,670 1,983 39,670 39,670 1,968
2 1,766 35,322 74,992 1,766 35,322 74,992 1,784
3 ,634 12,687 87,679
4 ,399 7,971 95,650
5 ,217 4,350 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés
pour obtenir une variance totale.

294
Matrice des composantes a
Composantes
1 2
DIFFINBA ,821
DIFFINRI ,825 302
DIFFINPR ,694
DIFINFO -,301 ,894
DIFCONSE ,908
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

Matrice des types a


Composantes
1 2
DIFFINBA ,823
DIFFINRI ,860
DIFFINPR ,741
DIFINFO ,942
DIFCONSE ,939
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
a : la rotation a convergé en 3 itérations.

Matrice des structures a


Composantes
1 2
DIFFINBA ,825
DIFFINRI ,859
DIFFINPR ,739
DIFINFO ,942
DIFCONSE ,938
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Matrice de corrélation des composantes


Composante 1 2
1 1,000 -2,308E-02
2 -2,308E-02 1,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Tableau 47 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable


"perceptions de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS CAAE")

Pour s’enquérir de l’homogénéité de chacun des axes factoriels, nous allons procéder
aux calculs de fiabilité. S’agissant de la dimension regroupant les perceptions de
disponibilité des ressources financières, le tableau 48 indique que le score de l’α est
satisfaisant (0,7174). Aucune suppression d’items ne permet de l’améliorer de manière
conséquente.

295
Echelle multiple "perceptions de disponibilité des ressources financières" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
8,6939 4,2585 2,0636 3
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé

DIFFINBA 5,4286 2,5833 ,5693 ,6274


DIFFINRI 5,7143 1,9167 ,6131 ,5288
DIFFINPR 6,2449 1,9804 ,4774 ,7265

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 49 nbre d’items = 3

Alpha = ,7174

Tableau 48 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des


ressources financières" (échantillon "DESS CAAE")

Le score de fiabilité du facteur contenant les aspects de conseils et d’informations


présente une très bonne valeur (0,8712) pour cette échelle (tableau 49).

Echelle multiple "perceptions de disponibilité des informations et conseils" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
4,5918 2,7466 1,6573 2
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé

DIFINFO 2,3061 ,8002 ,7722 .


DIFCONSE 2,2857 ,7500 ,7722 .

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 49 nbre d’items = 2

Alpha = ,8712

Tableau 49 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des


informations et conseils" (échantillon "DESS CAAE")

Les calculs d’homogénéité dans les deux échantillons révèlent donc l’existence de deux
dimensions dans les perceptions de disponibilité des ressources. La dimension relative au
financement condense les items "DIFFINBA", "DIFFINRI" et "DIFFINPR" ; elle est
représentée par une nouvelle variable appelée "DIFFI". La dimension afférente aux

296
conseils et aux informations rassemble les items "DIFINFO" et "DIFCONSE". Nous lui
affectons la variable qui portera le nom de "DIFINFCO".

8.3.9. La variable "intention entrepreneuriale"

L’opérationnalisation de la variable à expliquer, l’intention entrepreneuriale, s’inspire


de l’échelle de I. AJZEN et M. FISHBEIN (1980) 468. A travers trois items, celle-ci vise à
mesurer, sur une échéance de cinq ans, la probabilité que les étudiants créent leurs
entreprises ("PROBACRE"), la probabilité qu’ils poursuivent une carrière de salarié
("PROBASAL") et leur propension à choisir entre la création d’entreprise et le salariat
("CHCREASA").

Cette échelle a été utilisée par L. KOLVEREID (1997 p. 52), A.F. DE NOBLE et alii
(1999) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999 p. 276-277). Les résultats de ces études
prouvent l’unidimensionnalité et la fiabilité de cette échelle auprès d’étudiants Norvégiens,
Américains et Russes suivant des cours en entrepreneuriat (au sein de cursus de
management). Respectivement, les scores de l’α étaient de 0,89, 0,70 et 0,83. La mise en
perspective dans le contexte français conduira-t-elle à une même unidimensionnalité et une
même fiabilité alors que le contexte culturel est différent ?

L’analyse factorielle sur l’échantillon de référence indique que l’unidimensionnalité est


respectée dans le contexte français (tableau 50). Les trois items présentent de très bonnes
contributions factorielles (toutes supérieures à 0,87). La variance totale expliquée est elle
aussi très satisfaisante (77,3%).

Qualité de représentation a
Initial Extraction
PROBACRE 1,000 ,780
PROBASAL 1,000 ,757
CHCREASA 1,000 ,781
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

468
Cf. supra., p. 236-239, "7.5.2.8. Choix de carrières".

297
Variance totale expliquée
Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,318 77,272 77,272 2,318 77,272 77,272
2 ,361 12,037 89,309
3 ,321 10,691 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composante
1
PROBACRE ,883
PROBASAL ,870
CHCREASA ,884
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.

Tableau 50 - Analyse factorielle de la variable "intention entrepreneuriale"


(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Le test de Cronbach indique que l’échelle est très cohérente (tableau 51). Le score de
l’α est très bon (0,8521) et tous les items sont corrélés à plus de 70% au score global de
l’échelle (quatrième colonne).

Echelle multiple "intention entrepreneuriale" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
8,1124 5,3884 2,3213 3
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
PROBACRE 5,3876 2,4082 ,7310 ,7872
PROBASAL 5,7416 2,6560 ,7080 ,8068
CHCREASA 5,0955 2,6518 ,7321 ,7855

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 178,0 nbre d’items = 3

Alpha = ,8521

Tableau 51 - Alpha de Cronbach de la variable "intention entrepreneuriale"


(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

298
Les calculs d’homogénéité réalisés sur l’échantillon "DESS CAAE" vont dans le même
sens que ceux effectués sur l’échantillon de référence. En effet, l’ACP dégage une seule
dimension avec des items ayant des contributions factorielles au moins égale à 0,80
(tableau 52). Le facteur restitue 68,6% de l’information collectée.

Qualité de représentation a
Initial Extraction
PROBACRE 1,000 ,643
PROBASAL 1,000 ,739
CHCREASA 1,000 ,677
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée


Composante Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,059 68,649 68,649 2,059 68,649 68,649
2 ,537 17,898 86,547
3 ,404 13,453 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composante
1
PROBACRE ,802
PROBASAL ,860
CHCREASA ,823
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.

Tableau 52 - Analyse factorielle de la variable "intention entrepreneuriale"


(échantillon "DESS CAAE")

Les caractéristiques de cohérence interne, présentées ci-après, montrent, parallèlement à


l’échantillon de référence, un bon score de l’α (0,7547) ; l’échelle est donc fiable.

299
Echelle multiple "intention entrepreneuriale" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
5,5795 3,3536 1,8313 3
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
PROBACRE 3,6761 1,6259 ,5578 ,7050
PROBASAL 4,0000 1,9314 ,6553 ,6348
CHCREASA 3,4830 1,4626 ,5841 ,6853

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 176,0 nbre d’items = 3

Alpha = ,7547

Tableau 53 - Alpha de Cronbach de la variable "intention entrepreneuriale"


(échantillon "DESS CAAE")

Les valeurs de l’α pour la variable "intention entrepreneuriale" calculées dans le


contexte français à travers les deux échantillons de l’étude se situent dans l’intervalle de
celles trouvées469 par les études de L. KOLVEREID (1997 p. 52), A.F. DE NOBLE et alii
(1999) et A. TKACHEV et L. KOLVEREID (1999 p. 276-277). L’échelle représentant la
variable à expliquer du modèle que nous souhaitons tester est donc homogène, nous
additionnons ses trois items pour former une nouvelle variable appelée "INTENT".

Conclusion du chapitre 8

Les tris croisant successivement les deux échantillons avec le sexe, l’âge, le pays ou la
région d’origine, le cursus antérieur, le type de formation et les raisons de l’intégration des
programmes et des formations en entrepreneuriat ont permis de décrire et de spécifier des
propriétés socio-démographiques des deux populations de la recherche.

Les critères d’homogénéité pour les traitements des échelles s’appuient sur les méthodes
de dimensionnalité et de cohérence interne. Celles-ci sont centrées sur le résumé des
données et la structuration des variables. En effet, l’analyse factorielle révèle les

469
Soit [0,70 et 0,89].

300
dimensions sous-jacentes des hypothèses. L’alpha de Cronbach confirme ou infirme ces
dimensions. Les composantes des différentes variables sont mises au jour en factorisant les
items pertinents et en supprimant ceux qui le sont moins.
Ainsi, au terme de cette avant-dernière étape de la recherche, nous avons condensé les
variables initiales en un nombre réduit de variables composites en vue de pouvoir les
interpréter. Les nouvelles variables créées sont des opérationnalisations pertinentes des
hypothèses. En effet, seuls trois items ont été supprimés et les dimensions mises au jour
par les ACP sont conformes aux différents aspects formulés dans les hypothèses.

Les calculs d’homogénéité reposent sur des "références empiriques". En tenant compte
de considérations spécifiques aux différences culturelles, nous avons comparé les résultats
obtenus avec ceux des travaux norvégien, américain et russe. Les résultats de la
recherche dans le contexte français sont en adéquation avec ceux trouvés dans
d’autres régions du monde.

L’homogénéité des échelles étant vérifiée, nous allons procéder dans un ultime chapitre
aux tests de validation des hypothèses. Dans cette perspective, notre démarche mobilise les
méthodes de ANOVA à un facteur, de régressions simple et multiple ainsi que la
corrélation multiple.

301
Chapitre 9 - Un modèle de l’intention entrepreneuriale validé dans un
contexte de l’enseignement de l’entrepreneuriat

"Une vérité n'appartient pas à celui qui la trouve, mais à celui qui la prouve, et qui sait en
voir les conséquences".
J.-B. SAY (1972) [1803]

Valider ou invalider des hypothèses implique pour notre étude de vérifier l’influence
des variables explicatives du modèle sur la variable à expliquer : l’intention
entrepreneuriale. Il s’agit donc de soumettre les relations formulées dans les hypothèses à
des tests économétriques de manière à déterminer, lorsqu’elles existent, l’importance et la
signification des contributions des variables indépendantes sur les variations de la
variable dépendante.

L’objectif de ce chapitre est par conséquent de tester la validité des hypothèses.


Parallèlement, chaque fois que les informations collectées le permettent, nous opérons des
analyses descriptives afférentes à certaines hypothèses. Ainsi, pour expliquer et prédire
l’intention entrepreneuriale, nous procédons en trois étapes. Successivement, nous
cherchons à montrer l’impact éventuel des attitudes associées au comportement, des
normes subjectives et des perceptions du contrôle comportemental sur l’intention
entrepreneuriale. Nous recourrons, selon les cas, à des techniques de régressions simple et
multiple, à l’ANOVA à un facteur et à l’analyse de la corrélation. Celles-ci sont exposées
pour faciliter la compréhension des opérations effectuées. Avant de conclure, nous
présentons un modèle de l’intention entrepreneuriale validé auprès d’étudiants suivant des
formations ou des programmes en entrepreneuriat ou en création d’entreprise.

302
9.1. Les méthodes explicatives et prédictives utilisées

Les tests de vérification des hypothèses font appel à des méthodes explicatives et
prédictives470 dont le choix est subordonné à trois critères : les objectifs de la recherche
exprimés à travers les hypothèses, les propriétés des données (c’est-à-dire le niveau des
variables analysées qui peuvent être nominales, ordinales ou métriques) qui déterminent les
tests mathématiques qu’il est pertinent de leur appliquer et le nombre de variables à
expliquer.

9.1.1. L’analyse de régression simple

Cette analyse est une des méthodes explicatives et prédictives les plus utilisées.
Fréquemment fondée sur la problématique de l’ajustement linéaire471, elle permet de
vérifier la relation de cause (variable explicative) à effet (variable à expliquer) entre deux
variables quantitatives (métriques) dont on a postulé l’existence et le sens dans
l’hypothèse correspondante (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 449-450). L’analyse de
régression linéaire simple permet d’identifier les coefficients de l’équation de la droite qui
minimisent la dispersion entre ordonnées observées et ordonnées ajustées472.
A l’aide de cette équation, l’interprétation des résultats d’une régression se fait à trois
niveaux (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 458 ; J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE,
2001, p. 356). L’intensité de la relation entre les deux variables est calculée grâce au
coefficient de corrélation linéaire (R). Il en est de même pour la significativité de la
liaison et la qualité de l’ajustement du modèle dont les indicateurs sont le coefficient de
détermination linéaire (R2) et le test F de FISHER-SNEDECOR. Enfin, la régression
permet l’examen "des résidus" en se prononçant sur la précision du modèle, c’est-à-dire
l’écart entre les valeurs prédites par le modèle et celles réellement observées473.

470
Prédictives car à partir d’un certain nombre d’observations, on peut prédire pour chaque individu à partir
de la valeur de la variable explicative, la valeur correspondante de la variable à expliquer.
471
L’analyse de régression ainsi que celle de la variance sont des variantes du modèle linéaire général. Le
plus souvent, la forme de la fonction choisie est linéaire car elle est la relation la plus simple.
472
Cette équation détermine la droite "moyenne" qui résume un "nuage de points".
473
La variation résiduelle est obtenue en considérant la différence entre la valeur réelle (observée) de la
variable à expliquer et la valeur recalculée (théorique) par le modèle. Ce dernier est d’autant meilleur que la
différence entre ces deux valeurs est faible (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 454). "Plus la somme des carrés
des erreurs est faible, meilleure est la régression" (J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE, 2001, op.cit., p.
361). Ainsi, la variation résiduelle est aussi un indicateur de la qualité globale du modèle.

303
9.1.2. L’analyse de la variance à 1 facteur

Contrairement à ce qu’indique son nom, l’analyse de la variance s’intéresse aux


moyennes. Selon J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, p. 438), elle "permet de
conclure objectivement s’il existe dans la population (dont on extrait l’échantillon) des
différences statistiquement discernables entre les valeurs moyennes de la variable à
expliquer dans les différents groupes que celle-ci permet de constituer".

La variance à 1 facteur, appelée aussi ANOVA ("ANalysis Of Variance") à un facteur,


est le cas le plus simple de l’analyse de la variance. Elle a pour objet de vérifier si une
variable explicative nominale (qualitative) a une influence significative ou non sur une
variable à expliquer métrique (quantitative)474. La finalité est d’expliquer les variations
de cette variable dépendante par la variable indépendante (J.-L. GIANNELLONI et E.
VERNETTE, 2001, p. 437). Les variables explicatives peuvent donc être traduites en
variables binaires suivant la présence ou l’absence du phénomène mesuré. De ce fait,
l’analyse de la variance, dans le cadre du modèle linéaire général, est considérée comme
"une extension de la régression" (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 464-466).

L’analyse de la variance est fondée sur la décomposition de la variance totale à


expliquer en deux composantes : une variation entre les modalités, appelée variance
intergroupe, et une variation au sein des modalités, nommée variance intragroupe. Le
test statistique consiste à comparer ces deux variances dont le rapport F suit une loi de
FISHER-SNEDECOR. En tenant compte des degrés de liberté et de confiance, la valeur
calculée de F ainsi que son degré de significativité vont indiquer si l’influence est
significative, c’est-à-dire permettre de tester la variabilité (variance) d’un phénomène
quantitatif à partir d’une variable indépendante qualitative.
Parallèlement à la régression, l’analyse de la variance s’emploie pour atteindre trois
objectifs (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 466 ; M. GAUTHY-SINECHAL et M.
VANDERCAMMEN, 1998, p. 334). Le premier teste le caractère significatif des
résultats obtenus pour les différentes modalités de la variable explicative. Le deuxième

474
Cette influence se formule, selon Y. EVRARD et alii (1997, op.cit., p. 466) par "l’hypothèse nulle
suivante : la valeur moyenne de la variable à expliquer est la même pour toutes les modalités de la variable
explicative ; si cette hypothèse nulle est démentie par le test, l’existence d’une liaison est établie".

304
identifie la qualité globale de l’ajustement. Le dernier objectif vérifie le poids de chaque
modalité dans l’explication apportée par la variable indépendante.

9.1.3. La corrélation

La corrélation simple est une spécification de la relation entre deux catégories de


variables : une variable explicative et une variable à expliquer. Le coefficient de
corrélation linéaire (r, compris entre -1 et +1) développé par K. PEARSON constitue
l’indicateur le plus utilisé pour en mesurer l’intensité (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 341 ;
J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE, 2001, p. 364).
Ce coefficient, évalué à partir du rapport entre la covariance et le produit des écarts-
types, requiert des données métriques. Un signe positif indique que les deux variables
évoluent dans le même sens : l’augmentation (la diminution) de l’une s’accompagne de
l’augmentation (la diminution) de l’autre. Un signe négatif est synonyme d’une variation
opposée : une variable augmente et l’autre diminue. Un coefficient dont la valeur absolue
est proche de 1 signifie une très forte intensité de la relation. A l’opposé, une valeur proche
de 0 en implique une très faible.

La corrélation multiple quantifie l’association entre plusieurs variables et repose sur les
mêmes principes que la corrélation simple. Nous l’utiliserons après avoir procédé à la
régression multiple pour vérifier qu’il n’existe pas de corrélations significatives entre les
variables explicatives. En effet, celles-ci doivent être significativement indépendantes les
unes des autres (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 450) ; si leurs coefficients de corrélation sont
très faibles, il n y a pas d’effet de multicolinéarité.
Dans le cas contraire, J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, p. 410-411)
signalent une double conséquence : une "estimation imprécise des coefficients de
régression, donc des erreurs standard de régression élevées", et un "manque de stabilité"
de ces coefficients dont la valeur variera sensiblement d’un échantillon à un autre. De ce
fait, l’estimation de la part relative de chacune des variables explicatives dans la "qualité"
de la régression devient délicate. Conséquemment, il est conseillé, chaque fois que cela est
possible, "de privilégier l’indépendance dans le choix des variables explicatives
potentielles".

305
9.2. Les tests et les analyses de validation des hypothèses

Accepter une hypothèse implique que les données recueillies au cours d’une enquête lui
sont compatibles. "Il serait plus juste de dire que l’hypothèse est "non rejetée" plutôt
qu’"acceptée", car rien ne prouve que d’autres hypothèses ne seraient pas également
acceptables" (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 326). Cette précaution interprétative étant
formulée, nous allons procéder aux analyses statistiques pour ne pas confirmer ou infirmer
les hypothèses envisagées une à une.

9.2.1. Les effets des attitudes associées au comportement sur l’intention entrepreneuriale

L’intention entrepreneuriale dépend des attitudes. Celles-ci s’expriment à travers les


actions des étudiants qui sont orientées vers des comportements qu’ils souhaitent adopter.
Ces attitudes se concrétisent par l’existence d’une idée ou d’un projet d’affaire ("hypothèse
1 : l'existence d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins formalisé influence
positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants") et par la recherche d’informations
dans le but de mieux les formaliser ("hypothèse 2 : la recherche d'informations dans le but
de formaliser certains aspects de l'idée ou du projet d'entreprise influence positivement
l'intention entrepreneuriale des étudiants"). Nous allons vérifier l’impact que peuvent
exercer ces attitudes sur l’intention entrepreneuriale. Nous étudions les différences qui
existeraient éventuellement entre les deux populations de l’enquête.

9.2.1.1. L’influence de l’existence d’une idée ou d’un projet

L’influence de l’existence d’une idée ou d’un projet d’affaire sur l’intention


entrepreneuriale se vérifie par le biais de la technique de l’ANOVA à un facteur
particulièrement adaptée au cas d’une variable explicative qualitative475 et d’une variable à
expliquer quantitative476.
Le calcul se fait en transformant les deux variations (intergroupe et intragroupe) en un
rapport de variance qui s’obtient en divisant chacune d’elle par le nombre de degrés de
liberté qui convient. Nous obtenons ainsi un coefficient F de FISHER-SNEDECOR dont

475
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.1.
476
Cf. supra., p. 236-239, "7.5.2.8. Choix de carrières", la question 8.1.

306
les propriétés statistiques sont connues. Nous comparons la valeur calculée de F à sa valeur
critique, à un seuil α fixé et pour le nombre de degrés de liberté correspondant.

Pour l’échantillon de référence, la table de FISHER-SNEDECOR donne pour α = 0,05


et 1 et 176 degrés de liberté, une valeur de 3,84. Celle que nous avons calculée (33,089) lui
est largement supérieure (tableau 54). Le calcul des moyennes de l’intention
entrepreneuriale (notée sur une échelle de 1 à 4) indique que celle-ci est supérieure de
0,63 chez les étudiants détenant une idée ou un projet d’affaire (soit 2,94 contre 2,31).
Nous concluons donc que les donnés recueillies permettent de se prononcer en faveur
d’une influence fortement significative (F = 33,089 et sig.477 = 0,000) de l’existence de
l’idée ou d’un projet de création d’entreprise sur l’intention entrepreneuriale. Plus les
étudiants formulent des projets ou des idées d’entreprises, plus forte est leur intention
entrepreneuriale.

Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 110 2,945455 ,7031707 ,0670447 2,812574 3,078335 1,3333 4,0000
1 68 2,313725 ,7259290 ,0880318 2,138013 2,489438 1,0000 4,0000
Total 178 2,704120 ,7737667 ,0579963 2,589667 2,818573 1,0000 4,0000

ANOVA
INTENT
Somme des carrés Ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 16,770 1 16,770 33,089 ,000
Intra-groupes 89,202 176 ,507
Total 105,973 177

Tableau 54 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à


l’existence d’une idée ou d’un projet d’entreprise (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise")

477
Dans la suite de ce chapitre, "sig." désigne la significativité de la relation.

307
Ainsi, l’hypothèse 1 n’est pas rejetée pour l’échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise". Qu’en est-il pour l’échantillon "DESS CAAE" ?

L’analyse de la variance à 1 facteur, détaillée dans le tableau suivant, montre que la


moyenne de l’intention entrepreneuriale des étudiants détenant une idée ou un projet
d’entreprise est supérieure de 0,75 à celle de étudiants n’ayant pas d’idées ou de projets
(soit respectivement 2,40 et 1,65). La table de FISHER-SNEDECOR indique un
coefficient F d’une valeur de 76,789, laquelle est largement supérieure à la valeur critique
(F = 3,84, pour α = 0,05 et 1 et 174 degrés de liberté). Il est ainsi mis en évidence un lien
fortement significatif (F = 76,789 et sig. = 0,000) entre l’existence d’une idée ou d’un
projet d’entreprise et l’intention entrepreneuriale venant valider l’hypothèse 1 pour
l’échantillon "DESS CAAE". Plus les individus possèdent des projets ou des idées
d’entreprises, plus élevée est leur intention entrepreneuriale.

Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 49 2,401361 ,5269566 ,0752795 2,250001 2,552720 1,0000 3,6667
1 127 1,650919 ,5037046 ,0446966 1,562465 1,739372 1,0000 3,3333
Total 176 1,859848 ,6104312 ,0460130 1,769037 1,950660 1,0000 3,6667

ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 19,912 1 19,912 76,489 ,000
Intra-groupes 45,297 174 ,260
Total 65,209 175

Tableau 55 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à


l’existence d’une idée ou d’un projet d’entreprise (échantillon "DESS CAAE")

Ayant validé la première hypothèse au sein des deux échantillons, nous allons décrire
les aspects des idées ou des projets que nous avons recueillis à travers le questionnaire. Le
tableau 56 montre que plus de 60% des étudiants de l’échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création

308
d’entreprise" déclarent posséder une idée ou un projet d’entreprise (61,8%)478. Ce taux
baisse de plus de la moitié pour les étudiants de l’échantillon "DESS CAAE" (27,8%).

DIPLÔME
EXISTENCE DE L’IDEE DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
OU DU PROJET et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en %
Oui 110 61,8 49 27,8
Non 68 38,2 127 72,2
Total 178 100,0 176 100,0
Tableau 56 - Tri croisé "existence d’une idée ou d’un projet-échantillons"

Le croisement entre les deux populations de l’étude et le moment de naissance de l’idée


ou du projet (tableau 57) indique que ces derniers sont dans 80% des cas nés avant que les
étudiants de l’échantillon de référence n’intègrent leurs formations (80,9%)479. Pour la
population témoin, la quasi-totalité (98%) des idées ou des projets sont antérieurs à
l’intégration des formations.

DIPLOME
MOMENT DE DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
NAISSANCE DE L’IDEE et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
OU DU PROJET nb en % nb en %
Avant 89 80,9 48 98,0
Après 21 19,1 1 2,0
Total 110 100,0 49 100,0
Tableau 57 - Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-échantillons"

Une analyse poussée s’intéressant aux moyennes de l’intention entrepreneuriale


laisse apparaître, au sein des deux échantillons, que celles-ci sont plus fortes de 0,6 point
pour les individus dont le projet ou l’idée est né(é) avant l’intégration des formations
actuelles (tableau 58). Cependant, quel que soit le moment de naissance, ces moyennes
sont plus élevées de 0,6 point au sein de l’échantillon "DESS, formations ou programmes

478
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.1.
479
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.2.

309
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise". Les
diagrammes reportés en annexe 13 illustrent ces différences.

DIPLOME
MOMENT DE NAISSANCE DESS, formations ou programmes en écoles DESS CAAE
DE L’IDEE OU DU PROJET de management et gestion en entrepreneuriat
ou en création d’entreprise
INTENTION ENTREPRENEURIALE
Moyenne 3,011236 2,409722

Avant Nb 89 48

Moyenne 2,666667 2,000000


Après Nb 21 1
Tableau 58 – Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-moyenne de
intention entrepreneuriale"

Les événements à l’origine de la naissance des idées ou des projets émanant des
étudiants de l’échantillon de référence sont de diverses formes (tableau 59). L’expérience
professionnelle (emploi ou stage) et des rencontres avec des entrepreneurs sont les plus
citées avec environ 40% des cas pour chacune d’elle (soit respectivement 42,7% et
38,2%480). La presse écrite spécialisée inspire les étudiants qui déclarent posséder une idée
ou un projet d’affaire dans presque un tiers des cas (30,0%). Ceci est révélateur de
l’intérêt qu’ils manifestent pour les médias dédiés à l’entrepreneuriat et à la création
d’entreprise. Dans des fréquences égales (22,7%) et supérieures au cinquième, des
projets menés pendant les formations actuelles ou antérieures sont à l’origine des idées ou
des projets de création d’entreprise. Ces derniers sont aussi la conséquence, avec une
fréquence relativement importante (17%), de voyages à l’étranger.
De façon moins significative, les étudiants mettent en avant divers faits à l’origine de
leur idée ou leur projet de création d’entreprise : "la passion" pour la création d’entreprise ;
des discussions et des réflexions avec des amis ; des réflexions personnelles sur un besoin
non satisfait ; "les loisirs" consacrés à la création d’entreprise ; un cours suivi pendant la
formation actuelle ; une idée concrétisée dans la ville natale et inexistante dans la ville où
les étudiants poursuivent leurs formation et enfin une "illumination".

480
Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à
plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.3).

310
Concernant l’échantillon "DESS CAAE", les événements cités par les étudiants sont
quasiment identiques à ceux annoncés ci-dessus, mais les proportions enregistrées s’en
éloignent sensiblement. Ainsi, l’expérience professionnelle (emploi et stage) et des
rencontres avec des entrepreneurs sont, comme dans l’échantillon de référence, les deux
origines les plus citées avec respectivement 36,7% et 24,5%. Les séjours à l’étranger et les
projets menés au cours de formations antérieures inspirent des idées ou des projets de
création d’entreprise dans presque un quart des cas (soit 20,4% et 18,4%). Dans des
fréquences légèrement supérieures à 10%, les étudiants évoquent la presse spécialisée
écrite (14,3%), des réflexions personnelles (12,2%) et des discussions et des réflexions
avec des amis (10,2%).
Dans des proportions beaucoup plus faibles, les étudiants ont donné les sources
suivantes : les projets menés pendant les formations antérieures ; la "passion" ; la volonté
de vouloir concrétiser une idée ou un projet d’entreprise constaté(e) dans la ville natale et
inexistant(e) dans la ville où ils suivent leur formation.

DIPLOME
DESS, formations ou programmes en écoles de DESS CAAE
ORIGINE DE LA NAISSANCE DE
management et gestion en entrepreneuriat ou en
L’IDEE OU DU PROJET
création d’entreprise
nb en % nb en %
Suite à un emploi, à un stage Oui 47 42,7 18 36,7
Non 63 57,8 31 63,3
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à des rencontres avec des Oui 42 38,2 12 24,5
entrepreneurs
Non 68 61,8 37 75,5
Total 110 100,0 49 100,0
En lisant la presse spécialisée Oui 33 30,0 7 14,3
Non 77 70,0 42 85,7
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à un projet mené pendant votre Oui 25 22,7 3 6,1
formation actuelle
Non 85 77,8 46 93,9
Total 110 100,0 49 100,0

311
DIPLOME
ORIGINE DE LA NAISSANCE DE DESS, formations ou programmes en écoles de DESS CAAE
L’IDEE OU DU PROJET management et gestion en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise
nb en % nb en %
Suite à un projet mené pendant votre Oui 25 22,7 9 18,4
formation antérieure
Non 85 77,3 40 81,6
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à un séjour à l'étranger Oui 19 17,3 10 20,4
Non 91 82,7 39 79,6
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à une passion Oui 8 7,3 1 2,0
Non 102 92,7 48 98,0
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à des discussions et des Oui 4 3,6 5 10,2
réflexions avec des amis
Non 106 96,4 44 89,8
Total 110 100,0 49 100,0
Suite à des réflexions personnelles sur Oui 3 2,7 6 12,2
un besoin non satisfait
Non 107 97,3 43 87,2
Total 110 100,0 49 100,0
Projet en relation avec mes loisirs Oui 3 2,7
Non 107 97,3
Total 110 100,0
Grâce à un cours suivi pendant cette Oui 1 0,9
formation
Non 109 99,1
Total 110 100,0
Suite à une idée concrétisée dans ma Oui 1 0,9 1 2,0
ville natale et inexistante dans la ville
où je fais mon DESS
Non 109 99,1 48 98,0
Total 110 100,0 49 100,0
Grâce à une illumination Oui 1 2,0
Non 48 98,0
Total 49 100,0
Tableau 59 - Tri croisé "origine de la naissance de l’idée ou du projet-échantillons"

312
9.2.1.2. L’influence de la recherche d’informations

Pour repérer les liens significatifs entre la recherche d’informa


tions et l’intention entrepreneuriale, nous nous sommes fondés sur l’analyse de
régression simple. En effet, cette technique convient au cas où les variables explicative481 et
à expliquer sont quantitatives.

Le R2, nommé coefficient de détermination linéaire, est le principal indicateur de la


qualité d’une régression. Il est considéré comme la part de la variance de la variable
dépendante expliquée par la variable indépendante. Il synthétise la capacité de la droite de
régression à représenter le nuage des valeurs observées. Plus ce coefficient se rapproche de
1, plus la restitution de ces valeurs est bonne. Cependant, la signification du résultat doit
être interprétée en fonction des nombres d’observations et de variables explicatives qui
sont intégrés dans le calcul du R2 ajusté (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 458 et 462). "Le R2
ajusté est une mesure plus réaliste, donc souvent plus faible, que le R2 "normal""482.

Le test de régression, dont les caractéristiques sont reprises dans le tableau 60, indique
pour la population de référence une bonne corrélation entre la recherche d’informations
et l’intention entrepreneuriale. L’intensité de cette relation se traduit par un coefficient (de
corrélation R) dont la valeur est 49,2%. Le R2 ajusté présente un score acceptable de
0,235483. Ce résultat indique que le modèle restitue 24% de la variation exprimée dans les
données de départ.
Pour évaluer la qualité de l’ajustement de cette régression, il est fait appel au test F de
FISHER-SNEDECOR. Il s’agit de savoir si, pour le risque α considéré, le R2 multiple est
significativement différent de 0 dans l’échantillon étudié (J.-L. GIANNELLONI et E.
VERNETTE, 2001, p. 413). La valeur critique de F, au seuil α = 0,05, pour 1 et 107 degrés
de liberté, est égale à 3,92. Le F calculé (34,151, sig. = 0,000) étant nettement supérieur,
nous pouvons conclure que la qualité de l’ajustement offert par la régression est
significative. Il existe donc une dépendance significative entre le fait de rechercher des

481
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.4.
482
J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, op.cit., p. 412-413).
483
Il est "normal" que les valeurs des R2 ajustés soient faibles pour chacune des régressions simples que nous
allons effectuer. En effet, la somme algébrique de ces valeurs doit être "proche" de celle du R2 ajusté si l’on
régressait conjointement (régression multiple) l’ensemble des variables explicatives quantitatives.

313
informations et l’intention entrepreneuriale. Plus les étudiants de l’échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise" sont en quête d’informations pour mieux formaliser certains aspects
de leurs idées ou leurs projets, meilleure est leur intention entrepreneuriale. Ainsi, sur la
base du test de la régression simple, l’hypothèse 2 n’est pas rejetée au sein de la
population de référence.
La régression multiple confirmera ou infirmera ce résultat. Il en sera de même
pour toutes les hypothèses dont les variables explicatives sont quantitatives. Les
résultats de la régression multiple doivent corroborer ceux des régressions simples pour
pouvoir se prononcer définitivement sur la validité de ces hypothèses484.

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 RINFO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,492 a ,242 ,235 ,6170490
a : valeurs prédites : (constantes), RINFO.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 13,003 1 13,003 34,151 ,000 a
Résidu 40,740 107 ,381
Total 53,743 108
a : valeurs prédites : (constantes), RINFO.
b : variable dépendante : INTENT.
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés T Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 1,936 ,182 10,639 ,000
RINF0 ,401 ,069 ,492 5,844 ,000
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 60 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la


recherche d’informations (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles
de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

484
Cf. infra., p. 364-366, "9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuiriale testé dans le
cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat".

314
Pour savoir si l’hypothèse 2 ne peut être rejetée dans le cadre de l’échantillon "DESS
CAAE", nous allons nous intéresser au score du R2 ajusté (tableau 61). Celui-ci est quasi
nul (-0,020). Il n’existe pas de lien significatif entre la recherche d’informations et
l’intention entrepreneuriale. Le coefficient F observé (0,051 ; sig. = 0,83) est inférieur au F
calculé pour 1 et 47 degrés de liberté (F = 4,000 ; sig. = 0,05). La régression simple ne
révèle pas de liaison linéaire significative. En conséquence, l’hypothèse 2 est rejetée au
sein de la population témoin.

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 RINFO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,033 a ,001 -,020 ,5322466
a : valeurs prédites : (constantes), RINFO.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,014 1 ,014 ,051 ,823 a
Résidu 13,314 47 ,283
Total 13,329 48
a : valeurs prédites : (constantes), RINFO.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 2,357 ,211 11,159 ,000
RINF0 2,432E-02 ,108 ,033 ,225 ,823
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 61 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la


recherche d’informations (échantillon "DESS CAAE")

Ayant été validée par la régression au sein de l’échantillon de référence, la deuxième


hypothèse du modèle fera l’objet d’opérations descriptives pour circonscrire certains de ses
aspects. Dans un premier temps, nous allons exposer les sources d’informations des
étudiants déclarant posséder un projet ou une idée d’affaire (tableau 62).

315
Pour mieux formaliser ces derniers, les étudiants ont consulté dans des proportions
avoisinant 40% leurs enseignants, des organisations professionnelles et des organismes
spécialisés dans l’aide à la création et à la reprise d’entreprise (soit respectivement 46,9%,
44,8% et 39,6%485). Pour des scores proches du tiers, ces étudiants se sont rapprochés des
Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) et de l’Agence pour la Création d’Entreprise
(APCE) pour recueillir les informations nécessaires à leurs projets ou leurs idées (soit
35,4% et 32,3%). Dans 20% des cas, la collecte d’informations s’est faite auprès des
chambres des métiers et sur Internet. Enfin, de façon marginale, avec une fréquence ne
dépassant guère 4%, les étudiants mentionnent les sources suivantes : l’entourage ; la
presse spécialisée ; les professionnels de la création d’entreprise ; un experts comptable ;
l’INSEE ; la chambre d’agriculture et un "parrain".

DESS, formations ou programmes en écoles de management et


LES SOURCES D’INFORMATIONS gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
Nb en %
Enseignants de votre établissement Oui 45 46,9
Non 51 53,1
Total 96 100,0
Organisations professionnelles Oui 43 44,8
Non 53 55,2
Total 96 100,0
Organismes spécialisés dans l'aide à la Oui 38 39,6
création et à la reprise d'entreprise
Non 58 60,4
Total 96 100,0
Agence Pour la Création d'Entreprise Oui 34 35,4
Non 62 64,6
Total 96 100,0
CCI Oui 31 32,3
Non 65 67,7
Total 96 100,0

485
Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à
plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.5.).

316
DESS, formations ou programmes en écoles de management et
LES SOURCES D’INFORMATIONS gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en %
Internet Oui 20 20,8
Non 76 79,2
Total 96 100,0
Chambre des métiers Oui 20 20,8
Non 76 79,2
Total 96 100,0
Entourage Oui 4 4,2
Non 92 95,8
Total 96 100,0
Presse spécialisée Oui 3 3,1
Non 93 96,9
Total 96 100,0
Professionnels du métier Oui 3 3,1
Non 93 96,9
Total 96 100,0
Expert comptable Oui 1 1,0
Non 95 99,0
Total 96 100,0
INSEE Oui 1 1,0
Non 95 99,0
Total 96 100,0
Parrain Oui 1 1,0
Non 95 99,0
Total 96 100,0
Chambre d’agriculture Oui 1 1,0
Non 95 99,0
Total 96 100,0
Tableau 62 - Tri croisé "sources d’informations-échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise""

Dans un second temps, nous allons nous consacrer au degré de renseignement avec
lequel les étudiants décrivent leurs projets ou leurs idées d’entreprise. Le tableau des

317
correspondances suivant prouve que la moitié des étudiants (53, soit 48%) présentent ces
derniers de façon "plutôt précise" ou "tout à fait précise"486. Au total, un tiers des individus
(38, soit 34,5%) décrivent leurs projets ou leurs idées de façon "plutôt précise" ou "tout à
fait précise" et manifestent, en même temps, une forte intention entrepreneuriale ; cette
dernière prend les valeurs les plus fortes (3 et 4).

RENSEIGNEMENT DES ASPECTS


L’INTENTION ENTREPRENEURIALE DE L’IDEE OU DU PROJET
1 2 3 4 Total
1 2 4 2 0 8
2 7 19 13 0 39
3 1 19 32 1 53
4 1 4 5 0 10
Total 11 46 52 1 110
Tableau 63 - Tableau des correspondances "intention entrepreneuriale-
renseignement des aspects de l’idée ou du projet" (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise")

Dans un troisième temps, nous analysons l’horizon auquel les étudiants pensent
concrétiser leurs projets ou leurs idées d’entreprise487. L’analyse de ANOVA à un facteur,
reprise dans le tableau suivant, indique une influence significative du terme auquel les
étudiants souhaitent concrétiser leurs idées ou leurs projets sur l’intention entrepreneuriale.
La table de FISHER-SNEDECOR donne pour α = 0,05 et 3 et 106 degrés de liberté, une
valeur de 2,68, laquelle est inférieure à celle que nous avons calculée (F = 30,504 ; sig. =
0,000).

486
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.6.
487
Cf. supra., p. 230-232, "7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales", la question 5.7.

318
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
1 21 3,555556 ,4260064 ,0929622 3,361640 3,749471 2,6667 4,0000
2 38 3,210526 ,4131550 ,0670226 3,074726 3,346327 2,6667 4,0000
3 29 2,747126 ,7435179 ,1380678 2,464307 3,029946 1,3333 4,0000
4 22 2,166667 ,4082483 ,0870388 1,985660 2,347674 1,3333 2,6667
Total 110 2,945455 ,7031707 ,0670447 2,812574 3,078335 1,3333 4,0000

ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 24,971 3 8,324 30,504 ,000
Intra-groupes 28,924 106 ,273
Total 53,895 109

Tests post hoc

Sous-ensembles homogènes
INTENT
Duncan a,b
TPSCONCR Nbre Sous-ensemble pour alpha = .05
1 2 3 4
4 22 2,166667
3 29 2,747126
2 38 3,210526
1 21 3,555556
Signification 1,000 1,000 1,000 1,000
Les moyennes des groupes des sous-ensembles homogènes sont affichées.
a : utilise la taille d'échantillon de la moyenne harmonique = 25,996.
b : les effectifs des groupes ne sont pas égaux. La moyenne harmonique des effectifs des groupes est utilisée.
Les niveaux des erreurs de type I ne sont pas garantis.

Tableau 64 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale sur l’horizon de


concrétisation de l’idée ou du projet (échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Ainsi, les statistiques reprises dans la rubrique des "sous-ensembles homogènes" montre
que plus proche est le terme auquel les étudiants souhaitent concrétiser leurs idées ou
projets, plus forte est la moyenne de leur intention entrepreneuriale. Comme l’illustre la
figure 18, les moyennes de l’intention sont de 3,55 et 3,21 pour les individus manifestant
respectivement des termes de moins d’un an et entre 1 et moins de 3 ans. Ces moyennes
baissant à 2,74 et 2,16 pour des horizons de concrétisation respectifs entre 3 et 5 ans et plus
de 5 ans.

319
3,8

3,6

3,4

3,2

3,0

2,8
Moyenne de INTENT

2,6

2,4

2,2

2,0
1 2 3 4

TPSCONCR

Figure 18 - Diagramme croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et


l’échéance de concrétisation (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Légende : INTENT : l’intention entrepreneuriale.


TPSCONCR : échéance de concrétisation de l’idée ou du projet.
Sur l’axe des abscisses :
1 : moins d’un an.
2 : entre 1 et moins de 3 ans.
3 : entre 3 et 5 ans.
4 : plus de 5 ans.

Les tests des hypothèses relatives aux attitudes associées au comportement étant
effectués, nous cherchons à vérifier dans la section suivante la validité statistique des
hypothèses concernant les normes subjectives.

9.2.2. Les effets des normes subjectives sur l’intention entrepreneuriale

Les influences des normes subjectives sont formulées à travers les motivations
psychologiques, la propension à la prise de risque et la connaissance de modèles
d’entrepreneur. Nous allons successivement tester la validité des hypothèses y afférentes.

320
9.2.2.1. L’influence des motivations psychologiques

L’impact des motivations psychologiques sur l’intention entrepreneuriale est formulé à


travers deux hypothèses. La première renvoie au besoin d’accomplissement ("hypothèse 3a
: le besoin d'accomplissement influence positivement l’intention entrepreneuriale des
étudiants"). La deuxième concerne la recherche de l’autonomie ("hypothèse 3b : la
recherche de l'autonomie influence positivement l’intention entrepreneuriale des
étudiants"). Ces deux facteurs explicatifs et prédictifs sont opérationnalisés sous forme de
variables quantitatives488, il convient donc de procéder à des analyses de régression simple.

Cette dernière, détaillée dans le tableau suivant, indique pour l’échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise", une corrélation satisfaisante entre le besoin d’accomplissement et
l’intention entrepreneuriale. La force de cette relation est évaluée à 26,7% (R). La part de
la variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par le besoin d’accomplissement est
égale à 6,2% ; la qualité de l’ajustement de la relation obtenue par la régression simple est
donc acceptable et le lien s’en trouve significatif (la valeur calculée de F est supérieure à
la valeur critique observée sur la table statistique : F calculé = 8,261 ; sig. = 0,05 ; F
critique = 3,92, au seuil α = 0,05 pour 1 et 108 degrés de liberté).

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 ACCOMPLI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,267 a ,071 ,062 ,6808581
a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI.
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 3,830 1 3,830 8,261 ,005
Résidu 50,065 108 ,464
Total 53,895 109
a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI.
b : variable dépendante : INTENT.

488
Cf. supra., p. 232-235, "7.5.2.6. Les motivations de concrétisation", les questions 6.1 et 6.2.

321
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 1,742 ,424 4,111 ,000
ACCOMPLI ,377 ,131 ,267 2,874 ,005
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 65 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport au besoin


d’accomplissement (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Vouloir s’accomplir à travers la création d’entreprise a donc un impact significatif sur


l’intention entrepreneuriale. Plus les étudiants souhaitent un accomplissement à travers la
concrétisation de leurs projets ou de leurs idées, plus forte est leur intention
entrepreneuriale. Ainsi, en se fondant sur le test de la régression simple, l’hypothèse 3a
n’est pas rejetée au sein de l’échantillon de référence.

Etudions l’échantillon témoin pour s’enquérir de la validité statistique de cette


hypothèse. L’analyse de régression (tableau 66) laisse apparaître que la corrélation entre le
besoin d’accomplissement et l’intention entrepreneuriale est faible (16,8%). Le coefficient
de détermination linéaire ajusté est aussi très faible (R2 ajusté = 0,008). En fait, le lien
unissant ces deux variables n’est pas significatif (la valeur calculée de F est inférieure à la
valeur critique observée sur la table statistique : F calculé = 1,373 ; sig. = 0,247 ; F
critique = 4,00, au seuil α = 0,05 pour 1 et 47 degrés de liberté). L’hypothèse 3a est ainsi
rejetée au sein de l’échantillon "DESS CAAE".

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 ACCOMPLI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,168 a ,028 ,008 ,5249211
a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI.

322
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,378 1 ,378 1,373 ,247 a
Résidu 12,950 47 ,276
Total 13,329 48
a : valeurs prédites : (constantes), ACCOMPLI.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 1,847 ,479 3,852 ,000
ACCOMPLI ,170 ,145 ,168 1,172 ,247
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 66 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport au besoin


d’accomplissement (échantillon "DESS CAAE")

Concernant la recherche de l’autonomie, le test de la régression laisse apparaître un


coefficient de corrélation acceptable (R = 30%) pour la population ("DESS, formations
ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise"). La proportion de la variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par la
recherche de l’autonomie est égale à 8,1% ; la qualité de l’ajustement obtenue par la
régression est significativement acceptable et est évaluée à 10,666 pour un sig. = 0,001.
En effet, la valeur observée de F est supérieure à la valeur critique (F = 3,92, au seuil α =
0,05 pour 1 et 108 degrés de liberté).

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 RECHAUTO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,300 a ,090 ,081 ,6739246
a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 4,844 1 4,844 10,666 ,001 a
Résidu 49,051 108 ,454
Total 53,895 109
a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO.
b : variable dépendante : INTENT.

323
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 1,805 ,355 5,082 ,000
RECHAUTO ,343 ,105 ,300 3,266 ,001
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 67 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la


recherche de l’autonomie (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles
de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Ainsi, conformément à notre hypothèse, la recherche de l’autonomie exerce une


influence sur l’intention entrepreneuriale. Plus les individus sont guidés par la recherche de
l’autonomie pour concrétiser leurs projets ou idées, meilleure est leur intention
entrepreneuriale. Donc l’hypothèse 3b n’est pas rejetée au sein de la population
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise". Réalisons ces mêmes analyses pour nous
prononcer sur la validité statistique de cette hypothèse pour la population témoin.

Les statistiques de régression, dont les caractéristiques sont contenues dans le tableau
ci-dessous, montrent que la corrélation entre la recherche de l’autonomie et l’intention
entrepreneuriale est quasiment nulle (-0,5%). Le coefficient F de FISHER-SNEDECOR
est égal à 0,784 pour un sig. = 0,381. La valeur du F critique est de 4,00, au seuil α = 0,05
pour 1 et 47 degrés de liberté. L’hypothèse 3b est donc rejetée au sein de l’échantillon
témoin.

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 RECHAUTO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,128 a ,016 -,005 ,5281480
a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO.

324
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,219 1 ,219 ,784 ,381 a
Résidu 13,110 47 ,279
Total 13,329 48
a : valeurs prédites : (constantes), RECHAUTO.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 1,998 ,462 4,322 ,000
RECHAUTO ,119 ,134 ,128 ,885 ,381
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 68 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la


recherche de l’autonomie (échantillon "DESS CAAE")

9.2.2.2. L’influence de la propension à la prise de risque

Selon les arguments de l’hypothèse 4 y afférente489 ("la propension à la prise de risque


influence l’intention entrepreneuriale des étudiants"), l’impact de la prise de risque sur
l’intention entrepreneuriale se manifeste par des perceptions positives (utilité) ou négatives
(échec) des conséquences de la disparition de l’entreprise que les étudiants seraient amenés
à créer. L’ACP a fait émerger cette double composante que nous avons représentée par les
variables "ECHEC" et "UTI"490. Celle-ci étant de nature quantitative, nous allons Régresser
l’intention entrepreneuriale sur chacune d’elles.

Pour l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et


gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", il est mis en évidence une
corrélation négative entre l’échec en tant que perceptions des conséquences de la
disparition de l’entreprise et l’intention entrepreneuriale (tableau 69). Le coefficient de
corrélation présente une valeur négative acceptable de -27,2%, synonyme d’une
covariation négative. Si la valeur des perceptions négatives augmente, celle de l’intention
diminue et vice versa. Cette influence négative de l’échec en tant que perceptions des
conséquences de la disparition de l’entreprise sur l’intention entrepreneuriale est

489
Cf. supra., p. 192-194, "6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la
disparition de l’entreprise".
490
Cf. supra., p. 275-282, "8.3.4. La variable "propension à la prise de risque"".

325
significative car la valeur observée du coefficient F (13,996 pour un sig. = ,000) est
nettement supérieure à la valeur critique (3,84 au seuil α = 0,05, pour 1 et 175 degrés de
liberté).

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 ECHEC a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 -,272 a ,074 ,069 ,7483198
a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 7,837 1 7,837 13,996 ,000 a
Résidu 97,997 175 ,560
Total 105,834 176
a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés T Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 3,583 ,241 14,872 ,000
ECHEC -,341 ,091 -,272 -3,741 ,000
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 69 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

La régression de l’intention entrepreneuriale par rapport à l’utilité de la création


d’entreprise en tant que perceptions des conséquences de la disparition de l’entreprise
indique une corrélation positive de 18,8% (tableau 70). La qualité de l’ajustement
obtenue par cette relation linéaire est significativement acceptable et est évaluée à 6,381
pour un sig. = 0,012. En effet, la valeur observée de F est supérieure à la valeur critique (F
= 3,84 au seuil α = 0,05, pour 1 et 175 degrés de liberté).

326
Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 UTI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,188 a ,035 ,030 ,7638662
a : valeurs prédites : (constantes), UTI.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 3,723 1 3,723 6,381 ,012 a
Résidu 102,111 175 ,583
Total 105,834 176
a : valeurs prédites : (constantes), UTI.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés T Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 1,964 ,299 6,566 ,000
UTI ,222 ,088 ,188 2,526 ,012
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 70 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Les perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise influencent


négativement l’intention entrepreneuriale. Des perceptions positives exercent l’effet
inverse. Plus les individus perçoivent les conséquences de la disparition de l’entreprise
négativement, plus faible est leur intention entrepreneuriale. Plus ils perçoivent
positivement ces conséquences, meilleure est leur intention entrepreneuriale. Il en résulte
que l’hypothèse 4 n’est pas rejetée au sein de la population de référence. La validité
statistique de cette hypothèse se confirmera-t-elle dans le cadre de l’échantillon DESS
CAAE ?
Les calculs économétriques affichés dans le tableau suivant indiquent une corrélation
négative entre l’échec en tant que perceptions négatives des conséquences de la disparition

327
de l’entreprise et l’intention entrepreneuriale ; le coefficient de cette association s’élève à -
24,5% et signifie une variation opposée entre ces deux variables.
Il est mis au jour un impact négatif de ces perceptions sur l’intention entrepreneuriale.
Celui-ci est significatif ; en effet la valeur observée du coefficient F (11,153 pour un sig. =
,001) dépasse largement la valeur critique repérée dans la table statistique (F= 3,84 au seuil
α = 0,05, pour 1 et 174 degrés de liberté).

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 ECHEC a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 -,245 a ,060 ,055 ,5934586
a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 3,928 1 3,928 11,153 ,001 a
Résidu 61,282 174 ,352
Total 65,210 175
a : valeurs prédites : (constantes), ECHEC.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 2,637 ,237 11,129 ,000
ECHEC -,272 ,081 -,245 -3,340 ,001
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 71 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon
"DESS CAAE")

Les résultats de la régression de l’intention entrepreneuriale par rapport à des


perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise donnent une très
faible corrélation dont le coefficient est estimé à 3,5% (tableau 72). La qualité de
l’ajustement obtenue par cette relation linéaire, évaluée à 0,219 pour un sig. = 0,641, n’est
pas significative. La valeur critique de F (3,84 au seuil α = 0,05, pour 1 et 174 degrés de

328
liberté) lui est supérieure. L’hypothèse 4, sur la base de la régression simple, est donc
rejetée au sein de l’échantillon "DESS CAAE".

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 UTI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,035 a ,001 -,004 ,6117984
a : valeurs prédites : (constantes), UTI.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,082 1 ,082 ,219 ,641 a
Résidu 65,128 174 ,374
Total 65,210 175
a : valeurs prédites : (constantes), UTI.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 1,762 ,215 8,207 ,000
UTI 3,068E-02 ,066 ,035 ,468 ,641
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 72 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions positives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon
"DESS CAAE")

9.2.2.3. L’influence de la connaissance de modèles d’entrepreneur

Pour mettre en exergue le lien significatif entre la connaissance de modèles


d’entrepreneur que les étudiants souhaiteraient imiter et l’intention entrepreneuriale
("hypothèse 5 : la connaissance par les étudiants de modèles d'entrepreneur qu’ils
souhaiteraient imiter agit positivement sur leur intention entrepreneuriale"), nous nous
sommes fondés sur l’analyse de ANOVA à un facteur. Nous avons réparti ces modèles
d’entrepreneur selon qu’ils font ou non partie de l’entourage immédiat. En ce qui concerne

329
ceux qui en font partie491, la table de FISHER-SNEDECOR donne pour l’échantillon de
référence au seuil α = 0,05 pour 1 et 176 degrés de liberté, une valeur de 3,84, laquelle est
inférieure à celle calculée et reprise dans le tableau 73 (F = 4,854 pour un sig. = ,029). Ces
résultats permettent de conclure, au vu des données collectées dans l’échantillon de
référence, à l’influence significative de la connaissance de modèles d’entrepreneur dans
l’entourage immédiat que les étudiants souhaiteraient imiter sur l’intention
entrepreneuriale. Le test de variance va-t-il conforter cette validité statistique au sein de
l’échantillon témoin ?

Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 105 2,809524 ,7068909 ,0689855 2,672723 2,946325 1,3333 4,0000
1 73 2,552511 ,8429431 ,0986590 2,355838 2,749185 1,0000 4,0000
Total 178 2,704120 ,7737667 ,0579963 2,589667 2,818573 1,0000 4,0000

ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 2,844 1 2,844 4,854 ,029
Intra-groupes 103,128 176 ,586
Total 105,973 177

Tableau 73 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la


connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Les calculs, dont le détail est présenté dans le tableau ci-dessous, indiquent une
influence significative de la connaissance et la volonté d’imiter des modèles
d’entrepreneur dans l’entourage immédiat sur l’intention entrepreneuriale. En effet, la
valeur critique de F pour α = 0,05 et 1 et 174 degrés de liberté est égale à 3,84. La valeur
observée de F lui est largement supérieure (F = 12,422 ; sig. = ,001).

491
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.1.

330
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 64 2,067708 ,6234107 ,0779263 1,911985 2,223432 1,0000 3,6667
1 112 1,741071 ,5724923 ,0540954 1,633878 1,848265 1,0000 2,6667
Total 176 1,859848 ,6104312 ,0460130 1,769037 1,950660 1,0000 3,6667

ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 4,345 1 4,345 12,422 ,001
Intra-groupes 60,864 174 ,350
Total 65,210 175

Tableau 74 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la


connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat (échantillon
"DESS CAAE")

Nous allons effectuer les mêmes opérations pour la connaissance de modèles


d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat que les étudiants souhaiteraient imiter.
L’analyse ANOVA à un facteur (tableau 75) laisse apparaître une influence significative
de la connaissance de ces modèles et du souhait de poursuivre la même carrière qu’eux sur
l’intention des étudiants. La table statistique donne pour α = 0,05 et 1 et 176 degrés de
liberté, une valeur de F égale à 3,84 ; celle-ci est inférieure à la valeur observée de cet
indicateur (F = 8,045 ; sig. = 0,005).

Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 81 2,880658 ,6568203 ,0729800 2,735424 3,025893 1,0000 4,0000
1 97 2,556701 ,8343350 ,0847139 2,388545 2,724857 1,0000 4,0000
Total 178 2,704120 ,7737667 ,0579963 2,589667 2,818573 1,0000 4,0000

331
ANOVA
INTENT
Somme des carrés Ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 4,632 1 4,632 8,045 ,005
Intra-groupes 101,340 176 ,576
Total 105,973 177

Tableau 75 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la


connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Cet effet se retrouve au sein de l’échantillon "DESS CAAE" dont les caractéristiques de
l’analyse de la variance sont détaillées dans le tableau ci-dessous. L’influence sur
l’intention entrepreneuriale de la connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de
l’entourage immédiat et le désir de les imiter est significative. La valeur observée du
coefficient de FISHER-SNEDECOR (F = 11,175 ; sig. = 0,001) est nettement supérieure à
la valeur critique (3,84 au seuil α = 0,05, pour 1 et 174 degrés de liberté).

Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 32 2,177083 ,5078903 ,0897832 1,993969 2,360197 1,3333 3,0000
1 144 1,789352 ,6103822 ,0508652 1,688807 1,889897 1,0000 3,6667
Total 176 1,859848 ,6104312 ,0460130 1,769037 1,950660 1,0000 3,6667

ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes 3,936 1 3,936 11,177 ,001
Intra-groupes 61,274 174 ,352
Total 65,210 175

Tableau 76 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la


connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat
(échantillon "DESS CAAE")

332
Ainsi, quel que soit l’échantillon et le fait que les modèles d’entrepreneur font ou non
partie de l’entourage immédiat, plus les étudiants en connaissent avec une volonté de les
imiter, plus forte est leur intention entrepreneuriale. Nous concluons, sur la base des
analyses de la variance et conformément à nos attentes, que l’hypothèse 5 n’est pas
rejetée au sein des deux échantillons. Celle-ci étant validée, nous mettons en évidence
des aspects liés à la connaissance de modèles d’entrepreneur que nous avons collectés à
travers le questionnaire.

Le tri croisant l’existence de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat que les
étudiants souhaiteraient imiter avec les deux populations de l’étude (tableau 77) recense
que presque 60% des étudiants de l’échantillon de référence affichent leur souhait
d’emprunter les mêmes voies que ces modèles (59%). Ce taux se réduit à un peu plus
d’un tiers pour les individus de l’échantillon "DESS CAAE" (36,4%).

CONNAISSANCE DE MODELES DIPLOME


D’ENTREPRENEUR DANS DESS, formations ou programmes en écoles DESS CAAE
L’ENTOURAGE IMMEDIAT de management et gestion en entrepreneuriat
ou en création d’entreprise
nb en % nb en %
Oui 105 59,0 64 36,4
Non 73 41,0 112 63,6
Total 178 100,0 176 100,0
Tableau 77 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage
immédiat-échantillons"

Une analyse détaillant les moyennes de l’intention entrepreneuriale montre, au sein


des deux échantillons, que celles-ci sont plus fortes d’environ 0,25 point pour les
individus connaissant des modèles d’entrepreneur et désireux de les imiter (tableau 78).
Cependant, qu’ils connaissent ou pas de tels modèles, ces moyennes sont plus élevées de
presque 0,8 point au sein des étudiants "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise". Les diagrammes
joints en annexe 14 illustrent ces différences.

333
CONNAISSANCE DE MODELES DIPLOME
D’ENTREPRENEUR DANS DESS, formations ou programmes en DESS CAAE
L’ENTOURAGE IMMEDIAT écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise
INTENTION ENTREPRENEURIALE
Oui Moyenne 2,81 2,07
Nb 105 64
Non Moyenne 2,55 1,74
Nb 73 112
Tableau 78 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage
immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale"

Une étude plus fine recensant le nombre de ces modèles d’entrepreneur pour lesquels
les étudiants manifestent le vœu d’emprunter les mêmes parcours montre que plus de 60%
des individus de l’échantillon "DESS CAAE" connaissent au moins un entrepreneur dans
leur entourage contre moins de 40% pour ceux de l’échantillon de référence (soit
respectivement 60,9% et 38,1%)492. Il est important de signaler que la totalité des étudiants
de l’échantillon témoin citent au plus 4 entrepreneurs, alors que plus du dixième (12,4%)
de ceux de l’échantillon de référence en connaissent plus de 4.
DIPLOME
NOMBRE DE MODELES DESS, formations ou programmes en DESS CAAE
D’ENTREPRENEUR DANS écoles de management et gestion en
L’ENTOURAGE IMMEDIAT entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % % nb en % %
cumulé cumulé
1 40 38,1 38,1 39 60,9 60,9
2 35 33,3 71,4 13 20,3 81,3
3 17 16,2 87,6 7 10,9 92,2
4 6 5,7 93,3 5 7,8 100,0
5 et + 7 6,7 100,0
Total 105 100,0 64 100,0
Tableau 79 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur dans l’entourage
immédiat-échantillons"

492
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.2.

334
Pour obtenir une estimation synthétique de ces nombres, nous avons calculé des
indicateurs de position et de dispersion (tableau 80). Il ressort des enquêtes que le score
des moyennes du nombre de modèles d’entrepreneur que les étudiants connaissent et
qu’ils désirent imiter est assez proche dans les deux populations (soit respectivement 2,10
et 1,66 dans les échantillons de référence et témoin).

Cependant, l’écart-type de l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles


de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" est supérieur de
0,23 point à celui de l’échantillon témoin. Cette différence peut s’interpréter, comme nous
l’avons mis en relief plus haut (tableau 79), par les fréquences des valeurs extrêmes (1, 4 et
5 et +) du nombre de modèles d’entrepreneur dans l’échantillon de référence.

DIPLOME
DESS, formations ou programmes en écoles de management et DESS CAAE
gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
Moyenne 2,10 1,66
Nb 105 64
Ecart-type 1,200 ,963
Tableau 80 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de
modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-échantillons"

Nous avons affiné davantage l’analyse en identifiant les liens de parenté ou d’amitié
entre les individus des deux échantillons et les modèles d’entrepreneur qu’ils veulent
imiter. Présentées dans le tableau suivant, les données recueillies dans l’échantillon de
référence placent les parents en première position avec près de 60% (soit 57,1%). Juste
derrière, les amis sont cités avec plus de 45%493. Pour plus d’un tiers (35,2%), les
étudiants connaissent d’"autre membres de leur famille" qui représentent des modèles à
suivre. Les frères et sœurs se détachent en dernière place avec une fréquence inférieure à
10% (8,6%).

493
Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondus simultanément de façon dichotomique à
plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.3).

335
S’agissant de l’échantillon "DESS CAAE", ce sont les amis qui, avec un score
supérieur à 50%, attirent le plus les étudiants vers les chemins de l’entrepreneuriat
(53,1%). Les parents sont cités dans des proportions dépassant 45% (soit 45,3%). Les
"autres membres de la famille" représentent près d’un tiers (29,7%) des modèles
d’entrepreneur que les étudiants souhaitent imiter. Les frères et sœurs figurent avec une
faible part excédant à peine 10% (12,5%).

DIPLOME
LIEN DE PARENTE OU DESS, Formations ou programmes en Ecoles de DESS CAAE
D’AMITIE Commerce en création d’entreprise ou en entrepreneuriat
Nb en % nb en %
Parents Oui 60 57,1 29 45,3
Non 45 42,9 35 54,7
Total 105 100,0 64 100,0
Amis Oui 49 46,7 34 53,1
Non 56 53,3 30 46,9
Total 105 100,0 64 100,0
Autres membres de la famille Oui 37 35,2 19 29,7
Non 68 64,8 45 70,3
Total 105 100,0 64 100,0
Frères ou sœurs Oui 9 8,6 8 12,5
Non 96 91,4 56 87,5
Total 105 100,0 64 100,0
Tableau 81 - Tri croisé "lien de parenté ou d’amitié avec les modèles d’entrepreneur
de l’entourage immédiat-échantillons"

Nous allons respecter les mêmes étapes de calcul concernant la connaissance de


modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat. Le tableau suivant montre que
plus du double des étudiants de l’échantillon de référence, par rapport à l’échantillon
témoin, déclarent connaître des entrepreneurs en dehors de leur entourage et qu’ils désirent
les prendre comme exemples (soit respectivement 45,5% et 18,2%)494.

494
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.4.

336
DIPLOME
CONNAISSANCE DE MODELES DESS, formations ou programmes en DESS CAAE
D’ENTREPRENEUR EN DEHORS écoles de management et gestion en
DE L’ENTOURAGE IMMEDIAT entrepreneuriat ou en création d’entreprise
Nb en % nb en %
Oui 81 45,5 32 18,2
Non 97 54,5 144 81,8
Total 178 100,0 176 100,0
Tableau 82 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de
l’entourage immédiat-échantillons"

Une répartition selon la connaissance ou non de modèles d’entrepreneur indique que


dans les deux échantillons, les moyennes de l’intention entrepreneuriale sont plus
élevées d’environ 0,3 point chez les individus connaissant des modèles d’entrepreneur
(tableau 83). Respectivement, elles affichent des scores de l’ordre de 2,88 et 2,18 au sein
des échantillons "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" et DESS CAAE". Dans l’ordre, ces valeurs
chutent à 2,56 et 1,79. L’annexe 15 schématise cette baisse.

CONNAISSANCE DE MODELES DIPLOME


D’ENTREPRENEUR EN DEHORS DESS, formations ou programmes en écoles DESS CAAE
DE L’ENTOURAGE IMMEDIAT de management et gestion en entrepreneuriat
ou en création d’entreprise
INTENTION ENTREPRENEURIALE
Oui Moyenne 2,88 2,18
Nb 81 32
Non Moyenne 2,56 1,79
Nb 97 144
Tableau 83 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de
l’entourage immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale"

Les résultats concernant le nombre de ces modèles laissent apparaître dans l’échantillon
"DESS CAAE" que 90% des individus connaissent au plus 2 entrepreneurs (tableau
84)495. Ce score est réduit de 20% chez les étudiants de l’échantillon "DESS, formations

495
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.5.

337
ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise" (soit respectivement 90,6% et 70,4%). Seul un dixième (10%) de la
population témoin connaît 3 entrepreneurs et plus, contre un peu moins d’un tiers pour
la population de référence (29,6%).

NOMBRE DE MODELES DIPLOME


D’ENTREPRENEUR EN DESS, formations ou programmes en DESS CAAE
DEHORS DE écoles de management et gestion en
L’ENTOURAGE IMMEDIAT entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % % cumulé nb en % % cumulé
1 25 30,9 30,9 14 43,8 43,8
2 32 39,5 70,4 15 46,9 90,6
3 13 16,0 86,5 1 3,1 93,8
4 8 9,9 96,3
5 et + 3 3,7 100,0 2 6,3 100,0
Total 81 100,0 32 100,0
Tableau 84 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage
immédiat-échantillons"

Pour compéter l’analyse sur le nombre de modèles d’entrepreneur hors entourage


immédiat, nous présentons des indicateurs de position et de dispersion (tableau 85). Les
coefficients des moyennes sont assez proches dans les deux échantillons (soit
respectivement 2,18 et 1,78 dans les échantillons de référence et témoin). Il n y a pas de
différence notable entre les deux écarts-types des deux échantillons de l’enquête.

DIPLOME
DESS, formations ou programmes en écoles de management et DESS CAAE
gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
Moyenne 2,18 1,78
Nb 81 32
Ecart-type 1,174 1,008
Tableau 85 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de
modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat-échantillons"

338
Nous avons demandé aux étudiants de nous citer les noms de modèles d’entrepreneur
qu’ils désirent imiter496. L’annexe 16 montre que la primauté ne revient pas à des
entrepreneurs de renom, mais plutôt aux entrepreneurs chez lesquels ces étudiants ont
travaillé ou effectué un stage. Ces entrepreneurs sont cités dans presque un tiers des cas
(30,8%). B. GATES, J.-M. MESSIER, F. PINAULT et B. TAPIE sont relégués au second
rang ; chacun d’eux occupe une fréquence dépassant légèrement le dixième (13,5%).
Dans des parts négligeables n’excédant pas à chaque fois 5%, les étudiants font notamment
référence à R. BRANSON, J.-M. FOLTZ, L. SCHWEITZER et à des entrepreneurs
intervenant dans leur Mastère497.

Enfin, nous ne pouvons exploiter les questions relatives aux supports médiatiques
dans lesquels les étudiants ont pris connaissance de ces modèles498. En effet, seule une
vingtaine d’étudiants des deux échantillons ont, à cet égard, fait acte de réponse. Ce
nombre n’est pas quantitativement (d’un point de vue statistique) significatif.

Les quatre hypothèses concernant les normes subjectives étant de la sorte vérifiées, nous
allons procéder à l’examen de l’influence des perceptions du contrôle comportemental sur
l’intention entrepreneuriale.

9.2.3. Les effets des perceptions du contrôle comportemental sur l’intention


entrepreneuriale

Les impacts des perceptions du contrôle comportemental sur l’intention entrepreneuriale


sont appréhendés à travers les aptitudes que les étudiants acquièrent par le biais des
programmes et des formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat,
les aptitudes qu’ils développent par l’exercice de responsabilités et la prise de décisions
importantes lors d’expériences professionnelles ainsi que les responsabilités associatives.
Nous allons successivement examiner la validité statistique des hypothèses
correspondantes.

496
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.6. Les résultats concernant
l’échantillon "DESS CAAE" ne sont pas reportés car seuls 9 étudiants ont répondu.
497
Les totaux dépassent 100% car les étudiants peuvent cités plusieurs noms en même temps.
498
Cf. supra., p. 227-228, "7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur", la question 3.7.

339
9.2.3.1. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais
de la formation

L’effet des perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec
la formation sur l’intention entrepreneuriale est exprimé par l’hypothèse 6a ("les
perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
programmes et les formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat
ou en création d’entreprise influencent positivement l’intention entrepreneuriale").
Rappelons que celle-ci est à vérifier uniquement au sein de l’échantillon de référence car le
suivi de programmes ou de formations en entrepreneuriat est ce qui le différencie de la
population témoin. Ces perceptions étant opérationnalisées sous forme de variable
quantitative499, il convient de procéder à une régression simple.

Cette dernière, détaillée dans le tableau 86, montre une corrélation satisfaisante entre les
perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par la formation et l’intention
entrepreneuriale. L’intensité de cette relation est évaluée à 35,6% (R). La part de la
variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par ces perceptions est égale à 12,2% ;
la qualité de l’ajustement de la relation obtenue par la régression simple est donc
acceptable et le lien en est significatif. En effet, la valeur observée du coefficient F
(25,542 pour un sig. = ,000) est largement supérieure à la valeur critique (3,84, au seuil α =
0,05, pour 1 et 176 degrés de liberté).

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 PERCFOR a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,356 a ,127 ,122 ,7251260
a : valeurs prédites : (constantes), PERCFOR.

499
Cf. supra., p. 228-230, "7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial", la question 4.3.

340
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 13,430 1 13,430 25,542 ,000 a
Résidu 92,542 176 ,526
Total 105,973 177
a : valeurs prédites : (constantes), PERCFOR.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) -4,834E-02 ,547 -,088 ,930
PERCFOR 1,034 ,205 ,356 5,054 ,000
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 86 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales que développent les étudiants grâce aux
programmes et formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise ont donc un effet
significatif sur leur intention entrepreneuriale. Plus les étudiants perçoivent ces aptitudes
entrepreneuriales, meilleure est leur intention entrepreneuriale. L’hypothèse 6a n’est pas
rejetée au sein de l’échantillon de référence.

9.2.3.2. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais
des expériences professionnelles

L’impact des perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent
avec les expériences professionnelles sur l’intention entrepreneuriale s’exprime par
l’hypothèse 6b ("les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités et la prise individuelle de décisions importantes lors d’expériences
professionnelles (travail ou stage) influencent positivement l’intention entrepreneuriale").
Ces perceptions sont opérationnalisées sous forme de variable quantitative500, nous allons
donc effectuer une analyse de régression linéaire simple.

500
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.9.

341
Celle-ci laisse apparaître un coefficient de corrélation acceptable (R = 25,7%). La
proportion de la variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par les perceptions des
aptitudes entrepreneuriales acquises avec les expériences professionnelles est égale à
6,1%. La qualité de l’ajustement obtenue par la régression est évaluée à 12,167 pour un
sig. = 0,01. Cette valeur observée est supérieure à la valeur critique de F (3,84, au seuil α =
0,05 pour 1 et 172 degrés de liberté).

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 PERCEXP a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,257 a ,066 ,061 ,7392438
a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 6,649 1 6,649 12,167 ,001 a
Résidu 93,995 172 ,546
Total 100,644 173
a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 2,110 ,172 12,239 ,000
PERCEXP ,275 ,079 ,257 3,488 ,001
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 87 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Ainsi, les perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les expériences
professionnelles ont une influence significative sur l’intention entrepreneuriale des
étudiants. Plus ceux-ci perçoivent ces aptitudes entrepreneuriales, plus élevée est leur

342
intention entrepreneuriale. L’hypothèse 6b n’est pas rejetée au sein de l’échantillon de
référence.

Pour savoir si elle ne l’est pas au sein de l’échantillon "DESS CAAE", nous allons nous
intéresser au score du R2 ajusté (tableau 88). Celui-ci est quasi nul (-0,003). En outre, le
coefficient F observé (0,463 ; sig. = 0,497) est inférieur au F calculé pour 1 et 159 degrés
de liberté (F = 3,84 ; sig. = 0,05). Il n’existe donc pas de lien significatif entre les
perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les expériences professionnelles
et l’intention entrepreneuriale. La régression simple ne révèle pas de liaison linéaire
significative. En conséquence, l’hypothèse 6b est rejetée au sein de la population
témoin.

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 PERCEXP a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,054 a ,003 -,003 ,6031929
a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,168 1 ,168 ,463 ,497 a
Résidu 57,851 159 ,364
Total 58,019 160
a : valeurs prédites : (constantes), PERCEXP.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 1,729 ,171 10,125 ,000
PERCEXP 6,344E-02 ,093 ,054 ,681 ,497
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 88 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles (échantillon "DESS CAAE")

343
Ayant été validée par la régression linéaire simple au sein de l’échantillon de référence,
nous allons mettre en exergue des aspects de l’hypothèse 6b qui décrivent les expériences
professionnelles des étudiants. Dans un premier temps, nous allons exposer leur nombre.

Sur 178 étudiants, 174 déclarent avoir une expérience professionnelle501. Parmi ceux-ci
(tableau 89)502, presque la moitié en a eu deux ou trois (soit respectivement 23,0% et
20,7%). Un tiers (33,9%) ont travaillé dans cinq entreprises ou plus. Le reste (un
cinquième) a travaillé dans une ou quatre entreprises (soit dans l’ordre 9,2% et 13,2%).

DESS, formations ou programmes en écoles de management et


NOMBRE gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
D’ENTREPRISES nb en % % cumulé
1 9,2 9,2 9,2
2 23,0 23,0 32,2
3 20,7 20,7 52,9
4 13,2 13,2 66,1
5 et + 33,9 33,9 100,0
Total 174 100,0
Tableau 89 - Tri croisé "nombre d’entreprises - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise""

Nous avons demandé aux étudiants de nous renseigner sur l’expérience professionnelle
qui leur a semblé la plus significative en termes de prises de responsabilité et de décision.
Dans une première analyse portant sur la nature du contrat de travail (tableau 90)503, il
ressort que le stage, avec deux tiers des cas (64,4%), est l’expérience de travail la plus
contractée par les étudiants. Les CDD (Contrat à Durée Déterminée) et les CDI (Contrat à
Durée Indéterminée) en représentent chacun environ 15% (soit respectivement 17,8% et
14,4%). De façon très marginale, les étudiants ont réalisé des missions sous forme
d’intérim, de contrats d’apprentissage, de qualification ou d’adaptation.

501
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.1.
502
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.2.
503
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.3.

344
NATURE DU CONTRAT DESS, formations ou programmes en écoles de management
DE TRAVAIL et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en %
Stages 112 64,4
CDD 31 17,8
CDI 25 14,4
Contrat d'apprentissage 3 1,7
Contrat de qualification 1 0,6
Contrat d'adaptation 1 0,6
Intérim 1 0,6
Total 174 100,0
Tableau 90 - Tri croisé "nature du contrat de travail - échantillon "DESS, formations
ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise""

Parmi les types d’organisation où ont été effectuées ces expériences professionnelles,
repris dans le tableau suivant, prédominent les grandes entreprises (34,5%)504. Les
PME/PMI viennent en second rang avec plus d’un quart des cas (26,4%). Les PE (Petites
Entreprises) et les TPE (Très Petites Entreprises) sont citées dans des proportions
inférieures au cinquième (soit respectivement 19,5% et 13,8%). Marginalement, les
étudiants ont effectué leur expérience professionnelle au sein des organisations suivantes :
organisme public ou parapublic, association de moins 49 salariés et organisme public de
plus de 250 salariés et plus.

504
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.4.

345
DESS, formations ou programmes en écoles de management
TYPE D’ORGANISATION et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en %
Grande entreprise (250 et +) 60 34,5
PME/PMI (50 à 249 salariés) 46 26,4
PE (10 à 49 salariés) 34 19,5
TPE (-10 salariés) 24 13,8
Organisme public ou parapublic (nombre de 4 2,3
salariés non indiqué)
Organisme public ou parapublic (-10 salariés) 3 1,7
Association de moins 49 salariés 2 1,1
Organisme public (250 et +) 1 0,6
Total 174 100,0
Tableau 91 - Tri croisé "type d’organisation - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise""

Le croisement de l’expérience professionnelle avec le secteur d’activité laisse


apparaître que les services, dans plus de la moitié des cas (54,0%), dominent largement
(tableau 92)505. L’industrie et les nouvelles technologies y sont représentées chacune pour
un cinquième (soit respectivement 20,1% et 17,2%). Loin derrière, les étudiants citent les
secteurs d’activité suivants : la distribution, la culture, le commerce, la création
d’entreprise et le BTP.

505
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.5.

346
DESS, formations ou programmes en écoles de management
SECTEUR D’ACTIVITE et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en %
Services 94 54,0
Industrie 35 20,1
Nouvelles technologies 30 17,2
Distribution 6 3,4
Culture 4 2,3
Commerce 2 1,1
Création d'entreprise 2 1,1
BTP 1 0,6
Total 174 100,0
Tableau 92 - Tri croisé "secteur d’activité - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise""

Concernant la durée des expériences professionnelles, il ressort nettement du tableau


ci-dessous que 6 mois est un temps médian qui scinde l’échantillon en deux moitiés (soit
respectivement 51,1% et 48,9%)506.

DUREE DE LA DESS, formations ou programmes en écoles de management et


PERIODE DE gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
TRAVAIL (EN MOIS) Nb en % % cumulé
1 4 2,3 2,3
2 18 10,3 12,6
3 43 24,7 37,4
4 20 11,5 48,9
5 4 2,3 51,1
6 et + 85 48,9 100,0
Total 174 100,0
Tableau 93 - Tri croisé "durée de la période de travail - échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise""

506
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.6.

347
Enfin, nous allons terminer la description des expériences de travail en mettant en relief
leur lieu de réalisation507. Un peu plus d’un dixième (13,8%) des étudiants les ont
effectuées à l’étranger (tableau 93). Une subdivision de l’échantillon montre que la
totalité de ces individus provient d’écoles de management et gestion. Ce score ne nous
permet pas d’exploiter les motifs de ces départs à l’extérieur de l’Hexagone car le nombre
d’individus (24) n’est pas quantitativement significatif508.

LIEU DE TRAVAIL DESS, formations ou programmes en écoles de management


et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
Nb en %
Pays d’origine 150 86,2
Etranger 24 13,8
Total 174 100,0%
Tableau 93 - Tri croisé "lieu de travail - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise""

9.2.3.3. Influence des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités


associatives

L’impact des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des responsabilités


associatives sur l’intention entrepreneuriale est formulé au sein de l’hypothèse 6c ("les
aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les responsabilités
associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale"). Pour appréhender cette
influence, nous nous sommes fondés sur la méthode de ANOVA à un facteur car la
variable explicative est qualitative509.

Au sein de l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management


et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise", l’analyse de la variance, dont les
caractéristiques sont reprises dans le tableau ci-dessous, donne une valeur du coefficient F

507
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.7.
508
Cf. supra., p. 224-226, "7.5.2.1. Les expériences de travail", la question 1.8.
509
Cf. supra., p. 226-227, "7.5.2.2. Les centres d’intérêts associatifs", la question 2.3.

348
égale à 0,216, pour un sig. = 0,643. La table de FISHER-SNEDECOR en indique une qui
lui supérieure (pour α = 0,05 et 1 et 116 degrés de liberté, F critique = 3,92).

Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur
Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard
95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 81 2,786008 ,7998414 ,0888713 2,609149 2,962868 1,0000 4,0000
1 37 2,711712 ,8208779 ,1349515 2,438017 2,985406 1,0000 4,0000
Total 118 2,762712 ,8037208 ,0739885 2,616182 2,909242 1,0000 4,0000

ANOVA
INTENT
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes ,140 1 ,140 ,216 ,643
Intra-groupes 75,438 116 ,650
Total 75,578 117

Tableau 94 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Nous concluons donc sur la base des informations collectées et contrairement à nos
attentes, qu’il n y a pas d’influence significative des aptitudes entrepreneuriales que les
étudiants acquièrent avec les responsabilités associatives sur l’intention entrepreneuriale.
Ainsi, l’hypothèse 6c est rejetée au sein de l’échantillon de référence. Qu’en est-il de la
population témoin ?

Les résultats de ANOVA à un facteur prouvent que l’hypothèse 6c est aussi rejetée au
sein de l’échantillon "DESS CAAE" (tableau 95). En effet, la valeur calculée du
coefficient de FISHER-SNEDECOR (F = 0,243 ; sig = 0,624) est inférieure à celle donnée
par la table statistique (F = 3,92, au seuil α = 0,05, pour 1 et 77 degrés de liberté). Ainsi, il
n’existe pas d’influence significative des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les
responsabilités associatives sur l’intention entrepreneuriale.

349
Descriptives
INTENT
Nbre Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
0 47 1,950355 ,6215872 ,0906678 1,767850 2,132859 1,0000 3,6667
1 32 2,020833 ,6275486 ,1109360 1,794578 2,247089 1,0000 3,0000
Total 79 1,978903 ,6209582 ,0698633 1,839816 2,117990 1,0000 3,6667

ANOVA
INTENT
Somme des carrés Ddl Moyenne des carrés F Signification
Inter-groupes ,095 1 ,095 ,243 ,624
Intra-groupes 29,981 77 ,389
Total 30,076 78

Tableau 95 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives (échantillon
"DESS CAAE")

Des réflexions plausibles peuvent étayer le rejet de l’hypothèse 6c au sein des deux
populations. Sur 178 étudiants en "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise" et 176 en "DESS
CAAE", respectivement 118 (66,3%) et 79 (44,8%) ont été engagés dans des structures
associatives. Parmi ceux-là, le tableau ci-dessous montre que 81 (68,6%) et 47 (59,5%) des
étudiants des échantillons de référence et témoin ont occupé un statut de responsable
dans le monde associatif510.

510
Cf. supra., p. 226-227, "7.5.2.2. Les centres d’intérêts associatifs", la question 2.3.

350
DIPLOME
STATUT DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en %
Membre simple
Oui 60 50,8 47 59,5
Non 58 49,2 32 40,5
Total 118 100,0 79 100,0

Responsable

Oui 81 68,6 47 59,5


Non 37 31,4 32 40,5
Total 118 100,0 79 100,0
Tableau 96 - Tri croisé "statut associatif - échantillons

Cependant, une analyse plus approfondie permet de mieux saisir les structures
associatives à l’intérieur desquelles les étudiants ont assuré des responsabilités (tableau
97). Il ressort au sein des deux échantillons, qu’ils les ont majoritairement exercées au
sein de structures scolaires (Bureau Des Elèves, Conseil d’établissement…)511. La faible
activité de ces dernières (rythme des réunions, engagement exigé, compétences
requises…), comparativement à d’autres structures (telles que les partis politiques ou les
syndicats), suggère que les étudiants, dans de telles fonctions, ne développent pas
réellement des aptitudes pouvant influencer leur intention entrepreneuriale.

511
Les totaux dépassent 100% car les interviewés ont répondu simultanément de façon dichotomique à
plusieurs énoncés (Cf. supra., p. 226-227, "7.5.2.2. Les centres d’intérêts associatifs", la question 2.2.).

351
DIPLOME
TYPES DE STRUCTURE DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE
ASSOCIATIVE et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb En %
Association au sein de votre Oui 80 67,8 40 50,6
établissement (B.D.E…)
Non 38 32,2 39 49,4
Total 118 100,0 79 100,0
Association en dehors de Oui 32 29,6 25 32,1
votre établissement
Non 76 70,4 53 67,9
Total 108 100,0 78 100,0
Conseil d'établissement Oui 9 7,6 5 6,3
(lycée, école, université…)
Non 109 92,4 74 93,7
Total 79 100,0 79 100,0
Parti politique Oui 5 4,2 1 1,3
Non 113 95,8 78 98,7
Total 118 100,0 79 100,0
Syndicat Oui 2 1,7 1 1,3
Non 116 98,3 78 98,8
Total 118 100,0 79 100,0
Tableau 97 - Tri croisé "type de structure associative - échantillons

Ayant examiné la validité des trois hypothèses relatives aux perceptions du contrôle
comportemental, nous allons procéder aux estimations économétriques relatives à
l’influence des perceptions de disponibilité des ressources sur l’intention entrepreneuriale.

9.2.4. Influence des perceptions de disponibilité des ressources sur l’intention


entrepreneuriale

Selon les arguments développés dans l’hypothèse 7512 ("les perceptions de disponibilité
des ressources - informations et conseils, finances - influencent positivement l’intention
entrepreneuriale"), deux types de perceptions sont distingués : les perceptions de

512
Cf. supra., p. 201, "6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources".

352
disponibilité des ressources financières et les perceptions de disponibilité des informations
et conseils. Les résultats de l’analyse en composantes principales a mis au jour cette double
composante que nous avons respectivement représentée par les variables "DIFFI" et
"DIFINFCO"513. Celles-ci étant d’essence quantitative, nous allons donc procéder à des
analyses de régression linéaire simple.

Les résultats de la régression de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions


de disponibilité des ressources financières affichent au sein de l’échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en
création d’entreprise" une corrélation négative dont le coefficient est évalué à -9,6%
(tableau 98). Le score du R2 ajusté est nul. La qualité de l’ajustement obtenue par cette
relation linéaire, évaluée à 1,009 pour un sig. = 0,317, n’est pas significative. La valeur
critique de F (3,92 au seuil α = 0,05, pour 1 et 108 degrés de liberté) lui est supérieure.

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFFI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 -,096 a ,009 ,000 ,7031404
a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,499 1 ,499 1,009 ,317 a
Résidu 53,396 108 ,494
Total 53,895 109
a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI.
b : variable dépendante : INTENT.

513
Cf. supra., p. 289-297, "8.3.7. La variable "perceptions de disponibilité des ressources"".

353
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 3,191 ,253 12,610 ,000
DIFFI -9,688E-02 ,096 -,096 -1,005 ,317
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 98 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions de disponibilité des ressources financières (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")

Les perceptions de disponibilité des ressources financières n’influencent donc pas


l’intention entrepreneuriale. Qu’en est-il des perceptions de disponibilité des informations
et conseils ?

L’analyse de régression exposée dans le tableau suivant indique des coefficients de


corrélation et de détermination linéaire quasi nuls (R = -1,5% et R2 = -0,9%). En outre,
le coefficient F observé (0,025 ; sig. = 0,874) est inférieur au F calculé pour 1 et 108
degrés de liberté (F = 3,92 ; sig. = 0,05). Il en résulte que les perceptions de disponibilité
des informations et conseils n’ont pas d’impact sur l’intention entrepreneuriale.

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFINFCO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 -,015 a ,000 -,009 ,7063356
a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,013 1 ,013 ,025 ,874 a
Résidu 53,882 108 ,499
Total 53,895 109
a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO.
b : variable dépendante : INTENT.

354
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 2,976 ,204 14,592 ,000
DIFINFCO -1,389E-02 ,087 -,015 -,159 ,874
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 99 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions de disponibilité des informations et conseils (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")

Contrairement à l’hypothèse de départ et au vu des données recueillies, les régressions


simples ne révèlent pas de liaisons linéaires significatives entre les perceptions de
disponibilité des ressources (financières, informations et conseils) et l’intention
entrepreneuriale. En conséquence, l’hypothèse 7 est rejetée au sein de la population de
référence.

Au sein de l’échantillon témoin, l’examen de l’effet des perceptions de disponibilité des


ressources financières sur l’intention entrepreneuriale mis en évidence par l’analyse de
régression laisse apparaître des coefficients de corrélation et de détermination linéaire
quasi nuls (R = 0,7% et R2 = -2,1%). La qualité de l’ajustement obtenue n’est pas
significative. En effet, la valeur critique du coefficient de FISHER-SNEDECOR (F = 3,92
au seuil α = 0,05, pour 1 et 108 degrés de liberté) est supérieure à celle observée (F =
0,002 pour un sig. = 0,963).

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFFI a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,007 a ,000 -,021 ,5325208
a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI.

355
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,001 1 ,001 ,002 ,963 a
Résidu 13,328 47 ,284
Total 13,329 48
a : valeurs prédites : (constantes), DIFFI.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 2,386 ,333 7,174 ,000
DIFFI 5,192E-03 ,112 ,007 ,046 ,963
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 100 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions de disponibilité des ressources financières (échantillon "DESS CAAE")

Nous en déduisons que les perceptions de disponibilité des ressources financières


n’exercent pas d’influence sur l’intention entrepreneuriale. Nous allons réaliser les
mêmes calculs pour s’enquérir de l’effet des perceptions de disponibilité des informations
et conseils sur l’intention entrepreneuriale.

Le test de la régression montre que la corrélation entre les perceptions de disponibilité


des informations et conseils et l’intention entrepreneuriale est très faible (7,8%). La
proportion de la variance de l’intention entrepreneuriale expliquée par ces perceptions est
quasi nulle (-1,6%). La qualité de l’ajustement obtenue par la régression n’est donc pas
significative. En fait, le lien unissant ces deux variables n’est pas significatif ; la valeur
critique de F (4,08, au seuil α = 0,05 pour 1 et 47 degrés de liberté) est supérieure à la
valeur observée (F = 0,246 ; sig. = 0,662). Nous en concluons que les perceptions de
disponibilité des informations et conseils n’ont pas d’effet sur l’intention entrepreneuriale.

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFINFCO a , Introduire
a : toutes variables requises introduites.
b : variable dépendante : INTENT.

356
Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,072 a ,005 -,016 ,5311426
a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression ,070 1 ,070 ,246 ,662 a
Résidu 13,259 47 ,282
Total 13,329 48
a : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 2,296 ,226 10,179 ,000
DIFINFCO 4,592E-02 ,093 ,072 ,496 ,622
a : variable dépendante : INTENT.

Tableau 101 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux


perceptions de disponibilité des informations et conseils (échantillon "DESS CAAE")

Les résultats statistiques ne montrent pas de liaisons linéaires significatives entre les
perceptions de disponibilité des ressources (financières, informations et conseils) et
l’intention entrepreneuriale. En conséquence, l’hypothèse 7 est aussi rejetée au sein de la
population de témoin.

Il est possible que ce rejet soit le fait que les idées ou les projets des étudiants ne sont
pas à une phase poussée de formalisation permettant de s’enquérir des ressources
nécessaires à leur concrétisation514. De ce fait, ils ne perçoivent pas les entraves relatives à
la création d’entreprise.

Pour se prononcer sur la qualité et la contribution apportées par chacune des variables
quantitatives à l’explication et la prédiction de l’intention entrepreneuriale, nous réalisons
une régression multiple qui rend compte de la qualité du modèle que nous avons élaboré.

514
Cf. infra., p. 317-318, "9.2.1.2. L’influence de la recherche d’informations tableau 63".

357
9.2.5. Les effets concomitants des variables quantitatives sur l’intention entrepreneuriale

L’influence simultanée de l’ensemble des variables explicatives métriques sur


l’intention entrepreneuriale se teste grâce à la régression multiple. Celle-ci est une
extension de la régression linéaire simple faisant intervenir plusieurs variables
indépendantes. Les objectifs de la régression multiple sont globalement les mêmes que
ceux de la régression simple. Premièrement, il s’agit, d’expliquer les variations de la
variable dépendante à partir de celles de par plusieurs variables indépendantes supposées
être à l’origine de ces variations. Deuxièmement, le but est aussi de déterminer l’intensité
de cette relation. Enfin, comparativement à la régression simple, celle qualifiée de multiple
offre l’avantage d’analyser les contributions apportées par chacune des variables
explicatives dans l’interprétation du phénomène étudié515.
Par ailleurs, l’analyse de régression multiple, notent Y. EVRARD et alii (1997, p. 457),
a pour objet d’identifier un modèle qui soit "parcimonieux… A niveaux de pouvoir
explicatif comparables (c’est-à-dire non significativement différents du point de vue
statistique), on préférera le modèle le plus simple", c’est-à-dire celui qui inclut le plus petit
nombre de variables explicatives.

Pour l’échantillon de référence, les variables quantitatives qui sont censées expliquer et
prédire l’intention entrepreneuriale ("INTENT") sont : la recherche d'informations dans le
but de formaliser certains aspects de l'idée ou du projet d'entreprise ("RINFO") ; le besoin
d’accomplissement ("ACCOMPLI") ; la recherche de l'autonomie ("RECHAUTO") ; la
propension à la prise de risque qui se manifeste par des perceptions négatives ("ECHEC")
ou positives ("UTI") des conséquences de la disparition de l’entreprise que les étudiants
seraient amenés à créer ; les perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants
acquièrent avec les programmes et les formations de spécialisation ou d’accompagnement
en entrepreneuriat ("PERCFOR") ; les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants
acquièrent avec les responsabilités et la prise individuelle de décisions importantes lors
d’expériences professionnelles ("PERCEXP") et enfin, les perceptions de disponibilité des
ressources financières ("DIFFI") et des informations et conseils ("DIFINFCO")516.

515
J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, op.cit., p. 410-411).
516
Deux variables qualitatives explicatives ne sont pas intégrées dans le modèle de régression : l’existence
d’une idée ou d’un projet d’affaire et la connaissance de modèles d’entrepreneur.

358
Pour estimer l’influence conjointe de ces variables sur l’intention entrepreneuriale, nous
procédons à une régression multiple dont les résultats économétriques sont exposés dans le
tableau 102. Ceux-ci indiquent une bonne corrélation multiple (R = 72,3%) entre
"INTENT" et "RINFO", "ACCOMPLI", "RECHAUTO", "ECHEC", "UTI", "PERCFOR",
"PERCEXP", "DIFFI" ainsi que "DIFINFCO"517. Le coefficient de détermination linéaire
R2 multiple ajusté présente un score très acceptable égal à 0,48. Le modèle est de qualité
satisfaisante puisque les neuf variables indépendantes expliquent la moitié de la variance
de la variable dépendante exprimée dans les données de départ.
L’estimation de la qualité de l’ajustement du modèle est confirmée par le coefficient
F de FISHER-SNEDECOR qui est égal à 11,872 (sig. = 0,000), ce qui est largement
supérieur à la valeur critique donnée par la table statistique (F = 1,96 pour α = 0,05 et 9 et
97 degrés de liberté). Nous en concluons, par conséquent, que la qualité de l’ajustement
obtenue par la régression multiple est significative.

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFINFCO, , Introduire
UTI,
RINFO,
RECHAUTO,
ECHEC,
PERCEXP,
DIFFI,
PERCFOR,
ACCOMPLI a
A : toutes variables requises introduites
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 0,723 a ,523 ,480 ,5473843
A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, UTI, RINFO, RECHAUTO, ECHEC, PERCEXP, DIFFI,
PERCFOR, ACCOMPLI.

ANOVA b
Modèle Somme des carrés Ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 27,609 9 3,067 11,872 ,000 a
Résidu 25,064 97 ,258
Total 52,673 106
A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, UTI, RINFO, RECHAUTO, ECHEC, PERCEXP, DIFFI,
PERCFOR, ACCOMPLI.
b : variable dépendante : INTENT.

517
Alors que le coefficient de corrélation simple mesure le sens et l’intensité de la relation entre la variable à
expliquer et chacun des régresseurs pris séparément, le coefficient de corrélation multiple R mesure ce sens
et cette intensité entre la variable à expliquer et l’ensemble des régresseurs.

359
Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés T Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) -,688 ,781 -,880 ,381
RINFO ,349 ,062 ,431 5,636 ,000
ACCOMPLI ,174 ,116 ,184 1,495 ,051
RECHAUTO ,234 ,093 ,206 2,529 ,013
ECHEC -,174 ,091 -,152 -1,904 ,040
UTI ,144 ,083 ,141 1,725 ,048
PERCFOR ,484 ,237 ,164 2,038 ,044
PERCEXP ,128 ,075 ,133 1,716 ,049
DIFFI -7,195E-02 ,082 -,070 -,874 ,384
DIFINFCO -2,391E-02 ,070 -,026 -,341 ,734
A : variable dépendante : INTENT
Tableau 102 - Régression multiple de l’intention entrepreneuriale par rapport à
toutes les variables quantitatives (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Les résultats statistiques qui viennent d’être évoqués sont des indicateurs de la liaison
globale entre la variable à expliquer et les variables explicatives. Pour évaluer les
contributions de chacune de ces dernières à l’explication globale du modèle, nous
calculons les valeurs du coefficient partiel de régression Bêta. Celui-ci représente la
variation attendue de la variable à expliquer lorsque une variable explicative "change
d’une unité" et que les autres variables explicatives "sont maintenues constantes ou
contrôlées"518. C’est le coefficient de régression standardisé qui importe (rubrique des
"Coefficients" du tableau précédent), il est calculé sur les mêmes bases que le coefficient
non standardisé, mais il est supposé que "toutes les variables prise en compte dans
l’analyse aient été contrées-réduites", c’est-à-dire ramenées à une moyenne nulle et un
écart-type égal à 1.
L’examen des valeurs de ce coefficient indique que la recherche d’informations
("RINFO") est la variable qui explique le mieux l’intention entrepreneuriale (0,431). Les
variables concernant les motivations psychologiques, "RECHAUTO" et "ACCOMPLI",
contribuent chacune avec des scores de l’ordre de 0,206 et 0,184 à l’explication globale du
modèle. Les variables concernant les perceptions des aptitudes entrepreneuriales,
"PERCFOR" et "PERCEXP", y contribuent avec des coefficients de régression
respectivement égaux à 0,164 et 0,133. Les variables renvoyant à la propension à la prise
de risque, "ECHEC" et "UTI", présentent des contributions successives égales à -0,152 et

518
J.-L. GIANNELLONI et E. VERNETTE (2001, op.cit., p. 412).

360
0,141. Les variables relatives aux perceptions de disponibilité des ressources, "DIFFI" et
"DIFINFCO", indiquent respectivement des valeurs -0,874 et -0,341.

Pour s’enquérir sur les variables qui influencent significativement l’intention


entrepreneuriale, nous avons effectué un test de STUDENT sur chaque coefficient de
régression. Ce test permet, le cas échéant, d’éliminer les variables explicatives dont la
contribution au modèle de régression ne serait pas significative519. Ainsi le test de T de
STUDENT conduit à un modèle "plus parcimonieux" (Y. EVRARD et alii, 1997, p. 460).
Il découle des valeurs affichées par T que les variables "RINFO", "ACCOMPLI",
"RECHAUTO", "ECHEC", "UTI", "PERCFOR" et "PERCEXP" contribuent
significativement à l’explication de l’intention entrepreneuriale avec un risque d’erreur
maximum de 0,051 pour chacune d’elles. Par contre, l’influence des variables "DIFFI" et
"DIFINFCO" n’est pas significative.

Au demeurant, pour être pleinement opératoire, la régression multiple doit


s’accompagner d’une indépendance significative entre les variables explicatives. Il ne doit
pas y avoir des corrélations significatives entre ces dernières. Dans le cas contraire, la
multicolinéarité qui en découle peut impliquer ce que J.-L. GIANNELLONI et E.
VERNETTE (2001, p. 413-414) qualifie de "corrélations fallacieuses"520. La matrice des
corrélations (annexe 17) prouve qu’il n y a pas de corrélations significatives entre les
variables explicatives de l’intention entrepreneuriale.

Les résultats des différents tests économétriques exposés ci-dessus permettent de


conclure, au vu des données collectées dans l’échantillon de référence, que "RINFO",
"RECHAUTO" et "ACCOMPLI", "PERCFOR", "ECHEC", "UTI" et "PERCEXP"
influencent significativement l’intention entrepreneuriale. "DIFFI" et "DIFINFCO"
n’exercent pas d’impact significatif. Ainsi, la régression multiple valide et rejette les
mêmes hypothèses que les régressions simples.

519
Leur élimination de la régression ne changera pas de façon significative la qualité de l’ajustement global
du modèle, c’est-à-dire la valeur du R2 ajusté.
520
On pourrait calculer une corrélation significative (donc un R2 significatif aussi) entre la variable
explicative et la variable à expliquer, alors qu’il n’existe aucune relation entre celles-ci. Cette relation serait
due à une troisième variable, incluse ou non dans le modèle.

361
Au sein de l’échantillon témoin, nous allons effectuer les mêmes calculs
économétriques pour estimer l’influence conjointe et la contribution de chacune des
variables indépendantes à l’explication de l’intention entrepreneuriale (tableau 103). Les
facteurs introduits dans la régression multiple sont les mêmes que ceux concernant
l’échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise", à l’exception de la variable relative aux
perceptions des aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
programmes et les formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat
("PERCFOR") ; cette dernière différencie les deux populations de l’étude.

Les résultats statistiques montrent une corrélation acceptable (R = 37,1%) entre


"INTENT" et "RINFO", "ACCOMPLI", "RECHAUTO", "ECHEC", "UTI", "PERCEXP",
"DIFFI" ainsi que "DIFINFCO". Par contre, le coefficient de détermination R2 multiple
ajusté présente un score quasi nul (-0,044). La qualité du modèle est nulle car les 8
variables indépendantes n’ont aucun pouvoir explicatif et prédictif sur l’intention
entrepreneuriale. L’estimation de la qualité de l’ajustement du modèle donne une valeur
de F égale à 0,759 (sig. = 0,640). Celle-ci est inférieure à la valeur critique reprise dans la
table statistique (F = 2,18, pour α = 0,05 et 8 et 38 degrés de liberté). Cette qualité obtenue
par la régression multiple n’est donc pas significative.

Variables introduites/éliminées b
Modèle Variables Variables Méthode
introduites éliminées
1 DIFINFCO, , Introduire
DIFFI,
RECHAUTO,
RINFO,
PERCEXP,
ACCOMPLI,
ECHEC,
UTI a
A : toutes variables requises introduites
b : variable dépendante : INTENT.

Récapitulatif du modèle
Modèle R R-deux R-deux ajusté Erreur standard de l'estimation
1 ,371 a ,138 -,044 ,5483874
A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, DIFFI, RECHAUTO, RINFO, PERCEXP, ACCOMPLI,
ECHEC, UTI.

362
ANOVA b
Modèle Somme des carrés ddl Carré moyen F Signification
1 Régression 1,825 8 ,228 ,759 ,640 a
Résidu 11,428 38 ,301
Total 13,253 46
A : valeurs prédites : (constantes), DIFINFCO, DIFFI, RECHAUTO, RINFO, PERCEXP, ACCOMPLI,
ECHEC, UTI.
b : variable dépendante : INTENT.

Coefficients a
Coefficients non standardisés Coefficients standardisés t Signification

Modèle B Erreur standard Bêta


1 (constante) 2,178 ,908 2,398 ,022
RINFO 1,460E-02 ,123 ,019 ,119 ,906
ACCOMPLI ,112 ,180 ,111 ,625 ,536
RECHAUTO 8,326E-02 ,167 ,087 ,499 ,621
ECHEC -,137 ,173 -,141 -,793 ,433
UTI ,104 ,143 ,143 ,722 ,475
PERCEXP -,292 ,151 -,313 -1,932 ,061
DIFFI -2,067E-02 ,123 -,026 -,169 ,867
DIFINFCO 7,452E-02 ,106 ,114 ,702 ,487
A : variable dépendante : INTENT
Tableau 103 - Régression multiple de l’intention entrepreneuriale par rapport à
toutes les variables quantitatives (échantillon "DESS CAAE")

Les contributions des variables explicatives prises séparément affichent de faibles


valeurs pour le coefficient Bêta, excepté pour les variables "UTI" et "ECHEC"
(respectivement 0,143 et -0,141). Le test de STUDENT estime qu’aucune variable
explicative quantitative ne contribue significativement à l’explication et la prédiction de
l’intention entrepreneuriale.

Les résultats des tests statistiques permettent de conclure, au vu des informations


recueillies dans l’échantillon témoin, qu’aucune variable explicative quantitative n’a
d’impact significatif sur l’intention entrepreneuriale. La régression multiple confirme
ainsi les résultats des régressions simples en rejetant toutes les hypothèses pour
lesquelles les variables dépendantes sont métriques.

Sur la base de l’ensemble des calculs que nous avons effectués, nous pouvons enfin
présenter un modèle de l’intention entrepreneuriale validé au sein d’étudiants suivant un
enseignement à dominante "entrepreneuriat".

363
9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé
dans le cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat

Au fil de cette deuxième étape de l’analyse quantitative, nous avons testé le modèle que
nous avons bâti. S’agissant de l’échantillon de référence, il ressort des tests
économétriques que huit hypothèses sur dix ne sont pas rejetées. Seules sont invalidées
les hypothèses 6c (les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale) et 7 (les
perceptions de disponibilité des ressources (informations et conseils, finances) influencent
positivement l’intention entrepreneuriale).

Le modèle validé et représenté par la figure 19 montre que la moyenne (Moy) de


l’intention entrepreneuriale chez les étudiants détenant une idée ou un projet d’entreprise
plus ou moins formalisé est égale à 2,94 (F = 33,089 ; α = 0,000). Ce score reste proche
pour les étudiants connaissant des modèles d’entrepreneur, à l’intérieur ou en dehors de
leur entourage immédiat et souhaitant les imiter (Moy = 2,81 ; F = 4,854 ; α = 0,029 ; Moy
= 2,88 ; F = 8,045 ; α = 0,005). La recherche d’informations dans le but de formaliser
certains aspects de l'idée ou du projet d'entreprise ("RINFO") est la variable quantitative
qui explique le mieux l’intention entrepreneuriale. Les facteurs renvoyant à des
motivations psychologiques ("RECHAUTO" et "ACCOMPLI") arrivent au second rang.
Par ailleurs, les variables concernant la propension à la prise de risque ("ECHEC" et
"UTI") contribuent de manière nettement significative à l’explication. Enfin, les variables
concernant les perceptions des aptitudes entrepreneuriales ("PERCFOR" et "PERCEXP")
présentent des contributions proches des précédentes.

364
Existence d’une idée ou d’un
projet plus ou moins
LES ATTITUDES formalisé
ASSOCIEES AU
COMPORTEMENT Moy =2,94 ;
F = 33,089 ; α = 0,000
Recherche d’informations

B = 0,431
Besoin d’accomplissement

B = 0,184
Recherche d'autonomie
B = 0,206 INTENTION
LES NORMES
ENTREPRENEURIALE
SUBJECTIVES
Propension à la prise de
risque B = -0,152 ; B = 0,141

Connaissance de modèles
d'entrepreneur Moy = 2,81 ; F = 4,854 ; α = 0,029
Moy = 2,88 ; F = 8,045 ; α = 0,005

Formations et programmes en
LES PERCEPTIONS entrepreneuriat B = 0,164
DU
CONTRÔLE
COMPORTEMENTAL Expériences professionnelles B = 0,133

Figure 19 - Un modèle explicatif et prédictif de l'intention entrepreneuriale validé auprès d’étudiants suivant des programmes ou
des formations en entrepreneuriat

365
Concernant l’échantillon témoin, seules deux hypothèses sont validées. Il s’agit des
hypothèses 1 (l'existence d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins formalisé
influence positivement l'intention entrepreneuriale des étudiants) et 5 (la connaissance par
les étudiants de modèles d'entrepreneur qu’ils souhaiteraient imiter agit positivement sur
leur intention entrepreneuriale). Les variables explicatives exprimant ces hypothèses sont
toutes deux qualitatives. Aucune variable quantitative n’a une influence significative sur
l’intention entrepreneuriale.

Conclusion du chapitre 9

Pour tester la validité du modèle de recherche, nous avons employé des techniques de
régression simple et multiple, de corrélation et le test ANOVA à un facteur. Ceux-ci ont
permis de mettre au jour des facteurs explicatifs et prédictifs de l’intention
entrepreneuriale. Chaque fois que les données et le questionnaire le permettaient, nous
avons procédé à des analyses quantitatives pour mieux cerner et décrire ces facteurs qui
influencent significativement l’intention entrepreneuriale.

L’enseignement de l’entrepreneuriat est, parmi d’autres facteurs contextuels, une des


variables explicatives et prédictives de l’intention entrepreneuriale. Combinés au sein d’un
modèle, ces facteurs se sont révélés pertinents dans le cadre de l’échantillon de référence.
Les variables quantitatives relatives aux attitudes et aux traits psychologiques sont celles
qui contribuent le plus à l’explication et à la prédiction de l’intention entrepreneuriale.
Celles relatives aux perceptions y contribuent dans une moindre mesure.

Cependant, les hypothèses 6c et 7 n’ont pas été validées dans le modèle. Notre
recherche a, certes, une démarche "positive" de validation d’hypothèses. Mais la
vérification n’est pas synonyme de démonstration. Etablir qu’une hypothèse est invalidée
est en soi un résultat intéressant qui peut éclairer des recherches ultérieures traitant de
l’intention en tant que phase importante en amont du processus entrepreneurial.
Ainsi, s’agissant de l’hypothèse 6c, nous avons signalé que la faible activité des
structures associatives scolaires laisse penser que les étudiants ne sont pas confrontés à des
situations où ils acquièrent des aptitudes pouvant influencer leur intention entrepreneuriale.

366
Une étude intégrant le type des structures associatives en tant que critère (lieu)
d’acquisition d’aptitudes entrepreneuriales "associatives" pourrait venir moduler cette
conclusion.
Concernant l’hypothèse 7, nous n’avons pas réussi à mettre au jour des facteurs
pertinents et significatifs relatifs aux perceptions de disponibilité des ressources qui
influencent l’intention entrepreneuriale. Une explication plausible serait que les idées ou
les projets des étudiants ne sont pas à un stade suffisamment avancé de formalisation
pour s’interroger sur les ressources nécessaires à leur concrétisation. De ce fait, ils ne
percevraient pas encore les obstacles liés à la création d’entreprise.

La validation d’un modèle de l’intention entrepreneuriale apporte de nouvelles


connaissances au champ de l’entrepreneuriat. Le processus de recherche que nous avons
mené contient d’autres apports théoriques et pratiques, mais présente aussi des limites tout
en ouvrant la voie à des prolongements qu’il semble nécessaires d’explorer. La conclusion
générale reprend chacun de ses aspects.

367
CONCLUSION GENERALE

"Le cours de la rivière qui va jamais ne s’interrompt, et pourtant ce n’est déjà plus la

même eau".
Kamo No CHÔMEL, "Notes de mon ermitage".

L’objectif de notre thèse est de décrire, d’expliquer et de prédire, dans un contexte de


l’enseignement de l’entrepreneuriat, une phase majeure du processus entrepreneurial
amont : l’intention entrepreneuriale. Dans une perspective processuelle, celle-ci prédit
l'acte d'entreprendre susceptible de se concrétiser.
En situant la problématique de recherche au sein d'un cadre très répandu et appliqué
dans les recherches en entrepreneuriat, à savoir le modèle des dimensions sociales de
l'entrepreneuriat de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982), en se basant sur une théorie
psychosociale de prédiction comportementale, la théorie du comportement planifié de I.
AJZEN (1991), notre recherche confirme que l'entrepreneuriat est au carrefour de
plusieurs disciplines.
L’intention entrepreneuriale est appréhendée à partir d’un modèle hypothético-
déductif au sein duquel trois groupes de variables sont retenus. Le premier groupe contient
les attitudes associées au comportement spécifiées par l’existence d’une idée ou d’un
projet d’affaire et la recherche d’informations. Le deuxième groupe se compose des
normes subjectives exprimées par le besoin d’accomplissement, la recherche de
l’autonomie, la propension à la prise de risque et l’existence de modèles d’entrepreneur. Le
dernier groupe, enfin, renferme les perceptions du contrôle comportemental contenues
par les expériences professionnelles et associatives, l’enseignement de l’entrepreneuriat et
la disponibilité des ressources (financières, informations et conseils)521.

Ce modèle trouve un domaine d’application dans un contexte français d’enseignement


de l’entrepreneuriat. En effet, en mobilisant la méthode de G.A. CHURCHILL (1979)

521
Cf. supra., p. 201-203., "6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale".

368
dans le cadre d’une démarche hypothético-déductive appuyée sur une approche
qualitative de consultations d’experts, le modèle de l’intention entrepreneuriale est
validé auprès de populations étudiantes (universités et écoles de management et gestion de
niveau bac+5) suivant des formations ou des programmes à dominante "entrepreneuriat"522.
Cette validation implique des apports théoriques et pratiques, des limites et des
perspectives de recherche qu’il convient d’exposer.

1. Les apports de la recherche

Etudier l’intention permet d’appréhender comment et pourquoi un individu est engagé


dans un processus pouvant le mener à la création d'entreprise. L'intention représente le
meilleur prédicteur des comportements futurs (L. KOLVEREID, 1997, p. 49 ; N.F.
KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 93 ; N.F. KRUEGER et alii, 2000, p. 412).
L’étude de ce concept central dans le champ de l’entrepreneuriat a des implications
théoriques et pratiques dont les apports concernent plusieurs domaines de ce champ.

Bilan théorique

Le bilan théorique recense des acceptions de plusieurs concepts et deux cadres


d’analyse permettant d’éclairer des travaux ultérieurs. Le processus de recherche que
nous avons suivi exige au préalable une compréhension de l’entrepreneuriat et un
positionnement dans le champ. Le contenu de ce concept ne fait pas l'unanimité. Il n y a
pas de définition consensuelle de l’entrepreneuriat, mais des approches qui conviennent à
des problématiques et des thématiques de recherche. Ainsi, la première contribution est
d’en donner une acception. En mettant l’accent sur la dynamique et la complexité
processuelle, l’entrepreneuriat est une conjonction de facteurs psychologiques,
sociaux, culturels, politiques et économiques523. Dans un contexte précis, il s’exprime à
travers des attitudes, des aptitudes, des perceptions, des motivations et des comportements.
Cependant, la création d'entreprise en constitue la manifestation la plus visible.

522
Cf. supra., p. 364-366, "9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé dans le
cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat".
523
Cf. supra., p. 29-30, "1.1.2. Le positionnement de la recherche : une perspective processuelle".

369
Malgré l’abondance des travaux sur le processus entrepreneurial amont, la littérature ne
distingue pas facilement les différents stades le composant. Ce travail différencie les
phases du processus entrepreneurial amont, dénombre et spécifie le continuum suivant :
la propension, l’intention, la décision et l’acte (figure 7)524. Cette organisation linéaire et
séquentielle des savoirs a pour objectif de rendre le phénomène intelligible et non
"disjoint". Elle permet ainsi aux chercheurs de mieux se positionner dans le champ de
l’entrepreneuriat.

Après avoir "désarticulé" le processus entrepreneurial, le cheminement de la recherche


suppose de fournir une acception de l’intention entrepreneuriale. Celle-ci s’exprime par
une volonté personnelle au sein d’un processus cognitif influencé par le contexte
socioculturel et économique525.

Ce cheminement accorde un intérêt tout particulier au principal acteur du phénomène


entrepreneurial : l’entrepreneur. Pour le saisir, nous conjuguons une perspective
historique et une vision dynamique qui mettent en relief sa métamorphose. La
conception de l'entrepreneur évolue avec le temps, selon la complexité de l'organisation et
de l'activité économique. Les changements sociaux et économiques conditionnent les
comportements et les activités de l'entrepreneur.
Ainsi, sous la forme d’une grille de lecture et d’analyse, nous synthétisons les
principales figures de l’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques (figure
9)526. En distinguant trois dimensions (le risque, la direction et l’innovation) et quatre
grandes époques du capitalisme (marchand, libéral, managérial et entrepreneurial), les
marchands, commerçant et négociant, le manufacturier et le technicien, le manager, les
entrepreneurs virtuel et social dominent selon l’une ou l’autre époque.
En cohérence avec notre approche du concept d’entrepreneuriat, nous présentons une
acception de l’entrepreneur tout en étant conscient que ce concept est en continuelle
métamorphose. C'est en combinant le risque de J.-B. SAY et l'innovation de J.
SCHUMPETER que nous le saisissons. De façon rationnelle, celui-ci réunit et emploie

524
Cf. supra., p. 47-49, "1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus entrepreneurial".
525
Cf. supra., p. 57-59, "1.4.2.2. Un processus cognitif".
526
Cf. supra., p. 85-86, "2.2.3. Les principales figures d’entrepreneur selon les évolutions socio-
économiques".

370
les diverses ressources pour concrétiser une opportunité, en assumant les risques qui
en découlent et en assurant la pérennité de son organisation527.

La diversité des caractéristiques comportementales et psychologiques des entrepreneurs,


des porteurs de projets, des créateurs, de leurs buts ainsi que de leurs projets rend vaine la
recherche d'un modèle général de l’entrepreneur. Il n’en demeure pas moins qu’une
analyse fine de l’évolution des constructions typologiques de l’entrepreneur permet de
distinguer des conceptions statiques et dynamiques528. En dépassant la description de
l'entrepreneur en tant qu’acteur individuel, les typologies doivent intégrer de plus en plus
les variables psychologiques, sociologiques et managériales régissant le processus
entrepreneurial.

Après avoir identifié et mis en perspective des mobiles et des facteurs contingents
pouvant aider à la formulation des hypothèses de recherche, notre réflexion sur un facteur
contextuel susceptible d’influencer l’intention entrepreneuriale, l’enseignement de
l’entrepreneuriat, a abouti à deux contributions essentielles. La première consiste en une
acception de l’enseignement de l’entrepreneuriat permettant d’éclaircir certaines
ambiguïtés dans le cadre d’une thématique pour laquelle il n’existe pas beaucoup de
travaux en France. Ainsi, tout enseignement (programmes ou formations de
sensibilisation, de spécialisation et d’accompagnement et d’appui) dont le but est de
préparer et de développer des perceptions, des attitudes et des aptitudes
entrepreneuriales, est qualifié d’"entrepreneurial"529.
La deuxième contribution renvoie à un cadre général d’analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat en France. Ce cadre conjugue les phases d’intervention de cet
enseignement (sensibilisation, spécialisation, accompagnement et appui), ses objectifs et
les méthodes pédagogiques en œuvre. Il représente un outil pour réfléchir sur de
nouvelles innovations pédagogiques530.

527
Cf. supra., p. 86-87., "2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la
recherche".
528
Cf. supra., p. 89-97, "2.3.2. … au dynamisme des typologies".
529
Cf. supra., p. 128-129, "Chapitre 4 - Un cadre général d'analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat en
France".
530
Cf. supra., p. 151-154., "4.7.2. Elaboration d’un cadre général d'analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat combinant les phases d’enseignement, les objectifs et les pédagogies".

371
Pour ancrer davantage notre démarche dans la modélisation de l’intention
entrepreneuriale, le processus de recherche exige de formuler une acception des attitudes
et des aptitudes entrepreneuriales. Le débat académique laisse subsister un manque
certain dans la définition de ces deux concepts. Selon le point de vue qui intéresse la
problématique, nous retenons de l’attitude sa dimension conative : les actions de
l’individu sont orientées vers le comportement souhaité, l’attitude oriente l’action531.
La clarification des aptitudes entrepreneuriales se décline en une triple dimension532.
Conceptuelle, elle se compose des connaissances et savoirs théoriques que les étudiants
acquièrent avec les enseignements magistraux et les travaux dirigés. Instrumentale, elle
contient les savoir-faire et compétences que les étudiants peuvent retirer des programmes
et formations spécialisés en entrepreneuriat. Expérientielle enfin, elle se concrétise par des
savoir-être et des comportements "entrepreneuriaux" qui sont le produit de différentes
expériences (professionnelles, associatives...).

Dans le protocole empirique, la traduction des construits en variables mesurables a très


peu emprunté à la littérature ; notre contribution a de fait consisté à développer la plupart
des échelles et des questions opérationnalisant les variables à expliquer et la variable
explicative (l’intention entrepreneuriale). Caractérisées par de bons, voire de très bons
scores d’homogénéité533, ces échelles de mesure se sont révélées pertinentes pour
appréhender l'intention entrepreneuriale. Elles peuvent servir de matériau à d’autres
études susceptibles de les valider534.

Enfin, le dernier apport théorique de cette thèse se caractérise par la singularité du


modèle proposé au regard de la littérature existante dans le cas de la France. Testé
auprès d’étudiants suivant des programmes ou des formations en entrepreneuriat, le modèle
de l’intention entrepreneuriale contribue à l'organisation et au développement des
connaissances en vue de mieux éclairer les cheminements au sein du processus
entrepreneurial amont. Les résultats des techniques de régressions simple et multiple, de

531
Cf. supra., p. 181-183, "6.1.1. Les attitudes associées au comportement".
532
Cf. supra., p. 197-198, "6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales".
533
En tenant compte de considérations spécifiques aux différences culturelles, nous avons comparé les
résultats obtenus avec ceux des travaux norvégien, américain et russe. Les résultats trouvé dans le contexte
français sont conformes à ceux trouvés dans d’autres endroits du monde.
534
Cf. supra., p. 260-300, "8.3. Les tests et les analyses de condensation des échelles".

372
corrélation et du test ANOVA à un facteur ont montré des facteurs explicatifs et
prédictifs pertinents de l’intention entrepreneuriale535.
En effet, au sein de l’échantillon de référence ("DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise"),
l’enseignement de l’entrepreneuriat est, parmi d’autres facteurs contextuels et personnels,
une des variables explicatives et prédictives de l’intention entrepreneuriale536. Les variables
quantitatives relatives aux attitudes (existence d’une idée ou d’un projet plus ou moins
formalisé ; recherche d’informations) et aux traits psychologiques (recherche de
l’autonomie ; besoin d’accomplissement ; propension à la prise de risque et connaissance
de modèles d’entrepreneur) sont celles qui contribuent le plus à l’explication et à la
prédiction de l’intention entrepreneuriale. Celles relatives aux perceptions y contribuent le
moins.
Eu égard à la stratégie comparative que nous avons adoptée, nous avons confronté ce
modèle à une population témoin ("DESS CAAE") ne suivant pas d’enseignement en
entrepreneuriat mais comportant des similitudes avec l’échantillon de référence. Nous
avons mis en évidence des différences notables car seules les hypothèses 1 (l'existence
d'une idée ou d'un projet d'entreprise plus ou moins formalisé influence positivement
l'intention entrepreneuriale des étudiants) et 5 (la connaissance par les étudiants de modèles
d'entrepreneur qu’ils souhaiteraient imiter agit positivement sur leur intention
entrepreneuriale) ont été validées dans le cadre de l’échantillon témoin.

Au-delà du caractère académique de production des connaissances, notre thèse a par


ailleurs pour objectif d’améliorer les pratiques dans divers domaines de l’entrepreneuriat
en apportant des outils de gestion et des formes d’opérationnalité aux acteurs concernés.

535
Cf. supra., p. 364-366, "9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé dans le
cadre de l’enseignement de l’entrepreneur".
536
Seules les hypothèses 6c ("les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent avec les
responsabilités associatives influencent positivement l’intention entrepreneuriale") et 7 ("les perceptions de
disponibilité des ressources - informations et conseils, finances - influencent positivement l’intention
entrepreneuriale") ont été rejetées.

373
Bilan pratique

Les principales conclusions de notre travail proposent des instruments capables de


faciliter les pratiques des différents acteurs impliqués au niveau du processus amont de la
création d’entreprise.
Un de nos principaux objectifs de recherche est de vérifier si des programmes ou des
formations en entrepreneuriat influencent l’intention entrepreneuriale. En France, depuis le
milieu des années 1990, les établissements et les écoles de l’enseignement supérieur
intègrent de plus en plus des programmes et des formations en entrepreneuriat en réponse à
des demandes sociales émanant de la part d’étudiants et de différentes institutions
intervenant dans l’appui et le soutien à la création d’entreprise.
Notre recherche apporte des connaissances confortant les investissements pédagogiques,
matériels et humains engagés par l'Etat, les universités (notamment les IAE et les UFR de
Droit, Sciences Economiques et Gestion), les écoles de management et gestion et les
organismes consulaires. Lorsque l’intention entrepreneuriale se forme, qu'elle se concrétise
(de suite ou de façon différée) ou non, une réponse positive est fournie sur l’influence des
programmes et formations en entrepreneuriat sur le processus de passage à l'acte.

Les formations et programmes en entrepreneuriat, combinés avec des variables


contextuelles et personnelles pertinentes, renforcent les perceptions des aptitudes
entrepreneuriales qui à leur tour, influencent positivement l’intention
entrepreneuriale. L’existence d’une idée ou d’un projet et la recherche d’informations en
vue de les formaliser et éventuellement de les concrétiser sont les facteurs qui contribuent
le plus à l’explication et à la prédiction de l’intention entrepreneuriale. Ils expriment un
réel engagement des étudiants dans le processus entrepreneurial amont. Cet
engagement a pour effet opérationnel de détecter parmi les populations estudiantines les
individus possédant une intention entrepreneuriale.
Ce processus de détection constitue un outil de gestion mis à la disposition des
responsables en charge des systèmes d’appui et de soutien à la création d‘entreprise. Ainsi,
il sera plus facile d’accompagner et d’appuyer, par les moyens classiques que l’on connaît
(informations, conseils personnalisés, aides financières et logistiques), des projets et des
idées vers une formalisation et une maturité nécessaires à leur concrétisation.

374
Une autre forme d’opérationnalité de ce processus de sélection est de fournir un cadre
d’analyse à la disposition des responsables de diplômes visant à recruter essentiellement
des candidats potentiellement entrepreneurs. Décelant des variables représentatives de
l’engagement dans le processus de création d’entreprise, ce modèle représente ainsi un
instrument facilitant l’analyse des profils pour le recrutement d’étudiants désireux
d’emprunter la voie entrepreneuriale.

Le cadre général d’analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat que nous avons


élaboré est un outil aidant les responsables de formations souhaitant mettre en place
un enseignement en entrepreneuriat. En effet, en tenant compte des publics concernés,
des niveaux d’intervention de cet enseignement (sensibilisation et information,
spécialisation, accompagnement et appui) et des objectifs pédagogiques, ce cadre permet
de choisir des méthodes pédagogiques appropriées.

Nos apports sont de nature à consolider les orientations adoptées par les différents
organismes (chambres consulaires, associations, incubateurs…) dans la mise en place de
programmes et de formations de spécialisation et d’accompagnement à la création
d’entreprise. Ces apports renforcent l’idée que le système éducatif supérieur peut agir en
tant qu’acteur à part entière dans la promotion de l’entrepreneuriat en assurant une
adéquation entre les demandes sociales en création d’entreprise et les besoins
économiques.

De manière plus générale, cette thèse concerne les étudiants et diplômés d’universités,
d’écoles de management et gestion et d’écoles d’ingénieurs désireux de suivre des
formations en entrepreneuriat ou en création d’entreprise. Elle s’adresse également aux
professeurs et responsables pédagogiques de ces établissements souhaitant répondre aux
demandes croissantes des étudiants dans ce domaine.

Les implications théoriques et pratiques ayant été présentées, nous allons exposer les
principales limites de notre thèse.

375
2. Les limites de la recherche

Les principales limites de cette thèse sont de deux catégories : théoriques inhérentes à la
nature même du sujet (l’intention entrepreneuriale) et plus générales concernant la
démarche empirique adoptée.

Limites inhérentes au sujet

Bien qu’elle s’inscrive dans une perspective processuelle intégrant des dimensions
rétrospective537 et prospective538, l’intention entrepreneuriale n'explique pas le devenir du
processus entrepreneurial. L’une de ses principales limites est qu’elle rend compte d'"une
photographie" du processus entrepreneurial à un moment donné (quelques mois avant
d’intégrer le marché du travail) et dans un contexte précis (suivi de formations ou de
programmes en entrepreneuriat).

La deuxième limite découle de la première. Même si l’état des connaissances actuelles


permet de poser l’hypothèse de stabilité temporelle de l'intention539, force est de
constater que le décalage entre l’action et l’intention pourrait empêcher cette dernière
de se réaliser. En effet, la concrétisation d’une idée ou d’un projet d’entreprise ne peut
être connue qu'ultérieurement avec l’acte de création.
Le processus de création d’entreprise est dynamique et complexe. Il implique des
changements et le temps nécessaire pour que des effets puissent se produire. L’intention est
évolutive selon les circonstances540 ; des facteurs contingents sont susceptibles de la
modifier, et par là même d’agir sur la séquence intention-acte et de "désorienter" de la
sorte, la direction indiquée par l'intention. Ainsi, le passage d'une logique d'intention à
une logique d'action (l'acte de création) est difficile à appréhender.

537
L'intention entrepreneuriale est décrite et expliquée en combinant des événements de l’histoire
"entrepreneuriale" de l'étudiant - facteurs psychologiques et socioculturels - avec le contexte présent dans
lequel il évolue - formation et facteurs économiques -.
538
Dans la mesure où l’intention prédit les comportements.
539
L’intention est suffisamment stable dans le temps pour être isolée et étudiée. L’hypothèse est que les
attitudes, les normes subjectives et les perceptions influencent, sur une période de cinq ans, l'intention
entrepreneuriale.
540
Les trajectoires des individus, les socialisations professionnelle et organisationnelle et les contextes
économiques peuvent avoir, entre autre, des effets sur l’intention.

376
Toute modélisation suppose un processus de sélection et de choix de facteurs
explicatifs du sujet étudié. Les résultats économétriques ont montré, qu’au vu des
informations collectées dans l’enquête, les hypothèses 6c et 7 n’ont pas été validées dans le
cadre de notre modèle. Certes, toute recherche n’atteint pas obligatoirement l’objectif
ambitieux de vérification des hypothèses, mais il est certain que nous n’avons pas réussi
à faire émerger des variables pertinentes relatives aux aptitudes entrepreneuriales que les
étudiants acquièrent avec les responsabilités associatives et aux perceptions de
disponibilité des ressources
Une étude qualitative auprès d’étudiants ou de jeunes créateurs aurait peut être permis
non seulement de faire émerger des facteurs pertinents concernant ces deux aspects, mais
éventuellement d’en mettre en évidence d’autres que la revue de la littérature, les
consultations d’experts et nos réflexions personnelles pourraient avoir ignorés.

Limites propres au protocole empirique

Le cadre empirique que nous avons retenu, s’il comporte nombre d’intérêts, présente
également des limites certaines. Malgré les précautions méthodologiques mises en place, la
rigueur scientifique nous invite à repérer les faiblesses des choix et stratégies opératoires
adoptés. Les limites les plus importantes de la méthodologie empirique concernent deux
aspects. Le premier relève de la composition des échantillons de référence et témoin et
donc, de la comparaison que nous avons effectuée entre ceux-ci. Le deuxième renvoie à
la validité externe des échelles.

L’échantillon de référence contient des étudiants en troisième cycle suivant des


formations ou des programmes à dominante "entrepreneuriat" dans des universités (IAE et
départements Sciences Economiques et AES) et des écoles de management et gestion. Ce
choix est motivé par le fait que ces individus sont dans des contextes qui laissent supposer
que leurs attitudes, leurs normes subjectives et leurs perceptions des aptitudes
entrepreneuriales et de la disponibilité des ressources (financières, informations et
conseils) peuvent se développer et contribuer à la formation de l’intention entrepreneuriale.
En effet, ces sujets sont à quelques mois, voire quelques semaines, d’entamer leur carrière
professionnelle, donc manifestent une large variété d'intentions de carrière.

377
L’approche comparative nous amène à constituer un échantillon témoin dont le critère
distinctif par rapport à la population de référence est le non-suivi de programmes ou de
formations de spécialisation ou d’accompagnement en entrepreneuriat. Dans l’objectif
de maintenir une certaine homogénéité comparative et trouver une contingence au sein de
deux "univers sociaux semblables", notre choix s’est porté sur des étudiants en "DESS
CAAE". Il s’agit de constituer une population estudiantine possédant des
caractéristiques globalement similaires à celles de l’échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise" (le niveau de diplôme - bac+5 -, les disciplines enseignées - sciences de
gestion- et la nature des débouchés sur le marché du travail).

Si la comparaison demeure possible d’un point de vue statistique541, il n’en demeure


pas moins que sur le plan de la constitution des populations observées, certaines
limites sont inéluctables. La première réside dans le biais des procédures de
présélection ou de sélection des candidats aux formations "entrepreneuriales". En
effet, nous n’avons pas pris connaissance des contenus des dossiers de présélection ou de
sélection. Ceux-ci peuvent contenir des éléments qui renseignent sur le projet professionnel
des étudiants (création d’entreprise versus salariat : existence d’un projet ou d’une idée ;
recherche d’informations pour le(la) formaliser), sur leurs motivations entrepreneuriales et
leurs trajectoires individuelles (participation dans des projets importants ou concours de
création d’entreprise…).
Même si nous avions procédé à cette étude des contenus des dossiers, l’entrée dans
certaines formations se fait aussi par entretiens. Dans ce cas, il nous est impossible de
"détecter" les biais dans la sélection.
En somme, le biais d’échantillonnage dans la population de référence subsiste dans
la mesure où certains candidats manifestaient une intention entrepreneuriale avant
même d’intégrer leur formation.

L’opérationnalisation de la plupart des construits de notre enquête constitue certes,


comme nous l’avons indiqué, un apport intéressant pour les recherches entrepreneuriales,
mais présente cependant une limite liée à la validité externe des échelles. Celle-ci ne peut

541
Les nombres d’observations et de variables explicatives sont intégrés dans le calcul du R2 ajusté.
L’ANOVA à un facteur tient aussi compte du nombre d’observations.

378
être vérifiée que par des études portant sur des échantillons de différents établissements et
de différents pays. Leur reproduction consolidera ainsi cette validité et contribuera à leur
généralisation.
Une limite découlant directement de la validité externe renvoie à la difficulté de
confronter les résultats obtenus à ceux émanant d’autres travaux (internationaux). La
comparaison des résultats n’est possible que si les modèles testés sont similaires et les
méthodes déployées pour les analyses sont identiques. En effet, en prenant les précautions
liées à la diversité culturelle, aux différences dans les techniques d’échantillonnage, la
taille des populations et les techniques de calcul, la comparaison ne peut s’opérer que pour
des échelles identiques, c’est-à-dire composées des mêmes items.

Quelles suites donner au travail réalisé et aux résultats obtenus ?

3. Les perspectives de la recherche

Pour progresser, une recherche doit renouveler des problématiques, introduire des
approches différentes et évaluer des perspectives. Ouvrir le débat sur ces dernières
implique, notamment, d’apporter des réponses en vue de pallier certaines limites évoquées.
A ce titre, les explorations que nous souhaitons entreprendre sont de deux natures :
nécessaires et envisageables.

Prolongements indispensables

En premier lieu s’imposera une étude longitudinale sur le lien intention-acte de


création, afin de vérifier la stabilité temporelle de l’intention. Les données
d’identification que nous avons collectées dans la fiche signalétique (le nom, le prénom,
le sexe, l’âge, la nationalité, le type de formation et l’établissement fréquenté) permettent
de localiser les étudiants à travers les associations d’anciens élèves et "les bureaux des
élèves". En effet, ceux-ci tiennent à jour des bases de données de leurs membres.
L’objectif de cette recherche longitudinale est de s’enquérir, dans un délai de trois à
quatre ans, du devenir professionnel des étudiants ayant manifesté une intention
entrepreneuriale. Celle-ci a-t-elle été concrétisée ? Dans l’affirmative, y aurait-il des
facteurs nouveaux influents que nous n’avons pas intégrés dans le modèle ? Dans le cas

379
contraire, il sera intéressant d’appréhender les facteurs personnels et situationnels qui ont
inhibé l’intention. Les opportunités d’emploi et l’inaccessibilité des ressources notamment,
sont des variables qui peuvent se révéler pertinentes.

Pour tester la validité externe des échelles que nous avons développées, il est
indispensable de varier les échantillons. Le modèle de l’intention entrepreneuriale serait-
il valide dans d’autres contextes, auprès de populations ne réunissant pas les mêmes
caractéristiques ? Les variables que nous avons retenues et les opérationnalisations qui en
découlent seraient-elles pertinentes auprès d’étudiants ingénieurs ou d’individus désirant
entreprendre dans le monde associatif ? L’hétérogénéité des trajectoires scolaires,
familiales et professionnelles révélerait peut-être d’autres facteurs explicatifs de l’intention
entrepreneuriale.

Les dernières pistes de recherche qu’il nous semble nécessaire d’explorer concernent le
domaine de l’enseignement de l’entrepreneuriat. Premièrement, nous souhaitons valider
sur un échantillon plus large et varié le cadre général d’analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat en France. Testé auprès de dix formations "DESS" de gestion et
sciences économiques (IAE et départements Sciences Economiques et AES) à dominante
"entrepreneuriat", notre but est d’élargir ce cadre analytique à l’ensemble du système
éducatif supérieur.
L’enquête de terrain consistera à recenser sur le territoire français l’ensemble des
enseignements, des programmes et des formations en entrepreneuriat, les méthodes
pédagogiques en œuvre, les publics concernés et les objectifs fixés. Une distinction doit
être opérée entre, d’une part les types d'établissement (public, para-public et privé) et
d’autre part, les types de formation (gestion et management, scientifiques, autres
formations).
La confirmation de ce cadre d'analyse, susceptible d’aménagements, fournira une
"cartographie" synthétique de l’enseignement de l’entrepreneuriat conjuguant les aspects
ci-dessus. Ce cadre permettra notamment de consolider et d’enrichir les différentes
pratiques pédagogiques en France.
Deuxièmement, sur la base du cadre d’analyse qui serait validé, il paraît nécessaire de
s’interroger sur les pédagogies susceptibles d’être mobilisées pour agir sur les attitudes
et les perceptions, et conséquemment sur l’intention entrepreneuriale.

380
Prolongements envisageables

Au-delà des perspectives directement liées à notre sujet, nous souhaitons approfondir
nos connaissances sur le processus entrepreneurial amont, dans sa phase décisionnelle.
Quels sont les enseignements du modèle de l’intention entrepreneuriale qui
permettent d’aborder et d’appréhender la décision de vouloir entreprendre ?

Enfin, de façon plus large, nous projetons d’explorer l’analyse et la description des
actes de création d’entreprise, en tant que comportements initiant le processus
entrepreneurial aval.

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Education”, Frontiers of Entrepreneurship Research, Babson College, 1999.

411
Annexes

412
Annexe 1 - La théorie VIE de V.H. VROOM (1995)

La théorie VIE (Valence, Instrumentality, Expectation) de V.H. VROOM (1995),


communément traduite par théorie de l'attente, stipule que la tendance qu'a un individu à
agir d'une certaine façon dépend de trois groupes de facteurs :
l'attente par l'individu que l'acte va conduire à des résultats auxquels il aspire ("The
strength of the expectancy that act i will be followed by outcome j"). Cela peut être dans
notre cas pour l’étudiant, que la recherche d’informations pour mieux formaliser son idée
ou son projet d’affaire, lui permettra de concrétiser son intention d’entreprendre. C'est la
dimension "instrumentality" de la théorie VIE ;
la probabilité perçue par l'individu que ces résultats provoqueront des conséquences
ou récompenses ("The cognized instrumentality of outcome j for the attainment of
outcome k"). Dans notre cas, la concrétisation de l’intention permettra à l’individu de
s’accomplir par exemple. Il s'agit de l'"expectation" du modèle VIE ;
la valeur accordée par l'individu aux résultats et ses récompenses ("Valence of
outcome"). C'est par exemple, qu'il soit important pour celui qui a concrétisé son intention
de s’accomplir à travers la création d’entreprise. Cette valorisation représente la "valence"
dans le modèle VIE.

The cognized
instrumentality of
Valence of
outcome j for the
attainment of outcome j
(VJ)
The Force to perform act i

outcome k
(IJK)
Past and
present
The outcome k

The strength
situational
variables of the
Valence of
expectancy
outcome k that act i will
(Vk) be followed
by outcome j
(EIJ)

Empirical coordinates of the model (V.H. VROOM, 1995, p. 32)542

542
Version simplifiée.

413
Ce modèle permet de prédire le comportement "i" ; il tente d’expliquer un choix ou une
intention. Il s'appuie sur les trois équations suivantes :
F =Σ(EIJ*VJ)
F : la force motivationnelle à adopter le comportement i ("The force to
perform act i").
EIJ : l'attente que le comportement i conduira au résultat j ("The strength of
the expectancy act i will be followed by outcome j").
VJ : la valence ou attractivité accordée au résultat j ("the valence of
outcome j").
VJ =Σ(IJK*Vk)
IJK = l'instrumentalité du résultat j pour obtenir les récompenses k ("The
cognized instrumentality of outcome j for the attainment of outcome k").
Vk = la valence accordée aux récompenses k ("the valence of outcome
k").
P =F*A ;
P : la performance, c'est-à-dire la réalisation effective du comportement i.
A : les possibilités effectives (ressources, compétences et opportunités)
de réussir le résultat k.

414
Annexe 2 - Questionnaire Ecoles de management et gestion et DESS entrepreneuriat
et création d’entreprise

Questionnaire Ecoles de Management et Gestion et DESS


Entrepreneuriat et création d’entreprise

Cette enquête est réalisée dans le cadre d'une recherche doctorale. Elle vise à
comprendre l'impact de votre formation, ainsi que de vos expériences personnelles, sur
votre projet professionnel.
Nous vous tiendrons informés des résultats de cette étude par le biais de votre
association des étudiants ou du BDE. Le temps que vous consacrerez à ce questionnaire
n’excédera pas 20 minutes. Nous vous assurons que la confidentialité totale de vos
réponses sera préservée.

1. Les expériences de travail

1.1. Avez-vous travaillé en entreprise ?


Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 2.1.)

1.2. Dans combien d’entreprises avez-vous travaillé ?…….

TRES IMPORTANT POUR LA SUITE DU QUESTIONNAIRE : MERCI DE LIRE


LE PARAGRAPHE CI-DESSOUS EN ENTIER
Si vous avez travaillé dans plusieurs entreprises, veuillez nous renseigner, pour les
questions 1.3. jusqu’à 1.9. sur l’expérience professionnelle qui vous semble la plus
significative en termes de prises de responsabilité et de décision, et d'implication dans
un ou une partie d'un projet.

1.3. Quelle était la nature de votre contrat de travail ?


CDD ˆ CDI ˆ Stages ˆ Intérim ˆ Autre (merci de préciser) ˆ……………...

1.4. Dans quel type d'entreprise ?


TPE (-10 salariés) ˆ PE (10 à 49 salariés) ˆ
PME/PMI (50 à 249 salariés) ˆ Grande entreprise (250 et +) ˆ
Autre (organismes publics, parapublics,… : merci de préciser le nombre de salariés)
ˆ………

1.5. Dans quel secteur d'activité ?


Secteur Merci de préciser
Services ˆ
Industrie ˆ
Nouvelles technologies ˆ
Autre (merci de préciser) ˆ

415
1.6. Combien de mois a duré votre travail ?…………

1.7. Où avez-vous effectué ce travail ?


France ˆ Etranger ˆ

1.8. Si vous avez répondu "Etranger" à la question 1.7., pour quelles raisons étiez-vous
parti ?

1. Opportunité dans le cadre de la formation Oui ˆ Non ˆ


2. Opportunité professionnelle Oui ˆ Non ˆ
3. Rejoindre de la famille Oui ˆ Non ˆ
4. Rejoindre des amis Oui ˆ Non ˆ
5. Découvrir un autre pays Oui ˆ Non ˆ
6. Autre (merci de préciser)

1.9. Dans le cadre de votre travail (cochez une case pour chacune des modalités
suivantes) :

1. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
hommes importante
2. Vous aviez des responsabilités sur un Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
budget importante
3. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
moyens matériels importante
4. Vous aviez à charge de mener ou participer Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
à un projet importante
5. Vous preniez des décisions importantes seul Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
importante
6. Autre (merci de préciser)

2. Les centres d'intérêt associatifs

2.1. Dans combien de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ?……….
(Si vous répondez "0" à cette question, veuillez aller à la question 3.1.)

2.2. Dans quel type de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ? (Vous pouvez
cocher plusieurs réponses selon le nombre de vos activités)

Association au sein de votre établissement (B.D.E, …) ˆ Syndicat ˆ


Association en dehors de votre établissement ˆ Parti politique ˆ
Conseil d'établissement (lycée, école, université,…) ˆ
Autre (merci de préciser) ˆ ………………………………………………………………..

2.3. Vous occupez (occupiez) le statut de ? (Vous pouvez cocher les deux réponses si vous
occupez (occupiez) les deux statuts)

Membre simple ˆ Responsable ˆ

416
2.4. Si vous occupez (occupiez) le statut de responsable, lequel ? (Vous pouvez cocher
plusieurs réponses selon vos différents statuts)
Président ˆ Vice-président ˆ Secrétaire ˆ Trésorier ˆ
Membre du bureau ˆ Membre du Conseil d'administration ˆ
Autre (merci de préciser) ˆ ………………………………………………………………

3. Les modèles d’entrepreneur

3.1. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise,


créateurs d'entreprise) dans votre entourage que vous souhaiteriez imiter ?
Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 3.4.)

3.2. Combien sont-ils ?……..

3.3. Qui sont-ils ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre
d’entrepreneurs)
Parents ˆ Frères ou sœurs ˆ Autres membres de la famille ˆ
Amis ˆ Autre (merci de préciser) ˆ…………………. ……………………………..

3.4. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise,


créateurs d'entreprise) en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ?
Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 4.1.)

3.5. Combien sont-ils ?……..

3.6. Veuillez nous donner des exemples……...……………………………………………..

3.7. Dans quels types de médias les avez-vous connus ? (Vous pouvez cocher plusieurs
réponses)

Le(s)quel(s) ?
1. Ecrits nationaux ˆ
2. Ecrits étrangers ˆ
3. Chaînes radios nationales ˆ
4. Chaînes radios étrangères ˆ
5. Chaînes télévisées nationales ˆ
6. Chaînes télévisées étrangères ˆ

417
4. Le cursus entrepreneurial

4.1. Les enseignements spécifiques à la création d'entreprise que vous avez suivis font que
(cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :

1. devenir créateur d'entreprise me serait Très difficile Difficile Facile Très facile

2. si je voulais, je pourrais facilement poursuivre Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
une carrière de créateur d'entreprise d'accord d'accord d'accord d'accord
3. comme créateur d'entreprise, j'aurais un Absolument Peu de Beaucoup Contrôle
contrôle de la situation aucun contrôle de contrôle total

4. le nombre d'événements qui ne seraient pas Très peu élevé Peu élevé Elevé Très élevé
sous mon contrôle, et qui pourraient
m'empêcher de devenir créateur d'entreprise est
5. si je deviens créateur d'entreprise, les chances Très fortes Fortes Faibles Très
de réussite de mon entreprise seront faibles

5. Les attitudes entrepreneuriales

5.1. Avez-vous une idée ou un projet d'entreprise ?


Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 8.1.)

5.2. Cette idée ou projet d'entreprise est-il(elle) né(e) avant ou après que vous ayez suivi
les enseignements spécifiques à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise ?
Avant ˆ Après ˆ

5.3. Comment cette idée ou projet est-il(elle) né(e) ?

1. Suite à des rencontres avec des entrepreneurs Oui ˆ Non ˆ


2. Suite à un projet mené pendant votre formation antérieure Oui ˆ Non ˆ
3. Suite à un projet mené pendant votre formation actuelle Oui ˆ Non ˆ
4. Suite à un emploi, à un stage Oui ˆ Non ˆ
5. En lisant la presse spécialisée Oui ˆ Non ˆ
6. Suite à un séjour à l'étranger Oui ˆ Non ˆ
7. Autre (merci de préciser)

5.4. Consacrez-vous actuellement du temps à la recherche d’informations pour mieux


formaliser les aspects suivants de votre idée ou projet d'entreprise ? (Cochez une case pour
chacune des modalités suivantes)

1. Le marché Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent


2. Le produit (bien ou service) Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent
3. Le montage du plan d'affaires Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent
4. Autre (merci de préciser)

418
5.5. Auprès de qui ?

1. Organismes spécialisés dans l'aide à la création et à la reprise d'entreprise Oui ˆ Non ˆ


2. CCI Oui ˆ Non ˆ
3. Agence Pour la Création d'Entreprise Oui ˆ Non ˆ
4. Chambre des métiers Oui ˆ Non ˆ
5. Organisations professionnelles Oui ˆ Non ˆ
6. Enseignants de votre établissement Oui ˆ Non ˆ
7. Autre (merci de préciser)

5.6. Pourriez-vous nous renseigner sur les aspects suivants de votre idée ou projet
d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)

1. Avez-vous une idée de vos futurs clients ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
2. Avez-vous une idée de vos besoins financiers au Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
démarrage ? Précise précise précise précise
3. Avez-vous une idée de vos concurrents ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
4. Avez-vous une idée de vos besoins en ressources Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
humaines au démarrage ? Précise précise précise précise

5.7. Dans combien de temps pensez-vous concrétiser votre idée ou projet en créant votre
entreprise ?
Moins d’un an ˆ Entre 1 et moins de 3 ans ˆ Entre 3 et 5 ans ˆ Plus de 5 ans ˆ

6. Les motivations de concrétisation

6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise
en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)

Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait


d'accord d'accord d'accord d'accord
1. Je prendrai des responsabilités
2. Je gagnerai plus d'argent
3. Je me réaliserai en tant qu'être humain (j’irais
jusqu'au bout de mon idée ou de mon projet)
4. J’aurai du pouvoir
5. J’ai à cœur de relever un défi
6. Je serai autonome (être mon propre chef)
7. J’aspire à plus de liberté
8. Autre (merci de préciser)

419
7. La disponibilité des ressources

7.1. Dans quelle mesure les facteurs suivants feraient-ils obstacles à la mise en œuvre de
votre idée ou projet d’entreprise ? (cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
d'accord d'accord d'accord d'accord
1. La difficulté à obtenir un financement bancaire
2. La difficulté à attirer les capital-risqueurs
3. La difficulté à réunir des fonds de proximité (amis,
famille)
4. La difficulté à trouver les informations dont j’aurais
besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet
5. La difficulté à trouver les conseils dont j’aurais
besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet
6. Autre (merci de préciser)

8. Choix de carrières

8.1. Dans les cinq prochaines années (Cochez une case pour chacune des modalités
suivantes)

1. la probabilité que vous créiez votre entreprise Très Faible Faible Forte Très forte
est
2. la probabilité que vous poursuiviez une carrière Très Faible Faible Forte Très forte
de salarié est
3. si vous devez choisir entre créer votre entreprise Certainement Plutôt être Plutôt créer Certainement
et être salarié, vous préféreriez être salarié salarié mon créer mon
entreprise entreprise

8.2. Si un jour vous créez votre entreprise, pour vous, son échec éventuel serait avant tout
(Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :

Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait


d'accord d'accord d'accord d'accord
1. Un échec financier
2. Un échec social
3. Un échec personnel
4. Une expérience utile pour une autre aventure
entrepreneuriale
5. Une expérience utile pour la suite de votre carrière
professionnelle
6. Autre (merci de préciser)

420
Fiche signalétique

Nom (facultatif) :…………………. Prénom (facultatif) :………………………..


Sexe : M ˆ Fˆ Age :…… Nationalité :……………………...
Type de formation : initiale ˆ continue ˆ
Etablissement :…………………………..

L'admission à cette formation s’est faite après :


La(les)quelle(les)
1. Obtention d’une maîtrise ˆ
2. Obtention d’un diplôme d’ingénieur ˆ
3. Validation d’acquis professionnels ˆ
4. Autre (merci de préciser)

Pourquoi avez-vous intégré ce diplôme ?


1. Compléter une formation technique par une formation en gestion Oui ˆ Non ˆ
2. Approfondir mes connaissances en gestion Oui ˆ Non ˆ
3. Découvrir une discipline qui m’intéresse Oui ˆ Non ˆ
4. Me donner les connaissances nécessaires pour développer mes aptitudes Oui ˆ Non ˆ
entrepreneuriales
5. Autre (merci de préciser)

421
Annexe 3 - Questionnaire DESS CAAE

Questionnaire DESS CAAE

Cette enquête est réalisée dans le cadre d'une recherche doctorale. Elle vise à
comprendre l'impact de votre formation, ainsi que de vos expériences personnelles, sur
votre projet professionnel.
Nous vous tiendrons informés des résultats de cette étude par le biais de votre
association des étudiants ou du BDE. Le temps que vous consacrerez à ce questionnaire
n’excédera pas 20 minutes. Nous vous assurons que la confidentialité totale de vos
réponses sera préservée.

1. Les expériences de travail

1.1. Avez-vous travaillé en entreprise ?


Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 2.1.)

1.2. Dans combien d’entreprises avez-vous travaillé ?…….

TRES IMPORTANT POUR LA SUITE DU QUESTIONNAIRE : MERCI DE LIRE


LE PARAGRAPHE CI-DESSOUS EN ENTIER
Si vous avez travaillé dans plusieurs entreprises, veuillez nous renseigner, pour les
questions 1.3. jusqu’à 1.9. sur l’expérience professionnelle qui vous semble la plus
significative en termes de prises de responsabilité et de décision, et d'implication dans
un ou une partie d'un projet.

1.3. Quelle était la nature de votre contrat de travail ?


CDD ˆ CDI ˆ Stages ˆ Intérim ˆ Autre (merci de préciser) ˆ…………...

1.4. Dans quel type d'entreprise ?


TPE (-10 salariés) ˆ PE (10 à 49 salariés) ˆ
PME/PMI (50 à 249 salariés) ˆ Grande entreprise (250 et +) ˆ
Autre (organismes publics, parapublics,… : merci de préciser le nombre de salariés)
ˆ………

1.5. Dans quel secteur d'activité ?

Secteur Merci de préciser


Services ˆ
Industrie ˆ
Nouvelles technologies ˆ
Autre (merci de préciser) ˆ

422
1.6. Combien de mois a duré votre travail ?…………

1.7. Où avez-vous effectué ce travail ?


France ˆ Etranger ˆ

1.8. Si vous avez répondu "Etranger" à la question 1.7., pour quelles raisons étiez-vous
parti ?

1. Opportunité dans le cadre de la formation Oui ˆ Non ˆ


2. Opportunité professionnelle Oui ˆ Non ˆ
3. Rejoindre de la famille Oui ˆ Non ˆ
4. Rejoindre des amis Oui ˆ Non ˆ
5. Découvrir un autre pays Oui ˆ Non ˆ
6. Autre (merci de préciser)

1.9. Dans le cadre de votre travail (cochez une case pour chacune des modalités
suivantes) :

1. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
hommes importante
2. Vous aviez des responsabilités sur un Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
budget importante
3. Vous aviez des responsabilités sur des Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
moyens matériels importante
4. Vous aviez à charge de mener ou participer Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
à un projet importante
5. Vous preniez des décisions importantes seul Aucunement Partiellement Pour une part Totalement
importante
6. Autre (merci de préciser)

2. Les centres d'intérêt associatifs

2.1. Dans combien de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ?……….
(Si vous répondez "0" à cette question, veuillez aller à la question 3.1.)

2.2. Dans quel type de structures associatives êtes (et étiez)-vous engagé ? (Vous pouvez
cocher plusieurs réponses selon le nombre de vos activités)

Association au sein de votre établissement (B.D.E, …) ˆ Syndicat ˆ


Association en dehors de votre établissement ˆ Parti politique ˆ
Conseil d'établissement (lycée, école, université,…) ˆ
Autre (merci de préciser) ˆ ………………………………………………………………

2.3. Vous occupez (occupiez) le statut de ? (Vous pouvez cocher les deux réponses si vous
occupez (occupiez) les deux statuts)

Membre simple ˆ Responsable ˆ

423
2.4. Si vous occupez (occupiez) le statut de responsable, lequel ? (Vous pouvez cocher
plusieurs réponses selon vos différents statuts)
Président ˆ Vice-président ˆ Secrétaire ˆ Trésorier ˆ
Membre du bureau ˆ Membre du Conseil d'administration ˆ
Autre (merci de préciser) ˆ ………………………………………………………………

3. Les modèles d’entrepreneur

3.1. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise,


créateurs d'entreprise) dans votre entourage que vous souhaiteriez imiter ?
Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 3.4.)

3.2. Combien sont-ils ?……..

3.3. Qui sont-ils ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses selon le nombre
d’entrepreneurs)
Parents ˆ Frères ou sœurs ˆ Autres membres de la famille ˆ
Amis ˆ Autre (merci de préciser) ˆ…………………. ……………………………..

3.4. Y a-t-il des entrepreneurs (professions libérales, indépendants, chefs d'entreprise,


créateurs d'entreprise) en dehors de votre entourage, que vous souhaiteriez imiter ?
Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 4.1.)

3.5. Combien sont-ils ?……..

3.6. Veuillez nous donner des exemples……...……………………………………………

3.7. Dans quels types de médias les avez-vous connus ? (Vous pouvez cocher plusieurs
réponses)

Le(s)quel(s) ?
1. Ecrits nationaux ˆ
2. Ecrits étrangers ˆ
3. Chaînes radios nationales ˆ
4. Chaînes radios étrangères ˆ
5. Chaînes télévisées nationales ˆ
6. Chaînes télévisées étrangères ˆ

4. Le cursus entrepreneurial

4.1. Avez-vous suivi des enseignements obligatoires en entrepreneuriat ou en


création d'entreprise ?

Oui ˆ
Lesquels ?…………………………………………………………………………….………
……………………………………………………………………………………………….
Non ˆ

424
4.2. Avez-vous suivi des enseignements optionnels en entrepreneuriat ou en
création d'entreprise ?
Oui ˆ
Lesquels ?…………………………………………………………………………….………
……………………………………………………………………………………………….
Non ˆ

Si vous avez répondu par Non aux questions 4.1. et 4.2., veuillez aller directement à la
question 5.1.. Si vous avez répondu par Oui à la questions 4.1. et/ou à la question 4.2,
veuillez répondre à la question 4.3.

4.3. Les enseignements spécifiques à la création d'entreprise que vous avez suivis font que
(cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :

1. devenir créateur d'entreprise me serait Très difficile Difficile Facile Très facile

2. si je voulais, je pourrais facilement poursuivre Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
une carrière de créateur d'entreprise d'accord d'accord d'accord d'accord
3. comme créateur d'entreprise, j'aurais un contrôle Absolument Peu de Beaucoup Contrôle
de la situation aucun contrôle de contrôle total

4. le nombre d'événements qui ne seraient pas sous Très peu élevé Peu élevé Elevé Très élevé
mon contrôle, et qui pourraient m'empêcher de
devenir créateur d'entreprise est
5. si je deviens créateur d'entreprise, les chances de Très fortes Fortes Faibles Très
réussite de mon entreprise seront faibles

5. Les attitudes entrepreneuriales

5.1. Avez-vous une idée ou un projet d'entreprise ?


Oui ˆ Non ˆ (veuillez aller à la question 8.1.)

5.2. Cette idée ou projet d'entreprise est-il(elle) né(e) avant ou après que vous ayez suivi
les enseignements spécifiques à l’entrepreneuriat et à la création d’entreprise ?
Avant ˆ Après ˆ

5.3. Comment cette idée ou projet est-il(elle) né(e) ?

1. Suite à des rencontres avec des entrepreneurs Oui ˆ Non ˆ


2. Suite à un projet mené pendant votre formation antérieure Oui ˆ Non ˆ
3. Suite à un projet mené pendant votre formation actuelle Oui ˆ Non ˆ
4. Suite à un emploi, à un stage Oui ˆ Non ˆ
5. En lisant la presse spécialisée Oui ˆ Non ˆ
6. Suite à un séjour à l'étranger Oui ˆ Non ˆ
7. Autre (merci de préciser)

425
5.4. Consacrez-vous actuellement du temps à la recherche d’informations pour mieux
formaliser les aspects suivants de votre idée ou projet d'entreprise ? (Cochez une case pour
chacune des modalités suivantes)
1. Le marché Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent
2. Le produit (bien ou service) Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent
3. Le montage du plan d'affaires Pas du tout Peu conséquent Conséquent Très conséquent
4. Autre (merci de préciser)

5.5. Auprès de qui ?


1. Organismes spécialisés dans l'aide à la création et à la reprise d'entreprise Oui ˆ Non ˆ
2. CCI Oui ˆ Non ˆ
3. Agence Pour la Création d'Entreprise Oui ˆ Non ˆ
4. Chambre des métiers Oui ˆ Non ˆ
5. Organisations professionnelles Oui ˆ Non ˆ
6. Enseignants de votre établissement Oui ˆ Non ˆ
7. Autre (merci de préciser)

5.6. Pourriez-vous nous renseigner sur les aspects suivants de votre idée ou projet
d'entreprise ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)
1. Avez-vous une idée de vos futurs clients ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
2. Avez-vous une idée de vos besoins financiers au Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
démarrage ? Précise précise précise précise
3. Avez-vous une idée de vos concurrents ? Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
Précise précise précise précise
4. Avez-vous une idée de vos besoins en ressources Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait
humaines au démarrage ? Précise précise précise précise

5.7. Dans combien de temps pensez-vous concrétiser votre idée ou projet en créant votre
entreprise ?
Moins d’un an ˆ Entre 1 et moins de 3 ans ˆ Entre 3 et 5 ans ˆ Plus de 5 ans ˆ

6. Les motivations de concrétisation

6.1. Dans quelles mesures les affirmations suivantes vous motiveraient-elles pour la mise
en œuvre de votre projet ? (Cochez une case pour chacune des modalités suivantes)

Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait


d'accord d'accord d'accord d'accord
1. Je prendrai des responsabilités
2. Je gagnerai plus d'argent
3. Je me réaliserai en tant qu'être humain (j’irais
jusqu'au bout de mon idée ou de mon projet)
4. J’aurai du pouvoir
5. J’ai à cœur de relever un défi
6. Je serai autonome (être mon propre chef)
7. J’aspire à plus de liberté
8. Autre (merci de préciser)

426
7. La disponibilité des ressources

7.1. Dans quelle mesure les facteurs suivants feraient-ils obstacles à la mise en œuvre de
votre idée ou projet d’entreprise ? (cochez une case pour chacune des modalités suivantes)

Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait


d'accord d'accord d'accord d'accord
1. La difficulté à obtenir un financement bancaire
2. La difficulté à attirer les capital-risqueurs
3. La difficulté à réunir des fonds de proximité (amis,
famille)
4. La difficulté à trouver les informations dont j’aurais
besoin pour mieux formaliser mon idée ou mon projet
5. La difficulté à trouver les conseils dont j’aurais besoin
pour mieux formaliser mon idée ou mon projet
6. Autre (merci de préciser)

8. Choix de carrières

8.1. Dans les cinq prochaines années (Cochez une case pour chacune des modalités
suivantes)

1. la probabilité que vous créiez votre entreprise Très Faible Faible Forte Très forte
est
2. la probabilité que vous poursuiviez une carrière Très Faible Faible Forte Très forte
de salarié est
3. si vous devez choisir entre créer votre entreprise Certainement Plutôt être Plutôt créer Certainement
et être salarié, vous préféreriez être salarié salarié mon créer mon
entreprise entreprise

8.2. Si un jour vous créez votre entreprise, pour vous, son échec éventuel serait avant tout
(Cochez une case pour chacune des modalités suivantes) :

Pas du tout Plutôt pas Plutôt Tout à fait


d'accord d'accord d'accord d'accord
1. Un échec financier
2. Un échec social
3. Un échec personnel
4. Une expérience utile pour une autre aventure
entrepreneuriale
5. Une expérience utile pour la suite de votre carrière
professionnelle
6. Autre (merci de préciser)

427
Fiche signalétique

Nom (facultatif) :…………………. Prénom (facultatif) :………………………..


Sexe : M ˆ Fˆ Age :…… Nationalité :……………………...
Type de formation : initiale ˆ continue ˆ
Etablissement : IAE de …………………..

L'admission à cette formation s’est faite après :


La(les)quelle(les)
1. Obtention d’une maîtrise ˆ
2. Obtention d’un diplôme d’ingénieur ˆ
3. Validation d’acquis professionnels ˆ
4. Autre (merci de préciser)

Pourquoi avez-vous intégré ce DESS ?


1. Compléter une formation technique par une formation en gestion Oui ˆ Non ˆ
2. Approfondir mes connaissances en gestion Oui ˆ Non ˆ
3. Découvrir une discipline qui m’intéresse Oui ˆ Non ˆ
4. Autre (merci de préciser)

428
Annexe 4 - Répartition des deux échantillons selon l’âge

DIPLOME
AGE DESS, formations ou programmes en écoles de management DESS CAAE Total
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en % nb en % nb en %
21 3 1,8 3 0,9
22 35 20,7 26 15,2 61 17,9
23 60 35,5 52 30,4 112 32,9
24 32 18,9 40 23,4 72 21,2
25 16 9,5 19 11,1 35 10,3
26 2 1,2 12 7,0 14 4,1
27 5 3,0 5 2,9 10 2,9
28 3 1,8 3 0,9
29 1 0,6 3 1,8 4 1,2
30 1 0,6 1 0,6 2 0,6
31 2 1,2 1 0,6 3 0,9
32 2 1,2 2 1,2 4 1,2
34 1 0,6 1 0,3
35 1 0,6 1 0,3
37 2 1,2 2 0,6
38 1 0,6 1 0,6 2 0,6
39 1 0,6 1 0,6 2 0,6
40 1 0,6 1 0,6 2 0,6
41 1 0,6 1 0,3
43 1 0,6 1 0,3
47 2 1,2 2 0,6
49 1 0,6 1 0,3
51 2 1,2 2 0,6
Total 169 100,0 171 100,0 340 100,0

429
Annexe 5 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Qualité de représentation
Initial Extraction
PRISRESP 1,000 ,530
PLUSARGE 1,000 ,573
REALIS 1,000 ,467
POUVOIR 1,000 ,515
DEFI 1,000 ,728
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Composante Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,699 33,980 33,980 1,699 33,980 33,980
2 1,114 22,278 56,258 1,114 22,278 56,258
3 ,823 16,453 72,711
4 ,709 14,174 86,885
5 ,656 13,115 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
PRISRESP ,721 9,614E-02
PLUSARGE ,707 -,271
REALIS ,482 ,485
POUVOIR ,663 -,275
DEFI 8,351E-02 ,849
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

430
Annexe 6 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "besoin
d’accomplissement" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Qualité de représentation
Initial Extraction
PRISRESP 1,000 ,530
PLUSARGE 1,000 ,573
REALIS 1,000 ,467
POUVOIR 1,000 ,515
DEFI 1,000 ,728
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés Somme des carrés des facteurs
Composante des facteurs retenus retenus pour la rotation
Total % de la % cumulés Total % de la % Total
variance variance cumulés
1 1,699 33,980 33,980 1,699 33,980 33,980 1,662
2 1,114 22,278 56,258 1,114 22,278 56,258 1,191
3 ,823 16,453 72,711
4 ,709 14,174 86,885
5 ,656 13,115 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés
pour obtenir une variance totale.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
PRISRESP ,721
PLUSARGE ,707
REALIS ,482 ,485
POUVOIR ,663
DEFI ,849
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

Matrice des types a


Composantes
1 2
PRISRESP ,642
PLUSARGE ,762
REALIS ,594
POUVOIR ,723
DEFI ,849
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
a La rotation a convergé en 6 itérations.

431
Matrice de structure
Composante
1 2
PRISRESP ,674 ,352
PLUSARGE ,752
REALIS ,345 ,627
POUVOIR ,711
DEFI ,821
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Matrice de corrélation des composantes


Composante 1 2
1 1,000 ,118
2 ,118 1,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

432
Annexe 7 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon
"DESS CAAE")

Qualité de représentation
Initial Extraction
PRISRESP 1,000 ,569
PLUSARGE 1,000 ,875
REALIS 1,000 ,588
POUVOIR 1,000 ,457
DEFI 1,000 ,508
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs
retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,918 38,363 38,363 1,918 38,363 38,363
2 1,079 21,584 59,947 1,079 21,584 59,947
3 ,771 15,411 75,357
4 ,765 15,304 90,661
5 ,467 9,339 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
PRISRESP ,754 3,082E-02
PLUSARGE ,152 ,923
REALIS ,629 -,440
POUVOIR ,651 ,182
DEFI ,713 -7,888E-03
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

433
Annexe 8 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Qualité de représentation
Initial Extraction
RESPHOM 1,000 ,411
RESPBUD 1,000 ,600
RESPMAT 1,000 ,491
MENPART 1,000 ,237
DECISEUL 1,000 ,565
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 2,304 46,085 46,085 2,304 46,085 46,085
2 ,982 19,643 65,727
3 ,652 13,044 78,772
4 ,572 11,445 90,217
5 ,489 9,783 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composante
1
RESPHOM ,641
RESPBUD ,774
RESPMAT ,701
MENPART ,487
DECISEUL ,752
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 1 composante extraite.

434
Annexe 9 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon
"DESS CAAE")

Qualité de représentation
Initial Extraction
RESPHOM 1,000 ,499
RESPBUD 1,000 ,452
RESPMAT 1,000 ,776
MENPART 1,000 ,641
DECISEUL 1,000 ,653
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés des facteurs retenus
Composante Total % de la variance % cumulés Total % de la variance % cumulés
1 1,998 39,958 39,958 1,998 39,958 39,958
2 1,023 20,451 60,409 1,023 20,451 60,409
3 ,809 16,188 76,596
4 ,715 14,300 90,896
5 ,455 9,104 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
RESPHOM ,582 -,401
RESPBUD ,568 ,360
RESPMAT ,385 ,792
MENPART ,734 -,319
DECISEUL ,806 -5,225E-02
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

435
Annexe 10 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable
"perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles" (échantillon "DESS CAAE")

Qualité de représentation
Initial Extraction
RESPHOM 1,000 ,499
RESPBUD 1,000 ,452
RESPMAT 1,000 ,776
MENPART 1,000 ,641
DECISEUL 1,000 ,653
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.

Variance totale expliquée a


Valeurs propres initiales Extraction Sommes des carrés Somme des carrés des facteurs
Composante des facteurs retenus retenus pour la rotation
Total % de la % Total % de la % cumulés Total
variance cumulés variance
1 1,998 39,958 39,958 1,998 39,958 39,958 1,840
2 1,023 20,451 60,409 1,023 20,451 60,409 1,366
3 ,809 16,188 76,596
4 ,715 14,300 90,896
5 ,455 9,104 100,000
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : lorsque les composantes sont corrélées, les sommes des carrés chargés ne peuvent pas être additionnés
pour obtenir une variance totale.

Matrice des composantes a


Composantes
1 2
RESPHOM ,582 -,401
RESPBUD ,568 ,360
RESPMAT ,385 ,792
MENPART ,734 -,319
DECISEUL ,806
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
a : 2 composantes extraites.

Matrice des types a


Composantes
1 2
RESPHOM ,723
RESPBUD ,572
RESPMAT ,902
MENPART ,800
DECISEUL ,697
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.
a : la rotation a convergé en 6 itérations.

436
Matrice de structure
Composantes
1 2
RESPHOM ,694
RESPBUD ,375 ,627
RESPMAT ,866
MENPART ,801
DECISEUL ,759 ,436
Méthode d'extraction : analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

Matrice de corrélation des composantes


Composante 1 2
1 1,000 ,219
2 ,219 1,000
Méthode d'extraction : Analyse en composantes principales.
Méthode de rotation : oblimin avec normalisation de Kaiser.

437
Annexe 11 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise")

Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
11,4655 10,1809 3,1907 5
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
RESPHOM 9,5575 7,0227 ,4175 ,6724
RESPBUD 9,6897 6,2731 ,5659 ,6054
RESPMAT 9,2931 6,8211 ,4825 ,6442
MENPART 8,2759 8,1431 ,2907 ,7144
DECISEUL 9,0460 6,7378 ,5439 ,6191

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 174,0 nbre d’items = 5

Alpha = ,7030

438
Annexe 12 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes
entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon
"DESS CAAE")

Echelle multiple "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences
professionnelles" : cohérence interne

Statistiques pour l’échelle


Moy Variance Ecart type Variables
9,6708 7,0097 2,6476 5
Moy échelle si Variance échelle si Corrélation item- Alpha si item
item supprimé item supprimé total corrigé supprimé
RESPHOM 8,0559 5,0906 ,3164 ,6545
RESPBUD 8,3106 5,5780 ,3309 ,6505
RESPMAT 7,6832 5,5553 ,1913 ,7147
MENPART 7,0373 4,1861 ,4416 ,6846
DECISEUL 7,5963 4,2297 ,5573 ,5177

Coefficient de fiabilité

nbre de cases = 161,0 nbre d’items = 5

Alpha = ,6861

439
Annexe 13 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et le
moment de naissance de l’idée ou du projet

3,1

3,0

2,9
Moyenne de INTENT

2,8

2,7

2,6
0 1

IDEPROAA
Echantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise".

2,5

2,4

2,3

2,2
Moyenne de INTENT

2,1

2,0

1,9
0 1

IDEPROAA

Echantillon "DESS CAAE".


Légende : INTENT : l’intention entrepreneuriale.
IDEPROAA : moment de naissance de l’idée ou du projet.
Sur l’axe des abscisses :
0 : naissance de l’idée ou du projet avant l’intégration des formations actuelles.
1: naissance de l’idée ou du projet après l’intégration des formations actuelles.

440
Annexe 14 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et la
connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat

2,9

2,8

2,7
Moyenne de INTENT

2,6

2,5
0 1

ENTRENT
Echantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise".

2,1

2,0

1,9
Moyenne de INTENT

1,8

1,7
0 1

ENTRENT
Echantillon "DESS CAAE".
Légende : INTENT : l’intention entrepreneuriale.
ENTRENT : connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat.
Sur l’axe des abscisses :
0 : Oui.
1 : Non

441
Annexe 15 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et la
connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat

2,9

2,8

2,7
Moyenne de INTENT

2,6

2,5
0 1

ENTRHENT

Echantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en


entrepreneuriat ou en création d’entreprise".

2,2

2,1

2,0
Moyenne de INTENT

1,9

1,8

1,7
0 1

ENTRHENT

Echantillon "DESS CAAE".


Légende : INTENT : l’intention entrepreneuriale.
ENTRENT : connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat.
Sur l’axe des abscisses :
0 : Oui.
1 : Non

442
Annexe 16 – Exemples de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat

NOMS DE MODELES DESS, formations ou programmes en


D’ENTREPRENEUR EN DEHORS DE écoles de management et gestion en
L’ENTOURAGE IMMEDIAT entrepreneuriat ou en création d’entreprise
nb en %
Entrepreneur ou chef d’entreprise chez qui Oui 16 30,8
j'ai travaillé ou effectué mon stage
Non 36 69,2
Total 52 100,0
Bill GATES Oui 8 15,4
Non 44 84,6
Total 52 100,0
Jean-Marie MESSIER Oui 7 13,5
Non 45 86,5
Total 52 100,0
Bernard TAPIE Oui 7 13,5
Non 45 86,5
Total 52 100,0
François PINAULT Oui 7 13,5
Non 45 86,5
Total 52 100,0
Jean-Martin FOLTZ Oui 3 5,8
Non 49 94,2
Total 52 100,0
Richard BRANSON Oui 3 5,8
Non 49 94,2
Total 52 100,0
AULAS Oui 3 5,8
Non 49 94,2
Total 52 100,0
Louis SCHWEITZER Oui 2 3,8%
Non 50 96,2
Total 52 100,0
Entrepreneurs intervenants dans le Mastère Oui 2 3,8
Non 50 96,2
Total 52 100,0
Autres Oui 13543 25,0
Non 39 75,0
Total 52 100,0

543
Les 13 entrepreneurs cités sont : Les créateurs d'AMAZON, de TATI et d'Easyjet, John Davison
ROCKFELLER, Jean-Claude DECAUX, Yves ROCHER, Francis MER, LAGARDERE, BUFFET, Stoe
JOBS, Maître VERGES, Marc ARAZI, Louis NICOLLIN.

443
Annexe 17 – Corrélation multiple de l’ensemble des variables quantitatives

INTENT RINFO ACCOMPLI RECHAUTO ECHEC UTI PERCFOR PERCEXP DIFFI DIFINFCO
INTENT Corrélation de Pearson 1 ,492** ,267** ,300** -,272** ,188* ,356** ,257** -,096 -,015
Sig. (bilatérale) , ,000 ,005 ,001 ,000 ,012 ,000 ,001 ,317 ,874
Nbre 178 109 110 110 177 177 178 174 110 110
RINFO Corrélation de Pearson ,492** 1 ,113 ,051 -,067 ,040 ,012 ,070 -,055 ,050
Sig. (bilatérale) ,000 , ,243 ,595 ,489 ,681 ,905 ,472 ,571 ,609
Nbre 109 109 109 109 109 109 109 107 109 109
ACCOMPLI Corrélation de Pearson ,267** ,113 1 ,120 ,133 ,109 ,110 ,048 -,035 -,003
Sig. (bilatérale) ,005 ,243 , ,239 ,167 ,254 ,252 ,623 ,719 ,975
Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110
RECHAUTOCorrélation de Pearson ,300** ,051 ,120 1 -,025 ,031 ,153 ,087 ,076 ,052
Sig. (bilatérale) ,001 ,595 ,239 , ,794 ,749 ,111 ,373 ,428 ,587
Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110
ECHEC Corrélation de Pearson -,272** -,067 ,133 -,025 1 -,084 -,079 ,004 ,191 -,012
Sig. (bilatérale) ,000 ,489 ,167 ,794 , ,269 ,297 ,960 ,146 ,904
Nbre 177 109 110 110 177 177 177 173 110 110
UTI Corrélation de Pearson ,188* ,040 ,109 ,031 -,084 1 ,108 ,044 ,128 ,014
Sig. (bilatérale) ,012 ,681 ,254 ,749 ,269 , ,151 ,564 ,184 ,883
Nbre 177 109 110 110 177 177 177 173 110 110
PERCFOR Corrélation de Pearson ,356** ,012 ,110 ,153 -,079 ,108 1 ,200 -,110 -,140
Sig. (bilatérale) ,000 ,905 ,252 ,111 ,297 ,151 , ,018 ,251 ,143
Nbre 178 109 110 110 177 177 178 174 110 110

444
INTENT RINFO ACCOMPLI RECHAUTO ECHEC UTI PERCFOR PERCEXP DIFFI DIFINFCO
PERCEXP Corrélation de Pearson ,257** ,070 ,048 ,087 ,004 ,044 ,200 1 -,020 -,054
Sig. (bilatérale) ,001 ,472 ,623 ,373 ,960 ,564 ,018 , ,840 ,580
Nbre 174 107 108 108 173 173 174 174 108 108
DIFFI Corrélation de Pearson -,096 -,055 -,035 ,076 ,191 ,128 -,110 -,020 1 -,040
Sig. (bilatérale) ,317 ,571 ,719 ,428 ,146 ,184 ,251 ,840 , ,678
Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110
DIFINFCO Corrélation de Pearson -,015 ,050 -,003 ,052 -,012 ,014 -,140 -,054 -,040 1
Sig. (bilatérale) ,874 ,609 ,975 ,587 ,904 ,883 ,143 ,580 ,678 ,
Nbre 110 109 110 110 110 110 110 108 110 110
** La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).
* La corrélation est significative au niveau 0.05 (bilatéral).

445
Tables des figures

Figure 1 - L’articulation du sujet, de l’objet d’étude et des modes opératoires .................. 14


Figure 2 - Justification du plan de la thèse .......................................................................... 21
Figure 3 - Une forme générique du processus de création d'entreprise (C. BRUYAT, 1993,
p. 260) ........................................................................................................................... 38
Figure 4 - A model of Start up Process (W.D. BYGRAVE, 1989b, p. 8)........................... 41
Figure 5 - Proposition d’un modèle stratégique d’entrepreneuriat (E.-M. HERNANDEZ,
1999, p. 72) ................................................................................................................... 44
Figure 6 - Le modèle du développement des entrepreneurs (J.-P. SABOURIN et Y.
GASSE, 1989, p. 15) .................................................................................................... 46
Figure 7 - Les différentes phases du processus entrepreneurial .......................................... 47
Figure 8 - Hurdles to self-employment for wage-or-salaried workers - hypothetical
frequencies (J.A. KATZ, 1990, p. 16) .......................................................................... 60
Figure 9 - Les principales figures d'entrepreneur selon les évolutions socio-économiques 86
Figure 10 - Un cadre général d'analyse de l’enseignement de l'entrepreneuriat en France
combinant les phases d'intervention, les objectifs et les catégories de méthodes
pédagogiques .............................................................................................................. 152
Figure 11 - Entrepreneurial event Formation (A. SHAPERO et L. SOKOL, 1982, p. 83)163
Figure 12 - Theory of planned behavior (I. AZJEN , 1991, p. 182).................................. 167
Figure 13 - Intentions toward entrepreneurial behavior : the theory of planned behavior
(simplified) (N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD, 1993, p. 323)............................. 172
Figure 14 - Illustration of the final model, relationships grouped (E. AUTIO et alii, 1997,
p. 141) ......................................................................................................................... 174
Figure 15 - Modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale d’étudiants de gestion de
troisième cycle suivant des programmes ou des formations en entrepreneuriat......... 202
Figure 16 - Les phases de la méthodologie empirique ...................................................... 209
Figure 17 - Suggested procedure for developing better measures (G.A. CHURCHILL,
1979, p. 66) ................................................................................................................. 213
Figure 18 - Diagramme croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et l’échéance
de concrétisation (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 320
Figure 19 - Un modèle explicatif et prédictif de l'intention entrepreneuriale validé auprès
d’étudiants suivant des programmes ou des formations en entrepreneuriat ............... 365

446
Tables des tableaux

Tableau 1 - Some of the key questions in the field (W.D. BYGRAVE et C.W. HOFER,
1991, p. 16) ................................................................................................................... 36
Tableau 2 - DESS de Gestion orientés entrepreneuriat ou création d'entreprise............... 137
Tableau 3 - Répartition de l’échantillon de référence par intitulé et composante des
diplômes...................................................................................................................... 243
Tableau 4 - Répartition de l’échantillon témoin par intitulé et composante des diplômes 245
Tableau 5 - Composition des échantillons de référence et témoin .................................... 245
Tableau 6 - Tri croisé "sexe-échantillons" ........................................................................ 250
Tableau 7 - Tri croisé "âge-échantillons" .......................................................................... 251
Tableau 8 - Tri croisé "pays ou régions d’origine-échantillons"....................................... 252
Tableau 9 - Tri croisé "cursus antérieur-échantillons........................................................ 253
Tableau 10 - Tri croisé "type de formation-échantillons" ................................................. 254
Tableau 11 - Tri croisé "raison d’intégration de la formation-échantillons"..................... 256
Tableau 12 - Analyse factorielle de la variable "recherche d’informations" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 263
Tableau 13 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche d’informations" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 264
Tableau 14 - Analyse factorielle de la variable "recherche d’informations" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 265
Tableau 15 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche d’informations" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 265
Tableau 16 - Analyse factorielle de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 266
Tableau 17 - Alpha de Cronbach de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 267
Tableau 18 - Analyse factorielle de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 268
Tableau 19 - Alpha de Cronbach de la variable "aspects de l’idée ou du projet" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 268
Tableau 20 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items
"PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 270
Tableau 21 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items
"PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 271
Tableau 22 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items
"PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE") ............................................ 271
Tableau 23 - Alpha de Cronbach de la variable "besoin d’accomplissement" sans les items
"PLUSARGE" et "DEFI" (échantillon "DESS CAAE") ............................................ 272

447
Tableau 24 - Analyse factorielle de la variable " recherche de l’autonomie" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 273
Tableau 25 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 273
Tableau 26 - Analyse factorielle de la variable " recherche de l’autonomie" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 274
Tableau 27 - Alpha de Cronbach de la variable "recherche de l’autonomie" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 274
Tableau 28 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 276
Tableau 29 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "propension à
la prise de risque" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 277
Tableau 30 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des conséquences de
la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 278
Tableau 31 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des conséquences de
la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 278
Tableau 32 - Analyse factorielle de la variable "propension à la prise de risque"
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 279
Tableau 33 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "propension à
la prise de risque" (échantillon "DESS CAAE") ........................................................ 281
Tableau 34 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions positives des conséquences de
la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS CAAE") ...................................... 281
Tableau 35 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions négatives des conséquences de
la disparition de l’entreprise" (échantillon "DESS CAAE") ...................................... 282
Tableau 36 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
.................................................................................................................................... 284
Tableau 37 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais de la formation" (échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
.................................................................................................................................... 284
Tableau 38 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 286
Tableau 39 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART"
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 287
Tableau 40 - Analyse factorielle la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART"
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 288

448
Tableau 41 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" sans l’item "MENPART"
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 288
Tableau 42 - Analyse factorielle de la variable "perceptions de la disponibilité des
ressources" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ........................................ 290
Tableau 43 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "perceptions
de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 292
Tableau 44 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des ressources
financières" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management
et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ........................................ 292
Tableau 45 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des
informations et conseils" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 293
Tableau 46 - Analyse factorielle de la variable "perceptions de disponibilité des
ressources" (échantillon "DESS CAAE")................................................................... 294
Tableau 47 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "perceptions
de disponibilité des ressources" (échantillon "DESS CAAE")................................... 295
Tableau 48 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des ressources
financières" (échantillon "DESS CAAE") .................................................................. 296
Tableau 49 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions de disponibilité des
informations et conseils" (échantillon "DESS CAAE") ............................................. 296
Tableau 50 - Analyse factorielle de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 298
Tableau 51 - Alpha de Cronbach de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 298
Tableau 52 - Analyse factorielle de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 299
Tableau 53 - Alpha de Cronbach de la variable "intention entrepreneuriale" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 300
Tableau 54 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à l’existence
d’une idée ou d’un projet d’entreprise (échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
.................................................................................................................................... 307
Tableau 55 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à l’existence
d’une idée ou d’un projet d’entreprise (échantillon "DESS CAAE")......................... 308
Tableau 56 - Tri croisé "existence d’une idée ou d’un projet-échantillons" ..................... 309
Tableau 57 - Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-échantillons" ........ 309
Tableau 58 – Tri croisé "moment de naissance de l’idée ou du projet-moyenne de intention
entrepreneuriale"......................................................................................................... 310
Tableau 59 - Tri croisé "origine de la naissance de l’idée ou du projet-échantillons" ...... 312
Tableau 60 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche
d’informations (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 314
Tableau 61 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche
d’informations (échantillon "DESS CAAE") ............................................................. 315

449
Tableau 62 - Tri croisé "sources d’informations-échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise"" .............................................................................................................. 317
Tableau 63 - Tableau des correspondances "intention entrepreneuriale-renseignement des
aspects de l’idée ou du projet" (échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise") ... 318
Tableau 64 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale sur l’horizon de
concrétisation de l’idée ou du projet (échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")
.................................................................................................................................... 319
Tableau 65 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport au besoin
d’accomplissement (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 322
Tableau 66 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport au besoin
d’accomplissement (échantillon "DESS CAAE") ...................................................... 323
Tableau 67 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche
de l’autonomie (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 324
Tableau 68 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport à la recherche
de l’autonomie (échantillon "DESS CAAE") ............................................................. 325
Tableau 69 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")............................................................................................ 326
Tableau 70 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
positives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")............................................................................................ 327
Tableau 71 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
négatives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS
CAAE")....................................................................................................................... 328
Tableau 72 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
positives des conséquences de la disparition de l’entreprise (échantillon "DESS
CAAE")....................................................................................................................... 329
Tableau 73 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la
connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 330
Tableau 74 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la
connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 331
Tableau 75 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la
connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 332
Tableau 76 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport à la
connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 332

450
Tableau 77 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage
immédiat-échantillons" ............................................................................................... 333
Tableau 78 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage
immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale" .................................................. 334
Tableau 79 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-
échantillons"................................................................................................................ 334
Tableau 80 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de modèles
d’entrepreneur dans l’entourage immédiat-échantillons" ........................................... 335
Tableau 81 - Tri croisé "lien de parenté ou d’amitié avec les modèles d’entrepreneur de
l’entourage immédiat-échantillons"............................................................................ 336
Tableau 82 - Tri croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage
immédiat-échantillons" ............................................................................................... 337
Tableau 83 - Tris croisé "connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage
immédiat-moyenne de l’intention entrepreneuriale" .................................................. 337
Tableau 84 - Tri croisé "nombre de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage
immédiat-échantillons" ............................................................................................... 338
Tableau 85 - Tri croisé "indicateurs de position et de dispersion du nombre de modèles
d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat-échantillons" .............................. 338
Tableau 86 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais de la formation (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 341
Tableau 87 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles
(échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion
en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")......................................................... 342
Tableau 88 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 343
Tableau 89 - Tri croisé "nombre d’entreprises - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise"" .............................................................................................................. 344
Tableau 90 - Tri croisé "nature du contrat de travail - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise"" .............................................................................................................. 345
Tableau 91 - Tri croisé "type d’organisation - échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise"" .............................................................................................................. 346
Tableau 92 - Tri croisé "secteur d’activité - échantillon "DESS, formations ou programmes
en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise""
.................................................................................................................................... 347
Tableau 93 - Tri croisé "lieu de travail - échantillon "DESS, formations ou programmes en
écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise""... 348
Tableau 94 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport aux aptitudes
entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives (échantillon "DESS,
formations ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou
en création d’entreprise")............................................................................................ 349

451
Tableau 95 - ANOVA à un facteur de l’intention entrepreneuriale par rapport aux aptitudes
entrepreneuriales acquises avec les responsabilités associatives (échantillon "DESS
CAAE")....................................................................................................................... 350
Tableau 96 - Tri croisé "statut associatif - échantillons .................................................... 351
Tableau 97 - Tri croisé "type de structure associative - échantillons ............................... 352
Tableau 98 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
de disponibilité des ressources financières (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise") .............................................................................................................. 354
Tableau 99 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux perceptions
de disponibilité des informations et conseils (échantillon "DESS, formations ou
programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise") .............................................................................................................. 355
Tableau 100 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux
perceptions de disponibilité des ressources financières (échantillon "DESS CAAE")
.................................................................................................................................... 356
Tableau 101 - Régression simple de l’intention entrepreneuriale par rapport aux
perceptions de disponibilité des informations et conseils (échantillon "DESS CAAE")
.................................................................................................................................... 357
Tableau 102 - Régression multiple de l’intention entrepreneuriale par rapport à toutes les
variables quantitatives (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 360
Tableau 103 - Régression multiple de l’intention entrepreneuriale par rapport à toutes les
variables quantitatives (échantillon "DESS CAAE") ................................................. 363

452
Tables des annexes

Annexe 1 - La théorie VIE de V.H. VROOM (1995) ....................................................... 413


Annexe 2 - Questionnaire Ecoles de management et gestion et DESS entrepreneuriat et
création d’entreprise.................................................................................................... 415
Annexe 3 - Questionnaire DESS CAAE ........................................................................... 422
Annexe 4 - Répartition des deux échantillons selon l’âge................................................. 429
Annexe 5 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon
"DESS, formations ou programmes en écoles de management et gestion en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise").............................................................. 430
Annexe 6 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "besoin
d’accomplissement" (échantillon "DESS, formations ou programmes en écoles de
management et gestion en entrepreneuriat ou en création d’entreprise")................... 431
Annexe 7 - Analyse factorielle de la variable "besoin d’accomplissement" (échantillon
"DESS CAAE") .......................................................................................................... 433
Annexe 8 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon "DESS, formations
ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise") .............................................................................................................. 434
Annexe 9 - Analyse factorielle de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon "DESS CAAE")
.................................................................................................................................... 435
Annexe 10 - Analyse factorielle après rotation oblimin directe de la variable "perceptions
des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais des expériences professionnelles"
(échantillon "DESS CAAE") ...................................................................................... 436
Annexe 11 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon "DESS, formations
ou programmes en écoles de management et gestion en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise") .............................................................................................................. 438
Annexe 12 - Alpha de Cronbach de la variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales
acquises par le biais des expériences professionnelles" (échantillon "DESS CAAE")
.................................................................................................................................... 439
Annexe 13 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et le moment
de naissance de l’idée ou du projet ............................................................................. 440
Annexe 14 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et la
connaissance de modèles d’entrepreneur dans l’entourage immédiat ........................ 441
Annexe 15 - Diagrammes croisant la moyenne de l’intention entrepreneuriale et la
connaissance de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat ........... 442
Annexe 16 – Exemples de modèles d’entrepreneur en dehors de l’entourage immédiat.. 443
Annexe 17 – Corrélation multiple de l’ensemble des variables quantitatives................... 444

453
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS................................................................................................................. 1
SOMMAIRE .......................................................................................................................... 3
INTRODUCTION GENERALE........................................................................................ 4

PARTIE I - COMPREHENSION DU PROCESSUS ENTREPRENEURIAL ET


PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE........................................................................ 22
INTRODUCTION............................................................................................................ 23
CHAPITRE 1 - POSITIONNEMENT DE LA RECHERCHE DANS LE CHAMP DE
L’ENTREPRENEURIAT ET PROBLEMATIQUE ........................................................................ 25
1.1. Un concept multiforme et controversé................................................................... 26
1.1.1. Des approches et des définitions ..................................................................... 26
1.1.2. Le positionnement de la recherche : une perspective processuelle ................. 29
1.2. La "trilogie" de la recherche dans le champ de l'entrepreneuriat ........................ 30
1.2.1. L'approche descriptive : les limites "économistes" dans l'élaboration du champ
de l'entrepreneuriat .................................................................................................... 31
1.2.2. L'approche comportementale : l'amorce de l'entrepreneuriat comme véritable
champ de recherche ................................................................................................... 33
1.2.3. L'approche processuelle : un affranchissement "rationnel" et irréversible du
champ de l’entrepreneuriat ........................................................................................ 35
1.3. Des modèles processuels d'entrepreneuriat........................................................... 37
1.3.1. La forme générique du processus de création d’entreprise de C. BRUYAT
(1993) ........................................................................................................................ 38
1.3.2. Le modèle du processus de création d'entreprise de W.D. BYGRAVE (1989a,
1989b)........................................................................................................................ 40
1.3.3. Le modèle stratégique d'entrepreneuriat de E.-M. HERNANDEZ (1999) ..... 42
1.3.4. Le modèle systémique du processus individuel d'émergence des entrepreneurs
de J.-P. SABOURIN et Y. GASSE (1989 )............................................................... 45
1.4. L’intention entrepreneuriale : une phase en amont du processus entrepreneurial47
1.4.1. La problématique............................................................................................. 50
1.4.2. Le questionnement principal de la recherche : l'intention entrepreneuriale .... 53
1.4.2.1. Une volonté personnelle............................................................................ 55
1.4.2.2. Un processus cognitif ................................................................................ 57
1.4.2.3. Le décalage entre les logiques d'intention et d'action dans le processus de
création d'entreprise ............................................................................................... 59
1.4.2.4. L'hypothèse de base : la stabilité à moyenne échéance de l'intention ....... 61
Conclusion du chapitre 1 .............................................................................................. 62
CHAPITRE 2 - L’ENTREPRENEUR : DES THEORIES ECONOMIQUES AUX APPROCHES
INTERDISCIPLINAIRES ........................................................................................................ 65
2.1. Les pérégrinations socio-économiques de l’entrepreneur..................................... 67
2.1.1. Du personnage mythique …............................................................................ 68
2.1.1.1. L’organisateur de J.-B. SAY ..................................................................... 70
2.1.1.2. Le preneur de risque.................................................................................. 72
2.1.2. ... qui s’estompe au détriment de l’organisation …......................................... 74
2.1.3. … et qui renaît avec J. SCHUMPETER.......................................................... 77
2.2. En synthèse de cette odyssée.................................................................................. 80
2.2.1. Une position confortée par une légitimité socio-économique ......................... 81

454
2.2.2. Vers deux nouvelles figures d'entrepreneur .................................................... 83
2.2.3. Les principales figures d’entrepreneur selon les évolutions socio-économiques
................................................................................................................................... 85
2.2.4. Une acception de l’entrepreneur en adéquation avec le positionnement de la
recherche.................................................................................................................... 86
2.3. L’intégration des approches interdisciplinaires : de l’analyse statique et disjointe
à l’analyse dynamique et contingente........................................................................... 87
2.3.1. D'une conjonction de caractéristiques… ......................................................... 88
2.3.2. … au dynamisme des typologies ..................................................................... 89
2.3.2.1. Les typologies statiques ............................................................................ 91
2.3.2.2. Les typologies dynamiques ....................................................................... 93
Conclusion du chapitre 2 .............................................................................................. 97
CHAPITRE 3 - LE PROCESSUS ENTREPRENEURIAL AMONT : MOBILES ET FACTEURS
CONTINGENTS .................................................................................................................. 100
3.1. L'imbrication des mobiles du processus entrepreneurial .................................... 101
3.1.1. Les mobiles économiques.............................................................................. 101
3.1.2. Les mobiles psychologiques.......................................................................... 102
3.1.3. Les mobiles socioculturels ............................................................................ 105
3.2. Des facteurs contingents ...................................................................................... 108
3.2.1. L'expérience professionnelle ......................................................................... 108
3.2.2. L'ancrage territorial ....................................................................................... 109
3.2.3. Les systèmes d'appui et de soutien à la création d'entreprise ........................ 111
3.2.3.1. Un appui financier dépendant de la nature de l'activité et de la taille de
l'entreprise ............................................................................................................ 112
A. Le financement de proximité ....................................................................... 113
B. Le capital-risque........................................................................................... 115
C. Une singulière entrée dans le système éducatif............................................ 117
3.2.3.2. Les conseils et les formations : une intégration graduelle dans
l’enseignement supérieur ..................................................................................... 118
3.2.3.3. Le soutien logistique : un requis organisationnel.................................... 119
3.2.3.4. Les perspectives d’évolution................................................................... 121
Conclusion du chapitre 3 ............................................................................................ 123
PARTIE II - UN MODELE DE L'INTENTION ENTREPRENEURIALE A
TRAVERS UN PROCESSUS MARQUE PAR DES PROGRAMMES OU DES
FORMATIONS EN ENTREPRENEURIAT................................................................ 125
INTRODUCTION.......................................................................................................... 126
CHAPITRE 4 - UN CADRE GENERAL D'ANALYSE DE L’ENSEIGNEMENT DE
L’ENTREPRENEURIAT EN FRANCE .................................................................................... 128
4.1. Dualité du système d’enseignement supérieur français : diversité des valeurs
sociales et "marchandes" des diplômes ...................................................................... 130
4.1.1. Le diplôme des grandes écoles : un système de différence sociale ............... 131
4.1.2. L’accès aux fonctions dirigeantes et à responsabilité des diplômés en gestion
................................................................................................................................. 133
4.2. Une adaptation croissante du système éducatif supérieur à l’enseignement de
l’entrepreneuriat ......................................................................................................... 134
4.3. Un historique de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les établissements
supérieurs français ..................................................................................................... 135
4.4. Des objectifs et des pédagogies à un triple niveau d'intervention....................... 138

455
4.4.1. Les enseignements d’éveil et de sensibilisation ............................................ 139
4.4.2. Les programmes et les formations de spécialisation ..................................... 140
4.4.3. Accompagnement et appui des porteurs de projets ....................................... 142
4.5. Vers des approches transversales déployant des pédagogies par projet ............ 143
4.5.1. Les approches d’enseignement : transversalité versus fonctionnalité ........... 144
4.5.2. Les pédagogies par projet axées sur les attitudes et les perceptions ............. 146
4.6. Pour un corps enseignant universitaire spécialisé .............................................. 147
4.7. Analyse de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les établissements de gestion
de l’enseignement supérieur en France...................................................................... 149
4.7.1. Le cadre d’analyse de J.-P. BECHARD (2000) ............................................ 149
4.7.2. Elaboration d’un cadre général d'analyse de l’enseignement de
l’entrepreneuriat combinant les phases d’enseignement, les objectifs et les
pédagogies ............................................................................................................... 151
Conclusion du chapitre 4 ............................................................................................ 154
CHAPITRE 5 - LE CADRE THEORIQUE DE REFERENCE ....................................................... 157
5.1. Le cadre théorique de la recherche ..................................................................... 159
5.1.1. Le cadre général de la recherche : le modèle de la formation de l'événement
entrepreneurial de A. SHAPERO et L. SOKOL (1982).......................................... 162
5.1.1.1. Les perceptions de désirabilité ................................................................ 164
5.1.1.2. Les perceptions de faisabilité .................................................................. 164
5.1.2. La théorie du comportement planifié de I. AJZEN (1991)............................ 165
5.1.2.1. Les attitudes associées au comportement................................................ 167
5.1.2.2. Les normes subjectives ........................................................................... 168
5.1.2.3. Les perceptions du contrôle comportemental ......................................... 168
5.2. Deux modèles intégratifs de l'intention entrepreneuriale fondés sur la théorie du
comportement planifié ................................................................................................ 171
5.2.1. Le modèle de N.F. KRUEGER et A.L. CARSRUD (1993).......................... 172
5.2.2. Le modèle de E. AUTIO et alii (1997).......................................................... 173
Conclusion du chapitre 5 ............................................................................................ 175
CHAPITRE 6 - PROPOSITION D'UN MODELE DE L'INTENTION ENTREPRENEURIALE............. 177
6.1. Définitions et acceptions des variables explicatives de l'intention entrepreneuriale
et hypothèses de recherche ......................................................................................... 178
6.1.1. Les attitudes associées au comportement ...................................................... 181
6.1.1.1. L'idée ou le projet d’affaire ..................................................................... 183
6.1.1.2. La recherche d’informations ................................................................... 185
6.1.2. Les normes subjectives.................................................................................. 186
6.1.2.1. Les motivations de l'intention entrepreneuriale ...................................... 188
6.1.2.2. La propension à la prise de risque : les perceptions des conséquences de la
disparition de l’entreprise..................................................................................... 192
6.1.2.3. La connaissance de modèles d'entrepreneur ........................................... 194
6.1.3. Les perceptions du contrôle comportemental................................................ 196
6.1.3.1. Les perceptions des aptitudes entrepreneuriales ..................................... 197
A. Les formations et programmes spécifiques en entrepreneuriat ou en création
d’entreprise ....................................................................................................... 198
B. Les expériences professionnelles et associatives ......................................... 199
6.1.3.2. Les perceptions de l’accessibilité aux ressources .................................. 201
6.2. Un modèle explicatif de l'intention entrepreneuriale .......................................... 201
Conclusion du chapitre 6 ............................................................................................ 203

456
PARTIE III - METHODOLOGIE EMPIRIQUE, RESULTATS ET ANALYSES.. 205
INTRODUCTION.......................................................................................................... 206
CHAPITRE 7 - LA METHODOLOGIE EMPIRIQUE : UNE DEMARCHE HYPOTHETICO-DEDUCTIVE
INSCRITE AU SEIN DE LA METHODE DE G.A. CHURCHILL (1979) ................................. 207
7.1. Pourquoi avoir choisi une démarche hypothético-déductive appuyée sur une
approche qualitative ? ................................................................................................ 210
7.2. Une adaptation de la méthode de G.A. CHURCHILL (1979) ............................. 212
7.2.1. La phase exploratoire .................................................................................... 214
7.2.1.1. Spécification du domaine du construit .................................................... 214
7.2.1.2. Génération d'un échantillon d'items ........................................................ 215
7.2.1.3. Collecte des données ............................................................................... 215
7.2.1.4. Purification de l'instrument de mesure .................................................... 216
7.2.2. La phase de validation ................................................................................... 216
7.2.2.1. Collecte des données ............................................................................... 216
7.2.2.2. Estimation de la fiabilité et de la validité................................................ 217
7.2.2.3. Développement de normes ...................................................................... 217
7.3. L’enquête qualitative : les consultations d’experts ............................................. 218
7.4. Le double test du projet de questionnaire............................................................ 219
7.5. Elaboration du questionnaire .............................................................................. 221
7.5.1. Présentation de l’objet de l’enquête............................................................... 222
7.5.2. Les instruments de mesure : des emprunts et des constructions personnelles
................................................................................................................................. 223
7.5.2.1. Les expériences de travail ....................................................................... 224
7.5.2.2. Les centres d’intérêt associatifs .............................................................. 226
7.5.2.3. Les modèles d’entrepreneur .................................................................... 227
7.5.2.4. Le cursus entrepreneurial ........................................................................ 228
7.5.2.5. Les attitudes entrepreneuriales ................................................................ 230
7.5.2.6. Les motivations de concrétisation........................................................... 232
7.5.2.7. La disponibilité des ressources................................................................ 235
7.5.2.8. Le choix de carrière................................................................................. 236
7.5.3. La fiche signalétique...................................................................................... 239
7.6. Méthode d’échantillonnage et composition des populations observées .............. 240
7.6.1. La population de référence : un échantillon de convenance.......................... 242
7.6.2. L’échantillon témoin : la quête d’une homogénéité comparative ................. 244
7.6.3. L’optimalité de la taille des échantillons....................................................... 245
7.7. Procédure de recueil des données : une auto-administration assistée................ 246
Conclusion du chapitre 7 ............................................................................................ 247
CHAPITRE 8 - CARACTERISTIQUES DESCRIPTIVES ET ANALYSES D’HOMOGENEITE .......... 249
8.1. Les données socio-démographiques .................................................................... 249
8.1.1. Le sexe........................................................................................................... 250
8.1.2. L’âge.............................................................................................................. 250
8.1.3. Le pays ou la région d’origine....................................................................... 251
8.1.4. Le cursus antérieur......................................................................................... 252
8.1.5. Le type de formation...................................................................................... 254
8.1.6. Les raisons de l’intégration des formations................................................... 254
8.2. L’homogénéité des échelles ................................................................................. 257
8.2.1. La dimensionnalité ........................................................................................ 257
8.2.2. La fiabilité .................................................................................................... 259

457
8.3. Les tests et les analyses de condensation des échelles ........................................ 260
8.3.1. La variable "recherche d’informations" ........................................................ 262
8.3.2. La variable "aspects de l’idée ou du projet d’entreprise" .............................. 266
8.3.3. La variable "besoin d’accomplissement" ...................................................... 269
8.3.4. La variable "recherche de l’autonomie" ........................................................ 272
8.3.5. La variable "propension à la prise de risque" ................................................ 275
8.3.6. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais
de la formation" ....................................................................................................... 282
8.3.7. La variable "perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le biais
des expériences professionnelles" ........................................................................... 285
8.3.8. La variable "perceptions de disponibilité des ressources"............................ 289
8.3.9. La variable "intention entrepreneuriale"........................................................ 297
Conclusion du chapitre 8 ............................................................................................ 300
CHAPITRE 9 - UN MODELE DE L’INTENTION ENTREPRENEURIALE VALIDE DANS UN
CONTEXTE DE L’ENSEIGNEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT ............................................... 302
9.1. Les méthodes explicatives et prédictives utilisées ............................................... 303
9.1.1. L’analyse de régression simple...................................................................... 303
9.1.2. L’analyse de la variance à 1 facteur .............................................................. 304
9.1.3. La corrélation................................................................................................. 305
9.2. Les tests et les analyses de validation des hypothèses......................................... 306
9.2.1. Les effets des attitudes associées au comportement sur l’intention
entrepreneuriale ....................................................................................................... 306
9.2.1.1. L’influence de l’existence d’une idée ou d’un projet.............................. 306
9.2.1.2. L’influence de la recherche d’informations ............................................ 313
9.2.2. Les effets des normes subjectives sur l’intention entrepreneuriale ............... 320
9.2.2.1. L’influence des motivations psychologiques .......................................... 321
9.2.2.2. L’influence de la propension à la prise de risque.................................... 325
9.2.2.3. L’influence de la connaissance de modèles d’entrepreneur.................... 329
9.2.3. Les effets des perceptions du contrôle comportemental sur l’intention
entrepreneuriale ....................................................................................................... 339
9.2.3.1. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le
biais de la formation............................................................................................. 340
9.2.3.2. L’influence des perceptions des aptitudes entrepreneuriales acquises par le
biais des expériences professionnelles ................................................................. 341
9.2.3.3. Influence des aptitudes entrepreneuriales acquises avec les responsabilités
associatives........................................................................................................... 348
9.2.4. Influence des perceptions de disponibilité des ressources sur l’intention
entrepreneuriale ....................................................................................................... 352
9.2.5. Les effets concomitants des variables quantitatives sur l’intention
entrepreneuriale ....................................................................................................... 358
9.3. Un modèle explicatif et prédictif de l’intention entrepreneuriale testé dans le
cadre de l’enseignement de l’entrepreneuriat ............................................................ 364
Conclusion du chapitre 9 ............................................................................................ 366
CONCLUSION GENERALE......................................................................................... 368
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 382
ANNEXES ........................................................................................................................ 412
TABLES DES FIGURES....................................................................................................... 446
TABLES DES TABLEAUX ................................................................................................... 447

458
TABLES DES ANNEXES ..................................................................................................... 453

459

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