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François Cardinaux
première version : 24 février 2006 ; mise à jour (v1.3) : 31 mars 2006
INTRODUCTION
Depuis quelques années, le logiciel libre revient de plus en plus souvent à l'attention du
public. Les journaux publient régulièrement des articles à son sujet, que ce soit pour
vanter ses avantage ou pour relater un différend avec l'un de ses détracteurs. La plupart
des gens n'en retiennent que deux choses : sa gratuité, et le fait qu'il constitue une sorte
d'attaque contre les géants de l'industrie informatique.
Sans être fausse, cette vision est très incomplète : le libre possède bien d'autres atouts, et
n'est du reste pas forcément gratuit. Mais avant tout, le libre est basé sur un ensemble de
principes. La clé du libre est dans sa licence, qui constitue également le pivot autour
duquel s'articule le présent document.
Dans ce dernier, nous utiliserons le terme de licence libre pour désigner aussi bien une
licence particulière que le concept général. De plus, nous ne ferons pas de distinction
entre les termes libre et Open Source, par souci de simplicité. En règle générale, seul le
premier sera utilisé, pour éviter l'anglicisme qu'est le second.
Dans le chapitre intitulé Rappels sur le logiciel libre, nous trouverons une brève définition du
logiciel libre ainsi que d'autres considérations à son sujet, comme ses principaux
avantages.
Les trois chapitres suivants sont consacrés aux trois terrains d'expansion des licences
libres. Le premier terrain est le plus connu : il s'agit de celui du logiciel propriétaire.
Nous verrons qu'il en existe deux autres : les applications hors de portée du logiciel
propriétaire et l'utilisation des licences libres en-dehors du logiciel.
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Le présent document n'est pas un cours sur le logiciel, libre ou non. Aussi, ce chapitre
n'est qu'un rappel des points les plus importants. Il existe des présentations plus
complètes et des livres sur lesquels le lecteur peut se reporter s'il ressent le besoin de
rafraîchir ses connaissances.
L'usage de distribuer librement des logiciels est ancien. Cette pratique était la règle avec
les premières générations d'ordinateurs. A cette époque, le coût de développer un logiciel
était dérisoire par rapport au prix d'une machine. Aussi, les opérateurs s'échangeaient
simplement leurs programmes, sans se soucier de la question de la propriété intellectuelle
[Sal05].
Puis vint le jour où les ordinateurs devinrent meilleurs marchés et suffisamment
puissants pour que la programmation se transforme en un métier distinct. Des sociétés
éditrices de logiciels apparurent. Pour payer leurs coûteuses équipes de programmeurs,
elles eurent besoin de vendre des licences. Pour protéger leurs créations, elles interdirent
l'accès au code source de leurs programmes. Ce modèle perdura après l'apparition de
l'ordinateur personnel et d'Internet, jusqu'à aujourd'hui où il prévaut encore.
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besoins.
● La liberté de redistribuer des copies.
● La liberté d'améliorer le programme et de publier ses améliorations, pour en faire
profiter toute la communauté.
Il en résultait que l'accès au code source devait être ouvert, comme il l'avait été au début
de l'ère informatique. Le logiciel devait être protégé par une licence qui garantissait
l'ensemble de ces libertés. Loin de négliger les droits de l'auteur, ces licences pouvaient
s'appuyer sur un copyright ou un contrat, mais jamais sur un brevet.
Outre ses arguments au ton idéaliste, la Free Software Foundation affirma que le logiciel
libre permettrait d'aboutir à des logiciels de qualité supérieure. Pour le prouver, il lui
fallait développer un produit qui concurrencerait un logiciel propriétaire existant. Ce fut
le rôle du projet GNU, qui avait démarré deux ans auparavant. Le but du projet GNU
était de développer un système d'exploitation complet ressemblant à Unix1.
Sphère
Champ d'application de l'information Champ d'application
du logiciel libre du logiciel propriétaire
Figure 1: Les premiers logiciels libres visaient à démontrer qu'en changeant certains principes, il
était possible de concevoir de meilleurs programmes que ceux qui existaient alors.
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UN MODÈLE INCONTOURNABLE
Dans un récent article, John Mark Walker a montré que se mettre au logiciel libre était
incontournable pour un nombre croissant d'éditeurs [Wal06]. Comme nous le reverrons
plus loin, c'est effectivement le seul moyen que possèdent ces entreprises pour s'adapter
à la mondialisation.
2 Ce fut le cas au tournant du XXIè siècle avec le navigateur Internet Explorer de Microsoft. Ce logiciel
balaya littéralement son concurrent Netscape Navigator en étant plus facile à programmer et en offrant
plus de possibilités. Il ne put le faire qu'en devançant certaines normes. Défaite, la firme Netscape
décida finalement d'ouvrir le code source de son navigateur. La balle fut alors dans le camp du
logiciel libre, qui offrit à Netscape sa revanche sous la forme du logiciel Firefox, qui aujourd'hui
inquiète à son tour Microsoft.
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L'ensemble des logiciels libres peut être vu comme une pyramide. Au sommet se
trouvent les logiciels les plus mûrs, dans la mesure où ce sont les plus faciles à installer et
à utiliser. Ce sont ceux qui touchent le plus large public. Nous pouvons y placer la suite
bureautique OpenOffice.org et le navigateur Firefox, qui connaissent aujourd'hui une
expansion fulgurante.
A l'étage en-dessous, nous trouvons des logiciels très répandus, mais dont l'installation et
l'utilisation sont plus complexes. Le système d'exploitation Linux en fait partie. Son
installation est une affaire d'expert. Notons toutefois qu'elle est devenue plus facile grâce
à l'apparition de logiciels dédiés à cette tâche. Nous les nommons distributions, parce que
plusieurs programmes y sont inclus : outre Linux, nous y trouvons une suite bureautique,
un navigateur Internet, une messagerie, un lecteur multimédia, et bien d'autres choses
encore. Les premières distributions Linux étaient payantes, comme Mandrake ou Red Hat,
mais il en existe aujourd'hui qui sont gratuites et libres, comme Ubuntu.
Descendons encore d'un étage dans notre pyramide. Nous trouvons ici des logiciels bien
standardisés, mais qui touchent un public plus petit. Leur installation et leur utilisation
demandent un certain degré d'expertise. Parfois même, seuls les informaticiens les plus
doués ont des chances de s'en sortir.
Poursuivons notre descente. Si certains des logiciels situés à l'étage en-dessous peuvent
être intéressants et prometteurs, ils ne fonctionnent pas encore de façon uniforme, et
surtout leurs caractéristiques ne sont pas assez clairement définies, de sorte qu'ils ne
peuvent être utilisés que pour des besoins ponctuels et limités dans le temps. Le
fonctionnement d'une entreprise ne doit pas dépendre de tels logiciels3.
3 Dans le jargon informatique, nous disons que ce type de logiciel ne peut pas être utilisé en production.
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Tout en bas de la pyramide se trouvent les nouveaux produits, qui constituent la majorité
des logiciels libres4. Si certains de ces logiciels sont utilisables, aucun n'est encore devenu
populaire. De plus, le risque de voir leurs spécifications changer est encore plus grand
que dans la catégorie précédente.
Utilisable de façon systématique.
Nécessite certaines
Alfresco (logiciel de
Standardisé
gestion de contenu)
Nouveau
Ce que cette pyramide nous montre, c'est que le degré de maturité des logiciels libres est
non seulement lié à leur âge, mais aussi proportionnel à la taille de leur audience. Ce n'est
pas une règle absolue, mais elle se vérifie dans la majorité des cas. Beaucoup plus de
monde a besoin d'une suite bureautique (OpenOffice.org à droite de la pyramide) que d'un
serveur web (Apache), et les logiciels de gestion de contenu comme Alfresco sont encore
moins demandés.
Les logiciels propriétaires ont là une longueur d'avance par rapport à leurs équivalents
libres, car leur installation et leur utilisation doivent être les plus aisées possibles dès la
première version. Ces logiciels sont poussés dès le début par une logique commerciale,
ce qui n'est que rarement le cas avec le libre, où les projets sont en général d'abord
motivés par des besoins propres à ceux qui les conçoivent.
4 Il suffit de se rendre sur un site comme Sourceforge.net pour s'en rendre compte. Ce site héberge plus
de 100'000 projets et fournit des indications sur le nombre de projets à chaque stade d'évolution.
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Pour que quelqu'un ait intérêt à élever un logiciel libre dans la pyramide, celui-ci doit
avoir un marché suffisamment étendu5. Or, comme nous allons le voir, les marchés
s'ouvrent au logiciel libre au fur et à mesure qu'évoluent nos attentes et que progresse la
mondialisation.
Sphère
de l'information
Champ d'application Champ d'application
du logiciel libre du logiciel propriétaire
Nous jugeons de plus en plus les logiciels par leur capacité à s'adapter à n'importe quel
environnement matériel, à s'assembler entre eux et à se désassembler sans accroc, à
communiquer parfaitement, et à connaître le plus grand nombre possible de standards.
Un certain nombre de gens ont avancé que seul le logiciel libre était capable de remplir
toutes ces exigences.
Dès ses débuts, la communauté du logiciel libre a tenu ce langage. Récemment encore,
une recherche réalisée par trois spécialistes de Harvard a établi que l'architecture d'un
logiciel était le reflet de l'organisation de l'équipe qui l'avait développé [MRC05]. Ils en
ont conclu que la faible coordination propre à certains projets de logiciels libres était un
atout, dans la mesure où elle obligeait à concevoir les produits de façon très modulaire6.
Les quelques éclatantes victoires du libre que nous connaissons prouvent qu'il s'agit du
seul moyen de parvenir à répondre au besoin actuel de décloisonner les logiciels.
5 Ceci semble contredire ce qui a été affirmé à la page 5. Il faut comprendre que si la taille du marché
n'a pas d'importance lorsqu'un utilisateur améliore le logiciel pour ses propres besoins, elle en a en
revanche quand il s'agit de se préoccuper du confort des autres.
6 L'article de Nicholas Carr [Car06] résume cette étude.
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La mondialisation est l'autre force qui place le logiciel libre au premier plan, en lui
ouvrant certains marchés jusqu'ici monopolisés par les logiciels propriétaires. Deux
facteurs sont responsables de ceci : la nécessité économique et l'effet d'échelle.
La nécessité économique :
● Les logiciels libres rendent l'informatique abordable pour plus de gens.
● Au niveau des entreprises, la question des coûts est également cruciale. Même si le
calcul du coût total de possession n'est pas toujours en faveur du logiciel libre, ce
dernier est en train de conquérir du terrain.
L'effet d'échelle :
● La taille de chaque marché augmente grâce à la mondialisation. Ainsi, un nombre
croissant de logiciels propriétaires emmurés dans des contextes spécifiques sont
contraints d'évoluer. Ils doivent remplir de nouvelles exigences comme pouvoir
être traduits ou gérer plus d'informations. Lorsqu'il s'en montrent incapables, et
c'est bien souvent le cas, ils doivent céder leur place à des solutions globales. Ils
offrent alors une occasion au logiciel libre d'étendre son territoire.
● Le nombre de personnes capables de contribuer aux logiciels libres s'accroît au fur
et à mesure qu'Internet s'étend et devient plus rapide. En outre, le web a un
deuxième effet : la masse de ressources gratuites pour s'initier à l'informatique
croît et s'améliore également. Il est donc de plus en plus facile d'apprendre à
contribuer aux projets libres. Et pour ceux qui ne veulent pas se mettre à la
programmation, il existe d'autres façons de participer : le maintien de site web, la
rédaction de documents et la traduction en sont trois exemples.
La combinaison des deux facteurs précédents :
● La multiplication de programmeurs qualifiés à travers le monde et la montée du
développement informatique off-shore font que le logiciel libre devient la seule
façon d'exister pour de plus en plus d'éditeurs. Avec la gratuité des licences, le jeu
de la concurrence redevient égal.
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Outre le fait de grignoter le terrain des logiciels propriétaires, le logiciel libre prend son
essor là où ceux-ci ne sont pas adaptés. Ce faisant, il est à même de combler deux
besoins du monde actuel :
● par la gratuité de ses licences, il rend l'utilisation de l'informatique possible lorsque
l'argent fait défaut alors que la main d'oeuvre potentiellement qualifiée est
présente en quantité.
● du fait de sa transparence, il remplace l'homme lorsque celui-ci doit se méfier de
lui-même.
Ces deux qualités sont intéressantes pour tous, et très prometteuses pour les pays
émergeants et les démocraties naissantes, comme nous allons le voir.
Sphère
Champ d'application de l'information Champ d'application
du logiciel libre du logiciel propriétaire
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ordinateurs plus anciens ou moins performants que Windows, et donc moins cher.
Tout récemment, la société chinoise YellowSheepRiver en a fait la preuve, en mettant au
point un ordinateur à 146 dollars, le Municator [Bar06]. Cet appareil a des performances
réduites, mais suffisantes pour bien des utilisations. En outre, il possède l'avantage de
pouvoir être branché sur n'importe quel moniteur, y compris sur une télévision. Ici
encore, le logiciel libre est utilisé pour faire baisser les coûts.
LE VOTE ÉLECTRONIQUE
Le monde d'aujourd'hui compte un certain nombre de démocraties naissantes ou jeunes,
qui peinent trop souvent à lutter contre la corruption et les tricheries électorales. Le vote
électronique basé sur le logiciel libre pourrait être la réponse idéale à ces besoins de
transparence et d'impartialité.
Les deux seuls obstacles à ce système sont le sous-développement technologique et
l'absence de recensement fiable de certaines populations. Ce sont donc deux défis que la
société de l'information doit relever pour qu'à terme la paix et la prospérité progressent.
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9 Benetech est une organisation à but non-lucratif basée à Palo Alto, en Californie.
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Nous avons vu que la première voie d'expansion des licences libres était l'ensemble des
marchés détenus par les logiciels propriétaires. Nous avons également vu qu'il y avait une
deuxième voie, constituée de nouveaux marchés qui n'intéressaient pas l'industrie
informatique traditionnelle, ou qui étaient hors de portée pour elle. Nous allons
maintenant voir qu'il existe une troisième voie d'expansion, et qu'elle se situe en dehors
du logiciel.
Un programme informatique n'est rien d'autre qu'une forme particulière d'information,
organisée de façon à être comprise par un ordinateur. Rien ne nous empêche donc
d'utiliser les licences libres pour protéger d'autres types d'information : du texte, des
images, des procédés de fabrication, des molécules et bien d'autres choses encore.
Le but du présent chapitre est de dresser une liste de l'état actuel des utilisations des
licences libres en dehors de l'informatique. Ces utilisations sont de trois types :
● Le savoir libre : encyclopédies, dictionnaires et moyens d'éducation
● Le savoir-faire libre : créations (arts, musique, littérature), ressources (graphisme,
design, typographie) et inventions (moyens de transport, alimentation, industrie
pharmaceutique et matériel informatique)
● Le « faire savoir » libre : médias et information
A la fin du chapitre figurent quelques réflexions sur le futur du libre hors logiciel.
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Information
sous licence libre
Information propriétaire
LE SAVOIR LIBRE
L'encyclopédie Wikipedia est certainement la source de savoir libre la plus connue et la
plus utilisée. Gérée par la société Wikimedia, elle regroupe 2,6 millions d'articles dans 205
langues10. Tout le monde peut y participer en tout temps, ce qui fait qu'elle est
constamment mise à jour avec les informations les plus récentes, ce qui n'est bien
évidemment pas le cas des encyclopédies traditionnelles.
Tous les articles de Wikipedia ne sont pas de la même qualité ni d'une parfaite objectivité,
mais il existe des repères signalant ceux dont le contenu est douteux. De plus, chaque
article est accompagné d'une page de discussion, au moyen de laquelle chaque internaute
peut s'exprimer et faire des commentaires.
Une autre différence fondamentale entre Wikipedia et les encyclopédies traditionnelles
est la plus grande diversité des sujets traités : on y trouve des articles techniques de haut
niveau et des informations sur les sociétés les plus connues, pour ne citer que deux
exemples.
Pour terminer, une récente étude effectuée à l'initiative de la revue scientifique Nature a
démontré que Wikipedia ne comportait que 33% d'erreurs de plus que Britannica11 [Gil05].
10 Chiffres de novembre 2005 tirés de l'article « Wikipedia » de la version anglaise de cette
encyclopédie.
11 Récemment, l'encyclopédie Britannica a riposté en contestant en bloc l'article de Nature, qui a
maintenu sa position par la suite [Lom06 et BRI06]. Le débat reste donc ouvert. Toutefois, en
considérant que l'information libre recèle la même capacité à tendre vers la perfection que le logiciel
libre, il y a toutes les raisons de croire que l'article de Nature décrit une réalité qui sera un jour
atteinte, si elle ne l'est pas encore. Pour cette raison, le présent document continue à faire référence à
cette étude.
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Ceci laisse présager que le savoir libre risque de prendre une place prépondérante au
milieu des outils de référence traditionnels. Ceux-ci risquent bien à terme d'être
contraints à puiser l'essentiel de leurs informations dans des sources comme Wikipedia, et
de tirer leur profit en se spécialisant et en ajoutant leur savoir-faire : sélection d'articles et
analyses d'experts, par exemple.
Parmi les encyclopédies, citons encore Cellphedia, qui a la particularité d'être accessible
par e-mail, par exemple depuis un téléphone cellulaire.
Au niveau des dictionnaires, le plus connu est le petit frère de Wikipedia : Wiktionary.
Citons encore Freelang, qui contient des ressources gratuites dans le domaine des langues
étrangères (un dictionnaire gratuit à télécharger, un service d'aide à la traduction et des
polices de caractères) et Wikiquote, un dictionnaire de citations.
La taxonomie est également présente sur Internet avec Wikispecies, qui a pour objectif de
recenser l'ensemble des espèces vivantes. D'autres ressources du même genre existent,
mais elles ne sont pas protégées par des licences libres. Un récent article de la revue The
Economist fait le point sur le sujet tout en annonçant un nouveau projet de ce type
[TE06].
Mentionnons encore un domaine de savoir sur lequel les licences libres étendent leur
emprise : l'éducation. D'une part, il existe une certaine quantité de matériel d'éducation
disponible sur Internet, dont voici deux exemples :
● Le site MIT OpenCourseWare du Massachusetts Institute of Technology. Notons que sa
licence Creative Commons bannit l'utilisation commerciale du contenu du site.
● Le site FreeTechBooks.com qui, comme son nom le suggère, permet de télécharger
des livres gratuits.
D'autre part, le site Eduforge est un environnement complet destiné au partage d'idées, de
résultats de recherches et de contenu libre pour l'éducation.
La question des droits d'auteur des oeuvres musicales et cinématographiques est un sujet
dont les médias parlent régulièrement. Les maisons d'édition du disque et les studios de
production cinématographique ont toujours été victimes de piratage, mais le phénomène
a pris de l'ampleur avec Internet et les logiciels peer-to-peer. Si les artistes les plus connus
trouvent intérêt à se ranger derrière leurs éditeurs pour se protéger contre le piratage, les
autres préfèrent souvent profiter d'Internet et des licences libres pour se faire connaître.
Les musiciens, par exemple, peuvent faire appel à Magnatune. Ce site propose une grande
variété d'auteurs, d'interprètes et de genres. Son originalité réside dans son système de
licence, qui est très souple. Par défaut, les morceaux sont protégés par une licence
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Creative Commons qui bannit l'utilisation commerciale. Si quelqu'un n'est pas satisfait de
cette restriction, il doit acquérir une autre licence, payante cette fois. Un outil interactif
bien conçu lui permet de déterminer finement le prix à payer.
Le film Star Wreck, dont les médias ont parlé l'an dernier, est le premier film sous licence
Creative Commons de l'histoire du cinéma. Cette parodie de la série de science-fiction Star
Treck a été tournée par des finlandais et n'a coûté que 15'000 euros. Ce faible prix n'a pu
être atteint que grâce aux milliers d'heures de travail effectuées gratuitement par
l'ensemble de l'équipe.
Dans le domaine de la photographie, Open Photo est un site sur lequel chacun peut
publier ses oeuvres, en choisissant le type de licence Creative Commons qui lui convient le
mieux.
Enfin dans le domaine de la littérature, la société Wikimedia met à disposition deux sites
Internet : Wikibooks, qui permet de participer à la rédaction de livres, et Wikisource. Ce
dernier est différent du précédent dans la mesure où les textes doivent y être publiés d'un
coup, leur contenu ne pouvant ensuite plus être modifié. La majeure partie des textes qui
s'y trouvent sont d'anciennes oeuvres tombées dans le domaine public. Dans ce cas, il ne
s'agit donc pas créations protégées par des licences libres12.
12 Les licences libres s'appuient sur le copyright et quelquefois sur des contrats. Elles n'ont donc rien à
voir avec le domaine public.
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LE « FAIRE-SAVOIR » LIBRE
Récemment, Wikimedia a lancé un nouveau produit nommé Wikinews. Ce site est peut-
être le plus ambitieux de tous ceux que cette société a créés. Destiné à donner les
dernières informations sur les événements du monde entier, il y a fort à parier qu'il
concurrencera bientôt directement les agences de presse.
Mais il ne s'arrêtera pas là. Le jour arrivera où des centaines de milliers de journalistes en
herbe contribueront à ce site. En mettant en avant les plumes les mieux cotées, ce
journal aura alors certainement une qualité comparable à celle des meilleurs quotidiens
actuels. Pour nous en convaincre, rappelons-nous l'étude de Nature sur Wikipedia citée
plus haut.
Le rôle des quotidiens sera alors complètement transformé : ils se fourniront
probablement dans la masse d'informations sous licence libre. Ils la trieront pour en
extraire ce qui sera vérifiable, objectif et susceptible d'intéresser leur public. Ils
combleront les inévitables lacunes et ajouteront leurs propres analyses. Enfin, ils
publieront quotidiennement le tout, sur Internet, sur livre électronique et sur papier,
offrant ainsi une palette de formats complète à leurs lecteurs.
En tout cas, Wikinews a pris les devant, en renouvelant quotidiennement une version
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LE FUTUR
Nous ne sommes qu'au début de l'application des licences libres en dehors de
l'informatique. Tentons d'imaginer quelles pourraient être les solutions à quelques-unes
des préoccupations de nos sociétés :
● Le maïs transgénique libre permettrait de rompre la chaîne de dépendance des
paysans vis-à-vis des firmes agrogénétiques. Bien-sûr, nous avons d'autres
préoccupations au sujet des organismes génétiquement modifiés. Mais peut-être
que lorsque nous connaîtrons mieux les conséquences de ces produits, nous nous
rendrons compte que le libre est la meilleure façon de les développer.
● La cigarette libre pourrait aussi nous surprendre. Avec un cahier des charges
prenant en compte les exigences relatives à la santé, gageons que la forme même
d'une telle cigarette évoluerait rapidement vers celle d'un patch à nicotine.
● Les grands couturiers pourraient aussi être un jour concurrencés par de nouveaux
venus mettant leurs créations sous licence libre.
En fait, partout où il y a une information protégée par des droits ou par un secret de
fabrication, il y a une possibilité pour le libre d'exister. Le besoin, pour la société, de
promouvoir des solutions plus adaptées aux individus, et celui, pour les individus, de se
faire reconnaître par la société seront les deux moteurs qui feront progresser le libre en
dehors du logiciel.
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CONCLUSION
Les licences libres vont prendre une place prépondérante dans tous ce qui est lié à la
propriété intellectuelle. Nées de l'informatique, elles se répandent maintenant dans
d'autres secteurs. Avec l'encyclopédie Wikipedia, la connaissance est devenue leur
deuxième plus important domaine d'application.
Accusées à tort par leurs détracteurs d'être une forme déguisée de communisme, il n'en
est pas moins vrai qu'elles apportent une certaine égalité de traitement entre grands et
petits et entre riches et pauvres. Mais elles donnent en même temps à la concurrence sa
forme la plus dure. Elles impliquent une ouverture dont la conséquence est une sélection
implacable.
Les années à venir seront donc celles des licences libres, qui vont chambouler la façon
dont circulent l'argent et l'information. Le nouveau modèle qui se dessine aujourd'hui a
les effets les plus divers et les plus vastes : il fait frémir les plus puissants éditeurs de
logiciels, il bouscule les habitudes de nos entreprises, il aide le monde à se libérer et à se
démocratiser, il déborde de l'informatique pour se diffuser dans les domaines les plus
inattendus, comme la chimie ou les transports. Bref, il est en passe de s'imposer comme
une étape cruciale dans l'évolution de nos sociétés.
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Nos habitudes et nos mentalités vont changer. Elevés dans l'idée que tout travail méritait
salaire, nous allons devoir apprendre à effectuer gratuitement la tâche la plus noble : la
création. Pour l'accomplir tout en gagnant nos vies, nous allons devoir inventer de
nouveaux modèles d'affaire. Mais cela, c'est une autre histoire.
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LIVRES
Sal05 SALEK (Theo). - Chefsache Open Source. - Wiesbaden : Friedr. Vieweg & Sohn
Verlag, 2005
WG05 WOODS (Dan). GULIANI (Gautam). - Open Source for the Enterprise: Managing Risks,
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dollars ? », AfricaComputing.org, s. l., 22 novembre 2005 (mis à jour le 23
novembre 2005)
http://www.africacomputing.org/article548.html
ARTICLES EN ANGLAIS
Bar06 BARANOVSKIY (Alex), « The Municator – A $146 Linux Based Computer »,
Digital Lifestyle, s. l., 23 mars 2006
http://www.dlmag.com/1027/the-municator-a-146-linux-based.html
BRI06 ENCYCLOPAEDIA BRITANNICA, « Fatally Flawed », Britannica.com, s. l.,
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Cellphedia Une encyclopédie libre accessible par téléphone cellulaire.
http://www.cellphedia.com
FreeTechBooks.com Livres gratuits sur l'informatique et l'ingénierie.
http://www.freetechbooks.com/
Magnatune Site de téléchargement de musique protégée par une licence Creative Commons.
http://www.magnatune.com/
Martus Système mondial de suivi des violations des droits de l'être humain
http://www.martus.org/
MIT : OLPC Site du projet d'ordinateur portable à 100 dollars « One Laptop per Child
(OLPC) ».
http://laptop.medila.mit.edu
MIT Ensemble de ressources mises à disposition de tous par le Massachusetts
OpenCourseWare Institute of Technology (MIT).
http://ocw.mit.edu/
Open Clip Art Site de partage de dessins, dont beaucoup sont dans le domaine public.
Gallery http://www.openclipart.org/
Open Cola Recette de soda ressemblant au Coca Cola.
http://alfredo.octavio.net/soft_drink_formula.pdf
Open Photo Site de partage de photographies. Celui qui publie une photographie peut
choisir la licence Creative Commons qui lui convient le mieux.
http://www.openphoto.net/
Open Source Web Site de partage de designs web. Celui qui publie un design peut choisir la
Design licence qui lui convient.
http://oswd.org/
OpenSPARC.net Site de l'OpenSPARC Initiative de Sun Microsystems. Cette société a décidé de
mettre l'architecture de certains de ses processeurs sous licence GPL et de la
publier.
http://www.opensparc.net/
Open Web Design Site de partage de designs web sous licence Creative Commons ou dans le
domaine public.
http://www.openwebdesign.org
OScar Site du projet OScar de voiture Open Source.
http://www.theoscarproject.org
SIL International Organisation à connotation religieuse ayant pour but d'étudier, de documenter
et d'assister le développement des langues les moins connues. Elle publie
quelques polices de caractères sous licence libre.
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http://www.sil.org/
Sourceforge.net Le plus important site Internet hébergeant gratuitement des projets de logiciels
libres.
http://www.sourceforge.net
Star Wreck Parodie de Star Treck parue en 2005 et protégée par une licence Creative
Commons.
http://www.starwreck.com/
Vores ØL Recette de bière créée par des étudiants d'une université de Copenhague.
http://www.voresoel.dk/
Wikibooks Des livres à l'écriture desquels tout le monde peut participer. Ce site est une
des nombreuses créations de Wikimedia.
http://www.wikibooks.org/
Wikinews Des nouvelles rédigées par les internautes. Ce site est une des nombreuses
créations de Wikimedia.
http://www.wikinews.org/
Wikipedia La célèbre encyclopédie sur Internet.
http://www.wikipedia.org
Wikisource Une collection de sources au contenu libre. Ce site est une des nombreuses
créations de Wikimedia.
http://www.wikisource.org/
Wikispecies Un sous-ensemble du site Wikipedia consacré à la taxonomie.
http://species.wikipedia.org/
Wiktionary Le dictionnaire créé par Wikimedia.
http://www.wiktionary.org/
YellowSheepRiver Société chinoise à l'origine d'un ordinateur à 146 dollars fonctionnant sous
Linux.
http://www.yellowsheepriver.org
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