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L’urbanisme opérationnel est le lien entre le projet global des élus et les besoins personnels des utilisateurs
finaux (locataires ou clients) ; à ce titre, il reflète les aspirations des uns et des autres, puisque la réalisation
de chaque opération d'aménagement dépend des prix du marché : lors de la commercialisation, dans
plusieurs années, combien seront prêt à mettre les acquéreurs pour la prestation fournie ? Qu’il s’agisse de
logements, de locaux d’activité ou d’équipements publics, l’adéquation entre d’une part le budget et le
cahier des charges de l’acquéreur, et d’autre part les prix de vente conditionnera l’équilibre du bilan de
l’opération. Si l’espace public semble échapper à cette logique, il n’en reste pas moins que les collectivités
qui reçoivent les réseaux et les espaces publics générés par l’aménagement du territoire sont également
soumises à un marché formel (conditions de financement, subventions), et informel (participation
citoyenne et sanction électorale).
Malgré les nombreuses recherches dans le secteur du bâtiment (constructions à haute qualité
environnementale), l’aménagement français néglige ostensiblement les réflexions environnementales
poussées. La bonne volonté et la contrainte réglementaire sont pour l’instant les deux seuls moteurs d’un
aménagement raisonné (par analogie avec l’agriculture raisonnée). Cependant la pression croissante des
citoyens et des lois en faveur d’un développement durable touche toutes les décisions des élus, et par là
même celles qui concernent l’aménagement du territoire. Les élus se tournent donc vers les aménageurs, et
exigent une gestion environnementale rigoureuse et transparente des opérations d’aménagement.
Dans le même temps, les démarches de gestion de la qualité se généralisent dans le monde de l’entreprise ;
les fournisseurs sont choisis sur leur labelisation, et les organes de direction souhaitent pouvoir maîtriser la
pertinence de leurs décisions ; pour cela les systèmes de management se généralisent. Ils permettent
l’application d’un ensemble de connaissances concernant l’organisation et la gestion pour assurer le bon
fonctionnement de entreprise ou de l’institution, pour élaborer et réaliser avec elle des projets [Ascher,
2001]. En matière environnementale, la mise en place de systèmes de management a permis de prendre du
recul sur les coûts et les conséquences des activités économiques : les coûts de fonctionnement et
d’utilisation ont été additionnés aux coûts d’investissement dans les nouveaux équipements. La
systématisation du management environnemental en premier intéressé les entreprises qui avaient quelque
chose à se reprocher, comme les usines d’incinération des déchets ou les papetiers, et pour qui la
certification de leur système de management environnemental (norme ISO 14001) était une protection. En
effet la sensibilité évidente du public vis à vis des activités à risque immédiat pour l’environnement a
contraint les élus à exiger de leurs industriels des garanties de respect des normes en vigueur.
Le vocabulaire très technique et à priori très hermétique qui est associé à l’approche systémique de la
gestion environnementale est issu des normes de certification qui la concerne. Ce mémoire permet de se
l’approprier pour développer un langage commun, et l’appliquer dans un domaine où la normalisation
est en cours, et où les recherches commencent à peine. Une fois cette clarification des termes et des
enjeux réalisée, on peut s’intéresser à l’application opérationnelle. La diversité des opérations exclue la
systématisation de solutions : on ne peut pas comparer les interactions avec l’environnement d’un
lotissement de 20 lots et d’une zone d’activité à vocation industrielle de 10 hectares. On s’intéressera
plutôt à la systématisation des méthodes et des démarches interrogatives conduisant à des résultats
satisfaisants.
La problématique de ce mémoire est de savoir comment appliquer une démarche systémique à une
réalisation impliquant plusieurs niveaux de décision et de responsabilité, sans que les objectifs initiaux
soient dénaturés.
Au delà de la réponse méthodologique que la définition du sujet appelle, le mémoire se veut un document
de référence à destination des élus et des aménageurs (en exercice ou en devenir), qui entrevoient les
enjeux parfois bien supérieurs au champ d’application de l’urbanisme, et souhaitent cadrer leurs réflexions
sur les démarches vers un aménagement durable.
- Son intérêt ;
- Son lien avec le management de la qualité ;
- Son caractère d’ instrument de réalisation de la politique environnementale ;
- Son application à une entreprise, ou à un produit ;
- la certification et la communication vis-à-vis des tiers.
L’appropriation des concepts et des principes du management environnemental permettra d’aborder dans
la seconde partie de ce mémoire le cas des opérations d’aménagement, en considérant l’ensemble des
enjeux et en s’appuyant sur ce cadre méthodique pour envisager des réalisations.
Les notions d’environnement ou d’écologie déclenchent les passions ; le débat entre les porteurs d’un
projet et les associations reste souvent stérile faute de référentiel spatial et temporel commun. Le
management environnemental est tout sauf un concept d’environnementalistes radicaux. C’est une
politique à la disposition des chefs d’entreprise1, qui présente, en plus des avantages environnementaux,
des avantages économiques et commerciaux. Au sein de cette politique, le système de management
environnemental est un outil qui permet d’atteindre les objectifs fixés.
1 / Avantages économiques
Le frein le plus souvent évoqué à la mise en place d’actions en faveur de l’environnement est lié à la
crainte de surcoûts incontrôlés. Ces coûts, souvent liés à l’investissement dans une technologie récente ou
peu utilisée, deviennent des économies quand on se place à une autre échelle : l’aspect systémique permet
de quantifier les coûts d’investissement, d’évaluer les économies réalisées en fonctionnement, et le temps
d’amortissement.
En effet le principal avantage économique est l’amélioration du contrôle des dépenses. En effet le système
de management environnemental recherchera toujours l’économie des ressources (matières premières), et
la maîtrise des rejets (déchets). Il peut permettre ainsi de réduire les consommations d’eau, d’énergie, et de
valoriser les déchets.
L’intégration de la problématique environnementale permet également de réduire les coûts liés aux risques
naturels : l’analyse fine du site inhérente au système de management environnemental fera
systématiquement ressortir les faiblesses du site, tant sur les risques d’inondation que de mouvements
tectoniques, bien au delà de ce que le zonage du PLU pourrait faire ressortir.
2 / Avantages commerciaux
L’avantage commercial immédiat est l’amélioration de l’image de marque. Une entreprise qui met en avant
sa politique environnementale est une entreprise qui se distingue favorablement de ses concurrents au
yeux des clients. Le système de management environnemental rend décisive cette bonne impression, en
mettant en valeur le sérieux et la rigueur de la démarche.
Des entreprises comme AREVA (énergie nucléaire), qui travaillent dans des secteurs à priori mal vus du
public, ont bien compris les enjeux de du développement et de la mise en avant d’une politique
environnementale rigoureuse (Spot de télévision, rapport « AREVA et le développement durable », etc.).
Trop vite cataloguées comme destructrices de l’environnement naturel, les entreprises de construction et
de travaux publics se sont également illustré dans la recherche de labels environnementaux. En avril 2003,
VINCI a adhéré au Global Compact (Pacte mondial des entreprises), une initiative de l'Organisation des
Nations Unies lancée par son Secrétaire Général Kofi Annan. Cet engagement d’« appliquer l’approche
préventive face aux défis l’environnementaux » est un axe majeur de la communication du groupe, qui
permet de discréditer les opposants à leur activité.
1 Chef d’entreprise est à prendre au sens large. Il faut notamment inclure le management public des élus.
Faire du management environnemental, c’est donc pouvoir se réclamer du développement durable, avec
des preuves tangibles.
2 Cf. Rapport de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement (le Rapport Brundtland), 1987
- Prévoir,
- Faire,
- Prouver et contrôler,
- Corriger et réagir.
Les trois tableaux suivants résument l’état d’esprit de la démarche. Une entreprise classique interagit avec
l’environnement, ne serait-ce que par son administration (production de déchets, consommation
d’énergie). Trois possibilités d’actions s’offrent aux dirigeants qui décident de tenir compte de
l’environnement :
- Soit ils souhaitent avoir une activité économique qui devient du jour au lendemain « écologique »,
et ils perdent leur rentabilité et leur temps sur un objectif idéaliste ;
- Soit ils mettent en place des procédures isolées (utilisation de papier recyclé en interne par
exemple), alors que d’autres procédures maintenues les rendent caduques (pas de tri du papier).
- Soit enfin ils raisonnent par thème, dans le temps, pour atteindre des objectifs réalistes
régulièrement revus à la hausse (auto amélioration).
(Activité économique)
(Activité économique)
(Activité économique)
Axe du temps
Axe du temps
Axe du temps
Déchets
Déchets
Déchets
Air
Energie
Paysage
Air
Energie
Paysage
Air
Energie
Paysage
Eau
Transports
Eau
Transports
Eau
Transports
Thèmes
Thèmes
Thèmes
1 / Volonté politique
Tout comme le management de la qualité, le management environnemental est une démarche qu’il faut
amorcer par un choix politique. Par politique il faut entendre orientation majeure de gestion de la société.
Pour voir émerger une politique, il faut que le décideur soit amené à réaliser un diagnostic, qui mette en
avant les problèmes liés à son activité. Donc pour voir émerger une politique environnementale, il faut que
le décideur soit amené à réaliser un diagnostic environnemental, qui mette en avant les problèmes
environnementaux liés à son activité.
La politique environnementale naît d’une prise de conscience de ces problèmes. Le diagnostic est
généralement fait en externe, par les critiques des clients, et par nouvelles normes techniques. En bon
manager, le chef d’entreprise nomme alors un groupe de travail pour identifier l’ampleur des problèmes
évoqués en réalisant une pré-étude. La volonté politique est dans toute démarche le moteur principal,
puisque les budgets (ou les cautions financières) sont votées par les comités directeurs.
Considérons le cas d’un industriel produisant des tondeuses à gazon pour le service espace verts du
département de l’Essonne. En 2004 se met en place l’Agenda 21 de l’Essonne, et le conseil général initie
une politique d’achats « verts », en introduisant un critère environnemental dans toutes ses commandes.
L’industriel, qui souhaite conserver le marché, va alors réfléchir à un moyen de répondre aux critères.
2/ Décision
Pour évaluer l’intérêt du système de management environnemental, le groupe de travail nommé par le
décideur rédige une synthèse, qui s’attache à :
A l’issue de ce processus, le décideur a tous les éléments nécessaires à sa prise de décision. Si les enjeux
sont suffisants, il lance la procédure de système de management environnemental.
Dans le même temps, l’étude rigoureuse du cadre réglementaire participe a un changement durable des
mentalités : au lieu de subir les changements du droit réglementant l’activité économique, l’entreprise doit
anticiper les nouveaux seuils légaux (quantité de rejets par kilo de produit, etc.) et les évolutions des
souhaits (cahiers des charges) exprimés par les clients.
Si en phase de fonctionnement, un processus ou une activité influe sur l’environnement (pollutions, rejets,
etc.), il faut étudier le profil des utilisateurs visés (en besoins et en rejets). Si le fabricant de tondeuse à
gazon considère comme prioritaire la réduction de la pollution au hydrocarbures de son moteur, il
analysera les rejets actuels en fonctionnement et lors de sa disparition (recyclage ou destruction).
Pour des raisons de type de production ou de diversité de l’activité d’une entreprise, il est parfois
incohérent de mettre en place un système de management environnemental pour toute l’entreprise. Tout
comme la comptabilité analytique sépare les tâches de chacun en fonction des produits, le management
environnemental peut se traiter en « approche produit ».
L’approche site est l’application à tout les processus d’une entreprise. L’analyse se fait par évaluation des
performances environnementales, ou EPE, qui porte sur l’évaluation des impacts ou des facteurs d’impact
liés à l'activité d'un site, du point de vue opérationnel et managérial.
L'évaluation des performances environnementales, ou EPE, est définie par l'ISO/TC2079 comme
"procédé visant à choisir des indicateurs environnementaux et à mesurer, analyser, évaluer, rendre compte
et communiquer la performance environnementale d'un organisme en la comparant avec des critères de
performance environnementale".
Elyo a développé une expérience dans l’assistance à la mise en place de système de management
environnemental en approche site. Spécialisé dans les services aux entreprises, en particulier pour la
fourniture d’énergie (électricité, gaz, flux chauds et froids), Elyo propose par exemple une gestion
rigoureuse de l’environnement de travail : l’ambiance intérieure est précisément conditionnée avec un
indice à paramétrage multiple permettant de prendre en compte en continu la température, l’humidité, la
pression, le débit d’air, le volume sonore ainsi que tout paramètre spécifique à l’application du client.
L’approche produit est l’application à la conception d’un bien ou d’un service. En approche produit,
l’analyse du cycle de vie (ACV) permet d’appréhender globalement tous les impacts sur l’environnement.
On quantifie les flux de matière et d’énergie associés aux étapes du cycle de vie ; le cycle de vie d'un
4/ Programme environnemental
i – Agir au vu du bilan
Le bilan environnemental a fait émerger les enjeux liés au site ou à l’activité économique considérée. Les
actions à engager pour intégrer les contraintes liées à ces enjeux sont initiées par un choix stratégique de
l’entreprise. Ce choix de la politique managériale fixe les thèmes prioritaires et objectifs attenants.
Le bilan environnemental n’est cependant pas la seule donnée considérée au moment où on dégage les
thèmes environnementaux prioritaires ; la cohérence avec la culture de l’entreprise, ainsi que les durées
envisageables de retour sur investissement (2 ans, 5 ans, voir plus) sont des axes de lecture privilégiés pour
le chef d’entreprise.
L’inventaire à permis de disposer de données chiffrées : on fixe des objectifs adaptés au potentiel
d’implication des acteurs, tant en terme humain qu’en terme de moyens. Ces objectifs doivent être validés
par les acteurs concernés (sous traitants, organismes subventionneurs, collectivités locales, et
éventuellement associations écologistes sensibles aux effets de l’activité de l’entreprise). Ces objectifs
seront le noyau de la communication liée au système de management environnemental.
Les actions pour atteindre les objectifs fixés doivent être écrites noir sur blanc. La direction de l’entreprise
valide les conclusions du groupe de travail qui liste les actions, les moyens et les responsables. Ce groupe
de travail est nécessairement composé des responsables des actions, aussi bien au sein de l’entreprise que
chez les partenaires éventuels. Ainsi si chez l’industriel, l’objectif est d’élaborer une tondeuse à gazon
décontructible (c’est à dire entièrement recyclable après démontage), il confie au chef de produit la
responsabilité de mener à bien le système de management environnemental. Ce chef de projet invite à son
groupe de travail le responsable des achats pour qu’il révise son cahier des charges, mais il invite
également le sous-traitant fabriquant la carrosserie, pour l’impliquer dans la démarche, pour s’assurer qu’il
a pris la mesure des enjeux (il perdra son marché si ses tôles sont dans un alliage trop chères à recycler).
Une fois qu’une liste d’actions est proposée, il faut s’assurer de la possibilité d’anticiper les contrôles et les
adaptations. La mesure des effets des actions prévues par le programme ne peut se faire que sur des
données chiffrées. Il faut donc trouver un moyen de quantifier les effets des actions engagées. Pour choisir
les indicateurs, il est intéressant d’étudier les expériences ayant déjà fait l’objet de comptes rendus
[PERSONNE, 1997].
Ainsi il ne suffit pas de mettre en place des actions environnementales, il faut aussi en avoir la maîtrise. Le
système de management environnemental est un outil théorique qui se heurte nécessairement aux réalités
du terrain. Pour maintenir le cap et atteindre les objectifs, il faut mettre en place des indicateurs. Ces
indicateurs permettent de s’assurer que la variable environnementale mesurée évolue dans le sens souhaité,
et indiquent lorsque l’objectif est atteint. Dans ce cas, il convient de fixer de nouveaux objectifs, plus
La maîtrise de l’information est la clé du management. La collecte de données pour quantifier l’impact des
décisions prises est donc décisive. Mais le nombre de paramètres liés à l’environnement est proportionnel
aux définitions qu’on peut trouver du mot environnement. Il est aussi lié au type d’utilisateurs : à chaque
niveau de diffusion correspond une quantité d’information. Si le responsable a besoin des données
techniques pour les comparer à ses objectifs, le grand public n’est intéressé que par les performances
globales : l’entreprise réduit-elle ses prélèvements, et ses rejets ? Par quantité décroissante de paramètres,
on trouve ainsi :
Pour passer d’un niveau à l’autre une analyse méthodique des données permet de réaliser une agrégation et
une pondération des données.
On remarquera une nouvelle fois la précision des termes, à laquelle il est important de s’attacher. Au
niveau qui nous intéresse (celui de la direction de l’entreprise, là où sont prises les décisions), on utilise des
indicateurs. Un indicateur est un paramètre, ou valeur dérivée d’un paramètre, donnant des informations
sur un phénomène ; il se doit donc d’être le plus représentatif possible.
Le choix des indicateurs doit se faire sur des critères objectifs ; l’Institut Français de
l’Environnement (IFEN) propose trois critères de validité des indicateurs, garantissant leur utilité et leur
fiabilité :
• Pertinence et utilité : pertinence par rapport aux besoins, liaison à un objectif, représentativité,
lisibilité.
• Justesse d’analyse : cohérence dans le temps et dans l’espace, existence d’un consensus quant à la
validité de l’indicateur, existence de valeurs de référence.
• Données : mesurabilité, sensibilité, précision.
Au delà des indicateurs disponibles, il faut s’assurer de l’utilité des informations collectées. Les indicateurs
mesurent trois types d’informations :
• Mesure des impacts et facteurs d’impact(processus néfastes) : pour quantifier les impacts sur
l’environnement. Si ces données sont stables, elles ne sont collectées que pendant l’audit. Les
impacts initiaux, supposés au minimum en adéquation avec la réglementation applicable, servent
de référence.
• Mesure des actions et des flux(processus bénéfiques) : pour vérifier que l’on fait ce qu’on a dit.
Ce sont les indicateurs les plus simples à mettre en place, puisqu’ils sont réalisées en interne.
• Mesure des résultats (état de l’environnement) : pour estimer l’utilité des actions. Ce sont les
indicateurs les plus difficiles à obtenir, puisqu’on ne quantifie pas une action ou un flux, mais un
effet.
• Prélèvement de ressources
• Rejets de polluants
• Nuisances
• Risques
La fréquence des mesures doit être optimisée pour ne collecter que les informations utiles ; en effet le
système de management environnemental est un outil intégré dans le processus de production. Les
contrôles ne doivent donc pas peser outre mesure sur le quotidien des employés. Le nombre de mesures
doit donc être réduit au minimum nécessaire, défini avec la théorie des erreurs (par rapport à la fiabilité et
la précision du capteur).
La non conformité des mesures doit être envisagée. A chaque objectif correspond une date et une valeur
(ex : « Réduction de 5% de la consommation d’eau avant le1er janvier 2006 »). Le choix des actions
aboutissant aux objectifs a été réalisé sur des critères d’efficacité supposés : on peut donc planifier les
résultats attendus. Les mesures sont comparées à ces prévisions.
Dans la mesure du possible on utilisera des mesures rigoureuses et déjà éprouvées, auxquelles on peut
appliquer la théorie des erreurs. Ainsi on pourra se donner une tolérance scientifique en cas d’écart aux
prévisions.
La communication externe est le plus souvent la première raison pour laquelle une entreprise engage un
système de management environnemental. Tout doit donc être mis en œuvre pour que les personnes
concernées soient au courant des progrès réalisés. Par exemple un logiciel développé par Elyo acquiert,
enregistre et traite les signaux des analyseurs en pleine conformité avec les textes réglementaires et en
assurant une traçabilité totale. Un autre permet de diffuser en permanence de tels résultats sur Internet, au
service d’une politique de transparence.
La communication interne passe par la sensibilisation et la formation interne. Tout doit être mis en œuvre
pour garantir la motivation des acteurs, en particulier au sein de l’entreprise, puisque le système de
management environnemental va nécessairement bousculer les habitudes et les modes opératoires du
personnel, même de manière infime [LEGUY, 2002].
Puisque la méthode est systémique, les disfonctionnements envisagés sont pour l’essentiel liés à un non
respect de la démarche : oubli ou éviction d’une étape, données fausses, analyse erronée.
On ne peut pas traiter de système de management environnemental sans évoquer la certification et les
normes existantes ; en effet toute la rigueur des définitions et du champ lexical sont issues de la
normalisation institutionnelle française, européenne et internationale. C’est grâce à un langage commun
entre l’organisme certifié et l’extérieur que le système de management environnemental prend tout son
sens. La certification permet une reconnaissance extérieure forte de la démarche entreprise,
principalement dans le milieu professionnel. En effet le grand public est peu au fait des différentes
normes. De plus celles-ci ne garantissent que des moyens et non des résultats, alors que les citoyens ne
jugent généralement que les effets. Cette certification est surtout recherchée par les entreprises qui ont une
activité très polluante et une mauvaise image de marque, et qui montrent ainsi leur conformité à la loi.
L’enjeu de la certification est donc la communication : on dit ce que l’on fait. Cette communication n’est
pas nécessairement validée par un organisme. Une charte peut être mieux adaptée qu’une normalisation
pour expliquer sa démarche environnementale auprès du grand public.
Eco-Audit/Eco-Label
L’éco-Audit et les éco-labels dépendent du système EMAS de normes européennes définies à partir de
1996. La norme EMAS II reprend la norme internationale ISO 14001.
Eco-Audit : document juridique d’une entreprise qui impose une transparence sur les résultats des
mesures réalisées (variations des indicateurs).
Eco-Label : L’écolabel européen peut s’adresser à toute catégorie de produits, exclusion faite des denrées
alimentaires, des boissons et des produits pharmaceutiques. Pour l’instant il existe 21 catégories de biens et
services référencés (accueil touristique, fertilisation des terres, etc.).
Concernant les Ecolabels, l’ADEME sur son site Internet, résume bien la situation :
Ecolabels et autres étiquetages environnementaux
C’est la norme française (AFNOR) reconnue au niveau mondial, qui certifie la méthodologie et liste les
procédés. Elle est associée à plusieurs sous-normes (140**) qui détaillent les principes génériques (14010),
les procédures d’audit (14011), etc.
Pour la communication, elle catégorise les étiquetages environnementaux :
14020 : principes généraux des étiquetages et des déclarations environnementales
14021 : autodéclarations environnementales
14024 : élaboration de critères et procédures de validation pour les écolabels
14025 : étiquetage normatif des résultats de l’ACV
La norme iso 140** entérine donc les trois types de signalétiques : les écolabels (listés), les auto-
déclarations (sans garantie) et les éco-profils (résultant de l’ACV).
NF X 30-300 « ACV »
Depuis mars 1996, la certification NF X 30-300 « Analyse du cycle de vie » (ACV) aboutit à la norme NF
environnement.
C’est la « compilation et évaluation des consommations d'énergie, des utilisations de matières premières, et
des rejets dans l'environnement, ainsi que évaluation de l'impact potentiel sur l'environnement associé à un
produit, ou un procédé, ou un service, sur la totalité de son cycle de vie ».
La marque NF-Environnement s’adresse aux produits destinés aux consommateurs et aux produits
intermédiaires. La liste est régulièrement réalimentée ; ainsi le service de transport collectif privé peut être
normé.
La réserve immédiate à cette démarche est sa pérennité fragile : si les acteurs perdent en motivation, leurs
actions n’auront plus la même portée, puisque l’engagement est moral, et non contractuel.
.
Il ne s’agit pas de proposer des solutions toutes faites et des outils techniques labellisés
« environnemental » ; l’enjeu est plutôt de traduire les termes du système de management environnemental
sous forme de méthodes, de responsabilités, d’actions.
Après avoir énoncé les principes généraux du système de management environnemental, et notamment les
deux approches « site » et « produit », l’étude se focalise sur les opérations d’aménagement. Celles-ci seront
considérées par la suite comme des « produits », dont on analysera le cycle de vie, de la volonté publique à
la remise des ouvrages et des biens. En effet vis à vis de l’aménageur, l’opération d’aménagement est le
produit (ou service) qu’il propose au maître d’ouvrage.
Les actions ou opérations d'aménagement ont pour objet de mettre en oeuvre un projet urbain, une politique locale de
l'habitat, d'organiser le maintien, l'extension ou l'accueil des activités économiques, de favoriser le développement des loisirs et
du tourisme, de réaliser des équipements collectifs, de lutter contre l'insalubrité, de permettre le renouvellement urbain, de
sauvegarder ou de mettre en valeur le patrimoine bâti ou non bâti et les espaces naturels.
Article L300-1 du code de l’urbanisme
Si cette définition résume bien les objectifs d’une opération d’aménagement, elle ne peut suffire pour un
outil opérationnel. En effet, elle détaille les objectifs, et non les moyens mis en œuvre, et donc leurs
impacts potentiels. Cependant, elle met l’accent sur un point commun essentiel entre le système de
management environnemental et les opérations d’aménagement : ces deux processus oeuvrent pour la
mise en place d’un projet et d’une politique, l’affirmation de choix de direction.
L’opération d’aménagement sera considérée par la suite comme un service proposé par une entreprise,
l’aménageur, à un client, l’établissement public (collectivité locale, CCI, etc.). Le « produit » issu de ce
service a un prix d’achat (investissement), mais aussi des coûts inhérents à son cycle de vie :
consommation de ressources –éclairage public par exemple-, des coûts d’entretien, de nettoyage courant,
et à long terme de modification ou de démolition.
Ces coûts différés sont au cœur de la démarche du management environnemental, dans laquelle la notion
de durabilité des effets des décisions est un facteur décisif dans les choix stratégiques. C’est une prise de
conscience que l’aménagement n’a pas vocation à rechercher l’investissement initial minimum, puisque la
collectivité qui décide de l’aménagement aura nécessairement à assumer les conséquences financières de
ses choix budgétaires dans la durée.
2 / Les processus
Les processus entrant dans la réalisation d’une opération d'aménagement ne s’enchaînent pas
nécessairement de manière linéaire. Ces processus, souvent itératifs, comprennent des étapes détaillées
dans le cours d’urbanisme de troisième année de l’ESGT et schématisés dans la section V de la deuxième
partie. Il convient de retenir :
• Périmètre ;
• Modalités d’utilisation du sol ;
• Programme ;
• Contraintes (urbanisme, topographie, technique, servitudes) ;
• Composition urbaine ;
• Etudes techniques ;
• Bilan de l’opération ;
• Dossiers réglementaires ;
• Maîtrise foncière ;
• Travaux ;
• Commercialisation ;
Le système de management environnemental ne vient pas s’inscrire linéairement dans cet enchaînement, et
s’insère plutôt au cœur de chaque étape, et interagit avec chacune d’elles.
3 / Le pilote du projet
Au manager cité dans la démarche générale (première partie), on substitue désormais le maître d'ouvrage
public. Celui ci est dans son acception la plus globale un « établissement public » : collectivité territoriale,
établissement public d’aménagement, chambre de commerce et d’industrie, etc. Le maître d’ouvrage confie
à un aménageur la réalisation de l’opération d'aménagement. Cette opération a pour objet au sens de la loi
de « mettre en oeuvre le projet urbain » de l’établissement compétent en matière d’aménagement sur le
périmètre en question.
La notion d’aménageur est à prendre au sens large : c’est soit une composante de la collectivité publique à
l’initiative de l’ouvrage (régie), soit un aménageur privé dans le cadre du code des marchés publics, soit
encore une SEM dans le cadre d’une convention publique d’aménagement (maîtrise d’ouvrage déléguée).
L’approche, puisqu’elle est orientée « produit », reste la même quel que soit le statut de l’aménageur. Seules
les contraintes réglementaires ou contractuelles propres au statut de l’aménageur différeront.
Une fois que l’engagement politique en faveur d’une gestion environnementale de l’aménagement a été
arrêtée, l’aménageur est le principal responsable ; c’est lui qui a pour mission de mettre en œuvre cette
politique, à travers le système de management environnemental. L’aménageur a pour mission d’associer au
plus tôt l’ensemble des partenaires dans la démarche, afin qu’ils soient informés des objectifs et des
avantages du management environnemental.
Lorsqu’un élu s’intéresse à un site, ou souhaite réaliser un équipement public (ou les deux), il contacte un
urbaniste et un aménageur (SEM, société privée ou régie). Ensemble, par un processus itératif, ils se
donnent des objectifs, délimitent un périmètre d’action, et fixent des objectifs. Le programme est
déterminé en fonction des finances communales
POLITIQUE :
Projet politique,
budget
PUBLIC :
Demandes,
apréhentions
AMENAGEUR :
Analyse
technique Programme
L’équilibre des forces en présence conditionne beaucoup le contenu final du programme. L’émergence de
l’urbanisme participatif et la décentralisation du pouvoir de décision conduit généralement le projet vers la
résolution de problèmes locaux ou la consécration de protectionnismes radicaux (« NIMBY : not in my
Back Yard »).
Répartition équilibrée entre
projet politique, données Collectivité à pouvoir Collectivité sans
techniques et participation politique fort volonté particulière
Pour pouvoir initier un système de management environnemental dans des conditions favorables à son
aboutissement, il faut que le management environnemental soit un des objectifs initiaux. Depuis les lois de
décentralisation, cet objectif est généralement la traduction des préoccupations des habitants : l’objectif
environnemental est issu d’une prise de conscience
de l’élu des problèmes environnementaux sur son
territoire de décision. Si l’élu souhaite réaliser un
aménagement intégrant des objectifs
environnementaux, l’aménageur doit le sensibiliser
à l’approche (à priori hermétique) du système de
management environnemental. A ce stade
l’aménageur est le pilier du management
environnemental. S’il n’est pas clair, pas
convainquant ou pas motivé, le système de
management environnemental sera incomplet,
inadapté, voire inexistant. Inversement si l’élu
s’approprie la démarche, celle-ci se place au cœur
du programme et influe sur tous les autres objectifs
initiaux.
Programme
1 / Diagnostic environnemental
Le diagnostic environnemental sert à évaluer le potentiel d’un système de management environnemental
au regard de l’activité productive considérée et du mode opératoire actuel, et donc son effet prévisible sur
l’impact environnemental de l’activité. L’élu qui se dit intéressé par la démarche peut faire réaliser un
diagnostic environnemental, par exemple par l’aménageur. Cependant le diagnostic environnemental est
généralement imposé par les riverains : « cette opération doit conserver les panoramas », « il ne faut pas
aggraver les problèmes de saturation du réseau d’assainissement », etc.
Le diagnostic environnemental tel qu’énoncé dans la démarche théorique met en avant les impacts du
« produit » sur l’environnement, et estime les problèmes environnementaux qui en résultent. Ici le
processus de production étudié est la réalisation d’une opération d’aménagement. Le diagnostic détermine
si oui ou non un système de management environnemental aurait des conséquences significatives sur la
réduction des problèmes environnementaux. C’est une démarche qui évalue sans quantifier (contrairement
au bilan environnemental, qui vient dans un deuxième temps).
3 / Cadre réglementaire
L’aménagement, même sans système de management environnemental, est réalisé dans le respect d’un
cadre législatif lié à l’environnement. Ce cadre traduit généralement la direction dans laquelle les taches
doivent être réalisées. Il révèle les acteurs incontournables et indique les responsabilités de chacun. Le
premier objectif du système de management environnemental est de se donner les moyens de s’assurer le
respect de ce cadre réglementaire ; dans un second temps, le système de management environnemental ira
au delà, en anticipant les réglementations, et en fixant des seuils plus ambitieux.
Le cadre réglementaire est composé de 4 types de normes : les lois, les documents d’urbanisme, les
dossiers réglementaires et les contrats. A cette liste on peut ajouter les directives européennes, qui sont le
cadre de la future réglementation nationale.
Cette première liste de texte n’est pas exhaustive : il ne s’agit là que d’un inventaire des textes structurants.
i - Le cadre législatif
Si respecter les textes qui encadrent l’activité est l’objectif de base du système de management, il est
également important de s’intéresser aux motifs du législateur et aux textes généraux (premiers articles des
codes, préambules des lois, etc.) : ces derniers indiquent la tendance législative et l’orientation des futurs
textes.
L’article 14, à propos de la définition des critères de sélection, évoque une possibilité, et n’est pas
contraignant. L’article 45, qui concerne la présentation des candidatures, demande de juger sur le « savoir-
faire des candidats en matière de protection de l'environnement »). Ne pas en tenir compte, c’est pour le coup risquer
de passer à coté d’un contrat. L’article 53 stipule que « pour attribuer le marché au candidat qui a présenté l'offre
Ces articles vont dans le sens de la politique des « achats verts » des collectivités, qui se systématise
progressivement. Le département de l’Essonne entre autres, à travers son Agenda 21 local, met en avant
son souci d’achat écologique.
Le maire peut, par arrêté motivé, eu égard aux nécessités de la circulation et de la protection de l'environnement :
1º Interdire à certaines heures l'accès de certaines voies de l'agglomération ou de certaines portions de voie ou réserver cet
accès, à certaines heures, à diverses catégories d'usagers ou de véhicules ;
2º Réglementer l'arrêt et le stationnement des véhicules ou de certaines catégories d'entre eux, ainsi que la desserte des
immeubles riverains ;
3º Réserver sur la voie publique ou dans tout autre lieu de stationnement ouvert au public des emplacements de
stationnement aménagés aux véhicules utilisés par les personnes titulaires de la carte de stationnement prévue à l'article
L. 241-3-2 du code de l'action sociale et des familles. Il peut délivrer des autorisations de stationnement, donnant droit
à l'usage de ces emplacements sur le territoire communal, aux personnes titulaires de la carte Station debout pénible
prévue à l'article L. 241-3-1 du même code. Le stationnement sans autorisation d'un véhicule sur ces emplacements
réservés est considéré comme gênant.
Cette grande étendue de pouvoirs est généralement mal acceptée par les administrés, mais c’est un moyen
puissant de réaliser ses objectifs en matière environnementale : cet article est un pilier juridique à la mise
en place de quartiers où la voiture n’est plus que tolérée.
Le code de l’urbanisme décrit les documents d’urbanisme à ellaborer. Les prescriptions qu’ils contiennent
sont cependant propres à chaque collectivité locale liée à l’aménagement. Le PADD n’étant plus
opposable depuis la loi « Urbanisme et Habitat » de 2003, ce n’est pas un cades contraignant.
- Le PLU doit être compatible avec les documents supérieurs (DTA, SCoT, PDU, PLH, SDAGE,
SAGE, etc.).
- Art L123-1 CU : « Les plans locaux d'urbanisme […]précisent les besoins répertoriés en matière […]
d'aménagement de l'espace, d'environnement, d'équilibre social de l'habitat, de transports, d'équipements et de
services. Il peut […] prévoir les actions et opérations d'aménagement à mettre en oeuvre, notamment pour mettre en
valeur l'environnement, les paysages. »
- Art L123-8 CU : « Le maire peut recueillir l'avis de tout organisme ou association compétents en matière
d'aménagement du territoire, d'urbanisme, d'environnement ». La pression croissante des associations et la
mise en place d’une gouvernance citoyenne va renforcer l’influence de ce texte.
- Art R 123-2 CU : « Le rapport de présentation […] analyse l'état initial de l'environnement ». C’est donc, s’il
est suffisamment complet, une source non négligeable de références pour évaluer l’effet du
système de management environnemental. L’alinéa 4 conclue en disant que le PLU « Evalue les
incidences des orientations du plan sur l'environnement et expose la manière dont le plan prend en compte le souci de
sa préservation et de sa mise en valeur. »
Une opération d'aménagement n’a pas nécessairement de procédure associée. L’expérience montre
cependant que pour des raisons de temps et de découpage foncier, les procédures font gagner du temps et
cadrent la réalisation.
- DUP : la déclaration d’utilité publique. Sans lien avec l’environnement
- ZAC : règlement intégré au PLU, établi au regard des documents d’urbanisme. Concertation
création modification du PLU réalisation. Se référer aux règles concernant le PLU
- Lotissement : règlement.
- Etude d’impact : CODE DE L'ENVIRONNEMENT (Partie Législative), Chapitre II : Etudes
d'impact, Article L122-1 (définie à l'article 2 du décret nº 77-1141 du 12 octobre 1977).
Lotissement : si hors PLU et une surface hors oeuvre nette de 3 000 mètres carrés ou plus.
- Dossier « Loi sur l’eau » : plus de 3ha
iv - Les contrats
En plus de toutes les obligations légales auxquelles sont soumises les opérations d’aménagement,
l’aménageur est lui même soumis à des obligations contractuelles qui dépendent de son statut, mais aussi
des demandes des clients (mairies ou particuliers). Lorsque l’aménagement est réalisé en régie (par une
collectivité locale), les obligations sont souvent implicites ou sous entendues. Pour identifier les liens entre
les décideurs et les opérationnels, il est plus intéressant d’analyser un contrat écrit. L’exemple des
conventions publiques d’aménagement (CPA), qui lient une SEM à une collectivité locale, est représentatif
du rapport contractuel. En effet, même si elle n’est pas imposée à un aménageur privé réalisant une
opération d’aménagement privée sur une parcelle privée, sa rédaction reprend l’esprit dans lequel les
parties signent le contrat, et pose les limites juridiques des actions de l’aménageur. La CPA étudiée est le
modèle du réseau FNSEM.
La CPA énonce en introduction les objectifs de la collectivité. Son cadre législatif est les articles L 300-
4, L300-5 du code de l’urbanisme, et les articles L1523-1 et suivants du code général des collectivités
territoriales. Elle contient, comme le rappelle l’article 1, « le principe, le programme, la délimitation et les
éléments financiers prévisionnels » choisis avec la collectivité.
La Convention publique d'aménagement liste les domaines que l’aménageur peut réglementer, via le
contenu du cahier des charges de cession ou de concession des terrains, dans une ZAC ou dans une
opération incluant une procédure d’expropriation. Ce cahier des charges peut s’intéresser à la gestion des
terrains acquis au nom de l’utilité publique, aux « prescriptions techniques, urbanistiques et architecturales
imposées aux utilisateurs et à leurs entreprises et maîtres d’œuvre » et déterminer « les modalités de la
gestion des équipements d’intérêt collectif et précise, le cas échéant, les modalités de création et de
fonctionnement d’une ou plusieurs associations syndicales d’utilisateurs ».
Cette liste de prescriptions autorisées reprend l’essentiel des objectifs d’une opération d’aménagement : ce
n’est donc pas un cadre à priori contraignant. Au contraire, ce cahier des charges sera un levier majeur du
système de management environnemental.
Le cas échéant, l’acte de vente des terrains est l’occasion de signer une convention entre l’industriel et le
gestionnaire de l’infrastructure d’assainissement, laquelle fixe les caractéristiques maximales, et en tant que
besoin minimal, des effluents au réseau (arrêté du 2 février 1998).
La non réalisation des constructions prévues sur les terrains à bâtir dans les quatre années de la vente
soumet l’acheteur à la TVA.
Une veille juridique doit pouvoir permettre d’anticiper l’entrée en vigueur des nouvelles lois, et de s’assurer
que les objectifs fixés par le système de management environnemental sont au moins aussi ambitieux. Les
textes de lois et les jurisprudences du Moniteur sont à ce titre un support fondamental.
Par exemple le numéro du 14 mai 2004 évoque le projet de loi d’orientation sur l’énergie. Ce projet de loi
est issu des orientations de la politique énergétique française, qui évoque entre autres que « l’Etat
accordera ainsi en matière d’infrastructures la priorité aux transports en commun dans les zones
urbaines […]tout en tenant compte des impératifs liés au développement économique et à l’aménagement
du territoire », et que le PLU devra inciter aux économies d’énergies. Ce dernier principe prend forme
dans l’article 8 du projet de loi, qui tend à autoriser un dépassement du coefficient d’occupation des sols
pour permettre la réalisation de travaux d’isolation thermique et d’équipement en énergie renouvelable sur
des bâtiments anciens.
L’insertion d’une charte de l’environnement dans la constitution montre bien l’importance croissante de
l’environnement dans toutes les décisions de l’Etat. De même l’Europe est un moteur important du
durcissement de la réglementation environnementale. La directive cadre4 relative à la qualité des eaux
souterraines fixe par exemple des seuils, que la France appliquera à moyen terme (à priori fin 2005).
4 / Données techniques
L’aménageur peut apporter des réponses techniques à une volonté politique ; mais encore faut-il que cette
volonté politique soit issue de l’analyse de l’ensemble des données. Les données techniques du seul
programme ne suffisent pas pour avoir une vision globale de l’aménagement : l’aménageur, en relation
avec les services de la collectivité maître d’ouvrage, les analyse au regard des données propres au site.
i - Analyse du programme
Au regard du programme, on peut dresser une liste sommaire des impacts environnementaux de
l’aménagement. Par exemple la topographie indiquera l’ampleur des éventuelles masses de terre à déplacer,
les activités prévues sur le site engendreront des flux particuliers, etc.
Il faut donc évaluer le nombre programmé d’habitants dans la zone, les rejets spécifique au type
d’entreprises souhaité (principalement les industries), le nombre d’emplois implantés sur le site.
Ce programme permet d’établir un dimensionnement « classique » des équipements publics nécessaires, en
particulier des réseaux (Puissance électrique, emprise des chaussées, diamètre des canalisations, quantité de
déchets, etc.).
ii - Analyse du site
L’analyse du site doit révéler ses points forts, des points faibles, ses contraintes. Le périmètre d’étude et le
périmètre d’intervention sont choisis en accord avec l’élu commanditaire.
La qualité paysagère, le trafic automobile, les caractéristiques de la nappe phréatique (hauteur, pollution),
et tous les problèmes majeurs relevés sur le site ou dans les environs immédiats (ex : saturation du réseau
d’assainissement) doivent être évalués. Une zone urbanisable peu dense n’aura jamais un réseau de
transports en commun amortissable au vu des pratiques urbaines actuelles.
5 / Enjeux
La détermination des enjeux est la dernière étape théorique de la démarche : on confronte les données
purement techniques et juridiques (programme de l’opération et cadre réglementaire) aux données
purement physiques du sol (site). Ce comparatif doit aboutir à une synthèse claire permettant au comité
de direction du maître d’ouvrage une décision éclairée. A une problématique doit correspondre une
proposition de réponse argumentée. Ainsi pour un site non urbanisé abritant une faune locale remarquable
(traversée de grand gibier, espèce ornithologique rare, etc.), l’aménageur doit consulter les personnes
compétentes pour évaluer la compatibilité du programme avec le maintien de l’activité des animaux sur le
site. Inversement il faut mesurer l’adaptation du site au programme : un quartier d’habitat à proximité
immédiate d’une infrastructure de transport très bruyante (autoroute ou aiguillage de voie ferrée)
nécessitera des mesures préventives d’insonorisation.
L’étude d’impact, obligatoire pour les ZAC et les lotissements de plus de 3000 m² de SHON, reprend
l’essentiel de l’étude des enjeux ; c’est alors le document de référence. Chronologiquement, il est important
d’effectuer cette démarche avant toute procédure réglementaire : la liste des enjeux de l’aménagement est à
considérer comme un support de travail et non comme une pièce réglementaire extérieure à la démarche.
Si l’étude d’impact intervient trop tardivement dans la démarche, elle ne pourra que s’opposer de manière
manichéenne au projet : telle partie du programme est réalisable en l’état, telle partie doit être revue ou
supprimée.
Plusieurs organismes nationaux ont vocation à faciliter cette démarche. L’Agence de développement et de
la maîtrise de l’énergie (ADEME) met à la disposition des entreprises et des collectivités une abondante
documentation méthodologique et thématique, qui dresse un inventaire exhaustif des questions qu’il faut
se poser. En Ile-de-France, l’Agence régionale de l’environnement et des nouvelles énergies (ARENE)
met à disposition des aménageurs une équipe de spécialistes (« conseil express »), qui participent à la
démarche de diagnostic de l’opération. Cette aide se poursuit dans la phase de bilan et dans la
programmation.
6 / Pré-programme
i - Objectifs prioritaires
Si les enjeux issus du diagnostic environnemental sont suffisants, on détermine les objectifs prioritaires. Ce
choix est soit fait directement par les élus, soit issu de la concertation avec les habitants, l’aménageur et les
services de l’Etat.
On ne peut dissocier le site de ses occupants : le site a forcément un contexte politique. Les pratiques des
riverains de la zone ou des résidents contigus à celle-ci peuvent favoriser la réalisation d’un programme
environnemental, tout comme elles peuvent la compromettre. Un quartier historiquement structuré en
comité de quartier ou d’association de riverains sera assez vite radical sur l’existence ou non de problèmes,
et sur les solutions à apporter. L’exemple du quartier de la Roseraie à Angers prouve le rôle majeur de la
concertation. Il est donc important de mesurer la sensibilité des habitants sur les différents sujets.
Des enjeux techniquement fondamentaux peuvent être dès lors écartés au profit d’enjeux politiquement
forts, du fait de leur application visible, et de la sensibilisation des administrés. Pour permettre à l’élu de
faire la part des choses, il faut lui exposer l’ensemble des dimensions du thème. En cela l’identification des
objectifs relève de la planification stratégique [Lacaze, 1997] : le projet politique de la collectivité pour son
territoire imprègne à priori les décisions opérationnelles des élus.
Dans le même temps l’aménageur doit évaluer les enjeux économiques, commerciaux et stratégiques pour
son entreprise.
ii – Recherche de partenaires
- ARENE
- ADEME
- Association Orée ;
- Agence de l’eau ;
- DRIRE.
Le bilan environnemental est une analyse systémique des impacts identifiés. Il permet de quantifier les
impacts retenus comme « significatifs » par le diagnostic environnemental, pour étudier les réponses
techniques aux objectifs prioritaires. Il s’appuie sur les analyses de la phase d’identification des enjeux, au
vu des objectifs prioritaires fixés.
Au stade de la réalisation, l’impact sur l’environnement est évident : les travaux perturbent l’équilibre
existant. La réduction des nuisances sur les espaces naturels (écosystèmes) et sur les riverains pendant les
travaux peut se faire grâce à l’insertion de ces critères dans le choix des méthodes et des matériaux.
Tout équipement a un mode d’utilisation et d’entretien : il faut étudier les impacts des différents
systèmes concurrents au vu de leur installation, mais aussi de leur utilisation et de leur entretien. Le
principe de fonctionnement des réseaux
Tout comme le système de management environnemental est une démarche réflexive, la réalisation d’une
opération doit s’interroger sur sa propre adaptabilité aux futurs aménagements. Si les méthodes
nécessaires pour démolir et réutiliser les matériaux de chantier
1 / Thèmes prioritaires
Plutôt que de s’éparpiller du fait des nombreuses définitions du concept d’environnement, il faut cerner
les thèmes environnementaux prioritaires : ces thèmes doivent être en cohérence avec l’échelle de
l’aménagement. Ainsi l’investissement dans un lotissement de 10 lots pour développer une centrale de
cogénération et un réseau de chauffage urbain dépasse largement l’investissement concevable pour la
commune ou pour les foyers.
Cet engagement doit être incontestable : il faut avoir les moyens de ses ambitions. Outre la
communication, il faut affecter des budgets, en particulier pour les études préliminaires, qui ne
commencent jamais trop tôt.
Chaque action engagée doit avoir un effet prévisible et mesurable. Un graphique simple représentant
l’évolution théorique des indicateurs relatifs à l’action engagée doit être disponible dès le début de la
collecte d’information.
Ainsi un aménageur a qui on confie la deuxième tranche d’un lotissement avec pour mission de
développer un SME « eaux pluviales » doit être en mesure de publier annuellement un document
équivalent au graphique suivant.
3 Mesures de
référence
2.5 Tolérence
maximum SME
2
Mesures SME
1.5
Seuil légal
1
Débit idéal
0.5
1 2 3 4 5 6 7
Tolérence
Mois caractéristiques du climat minimum SME
Plusieurs remarques sont à faire sur ce graphique caractéristique. D’abord les objectifs sont ici atteints : le
seuil légal n’est pas dépassé, et les mesures restent à l’intérieur des tolérances. On remarque aussi que
l’objectif « idéal » est un débit faible mais régulier vers la station d'épuration, dont le coût de mise en place
a été jugé trop élevé dans un premier temps.
Si ce graphique ne peut être établi et affiché, personne ne pourra évaluer les effets, et les personnels en
charge des mesures vont négliger voir omettre d’effectuer les mesures.
Plusieurs organismes sont chargés de la collecte nationale des données environnementales. Pour la qualité
de l’air, on peut citer le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution
atmosphérique (CITEPA). Pour la qualité de l’eau, le Réseau national des données sur l’eau5 centralise les
informations suivant une méthode rigoureuse qui fait référence.
ii - Collecte personnalisée
Il faut compléter ces données par des mesures spécifiques, planifiées dans la durée. L’ADEME
recommande des analyses 6 mois et 18 mois après la fin du chantier pour mesurer la réussite du projet et
effectuer les derniers ajustements.
La collecte d’information s’effectue soit en interne, soit sur commande à des organismes spécialisés. Par
exemple pour un S M E concernant le déroulement du chantier, il peut être demandé aux entreprises de
5 RNDE : http://www.rnde.tm.fr
L’aménageur est le pivot de la démarche ; il intervient dans chacun des processus composant l’opération
d’aménagement, et met en place les moyens pour réaliser la politique choisie. Il convient de revenir sur
chacun de ces processus (entrées, contenu, sorties), pour visualiser dans le temps de l’opération l’effet du
S.M.E. sur ces étapes.
Chaque action doit concourir à un objectif retenu (« conserver un bosquet permettant le maintient des
traversées du site par les grands mammifères », etc.). Cette action doit avoir un acteur, un impact un
planning.
- Action
- Moyens
- Responsables
- Impact escompté
- Mesures et seuils critiques
Le schéma suivant résume les phases et les actions, dont les détails seront expliqués par la suite.
environnementaux
Contexte politique (Rapports de force)
Définition : Réflexion sur la relation entre
Processus 1
Composantes
Le S M E, dans la perspective d’amélioration continue, va toujours rechercher les matériaux (type de sol,
etc.) et les équipements (chauffage urbain, etc.) les plus performants au regard des critères donnés (prix,
efficacité, recyclage, etc.). les normes NF environnement sont des références labellisées qui peuvent
servir d’appui au programme :
Si l’objectif affiché est la maîtrise des rejets de gaz à effet de serre, l’énergie consommée pour produire les
matériaux, transport compris, est étudiée. Ainsi lorsque la filière locale existe, elle permet de réduire
significativement les rejets dans l’atmosphère (moins de transport). Cependant, la faible sensibilisation et le
manque de résultats visibles pour le public rend délicate la communication de ce genre d’objectifs.
Si l’un des objectifs est la mutabilité du lieu (changement d’affectation envisagé ou anticipation d’un
éventuel autre aménagement), le choix d’un aménagement déconstructible peut être retenu. La
déconstructibilité s’oppose à la démolition : les matériaux qui composent l’objet sont assemblés de
manière à pouvoir être démontés : vissés, emboîtés, posés, mais jamais mélangés. Ces matériaux peuvent
donc simplement être réutilisés ou recyclés. Très employé en construction HQE, ce raisonnement pourrait
s’appliquer à des routes ou à des ouvrages de terrassement.
ii – Méthodes de réalisation
En France les raisonnements et les méthodes de calcul qui conduisent à la réalisation des ouvrages sont
figés : les réseaux sont déterminés suivant des formules de dimensionnement (abaques, etc.). Les
méthodes de réalisation sont également liées à des habitudes ; le mauvais recyclage des déchets malgré les
obligations juridiques en est un bon exemple.
Pendant les études préliminaires, le management environnemental oblige à remettre en cause les logiques
passe-partout, pour employer des méthodes innovantes ou « alternatives ». Ceci est particulièrement vrai
pour les réseaux d’eau, où les formules « standard » ont pour but d’éloigner le plus vite possible les eaux
qui tombent sur une surface.
Pour le dimensionnement le bureau d’études VRD doit donc être choisi pour ses références dans des
zones équivalentes, en fonction des objectifs fixés.
En phase chantier on peut aborder le problème des nuisances causées au riverains (bruit, poussières), et
étudier la réduction des pollutions (traitement des déchets, protection du sol). Encore une fois tout
dépend du rapprochement entre le site et le programme : la densité de la zone et le type de procédés
d’aménagement/construction conditionnent les priorités.
Au niveau micro-économique, deux types de facteurs de localisation sont devenus prééminents : le premier concerne le
mode de vie des cadres, ingénieurs et techniciens qui sont le support de la valeur ajoutée des entreprises de haute
technologie. Pour attirer et retenir ces salariés, les industriels implantent plus volontiers les usines et les centres de
recherche dans ou près des villes où ces spécialistes aiment vivre. Cette tendance se traduit par deux effets importants :
- d’une part, une valorisation des sites à fortes potentialités de loisir et de tourisme qui se manifeste par un
retournement des courants migratoires interrégionaux au bénéfice des régions méridionales et des littoraux ;
- d’autre part, une attention accrue aux performances du système éducatif local et aux possibilités de loisirs de toute
nature qui pose très directement la question en terme d’équipements publics.
Le second facteur nouveau de localisation consiste en la recherche d’une synergie entre l’image de modernité de l’entreprise
et l’image de la ville ou de la région urbaine où cette entreprise s’implante, afin de valoriser l’entreprise aux yeux de ses
visiteurs, clients, fournisseurs, prestataires de service et partenaires divers.
L’intérêt du SME dans le deuxième axe de commercialisation est évident, puisqu’il labellise la qualité réelle
ou ressentie du cadre de vie et de l’environnement local : calme, sécurité, proximité d’un parc ou d’un
site de loisir. Par exemple l’industriel ayant labellisé (charte ou certification) ses tondeuses à gazon est
spontanément à la recherche d’un lieu de production confortant son image de marque écologique. Cette
commercialisation orientée lors de la recherche et l’accompagnement des constructeurs, des utilisateurs et
des résidents éventuels de l’aménagement doit permettre d’amener naturellement le SME et ses
contraintes éventuelles : « on vous offre un site méthodiquement protégé, à vous de maintenir le cap ».
Le risque est en effet que le règlement de zone que l’aménageur instaure (cahier des charges constructeur,
cahier des clauses techniques et architecturales) soit perçu comme une restriction des libertés personnelles
de l’acquéreur du terrain. Ces conditions d’accès à la zone doivent être justifiées et réalistes, faute de quoi
les charges foncières ne seront jamais vendues : les contraintes doivent être supportables et les surcoûts
amortissables rapidement (ou bien subventionnés). Lorsque la priorité fixée pour le SME est
l’optimisation des rendements énergétiques, la mise en place d’une chaufferie urbaine peut être envisagée.
Quand les études montrent que la consommation estimée permet une durée rapide d’amortissement si
tous les utilisateurs s’en servent, l’aménageur conditionnera la cession de la charge foncière à l’utilisation
de cet équipement.
Le respect des prescriptions aménageur (ex : consommation énergétique des constructions inférieure à
100kWh/m²/an) passe par l’analyse des permis de construire, comme elle a été instaurée dans certains
Cette obligation d’utiliser les équipements construits doit être transformé en sentiment d’appartenance à
un lieu préservé, lors de l’adhésion à une structure fédératrice dont les caractéristiques doivent être
adaptées aux usages :
En fonction des thèmes du SME et des priorités retenues, la structure adaptée sera sous le régime
juridique de l’association, de la convention, de l’association foncière urbaine libre, de la SEM ou du
Groupement d’intérêts économiques (GIE). Cette structure pourra gérer le SME mis en place par
l’aménageur, et réfléchir sur l’amélioration et la détermination d’objectifs plus ambitieux.
A ce titre la ville de Freiburg (Allemagne) est une référence : la création des KIOSK (Commerce,
Information, Organisation, auto-gestion -Selbst-~-, Culture) dans le quartier environnemental de
Riesenfeld est une réussite. Ces centres de vie, regroupant des services transférés dans leur locaux finaux
au fur et à mesure de la réalisation des équipements publics, ont fédéré les primo habitants (covoiturage,
etc.), créant une ambiance de quartier et provoquant le sentiment d’appartenance au lieu. Aujourd’hui, ces
groupements ont évolué vers des associations qui veillent entre autres au maintien des bonnes habitudes
(pas de stationnement sauvage dans les zones « voiture tolérée », entretien des noues).
i - La communication interne
Il ne faut pas sous estimer les moyens, en particulier au sein de l’équipe d’aménagement : ce sont les
employés qui appliquent (ou non ) le système de management environnemental au quotidien. S’ils ne se
l’approprient pas, le système sera un boulet pour l’équipe d’aménagement.
Plusieurs types de discours sont possibles en fonction de la sensibilisation des interlocuteurs : d’un exposé
des sanctions encourues par la société si elle ne met pas en place le SME, on peut évoluer vers des notions
plus diffuses.
Il ne faut jamais oublier que les élus sont les responsables de la mise en place de la démarche. Ils doivent
être tenus au courant de résultats, qu’ils soient bons ou mauvais. Le réalité politique fait que l’élu souhaite
être réélu, et que donc il exige d’être mis en avant comme pilote de la démarche et responsable des bons
résultats ; négliger la communication vis à vis de la collectivité porteuse, c’est risquer de perdre son allié le
plus influent dans la mise en place du SME.
L’abondance de labels et de certifications disponible ne doit pas être reproduite dans la communication vis
à vis des tiers, mais choisie en les identifiant.
Les « parcs d’activité » (concept moins dévalorisant que « zone d’activité ») vont employer la même
communication que celle qui a attiré les acquéreurs des terrains : la démarche PALME, de l’Association
Nationale pour la Haute Qualité Environnementale des Espaces d'Accueil d'Entreprises résume bien cette
communication.
Les zones mixtes ou à dominante habitat, la communication vers l’extérieur sert surtout à maintenir la
motivation des habitants (respect des installations et des pratiques instaurées). Si dans un quartier ou la
voiture est « tolérée »
Pour appuyer toutes les campagnes de promotion de la démarche, l’ADEME dispose d’une
documentation riche, claire et percutante à ne pas négliger.
La réflexion en « cycle de vie » des équipements installés sur la zone fait généralement ressortir les
économies réalisables à moyen ou long terme en réalisant un investissement supérieur en études et en
travaux : les économies réalisables sur les coûts variables (fonctionnement) compensant les coûts fixes
initiaux. Cependant ce changement dans les mentalités et dans les méthodes administratives de gestion des
budgets est délicat : il suppose la ventilation des coûts d’investissement entre le budget « investissement »
classique et le budget « fonctionnement » du maître d’ouvrage.
L’article L2333-68 du code général des collectivités territoriales stipule que la commune peut exiger des
entreprises de la commune un versement proportionnel à leur nombre de salarié, pouvant servir au
financement des opérations visant à améliorer l'intermodalité transports en commun-vélo. La mise en
place d’un SME sur une grosse opération de la commune (au moins 5% de population concernée), de par
sa transparence et son efficacité, peut justifier la création de ce nouvel impôt, tant que les entreprises s’y
retrouvent. Ainsi une commune dortoir rurbaine de 3000 habitants qui crée un « parc d’activités »
apportant une centaine d’emplois peut justifier avec le SME ce nouvel impôt, qui passera d’autant mieux
que 90% des entreprises de la commune seront nouvelles et sans référence fiscale historique. A charge
pour l’aménageur de mettre le SME au service d’une desserte cyclable suffisante pour les déplacements
internes (de l’entreprise au restaurant, par exemple) et de dialoguer avec le gestionnaire du réseau de
transports publics local.
Il n’y a pas un interlocuteur unique concernant les subventions environnementales. De plus celles-ci sont
créées, renommées ou supprimées au gré des élections. L’expérience des autres aménageurs et des
organismes environnementaux (ADEME en particulier) permet un gain de temps appréciable. Si les
subventions fluctuent énormément d’une année sur l’autre, la tendance générale va tout de même vers une
implication croissante des collectivités. En effet chaque collectivité doit selon le code de l’urbanisme
contribuer à la protection de l’environnement (Art L110) : si cet article n’est pas applicable en l’état, il
résume cependant la tendance.
Le territoire français est le patrimoine commun de la nation. Chaque collectivité publique en est le gestionnaire et le
garant dans le cadre de ses compétences. Afin d'aménager le cadre de vie, d'assurer sans discrimination aux populations
résidentes et futures des conditions d'habitat, d'emploi, de services et de transports répondant à la diversité de ses besoins
et de ses ressources, de gérer le sol de façon économe, d'assurer la protection des milieux naturels et des
paysages ainsi que la sécurité et la salubrité publiques et de promouvoir l'équilibre entre les populations résidant dans
les zones urbaines et rurales et de rationaliser la demande de déplacements, les collectivités publiques
harmonisent, dans le respect réciproque de leur autonomie, leurs prévisions et leurs décisions
d'utilisation de l'espace.
Les agences de l’eau sont des acteurs majeurs de la protection de la qualité de l’eau, comme par exemple
l’Agence de l’eau Seine Normandie, qui subventionne études, mise en place, investissements, et même
fonctionnement des équipements alternatifs. Plus spécifiquement l’ADEME et la DRIRE subventionnent
les études et les équipements innovants, comme les capteurs solaires, et facilitent l’obtention de fonds
européens (SGAR entre autres)
Le système de management environnemental est une démarche réflexive, c’est à dire qu’elle fixe des
objectifs, analyse les effets de chacune de ses actions, et qu’elle en tire les conséquences avant de fixer de
nouveaux objectifs. Pour que ce système soit réactif et flexible, il faut que les données collectées puissent
immédiatement être comparées aux données prévisionnelles. Chaque action a en effet un effet supposé et
un effet réel, qu’il convient de rapprocher.
Où s’arrête le rôle de l’aménageur dans le SME ? La difficulté pour l’aménageur est d’obtenir les
informations, de s’assurer qu’elles sont analysées, et le cas échéant qu’elles donnent lieu à des ajustements,
alors même que l’opération d’aménagement est terminée (opération close). On peut raisonnablement
considérer, comme le préconise l’ADEME en matière de bâtiment, que le bilan définitif peut être établi 18
mois après la fin du chantier. Lorsque l’objectif d’une zone résidentielle est un taux d’utilisation des modes
de transport autre que la voiture supérieur à 40%, un comptage des véhicules sortants ou entrants de la
zone sera effectué 6 mois et 18 mois après la fin des travaux. Cependant ceci suppose que l’aménageur ou
ses représentants aient toujours un droit d’accès aux terrains ; à défaut de pouvoir continuer les mesures
(défaut d’accès ou coût trop élevé), il faudra admettre que tout a été mis en place pour que les objectifs
soient atteints.
Une opération d'aménagement destinée à réaliser un programme de locaux d'activités (parcelles à priori "de niveau")
est à réaliser sur un site à relief conséquent et avec un sol de portance inégale. La solution standart reviendrait à
supprimer le relief et de garantir la portance avec l'apport de remblais extérieures. Pour réduire les coûts et minimiser
l'impact paysager, l'aménageur met en place un SME.
Analyse du
Propositions / Conseils Décision climat politique :
enjeux, pressions
Exemples, références
Plutôt que de rechercher les objectifs et les moyens de les atteindre, l’urbanisme actuel (ou « neo
urbanisme ») « privilégie les objectifs, les performances à réaliser, et laisse -voire encourage- les acteurs
publics et privés à trouver les modalités de réalisation de ces objectifs pour la collectivité et pour
l’ensemble des intervenants. »[ASCHER, 2001]
L’approche systémique permet d’utiliser pour la collectivité tous les outils techniques, financiers et
politiques à disposition ; la confrontation entre le système proposé et la réalité sociale et politique du
terrain doit aboutir à des processus fonctionnels et réalistes. Un bon système de management
environnemental, tout comme un bon aménagement, se reconnaît à son intégration dans l’existant. Si le
quotidien des acteurs du S.M.E. est trop contraignant (formulaires interminables, mesures pénibles, trop
chères ou trop fréquentes), il est voué à l’échec. De tous les paramètres mis en place lors de l’étude, c’est à
priori le facteur humain qui est le plus sensible.
Il est important d’insister sur le rapprochement entre le site et le programme ; une fois seulement les
objectifs environnementaux prioritaires isolés, on choisit son degré d’implication.
Les thèmes évoqués ici ne sont pas exhaustifs : ils reprennent les problématiques les plus courantes liées à
des sites classiques et des programmes de moyenne importance. Ce ne sont des méthodes de réflexion, et
en aucun cas des solutions universelles.
Pour chaque cible environnementale (« confort acoustique », « eaux de pluie », etc.), la structuration du
résonnement ne doit rien au hasard :
On associera à chaque thème l’exemple d’une réalisation existante (plaine de l’Ain, Parc d’activité de
Landacrès, etc.). Les exemples sont choisis en particulier pour l’accès facile aux informations techniques
relatives à ces aménagements, du fait d’une communication soignée, ou de l’utilisation de méthodes et
d’équipements bien maîtrisées et détaillées par les agences de l’environnement (ARENE et ADEME).
Un rapprochement est également fait avec les 14 cibles définies pour les bâtiments par l’association HQE.
L’eau est un thème qui n’a pas attendu le renforcement de la législation pour être abordé dans les
aménagements, puisqu’elle est liée à un risque direct (l’inondation), et que la pollution de l’eau a entre
autres des effets immédiats (contamination de l’eau potable, destruction des écosystèmes). La
problématique de l’eau pluviale est souvent traitée en faisant référence à des « techniques alternatives
d’assainissement » ; ces méthodes, loin d’être nouvelles, ont pour principe fondateur le traitement des eaux
au plus près de leur lieu de rejet (ou de précipitation). A ce titre, les mémoires d’élèves de l’ESGT ne
manquent pas, surtout depuis l’application de la loi sur l’eau [DEMAILLY, 2003].
La problématique de l’eau étudiée ici concerne les zones où le réseau d’assainissement est rapidement
saturé, lorsque le sol est assez perméable, avec une la nappe affleurante et peu polluée. Tout autre
diagnostic du site rend les recommandations suivantes caduques. Le programme étudié est un programme
mixte Activités et habitat, à dominante logement.
Les données juridiques sont en évolution permanente, même si le calendrier prévisionnel mis en place
en Europe n’est pas respecté [Bouillon, 2004]. La tendance va vers un respect des textes originels :
« L'eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource
utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d'intérêt général.
L'usage de l'eau appartient à tous dans le cadre des lois et règlements ainsi que des droits antérieurement établis.
Les coûts liés à l'utilisation de l'eau, y compris les coûts pour l'environnement et les ressources elles-mêmes, sont supportés
par les utilisateurs en tenant compte des conséquences sociales, environnementales et économiques ainsi que des conditions
géographiques et climatiques. ». Article L210-1 du code de l’environnement
Le retard dans le calendrier réglementaire prévisionnel européen illustre en fait les très grandes difficultés méthodologiques à
établir des objectifs et des paramètres précis acceptables par les Quinze aujourd’hui, par les vingt-cinq Etats membres demain.
Ce «bon état » suppose que l’information soit disponible, que les paramètres d’évaluation soient déterminés, que les objectifs
soient quantifiés et enfin que les mesures d’amélioration soient identifiées. Ce travail d’analyse est en cours, mais les difficultés
sont nombreuses. Il y a donc une « bataille des chiffres » prévisible. Cette phrase, issue du rapport parlementaire sur
l’eau [Miquel, 2004] indique l’état d’avancement des textes : les normes contraignantes ne verront donc pas
le jour de sitôt.
Par opposition à un cadre juridique fluctuant, les données techniques sont disponibles, et en particulier
les indicateurs d’efficacité des actions engagées, avec par exemple le classement suivant.
La méthode d'analyse du système d’évaluation de la qualité des eaux souterraines (SEQ) défini par les
agences de bassin permet de voir évoluer les facteurs de pollution de nappe, et suit trois étapes :
Les hauteurs de nappe (évolution dans le temps) permettent d’apprécier la capacité d’absorption du sol.
Objectifs :
La donnée centrale est le débit de fuite. En phase études, un double contrôle peut être envisagé. Le BET
VRD fournit à l’aménageur un projet fidèle au cahier des charges approuvé par les partenaires et conçu en
relation avec l’urbaniste de la zone. Ce projet est lui même validé par les intéressés (contrôle du
dimensionnement).
Le parc des justices, à Verrières le Buisson (91), est un bon exemple d’intégration en phase d’études de la
problématique de l’eau. La réglementation imposant un débit quasi nul pour les pluies de fréquence 20 ans
ou moins, les solutions techniques ont intégré plusieurs types de pluie. Ainsi la pluie faible est absorbée ou
évaporée au niveau des noues, une couche poreuse stocke une pluie moyenne sous les noues, et les pluies
exceptionnelles débordent via un trop plein sous le stade de foot attenant. Au final le débit de sortie est
peu dépendant de la quantité de précipitations.
Chantier en ville
La quiétude et la sécurité des riverains est un objectif populaire, mais qui n’est cependant pas l’enjeu
technique le plus important, au vu du traitement des déchets, ou de l’optimisation des volumes de terre
déplacés. Le schéma résumant le SME sur la gestion des terres a été exposé dans le chapitre précédant.
Considérons un chantier à proximité d’un échangeur, sur un terrain accidenté (vallon) de portance inégale,
nécessitant des démolitions, pour implanter des entreprises de logistique.
Les déchets vont coûter de plus en plus cher, que ce soit les déchets ménagers ou du BTP. Or, si on ne les gère pas
intelligemment, ils représenteront des postes budgétaires d’autant plus importants. Nous sommes donc contraints de mettre en
place des systèmes de tri et de développer le recyclage des rebuts, selon Jean-Pierre Brest, chef de bureau des
partenariats et des actions territoriales en 2003 à la sous-direction de la qualité et de la construction au
ministère de l’Equipement. Les coûts de chantier étant de toute manière amenés à augmenter, autant
limiter cette augmentation en étudiant les filières de gestion les plus économiques.
L’association HQE prévoit déjà pour la réalisation des bâtiments les prescriptions suivantes.
Cible 2 : Choix intégré des procédés et produits de construction
- adaptabilité
- choix des procédures de construction
- choix des produits de construction
Catégories de déchets :
- les déchets inertes: pierres naturelles, terre et matériaux de terrassement, plâtre, céramique,
matériaux de démolition non mélangés, verre ordinaire, laines minérales, ...
- les déchets ménagers et assimilés: emballages, bois, plastiques, métaux, quincaillerie, serrurerie,
accessoires pour peinture et matériels souillés secs, produits mélangés issus de chantiers de
réhabilitation, ...
- les déchets dangereux subdivisés en trois sous catégories: Ies déchets dangereux des ménages,
Ies déchets d'activités de soins et assimilés à risque, Ies déchets industriels spéciaux tels que
peintures, bois traité avec des oxydes de métaux lourds, amiante friable, hydrocarbures ...
Le cadre juridique est la loi du 13 juillet 1992 relative à l’élimination des déchets et à la récupération des
métaux, qui prévoit depuis le 1er janvier 2002 le recyclage de tous les déchets de chantier non ultimes.
Outre ces déchets, la pollution des riverains, l’évacuation des déchets courants de chantier, ou l’énergie
nécessaire à la fabrication et à la mise en place des matériaux sont facilement mesurables (matériaux
respectant les normes NF environnement par exemple).
En marchés publics, le Cahier des Clauses Administratives Générales précise que l'entrepreneur
procède, au fur et à mesure de l'avancement des travaux au nettoiement et à la remise en état des
emplacements mis à sa disposition par le maître d'ouvrage pour l'exécution des travaux. L’aménageur est
donc le rédacteur du cahier des charges destiné au maître d’œuvre.
Le maître d’œuvre est l’homme clé du chantier, et un cahier des charges incluant une obligation de
mesures des paramètres étudiés doit permettre respect des engagements. Il faut profiter des initiatives des
fédérations régionales de TP. Depuis plus de trente mois, les fédérations départementales collaborent avec
les DDE à la réalisation de plans départementaux de gestion des déchets du BTP. L’objectif est de dresser
un état des lieux départemental, d'évaluer la production de déchets de chantier, de recenser les filières de
stockage et de tri, d'identifier les situations de carence et de proposer des solutions pour renforcer ou créer
les filières.
Les clients sont à priori à la recherche de terrains bien situés et facilement aménageables : une plate-forme
stabilisée pour implanter un bâtiment sans étages. A charge pour l’aménageur d’étudier finement les
attentes du client, particulièrement en terme de surface d’un seul tenant, pour pouvoir limiter les
déplacements de terre, et reporter les surcoûts en matière de construction sur les économies de
terrassements.
- Plutôt que de remplacer la terre instable par un matériau transporté à grand frais, on concentre
autant que possible les charges les plus lourdes sur les sols à portance adaptée.
- La terre déblayée est utilisée pour le paysagement du site (buttes, aménagements anti-bruit)
- organisation des approvisionnements, stationnement, maintient des poussières de chantier,
palissade participative
- Réduire le bruit, les poussières, les perturbations du trafic.
Les cahiers des charges sont également les contraintes permettant le contrôle :
Pour l’adaptation de l’aménagement aux rejets de ses utilisateurs, le parc d’activité de la Plaine de l’Ain fait
référence, avec un accompagnement personnalisé des nouveaux arrivants par une structure fédérant toutes
les autres entreprises.
La rénovation du centre ville de Maisons-Alfort est un chantier exemplaire en matière d’information et de
communication : palissades participatives, panneaux, tracts, circulation des camions hors des heures de
pointe.
Déplacements
La voiture est un objet de reconnaissance sociale, et à ce titre, elle est de plus en plus utilisée : 2.5
déplacements par jour en moyenne, un taux de motorisation d’une voiture pour deux personnes, et une
baisse des parts de marché des modes alternatifs à la voiture [Guidez, 2004]. Dans le même temps la
périurbanisation et la baisse de densité des agglomérations (étalement urbain) rend la voiture nécessaire
(trajets banlieue-banlieue). Malgré les investissements lourds en infrastructure, la longueur des bouchons
quotidiens continue d’augmenter. Les opérations d’aménagement modifient nécessairement ces flux, mais
pas nécessairement dans le mauvais sens.
Site : En cas de saturation des réseaux existants, de proximité des arrêts de transports en commun, de
passage à proximité de pistes cyclables ou de « zones 30 ».
pollution d’un site, saturation des voies
L’aménageur peut proposer des extensions au gestionnaire du réseau local et départemental, voire
régional, pour qu’il intègre le nouveau morceau de ville au maillage de transports en commun et vote les
crédits nécessaires à l’équipement et à la desserte du site.
Pour rendre les voies compatibles avec plusieurs vitesses de déplacement, on peut réfléchir à :
Les contrôles peuvent prendre la forme de pointages, nombre de véhicules par foyer, nombre d’occupants
par véhicule, nombre de passagers à l’arrêt de bus, nombre d’inscrits au covoiturage, etc.
Les quartiers allemands comme le Quartier Vauban, à Freiburg, sont un exemple en matière de réflexion
sur les transports :
- Les lignes de transports en commun sont mises en place dès l’arrivée des premiers habitants, pour
éviter la prise de « mauvaises » habitudes ;
- Les voitures ne sont que « tolérées » dans les rues secondaires, uniquement pour les livraisons ou
déchargements brefs. Les voitures particulières sont garées dans un parking attenant.
Paysage
Les paysagistes ont rarement besoin d’un outil aussi lourd que le SME, sauf pour un territoire vierge, ou
au contraire très défiguré par les aménagements environnants. Une zone protégée, ou une perspective
remarquable peuvent ainsi justifier le SME.
Le maître d'ouvrage travaille alors avec les architectes, urbanistes et paysagistes sur un urbanisme qui
découle des éléments environnants, plutôt que de découper les îlots de manière dogmatique, pour intégrer
uniquement à posteriori (c’est à dire dans les îlots) les vues ou le climat (vent essentiellement). Le CAUE
est l’organe de planification stratégique le plus adapté à une réflexion globale sur le paysage environnant et
interne à un aménagement.
Les actions possibles concernent l’alignement, les gabarits sur plan masse, le règlement de zone. Le
contrôle des permis de construire est le meilleur moyen d’intégrer les principes de réflexion de
l’aménagement jusque dans les parcelles.
Les zones d’activité comme le parc d’activité paysager de Landacrès ou celle dans le parc naturel régional
de Boulogne-sur-Mer sont à ce titre exemplaires.
La consommation des équipements et des utilisateurs en électricité, chauffage et eau chaude sanitaire peut
justifier la réflexion autour d’une centrale collective (en cogénération ou non) desservant les lots privés. La
réalisation en ZAC permet de reporter sur les utilisateurs le prix des équipements publics qui leur sont
destinés : c’est un moyen pour la collectivité de réduire son coût d’investissement initial, sachant qu’en
fonctionnement les utilisateurs seront les premiers à faire des économies (chauffage et électricité).
Si l’option d’un chauffage urbain est retenu, le règlement de zone imposera l’utilisation de celui-ci à tous
les nouveaux riverains, pour garantir sa rentabilité. Si le règlement de zone est plutôt orienté vers la qualité
des bâtiments du site (HQE), il comportera les recommandations minimum nécessaires pour que le
permis de construire soit délivré.
Le quartier de Burgholzhof à Stuttgart (Cf. annexe) est un aménagement où la maîtrise de l’énergie a été
l’objectif premier à travers : une énergie en partie solaire, collectée dans une chaufferie centrale.
La ville de Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes a testé dans le cadre des opérations pilotes de
maîtrise de la demande d'énergie, coordonnées par l'Agence Régionale de l'Energie (ARENE) en région
PACA, trois types d'optimiseurs de puissance. Ils obéissent à deux principes : une fonction de régulation
qui permet de réguler et stabiliser la tension d'alimentation des lampes ; une deuxième fonction de
variateur de tension (diming) qui permet de diminuer la puissance en fonction des heures d'utilisation : la
réduction lumineuse, qui est effectuée aux heures creuses de la nuit, est quasiment imperceptible à l'œil nu,
mais le gain sur les consommations d'énergie est de l'ordre de 30 à 50 %.
« Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l’est pas est inutilisable. » (Paul Valéry)
Le SME est une proposition de démarche qui assume ce déséquilibre permanent entre la complexité et la
constante évolution des paramètres (lois, mentalités, savoir-faire) et la nécessaire simplicité des actions à
réaliser par les acteurs opérationnels, en veillant à sa modularité et à son auto amélioration. Le principe
fondamental est d’admettre qu’un système est dépassé lorsqu’il entre en vigueur. La systématisation, en
particulier le raisonnement global en « analyse du cycle de vie », permet d’envisager les enjeux liés à un
thème dans le temps et dans l’espace, et de relativiser la pertinence de certaines actions à priori
environnementales au vu de leurs effet à long terme. L’outil SME associe donc rigueur métrologique et
transparence d’un côté, flexibilité et adaptabilité à chaque opération de l’autre.
Entre l’émergence du besoin de réaliser l’opération et la remise des comptes, la durée d’une opération
d’aménagement s’étale souvent sur une dizaine d’années. Cette durée, qui est généralement supérieure à la
L’intérêt d’une SEM (Essonne Aménagement) pour les conclusions de ce rapport met en avant l’insertion
progressive des problématiques environnementales dans les décisions des collectivités et de leurs
partenaires. La quantité d’acteurs qu’elle suppose montre cependant combien la mise en place d’un SME
ne dépend pas que de l’aménageur ; si le système de management environnemental peut être initié sur
proposition de l’aménageur, il faut en retour une tendance nationale lourde en faveur d’actions raisonnées.
L’insertion d’une charte de l’environnement dans la constitution alors même que ce mémoire se termine
traduit la volonté politique de changement progressif des mentalités en France, avec également une
dimension européenne : « la présente charte inspire l’action européenne et internationale de la France »
(Article 10). C’est en effet au niveau européen que les grandes tendances doivent être amorcées, puisque
les indicateurs sociologiques ne marquent pas encore une prise de conscience générale des enjeux
environnementaux liés à notre façon de vivre, d’habiter, d’aménager.
• ASCHER François, 2001, Les nouveaux principes de l’urbanisme, 110 p., ed. de l’Aube.
• Cahiers techniques du bâtiment (Les), 2004, L’oléothermie, n°238, p13.
• DEMAILLY Anthony, 2003, Prise en compte de la loi sur l'eau dans la conception de
lotissements, Mémoire ESGT, 80p.
• GAUZIN-MULLER Dominique; 2001, L’Architecture écologique,290 p., ed. du Moniteur
• GUIDEZ Jean Marie, 2004, La voiture et la ville, rêves et réalités, Techni. Cités n°71
• LACAZE Jean Paul, 1997, Les méthodes de l’urbanisme,127 p., PUF
• LEGUY D., BERTRAND M., 2002, Management environnemental et relations sociales en
entreprise : bilan et perspectives, 28p, rapport ADEME.
• LOINGER Guy, 2000, Collectivités locales, territoires et développement durable, Ministère de
l’aménagement du territoire et de l’environnement.
• MAES Pascale, 2004, Bio habitat, l’immeuble de demain, Le Particulier Immobilier n°193
• MIQUEL Gérard, 2004, Rapport sur la qualité de l’eau et de l’assainissement en France, Office
parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, 195p.
• PERSONNE Marion, BRODHAG Christian (École des Mines de Saint-Étienne), 1997,
Evaluation des performances environnementales : proposition d’une méthode adaptée aux PME,
15p., Contribution de au deuxième congrès international Franco-Québécois de Génie Industriel,
Albi.
• PNUE/Orée, 1998, Guide du management environnemental des zones d’activité francophones,
125p., Bibliothèque de l’ADEME.
• ROUXEL Françoise, RATOUIS Olivier (ACT Consultants), 2002, Les processus de décision
dans les opérations d’aménagement (Rapport 3), Ministère de l’équipement.
• BOUILLON Henri, Maîtriser les rejets urbains, 2004, Techni.Cités, N°64.
• Ministère de l’environnement
http://www.environnement.gouv.fr
• Ministère de l’équipement
http://www.equipement.gouv.fr
• Article Qualité des eaux : maîtriser les rejets urbains, Techni.cités du 23 février 2004
Le développement durable est sur toutes les lèvres, en particulier celles des élus. A ce titre, les opérations
d’aménagement, en tant qu’outil du développement local, sont largement remises en cause dans leur
méthodologie actuelle. En effet malgré les nombreuses recherches dans le secteur du bâtiment
(constructions à haute qualité environnementale), l’aménagement français néglige ostensiblement les
réflexions environnementales poussées. La bonne volonté et la contrainte réglementaire sont pour
l’instant les deux seuls moteurs d’un aménagement raisonné (par analogie avec l’agriculture raisonnée).
Cependant la pression croissante des citoyens et des lois en faveur d’un développement durable touche
toutes les décisions des élus, et par là même celles qui Politique Impacts
concernent l’aménagement du territoire. Les élus se tournent environnementale significatifs
Objectifs
donc vers les aménageurs, et exigent une gestion environnementaux
Pour les opérations d’aménagement, un système de management environnemental (SME) est la réponse
aux attentes des élus : une démarche globale qui optimise les efforts environnementaux, et permet de
tenir ses engagements politiques. L’aménageur est en effet l’instrument des l’élus, et c’est rarement vers
lui que se tournent les habitants pour exprimer leur mécontentement et leur attente de transparence.
D’évidence, la diversité des opérations -on ne peut pas comparer les interactions avec l’environnement
d’un lotissement de 20 lots et d’une zone d’activité à vocation industrielle de 10 hectares- exclue la
systématisation de solutions ; on s’intéressera plutôt à la systématisation des méthodes et des démarches
interrogatives conduisant à des résultats satisfaisants. Pourtant la question est de savoir comment
appliquer une démarche systémique à une réalisation impliquant plusieurs niveaux de décision et de
responsabilité, sans que les objectifs initiaux soient dénaturés.
Entre l’émergence du besoin de réaliser l’opération et la remise des comptes, la durée d’une opération
d’aménagement s’étale souvent sur une dizaine d’années. Cette durée, qui est généralement supérieure à la
durée du mandat de l’élu commanditaire, place l’aménageur en situation de responsable principal,
puisqu’il est le seul à gérer l’opération dans son ensemble. Cette responsabilité accrue déteint de fait sur le
SME, qui est initié très en amont de l’opération, pour garantir la pérennité et la modularité dans une
perspective durable, c’est à dire lointaine à l’échelle de l’aménagement (10 ou 20 ans minimum). Loin des
actions militantes ou partisanes, le SME atteint des objectifs environnementaux fixés, si minimes soient-
ils, en conduisant à des solutions opérationnelles.
A l’intérieur de cette démarche chaque étape a son importance pour que les objectifs soient atteints : trop
d’objectifs restent au stade des intentions faute de suivi et faute de chef de projet. En effet la récurrence
des expressions « étape fondamentale », ou « acteur majeur » dans les ouvrages sur les SME trahit la
quantité d’obstacles humains au bon déroulement du système de management environnemental des
opération d'aménagement : le défaut de conviction politique ou le manque de recul de l’élu, la sous
estimation de l’aménageur de la communication nécessaire, la mauvaise volonté des intermédiaires et la
paresse ou le conservatisme des utilisateurs sont autant d’entraves qu’il faut anticiper pour mieux les
gérer. La quantité de vocabulaire employé (champ lexical issu de la certification) est de plus à confronter
avec la compétence et la coopération des interlocuteurs : les industriels ont prouvé qu’on pouvait être
certifié « environnemental » sans pour autant l’être, et que tout dépend de la précision des objectifs qu’on
se fixe. Pour l’instant les SME mis en place sont plus souvent des outils pour la qualité de vie que des
instruments de protection de l’environnement. De fait environnement et confort sont souvent confondus,
avec des expressions comme « environnement intérieur ».
L’intérêt d’une SEM (Essonne Aménagement) pour cette recherche met en avant l’insertion progressive
des problématiques environnementales dans les décisions des collectivités et de leurs partenaires. La
quantité d’acteurs qu’elle suppose montre cependant combien la mise en place d’un SME ne dépend pas
que de l’aménageur ; si le système de management environnemental peut être initié sur proposition de
l’aménageur, il faut en retour une tendance nationale lourde en faveur d’actions raisonnées. L’insertion
d’une charte de l’environnement dans la constitution alors même que ce mémoire se termine traduit la
volonté politique de changement progressif des mentalités en France, avec également une dimension
européenne : « la présente charte inspire l’action européenne et internationale de la France » (Article 10).
C’est en effet au niveau européen que les grandes tendances doivent être amorcées, puisque les
indicateurs sociologiques ne marquent pas encore une prise de conscience générale des enjeux
environnementaux liés à notre façon de vivre, d’habiter, d’aménager.
Mots clé
Résumé
Il est vain d’essayer de définir une activité humaine totalement respectueuse de l’environnement ;
cependant on peut trouver des moyens de limiter l’impact sur l’environnement de certaines entreprises ou
activités économiques. Le système de management environnemental est une démarche qui permet
d’envisager les interactions entre une activité et l’environnement, et cela de manière globale. Pour les
opérations d’aménagement, c’est un cadre qui permet de structurer la réflexion environnementale issue
d’une volonté politique, et de lui donner une application concrète et rigoureuse dans l’espace et dans le
temps. Outre les définitions (certification, etc.) et les exemples de rigueur, ce rapport s’attache à identifier
les moyens humains et matériels nécessaires, pour que la démarche aboutisse ; la réflexion s’attarde tout
particulièrement sur les obstacles probables ou constatés de cet outil managérial sensé anticiper les
évolutions techniques, législatives et environnementales liées à l’aménagement du territoire.
Keywords
Abstract
While no human activity is completely 'environmentally friendly', there are always opportunities to reduce
the impact that certain plants or economic activities have upon the environment. Environmental
management systems are a way to consider globally all the interactions between a process and its
environment. Applied to urban action planning, it builds a framework against which town planners can
more effectively target environmental thoughts that political will have set. It allows immediate and
certified outcomes, in terms of space as well as time. Beyond definitions (about certification and so on)
and examples, this study lays a special stress on the likely or proven traps of this management tool, built to
anticipate legal, technical and environmental evolutions of land planning.