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Introduction
La conception de circuits hyperfréquences, et notamment des amplificateurs de puissance présents au cœur
de tous les systèmes, représente encore un challenge significatif. En effet ceux-ci ont la particularité d'avoir un
comportement non linéaire en fonction de la puissance du signal d'excitation.
La modélisation analytique est considérée comme une méthode plus attrayante pour établir un modèle qui
peut être utilisé dans les circuits de simulation. Les modèles analytiques utilisent des équations qui décrivent
les caractéristiques de composants, ces équations peuvent être dérivées des conditions physiques ou des
observations sur le comportement de composants.
Par exemple pour une analyse temporelle d'un transistor à effet de champ (TEC), entre la grille et le canal, la
capacité est couramment définie en fonction d'une simple charge de déplétion Qq. Le courant au travers de
cette charge est le courant de grille Ig où :
(1)
avec Vgs tension entre la grille et la source, Vgd tension entre la grille et le drain.
Cette approche est efficace pour une analyse faite dans Je domaine temporel où les dérivées des tensions
sont d'ores et déjà disponibles. En revanche, elle n'est pas pertinente pour une analyse en équilibrage
harmonique où la dérivée dans le domaine fréquentiel s'obtient par une multiplication par le nombre
complexe\w avec w défini comme pulsation du signal.
Par conséquent, l'expression des capacités du TEC pour une utilisation en équilibrage harmonique est faite
suivant deux charges distinctes, une charge définie entre la grille et la source, et une autre entre le drain et la
source.
Les séries de Volterra introduites au début du siècle dernier par V. Volterra [4] est l'un des formalismes les
plus élégants et rigoureux pour la description des phénomènes dynamiques non linéaires. Malheureusement,
sous sa forme classique, ses propriétés de convergence restent faibles, ce qui limite leur portée à des systèmes
faiblement non linéaires.
De récents travaux montrent en effet les limites de cette technique, notamment pour modéliser les
constantes de temps disparates (de la nano à la milliseconde) présentes au sein du circuit. En effet, lorsqu'un
signal modulé excite le circuit, des phénomènes de mémoires lentes et rapides doivent être pris en compte, car
un signal modulé est simultanément constitué de fréquences basses (fréquences d'enveloppe), et de
fréquences hautes (fréquences porteuses du signal).
Par conséquent, en plus de la réponse du circuit aux hyperfréquences, les mesures dédiées à la modélisation
doivent exciter les constantes de temps thermiques et, s'il y a lieu, les fréquences de résonance des circuits de
polarisation et des circuits d'adaptation. L'extraction de modèles boîte noire de Volterra modifiés dits à «
noyaux dynamiques » permet désormais d'appréhender avec plus d'exactitude ces phénomènes.
Au final, le challenge de la modélisation boîte noire est, compte tenu des spécifications du concepteur de
système, de parvenir à adapter un compromis temps de calcul/finesse de description des phénomènes,
permettant d'effectuer la simulation de l'ensemble du système ou sous-système dans des délais réalistes.
Ce type de modèle est aujourd'hui intégré dans le logiciel de simulation circuit GoldenGate développé par la
société Xpedion en partenariat avec l'Institut de Recherche en Communications Optiques et Microondes
(Limoges, France). Celui-ci est intégré dans l'environnement Cadence.
2. Principes de modélisation
La modélisation à un niveau d'intégration moindre, à savoir au niveau du composant, est une des phases les
plus critiques. En effet, celle-ci repose sur trois points clefs, à savoir le choix de la typologie du modèle,
l'extraction des paramètres du modèle par la mesure, et la validation de ce modèle.
Bien que des modèles du type boîte noire puissent être proposés au niveau du composant, la quasi-inté-
gralité de ces modèles sont basés sur des architectures de circuits équivalents, dérivés des lois physiques ou
bien de manière empirique.
Tout composant peut théoriquement être modélisé suivant la physique des semi-conducteurs pour
représenter les équations de transport des porteurs de charges à travers le dispositif. À partir de ces équations,
les tensions et courants, ainsi que leurs dérivées peuvent être déterminés. Cette méthode de modélisation
présente l'inconvénient d'être très lourde et peut engendrer des temps de simulation très longs, voire
rédhibitoires pour le concepteur.
Certaines approches tendent donc à simplifier ces modèles tout en restant proche des équations physiques
de base, soit en fractionnant la représentation du composant en plusieurs parties plus facilement modélisables
individuellement, soit en simplifiant ces modèles par des méthodes de réduction de modèle, notamment pour
les simulations électrothermiques.
Il est couramment convenu que la lourdeur engendrée par la nature de ces modèles est le prix à payer pour
produire une approche rigoureuse de la modélisation. Ce constat n'est pas si simple car, dans la pratique, des
approximations restent nécessaires pour pouvoir rendre effective l'utilisation de cette méthode.
Ces circuits équivalents peuvent être très simples ou au contraire d'une complexité importante, leur
conception devant dépendre de l'application visée.
Par exemple, un modèle destiné à simuler de manière réaliste les phénomènes d'intermodulation d'ordre n
doit reproduire fidèlement les n premières dérivées des caractéristiques I(V) (tension-courant), Q ( V ) (charge-
tension) e t F ( I ) (flux-courant).
Une analyse en équilibrage harmonique utilisant un tel modèle petit signal peut reproduire fidèle-
ment ce genre de phénomène, mais sera en revanche inappropriée pour représenter de manière réaliste les
performances obtenues sous l'excitation d'un signal de puissance.
Le choix de représenter tel ou tel élément par une fonction linéaire ou non linéaire est donc crucial en
fonction des performances attendues.
Par exemple, sur un transistor à effet de champ, la capacité Cds peut être généralement représentée par une
valeur moyenne obtenue sur toute la dynamique du signal d'excitation.
Par ailleurs, il est important de noter qu'un élément faiblement non linéaire peut avoir un effet prépondérant
sur le résultat de l'analyse en fonction de sa place au sein du circuit équivalent.
3 Modélisation analytique des transistors en HF
3. Techniques de modélisation
■ Par éléments extrinsèques au transistor, il est entendu tous les éléments parasites dus aux accès et à la
géométrie du composant. Ceux-ci sont représentés sur la figure 2 b par les résistances Rs et /?d qui traduisent
les effets résistifs entre les plots d'accès du composant et la zone active du canal. La résistance Rg traduit
l'effet résistif distribué le long de l'électrode de grille, les capacités Cpg et Cp(j représentent les capacités de
plots induites par les accès de grille et de drain, et les inductances Lg, Zd, Ls représentent respectivement les
inductances induites par les accès de grille, de drain et de source vis-à-vis du substrat.
■ Par éléments intrinsèques, il est entendu tous les éléments constituant le cœur du composant.
L'effet fondamental du transistor à effet de champ est représenté par un générateur de courant de drain
commandé par une tension qui n'est pas à ses bornes. Ce courant s'exprime sous la forme suivante :
(2)
La transconductance du transistor est sa caractéristique fondamentale, elle représente la variation du courant
dans le canal en fonction de la variation de la tension entre la grille et la source.
De même, la conductance gd= l/Rds représente la variation du courant dans ce même canal par rapport à la
variation de la tension entre le drain et la source, cette valeur traduit la résistance du canal.
(3)
La capacité Cgs représente la variation de la charge Qg accumulée sous la grille dans la zone dépeuplée en
fonction de la variation de la tension entre la grille et source, la capacité Cgd représente la variation de cette
même charge en fonction de la variation de la tension comprise entre la grille et le drain :
(4)
;
La capacité Cds décrit le couplage entre les contacts de drain et de source, la résistance Rj représente la
résistance d'entrée du transistor alors que la résistance Rgd permet éventuellement de modéliser la rétroaction
de sortie vers l'entrée du transistor.
4 Modélisation analytique des transistors en HF
Figure 1 - Diagramme des différentes étapes menant à la modélisation non linéaire d'un transistor à effet
de champ hyperfréquence
Figure 2 - Schéma électrique pour un modèle petit signal de transistor à effet de champ
5 Modélisation analytique des transistors en HF
Les éléments non linéaires figurant sur ce schéma sont représentés par des équations dites phénomé-
nologiques.
À titre d'exemple, suivant le modèle développé par Angelov, la source de courant de drain Id peut être
décrite par une fonction non linéaire dépendante des tensions Vds et Vgs comme indiqué ci-après :
(5)
avec
où Ipk, , α, Pn et Vpk sont des paramètres à définir suivant les techniques décrites par Angelov
6 Modélisation analytique des transistors en HF
4. Conclusion
La conception de circuits hyperfréquences représente encore de nos jours un challenge significatif pour les
chercheurs. Dans ce contexte, l'utilisation d'outils de simulation performants représente un avantage significatif
en termes de compétitivité puisqu'elle permet de réduire le temps et donc les coûts de développement. Les
algorithmes avancés de simulation et l'évolution des interfaces logiciels ont contribué à l'amélioration de
méthodologies utilisées pour la conception des circuits. Cependant, les bibliothèques utilisées par ces logiciels
sont souvent perfectibles, notamment pour la conception de circuits de puissance où des phénomènes
complexes doivent être pris en compte.