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Cours d’Analyse

Fonctions de plusieurs variables


Licence 1ère année – 2007/2008

Nicolas Prioux
Université de Marne-la-Vallée
Table des matières

1 Notions de géométrie dans l’espace et fonctions à deux variables . . . . . . . . 5


1.1 Exemples de fonctions à plusieurs variables en économie . . . . . . . . . . . . 5
1.2 L’espace R3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3 Produit scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.4 Vecteur normal et équation d’un plan dans l’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.5 Représentation graphique des fonctions de deux variables. . . . . . . . . . . . 13
1.5.1 Domaine de définition et graphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.5.2 Fonctions partielles et coupes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.5.3 Courbes de niveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2 Continuité et dérivation de fonctions de plusieurs variables . . . . . . . . . . . . . . 21
2.1 Continuité et limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.1.1 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.1.2 Notion de limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.2 Dérivées partielles et élasticité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3 Dérivées d’ordre supérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.4 Notion de différentielle et dérivation des fonctions composées . . . . . . . 27
2.4.1 Développement de Taylor d’ordre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.4.2 Dérivée de fonctions composées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

3
Cours d’Analyse –4– Fonctions de plusieurs variables
Chapitre

Notions de géométrie dans


l’espace et fonctions à deux
variables

1.1 Exemples de fonctions à plusieurs variables en


économie
Les fonctions utilisées dans les modèles économiques sont, le plus souvent, des fonc-
tions de plusieurs variables.
Exemple 1.1.1 Les fonctions de production, les fonctions d’utilité.

On considère un système de production produisant un certain produit “output” à


partir de n autres biens, appelés facteurs de production ou “input”. La fonction de
production associe à un n-upplet (x1 , . . . , xn ) de nombres positifs la quantité maximale
q d’output que l’on peut produire. Dans certains modèles, on se limite à deux facteurs
de production : le capital et le travail. Dans ce cas, on s’intéresse à des fonctions de
la forme : q = f (K, L, ) où K représente le capital et L le travail. On a alors une
fonction de deux variables, associant à un couple (x, y) de nombres réels (ici positifs)
un nombre f (x, y).
Exemple 1.1.2 Les fonctions suivantes apparaissent souvent en théorie de pro-
duction :
– f (K, L) = aK + bL (fonction linéaire) ;
– f (K, L) = min(K/a, L/b) , avec a > 0 et b > 0 (fonction à facteurs complémentaires) ;
– f (K, L) = k K α Lβ , avec k ≥ 0, α ≥ 0, β ≥ 0 (fonction de Cobb-Douglas).

Remarque 1.1 : La fonction minimum, min, est la fonction qui prend pour valeur
le plus petit des réels passés en argument. Par exemple :

min(−2, 3, 4, −10, −4, 234) = −10.

On définit de la même manière la notion de maximum, max, qui renvoit le plus grand

5
1.2. L’ESPACE R3

des éléments passés en paramètres :

max(−2, 3, 4, −10, −4, 234) = 234.

Les fonctions d’utilité apparaissent dans la théorie du consommateur. Dans un modèle


où il y a n biens de consommation, un plan de consommation est défini par un n-uplet
(x1 , . . . , xn ) de nombres positifs représentant les quantités consommées de chacun des
n biens. La fonction d’utilité associe à ce panier de biens un indice de satisfaction
u(x1 , x2 , . . . , xn ), que le consommateur cherche à maximiser.

1.2 L’espace R3
– R, l’ensemble des réels, s’identifie à une droite orientée munie d’une origine et d’une
unité de longueur :

-1 0 1

– R2 , l’ensemble des couples de réels (x, y), s’identifie à un plan muni d’un repère
→ −
− → →
− →

orthonormé (O; i , j ) composé d’une origine O et de trois vecteurs i et j or-
thogonaux et de longueur égale à 1. Au couple (x, y), on associe le point M du plan
→ −
− →
de coordonnées x et y dans le repère (O; i , j ) :

M
y v

6
− 

j
- -
O −
→ x
i

→ −
− →
On peut orienté le repère, et dans ce cas, on dit que le repère (O; i , j ) (ou que
→ −
− → →

la base ( i , j )) est directe si, pour parcourir le plus petit chemin allant de i à


j sur le cercle unité, on tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

Cours d’Analyse –6– Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 1. NOTIONS DE GÉOMÉTRIE DANS L’ESPACE ET
FONCTIONS À DEUX VARIABLES
Lorsque l’on tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre un angle est
alors positif, et il sera négatif si on le mesure en allant dans le sens des aiguilles
d’une montre.

− →

Par exemple, l’angle formé par les vecteurs i et j dans un repère orthonormé

− →

direct est de π/2 alors que celui formé par les vecteurs j et i et de −π/2 (le
→ −
− →
repère (O; j , i ) est alors un repère orthonormé indirect).
−−→
Remarque 1.2 : Le couple (x, y) s’identifie au vecteur OM . Ainsi, les éléments
de R2 sont considérés tantôt comme des points, tantôt comme des vecteurs.
– R3 , l’ensemble des triplets (x, y, z) de réels, s’identifie à l’espace à trois dimensions
→ −
− → − →
muni d’un repère orthonormé (O; i , j , k ) composé d’une origine O et de trois
→ −
− → →

vecteurs i , j et k deux à deux orthogonaux et de longueur égale à 1. Le tri-
plet (x, y, z) s’identifie au point M du plan de coordonnées x, y et z dans le repère
→ −
− → − →
(O; i , j , k ) :

z M
x
-
-
6


k
y
O −
→ - -
j


 i

→ −
− → −→ → −
− → − →
Dans R3 , pour dire si un repère (O; i , j , k ) (ou une base ( i , j , k )) est directe,
en faisant appel à la règle du “bonhomme de Newton” : il doit se placer au niveau

− →

du vecteur k (le sens des pieds à la tête est celui de k ), il doit pointer son bras


droit dans la direction et le sens de i et regarder dans la direction et le sens de


j . Sinon, le repère (ou la base) est dit indirect.
Par exemple, sur le dessin, on peut voir que notre repère est un repère orthonormé
direct de R3 .
−−→
Remarque 1.3 : Le triplet (x, y, z) s’identifie au vecteur OM . Ainsi, les éléments
de R3 sont considérés tantôt comme des points, tantôt comme des vecteurs.
Nous allons maintenant donner les opérations de bases sur les vecteurs :

Cours d’Analyse –7– Fonctions de plusieurs variables


1.2. L’ESPACE R3

' $

Propriété 1.4 :
0 0 0 0 0 0
– Addition : (x, y, z) + (x , y , z ) = (x + x , y + y , z + z ).
– Multiplication par un scalaire (par un réel) :

∀ λ ∈ R, ∀ (x, y, z) ∈ R3 , λ(x, y, z) = (λx, λy, λz).

& %
Remarque 1.5 :

1. Un vecteur est déterminé par : une direction, un sens, et une longueur.


−→ −−→
2. ABCD est un parallélogramme si et seulement si : AB = DC.
−→ −→ −−→
3. La relation de Chasles : AC = AB + BC permet de construire géométriquement
la somme de deux vecteurs.

Définition 1.6 : Deux vecteurs −



u et −

v sont dits colinéaires s’il existe un réel
t tel que

−u = t−
→v ou −
→v = t−→
u.
Sinon, on dit qu’ils sont linéairement indépendants.

Remarque 1.7 : Les vecteurs →



u = (u1 , u2 , u3 ) et −

v = (v1 , v2 , v3 ) sont colinéaires si
et seulement si :
u1 u2 u3
= = ,
v1 v2 v3
avec pour convention :
ui = 0 ⇔ vi = 0.

Exemple 1.2.3

1. Les vecteurs −

u = (1, 2, −1) et −

v = (−2, −4, 2) sont colinéaires.
2. Les vecteurs →
− −

u = (1, 2, −1) et v = (0, −4, 2) sont linéairement indépendants.

' $

Proposition 1.8 :

1. Trois points A, B et C de l’espace sont alignés si et seulement si les vecteurs


−→ −→
AB et AC sont colinéaires.
2. – Par deux points non confondus ne passe qu’une seule droite.
– Par trois points non alignés A, B et C passe un unique plan P. On a la
caractérisation suivante de P :
−−→ −→ −→
M ∈ P ⇔ AM = sAB + tAC,
où s, t ∈ R.
& %

Cours d’Analyse –8– Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 1. NOTIONS DE GÉOMÉTRIE DANS L’ESPACE ET
FONCTIONS À DEUX VARIABLES

Définition 1.9 :

−→ −→
1. On dit que le vecteur − →u est une combinaison linéaire de AB et AC s’il
existe deux réels s et t tels que :

→ −→ −→
u = sAB + tAC.
−→ −→
2. On dit que les vecteurs AB et AC sont des vecteurs directeurs d’un plan P
−−→ −→ −→
si pour tout point M ∈ P, AM est combinaison linéaire de AB et AC.

1.3 Produit scalaire

Définition 1.10 : Soit −→


u = (u1 , u2 , u3 ) et −

v = (v1 , v2 , v3 ) deux vecteurs de R3 .
On appelle produit scalaire de u et v , et on note −

− →
− →u .−→v , le nombre


u .−

v = u 1 v 1 + u2 v 2 + u3 v 3 .

' $

Propriété 1.11 : Le produit scalaire est :


– Symétrique :
∀−→u, →−
v ∈ R3 , −→
u ·− →
v =− →v ·−

u.

− →

– Bilinéaire : pour tous vecteurs −

u, −

v , u0 , et v 0 de R3 , et pour tous réels a, b,
0 0
a et b , on a :
0−
→ 0−
→ 0→ − → 0→ − → 0→ − → 0→ − →
(a−

u + b−
→ u · u0 + ab −
v ) · (a u0 + b v 0 ) = aa − u · v 0 + ba −
v · u0 + bb −
v · v0 .

– Positif :
∀→

u ∈ R3 , →

u ·−

u ≥ 0.
& %

Remarque 1.12 : Le terme “bilinéaire” signifie que le produit scalaire est linéaire
à gauche
(−

u +−→
v)·− →
w =− →
u ·−→
w +− →
v ·−→w,
et linéaire à droite :


w · (−

u +−

v)=−

w ·−

u +−

w ·−

v.

√− −
Définition 1.13 : Le nombre réel → u ·→u est appelé norme (euclidienne) du
vecteur u et est noté k u k. C’est la longueur du vecteur −

− →
− →
u.

Cours d’Analyse –9– Fonctions de plusieurs variables


1.3. PRODUIT SCALAIRE

−→
Remarque 1.14 : Si A et B sont deux points de l’espace, kABk est la distance entre
les points A et B (c’est-à-dire, la longueur du segment [AB]).

Théorème 1.15 : Soient −→u et →



v deux vecteurs et θ l’angle formé par les vec-

− −

teurs u et v . Alors, on a :


u ·−

v = k−

u k k→

v k cos(θ).

Corollaire 1.16 :

1. →

u et −

v sont orthogonaux si et seulement si −
→u ·−→v = 0.
2. −

u et −

v forment un angle aigu (θ ∈ [0, π/2]) si et seulement si −

u ·−
→v ≥ 0.

→ →
− −
→ →

3. u et v forment un angle obtu (θ ∈ [π/2, π]) si et seulement si u · v ≤ 0.

' $

Propriété 1.17 : La norme vérifie les propriétés suivantes :


1. Positivité :
∀→

u ∈ R 3 , k−

u k ≥ 0,
et


k−

uk=0⇔−

u = 0.
2. Homogénéité :

∀→

u ∈ R3 , ∀ a ∈ R, ka−

u k = |a|k−

u k.

3. Inégalité de Cauchy-Schwarz :

∀→

u ,−

v ∈ R3 , |−

u ·−

v | ≤ k−

u k k→

v k.

4. Inégalité triangulaire :

∀→

u ,−

v ∈ R 3 , k−

u +−

v k ≤ k−

u k + k−

v k.

& %

Démonstration :
√→ − √
1. k→

uk= −
u ·→
u ≥ 0, car la fonction x 7→ x est une fonction positive.

√→ −
k−

uk=0⇔ −
u ·→
u = 0 ⇔ u21 + u22 + u23 = 0


⇔ u1 = u2 = u3 = 0 ⇔ −→
u = 0.

Cours d’Analyse – 10 – Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 1. NOTIONS DE GÉOMÉTRIE DANS L’ESPACE ET
FONCTIONS À DEUX VARIABLES

2. Par bilinéarité, on a : ka−


→ a2 (−

u ·−

p
uk= u ). Donc,
q √
ka→

uk= a2 (−

u ·−

u ) = |a| −→
u ·−

u = |a|k−

u k,


car a2 = |a|.
3. D’après le Théorème 1.15, on a :

|−

u ·−

v | = |k−

u kk−→v k cos(θ)|

− →

= k u kk v k| cos(θ)|, car k · k ≥ 0,
≤ k−
→u kk−
→v k, car | cos(θ)| ≤ 1.

4. Par bilinéarité, on a : (−

u +→

v ) · (−

u +−

v)=−

u ·−

u +−

u ·−

v +−

v ·−

u +−

v ·−

v =

− →
− →
− →
− →
− →

u · u + 2 u · v + v · v . Donc,

k−

u +−

v k2 = ( −

u +− →
v ) · (−

u +− →v)
= u · u +2u · v +−

− →
− →
− →
− →v ·−→v

− 2 →

=kuk +2u · v +kvk→
− →
− 2

≤ k−→
u k2 + 2|−→u ·−

v | + k−
→v k2
≤ k−→
u k2 + 2k− →
u kk−

v k| cos(θ)| + k−
→v k2
≤ k−→
u k2 + 2k− →
u kk−

v k + k−→v k2 = (k−
→u k + k−
→ 2
v k) .

Donc, k→

u +−

v k ≤ k−

u k + k−

v k.

1.4 Vecteur normal et équation d’un plan dans


l’espace

Définition 1.18 : Soit P un plan de l’espace. Un vecteur →



n est dit normal au
plan P, si pour tous points A et B de P, on a :

→ −→
n · AB = 0.

Remarque 1.19 :

– Il est clair que par tout point A de l’espace passe un unique plan orthogonal à une
direction donnée.

Cours d’Analyse – 11 – Fonctions de plusieurs variables


1.4. VECTEUR NORMAL ET ÉQUATION D’UN PLAN DANS
L’ESPACE



n

– Ainsi, un plan peut être déterminé par un point et un vecteur normal.


' $

Proposition 1.20 : Si A est un point de l’espace et si −



n est un vecteur non nul,


le plan passant par A et de vecteur normal n est l’ensemble des points M du plan
vérifiant :

− −−→
n · AM = 0. (1–1)
& %

Théorème 1.21 : Soit − →


n = (a, b, c) ∈ R3 , A = (xA , yA , zA ) ∈ R3 , et P le plan
passant par A et de vecteur normal − →
n . Alors, M = (x, y, z) ∈ P si et seulement
si
a(x − xA ) + b(y − yA ) + c(z − zA ) = 0. (1–2)

Démonstration : Il suffit d’utiliser l”égalité (1–1).




Définition 1.22 : L’équation (1–2) mise sous la forme :

ax + by + cz + d = 0,

est appelée équation cartésienne du plan P.

' $

Propriété 1.23 : Si un plan P a pour équation cartésienne :

ax + by + cz + d = 0,

alors, le vecteur (a, b, c) est un vecteur normal de P.


& %

Cours d’Analyse – 12 – Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 1. NOTIONS DE GÉOMÉTRIE DANS L’ESPACE ET
FONCTIONS À DEUX VARIABLES

Démonstration : Soit A = (xA , yA , zA ) ∈ P. Comme A vérifie l’équation cartésienne


du plan P, on a :
axA + byA + czA + d = 0. (1–3)
Soit M = (x, y, z) ∈ P, on a :
ax + by + cz + d = 0. (1–4)
(1–4) − (1–3) donne :
a(x − xA ) + b(y − yA ) + c(z − zA ) = 0,
−−→
donc, →

n · AM = 0, où →

n = (a, b, c).

Rappel : Soient A = (xA , yA , zA ) et B = (xB , yB , zB ) deux points de l’espace. Le
−→
vecteur AB à pour coordonnées :
−→
AB = (xB − xA , yB − yA , zB − zA ).
Remarque 1.24 : Un plan peut aussi être déterminé par un point et deux vecteurs
non colinéaires −

u et −

v.
#

Propriété 1.25 : Soit P le plan passant par A et de vecteurs directeurs →



u et


v . Alors,
−−→
M ∈ P ⇔ ∃ s, t ∈ R, AM = s− →u + t−
→v.
" !

Définition 1.26 : Un vecteur − →


w est dit parallèle à un plan s’il est combinaison
linéaire de ses vecteurs directeurs.

' $

Proposition 1.27 : − →w = (w1 , w2 , w3 ) est parallèle à un plan de vecteur normal




n = (a, b, c) si et seulement si −
→w ·− →
n = 0, c’est-à-dire :

aw1 + bw2 + cw3 = 0.


& %

1.5 Représentation graphique des fonctions de deux


variables
1.5.1 Domaine de définition et graphe
Une fonction de deux variables f , qui associe à un couple de réels (x, y) un réel, est
définie de la façon suivante :
f : Df ⊂ R2 → R
(x, y) 7→ f (x, y)

Cours d’Analyse – 13 – Fonctions de plusieurs variables


1.5. REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DES FONCTIONS DE DEUX
VARIABLES

L’ensemble Df de R2 est l’ensemble de définition de la fonction f . Il s’agit de l’en-


semble des couples de R2 où la fonction f est définie.

La première étape de l’étude d’une fonction de deux variable est souvent la détermination
et la représentation graphique de son domaine de définition.
Exercice 1.5.1 Déterminer et représenter graphiquement le domaine de définition
de la fonction (x, y) 7→ ln(xy − 1).

Solution : Df contient tous les couples de (x, y) ∈ R2 tels que ln(xy − 1) soit bien
définie, c’est-à-dire que xy − 1 doit être strictement positif. Donc,

Df = (x, y) ∈ R2 , xy − 1 > 0 = (x, y) ∈ R2 , xy > 1 .


 

Or, on a : 
y > 1/x et x > 0,
xy > 1 ⇔
y < 1/x et x < 0,

Définition 1.28 : Soit f : Df ⊂ R2 → R. On appelle graphe de f l’ensemble :

G = (x, y, z) ∈ R3 , (x, y) ∈ Df et z = f (x, y) .




Remarque 1.29 :

Cours d’Analyse – 14 – Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 1. NOTIONS DE GÉOMÉTRIE DANS L’ESPACE ET
FONCTIONS À DEUX VARIABLES

1. Graphe d’une fonction d’une variable → courbe.


Graphe d’une fonction de deux variables → surface.
2. On dit que le graphe de f est la surface d’équation z = f (x, y).

Définition 1.30 : Si g est une fonction de trois variables, g : Dg ⊂ R3 → R, on


appelle surface d’équation g(x, y, z) = 0, l’ensemble des points de l’espace dont
les coordonnées vérifient
g(x, y, z) = 0.

Exemple 1.5.4 La surface d’équation

x2 + y 2 + z 2 = 1,

est la sphère de centre O et de rayon 1. Plus généralement, la sphère de centre A =


(xA , yA , zA ) et de rayon r est la surface d’équation :

(x − xA )2 + (y − yA )2 + (z − zA )2 = r2 .

Exemple 1.5.5 Graphe des fonctions : f : (x, y) 7→ 2x + y + 1 et g : (x, y) 7→ y 2 :

Cours d’Analyse – 15 – Fonctions de plusieurs variables


1.5. REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DES FONCTIONS DE DEUX
VARIABLES

1.5.2 Fonctions partielles et coupes


Un moyen d’étudier une fonction de deux variables consiste à “fixer” l’une des deux
variables pour pouvoir se ramener à une fonction d’une seule variable.

Définition 1.31 : Soit f : Df → R, une fonction définie sur une partie Df de R2


et soit (x0 , y0 ) ∈ Df . On appelle fonctions partielles de f en (x0 , y0 ) les fonctions
x 7→ f (x, y0 ) et y 7→ f (x0 , y) respectivement définies sur {x ∈ R, (x, y0 ) ∈ Df }
et {y ∈ R, (x0 , y) ∈ Df }

Définition 1.32 :

1. La coupe du graphe de f par le plan d’équation x = x0 est l’intersection


entre le graphe de f et le plan x = x0 .
2. La coupe du graphe de f par le plan d’équation y = y0 est l’intersection
entre le graphe de f et le plan y = y0 .
3. La coupe du graphe de f par le plan d’équation z = z0 est l’intersection
entre le graphe de f et le plan z = z0 .

Remarque 1.33 :

1. Le graphe de la fonction partielle y 7→ f (x0 , y) s’identifie à la coupe du graphe


de f par le plan d’équation x = x0 .

Cours d’Analyse – 16 – Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 1. NOTIONS DE GÉOMÉTRIE DANS L’ESPACE ET
FONCTIONS À DEUX VARIABLES

2. Le graphe de la fonction partielle x 7→ f (x, y0 ) s’identifie à la coupe du graphe


de f par le plan d’équation y = y0 .

1.5.3 Courbes de niveau

Définition 1.34 : Soit f : Df ⊂ R2 → R, on appelle courbes de niveau (ou lignes


de niveau) les courbes d’équation f (x, y) = C, où C ∈ R est une constante.

Remarque 1.35 : La courbe de niveau f (x, y) = C s’identifie à la coupe du graphe


de f par le plan d’équation z = C.

Exercice 1.5.2

1. Déterminer les lignes de niveau de la fonction f : (x, y) 7→ x2 + y 2 .


2. Étudier les fonctions partielles de f .
3. En déduire le graphe de f .

Solution :

1. Soit C ∈ R. La courbe de niveau f (x, y) = C (ou coupe par rapport au plan


z = C) est l’ensemble des couples (x, y) ∈ R2 tels que :

x2 + y 2 = C.

Si C < 0, aucun couple


√ ne vérifie cette relation, si C > 0, il s’agit du cercle de
centre O et de rayon C, sinon, si C = 0, seul le point O vérifie cette égalité.
√ 6
C

− 6

j
- -
√ −
→ √
− C O i C


− C

Coupe de f par rapport au plan z = C

2. Les fonctions partielles de f sont les fonctions x 7→ x2 + y02 et y 7→ x20 + y 2 .

Cours d’Analyse – 17 – Fonctions de plusieurs variables


1.5. REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DES FONCTIONS DE DEUX
VARIABLES

6 6

x20 y02
− 6
→ − 6

k k
- - - -

→ −

O j O i

Coupe de f par rapport au plan x = x0 Coupe de f par rapport au plan y = y0

3.

Remarque 1.36 :

1. Pour des fonctions de trois variables, on parle de surface de niveau.

Cours d’Analyse – 18 – Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 1. NOTIONS DE GÉOMÉTRIE DANS L’ESPACE ET
FONCTIONS À DEUX VARIABLES

2. Dans la théorie de production, les courbes de niveau sont appelées isoquantes.


3. Dans la théorie d’utilité, les courbes de niveau sont appelées courbes d’indifférence
(surface d’indifférence s’il y a trois variables).

Cours d’Analyse – 19 – Fonctions de plusieurs variables


1.5. REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DES FONCTIONS DE DEUX
VARIABLES

Cours d’Analyse – 20 – Fonctions de plusieurs variables


Chapitre

Continuité et dérivation de
fonctions de plusieurs
variables

2.1 Continuité et limites


2.1.1 Continuité

Définition 2.1 : Soit f : (x, y) 7→ f (x, y) une fonction définie sur une partie Df
de R2 et soit (x0 , y0 ) ∈ Df . On dit que f est continue en (x0 , y0 ) si pour toutes
suites (un )n∈N et (vn )n∈N telles que (un , vn ) ∈ Df et :

lim un = x0 et lim vn = y0 ,
n→+∞ n→+∞

on a :
lim f (un , vn ) = f (x0 , y0 ).
n→+∞

Remarque 2.2 : Géométriquement, la condition sur (un )n∈N et (vn )n∈N signifie que
la suite des poins An = (un , vn ) converge vers le point M0 = (x0 , y0 ) dans le sens où :
−−−→
lim kM0 An k = 0.
n→+∞

' $

Propriété 2.3 : La fonction f : Df ⊂ R2 → R est continue au point (x0 , y0 ) ∈ Df


si et seulement si :
∀  > 0, ∃ δ > 0, ∀ (x, y) ∈ Df ,
p
(x − x0 )2 + (y − y0 )2 ≤ δ ⇒ |f (x, y) − f (x0 , y0 )| ≤ .
& %

21
2.1. CONTINUITÉ ET LIMITES

Remarque 2.4 :

1. En particulier, la Définition 2.1 est vraie pour les fonction d’une variable.
2. La Définition 2.1 et la caractérisation de la Propriété 2.2 restent vraies pour
les fonctions à plus de deux variables.

Théorème 2.5 : Soit D ⊂ R2 et f et g deux fonctions définies sur D. Si f


et g sont continues en un point (x0 , y0 ) ∈ D, il en est de même des fonctions
suivantes : f + g, f g et f /g si g ne s’annule pas sur D.

Définition 2.6 : On dit que f : D ⊂ R2 → R est continue sur D si f est


continue en tout point de D.

' $

Proposition 2.7 :

1. Les applications coordonnées, (x, y) 7→ x et (x, y) 7→ y sont continues sur


R2 .
2. Toute fonction polynôme de deux variables (c’est-à-dire une somme de fonc-
tions de la forme axα y β , avec a ∈ R, α, β ∈ N) est continue sur R2 .
& %

Théorème 2.8 : Soit f : Df ⊂ R2 → R une fonction continue en un point


(x0 , y0 ) ∈ Df . On suppose que f prend ses valeurs dans un intervalle I ⊂ R
(c’est-à-dire que pour tout (x, y) ∈ Df , f (x, y) ∈ I) et que la fonction g : I → R
est continue en f (x0 , y0 ). Alors, la fonction composée g◦f est continue en (x0 , y0 )

Remarque 2.9 : La continuité des fonctions partielles n’implique pas la continuité


de la fonction.
Contre-exemple :
Soit f la fonction définie par :
 xy
 f (x, y) = x2 + y 2 , si (x, y) 6= (0, 0)


f (0, 0) = 0.

xy0 x0 y
Les fonctions partielles x 7→ 2 2
et y 7→ 2 sont continues en (0, 0) pour
x + y0 x0 + y 2
tout (x0 , y0 ) ∈ R2 , mais f n’est pas continue en (0, 0).
En effet, si on pose pour tout entier n ≥ 1, un = vn = 1/n, on a :
1
lim f (un , vn ) = 6= f (0, 0).
n→+∞ 2
Donc, f n’est pas continue en (0, 0), mais par contre elle est continue sur R2 \{(0, 0)}.

Cours d’Analyse – 22 – Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 2. CONTINUITÉ ET DÉRIVATION DE FONCTIONS DE
PLUSIEURS VARIABLES

2.1.2 Notion de limite

Définition 2.10 :

1. Soit D une partie de R2 et (x0 , y0 ) ∈ D. On dit que D est un voisinage de


(x0 , y0 ) ou que (x0 , y0 ) est un point intérieur de D s’il existe r > 0 tel que,
pour tout (x, y) ∈ R2 ,
p
(x − x0 )2 + (y − y0 )2 < r ⇒ (x, y) ∈ D.

2. Si D est un voisinage de (x0 , y0 ), l’ensemble D \ {(x0 , y0 )} est appelé voisi-


nage pointé de (x0 , y0 ).
3. Soit f une fonction définie dans un voisinage (éventuellement pointé) V de
(x0 , y0 ) et ` ∈ R. On dit que f admet ` pour limite en (x0 , y0 ), et on note :

lim f (x, y) = `,
(x,y)→(x0 ,y0 )

si, pour toutes suites (un )n∈N et (vn )n∈N telles que (un , vn ) ∈ V ,

lim un = x0 et lim vn = y0 ,
n→+∞ n→+∞

on a :
lim f (un , vn ) = `.
n→+∞

' $

Proposition 2.11 : Une fonction f : V ⊂ R2 → R admet ` pour limite en


(x0 , y0 ) si et seulement si :
p
∀  > 0, ∃ δ > 0, ∀ (x, y) ∈ V, (x − x0 )2 + (y − y0 )2 ≤ δ ⇒ |f (x, y) − `| ≤ .

& %

2.2 Dérivées partielles et élasticité

Définition 2.12 :

1. Soit (x0 , y0 ) ∈ R2 et f : (x, y) 7→ f (x, y) une fonction numérique définie


dans un voisinage de (x0 , y0 ). On dit que f admet une dérivée partielle
par rapport à la première variable au point (x0 , y0 ) si la première fonction
partielle, définie au voisinage de x0 par :

x 7→ f (x, y0 )

Cours d’Analyse – 23 – Fonctions de plusieurs variables


2.2. DÉRIVÉES PARTIELLES ET ÉLASTICITÉ

est dérivable au point x0 . La dérivée est alors appelée première dérivée


partielle de f en (x0 , y0 ) et notée :

∂f
(x0 , y0 ).
∂x
2. On définit de façon analogue la dérivée partielle
∂f
(x0 , y0 ),
∂y

par rapport à la seconde variable en (x0 , y0 ).

Remarque 2.13 :

1. Par définition de la dérivée d’une fonction d’une variable :


∂f f (x, y0 ) − f (x0 , y0 )
(x0 , y0 ) = lim
∂x x→x0 x − x0

f (x0 + h, y0 ) − f (x0 , y0 )
= lim ,
h→0 h
et
∂f f (x0 , y) − f (x0 , y0 )
(x0 , y0 ) = lim
∂y y→y 0 y − y0

f (x0 , y0 + h) − f (x0 , y0 )
= lim ,
h→0 h
0 0 ∂f ∂f
2. On note aussi fx et fy au lieu et .
∂x ∂y
On peut étendre la définition aux fonctions de n variables :

Définition 2.14 : Soit a = (a1 , . . . , an ) ∈ Rn et f : (x1 , . . . , xn ) 7→ f (x1 , . . . , xn )


une fonction numérique définie dans un voisinage de a. On dit que f admet une
dérivée partielle par rapport à la iième variable au point a si la iième fonction
partielle, définie au voisinage de ai par :
z 7→ f (a1 , . . . , ai−1 , z, ai+1 , . . . , an ),
est dérivable au point ai . La dérivée est alors appelée iième dérivée partielle de f
en a et est notée :
∂f
(a).
∂xi
On a donc,
∂f f (a1 , . . . , ai−1 , ai + h, ai+1 , . . . , an ) − f (a1 , . . . , an )
(a1 , . . . , an ) = lim .
∂xi x→h h

Cours d’Analyse – 24 – Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 2. CONTINUITÉ ET DÉRIVATION DE FONCTIONS DE
PLUSIEURS VARIABLES

Définition 2.15 : Lorsque f admet des dérivées partielles en (x0 , y0 ), le vecteur :

∂f
 
 ∂x (x0 , y0 ) 
,
 

 ∂f 
(x0 , y0 )
∂y

est appelé gradient de f au point (x0 , y0 ) et noté : grad f (x0 , y0 ).

Remarque 2.16 : (en économie)

– Si f est une fonction de production, les dérivées partielles de f s’interprètent


comme les productivités marginales des divers facteurs de production.
– Si u : (x1 , . . . , xn ) 7→ u(x1 , . . . , xn ) est une fonction d’utilité dans un modèle avec
n biens de consommation, la dérivée partielle ∂u/∂xi s’interprète comme l’utilité
marginale du iième bien.
On s’intéresse souvent aux variations relatives (c’est-à-dire les pourcentages) qui sont
associés à la notion d’élasticité :

Définition 2.17 : Si f : (x, y) 7→ f (x, y) est une fonction de deux variables ne


s’annulant pas et admettant des dérivées partielles en (x0 , y0 ), on appelle élasticité
de f par rapport à la première variable en (x0 , y0 ) le nombre :

f (x0 + h, y0 ) − f (x0 , y0 )
f (x0 , y0 )
Ex (f ) = lim
h→0 h
x0

x0 ∂f
= (x0 , y0 ).
f (x0 , y0 ) ∂x

Exercice 2.2.3 Soit f la fonction de deux variables définie par f (x, y) = kxα y β ,
avec k, α, β des constantes réelles positives (fonction de Cobb-Douglas).

1. Déterminer l’élasticité de f par rapport à ses deux variables en un point (x0 , y0 )


tel que x0 > 0 et y0 > 0.

2. Généraliser le résultat pour une fonction de Cobb-Douglas de n variables. (f (x1 , . . . , xn ) =


kxα1 1 · · · xαnn )

Cours d’Analyse – 25 – Fonctions de plusieurs variables


2.3. DÉRIVÉES D’ORDRE SUPÉRIEUR

2.3 Dérivées d’ordre supérieur


Soit f une fonction de deux variables sur une partie D de R2 . Soit (x0 , y0 ) un point
intérieur de D et r > 0 tel que :
n p o
Dr = (x, y) ∈ R2 , (x − x0 )2 + (y − y0 )2 < r ⊂ D.

Tout point (x, y) ∈ Dr est alors un point intérieur de D.

Si en chaque point (x, y) ∈ Dr , f admet des dérivées partielles, on peut définir sur le
voisinage Dr de (x0 , y0 ) les fonctions
∂f ∂f
(x, y) 7→ (x, y) : et (x, y) 7→ (x, y).
∂x ∂y
Si la fonction ∂f /∂x admet des dérivées partielles en (x0 , y0 ), on les note :
∂2f ∂2f
(x ,
0 0y ) et (x0 , y0 ).
∂x2 ∂y∂x
De même, si ∂f /∂y admet des dérivées partielles en (x0 , y0 ), on les note :
∂2f ∂2f
(x0 , y0 ) et (x0 , y0 ).
∂x∂y ∂y 2
On dit alors que f admet des dérivées partielles d’ordre 2 en (x0 , y0 ). On définit de
même la notion des dérivées partielles d’ordre k, pour k > 2.
Exercice 2.3.4 Combien de dérivées partielles d’ordre 2 peut avoir une fonction
de deux variables ?

Théorème 2.18 (Théorème de Schwarz) : Soit f une fonction définie dans un


voisinage d’un point (x0 , y0 ) ∈ R2 . On suppose que f admet des dérivées partielles
∂2f ∂2f
continues au voisinage de (x0 , y0 ) et que les dérivées partielles ∂x∂y et ∂y∂x sont
également définies dans un voisinage de (x0 , y0 ) et continues en (x0 , y0 ). Alors,

∂2f ∂2f
(x0 , y0 ) = (x0 , y0 ).
∂x∂y ∂y∂x

Exercice 2.3.5 Calculer les dérivées premières et secondes de la fonction f (x, y) =


xexy , et vérifier le résultat du théorème de Schwarz.

Définition 2.19 : On dit que f : U ⊂ R2 → R est de classe C 1 sur U si f


admet des dérivées partielles en tout point de U et si ces dérivées partielles sont
continues sur U. (En particulier, f est continue)

Cours d’Analyse – 26 – Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 2. CONTINUITÉ ET DÉRIVATION DE FONCTIONS DE
PLUSIEURS VARIABLES

Remarque 2.20 : Cette définition suppose que tous les points de U sont des points
intérieurs de U, autrement dit que U est un voisinage de chacun de ses points. On
dit alors que U est un ouvert de R2 .

Définition 2.21 :
1. f est de classe C k , k ≥ 1, sur l’ouvert U si f admet des dérivéees par-
tielles jusqu’à l’ordre k en tout point de U et si ces dérivées partielles sont
continues sur U.
2. On dit que f est de classe C ∞ sur U si f est de classe C k pour tout entier
k ≥ 1.

Remarque 2.22 : Le théorème de Schwarz implique que si f est de classe C k , on


peut faire les calculs de dérivées partielles sans se soucier de l’ordre des variables par
rapport auxquelles on dérive.
Par exemple, si f est de classe C 3 , on a :
∂3f ∂3f ∂3f
= = .
∂x2 ∂y ∂x∂y∂x ∂y∂x2

2.4 Notion de différentielle et dérivation des fonc-


tions composées
2.4.1 Développement de Taylor d’ordre 1
Rappel : (développement de Taylor d’ordre 1)
Si une fonction d’une variable f : R → R est dérivable en x0 , on peut écrire :
0
f (x0 + h) = f (x0 ) + hf (x0 ) + h(h),
où lim (h) = 0. On peut aussi donner une valeur approchée de f (x0 + h) à l’aide de
h→0
0
f (x0 ) + hf (x0 ).

On va généraliser ce résultat aux fonctions de plusieurs variables.

Théorème 2.23 (Développement de Taylor d’ordre 1) : Soit (x0 , y0 ) ∈ R2 . Soit


f une fonction de classe C 1 dans un voisinage V de (x0 , y0 ). Il existe un voisinage
W de l’origine et une fonction  définie sur W tels que, pour tout (h, k) ∈ W ,
(x0 + h, y0 + k) ∈ V ,

∂f ∂f √
f (x0 + h, y0 + k) = f (x0 , y0 ) + h (x0 , y0 ) + k (x0 , y0 ) + h2 + k 2 (h, k) (2–1)
∂x ∂y

et lim (h, k) = 0.
(h,k)→(0,0)

Cours d’Analyse – 27 – Fonctions de plusieurs variables


2.4. NOTION DE DIFFÉRENTIELLE ET DÉRIVATION DES
FONCTIONS COMPOSÉES

Remarque 2.24 :

1. Cette formule peut se généraliser pour des fonctions de n variables.


∂f ∂f
2. Dans la formule (2–1), le terme h (x0 , y0 ) + k (x0 , y0 ) s’interprète comme
∂x ∂y
le produit scalaire entre le vecteur (h, k) et le gradient de f au point (x0 , y0 ).
∂f ∂f
3. L’application (h, k) 7→ h (x0 , y0 ) + k (x0 , y0 ) est appelée différentielle de f
∂x ∂y
au point (x0 , y0 ) et est notée df (x0 , y0 ). On a :
∂f ∂f
df (x0 , y0 )(h, k) = h (x0 , y0 ) + k (x0 , y0 ).
∂x ∂y

Exercice 2.4.6

1. Donner une approximation de


p
a= (2, 01)4 + (3, 05)2

en utilisant le développement de Taylor.


2. Vérifier avec une calculatrice.

2.4.2 Dérivée de fonctions composées


Soit f une fonction de classe C 1 dans un voisinage V de (x0 , y0 ) et soit t 7→ x(t) et
t 7→ y(t) deux fonctions définies sur un intervalle I ⊂ R telles que :

∀ t ∈ I, (x(t), y(t)) ∈ V.

On peut alors définir sur I une fonction (d’une variable) F en posant :

F (t) = f (x(t), y(t)).

Supposons que pour un certain t0 ∈ I,

(x(t0 ), y(t0 )) = (x0 , y0 ).

Alors, F (t0 ) = f (x0 , y0 ).


0
Le corollaire suivant permet de calculer F (t0 ) :

Corollaire 2.25 : Avec les notations et les hypothèses précédentes, supposons


que les fonctions t 7→ x(t) et t 7→ y(t) sont dérivables en t0 . Alors, la fonction F
est dérivable en t0 et
0 ∂f 0 ∂f 0
F (t0 ) = (x0 , y0 )x (t0 ) + (x0 , y0 )y (t0 )
∂x ∂y

Cours d’Analyse – 28 – Fonctions de plusieurs variables


CHAPITRE 2. CONTINUITÉ ET DÉRIVATION DE FONCTIONS DE
PLUSIEURS VARIABLES

Notation différentielle :
La formule précédente se retient en écrivant la formule “différentielle” suivante :
∂f ∂f
df (x, y) = (x, y)dx + (x, y)dy,
∂x ∂y
puis, en “divisant par dt” pour faire apparaı̂tre les dérivées :

0 dx 0 dy
x (t) = et y (t) = .
dt dt

Corollaire 2.26 : Soit U ⊂ Rn un ouvert et f : U → R de classe C 1 sur U. Soit


ϕ : I → U une fonction dérivable sur un intervalle I ⊂ R, à valeur dans U. La
fonction f ◦ ϕ est dérivable sur I et :
0 0
∀ t ∈ I, (f ◦ ϕ) (t) = grad f (ϕ(t)) · ϕ (t)
 0 
= df (ϕ(t)) ϕ (t) .

Cours d’Analyse – 29 – Fonctions de plusieurs variables

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