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0123
DOSSIER
EMPLOI
NOMBRE DE VOLONTAIRES
INTERNATIONAUX EN ENTREPRISE
5 000
5 346
4 000
Du 11 au 13 janvier s’est tenu 3 000
à New York un symposium 2 000
réunissant le gratin 2002 2007
en « neuroéconomie ». Le volontariat
Cette discipline, née international en entreprise
séduit de plus en plus
aux Etats-Unis il y a dix ans, Page VII
prétend utiliser les progrès L A V IE A U T RA V A IL
de l’imagerie cérébrale Aider les salariés
à concilier vie privée
pour expliquer, modéliser, et vie professionnelle
voire prédire, Page VIII
le comportement
ANNONCES
des agents économiques.
Une approche qui a séduit PAROLES D’EXPERTS
Page X
des universités américaines Dirigeants a Finance,
et quelques-unes de leurs administration, juridique,
RH a Banque, assurance
homologues européennes. a Conseil, audit
Mais des économistes a Marketing, commercial,
a Collectivités territoriales
à une matière avant tout Pages IX à XVI
sociale Pages II et III L’exploration du cerveau se développe de plus en plus. REUTERS/HO NEW Consultez notre site : www.lemonde.fr
DANS CE NUMÉRO
ZOOM
L’Asie, place financière Ingénieurs Grandes Ecoles et Universités h/f
L
e logo de la plaquette du sympo-
sium réunissant à New York, du 11 QUESTIONS-
au 13 janvier, les plus éminents spé-
cialistes mondiaux de la neuroéconomie RÉPONSES
– une balance portant sur un plateau un
cerveau, sur l’autre le « S » barré du dol-
lar – est éloquent… et ambigu. En quel-
ques années, cette nouvelle discipline,
résultat du mariage entre la science du
Recherches
1
cerveau et la science économique, a Y a-t-il eu d’autres rapprochements
conquis les bancs et les pupitres des entre biologie et économie avant
départements d’économie ou de psycho- l’apparition de la neuroéconomie ?
logie de grandes universités américaines A la fin du XIXe siècle, les théoriciens
– Princeton, Caltech, New York Universi- britanniques de la décision rationnelle
ty, Massachusetts Institute of Technolo- (Jevons et Edgeworth) s’inspiraient de
gy (MIT) – mais aussi européennes – l’école psychophysiologiste allemande
Zurich, Lausanne, London University (Fechner et Wundt), pour qui la pensée
College, Cambridge, Rome, Parme. L’uni- était le résultat d’une fonction
versité de Singapour en fera même le thè- physiologique, explique Christian
me dominant du quatrième Forum Asie- Schmidt, professeur à l’université
Pacifique des sciences économiques, du Paris-Dauphine. Mais cette conception
22 au 24 février. s’efface progressivement des sciences
La neuroéconomie, explique Christian économiques lorsque les modèles
Schmidt, professeur à Paris-Dauphine et mathématiques s’imposent comme outils
militant d’un déploiement de cette nou- d’analyse du raisonnement logique. En
velle approche en France, est née du croi- France, la voie naturaliste n’aura guère de
sement entre un questionnement des éco- succès, la plupart des économistes étant
nomistes – qui constatent depuis long- ingénieurs.
temps que les investisseurs, les consom-
2
mateurs, etc., ne prennent pas forcément Quels sont les principaux centres
les décisions que la théorie prescrit – et Les publicitaires pensent pouvoir identifier les centres neuronaux de la décision d’achat. MIKE BLAKE/REUTERS d’enseignement et de recherche de
l’intérêt des neurologues – qui se sont la neuroéconomie dans le monde ?
aperçus que certaines modélisations que no 71) qui permettrait aux économis- nombre de données ? », écrit ironique- convient de chercher, comme le mon- Aux Etats-Unis, pionniers de la
issues d’expériences d’économie compor- tes d’élaborer des modèles prédictifs de ment Ariel Rubinstein (New York Uni- trent les travaux de l’anthropologue et discipline, les principaux centres sont
tementale (consistant à placer des la prise de décision sur la base du fonc- versity). D’autres économistes voient sociologue canadien Joseph Henrich Princeton avec Jonathan Cohen (Center
cobayes humains dans des situations de tionnement du cerveau. dans l’engouement de leurs collègues (université de Colombie-Britannique, for the Study of Brain, Mind and
choix) pouvaient servir à l’analyse des Le caractère spectaculaire de l’image- pour la neuroéconomie un risque de Vancouver, auteur de Foundations of Behavior) ; New York University avec
connexions neuronales, désormais visi- rie cérébrale a poussé certains cher- réductionnisme biologique. C’est la thè- Human Sociality : Economic Experiments Paul Glimcher (Center for
bles grâce aux nouvelles techniques cheurs à croire (ou à faire croire) que l’on se de base d’un livre de Roman Frydman and Ethnographic Evidence in Fifteen Neuroeconomics) ; California Institute of
d’imagerie cérébrale, essentiellement tenait d’ores et déjà une explication des et Michael Goldberg, Imperfect Knowled- Small-Scale Societies, Oxford University Technology avec Colin Camerer
par résonance magnétique (IRM), déve- comportements, et non plus seulement ge Economics («Un savoir économique Press, 2004), qui a fait jouer différentes (Neuroeconomics at Caltech – The
loppées depuis quinze ans. une image technique d’un phénomène, imparfait », Princeton University populations du globe aux jeux des écono- Camerer Lab) ; Massachusetts Institute of
alors qu’il manque encore (qu’il manque- Press). Selon les auteurs, la clé de la déci- mistes comportementalistes. « A cet Technology avec Drazen Prelec (Sloan
Modèles prédictifs ra toujours ?) une connaissance de l’arti- sion des acteurs économiques n’est pas égard, dit le Pr Frydman, l’imagerie céré- School of Management) ; Baylor College
Ces images ont permis de faire des pro- culation entre les phénomènes observés. à trouver dans les émotions qui affectent brale montre que les émotions nées dans of Medicine (Houston) avec Read
grès considérables dans l’observation « La popularité des expériences neurolo- leur fonctionnement cérébral, mais un contexte culturel et social donné affec- Montague (Human Neuroimaging Lab) ;
des phénomènes électriques et chimi- giques pourrait s’expliquer par l’obsession dans l’imperfection intrinsèque de la tent l’expression neuronale des décisions George Mason University (Virginie) avec
ques qui se déroulent dans le cerveau de beaucoup d’économistes à devenir des connaissance de la complexité du mon- économiques, et non, comme on voudrait Kevin McCabe (Center for the Study of
humain, et des pathologies qui s’y mani- scientifiques. [Mais] comment des cher- de qui les entoure. Pour M. Frydman, le croire, l’explication biologique de notre Neuroeconomics) ; Carnegie Mellon
festent. Les économistes comportemen- cheurs sérieux peuvent-ils tirer des conclu- c’est plutôt du côté de l’analyse anthro- irrationalité ». a University avec George Loewenstein
talistes ont aussitôt utilisé ce fantastique sions aussi définitives d’un aussi faible pologique des sociétés humaines qu’il Antoine Reverchon (Department of Social and Decision
progrès médical pour affiner leurs expé- Sciences), etc.
riences. « Le mérite de la neuroéconomie En Suisse, ce sont l’université de Zürich
est d’avoir démontré scientifiquement que
l’émotion jouait un rôle aussi important
que la rationalité dans la prise de décision,
Equitable ? Inéquitable ?… Les neurones hésitent avec Ernst Fehr et Tania Singer (Center
for Social Neuroscience and
Neuroeconomics) et l’Ecole
explique M. Schmidt. C’est une révolution e jeu de l’ultimatum consiste à résonance magnétique), comme l’ont offres inéquitables, alors même qu’il les polytechnique fédérale de Lausanne avec
pour les économistes, qui s’acharnaient à
fonder leurs modèles sur la rationalité d’un
Homo economicus guidé par la recherche
L offrir à un joueur une somme
d’argent, à condition qu’il la
partage avec un autre joueur, selon un
fait des chercheurs américains
(A. G. Sanfey, J.K. Rilling, J.A. Aronson,
L.E. Nystrom et J.D. Cohen, 2003), il
jugeait comme telles lorsqu’on lui posait
la question.
Mais d’autres expériences menées
Peter Bossaerts (Swiss Finance
Institute) ; au Royaume-Uni, University
College de Londres, avec Peter Dayan et
du choix le plus utile à sa satisfaction, un mode de répartition qu’il est libre de s’avère que les offres inéquitables dans les mêmes conditions, ou avec des R. Dolan (Gatsby Computational
comportement qui se vérifiait rarement choisir. Mais si le second joueur refuse la suscitent une activité plus forte que les personnes souffrant d’affections Neuroscience Unit et Wellcome Trust
dans la vie réelle. La neuroéconomie nous proposition, aucun des deux participants offres équitables dans les zones cérébrales semblables à celles recréées Centre for Neuroimaging).
indique au contraire que, si les décisions ne touche d’argent. Logiquement, le cérébrales stimulées par des émotions, artificiellement, ont donné des résultats En France, ce sont Lyon-I avec
sont logiques, elles sont le résultat d’arbi- premier joueur devrait proposer d’offrir à alors que les offres équitables activent différents, certains joueurs rejetant plus Jean-René Duhamel (Institut des sciences
trages entre émotions et raisonnements. » son partenaire le minimum afin de dans une plus forte proportion les zones souvent des offres inéquitables. cognitives), l’Ecole normale supérieure
Les chercheurs n’en sont qu’au début maximiser ses gains, et le second devrait mobilisées lors d’un raisonnement. Conclusion ? « Il nous manque encore avec Etienne Koechlin (département
de longues séries d’expériences et d’ob- l’accepter pour éviter de tout perdre. Dans Même si, dans les deux cas, les deux un cadre cohérent d’explication de la façon d’études cognitives) et Aix-Marseille avec
servations, d’ailleurs souvent contradic- la réalité, l’expérience montre que le refus zones sont activées simultanément. dont les informations sont échangées entre Olivier Oullier (laboratoire de
toires. Il y aura un long chemin à parcou- est quasi systématique lorsque la somme Des chercheurs suisses (D. Knoch, les différentes zones du cerveau impliquées neurobiologie de la cognition).
rir avant d’atteindre le but que M. Sch- proposée est inférieure au tiers du total A. Pascual-Leone, K. Meyer, V. Treyer et dans la prise de décision », admet Olivier En Italie, ce sont les universités de
midt, ou le neurobiologiste Jean-Pierre (même si elle est élevée !), le partage étant E. Fehr, 2006) ont eu l’idée d’inhiber Oullier, professeur de neurobiologie aux Rome avec Fabio Babiloni (Faculté de
Changeux, fait miroiter (« Construire jugé inéquitable par le second joueur. par des impulsions électriques les zones universités d’Aix-Marseille et de physiologie humaine), Trente avec
une théorie matérialiste plausible des fonc- Si l’on place maintenant les joueurs de raisonnement du second joueur. Floride. a Massimo Egidi (Computable and
tions supérieures du cerveau », revue Ris- dans un appareil IRM (imagerie par Celui-ci a alors accepté plus souvent des A. R. Experimental Economics Laboratory) et
Parme avec Giacomo Rizzolatti et Vittorio
Gallese (département de neurosciences).
L
’application des neurosciences au tarifs ». faible, qu’à une hausse, alors qu’une person- jamais se départir de son bon sens, admet neurosciences et économie se manifeste
domaine économique a déjà eu son La neuroéconomie a trouvé une autre ne qui jette un œil de temps en temps à ses posi- M. Bovay, mais ce type d’informations nous pour la première fois en France en 2004
heure de gloire à travers le « neuro- application dans le conseil aux investis- tions n’y prête pas attention. Nous allons permet de mettre en équation des observa- lorsqu’un économiste du CNRS, Giorgio
marketing ». La presse s’était fait l’écho seurs, comme en témoigne Pascal Bovay, donc proposer à quelqu’un qui fait une insom- tions empiriques », ce qui se révèle utile Coricelli, est recruté au sein de l’institut
des expériences menées à coups d’IRM sur de Bovay et Partenaires, gestionnaire de nie à l’annonce d’une baisse d’un demi-point pour le reporting dans le cadre d’une ges- des sciences cognitives de Lyon-I, qui
le cerveau de consommateurs sollicités par patrimoine à Lausanne (Suisse). « Nous du CAC 40 un portefeuille “défensif”, peu ris- tion de plus en plus centralisée des porte- acquiert une renommée internationale
des parfums ou des boissons gazeuses, attendons des avancées de l’observation neu- qué en cas de baisse, mais peu rémunérateur feuilles par les banques et… pour discuter par ses publications dans Science sur le
publicitaires et « marketeurs » se faisant rologique de la décision financière qu’elles en cas de hausse. » A l’inverse, le diagnostic avec le client. Cantonné jusqu’ici aux plus remords (2004).
fort d’en tirer les enseignements nécessai- confirment ce que nous avons déjà appris des d’un client un peu trop sûr de lui offre la fortunés d’entre eux, l’usage des courbes En 2005 est créé le premier cours de
res au succès de leurs futures campagnes. expériences de finance comportementale », possibilité de l’avertir sur les risques qu’il d’utilité est en train d’être généralisé à neuroéconomie dans le cadre du master
Au point de donner naissance à des agen- pratiquées à partir de questionnaires et de encourt. tous par les établissements suisses. de neurosciences de l’université
ces de conseil spécialisées, comme Neuro- jeux de simulation. A l’instar de l’Union Mais cette approche peut aussi être uti- d’Aix-Marseille. En février 2006, un
sense au Royaume-Uni et Impact Mémoire des Banques suisses (UBS) et du Crédit « Bon sens » lisée de façon plus spectaculaire. Un jour- séminaire sur la neuroéconomie s’est tenu
en France, ainsi qu’à des ouvrages de suisse – qui l’a introduit dès 2003 à la suite Cette courbe d’utilité évolue bien sûr naliste américain, Jason Zweig, spécialisé au Collège de France, avec Christian
« recettes », comme Neuro-marketing, le de l’éclatement de la bulle Internet –, dans le temps. « Quelqu’un qui encaisse dans les manuels de conseil aux petits Schmidt, Jean-Pierre Changeux, Stanislas
Nerf de la vente, de Patrick Renvoisé et Chri- Bovay et Partenaires établit une « courbe 1 000 euros de gains alors que son revenu épargnants, a publié au mois d’août 2007 Dehaene. La neuroéconomie fait pour la
tophe Morin (De Boek). Mais pour Olivier d’utilité » pour chaque nouveau client. est faible réagit avec plus d’enthousiasme un livre intitulé Votre cerveau et votre première fois l’objet d’une session au
Oullier, professeur de neurobiologie « Lors du premier entretien, nous le plaçons, que quelqu’un pour qui ce gain est infime argent – Comment la neuroéconomie peut congrès annuel de l’Association française
humaine aux universités de Provence et de selon une procédure formalisée, face à des scé- par rapport à sa fortune. Mais le premier vous aider à devenir riche (éditions Simon de sciences économiques, en
Floride, « prétendre localiser le siège des déci- narios de pertes ou de gains, afin de tracer son réagira tout à fait différemment lorsqu’il & Schuster), qui transforme sans vergo- septembre 2007. Elle figure au
sions d’achat dans le cerveau humain est jsu- profil et de lui proposer des placements adap- fera de nouveau ce gain de 1 000 euros, par- gne les observations des neurologues en programme des 3es Journées de neurologie
te un argument de vente que beaucoup de tés. Par exemple, la finance comportementale ce qu’il l’estimera alors normal ! » autant de « conseils » aux investisseurs comportementale qui se tiendront les 7 et
« marketeurs » utilisent pour renouveler ou montre qu’une personne qui suit au jour le Tout cela ne confirme-t-il pas simple- amateurs . Le livre est devenu un best-sel- 8 février à Paris. Un numéro spécial de la
embellir leur argumentaire auprès de leurs jour l’évolution de son portefeuille réagit ment les observations que n’importe quel ler outre-Atlantique… a Revue d’économie politique sera consacré à
clients et justifier l’augmentation de leurs deux fois plus fortement à une baisse, même bon professionnel peut faire ? « Il ne faut A. R. ce thème cette année. a
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Mardi 15 janvier 2008 DOSSIER Economie III
A
u tout début des années nomicus ! pariétal inférieur dans la distinction Propos recueillis par
1990, les universitaires amé- Les pionniers des années 1990 entre soi et autrui », qu’est-ce qu’il Antoine Reverchon
ricains faisaient de la neuro- privilégient le travail interdiscipli- veut dire par « rôle » ? Cette aire
économie sans le savoir. Paul Glim- naire : ils sont médecins, psycholo- cérébrale est-elle l’agent causal ? CV
cher, professeur à la New York Uni- gues, biologistes, économistes… Le mécanisme
2008 Alain Ehrenberg, directeur
versity (NYU) et l’un des pères fon- Du côté des neurosciences, « on neurophysiologique est-il
du Centre de recherche psycho-
dateurs de la discipline, avait trou- ouvre la boîte noire qui génère les impliqué, ou dérivé, ou nécessaire,
tropes, santé mentale, société
vé son bonheur dans une étude du comportements, mais on n’a guère Le 21 octobre 2005, le neurologiste Antonio Damasio a reçu le prix Prince des pour éprouver de la distinction ?
(Cesames, CNRS/Paris-V/Inserm),
neurologiste William Newsome de comportements intéressants à étu- Asturies des mains de Philippe de Bourbon . RAFA RIVAS/AFP Les expressions employées sont :
publie « Le Cerveau “social ”.
sur les difficiles modes de déci- dier : j’étais frustré », explique Paul « rôle, implication, sous-tendu,
Chimère épistémologique et véri-
sion… des singes. Un autre neurolo- Zak, à l’époque jeune biologiste, Kiawah, une station balnéaire de l’université de Caroline du Sud, base, reposer sur ». Les méthodes
té sociologique », paru dans la
giste, Antonio Damasio, de l’uni- pour expliquer son intérêt pour Caroline du Sud. Vernon Smith, s’intéresse quant à elle aux déci- sont décrites le plus précisément
revue Esprit (numéro de janvier).
versité d’Iowa, étudiait la décision l’économie qui, de son côté, « teste Prix Nobel d’économie, apporte sa sions des consommateurs. Elle possible, mais les mots à valeur
2001 Il crée le Cesames à l’univer-
chez les victimes de lésions cérébra- des tas de modèles de comportements caution à la réunion. Et les neuro- fouille le cerveau de personnes qui interprétative sont vagues. De
sité René-Descartes (Paris-V).
les. A l’époque, les scientifiques sans savoir ce qui produit ces compor- conspirateurs, de plus en plus nom- ont une alimentation de bon goût, plus, aucun mécanisme
1998 Il est l’auteur de La Fatigue
parlaient tout juste de « psychophy- tements », affirme-t-il. breux, décident alors de créer la mais mauvaise pour la santé… physiologique n’a été découvert
d'être soi. Dépression et société
sique ». Society for Neuroeconomics. D’autres s’intéressent aux investis- pour produire expérimentalement
(éd. Odile Jacob Poche).
Ce n’est qu’en 1998 que la neuro- Caution L’association, installée à New seurs en Bourse. des émotions : ce sont donc des
économie fait son apparition sous La rencontre entre les deux disci- York, tout près de la NYU, revendi- Ces études diverses et variées
la plume de Kevin McCabe, profes- plines, qu’il juge « inéluctable », se que plus de 400 membres aux coûtent cher. Le Center for Neuroe-
seur à la George Mason University. réalise au cours de réunions clés. Il Etats-Unis et dans le monde. Ses conomics Studies de l’université
Celui-ci invente le mot neuroécono- y eut à l’origine une entrevue en chercheurs ont créé de solides labo- Claremont emploie 14 chercheurs
mie pour convaincre l’agence gou- 1997 à la Carnegie Mellon Universi- ratoires sur l’ensemble du territoi- et affiche un budget de fonctionne-
vernementale de la recherche, ty ; puis deux rencontres en 2001, re américain. Le champ d’études ment annuel de 800 000 dollars.
La synthèse des services
National Science Foundation, de l’une à la Fondation Gruter, l’autre n’a pas de limites. L’outil de l’ima- Les agences de l’Etat – les National aux entreprises…
lui accorder une subvention. Très à l’université Princeton. Deux ans gerie par résonance magnétique Institutes of Health –, souvent
peu de temps après, en 1999, plus tard, 30 chercheurs convain- (IRM) doit aider M. Zak à compren- appelées à la rescousse, soutien-
Paul Glimcher et Michael Pratt cus se retrouvent à Martha’s dre « pourquoi les gens sont bons ou nent volontiers cette science émer-
publient dans la revue Nature leur Vineyard, lieu de villégiature de la mauvais ». Il l’applique aux hom- gente. Elles viennent ainsi d’annon-
étude sur le comportement des sin- jet-set américaine au large de Cape mes, aux singes et autres animaux. cer une subvention de 1,5 million
ges lié aux récompenses espérées. Cod, sur la côte du Massachusetts. Stacy Wood, directrice du Cen- de dollars pour étudier les mécanis-
Pour Paul Zak, directeur du Center Et, en 2004, ils sont 83 sur l’île de ter for Neuroeconomic Research à mes neurobiologiques du compor-
tement économique des adultes
POUR EN SAVOIR PLUS vieillissants.
Les fondations International > Des dossiers thématiques :
APPRENEZ L'ALLEMAND « La refondation de l’analyse du risque à la lumière des neuros- les groupes de services et
Foundation for Research in Experi- leur diversification, les achats
DE L'UNIVERSITÉ ciences », de Jean-Pierre Changeux et Christian Schmidt, Risques
mental Economics (Ifree), MacAr- publics, la présence des TIC,
DE VIENNE n˚ 71, septembre 2007. l’innovation dans les services.
thur, Templeton, Mercatus, Gruter
Cours intensifs en La Neuroéconomie, de Christian Schmidt, Odile Jacob (à paraître en
Institute sont sollicitées. La fonda- > Une analyse détaillée
juillet - septembre 2008 mars-avril 2008). des services aux entreprises
tion MacArthur, dont l’objectif est par secteur d’activité : poste
Prix du cours pour 4 semaines : 415 €
Les neurosciences et l’économie. Perspectives de la neuroécono-
● « d’améliorer la condition humai- et télécommunications, activités
● Prix forfaitaire (inscription, cours, mie. Mémoire, Bruno-Yves Martin Gauthier, université du Québec, Mon- de conseil et assistance...
chambre) pour 4 semaines : 874 € ne », a promis une aide sur trois
tréal (2006), 178 p. (http://www.irec.net/publications/626.pdf).
Programme détaillé : ans de 10 millions de dollars aux
Emergences du neuromarketing : apports et perspectives pour
Deutschkurse Universität Wien neuroéconomistes qui planchent
Universitätscampus, Alser Strasse 4, les praticiens et les chercheurs, par Olivier Droulers, et Olivier Roulet
Hof 1.16, A-1090 Vienna
sur le droit. « D’ici dix ans, la neuro- En vente en librairie,
(http://prism.univ-paris1.fr).
Tél. : (+43 1) 4277 24101 économie sera une matière classique à l’Insee et sur www.insee.fr
Fax : (+43 1) 4277 9241 Documents, actualités, revue de presse (www.neuroeconomie.fr).
au même titre que la macroécono- 15 € - Collection Insee-Références
E-mail : WIHOK@univie.ac.at Site de la Society of Neuroeconomics à New York
mie », prédit M. Zak. a
www.deutschlernen.at (www.neuro-economics.org).
Caroline Talbot