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DOCUMENTATION TECHNIQUE

T 93
Les bétons et les
ouvrages en site maritime
L’élargissement de l’Union Européenne, l’essor économique de nombreux pays, la mondialisation
des échanges et l’augmentation du tourisme nautique et du transport multimodal génèrent
un essor important du trafic maritime. La France, avec sa très grande façade maritime,
bénéficie d’une situation géographique privilégiée. Ce contexte est favorable à un développement
important des aménagements en site maritime et une modernisation de l’ensemble des
infrastructures portuaires.

Chantier en site maritime.

■ Particularités des ouvrages en béton en ou sous l’eau, ou constitués de produits préfabriqués en


site maritime béton. Le béton peut être armé ou précontraint.
Les ouvrages en béton construits en site maritime présen-
Les bétons sont utilisés pour la réalisation de très nombreux tent de multiples particularités induites par une très
ouvrages ou structures situés en site maritime, qui parti- grande variété :
cipent à l’aménagement des infrastructures et installa- - des types de structures et des solutions constructives
tions portuaires de pêche ou de commerce, des bassins, offertes par le matériau,
des terminaux à conteneurs, des terminaux céréaliers, des - des utilisations des ouvrages,
bases nautiques, des ouvrages de protection et de défense - des techniques et des méthodes de construction,
des côtes (épis, brise-lame), de protection des ports - des types de béton utilisés : béton coulé en place,
(digues, jetées), des ouvrages de mise à l’eau de navires ou éléments en béton préfabriqués en usine ou sur le site,
de construction navale, des quais et appontements pour le - des contraintes climatiques lors des phases de construc-
chargement et le déchargement… tion, qui imposent la mise en œuvre de dispositions
Les ouvrages peuvent être coulés en place, à l’air libre adaptées.
DOCUMENTATION TECHNIQUE

La principale spécificité de ces ouvrages est liée aux condi- offrant des propriétés adaptées (pompabilité, “autopla-
tions et contraintes environnementales et climatiques çance”, maniabilité, absence de ségrégation…).
qu’ils doivent subir pendant leur durée d’utilisation : Les parties des ouvrages sollicitées par des agressions
• Attaques et agressions chimiques de l’eau de mer physiques et chimiques varient en fonction de leur situation
• Impacts physiques des déplacements de l’eau : vagues, par rapport au milieu marin. Elles peuvent être regroupées
houle, courants, variations de niveaux
en 5 zones :
• Agressions liées aux vents, aux taux élevés d’humidité et
à l’ensoleillement - la zone immergée,
- la zone de marnage,
De plus, les structures sont souvent complexes, parfois
fortement ferraillées, et doivent souvent être réalisées en - la zone d’aspersion par l’eau de mer,
présence d’eau, voire sous l’eau et sous l’action de la houle - la zone soumise aux embruns,
et des vagues, avec des conditions d’accès difficiles et des - la zone exposée à l’air véhiculant du sel marin.
variations de niveaux des eaux induites par les marées. Il A chaque zone correspondent des agressions spécifiques
en résulte des contraintes importantes de bétonnage et de de l’eau de mer générant des risques de pathologie diffé-
stabilité des coffrages, ce qui impose l’utilisation de bétons rents du béton.

■ TERMINOLOGIE
• APPONTEMENT : Ouvrage d’accostage permettant le • EPI : Ouvrage de défense mis en place
chargement et le déchargement des navires. perpendiculairement à la côte. Il est constitué
• BASSIN DE RADOUB, FORME DE RADOUB ou CALE d’enrochements naturels ou de blocs préfabriqués en
SECHE : Bassin étanche, mis à sec par vidange, béton.
permettant l’entretien et la réparation des bateaux. • ENROCHEMENT ARTIFICIEL : Bloc en béton préfabriqué.
• BRISE-LAME : Ouvrage de défense longitudinal des Les blocs peuvent être de forme parallélépipédique
côtes, pour les protéger des actions de la mer en ou de forme adaptée pour améliorer leur imbrication
amortissant la houle. Il est constitué d’enrochements ou (tétrapode). Ils sont utilisés pour la réalisation de digues,
de blocs en béton. de brise-lame ou d’épis. Ils sont posés à l’aide d’élingues
• CAISSON : Structure en béton armé à section creuse ou à la pince et forment la couverture extérieure d’un
monocellulaire ou multicellulaire, de forme carrée, remblai en enrochement.
rectangulaire, trapézoïdale, circulaire… Les caissons • ESTACADE : Ouvrage sur pieux constituant un
sont en général préfabriqués à terre, mis à l’eau, appontement.
acheminés par flottaison, échoués à leur position • JARLAN : Digue de protection des côtes, constituée de
définitive et ballastés (par remplissage d’eau ou de sable caissons en béton qui comportent des orifices permettant
pour résister aux effets de la houle). Mis côte à côte, de dissiper l’énergie des vagues et de la houle.
ils permettent de constituer des DIGUES. • JETEE : Ouvrage de protection d’un aménagement
• CALE DE HALAGE : Plan incliné sur lequel on entretient portuaire des effets de la houle et des courants.
à sec un bateau. • MOLE : Ouvrage de protection de l’entrée d’un port.
• CALE DE LANCEMENT : Plan incliné permettant de mettre • OUVRAGE D’ACCOSTAGE : Ouvrage permettant aux navires
à l’eau un bateau. de s’amarrer dans un port pour effectuer leur chargement
• OUVRAGE DE DEFENSE DE COTE : Ouvrage destiné à ou déchargement.
protéger les côtes contre les effets de la houle. • PONTON : Structure flottante permettant l’amarrage des
• DIGUE : Ouvrage de protection des zones portuaires bateaux dans un port.
contre la houle et les courants. Elle est en général • QUAI : Ouvrage servant à l’accostage des bateaux.
constituée d’un noyau en tout venant, recouvert par des Il peut être :
couches d’enrochements ou des blocs préfabriqués en - massif, en béton coulé en place, en paroi moulée ou
béton de forme parallélépipédique ou des tétrapodes. constitué de blocs ou de caissons en béton préfabriqués,
Elle est surmontée généralement d’une dalle en béton - sur appui, constitué d’une plateforme en béton armé
qui facilite la circulation sur l’ouvrage. Une digue, selon reposant sur des piles et des pieux en béton armé.
sa conception, peut être accostable, insubmersible ou • STRUCTURE OFF SHORE : Structure située en mer dans
partiellement submersible. une zone d’exploitation pétrolière.
• ECLUSE : Ouvrage permettant à un bateau de franchir • TETRAPODE : Bloc en béton préfabriqué, constitué de
des dénivellations. Elle est située entre deux plans d’eau quatre parties de forme tronconique. Les tétrapodes sont
de niveaux d’eau différents. Dans un aménagement utilisés pour la confection de quais ou de jetées.
portuaire, elle permet le passage des bateaux du niveau • WHARF : Appontement perpendiculaire à la côte.
de la mer qui peut être variable en fonction des marées,
à des bassins où le niveau d’eau est constant.

Source : Dico TP - Dictionnaire général des Travaux Publics - Arcature.

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■ Détermination des classes
d’exposition

• Notions de classes d’exposition


Les nouveaux textes normatifs relatifs au béton prennent
en compte la durabilité en s’appuyant sur la notion de
classes d’exposition. Ils imposent au prescripteur
de définir les actions dues à l’environnement auxquelles
le béton de l’ouvrage ou de chaque partie d’ouvrage va être
exposé pendant la durée d’utilisation de la structure.
La détermination des classes d’exposition permet d’opti-
miser les performances du béton et sa durabilité en
sélectionnant avec précision les formulations, les carac-
téristiques et les propriétés parfaitement adaptées aux
environnements dans lesquels il va se trouver.
Les classes d’exposition de chaque partie d’ouvrage sont
une donnée de base du projet. Elles sont imposées par les
conditions d’environnement du projet.
La norme NF EN 206-1, en conformité avec l’Eurocode
2 (norme NF EN 1992-1-1), définit (article 4.1 : Classes
d’exposition en fonction des actions dues à l’environne-
ment) 18 classes d’exposition regroupées par risque de
corrosion (XC, XD, XS) et d’attaques (XF, XA) dépendant
des actions et conditions environnementales auxquelles le Blocs en béton préfabriqués pour la confection de digues et de quais.
béton est soumis.
La norme décrit, pour chaque classe d’exposition, l’environ-
nement et le type de béton concerné et donne à titre infor-
matif des exemples d’ouvrages ou de parties d’ouvrages. A chaque classe d’exposition correspondent des spécifica-
tions sous forme d’exigences minimales à respecter.
Les spécifications concernent en particulier la nature et le
Classes d’exposition
dosage minimal en ciment, la valeur maximale du rapport,
la valeur maximale du rapport Eau/Liantequivalent, la classe
de résistance du béton, la teneur maximale en chlorures
Aucun risque de corrosion
XO ou d’attaque ainsi que l’enrobage des armatures.

XC
Corrosion induite par • Détermination des classes d’exposition
carbonatation
La détermination rigoureuse des classes d’exposition
auxquelles est soumis le béton nécessite une analyse par
Corrosion induite par les étapes successives de l’ensemble des actions environne-
Risque de XD chlorures ayant une origine mentales potentielles. Cette démarche peut être décom-
corrosion autre que marine
posée en cinq étapes.
Etape 1 : prise en compte des conditions climatiques.
Corrosion induite par les
XS chlorures présents dans Etape 2 : prise en compte de la localisation géographique
l’eau de mer de l’ouvrage par rapport à la mer.
Etape 3 : prise en compte de l’exposition du béton à l’air
Attaques gel/dégel avec ou et à l’humidité.
XF
sans agent de déverglaçage Etape 4 : prise en compte de l’action des chlorures
Attaques
d’origine autre que marine.
XA Attaques chimiques Etape 5 : prise en compte du contact avec le sol et des
eaux de surface ou souterraines.

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DOCUMENTATION TECHNIQUE

SYNOPTIQUE POUR LA DETERMINATION DES CLASSES D’EXPOSITION


Actions environnementales Classes d’exposition
Attaques gel/dégel avec ou sans agents de déverglaçage
Prise en compte des conditions climatiques
XF1, XF2, XF3, XF4

Prise en compte de la localisation géographique Corrosion induite par les chlorures présents dans l’eau de mer
de l’ouvrage par rapport à la mer XS1, XS2, XS3

Prise en compte de l’exposition du béton à l’air Corrosion induite par carbonatation


et à l’humidité XC1, XC2, XC3, XC4

Prise en compte de l’action des chlorures Corrosion induite par les chlorures ayant une origine autre que marine
d’origine autre que marine XD1, XD2, XD3

Prise en compte du contact avec le sol et Attaques chimiques


des eaux de surface ou souterraines XA1, XA2, XA3

•et les
Valeurs limites pour la composition
propriétés du béton
concerne donc, selon la norme NF EN 206-1, les bétons
contenant des armatures soumis au contact des chlorures
présents dans l’eau de mer ou à l’action de l’air véhiculant
La norme EN 206-1 fixe dans une annexe informative les du sel marin.
valeurs limites spécifiées applicables pour la composition Tous les ouvrages situés à proximité des côtes (moins de
et les propriétés du béton. L’Annexe Nationale de la norme 5 km) ou les structures marines sont donc concernées par
NF EN 206-1 complète ces dispositions par des valeurs ce type d’actions environnementales.
limites applicables en France et rend celles-ci normatives
dans deux tableaux (NA.F.1 et NA.F.2). Classes d’exposition XS1 / XS2 / XS3
La résistance du béton aux diverses conditions environne-
Description de Exemples
mentales auxquelles il est soumis pendant la durée d’uti- l’environnement informatifs
lisation prévue de la structure impose pour chaque classe
d’exposition le respect d’exigences, en particulier sur la Exposés à l’air véhiculant
Structures sur
du sol marin, mais pas en
composition et les caractéristiques du béton. XS1 ou à proximité
contact directement avec
d’une côte
Les exigences relatives à chaque classe d’exposition l’eau de mer
doivent être spécifiées en termes de :
Eléments de
• rapport maximal eauefficace / liantéquivalent,
XS2 Immergé en permanence structures
• dosage minimal en liant équivalent, marines
• classe de résistance minimale à la compression du
béton, Zone de marnage
Eléments de
• teneur minimale en air dans le béton (le cas échéant), Zone soumise à des
XS3 structures
projections ou à des
• type et classe de constituants permis. embruns
marines

•de Attaques gel/dégel avec ou sans agent


déverglaçage
L’Annexe Nationale de la norme NF EN 1992-1-1 (Eurocode
2. Calcul des structures en béton – Règles générales et
règles pour les bâtiments) précise Section 4 : Durabilité
La norme NF EN 206-1 définit 4 classes d’exposition (XF1, et enrobage des armatures en conformité avec la norme
XF2, XF3 ou XF4) pour les bétons soumis à une attaque NF EN 206-1, quelques données complémentaires sur
significative des cycles gel/dégel avec ou sans agents de les conditions d’environnement et la détermination de la
déverglaçage. classe d’exposition en particulier.
Nota : les bétons situés en site maritime en France • Sont à classer en XS3 les éléments de structures en zone
métropolitaine sont soumis à la classe d’exposition XF1 : de marnage et/ou exposés aux embruns lorsqu’ils sont
Gel faible ou modéré sans agent de déverglacage. situés à moins de 100 m de la côte, parfois jusqu’à 500 m,
suivant la topographie particulière des lieux.

•dansCorrosion induite par les chlorures présents


l’eau de mer
• Sont à classer en XS1 les éléments de structures situés
au-delà de la zone de classement XS3 et situés à moins
de 1 km de la côte, parfois plus, jusqu’à 5 km, lorsqu’ils
La classe XS est relative à la corrosion des armatures sont exposés à un air véhiculant du sel marin, suivant la
induite par les chlorures présents dans l’eau de mer. Elle topographie particulière.

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SYNOPTIQUE DE PRISE EN COMPTE DES CHLORURES PRESENTS DANS L’EAU DE MER – CLASSE XS

Partie d’ouvrage en mer immergé Partie d’ouvrage située Partie d’ouvrage située
en permanence entre 0 et 500 m de la mer entre 500 m et 5 km de la mer

Partie
Partie
soumise
Zone soumise
à des
de marnage à des
projections
embruns
d’eau de mer

XS2 XS3 XS3 XS3 XS1

Nota : les bétons situés en site maritime sont concernés uniquement par les classes d’exposition XS2 et XS3.

• Corrosion induite par carbonatation Classes d’exposition XC1 / XC2 / XC3 / XC4

La carbonatation du béton est prise en Description


Exemples informatifs
pour les ouvrages en site
compte par la classe d’exposition XC, de l’environnement
maritime
Corrosion induite par carbonatation. Les
classes XC1 à XC4 prennent en compte XC1
Sec ou humide • Béton submergé en
l’exposition du béton à l’air et à l’humidité en permanence permanence dans l’eau
en distinguant le degré d’humidité de
• Surfaces de béton soumises au
l’environnement et l’alternance d’humidité
XC2 Humide, rarement sec contact à long terme de l’eau
et de séchage. • Fondations
La vitesse de carbonatation est :
- faible si l’environnement est toujours XC3 Humidité modérée
• Béton extérieur abrité
de la pluie
sec ou toujours humide (classes XC1
et XC2),
• Surfaces soumises au contact
- forte s’il y a alternance d’humidité et de de l’eau mais n’entrant pas
séchage (classes XC3 et XC4). Alternance d’humidité
XC4 dans la classe d’exposition XC2
et de séchage
• Béton extérieur exposé
à la pluie

SYNOPTIQUE DE PRISE EN COMPTE DE L’EXPOSITION A L’AIR ET A L’HUMIDITE - CLASSE XC

Humide Humide, Alternance Humidité Sec


en permanence rarement sec humidité/séchage modérée en permanence

XC1 XC2 XC4 XC3 XC1

Nota : les bétons situés en site maritime ne sont concernés que par les classes d’exposition XC2 et XC4.

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DOCUMENTATION TECHNIQUE

•uneCorrosion induite par les chlorures ayant


origine autre que marine
Le béton doit respecter toutes les valeurs limites applica-
bles pour la composition et les propriétés du béton pour
chaque classe d’exposition et donc la sélection des plus
Lorsque le béton contenant des armatures est soumis au sévères exigences et spécifications.
contact d’une eau contenant des chlorures (d’origine autre
que marine) ou des sels de déverglaçage, il fait l’objet de
la classe d’exposition XD, Corrosion induite par les chlo- •d’ouverture
Incidence de la classe d’exposition sur les seuils
des fissures
rures ayant une origine autre que marine, décomposée
en 3 classes XD1 à XD3, en fonction du type d’humidité. Aux états limites de service, les seuils d’ouverture des
Nota : les bétons situés en site maritime ne sont pas fissures sont fonction de la classe d’exposition.
concernés par ces classes d’exposition.
Valeurs recommandées de Wmax (mm), ouverture des fissures
en fonction de la classe d’exposition
• Attaques chimiques
Eléments
Lorsque le béton est au contact d’un sol naturel, des eaux
en béton armé et
de surface ou des eaux souterraines, il peut faire l’objet, Eléments en béton
Classes éléments en béton
précontraint avec
selon le niveau d’agressivité du sol et des eaux, à l’une des d’exposition précontraint
armatures adhérentes
classes : XA1, XA2 et XA3 correspondant respectivement à à armatures
non adhérentes
des environnements à faible, modérée ou forte agressivité
chimique. Combinaison
Combinaison fréquente
Le tableau 2 de la norme NF EN 206-1 définit les valeurs quasi-permanente
des charges
limites correspondant aux attaques chimiques des sols na- des charges
turels (SO42-, acidité) et des eaux de surfaces et souterraines X0, XC1 0,4 0,2
(SO42-, pH, CO2, NH4+, Mg2+). Ce tableau permet de détermi-
ner la classe d’exposition en fonction des caractéristiques XC2, XC3, XC4 0,3 0,2
chimiques correspondant à l’agressivité la plus élevée. XD1, XD2, XD3,
0,2 décompression
Le Fascicule de Documentation FD P 18-011 “Définition et XS1, XS2, XS3
classification des environnements agressifs” fournit des
recommandations complémentaires des exigences de la Extrait du tableau 7.1 de l’annexe nationale de la norme NF EN 1992-1-1.
norme NF EN 206-1 pour les bétons soumis aux environ-
Nota : ces valeurs doivent être respectées pour assurer
nements chimiques agressifs.
la durabilité de la structure. Des exigences spécifiques
complémentaires peuvent être nécessaires pour des
SYNOPTIQUE DE PRISE EN COMPTE ouvrages devant par exemple être étanches à l’eau.
DES ATTAQUES CHIMIQUES – CLASSE XA
Faible Agressivité Forte ■ Risques de corrosion et attaques sur
agressivité chimique agressivité
chimique modérée chimique les bétons en site maritime

XA1 XA2 XA3


•dansMécanismes
le béton
de corrosion des armatures acier

Nota : les bétons situés en site maritime peuvent dans Dans des conditions normales, les armatures enrobées
certains cas être concernés par les classes d’exposition d’un béton compact et non fissuré sont protégées naturel-
XA1, XA2, XA3 lorsqu’ils sont au contact d’eaux ou de sols lement des risques de corrosion pour un phénomène de
pollués, ou avec des eaux de ruissellement issues des passivation qui résulte de la création, à la surface de l’acier,
plateformes portuaires de stockage de produits chimi- d’une pellicule protectrice Fe2O3CaO (dite de passivation).
ques par exemple. Cette pellicule est formée par l’action de la chaux libérée
par les silicates de calcium sur l’oxyde de fer. La présence
de chaux maintient la basicité du milieu entourant les
• Combinaison des classes d’exposition armatures (l’hydratation du ciment produit une solution
Chaque béton d’une partie d’ouvrage peut être soumis interstitielle basique de pH élevé de l’ordre de 12 à 13). Les
simultanément à plusieurs actions environnementales. armatures sont protégées tant qu’elles se trouvent dans
Il convient donc, pour chaque partie d’ouvrage, de déter- un milieu présentant un pH compris entre 9 et 13.
miner la combinaison des classes d’exposition pour Deux principaux phénomènes peuvent dans certaines
prendre en compte avec précision l’ensemble des condi- conditions détruire cette protection et initier la corrosion
tions environnementales auxquelles est soumis le béton. des armatures en acier :

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- la carbonatation du béton d’enrobage par l’adsorption du protection des armatures, qui peuvent alors s’oxyder. La
gaz carbonique contenu dans l’atmosphère, cinétique du processus dépend de la teneur en dioxyde de
- la pénétration des ions chlorures jusqu’au niveau des carbone et de la facilité avec laquelle le gaz carbonique
armatures. pénètre dans les pores du béton.
La plus ou moins grande rapidité d’action de ces divers Cette progression est fonction de paramètres liés aux carac-
agents est fonction de l’humidité ambiante, de la porosité téristiques du béton (nature et dosage du ciment, dosage
du béton et de la présence de fissures qui favorisent la en eau, porosité et perméabilité) et au milieu environnant.
diffusion des gaz ou des liquides agressifs. Plus le béton est compact, le dosage en ciment élevé, le
rapport eau/ciment faible et la résistance du béton élevée,
plus la progression du front de carbonatation est lente.
° Carbonation Tout ce qui conduit à diminuer la porosité du béton retarde
Le gaz carbonique contenu dans l’air à tendance à se donc l’échéance de dépassivation des armatures.
combiner avec les composés hydratés, en commençant L’humidité relative de l’air joue, en particulier, un rôle
par les bases alcalines dissoutes dans la solution aqueuse important : la vitesse de carbonatation est maximale pour
interstitielle, en particulier le Ca(OH)2, selon une réaction une humidité relative de l’ordre de 60 %, pratiquement nulle
produisant du carbonate de calcium CaCO3 : en atmosphère sèche ou pour des bétons complètement
saturés en eau. L’alternance d’humidité et de séchage
Ca (OH)2 + CO2 + H2O CaCO3 + 2H2O
favorise le phénomène de carbonatation.
La progression de ce phénomène de carbonatation se fait La cinétique et la profondeur de carbonatation d’un béton
de l’extérieur de l’ouvrage, en contact avec l’air ambiant, sont donc fonction de sa composition, de sa structure
vers l’intérieur. Dans un premier temps, la vitesse de poreuse et de l’humidité relative dans laquelle est situé
propagation est ralentie par la formation des carbonates l’ouvrage. Elle dépend aussi de la concentration en dioxyde
qui colmatent partiellement la porosité. Elle diminue de carbone et de la température de l’atmosphère environ-
donc avec la profondeur atteinte. Dans un second temps, nant. Pour un béton courant, l’épaisseur de la couche
la carbonatation a pour conséquence une neutralisation carbonatée augmente proportionnellement à la racine
(chute du pH de la solution interstitielle) du milieu de carrée du temps.

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DOCUMENTATION TECHNIQUE

De nombreuses études ont démontré que la migration du de la section efficace de l’armature et de son adhérence
dioxyde de carbone à travers la texture poreuse du béton au béton.
est significativement réduite lorsque la compacité du béton En règle générale, dans des milieux peu agressifs, les
d’enrobage est augmentée. La porosité totale du béton et enrobages et les caractéristiques des bétons (compacité,
la distribution de la taille des pores sont les paramètres homogénéité, résistance) préconisés sont suffisants pour
déterminants pour la diffusivité du dioxyde de carbone. garantir la protection naturelle des armatures durant la
L’augmentation de la compacité est obtenue en particu- durée d’utilisation escomptée de l’ouvrage. Toutefois, des
lier en réduisant le rapport E/C. Ce rapport conditionne défauts d’enrobage, des bétons mal vibrés et de ce fait trop
la perméabilité du béton, donc l’interconnexion du réseau poreux, ou des milieux très agressifs, risquent de conduire
poreux, et par conséquent la vitesse ainsi que la possibilité à la dégradation prématurée des armatures en acier.
de diffusion des gaz et des ions dans le béton. La diminu- Les enrobages et les caractéristiques des bétons préco-
tion du rapport E/C permet donc d’accroître la résistance nisés dans les normes NF EN 206-1 et NF EN 1992-1-1
du béton à la carbonatation. Une cure prolongée permet sont suffisants pour garantir la protection naturelle des
d’augmenter la résistance du béton à la pénétration du aciers durant la durée d’utilisation de l’ouvrage, sous
dioxyde de carbone en améliorant les propriétés de surface réserve d’une mise en œuvre soignée.
du béton.

Action des chlorures


• Actions de l’eau de mer sur le béton
° Un béton exposé en site maritime peut être l’objet de
L’action des chlorures est spécifique à certains environ- plusieurs types d’agressions :
nements dans lesquels peut se trouver le béton comme • agressions mécaniques dues à l’action des vagues, de la
les ouvrages soumis aux sels de déverglaçage ou situés en houle et des marées, abrasion due aux chocs des corps
site maritime (zone de marnage, surfaces soumises aux flottants et érosion due aux effets des vagues,
embruns). Les ions chlorures peuvent pénétrer par diffu- • agressions chimiques dues à l’action, en particulier, des
sion ou migrer par capillarité à l’intérieur du béton, franchir chlorures présents dans l’eau de mer et des sulfates
la zone d’enrobage, atteindre les armatures, “dépas- mais aussi des nombreux sels dissous dans l’eau de mer
siver” l’armature acier et provoquer des corrosions (par et dans certains cas, à la pollution des eaux,
mécanisme de dissolution du métal suivant une réaction • agressions climatiques dues aux variations de tempé-
d’oxydoréduction : métal → ions métal Mn+ + n électrons), rature,
d’abord ponctuelles (corrosion par piqûres) puis générali- • agressions biologiques de micro-organismes.
sées à toute la surface de l’acier (corrosion généralisée).
Les structures situées en site maritime sont exposées à
La vitesse de pénétration des chlorures dépend en particu-
plusieurs types de configurations. Elles peuvent être :
lier de la porosité du béton. Elle décroît lorsque le rapport
- continuellement immergées (béton situé sous le niveau
eau/ciment diminue.
de la mer, même à marée basse), les bétons situés dans
La corrosion des armatures s’amorce dès que la teneur cette zone sont rarement l’objet de dégradations impor-
en chlorures au niveau des armatures atteint un certain tantes,
seuil de dépassivation. Ce seuil est fonction du pH de la - alternativement émergées ou immergées en fonction du
solution interstitielle et de la teneur en oxygène au niveau niveau de la mer (zones de marnage déterminées par les
des armatures ; il est de l’ordre de 0,4 à 0,5 % par rapport niveaux de marée haute et basse). Les bétons situés dans
au poids du ciment. Il est atteint plus rapidement si le les zones de marnage sont soumis 2 fois par jour à des
béton est carbonaté. imprégnations d’eau de mer alternant avec un essorage
La pénétration des ions chlorures est maximale dans les et donc à des cycles humidification-dessication et ce sont
zones de marnage qui sont soumises à des cycles d’humi- donc les plus agressés,
dification et de séchage. - soumises aux éclaboussures provoquées par les vagues.
Ces zones de hauteur variable sont situées au dessus du
niveau de l’eau à marée haute,
° Effets de la corrosion - continuellement émergées, donc sans contact direct
Le développement de la corrosion des armatures peut avec le milieu marin, mais soumises aux embruns et
provoquer par gonflement une poussée au vide sur le béton brouillards marins contenant des chlorures. Les bétons
d’enrobage (les oxydes de fer étant plus volumineux que situés dans cette zone peuvent subir de légères agres-
l’acier, ils génèrent des contraintes internes dans le béton sions ; pour les bétons de structure, la norme NF EN
qui peuvent être supérieures à sa résistance en traction) 206-1 étend cette zone jusqu’à 1 km de la côte,
et donc une altération de l’aspect extérieur de l’ouvrage - soumises à l’air véhiculant du sel marin uniquement.
(éclatement localisé, formation de fissures, formation
d’épaufrures, apparition en surface de traces de rouille et
éventuellement mise à nu de l’armature) et une réduction

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■ COMPOSITION DE L’EAU DE MER ■ Caractéristiques des ciments pour
La salinité des mers ou des océans peut être très variable,
les bétons en site maritime
de quelques grammes par litre à plus de 200 g/l. La salinité
des grands océans est de l’ordre de 35 g/l. Les ciments courants font l’objet de la norme NF EN 197-1
“Ciment – partie 1 : Composition, spécifications et critères
Composition moyenne d’un litre d’eau de mer
de conformité des ciments courants”. Cette norme définit
NaCl 27,20 g les constituants des ciments et les différents types de
MgCl2 3,80 g ciments courants. Elle fixe les classes de résistance, les
MgSO4 1,65 g
spécifications mécaniques et physico-chimiques et précise
CaSO4 1,25 g
les critères de conformité et les fréquences d’essais.
Na2SO4 0,85 g
Les ciments courants font l’objet du marquage CE qui
soit au total 35 g atteste de leur conformité à la partie harmonisée de la
Le principal sel dissous dans l’eau de mer est le chlorure norme EN 197-1.
de sodium, puis viennent le chlorure de magnésium et les La marque NF, complémentaire du marquage CE, atteste
sulfates. que le ciment qui la porte est conforme au niveau de qualité
requis par le marché français en fonction des conditions
Indépendamment de leurs caractéristiques propres, la climatiques et environnementales ainsi que des techni-
résistance des bétons est donc variable en fonction du type ques de mise en œuvre.
d’exposition au milieu marin et du degré d’immersion. Pour certains types d’ouvrages, des propriétés complé-
Les divers chlorures dissous dans l’eau de mer, en parti- mentaires des ciments peuvent être requises ; elles font
culier les chlorures de magnésium (MgCl2) et les chlorures l’objet de normes spécifiques.
de calcium (CaCl2), génèrent des réactions chimiques Les ciments n’ont pas tous la même résistance face aux
agressives pour les bétons qui se traduisent par une disso- agressions chimiques liées à l’environnement marin ;
lution de la chaux et une précipitation d’ettringite (cristal- l’emploi de ciments présentant des caractéristiques
lisation de sels expansifs, décalcification, précipitation de adaptées de résistance à ces agressions est donc néces-
composés insolubles, attaques ioniques, dissolution de la saire.
portlandite, etc.).
Les solutions de sulfate de magnésium sont plus agres-
sives vis-à-vis du béton que les solutions de sulfate de • Ciments pour travaux à la mer PM
sodium. La portlandite présente dans les hydrates est Pour les ouvrages en site maritime, les caractéristiques
attaquée par le sulfate de magnésium pour former dans complémentaires normalisées des ciments font l’objet de
le béton du gypse secondaire Ca SO4, 2H2O et de la brucite la norme NF P 15-317 “Ciments pour travaux à la mer”.
Mg (OH)2. Ce gypse secondaire se dissout en partie en Ces ciments présentent des teneurs limitées en aluminate
augmentant la porosité du béton. Les ions Mg2+ réagissent tricalcique (C3A) qui leur permettent de conférer au béton
aussi avec les CSH. une résistance accrue à l’agression des ions sulfate en
La réaction avec l’aluminate de calcium hydraté provenant présence d’ions chlorure, au cours de la prise et ultérieu-
du C3A forme de l’ettringite C3A, 3Ca SO4, 32 H2O. Cette rement.
ettringite cristallise avec une augmentation de volume Les ciments pour travaux à la mer sont :
importante, d’où l’apparition de fissures qui accélèrent le - des CEM I et des CEM II qui possèdent des caractéris-
mécanisme de destruction. tiques physiques et doivent respecter des spécificités
Le chlorure de magnésium MgCl2 est le chlorure le plus chimiques complémentaires,
agressif. Il réagit avec la portlandite pour donner du - des CEM III/A (si la teneur en laitier est supérieure à
chlorure de calcium CaCl2 en partie soluble, qui augmente 60 %), B ou C et CEM V/A ou B qui sont naturellement
la porosité du béton. L’autre partie réagit avec l’aluminate qualifiés pour cet usage,
de chaux hydraté pour former des chloroaluminates 3CaO, - des ciments prompts naturels (CNP) définis pas la norme
Al2O3, Ca Cl2, 1O H2O (sel de Friedel). Ce sel, également NF P 15-314 et des ciments alumineux fondus (CA) définis
expansif, entraîne la fissuration du béton. par la norme NF EN 14647.
Les ions CO2, en présence de silice active, transforment Ces ciments comportent la mention PM (Prise Mer) sur
l’ettringite en thaumasite Ca CO3, Ca SO4, Ca SiO4, 15H2O ce l’emballage ou le bon de livraison.
qui entraîne des risques d’expansion et fissuration. Dans Les spécificités des ciments PM portent sur la composition
certains cas particuliers, la teneur en CO2 peut être élevée du clinker, sur une limitation de la proportion de consti-
et l’eau de mer devient alors très agressive. Ceci se produit tuants autres que le clinker, des constituants secondaires
dans les eaux d’estuaires ou de baies fermées où l’accu- (3 %) et d’additifs (0,1 %).
mulation de matières organiques entraîne une concentra-
tion plus forte en CO2.

9
DOCUMENTATION TECHNIQUE

• Ciment prompt naturel • Ciment alumineux fondu


Ce ciment fait l’objet de la norme NF P 15-314. Ce ciment fait l’objet, depuis décembre 2006, de la norme
Ses constituants lui confèrent des propriétés particulières NF EN 14647 “Ciment d’aluminates de calcium - Composi-
de prise et de durcissement rapides, de quelques minutes tion, spécifications et critères de conformité” en remplace-
à une ½ heure et de résistances aux acides, aux sulfates et ment de la norme NF P 15-315 “Ciment Alumineux Fondu”.
à l’eau de mer. Le ciment prompt naturel est agréé Prise Sa chimie, très différente des ciments courants, fait de lui
Mer selon la norme NF P 15-317. un ciment “Prise Mer”, selon la norme NF P 15-317, ayant
Les résistances en compression sont faibles à court terme une prise normale et un durcissement rapide. Ces qualités
(minimum garanti de 19 MPa à 28 jours) mais progressent permettent de l’utiliser pour des travaux à la mer, pour
pendant plusieurs années, avec la compacité du béton, des ouvrages neufs ou devant être réparés. Dans les deux
assurant une excellente durabilité. cas, il permet des réalisations rapides et immédiatement
En pratique, ce ciment, peu utilisé pour les bétons de struc- durables.
ture, a des propriétés très intéressantes pour les travaux De nombreux ouvrages construits entre les deux guerres
urgents : colmatage de fissures, aveuglement de voies mondiales montrent à quel point les bétons de ciment
d’eau, scellements, calages, travaux entre deux marées, alumineux sont durables, notamment dans leur partie la
enduits imperméables, etc. plus critique : la zone de marnage.
La formulation d’un béton de ciment prompt diffère peu Le ciment alumineux fondu est fréquemment employé pour
de celle des bétons courants. La modulation du temps la remise en état d’ouvrage entre deux marées hautes. La
de prise s’effectue par ajout d’acide citrique (les retar- résistance mécanique se développe très rapidement, on
dateurs pour ciment Portland ne sont pas efficaces avec
atteint typiquement 10 à 20 MPa à 4 heures, avec un temps
ce ciment). Le dosage est plus élevé ; il est compris entre
ouvert d’environ 1 heure obtenu sans adjuvant. Il est donc
500 et 600 kg/m3.
possible, avec un bon séquençage du chantier, de bétonner
à marée basse et d’avoir un béton durci avant la marée
• Ciment sursulfaté haute.
Le ciment sursulfaté (CSS) est un ciment ternaire au Du fait de sa chimie et de sa minéralogie particulière,
laitier, constitué de laitier de haut fourneau (≥ 80 %), de expliquant entre autre l’absence de portlandite, le ciment
sulfate de calcium (≤ 20 %) et d’un système d’activation. d’aluminates de calcium est communément employé pour
Le processus d’hydratation de ce ciment permet la stabili- la réalisation d’ouvrages exposés à la corrosion chimique.
sation de l’ettringite et la consommation totale de portlan- Par ailleurs, parce que le clinker est d’une grande dureté,
dite. Le ciment sursulfaté présente ainsi une très bonne le ciment alumineux permet également d’obtenir des
résistance vis-à-vis des attaques chimiques. bétons qui résistent mieux à l’usure à granulats analo-
L’ensemble des performances du ciment sursulfaté offre gues. En utilisant des granulats ALAG® synthétiques, il est
une plus grande durabilité aux ouvrages pour lesquels les possible d’atteindre une résistance à l’usure, de plusieurs
critères – tels que la résistance aux sulfates et aux acides, fois supérieure.
la résistance à la pénétration des chlorures, la prévention Le ciment alumineux est utilisable en béton, ou en mortier,
de la RAG – sont des facteurs essentiels ; le cœfficient de en appliquant les principes généraux de préparation et de
diffusion des ions chlores est exceptionnellement faible. mise en œuvre des bétons de ciment courant. Des précau-
Ce ciment génère une chaleur d’hydratation extrêmement tions doivent être prises pour éviter les mélanges avec du
faible, atout non négligeable pour la réalisation de bétons ciment Portland non durci ou tout autre source de chaux.
de masse.
La norme de référence est la NF P 15-313 “Ciment sursul- Le dosage généralement recommandé est de 400 kg/m3
faté”. Le ciment sursulfaté répond aussi aux spécifications avec un E/C ≤ 0,40, à moduler en fonction des performances
des normes NF P 15-317 “Ciments pour travaux à la mer” visées. Comme le rappelle l’annexe “A” de la norme NF
(“PM”) et NF P 15-319 “Ciments pour travaux en eaux à EN 14647, la formulation doit être établie en fonction des
haute teneur en sulfates” (“ES”). exigences de résistance mécanique et de durabilité, en
Les dosages varient de 320 à 500 kg/m3, en privilégiant de tenant compte du phénomène de conversion des hydrates.
fortes réductions d’eau par l’intermédiaire d’un superplas- Il est possible de modifier le temps de prise de ces bétons
tifiant approprié. en utilisant des adjuvants, après avoir fait un test préalable,
Les résistances à la compression aux jeunes âges sont car à dosage égal les effets des ces produits peuvent être
inférieures à un ciment traditionnel mais, à 28 jours et plus, différents de ceux habituellement constatés avec des
progressent sensiblement de façon à égaler et dépasser ce bétons de ciment Portland. Cependant, pour les bétons
dernier. dans la zone de marnage, on évitera d’utiliser un retar-
En sites maritimes et assimilés, les réalisations ont été des dateur pour ne pas compromettre le durcissement rapide
radoubs, radiers, bajoyers, digues, quais, dalles flottantes, avant le recouvrement par la marée montante.
barrages…

10
■ Durée d’utilisation de projet • Localisation des différentes parties d’ouvrage
Selon sa position dans l’ouvrage, chaque partie d’ouvrage
Les normes de dimensionnement Eurocodes accen- peut être localisée en fonction de son environnement :
tuent la prise en compte de la durabilité des ouvrages en - Béton totalement immergé
s’appuyant sur la notion de durée d’utilisation de projet. - Béton partiellement immergé
Ces durées sont définies dans la norme NF EN 1990 - Béton en zone de marnage
Tableau 2.1 (NF). - Béton exposé à l’air véhiculant du sel marin
La durée d’utilisation de projet est la période au cours de - Béton en contact avec le sol…
laquelle la structure est censée rester normalement utili-
sable en étant entretenue, mais sans qu’il soit nécessaire
de procéder à des réparations majeures.
• Classes de teneurs en chlorures
La norme NF EN 206-1 définit (article 5.2.7 et NA 5.2.7) les
Pour les ouvrages de génie civil, et en particulier pour les teneurs maximales en ions chlorure du béton à respecter
ouvrages situés en site maritime dont les travaux d’entre- en fonction de son type d’utilisation. Elle définit quatre
tien et de maintenance sont délicats compte tenu des classes de teneur : Cl 1,0 / Cl 0,4 / Cl 0,2 / Cl 0,1. Une
contraintes d’accessibilité, la durée d’utilisation de projet cinquième classe a été introduite dans l’Annexe Nationale
à prendre en compte est de 100 ans. de la norme NF EN 206-1 : la classe Cl 0,65. Les classes
de chlorures permettent d’adapter la composition du béton
■ Spécifications des bétons coulés en fonction des risques de corrosion des armatures.
en place
Classes de chlorures
La démarche pour définir les spécifications des bétons
consiste à décomposer l’ouvrage en parties d’ouvrage et,
Classes de
pour chaque partie d’ouvrage, à déterminer la combinaison chlorures
Cl 1,0 Cl 0,65 Cl 0,40 Cl 0,20 Cl 0,10
des classes d’exposition auxquelles elle est soumise.
A chaque partie d’ouvrage est associée un Béton à
Teneur
Propriétés Spécifiées (BPS) satisfaisant aux exigences de maximale
la combinaison des classes d’exposition auxquelles elle en ions 1% 0,65 % 0,4 % 0,2 % 0,1 %
est soumise pendant sa durée d’utilisation. chlorures
Les spécifications des BPS sont définies dans l’article 6.2
de la norme NF EN 206-1. La teneur maximale en ions chlorures est définie en
• Exemple de parties d’ouvrage pourcentage de la masse du ciment, elle concerne la
- Pieux somme des chlorures de tous les constituants.
- Semelles de fondation
- Poutres Classes de chlorures à respecter
- Bloc en béton en fonction de l’utilisation du béton
- Mur de quai…
Utilisation du béton Classes de chlorure

Béton ne contenant ni armatures


en acier ni pièces métalliques Cl 1,0
noyées

Béton contenant des armatures


en acier ou des pièces
Cl 0,65
métalliques noyées et formulés
avec un ciment de type CEM III

Béton contenant des armatures


en acier ou des pièces Cl 0,40
métalliques noyées

Béton contenant des armatures


Cl 0,20
de précontrainte en acier

11
DOCUMENTATION TECHNIQUE

•et les
Valeurs limites applicables pour la composition
propriétés du béton en fonction des classes
- rapport Eauefficace/liantéquivalent maximal,
- classe de résistance minimale du béton,
d’exposition - teneur minimale en liant équivalent,
- teneur minimale en air (le cas échéant).
La résistance du béton aux diverses conditions environ- En France, certaines classes d’exposition correspondent à
nementales auxquelles il est soumis pendant la durée des spécifications identiques (XC2 et XC1/XC3 et XF1/XC4
d’utilisation de la structure impose le respect d’exigences et XF1/XS1 et XS2/XD1 et XF1). Le tableau NA.F.1 peut donc
précises. être ainsi synthétisé :
Le tableau NA.F.1 de la norme NF EN 206-1 précise les
valeurs limites pour la composition et les propriétés du
béton pour chaque classe d’exposition :

Valeurs limites applicables au béton en fonction des classes d’exposition

Classes d’exposition

XC3
XC1 XC4 XS1 XS3
XD2 XF2 XF3 XF4 XA1 XA2 XA3
XC2 XF1 XS2 XD3
XD1

Eau efficace/liant équivalent


0,65 0,60 0,55 0,50 0,50 0,55 0,55 0,45 0,55 0,50 0,45
maximal

Classes de résistance
C20/25 C25/30 C30/37 C30/37 C35/45 C25/30 C30/37 C30/37 C30/37 C35/45 C40/50
minimale

Teneur minimale
en liant équivalent 260 280 330 330 350 300 315 340 330 350 385
(kg/m3)

Teneur minimale
- - - - - 4 4 4 - - -
en air %

Ce tableau comporte d’autres exigences, en particulier sur les additions (types et quantités) et sur la nature des ciments
à utiliser.

• Classes de consistance du béton frais


La norme NF EN 206-1 définit pour les bétons à teneur en eau courante, cinq classes de consistance des bétons.

Classes de consistance des bétons

S1 S2 S3 S4 S5

Affaissement
10 à 40 50 à 90 100 à 150 160 à 210 220
(en mm)

La mesure de l’affaissement est réalisée à l’aide du cône d’Abrams.

12
■ EXEMPLES DE SPECIFICATIONS DES BETONS - VALEURS LIMITES
POUR LA COMPOSITION ET LES PROPRIETES DES BETONS ARMES

Nota : ces exemples de spécifications supposent que les ouvrages ne sont pas exposés à des attaques gel/dégel (classes
d’exposition XF1 à XF4) ni à des attaques chimiques (classes d’exposition XA1 à XA3).

Ils concernent uniquement les ouvrages en béton armé.

Teneur Classes
Rapport Classes
Parties Classes minimale en de
Eeff/liant équi de résistance Nature du ciment
d’ouvrage d’exposition liant équivalent chlorure
maximal minimale
(kg/m3)

Béton situé en XS3 Ciment de caractéristique


0,50 C 35/45 350 Cl 0,4
zone de marnage XC4 complémentaire PM

Béton immergé
XS2 Ciment de caractéristique
en permanence 0,55 C 30/37 330 Cl 0,4
XC1 complémentaire PM
dans l’eau de mer

Béton soumis à
des projections XS3 Ciment de caractéristique Cl 0,4
0,50 C 35/45 350
d’eau de mer ou XC2 complémentaire PM
à des embruns

Béton exposé à
l’air véhiculant
XS2 Ciment de caractéristique
du sel marin mais 0,55 C 30/37 330 Cl 0,4
XC2 complémentaire PM
sans contact avec
l’eau de mer

Cas des bétons de Ciment d’Aluminates de Calcium

Classes Teneur minimale Classes de


Parties d’ouvrage Rapport Eeff/ciment
d’exposition en ciment chlorure

XS3
Béton situé en zone de marnage
XC4

Béton immergé en permanence dans l’eau XS2


de mer XC1
0,40 400 Cl 0,2
Béton soumis à des projections d’eau de XS3
mer ou à des embruns XC2

Béton exposé à l’air véhiculant du sel XS2


marin mais sans contact avec l’eau de mer XC2

13
DOCUMENTATION TECHNIQUE

•duRecommandations complémentaires
fascicule de documentation FD P 18-011
Enrobage nominal = Enrobage minimal
+ Tolérance d’exécution
Le fascicule de documentation FD P 18-011 “Définition et Cnom = Cmin + Δ Cdev
classification des environnements chimiquement agres-
sifs” fournit, pour les cas non couverts par d’autres textes
Les recommandations de l’Eurocode 2 (norme NF EN
de référence, des recommandations complémentaires
1992-1-1, section 4) en matière d’enrobage des bétons
aux exigences de la norme NF EN 206-1 et précise en
de structures sont novatrices. Elles résultent d’un retour
particulier, le mode d’action de l’eau de mer sur le
d’expérience sur la durabilité des ouvrages construits
béton.
depuis plusieurs décennies et sur les recherches récentes
Il recommande des mesures préventives pour la formu-
en matière de protection des armatures vis-à-vis des
lation des bétons.
risques de corrosion. Elles visent, en conformité avec
Recommandations la norme NF EN 206-1, à optimiser la durabilité des
ouvrages.
Immersion La détermination de la valeur de l’enrobage doit prendre en
Conditions Zones de marnage et
complète dans
d’exposition
l’eau de mer
d’aspersion compte de façon extrêmement détaillée :
- la classe d’exposition dans laquelle se trouve l’ouvrage
(ou la partie d’ouvrage) et qui traduit les conditions
E/C ≤ 0,55 ≤ 0,50 environnementales,
- la durée d’utilisation du projet traduite par la classe
structurale de l’ouvrage (S1 à S6),
- la classe de résistance du béton,
• CEM I avec C3A < 10 % • CEM I avec C3A < 5 %
- les dimensions des armatures,
• CEM II clinker • CEM III A
avec C3A < 10 % avec laitier > 60 % - le type de système de contrôle qualité mis en œuvre pour
Type de ciment assurer la régularité des performances du béton,
• CEM III • CEM III B et C
• CEM V • CEM V - la maîtrise du positionnement des armatures,
• Ciments alumineux • Ciments alumineux - la régularité de la surface contre laquelle le béton est
coulé ,
- le type d’armatures (précontraintes ou non) et leur
nature (acier au carbone, acier inoxydable) et d’éven-
tuelles protections complémentaires contre la corrosion
■ Optimisation de l’enrobage ou de revêtements adhérents empêchant la pénétration
des agents agressifs.
• Notion d’enrobage La valeur de l’enrobage peut ainsi être optimisée, en parti-
culier :
L’enrobage des armatures représente la distance entre - si l’on choisit un béton présentant une classe de résis-
la surface du béton et l’armature la plus proche (cadres, tance à la compression supérieure à la classe de référence
étriers, épingles, armatures de peau, etc.). (définie pour chaque classe d’exposition),
Il doit être suffisant pour garantir : - s’il existe un système de contrôle de la qualité,
- la bonne protection de l’acier contre la corrosion, - si l’enrobage des armatures présente une bonne compa-
- la bonne transmission des efforts d’adhérence, cité,
- une résistance au feu convenable. - si l’on utilise des armatures inox.
L’enrobage des armatures et les caractéristiques du béton L’Eurocode 2 permet aussi de dimensionner l’ouvrage pour
d’enrobage sont les paramètres fondamentaux permettant une durée d’utilisation supérieure en augmentant la valeur
de maîtriser la pérennité des ouvrages aux phénomènes de l’enrobage.
de corrosion et donc leur durée d’utilisation. Ainsi, il est
L’enrobage minimal est défini dans la norme NF EN 1992-
possible de placer les armatures hors d’atteinte des agents
1-1, section 4 “Durabilité et enrobage des armatures”
agressifs en les protégeant par une épaisseur suffisante
(article 4.4.1).
d’un béton compact, ayant fait l’objet d’une cure adaptée.
C’est l’enrobage nominal qui est précisé sur les plans Il est donné par la formule :
d’exécution de l’ouvrage. Il constitue la référence pour la
fabrication et pour la pose des armatures. Cmin,b
L’enrobage nominal est égal à la somme de l’enrobage Cmin = max Cmin,dur + ΔCddur,y - ΔCdur,st – ΔCdur,add
minimal et d’une «marge de sécurité» Δ Cdev prenant en 10 mm
compte les tolérances d’exécution.

14
Avec :
- Cmin,b : enrobage minimal vis-à-vis des exigences d’adhé-
• Détermination de l’enrobage nominal
rence (béton/armature), ° Choix et modulation de la classe structurale
- Cmin,dur : enrobage minimal vis-à-vis des conditions L’Eurocode 2 distingue 6 classes structurales S1 à S6.
environnementales,
Cmin,dur tient compte de la classe d’exposition et de la Nota : Ces classes structurales ne servent qu’à déter-
classe structurale (qui est fonction de la durée d’utilisa- miner l’enrobage minimal des armatures.
tion du projet),
- ΔCdur,y : marge de sécurité (valeur recommandée 0), La classe structurale à utiliser pour la détermination de
- ΔCdur,st : réduction de l’enrobage minimal dans le cas Cmin,dur pour les bâtiments et les ouvrages de génie civil
d’utilisation, par exemple, d’armatures inox, courants est S4. Ils sont dimensionnés pour une durée
- ΔCdur,add : réduction de l’enrobage minimal dans le cas de d’utilisation de projet de 50 ans. Les ponts et les ouvrages
protections complémentaires. situés en site maritime sont classés dans la catégorie
S6. Ils sont dimensionnés pour une durée d’utilisation de
projet de 100 ans.
•nominal
Processus de détermination de l’enrobage
suivant l’Eurocode 2 Ces durées supposent la mise en œuvre de bétons
conformes aux tableaux N.A.F. 1 ou N.A.F. 2 de la norme
Le processus de détermination de l’enrobage des NF EN 206.1.
armatures dans chaque partie d’ouvrage comporte les
8 étapes suivantes qui vont permettre de prendre succes- Nota : Les documents particuliers du marché peuvent
sivement en compte : spécifier des durées d’utilisation de projet différentes.
- la classe d’exposition,
- la classe structurale et les modulations possibles en La classe structurale peut être modulée en fonction de
fonction de choix particuliers, plusieurs paramètres.
- le type d’armatures, Les modulations possibles de la classe structurale, en
- des contraintes particulières, fonction de choix particuliers pour le projet (durée d’uti-
- les tolérances d’exécution. lisation de projet, classe de résistance du béton, nature
du ciment, compacité du béton d’enrobage) sont données
Etape 1 : Prise en compte des classes d’exposition dans le tableau 4.3 N (F). à l’article 4.4.1.2 (5) de l’Annexe
Etape 2 : Choix et modulation de la classe structurale Nationale de la norme NF EN 1992-1-1. Elles sont synthé-
Etape 3 : Prise en compte de la durabilité tisées dans le tableau ci-dessous.
L’amélioration de la qualité du béton se traduit en parti-
Etape 4 : Prise en compte du type d’armature
culier par une minoration de la classe structurale de 1 ou
Etape 5 : Prise en compte de contraintes particulières de 2.
Etape 6 : Prise en compte des contraintes d’adhérence Si une partie d’ouvrage est concernée par plusieurs classes
Etape 7 : Détermination de l’enrobage minimal Cmin d’exposition, on considère l’exigence la plus sévère et donc
Etape 8 : Prise en compte des tolérances d’exécution l’enrobage le plus élevé.

15
DOCUMENTATION TECHNIQUE

Modulation de la classe structurale

Classes d’exposition
Critères
XO XC1 XC2, XC3 XC4 XD1 / XS1 / XAI XD2 / XS2 / XA2 XD3 / XS3 / XA3

Durée 100 ans, majoration de 2 classes structurales


d’utilisation
de projet 25 ans et moins, minoration d’une classe structurale

C 30/37 C 30/37 C 30/37 C 35/45 C 40/50 C 40/50 C45/55

Classe de Si résistance supérieure, minoration d’une classe structurale


résistance
du béton C 50/60 C 50/60 C 55/67 C 60/75 C 60/75 C 60/75 C 70/85

Si résistance supérieure, minoration de 2 classes structurales

- C 35/45 C 35/45 C 40/50 - - -

Nature Béton à base de CEM I


du liant Sans cendres volantes
- - - -

Minoration d’une classe structurale

Enrobage (*)
Minoration d’une classe structurale
compact

Extrait du tableau 4.3 N(F)) Valeurs de Cmin,dur requises vis-à-vis de la durabilité


pour les armatures de béton armé
(*) L’obtention d’une bonne compacité de la zone d’enro-
bage concerne, par exemple : Classes d’exposition
Classes
- la face coffrée des éléments plans (assimilables à des structurales XC2 XD1 XD2 XD3
dalles, éventuellement nervurées), coulés horizontale- XO XC1
XC3
XC4
XS1 XS2 XS3
ment sur des coffrages industriels,
- les éléments préfabriqués industriellement : éléments S1 10 10 10 15 20 25 30
extrudés ou faces coffrées des éléments coulés dans
des coffrages métalliques, S2 10 10 15 20 25 30 35
- la sous face des dalles de pont, éventuellement nervu-
rées, sous réserve de l’accessibilité du fond de coffrage S3 10 10 20 25 30 35 40
aux dispositifs de vibration.
S4 10 15 25 30 35 40 45

° Prise en compte de la durabilité S5 15 20 30 35 40 45 50


Détermination de l’enrobage minimal vis-à-vis de la
durabilité Cmin,dur S6 20 25 35 40 45 50 55

Les valeurs de Cmin,dur (en mm) requis vis-à-vis de la durabi-


lité sont données en fonction de la classe d’exposition et Nota : Pour les classes d’expositions XF1, XF2, XF3 et XF4,
de la classe structurale dans le tableau 4.4 N pour les la valeur de Cmin,dur est déterminée en prenant en compte
armatures de béton armé et dans le tableau 4.5 NF pour les classes d’expositions concomitantes XC1 à XC4 et XD1
les armatures de précontrainte dans l’article 4.4.1.2 (5) de à XD3.
la norme NF EN 1992-1-1. Pour les classes d’exposition XA1 à XA3, la valeur de
Cmin,dur est aussi déterminée en prenant en compte les
classes d’exposition concomitantes XC ou XD.

16
° Prise en compte du type d’armature - Béton coulé au contact de surfaces irrégulières
Dans le cas d’un béton coulé au contact de surfaces irrégu-
L’Annexe Nationale de la norme NF EN 1992-1-1 dans
lières, il convient généralement de majorer l’enrobage
l’article 4.4.1.2 (7) précise les cas pour lesquels l’enrobage
Cmin,dur peut être réduit, d’une valeur Δ Cdur.st ou Δ Cdur.add. Ce minimal en prenant une marge plus importante, fonction
choix engage le maître d’œuvre. La valeur est fixée par les de l’importance de l’irrégularité. L’enrobage minimal doit
documents particuliers du marché. être au moins égal à k1 pour un béton coulé au contact
d’un sol ayant reçu une préparation (y compris béton de
- Utilisation d’armatures en acier résistant à la corrosion : propreté) et k2 pour un béton coulé au contact direct du
Armature INOX sol.
«Sur justification spéciale et à condition d’utiliser des aciers
dont la résistance à la corrosion est éprouvée (certains Les valeurs recommandées par l’Annexe Française sont :
aciers inox par exemple), pour la durée d’utilisation et k1 = 30 mm et k2 = 65 mm.
dans les conditions d’exposition du projet, les documents
particuliers du marché pourront fixer la valeur de Δ Cdur.st. Détermination de l’enrobage minimal vis-a-vis de
En outre, le choix des matériaux, des paramètres de mise
°l’adhérence C min,b
en œuvre et de maintenance doivent faire l’objet d’une
étude particulière. De même, l’utilisation de tels aciers L’enrobage minimal vis-à-vis de l’adhérence Cmin,b est
ne peut s’effectuer que si les caractéristiques propres de précisé dans le tableau 4.2 article 4.4.1.2 (3) de la norme
ces aciers (notamment soudabilité, adhérence, dilatation EN 1992-1-1.
thermique, compatibilité des aciers de nature différente) Cmin,b ne doit pas être inférieur :
sont vérifiées et prises en compte de façon appropriée» - au diamètre de la barre dans le cas d’armature indivi-
Extrait de l’article 4.4.1.2 (7). duelle,
- Mise en place d’une protection complémentaire - au diamètre équivalent dans le cas de paquet d’arma-
En cas de mise en place d’une protection complémentaire, tures.
l’enrobage minimal n’est pas diminué, sauf pour les revête- Cmin,b est majoré de 5 mm si le diamètre du plus gros
ments adhérents justifiés vis-à-vis de la pénétration des granulat du béton est supérieur à 32 mm.
agents agressifs pendant la durée d’utilisation du projet.

° Prise en compte de contraintes particulières ° Détermination de l’enrobage minimal C min

L’enrobage minimal est déterminé en intégrant les valeurs


L’Eurocode 2 et l’Annexe Nationale Française prescrivent
de Cmin,b, Cmin,dur, Δ Cdur,y, Δ Cdur.st et Δ Cdur,add.
d’augmenter l’enrobage minimal dans les cas suivants :
- Parements irréguliers
Dans le cas de parements irréguliers (béton à granulat ° Prise en compte des tolérances d’exécution
apparent par exemple), l’enrobage minimal doit être L’enrobage minimal doit être majoré, pour tenir compte
augmenté d’au moins 5 mm. des tolérances pour écart d’exécution (Δ Cdev).
- Abrasion du béton La valeur recommandée (article 4.4.1.3 (3)) est Δ Cdev=
Dans le cas de béton soumis à une abrasion, il convient 10 mm. Cette valeur peut être réduite sous réserve de
d’augmenter l’enrobage de 5 mm, 10 mm et 15 mm respec- conditions strictes de contrôle qualité à la fois sur la
tivement pour les classes d’abrasion XM1, XM2 et XM3 (voir conception et l’exécution des ouvrages.
l’EN 1990 Eurocode 0 - Base de calcul des structures).

Classes d’abrasion ° Enrobage nominal


Classes
Conditions
Valeurs des L’enrobage nominal est donné par la formule :
d’abrasion cœfficients Cnom = Cmin + Δ Cdev
Abrasion modérée :
• frottements d’amarres ou Si la réalisation ou la conception et l’exécution des éléments
XM1 de chaînes, k1 = 5 mm d’ouvrage sont soumis à un système d’Assurance Qualité
• sédiments charriés par
(incluant en particulier des dispositions spécifiques
la houle.
relatives à la conception, au façonnage ou à la mise en
Abrasion importante :
place des armatures, mesure de l’enrobage des armatures
• coques de navires
XM2 k2 = 10 mm avant coulage du béton), il est possible de réduire la valeur
pouvant glisser sur un front
d’accostage. de Δ Cdev à une valeur comprise entre 5 et 10 mm.
Abrasion extrême : Cette réduction possible de Δ Cdev permet d’inciter à un
XM3 • godets de chargeurs de k3 = 15 mm meilleur contrôle du positionnement réel des armatures et
produits en vrac.
à une meilleure qualité de réalisation.

17
DOCUMENTATION TECHNIQUE

Nota : L’Eurocode 2 attire l’attention sur les deux points Prise en compte d’une classe de résistance du béton
suivants : supérieure
- Les problèmes de fissuration auxquels risque de Dans le cas d’une classe d’exposition XS3, si l’on choisit
conduire un enrobage nominal supérieur à 50 mm. une classe de résistance du béton au moins égale à C45/55,
- Les difficultés de bétonnage auxquelles risque de il est possible de minorer la classe structurale de 1 point
conduire, un enrobage nominal inférieur à la dimension et de 2 points dans le cas d’une classe de résistance au
nominale de plus gros granulats. moins égale à C70/85, soit une réduction de la valeur de
Cmin/dur respectivement de 5 et 10 mm.
Conclusion
• Exemple d’optimisation de la valeur d’enrobage Il en résulte les divers choix suivants pour l’optimisation de
l’enrobage en fonction du type d’armatures et de la classe
L’exemple concerne une partie d’ouvrage située en zone de résistance du béton.
de marnage.
Etape 1 : Prise en compte de la classe d’exposition Valeurs de l’enrobage nominal Cnom
Les classes d’exposition à prendre en compte sont : Classes de résistance du béton
Type
- XS3 : zone de marnage
d’armature
- XC4 : alternance d’humidité et de séchage C35/45 C45/55 C70/85

Etape 2 : Choix de la classe structurale Acier


70 65 60
au carbone
Les ouvrages situés en site maritime sont dimensionnés
pour une durée d’utilisation de projet de 100 ans. Ils corres-
Inox 55 50 45
pondent donc à la classe structurale S6.
Etape 3 : Prise en compte de la durabilité
La valeur de Cmin,dur est déterminée en fonction de la
combinaison des classes d’exposition et de la classe ■ Quelques principes de prévention
structurale.
- Classe d’exposition XS3 et classe structurale S6 : Malgré la complexité des réactions chimiques générées
Cmin,dur = 55 mm par les eaux en site maritime, l’application de quelques
- Classe d’exposition XC4 et classe structurale S6 : principes de prévention élémentaires respectés au
Cmin,dur = 40 mm niveau de la formulation du béton (formulation adaptée,
dosage adéquat en ciment, faible E/C, béton compact et
Etape 4 : Prise en compte du type d’armature peu perméable), de la conception de l’ouvrage et lors de
L’utilisation d’armatures inox permet de réduire la valeur sa réalisation (vibration, cure) permettent d’obtenir des
de l’enrobage. On peut prendre en compte a priori une bétons résistants durablement dans les milieux agressifs.
valeur de Δ Cdur,st égale à 15 mm.
- Une conception de l’ouvrage adaptée
Etape 5 : Prise en compte de contraintes particulières L’ouvrage doit être conçu de manière à éviter, dans la
- Parements irréguliers : sans objet mesure du possible, de créer des zones d’accumulations
- Classe d’abrasion : l’ouvrage est soumis aux sédiments et de stagnations d’eau et des cheminements préférentiels
charriés par la houle, donc à une classe d’abrasion XM1 dus aux ruissellements.
qui correspond à un cœfficient k1 = 5 mm
- Une formulation à base d’un ciment adapté suffisam-
- Béton coulé au contact de surfaces irrégulières : sans
ment dosé
objet Un dosage suffisamment élevé en ciment, un rapport E/C
Etape 6 : Prise en compte des contraintes d’adhérence faible et le respect des exigences sur la composition chi-
On suppose que le diamètre maximal des armatures est de mique permettent de maîtriser les principales agressions.
40 mm et que le diamètre du plus gros granulat du béton - Un béton compact et peu perméable
est inférieur à 32 mm. Les qualités intrinsèques du béton, sa compacité et sa
Etape 7 : Détermination de l’enrobage minimal perméabilité conditionnent sa durabilité. Le béton résiste
- Armature acier au carbone Cmin = 55 + 5 = 60 mm d’autant mieux à l’action des eaux agressives que sa
- Armature inox Cmin = 55 - 15 + 5 = 45 mm porosité et sa perméabilité sont faibles.
Les principaux facteurs prépondérants au niveau de la
Etape 8 : Prise en compte des tolérances d’exécution formulation d’un béton pour obtenir une compacité élevée
Δ Cdev sera pris égal à 10 mm d’où (donc une faible porosité) sont :
- Armature au carbone Cnom = 70 mm - un dosage en ciment adéquat,
- Armature inox Cnom = 55 mm - une faible teneur en eau,

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- une granulométrie comportant des éléments fins, en - Prévention vis-à-vis des risques liés aux réactions
quantité suffisante pour remplir les espaces entre les sulfatiques internes
plus gros granulats, Les dispositions et principes de prévention à mettre en
- l’optimisation de la vibration, du traitement thermique œuvre font l’objet de recommandations LCPC, “Recom-
éventuel et de la cure. mandations pour la prévention des désordres due à la
réaction sulfatique interne” (2007).
- Le respect des valeurs d’enrobage des armatures
Le respect des épaisseurs d’enrobage permet de maîtriser - Caractéristiques chimiques des eaux de surface et
la corrosion des armatures de béton armé. souterraines et des sols en contact avec l’ouvrage
Les caractéristiques chimiques des eaux de surface et
- Une mise en œuvre et une cure soignées
souterraines (SO42-, pH, CO2, NH4+) et des sols (SO42-,
La vibration doit être adaptée et homogène. La cure doit
être efficace afin d’éviter, en particulier, tout phénomène acidité) permettent de déterminer, en utilisant le tableau 2
de dessiccation du béton au jeune âge. La température et de l’article 4.1 de la norme NF EN 206-1, les classes
l’humidité relative pendant la mise en œuvre du béton et d’exposition correspondant aux attaques chimiques (XA1,
les jours suivants sont des paramètres importants condi- XA2, XA3) à associer si nécessaire aux parties d’ouvrages
tionnant les performances du béton. concernées.

° Normes de calcul et textes réglementaires


■ Eléments pour la mise au point du CCTP - Normes de calcul
Les calculs des structures sont justifiés en utilisant les
• Dispositions générales, description de l’ouvrage normes européennes Eurocodes,
- NF EN 1990 Bases de calcul des structures
° Données générales - NF EN 1991 Actions sur structures
- Contexte climatique et classes d’exposition - NF EN 1992 Calcul des structures en béton
La norme NF EN 206-1 définit à l’article NA 4.1 les classes - NF EN 1997 Calcul géotechnique
d’exposition auxquelles sont soumises les différentes - NF EN 1998 Calcul des structures pour leur résistance
parties de l’ouvrage pendant sa durée d’utilisation, en aux séismes.
fonction des actions dues à l’environnement. ainsi que leurs annexes nationales respectives.
Chaque béton d’une partie d’ouvrage peut être soumis
simultanément à plusieurs actions environnementales. - Textes réglementaires
Les spécifications et prescription du fascicule 65 du CCTG
Nota : Le marché doit préciser toutes les données “Exécution des ouvrages de génie civil en béton armé ou
caractérisant l’environnement dans lequel sont situées en béton précontraint par post-tension” (en cours de mise
les parties d’ouvrage ainsi que les classes d’exposition à jour) seront appliquées.
associées.

- Durée d’utilisation de projet


•matériaux
Provenance, qualité et préparation des

La durée d’utilisation de l’ouvrage sera prise égale à


100 ans. ° Constituants des bétons
- Recommandations pour la durabilité des bétons durcis - Ciments
soumis au gel. Les ciments courants sont conformes à la norme NF EN
Sans objet pour les ouvrages situés en site maritime en 197-1.
métropole. Les ciments offrant des caractéristiques complémentaires
font l’objet des normes :
- Prévention vis-à-vis des risques liés à l’alcali-réaction
- NF P 15-317 (Ciment pour travaux à la mer : PM)
Les dispositions et recommandations à mettre en œuvre sont
définies dans l’article NA.5.2.3.4 de la norme NF EN 206-1 - NF P 15-318 (Ciment à teneur en sulfures limitées pour
et dans le guide technique LCPC (juin 1994) : Recommanda- béton précontraint : CP)
tions pour la prévention des désordres dus à l’alcali-réaction. - NF P 15-319 (Ciments pour travaux à haute teneur en
Le niveau de prévention à prendre en compte correspond aux sulfates : ES)
recommandations de NIVEAU A / NIVEAU B / NIVEAU C. - NF EN 197-4 (Ciment de haut-fourneau et à faible résis-
tance à court terme : L-LH).
Nota : exemples de niveau de prévention : Les ciments doivent être titulaires de la marque - Liants
- Ouvrage courant : niveau B
hydrauliques. Le choix du ciment sera fonction des spéci-
- Ouvrage exceptionnel : niveau C
fications liées aux classes d’exposition.

19
DOCUMENTATION TECHNIQUE

- Granulats - Bétons
Les granulats sont d’origine naturelle, conformes aux Les bétons seront conformes à la classification et la
normes NF EN 12620 et XP P 18545. désignation des bétons (classes d’exposition, classes de
résistance à la compression, classes de chlorures, classes
Ils sont titulaires de la marque - Granulats.
de consistance du béton frais) et définies conformément à
Conformément à l’article 10.7.2 de la norme XP 18-545 pour la norme NF EN 206-1.
les bétons de classe de résistance C35/45 ou supérieure, La centrale BPE doit être titulaire de la marque - BPE et
les granulats de code indicé A conviennent (une ou deux respecter les exigences complémentaires du fascicule 65.
caractéristiques peuvent être de code B après études ou
selon références). - Consistance des bétons
Pour les bétons de classe de résistance inférieure à C35/45, La consistance des bétons est proposée par l’entreprise et
les granulats doivent être de code B (une ou deux carac- soumise au visa du maître d’œuvre.
téristiques peuvent être de code C après études ou selon A chaque partie d’ouvrage est associée un Béton à
références). Propriétés Spécifiées (BPS) satisfaisant aux exigences de
la combinaison des classes d’exposition auxquelles il est
Dispositions particulières vis-à-vis de l’alcali-réaction soumis pendant la durée d’utilisation de l’ouvrage.
Les granulats doivent être qualifiés vis-à-vis de l’alcali- Les spécifications des BPS sont définies dans l’article 6.2
réaction, conformément aux prescriptions du fascicule de de la norme NF EN 206-1.
documentation FD P 18-542. Le béton (BPS) de chaque ouvrage est défini par les spéci-
Les granulats doivent respecter les spécifications définies fications minimales suivantes :
dans le guide – LCPC “Recommandations pour la préven- - Classe de résistance à la compression
tion des désordres dus à l’alcali-réaction”. - Classes d’exposition (suivie de la lettre F en France)
- Dimension maximale nominale des granulats
Dispositions particulières pour la durabilité vis-à-vis du - Classe de teneur en chlorures
gel - Classe de consistance (à la livraison)
Sans objet
et les exigences complémentaires éventuelles :
- Eau de gâchage - Rapport Eauefficace / Liantéquivalent
L’eau de gâchage doit satisfaire les prescriptions de la - Teneur minimale en liant équivalent
norme NF EN 1008. - Type et classe du ciment
- Caractéristiques complémentaires du ciment
- Adjuvants - Caractéristiques complémentaires relatives aux granulats
Les adjuvants seront conformes à la norme NF EN 194-2 et - Caractéristiques complémentaires relatives au béton
seront titulaires de la marque - Adjuvants pour bétons frais ou durcis
- Teneur en air
- Additions - Résistance en compression au jeune âge
Les additions devront être conformes aux normes : - Aspect particulier de parement (spécification basée sur le
- NF EN 450 Cendres volantes fascicule de documentation FD P 18-513)
- NF EN 13263 Fumées de silices - Béton pompable
- NF P 18-508 Additions calcaires - Béton autoplaçant
- NF P 18-509 Additions siliceuses
- NF EN 15167 Laitiers de haut-fourneau
°LesArmatures pour béton armé
armatures pour béton armé seront conformes aux
Nota : La nature et la quantité maximale d’additions
utilisables en substitution partielle du ciment, en fonction normes suivantes :
de chaque classe d’exposition sont précisées dans le XP 35-014 / NF A35-015 / NF A35-016 / NF A35-017 /
Crédit photo : Cimbéton, G. Maucuit Lecomte - DBG Studios - 4853e

tableau NA.F.1 de la norme NF EN 206-1. NF A35-019-1 / NF A35-019-2 / NF A35-021 / NF A35-024 /


NF A35-025.

7, Place de la Défense - 92974 Paris-la-Défense cedex - Tél. : 01 55 23 01 00 - Fax : 01 55 23 01 10


Email : centrinfo@cimbeton.net - Site Internet : www.infociments.fr

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