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Député-maire de Coulommiers,
Coprésident du Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Emmanuel HAMELIN
Conseiller municipal de Lyon,
Fondateur et Coprésident du Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Etat des lieux du paysage radiophonique
15 février 2011
Pierre BELLANGER et Alain WEILL s’exprimeront pour exprimer la position de leur groupe. Sans
plus tarder, je cède la parole à Rachid ARHAB.
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Etat des lieux du paysage radiophonique
15 février 2011
vives dans le paysage de la radio. Des divergences existent aussi dans d’autres secteurs médiatiques.
Ceci étant, ce phénomène est particulièrement prononcé dans le monde radiophonique.
Il y a une quinzaine d’années, lorsque j’étais au CSA, Roland FAURE présidait la
Commission Radio. Il présidait également le Club DAB, qui rassemblait les radios en faveur de la
radio numérique. Je dis cela pour montrer à Rachid ARHAB que le problème n’est pas nouveau.
Dans mon rapport d’étape, je n’ai pas émis de conclusions, car cela aurait été trop anticipé. J’y
ai simplement énuméré les conditions à réunir pour la mise en place de la radio numérique. Ces
recommandations sont adressées aux différents acteurs du paysage radiophonique : les pouvoirs
publics au travers des législateurs et du CSA, les fabricants, les diffuseurs et les distributeurs. Depuis,
j’ai reçu plusieurs réponses. Les acteurs ont exprimé leur adhésion ou leur refus de la radio numérique.
La question de la radio numérique est complexe, d’où la nécessité de rédiger plusieurs
rapports. Avant moi, Marc TESSIER et Emmanuel HAMMELIN s’étaient déjà pliés à cet exercice. Le
passage à la TNT était un succès quasiment assuré, puisque 75% des Français ne recevaient que cinq
chaînes avant son apparition. La situation est tout à fait différente pour le passage à la radio
numérique. D’une part, le paysage radiophonique est déjà très riche. D’autre part, nous assistons à la
fin des distributions de fréquences. Le paysage radiophonique va donc se figer.
La radio numérique est-elle la réponse à cette situation ? Faut-il imaginer d’autres solutions,
telles le satellite ou l’IP ? Afin d’alimenter cette réflexion, je voudrais rappeler deux éléments qui
figurent dans mon rapport d’étape.
Tout d’abord, la popularité de la radio ne se dément pas. Certes, le chiffre d’affaires de ce
secteur est bien inférieur à celui de la télévision. Cependant, les sondages révèlent que les Français
croient plus à la radio qu’à la télévision.
En outre, la durée d’écoute recommence à augmenter après une légère baisse ces dernières
années. Nous observons le même phénomène dans les autres pays européens. L’an dernier, la durée
d’écoute a augmenté dans la plupart des pays européens, comme en Allemagne, en Angleterre et en
Italie. Cela montre l’adhésion populaire à la radio.
Le second point sur lequel je souhaite revenir est l’incroyable diversité de l’offre
radiophonique. Dans ce secteur se côtoient les grandes radios nationales, les petites radios
associatives, les radios commerciales et les radios de service public. Cette diversité de l’offre rend
l’exercice radiophonique difficile. En effet, dans certaines zones où plus de trente offres sont
proposées, est-il utile d’en créer une supplémentaire ?
Cette diversité de l’offre distingue la radio de la télévision. Bien que la diversité se soit accrue
à la télévision, elle diffère de la diversité de la radio. Il suffit pour s’en convaincre de penser à la vie
associative et communautaire soutenue par la radio.
Pour envisager l’avenir de la radio, il faut décider du modèle économique qui sera privilégié et
anticiper la réaction du consommateur. Une nouvelle offre radiophonique peut-elle susciter une
nouvelle adhésion du consommateur ? Sur ces questions, les positions des uns et des autres divergent
et les débats sont passionnés. Ces questions doivent être au cœur de notre réflexion sur l’avenir de la
radio.
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Etat des lieux du paysage radiophonique
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Nous aurons également le point de vue d’Alain WEILL, chef d’entreprise qui connaît bien le
secteur.
RADIO FRANCE a la chance d’avoir un actionnaire fidèle qui fait son possible pour répondre
aux besoins de la radio. Les radios indépendantes ont elles aussi une situation particulière.
La RNT n’est pas l’unique composante de la radio numérique. C’est peut-être dommage pour
RADIO FRANCE, mais je comprends le point de vue de mes concurrents et amis : il y a d’autres
vecteurs de développement comme internet ou le satellite.
J’entrevois les difficultés de David KESSLER, car les conclusions de son rapport ne seront
pas toujours bien reçues par les acteurs du paysage radiophonique.
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Alain WEILL, PDG de NEXTRADIOTV
Bonsoir à tous. Pour commencer, j’aimerais dire à Rachid ARHAB que
nous sommes tous des amoureux de la radio et que nous souhaitons tous voir ce
média se développer. Il est unique et nous avons beaucoup de plaisir à y
développer nos entreprises, nos concepts et nos idées.
La radio reste le média le plus moderne. C’est le premier média mobile,
même si l’on utilise désormais cet adjectif pour d’autres médias. C’est le premier
média dématérialisé et le premier à avoir permis au public d’accéder à une offre
très large. En 1981, l’arrivée de la FM a permis de proposer au public un nombre
très important de programmes, nationaux et locaux.
La radio a toujours été le média le plus en avance. Je pense donc que cela serait une erreur de
croire, lors du débat sur la radio numérique, que la radio est en retard par rapport aux autres médias.
Au contraire, c’est la télévision qui est en retard par rapport à la radio. David KESSLER a rappelé
qu’avec la TNT, 75% des Français sont passés de cinq à 18 chaînes de télévision.
Cela s’est passé en 1981 pour la radio. Les auditeurs sont passés de trois radios privés, en plus
du service public, à des centaines de radios. La radio a toujours eu de l’avance. Aujourd’hui, le
numérique hertzien est-il indispensable à la radio numérique ? Je pense que non.
Tout d’abord, analysons la situation d’un point de vue économique. Au départ, nous étions
tous d’accord pour la radio numérique hertzienne. Or, la norme qui nous a été proposée ne fonctionne
pas. Avec cette norme, les coûts en numérique sont les même qu’en analogique. Nous allons donc
dupliquer le nombre de nos stations en numérique sans augmenter vraiment le nombre d’auditeurs.
Il y a cinquante radios à Paris et trente dans toutes les villes de plus de 200.000 habitants.
Certes, il n’y en a que dix dans de plus petites villes. Néanmoins, je ne crois pas que les Français aient
un sentiment de rareté avec la bande FM. Il ne faut pas s’attacher au mot « numérique » comme si
c’était un mot magique. En effet, la perception du public est différente. Lorsque les Français ont eu la
TNT, ils ont prêté davantage attention à l’augmentation du nombre de chaînes et à la qualité de
l’image qu’au fait qu’ils passaient au numérique.
C’est l’élargissement de l’offre qui a changé la vie des Français, et non le qualificatif accolé à
ce changement. Aujourd’hui, l’offre est déjà très large. Imaginons que nous passions demain au
numérique à Paris. Il y aurait vraisemblablement une difficulté de financement. De plus, l’adhésion du
public ne serait pas aussi massive que lors de l’apparition de la TNT, car l’éventail de l’offre ne
changera pas.
Nous ne sommes peut-être pas obligés de passer par l’étape du hertzien, qui n’a pas trouvé de
solution technique et économique. En revanche, la radio est un média qui a toujours été en avance. La
radio sur IP est d’ores et déjà une réalité quotidienne, davantage pour nos enfants que pour les
individus de notre génération.
A titre personnel, j’écoute régulièrement la radio sur mon iPhone. A l’étranger, cela permet de
continuer à écouter ses radios. J’ai un radio-réveil SONY. Je le pose sur mon iPhone et j’écoute RMC
ou d’autres radios numériques. Je vous invite à écouter LITE FM, une radio de Miami que j’apprécie.
Lorsque je l’écoute le matin à Paris, c’est la nuit à Miami. Il n’y a donc pas de publicité… C’est un
avantage pour une radio musicale. Pour les jeunes Français, c’est une réalité.
Comme l’a rappelé Pierre BELLANGER, n’importe qui peut aujourd’hui créer une radio en
tentant sa chance sur internet. Un excellent documentaire sur ARTE, le week-end dernier, montrait
que l’un des premiers réflexes des Tunisiens pour manifester leur volonté d’expression avait été de
créer des radios sur internet.
Je vous invite à regarder ce reportage en podcast. L’une des forces du numérique est la
rediffusion. Ne soyons pas pessimistes. Nous avons peut-être attaché une trop grande importance au
numérique hertzien. Cela n’empêche pas que la radio soit en avance sur les autres médias. C’est le
premier média qui passe sur IP, et je trouve cela extrêmement positif.
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Franck RIESTER, Député-maire de Coulommiers, Coprésident du Club
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Nous allons lancer le débat. J’aimerais que certains d’entre vous puissent
prendre position sur certaines questions. Par exemple, le réseau non IP est-il
compatible avec internet ? Le coût du simulcast est-il insurmontable ? Quelle
norme va progressivement s’imposer au marché ? Quel est l’avantage pour
l’auditeur, en termes de qualité d’écoute, entre le numérique et l’analogique ? Y a-
t-il d’ores et déjà des résultats au niveau européen concernant la RNT ?
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Je pousserais même cette idée plus avant : lier le lancement de la RNT aux seuils
anticoncentration dans l’analogique revient à tuer la RNT dans l’œuf. En effet, quel serait l’intérêt de
lancer la RNT si l’on relevait les seuils anticoncentration dans l’analogique ? L’intérêt serait nul.
Bien que je ne sois pas d’accord sur tout avec Pierre BELLANGER, je le rejoins sur un point.
D’un point de vue macroéconomique, l’industrie radiophonique se porte bien. Elle est à la page et
séduit nombre de nos concitoyens. L’enjeu de cette réunion est de se projeter dans les nouveaux
modes de consommation de nos concitoyens dans le monde numérique de demain. J’ai vu récemment
sur FRANCE TELEVISIONS un reportage sur les « technobambins ». Ces enfants auront une autre
approche de la culture et des médias que nous. Nous devons donc réfléchir à l’évolution de notre
industrie et du paysage radiophonique.
Je suis assez sceptique sur les débats que nous avons aujourd’hui. Il y a à peine deux ans, au
sein d’un groupement pour la radio numérique, tous les opérateurs radio étaient d’accord pour lancer
massivement la RNT. Je pense que l’enkystement de la RNT est de notre responsabilité. La RNT
représente un réel enjeu pour notre industrie. Je crois d’ailleurs beaucoup au rapport KESSLER, car
nous manquons actuellement d’un lieu de débat en commun entre industriels de la radio pour penser la
radio de demain. Le CSA a fait son travail dans ce domaine. J’espère que le rapport KESSLER
aboutira à une réelle implication du gouvernement dans la radio numérique.
Lorsque l’on dresse le bilan de la réussite de la TNT, on oublie qu’elle est passée par un
engagement massif des pouvoirs publics. Aujourd’hui, nous avons besoin que le gouvernement
s’engage, crée un lieu de débat commun et puisse décider d’une technologie si nous ne parvenons pas
à trouver un accord. Des questions industrielles se posent au sujet des conditions de succès de la radio
numérique. Comment créer un cercle vertueux pour que la radio numérique soit une réussite comme
cela a été fait pour la TNT ? Les positions actuelles vis-à-vis de la technologie sont doctrinaires. Le
débat autour des seuils anticoncentration me semble biaisé. En effet, lorsque le GRN (Groupement
pour la Radio Numérique) a cessé, un bureau regroupant les quatre principaux groupes nationaux a été
créé. Il a immédiatement revendiqué le fait de casser les seuils anticoncentration dans l’analogique, ce
qui a de fait tué le numérique. Nous devons discuter sérieusement de notre industrie entre
professionnels de la radio, avec une forte implication de l’Etat.
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Je souhaiterais qu’on substitue la vision du citoyen-roi à celle de l’auditeur-roi. C’est pour
cette raison que je me suis mis à faire de la radio, notamment de la radio associative. Si demain il n’y a
qu’un modèle IP, nos radios citoyennes ne pourront pas subsister. Ma radio, CFM, émet sur l’IP. Mais,
sur internet, un profil FACEBOOK ou celui d’une société peut être interrompu du jour au lendemain
sans qu’il n’y ait le moindre recours. Ainsi, pour être demain en mobilité sur l’IP, je devrais avoir un
accord avec un opérateur. Le prix de cet accord ne correspondra en aucune façon à la réalité du coût de
l’émission.
J’en viens à la vision que je souhaiterais vous exposer. A nos yeux, le tout IP représente une
véritable impasse. On donne l’impression aux auditeurs d’exister alors que l’on n’existe pas. En
dehors même de la capacité à être présent financièrement voire contractuellement, il y a une réelle
problématique de référencement de nos radios, notamment en zones rurales.
Nous rencontrons également un problème quant à la mobilité, ce qui est pourtant l’essence
même de la radio. En effet, sur l’iPhone par exemple, le streaming fonctionne très bien. Mais à quel
prix et combien de temps cela peut-il fonctionner ? La seule solution pour une radio sur l’iPhone sera
la même que pour la télévision. Il lui faudra être dans la bande passante allouée à ce streaming non
limité. Nous ne pourrons pas y être, à moins que l’Etat ne nous le garantisse sous une forme de must
carry. Si cela n’est pas le cas, les radios associatives n’existeront pas sur l’IP.
Je ne vais pas décrier l’IP qui, pour moi, est important. Il n’y a pas une mais plusieurs façons
façon d’émettre. Vous nous avez dit auparavant que la radio numérique n’était pas compatible avec
l’IP. C’est une supercherie. L’hybridation des supports existe et est déjà en fonction. Peut-être cela
fonctionne-t-il mal pour l’instant. A l’IBC (International Broadcasting Convention) et à la NAB
(National Association of Broadcasters), des techniciens présentaient des outils qui permettent de faire
cette hybridation. Pour nous, cela est très important. La capacité de basculer d’un support numérique
mobile à un support IP en indoor nous séduit. En effet, l’IP indoor ne comprend pas la problématique
de mobilité dont je viens de vous parler.
Le problème est que l’on veut raccourcir le raisonnement alors qu’il faut expliquer tous ces
éléments. Nous avons besoin d’une radio numérique terrestre pour émettre et faire de la radio, mais
aussi pour faire des choses plus intéressantes que ce qui a parfois été proposé sur le numérique. Et
nous avons également besoin de l’IP. Surtout, il faut que les deux puissent cohabiter. C’est ainsi que
nous pourrons avoir encore plus d’auditeurs et des contenus plus intéressants sur la partie numérique.
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Hugues de VESINS, CNRA (Confédération nationale des radios associatives)
Les parlementaires ont déjà tranché ce débat. Il existait au préalable deux choix. Le premier
était de confier la RNT à des opérateurs techniques qui constituent leur bouquet. Le deuxième choix
était de confier au CSA le soin de trouver des éditeurs et de trouver eux-mêmes des opérateurs
techniques. Le choix a été fait. La réponse sur les FAI est donc limpide à mon avis.
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Léonidas KALOGEROPOULOS, NRJ GROUP
Le débat sur le lancement de la RNT a connu des complications. Je crois pourtant qu’il y a
unanimité sur un point. Il est nécessaire que la radio soit écoutée en numérique. La radio ne peut pas
être le dernier média où l’on écoute du son en analogique. Tous les acteurs radiophoniques sont
d’accord sur ce point, mais pas forcement sur ses modalités d’exécution. Il n’y a pas de doute non plus
sur le fait qu’à terme, le numérique se substitue à l’analogique. La seule question est de savoir si cette
norme est coûteuse ou non.
Michel CACOUAULT, Bureau de la
Radio
Je crois qu’il faut dépolémiquer. Il est
naturel qu’il y ait des avis et des intérêts
divergents. Concernant la RNT, deux questions
nous apparaissent vitales. D’abord, ce modèle
existe-t-il et est-il performant ? Selon moi, la
question n’est pas de choisir entre la RNT ou
l’IP. En effet, l’IP existe et va continuer à se
développer. La RNT est-elle pour autant un
modèle pertinent ? A l’heure actuelle, nous avons
la FM qui a des limites dont nous avons parlé auparavant. D’une part, elle ne dispose pas d’une
couverture suffisante. D’autre part, le CSA ne peut plus faire la circulation puisqu’il n’y a plus de
fréquences FM allouées. Pour autant, la FM n’est pas ringarde, car on peut la capter deep-indoor, au
troisième sous-sol. La FM fait le succès de la radio à l’heure actuelle.
Une bonne question a été posée : la RNT existe-t-elle dans d’autres pays ? En Angleterre, la
RNT existe depuis dix ans et réalise 15% d’audience. D’un autre côté, le Canada vient de l’arrêter.
Tout investissement nécessite un retour sur investissement en termes d’auditeurs. Mais nous ne
pouvons pas reproduire le même modèle que celui de la TNT. En effet, il existe près de 260 millions
de récepteurs FM. Combien de temps va-t-il falloir pour que les auditeurs potentiels s’équipent ? Un
réseau RNT coûte, peu ou prou, trois à quatre millions d’euros. Cela coûte sensiblement le même
montant qu’un réseau FM. Mais, d’une part, on ne pourra pas arrêter la FM. Et d’autre part, le temps
d’équipement est beaucoup trop long. Il n’y aura donc pas de retour sur investissement.
Je vais vous donner un scoop. Le chiffre d’affaires de l’ensemble des radios du Bureau de la
radio représente 459 millions d’euros, soit un montant moindre que le budget de RADIO FRANCE. Il
est logique que des entreprises privées souhaitent un retour sur l’investissement qu’elles consentent
dans un nouveau système. Or, nous avons un problème majeur. Si la FM pouvait être coupée du jour
au lendemain, ce serait extraordinaire. Mais il faudra une période très longue pour que tous les
Français s’équipent. Cette double diffusion représentera obligatoirement un coût qui ne permettra pas
un retour sur investissement. Quand j’évoque le chiffre d’affaires de 459 millions pour l’ensemble des
douze radios, cela signifie que chaque radio pèse environ 10% de ce chiffre d’affaires. Il y a donc un
problème économique majeur, tout comme il y a un problème au niveau de l’équipement matériel des
Français. Ce ratio nous pose un problème important concernant la RNT. Au nom des quatre mandants
que je représente, je souhaite souligner le problème du retour sur investissement, que l’Etat connaîtra
également.
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Le SIMAVELEC et les constructeurs nous ont d’ailleurs beaucoup aidés. Neuf mois après la
promulgation de la loi, seuls des écrans plats étaient distribués en France.
Nous ne sommes cependant pas sur le même schéma. Le problème des radios est en effet
différent et la durée est bien plus longue. Il ne peut y avoir de rapprochement concernant
l’équipement. Le taux d’équipement en postes de radio est absolument faramineux. Ce n’est pas pour
autant que le parc ne pourra pas évoluer, qu’il soit mobile ou non mobile.
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Dans le secteur de la radio, il y a un seuil anticoncentration de 150 millions d’habitants. Pour
un groupe ambitieux comme le mien, je pense qu’il y aura demain des opportunités et des perspectives
dans le secteur de la radio. Si les seuils n’évoluent pas, on risque de ne pas pouvoir croître. Mon
ambition n’est pas de racheter les radios de catégorie B. D’ailleurs, la réglementation nous l’interdit.
Nous souhaiterions éventuellement racheter un ou des réseaux qu’un grand groupe voudrait délaisser
pour se concentrer sur le secteur de la télévision. Dans la télévision, les grands groupes peuvent avoir
sept chaînes nationales sans logique de couverture de population. Dans la radio, les seuils datent de
1994 et sont complètement dépassés. Le secteur de la radio ne permet donc pas de se développer.
Quant au secteur de la télévision, le CSA n’est pas très pressé d’attribuer de nouvelles fréquences.
Ainsi, les acteurs les plus importants ont sept chaînes alors que nous n’en avons qu’une. Je trouve
cette situation incohérente. En tant qu’indépendant, j’aimerais pouvoir progresser dans le secteur de la
radio. J’aimerais surtout qu’il y ait dans le secteur de la télévision la même volonté du régulateur de
permettre au paysage d’évoluer. Il a bien évolué pendant ces 25 dernières années dans le secteur de la
radio.
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Jean-Luc HEES, Président du Groupe RADIO FRANCE
Je parle au nom du service public de la radio. Je voudrais rappeler un
principe de base. Les contribuables de ce pays payent pour ce service.
Imaginez que vous payez l’électricité mais qu’on ne vous donne pas le
courant…. Le cas de Toulouse m’intéresse. C’est la plus grande région de
France mais nous n’y trouvons aucune radio locale de RADIO FRANCE.
C’est un service auquel les contribuables ont droit. Je ne juge ni les entreprises
ni la maigreur du spectre des fréquences. Néanmoins, mon devoir est que
RADIO FRANCE se développe à travers son réseau de radios locales et que
les polémiques n’existent pas.
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C’est le Syndicat national des radios libres de Nantes qui lance la RNT. Visiblement, il ne
semble pas avoir de problèmes de budget. Les personnes que j’ai rencontrées m’ont expliqué tous les
fondements de cette radio.
Comme Jean-Luc HEES le disait précédemment, nous ne sommes pas techniciens. Cependant,
il a fait son apprentissage. De fait, il est possible de dire tout et n’importe quoi au vulgus pecum sur
des sujets comme l’IP ou le coût de la radio.
De mon côté, j’ai étudié le dossier. Ce soir, je vous annonce, que la RNT va se faire. Il est de
bonne guerre qu’elle soit ralentie car cela nous permet de calmer nos esprits.
Enfin, je tiens à dire bravo à Monsieur ARHAB.
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La situation de la radio est beaucoup plus complexe. Nous avons parlé de lissage. Il est vrai
que l’offre ne sera pas la même partout. Par ailleurs, même avec la RNT, certaines radios seront
refusées. Comme la réalité est plus complexe, cela prend plus de temps.
Enfin, mon troisième point porte sur la question économique que nous ne pouvons pas écarter
d’un revers de main. Il s’agit d’une question centrale. Elle concerne également le service public, car
les français paient le service à travers la redevance. C’est également une question qui concerne les
radios associatives.
L’engagement des pouvoirs publics sur ce sujet est un point central. De plus, d’une manière
générale, la question économique est un enjeu essentiel. Nous devons considérer cette réalité. Elle peut
être un risque ou une chance économique. C’est aux pouvoirs publics de décider.
La question de la durée de la double diffusion est par conséquent primordiale. Nous avons été
plus rapides que prévu pour la TNT. L’Angleterre, quant à elle, va moins vite que prévu. Il semble que
le lancement a été réalisé trop tôt et la norme a évolué.
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Par ailleurs, la loi attribue la bande III à la RNT. Aujourd’hui, elle est en jachère. Le monde de
la ressource déteste le vide. Si nous n’utilisons pas cette bande III, elle finira au mieux à la télévision
ou, au pire, aux opérateurs de télécommunication.
J’échange avec plaisir avec la plupart d’entre vous. Toutefois, je vais vous faire un dernier
reproche. Il y a plus d’un an, le Bureau de la radio nous a demandé un moratoire de 18 mois.
Qu’avons-nous fait depuis que le moratoire a été déposé ? Rien.
Il y a une volonté affichée de ne pas vouloir aller trop vite. En effet, vous êtes satisfaits d’être
déjà installés. De plus, la plupart d’entre vous a peur des nouveaux arrivants potentiels.
Nous nous sommes gargarisés en affirmant que notre paysage est le plus diversifié. C’est vrai
dans l’absolu, mais nous pouvons faire mieux. On dit qu’il y a moins d’appétence pour la radio que
pour la télévision. Je suis convaincu que si la radio numérique, quel que soit le canal utilisé, apporte
des choses intéressantes, nous noterons une certaine appétence.
Je regrette que le débat sur la radio numérique soit toujours négatif. Nous ne sommes jamais
d’accord sur le sujet de la RNT. Je trouve cela normal, car nous sommes des acteurs différents.
Satisfaire les demandes légitimes des opérateurs et précéder les attentes du public sont les rôles du
CSA.
Chez moi, je ne compte pas six ou sept postes de radios mais 17 postes. Je suis inquiet de
constater qu’ils seront peut-être les seuls appareils à ne pas pouvoir être en relation avec les autres
appareils de la maison. Je remercie Bernard HEGER d’avoir rappelé qu’il ne s’agit pas uniquement
d’un problème matériel. Il existe un marché potentiel extraordinaire pour l’industrie française.
Comme le disait Jean de la BRUYERE, il faut beaucoup de dons du ciel pour régner. Je ne me
prends pas pour un dictateur, mais j’essaie de vous défendre et de vous respecter. Il n’est pas toujours
évident de bien vous servir.
Les auditeurs méritent un débat plus avancé que celui que nous menons depuis quatre ans.
Enfin, je pense que les pouvoirs politiques doivent prendre leurs responsabilités et nous
donner une réponse. Ils doivent considérer toutes les contradictions que nous voyons. Les rapports
dont celui de David KESSLER et celui d’Emmanuel HAMELIN ont apporté des éléments.
Aujourd’hui, nous devons faire le tri.
Vous savez que je ne ferai pas la radio numérique contre vous mais avec vous. Il est difficile
de se mettre d’accord. Toutefois, il reste un espoir. Je rappelle qu’en France, 30% de la population
française reçoit dix stations de radio.
Nous devons maîtriser son développement au-delà des intérêts des uns et des autres qui sont
tous recevables. En effet, ma plus grande crainte est que ce mode de transmission, réseau social
gratuit, devienne payant dans quelques années. Ce sera le cas quelle que soit la réponse à la
problématique économique. Je crains que certains d’entre vous ne puissent pas payer.
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Emmanuel HAMELIN, Conseiller municipal de Lyon, Fondateur et Coprésident du Club
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Merci à Messieurs ARHAB et KESSLER ainsi qu’à tous les participants d’être intervenus sur
ce sujet qui suscite le débat. Franck RIESTER et moi-même souhaitons l’entretenir.
J’espère que vos idées et vos réflexions alimenteront, si besoin, les conclusions du rapport de
David KESSLER. Néanmoins, je suis convaincu qu’il avait déjà une vision concrète de la situation.
Je remercie Rachid ARHAB d’avoir précisé un certain nombre de choses. Nous avions besoin
de prendre un peu de hauteur.
J’espère que nous n’attendrons pas un an avant d’aborder le sujet de la RNT ou de la radio IP.
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Liste des présents
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Club parlementaire
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LE CLUB
Après avoir organisé, le 15 avril 2004, un important colloque sur le lancement de la Télévision
numérique terrestre, qui a permis de confronter les positions contribuant à faciliter le processus,
Emmanuel HAMELIN, alors député de Lyon et président du Groupe d’études sur la TNT à
l’Assemblée nationale, a souhaité en prolongement et dans le même esprit créer un lieu d’échanges qui
permette de faire un état des lieux permanent avec l’ensemble des acteurs concernés, en constituant un
Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias.
En cette période de pleine mutation dans les médias et en particulier la télévision et l’audiovisuel à
l’heure du numérique, le Club a depuis réuni régulièrement les acteurs majeurs du secteur autour des
sujets d’actualité, pour des échanges libres et riches en informations pour les parlementaires,
l’Administration et les professionnels.
En 2007 Frédéric LEFEBVRE, député des Hauts-de-Seine, est venu rejoindre le Club comme
coprésident et en septembre 2009 ayant quitté l’Assemblée il devient président d’honneur du Club,
avec l’arrivée de Franck RIESTER, député-maire de Coulommiers, spécialiste de ces questions à
l’Assemblée, renforçant ainsi la dynamique de cette plate-forme reconnue pour favoriser les échanges
mais aussi participer à l’aide à la décision.
Le cabinet staut&associés, cofondateur du Club avec Emmanuel Hamelin, a depuis l’origine reçu
délégation pour assurer l’organisation et la gestion du CPAA.
18 octobre 2004 : Dîner-débat du Club avec Dominique BAUDIS, président du Conseil supérieur
de l’audiovisuel, sur le thème « Télévision numérique terrestre, haute définition, et télévision sur
mobile. État des lieux et perspectives »
1er février 2005 : Débat du Club avec Michel BARNIER, ministre des Affaires étrangères,
Dominique BAUDIS, président du CSA, Patrick LE LAY, président de TFI, Marc TESSIER,
président de France Télévisions et Alain SEBAN, directeur des Médias, sur le thème « L’évolution de
notre audiovisuel extérieur : la chaîne d’information internationale et les chaînes
extracommunautaires »
22 mars 2005 : Dîner-débat du Club avec Marie-Laure DENIS et Philippe LEVRIER, membres du
Conseil supérieur de l’audiovisuel, ainsi que Patrick RAUDE, directeur de la DDM et les principaux
acteurs de la radio, sur le thème « Comment optimiser l’offre radio »
3 mai 2005 : Dîner-débat du Club avec Patrick DEVEDJIAN, ministre délégué à l’Industrie, sur le
thème « Télévision et mobilité »
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Etat des lieux du paysage radiophonique
15 février 2011
20 octobre 2005 : Colloque sous l’égide du Groupe d’études TNT présidé par Emmanuel
HAMELIN - « TV mobile : quelle offre, quels usages, quel marché ? »
6 décembre 2005 : « Couverture TNT à 100 % : quand et comment ? » avec Christian ESTROSI
28 mars 2006 : « Redevance publicité abonnement : quels nouveaux équilibres pour le financement
de la télévision numérique ? » avec Jean-François COPÉ, ministre délégué au Budget et à la Réforme
de l’État, porte-parole du Gouvernement
20 juin 2006 : « Les attentes pour une chaîne française d’information internationale » en présence
d’Alain de POUZILHAC, président du directoire de la CFII et Ulysse GOSSET et Jean-Yves
BONSERGENT, directeurs généraux
16 avril 2008 : « 3 ans de TNT, bilan et prospectives » en présence d’Eric BESSON, secrétaire
d’Etat chargé de la Prospective, de l’Evaluation des politiques publiques et du Développement de
l’économie numérique, auprès du Premier ministre et Michel BOYON, président du CSA
9 juillet 2008 : Dîner-débat du Club avec Jean-François COPÉ, Président de la Commission pour la
nouvelle télévision publique
4 mars 2009 : « Diffuser et protéger la création sur Internet », Christine ALBANEL, Ministre de la
Culture et de la Communication
7 avril 2009 : «Passage au tout numérique, perspectives et nouveaux usages (TMP, TNT, Radio
Numérique) Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, Secrétaire d'État à la prospective et au
développement de l'économie numérique, auprès du Premier Ministre
19 octobre 2010 Petit-déjeuner « Le financement des médias dans le projet de loi de finances
2011 »
15 février 2011 dîner-débat « Etat des lieux des enjeux du paysage radiophonique »
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Etat des lieux du paysage radiophonique
15 février 2011
Les membres CPAA 2010-2011
Parlementaires :
Députés
* déjà membres dans la précédente législature
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Etat des lieux du paysage radiophonique
15 février 2011
Dino CINIERI* Muriel MARLAND-MILITELLO
Député de la Loire Député des Alpes-Maritimes
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Club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médias
Etat des lieux du paysage radiophonique
15 février 2011
Jean-Pierre GRAND Georges TRON*
Député de l’Hérault Député de l’Essonne
Sénateurs
Pierre HERISSON
Sénateur de Haute Savoie
* déjà membres dans la précédente législature
Entreprises :
AB groupe LCP AN
ACCèS Mediametrie
Alcatel-Lucent Microsoft
APC SFR
APFP Simavelec
Astra Skyrock
Bolloré TDF
Eutelsat Technicolor
Forum TV Mobile TV Numeric
France Telecom Vivendi
France Télévisions WarnerBros France
Google Yacast
Kurt Salmon
Lagardère Active
Contact :
STAUT & ASSOCIES
33, rue de Tocqueville – 75017 Paris
Tél. : 01 43 80 62 26 - Fax : 01 43 80 35 54 - mail : cpaa@stautassocies.fr
http://cpaa.unblog.fr/
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Etat des lieux du paysage radiophonique
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