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MESURE DE LA TRANSPARENCE BANCAIRE PAR

LA METHODE DE SCORING

Ismaïl BEN DOUISSA


ibendouissa@hotmail.com

Laboratoire de recherche en gestion (Panthéon Assas) LARGEPA


UNIVERSITE DE PANTHEON ASSAS - PARIS II

Première version : Décembre 2005


Cette version : Mai 2006

Résumé

L’évolution du cadre règlementaire bancaire s’est manifestée par l’instauration de


standards minimaux (accords de Bâle II). Ces accords sont structurés en trois piliers dont le
troisième formalise la discipline de marché. En effet, par une amélioration de la transparence,
les banques seront soumises à la discipline de marché dans leur gestion des risques. Par
conséquent, nous proposons une mesure de la transparence d’une banque qui serait utile tant
pour les investisseurs que pour les autorités nationales ou internationales. Cette mesure
consiste à ranger les banques d’un même pays par rapport à leur transparence.

Mots clés: Bâle II, Stabilité, Transparence, Information.

Abstract

The evolution of the banking statutory framework showed itself by the institution of
minimal standards (agreements of Basel II). These agreements are structured in three pillars;
the third one formalizes the discipline of market. Indeed, by an improvement of the
transparency, banks will be subjected to the discipline of market in their risk management.
Consequently, we propose a measure of the transparency of a bank which would be useful
both for the investors and for the national or international authorities. This measure consists in
scoring the banks of the same country with regard to their transparency.

Keywords : Basel II, Stability, Transparency, Information.

J.E.L Codes : G14, G21, G28, G29.

1
INTRODUCTION

Durant le dernier quart du siècle précédent, le cadre réglementaire bancaire a subi des
changements structurels. En effet, la faillite de la banque privée allemande Herstatt en 1974 a
été à l’origine de cette évolution. Cette banque a fait perdre de l’argent à des milliers de
déposants suite à des spéculations sur devises. Suite à la crise, les pays du G10+1 ont créé le
comité de Bâle en 1974 afin d’améliorer la stabilité du système bancaire. Son rôle est
d’émettre des recommandations orientées sur les pratiques de références bancaires et de
proposer des standards minimaux.

Jusqu’à présent, les accords de Bâle I de 1988 constituent la réalisation la plus


importante du comité de Bâle. Ils représentent une étape majeure pour le système bancaire
international, en introduisant pour la première fois une règle commune pour le calcul des
fonds propres minimaux d'une banque. Ce calcul plutôt rudimentaire fixe des taux de fonds
propres minimaux, en fonction de classes d'actif relativement simples à établir (p.ex.
hypothèques résidentielles, avances aux banques, corporations de droit public, entreprises,
immeubles, participations). Le rating ou classes de risque échappe à ce calcul.

Avec le développement des techniques de la gestion bancaire, les limites de Bâle I sont
devenues de plus en plus apparentes. En effet, cet accord ne prenait pas en compte la qualité
du portefeuille de crédits, le niveau de risque opérationnel ainsi que la qualité de la gestion
des risques d'une banque.

Ces observations ont amené le Comité de Bâle à entamer le chantier des accords de Bâle
II en 1999. Après 5 ans de travaux, 3 versions mises en consultation auprès de la communauté
bancaire internationale ainsi que plusieurs études d'impact, les membres du Comité de Bâle
ont approuvé les accords de Bâle II en juin 2004.

Les accords sont structurés en trois piliers, dont les objectifs sont résumés comme suit :

 le premier se focalise sur la détermination des fonds propres exigibles,

 le deuxième pose les principes en matière de surveillance de la gestion des fonds


propres,

1
Etats-Unis, Canada, Japon, Angleterre, Pays-bas, Allemagne, France, Belgique, Luxembourg, Italie, Suisse,
Norvège et Suède.

2
 le troisième définit des exigences en matière de publication (discipline de marché).

L’accord de Bâle révisé vise à offrir des motivations aux banques pour « gérer leurs risques
plus prudemment ».

Notre projet propose de s’intéresser au troisième pilier qui a pour objet d’assurer la
communication des informations démontrant l’adéquation des fonds propres : composition
des fonds propres, qualité des actifs, processus et méthodes de gestion des risques, historique
des variables-clés. Le but escompté des mesures de ce pilier est de garantir une transparence
relativement satisfaisante de la part des banques de telle sorte qu’elles soient soumises à la
discipline de marché. Par conséquent, elles ajusteraient leurs niveaux de risque en fonction de
leurs capitaux règlementaires craignant des sanctions parfois lourdes de la part du marché.

La transparence se définit comme étant « la disponibilité générale d’une information


pertinente et fiable sur la performance périodique, la position financière, les opportunités
d’investissement, valeur et risque des firmes cotées »2.

Dans ce sens, nous essayerons de développer une mesure de la transparence bancaire.


Ceci représente un défi de taille pour les deux raisons suivantes :

- La difficulté classique de mesurer la transparence due à la complexité de cerner toutes


ses composantes.

- La spécificité des informations divulguées par les banques du fait que la mesure à
proposer soit différente de celle applicable à une entreprise en général. De plus, peu de
travaux ont abordé le sujet de la transparence bancaire, ce qui nous rend la tâche plus
difficile.

Dans un premier temps, nous analyserons les travaux antérieurs qui se sont focalisés sur
la transparence de l’entreprise en général et particulièrement la firme bancaire. Par la suite,
nous proposerons une mesure de la transparence bancaire qui s’appuie sur la méthode du
« Scoring ».

2
Bushman et Smith (2003)

3
I – ANALYSE GLOBALE DE LA TRANSPARENCE DE LA FIRME

Une littérature abondante a traité les problématiques précitées mais notons que la
plupart des travaux se sont intéressés à la firme de manière générale. En effet, La Porta et al.
(1998) ont introduit l’indice CIFAR (Center for International Financial Analysis Research) en
tant qu’élément explicatif de la transparence des entreprises à travers les pays étudiés. Cet
indice a été créé en examinant et en évaluant 1990 rapports annuels des sociétés sur leur
introduction ou omission de 90 éléments. Ces éléments entrent dans 7 catégories
(informations générales, états des résultats, bilans, tableau de financement, normes de
comptabilité, données courantes et éléments spéciaux). Trois firmes au minimum dans chaque
pays ont été étudiées. Les firmes constituent un échantillon des divers groupes d'industrie où
les compagnies industrielles représentent 70 % tandis que les compagnies financières
représentent les 30 % restants.

Par ailleurs, selon Bushman et al. (2004), les mesures de la transparence résultent de la
complémentarité entre les trois composantes suivantes :

- Mesures de la qualité de l’annonce d’une firme traduite par la richesse, l’opportunité


et la crédibilité (qualité de l’audit) des divulgations des firmes cotées ;
- Mesures de l’intensité de l’acquisition de l’information privée ;
- Mesures de la qualité de la dispersion de l’information via les médias privées et
publiques.

En effet, la littérature financière et comptable existante est riche concernant la


confirmation théorique et empirique du fait que l’accroissement du degré de la
communication financière mène à un niveau plus faible d'asymétries de l'information et donc
à un coût de capital inférieur. Amihud et Mendelson (1986) affirment que le coût de capital
est plus élevé pour les titres ayant un spread Bid-Ask plus large puisque les investisseurs
exigent la compensation pour des coûts de transaction plus élevés. En révélant plus
d’informations, les entreprises peuvent réduire le composant de la sélection adverse du spread
« Bid-ask », d’où la réduction du coût des fonds propres. Selon ces auteurs, un spread Bid-
Ask faible est un indicateur d’une bonne communication financière de la part de la firme
(quantitativement et qualitativement).

Malgré l’existence d’une littérature abondante sur la transparence des entreprises, nous
pouvons d’ores et déjà souligner que les travaux qui s’intéressent à la banque se font rares. En

4
effet, les éléments à divulguer par une banque sont spécifiques (dépôts, prêts, etc.). Nous
présenterons dans ce qui suit les travaux phares sur ce sujet.

Baumann et Nier (2003) ont présenté trois indices de révélation d’informations pour les
banques : le premier indique qu’une banque cotée sur le NYSE, le NASDAQ ou sur le AMEX
doit s’aligner aux règles contraignantes de révélation d’informations imposées par ces
marchés, d’où la garantie (selon les auteurs) de sa transparence. Par conséquent, les déposants
exigeront un rendement relativement inférieur qu’au cas où la banque est cotée hors de ces
marchés. Leuz et Verrecchia (2000) ont montré que les firmes Allemandes qui ont adopté
volontairement le US GAAP (Generally Accepted Accounting Principles aux Etats-Unis) à
leur activité, ont enregistré des niveaux faibles d’asymétries d’information ainsi qu’une
liquidité élevée de leurs titres contrairement aux firmes qui ont adopté le régime Allemand. La
construction de l’indice est binaire ; il prend la valeur 1 si la banque est cotée sur l’un des
marchés cités ci-dessus et 0 sinon.

Le second est basé sur le rating de la banque. En effet, les investisseurs devraient avoir
plus d'informations sur une banque si elle est évaluée par une agence de rating reconnue
internationalement (Standard and Poor’s, Moody’s ou Fitch). Les agences de rating agissent
en tant que des intermédiaires dans le procédé de révélation d’information. Elles accèdent à
l'information qui n'est pas publiquement à la disposition des investisseurs et l’introduisent
dans l'estimation de la note attribuée à la banque. En effet, Kliger et Sarig (2000) suggèrent
que c’est la raison même pour laquelle les sociétés payent habituellement l'estimation. Elle
permet à des sociétés d'incorporer une information interne aux estimations assignées sans
révéler les détails spécifiques au public. L’indice se présente sous forme de variable
indicatrice qui prend la valeur 1 si la banque est évaluée par une agence de rating reconnue
internationalement et 0 sinon.

Une troisième mesure de révélation a été construite à partir de l'information du bilan.


Cet indice fournit des informations sur 17 catégories de révélation dans les comptes publiés
par la banque comme représentés dans la base de données BankScope. Toutes les catégories
sont liées à une ou plusieurs dimensions du profil de risque de la banque (risque de taux
d'intérêt, risque de degré de solvabilité, risque de liquidité et risque de marché). Chaque
catégorie est représentée par un sous indice qui mesure le niveau du détail d’informations
comptables que les banques fournissent dans leurs rapports annuels publiés3.

3
La méthode de calcul de l’indice de révélation est détaillée dans les annexes.

5
Les deux premiers indices sont des mesures indirectes de la quantité d’information
disponible aux investisseurs. Quand une banque est cotée aux Etats-unis, ceci peut avoir des
implications au delà d'améliorer la quantité de révélation fournie au marché. Une difficulté
similaire peut s'appliquer au deuxième indice lié au rating de la banque. L'avantage du
troisième indice est qu’il est une mesure directe de la quantité de révélation fournie au
marché. Cependant, il ne prend pas en compte la totalité des dimensions de l’information
(richesse, périodicité, opportunité et accessibilité).

Par ailleurs, Caprio G. (1998) a étudié les facteurs de crises financières dans les pays
Asiatiques et ceux d’Amérique Latine. Il a distingué tout d’abord les différents types de crises
(crises de change, crises du système bancaire). Son travail s’intéresse aux crises du système
bancaire malgré que les crises monétaires (de change) induisent dans plusieurs cas à une crise
financière (insolvabilité du système bancaire). L’auteur affirme que les facteurs macro et
micro-économiques ne suffisent pas pour expliquer les crises financières survenues au cours
des deux dernières décennies du siècle précédent. En effet, les facteurs importants des crises
avancés par Caprio sont : le capital, la classification des crédits, degré d’implication des
actionnaires étrangers, la liquidité, l’environnement opérationnel et la transparence.

La variable transparence est considérée par l’auteur comme étant la plus difficile à
calibrer. Les banques de l’échantillon utilisé par Caprio sont rangées sur la base des critères
suivants :

- Est-ce que le rating de la banque est exigé par les autorités financières du pays ?
- Le nombre de banques parmi les dix plus importantes du pays qui sont notées par des
agences internationales de rating.
- L’indice de corruption du pays.

Le premier critère est formulé par une réponse : oui ou non. L’importance de ce critère
réside dans le fait qu’un pays qui exige de ses banques qu’elles soient notées inspire une
volonté de transparence. Les banques en question sont amenées à divulguer le maximum
d’information puisque son rating est le miroir de sa santé financière.

Le second critère se traduit par un nombre allant de 0 à 10. En effet, s’il se chiffre à 5,
ceci veut dire que 5 cinq banques parmi les dix les plus importantes du pays concerné sont
notées par des agences internationales. De même, ce critère indique le degré de
reconnaissance internationale des banques du pays en question.

6
L’indice de corruption4 a été introduit par Laporta et al. dans leur article « Law and
Finance » publié dans Journal of Political Economy en 1998. Cet article a utilisé l’indice de
corruption de chaque pays étudié pour expliquer en partie la transparence de ses entreprises.
L’avantage principal de cette introduction est de rendre les indices de transparence des pays
étudiés comparables entre eux. Ses résultats ont été repris par Caprio pour expliquer la
transparence des pays Asiatiques et d’Amérique Latine. Cet indice a été introduit pour la
raison suivante : plus l’indice de corruption d’un pays est faible, plus l’information révélée
sera fiable. D’où l’indice de corruption joue le rôle d’indicateur clé de la crédibilité des
banques.

Par la suite, les pays étudiés sont rangés selon chaque critère. En effet, les nombres les
plus faibles indiquent les rangs les plus élevés. La somme des rangs des trois critères
représentera le score total de transparence d’un pays donné. Donc, le pays qui aura le score
total le plus faible sera le pays le plus transparent relativement aux autres pays étudiés.

Une fois les pays sont rangés selon le critère de transparence, Les scores totaux de
transparence constitueront les observations d’une des variables explicatives des crises
financières (la transparence). Les autres variables sont calibrées en utilisant la même
procédure.

II- COMMENT PEUT-ON MESURER LA TRANSPARENCE BANCAIRE ?

Nous tenons à rappeler que l’objectif principal du troisième pilier des accords de Bâle II
est d’accroître la transparence de la banque pour que la discipline de marché puisse
fonctionner convenablement et par conséquent, puisse assurer la stabilité du système bancaire.

A fin de mettre notre travail dans son cadre, nous essayons de développer une mesure de
la transparence de la banque dans un pays donné. Cette mesure serait utile tant pour les
investisseurs que pour les autorités nationales ou internationales. En effet, les investisseurs ou
les autorités peuvent comparer le niveau de transparence de deux banques du même pays. De
plus, il est possible de détecter les banques retardataires dans ce domaine. De ce fait, chaque
banque serait incitée à améliorer les éléments explicatifs de la transparence pour améliorer
son rang5.

4
Cet indice est publié chaque année par « Transparency International ». Il est calculé pour la majorité des pays à
travers le monde.
5
La méthode de calcul étant le Scoring : elle sera explicitée ci-dessous.

7
II-1 LES VARIABLES

Nous remarquons que les travaux antérieurs sur le sujet mesurent, par souci de
simplification, le degré de transparence par le volume d’informations révélées. Or la mesure
adéquate selon Nelson (2001) renvoie aux quatre dimensions suivantes6 :

- La richesse de l’information : elle doit être complète sauf pour quelques catégories
d’informations qui sont désignées non révélées (problèmes internes du personnel,
négociations confidentielles avec le secteur privé, etc.) ;
- L’accessibilité de l’information : elle varie selon la nature des supports de publication
(sites Internet, magazines spécialisées, etc.), les langues employées dans les
documents, les frais de consultation des documents, etc. ;
- L’opportunité de l’information : elle est opportune si le timing de sa révélation permet
aux investisseurs « outsiders » de réagir à l’annonce faite par la firme (exp. Révéler
les détails d’un projet avant le vote au conseil d’administration) ;
- Le droit de recours des investisseurs : La possibilité aux investisseurs d’influencer le
processus de décision de la banque.

De même, Baumann et Nier (2003) reconnaissent que leur mesure de la révélation


pourrait être améliorée en intégrant la périodicité et l’opportunité de l’information
communiquée.

Nous envisageons de construire une mesure multi dimensionnelle de la transparence


telle que sa première dimension (richesse de l’information) se résume par l’indice de
révélation DISCL édité par Baumann et Nier (2003). Nous retiendrons parmi les autres
dimensions ; la périodicité, l’opportunité et l’accessibilité. En effet, étant donné la complexité
de mesurer le droit de recours du public, la mesure de la transparence que nous proposerons
ne tiendrait pas compte de cette dimension.

Les dimensions périodicité et opportunité vont être groupées dans une seule variable
que nous allons l’appeler FREQ. Il s’agit de la fréquence des rapports intérimaires. En effet,
nous pensons que l’opportunité et la périodicité de l’information sont corrélées positivement.
Concrètement, une bonne opportunité de l’information est acquise par une périodicité élevée,
d’où une fréquence importante de publication7. Quant à l’accessibilité de l’information, elle

6
Nelson (2001)
7
Cette hypothèse devrait être testée empiriquement.

8
ne concernera que l’information privée puisque nous supposons que l’information publique
(rapports annuels) est accessible à 100%. En effet, nous pensons que, pour mesurer
l’accessibilité, nous sommes amenés à étudier la source ainsi que le support de
communication de l’information privée.

Quant à la source de l’information privée, elle est constituée essentiellement des


analystes financiers ainsi que des agences internationales de notation du risque (Standard &
Poor’s, Moody’s). En effet, les analystes financiers ont accès à l’information privée des
banques via les « Briefings » de presse. Par ailleurs, les agences de Rating reconnues
internationalement possèdent l’information privée sur les entreprises qu’elles notent ; les
firmes sont incitées à s’adresser à ces agences pour être notées dans le but de pouvoir accéder
aux marchés financiers internationaux. Par conséquent, nous considérons deux indicatifs de la
source d’information privée comme suit :

- ANALYST : le nombre d’analystes financiers qui s’intéressent régulièrement à la


banque étudiée.
- RATE : L’indice se présente sous forme de variable indicatrice qui prend la valeur 1
si la banque est évaluée par une agence de rating reconnue internationalement et 0
sinon.

Par ailleurs, les supports de communication de l’information privée représentent les


médias. Selon Bushman et al. (2004), la dissémination de l’information qui représente la
troisième composante de la transparence est mesurée par la pénétration des médias dans
l’économie. La variable MEDIA représente le rang moyen des pays en fonction du nombre
par tête des journaux et télévisions de 1993 à 1995. En effet, l’intérêt de cette composante
réside dans le fait que le défaut d’infrastructure de communication bien développée peut
entraver le flux d’information divulgué par les firmes et par conséquent, peut limiter la
disponibilité de l’information aux agents économiques (Bushman et Smith, 2001). En
revanche, nous tenons à rappeler que ces auteurs ont étudié les facteurs de la transparence des
pays alors que notre cadre d’étude est la transparence des banques dans un pays donné. Par
conséquent, nous exclurons la variable MEDIA du fait de la complexité de comparer entre
une banque i et une banque j quant à la pénétration des médias.

De plus, nous introduirons la variable AUDIT qui est une mesure de la crédibilité des
divulgations financières. En effet, nous distinguerons les banques auditées par les cabinets
d’expertise faisant partie des plus prestigieux au monde (les cabinets du « Big Five »), des

9
banques auditées par d’autres cabinets. L’introduction de la variable AUDIT renvoie, à notre
sens, aux deux constats suivant :

- L’importance de l’audit en tant garant de la crédibilité des publications faites par la


banque ;
- Nous considérons que la banque auditée par un cabinet d’expertise du « Big Five »
serait plus transparente relativement à une banque qui ne l’est pas.

Notre proposition constituerait en effet une mesure plus fiable de la transparence


bancaire que celle donnée par l’indice de révélation (« Disclosure index ») avancé par
Baumann et Nier (2003). La construction de la mesure de transparence sera détaillée dans ce
qui suit.

II-2 LE MODELE : LA METHODE DE SCORING

La transparence est un concept difficile à mesurer pour différentes raisons :

Premièrement, il existe différents canaux de diffusion de l’information. En effet, les


firmes peuvent révéler les informations dans ses comptes annuels publiés, mais aussi elles
peuvent communiquer de l’information aux analystes financiers via les briefings de presse
appropriés. D’où, selon leurs positions d’inscription à la cote officielle, les firmes peuvent
être amenées à émettre des « profit warnings » dans le cas où il existe des indications sur le
fait que la firme n’atteindra pas ses objectifs escomptés en terme de bénéfice. Ce type de
signal sert à préparer les investisseurs à un éventuel décalage entre les résultats espérés et
ceux réalisés, à fin d’éviter une éventuelle sanction lourde de la part du marché. Cette
sanction est matérialisée par une chute du cours de l’action. Une tierce partie est en mesure de
révéler des informations, ce sont les agences de rating qui ont accès aux informations
indisponibles au public large. Dans le contexte des banques, l’information peut être fournie
par les superviseurs (banques centrales).

Deuxièmement, il existe plusieurs dimensions du concept de transparence qui sont plus


ou moins difficile à mesurer. Nous pouvons distinguer La richesse (quantitative et
qualitative), l’opportunité (exp. briefings de presse), la périodicité (rapports trimestriels,
semestriels ou annuels) et l’accessibilité (supports de publication, frais de consultation des
documents…) de l’information communiquée.

Comme cité précédemment, nous pensons que l’indice de révélation avancé par
Baumann et Nier (2003) ne prend en compte que la première dimension de l’information

10
(richesse) ce qui est, selon nous, insuffisante pour mesurer la transparence. Par conséquent,
nous proposons de construire une mesure de transparence qui est défini comme suit :

Sc(TRANSi ) = Sc( DISCi ) + Sc( FREQi ) + Sc( ANALYSTi ) + Sc( RATEi ) + Sc( AUDIT )

avec : Sc(TRANSi ) : le score de transparence de la banque i,

Sc ( DISC i ) : le score de l’indice de révélation avancé par Baumann et Nier (2003)


(« Disclosure index ») de la banque i,

Sc( FREQi ) : le score de la fréquence de révélation de l’information par la banque i,

Sc( ANALYSTi ) : le score de l’intérêt des analystes financiers à la banque i,

Sc( RATEi ) : le score de Rating relatif à la banque i

Sc( AUDITi ) : le score de la qualité d‘audit de la banque par les cabinets d’expertise.

Commençons par Sc ( DISC i ) , ce score prend la valeur 1 si la banque i possède l’indice

de révélation le plus élevé dans l’échantillon. Par conséquent, Sc ( X i ) représente le rang de

la banque i concernant la variable X. De plus, Sc( FREQi ) prend la valeur 1 si la banque i


possède la fréquence la plus élevée de divulgation d’information parmi les banques de
l’échantillon. Par ailleurs, Sc( ANALYSTi ) prend la valeur 1 si la banque i révèle les

informations privées par le biais du nombre le plus élevé d’analystes financiers. Sc( RATEi )
prend la valeur 1 ou 2. Ceci veut dire que la banque notée par une agence de Rating reconnue
internationalement est de rang 1, sinon, elle sera de rang 2. Finalement, Sc( AUDITi ) prend la
valeur 1 ou 2. En effet, chaque banque de l’échantillon, auditée par un cabinet d’expertise du
Big Five, possèdera un score égal à 1. Sinon, nous attribuerons à la banque le rang 2. Et
puisque Sc(TRANSi ) est la somme des scores de toutes les dimensions (richesse (DISCi),
fréquence et opportunité, accessibilité de l’information privée et qualité d’audit), alors la
banque qui possède la somme des scores la plus faible sera considérée comme étant la banque
la plus transparente.

11
Le tableau suivant illustre la méthode de construction du score de transparence :

Score
Banque Sc(AUDIT) Sc(DISC) Sc(FREQ) Sc(ANALYST) Sc(RATE)
total

Banque 1 6 2 4 3 1 16
Banque 2 10 1 3 2 2 18
Banque 3
Banque 4

Cet exemple nous indique que, toutes dimensions confondues, la banque 1 possèdent
des rangs meilleurs relativement à la banque 2. D’où, le score de transparence de la banque 1
est plus faible que celui de la banque 2. Par conséquent, selon la méthode de Scoring, la
banque 1 est plus transparente que la banque 2.

CONCLUSION

L’objectif principal du troisième pilier des accords de Bâle II est d’accroître la


transparence de la banque pour que la discipline de marché puisse fonctionner
convenablement et par conséquent, puisse assurer la stabilité du système bancaire. En effet, la
mesure que nous proposons servirait de baromètre de la transparence bancaire pour les
autorités de régulation ainsi que les investisseurs. Néanmoins, notre essai manque
d’exhaustivité quant aux éléments qui forment la transparence.

La mesure de transparence ainsi proposée servira (dans des travaux ultérieurs) de


variable explicative dans une régression qui a pour fin d’estimer l’incidence du degré de
transparence de la banque sur la stabilité financière (après l’avoir normalisée entre 0 et 1).
Nous pourrons calibrer la stabilité financière de la banque par la volatilité du cours de son
action en bourse8.

Notre analyse restera toutefois préliminaire et elle doit être complétée par une étude
empirique. La vérification empirique nous permet de combler l’insuffisance et l’incohérence
potentielle de notre mesure.

8
Baumann et Nier (2004)

12
BIBLIOGRAPHIE

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adequacy reform agenda”, Journal of Banking & Finance, 26, pp 909-92.1
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International Settlements, January.
[3] Basel Committee on Banking Supervision (2003), “The New Basel Capital Accord”,
Consultative paper, Bank for International Settlements, April.
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Results of the 2001 disclosure survey”, Bank for International Settlements, May.
[5] Baumann, U ET Nier, E (2003), “Market Discipline, Disclosure and Moral Hazard in
Banking”, Bank of England Working Paper, forthcoming.
[6] Baumann, U ET Nier, E (2003), “Market discipline and financial stability: some
empirical evidence”, Bank of England, Financial Stability Review, June.
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September.
[8] Bushman, R. M., et Smith A. J. (2003), “Transparency, Financial Accounting
Information, and Corporate Governance.” Federal Reserve Bank of New York Economic
Policy Review 9, No. 1 (April): 65-87.
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Transparency?” Journal of Accounting Research, Vol. 12, No. 2, (Mai).
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[11] Cordella, T et Yeyati, E L (1998), “Public Disclosure and Bank Failures”, CEPR
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internationaux, Avril.
[14] Decamps J P, Rochet J C et Roger B (2004), “The three pillars of Basel II: optimizing
the mix”. Journal of Financial Intermediation, 13, pp 132-155.

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proximité, prêts bancaires et cautionnement », Banque des règlements internationaux, Juin.
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Finance, Vol. 55, No. 6, pages 2879–2902.
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Finance.” Journal of Political Economy 106, no. 6 (December). pp. 1114-55.
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Disclosure’, Journal of Accounting Research, Vol. 38, pp. 91–135.
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World Development, Vol. 29, No. 11, pp.1135-1847.
[22] Van Nguyen T (2003), « Bâle II : quelles conséquences économiques ? »,
Conjoncture, Direction des études économiques BNP PARIBAS, Décembre.

14
ANNEXE

Information Sous indices Catégories


Actifs
Prêts S1 : Prêts par maturité Inférieur à 3 mois, de 3 à 6 mois, de 6 mois à 1 an, d’1 an à 5 ans, et plus de 5 ans.
S2 : Prêts par type Prêts à des collectivités locales / gouvernement, crédits logement, leasing, autres prêts.
S3 : Prêts par contrepartie Prêts à des groupes de sociétés, à des compagnies, et à des banques.
S4 : Problèmes de prêts Total des problèmes de prêts.
S5 : Problèmes de prêts par type Echus / Restructurés / non exécutés.
Autres actifs rentables S6 : Titres détenus par type Analyse détaillée : Billets de trésorerie, Obligations, investissements en portefeuilles
Analyse commune : Bons de trésor, autres valeurs cotées, valeurs non cotées.
S7 : Titres par intention de détention Titres d’investissement, titres détenus dans le but de les revendre.

Passifs

Dépôts S8 : Dépôts par maturité Demande, Epargne : inférieure à 3 mois, de 3 à 6 mois, de 6 mois à 1 an, d’1 an à 5 ans, et plus de 5 ans.
S9 : Dépôts par type de client Dépôts bancaires, collectivités locales / gouvernement.
Autres financements S10 : Financement du marché monétaire Financement total du marché monétaire.
S11 : Financement de long terme Obligations convertibles, titres hypothécaires, autres obligations, dettes subordonnées, capital hybride.

Notes du bilan S12 : Réserves Réserves sur non remboursement d’emprunts par les clients.
S13 : Capital Ratio de capital
S14 : Passif contingent Total du passif contingent.
S15 : Eléments de hors bilan Eléments de hors bilan.

Compte d’exploitation S16 : Revenu d’exploitation Revenu net de commissions, revenu net de redevances, revenu net commercial.
S17 : Provisions pour dépréciation des prêts Provisions pour dépréciation des prêts accordés.

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