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V.

Laurent

Les préliminaires du concile de Florence : Les neuf articles du


pape Martin V et la réponse du patriarche Joseph II (octobre
1422)
In: Revue des études byzantines, tome 20, 1962. pp. 5-60.

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Laurent V. Les préliminaires du concile de Florence : Les neuf articles du pape Martin V et la réponse du patriarche Joseph II
(octobre 1422). In: Revue des études byzantines, tome 20, 1962. pp. 5-60.

doi : 10.3406/rebyz.1962.1280

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1962_num_20_1_1280
LES PRÉLIMINAIRES DU CONCILE DE FLORENCE

LES NEUF ARTICLES DU PAPE MARTIN V

ET LA RÉPONSE INÉDITE DU PATRIARCHE


DE CONSTANTINOPLE JOSEPH II

(Octobre 1422)

Le rapport, détaillé à souhait, que le nonce apostolique, Antoine de


Masa, rédigea le 14 novembre 1422 en présence de l'empereur de
Constantinople, Jean VIII Paléologue, et qu'il lut le 8 novembre 1423
au concile de Sienne, a semblé rendre suffisamment compte des tracta
tionsen vue de l'Union des Églises qui marquèrent le début du pontif
icat de Martin V (1417-1431). Cette apparence a sans doute arrêté
dans leurs recherches des savants qui, comme le P. G. Hofmann,
connaissant (1) l'existence du dossier dont nous allons faire état, ne
prirent pas la peine de l'examiner de plus près, alors qu'il eût oppor
tunément enrichi la collection des Orientalium documenta minora
touchant le concile de Ferrare-Florence. Les textes en question étant
conservés diversement en trois manuscrits, nous en étudierons d'abord
la tradition. Nous reconstituerons ensuite brièvement, en nous fon
dant essentiellement sur leur témoignage, la trame des événements
qui marquèrent la reprise des pourparlers entre Rome et Byzance en
vue de refaire l'unité religieuse, réalisée seulement en 1439. Un troi
sième paragraphe étudiera le contenu des pièces elles-mêmes qui
seront, pour finir, éditées et traduites en français.

I, La tradition manuscrite.

C'est à un excellent confrère, le P. Braun, alors curé de Saint-Louis


des Français à Moscou, que je dois d'avoir pu prendre une connais
sanceexacte du document qu'on lira ci-dessous. Celui-ci était bien

(1) G. Hofmann, Orientalium documenta minora (= Concilium Florentinum. Documents


et Scriptores, Series A, vol. VIII, 3). Roma 1953, p. 3, note à la ligne 8.
6 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

signalé dans le catalogue de Vladimir (2), mais en termes trop géné


raux pour que l'intérêt pût en être soupçonné. Ses dimensions, dans
le cod. Mosqu. 248 (CCCLII 363), fol. 31v-46v, ne l'en recommand
aient pas moins à l'attention. Les excellentes photographies qui m'en
furent procurées en 1940 comblèrent mon attente, car elles me fournis
saient un précieux appoint pour mon commentaire des Mémoires de
S. Syropoulos en un passage où ceux-ci sont précisément lacuneux (3).
Restait à savoir si les mêmes textes n'étaient pas transmis par quelque
autre témoin. Grâce au signalement précis de Mgr G. Mercati (4), il
ne me fut pas difficile de constater qu'ils se rencontraient aussi dans
le cod. Vatic. Ottob. gr. 339, fol. 130r-140v, quoique dans une présen
tation quelque peu différente. La copie du Barocc. gr. 216, fol. 322r-
327v, mutilée aux deux bouts, n'en est qu'une adaptation en langue
vulgaire, assez ancienne (xvie s. inc.), dont les particularités sont
notées ici en appendice.
L'examen des deux premiers codices, moscovite et Vatican, a en
effet révélé la présence d'un petit ensemble dont voici les éléments :
1. Les neuf Articles que le pape Martin V chargea le franciscain
Antoine de Masa de présenter à l'empereur et au patriarche de Cons
tantinople. Le texte latin, déjà édité, est consigné dans le rapport du
nonce (6). Ce qui devrait être la traduction grecque (7) se lit d'affilée
dans Vottobon. gr. 339, fol. 130r-134r (= O1); le mosqu. 248, qui
contient également ces articles, les fait alterner avec les réponses, à
l'exception du premier qui en est curieusement absent (8).
(2) Archim. Vladimir, Description systématique des manuscrits de la Bibliothèque Synodale
(patriarcale) de Moscou (en russe). Moscou 1894, p. 332. Ce volume se présente comme un
recueil polémique, copié sinon constitué au xvie siècle. La pièce maîtresse en est l'encyclique
de Marc d'Éphèse à tous les orthodoxes assortie de la réfutation du moine et protosyncelle
Grégoire, le futur patriarche.
(3) S. Syropoulos, éd. Creyghton, Vera historia unionis non verae, Hagae Comitis, 1660,
p. 7. Un feuillet entier a en effet été arraché, intentionnellement selon moi. L'enquête
menée à travers les quelque vingt manuscrits qui nous ont conservé les fameux Mémoires
n'a pas permis de le retrouver. Le récit interrompu reprend au milieu d'un exposé mettant
en scène Antoine de Masa dont il va être question.
(4) G. Mercati, Notizie di Procoro e Demetrio Cidone... ed altri appunti (= Studi e Testi,
56). Città del Vaticano 1931, p. 475, avec la note 2.
(5) E. Feron et F. Battag LiNi, Codices manuscripli graeci Ottoboniani Bibliolhecae
Vaticanae, Romae 1893, p. 178.
(6) II en existe une double édition, toutes deux jugées médiocres (cf. Mercati, Notizie,
p. 474), l'une par O. Raynaldi, dans Baronius-Raynaldi, Annales Ecclesiastici, ann.
1422, n. 14; l'autre dans Mansi, Amplissima conciliorum collectio, XXVIII, 1785, col. 1064
B-1068 D.
(7) C'est sous cette forme que l'ont présenté ceux qui en ont fait mention. En réalité,
comme la confrontation des textes et nos observations le montrent ci-dessous, l'on relève
entré nos documents des divergences notables. Un essai d'explication infra, p. 24-26.
(8) Voir ci-dessous la raison quasi certaine de cette omission, p. 10.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II /

.
Dans le premier cas nous avons l'état du document tel qu'il fut
remis aux empereurs lors de la première entrevue qu'ils lui accordèrent.
La copie vaticane porte en effet cette suscription :

Ottobon. gr. 339, f. 130r. Instrumentum Relationis

Έκλαμπρότατοι άφθέντες καΐ των Sanctissimus et beatissimus qui


'Ρωμαίων βασιλείς, ό άγιώτατος καΐ habet caeleste arbitrium, qui est
μακαριώτατος πατήρ ημών πάπας (9) dominus in terris, successor Pétri,
Μαρτϊνος πέμπτος, όστις εστί Θεός εν Christus Domini, Dominus Universi,
τ?ί τη, διάδοχος του αγίου Πέτρου καΐ regum pater, orbis Lumen, Summus
Χρίστος τοΰ Κυρίου, άκρος άρχιερεύς και Pontifex Martinus divina provi-
Κύριος της οικουμένης, εν τω λόγω τούτω dentia papa Quintus mandat mihi
ταΐς ύμετέραις βασιλικαϊς (10) γαληνό- Antonio Massano ordinis Minorum,
τησιν εννέα μεγάλων γνωμών συμπεράσ- oratori et SUO nuntio in partibus
ματα δηλοποιεΐ. Graeeiae, haec coram (mora éd.)
vobis Reverendo in Christo Patri
et domino domino Joseph Patriar-
chae dignissimo Constantinopoli-
tano et serenissimis principibus
Manueli et Joanni Romaeorum
imperatoribus Palaeologis novem
nuntiare maximas sententias (11).

Dans le second cas, les divers éléments en sont insérés dans un


véritable acte synodal dont ils forment, avec les réponses qui y sont
adjointes, le corps proprement dit entre le discours inaugural du
patriarche et la courte conclusion finale. L'ensemble (12) se présente
de la sorte comme un tout complet auquel ne manquent sans doute
que les signatures des évêques présents.
En dépit de la différence sensible des deux rédactions, le texte grec
des Articles est rigoureusement identique de part et d'autre, compte
tenu naturellement des accidents inévitables de la tradition. De la
sorte on peut être certain que le document remis au chef de l'Église
avait strictement même contenu que celui destiné au chef de l'État.
Il est probable dès lors que la traduction grecque en a été faite au préa-

(9) πάππας (sic) M.


(10) Om. 0.
-

(11) Éd. Mansi, loc. cit., col. 1064 D. Il est curieux de constater que le latin omet ici
le mot-clé conclusiones, donné ailleurs comme appellation spécifique des neuf parties du
message pontifical.
(12) Édition ci-dessous, p. 31 suiv.
ö REVUE DES ETUDES BYZANTINES

lable par les soins des religieux de Péra et qu'elle a été livrée, authent
iquée, en même temps que les bulles pontificales.
2. Les neuf Réponses du patriarche Joseph II aux questions du
pape Martin V. Elles sont transmises dans leur forme originale par
deux témoins, le cod. Vatic. Ottobon, gr. 339, fol. 134v-140v (= O2)
et le cod. Mosqu. 248, fol. 32v-42r (= M). En l'une et l'autre copie,
les répliques en question ('Απολογία, μάλλον δε άντίρρησος) se pré
sentent comme partie constitutive de l'acte synodal précité, mais,
tandis que O2 les donne en série continue comme un document à part,
les Articles auxquels elles répondent étant omis, M les distribue dans
un ordre systématique, chacune étant mise après l'énoncé pontifical
auquel elle se réfère. Cette divergence paraissant purement acci
dentelle (13), il va de soi que ces deux copies remontent au même
original conservé à la chancellerie patriarcale. Mais elles ne nous en
transmettent pas pour autant une image également fidèle.
M est en effet, quoique d'une écriture régulière clairement étalée,
d'une monstrueuse incorrection. L'itacisme y est si largement prati
quéque le scribe semble en avoir épuisé toutes les possibilités. L'appar
at critique n'en tiendra aucun compte. Je relève toutefois ici, pour
le pittoresque, les déformations les plus absurdes : 1. 3, εν της δεξιής
κατιχουμένης ; 1. 5, ούκοληγώ(ν); 1. 53, καθωλοικεΐν; Β', 1. 4, κηνδήνης ;
1. 116, καίτιτε. On y compte d'autres défectuosités mineures : muti
lations de mots par suppression de la syllabe finale (type I pour ίτι
(1. 27); α pour άτε (1. 71); ει pour είχε (1. 54), etc., ou d'une syllable
interne (type : ούμία pour ουδεμία (Γ', 1. 22), μεν pour μηδέν (1. 185),
etc. ; redoublements de labiales ou de dentales (types έ'ρρωτα (1. 47),
έκώλλυσαν (Ε', 1. 7); simplification par fusion d'éléments normalement
distincts : type ήμας κρα pour ή μακρά (ς', 1. 6), μακράντες pour μακράν τε
(1. 239), ύπεροΰν pour υπέρ ού (1. 198); répétitions de syllabes ou allo
ngements de mots par additions d'éléments étrangers : type : εν της
τοις (Β', 1. 2) ou επί ή σωπεδίου (1. 8-9); allitérations α>ε : λάγοι pour
λέγει (1. 116), εσταλλε pour έστειλε (1. 167); simples cacographies
dues à l'inattention ou à une mauvaise lecture : types : πραγμάτου
pour πράγματος (1. 73), τάχου pour τάχους (1. 63), σθέτησί,ν pour άθέτησιν
(1. 144).
Utiles pour supputer le degré d'attention du scribe de M, ces acci-

(13) Le scribe de O8 ayant déjà copié les conclusions pontificales sous l'adresse aux emper
eurs les aura délibérément omises en transcrivant l'acte synodal. Le copiste de M aura, lui,
eu le réflexe contraire après légère hésitation.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 9

dents de transcription importent peu ou prou à l'intelligence et à


l'établissement du texte. Ils seront pour cela même exclus presque
tous de l'apparat critique. Le seul avantage que le manuscrit de
Moscou offre sur celui du Vatican est de nous avoir conservé l'ensemb
le, à une lacune près (14), sous sa forme primitive. C'est en consé
quence lui que nous suivrons pour l'ordonnance des textes.
O2, l'autre copie concurrente, a en effet procédé par élimination.
Ayant d'abord transcrit, comme il est noté ci-dessus, le texte des
neuf articles proposés par le pape à l'attention des empereurs et
constatant que ce texte reproduisait à la lettre celui de l'acte patriarc
al, elle les a simplement supprimés en ne maintenant dans ce dernier
que les réponses faites par le patriarche. Le document ainsi tronqué,
transmis dans une écriture du xve siècle finissant, est d'une assez
grande correction, si l'on excepte quelques cacographies assez surpre
nantes chez un scribe au demeurant soigneux et fidèle, qui pèche sur
tout par inattention : v. g. άάπληροΐ pour άναπληροΐ (1. 204), δπος δπου
pour ό τόπος δπου (1. 170), Δαιμονοϊωάννης pour Εύδαιμ. (Γ', 1. 3),
του τοΰτο pour τοΰτο (1. 207).
M, copie nettement plus récente, puisqu'elle est du xvie siècle
avancé, peut-elle être considérée comme ayant eu O2 ou O1 + O2
pour modèle? Non absolument. En effet, 1° M reproduit les articles
du pape que O2 n'a pas. On ne voit pas pourquoi il les aurait empruntés
à O1, vu qu'il venait de les transcrire en reproduisant le petit mémoire
destiné aux empereurs (= O1 précisément); 2° O2 comporte de courtes
lacunes que M ne connaît pas : voir l'apparat aux lignes 38, 116, 207;
O2 a des graphies ou des arrangements que M devrait avoir et qu'il
n'offre pas : v. g. φρεμενούριος pour φραμενούριος M (1. 6), ένεθήκομεν
pour άνεθ. M (1. 143), μάλλον δε pour μάλλον μεν rectius M (1. 156),
περί pour ΰπερ Μ (1. 182), είρημένα pour πληρημένα Μ (1. 201), τω
τοιούτω τρόπω pour τούτω τω τρόπω Μ (1. 222).
Malgré les nombreuses divergences qui les séparent, nos copies
M et O2, défigurées en raison de l'inattention des scribes, ont quelques
points communs (v. g. même omission à la ligne 214, même texte
fautif 1. 19), signe qu'ils dérivent tous deux d'un même arché
type. C'est le texte de ce dernier que nous tentons de retrouver en
les combinant. O1 nous servira à amender ou à compléter sur de
légers points M pour le texte des neuf articles pontificaux que O2

(14) Pour l'omission de l'Article 1er avant la réponse patriarcale et la raison qui l'a
déterminée, voir ci-dessous, p. 10.
10 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

n'a pas retenus. Ce même texte devait précéder aussi, comme on l'a
déjà dit, en M, l'acte patriarcal. Malheureusement le scribe a eu le
même réflexe que celui de O2, mais il a réagi différemment. Après
avoir copié (fol. 31r et v) l'adresse aux empereurs (voir ci-dessus) et le
premier des neuf articles, il s'est aperçu que ceux-ci se retrouvaient
identiques dans l'acte patriarcal. Il a en conséquence interrompu sa
transcription du premier document et, passant à l'acte synodal, il y
a sauté le premier article qu'il venait de copier. De la sorte, il ne
fait pas de doute que celui-ci figurait dans le modèle reproduit à la
place où nous l'avons rétabli (infra, p. 33).
Cet examen laborieux nous révèle donc les deux états dans lesquels
les neuf articles du pape Martin V nous ont été transmis, le premier
les donnant à part comme ils furent présentés aux empereurs, le
second les incluant dans le procès-verbal d'une séance synodale au
cours de laquelle ils avaient été remis au patriarche. Le texte se
trouvant de part et d'autre absolument identique, nous avons émis
l'hypothèse que la version grecque de l'authentique latin (15) avait dû
être établie par l'ambassade, elle-même aidée par d'autres religieux,
franciscains ou dominicains, résidant à Péra. Dans quelles circons
tances et avec quel résultat? C'est ce que nous allons tenter d'éclaircir.

II. La politique orientale de Martin V et la nonciature d'Antoine de Masa.

Le pape Martin V donna un jour ce conseil aux ambassadeurs de


Manuel II Paléologue : Que par vos efforts le concile ait lieu ici à
bref délai, car je suis vieux et crains de mourir. Si vous veillez à ce que
le concile se tienne de mon vivant, V Union se fera heureusement. Moi
disparu, elle ne se fera pas commodément (16). Il y avait dans ce propos
comme un accent de gratitude. Le pontife devait en effet, dans une
certaine mesure, sa tiare aux Grecs qui, présents à Constance depuis
mars 1416 et non contents de s'impatienter de la durée du concile
alors en cours, se refusèrent obstinément d'ouvrir les pourparlers
tant que l'Église Romaine resterait elle-même divisée (17). Les Byzan-

(15) Nous observerons plus bas (p. 33) que le texte latin actuel inclus dans la Relation
d'Antoine de Masa n'est pas celui qui a dû servir au traducteur; voire, il a dû être retravaillé
dans la suite et se trouve de ce fait présenter avec le grec de graves divergences.
(16) Syropoulos, Mémoires II, 14; éd. Creyghton, p. 10.
(17) « Cum superiori tempore, devait déclarer, le 22 août 1432, aux Pères de Bâle, l'arch
evêque de Rhodes André Chrysobergès, nullus indubitatus Pontifex haberetur, neminem
Graecorum aliquis audivit qui de unione Ecclesiae contractaret ». Cf. E. Ce ce ο ni, Studi
storici sul concilio di Firenze, I, Firenze 1869, p. xxx.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 11

tins proclamaient d'autre part assez haut leur volonté d'union pour que
de puissants rois, comme Ferdinand d'Aragon (18), désertant la cause
d'un antipape (Pierre de Luna), adhérassent au concile dans l'espoir
que, la Chrétienté occidentale ayant retrouvé sa cohérence sous un
unique chef, on pût traiter avec Constantinople. Le rôle (19) joué
par le président de la mission grecque, Nicolas Eudaimonoïoannès,
pour la réconciliation de tout l'Occident sous une même obédience
et les propos qu'il tint en l'occasion contribuèrent à diffuser largement
l'espoir exagéré que l'Église d'Orient se soumettrait sans plus au
pape qui referait l'unité de l'Église latine. L'élection de Martin V,
le 11 novembre 1417, en fut certainement hâtée et l'on comprend que,
lors de son couronnement, le nouveau pontife ait fait un accueil
particulièrement chaleureux aux apocrisiaires de Manuel IL Promu
sous le signe de l'unité chrétienne, il devait jusqu'à sa fin en garder
la hantise.
Comme promis, la mission byzantine se manifesta sans tarder et
présenta au nouvel élu un programme en trente-six articles. S'il faut
en croire l'archevêque de Rhodes, André Chrysobergès qui, alors
simple religieux, servit d'interprète et traduisit les lettres impériales
et patriarcales, les demandes formulées furent jugées « des plus
honnêtes » (20). Quoique nombreuses et fort diverses, Martin V se
montra enclin à les satisfaire toutes.
Les assurances données par les apocrisiaires lors de ce premier
contact durent paraître déjà une promesse de soumission pure et
simple à l'Église Romaine. Une mesure fut en effet prise qui serait

(18) Ce monarque déclare expressément son intention en se ralliant au concile de Cons


tance : Non parum adducit ad eam unionem nos illud bonum... quod Graeci ... dominico
gregi, si eidem unum et indubitatum caput praeesset, aggregari proponunt. Texte dans
Raynaldi, Annales, an. 1416, n. 3; voir aussi Cecconi, Studi, p. 18.
(19) Ce rôle inattendu est souligné par Syropoulos, Mémoires, II, 5 (éd. Creyghton,
p. 4). Mais c'est surtout comme ambassadeur de l'empereur byzantin que son action aurait
pu être bénéfique, si une mort prématurée (f 1. xi-1423), ne l'avait emporté. Les négocia
tions auxquelles il fut mêlé et dont nous ne relatons ici que la trame sont exposées avec
détail et précision par R. Loenertz, Les dominicains byzantins, Théodore et André Chryso
bergès et les négociations pour l'Union des Églises Grecque et Latine, de 1415 à 1430, dans
Archivum Fratrum Praedicatorum, IX, 1939, p. 5-61 (cf. surtout p. 30 et suiv.). Voir aussi
J. Gill, The council of Florence, Cambridge 1959, p. 20-24, 30-35; voir encore Cecconi,
Studi, p. 7.
(20) Autres propos tenus par André de Rhodes aux Pères de Bâle le 22 août 1432 : ... pro
unionis negotio triginta et sex articulos patefecerunt. ... Unde cum honestissimae Gïaecorum
petitiones principibus nostrae religionis visae fuerant...! Ed. Cecconi, Studi, p. xxx, xxxi.
Le texte de ces 36 articles n'a pas été retrouvé. Sur l'archevêque de Rhodes, voir surtout
M.-H. Laurent, L'activité d'André Chrysobergès O. P. sous le pontificat de Martin V (1418,
sic-1431), <lans Échos d'Orient, XXXIV, 1935, p. 414-438; voir plus spécialement pour la
période qui nous intéresse ici Loenertz, Les dominicains byzantins, p. 5-11 et 49-61.
12 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

autrement surprenante, l'envoi à Constantinople, pour traiter l'affaire


de l'Union, du cardinal de Saint-Sixte, Giovanni Dominici (f le
10 juin 1419 en Bohême). Le Saint-Siège ne commettait d'ambassa
deurs d'un si haut rang que pour conclure une négociation déjà menée
à terme par le travail préalable des nonces ou des offres valables de
la partie intéressée. Dans le cas, les Grecs parurent à beaucoup vouloir
réintégrer sans autre forme de procès le giron de l'Église catholique.
Le bruit en courut l'Europe et pénétra jusqu'en Pologne (21). Certes
Eudaimonoïoannès et son collègue d'ambassade, Jean Bladyn-
téros (22), n'avaient reçu de leurs mandataires aucune instruction
précise. Mais ce qu'ils dirent, bientôt confirmé par les déclarations
du métropolite de Kiev Grégoire arrivé à Constance à la tête d'une
nombreuse délégation le 18 février 1418 (23), suffit à créer un climat
d'euphorie tel que Martin V répondit favorablement quant à l'objet
même de cette première ambassade. Les deux induits sollicités furent
accordés d'enthousiasme, dont l'un, en date du 6 avril 1418, donnait
aux fils de Manuel II l'autorisation d'épouser des princesses latines,
dont l'autre, assimilant la garde du mur de l'Hexamilion (24) à la
croisade, accordait les mêmes indulgences à ceux qui, soit de leur
personne, soit de leurs deniers, contribueraient à sa défense.

(21) A vrai dire l'impression que donnèrent les Grecs de vouloir consentir à l'Union sans
autre exigence se manifesta et se diffusa avant le pontificat de Martin V. Une lettre à l'Uni
versité de Cologne en mars 1416 et une dépêche au roi Alphonse d'Aragon du 17 novembre
(l'élection du pape est du 11) en font déjà état. Voir à ce sujet Loenertz, loc. cit., p. 23-25,
qui donne les textes. D'autre part les ambassades que Manuel II envoya à partir de 1415
auprès du roi Ladislas Jagellon la fit naître et l'amplifièrent à Varsovie même. Ibid., pp. 17-
22, 44 suiv.
(22) Notice ancienne dans le Diet, de Théol. Cath., II, col. 1157. Voir principalement à
propos du rôle qu'il joua dans les tractations en faveur de l'Union et que d'aucuns ont
arbitrairement attribué à Joseph Bryennios les observations de Mercati, Notizie, pp. 96,
n. 4, 476-479; voir aussi Loenertz, Les dominicains byzantins, p. 42 suiv.
(23) J'ai, pour ma part, l'impression que l'intervention de Grégoire Tzamblac et de sa
nombreuse suite de prêtres (non d'évêques) et de laïcs a fait autant, sinon plus, que l'action
des apocrisiaires byzantins pour accréditer la légende que l'Église grecque était disposée
à se soumettre au pape. En réalité, la position de ce curieux visiteur, tempérée par ses obliga
tionsenvers ses maîtres et seigneurs lithuano-polonais, ressemblait assez à celle du patriarche
de Constantinople. Prodigue en paroles et plein d'effusions alléchantes au point de donner
le change aux plus graves personnages, Grégoire faisait, lui aussi, du concile œcuménique
gréco-latin la condition nécessaire d'une entente. Au surplus, il ne prit avec les Pères de
Constance aucun engagement. Voir au sujet de son ambassade et de l'effet trompeur qu'elle
eut sur les contemporains Loenertz, Les dominicains byzantins, p. 35-47.
(24) Sur cette muraille, bâtie en avril-mai 1415 pour défendre et fermer l'isthme de
Corinthe, voir d'abord Sp. Lampros, Τα τείχη τοϋ Ίσθμοϋ της Κορίνθου, dans Νέος Έλλη-
νομνήμων II, 1905, ρ. 472-477. La source la plus détaillée sur sa construction se trouve
dans la fameuse satire contemporaine de Mazaris (éd. Ellisen, p. 177-179 et présentation
par R.-J. Loenertz, dans Silloge bizantina in onore di Silvio Giuseppe Mercati, Roma 1957,
p. 295). Une prophétie, qui abusa jusqu'aux meilleurs esprits, circula sur cet ouvrage
au sujet duquel consulter, en plus de G. Mercati, Isodoro il cardinale ruteno, Roma, 1926,
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 13

Fort de ce succès, Eudaimonoïoannès, revenu auprès de ses maîtres


aprèsla fin du concile, lança vigoureusement l'idée de l'Union des Églises
et en plaida avec quelque obstination la cause à la Cour, au Patriarcat
et dans son propre entourage (25). Les lettres qu'il avait apportées de
la Curie aux empereurs et à Joseph II exprimaient fortement l'attente
et la joie du pape devant les perspectives qui semblaient s'ouvrir.
Malgré son zèle, ce ne fut pas notre apocrisiaire, mais son compagnon
Bladyntéros (26), qui porta à Martin V, au printemps 1419, la réponse
byzantine. L'accent se trouva mis dans cette dernière sur la nécessité
d'un concile œcuménique pour débattre utilement une aussi grave
affaire. Rome, cette fois, quelque peu interloquée, se montra réticente,
et, dans sa réponse, passa sous silence cette exigence inattendue.
Martin V, instruit par l'exemple du concile de Constance, eût désiré
éviter qu'une assemblée générale se saisît de l'affaire. Son plan
était de confier l'examen de la question du schisme oriental à une
commission restreinte de six membres choisis par moitié dans les
deux parties. Mais les Byzantins, pour qui seul le concile œcuménique
pouvait arbitrer la foi, faisaient de sa tenue une condition inéluctable.
Pour mieux marquer leur volonté, ils renvoyèrent vers le pape l'heu
reux négociateur de Constance, Nicolas Eudaimonoïoannès.
Martin V, parti de Suisse le 16 mai 1418 pour Florence, séjournait
dans cette ville depuis le 26 février 1419 seulement. Ce fut là que Fapo-
criciaire, signalé à Venise le 2 avril 1419, le rejoignit et reprit les
pourparlers qui durent faire quelques progrès, car c'est encore lui
que l'on retrouve à Venise le 17 janvier 1420 (27) en route vers la
Curie à laquelle il se présenta bientôt en compagnie d'une personnalité
particulièrement bien vue du milieu romain, le dominicain Théodore
Chrysobergès (28), évêque d'Oléna (29) au Péloponnèse.

dans
p. 35,American
36 avec laTournai
note 2,of E.
Archeology,
W. Bodnar,
LXIV,
TheI960,
Isthmian
p. 165-171.
Fortifications
Sur le rôle
in oracular
effectif joué
Prophecy,
par la
muraille dans la défense de la Péninsule voir, D. Zakythinos, Le despotat de Morée, I, Paris
1932, pp. 196-198, 232-235.
(25) Syropoulos, Mémoires, II, 7; Creyghton, p. 5. Cf. Loenertz, loc. cit., p. 31, 32.
(26) Loenertz, loc. cit., p. 43, avec la note 17, selon laquelle Bladyntéros dut se trouver
à Florence dans les derniers jours de février 1419.
(27) Eudaimonoïoannès, chargé, en l'occasion, d'une mission politique auprès de Venise,
tentait de réconcilier celle-ci avec l'empereur Sigismond. Manuel Philanthropène vint
appuyer ses efforts et, sans doute, lui donner mandat de se rendre auprès de la Curie où on le
trouve au printemps 1420 en compagnie de Théodore Chrysobergès.
(28) Sur ce dominicain, vicaire général de la « Société des Frères voyageurs pour le Christ
parmi les infidèles », promu évêque d'Oléna (voir note suivante) dans le Péloponnèse le
10 avril 1418, consulter Loenertz, loc. cit., p. 17-23, 45-49, 61.
(29) Évêché suffragant de Patras dans la région montagneuse de TÉlide, le même, selon
toute vraisemblance, que Bolaina attesté par les anciennes Notitiae. Voir à ce sujet A. Bon,
14 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

L'affaire fut, cette fois, menée rondement et aboutit à une entente


aux termes de laquelle l'Église grecque se soumettrait sans examen ni
discussion au Souverain Pontife. En contrepartie, ce dernier acceptait
que l'acte d'union fût approuvé et sanctionné par une assemblée
œcuménique. L'accord réalisé après deux siècles de vaines tractations
remplit d'aise le pape et son entourage. A Constantinople par contre
on déchanta. Grâce à un compromis passé en 1416 avec le haut
clergé (30) chargé d'élire le patriarche Joseph II, l'empereur grec
avait l'Église d'Orient bien en main. Il pouvait et voulait la faire
servir à ses desseins politiques. Mais il n'entendait à l'époque rien
conclure de définitif avec les latins. Manuel II, dont Rome louait (31)
par convenance diplomatique le zèle en l'affaire, ne pensait nullement
lui subordonner son Église. Les tractations en cours, destinées essen
tiellement dans son esprit à servir d'épouvantail pour freiner l'avance
ottomane, devaient traîner sans aboutir jamais, car l'Union conclue
eût livré, pensait-il, son empire aux Latins sans le débarrasser des
turcs. Son fils et corégnant, Jean VIII, sera plus tard pressé par lui
de ne jamais s'engager envers l'Occident en matière religieuse, dût-il
tout promettre sous le coup de la nécessité (32). Seulement le jeune
héritier du trône manifestait pour l'union des Églises une ardeur,
héritée de son grand-père, qui tranchait (33) sur les réticences calcu
léesdu vieux monarque. Sphrantzès (34) note expressément que les
atermoiements de ce dernier étaient à charge au fils qui parut dès le
début décidé à jouer à fond la carte occidentale.
Pour confirmer les Grecs dans les dispositions qu'il avait tout lieu
de croire générales, Martin V décida de donner suite aux demandes
byzantines qui, agréées deux ans auparavant, étaient restées sans

Le Péloponnèse Byzantin jusqu'en 1204, Paris 1951, pp. 107-110 (passim), 137, 162. Voir
aussi D. Zakythinos, Le despotat de Morée, II, Athènes 1953, pp. 150 (avec la note 9),
270, 271. La graphie Olénos-Olénus ne se justifie pas pour le moyen âge, non plus que cette
autre : Olénè. Il faut écrire Olaina ou Oléna.
(30) Voir, dans cette revue même, XIII, 1955, p. 14-16, le texte de cet accord.
(31) Martin V écrivant aux fils de Manuel II dit de leur père qu'il est « ad hoc saluberri-
mum pacis opus vehementer afïectus »! Cf. G. Hofmann, Epistolae, I, p. 4 (n. 2).
(32) C'est Sphrantzès, éd. P. G., CLVI, col. 1046, D reproduit par le Ps. — Phrantzès
(éd. Bonn, p. 177-178), qui nous a transmis cette confidence. Je ne vois pas pourquoi (cf.
Gill, Council, p. 30) l'on révoquerait en doute la véracité de ce propos, pour singulier qu'on
le tienne.
(33) L'archevêque de Rhodes André devait le déclarer dans son fameux discours du
22 août 1432 : Nisi quod fllius (= Jean VIII), qui nuper imperio successit, ad unionis nego-
tium longe ardentior sit quam unquam fuerit pater. Cf. Cecconi, Studi, p. xxxi.
(34) Le conseil précité ne lui viendra pas moins en mémoire et il s'en servira à l'occasion.
Mais quand il lui fut donné, note l'historien qui fut le confident du père et du fils, Jean VIII
se leva en silence et sortit, marquant ainsi son désaccord. Cf. Sphrantzès, Ibid.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 15

effet. Une bulle du 12 juillet 1420 (35) publia les indulgences accordées
à ceux qui contribueraient à la défense de l'Hexamilion et, de façon
plus générale, à celle de l'empire grec; l'exeat fut donné aux princesses
latines, Sophie de Montferrat et Cléopa Malatesta (36), qu'Eudai-
monoïoannès convoya à Constantinople à son retour de mission.
Surtout, le 27 mars 1420, un nouveau légat, Pierre Fonseca, fut
nommé qui irait à Constantinople même présider au nom du pape
le grand concile d'Union.
C'est, ce semble, à Jean Bladyntéros, signalé à Florence en juin
1421 (37), qu'échut la délicate mission de faire connaître à la Curie
les vraies intentions des Grecs. On voulait sur le Bosphore un vrai
concile général, seul qualifié pour examiner le contentieux gréco-
latin, sans contrainte ni pression d'une partie sur l'autre, à la lumière
de l'enseignement des Pères. Les décisions devraient être entièrement
libres et prises à l'unanimité. Autre exigence particulièrement lourde :
les frais de ce concile seraient, vu la pauvreté de l'empire byzantin
auquel ils eussent dû normalement incomber, couverts entièrement
par la Chambre Apostolique (38).
Ces prétentions étonnèrent mais ne découragèrent pas Martin V
qui accepta gaillardement d'éprouver à ce prix excessif la bonne foi
des Grecs. Dans l'euphorie où le concile de Constance avait laissé
chacun, il apparut que l'unité, restaurée en Occident, le serait aussi
avec l'Orient. A une heure particulièrement grave où l'Islam repre
naitdurement l'offensive, la Providence semblait d'autre part appeler
la Chrétienté à former d'urgence un front commun qui, sans unité de
foi, eût manqué de cohésion. La Curie résolut donc de continuer les
tractations, non sans s'illusionner sur la valeur et la portée des assu
rances orales données par Eudaimonoïoannès et l'évêque d'Oléna.
Il ne pouvait cependant pas être question que le légat désigné
se rendît immédiatement sur le Bosphore. Des problèmes se posaient
dont la solution conditionnait son départ. Les plus pressants avaient

Cf. (35) Syropoulos, Mémoires, loc. cit., p. 4, 5.


(36) Sophie épousa solennellement Jean VIII à Sainte-Sophie le 19 janvier 1421; elle
devait le quitter subrepticement en août 1426. Cf. Gh. Diehl, Figures byzantines, II, Paris
1913, p. 273, 274. Gléopa, destinée au despote de Mistra Théodore II, ne fut pas plus heureuse
en ménage. Voir sur son cas particulier G. Hofmann, Kirchengeschichtliches zur Ehe des
Herrschers Theodor II Paleologos (1407-1443), dans (Estkirchliche Studien, IV, 1955, p. 189-
191 et Zakythinos, Le despotat, I, p. 189-191. Cf. en outre Gill, Council, p. 24.
(37) Cf. Mercati, Notizie, p. 478.
(38) Ces clauses des lettres perdues nous sont connues par Syropoulos, Mémoires, II,
9; éd. Creyghton, p. 7. Cf. Loenertz, op. cit., p. 48.
16 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

trait au concile que le haut prélat devait présider. Le lieu et la date de


la convocation, le nombre et la qualité des futurs Pères, les mesures
financières nécessaires à la réunion et à l'hébergement d'une nombreuse
assemblée, les garanties à prendre quant à l'issue heureuse de ces
assises solennelles, autant de problèmes dont le règlement favorable
devait précéder là venue de Pierre de Fonseca. Rome insistait particu
lièrement pour que le prochain concile fût vraiment représentatif de
toute l'Orthodoxie byzantine, en sorte que l'absence prévisible de
certaines fractions situées hors de l'empire ne puisse affecter la validité
des décisions communes. Le précédent de Lyon hantait les esprits. Les
Grecs soutenaient que Michel VIII Paléologue, en concluant l'Union
par voie diplomatique, n'avait abouti qu'à rendre la séparation plus
définitive et les différends plus profonds (39). Cette conviction avait
fait naître chez eux l'idée que seul un concile, ouvert à une très large
représentation, poserait à l'entente désirée entre les Églises le seul
fondement vraiment solide. Depuis un siècle la chancellerie byzantine
n'avait cessé de la redire aux papes qui, même avant le schisme
d'Occident, y répugnèrent toujours (40), sauf aux très rares moments
où, comme à l'époque qui nous occupe, le « retour » des Grecs leur
parut certain. Un concile pour enregistrer et officialiser une manière de
conversion au catholicisme, oui d'emblée se disait-on à la Curie, mais
un concile pour remettre en discussion un dogme bien défini et jusqu'à
cette vérité première de la Primauté pontificale, non absolument!
Les positions étaient nettement différenciées et ne convergeaient que
sur un point, celui de la représentation de l'univers orthodoxe. Alors
que Rome la voulait aussi large qu'il se pût, Byzance se complaisait
dans la nomenclature des Églises de sa communion, dont la présence
lui paraissait nécessaire : les trois patriarcats historiques et les trois
archevêchés d'Ibérie, d'Ochrida et de Pec, plus la foule des évêchés
qui, sis à proximité ou au loin, dépendaient du Patriarcat byzantin.
Cette enumeration que nous retrouvons ici (41) sur les lèvres de

(39) Chez les Latins on rencontrait des prélats qui n'étaient pas loin de le penser. Ainsi
F. Vallaresso, évêque à vingt-trois ans en 1415 (confirmé par Martin V en 1417), donc à
l'époque qui nous occupe, mort archevêque de Crète en 1443, écrira sans sourciller dans son
Libellas de ordine Generalium Conciliorum et Unione Florentina, éd. B. Schultze (Concilium
Florentinum. Documenta et Scriptores, Series Β), Roma 1944, p. 17 : Sed quia huiusmodi
unio (celle de Lyon) quinque vel sex annis tantummodo perduravit potest pro nihilo reputari.
Lorsque le bon prélat mourut, l'union de Florence avait à peine quatre ans de durée. Était-
elle plus réelle? Et le concile de Florence eût-il été possible sans celui de Lyon?
(40) Voir à ce sujet les considérations de Gill, Council, p. 14, 15.
(41) Dans la réponse du patriarche à l'Article VI, infra, p. 43. On remarquera que, sans
doute pour mieux marquer sa dépendance du trône œcuménique, Joseph II ignore le patriar-
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 17

Joseph II semble traditionnelle et comme stéréotypée. Elle apparaît


déjà, plus détaillée, dans les propos que l'ex-empereur Jean Cantacu-
zène échangea en 1367 sur le même thème avec le légat Paul (42).
Toutefois cette condition sur laquelle les deux parties s'entendaient
était la moins réalisable de toutes en raison de la tension politique
existant à l'est de la Méditerranée. Les Turcs, maîtres de l'Anatolie
et d'une partie des Balkans, ne laisseraient pas aisément refluer les
évêques des régions contrôlées par eux vers la capitale qu'ils s'apprê
taientà investir. La convocation et l'hébergement à Constantinople
de l'épiscopat grec pouvaient dès lors se heurter à d'incessantes diff
icultés et entraîner un retard sensible des préparatifs. Aussi Martin V
décida-t-il de faire d'abord explorer la situation et de sonder le climat
dans lequel les débats auraient à s'engager. On en vint ainsi à tempor
iseret a retarder le voyage du cardinal Fonseca.
La Curie avait au reste pour cela une raison impérieuse. La Chambre
Apostolique, à laquelle par accord réciproque devaient incomber les
dépenses prévues pour la tenue du concile, se trouvait sans provisions
suffisantes, les opérations militaires du sud de l'Italie grevant lourde
mentle Budget. Les nouvelles levées d'argent par taxes et dîmes
durent être prescrites dans le duché de Bourgogne et en Allemagne (43),
mais la rentrée de ces impositions allait demander du temps. Le pape
dut faire part de son embarras aux ambassadeurs grecs, car Eudai-
monoïoannès, toujours extraordinairement accommodant, consentit
à ce que le légat désigné remplît au préalable une autre mission en
Espagne où il se rendit le 10 avril 1420 pour tenter de réduire l'obst
ination de Pierre de Luna (44).
L'arrivée à Constantinople du cardinal n'en était pas moins attendue
avec quelque impatience, et on fera bientôt griéf à la Curie de son
retard. Sa présence eût apporté aux Grecs — ceux-ci du moins l'augu
raient — un double soulagement en réduisant, voire en supprimant (45)

cat de Pec contre la création duquel Constantinople s'était violemment insurgé et qu'il
tolérait à peine. Cf. V. Laurent, U archevêque de Pec et le titre de patriarche après l'union de
1375, dans Balcania, VII, Bucarest 1944, p. 303-310. Voir aussi le numéro suivant.
(42) Cf. J. Meyendorff, Projets de concile œcuménique en 1367, dans Dumbarton Oaks
Papers, XIV, Washington 1960, p. 158 et 173, n. 10. Ici le patriarche de Tirnovo remplace
avec plus d'exactitude historique l'archevêque d'Ochrida inséré dans notre texte avec une
intention quasi certaine d'abaissement, car Joseph II, bulgare d'origine, ne pouvait pas ne pas
connaître le statut exact des Églises qui lui touchaient d'aussi près.
(43) Détails dans Loenertz, Les dominicains byzantins, p. 45, et Gill, Council, p. 31, 32.
(44) Fonseca était d'autant plus indiqué pour négocier l'abdication de Benoît XIII
(Pierre de Luna) qu'il lui devait le chapeau de cardinal, Martin n'ayant fait que lui en confir
merla jouissance.
(45) Les Latins n'étaient plus en contact direct avec les Grecs qu'au Péloponnèse et en
2
18 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

la pression que les États latins eux-mêmes exerçaient à l'Ouest sur


les frontières byzantines, en faisant surtout cesser l'aide scanda
leuse(46) que les Républiques italiennes apportaient au Turc assail
lant, en tirant aussi d'une insouciante neutralité ces puissances
chrétiennes, qui assistaient, l'épée au fourreau, à la liquidation de
l'empire d'Orient.
Cependant ce voyage outre-monts dut présenter quelque avantage
pour les Grecs eux-mêmes, car de toute évidence il ne fut pas sans
rapport avec la constitution d'une croisade antiturque, ce qui explique
que les seules forces occidentales nommées ci-après (47) comme suscep
tibles d'enrayer l'avance des Infidèles appartiennent toutes à la
Péninsule ibérique (Castille, Léon, Portugal). Ces royaumes, auxquels
l'Aragon se joindra sans tarder, portèrent depuis lors un intérêt
croissant au sort de Constantinople et à l'Union des Églises (48).
La mission du cardinal de Saint-Sixte Fonseca ne peut être étrangère
à l'éveil d'aussi favorables dispositions. Et l'on comprend mieux ainsi
que l'apocrisiaire byzantin, supputant l'avantage qui en reviendrait
à son maître, ait donné à ce voyage au-delà des Pyrénées son accord
avec une facilité qui a surpris.
Malheureusement l'hôte tant désiré (49) ne devait jamais atteindre
le Bosphore. Ses courses en Espagne l'épuisèrent en effet. Mal remis
et en proie aux fièvres, il s'embarqua néanmoins pour l'Italie dans
l'espoir de partir au plus tôt pour sa mission d'Orient (50). Mais la

Grèce. Mais il semble bien que les hostilités rouvertes en 1421 entre le despote Théodore
et le prince Centurione l'aient été à l'initiative du premier. Cf. Zakythinos, Despotat, I,
p. 191. D'autre part les Byzantins ne cessaient de menacer la ville de Patras, gouvernée
par l'archevêque Etienne, ce qui inquiétait particulièrement le Saint-Siège. Le duché
d'Athènes, alors gouverné par le sage et placide Antonio Acciaiuoli (1402-1435), n'eut aucun
conflit majeur avec les Grecs, qui, de ce fait, n'avaient vraiment à se plaindre que de l'action
de Gênes et de Venise, bien moins des Chevaliers de Rhodes, dans le Levant.
(46) II s'agit ici des Génois, ou plus précisément de ceux de la Nouvelle Phocée qui se
louaient au sultan Mourad, lui prêtant leurs vaisseaux pour transborder ses troupes d'Asie
en Europe. Ce qui s'était particulièrement pratiqué en 1421 et continuait en 1422. Cf.
W. Heyd, Histoire du Commerce du Levant, II, Leipzig 1923, p. 278-280. Martin V, dûment
informé de ce trafic sacrilège, informa Manuel II, le 8 octobre 1422, qu'il avait averti la
ville de Gênes et le duc de Milan de faire cesser cette alliance mercenaire avec le Turc.
Cf. Hofmann, Epistolae, p. 12-13.
(47) P. 45, 46.
(48) Voir une vue générale des relations de l'Espagne avec l'empire byzantin au xve s.
dans S. Cirac Estopanan, Bizancio y Espana. La caida del impero bizantino i los Espanoles.
Barcelona 1954.
(49) Voir infra, p. 42, les déclarations de Joseph II, déclarations que corrobore un propos
de Joseph Bryennios, lequel fut témoin des négociations et les fit en partie échouer. Cf.
Byz. Zeitschr. V, 1896, p. 84, et les notations de R. Loenertz, dans cette revue même, VII,
1949, p. 31.
(50) Le cardinal serait en effet mort à Vicovaro (nord-est de Tivoli) et aurait été enterré
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 19

mort le terrassa bientôt, le 20 ou le 21 août 1422, alors qu'Antoine


de Massa, chargé d'annoncer et de préparer sa venue, était encore à
vingt bonnes journées de Constantinople.
Ce décès ne pouvait pas survenir à un plus mauvais moment.
Le printemps précédent avait en effet vu la concentration des forces
turques, et leur avance vers la capitale dont elles poussaient vigou
reusement le siège depuis le 8 juin. La disparition du légat réduisait
à néant l'aide qu'on en attendait fiévreusement. Le blocus resserré
du côté de la terre, les approches du Bosphore, accessibles seulement du
eôté de la Propontide, devinrent peu sûres. Les chances de pouvoir
réunir à Gonstantinopl e même une nombreuse assemblée de prélats
s'évanouirent totalement. La Curie en fut diligemment informée
par l'évêque d'Oléna Théodore Chrysobergès et d'autres personnalités
dont les lettres furent apportées au pape par un certain Macaire (51).
Ces messages insistaient en outre sur le fait qu'aucun préparatif
n'avait été ordonné dans la capitale byzantine pour convoquer
l'épiscopat et tenir le concile.
Martin V, plein des assurances que lui avait prodiguées Eudaimo-
noïoannès, n'en voulut pas moins continuer les négociations d'autre
manière. Le 15 juin 1422, une nouvelle ambassade fut constituée et
composée de six intrépides franciscains dont le chef, fr. Antoine,
alors provincial de Toscane et maître en théologie, devait mourir
évêque de Masa. D'un caractère bonhomme et d'une éloquence-
fleuve, ce beau parleur fera un mauvais général de son Ordre qui
pâtira dangereusement de sa gestion (52). Sa mission en Orient ne
semble pas avoir eu meilleur succès.
Venu par voie de mer, il aborda avec ses compagnons à Galata
le 10 septembre 1422, quatre jours seulement après que Mourad, déçu
par son échec du 22 août et flairant le danger pour son armée fort
éprouvée, eut par chance levé le siège (53). L'alerte avait été trop

à Saint-Pierre de Rome. Cf. Cecconi, Studi, p. 28, n. 32. Il est moins probable qu'il ait pris
la mer pour se rendre en Grèce et ait dû rebrousser chemin.
(51) Probablement le moine homonyme du couvent des Xanthopoules, confesseur de
Manuel II, désigné (non nommé) ci-après comme ayant été pressé par fr. Antoine d'inter
venirauprès de son impérial pénitent. A son sujet consulter Mercati, Notizie, p. 473, 474.
L'higoumène des Manganes Macaire Kourounas, envoyé vers Martin V c. 1431, me semble
trop tardif. Cependant il n'est pas impossible qu'il ait fait, dix ans plus tôt, office de courrier
comme simple moine.
(52) Consulter la notice sévère que lui consacre L. Wadding, Annales Minorum, Roma
1734, an. 1424, n. 8 (cité par Cecconi, Studi, p. 28, 29).
(53) Syropoulos, II, 10 (éd. Creyghton, p. 7), affirme que Mourad II se trouvait encore
sous les murs de Constantinople quand arriva Antoine de Masa. L'on en a conclu qu'il
faisait erreur. Ce n'est peut-être qu'une manière de dire chez le mémorialiste, car, en levant
20 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

chaude et les esprits restaient encore trop tendus pour que l'arrivée
de la mission pontificale fît sensation. La délégation gagna en effet
sans appareil particulier la résidence de l'Ordre à Péra. Le lendemain,
fr. Jean, l'un des compagnons du nonce, et fr. Guillaume, le confes
seur de l'impératrice Sophie, allèrent au Palais notifier oficiellement
sa présence aux empereurs. L'audience sollicitée à cette occasion eut
lieu le 16. Un nombreux cortège formé de notables grecs et latins
conduits par le baile de Venise se rendit aux Blachernes. L'entrevue,
cordiale, se limita à la présentation des lettres de créance. Manuel II,
qui avait pour le moment d'autres soucis et que minait la paralysie,
remit à plus tard l'exposé de la mission. On peut dès lors conclure
que le texte consigné lors de ce premier contact fut celui que nous
a conservé O1 comprenant l'adresse du nonce aux souverains et le
texte brut du document pontifical. Les explications que fr. Antoine
devait y ajouter et la réponse impériale, prévue pour le 3 octobre,
furent ajournés sine die, Manuel II, frappé ce jour-là même d'hémip
légie, ayant perdu la parole et l'usage de presque tous ses membres.
Ce contretemps ne put qu'exercer la patience des ambassadeurs
latins. Fr. Antoine, venu, le 10, présenter à Jean VIII ses condo
léances pour la maladie de son père, le pressa bien de donner suite
à sa démarche. Le jeune empereur, usant de prudence, ne convoqua
à cet effet le conseil que le. 15 et n'y appela qu'un nombre réduit de
familiers. Au surplus, malgré que le nonce lui eût longuement expliqué
toute l'affaire, le prince remit à nouveau la réponse à plus tard.
Fr. Antoine se tourna alors vers le patriarche qui se rendit sans tarder
à son appel.
Le protocole de l'acte que nous publions ci-dessous semble indiquer
que le synode convoqué à cette occasion se tint, le 19 octobre, dans les
cathécouméneia de Sainte-Sophie, lieu de réunion habituel pour
traiter des affaires de l'Église. D'après la relation de fr. Antoine,
ce serait le 20 et dans l'église de Saint-Étienne que le haut clergé
lui aurait donné audience. On ne peut concilier ces deux témoignages
également recevables qu'en supposant contre toute apparence
deux rencontres. La première, dont notre document fait état, se
sera déroulée le 19 à Sainte-Sophie. Elle aura eu, comme l'entrevue
du Palais, un caractère assez confidentiel, l'audience étant limitée
aux membres ordinaires du saint synode. Joseph II y entendit le

le siège le 6 octobre, la très forte armée turque avait difficilement pu, en quatre jours, vider
complètement les lieux. Ses arrière-gardes* devaient encore être en vue et c'est sans doute à
elles qu'il est fait allusion.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 21

messager pontifical et, moins réservé que les empereurs, improvisa


séance tenante une première réponse dont le notaire de service nous a
conservé la lettre (M et O2). Cette audience, toute protocolaire, aura
eu un épilogue solennel le lendemain dans le sanctuaire de Saint-
Étienne (54). Une foule mêlée de grecs et de latins, moines, clercs ou
laïcs, vinrent s'adjoindre aux évêques et aux archontes ecclésiastiques.
Une pareille publicité dut être intentionnelle. L'Église, prenant le. pas
sur l'État, entendit informer de première main l'opinion publique.
Antoine eut en effet toute latitude de développer les neuf articles qu'il
apportait. Joseph II lui fit sans doute la même réponse que la veille,
mais ne dit rien de définitif et remit à plus tard de s'engager sur le
fond. Il ne l'eût pu au reste avant de s'être concerté avec l'empereur
alors trop préoccupé de la situation générale pour y songer. De nouv
elles lettres pontificales (55), expédiées le 8 septembre, vinrent sur
les entrefaites réitérer la promesse de secours. Dans l'impasse où l'on
risquait de se retrouver d'un moment à l'autre, celle-ci dut paraître
illusoire et, malgré les appels dont elle fut assortie aux chevaliers
de Rhodes, aux Républiques de Venise et de Gênes, au duc de Milan,
les négociations en cours n'en furent pas hâtées d'un seul jour. Des
conversations particulières — Antoine en eut plusieurs (56) — avec
le patriarche remplacèrent les pourparlers officiels; la plus importante
semble avoir eu lieu le 24 octobre. Le 26, deux de ses collaborateurs
allèrent au Palais demander réponse. Le résultat d'une conférence
que Jean VIII eut avec Joseph II le 30 ne donna sans doute rien, car
le surlendemain un courtisan venait présenter les excuses de son
maître trop absorbé par les opérations militaires. De guerre lasse, le
nonce s'adressa, le 3 novembre, aux deux conseillers du monarque,
son confesseur Macaire et le fameux Joseph Bryennios (57), pour
qu'ils excitent son zèle pour l'union. Ces avocats, du moins le second,
étaient fort mal choisis (58). Leur intervention dut jouer en sens

(54) Plus probablement dans l'église du couvent de ce nom situé dans le quartier des
Constantinianae. Cf. R. Janin, Les églises et les monastères (= Le siège de Constantinople
et le Patriarcat œcuménique, III), Paris 1953, p. 490-492 et 493, n. 11.
(55) Texte dans Hofmann, Epistolae, I, p. 12-14. La date (8 octobre) donnée là n'en est
peut-être pas absolument sûre, car d'autres savants (v. g. Gill, Council, p. 37) assigne le
document pontifical au 8 septembre.
(56) D'après une expression mal comprise de Syropoulos, Mémoires, II, 10 (éd. Creygh-
ton, p. 7), on a fixé le nombre de ces rencontres à trois. En réalité la formule — deux et trois
fois — assez familière à notre auteur signifie seulement à plusieurs reprises, le chiffre exact
restant indéterminé!
(57) Cf. Mercati, Notizie, p. 473-475.
(58) Joseph Bryennios compte parmi les polémistes antilatins les plus décidés que Byzance
ait connus. Il eut l'occasion, durant le séjour des franciscains sur le Bosphore, de discuter
22 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

contraire, car, tandis qu'un nouvel émissaire pontifical, Giacomo


Porci, se mettait en route (59) avec un plan « pour mener à bonne fin
l'abolition du schisme », l'empereur décidait de brusquer les choses et
communiquait, de manière assez inattendue, sa réponse au pape en
date du 14 novembre 1422 (60). Il réexprimait sa volonté de continuer
à traiter de l'union des Églises, mais n'en trouvait pas le moment
opportun, à moins que le Saint-Siège ne satisfît à des exigences poli
tiques (61) qui rendaient dans l'immédiat la poursuite des négocia
tions sans espoir raisonné. Il ne restait à Antoine de Masa qu'à enre
gistrer son échec et à s'en revenir, les mains vides, un peu par sa faute.
Dans son adresse initiale aux empereurs (62), le nonce avait en effet
présenté le pape en des termes qui, non seulement devaient heurter
la susceptibilité byzantine, mais le donnaient pour un maître absolu
exigeant une reddition sans condition. Manuel II, lors du long séjour
(1400-1402) qu'il fit en France à la cour de Charles VI, se fit certain
ement une idée assez précise des interventions de la Papauté même
déchirée dans les affaires intérieures des États européens. En enten
dantle volubile orateur lui dire que Martin V était le maître de l'Uni
vers, l'Oint du Seigneur, mieux, Dieu sur terre (63), le divin basileus,
à qui l'on demandait de surcroît de soumettre son Église à celle de
Rome, ne crut-il pas déceler chez le pape une volonté de domination

avec eux. Ainsi deux des trois dialogues sur la Procession du Saint-Esprit que l'on a de lui
sont le produit remanié de ses disputes avec les envoyés pontificaux. Le troisième, daté du
11 novembre 1422, fut tenu dans la cellule même de l'auteur avec un Grec latinophrone
auquel vint bientôt s'adjoindre « l'ambassadeur » du pape, donc fr. Antoine en personne ou
l'un de ses compagnons. Voir à ce sujet les observations de R. Loenertz, dans cette revue,
VII, 1949, p. 30-32.
(59) Son sauf-conduit est en effet daté du 6 novembre. Texte dans Hofmann, Epistolae,
I, p. 14, 15. Les lettres pontificales expédiées à cette occasion n'ont pas été retrouvées.
(60) G. Hofmann, Orientalium documenta minora, p. 3-4. Le Rapport de fr. Antoine
(éd. Mansi, XXVIII, 1068 B) déclare qu'il y eut réponse ad omnes supra-dictas conclusiones
tam a reverendissimo domino Patriarcha quam ab illustrissimo domino Imperatore supra-
dicto. Mais il ajoute : quoniam cum flrma ac solida in se esse asserat, idem dominus Nuntius
apostolicus hic adnotari seu adscribi voluit. Et de ne transcrire que la lettre de Jean VIII
Paléologue! Il est vrai selon Syropoulos (éd. Creyghton, p. 7) que des lettres auraient égal
ement été jointes pour le légat dont on ignorait donc la mort survenue en août. Or celles-ci
ne sont pas davantage reproduites. Mais le mémorialiste ne fait-il pas erreur sur ce dernier
point? Je m'étonne en effet que fr. Antoine, qui met partout dans sa Relation le patriarche
en avant, choisisse de fournir comme pièce justificative le document impérial. De toute
façon, si la réponse de Joseph II a existé à part de celle de Jean VIII, elle ne nous sera pas
parvenue et on n'en a relevé trace nulle part.
(61) L'envoi d'un corps expéditionnaire à même d'assurer la sécurité du territoire byzant
in;l'excommunication — excommunicationem terribilem et insolubilem — contre les latins
qui, non seulement prêtent leurs navires aux Turcs, mais restent les bras croisés pendant que
les Grecs se battent.
(62) Le libellé latin diverge légèrement du grec; voiries textes confrontés ci-dessus, p. 7.
(63) Epithètes que le Cérémonial byzantin accolait traditionnellement au nom du basileus !
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 23

politique qui mettrait ses États à sa discrétion? Cette disposition


d'esprit expliquerait bien le retournement qui s'opéra alors dans
l'attitude des empereurs de Constantinople. L'union des Églises étant
mise par le Saint-Siège a un prix trop élevé, les Byzantins résolurent
de chercher ailleurs l'aide militaire dont ils avaient un besoin urgent.
Ils s'adressèrent à l'empereur d'Allemagne Sigismond qui joua (64)
effectivement, les années suivantes, jusqu'au concile de Florence
(1438) un rôle qui mériterait d'être éclairci. C'est en effet auprès de ce
potentat que Jean VIII, débarqué à Venise en décembre 1423, se
rendit; ce sont les conseils (65) qu'il en reçut à cette occasion qui
l'influenceront lorsque, rendu libre de ses initiatives par la mort
de son père (juillet 1425), il reprendra contact avec le Saint-Siège.
Dans l'intervalle, l'Église Romaine avait, de son côté, pris acte de
l'échec des négociations. Le concile de Sienne ayant entendu lecture
du rapport que lui fit, le 8 novembre 1423, fr. Antoine décida (66)
de classer momentanément l'affaire. Il n'est même pas certain que
les Pères aient donné suite au désir qui leur vint (67), en apprenant
que Jean VIII était en Italie, de l'inviter à se rendre auprès d'eux
avec le doge de Venise. Au reste Martin V, prié par eux de lui en faire
la proposition, se refusa sans doute à une démarche dont il n'avait
pas eu l'initiative et dont les récentes tractations lui montraient
clairement l'inopportunité.

III. Les neuf articles de Martin V.

Le terme « articles », choisi intentionnellement pour son acception


plus générale, caractérise imparfaitement les neuf points que le
pape entendait notifier aux Grecs. C'est que, loin de former un
ensemble cohérent, voire même homogène, ceux-ci se laissent diff
icilement classer. L'auteur de la Relation, qui habituellement les désigne
sous le nom de Condusiones (68), manifeste lui-même à leur endroit

(64) A vrai dire, Sigismond, roi de Hongrie et empereur d'Allemagne, avait fait aux
Grecs les premières offres, lorsqu'il invita Manuel II au concile de Constance qui venait de
s'ouvrir (à partir du 5 novembre 1414) à son instigation. Il lui promettait une aide puissante
contre les païens, surtout contre les Turcs. Cf. Gill, Council, p. 20 (avec citation).
(65) Syropoulos, Mémoires, III, 14 (éd. Creyghton, p. 79) affirme que si la nouvelle
de la mort de Sigismond (f 9 déc. 1437) leur était parvenue alors qu'ils n'étaient encore
qu'au Péloponnèse, l'empereur et le patriarche auraient rebroussé chemin.
(66) Mansi, XXVIII, col. 1062 E.
(67) Sur ce voyage de Jean, VIII à Milan et en Hongrie, voir Loenertz, Zes dominicains
byzantins, p. 49, note 45 (avec références) et Gill, Council, p. 38, 39.
(68) Cf. Mansi, XXVIII, col. 1063 A, 1064 Β (bis), 1067 E. Le grec (voir supra, p. 7)
n'a qu'une fois cette appellation : συμπεράσματα.
24 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

quelque hésitation en les appelant ici Quaestiones (69), là Sententiae


(70)! Le traducteur grec a trouvé le mot adéquat : Κεφάλαια, vague à
souhait, pour qualifier ce document hybride qui ressemble plus à un
plaidoyer pro domo qu'à un instrument diplomatique. Aussi bien,
loin d'émaner de la chancellerie pontificale, tout le morceau doit, ce
me semble, être attribué à fr. Antoine et à ses compagnons qui auront
rédigé, sous cette forme, des instructions verbales. Voici mes raisons !
On n'y décèle d'abord aucun lien logique. Ainsi le désir que le pape
avait de l'Union et l'amitié qu'il portait aux Grecs, fondement et
garant de ce désir, sont exposés en tête et en fin de mémoire (art. 1er
et 9). Ainsi encore le rappel de la promesse d'Eudaimonoïoannès et
la demande instante qu'elle soit tenue (art. 3 et 7) sont séparés par
l'affaire du légat et la venue d'un nonce (art. 4-6 auxquels l'art. 8 eût
dû être adjoint). En outre, l'attention démesurée donnée à l'absence
du légat rejette au second plan l'objet même de cette mission : promouv
oir l'Union en en montrant la nécessité et les avantages, rassembler
et convoquer l'épiscopat byzantin.
En second lieu, les divergences entre le rapport latin et ce qui
devrait être sa traduction grecque sont telles que l'un et l'autre
textes n'ont pu être établis que par un rédacteur intéressé à en doser
le contenu. Et ce rédacteur, fr. Antoine (71), me paraît, tout bien
considéré, avoir lu aux Pères de Sienne une version accommodée
de sa relation primitive. En effet :
1° Dans son exposé aux empereurs et au patriarche, Antoine se
serait, à cinq reprises (72), adressé d'abord au chef de l'Église pour ne
nommer les chefs de l'État qu'en second lieu. Or il est impensable que
Manuel II et Jean VIII, intraitables au sujet de leurs prérogatives,
aient pu souffrir que le message pontifical leur fût présenté sous cette
forme. Parlant à des évêques occidentaux, aux yeux de qui le spirituel
devait régenter le temporel, le rapporteur aura à leur intention inversé
l'ordre de préséance. C'est pour cela également que l'évêque d'Oléna,
Théodore (73), est nommé avant son chef de file, le laïc Eudaimo-
noïoannès. La version grecque, incorporée à l'acte synodal que nous
donnons ci-dessous et où l'on peut voir une intention d'Église, remet

(69) Ibid., col. 1063 E.


(70) Ibid., 1064 D.
(71) Cet état du texte fut apprêté à Péra, transcrit et authentiqué par Francesco Filelfo,
notaire impérial et chancelier vénitien.
(72) Mansi, XXVIII, col. 1064 D, 1065 Β et E, 1066 A, 1067 Β et D.
(73) Ibid., col. 1065 D; ci-après, p. 37.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 25

les choses en place en donnant la priorité aux monarques et à leur


principal apocrisiaire. Le grec nous a certainement conservé sur ce
point la leçon originale.
2° Le texte même des neuf articles remis aux Grecs s'écarte du
texte latin de curieuse façon. Il y a d'abord dans le premier des suppress
ions de termes, de propositions, voire de phrases entières chaque fois
que les Byzantins sont mis en cause : dans une description trop noire
de l'état de l'empire (art. 2), dans les reproches qui leur sont faits,
dans les sentiments qu'on leur prête à l'égard des Latins (art. 2). Le
tableau des maris chrétiens qui prostituent délibérément leurs femmes
avec les Turcs ou les Tartares, celui des parents faisant commerce de
leurs enfants, le grief fait aux Grecs de traiter les Latins de chiens
sont d'une brutalité trop peu diplomatique. On eût voulu mal engager
la négociation ou la faire échouer qu'on n'eût pu mieux s'y prendre!
3° II y a au moins un cas où le texte latin et le texte grec, tout en
traitant de la même chose, l'envisagent sous deux aspects contrad
ictoires. Parlant (74) des effets désastreux de la désunion des chré
tiens, le latin exprime la crainte que tous les Chrétiens d'Orient,
passant sous le joug des Tartares et des Turcs, ne renient l'Évangile,
faute de pasteurs pour les confirmer dans leur foi. Vision d'avenir
à laquelle le grec substitue un regret pour le passé. C'est un grand
malheur, nous y dit-on, que le schisme. Sans lui des peuples entiers,
Katagoi, Tartares et Turcs seraient aujourd'hui soumis à l'Évangile.
Et les voilà maintenant gagnés à l'Islam faute de missionnaires qui
leur eussent prêché la paix, l'union et le salut. Le traducteur byzantin
est-il responsable du contresens, si contresens il y a? Je croirai plutôt
qu'ici encore il y a retouche intentionnelle dans le dessein de souligner
aux yeux des Pères siennois la gravité de la question d'Orient. C'est
certainement à l'intention de ceux-ci que l'article V est assorti d'un
raisonnement pur scolastique auquel les Byzantins n'eussent pu
être que peu sensibles (75). Il est pour cela douteux que le nonce le
leur ait servi. Ce même article VI récuse, dans son texte latin, toute
discussion sur la foi, voire toute controverse prolongée, alors que la
version grecque n'en souffle mot! Enfin signe de manipulation certaine :
le précédent de l'Union de Lyon, qui, dans le latin, est évoqué à
l'article VI figure dans le grec à l'article IV (76).
(74) Textes confrontés ci-dessous, p. 35.
(75) Infra, p. 41.
(76) Infra, pp. 40, 42. Le fait que le patriarche fait allusion, dans sa réponse, à ce même
concile de Lyon au chap, iv et n'en souffle mot au chap, vi autorise à penser que le texte
grec conserve bien l'ordre du document tel qu'il lui fut présenté.
26 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

Le latin contient également d'autres développements que le grec


ne reproduit pas. Mais comme ces éléments, d'un caractère moral
ou historique, n'importent nullement au fond de la négociation, on a
pu les omettre par souci de concision et de clarté. La confrontation
des textes que nous offrons au lecteur sur deux colonnes, les parties
propres au latin étant soulignées, rendra le phénomène immédia
tement perceptible.
Le Rapport lu au concile de Sienne me semble donc présenter une
recension retouchée du petit Mémoire établi par la Mission pontificale
au début des négociations à Constantinople même et bientôt remis
aux autorités civiles et religieuses. Fr. Antoine, au terme de sa nonciat
ure,à Péra même, aura, pour mieux capter l'audience de la Curie
auprès de laquelle il allait se rendre, quelque peu amplifié et corsé
le document primitif, accentuant spécialement son caractère prolatin.
Dans une certaine mesure il est dès lors moins authentique que la
version grecque transmise d'autre part et remontant à l'archétype
apprêté au début par la mission pontificale. Le fait, signalé ci-dessus,
que ce dernier texte se soit conservé sans variante appréciable dans sa
double tradition issue des Archives impériale et patriarcale permet
de penser qu'il fut remis sous cette forme précise aux empereurs et
au patriarche. Il constitue donc le document officiel à partir duquel
s'engagèrent les négociations. L'historien devra par suite lui accorder
une particulière attention.

4° Les neuf réponses du patriarche.

A chacun des articles présentés au nom de Martin V, Joseph II


donna une réponse que le procès-verbal de l'audience a consignée
à sa place naturelle. Il y a de la sorte en M alternance entre les propos
du pape et les observations du patriarche. Si nous en croyons notre
document, nous n'aurions ici qu'une réponse improvisée, telle qu'une
première audition du nonce eût permis de la donner. S'il en avait
bien été ainsi, l'on devrait s'attendre à ce que l'Église ayant pris le
temps d'un examen plus poussé et d'une mûre réflexion eût porté
sur les propositions qui lui étaient faites un jugement plus circons
tancié. En réalité, aucun autre document synodal ne semble avoir
été émis en l'occasion; voire, la lettre de Jean VIII Paléologue, en
date du 14 novembre 1422, dut également valoir pour le patriarche,
car on ne voit nulle part que ce dernier ait alors écrit au pape. D'ailleurs
cette « brève » Réplique, comme le notaire patriarcal aime à l'appe-
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 27

1er, où le sentiment de l'Église grecque d'alors s'étale à nu, est si


explicite, voire — du point de vue orthodoxe — si complète que le
document impérial précité n'y ajoute qu'un léger supplément de
caractère strictement séculier : l'invitation au Saint-Siège, pour que le
concile puisse se tenir, d'envoyer à Constantinople des forces capables
d'assurer la sécurité de la Ville (77). D'emblée l'esprit subtil de
Joseph II trouva à dire tout ce que requérait l'exposé du nonce. On
s'y tint en laissant aux autorités civiles le soin de traiter des impli
cations politiques de la négociation.
Cette dérobade de l'autorité ecclésiastique est dans la plus pure
tradition byzantine. Elle était prévisible du moment que l'on attendait
d'elle une soumission pure et simple à la foi et à l'autorité romaines.
Des ambassadeurs avaient pu en faire la promesse solennelle. Ils
avaient simplement forfait (78) à leur mission. Antoine de Masa eut
beau, par trois fois, non sans astuce, invoquer la parole donnée; il
s'entendit répéter par ces clercs sourcilleux que ce n'était pas la leur
et qu'au demeurant mieux valait éviter un danger certain (celui de
trahir son Credo) que de se prémunir contre un mal supposé (la
conquête ottomane). Le clergé grec se faisait lentement à l'idée que,
si le sort livrait l'empire aux musulmans, l'Église n'en serait que plus
libre. Déjà Cantacuzène, le moine-empereur, avait fait remarquer
au légat Paul que la foi subsistait plus vivace dans les régions dominées
par les Turcs (79). Pour que l'union pût être efficacement envisagée,
il fallait que Rome acceptât d'en discuter dans le cadre d'un authen
tiqueconcile œcuménique sur le modèle des sept premiers, où les
parties, mises sur le pied d'égalité, se laisseraient guider par le Saint-
Esprit. La petite troupe des franciscains, tous maîtres en théolo
gie (80), qui accompagnaient fr. Antoine, dut sans doute faire remar
queraux Grecs que, s'ils imposaient la discussion, ils auraient affaire à
forte partie. L'Occident ne regorgeait-il pas de savants fameux dont
les visiteurs n'étaient que l'humble avant-garde! En particulier le
Dogme, celui qui s'exprimait par le Filioque, avait, grâce au génie
des théologiens morts et vivants, pris là-bas une telle consistance (81)!

(77) Voir ci-dessus, p. 22.


(78) Le terme : παραπρεσβεία, dont le traducteur grec se sert pour exprimer cette idée
est emprunté à un fameux discours de Démosthène, περί της παραπρεσβείας, 515. Syro-
poulos, Mémoires, III, 7 (éd. Creygthon, p. 49) emploie le verbe : παραπρεσβεύω pour qualif
ierla même action.
(79) Cf. Meyendorff, Projets de concile, p. 176, n. 23.
(80) Ε fono sti ambaxadori tuti maestri in teologia, assure une chronique ancienne. Cita
tion dans Cecconi, Studi, p. 29.
181) Voir infra, p. 45.
28 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

L'argument ne porta pas, car nous entendons ici Joseph II déclarer


net faire peu de cas du nombre. Ce qui lui importait c'était la qualité
des futurs antagonistes. Visiblement, quoiqu'il déclarât hautement
ne vouloir mettre sa confiance que dans l'aide divine, le patriarche
sentait que ces latins bardés de syllogismes trouveraient à qui parler
en la personne de ces maîtres auprès desquels, en ce moment même,
les futurs initiateurs de la première Renaissance italienne, les Guarino
de Vérone et les Aurispa, faisaient leurs classes aux côtés de Marc Eugé-
nicos et de Bessarion dont l'éloquence et la puissance dialectique
mettront seize ans plus tard à rude épreuve les meilleurs scolastiques
du temps.
Les Grecs ne pouvaient en effet concevoir que l'on tentât de s'unir
sans qu'au préalable une libre discussion eût fixé les positions respec
tivespar rapport aux points litigieux. Ils en faisaient — Joseph II
le souligne ici (art. 3) — une condition absolue de rapprochement, et
on dut en venir là au concile de Ferrare-Florence. Toute l'ortho
doxiebyzantine, qu'elle fût dans l'empire ou hors de l'empire, devait
être présente aux débats. D'accord sur ce dernier point, Martin V
eût voulu que ce concile vraiment représentatif de l'Église d'Orient,
contresignât, sans en discuter, la formule de foi catholique et lui fît
acte d'obédience entre les mains de son légat. Le vicaire du Christ
n'en attendait pas moins de chrétiens qui s'étaient abusivement
séparés du Siège Apostolique (82). Le patriarche avait une tout autre
vue des choses. Discrètement, mais clairement, après une rapide
allusion au schisme d'Occident (art. 1er), il rejette (art. 2) sur cet
Occident la responsabilité des malheurs survenus à la Chrétienté
orientale. La faute n'incombe-t-elle pas, pour lui, à la « Meilleure
partie », qui, en se séparant du Corps du Christ, en a brisé l'unité
(ceci pour le pape) et à ceux qui ont laissé les Byzantins seuls dans
leurs luttes contre l'Infidèle (cela pour les puissances latines). Et
d'ajouter qu'aux uns et aux autres est promis le sort de Judas 1
L'amertume contre Gênes, dont les navires transbordaient, pour
un vil gain, l'armée de Mourad II d'Asie en Europe, perce sous
ce propos acerbe. Pour les Byzantins acculés à la ruine par la
conquête turque, si la neutralité des États catholiques était une
faute, l'aide donnée à l'assaillant devenait une trahison qui, une fois

(82) Le pape ne fait en effet nullement mystère de ses sentiments dans ses lettres aux
empereurs. Ce qu'il déplore c'est la vetusta divisio Grecorum ab obedientia sancte Romane
Ecclesie (Hofmann, Epistolae, I,p. 4 e); ce qu'il souhaite c'est — s'adressant à Manuel II —
ut non videaris membrum abscissum ab Ecclesia (Ibid., p. 1312)!
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 29

de plus, livrait le Corps du Christ à ses pires ennemis. Cependant cette


aide, Joseph II la récuse, si elle doit être payée d'une soumission
inconditionnelle à l'Église de Rome et du rejet du trésor de doctrine
reçu des Pères (art. 4). Encore si elle était certaine et efficace! Or il
ne s'agit que d'une éventualité, d'une promesse, alors que, dans
l'aventure, l'on perdrait sûrement son âme (art. 8). Ainsi, plaçant
l'intégrité de l'Orthodoxie au-dessus du salut de l'empire, le chef
de l'Église concluait par ces fortes paroles de l'Écriture : Tabhorre
le cadeau qui porte préjudice et je ne veux pas de Vhonneur qui engendre
le déshonneur (art. 9).
Ces propos scellaient à eux seuls l'échec de la négociation. La
position extrêmement rigide adoptée par Joseph II — il évoluera
plus tard — ne laissait place qu'à ce que Martin V estimait devoir
être une dangereuse et vaine confrontation. Cette attitude intransi
geante ne fut-elle pas dictée aux Grecs par l'espoir fallacieux que
l'aide militaire, si fébrilement attendue, leur serait fournie, hors de
Rome, à moindres frais, par le roi de Hongrie Sigismond? Comme je
l'ai marqué plus haut, je le croirais assez, d'autant que, durant toute
cette époque, les relations de l'empereur d'Allemagne avec la Papauté
demeurèrent tendues. La décision de Jean VIII de remettre à des
temps meilleurs la tenue du concile agréée par les deux parties pourrait
bien n'être qu'une manœuvre dilatoire destinée à mesurer les chances
qui lui restaient de ce côté. Le voyage qu'entreprit presque aussitôt
après le monarque byzantin dans le nord de l'Italie, où il ne prit
aucun contact avec l'Église Romaine, et en Europe Centrale laisse
entrevoir cette intention.
Néanmoins la rigidité des thèses en présence et ce dessein supposé
de la diplomatie impériale n'eussent peut-être pas empêché le concile
de se tenir, si on ne s'était pas trouvé dans l'impossibilité absolue
de réunir en ce moment à Constantinople la nombreuse assemblée
d'évêques qui seule eût pu assurer à l'Union recherchée une audience
assez large pour qu'elle ne fût pas exposée à être contestée comme celle
de Lyon. Le moyen en effet de faire venir sur le Bosphore les évêques
de Syrie et de Palestine, quand ceux d'Asie Mineure pouvaient diff
icilement se risquer hors de leur diocèse! En Europe même, les routes
battues par des bandes turques n'étaient plus praticables. Seuls les
titulaires des sièges maritimes eussent pu à gros frais prendre la voie
de mer.
Cette constatation dicta certainement la décision de l'empereur de
surseoir à toute convocation de l'épiscopat. En classant provisoi-
30 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

rement l'affaire, le concile de Sienne fut sans doute plus impressionné


par l'intransigeance doctrinale de l'Église byzantine. Mais puisque
cette dernière, tout en affirmant son désir sincère d'union, n'en souli
gnait pas moins vigoureusement la nécessité d'un examen approfondi
des positions réciproques, il ne restait plus qu'à rechercher le lieu
et les moyens de se rencontrer pour en délibérer efficacement. L'idée
d'un concile en Occident naîtra bientôt de cette nécessité qui, après
quinze années de tergiversations, conduira à Ferrare et à Florence. De
la sorte, parce qu'elle fut un échec, la mission d'Antoine de Masa
aura contribué paradoxalement à faire naître l'idée, a priori fantas
tique, d'une rencontre où, pour la première fois dans l'histoire, les
deux grandes fractions de l'Église universelle, réunies sous la prési
dence effective d'un pape, chercheront et trouveront le chemin de
l'Unité chrétienne.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 31

TEXTES

L'ACTE PATRIARCAL ET SYNODAL DU 19 OCTOBRE 1422

Comme il a été exposé ci-dessus une première réponse du patriarche


Joseph II aux suggestions de Martin V fut donnée avec quelque
solennité au cours d'une réunion synodale, le 19 octobre 1422. Le
procès-verbal de cette séance nous a fourni maints éléments nouveaux
qui ont permis d'élargir la perspective étroite et unilatérale où le
rapport d'Antoine de Masa place les événements. Il nous reste main
tenant à en faire connaître le texte. Pour mieux souligner les diff
érences signalées entre ces deux sources — notre Acte synodal et la
relation du fr. Antoine — nous mettrons le texte de ce dernier en
face du texte grec, là du moins où elles ont des parties communes.
On emploiera les sigles suivants :

M = Mosqu. gr. 248 (acte synodal amputé du seul article


premier.
01 = Ottobon. gr. 339, fol. 130r-134r (les neuf articles sous la
forme remise aux empereurs).
02 = Ottobon. gr. 339, fol. 134v-140v (acte synodal sans les
articles de Martin V).
Msi = Mansi, Amplissima conciliorum Collectio, XXVIII,
col. 1064 D-1068 D (la relation d'Antoine de Masa).
Bar = Baronius, Annales Ecclesiastici, VIII, 1752, 545-546
(même relation).
"j" 'Απολογία 1, μάλλον δε άντίρρησις 1* του παναγιωτάτου ημών δεσπότου
τοϋ οικουμενικού πατριάρχου του κΰρ 2 Ιωσήφ προς τα εννέα κεφάλαια,
απερ έκόμι Μ 32Γ σεν άπό τοϋ πάπα3 ό ιερομόναχος 'Αντώνιος, ό και
φραμενούριος * καΐ διδάσκαλος της θεολογίας καλούμενος 5.
Κατά6 την ιθ' ήμέραν του Οκτωβρίου της πρώτης ίνδικτιώνος 7 τοΰ ς~^ λα' ε"τους8,
προκαθίσαντος τοΰ παναγιωτάτου ημών δεσπότου τοΰ οικουμενικού πατριάρχου εν

1 En Ο2 le titre est transcrit deux fois, au début et à la fin du texte. — x* μάλλον —άντιρ. : καΐ
άπόκρισις Β . — * κϋρ : κύρι Μ. — 3 πάππα Ο2 ici et ailleurs. — * φραμενούριος : φρεμε-
νούριος BO2, de même 1. 6. — 5 omet M. — 6 κατά τήν ιθ' : κατά τήν θ' Μ, τη ιθ' Ο2Β. — 7 της
πρώτης ίνδ. : ίνδ. αης Μ. — 8 ,ςωλα' Ιτους : Ετους ,ςωλα' Μ.
32 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

τοις δεξιοϊς κατηχουμενείοις, συνεδριαζόντων τη μεγάλη Άγιωσύνη αύτοΰ και


πανιερωτάτων μητροπολιτών, παρόντων συγκλητικών τε και εκκλησιαστικών
5 αρχόντων, και των της πολιτείας ούκ ολίγων,
είσήλθεν ό από τοΰ πάπα σταλείς ιερομόναχος κΰρ 'Αντώνιος, ό και φραμενούριος
καΐ διδάσκαλος της θεολογίας καλούμενος, μετά τίνων των αύτοΰ, μοναχών τε και
κοσμικών, και καθίσαντος αύτοΰ άπό τοΰ δεξιοΰ μέρους όρισμώ πατριαρχικώ επί
σωπεδίου μετά τάπητος και τας προσαγορεύσεις τοΰ πάπα άνενε Μ 32ν γκόντος
10 αύτοΰ άπό στόματος καΐ άναστάντος και τα γράμματα δόντος τοΰ πάπα και τοΰ
λεγάτου εις χείρας τοΰ άγωτάτου ημών δεσπότου, εΐτ' αδθις καθίσαντος και τα
θ' κεφάλαια ταΰτα έξαιτησαμένου παρρησία ή Ιδία ειπείν και λαβόντος άδειαν παρ
ρησία ταΰτα ειπείν και έξειπόντος αυτά ώς έξ αναθέσεως τοΰ πάπα λαβόντος ώς
αυτός εϊρηκε και τοΰ εκλεγέντος λεγάτου, ό παναγιώτατος ημών δεσπότης άρξά-
15 μένος έκ τοΰ παραυτίκα τοιάδε προς αυτόν διωρίσατο και εις άπολογίαν, μαλλον δε
άντίρρησιν τών αύτοΰ κεφαλαίων Ο2 135Γ άριστα διετράνωσεν 9.
« Περί μεν της προσαγορεύσεως τοΰ μακαριωτάτου δεσπότου τοΰ πάπα και
της προς ήμας ής αυτός έχει πνευματικής διαθέσεως10 και τών άλλων αύτοΰ φιλ
ικών λόγων και προς πνευματικήν άγάπην έπαγόντων, ους 1Χ ήμΐν άρτίως πληροφο-
20 ρεϊς άπό στόματος παρ' εκείνου, οΰτως M 33r £χει. Και ημείς έκ πολλοΰ πεπληρο-
φορημένοι έσμέν αντί θεμελίου παντός κεκτημένοι τα παρ' αύτοΰ προς ήμας πεμπόμενα
γράμματα πάσης γέμοντα συνέσεως και άγχινοίας και αγάπης πνευματικής. Διό
και ήμεϊς χάριν αύτώ δτι πλείστην όμολογοΰμεν και ούκ 12 εν τώ τής ψυχής ημών και
τώ τοΰ νοός $σματι μόνω, αλλά τε13 δια γλώττης και ζώσης φωνής εύχαριστίαν τφ
25 Θεώ άναπέμπομεν τω άναγαγόντι τοϋτον επί τον ύψηλόν άποστολικόν τής αγίας
τών 'Ρωμαίων Εκκλησίας θρόνον και δι' αύτοΰ ειλικρινή και καθαραν έν αύτη
είσαγαγόντι γαλήνην 14, άνθ' ής είχε πρότερον τρικυμίας" και εις έπίδοσιν èVi και
αυξησιν τα τής διαθέσεως ταύτης έλθεϊν έλπίζομεν τώ συνδέσμω και τή ενώσει τοΰ
παναγίου Πνεύματος κατά την τών 'Αγίων παράδοσιν.
30 ' Αποδεχόμεθα δέ και την σήν 15 προς ήμας έπιδημίαν και ίδείν έπεθυμοΰμέν σε
Μ 33ν και προ ήμερων έξότουπερ ήλθες ώς παρά τοσούτων σταλέντα και υπέρ
τοιούτων αναγκαίων πραγμάτων και ώς πεΐραν έχοντα λόγων και συνέσει και άγχινοία
κεκοσμημένον" έκωλυόμεθα δέ υπό τίνων καιρικών συγχύσεων και μάλιστα ύφ' ών
είχομεν λογισμών έκ τής πολλής άγανακτήσεως Ο2 135ν τοΰ κρατίστου και αγίου
35 μου αύτοκράτορος, τοΰ προστάτου και προμάχου τών χριστιανών. Νΰν δέ σε ίδόντες
εύφράνθημεν πνευματικώς και ώς εις καλόν ημών ήκεις προσαγορεύομεν.
Έπεί δέ και τά θ' ταΰτα κεφάλαια ήκούσαμεν, άπερ έξ αναθέσεως ώς Μχων 16
τοΰ μακαριωτάτου πάπα προύθηκας 17 νΰν εις το μέσον, ώντινων και 18 τας λύσεις και
τας απολογίας ανάγκην ^χομεν και ήμεΐς κατά τό έγχωροΰν άποδοΰναι' σκέψεως
40 δέ ταΰτα δέονται και μελέτης αξίας, άλλ' ώσθ' δτι χρείαν £χομεν και τα γράμματα
ίδεϊν πρότερον τα εκείθεν άρτί Μ 34Γ ως δια σοΰ πεμφθέντα. Δια τοΰτο δσον νΰν
δίδωσιν ή ώρα κατά τό 18* ενόν πειραθώμεν μετρίως άπολογήσασθαι. »
9 διετράνωσεν : — νωσε Ο2. — 10 — σεω dans l'interligne en M. — Π έπαγόντων οίίς corr.
έπαγαγών Μ, επαγωγών ών Ο2. — 12 καΐ ούκ : ούκ Μ. — 13 τε : καΐ Ο2. — 14 γαλήνην : γαλήνη Μ. —
:

15 τήν σήν : τήν Μ. — " ώς Είχων Ο2. — 17 προύθηκας : πρόθηκας Μ. — 18 καΐ omet Ο2. — 18* κατά
τό : κ(α)τ(α) τά τό C2.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 33

INSTRUMENTUM RELATIONIS
DE ΑΜΒΑΧΙΑΤΑ
FACTA AD GRAECOS EX PARTE
DOMINI PAPAE. ET CONTINET NOVEM
CONCLUSIONES x.
<Πρώτον κεφάλοαον τοΰ πάπα>
Και πρώτον έστιν εν τη μεγάλη αύτοΰ I
προς την ενωσιν προθυμία19. Τοσούτον Quarum prima fundatur in Domin
γαρ ό μακαριότατος κύριος ημών ό πάπας i nostri Papae ad unionem arden-
ορέγεται την εύδαιμονεστάτην Μ 31 ν tissimo desiderio. Cum enim omni2
έκείνην ήμέραν της ενώσεως των Εκκλησ ex natura sua tendat ad unionem,
ιών, Λατινικής τε καί Γραικης, ώστε quia non vult totum a suis partibus
πλην τον Θεον ουδέν πλέον 20 επιθυμεί' separari, nec partes a suo toto, ut
προς ταύτην γαρ έ'νωσιν πασαν την της Unio servetur, postea 3 quoniam
Εκκλησίας της 'Ρώμης δύναμιν δικαίαν, virtus unita fortior est dispersa,
πρέπουσαν 21 και σεμνήν δοΰναι σκοπόν sanctissimus dominus Papa non
έχει καί ουδέν εύδαιμονέστερον 22 της tantum desiderat unionem ex natur
τοιαύτης ενώσεως εν τη ζωη ίΟ αυτού a,sed etiam ultra naturam incli-
βλέπει προς αυτόν. Καί συνάθροισις 24 natam. Tantum optât ratione boni-
τών κυρίων καρδιναλίων ουδέν τοσούτον tatis pontifîcatus Domini nostri
φροντίζει όσον την τοιαύτην άγιωτάτην felicissiman videre diem illam
ενωσιν. Καί τί λέξω περί τοΰ κυρίου Ecclesiarum Latinae Graecaeque
λεγάτου 25 τοΰ καρδιναλίου τοΰ 'Αγίου unionis ut praeter Deum nihil
'Αγγέλου, όστις, ώς κάτω26 δηλοποιήσω, supra. Deinde intendit pro hae
ασθενής27 εν τη δεινή θαλασσή έαυτον totum Ecclesiae Romanae licitum
έβαλε κατά πάσης συμβουλής τών ιατρών ; justum apponere at que honestum
Τοσαύτη επιθυμία ώρέγετο την ενωσιν et quod felicius hac in vita suae
τών προειρημένων 'Εκκλησιών ! Sanctitati occurrat certe ei non
<Πρώτον κεφάλαιον τοΰ παναγιωτατου ημών δεσποτου τοΰ οικουμενικού πατρι
άρχου. >
45 Α'. Καί περί μεν τοΰ πρώτου τοΰ περί της ενώσεως τών Εκκλησιών, έν φ τόν
πολύν άύτοΰ ζηλον παραδηλοϊ ό μακαριώτατος πάπας καί δν έχει υπέρ αύτοϋ
διακαή έρωτα καί ούδενος άλλου τών απάντων μετά Θεον ή τούτου έφίεται, καί
ημείς έκεϊνό φαμεν ώς επίσης υπέρ αύτοΰ σπουδάζομεν καί τον ίσον ζηλον καί την

19 προθυμία : επιθυμία Ο1. — 20 πλέον : μάλλον Ο1. — 21 τήν της — πρέπουσαν omet M.
— 22 L'emploi de cet adjectif ici et ailleurs est très certainement intentionnelle. Le rédac
teurjoue sans doute aucun sur le nom de l'ambassadeur Eudaimonoïoannès. — 23 τη ζωη : ζωη
M. — 24 συνάθροισις : πασά συνάθ. Ο1. — 25 λεγάτου : τοϋ λεγάτου MO1. — 2β κάτω δηλοποιήσω:
κατάδηλον ποιήσω Μ. — 27 ασθενής : ασθενή réécrit sur ασθενές Μ.
1 Titre général du rapport dont nous extrayons le texte latin des neuf articles y insérés
et publiés d'après un très mauvais manuscrit. Voir à ce sujet Mercati, Notitiae, p. 474
avec les notes. Nous suivons le texte de Mansi en l'amendant, là où il y a lieu. — 2 omni :
comne Mansi. — s postea : praeterea Bar.
3
34 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

venit in mentem et totum coll


egium dominorum cardinalium, omis-
sis omnibus, quasi de re alia non
pertractat quam de ista sanctis-
sima Unione. Sed quid dicam de
domino Legato reverendissimo car
dinale Sancti Angeli, qui, ut infe-
rius explanabo, ad mortem se posuit
in horrendo mari contra omne
medicorum consilium ? Tam accenso
harum Ecclesiarum Graecae et
Latinae desiderio ardebat conclu-
dendi Unionem, ut, ecce dicamus :
Desiderio desideravit Christi vica-
rius cum suis cardinalibus hoc
Pascha unionis, communionis et
pacis facere 4 vobiscum Graecis,
unica in Ecclesia catholica et apos-
tolica rugam non habente, schisma
neque dolos.

έπιθυμίαν περί το θεοφιλές τοΰτο Ιργον κεκτήμεθα, ίνα μή λέγω μείζονα, καί
50 εύχόμεθα τω Θεώ ώς και πολλάκις τοϋτο τοις ήμετέροις γράμμασί,ν έντεθείκαμεν
επί τών ήμερων ημών γενέσθαι τοΰτο καί ούκ εν γράμμασι μόνοις άρχθηναι, άλλα
καί δι' έργου τελειωθηναι δια την άποκειμένην άντιμισθίαν άπο Θεοΰ τοις τών
τοιούτων κατορθωταΐς. Ει γαρ οί πρότεροι διασχίσαντες καί διασ Μ 34ν τήσαντες
την μίαν καί καθολικήν Έκκλησίαν άφ' ής εΐχε το πρότερον κοινότητος καί ομονοίας
55 καταδίκης άξιοι και άλλοτριώσεως άπο τοΰ ταύτης συναρμολογιστοΰ 29 καί νυμφίου
Χρίστου οί ταύτην ένώσαι πάλιν δυνηθέντες καί εις έν άρτιον άποκαταστήσαι σώμα
Χρίστου ώς γνωρΐσαι αλλήλους πάλιν Ο2 136r άδελφικώς ώς το πρότερον εν ένί
Πνεύματι πόσων αμοιβών ούκ άξιοι κριθήσονται καί στεφάνων παρά Θεοΰ. Ει
γαρ επί ένί άμαρτωλώ μετανοοΰντι χαρά γίνεται εν ούρανώ κατά την εύαγγελικήν 30
60 τοΰ Κυρίου φωνήν, καί ό έξάγων άξιον έξ αναξίου ώς στόμα τοΰ Κυρίου γίνεται31
ό τοσαύτας μυριάδας χειραγωγήσας προς σωτηρίαν καί αίτιος αύτοις γενόμενος
ταύτης τω οντι αποστολικών γερών32 καί καθέδρας άξιωθήσεται. Διό καί ημείς
μεγάλως έπιθυμοΰμεν τοΰτο ίδεΐν γενόμενον και διά τάχους33 γενέσθαι αύτο θέλο-
μεν, καί Οτι βραδύνει τοΰτο σχεδόν δυσχεραίνομεν.

28άπό τοΰ : άπα Μ. — 29 Cf . Eph., 2, 21 et 4, 16. — 30Cf. Luc, 15, 7. — 31 καί 6


γίνεται omet M. — 32 γερών omet M. — 33 τάχους : τάχου Μ.

4 facere : secure Mansi. Cf. Luc. 22, 15.


V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 35
B' Π
Δεύτερον κεφάλαιον τοΰ παναγιότατου Secunda conclusio suum habet
Πάπα Μ. jus 5 in malis et periculis quae ex
Τό δεύτερον έστιν εν τοις κακοϊς και hoc schismate provenerunt hacte-
τοις κινδύνοις ο'ίτινες δια τοΰτο 35 τό nus et quotidie proveniunt tarn
σχίσμα ήκολούθησαν καΐ δια παντός άκο- spiritualiter quam temporaliter.
λουθοΰσι πνευματικώς και σωματικώς. Quae lingua, Pater Patriarcha et
Ποία γαρ γλώσσα, ώ έκλαμπρότατοι Romaeorum Imperator, sufficit
βασιλείς, άρκεϊ προς το διηγήσασθαι την explicare ex hac 6 pestifera divi-
χΰσιν τοΰ αίματος δια τοΰτο τό σχίσμα ; sione sanguinis efïusionem 7, homi-
ΤΑρα ούκ άπώλεσεν ή Ελλάς τήν ιδιότητα num stragem 8, succensiones,
της βασιλείας τοσοΰτον άνθώδους καΐ τών furta, adulteria, homicidia et similia
διδασκαλιών τήν σοφίαν και τήν εν τοις mala inefïabilia? Propter hoc
πολέμοις εξοχήν καΐ τήν τών αρχόντων pessimum malum Graecia nobilis
εύγένειαν και τό τών λαών πλήθος ; εν τώ tarn florida perdidit proprietatem
παρόντι δέ ή Ελλάς πασά, της ειρήνης dominii secularem, sapientiam ac
φθειρομένης, παρά της μάχης άπό τών morum strenuitatem, principum
εχθρών τοΰ Χρίστου 36 πανταχόθεν πιέζε nobilitatem, plenitudinem populo-
ταικαι εις άνδραποδισμόν προσάγεται. rum, mercatorum aflïuentias, maris
Τί δεινότερον ή άτοπώτερον ώς παρά potestatem. In praesenti vero Grae
τών ασεβών τους χριστιανούς άναγκάζε- ciaomnis, amissa utriusque homi-
σθαι δπλα εν πολέμω λαβείν κατά τών nis pace, guerris inimicorum crucis
χριστιανών, αλλά, όπερ χείρον έστιν, εάν Christi undique premitur et ita in
τοΰτο το σχίσμα ούκ ήν, πάντες νΰν servitutem redigitur. Quid sceles-
Κατάγοι και Τατάροι καΐ Τεΰκροι τω τοΰ tius dici posset quam quod infidèles
Χρίστου εύαγγελίω ύποτάττοιντο &V και fidèles christianos, suppeditantes
νΰν Μαχομετάνιοι έγίνοντο δια τήν στέρη- arma9, movere cogant ut plurimum
σιν τών διδασκάλων έπαγγελλόντων είρή- contra Christianos? Quid inhones-
νην, ενωσιν και σωτηρίαν και προς τον tius quam ut pudicae dominae
κίνδυνον ίνα μή ασεβείς λήψωνται37 παν Graecorum alias timoré nunc amore
τελώς τήν της Ελλάδος μοναρχίαν ουδε per viros suos nunc admittantur ad
μία βουλή λυσιλεστέρα εστίν ώς ένωθήναι tortorum conjugium, immo per
τω της αγάπης συνδέσμω, 'ίνα γένηται, parentes ad dispensationem, si dis-
ώσπερ πάλαι ήν, μία μάνδρα και εις 38 pensatio habet dici? Nos10 utique
ποιμήν. άλλαι δέ στράται επικίνδυνοι Latinos abominantes et vocantes
είσιν. nos Schillos Francos, cum simus

34 Δεύτερον — πάπα omet Ο1. — 3° τοϋτο τό : τφ τοϋτο Μ. — 36 Χρίστου : Θεοϋ Ο1. —


37 λήψωνται: λήψονται Ο1. -— 38 καΐ είς : εις M. Cf. Jean, 10, 16.
5 suum habet jus in : in summa habet subvenire Bar. — e ex hac : in hac Bar. — 7 effu-
sionem : efïusiones Bar. — 8 stragem : strages Bar. — * arma : hac arma Mansi dans le
·

texte, ac arma en marge. — 10 Nos : Vos Bar.


36 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

ejusdem fontis renati baptismate,


ejusdemque caelestis Patris fîlii
atque haeredes et fratres. Sed,
quod deterius, nisi ista cesset
scissura, omnes nunc tam Tartaris
quam Turcis obedient. Et renuntia-
bunt Evangelio Christi et jam servi
fient Mahometis ex carentia praedi-
catorum pacem, unionem et salu-
tem annuntiantium eis. Sed circa
periculum ne pereat praesto ex
tota Graeciae monarchia irreeupe-
rabiliter, dari f orsan consilium n
nulliter salubrius quam se nobiscum
unire caritatis vinculo ut fiat velut
antea unum ovile et unus pastor et
ut filii Dei Graeci, qui sunt aliqui
in Graecia, aliqui in Armenia,
aliqui in Syria, aliqui in Bulgaria,
aliqui in Turchia, etc. etc. congre-
gentur in unum Ecclesiae Romanae
consensum; alias omnia per bra-
chiüm infidelium remédia pericu-
losa certe sunt.

65 Δεύτερον κεφάλαιον του παναγιωτάτου ημών δεσπότου του οικουμενικού πα


τριάρχου'
Περί δε του δευτέρου εν φ ή γενομένη ζημία δια τό σχίσμα τών 'Εκκλησιών
δηλοΰται και δση στέρησις άνά τήν Ελλάδα πασαν και τήν 39 καθ' ήμας γην 40
λόγων όμοϋ και δυνάμεως και πλούτου γεγένηται τουναντίον δε αδθις έπίδοσις τών
70 ασεβών παντοία ως κινδυνεύ Μ 36Γ ειν εντεύθεν το τών χριστιανών άπολέσθαι γένος
άτε μή δυνάμενον τήν αυτών άντισχεϊν μανίαν τε και ροπήν. Ταΰθ' ούτως έχειν 41 και
ημείς συνομολογοΰμεν, πλην, ώσπερ τα τέλη τών αμαρτημάτων λέγεις, ούτως
έχρήν σε 41* και τας αρχάς μή παραλιπεΐν έκαστου γαρ πράγματος τας αιτίας
ζητοΰμεν άγαθοΰ τε και φαύλου" και μνήμης άξιος και επαίνων ό τών αγαθών
75 πρόξενος" τουναντίον δέ αδθις ό τών εναντίων γενόμενος αί'τιος" Ό γαρ τα σπέρματα
φησι παράσχων οδτος 42 και τών φύντων αίτιος. Ώς γαρ επί φυλακής οικίας ή
πλοίου ή τοιούτου τίνος τριών όντων43 ή τεττάρτων τήν αύτοϋ πεπιστευμένω.ν 43
άσφάλειαν τη προς αλλήλους μεν δμονοία καλώς περιπεφραγμένων, ούδ' αν εις

38 τήν : τής Μ. — 40 M répète après γήν le passage και όση — 'Ελλάδα πασαν de la ligne
précédente. — 41 οΰτως ϊχειν : ούτος 'έχει Μ. — 42 ούτος : οΰτως Μ. — 43 οντων : δν Μ. —

4Ϊ* πεπιστευμένων : μένην Ο2.


·

11 consilium : concilium Bar ici et ailleurs.


V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 37
ίσχύσειε κατ' αυτών, ραθυμίσαντος δέ Ο2 136ν τοϋ ένας και λειποτακτήσαντος και
80 εις ετέρους χωρήσαντος λογισμούς πασά 44 ανάγκη σαθραν Μ 36ν γενέσθαι την
τών ετέρων ίσχύν ώς καταφρονεϊσθαι παρά τοΰ βουλομένου και διαρπάζεσθαι ών
τας εύθύνας και τους λόγους <διδόναι> 45 ό αποσχισθείς καΐ άφηνιάσας πάντως
οφείλει. Οοτω δή και εφ' ήμΐν γέγονεν, ους ό Κύριος κατέστησεν ώσανεί πέντε
αισθήσεις εις το εν άρτιον της αύτοΰ 'Εκκλησίας και άγιον σώμα1 άχρι 46 μεν οδ τον
85 ύγια λόγον άνεπνέομεν το εν συμφρονοΰτες και ύφ' ένί Πνεύματι Άγίω στηριζό
μενοιτε και οδηγούμενοι 46, ύγειώς εΐχομεν και καλώς πνευματικώς εν πδσιν
εύεκτοΰντες και πλατυνόμενοι και τους κατά Χρίστου λυττήσαι διαφόρως τολμήσαν-
τας ισχυρώς άπεκρούομεν τη σφενδόνη τοΰ 'Αγίου47 Πνεύματος. Και τούτων τα
παραδείγματα πλήρεις μεν βίβλοι, πλήρεις δέ ίστορίαι φέρουσιν άφ' οδ δέ ό τών
90 ζιζανίων σπορεύς την αδελφότητα διεσπάραξε 47 και τον κρείττονα διέστησεν έκτοτε
και ή ζάλη υπεισήλθε λοιπόν και ή ίσχύς εξέλιπε και τό τών εναντίων κέρας ύψώθη 48
και δσα τών χριστιανών α'ίματα καί Οσοι φόνοι49 γεγένηνται, ών ούχ ήμεϊς αίτιοι οί
μένοντες εν οίς έτάχθημεν καΐ υπέρ Χρίστου κατά τό δυνατόν μαχόμενοι καί δι'
αυτόν πάσχοντες, άλλ' οί ήμας έρημους καταλιπόντες καΐ ώσπερ επί της τοΰ 'Ιούδα
95 τόλμης· 'Ανάγκη φησίν 50 ό Σωτήρ έλθεϊν τα σκάνδαλα' ούαί δέ φησι τω άνθρώπω
δι' οδ τα σκάνδαλα άρχεται καί ώσπερ αυτός δια ταΰτα σωματική ν άμα καί ψυχικήν
άγχόνην κατεδικάσθη, οΰτω καί ό τό έν σώμα της Εκκλησίας είς μέρη καί μέλη
τεμών καί άπό της ολομελείας διασχίσας αυτήν τοΰ Χρίστου καί Οσοι τούτω συν
εργοί γεγόνασι τας αύτας άποτίσουσι δίκας παρά Θεοΰ.
Γ' III

Κεφάλαιον τρίτον τοΰ παναγιωτάτου Tertia COnclusio Salvatur 12 in


Πάπα. requisitione promissi. Quoniam
Τό τρίτον εστίν έν τη ζητήσει της reverendus pater et dominus episco-
ύποσχέσεως· ό κΰρ Εύδαιμονοϊωάννης γαρ pus Slomensis 13 et dominus NÏCO-
καί ό αίδέσιμος πατήρ κΰρ Θεόδωρος ό laus Eudaemon Joannes obtulerunt
επίσκοπος της Όλένης προσήνεγκαν τω et dixerunt aperte, districte 14 et
άγιωτάτω καί κυρίω ημών τω πάπα clare, Omni semota obscuritate,
Μαρτίνω πέμπτω τό θέλημα τοΰ έκλαμ- domino et Sanctissimo papae Marti-
προτάτου τών 'Ρωμαίων βασι Μ 37ν λέως no quinto voluntatem esse patriar-
καί τοΰ 51 πατριάρχου της Κωνσταντίνου- chae reverendissimi Constantino-
πόλεως είναι φροντίζειν τήν ένωσιν κατά politani et Serenissimi Romanorum
την πίστιν ήν ή αγία της 'Ρώμης Έκκλη- imperatoris 15 procurare ac curare

44 πασαν : πάσα Μ. — 45 καί τους λόγους omet Ο2. — 4β ίίχρι μέν οδηγούμενοι (ου omet Ο2)
omet Μ. — 47 'Αγίου omet Ο2. — 47* διεσπάραξε: αξεν Μ. — 48 ύψώθη : ύπερηψώθη Μ. —
48 φόνοι : φθόνοι Ο2 avec le θ barré par une main plus récente. — 50 φασιν au-dessus de la
ligne O2. — 51 omet M.
12 salvatur : solvatur dans le texte Mansi qui se corrige en marge. — 1S Slomensis ms et
edd. : le titre episcopal est déformé de Olenensis comme il résulte du texte grec. Voir à ce
·

sujet Mercati, Notitiae, p. 475, n. 2. — 14 districte : distincte Bar. — " serenissimorum


Romanorum imperatorum : serenissimi Romanoruin imperatoris Mansi.
38 REVUE DES ETUDES BYZANTINES
σία κρατεί και φροντίζειν 52 ύποταγήν sine fraude et dolo sanctissimam
προς αυτήν την της 'Ρώμης Έκκλησίαν, unionem Ecclesiae Graecorum cum
ώσπερ δήλοποιεΐται έν τη βούλλη τοΰ Ecclesia latina sub ilia fide quam
πάπα προς τον πατριάρχην. ΚαΙ διά τοΰτο sancta Romana Ecclesia tenet et
ό κύριος ημών ό πάπας ζητεϊ και προσκαλεί obedientia ad eamdem Ecclesiam
ύμας προς την δικάίαν ύπόσχεσιν τηρητέον Romanam ut intendit dominus nos-
και έαν παρά τον ύμετέρον σκοπον ο'ι ter papa in suis Bullis credentia-
ειρημένοι, ό κΰρ Εύδαιμονοϊωάννης 53 και libus ad Vos reverendissimum Pa-
ό επίσκοπος, ύπεσχέθησαν δηλοποιεϊτε triarcham et ad vos Serenissimos
ώς αυτοί κακώς είπον, ϊνα ουδεμία imperatores et ad Praelatos vestros,
άμφισβήτησις fj έν τοις προειρημένοις. ut etiam testantur hoc litterae
credentiae reverendissimi domini
Legati ad eosdem. Ideo dominus
noster merito, ut bonus 16 pastor,
requirit, invitât vos justum ad
promissum servandum in Sancta
Sede Apostolica. Divina17 voce
Graeca ait Ecclesia : Conscientiae
nostrae convenit semper dare ope-
ram ne oves errantes culpa nostra
pereant de Ecclesia. Et si praeter
intentum vestrum m dominus Theo-
dorus et dictus Nicolaus oratores
vestri 17 bis promiserunt haec supra-
dicta modo praedicto, ostendetur
evidenter Sanctitati Domini Nostri
eos false exposuisse voluntates ves-
tras 17 ter, ne dubium remaneat
aliqua in parte praefatorum. Veri
tas quidem non quaerit angulos,
sed praedicat in plateis, in publicum
dicit quod narrât omni alethia 18,
iidem phobiae, etc.

100 Κεφάλαιον τρίτον τοΰ παναγιότατου ημών δεσπότου και οικουμενικού πα


τριάρχου.
Περί δε τοΰ τρίτου κεφαλαίου, δ έστιν ώς' Ύπεσχέθημεν ήμεΐς δια τοΰ Ο2 137Γ
πρέσβεως ημών τοΰ Εύδαιμονοϊωάννου και τοΰ επισκόπου Όλένης άπο στόματος
καΐ εξ αναθέσεως ώς έτοιμοι έσμεν και χωρίς συζητήσεως τίνος άφιλονείκως και

62 φροντίζειν : - — ίζει Ο1. — 53 κϋρ Εύδαιμον. : κϋρ Δοαμον. Ο1, Εύδαιμον. Μ.


18 ut bonus pastor : pastor ut bonus Bar. — 17 Toute la fin du paragraphe est omise
par Bar. — 17* vestrum : nostrum Mansi. — 17 »'· vestri : nostri Mansi. — 17 ter vestras :
nostras Mansi. — " alethia : alechia dans le texte Mansi qui corrige en marge.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 39

105 άπραγμόνως ύποκύψαι τη πίστει ην ή της 'Ρώμης Εκκλησία κρατεί' ημείς τοΰτο
άπολογούμεθα ως οΰτε ένεθυμήθημεν τοΰτο, λοΰτε έγράψαμεν, ούτε τινί άνεθήκαμεν.
Πώς γάρ; "Αλλα μεν έγράφομεν, άλλα δέ έμέλλομεν άπό στόματος λέγειν; Διό
και θαυμάζομεν εις ύπερβολήν, εΐπερ δλως ε'ίρηκε 54 τοϋτο ό Εύδαιμονοϊωάννης,
πώς έδέξασθε αυτό εναντίον ον τοις γράμμασιν ημών. Και γαρ πας άποκρισιάριος
110 ή εγγράφως Ιχει τήν άνάθεσιν ή έξ αναθέσεως αποστέλλεται μόνης πίστιν έχων
άπό του πέμποντος, ή μετά γραμμάτων55 δίδοται ιδίως αύτω γεγραμμένων εις
πίστωσιν ώς έχει τι και έξ αναθέσεως είπεϊν. Εις τί οδν εδρασθείς ή αυτός είπε και
εισηκούσθη 56 ή ύμεϊς άκούσαντες έπιστεύσατε ; ώς οδν έστι τοΰτο συκοφαντία
παρέστι σαφώς ούκ άπό τών πραγμάτων μόνον 57 ΐδεΐν, αλλά και άπό τών Μ 38ν ήμε-
115 τέρων γραμμάτων άπό μέν τών πραγμάτων 58 Οτι το εναντία λέγειν τινά ών γράφει
καταλύοντας έστιν εαυτόν και οΰτε έν οίς γράφει οΰτε έν οις λέγει τό πιστόν κέκτηται"
άπό δέ τών γραμμάτων ημών δτι ήμεΐς σύνοδον οίκουμενικήν έξ αρχής και μέχρι
τοΰ νΰν ζητοΰμεν γενέσθαι 59 κατά τήν διαγόρευσιν τών θείων και ιερών κανόνων
και έξετασθήναι τα περί τούτου και τό άποκαλυφθέν άπό Θεοΰ πέρας στερχθήναι
120 και προσκυνηθήναι και παρ' αμφοτέρων, και οΰτω γενέσθαι τήν ένωσιν. "Α δή
γράμματα πάντα και τα εκείθεν εις ήμας έλθόντα και τα άφ' ημών έκεΐσε σταλέντα
έν τφ ίερφ κείνται της Εκκλησίας κώδικι 57 έσφαλισμένα και σχε Ο2 137ν δον
ειπείν βεβουλλωμένα. Δι' ουδέν οδν τών απάντων έδει ή αυτόν ειπείν εξω τών
ημετέρων γραμμάτων, έπεί παραπρεσβεία εστί τοΰτο, ή προτιμηθήναι τον λόγον
125 αύτοΰ παρ' ύμϊν M 39r εναντίον οντά τοις ήμετέροις γράμμασιν δτι οδν συκοφαντία
εστί τοΰτο σαφής, εχομεν δια πολλών άλλων άποδεΐξαι" ά παραλείπομεν νΰν δια
τό της ώρας στενόν.
Δ' IV

Κεφάλαιον τέταρτον τοΰ παναγιωτάτου Quarta COnclusio Creatione legati


πάπα. firmitatem habet. Propter quae
Τό τέταρτον έστιν έν τον Δια τί έγένετο promissa 19 tam mil'ifica sanctissi-
ό λεγάτος; Ό κύριος ημών ό πάπας δια mus dominus noster Papa illico
τας υποσχέσεις τοσοΰτον θαυμαστας Florentiae creavit dictum legatum
ευθέως έν τη Φλωρεντία έποίησε λεγάτον ex latere et publicavit reverendissi-
τόν αίδεσιμώτατον τόν έν Χριστώ πατέρα mum in Christo patrem dominum
καί κύριον καρδινάλιον τοΰ Αγίου Άγγέ- cardinalem Sancti Angeli. Qui donii-
λου, όστις διά τινας της Εκκλησίας nus Cardinalis et legatus propter
άνάγκας και τας έαυτοΰ άπεδήμησε προς nonnullas Ecclesiae necessitates et
τήν Ίσπανίαν58 μετά59 συννεύσεως τοϋ suas pervenit ad Hispaniam de
προειρημένου Νικολάου Εύδαιμονοϊωάν- conscientia ejusdem domini Nicolai

64 εϊρηκε Ο2 :εϊρηκεν Μ. — 55 γραμμάτων: τών γραμμ. Ο2. — 56 είσηκούσθη : ήκούσθη Ο2. —


57 μόνον : μόνων Ο2. — 58 άπό πραγμάτων omet Oa. — 5β γενέσθαι omet Ο3. — 57 κώδικι :
κώνδικιΜ. — 58 Ίσπανίαν : Ήσπανίαν Μ. — 59 μετά συνεύσεως πρέσβεως υμετέρου passage mis
entre guillemets en M qui ajoute en marge d'une autre main : Νικόλ(αος) Εύδαιμονο-
(ϊωά)νν(ης)
19 promissa : praemissa Mansi Bar.
40 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
νου, πρέσβεως υμετέρου. Τότε γάρ'ούκ ή"ν Elldaimon Ioannis oratoris vestri 20,
καιρός επιτήδειος τοΰ πλέειν προς την eo quod tune erat tempus idoneum
Ελλάδα60, οΰτε ήσαν παρασκευασμένα navigandi ad Graeciam, nee erant
άπερ παρασκευασθήναι ανάγκη έφαίνετο praeordiüata quae de necessitate
έν τη Κωνσταντινουπόλει δια τήν σύνοδον videbantur ordinanda Constanti-
χωρίς γαρ συνόδου 60* Γραι Μ 39ν κών τε nopoli pro COncilio fiendo. Sine
και Λατίνων τελεία ενωσις άκολουθήσειν enim COncilio Visum fuit Graeco-
ούκ έφαίνετο και, ΐνα μη άκολουθήση δπερ rum et Latinorum praefatam unio-
ήκολούθησεν 61 έν τη συνάδω τοΰ Λουγδού- nem sequi non posse et ipsis satis
νου. Ήν δέ ό προειρημένος καρδινάλιος ό erat ad haec 21 faciendum. Fuit
λεγάτος δεινή νόσω κρατηθείς και ουπω autem praedictus dominus cardi-
ύγιής έαυτον έν τη θαλασσή &βαλε κατά nalis in Hispania gravissima infir-
τής 62 τών ιατρών συμβουλής, ίνα τό mitate detentus a qua nondum
έργον της ενώσεως τελέσειε 63. liberatus in maris periculo se posuit
contra etiam salubre consilium me-
dicorum ut ad implendum opus sui
offîcii veniret et ut non faceret
voluntatem eius sed patris domini
Papae qui misit eum.

Κεφάλαιον τοΰ παναγιωτάτου ημών δεσπότου και ο'ικουμενικοΰ πατριάρχου


τέταρτον
130 Δ'. Περί δέ τοΰ τετάρτου δπερ εμφαίνει ώς δια τήν ύπόσχεσιν ταύτην έδρασθέντες
ύμεΐς έξελέξασθε τον εφημένον λεγάτον δς και οικονομηθείς έλθεϊν ένεποδίσθη ύπό
αρρώστιας μεγάλης, ημείς και αδθις τοΰτο διισχυριζόμεθα ώς οΰτε εϊπομεν οΰτε
ένεθυμήθημεν, οΰτε έγράψαμεν, οΰτε άνεθήκαμεν τοιούτον τι ειπείν δλως* ουδέ γάρ
ϊνι τοΰτο απλώς και ώς έ'τυχε παριδεϊν άλλα το κεφάλαιον τοΰτο περί δ νΰν ή συκο-
135 φαντία μέγα εστί και πολύ και περί Ô πασά ή ζήτησις και ή διάστασις τών τοσούτων
χρόνων περί δέ Μ 40Γ τοΰ είρημένου λεγάτου έξεδεχόμεθα και ημείς τούτον έκ
πολλοΰ, άκούοντες δτι έ'ρχεται' έπεί δέ άσθενήσας βαρέως νΰν έπανεκλήθη και
ούτω πάλιν εύχόμεθα τω Θεώ Ϊνα αυτόν ϊδωμεν. Θαυμάζομεν δέ πώς σύνοδον επι
ζητείτε γενέσθαι καθολικήν ϊνα δπερ αν δόξη γένηται βέβαιον και μή άμφιβάληται
140 ύστερον παρά τίνος ώς και έπί τοΰ Λουγδούνου' είτα άφιλονείκως, μάλλον δέ άνεξε-
τάστως θέλετε ήμας ύποκύψαι και ύποταγήναι φτινι κρατεί ή της 'Ρώμης Εκκλησ
ία" ουδέ γαρ 'έχει τις ειπείν ώς φόβω της έ Ο2 138Γ τοιμαζομένης κρίσεως διά τήν
άποτυχίαν. "Αλλα μεν διέξειμεν έν τοις γράμμασιν, άλλα δέ άπό στόματος άνεθή
καμεν 64 ή δτι βοηθείας έλπίδι έτοίμως ούτω και άπονητί προς άθέτησιν έδράμομεν
145 ών ύπ' αύτοΰ Χρίστου και τών αύτοΰ σεπτών 'Αποστόλων Άγίω Πνεύματι παρ-

60 "Ελλάδα : Έλλάδαν Μ, Μωρέαν Β ici et ailleurs. — β0* ενωσις : σύνοδος dans le texte, en
marge : £νωσις Ο1. — - el ούκ έφαίνετο ήκολούθησεν omet M. — ea της omet M. — e3 τελέσειε :
σοιε Μ. — M άνεθήκαμεν : ένεθ. Ο2.
20 oratoris vestri : oratorum vestrorum Mansi qui cependant ne nomme pas non plus le
second ambassadeur, l'évêquo Théodore. — 81 haec : hoc Bar.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 41
ελάβομεν. Και γαρ και νόμοι καΐ κανόνες και άπας σχεδόν Μ 40ν δ των άγιων
σύλλογος προς συμμαχίαν εστίν ήμΐν των πατρφων άντεχομένοις και μηδαμώς
των δρων αυτών εξω βαίνουσι 65. καΐ μηδέ άλλάξασθαι γένοιτο ποτέ ήν έχομεν
όρθοδοξίαν μετά πενίας της διαφερομένης καν πολλή τις ευδαιμονία 65* έκ τούτου
150 περιγενήσεται, μηδέ εις φανερον έμπεσεΐν κακον δια προσδοκώμενον κίνδυνον.
Ε' V

Κεφάλαιον πέμπτον του παναγιωτάτου Quinta conclusio attenditur penes


πάπα. impedimenta ex quibus legatus
Πέμπτον έστιν έν τω' Δια τί ό λεγάτος et dominus cardinalis non ivit
οΰπω ήλθεν 66 εις τήν Ελλάδα. Ό καρδι ad Graeciam. Cum enim versus
νάλιος ήν παρασκευασμένος και έτοιμος eamdem se parasset ad iter, litterae
προς 67 τήν στράταν και τήν όδόν προς τήν supervenerunt episcopi Theodori,
Ελλάδα, άλλα έκώλυσαν αύτον τα του necnon et aliorum multorum, depor-
προειρημένου επισκόπου γράμματα καί tatae per fratrem Macarium et alios
τίνων άλλων πολλών, άτινα ήνεγκεν ό nonnullos. In quibus expresse conti-
μοναχός Μακάριος, έν οΐς γράμμασι φανε- nebatur haec22 sententia quod con-
ρώς περιείχετο Οτι συνάθροισις τών επι gregatio pro concilio fiendo praela-
σκόπων των Γραικών τούτω τω καιρώ torum Graecorum isto tempore
γενέσθαι ού δύναται δια τήν τών Τούρκων fieri non posset propter inhuma-
ώμοτάτην μάχην καί δια το πέρασμα αυτών nissimam Turcorum guerram et
Μ 41 Γ άπα της 'Ασίας προς τήν Ελλάδα transitum eorumdem ad partes
καί εν τοις προειρημένοις γράμμασιν Graeciae. Ac etiam in eisdem litteris
έδηλοποιεΐτο ούδεμίαν εϊναι έν τη Κων- renuntiatum est Constantinopoli
σταντινουπόλει παρασκευήν της συνόδου. esse nullum vestigium praepara-
tionis concilii. Incassum ergo super-
venisset iegatus ad 23 impetratam,
immo perturbatam atque inconsi-
deratam omnibus suis in partibus
24. Prudentia enim enim
si aut adjecto ultimo vult praecep-
tum, judicium medio et primo
consilium quorum prudentiae ac
concilium quorum prudentiae ac-
tuum25 primum non est, secundus
abest, tertius subest. Venire ergo
non debebat dominus legatus.

66 βαίνουσι : βένουσην Μ. — 65* ευδαιμονία : νίας Μ. — 6β οϋπω ήλθεν : ουπο ήλθε Μ.


**■ haec : ex Mansi. — 23 Bar omet, à partir d'ici, toute la fin du paragraphe. — 2* Même
vide dans Mansi qui, en marge, note : locus obscurus. — a5 actuum : activum dans le texte
Mansi qui, en marge, corrige.
42 REVUE DES ETUDES BYZANTINES
Κεφάλαιον πέμπτον τοΰ παναγιωτάτου ημών δεσπότου και οικουμενικού πατρι
άρχου.
Ε'. Περί του πέμπτου ότι αύθις έτοιμασθέντος τοΰ καρδιναλίου έλθεϊν προς τα
της Ελλάδος μέρη ένεποδίσαμεν αυτόν δια των γραμμάτων ημών ά ό μοναχός
155 Μακάριος έπεφέρετο, ημείς και τοΰτο άρνούμεθα' ουδέ γαρ διαλαμβάνουσι τα
ημέτερα γράμματα έμποδισμόν εις αυτόν, μάλλον μεν 68 την τοΰ καιρού παραδη-
λοΰντες δυσχέρειαν άπο των ασεβών και ην εύρίσκομεν άπο των γειτόνων ημών
έναντιότητα, ευχής ίργον είχομεν το εύρεθήναι κατά τον καιρόν εκείνον τον λεγάτον
ενταύθα ώς είς πολλήν πάντως έσόμενον λυσιτέλειαν κατά τε αλλά και εις άναχαί-
160 τισιν της ορμής των πλησίον ημών δντων, Μ 41 ν καθ' ημών δέ βουλευομένων άεί.
Δια τοΰτο μάλλον δια τάχους αύτον έξεκαλοΰμεν έλθεϊν, ώς δηλοΐ τα ημέτερα
γράμματα τά τε προς τόν πάπαν και τα προς τον λεγάτον Ο2 138ν καταστρώννυνται
γαρ καΐ αυτά έν τω ίερώ και θείω κώδικι.

VI
Κεφάλαιον έ'κτον τοΰ παναγιωτάτου Sexta conclusio vigorem habet
πάπα. in destinatione nuntii Apostolici.
"Εκτον έστιν έν τφ' Δια τί έμέ άγγελον Quare, ne 26 longum iter diuturna
άποστολικόν επεμψεν ό άγιώτατος πατήρ mora legati esset sine fructu, domi-
ό πάπας; Έπεμψε69 δέ έμέ, 'ίνα μη ή nus27 noster Papa, habito maturo
μακρά οδός τοΰ λεγάτου χωρίς καρποΰ et digesto consilio, deliberavit prae-
γίνοιτο, ώστε μετά καλής καΐ επαινετής mittere 28 me nuntium suum Apos-
βουλής 70 ό άγιώτατος πατήρ συνέστησε tolicum ut praeordinarem congre-
πέμπειν έμέ άποστολικόν άγγελον, ίνα gationem Praelatorum et Graeco-
παρασκευάσαιμι τήν συνάθροισιν τών rum, quae repraesentet 29 totam
Γραικών επισκόπων" ή συνάθροισις ^στω ipsorum Ecclesiam, ne in primum
αντί πάσης αυτών 'Εκκλησίας, έν φ πράγ inconveniens incidamus, quando
ματι ανάγκη εστίν έμέ γινώσκειν τέσσαρα. oratores imperatoris Constantino-
Ποίω καιρώ οφείλει γίνεσθαι ή τοιαύτη polis in concilio Lugdunensi se
σύνοδος, έν ποίω τόπω και έκ τίνων επ Romanae Ecclesiae univerunt et
ισκόπων τών Γραικών και προς τί τέλος. CREDO IN DEUM prout eadem
Ecclesia publiée decantarunt 30, nee
tarnen illi reduetioni, ut patet,
Graecia stare voluit asserens, ut
fertur, sine communi concilio id
actum esse. Expedit quidem hoc
ad tollendum vetustissimum malum.
Hoc sciam quatenus quo possum
clarissime informare dominum nos-
68 μέν : δέ Ο2. — e9 έπεμψε : ψεν Μ. — "> βουλής καΐ επαινετής Ο1.
26 ne : nee Mansi. — · 27 dominus : si dominus Mansi. — 2e praemittere : promittere dans
le texte Mansi qui corrige en marge. — 29 repraesentet : — tat Mansi Bar. — 80 decantarunt :
decantaverunt Bar.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 43

trum Papam et Legatum, scilicet


quo tempore fieri débet istud
concilium, quo loco et ex quibus
Graecorum praelatis, ad quem finem
concilium, fateor31, intendit. Quia
cujus finis bonus, ipsum quoque
bonum est et cujus finis malus,
ipsum quoque malum est. Si 32
est disputatio plurimum grandae-
va, si de fide disputatio, procul a
nobis; si ad conferendum per doc-
tores graecos pariter et Latinos
summam complacentiam ad calu-
vite33 agathon.

M 42Γ Κεφάλαιον έκτον τοΰ παναγιωτάτου ημών δεσπότου και οικουμενικού


165 πατριάρχου.
ζ'. Περί δέ τοΰ έ'κτου δπερ ήμΐν παριστά δπως τήν σήν 71 αΐδεσιμότητα ό
μακάριος πάπας άγγελον άποστολικον ενταύθα έστειλε 72 παρασκευάσοντα τήν σύν-
οδον, έν φ δή και τέσσαρα επιζητείται" Τίνας δει συνελθεΐν έν αύτη, ό καιρός πότε
δει γενέσθαι, ό τόπος δπου 72* δει συνελθεϊν και τό τέλος εις τί εσται το συμπέ-
170 ρασμα, μάλλον δέ ή ζήτησις και ή σκέψις 73. Περί μέν οδν της σης αποστολής73*
και ήμεϊς δι' αποδοχής πολλής ε*χομεν τήν σήν έπιδημίαν ώς συναιρόμενον ήμΐν
προς το της ειρήνης καλόν καλόν δέ ε*σται τελείως όταν τοΰτο κανονικώς 74 γενή-
σεται" περί δέ της συνόδου γέγραπται ήμΐν έν τοις γράμμασιν ημών δτι, κανονικού
οντος τοΰ ζητήματος, οίκουμένικήν 75 δει γενέσθαι και τήν συνέλευσιν και παρεΐναι
175 τους άγιωτάτους πατριάρχας, τόν Μ 42ν τε 'Αλεξανδρείας, τόν 'Αντιοχείας και
τόν 'Ιεροσολύμων, ους μεθ' ημών άχρι τοΰ νΰν συνεργούς και συναντιλήπτορας υπέρ
των ορθών της Εκκλησίας δογμάτων αγωνιζόμενους μέχρις αίματος εχομεν, και
ϊτι τους αρχιεπισκόπους, τόν 'Ιβηρίας, τόν Άχρίδων 76, τόν Πεκίου και τους
αρχιερείς απαντάς της ημών επαρχίας, τους μακράν τε 77 και τους εγγύς" ομοίως
180 και περί τοΰ χρόνου· εΐρηται δτι τό έ"αρ άρμοδιώτερον ε'ις τοΰτό έστι και περί τοΰ
τόπου 'ότι ένταΰθα προσήκει τήν καθολικήν γενέσθαι συνέλευσιν πολλών αναγ
καίων ένεκα* περί δέ τοΰ τέλους και τοΰ ζητήματος, υπέρ 78 ού γενήσεται ή
έξέτασις 78* και τό συμπέρασμα, ούχ ημών έστι γνώναι εύαγγελικώς 79 ειπείν, μόνον
δέ τοΰτο Θεοΰ, δς και ήμΐν τότε δωρήσεται80, εί καθαρώς81 τοΰτο αΐτήσωμεν

71 σήν: σου M supplée en marge. — "έστειλε: εΌταλλε Μ. — 72 δπου: οπός όπου Ο1. —■
73 σκέψις : επίσκεψις Ο1. — 73* αποστολής : αποστολικής Ο2. — 74 κανονικώς : — ■ ικόν Ο2. — 75 Μ2
note en marge : Πότε δει γίνεσθαι οικουμενική σύνοδος καΐ έν τίσι πράγμασι. — 7β Άχρίδων :

Άχριδών Oa — 77 μακράν τε : μάκράντες Μ. — 78 υπέρ : περί Ο2 — 78* ή έξέτασις : έξέτασις Μ.


— 79 Cf. Actes, 1, 7. — 80 δωρήσεται: — σηται Ο2. — 81 εί καθαρώς: έγκαθαρώς Μ.
31 fateor om. Bar. — 82 La fin du paragraphe est omise par Bar. — M Caluvite agathon :
ainsi dans le texte Mansi qui, en marge, transcrit : Καλόν δέ αγαθόν.
44 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
185 μη τα εαυτών φρονοΰντες, άλλα τα τοΰ Θεοΰ εις έπίγνωσιν82 μεν έλθεΐν αύτοΰ
κοινή82*· έ'νωσιν δε και όμόνοιαν άληθινήν, νηστείας Μ 43Γ πρότερον γενομένης83
τριημέρου και πανήχου προς τον Θεον δεήσεως και ικεσίας, μηδέν 84 έξ οικείας
διανοίας προστιθέντές τι ή άφέλοντες, αλλ' έκείνοις επόμενοι οϊτινες ώς εκ Θεοΰ
έμπνευσθέντες τα περί τοΰ Αγίου Πνεύματος Άγίω Πνεύματι άριστα διεσάφησαν.
Ζ' VII

Κεφάλαιον έβδομον τοΰ παναγιωτάτου Septima conclusio roboratur in


πάπα. certitudine promissi. Unde quaero
Τό εβδομόν έστιν έν τη βεβαιότητι της si vos, Reverendissime 34 Patriar-
υποσχέσεως. Και δια τοΰτο ζητώ εάν cha et serenissimi Imperatores,
ύμεΐς, ώ γαληνότατε βασιλεΰ και πατρι- intenditis realiter operari quod Unio
άρχα, εχητε σκοπον μετά Ιργου 85 έργά- fiat sub fide quam Sacrosancta
ζεσθαι καΐ ποιεϊν 'ίνα γένηται έ"νωσις Romana Ecclesia tenet et servat
προς πίστιν, ήντινα κρατεί ή 'Αγία της et obedientiam ad eamdem Roma-
'Ρώμης 'Εκκλησία86 και προς τήν ύποτα- nam Ecclesiam, esto etiam quod
γήν προς αυτήν της 'Ρώμης Έκκλησίαν, alii Graeci congregati in concilio,
καίπερ 86 bis άλλοι, οϊτινες ούκ ε'ίσιν υπό quia non sint sub dominio vestro
της υμετέρας υποταγής, προς τήν της temporali35, non vellent accedere.
συνόδου συνάθροισιν ού παραγίγνοιντο 87, Istud idem dominus episcopus Theo-
ώσπερ ό προειρη μένος κΰρ Νικόλαος και dorus et dominus Nicolaus Eudae-
ό επίσκοπος Θεόδωρος έν τη Φλωρεντία mon Joannes obtulerunt Floren-
προσήνεγκαν άπό τοΰ μέρους Μ 43ν της tiae pro parte reverendissimi
υμετέρας Μεγαλοπρέπειας και τοΰ Πατ Patriarchae et serenissimi impera-
ριάρχου. toris Manuelis sanctissimo domino
nostro Papae et Legato, non quan
tum36 ad intentionem promissionis
imperatoris et Patriarchae, sed
quantum ad verba promissio indi-
get, ut fertur, examinatione.

190 Κεφάλαιον Ιβδομον τοΰ παναγιωτάτου ημών δεσπότου καΐ οικουμενικού -πα
τριάρχου.
Ζ'. Τοΰ δε εβδόμου κεφαλαίου ή λύσις αΰτη ώς' 'Τμεΐς88 αντί θεμελίου δοκεϊτε
έχειν τήν τοΰ Εύδαιμονοϊωάννου ύπόσχεσιν και έν τούτω ώς ερμαιον αυτήν λαβόντες
ταΰτα κατασκευάζετε ήν ημείς καθάπαξ άρνούμεθα και, το μεϊζον, ώς λέγετε, δτι
195 ού δυνατόν άποστήναι ύμας οΰ88* άντιποιεΐσθε δόγματος ώς δια πολλοΰ χρόνου

82 Cf. Eph., 1,7. — 82* κοινή : κοινήν Ο2. — 83 γενομένης : γένησβαι Μ. — 84 μηδέν : μέν Μ. —
85 δργου Omet Μ. — 8β 'Εκκλησία : —σίας avec le dernier sigma barré M. — 86* καίπερ : καΐ προς
M. — 87 παραγίγνοιντο : γίγνοιτο Ο1. — 88 ύμεϊς : ήμεΐς Μ. — 88* οΐ> : & Μ.
34 reverendissime : — mus Mansi. — 35 temporali omet Bar. — 3e non quantum : omis par
Bar ainsi que la fin du paragraphe.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 45

παγιωθέντος και πρεσβευθέντος ύπ' ανδρών αναρίθμητων σχεδόν των τε89 νΰν
ζώντων, τών τε προαπελθόντων, οί δια το περιον της σοφίας αυτών90 και τά
ύποχθόνια δύνανται κινήσαι" υπέρ οΰ91 πολλά έχοντες ημείς ειπείν υποδείγματα
έκ της θείας Γραφής δτι πανταχού το κρεϊττον προτιμάται τοΰ πλείονος" ου γαρ
200 εν τοις πλείοσιν ευδοκεί92 Κύριος· όμως παραλείπο M 44r μεν, ίνα μη προς επαρσιν
ημών φανώσι τα είρημένα 93. Έκεϊνο δε λέγομεν ώς άκούομεν και ήμεϊς έκεΐσε σοφούς
είναι και λογίους ικανούς και ώς έπιστήμην έχοντας το διαλέγεσθαι, ους ου δειλιώ-
μεν σφόδρα ημείς οί ολίγοι και αφελείς, ει δεήσοι94 προς λόγων έλθεϊν περί τών
τοιούτων τεθαρρηκότες προς Κύριον, δς τα ασθενή θεραπεύει και άναπληροΐ τα
205 ελλείποντα, δτι τοις έκζητοϋσι περί τών θείων άνωθεν δίδοται λόγος εν ανοίξει
τοϋ στό Ο2 139ν ματος94* αυτών και95 ουκ ε'ισιν αυτοί οί λαλοϋντες' Περί δέ τοΰ
χρόνου 95, ήμΐν μάλιστα τοΰτο αρμόζει' πλείονες γαρ χρόνοι παρηλθον, προ 96 τοΰ
σχίσματος δντων ημών ηνωμένων εν μια ομολογία τη τοΰ 'Αγίου Πνεύματος, εν f)
διατελοΰμεν ήμεϊς άχρι και σήμερον 97 και ην πρεσβεύομεν και μεθ' ής 98 προς
210 Κύριον έκδημήσαμεν οί99 μετά το σχίσμα98. Και παρ' ανδρών έπρεσβεύετο τότε τα
της ενώσεως άποστολικώς ζώντων και ουδέ99* συγκριθηναι προσηκόντων τοις
παροΰσιν. "Αλλως τε τίς ισχύς άπο Μ 44ν τοΰ χρόνου το πάγιον έ'χειν τοις μη
καλώς την αρχήν ίδρυμένοις" είτα, εάν ημείς ύποκύψωμεν ύμϊν κατά τον τρόπον
τοΰτον, πώς ήν δυνατόν άκολουθήσαι και τους 10° μεθ' ημών, οϊτινες <είσι, ώς>,
215 ανωτέρω δεδήλωται, δι' ών παν δόγμα κυροΰται. Τί αν ήν το εκείνους ανάγκασαν
τοιαύτη ψήφω άκολουθήσειν ; παρ' ών, ε'ι ένεκαλούμεθα, τί άν εϊχομεν έκείνοις
άπολογηθήναι και εαυτούς100* εξω αιτίας ποιήσαι; Δια δή ταΰτα πάντα πληροφο-
ρίαν δίδομεν ύμϊν ώς ούτε εϊπομεν τοιούτον τι, οΰτε ύπεσχέθημεν.

Η' VIII

Κεφάλαιον ογδοον ποΰ παναγιωτάτου Octava COnclusio existit in


πάπα. oblatione domini Legati. Promittit
Κεφάλαιον ογδοόν έστιν εν τη ύποσχέ- enilïl certissime illustrissimus domi-
σει τοΰ κυρίου Αεγάτου. 'Υπόσχεται γαρ nus Cardinalis Sancti Angeli et
βεβαίως ό προειρημένος καρδινάλιος ό legatus ex latere in partibus Grae-
Λεγάτος, εάν, ώς προεϊπον, μετά ορθής ciae, ubi promisit si37 recto animo
ψυχής ε*ργω και λόγω Ιλθητε προς τοιαύτην et dicto instituto veniatis ad saepe
άγιωτάτην ενωσιν, έτοιμον βοήθειαν τοΰ dictam sanctissimam Unionem,
ρηγός της Άραγωνίας, τοΰ ρηγος τής proniptum adjutorium régis Ara-
Καστέλλας Μ 45Γ και τοΰ ρηγός τοΰ goniae, régis Castellae, gloriosissi-

88 τών τε : τών Μ. — 90 σοφίας αυτών : αυτών σοφίας Ο2. — 91 υπέρ οΰ : ύπεροϋν Μ. —■


92 ευδοκεί: κοι M. Cf. Cor., 10, 5. — *3 είρημένα: πληρημένα Μ. — 94 δεήσοι : σει Ο2. —
*4* Bphes., 6, 19. — 95 καΐούκ χρόνου omet Μ. — 96 πρό : προς Μ. — 97 σήμερον : τήμερον Ο2.
— 98 καΐ μεθ' ής — σχίσμα omet Μ. — 99 ot : ή Ο2. — 10° καΐ τους : τους Μ. — 10°* εαυτούς : αυτούς
Μ.

37 ubi promisit si : uti promisit si Bar, ubi promissi Mansi.


46 REVUE DES ETUDES BYZANTINES
Πορτογάλου 101 καί τίνων άλλων αρχόντων morum, pro fidei triumpho, necnon
και αύθεντών. et aliorum principum, quamvis
coacta Deo non placeant. Hilarem
enim datorem diligit Deus 38.

Κεφάλαιον δγδοον του παναγιότατου ημών δεσπότου και οικουμενικού πατρι-


220 άρχου·
<Η'>. Εις δέ τό βγδοον δ λέγεις κεφάλαιον, εν ω ό μακαριώτατος πάπας υπόσχετ
αι βοηθήσειν ήμϊν εΐξασι τω αύτου θελήματι τούτω τω τρόπω 102 καί ούκ αυτός
μόνον, άλλα καί οι μεγάλοι ρηγάδες του μέρους εκείνου, περί μεν της διαθέσεως
ταύτης καί της βοηθείας εύχαριστεΐσθαι δίκαιος παρ' ημών, επειδή φιλία καί
225 κηδεμονία κινούμενος ταΰτά φησι1 πλην τότε εστίν αληθής ή βοήθεια, δτε μή
μείζονα ζημίαν επάγει τω βοηθεΐσθαι δοκοΰντι, μηδέ εις φανερον κακόν έμβάλει
διά προσδοκώμενον κίνδυνον, μηδέ εις ψυχικήν άπώλειαν δια δοκοΰσαν πρόσκαιρον
ώφέλειαν δπερ ούκ άν τις νουν Ο2 140Γ ε"χων ύποκύψειε καταδέξασθαι.
M 45V Θ' IX
Κεφάλαιον Ιννατον του παναγιωτάτου Nona conclusio terminatur in
πάπα. fmali et sancto promisso Sanctissimi
"Εννατόν έστιν εν τη φιλία του πάπα Domini Nostri Papae. Ego nuntius
ώστε εγώ 'Αντώνιος Δε Μάσα103 διδάσ Apostolicus magister Antonius Mas
καλος της Θεολογίας καί της τάξεως τών sanus ordinis Minorum, palam
Μειόνων, άγγελος αποστολικός, υπόσχο coram omnibus promitto de
μαι δτι, εάν ή προειρημένη Ινωσις παρά mandato domini nostri Martini
της Μεγαλοπρέπειας σου καί του Πατριάρ Papae V, quod si praedicta Unio per
χου τφ προειρημένω τρόπω μέλλει γίνεσ- reverendissimum dominum Patriar-
θαι ευθέως καί χωρίς αναβολής, ό κύριος cham et imperialem Majesta-
ημών ό πάπας πέμψει τον Λεγάτον μετά tem una cum modis supradictis
τών επισκόπων καί τών διδασκάλων προς fiat, quod sanctissimus dominus
τοΰτο τεταγμένων, καί βοήθειαν προσΟή- noster Papa praesto mittet lega-
σει ίκανήν. tum absque mora retardationis cum
praelatis et magistris ad hoc specia-
liter ordinatis, ubi primo, sicut
praemisi in sexta conclusione, sciam
tempus hujus sacratissimi concilii
et locum ejusdem congregationis
praelatorum Graecorum suflicien-
tem et idoneum et quern finem
intenditis esse nobiscum in concilio
et quomodo.
101 Πορτογάλου : Πορτουγάλου Ο1, Πόρτου Γάλου Μ. — 102 τούτ<ρ τφ τρόπφ : τφ τοιούτφ τρόπ<ρ Ο3.
— 103 Δέ Μάσα : δεμάσας Ο2.
38 Deus: Theos Bar. Cf. 2 Cor., 9, 7 et Prov., 22, 8.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 47
Κεφάλαιον έννατον τοϋ παναγιωτάτου ημών δεσπότου καί οικουμενικού πα-
230 τριάρχου.
<Θ'>. "Εννατον δέ εϊρηκας την σήν πίστιν δηλών, ην ήμΐν δίδως αυτός βοηθήσει,ν
τα μέγιστα ύπισχνούμενος, εάν ύποκύψωμεν τη ενώσει ταύτη τω είρημένω τρόπω,
και ούτως αναμφιβόλως έλθεΐν πληροφορείς και τον είρημένον Μ 46Γ λεγάτον,
υπέρ ών103* και την χείρα τω εύαγγελίω έθηκας, άρτίως όμόσας" δ καί ξενιζόμεθα
235 πώς έποίησας. Αυτός γαρ ό Κύριος, οΰ τό εύαγγέλιον ώμοσας, μη όμόσαι όλως
διακελεύεται 104. Περί δέ ών ήμΐν ύπόσχη, τα αυτά σοι ώς εν τω προειρημένω κεφα-
λαίω είρήκαμεν, ώς ή μεν προαίρεσις αγαθή, το δέ έργον ουκ έπαινετόν Μισώ γάρ
φησι δωρεάν ζημίας πρόξενον καί ου θέλω τιμήν ατιμίας μητέρα.

Κεφάλαιον δέ τών είρημένων ώς· Ήμεΐς της αύτης καί νυν έχόμεθα σπουδής καΐ
240 εφέσεως τοΰ περί της ενώσεως έργου ώς καί το πρότερον καί σύνοδον έπιθυμοΰμεν
γενέσθαι κανονικήν κατά τήν τών 'Αγίων παράδοσιν. Καί υμάς εις τοΰτο παρακι-
νοΰμεν τό δια τάχους τοϋτο γενέσθαι καί δτι βραδύνει δυσχεραίνομεν ώς ειπείν.
καί δοίη Θεός ίνα μή εν γράμμασι μόνον τό περί τούτου ύπολειφθή, άλλα καί εις
Μ 46ν έργον προβή αγαθόν105 τη συνεργεία τοϋ 'Αγίου Πνεύματος πρεσβείαις της
245 Παναγίας μου καί πάντων τών 'Αγίων. 'Αμήν 10β.

103* υπέρ ών : υπέρ ω Μ. — ™* Math., 5, 33-34. — 105 omet Ο2. — 10β Ο2 répète aussitôt après le
titre en entier. M ajoute <τ>έλος.

TRADUCTION

Réponse ou plutôt réplique de notre Très Saint Seigneur


Joseph, le patriarche œcuménique, aux neuf articles apportés
de la part du pape par le moine Antoine, dit aussi Frère Mineur
et docteur en théologie.

Le 19 octobre de la première indiction, l'an 6931 (— 1422), notre Très


Saint Seigneur le Patriarche œcuménique présidant dans la partie droite
des Cathécouménia et siégeant avec Sa Haute Sainteté les très saints métrop
olites, en présence d'archontes tant sénatoriaux qu'ecclésiastiques et
d'un nombreux public, l'envoyé du pape, le moine Antoine, dit aussi Frère
Mineur et docteur en théologie, fit son entrée avec plusieurs gens de sa suite
tant religieux que laïcs. Il prit, sur l'ordre du patriarche, place à droite sur
un tabouret recouvert d'un tapis et transmit oralement les salutations du
pape, puis se levant, déposa dans les mains de notre Très Saint Seigneur les
lettres du pape et du légat. Ensuite il s'assit à nouveau et demanda à com
muniquer, soit en public soit en privé, ces neuf articles. L'autorisation lui
ayant été donnée de les exposer en public, il en fit Γ enumeration sur commis-
48 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

sion, affirma-t-il, du pape et du légat désigné. Notre Très Saint Seigneur


improvisa à son adresse sur-le-champ ce qui suit et, en guise de réponse,
mieux, de réplique à ces articles, donna ces excellents éclaircissements.
« Pour ce qui est des salutations de Sa Béatitude le Seigneur pape,
de l'affection spirituelle qu'il nous porte et de ses autres paroles amicales,
génératrices d'affection spirituelle, dont tu viens à l'instant de me donner
de vive voix l'assurance de sa part, il en est bien ainsi. Nous en sommes
nous-même informé depuis longtemps, nous fondant uniquement sur les
lettres qu'il nous a adressées, ces lettres pleines de science, d'intelligence et
d'affection spirituelle. Aussi lui en rendons-nous à notre tour les plus
grandes grâces. Et ce n'est pas seulement dans notre âme et esprit, mais de
bouche et de vive voix que nous remercions Dieu qui l'a fait monter sur le
sublime trône apostolique de la sainte Église des Romains et y a introduit
par lui un calme franc et absolu au lieu de la tempête qui auparavant
l'agitait. En outre, ces bonnes dispositions, nous en avons l'espérance, iront
encore, en union et liaison avec le Saint-Esprit, en s'élargissant et en augment
ant conformément à la tradition des saints.
Il nous plaît aussi que tu sois venu vers Nous et Nous avons, depuis
ton arrivée, désiré te voir, toi, l'envoyé de si hauts personnages, pour des
affaires d'une si grande importance, toi qui as l'expérience de la parole et
qu'ornent la prudence et l'intelligence. Mais Nous en avons été empêché
par plusieurs contrariétés d'ordre temporel, surtout par les soucis que nous a
causés la grave infirmité de notre très puissant et saint empereur, le protec
teuret le défenseur des chrétiens. Mais, maintenant que nous t'avons vu,
nous nous sommes réjoui spirituellement et nous saluons ta venue parmi
nous comme un bien pour nous.
Et puis nous avons aussi entendu ces neuf articles que tu viens présente
ment sur mandat de Sa Béatitude le pape d'exposer devant nous. Il nous
faut en conséquence y donner, dans la mesure du possible, solutions et
réponses. Ils demandent certes examen et réflexion sérieuse et nous avons
besoin de voir auparavant les lettres qui viennent de nous être expédiées
de là-bas par ton entremise. C'est pourquoi, dans la mesure du possible et
autant que l'heure le permet, je n'y ferai pour le moment qu'une brève
réponse.

I. Premier article de Sa Sainteté le pape.

Le premier point se fonde sur le grand désir qu'il (= le pape) a de l'Union!


Notre Très Saint Père et Seigneur le pape souhaite en effet tellement ce très
heureux jour de l'Union des Églises latine et grecque qu'en dehors de Dieu
il n'y a rien qu'il ne désire davantage. Son but est de faire donner par l'Église
de Rome en vue de cette Union tout ce qui est en son pouvoir de juste, de
convenable et d'honorable, car, de toute sa vie, fait plus heureux ne s'est
jamais offert à son regard.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 49

Toute l'assemblée des seigneurs cardinaux, elle aussi, ne se soucie rien


tant que de cette sainte union. Et que dirai -je du seigneur légat, le cardinal
de Saint-Ange, qui, comme je le montrerai plus bas, s'est, tout malade
qu'il était, jeté sur une mer sauvage contre le conseil de ses médecins?
Il avait un tel désir de l'Union des Églises!

Premier article du Très Saint Seigneur le patriarche œcuménique.

Dans le premier article, qui a trait à l'Union des Églises, Sa Béatitude le


pape exprime le grand zèle ainsi que le désir brûlant qu'il en éprouve, au
point de ne rien tant souhaiter d'autre après Dieu. A cela nous répondons
posséder nous-même un zèle égal, pour ne pas dire plus grand, et une non
moindre envie pour cette œuvre aimée de Dieu. Et nous faisons à Dieu cette
prière que nous avons d'autre part si souvent consignée dans nos lettres :
que l'événement s'accomplisse de nos jours, qu'on ne le commence pas
seulement par lettres, mais qu'on l'achève par les actes en vue de la récom
pense assignée par Dieu à ceux qui le réaliseront. Car si les anciens qui ont
divisé et séparé l'Église une et catholique de la communauté et de l'entente
qu'elle possédait auparavant méritent d'être condamnés et rejetés par son
assembleur et époux le Christ, ceux qui auront réussi à en restaurer l'Unité
et à rétablir l'intégrité du Corps du Christ en sorte que l'on se reconnaisse
mutuellement frères comme par le passé dans un seul Esprit, de quelles
récompenses et de quelles couronnes Dieu ne les jugera-t-il pas dignes? Car
si, selon la parole du Seigneur dans l'évangile, il y aura de la joie au ciel
pour un pécheur qui fait pénitence, et si celui qui aura tiré l'indigne de son
indignité sera comme la bouche du Seigneur, celui qui aura conduit tant de
myriades au salut et le leur aura valu recevra à coup sûr des récompenses
et un trône d'apôtre. C'est pourquoi nous éprouvons nous aussi un grand
désir de la voir effectuée et en voulons la prompte réalisation au point de
ressentir de la peine de la voir tarder.

II. Deuxième article de Sa Sainteté le pape.

Le deuxième article porte sur les malheurs et les dangers qui ont découlé
et découlent toujours de ce schisme au spirituel comme au corporel. Quelle
langue, illustrissimes seigneurs, suffit pour raconter l'effusion de sang causée
par ce schisme? La Grèce n'a-t-elle pas cessé d'être l'empire florissant
qu'elle fut, n'a-t-elle pas perdu la science de l'enseignement, la supériorité
dans les guerres, la noblesse des archontes, et la multitude de ses peuples?
En ce moment même la Grèce entière, sans paix à cause de la guerre, accablée
de toutes parts par les ennemis du Christ, est traînée en esclavage. Quoi de
plus terrible ou de plus humiliant que les chrétiens soient forcés par les
infidèles à prendre les armes contre les chrétiens ? Pire encore, si ce schisme
n'existait pas, tous ces katagoi, tartares et turcs seraient à présent
4
50 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
soumis à l'Évangile du Christ. Et voilà que maintenant ils sont devenus
mahométans par manque de docteurs pour leur annoncer la paix, l'union
et le salut. Aussi pour parer au danger que les infidèles ne s'emparent
complètement du royaume de la Grèce, il n'y a pas de résolution plus utile
que de s'unir par le lien de la charité, de manière qu'il n'y ait comme autref
oisqu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur. Toutes les autres voies sont
dangereuses.

Deuxième chapitre de notre Très Saint seigneur le patriarche.


Le deuxième article montre le dommage causé par la séparation des
Églises et la perte énorme, dans la Grèce entière et dans cette contrée-ci,
de science, de puissance et de richesses et, en sens contraire, la ruée générale
des infidèles, ruée telle qu'elle menace l'existence du peuple chrétien impuis
sant à résister à leurs furieux assauts. Qu'il en soit bien ainsi, nous en conve
nonsnous-mêmes. Seulement, de même que tu mentionnes la ruine où ont
fini nos péchés, tu ne devrais pas omettre de signaler par quoi ils ont com
mencé. En chaque affaire, bonne ou mauvaise, nous recherchons en effet les
origines. L'auteur d'un bienfait a droit à ce qu'on le rappelle et qu'on l'en
loue; le contraire pour qui cause le dommage, car, dit-on, c'est celui qui
procure la semence qui fait pousser les plantes. De même que pour la garde
d'une maison, d'un navire ou de toute autre chose semblable, si l'on est trois
ou quatre chargés d'en assurer la sécurité, et que l'on soit mutuellement
resserrés dans une solide entente, il n'est personne qui puisse rien contre.
Mais si l'un se relâche, déserte et s'abandonne à d'autres calculs, de
toute nécessité la force des autres perdra de sa consistance au point de
devenir le jouet et la proie de qui le voudrait. Malheur pour lequel le déser
teur et révolté doit absolument rendre compte et raison. Or c'est ainsi que
cela s'est passé pour nous que le Seigneur avait constitués comme les
cinq sens de son unique Corps intact et sacré, l'Église. Tant que nous avons
persisté dans la saine doctrine, dans une même et unique façon de penser,
avec l'appui et sous la conduite d'un seul Esprit, nous étions en bonne santé
et heureux, nous portant bien en tout spirituellement, nous étendant et
repoussant vigoureusement par la fronde du Saint-Esprit ceux qui de
diverses manières avaient l'audace de s'acharner contre le Christ. Les livres
sont pleins d'exemples de ce fait, pleines aussi les histoires. Mais depuis
que le semeur de la zizanie a mis en pièces la communauté et en a séparé
la meilleure partie, depuis lors la tempête est entrée, la force est venue à
manquer; les ennemis ont relevé le front. Combien de sang chrétien a coulé,
que de massacres ont eu lieu dont nous ne sommes pas, nous, responsables,
nous qui sommes restés à la place à nous assignée, qui luttons dans la mesure
du possible pour le Christ et avons souffert pour Lui. Les coupables? Ceux
qui nous ont laissés seuls! Le Sauveur dit de l'action téméraire de Judas :
II est nécessaire que les scandales arrivent, mais malheur à l'homme par
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 51
qui les scandales arrivent. De la même manière, comme ce traître a été
condamné pour ce crime à la pendaison corporelle et spirituelle, celui qui a
mis en morceaux et en pièces le Corps unique du Christ et qui en aura
brisé l'intégrité des membres recevra, ainsi que ceux qui l'auront aidé
dans cette action, les mêmes châtiments de la part de Dieu.

III. Article troisième de Sa Sainteté le pape.


Le troisième point concerne la demande au sujet de la promesse. Le sieur
Eudaimonoïoannès et le Révérend Père Théodore, évêque d'Oléna, expri
mèrent à notre Très Saint Père le pape Martin V la volonté de l'illustrissime
empereur des Romains et du patriarche de Constantinople de pourvoir à
l'Union en se conformant à la croyance que tient la Sainte Église de Rome
et d'assurer l'obéissance à cette même Église selon les termes de la bulle
pontificale au patriarche. C'est pourquoi notre seigneur le pape vous
demande et vous conjure de tenir cette juste promesse. Mais si les dits
Eudaimonoïoannès et évêque avaient fait des promesses dépassant vos
intentions, déclarez qu'ils ont mal parlé pour que ne subsiste aucun doute
sur ce qui a été dit.

Article troisième du Très Saint Seigneur, le patriarche œcuménique.

Au sujet du troisième article, voici! Nous aurions promis par notre


ambassadeur Eudaimonoïoannès et l'évêque d'Oléna, oralement et sur
mandat, que nous sommes prêts à nous soumettre à la fo* que professe
l'Église Romaine, sans débat, sans discussion ni rien faire. Nous répondons
ceci : la pensée ne nous en est pas venue, nous ne Favons pas consigné dans
nos lettres et nous n'avons donné de commission à personne. Et comment
en effet? C'est bien autre chose que nous avons écrit, bien autre chose
que nous nous préparons à dire de vive voix. Aussi notre étonnement
est-il à son comble de ce que, si vraiment Eudaimonoïoannès a absolument
dit cela, vous l'ayez accepté, quand le contraire est contenu dans nos lettres.
En effet tout apocrisiaire est accrédité par écrit ou est envoyé sur simple
commission, auquel cas on lui fait créance eu égard à celui qui l'envoie;
ou bien on lui donne personnellement un écrit spécial destiné à faire foi
qu'il a charge de communiquer quelque chose. Sur quoi s'est-il donc fondé
pour que, ayant parlé, il ait été écouté ou que vous, l'ayant entendu, vous
l'ayez cru? Qu'il y ait là tromperie, cela ressort clairement non seulement des
faits mais de nos lettres aussi. Des faits d'abord ! En effet, affirmer le contraire
de ce que l'on écrit, c'est se supprimer, puisque l'on perd tout crédit quoi
que l'on dise ou écrive. Des lettres, car depuis le début jusqu'à présent
nous demandons qu'un concile général ait lieu conformément à la prescrip
tion des divins et sacrés canons et qu'il examine l'affaire, que la solution,,
dévoilée par Dieu, soit acceptée et embrassée par les deux parties et qu'ainsi
52 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
l'Union se fasse. Toutes les lettres, tant celles qui nous sont venues de là-bas
que celles que nous y avons envoyées, se trouvent bien gardées, pour ne pas
dire scellées dans le sacré codex de l'Église. Pour rien au monde, il (Eudaimo-
noïoannès) n'eût dû parler en s'écartant de nos lettres, car c'est un détour
nement d'ambassade cela! De même vous ne deviez pas préférer ce qu'il
disait à nos lettres. Qu'il y ait là tromperie manifeste, nous pouvons le
montrer par beaucoup d'autres preuves que nous laissons de côté pour
l'instant à cause de l'exiguïté de l'heure.

IV. Quatrième article du Très Saint Père le pape.

Le quatrième article consiste en ceci : Pourquoi le légat a-t-il été désigné ?


Notre Seigneur le pape, mû par d'aussi merveilleuses promesses, créa sur-le-
champ à Florence légat le Très Révérend Père en Christ et Seigneur cardinal
de Saint-Ange. Ce dernier, pour plusieurs besoins de l'Église et les siens
propres, se rendit en Espagne avec le consentement du susdit Nicolas
Eudaimonoïoannès, votre ambassadeur. A ce moment, en effet, la saison
n'était pas favorable pour entreprendre par mer le voyage de Grèce; d'autre
part les préparatifs n'étaient pas encore en cours qui devaient précéder
la tenue du concile à Constantinople. Car sans concile des Grecs et des Latins
il n'y a pas d'apparence qu'une union complète puisse s'ensuivre. Et cela
pour qu'il ne se passe pas ce qui s'est passé au concile de Lyon. Puis le Cardi
nal légat s'est trouvé frappé d'une grave maladie. Il n'en prit pas moins la
mer, avant même d'être rétabli, contre l'avis des médecins, afin de mener
à terme l'œuvre de l'union.

Quatrième article de notre Très Saint Seigneur, le patriarche œcuménique.


Pour le quatrième article! Il démontre que, vous fondant sur cette pro
messe, vous avez désigné le dit légat qui, après avoir pris ses dispositions
pour le départ, a été empêché par une grave maladie. Pour nous, nous répé
tons à nouveau que nous n'avons pas affirmé pareille chose, que la pensée ne
nous en est pas venue, que nous n'avons rien écrit de semblable et que nous
n'avons absolument pas donné mission de faire des déclarations de cette
nature. On ne saurait en effet absolument pas laisser passer ce point simple
ment, n'importe comment, car il est d'une importance considérable ce point
au sujet duquel il y a méprise et qui concentre en lui toute l'affaire et le
schisme de tant d'années. Pour ce qui est du dit légat, nous l'avions agréé
depuis longtemps nous aussi, dès le moment où nous avons entendu qu'il
venait. Et maintenant qu'après avoir été gravement malade il s'est rétabli,
nous prions à nouveau Dieu de nous donner de le voir. Mais nous nous
étonnons que vous demandiez la tenue d'un concile général où ce qui aura
paru bon devra rester ferme et ne pourra dans la suite être révoqué en doute
par personne comme ce fut le cas pour Lyon. Et puis vous voulez que sans
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 53

contestation, bien plus sans examen, nous nous soumettions et nous nous
conformions à ce que professe l'Église de Rome, car personne n'osera ouvrir
la bouche par peur du jugement promis à celui qui provoquera l'échec.
Autre serait la teneur de nos lettres et autres les instructions données par
nous oralement? Ou bien est-ce que, dans l'espoir d'être aidés, nous nous
serions précipités aussi facilement, sans peine, à rejeter ce que nous avons
reçu par le Saint-Esprit du Christ et de ses vénérables Apôtres? Car nous
avons pour alliés les lois, les canons et presque toute l'assemblée des saints,
nous qui tenons à la tradition des Pères et ne nous écartons jamais de leurs
commandements. Fasse le Ciel que jamais ne soit altérée la vraie foi que
nous professons dans notre pauvreté, dût-il en résulter pour nous une
grande prospérité, et puissions-nous ne pas tomber dans un mal certain à
cause d'un mal attendu.

V. Cinquième article de notre Saint Père le pape.


Le cinquième article consiste en ceci : Pourquoi le légat ne s'est-il pas
encore rendu en Grèce?
Le cardinal avait fait ses préparatifs et se tenait prêt à faire route pour la
Grèce, quand les lettres du susdit évêque et de beaucoup d'autres l'en
empêchèrent. Ces lettres, apportées par le moine Macaire, montraient clair
ement par leur contenu qu'à ce moment il était impossible de réunir les
évêques grecs à cause de la guerre très cruelle que faisaient les Turcs et du
passage de ceux-ci d'Asie en Grèce. Dans les susdites lettres on faisait aussi
savoir qu'aucun préparatif n'avait été fait à Constantinople en vue du
concile.

Cinquième article de notre Très Saint Seigneur, le patriarche œcuménique.


Pour le cinquième article! Alors que le cardinal se trouvait à nouveau
prêt à partir pour la Grèce, nous l'aurions empêché par celles de nos lettres
dont le moine Macaire était porteur! Nous le nions cela aussi. En effet
nos lettres ne contenaient rien qui pût lui faire obstacle. Bien au contraire,
en faisant connaître la difficulté du moment où nous mettaient les infidèles
et l'hostilité que nous rencontrions de la part de nos voisins, nous formions
le souhait que le légat en question pût à ce moment se trouver ici comme
devant être d'une grande utilité, entre autres pour réfréner l'audace de
nos voisins qui sans cesse intriguent contre nous. C'est pour cette raison
surtout que nous appelions sa rapide venue, comme le prouvent nos lettres
au pape et au légat dont il y a également copie dans notre sacré et divin
codex.

VI. Sixième point de notre Très Saint Père le pape.


Sixième article! Pourquoi notre Très Saint Père le pape m'a envoyé moi
comme nonce apostolique? Il m'a envoyé afin que le long voyage du légat
54 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

ne reste pas sans fruit. Ainsi c'est dans un bon et louable dessein que notre
Très Saint Père le pape a décidé de m'envoyer comme nonce apostolique
pour préparer la réunion des évêques grecs. Cette assemblée devra valoir
pour leur Église entière. A propos de quoi il me faut apprendre quatre
choses : A quel moment se tiendra pareil synode, en quel lieu, avec quels
évêques et à quelle fin?

Sixième article de notre Très Saint Seigneur et maître, le patriarche œcumén


ique.

Ce sixième article nous apprend que Sa Béatitude le pape a envoyé ici


ta Révérence comme nonce apostolique pour préparer le synode au sujet
duquel vous demandez quatre choses : quels sont les membres qui devront
y siéger, le moment où il faudra le tenir, le lieu de sa réunion, enfin à quoi
tendra la conclusion et, surtout, la question posée et son examen.
Pour ce qui est de ta mission, c'est grandement que nous aussi agréons
ta venue comme devant nous aider à trouver le bien de la paix, et ce bien
sera parfait quand il aura été réalisé conformément aux canons. En ce qui
concerne le concile, nous l'avons écrit dans nos lettres : l'affaire étant de
nature canonique, il faut que l'assemblée ait un caractère œcuménique avec
la présence des très saints patriarches d'Alexandrie, d'Antioche et de Jéru
salem que nous avons eus jusqu'aujourd'hui comme collaborateurs et support
ers dans notre lutte jusqu'au sang pour les dogmes sains de l'Église. Y
devront également siéger les archevêques, celui d'Ibérie, celui d'Achrida,
celui de Pec et tous les évêques de notre ressort, ceux qui sont au loin comme
ceux qui sont près. De même pour ce qui est de l'époque (de l'année), il
avait été dit que le printemps serait la plus favorable pour pareille entre
prise. Pour le lieu, c'est ici que le concile général devra se tenir pour nombre
de raisons pressantes. Quant à la fin (poursuivie), à l'affaire qui sera exami
née et au résultat, ce n'est pas, pour parler comme l'Évangile, à nous de le
connaître; c'est l'affaire de Dieu seul qui, lorsque nous le lui demanderons
avec une intention pure, oublieux de nos intérêts et soucieux uniquement
des siens, nous conduira d'une part tous ensemble à sa connaissance, d'autre
part à une union et à une entente vraie. Il nous faudra jeûner au préalable
trois jours et élever vers Dieu une prière et une supplication retentissante,
sans rien ajouter ni enlever de son propre entendement, mais en se mettant
à la suite de ceux qui, comme inspirés de Dieu, ont excellemment éclairci
le mystère de Γ Esprit-Saint avec son assistance.

VII. Septième article du Très Saint Père le pape.

Le septième article porte sur la confirmation de la promesse. En vue de


quoi, je vous demande si vous, sérénissime empereur, et vous, patriarche,
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 55

avez le dessein de passer aux actes et de faire que, même si d'autres qui
ne vous sont pas soumis ne devaient pas être présents [à l'assemblée concil
iaire, se réalise l'union dans la foi que professe la Sainte Église de Rome et
dans la soumission à cette même Église, conformément aux assurances
données à Florence de la part de votre Majesté et du patriarche par le
susdit Nicolas et Févêque Théodore.

Septième article de notre Très Saint Seigneur, le patriarche œcuménique.

Voici la solution du septième article! Vous, vous semblez vous baser


sur la promesse d'Eudaimonoïoannès et, la saisissant comme une bonne
aubaine, vous échafaudez ces exigences. Or nous la désavouons une fois
pour toutes, surtout parce que, comme vous le dites, il vous est impossible
de vous séparer du dogme que vous professez, dogme qu'une longue période
de temps a raffermi et qu'ont défendu d'innombrables hommes, tant vivants
que morts, d'une science si eminente qu'ils auraient pu remuer jusqu'aux
enfers.
Nous pourrions à ce sujet citer de nombreux exemples tirés de la divine
Écriture, comme quoi partout la qualité est préférable à la quantité. Ce n'est
en effet pas dans le plus grand nombre que se complaît le Seigneur. Cepen
dant nous l'omettons de peur que ce qui y est dit ne paraisse nous
porter à l'orgueil. Nous affirmons cependant ceci : nous entendons dire
nous aussi qu'il y a de par là-bas quantité d'hommes savants et doctes,
aptes par leur science à la discussion. Nous n'en avons pas tellement peur,
nous, les simples, qui sommes peu, et qui, s'il faut en venir à discuter de
ces matières, mettons notre confiance dans le Seigneur. Lui guérit la fai
blesse et comble les lacunes, car à quiconque scrute les choses divines la
science est donnée d'en haut au moment où ils ouvrent la bouche et ce n'est
pas eux qui parlent.
Pour l'époque, la proposition nous convient au mieux. Il s'est en effet
passé de nombreuses années depuis qu'avant le schisme nous étions unis
dans une même confession de foi, celle du Saint-Esprit, confession dans
laquelle nous persévérons quant à nous jusqu'à aujourd'hui, dont nous qui
vivons après le schisme faisons profession et avec laquelle nous sommes allés
vers le Christ. Elle était alors professée par des hommes qui, à l'exemple
des Apôtres, vivaient le mystère de l'union et ne sauraient en rien être com
parés à ceux de maintenant. Du reste, quelle force peut recevoir du temps la
consistance si, à l'origine, elle ne repose pas sur un bon fondement? Et puis
si nous nous soumettions à vous de cette manière-là, comment serait-il
possible aux nôtres de nous suivre, eux qui, comme il est montré ci-dessus,
sont ceux par qui toute décision reçoit confirmation, par quoi tout dogme
est authentifié. Qu'est-ce qui pourrait les contraindre à obéir à une déci
sion de cette nature? Et si eux nous mettaient en cause, qu'aurions-nous à
leur répondre? Comment nous mettrions-nous hors de cause? Aussi, pour
56 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

toutes ces raisons nous vous certifions n'avoir fait ni déclaration ni pro
messe de cette nature.

VIII. Huitième article de notre Très Saint Père le pape.

Le huitième article a trait à la promesse du seigneur légat. En effet le


susdit cardinal légat a fait la promesse ferme que si, comme je l'ai déjà dit,
vous réalisiez dans une âme droite en œuvres et en paroles une aussi sainte
Union, le roi d'Aragon, le roi de Gastille et le roi de Portugal ainsi que
plusieurs autres princes et seigneurs seraient prêts à vous secourir.

Huitième article de notre Très Saint Seigneur le patriarche œcuménique.

A propos du huitième article que tu viens d'exposer, article dans lequel


Sa Béatitude le pape promet de nous aider une fois que nous aurons adhéré
à son bon vouloir de la manière indiquée, et pas seulement lui mais aussi les
grands rois de sa région...! Pour cette disposition à nous aider, il a droit à
nos remerciements, vu que ses paroles sont mues par l'amitié et la sollicitude.
Cependant le, secours n'est vrai que lorsqu'il n'apporte pas un plus grand
dommage à celui que l'on aide en apparence, quand il ne plonge pas dans des
maux manifestes à cause d'un péril attendu et qu'il ne cause pas la perte de
l'âme pour un semblant d'utilité passagère. Chose qu'aucun homme
conscient ne s'abaisserait à admettre.

IX. Neuvième article du Très Saint Père le pape.


Le neuvième article consiste dans l'amitié du pape. A ce point que moi,
Antoine de Massa, docteur en théologie et de l'Ordre des Mineurs, et nonce
apostolique, je fais cette promesse : si la susdite Union est réalisée de la
manière indiquée par Votre Majesté et le patriarche, notre seigneur le pape
enverra aussitôt, sans retard, le légat avec les évêques et les docteurs dési
gnés pour cette tâche. Et il y ajoutera un puissant secours.

Neuvième point de notre Très Saint Seigneur, le patriarche œcuménique.

En exposant le neuvième article tu nous as manifesté la parole que tu


nous donnes toi-même en nous promettant une aide très puissante si nous
nous soumettions à cette Union de la manière dite; tu certifies en outre
que ledit légat de cette façon viendrait sans manque. Et cela tu l'as juré
sur-le-champ après avoir posé la main sur l'évangile, ce qui nous a paru
étrange. Comment l'as-tu fait? Le Seigneur lui-même, sur l'Évangile duquel
tu as juré, prescrit absolument de ne pas jurer! Pour les promesses que tu
nous as faites, nous te répétons ce que nous avons dit dans le précédent
article : l'intention est bonne, mais l'œuvre n'est pas louable. « J'abhorre,
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 57

dit-il, le cadeau qui porte préjudice et je ne veux pas d'honneur qui engendre
le déshonneur. »
En résumé! Notre zèle et notre penchant pour le travail de l'Union sont
à cette heure aussi les mêmes que précédemment. Nous souhaitons la réunion
d'un concile œcuménique tenu selon les canons et conformément à la tradi
tiondes saints. Nous vous pressons de le réunir au plus tôt et notre regret
est que cela tarde, si l'on peut dire. Dieu nous accorde que les projets conçus
à cet effet ne restent pas seulement exprimés dans les lettres, mais qu'ils se
traduisent en œuvre utile par la collaboration du Saint-Esprit, l'inter
cession de la Vierge ma toute Sainte et de tous les Saints. Ainsi soit-il!

APPENDICE

La recension vulgaire.

En inventoriant récemment les dossiers florentins constitués


naguère par Mgr L. Petit (1), j'y ai rencontré une nouvelle copie du
texte analysé et édité ci-dessus. Le codex qui la contient est le Barocc.
gr. 216, ff. 322V-327V, un curieux volume, constitué à l'époque moderne
de cahiers de diverse provenance et où l'on rencontre jusqu'à des
diplômes authentiques du xvie siècle. La partie qui nous intéresse
est d'une bonne écriture, assez calligraphique, du xve siècle même·
H. 0. Goxe (2) en définissait ainsi le contenu :
Antonii Damasi, Ord. Min., nuncii papalis, articuli sive capita novem
ex parte papae et Ecclesiae Romanae ad imperatorem, patriarcham et
Ecclesiam Gonstantinopolitanam de unione inter utramque eccîesia (sic)
stabilienda, cum Josephi Patriarchae GPol. responso.
Inc : Μαρτΐνος πέμπτος, δη ο φανερός.
Des. : οτι προς ^παρσιν ή.

L'opuscule dut former à l'origine un tout séparé comme portent


à le croire ses dimensions (6 feuillets, soit un cahier) et la pagination
notée en évidence au sommet de la marge supérieure. Mais, en circu
lant à part, il perdit, avant d'être recueilli (3) dans le Baroccianus,

(1) Sur le grand effort fourni par Mgr L. Petit (f 1927) pour réunir et publier à lui seul
l'énorme dossier florentin, voir les précisions du P. D. Stiernon, L'unione greco-latina al
concilio di Firenze ed il problema ecumenico nel prossimo concilio, dans Divinitas, II, Roma
1961, p. 312, 313.
(2) H. O. Goxe, Catahgi codicum manuscriptorum Bibliothecae Bodleianae, I, Oxonii
1853, p. 382, n. 90.
(3) Au xvne s., suivant l'indication que veut bien me communiquer l'abbé Canart,
scrittore à la Vaticane.
58 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

son premier et son dernier feuillet, en sorte que le texte s'en trouve
mutilé aux deux extrémités. Ce dernier reproduit dans le même ordre
le petit dossier de YOttobonianus, à savoir d'abord, et à part, les
neuf articles communiqués à l'empereur et au patriarche au nom du
pape, et ensuite, mais sans que ces articles y soient intégrés comme
dans le manuscrit de Moscou, les réponses du patriarche en son synode.
La particularité la plus saillante de l'ensemble est qu'il présente,
tant sous le rapport de la syntaxe que sous celui du vocabulaire, une
adaptation en langue vulgaire, adaptation qui, comme d'autres écrits de
même époque, a quelque chose d'hybride et reste à mi-chemin du grec
savant et du grec vulgaire. Cet aspect du document intéressera certa
inement le philologue, d'autant que certains termes employés se ren
contrent peu ou prou dans la langue du Moyen Age (4). Une seule chose
nous importe ici : déterminer la valeur de cette recension pour l'établi
ssement du texte. Subsidiairement nous tâcherons de découvrir le lieu
probable où le nouveau texte fut élaboré.
Disons tout de suite que, sauf en de très rares cas, ce témoin surnu
méraire est négligeable, malgré son ancienneté.
On n'y rencontre d'abord aucune donnée nouvelle. L'on comprendra
mieux pourquoi lorsque nous aurons repéré l'endroit où dut travailler
le remanieur, un grec certes, à la plume très alerte, mais vivant dans
un milieu coupé de l'actualité byzantine. En revanche, si le rema
nieur n'ajoute rien, il retranche arbitrairement, transpose ou contracte.
Ces diverses opérations, parfois maladroites, dénaturent, escamotent,
voire corrompent entièrement le sens de l'original. Exemples :
1° Martin V a décidé d'envoyer un cardinal légat à Constanti
nople sur l'assurance donnée par les apocrisiaires byzantins que
l'Église grecque se soumettrait sans autre procédure à son autorité. A
cette affirmation du nonce Antoine de Massa, le patriarche Joseph II
répond d'après OM (5) d'abord que ces envoyés n'avaient nullement
commission, ni de sa part ni de celle de l'empereur, de faire pareille
promesse, ensuite que la venue du légat n'en était pas moins désirée.
Cette double déclaration est ainsi ramassée dans le Baroccianus :
ώς οΰτε ε'όπωμεν, ούτε ένεθυμήθημεν, οΰτε έγράψαμεν περί τούτου
( = le légat) έλθεΐν.

(4) Exemples : μέ τήν φωνιμάδαν pour μετά συνεύσεως. — παρακλήτωρ pour πρέσβυς (ambass
adeur). —· συνάθροισις = μάξωμα. — τήν συνάθροισιν = τήν άμαζοχθοϋσιν. — βεβαιότης =
στερέωμα.
(5) Soit VOuobonianus et le Mosquensis qui contiennent la version originale du document
ici édité.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 59

2° Selon OM, le légat, mal remis d'une grave maladie, n'hésita


pas à s'embarquer malgré l'avis de ses médecins pour faire aboutir
l'œuvre de l'Union (des Églises). Β (= le Barrocianus) contracte
maladroitement et dénature le sens de son modèle : εύρηκέν τον
(— le légat) αρρώστια μεγάλη και δυνατή άπο την ëvvoiav ταύτην την
ενώσεως, ώς αν λέγουσι οι ιατροί!
3° II arrive même que le rédacteur de Β réalise mal une situation qui
cependant à son époque devait préoccuper chacun jusqu'à l'angoisse.
Selon OM, deux faits s'opposaient à la réunion d'un nombreux concile
à Constantinople même : la guerre sans merci que les Turcs faisaient
à l'Empire et leur passage d'Asie en Grèce. Or cette double cause est
exprimée en Β : δια την μάχην των Τούρκων εις τα περάματα άπό την
Άσίαν εις την Μωραίαν.
4° On ne s'étonnera pas dès lors qu'un reviseur aussi peu attentif
à la lettre et au sens du texte ait versé par distraction ou ignorance
dans l'arbitraire et l'absurde. Ainsi (1. 142, 143), le patriarche déclare
en OM que personne n'osera ouvrir la bouche par crainte d'être
condamné en cas d'échec (ως φόβω της έτοιμαζομένης κρίσεως δια την
άποτυχίαν) ; ce qui en Β devient : ώς δια φόβον της έτοιμαζομένης κρίσεως
του Θεοΰ δια την πτωχείαν (sic). Ailleurs des expressions, modifiées
par une simple touche due à l'homophonie, rendent le texte incohé
rentou en détournent nettement le sens. Ainsi βοηθείας έλπίδι
devient (1. 144) δια την βοήθειαν της ελπίδος; άναχαίτισιν (1. 159),
άναισχυντίαν; και των της πολιτείας, ουκ ολίγων (1. 5) = και της Πόλεως
ουκ ολίγοι άνδρες, etc.
Ces quelques observations suffiront, je pense,v à justifier mon
dessein d'écarter le texte de Β de l'apparat critique. A l'attention de
celui qui voudrait en entreprendre l'étude, je crois devoir dire un mot
du lieu probable où cette recension fut apprêtée.
Il apparaît d'abord certain que le remanieur vivait dans un milieu
où le latin, voire l'italien, avaient pénétré le grec local. On le voit en
effet substituer à des termes d'une bonne grécité des synonymes à
consonance romane : v. g. παρασκευάσαιμι = όρδινιάσων; τεταγ
μένοι — όρδινιασμένοι; οδός = στράτα; surtout : είναι φροντίζειν
= είναι κοντέντοι (le patriarche et l'empereur). A cet argument
linguistique s'ajoute une constatation d'où il semble bien résulter
que le nouveau texte fut élaboré en territoire de domination cathol
ique. En effet, telle expression qui en OM marque l'hostilité du
notaire patriarcal ou plutôt d'un scribe ancien envers Rome a
été simplement supprimée. Ainsi le titre porte en Β cette formule :
60 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES

'Απολογία, και άπόκρησις (sic) au lieu de l'irritant : 'Απολογία, μάλλον


δε άντίρρησις! Cette retouche suppose un milieu unioniste, qui à
la rigueur eût pu se situer en Italie méridionale, mais qui doit être
en fait cherché dans la Romanie vénitienne (6). Des substitutions
de termes comme Μωραίας au lieu de Ελλάς désignent l'approche du
Péloponnèse à une époque où cette Péninsule encore libre (donc
entre 1453 et 1460), symbolisait la partie du pays grec dont l'union
spirituelle avec Rome restait encore possible. La Crète avoisinante
me semble pour cela même avoir été le lieu où notre dossier fut accom
modéau parler vulgaire et transcrit, sans doute pour les besoins de la
polémique que suscita dans la grande île l'application du décret du
concile de Florence. La mission d'Antoine de Massa aura trouvé de
la sorte un écho tardif chez les insulaires obsédés par la menace ott
omane. Peut-être la lecture de notre dossier aura-t-elle renforcé chez
certains l'espoir que l'union avec Rome acceptée de bon gré ou subie
de force vaudrait aux chrétiens de la part de l'Occident une aide et
une protection efficaces et durables. S'il en avait été ainsi, les neuf
articles de Martin V, récusés un demi-siècle plus tôt, auraient contribué
en quelque mesure à l'apaisement des esprits orthodoxes pressés par
les agents de la Sérénissime de faire obédience au pape. La recension
en langue vulgaire que présente le Baroccianus 216 mériterait en ce
cas de retenir autant l'attention de l'historien que celle du philo
logue.
V. Laurent.
(6) L'expression : αφέντης ό πάπας, substituée à cette autre : κύριος ό πάπας de OM, com
porte en effet un élément spécifiquement oriental.

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