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Laurent V. Les préliminaires du concile de Florence : Les neuf articles du pape Martin V et la réponse du patriarche Joseph II
(octobre 1422). In: Revue des études byzantines, tome 20, 1962. pp. 5-60.
doi : 10.3406/rebyz.1962.1280
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1962_num_20_1_1280
LES PRÉLIMINAIRES DU CONCILE DE FLORENCE
(Octobre 1422)
I, La tradition manuscrite.
.
Dans le premier cas nous avons l'état du document tel qu'il fut
remis aux empereurs lors de la première entrevue qu'ils lui accordèrent.
La copie vaticane porte en effet cette suscription :
(11) Éd. Mansi, loc. cit., col. 1064 D. Il est curieux de constater que le latin omet ici
le mot-clé conclusiones, donné ailleurs comme appellation spécifique des neuf parties du
message pontifical.
(12) Édition ci-dessous, p. 31 suiv.
ö REVUE DES ETUDES BYZANTINES
lable par les soins des religieux de Péra et qu'elle a été livrée, authent
iquée, en même temps que les bulles pontificales.
2. Les neuf Réponses du patriarche Joseph II aux questions du
pape Martin V. Elles sont transmises dans leur forme originale par
deux témoins, le cod. Vatic. Ottobon, gr. 339, fol. 134v-140v (= O2)
et le cod. Mosqu. 248, fol. 32v-42r (= M). En l'une et l'autre copie,
les répliques en question ('Απολογία, μάλλον δε άντίρρησος) se pré
sentent comme partie constitutive de l'acte synodal précité, mais,
tandis que O2 les donne en série continue comme un document à part,
les Articles auxquels elles répondent étant omis, M les distribue dans
un ordre systématique, chacune étant mise après l'énoncé pontifical
auquel elle se réfère. Cette divergence paraissant purement acci
dentelle (13), il va de soi que ces deux copies remontent au même
original conservé à la chancellerie patriarcale. Mais elles ne nous en
transmettent pas pour autant une image également fidèle.
M est en effet, quoique d'une écriture régulière clairement étalée,
d'une monstrueuse incorrection. L'itacisme y est si largement prati
quéque le scribe semble en avoir épuisé toutes les possibilités. L'appar
at critique n'en tiendra aucun compte. Je relève toutefois ici, pour
le pittoresque, les déformations les plus absurdes : 1. 3, εν της δεξιής
κατιχουμένης ; 1. 5, ούκοληγώ(ν); 1. 53, καθωλοικεΐν; Β', 1. 4, κηνδήνης ;
1. 116, καίτιτε. On y compte d'autres défectuosités mineures : muti
lations de mots par suppression de la syllabe finale (type I pour ίτι
(1. 27); α pour άτε (1. 71); ει pour είχε (1. 54), etc., ou d'une syllable
interne (type : ούμία pour ουδεμία (Γ', 1. 22), μεν pour μηδέν (1. 185),
etc. ; redoublements de labiales ou de dentales (types έ'ρρωτα (1. 47),
έκώλλυσαν (Ε', 1. 7); simplification par fusion d'éléments normalement
distincts : type ήμας κρα pour ή μακρά (ς', 1. 6), μακράντες pour μακράν τε
(1. 239), ύπεροΰν pour υπέρ ού (1. 198); répétitions de syllabes ou allo
ngements de mots par additions d'éléments étrangers : type : εν της
τοις (Β', 1. 2) ou επί ή σωπεδίου (1. 8-9); allitérations α>ε : λάγοι pour
λέγει (1. 116), εσταλλε pour έστειλε (1. 167); simples cacographies
dues à l'inattention ou à une mauvaise lecture : types : πραγμάτου
pour πράγματος (1. 73), τάχου pour τάχους (1. 63), σθέτησί,ν pour άθέτησιν
(1. 144).
Utiles pour supputer le degré d'attention du scribe de M, ces acci-
(13) Le scribe de O8 ayant déjà copié les conclusions pontificales sous l'adresse aux emper
eurs les aura délibérément omises en transcrivant l'acte synodal. Le copiste de M aura, lui,
eu le réflexe contraire après légère hésitation.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 9
(14) Pour l'omission de l'Article 1er avant la réponse patriarcale et la raison qui l'a
déterminée, voir ci-dessous, p. 10.
10 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
n'a pas retenus. Ce même texte devait précéder aussi, comme on l'a
déjà dit, en M, l'acte patriarcal. Malheureusement le scribe a eu le
même réflexe que celui de O2, mais il a réagi différemment. Après
avoir copié (fol. 31r et v) l'adresse aux empereurs (voir ci-dessus) et le
premier des neuf articles, il s'est aperçu que ceux-ci se retrouvaient
identiques dans l'acte patriarcal. Il a en conséquence interrompu sa
transcription du premier document et, passant à l'acte synodal, il y
a sauté le premier article qu'il venait de copier. De la sorte, il ne
fait pas de doute que celui-ci figurait dans le modèle reproduit à la
place où nous l'avons rétabli (infra, p. 33).
Cet examen laborieux nous révèle donc les deux états dans lesquels
les neuf articles du pape Martin V nous ont été transmis, le premier
les donnant à part comme ils furent présentés aux empereurs, le
second les incluant dans le procès-verbal d'une séance synodale au
cours de laquelle ils avaient été remis au patriarche. Le texte se
trouvant de part et d'autre absolument identique, nous avons émis
l'hypothèse que la version grecque de l'authentique latin (15) avait dû
être établie par l'ambassade, elle-même aidée par d'autres religieux,
franciscains ou dominicains, résidant à Péra. Dans quelles circons
tances et avec quel résultat? C'est ce que nous allons tenter d'éclaircir.
(15) Nous observerons plus bas (p. 33) que le texte latin actuel inclus dans la Relation
d'Antoine de Masa n'est pas celui qui a dû servir au traducteur; voire, il a dû être retravaillé
dans la suite et se trouve de ce fait présenter avec le grec de graves divergences.
(16) Syropoulos, Mémoires II, 14; éd. Creyghton, p. 10.
(17) « Cum superiori tempore, devait déclarer, le 22 août 1432, aux Pères de Bâle, l'arch
evêque de Rhodes André Chrysobergès, nullus indubitatus Pontifex haberetur, neminem
Graecorum aliquis audivit qui de unione Ecclesiae contractaret ». Cf. E. Ce ce ο ni, Studi
storici sul concilio di Firenze, I, Firenze 1869, p. xxx.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 11
tins proclamaient d'autre part assez haut leur volonté d'union pour que
de puissants rois, comme Ferdinand d'Aragon (18), désertant la cause
d'un antipape (Pierre de Luna), adhérassent au concile dans l'espoir
que, la Chrétienté occidentale ayant retrouvé sa cohérence sous un
unique chef, on pût traiter avec Constantinople. Le rôle (19) joué
par le président de la mission grecque, Nicolas Eudaimonoïoannès,
pour la réconciliation de tout l'Occident sous une même obédience
et les propos qu'il tint en l'occasion contribuèrent à diffuser largement
l'espoir exagéré que l'Église d'Orient se soumettrait sans plus au
pape qui referait l'unité de l'Église latine. L'élection de Martin V,
le 11 novembre 1417, en fut certainement hâtée et l'on comprend que,
lors de son couronnement, le nouveau pontife ait fait un accueil
particulièrement chaleureux aux apocrisiaires de Manuel IL Promu
sous le signe de l'unité chrétienne, il devait jusqu'à sa fin en garder
la hantise.
Comme promis, la mission byzantine se manifesta sans tarder et
présenta au nouvel élu un programme en trente-six articles. S'il faut
en croire l'archevêque de Rhodes, André Chrysobergès qui, alors
simple religieux, servit d'interprète et traduisit les lettres impériales
et patriarcales, les demandes formulées furent jugées « des plus
honnêtes » (20). Quoique nombreuses et fort diverses, Martin V se
montra enclin à les satisfaire toutes.
Les assurances données par les apocrisiaires lors de ce premier
contact durent paraître déjà une promesse de soumission pure et
simple à l'Église Romaine. Une mesure fut en effet prise qui serait
(21) A vrai dire l'impression que donnèrent les Grecs de vouloir consentir à l'Union sans
autre exigence se manifesta et se diffusa avant le pontificat de Martin V. Une lettre à l'Uni
versité de Cologne en mars 1416 et une dépêche au roi Alphonse d'Aragon du 17 novembre
(l'élection du pape est du 11) en font déjà état. Voir à ce sujet Loenertz, loc. cit., p. 23-25,
qui donne les textes. D'autre part les ambassades que Manuel II envoya à partir de 1415
auprès du roi Ladislas Jagellon la fit naître et l'amplifièrent à Varsovie même. Ibid., pp. 17-
22, 44 suiv.
(22) Notice ancienne dans le Diet, de Théol. Cath., II, col. 1157. Voir principalement à
propos du rôle qu'il joua dans les tractations en faveur de l'Union et que d'aucuns ont
arbitrairement attribué à Joseph Bryennios les observations de Mercati, Notizie, pp. 96,
n. 4, 476-479; voir aussi Loenertz, Les dominicains byzantins, p. 42 suiv.
(23) J'ai, pour ma part, l'impression que l'intervention de Grégoire Tzamblac et de sa
nombreuse suite de prêtres (non d'évêques) et de laïcs a fait autant, sinon plus, que l'action
des apocrisiaires byzantins pour accréditer la légende que l'Église grecque était disposée
à se soumettre au pape. En réalité, la position de ce curieux visiteur, tempérée par ses obliga
tionsenvers ses maîtres et seigneurs lithuano-polonais, ressemblait assez à celle du patriarche
de Constantinople. Prodigue en paroles et plein d'effusions alléchantes au point de donner
le change aux plus graves personnages, Grégoire faisait, lui aussi, du concile œcuménique
gréco-latin la condition nécessaire d'une entente. Au surplus, il ne prit avec les Pères de
Constance aucun engagement. Voir au sujet de son ambassade et de l'effet trompeur qu'elle
eut sur les contemporains Loenertz, Les dominicains byzantins, p. 35-47.
(24) Sur cette muraille, bâtie en avril-mai 1415 pour défendre et fermer l'isthme de
Corinthe, voir d'abord Sp. Lampros, Τα τείχη τοϋ Ίσθμοϋ της Κορίνθου, dans Νέος Έλλη-
νομνήμων II, 1905, ρ. 472-477. La source la plus détaillée sur sa construction se trouve
dans la fameuse satire contemporaine de Mazaris (éd. Ellisen, p. 177-179 et présentation
par R.-J. Loenertz, dans Silloge bizantina in onore di Silvio Giuseppe Mercati, Roma 1957,
p. 295). Une prophétie, qui abusa jusqu'aux meilleurs esprits, circula sur cet ouvrage
au sujet duquel consulter, en plus de G. Mercati, Isodoro il cardinale ruteno, Roma, 1926,
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 13
dans
p. 35,American
36 avec laTournai
note 2,of E.
Archeology,
W. Bodnar,
LXIV,
TheI960,
Isthmian
p. 165-171.
Fortifications
Sur le rôle
in oracular
effectif joué
Prophecy,
par la
muraille dans la défense de la Péninsule voir, D. Zakythinos, Le despotat de Morée, I, Paris
1932, pp. 196-198, 232-235.
(25) Syropoulos, Mémoires, II, 7; Creyghton, p. 5. Cf. Loenertz, loc. cit., p. 31, 32.
(26) Loenertz, loc. cit., p. 43, avec la note 17, selon laquelle Bladyntéros dut se trouver
à Florence dans les derniers jours de février 1419.
(27) Eudaimonoïoannès, chargé, en l'occasion, d'une mission politique auprès de Venise,
tentait de réconcilier celle-ci avec l'empereur Sigismond. Manuel Philanthropène vint
appuyer ses efforts et, sans doute, lui donner mandat de se rendre auprès de la Curie où on le
trouve au printemps 1420 en compagnie de Théodore Chrysobergès.
(28) Sur ce dominicain, vicaire général de la « Société des Frères voyageurs pour le Christ
parmi les infidèles », promu évêque d'Oléna (voir note suivante) dans le Péloponnèse le
10 avril 1418, consulter Loenertz, loc. cit., p. 17-23, 45-49, 61.
(29) Évêché suffragant de Patras dans la région montagneuse de TÉlide, le même, selon
toute vraisemblance, que Bolaina attesté par les anciennes Notitiae. Voir à ce sujet A. Bon,
14 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
Le Péloponnèse Byzantin jusqu'en 1204, Paris 1951, pp. 107-110 (passim), 137, 162. Voir
aussi D. Zakythinos, Le despotat de Morée, II, Athènes 1953, pp. 150 (avec la note 9),
270, 271. La graphie Olénos-Olénus ne se justifie pas pour le moyen âge, non plus que cette
autre : Olénè. Il faut écrire Olaina ou Oléna.
(30) Voir, dans cette revue même, XIII, 1955, p. 14-16, le texte de cet accord.
(31) Martin V écrivant aux fils de Manuel II dit de leur père qu'il est « ad hoc saluberri-
mum pacis opus vehementer afïectus »! Cf. G. Hofmann, Epistolae, I, p. 4 (n. 2).
(32) C'est Sphrantzès, éd. P. G., CLVI, col. 1046, D reproduit par le Ps. — Phrantzès
(éd. Bonn, p. 177-178), qui nous a transmis cette confidence. Je ne vois pas pourquoi (cf.
Gill, Council, p. 30) l'on révoquerait en doute la véracité de ce propos, pour singulier qu'on
le tienne.
(33) L'archevêque de Rhodes André devait le déclarer dans son fameux discours du
22 août 1432 : Nisi quod fllius (= Jean VIII), qui nuper imperio successit, ad unionis nego-
tium longe ardentior sit quam unquam fuerit pater. Cf. Cecconi, Studi, p. xxxi.
(34) Le conseil précité ne lui viendra pas moins en mémoire et il s'en servira à l'occasion.
Mais quand il lui fut donné, note l'historien qui fut le confident du père et du fils, Jean VIII
se leva en silence et sortit, marquant ainsi son désaccord. Cf. Sphrantzès, Ibid.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 15
effet. Une bulle du 12 juillet 1420 (35) publia les indulgences accordées
à ceux qui contribueraient à la défense de l'Hexamilion et, de façon
plus générale, à celle de l'empire grec; l'exeat fut donné aux princesses
latines, Sophie de Montferrat et Cléopa Malatesta (36), qu'Eudai-
monoïoannès convoya à Constantinople à son retour de mission.
Surtout, le 27 mars 1420, un nouveau légat, Pierre Fonseca, fut
nommé qui irait à Constantinople même présider au nom du pape
le grand concile d'Union.
C'est, ce semble, à Jean Bladyntéros, signalé à Florence en juin
1421 (37), qu'échut la délicate mission de faire connaître à la Curie
les vraies intentions des Grecs. On voulait sur le Bosphore un vrai
concile général, seul qualifié pour examiner le contentieux gréco-
latin, sans contrainte ni pression d'une partie sur l'autre, à la lumière
de l'enseignement des Pères. Les décisions devraient être entièrement
libres et prises à l'unanimité. Autre exigence particulièrement lourde :
les frais de ce concile seraient, vu la pauvreté de l'empire byzantin
auquel ils eussent dû normalement incomber, couverts entièrement
par la Chambre Apostolique (38).
Ces prétentions étonnèrent mais ne découragèrent pas Martin V
qui accepta gaillardement d'éprouver à ce prix excessif la bonne foi
des Grecs. Dans l'euphorie où le concile de Constance avait laissé
chacun, il apparut que l'unité, restaurée en Occident, le serait aussi
avec l'Orient. A une heure particulièrement grave où l'Islam repre
naitdurement l'offensive, la Providence semblait d'autre part appeler
la Chrétienté à former d'urgence un front commun qui, sans unité de
foi, eût manqué de cohésion. La Curie résolut donc de continuer les
tractations, non sans s'illusionner sur la valeur et la portée des assu
rances orales données par Eudaimonoïoannès et l'évêque d'Oléna.
Il ne pouvait cependant pas être question que le légat désigné
se rendît immédiatement sur le Bosphore. Des problèmes se posaient
dont la solution conditionnait son départ. Les plus pressants avaient
(39) Chez les Latins on rencontrait des prélats qui n'étaient pas loin de le penser. Ainsi
F. Vallaresso, évêque à vingt-trois ans en 1415 (confirmé par Martin V en 1417), donc à
l'époque qui nous occupe, mort archevêque de Crète en 1443, écrira sans sourciller dans son
Libellas de ordine Generalium Conciliorum et Unione Florentina, éd. B. Schultze (Concilium
Florentinum. Documenta et Scriptores, Series Β), Roma 1944, p. 17 : Sed quia huiusmodi
unio (celle de Lyon) quinque vel sex annis tantummodo perduravit potest pro nihilo reputari.
Lorsque le bon prélat mourut, l'union de Florence avait à peine quatre ans de durée. Était-
elle plus réelle? Et le concile de Florence eût-il été possible sans celui de Lyon?
(40) Voir à ce sujet les considérations de Gill, Council, p. 14, 15.
(41) Dans la réponse du patriarche à l'Article VI, infra, p. 43. On remarquera que, sans
doute pour mieux marquer sa dépendance du trône œcuménique, Joseph II ignore le patriar-
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 17
cat de Pec contre la création duquel Constantinople s'était violemment insurgé et qu'il
tolérait à peine. Cf. V. Laurent, U archevêque de Pec et le titre de patriarche après l'union de
1375, dans Balcania, VII, Bucarest 1944, p. 303-310. Voir aussi le numéro suivant.
(42) Cf. J. Meyendorff, Projets de concile œcuménique en 1367, dans Dumbarton Oaks
Papers, XIV, Washington 1960, p. 158 et 173, n. 10. Ici le patriarche de Tirnovo remplace
avec plus d'exactitude historique l'archevêque d'Ochrida inséré dans notre texte avec une
intention quasi certaine d'abaissement, car Joseph II, bulgare d'origine, ne pouvait pas ne pas
connaître le statut exact des Églises qui lui touchaient d'aussi près.
(43) Détails dans Loenertz, Les dominicains byzantins, p. 45, et Gill, Council, p. 31, 32.
(44) Fonseca était d'autant plus indiqué pour négocier l'abdication de Benoît XIII
(Pierre de Luna) qu'il lui devait le chapeau de cardinal, Martin n'ayant fait que lui en confir
merla jouissance.
(45) Les Latins n'étaient plus en contact direct avec les Grecs qu'au Péloponnèse et en
2
18 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
Grèce. Mais il semble bien que les hostilités rouvertes en 1421 entre le despote Théodore
et le prince Centurione l'aient été à l'initiative du premier. Cf. Zakythinos, Despotat, I,
p. 191. D'autre part les Byzantins ne cessaient de menacer la ville de Patras, gouvernée
par l'archevêque Etienne, ce qui inquiétait particulièrement le Saint-Siège. Le duché
d'Athènes, alors gouverné par le sage et placide Antonio Acciaiuoli (1402-1435), n'eut aucun
conflit majeur avec les Grecs, qui, de ce fait, n'avaient vraiment à se plaindre que de l'action
de Gênes et de Venise, bien moins des Chevaliers de Rhodes, dans le Levant.
(46) II s'agit ici des Génois, ou plus précisément de ceux de la Nouvelle Phocée qui se
louaient au sultan Mourad, lui prêtant leurs vaisseaux pour transborder ses troupes d'Asie
en Europe. Ce qui s'était particulièrement pratiqué en 1421 et continuait en 1422. Cf.
W. Heyd, Histoire du Commerce du Levant, II, Leipzig 1923, p. 278-280. Martin V, dûment
informé de ce trafic sacrilège, informa Manuel II, le 8 octobre 1422, qu'il avait averti la
ville de Gênes et le duc de Milan de faire cesser cette alliance mercenaire avec le Turc.
Cf. Hofmann, Epistolae, p. 12-13.
(47) P. 45, 46.
(48) Voir une vue générale des relations de l'Espagne avec l'empire byzantin au xve s.
dans S. Cirac Estopanan, Bizancio y Espana. La caida del impero bizantino i los Espanoles.
Barcelona 1954.
(49) Voir infra, p. 42, les déclarations de Joseph II, déclarations que corrobore un propos
de Joseph Bryennios, lequel fut témoin des négociations et les fit en partie échouer. Cf.
Byz. Zeitschr. V, 1896, p. 84, et les notations de R. Loenertz, dans cette revue même, VII,
1949, p. 31.
(50) Le cardinal serait en effet mort à Vicovaro (nord-est de Tivoli) et aurait été enterré
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 19
à Saint-Pierre de Rome. Cf. Cecconi, Studi, p. 28, n. 32. Il est moins probable qu'il ait pris
la mer pour se rendre en Grèce et ait dû rebrousser chemin.
(51) Probablement le moine homonyme du couvent des Xanthopoules, confesseur de
Manuel II, désigné (non nommé) ci-après comme ayant été pressé par fr. Antoine d'inter
venirauprès de son impérial pénitent. A son sujet consulter Mercati, Notizie, p. 473, 474.
L'higoumène des Manganes Macaire Kourounas, envoyé vers Martin V c. 1431, me semble
trop tardif. Cependant il n'est pas impossible qu'il ait fait, dix ans plus tôt, office de courrier
comme simple moine.
(52) Consulter la notice sévère que lui consacre L. Wadding, Annales Minorum, Roma
1734, an. 1424, n. 8 (cité par Cecconi, Studi, p. 28, 29).
(53) Syropoulos, II, 10 (éd. Creyghton, p. 7), affirme que Mourad II se trouvait encore
sous les murs de Constantinople quand arriva Antoine de Masa. L'on en a conclu qu'il
faisait erreur. Ce n'est peut-être qu'une manière de dire chez le mémorialiste, car, en levant
20 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
chaude et les esprits restaient encore trop tendus pour que l'arrivée
de la mission pontificale fît sensation. La délégation gagna en effet
sans appareil particulier la résidence de l'Ordre à Péra. Le lendemain,
fr. Jean, l'un des compagnons du nonce, et fr. Guillaume, le confes
seur de l'impératrice Sophie, allèrent au Palais notifier oficiellement
sa présence aux empereurs. L'audience sollicitée à cette occasion eut
lieu le 16. Un nombreux cortège formé de notables grecs et latins
conduits par le baile de Venise se rendit aux Blachernes. L'entrevue,
cordiale, se limita à la présentation des lettres de créance. Manuel II,
qui avait pour le moment d'autres soucis et que minait la paralysie,
remit à plus tard l'exposé de la mission. On peut dès lors conclure
que le texte consigné lors de ce premier contact fut celui que nous
a conservé O1 comprenant l'adresse du nonce aux souverains et le
texte brut du document pontifical. Les explications que fr. Antoine
devait y ajouter et la réponse impériale, prévue pour le 3 octobre,
furent ajournés sine die, Manuel II, frappé ce jour-là même d'hémip
légie, ayant perdu la parole et l'usage de presque tous ses membres.
Ce contretemps ne put qu'exercer la patience des ambassadeurs
latins. Fr. Antoine, venu, le 10, présenter à Jean VIII ses condo
léances pour la maladie de son père, le pressa bien de donner suite
à sa démarche. Le jeune empereur, usant de prudence, ne convoqua
à cet effet le conseil que le. 15 et n'y appela qu'un nombre réduit de
familiers. Au surplus, malgré que le nonce lui eût longuement expliqué
toute l'affaire, le prince remit à nouveau la réponse à plus tard.
Fr. Antoine se tourna alors vers le patriarche qui se rendit sans tarder
à son appel.
Le protocole de l'acte que nous publions ci-dessous semble indiquer
que le synode convoqué à cette occasion se tint, le 19 octobre, dans les
cathécouméneia de Sainte-Sophie, lieu de réunion habituel pour
traiter des affaires de l'Église. D'après la relation de fr. Antoine,
ce serait le 20 et dans l'église de Saint-Étienne que le haut clergé
lui aurait donné audience. On ne peut concilier ces deux témoignages
également recevables qu'en supposant contre toute apparence
deux rencontres. La première, dont notre document fait état, se
sera déroulée le 19 à Sainte-Sophie. Elle aura eu, comme l'entrevue
du Palais, un caractère assez confidentiel, l'audience étant limitée
aux membres ordinaires du saint synode. Joseph II y entendit le
le siège le 6 octobre, la très forte armée turque avait difficilement pu, en quatre jours, vider
complètement les lieux. Ses arrière-gardes* devaient encore être en vue et c'est sans doute à
elles qu'il est fait allusion.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 21
(54) Plus probablement dans l'église du couvent de ce nom situé dans le quartier des
Constantinianae. Cf. R. Janin, Les églises et les monastères (= Le siège de Constantinople
et le Patriarcat œcuménique, III), Paris 1953, p. 490-492 et 493, n. 11.
(55) Texte dans Hofmann, Epistolae, I, p. 12-14. La date (8 octobre) donnée là n'en est
peut-être pas absolument sûre, car d'autres savants (v. g. Gill, Council, p. 37) assigne le
document pontifical au 8 septembre.
(56) D'après une expression mal comprise de Syropoulos, Mémoires, II, 10 (éd. Creygh-
ton, p. 7), on a fixé le nombre de ces rencontres à trois. En réalité la formule — deux et trois
fois — assez familière à notre auteur signifie seulement à plusieurs reprises, le chiffre exact
restant indéterminé!
(57) Cf. Mercati, Notizie, p. 473-475.
(58) Joseph Bryennios compte parmi les polémistes antilatins les plus décidés que Byzance
ait connus. Il eut l'occasion, durant le séjour des franciscains sur le Bosphore, de discuter
22 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
avec eux. Ainsi deux des trois dialogues sur la Procession du Saint-Esprit que l'on a de lui
sont le produit remanié de ses disputes avec les envoyés pontificaux. Le troisième, daté du
11 novembre 1422, fut tenu dans la cellule même de l'auteur avec un Grec latinophrone
auquel vint bientôt s'adjoindre « l'ambassadeur » du pape, donc fr. Antoine en personne ou
l'un de ses compagnons. Voir à ce sujet les observations de R. Loenertz, dans cette revue,
VII, 1949, p. 30-32.
(59) Son sauf-conduit est en effet daté du 6 novembre. Texte dans Hofmann, Epistolae,
I, p. 14, 15. Les lettres pontificales expédiées à cette occasion n'ont pas été retrouvées.
(60) G. Hofmann, Orientalium documenta minora, p. 3-4. Le Rapport de fr. Antoine
(éd. Mansi, XXVIII, 1068 B) déclare qu'il y eut réponse ad omnes supra-dictas conclusiones
tam a reverendissimo domino Patriarcha quam ab illustrissimo domino Imperatore supra-
dicto. Mais il ajoute : quoniam cum flrma ac solida in se esse asserat, idem dominus Nuntius
apostolicus hic adnotari seu adscribi voluit. Et de ne transcrire que la lettre de Jean VIII
Paléologue! Il est vrai selon Syropoulos (éd. Creyghton, p. 7) que des lettres auraient égal
ement été jointes pour le légat dont on ignorait donc la mort survenue en août. Or celles-ci
ne sont pas davantage reproduites. Mais le mémorialiste ne fait-il pas erreur sur ce dernier
point? Je m'étonne en effet que fr. Antoine, qui met partout dans sa Relation le patriarche
en avant, choisisse de fournir comme pièce justificative le document impérial. De toute
façon, si la réponse de Joseph II a existé à part de celle de Jean VIII, elle ne nous sera pas
parvenue et on n'en a relevé trace nulle part.
(61) L'envoi d'un corps expéditionnaire à même d'assurer la sécurité du territoire byzant
in;l'excommunication — excommunicationem terribilem et insolubilem — contre les latins
qui, non seulement prêtent leurs navires aux Turcs, mais restent les bras croisés pendant que
les Grecs se battent.
(62) Le libellé latin diverge légèrement du grec; voiries textes confrontés ci-dessus, p. 7.
(63) Epithètes que le Cérémonial byzantin accolait traditionnellement au nom du basileus !
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 23
(64) A vrai dire, Sigismond, roi de Hongrie et empereur d'Allemagne, avait fait aux
Grecs les premières offres, lorsqu'il invita Manuel II au concile de Constance qui venait de
s'ouvrir (à partir du 5 novembre 1414) à son instigation. Il lui promettait une aide puissante
contre les païens, surtout contre les Turcs. Cf. Gill, Council, p. 20 (avec citation).
(65) Syropoulos, Mémoires, III, 14 (éd. Creyghton, p. 79) affirme que si la nouvelle
de la mort de Sigismond (f 9 déc. 1437) leur était parvenue alors qu'ils n'étaient encore
qu'au Péloponnèse, l'empereur et le patriarche auraient rebroussé chemin.
(66) Mansi, XXVIII, col. 1062 E.
(67) Sur ce voyage de Jean, VIII à Milan et en Hongrie, voir Loenertz, Zes dominicains
byzantins, p. 49, note 45 (avec références) et Gill, Council, p. 38, 39.
(68) Cf. Mansi, XXVIII, col. 1063 A, 1064 Β (bis), 1067 E. Le grec (voir supra, p. 7)
n'a qu'une fois cette appellation : συμπεράσματα.
24 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
(82) Le pape ne fait en effet nullement mystère de ses sentiments dans ses lettres aux
empereurs. Ce qu'il déplore c'est la vetusta divisio Grecorum ab obedientia sancte Romane
Ecclesie (Hofmann, Epistolae, I,p. 4 e); ce qu'il souhaite c'est — s'adressant à Manuel II —
ut non videaris membrum abscissum ab Ecclesia (Ibid., p. 1312)!
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 29
TEXTES
1 En Ο2 le titre est transcrit deux fois, au début et à la fin du texte. — x* μάλλον —άντιρ. : καΐ
άπόκρισις Β . — * κϋρ : κύρι Μ. — 3 πάππα Ο2 ici et ailleurs. — * φραμενούριος : φρεμε-
νούριος BO2, de même 1. 6. — 5 omet M. — 6 κατά τήν ιθ' : κατά τήν θ' Μ, τη ιθ' Ο2Β. — 7 της
πρώτης ίνδ. : ίνδ. αης Μ. — 8 ,ςωλα' Ιτους : Ετους ,ςωλα' Μ.
32 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
15 τήν σήν : τήν Μ. — " ώς Είχων Ο2. — 17 προύθηκας : πρόθηκας Μ. — 18 καΐ omet Ο2. — 18* κατά
τό : κ(α)τ(α) τά τό C2.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 33
INSTRUMENTUM RELATIONIS
DE ΑΜΒΑΧΙΑΤΑ
FACTA AD GRAECOS EX PARTE
DOMINI PAPAE. ET CONTINET NOVEM
CONCLUSIONES x.
<Πρώτον κεφάλοαον τοΰ πάπα>
Και πρώτον έστιν εν τη μεγάλη αύτοΰ I
προς την ενωσιν προθυμία19. Τοσούτον Quarum prima fundatur in Domin
γαρ ό μακαριότατος κύριος ημών ό πάπας i nostri Papae ad unionem arden-
ορέγεται την εύδαιμονεστάτην Μ 31 ν tissimo desiderio. Cum enim omni2
έκείνην ήμέραν της ενώσεως των Εκκλησ ex natura sua tendat ad unionem,
ιών, Λατινικής τε καί Γραικης, ώστε quia non vult totum a suis partibus
πλην τον Θεον ουδέν πλέον 20 επιθυμεί' separari, nec partes a suo toto, ut
προς ταύτην γαρ έ'νωσιν πασαν την της Unio servetur, postea 3 quoniam
Εκκλησίας της 'Ρώμης δύναμιν δικαίαν, virtus unita fortior est dispersa,
πρέπουσαν 21 και σεμνήν δοΰναι σκοπόν sanctissimus dominus Papa non
έχει καί ουδέν εύδαιμονέστερον 22 της tantum desiderat unionem ex natur
τοιαύτης ενώσεως εν τη ζωη ίΟ αυτού a,sed etiam ultra naturam incli-
βλέπει προς αυτόν. Καί συνάθροισις 24 natam. Tantum optât ratione boni-
τών κυρίων καρδιναλίων ουδέν τοσούτον tatis pontifîcatus Domini nostri
φροντίζει όσον την τοιαύτην άγιωτάτην felicissiman videre diem illam
ενωσιν. Καί τί λέξω περί τοΰ κυρίου Ecclesiarum Latinae Graecaeque
λεγάτου 25 τοΰ καρδιναλίου τοΰ 'Αγίου unionis ut praeter Deum nihil
'Αγγέλου, όστις, ώς κάτω26 δηλοποιήσω, supra. Deinde intendit pro hae
ασθενής27 εν τη δεινή θαλασσή έαυτον totum Ecclesiae Romanae licitum
έβαλε κατά πάσης συμβουλής τών ιατρών ; justum apponere at que honestum
Τοσαύτη επιθυμία ώρέγετο την ενωσιν et quod felicius hac in vita suae
τών προειρημένων 'Εκκλησιών ! Sanctitati occurrat certe ei non
<Πρώτον κεφάλαιον τοΰ παναγιωτατου ημών δεσποτου τοΰ οικουμενικού πατρι
άρχου. >
45 Α'. Καί περί μεν τοΰ πρώτου τοΰ περί της ενώσεως τών Εκκλησιών, έν φ τόν
πολύν άύτοΰ ζηλον παραδηλοϊ ό μακαριώτατος πάπας καί δν έχει υπέρ αύτοϋ
διακαή έρωτα καί ούδενος άλλου τών απάντων μετά Θεον ή τούτου έφίεται, καί
ημείς έκεϊνό φαμεν ώς επίσης υπέρ αύτοΰ σπουδάζομεν καί τον ίσον ζηλον καί την
19 προθυμία : επιθυμία Ο1. — 20 πλέον : μάλλον Ο1. — 21 τήν της — πρέπουσαν omet M.
— 22 L'emploi de cet adjectif ici et ailleurs est très certainement intentionnelle. Le rédac
teurjoue sans doute aucun sur le nom de l'ambassadeur Eudaimonoïoannès. — 23 τη ζωη : ζωη
M. — 24 συνάθροισις : πασά συνάθ. Ο1. — 25 λεγάτου : τοϋ λεγάτου MO1. — 2β κάτω δηλοποιήσω:
κατάδηλον ποιήσω Μ. — 27 ασθενής : ασθενή réécrit sur ασθενές Μ.
1 Titre général du rapport dont nous extrayons le texte latin des neuf articles y insérés
et publiés d'après un très mauvais manuscrit. Voir à ce sujet Mercati, Notitiae, p. 474
avec les notes. Nous suivons le texte de Mansi en l'amendant, là où il y a lieu. — 2 omni :
comne Mansi. — s postea : praeterea Bar.
3
34 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
έπιθυμίαν περί το θεοφιλές τοΰτο Ιργον κεκτήμεθα, ίνα μή λέγω μείζονα, καί
50 εύχόμεθα τω Θεώ ώς και πολλάκις τοϋτο τοις ήμετέροις γράμμασί,ν έντεθείκαμεν
επί τών ήμερων ημών γενέσθαι τοΰτο καί ούκ εν γράμμασι μόνοις άρχθηναι, άλλα
καί δι' έργου τελειωθηναι δια την άποκειμένην άντιμισθίαν άπο Θεοΰ τοις τών
τοιούτων κατορθωταΐς. Ει γαρ οί πρότεροι διασχίσαντες καί διασ Μ 34ν τήσαντες
την μίαν καί καθολικήν Έκκλησίαν άφ' ής εΐχε το πρότερον κοινότητος καί ομονοίας
55 καταδίκης άξιοι και άλλοτριώσεως άπο τοΰ ταύτης συναρμολογιστοΰ 29 καί νυμφίου
Χρίστου οί ταύτην ένώσαι πάλιν δυνηθέντες καί εις έν άρτιον άποκαταστήσαι σώμα
Χρίστου ώς γνωρΐσαι αλλήλους πάλιν Ο2 136r άδελφικώς ώς το πρότερον εν ένί
Πνεύματι πόσων αμοιβών ούκ άξιοι κριθήσονται καί στεφάνων παρά Θεοΰ. Ει
γαρ επί ένί άμαρτωλώ μετανοοΰντι χαρά γίνεται εν ούρανώ κατά την εύαγγελικήν 30
60 τοΰ Κυρίου φωνήν, καί ό έξάγων άξιον έξ αναξίου ώς στόμα τοΰ Κυρίου γίνεται31
ό τοσαύτας μυριάδας χειραγωγήσας προς σωτηρίαν καί αίτιος αύτοις γενόμενος
ταύτης τω οντι αποστολικών γερών32 καί καθέδρας άξιωθήσεται. Διό καί ημείς
μεγάλως έπιθυμοΰμεν τοΰτο ίδεΐν γενόμενον και διά τάχους33 γενέσθαι αύτο θέλο-
μεν, καί Οτι βραδύνει τοΰτο σχεδόν δυσχεραίνομεν.
38 τήν : τής Μ. — 40 M répète après γήν le passage και όση — 'Ελλάδα πασαν de la ligne
précédente. — 41 οΰτως ϊχειν : ούτος 'έχει Μ. — 42 ούτος : οΰτως Μ. — 43 οντων : δν Μ. —
■
44 πασαν : πάσα Μ. — 45 καί τους λόγους omet Ο2. — 4β ίίχρι μέν οδηγούμενοι (ου omet Ο2)
omet Μ. — 47 'Αγίου omet Ο2. — 47* διεσπάραξε: αξεν Μ. — 48 ύψώθη : ύπερηψώθη Μ. —
48 φόνοι : φθόνοι Ο2 avec le θ barré par une main plus récente. — 50 φασιν au-dessus de la
ligne O2. — 51 omet M.
12 salvatur : solvatur dans le texte Mansi qui se corrige en marge. — 1S Slomensis ms et
edd. : le titre episcopal est déformé de Olenensis comme il résulte du texte grec. Voir à ce
·
105 άπραγμόνως ύποκύψαι τη πίστει ην ή της 'Ρώμης Εκκλησία κρατεί' ημείς τοΰτο
άπολογούμεθα ως οΰτε ένεθυμήθημεν τοΰτο, λοΰτε έγράψαμεν, ούτε τινί άνεθήκαμεν.
Πώς γάρ; "Αλλα μεν έγράφομεν, άλλα δέ έμέλλομεν άπό στόματος λέγειν; Διό
και θαυμάζομεν εις ύπερβολήν, εΐπερ δλως ε'ίρηκε 54 τοϋτο ό Εύδαιμονοϊωάννης,
πώς έδέξασθε αυτό εναντίον ον τοις γράμμασιν ημών. Και γαρ πας άποκρισιάριος
110 ή εγγράφως Ιχει τήν άνάθεσιν ή έξ αναθέσεως αποστέλλεται μόνης πίστιν έχων
άπό του πέμποντος, ή μετά γραμμάτων55 δίδοται ιδίως αύτω γεγραμμένων εις
πίστωσιν ώς έχει τι και έξ αναθέσεως είπεϊν. Εις τί οδν εδρασθείς ή αυτός είπε και
εισηκούσθη 56 ή ύμεϊς άκούσαντες έπιστεύσατε ; ώς οδν έστι τοΰτο συκοφαντία
παρέστι σαφώς ούκ άπό τών πραγμάτων μόνον 57 ΐδεΐν, αλλά και άπό τών Μ 38ν ήμε-
115 τέρων γραμμάτων άπό μέν τών πραγμάτων 58 Οτι το εναντία λέγειν τινά ών γράφει
καταλύοντας έστιν εαυτόν και οΰτε έν οίς γράφει οΰτε έν οις λέγει τό πιστόν κέκτηται"
άπό δέ τών γραμμάτων ημών δτι ήμεΐς σύνοδον οίκουμενικήν έξ αρχής και μέχρι
τοΰ νΰν ζητοΰμεν γενέσθαι 59 κατά τήν διαγόρευσιν τών θείων και ιερών κανόνων
και έξετασθήναι τα περί τούτου και τό άποκαλυφθέν άπό Θεοΰ πέρας στερχθήναι
120 και προσκυνηθήναι και παρ' αμφοτέρων, και οΰτω γενέσθαι τήν ένωσιν. "Α δή
γράμματα πάντα και τα εκείθεν εις ήμας έλθόντα και τα άφ' ημών έκεΐσε σταλέντα
έν τφ ίερφ κείνται της Εκκλησίας κώδικι 57 έσφαλισμένα και σχε Ο2 137ν δον
ειπείν βεβουλλωμένα. Δι' ουδέν οδν τών απάντων έδει ή αυτόν ειπείν εξω τών
ημετέρων γραμμάτων, έπεί παραπρεσβεία εστί τοΰτο, ή προτιμηθήναι τον λόγον
125 αύτοΰ παρ' ύμϊν M 39r εναντίον οντά τοις ήμετέροις γράμμασιν δτι οδν συκοφαντία
εστί τοΰτο σαφής, εχομεν δια πολλών άλλων άποδεΐξαι" ά παραλείπομεν νΰν δια
τό της ώρας στενόν.
Δ' IV
60 "Ελλάδα : Έλλάδαν Μ, Μωρέαν Β ici et ailleurs. — β0* ενωσις : σύνοδος dans le texte, en
marge : £νωσις Ο1. — - el ούκ έφαίνετο ήκολούθησεν omet M. — ea της omet M. — e3 τελέσειε :
σοιε Μ. — M άνεθήκαμεν : ένεθ. Ο2.
20 oratoris vestri : oratorum vestrorum Mansi qui cependant ne nomme pas non plus le
second ambassadeur, l'évêquo Théodore. — 81 haec : hoc Bar.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 41
ελάβομεν. Και γαρ και νόμοι καΐ κανόνες και άπας σχεδόν Μ 40ν δ των άγιων
σύλλογος προς συμμαχίαν εστίν ήμΐν των πατρφων άντεχομένοις και μηδαμώς
των δρων αυτών εξω βαίνουσι 65. καΐ μηδέ άλλάξασθαι γένοιτο ποτέ ήν έχομεν
όρθοδοξίαν μετά πενίας της διαφερομένης καν πολλή τις ευδαιμονία 65* έκ τούτου
150 περιγενήσεται, μηδέ εις φανερον έμπεσεΐν κακον δια προσδοκώμενον κίνδυνον.
Ε' V
VI
Κεφάλαιον έ'κτον τοΰ παναγιωτάτου Sexta conclusio vigorem habet
πάπα. in destinatione nuntii Apostolici.
"Εκτον έστιν έν τφ' Δια τί έμέ άγγελον Quare, ne 26 longum iter diuturna
άποστολικόν επεμψεν ό άγιώτατος πατήρ mora legati esset sine fructu, domi-
ό πάπας; Έπεμψε69 δέ έμέ, 'ίνα μη ή nus27 noster Papa, habito maturo
μακρά οδός τοΰ λεγάτου χωρίς καρποΰ et digesto consilio, deliberavit prae-
γίνοιτο, ώστε μετά καλής καΐ επαινετής mittere 28 me nuntium suum Apos-
βουλής 70 ό άγιώτατος πατήρ συνέστησε tolicum ut praeordinarem congre-
πέμπειν έμέ άποστολικόν άγγελον, ίνα gationem Praelatorum et Graeco-
παρασκευάσαιμι τήν συνάθροισιν τών rum, quae repraesentet 29 totam
Γραικών επισκόπων" ή συνάθροισις ^στω ipsorum Ecclesiam, ne in primum
αντί πάσης αυτών 'Εκκλησίας, έν φ πράγ inconveniens incidamus, quando
ματι ανάγκη εστίν έμέ γινώσκειν τέσσαρα. oratores imperatoris Constantino-
Ποίω καιρώ οφείλει γίνεσθαι ή τοιαύτη polis in concilio Lugdunensi se
σύνοδος, έν ποίω τόπω και έκ τίνων επ Romanae Ecclesiae univerunt et
ισκόπων τών Γραικών και προς τί τέλος. CREDO IN DEUM prout eadem
Ecclesia publiée decantarunt 30, nee
tarnen illi reduetioni, ut patet,
Graecia stare voluit asserens, ut
fertur, sine communi concilio id
actum esse. Expedit quidem hoc
ad tollendum vetustissimum malum.
Hoc sciam quatenus quo possum
clarissime informare dominum nos-
68 μέν : δέ Ο2. — e9 έπεμψε : ψεν Μ. — "> βουλής καΐ επαινετής Ο1.
26 ne : nee Mansi. — · 27 dominus : si dominus Mansi. — 2e praemittere : promittere dans
le texte Mansi qui corrige en marge. — 29 repraesentet : — tat Mansi Bar. — 80 decantarunt :
decantaverunt Bar.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 43
71 σήν: σου M supplée en marge. — "έστειλε: εΌταλλε Μ. — 72 δπου: οπός όπου Ο1. —■
73 σκέψις : επίσκεψις Ο1. — 73* αποστολής : αποστολικής Ο2. — 74 κανονικώς : — ■ ικόν Ο2. — 75 Μ2
note en marge : Πότε δει γίνεσθαι οικουμενική σύνοδος καΐ έν τίσι πράγμασι. — 7β Άχρίδων :
■
190 Κεφάλαιον Ιβδομον τοΰ παναγιωτάτου ημών δεσπότου καΐ οικουμενικού -πα
τριάρχου.
Ζ'. Τοΰ δε εβδόμου κεφαλαίου ή λύσις αΰτη ώς' 'Τμεΐς88 αντί θεμελίου δοκεϊτε
έχειν τήν τοΰ Εύδαιμονοϊωάννου ύπόσχεσιν και έν τούτω ώς ερμαιον αυτήν λαβόντες
ταΰτα κατασκευάζετε ήν ημείς καθάπαξ άρνούμεθα και, το μεϊζον, ώς λέγετε, δτι
195 ού δυνατόν άποστήναι ύμας οΰ88* άντιποιεΐσθε δόγματος ώς δια πολλοΰ χρόνου
82 Cf. Eph., 1,7. — 82* κοινή : κοινήν Ο2. — 83 γενομένης : γένησβαι Μ. — 84 μηδέν : μέν Μ. —
85 δργου Omet Μ. — 8β 'Εκκλησία : —σίας avec le dernier sigma barré M. — 86* καίπερ : καΐ προς
M. — 87 παραγίγνοιντο : γίγνοιτο Ο1. — 88 ύμεϊς : ήμεΐς Μ. — 88* οΐ> : & Μ.
34 reverendissime : — mus Mansi. — 35 temporali omet Bar. — 3e non quantum : omis par
Bar ainsi que la fin du paragraphe.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 45
παγιωθέντος και πρεσβευθέντος ύπ' ανδρών αναρίθμητων σχεδόν των τε89 νΰν
ζώντων, τών τε προαπελθόντων, οί δια το περιον της σοφίας αυτών90 και τά
ύποχθόνια δύνανται κινήσαι" υπέρ οΰ91 πολλά έχοντες ημείς ειπείν υποδείγματα
έκ της θείας Γραφής δτι πανταχού το κρεϊττον προτιμάται τοΰ πλείονος" ου γαρ
200 εν τοις πλείοσιν ευδοκεί92 Κύριος· όμως παραλείπο M 44r μεν, ίνα μη προς επαρσιν
ημών φανώσι τα είρημένα 93. Έκεϊνο δε λέγομεν ώς άκούομεν και ήμεϊς έκεΐσε σοφούς
είναι και λογίους ικανούς και ώς έπιστήμην έχοντας το διαλέγεσθαι, ους ου δειλιώ-
μεν σφόδρα ημείς οί ολίγοι και αφελείς, ει δεήσοι94 προς λόγων έλθεϊν περί τών
τοιούτων τεθαρρηκότες προς Κύριον, δς τα ασθενή θεραπεύει και άναπληροΐ τα
205 ελλείποντα, δτι τοις έκζητοϋσι περί τών θείων άνωθεν δίδοται λόγος εν ανοίξει
τοϋ στό Ο2 139ν ματος94* αυτών και95 ουκ ε'ισιν αυτοί οί λαλοϋντες' Περί δέ τοΰ
χρόνου 95, ήμΐν μάλιστα τοΰτο αρμόζει' πλείονες γαρ χρόνοι παρηλθον, προ 96 τοΰ
σχίσματος δντων ημών ηνωμένων εν μια ομολογία τη τοΰ 'Αγίου Πνεύματος, εν f)
διατελοΰμεν ήμεϊς άχρι και σήμερον 97 και ην πρεσβεύομεν και μεθ' ής 98 προς
210 Κύριον έκδημήσαμεν οί99 μετά το σχίσμα98. Και παρ' ανδρών έπρεσβεύετο τότε τα
της ενώσεως άποστολικώς ζώντων και ουδέ99* συγκριθηναι προσηκόντων τοις
παροΰσιν. "Αλλως τε τίς ισχύς άπο Μ 44ν τοΰ χρόνου το πάγιον έ'χειν τοις μη
καλώς την αρχήν ίδρυμένοις" είτα, εάν ημείς ύποκύψωμεν ύμϊν κατά τον τρόπον
τοΰτον, πώς ήν δυνατόν άκολουθήσαι και τους 10° μεθ' ημών, οϊτινες <είσι, ώς>,
215 ανωτέρω δεδήλωται, δι' ών παν δόγμα κυροΰται. Τί αν ήν το εκείνους ανάγκασαν
τοιαύτη ψήφω άκολουθήσειν ; παρ' ών, ε'ι ένεκαλούμεθα, τί άν εϊχομεν έκείνοις
άπολογηθήναι και εαυτούς100* εξω αιτίας ποιήσαι; Δια δή ταΰτα πάντα πληροφο-
ρίαν δίδομεν ύμϊν ώς ούτε εϊπομεν τοιούτον τι, οΰτε ύπεσχέθημεν.
Η' VIII
Κεφάλαιον δέ τών είρημένων ώς· Ήμεΐς της αύτης καί νυν έχόμεθα σπουδής καΐ
240 εφέσεως τοΰ περί της ενώσεως έργου ώς καί το πρότερον καί σύνοδον έπιθυμοΰμεν
γενέσθαι κανονικήν κατά τήν τών 'Αγίων παράδοσιν. Καί υμάς εις τοΰτο παρακι-
νοΰμεν τό δια τάχους τοϋτο γενέσθαι καί δτι βραδύνει δυσχεραίνομεν ώς ειπείν.
καί δοίη Θεός ίνα μή εν γράμμασι μόνον τό περί τούτου ύπολειφθή, άλλα καί εις
Μ 46ν έργον προβή αγαθόν105 τη συνεργεία τοϋ 'Αγίου Πνεύματος πρεσβείαις της
245 Παναγίας μου καί πάντων τών 'Αγίων. 'Αμήν 10β.
103* υπέρ ών : υπέρ ω Μ. — ™* Math., 5, 33-34. — 105 omet Ο2. — 10β Ο2 répète aussitôt après le
titre en entier. M ajoute <τ>έλος.
TRADUCTION
Le deuxième article porte sur les malheurs et les dangers qui ont découlé
et découlent toujours de ce schisme au spirituel comme au corporel. Quelle
langue, illustrissimes seigneurs, suffit pour raconter l'effusion de sang causée
par ce schisme? La Grèce n'a-t-elle pas cessé d'être l'empire florissant
qu'elle fut, n'a-t-elle pas perdu la science de l'enseignement, la supériorité
dans les guerres, la noblesse des archontes, et la multitude de ses peuples?
En ce moment même la Grèce entière, sans paix à cause de la guerre, accablée
de toutes parts par les ennemis du Christ, est traînée en esclavage. Quoi de
plus terrible ou de plus humiliant que les chrétiens soient forcés par les
infidèles à prendre les armes contre les chrétiens ? Pire encore, si ce schisme
n'existait pas, tous ces katagoi, tartares et turcs seraient à présent
4
50 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
soumis à l'Évangile du Christ. Et voilà que maintenant ils sont devenus
mahométans par manque de docteurs pour leur annoncer la paix, l'union
et le salut. Aussi pour parer au danger que les infidèles ne s'emparent
complètement du royaume de la Grèce, il n'y a pas de résolution plus utile
que de s'unir par le lien de la charité, de manière qu'il n'y ait comme autref
oisqu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur. Toutes les autres voies sont
dangereuses.
contestation, bien plus sans examen, nous nous soumettions et nous nous
conformions à ce que professe l'Église de Rome, car personne n'osera ouvrir
la bouche par peur du jugement promis à celui qui provoquera l'échec.
Autre serait la teneur de nos lettres et autres les instructions données par
nous oralement? Ou bien est-ce que, dans l'espoir d'être aidés, nous nous
serions précipités aussi facilement, sans peine, à rejeter ce que nous avons
reçu par le Saint-Esprit du Christ et de ses vénérables Apôtres? Car nous
avons pour alliés les lois, les canons et presque toute l'assemblée des saints,
nous qui tenons à la tradition des Pères et ne nous écartons jamais de leurs
commandements. Fasse le Ciel que jamais ne soit altérée la vraie foi que
nous professons dans notre pauvreté, dût-il en résulter pour nous une
grande prospérité, et puissions-nous ne pas tomber dans un mal certain à
cause d'un mal attendu.
ne reste pas sans fruit. Ainsi c'est dans un bon et louable dessein que notre
Très Saint Père le pape a décidé de m'envoyer comme nonce apostolique
pour préparer la réunion des évêques grecs. Cette assemblée devra valoir
pour leur Église entière. A propos de quoi il me faut apprendre quatre
choses : A quel moment se tiendra pareil synode, en quel lieu, avec quels
évêques et à quelle fin?
avez le dessein de passer aux actes et de faire que, même si d'autres qui
ne vous sont pas soumis ne devaient pas être présents [à l'assemblée concil
iaire, se réalise l'union dans la foi que professe la Sainte Église de Rome et
dans la soumission à cette même Église, conformément aux assurances
données à Florence de la part de votre Majesté et du patriarche par le
susdit Nicolas et Févêque Théodore.
toutes ces raisons nous vous certifions n'avoir fait ni déclaration ni pro
messe de cette nature.
dit-il, le cadeau qui porte préjudice et je ne veux pas d'honneur qui engendre
le déshonneur. »
En résumé! Notre zèle et notre penchant pour le travail de l'Union sont
à cette heure aussi les mêmes que précédemment. Nous souhaitons la réunion
d'un concile œcuménique tenu selon les canons et conformément à la tradi
tiondes saints. Nous vous pressons de le réunir au plus tôt et notre regret
est que cela tarde, si l'on peut dire. Dieu nous accorde que les projets conçus
à cet effet ne restent pas seulement exprimés dans les lettres, mais qu'ils se
traduisent en œuvre utile par la collaboration du Saint-Esprit, l'inter
cession de la Vierge ma toute Sainte et de tous les Saints. Ainsi soit-il!
APPENDICE
La recension vulgaire.
(1) Sur le grand effort fourni par Mgr L. Petit (f 1927) pour réunir et publier à lui seul
l'énorme dossier florentin, voir les précisions du P. D. Stiernon, L'unione greco-latina al
concilio di Firenze ed il problema ecumenico nel prossimo concilio, dans Divinitas, II, Roma
1961, p. 312, 313.
(2) H. O. Goxe, Catahgi codicum manuscriptorum Bibliothecae Bodleianae, I, Oxonii
1853, p. 382, n. 90.
(3) Au xvne s., suivant l'indication que veut bien me communiquer l'abbé Canart,
scrittore à la Vaticane.
58 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES
son premier et son dernier feuillet, en sorte que le texte s'en trouve
mutilé aux deux extrémités. Ce dernier reproduit dans le même ordre
le petit dossier de YOttobonianus, à savoir d'abord, et à part, les
neuf articles communiqués à l'empereur et au patriarche au nom du
pape, et ensuite, mais sans que ces articles y soient intégrés comme
dans le manuscrit de Moscou, les réponses du patriarche en son synode.
La particularité la plus saillante de l'ensemble est qu'il présente,
tant sous le rapport de la syntaxe que sous celui du vocabulaire, une
adaptation en langue vulgaire, adaptation qui, comme d'autres écrits de
même époque, a quelque chose d'hybride et reste à mi-chemin du grec
savant et du grec vulgaire. Cet aspect du document intéressera certa
inement le philologue, d'autant que certains termes employés se ren
contrent peu ou prou dans la langue du Moyen Age (4). Une seule chose
nous importe ici : déterminer la valeur de cette recension pour l'établi
ssement du texte. Subsidiairement nous tâcherons de découvrir le lieu
probable où le nouveau texte fut élaboré.
Disons tout de suite que, sauf en de très rares cas, ce témoin surnu
méraire est négligeable, malgré son ancienneté.
On n'y rencontre d'abord aucune donnée nouvelle. L'on comprendra
mieux pourquoi lorsque nous aurons repéré l'endroit où dut travailler
le remanieur, un grec certes, à la plume très alerte, mais vivant dans
un milieu coupé de l'actualité byzantine. En revanche, si le rema
nieur n'ajoute rien, il retranche arbitrairement, transpose ou contracte.
Ces diverses opérations, parfois maladroites, dénaturent, escamotent,
voire corrompent entièrement le sens de l'original. Exemples :
1° Martin V a décidé d'envoyer un cardinal légat à Constanti
nople sur l'assurance donnée par les apocrisiaires byzantins que
l'Église grecque se soumettrait sans autre procédure à son autorité. A
cette affirmation du nonce Antoine de Massa, le patriarche Joseph II
répond d'après OM (5) d'abord que ces envoyés n'avaient nullement
commission, ni de sa part ni de celle de l'empereur, de faire pareille
promesse, ensuite que la venue du légat n'en était pas moins désirée.
Cette double déclaration est ainsi ramassée dans le Baroccianus :
ώς οΰτε ε'όπωμεν, ούτε ένεθυμήθημεν, οΰτε έγράψαμεν περί τούτου
( = le légat) έλθεΐν.
(4) Exemples : μέ τήν φωνιμάδαν pour μετά συνεύσεως. — παρακλήτωρ pour πρέσβυς (ambass
adeur). —· συνάθροισις = μάξωμα. — τήν συνάθροισιν = τήν άμαζοχθοϋσιν. — βεβαιότης =
στερέωμα.
(5) Soit VOuobonianus et le Mosquensis qui contiennent la version originale du document
ici édité.
V. LAURENT : LE PAPE MARTIN V ET LE PATRIARCHE JOSEPH II 59