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PEA IUP 2

UNIVERSITÉ D’ANGERS

Institut Universitaire Professionnalisé

Institut Supérieur de la Santé


et des Bioproduits d’Angers

16, Bd Daviers
49045 ANGERS Cedex

Tél : 02 41 22 66 00 – Fax 02 41 22 67 09

PROJET D’ETUDE APPLIQUÉ

L’ÉLIMINATION DU TABAGISME
DANS L’ENTREPRISE

Marion CRÉPELLIÈRE
Amélie DAMOUR
Elodie MALALEL IUP2 2005/2006
Dorothée PLISZCZAK 5 décembre 2005
Pauline RIALLAND
PEA IUP 2

Remerciements

A l’issue de ce PEA, nous tenons tout d’abord à


remercier M. Jacques Alexandre, notre professeur référent, de
nous avoir guidées lors de nos démarches. Nous remercions
aussi M. Luc Dussart, pour son soutien technique et ses
judicieux conseils.

Nous associons à ces remerciements toutes les


personnes ayant eu la gentillesse de nous consacrer de leur
temps : Mme Colette Constantin, Accor ; M. Roland Cordier,
Air France ; Dr Claude Guilaumin, CHU* Angers ; Mme
Sylvie St Etienne, CNP Assurances Angers ; M. Aurélien
Latour, Coca-Cola ; Dr Hélène Kaspi, Danone ; Mme Maria-
Alejandra Cardenas, DNF* ; M. Handschoewerker, Lesieur ;
M. Eric Malalel, Lynx ; M. Joël Poirat, MACSF* ; Dr Jean-
Noël Dubois, Nicodem ; Mme Catherine Heloury, Total ; M.
Tanguy Massart, Weyerhaeuser.

*
Tous les mots suivis d’un astérisque sont définis dans le glossaire.
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SOMMAIRE

INTRODUCTION............................................................................................................................. 1

CHAPITRE I : TABAGISME EN ENTREPRISE : LA SITUATION ACTUELLE.................. 2

1.LA POLITIQUE RELATIVE A LA PREVENTION DU TABAGISME ......................................................... 2


1.1.La loi Evin............................................................................................................................ 2
1.2.Arrêt du 29/06/05................................................................................................................. 2
1.3. ............. Le code de la santé publique en matière de tabagisme est-il bien respecté dans les
entreprises ?............................................................................................................................................. 3
2.AGIR CONTRE LE TABAGISME : L’INTERET POUR LES ENTREPRISES .............................................. 3

2.1.Les conflits entre fumeurs et non-fumeurs ........................................................................... 3


2.2.La santé des salariés............................................................................................................ 4
2.3.Le coût d’un fumeur pour l’entreprise................................................................................. 4
2.3.1.Sécurité et hygiène de l’entreprise .............................................................................................. 5
2.3.2.Les salariés .................................................................................................................................. 5
2.4.Responsabilité de l’entreprise.............................................................................................. 5

CHAPITRE II. QUELQUES DEMARCHES UTILISEES PAR LES ENTREPRISES............. 7

1.LA METHODE ALLEN CARR .......................................................................................................... 7


2.STIMULUS ..................................................................................................................................... 9
3.NICODEM.................................................................................................................................... 10
4.L’OFT (OFFICE FRANÇAIS DE PREVENTION DU TABAGISME) ..................................................... 12
5.D’AUTRES APPROCHES OBSERVEES ............................................................................................ 14
5.1.L’approche médicamenteuse ............................................................................................. 14
5.2.Les approches alternatives ................................................................................................ 14
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CHAPITRE III. PRESENTATION ET ELABORATION DU PROJET INSPIRE DE LA


METHODE DE BENCHMARKING .......................................................................................................... 15

1.LE PROJET................................................................................................................................... 15
1.1.Application du Benchmarking pour évaluer les facteurs influents .................................... 15
2.REALISATION DU BENCHMARKING ............................................................................................. 16
2.1.Gestion de projet................................................................................................................ 16
2.2.L’auto-diagnostic : Objectifs et identification des cibles................................................... 17
2.3.Collecte des informations / Visite des Cibles..................................................................... 18
2.4.Adaptation et déploiement (Le Post-Benchmarking) ......................................................... 18
3.RESULTATS ................................................................................................................................ 19
3.1.Situation avant la mise en place d'
un plan anti-tabagisme................................................ 19
3.2.L'
impulsion pour la mise en place d'
un programme anti-tabagisme ................................. 19
3.3.Les changements ................................................................................................................ 20
3.4.Les approches pour éliminer le tabagisme ........................................................................ 20
3.5.Les problèmes rencontrés lors de la mise en place de l'
opération .................................... 21
3.6.Les effets positifs de la nouvelle politique contre le tabagisme ......................................... 21
4.POINTS CRITIQUES ...................................................................................................................... 22
4.1.La motivation et l’implication............................................................................................ 22
4.2.Les ressources.................................................................................................................... 22
4.3.Les résultats ....................................................................................................................... 23
4.3.1.Discussion.................................................................................................................................. 26
5.DIFFICULTES RENCONTREES ET PROPOSITIONS D’AMELIORATION .............................................. 26

CONCLUSION................................................................................................................................ 27

GLOSSAIRE

BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES ANNEXES


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INTRODUCTION

Le tabac est responsable d’un cancer sur trois et d’un grand nombre de décès
d’origine pulmonaire, cardiaque et vasculaire. Il est la cause de 60 000 décès prématurés
chaque année. Un fumeur sur deux mourra du tabac s’il a commencé à fumer à
l’adolescence. Par ailleurs, le tabac diminue l’espérance et la qualité de vie.

Nous avons choisi de traiter le sujet de l’élimination du tabagisme en entreprise car


il s’agit un sujet social qui nous concerne tous. Nous sommes confrontés au tabagisme
passif dans notre vie de tous les jours et nous pourrons aussi l’être lors d’un futur emploi.

Pour traiter ce projet, nous nous sommes renseignées sur les différentes méthodes
existantes à ce jour pour la prévention du tabagisme en entreprise. Afin de voir les
applications concrètes dans les entreprises, nous nous sommes inspirées de la méthode du
Benchmarking.

Après avoir brièvement présenté la situation politique et législative face au


problème du tabagisme en France et en Europe, nous parlerons des intérêts des entreprises
à adopter une politique pour remédier à ce problème. Ensuite, nous présenterons plus
particulièrement quelques démarches d’élimination du tabagisme proposées aux
entreprises. La fin de ce rapport sera consacrée à l’étude du Benchmarking et aux résultats
obtenus lors de notre enquête.

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Chapitre I : Tabagisme en entreprise : la situation actuelle

1. La politique relative à la prévention du tabagisme

1.1. La loi Evin

La loi Evin date du 10 janvier 1991, elle a pour but premier de protéger les non-
fumeurs du tabagisme passif. En effet, elle pose le principe d’une interdiction de fumer
dans tous les lieux affectés à un usage collectif ainsi que dans tous les lieux collectifs de
transport.
Dans les entreprises soumises au Code du travail, les locaux clos et couverts
affectés à l’ensemble des salariés doivent être non-fumeurs (ex : locaux d’accueil et de
réception, locaux affectés à la restauration collective, salles de réunion et de formation,
salles et espaces de repos, locaux réservés aux loisirs, à la culture et au sport, locaux
sanitaires et médicaux sanitaires.)
Cette loi n’interdit donc pas le tabagisme dans l’entreprise. En effet, il est possible
de créer des zones fumeurs. Ces zones peuvent être dans le meilleur des cas des locaux
spécifiques, mais le problème est qu’elles peuvent être seulement des espaces délimités.
Bien que le volume, les dispositions et les conditions d’utilisation, d’aération et de
ventilation de la zone fumeur doivent assurer la protection des non-fumeurs, ce n’est pas
toujours le cas. Ces locaux ou espaces doivent respecter un débit minimal de ventilation (7
litres par seconde par occupant, pour les locaux dont la ventilation est assurée de façon
mécanique ou naturelle par conduits ; 7 m3 par occupant pour les locaux dont la ventilation
est assurée par des ouvrants extérieurs).
Par ailleurs, une signalisation apparente doit rappeler le principe de l’interdiction de
fumer et indiquer spécifiquement les emplacements mis à la disposition des fumeurs.
Enfin, le fait de fumer hors d’un emplacement mis à la disposition des fumeurs peut
être puni d’une amende.

L’effet de la loi Evin n’étant pas satisfaisant, cette loi a basculé le 9 août 2004 dans
le code de la santé publique.

1.2. Arrêt du 29/06/05

Depuis le 29 juin 2005, un arrêt de la Cour de cassation va plus loin et rappelle aux
employeurs de protéger les salariés du tabagisme dans l’entreprise.
Cet arrêt dit que même les lieux n’étant pas destinés à l’ensemble de salariés
(bureaux à usage collectif) doivent répondre à un plan d’organisation ou d’aménagement
destiné à protéger les non-fumeurs.

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Cette organisation doit être mise en place après consultation du Médecin du


Travail, du Comité d’hygiène et de sécurité, et des conditions de travail. Dans les plus
petites entreprises ce sont les délégués du personnel qui sont consultés.

1.3. Le code de la santé publique en matière de tabagisme est-il bien


respecté dans les entreprises ?

Une enquête a été réalisée en juillet 2005 par Ipsos/Pfizer. Elle révèle que
seulement 23% des français disent que ce code est bien appliqué dans leur entreprise et 21
% déclarent qu’il n’est pas interdit d’y fumer.
Nous pouvons remarquer que, suivant le poste que nous occupons, nous avons plus
ou moins de risque d’être exposés au tabagisme passif. En effet, les ouvriers sont plus
exposés que les cadres, 31% d’entre eux, contre 11% de cadres, travaillent dans des
entreprises ne respectant pas le code.
Nous remarquons que 78% des salariés pensent qu’il faudrait pour tous un
environnement de travail sans fumée.

Malgré le code de la santé publique, il resterait, en France, 4.6 millions de


personnes enfumées sur leur lieu de travail. Nous pouvons donc dire que sa mise en place
n’est pas suffisante à la sécurité des travailleurs quant au tabagisme passif.

2. Agir contre le tabagisme : l’intérêt pour les entreprises

2.1. Les conflits entre fumeurs et non-fumeurs

Les non-fumeurs vivent mal les symptômes dus à l’exposition de fumée de tabac
(irritation des yeux, maux de têtes, problèmes respiratoires, …) et s’inquiètent de leur santé
à long terme (cancer, problème cardiaque).
De plus, dans certaines entreprises où les fumeurs sont nombreux et où les salles de
pause sont séparées, les non-fumeurs se sentent mis à part. La plupart d’entre eux
préfèreront prendre leur pause dans la salle « fumeur » avec leurs collègues.

Le tabagisme en entreprise a toujours plus ou moins créé une certaine agressivité


entre les fumeurs et les non-fumeurs. Cependant, ces discordes peuvent être aggravées par
une mauvaise gestion du problème par l’entreprise. En effet, une interdiction brusque et
totale de fumer sur le lieu de travail peut être très mal perçue par les fumeurs et la
responsabilité d’une telle méthode pourrait retomber sur les non-fumeurs.
Dans tous les cas, il est important d’annoncer à l’avance aux salariés toutes
démarches visant à régler le problème du tabagisme.
La meilleure solution pour régler ce problème et le conflit entre fumeurs et non-
fumeurs est donc d’aider les fumeurs à arrêter.
L’élimination du tabagisme agira comme un facteur de réconciliation pour
différentes raisons :

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• les fumeurs, qui décident d’arrêter, et les non-fumeurs auront un but et un objectif
commun ;
• les non-fumeurs aideront leur collègues fumeurs pour arrêter ;
• les fumeurs seront reconnaissants à la direction et à leurs collègues de les aider à
arrêter de fumer ;
• les non-fumeurs seront reconnaissants envers les fumeurs pour leur effort et à la
direction pour avoir remédié à ce problème.

Ainsi en prenant en main le problème du tabagisme, une entreprise peut régler de


nombreux conflits, contribuer à améliorer son image et augmenter sa productivité en
créant un environnement plus favorable au travail.

2.2. La santé des salariés

La toxicité de la fumée de tabac est telle qu'elle s'


exerce non seulement sur les
fumeurs, mais aussi sur ceux qu'elle enfume, induisant chez eux de nombreux troubles, y
compris quelques cancers. Ainsi estime-t-on que le tabagisme passif entraîne près de 1 000
décès chaque année en France, la plupart de cause cardio-vasculaire, une minorité par
cancer.

On appelle tabagisme passif l' inhalation de la fumée des autres ou le fait d'
inhaler
involontairement de la fumée. La fumée produite par la cigarette lors de la combustion est
appelée « fumée primaire ». La FTA* ou fumée secondaire correspond à l' ensemble des
matières présentes dans l' air intérieur suite à la consommation de tabac dans un espace
clos. En effet, l’air ambiant d’une pièce enfumée est composé de 85% de FTA.

La fumée de tabac contient plus de 5 000 composants dont certains d’entre eux sont
plus toxiques que les autres1. Ainsi l’action des FTA est un réel danger pour tous car elle
agit tout au long de l’exposition.

2.3. Le coût d’un fumeur pour l’entreprise

D’après l’étude canadienne effectuée en 1995, le surcoût d’un salarié fumeur est
d’environ 3 000 euros par an. Il y a deux types de surcoûts : ceux liés directement à
l’entreprise (les incendies, l’hygiène…) et ceux liés aux salariés eux-mêmes (absentéisme,
les accidents de travail…)

1
Annexe VI

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2.3.1. Sécurité et hygiène de l’entreprise


D’après une enquête de l’OMS de 1998, le tabagisme serait à l’origine de la moitié
des incendies sur les lieux de travail. Il a été démontré que les fumeurs courent presque
deux fois plus de risques d’accidents de travail que les non-fumeurs. Par exemple, 40% des
incendies dans les hôpitaux de Paris sont dus aux mégots mal éteints.
De plus le salarié fumeur salit et détériore plus que le salarié non fumeur. En effet,
pour ce qui est de l’hygiène, sans parler des mégots qui peuvent êtres jetés, les cendres
volent et salissent les locaux. Le ménage doit donc être fait plus souvent dans un lieu
fumeur. Les détériorations observées vont des ordinateurs (encrassement clavier et souris)
aux bureaux qui doivent être rénovés (sols, fauteuils).

2.3.2. Les salariés


Les fumeurs invétérés étant moins dynamiques, motivés et énergiques dus à
l’obsession de fumer, leur productivité de travail est affectée.
Le temps de pause des fumeurs se voit allonger lorsque les endroits adaptés à leur
consommation sont éloignés. Par ailleurs, l’absentéisme des fumeurs du à des arrêts
maladies est en moyenne de 5,5 journées/an contre 3,8 journées/an pour les non-fumeurs.
Les hospitalisations des fumeurs sont 25% plus longues que celles des non-fumeurs.

2.4. Responsabilité de l’entreprise

D’après un sondage Ipsos, 78% des français pensent que les employeurs doivent
garantir un environnement de travail sans fumée de tabac pour tous leurs employés.

Le responsable d’une entreprise doit assurer la protection des non-fumeurs contre le


tabagisme sous peine de condamnations civiles et pénales. En effet, une personne subissant
une exposition involontaire à la fumée de tabac dans son lieu de travail peut demander
droit à réparation (3000 € de dédommagement).

En appliquant la loi, une entreprise protége son personnel de la fumée de tabac et


évite les attaques juridiques. De plus, les contrôles sont renforcés car depuis le 9 août 2004,
date de l' adoption de la "Nouvelle Loi de Santé Publique", des fonctionnaires sont
missionnés pour veiller à la bonne application de la loi et notamment dans les entreprises :
• Médecins inspecteurs de santé publique ;
• Inspecteurs du génie sanitaire ;
• Inspecteurs DDASS* ;
• Inspecteurs du travail ;
• Contrôleurs du travail ;
• Fonctionnaires du travail assimilés ;
• Fonctionnaires et agents du ministère de la santé ou des collectivités territoriales
habilités et assermentés.

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Exemples de poursuites judiciaires

Le palais des congrès porte maillot


Le palais des congrès a été assigné à comparaître par des salariés non-fumeurs
devant la justice pénale le 10 janvier 2001 pour infraction à la loi Evin. L’association DNF
a profité de cette affaire pour dénoncer le manque de contrôle afin de faire respecter la loi
Evin et protéger la santé des non-fumeurs.

Le Responsable fut condamné à payer 760 €, ainsi que 1500 € à DNF au titre de
dommages et intérêts et 760 € en application du code de procédure pénale pour l’absence
de signalisation d’interdiction de fumer et l’absence d’espace pour les fumeurs.

ONISEP* Dijon
Le directeur de l’ONISEP de Dijon fut condamné par DNF et un salarié à une
indemnisation de 2400 € pour le préjudice personnel de l’exposition involontaire au tabac.
De plus, le directeur dut payer 300 € de dommages et intérêts pour DNF ainsi que 1200 €
au Ministère Public pour l' absence d'
espace réservé aux fumeurs dans les locaux, pour le
non-respect des normes de ventilation et l'
absence de signalisation d’interdiction de fumer.

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Chapitre II. Quelques démarches utilisées par les


entreprises

Durant notre enquête nous avons pris connaissance de différentes démarches mises
en place dans les entreprises interrogées pour la prévention et l’élimination du tabac. Dans
cette partie, les quatre approches développées correspondent à celles le plus fréquemment
rencontrées.

1. La méthode Allen Carr

La méthode Allen Carr repose sur les mécanismes de dépendances physiques et


psychologiques du fumeur, ainsi que les paradoxes que celui-ci entretient avec la cigarette.
Ainsi, les fumeurs sont libérés de leur contradiction et arrêtent de fumer. L’objectif
étant de rendre le participant non-fumeur et pas ex-fumeur car un ex-fumeur garde toujours
en lui l’idée d'un sacrifice et reste ainsi vulnérable. Ce sevrage psychologique amène le
participant à se dégager de son rapport avec la cigarette et à retrouver son état naturel de
non-fumeur.
Cette méthode s’adresse à tous les fumeurs (grands ou petits fumeurs) et ne
demande aucune aide médicamenteuse. Les personnes s’arrêtent de fumer, sans prise de
poids significative et sans faire appel à la volonté.

Afin de comprendre cette méthode, nous avons lu le livre La méthode simple pour
en finir avec la cigarette de Allen Carr. Pendant la lecture du livre, le fumeur a le droit de
fumer autant de cigarettes qu’il désire jusqu’à la fin du livre.

Tout d’abord, Allen Carr explique que la dépendance physique provient du besoin
de nicotine et représente cela par un « petit monstre » que les fumeurs ont dans leur
estomac et qui doit être nourri de nicotine. Le fumeur devient donc l’esclave de ce « petit
monstre ». De plus, il affirme que le fumeur a subi un lavage de cerveau qui fait associer la
cigarette au plaisir. Ainsi les fumeurs ont l’illusion que la cigarette leur procure le plaisir,
la tranquillité, la confiance qui leur manquent. Le fumeur est ensuite pris dans un cercle
vicieux car il fume lorsqu’il est stressé et la cigarette va ensuite créer un manque de
nicotine qui va engendrer l’état de stress.

La méthode Allen Carr insiste beaucoup sur le fait que la cigarette est un poison et
que les fumeurs se force à fumer par mimétisme ou par artifice social. En effet, personne
n’a apprécié sa première cigarette car le corps rejette ce poison de quelques manières que
ce soit (toux, vomissement, vertige). C’est d’ailleurs après cette première expérience que
certaines personnes s’enferment dans l’idée qu’ils ne deviendront jamais accros à la
cigarette car c’est dégoûtant et cette illusion va créer leur perte.

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Il est facile d’arrêter de fumer quand les fumeurs se rendent compte que la cigarette
est en train de les tuer et qu’elle ne leur apporte aucun plaisir. Au contraire, elle les prive
de santé, d’énergie, d’argent, de confiance en soi, de sérénité, de courage, de liberté,...

Après avoir cassé les illusions du fumeur envers la cigarette, la méthode Allen Carr
donne ses instructions pour arrêter de fumer :
1) Le fumeur doit prendre la décision de ne plus jamais fumer et de ne plus rien
prendre à base de nicotine.
2) Il ne faut pas se morfondre mais se réjouir ne de plus être esclave de la cigarette.
Les bons moments seront désormais meilleurs et les mauvais plus supportables.
3) Il ne faut plus fumer aucune cigarette, même pas une petite et même pas une
bouffée car vous retomberez dans le piège.
4) La cigarette est une drogue et fumer est une maladie. Il faut arrêter maintenant.
5) Une fois que vous avez arrêté, vous êtes un non-fumeur et le manque de nicotine
va s'
amoindrir.

Allen Carr prévient que pendant environ trois semaines, le non-fumeur va ressentir
un état de manque de nicotine qui se perçoit comme une sensation de faim. Il ne faut pas
utiliser de substituts (chewing-gum, bonbon) pour remédier à ce manque car ils ne
serviront pas à soulager le besoin de nicotine. Cependant certains réflexes avec la cigarette
(après un repas, au téléphone) vont faire douter l' ex-fumeur. Au bout de ces trois semaines,
le non-fumeur doit ressentir un moment de révélation qui signifiera que le lavage de
cerveau qu’il a subi est terminé. Mais il ne faut surtout pas attendre ce moment et continuer
à vivre normalement.
Allen Carr recommande de se concentrer sur la dernière cigarette, sur les fumées
cancérigènes qui entrent dans les poumons et sur son goût désagréable. Puis l’éteindre en
se réjouissant d’être libéré de l’esclavage de la nicotine.
Les non-fumeurs ne doivent pas croire qu’ils ne penseront plus jamais à la cigarette
mais ce qui compte c’est ce qu’ils pensent de la cigarette. Si le non-fumeur se rend compte
qu’il a fumé du poison et qu’il ne faut plus qu’il y touche, il est considéré comme “guéri“.

La méthode commence par une session de 4 heures qui est généralement suffisante
pour arrêter de fumer. Elle se pratique en groupe de 10 à 20 personnes par un intervenant
Allen Carr France. Deux autres sessions de 2 heures sont proposées si la première ne leur
semble pas suffisante. Dans les 3 mois qui suivent les sessions, les participants peuvent
bénéficier d’un suivi individuel par téléphone.
De plus, Allen Carr France garantit aux particuliers, entreprises et collectivités, le
remboursement des frais en cas d’échec avant les 6 mois qui suivent la première session.
Le financement de la méthode est de 260 € par personne qui peut être payé par le salarié ou
dans le cadre de la formation continue ou par la mutuelle de l’entreprise.

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PEA IUP 2

Allen Carr France mentionne sur son site et les brochures que 50% à 70% des
participants arrêtent de fumer et les autres diminuent considérablement leur consommation
de tabac.

Enquête sur l’efficacité de la méthode


Selon une étude scientifique, dirigée par le Pr Manfred Neuberger de l’Université
de Vienne, qui a été effectuée de juin 2002 à octobre 2003 en Allemagne et en Autriche, le
taux de réussite de la méthode Allen Carr au bout de 12 mois est de 53,3%.
L’enquête a porté sur un échantillon de 537 personnes qui ont suivi la méthode
Allen Carr entre juin à septembre 2002. Ces personnes ont d’abord rempli un questionnaire
pour déterminer leur degré de dépendance à la cigarette, puis elles ont fait l’objet d’un
suivi de 3 mois et 12 mois après la session.

Taux de succès après 3 mois Taux de succès après 12 mois

38,2% 61,8%
46,7% 53,3%

Non-fumeurs
Fumeurs ayant rechuté

Les grands points à retenir de cette expérience sont :


53,3% des personnes sont encore non-fumeurs 12 mois après la session ;
60% de ces personnes avaient une dépendance à la nicotine de moyenne à très
élevée ;
98,4% de ces personnes n’ont utilisé aucun substituts ni médicaments pendant
ces 12 mois ;
86,3% de ces personnes déclarent connaître un sentiment de victoire et de
satisfaction.

2. Stimulus
La MACSF et Aventis ont fait appel à ce prestataire afin de proposer des solutions
quant au tabagisme au sein de l'
entreprise. Nous avons donc contacté Alain Tuéta du
département Développement et Communication dans le but de mieux comprendre leur
méthode.
Stimulus propose un soutien aux entreprises en ce qui concerne le stress
professionnel et l'
adaptation au changement par une approche comportementale et
cognitive.

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PEA IUP 2

La 1ère étape consiste en une démarche de communication. Stimulus encourage la


direction à annoncer une date à partir de laquelle les sessions d' information sur le tabac
vont débuter.
La 2ème étape consiste à effectuer un audit auprès de tous les acteurs de l'
entreprise.
Un journal interne sur le tabac et sur la programmation des futures sessions organisées
circule dans l' entreprise accompagné d' un questionnaire d' auto-évaluation avec des
questions comme : “Où en êtes-vous avec le tabac? “ “Avez-vous envie d' arrêter? “… Tous
les résultats rassemblés permettent d' obtenir une “photographie“ de l' entreprise en ce qui
concerne le tabac.
Une réunion de “feed-back*“ est ensuite organisée dans un troisième temps avec les
consultants de Stimulus. Cette réunion est l' occasion de présenter à tous les salariés les
résultats de l'audit avec comme support des graphiques : “il y a x% de fumeurs dans votre
entreprise“, “x% souhaitent arrêter“…
La quatrième étape consiste à mettre en place des dispositifs qui seront adaptés aux
différents niveaux de motivations parmi les salariés. Ceux-ci sont généralement regroupés
en 3 niveaux :
• Les salariés fumeurs qui souhaitent arrêter définitivement et qui y songeaient bien
avant la proposition faite par l' entreprise : des groupes d'accompagnement sont formés
pour l' aide à l'arrêt. Pour les personnes les plus motivées, un accompagnement par
téléphone après l' intervention est proposé ;
• Les salariés fumeurs qui souhaitent arrêter et profiter de l' opportunité, mais qui ont une
motivation moindre ;
• Les salariés fumeurs qui ne souhaitent pas arrêter mais respectent la décision de
l'entreprise et veulent seulement des conseils pour ne pas fumer durant le temps de
travail ;

En parallèle, Stimulus s' attache à sensibiliser la direction sur le tabagisme. Les


consultants impliquent le Service de Santé au Travail (SST) de l' entreprise avec des
formations et la dispense d'
informations afin d’enregistrer les inscriptions des volontaires.
Les séances s'organisent comme suit :
• des séances de 2 heures une fois par semaine pendant 4 semaines ;
• une séance supplémentaire 15 jours après ;
• enfin, une dernière séance de suivi un mois après.
Stimulus incite la direction à offrir les substituts nicotiniques si nécessaire. Ces
substituts sont délivrés sous la responsabilité du consultant. Dans ce cas, un partenariat
avec une pharmacie peut être créé sous l' impulsion du programme de lutte contre le
tabagisme.

3. Nicodem
Nicodem est un ensemble de programmes spécialisés dans la prise en charge du
tabagisme. Il s'agit d’un réseau national de psychologues et tabacologues spécialistes de
l'
aide à l'arrêt du tabac. Lors de nos démarches nous avons pu rencontrer le Docteur
Dubois, tabacologue chez Nicodem et à la médecine préventive universitaire.

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Cette méthode est proposée aux entreprises depuis 2001 et aux particuliers. Celle-ci
est basée sur les connaissances les plus récentes de la tabacologie et de la psychologie : la
psychotabacologie.
La psychotabacologie prend en compte l’ensemble des problèmes posés par le
tabagisme :
• Elle respecte toutes les connaissances acquises en tabacologie et ne conteste pas les
facteurs biologiques et biochimiques agissant dans la dépendance au tabac. La
psychotabacologie revendique l' utilisation des substituts nicotiniques lorsque ceux-ci sont
nécessaires.
• Elle prend en compte les avancées réalisées grâce aux Thérapies Comportementales et
Cognitives qui ont permis une approche concrète des problèmes de dépendance au tabac
• Elle prend en compte le risque d’anxiété et de dépression suite à l' arrêt du tabac et
propose des stratégies de prévention pour soutenir les « ex-fumeurs ».
• Elle prend en compte les éléments de psychologie de l' inconscient qui ont été omis par
les plusieurs stratégies existantes à ce jour.

La psychotabacologie n’est efficace qu’auprès des fumeurs qui souhaitent cesser de


fumer et qui cherchent une aide efficace pour cesser de fumer.

Le principe essentiel est de rendre le fumeur le plus autonome possible par rapport
à son arrêt en lui fournissant le plus de connaissances possibles. Ce sont ces connaissances
qui lui permettront de maîtriser son arrêt du tabac. Ce protocole se déroule sur quatre
séances espacées de 15 jours.

• Première Séance :
Cette séance est consacrée à un pré-diagnostic. Celui-ci est réalisé à partir des
éléments de l'entretien et d'
un ensemble de questionnaires. Le fumeur n'arrête pas de fumer
lors de cette séance. Les 15 jours de tabagisme qui lui restent seront consacrés à une
observation systématique qui lui sera demandée à partir d' une grille spécifique tenant
compte des symptômes d’accoutumance.

Le diagnostic est un moment essentiel dans l' arrêt du tabac, il permet en particulier
d'établir la part relative des quatre dépendances principales : la dépendance physique à la
nicotine et les dépendances psychologiques (comportementales, psychoaffectives et
cognitives*).

• Deuxième séance :
Sur la base des observations des fumeurs, les spécialistes de Nicodem affinent le
diagnostic et sont en mesure de leurs proposer la stratégie la plus efficace pour faciliter
l’arrêt. Nicodem décide alors d' utiliser ou non les substituts nicotiniques en fonction du
niveau de dépendance physique. Dans cette séance les mécanismes de dépendance qui
concernent personnellement les fumeurs sont précisément expliqués. Nicodem en analyse

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les conséquences sur l' arrêt. Les spécialistes leurs expliquent en détail le déroulement des
15 jours à venir et les fumeurs repartent avec des outils de suivi. C' est à ce moment-là que
l’arrêt du tabac commence.

• Troisième séance :
Les ex-fumeurs sont à 15 jours de sevrage. Plusieurs indicateurs permettent de
savoir si le sevrage se passe dans des conditions habituelles. Les spécialistes de Nicodem
analysent ensemble ces 15 jours et le suivi des ex-fumeurs (évolution des symptômes,
courbe de poids, fréquence des envies...). Si nécessaire, Nicodem revient sur les
explications utiles à une parfaite compréhension du sevrage et des outils de suivi sont de
nouveau remis.

• Quatrième séance :
Les ex-fumeurs sont désormais à un mois de sevrage. Au sens strict du terme, le
sevrage est terminé (pratiquement plus de symptômes, évolution très favorable de la
fréquence des envies, stabilisation de la courbe de poids...). Ils rentrent maintenant dans
une phase de renforcement du sevrage. Une grande partie de cette séance est consacrée aux
façons concrètes de se prémunir contre les risques de rechute à moyen et long terme. Un
document comportant des exercices pour lutter contre les dépendances cognitives qui
peuvent encore persister est remis en fin de séance. Pour la plupart d' entre eux, un suivi à
plus long terme ne s'
impose pas. Cependant un lien avec un thérapeute peut s’avérer utile.

4. L’OFT (Office Français de prévention du Tabagisme)

L’OFT a été créé en décembre 1998 sous la forme d’une association. Elle a pour
but de promouvoir la prévention et l’aide à l’arrêt du tabac. Cette association a été fondée
notamment par des médecins qui luttaient depuis plusieurs années contre le tabagisme.

L’OFT travaille aussi en collaboration avec d’autres acteurs de la lutte contre le


tabagisme :

« L’association a pour objet la recherche, le développement et la mise en œuvre des


moyens nécessaires à la lutte contre le tabagisme sous toutes ses formes, notamment en
développant un partenariat avec l’ensemble des organismes compétents dans ce domaine.
L’Office devra avoir une approche globale du tabagisme et intégrer les dimensions
culturelles, sociales et économiques autant que médico-sanitaires ».

Cette association a mis en place le réseau « entreprises sans tabac » qui regroupe
des entreprises ou administrations actives dans la prévention du tabagisme et d’aide à
l’élimination du tabac. Parmi ces entreprises, nous trouvons Hachette, Total, NMPP*,
Renault, CNAMTS*, UNESCO*, le conseil Régional d’Ile de France…

12
PEA IUP 2

Selon le professeur Bertrand Dautzenberg, Président de l’OFT, l’entreprise est


responsable de la protection des salariés non-fumeurs, mais elle se doit aussi d’aider les
fumeurs à s’arrêter.
L’OFT accompagne les entreprises à ce passage à "l’entreprise sans tabac" en leur
fournissant les moyens d’aider les fumeurs qui le souhaitent à réduire leur consommation
ou mieux, à ne plus fumer.
Certaines entreprises s’engagent ainsi à fournir des substituts nicotiniques à leurs
employés et mettent en place des accompagnements médicalisés de sevrage tabagique.

L’OFT intervient dans les entreprises pour répondre à la demande de la direction,


de la médecine du travail, des représentants du personnel et aux besoins des salariés
fumeurs ou non-fumeurs, dans le cadre de mesures de prévention et d’actions de santé
publique.
Ne participent aux programmes d’aide à l’arrêt que les salariés fumeurs volontaires
qui bénéficient alors d’une prise en charge sur leur lieu de travail, par un tabacologue qui
leur conseille éventuellement des traitements et surtout les aide par son soutien régulier à
être à l’état d’ex-fumeur et à de s’y maintenir.

L’OFT a un programme allant de la prévention jusqu’aux aides pour les personnes


volontaires voulant arrêter de fumer. Les différentes étapes de ce programme sont :

• Une exposition développant les grands thèmes du tabagisme. A cette exposition se


trouve une borne interactive permettant au visiteur de tester ses connaissances et sa
dépendance.
• Des affiches humoristiques servent de cadre aux interventions quand l’exposition n’est
pas utilisée ou indisponible.
• Des brochures et dépliants parlent du monoxyde de carbone, des substituts
nicotiniques, des bienfaits de l’élimination du tabac, de conseils diététiques, de
l’industrie du tabac, des conséquences du tabagisme…
• Des interventions de tabacologues autour de l’exposition ou des lieux de restauration
pour sensibiliser les fumeurs à leur « auto-pollution » grâce à la mesure du taux de
monoxyde de carbone dans l’air expiré. En effet, en dehors de toute pollution ambiante,
ils découvrent qu’en tirant sur leur cigarette, ils inhalent des produits de combustion, en
particulier le monoxyde de carbone, dont le taux dépasse souvent celui de l’alerte à la
pollution dans les villes ou dans les parkings souterrains !
• Des journées de sensibilisation où des tabacologues sont présents pour accueillir
fumeurs et non fumeurs, donner des conseils ou informations à tous et consacrer du
temps aux fumeurs entreprenant une démarche d’arrêt de manière personnalisée.
• Des conseils individuels d’arrêt (6 pour un programme complet), dispensés par un
tabacologue, durant lesquels le fumeur reçoit une aide comparable à celle qu’il peut
obtenir dans une consultation de tabacologie, en dehors de toute prescription.

13
PEA IUP 2

Le financement de l’exposition varie suivant la taille de l’entreprise qui demande


cette intervention. En effet, une entreprise de plus de 300 salariés devra verser la somme de
700 € pour l’ensemble des prestations fournies pour tous ses salariés alors qu’une
entreprise de moins de 300 salariés versera une somme minime car l’OFT reçoit des
subventions de l’Etat lorsque tel est le cas.

L’OFT a mené des actions dans une quarantaine d’entreprises entre 2002 et 2004.
Dans certaines d’entre elles, ils sont intervenus à plusieurs reprises dans un ou plusieurs
sites.
On estime à 20000 le nombre des salariés ayant bénéficié d’au moins une des
actions du programme.
Environ 600 ont été pris en charge pour l’arrêt du tabac. A 3 mois il y a en
moyenne 50% de succès et 34%à un an. Ces taux de succès sont supérieurs à ceux qui sont
couramment rapportés par les consultations de tabacologie parce que les fumeurs
bénéficient en entreprise du soutien du groupe et aussi parce que leur profil de fumeur est
différent de celui des fumeurs se rendant en consultation de tabacologie.

5. D’autres approches observées

5.1. L’approche médicamenteuse

Certains médecins d’entreprise aident les fumeurs de façon individuelle. Dans cette
situation, ils peuvent faire appel à des spécialistes en tabacologie qui respectent le
consensus médical : après avoir effectué un diagnostic ils peuvent être amenés à délivrer
des produits de substitution voire des spécialités médicamenteuses (gommes, patchs,
comprimés, etc.).

5.2. Les approches alternatives

Certaines approches alternatives, telles que l'acupuncture, l'


hypnose, les cures de
déconditionnement, la phytothérapie et l’homéopathie, proposent de traiter le tabagisme.
L’entreprise Danone a d’ailleurs fait appel à des acupuncteurs dans le cadre d’une
opération pour éliminer le tabagisme.
D’après le Professeur Molimard, docteur en tabacologie, ces méthodes obtiennent
en moyenne 16% d’arrêt du tabac sur une durée de 12 mois1.

1
La Fume, Robert Molimard, éditions Sides, 2003.

14
PEA IUP 2

Chapitre III. Présentation et élaboration du projet inspiré


de la méthode de Benchmarking

1. Le projet
Ce projet est basé sur les différents moyens appliqués en entreprise pour
l’élimination du tabagisme en utilisant une méthode de type Benchmarking. L’objectif est
de dresser un tableau de ces moyens en comparant notamment les programmes non
médicaux avec ceux déployés par le corps médical.

1.1. Application du Benchmarking pour évaluer les facteurs influents

Qu’est-ce que le Benchmarking ?


Le Benchmarking est une méthode qui a été développée au début des années 80 par
la société Xerox pour une prise de décision concernant un investissement lourd destiné à
moderniser la gestion des stocks.
Xerox s’est intéressé aux "meilleures pratiques de la concurrence" et également aux
pratiques dans d’autres secteurs sur le problème étudié. La comparaison s’est finalement
faite avec une firme de vente d’articles de sport par correspondance qui excelle pour la
gestion des commandes.
La méthode employée a été formalisée et reconnue par la suite.

Le Benchmarking signifie donc


"trouver, au niveau mondial, l’entreprise ou les entreprises qui réalisent de la manière la
plus performante un processus ou une tâche donnée, d’aller l’étudier ("benchmarker ces
entreprises") et d’adapter ensuite ce processus à sa propre entreprise ".

Pour une entreprise, il s’agit de se comparer aux "Leaders" qui se positionnent sur le
marché, de s' inspirer de leurs idées, de leurs pratiques, de leur fonctionnement et de leurs
expériences afin que leurs pratiques en interne s' améliorent. Ce choix ne se fait pas
exclusivement auprès des concurrents réels ou directs, il peut se faire aussi avec des
entreprises appartenant à un autre secteur d’activité mais dont l’avancée (technologique…)
est reconnue par de nombreux acteurs dans l’industrie.

Typologie du Benchmarking
On distingue 4 orientations principales du Benchmarking :
• Le Benchmarking Interne (par rapport à plusieurs services internes de l’entreprise) ;
• Le Benchmarking Compétitif (par rapport à des producteurs de produits concurrents);
• Le Benchmarking Fonctionnel (par rapport à des services ou des départements
extérieurs et leaders dans la fonction à « Benchmarker ») ;

15
PEA IUP 2

• Le Benchmarking Horizontal (par rapport à des processus ou des méthodes de travail).

Figure 1 : les 4 types de Benchmarking


(F. Jakobiak - Le Benchmarking, trad. Fr, éd. d'
Organisation)

2. Réalisation du Benchmarking

2.1. Gestion de projet

Afin de mieux organiser notre démarche nous avons utilisé le logiciel de gestion de
projet PSN 8. Nous avons joint en Annexe IV :
Le tableau des activités qui regroupe toute les activités réalisées lors de notre
projet ;
L’organigramme des tâches ou OTP qui représente les grandes parties de notre
projet ainsi que les activités qui en découlent ;
Le réseau PERT* qui représente l’enchaînement de toutes les activités du
projet ;
Le diagramme de Gantt qui est la technique et représentation graphique
permettant de renseigner et situer dans le temps les phases, activités, tâches et
ressources du projet.

16
PEA IUP 2

Nous avons présenté ci-dessous le diagramme de Gantt pour la partie


Benchmarking. En ligne, on liste les tâches et en colonne les jours, semaines ou mois. Les
tâches sont représentées par des barres dont la longueur est proportionnelle à la durée
estimée.

2.2. L’auto-diagnostic : Objectifs et identification des cibles

Notre objectif est de rassembler les principales méthodes de lutte contre le tabac en
entreprise (les plus fréquemment mises en place) afin de dégager les critères influents dans
la lutte contre le tabagisme.
Pour cela, il nous faut rassembler le plus de renseignements et de témoignages
possibles auprès d’entreprises et de prestataires. Nous avons choisi différents critères afin
de les sélectionner1 :

• Entreprises, prestataires ou associations ;


• La taille de l’entreprise : les grosses entreprises ont des moyens financiers et humains
(médecins internes à l’entreprise) plus importants et sont donc susceptibles de mettre en
place des protocoles de lutte contre le tabac plus facilement ;
• Le secteur d’activité : les entreprises du domaine de la santé (laboratoires
pharmaceutiques…) sont plus sensibles aux problèmes du tabagisme en entreprise ;
• Les entreprises qui ont déjà mis en place un plan d’action en demandant l’aide à des
prestataires : nous avons recherché auprès des prestataires les entreprises qui ont fait
appel à leur service ;
• Les entreprises qui ont mis en place un plan d’action dans le cadre de l’amélioration
continue de la qualité : pour connaître celles-ci nous avons contacté des groupes et
associations pour la qualité (exemple : Mouvement Français pour la Qualité…) afin
qu’elles nous citent les entreprises les plus dynamiques dans la lutte contre le tabagisme.

1
Toutes les entreprises interrogées sont citées en Annexe V.

17
PEA IUP 2

2.3. Collecte des informations / Visite des Cibles

Recherches de base :
Nous avons procédé à des recherches générales dans l' actualité sur le tabagisme en
entreprise (en France, en Europe, aux Etats-Unis…) : magazines spécialisés, journaux,
émissions télévisées. Ajoutées à nos connaissances initiales, celles-ci nous ont permis
d'
entamer notre étude par un brainstorming.

Informations internes :
Les informations internes sont les cours de Qualité dispensés dans le cadre de notre
formation. Encadrées par les professeurs et notre tuteur de projet, ils nous donnent les
bases nécessaires à la bonne analyse de nos recherches et des données que nous
obtiendrons.

Informations du domaine public :


Des recherches documentaires ainsi que les rencontres avec des experts (consultants en
tabagisme…) nous ont permis de rassembler les données nécessaires à notre étude.

Contacts et recherches :
Une fois la sélection des entreprises cibles établie, nous avons élaboré un courrier type.
Celui-ci se compose d' une présentation de notre projet1 ainsi que d'
un questionnaire sur la
2
situation actuelle de l'
entreprise dans le domaine du tabagisme .
Nous avons envoyé notre enquête aux entreprises et prestataires concernés par
courrier ou par e-mail. Nous les avons contactés trois semaines après l' envoi pour obtenir
des réponses.

Nous avons effectué une visite dans l’entreprise Lesieur sur le site de Bordeaux afin
de se rendre compte de la situation plus concrètement. Le Docteur Jean-Noël Dubois,
tabacologue membre du réseau Nicodem, a également accepté de nous recevoir afin de
nous exposer le principe de la démarche Nicodem.

2.4. Adaptation et déploiement (Le Post-Benchmarking)

Dans cette étude, il s'


agit de dégager les critères ayant une influence bénéfique ou non
sur la diminution du tabagisme en entreprise. Ceux-ci sont présentés ci-après.

1
Annexe III
2
Annexe I et Annexe II

18
PEA IUP 2

3. Résultats
Les réponses données par les entreprises contactées nous ont permis de comprendre
leur situation au sujet du tabac et les enjeux de la mise en place d' un protocole d'
arrêt
auprès des salariés fumeurs.

3.1. Situation avant la mise en place d'


un plan anti-tabagisme

D' une façon générale, les problèmes rencontrés dans les entreprises interrogées sont
récurrents. En effet, la cohabitation entre fumeurs et non fumeurs demeure la principale
source de conflits, comme chez Coca-Cola sur leur ancien site d’Issy Les Moulineaux, où
les bureaux étaient partagés entre fumeurs et non fumeurs.
« Les fumeurs ne comprennent pas qu' ils ne sont pas prioritaires.[…] Il est
impossible de laisser en autogestion un lieu mixte pour fumeurs et non-fumeurs mais avec
une priorité aux fumeurs » déclare Tanguy Massart, directeur général de l' entreprise
Weyerhaeuser.
D' autre part, l'aspect sécurité ne peut pas être sérieusement pris en compte si le
bâtiment reste autorisé aux fumeurs. Dans les usines Total, l' interdiction formelle de fumer
à l'intérieur des bâtiments de production a été instaurée en 1985. Par ailleurs, au siège
social de cette même entreprise c’est seulement à partir du 03 janvier 2005 qu’il a été
interdit de fumer dans le site. C’est durant l’opération « changez d’air » lancée par
Monsieur Carcaud-Macaire (Directeur Siège et Services Partagés) que cette interdiction a
vu le jour.
L' absentéisme des fumeurs, dû aux plus nombreuses pauses, constitue également
problème majeur selon Joël Poirat, Directeur des Ressources Humaines à la MACSF. De
plus, l'environnement malsain provoqué par la fumée requiert des systèmes d' aération
perfectionnés. Avant la mise en place de son programme contre le tabagisme en 2003, la
MACSF a fait l' objet d' une plainte sur le thème du non-respect de la loi Evin à cause de la
mauvaise qualité des systèmes d' aération.
Enfin, comme pour Danone, certains points négatifs au moment de la mise en place
de la loi Evin ont fait l'objet de plaintes émanant de salariés dans certaines entreprises.

3.2. L'
impulsion pour la mise en place d'
un programme anti-tabagisme

L'impulsion pour des changements en ce qui concerne le tabac en entreprise peut


avoir différentes origines. Pour la MACSF et Weyerhaeuser, ce sont les non-fumeurs ainsi
que le CHSCT* qui en ont fait la demande. Quant à Danone, Madame Maria-Alejandra
Cardenas de DNF nous a confié qu' il a fallu un début d'
incendie pour déclencher chez les
salariés ainsi que chez la direction des ressources humaines la volonté de mettre en place
de nouvelles mesures pour les fumeurs.

19
PEA IUP 2

Pour Coca-Cola, l’aménagement d’un nouveau site a motivé la mise en place de


mesures pour supprimer le tabagisme en entreprise.

Total était engagé depuis plusieurs années dans la lutte contre le tabagisme avant
leur opération « changer d’air » en 2004. En effet, avant cette grande opération le groupe
avait déjà mené d’autres actions.

3.3. Les changements

Les locaux ont dus êtres adaptés à la nouvelle politique de l' entreprise. Pour la
majorité des entreprises interrogées (Coca-Cola, Weyerhaeuser, Lynx, Danone…), les
bâtiments ont été soumis à une interdiction totale de fumer. Chez Danone, l' interdiction
totale était obligatoire puisque les locaux de l' entreprise sont dits en “open-space“*. En
revanche, pour l' entreprise Lesieur, une salle fumeurs a été accordée pour 100 salariés ce
qui a nécessité l’installation d’un système d' extraction d'air. Pourtant, il reste des points
d'amélioration à ce niveau puisque le restaurant d' entreprise est un lieu mixte
fumeurs /non-fumeurs, sans aucune séparation.
Au siège social de Total, une salle fumeurs est maintenue sur chacun de leurs
principaux sites (Coupole, Michelet, et Galilée) pour un « trêve hivernale » :

D’autres aménagements peuvent être faits comme chez Coca-Cola où une terrasse
extérieure a été équipée d’un système de chauffage l’hiver.

3.4. Les approches pour éliminer le tabagisme

Les approches mises en place dans les entreprises observées sont diverses. Pour
certaines, il s'
agit d'
un programme d' information dispensé par le médecin interne à
l'
entreprise comme pour Lesieur. Le CHSCT peut également être responsable de ce
programme comme chez Weyerhaeuser.
Danone et la MACSF ont fait appel à la collaboration de prestataires tels que
l'
association DNF (Droit des Non-Fumeurs) ou encore PSYA (Prévention et gestion des
risques psychosociaux) ou Stimulus. Danone a profité de la journée mondiale sans tabac
pour organiser une journée de sensibilisation en mettant à disposition de ses salariés des
testeurs de monoxyde de carbone. L'entreprise a en plus fait appel au prestataire Allen Carr
et à la technique de l'
acupuncture. Quant à la MACSF, ils ont misé sur la thérapie de

20
PEA IUP 2

groupe menée par des psychologues, le théâtre d' entreprise et ont eu recours à des sociétés
d'évaluation en ligne. L’entreprise Coca-Cola est quant à elle partenaire de l’OFT et
bénéficie donc de conseils et de formations pour éliminer le tabagisme. La CNP d' Angers a
fait appel à Allen Carr pour gérer son problème de tabagisme sur Paris, Arcueil et Angers.
Le groupe Total après avoir tenté plusieurs actions, en particulier avec l’OFT, a lui aussi
choisi de faire appel à la méthode Allen Carr.

3.5. Les problèmes rencontrés lors de la mise en place de l'


opération

Certains acteurs de l' entreprise peuvent être réticents voire opposés à de tels
changements, qu' ils jugent trop brusques. C' est le cas au sein d'
une entreprise interrogée,
où certains fumeurs trouvaient la méthode trop répressive et la considéraient comme une
atteinte à la liberté.
A l' inverse, au sein du groupe Total, les salariés conscients de l' enjeu pour leur
sécurité ont encouragé la mise en place de l' opération contre le tabagisme.
Cependant, nous pouvons admettre que certaines entreprises interrogées ne nous
ont fait part de leurs difficultés lors de leur démarche pour des raisons d’image.

3.6. Les effets positifs de la nouvelle politique contre le tabagisme

D' une manière générale, toutes les entreprises interrogées se flattent du succès de
leur action. Selon Tanguy Massart chez Weyerhaeuser, « on observe une réduction
significative de la consommation de tabac, une meilleure ambiance de travail, et des
locaux plus agréables ». De même, au siège de la MACSF, une nette diminution du
nombre de fumeurs a également été observée. D’une façon générale, cette diminution du
tabagisme a une influence sur l’ambiance de travail et les tensions qui pouvaient exister
entre les salariés.
Les salariés, même fumeurs, plébiscitent les actions contre le tabagisme. Chez
Danone, 79% de l' ensemble des salariés et 74% des salariés fumeurs trouvent l' expérience
positive, surtout pour l'
aide au sevrage proposée. En effet, « Les salariés qui étaient déjà
motivés ont apprécié qu’on leur paie le sevrage, le côté “social“ de l’entreprise a été mis
en valeur. Tout le monde a apprécié, des instances représentatives au CHSCT et à la
direction » explique le docteur Hélène Kaspi.

De plus, l’entreprise sans tabac est porteuse de dynamisme, d’ambiance saine et de


sérieux ainsi que d’une volonté de cohésion à tous les niveaux. Cette image peut être
revendiquée pour la publicité de l' entreprise. Ainsi, la MACSF en fait état sur son site
internet et sur la plaquette de l'
entreprise et a de plus organisé une campagne d' affichage et
de communication à l' attention de ses clients. L' entreprise intervient également lors de
colloques sur la lutte contre le tabac en entreprise afin de témoigner de son expérience

21
PEA IUP 2

positive et de son succès. Quant à Danone, le logo de l' entreprise est apposé sur le site
internet de DNF, le prestataire auquel il avait fait appel.

4. Points critiques

4.1. La motivation et l’implication

La motivation, l’implication et l’impulsion constituent des facteurs de réussite. En


effet, tous les acteurs de l’entreprise, de la direction aux salariés, doivent être concernés
par les mesures prises contre le tabagisme. L’origine de l’impulsion donnée pour la mise
en place de ces mesures est un bon indicateur de l’implication générale dans l’entreprise :
dans la plupart des entreprises interrogées, la demande venait des salariés non-fumeurs qui
supportaient mal cette cohabitation conflictuelle. Pour d’autres entreprises, ce sont le
CHSCT ou la direction des ressources humaines qui ont exprimé leur volonté de
changement. Les résultats des questionnaires montrent que plus l’entreprise s’investit à
tous les niveaux, plus l’opération mène à une réussite.
Lorsque l' entreprise fait appel à un prestataire afin d'
effectuer des interventions sur
l'
aide à l'arrêt du tabac, les salariés semblent plus motivés. En effet, d' après le Docteur
Hélène Kaspi chez Danone, 50 fumeurs sur 80 ont accepté de participer aux sessions
d'information d' Allen Carr et aux séances d' acupuncture, ce qui constitue un fort taux de
participants volontaires. En ce qui concerne le groupe Total, sur les 1000 fumeurs que
comptaient les sites Pétrole de la Défense, près de 350 ont essayé d’en finir avec le tabac
en l’espace de 6 mois.
Cependant, lorsque seul le Médecin du Travail expose son projet de lutte contre le
tabagisme, il est observé que la probabilité de convaincre le personnel diminue.

4.2. Les ressources

Les ressources constituent également un bon indicateur d’investissement dans une


opération d’élimination du tabagisme en entreprise. En effet, le budget et les moyens
débloqués dans cette démarche diffèrent selon la motivation.
L’appel à des intervenants extérieurs démontre une profonde motivation et une
volonté de réussite de la part de la direction de l’entreprise comme chez Danone, Coca-
Cola ou Total. Quant à MACSF, un budget de 13 545 € a été accordé pour l’intervention
d’associations d’aide à l’arrêt du tabac.
Selon le docteur Jean-Noël Dubois, membre de Nicodem, le budget minimum est
de 150€ par intervention. Pour Allen Carr, le budget moyen s’élève à 260€ par salarié.
De la même façon que pour l’impulsion donnée, on constate plus de difficultés
lorsque seul le Médecin du Travail est impliqué dans la méthode de lutte contre le
tabagisme (réunions d’informations, affichage…).

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PEA IUP 2

4.3. Les résultats

Le taux de participation aux réunions est également très révélateur de la motivation


de l’entreprise. Ceci est bien sûr lié à l’impulsion donnée. En effet, si la demande vient des
salariés eux-mêmes on peut s’attendre à ce que les volontaires soient plus nombreux. Dans
certains cas, l’initiative prise par la direction peut être interprétée comme une obligation,
d’où un sentiment d’assujettissement.
Cependant, parmi les participants aux réunions, il faut différencier le ratio des
personnes qui sont profondément motivées dans cette démarche, que ce soit dans leur vie
professionnelle et dans leur vie privée, et celles qui y assistent juste à titre infomatif.
Les indicateurs de performance les plus représentatifs sont :
Le taux d’arrêt à 3 mois ;
Le taux d’arrêt à 12 mois .

En effet, de mauvais résultats à 3 mois montrent un échec de l’opération, et au


contraire, de bons résultats à 12 mois témoignent d’une réussite qui perdurera.
Le docteur Hélène Kaspi nous a donné des résultats encourageants concernant les
salariés de Danone. En effet, sur 50 participants aux sessions organisées il y a deux ans, 19
ont arrêté définitivement sans jamais reprendre, et 11 ont nettement diminué leur
consommation.
Sur les sites Pétrole de la Défense, 20% des fumeurs sont parvenus à s' arrêter en
même pas 6 mois. Imaginez un peu ce chiffre rapporté au niveau national… Si durant la
même période, 20% des 13,5 millions de fumeurs que compte la France s' étaient arrêtés (il
s'est passé à peu près la même chose l' année dernière avec les accidents de la route) ce sont
plus de 2 millions et demi de gens qui en auraient fini aujourd' hui avec le tabac…
Lorsque l' on sait que la cigarette cause la mort prématurée d' un fumeur sur deux,
ces 20% représenteraient environ 1 250 000 vies sauvées.
En ce qui concerne la CNP qui a fait appel à Allen Carr, 90 personnes ont eu
recours à cette méthode et parmi elles 35 ont arrêté de fumer en 2003. En 2004, cinq
personnes ont participés et trois ont arrêté. Cependant ces résultats ne sont pas significatifs
car ils sont basés sur du déclaratif immédiat.

Le tableau ci-joint rassemble les réponses obtenues à partir d’un échantillon des
entreprises interrogées.

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4.3.1. Discussion
Malgré les différentes initiatives prises pour lutter contre le tabagisme en entreprise,
et leurs bons résultats, certaines difficultés subsistent. En effet, dans certaines entreprises,
une interdiction totale de fumer dans les locaux n’a pas résolu le problème de
l’absentéisme puisque les salariés fumeurs s’octroient toujours des pauses supplémentaires,
mais désormais à l’extérieur de l’entreprise. Tanguy Massart, de l’entreprise Weyerhaeuser
en témoigne : « environ 10% des salariés restent des fumeurs, dont 5% s’arrêtent pour
sortir fumer toutes les 3-4 heures ». Ceci montre donc la nécessité de lutter plus contre le
comportement tabagique en entreprise que contre la cigarette dans les locaux. Cependant,
dans des entreprises telles qu' Aventis les entrées et sorties des bâtiments sont mémorisées
par un système de badge, ce qui peut dissuader les salariés fumeurs de sortir souvent pour
fumer.

5. Difficultés rencontrées et propositions d’amélioration

L’application d’une méthode de type Benchmarking nécessite un grand nombre de


réponses afin de pouvoir comparer objectivement les différentes méthodes de lutte contre
le tabagisme. Notre étude nous a amenées à contacter des entreprises performantes ainsi
que des prestataires dans le but premier de pouvoir visiter leurs locaux et ainsi de nous
rendre compte du travail effectué sur « le terrain ». Malheureusement, il s’est avéré que
cette idée était utopique pour une durée de projet aussi courte. En effet, les délais de
réponses étaient longs et après de nombreuses relances téléphoniques ils ont accepté, dans
le meilleur des cas, de répondre à notre questionnaire. Seulement une entreprise a pu être
visitée.
Par ailleurs, lors des contacts téléphoniques, il était difficile d'
accéder à la personne à
laquelle nous avions envoyé le courrier (Directeur des Ressources Humaines, médecin de
l'
entreprise,…). Nous avons rencontré le fameux problème du “barrage“ des assistantes et
secrétaires. Mais ceci nous a permis d’améliorer notre sens du contact et de la
communication.
Cependant, au vu des résultats habituels obtenus suite à des mailings ou
publipostages (5% de réponses), nos résultats sont plutôt satisfaisants puisque nous avons
reçu 12 réponses sur 34 questionnaires envoyés.

26
PEA IUP 2

CONCLUSION

Le tabagisme reste encore aujourd’hui un sujet source de conflits et difficile à


traiter. Ce projet nous a permis d’envisager les méthodes efficaces pour le contrer, qu’elles
soient médicamenteuses ou psycho-cognitives.
D’après nos observations, beaucoup d’entreprises tentent de gérer ce problème,
source de tensions parmi leurs salariés. La majorité d’entre elles a fait appel aux méthodes
psycho-cognitives de certains prestataires, alors qu’une minorité a eu recours aux méthodes
médicamenteuses (patchs, comprimés,…).
De bons résultats ont été obtenus grâce à ces démarches. Ceux-ci sont démontrés
par la diminution du nombre de fumeurs aussi bien dans leur vie privée qu’au sein de
l’entreprise, ou par la réduction de la consommation de tabac. Les nouveaux règlements
instaurés dans les bâtiments (interdiction totale de fumer, …) ont aussi eu des
répercussions positives sur l’atmosphère de travail et les relations entre fumeurs et non-
fumeurs.
Cependant d’autres problèmes apparaissent (pauses plus nombreuses, plus
longues…) et montrent qu’une simple interdiction ne suffit pas et qu’il faut traiter le
comportement tabagique plus que le tabac en lui-même. C’est pour cette raison que l’on
observe une plus grande efficacité des méthodes psycho-cognitives qui s’attachent à traiter
le comportement et ses origines plutôt que la dépendance à la molécule de nicotine.

Ce projet pourrait être poursuivit par d’autres étudiants : ils pourraient


concrètement encourager différentes entreprises à adopter une politique de prévention et
d’élimination du tabagisme. L’entreprise Lesieur que nous avons visitée a semblé
intéressée par notre projet et notamment pour la mise en place d’une démarche d’aide à
l’arrêt du tabac.

=O=

27
GLOSSAIRE

• CHSCT : Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail.


• CHU : Centre Hospitalier Universitaire.
• CNAMTS : Caisse Nationale d' Assurance Maladie des Travailleurs.
• Cognitif : Qui a trait à la connaissance ou, plus exactement, aux capacités et
mécanismes d' apprentissage et d' accession à la connaissance d' un savoir, domaine
couramment dit « intellectuel ».
• DDASS : Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales.
• DNF : Droits des Non Fumeurs.
• Feed-back : retour des impressions et sentiments sur une situation donnée.
• FTA : Fumée de tabac Ambiante.
• MACSF : Mutuelle d’Assurances du Corps de Santé Français.
• NMPP : Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne.
• OMS : Organisation Mondiale de la Santé.
• ONISEP : Office National d' Information sur les Enseignements et les Professions
• Open-space : Un agencement en “open-space“ signifie qu' il n'y a pas de bureaux
individuels. Tous les postes sont rassemblés dans une même pièce.
• PERT : Programm Evaluation and Review Technique.

• UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization.
BIBLIOGRAPHIE

Livres :

• Drogues et Dépendances, Denis Richard, Flammarion, Avril 2001, P67


• Le tabagisme passif, Rapport du groupe de travail présidé par le Professeur Bertrand
Dautzenberg au Directeur Général de la Santé, La documentation française, Mai 2001,
P140-141
• J’arrête de fumer, Dr Maurice Jullien, Mango Pratique, Septembre 2002, P32-33-34-35
• La méthode simple pour en finir avec la cigarette, traduit par Jean-François Piet du
livre anglais Allen Carr’s easy way to stop smoking, Pocket, 1997

Internet :
• www.ac-bordeaux.fr/Primaire/sante/pathos.htm
• www.ac-bordeaux.fr/Primaire/sante/effets.htm
• www.cchst.ca/reponsessst/psychosocial/ets_resolutions.html
• www.smokeatwork.org/french/negotiating.htm
• www.tabac-info.net
• www.droit-air-pur.com/tabacactualites/actualites.htm
• www.allencarr.fr
• dnf.asso.fr/doc_page_204.html
• www.info-tabac.ca/bull4/travail.html
• www.e-sante.fr
• dyisc.com/raisons-social.php
• www.oft-asso.fr/
• drh.corp.local/publish/templates/index.asp?rub_ident=1391&cont_ident=2694
• recherche.doctissimo.fr/Tabac-en-entreprise
TABLE DES ANNEXES

ANNEXE I : Questionnaire destiné aux entreprises interrogées ............................. p1

ANNEXE II : Questionnaire destiné aux prestataires .............................................. p2

ANNEXE III : Présentation de notre projet envoyée aux entreprises interrogées. p3

ANNEXE IV : Gestion de projet ................................................................................. p4

ANNEXE V : Tableau récapitulatif de quelques entreprises interrogées............... p5

ANNEXE VI : Les effets du tabac sur la santé .......................................................... p6


ANNEXE I : Questionnaire destiné aux entreprises interrogées

• En quelle année votre entreprise a-t-elle adopté une politique anti-tabac ?

• Rencontriez-vous avant la mise en place de cette politique des problèmes dûs au


tabagisme dans votre entreprise ? (répercussions sur le climat social,
professionnel…)

• Est-ce que les locaux, y compris les bureaux privatifs, sont intégralement non-
fumeurs actuellement ?
à défaut, tous les endroits où l’on fume sont-ils, conformément à la
réglementation, dotés d’une extraction d’air séparée avec un débit
supérieur à celui des locaux environnants ?

• Quand avez-vous interdit de fumer dans les emprises de l’entreprise ?

• Y-a-t-il toujours des problèmes dus au tabagisme dans vos établissements ?


Si oui, lesquels ?

• Quelle est selon vous la proportion de salariés toujours fumeurs ?


combien y a-t-il de salles fumoirs pour 500 salariés ?

• Quels impacts positifs ont entraîné la mise en place de ces mesures anti-tabac ?

• Avant de prendre l’initiative d’inscrire des dispositions relatives au tabagisme


dans le règlement intérieur, y a-t-il eu des demandes spontanées du personnel ou
de leurs représentants au CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des
Conditions de Travail) ?
Si oui, de quand date la dernière demande ou plainte ?

• Avez-vous rencontré certaines difficultés ?


Si oui, quelles ont été les solutions mises en œuvre pour les
résoudre ?

• Revendiquez-vous cette politique anti-tabac pour l’amélioration de l’image de


votre entreprise ?
Exemple : mentionné sur le site internet, sur les plaquettes de
l’entreprise…
ANNEXE II : Questionnaire destiné aux prestataires

• En quelle année avez-vous commencé à mener des actions anti-tabac ?

• Recevez-vous beaucoup de demandes de la part des entreprises, ou faites-vous la


démarche de proposer vos services aux entreprises ?

• Combien d’opérations avez-vous menées ?

• Quel est le protocole mis en place dans les entreprises ?

• Quels sont les résultats obtenus ( sur 3 mois, sur un an…) ?


ANNEXE III : Présentation du projet envoyée aux entreprises
interrogées

Trouver des solutions et des démarches élégantes et durables


pour une élimination totale en entreprise.

Le tabagisme au travail a de nombreuses répercutions négatives sur la santé des


employés et le climat social et professionnel.
Le tabagisme passif reste un réel problème malgré les récentes mesures mises en
place, provoquant des conflits et des tensions entre fumeurs et non-fumeurs.
L’interdiction totale de fumer dans l’enceinte de certaines entreprises provoque des
absences durant les pauses et un manque de communication entre les employés.

Le projet a pour but d’informer sur les pratiques efficaces utilisées en France dans
un cadre professionnel. Nous sommes cinq étudiantes à l’Institut Supérieur de la Santé et
des Bioproduits d’Angers (ingénierie de la santé), et l’élimination du tabagisme en
entreprise est notre sujet de Projet d’Etude Appliqué (PEA). Le rapport sera diffusé le 5
décembre 2005.
Nous utilisons les techniques ouvertes du Benchmarking pour rassembler les
méthodes efficaces que certaines entreprises ont adoptées avec succès.
Nous serons alors en mesure de relever les "facteurs de succès" et autres "risques"
ou "possibilités d’amélioration" et en faire une synthèse.

Pour mener à bien notre enquête, des visites dans les entreprises performantes dans
ce domaine sont indispensables afin de vous apporter les solutions les plus adaptées à votre
situation.
Aussi nous nous permettrons de vous contacter par téléphone afin de discuter de
notre future collaboration.
ANNEXE IV : Gestion de projet

Dans cette annexe sont répertoriés les documents suivants :

• Tableau des activités ;

• Organigramme des tâches ;

• Réseau PERT ;

• Diagramme de Gantt.
ANNEXE V : Tableau des contacts auprès des entreprises et
prestataires
ANNEXE VI : Les effets du tabac sur la santé

Les principaux composés du tabac

• Les goudrons qui sont cancérigènes et irritants. Ils agissent principalement sur
les voies respiratoires, mais ils passent dans le sang et sont éliminés par le rein.

• La nicotine est un alcaloïde qui atteint le cerveau très rapidement. Elle est le
principal facteur de la dépendance chimique. Elle est éliminée sous forme de cotinine et
passe rapidement dans le sang. Elle est responsable d' effets cardio-vasculaires et
neurologiques. C' est le facteur essentiel de la dépendance lié au tabac. Deux ou trois
gouttes de nicotine peuvent rapidement causer la mort d'
un adulte

• Le monoxyde de carbone (CO) est produit lors de la combustion en déficit


d'oxygène. Il passe rapidement dans le sang, se fixe 20 fois mieux que l' oxygène sur
l'
hémoglobine du sang. Il peut être utilisé comme marqueur du tabagisme récent par
dosage dans le sang ou dans l' air expiré. Sa fixation sur l'
hémoglobine est responsable
d'une baisse du transport de l'
oxygène.

• Les aldéhydes, l'


acroléine et les phénols qui sont des irritants de la fumée du
tabac.
L’équipe du projet

• Marion CREPELLIERE marion.crepelliere@hotmail.fr


• Amélie DAMOUR ameliedamour@hotmail.fr
• Elodie MALALEL emalalel@hotmail.com
• Dorothée PLISZCZAK pliszczak@hotmail.com
• Pauline RIALLAND pauline_rialland@yahoo.fr

Marion, Elodie, Amélie, Pauline et Dorothée

A participé à ce projet

• Monsieur Luc DUSSART, consultant en tabagisme - société Intervenance


11, rue de Cambrai www.intervenance.com
75019 Paris mailto :luc.dussart@free.fr

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