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Contact :
Céline Salvador - chargée de diffusion
06.62.80.05.09 - cie.leverdujour@gmail.com
61 chemin Lafilaire - 31000 Toulouse
L’histoire
Echoués dans une petite ville, trois sœurs et leur frère égrènent
leur mal de vivre. Pourtant dans cette maison, on rit, on chante, on
s'enthousiasme, en attendant des jours meilleurs. Olga, l'aînée, est
institutrice et a sacrifié sa vie affective pour veiller sur ses frères et
sœurs à la mort de leur mère. Macha, mariée trop tôt à un homme
qu'elle n'aime plus et qui refuse de le voir, alterne mélancolie et pics
de colère. Andreï, leur frère, se noie dans la musique et porte tous
leurs espoirs de réussite : "il sera professeur à l'université" pensent-
elles. Irina, la plus jeune, rêve d'amour absolu et d'un idéal de travail
sain. Tous souhaitent retourner vivre à Moscou, la ville de leur
enfance, où le bonheur serait enfin possible.
Plus d'un siècle plus tard, TROIS SŒURS reste un texte d'une incroya-
ble modernité. La souffrance engluée des ces femmes qui désirent
obsessionnellement accéder à autre chose mais ne font rien pour y
arriver est très contemporaine.
"À Moscou ! à Moscou !", répètent-elles sans jamais mettre en œuvre
les moyens d'y partir. À notre époque, où angoisse et dépression
sont décrits comme les maux du siècle, l'ennui des trois sœurs nous
permet de "projeter le spectacle vers la connaissance contempo-
raine des êtres humains et de leur vallée de larmes", dira Krejca aux
acteurs de la Comédie Française, qui jouèrent le texte sous sa direc-
tion en 1980.Tchekhov écrit sur le vide, le silence, mais son chagrin
est optimiste, l'angoisse des personnages est une consolation pour le
spectateur.
L'homme contemporain, qui ne parvient pas à faire ce dont il rêve
alors qu'il a tout à portée de main, ne peut que sentir son envie de
vivre et d'agir renforcée, après avoir vu cette pièce.
LA MUSICALITÉ
CRÉATION MUSICALE
Ludovic Beyt et Antoine Bersoux
COSTUMES
Kantuta Varlet (atelier “Drôles de Bobines”)
CRÉATION AFFICHE
Marion Bouvarel et Bénédicte Auzias
CHARGÉE DE DIFFUSION
Céline Salvador (06.62.80.05.09)
Le 23 octobre 2008
Au centre culturel des Mazades - Toulouse
Du 13 au 17 mai 2008
Au festival “L’Agit au Vert” - Toulouse
Du 4 au 15 décembre 2007
Création au théâtre du Grand Rond - Toulouse
Représentations à venir
Prix du spectacle :
Hébergement et repas :
Transport :
“Y en a-t-il eu, des mouettes dans les cerisaies, des ours et des demandes en mariage, des sœurs par paquets
de trois, des oncles tous prénommés Vania, des Platonov, des Ivanov, depuis que le bon père Tchekhov a cra-
ché son dernier bout de poumon… C'était il y a plus d'un siècle, en 1904, et jamais le médecin-dramaturge-
dessinateur-dénonciateur n'a été autant à la mode. Il faut dire que l'œuvre, aussi fluette soit-elle en nombre,
présente tous les caractères de la modernité telle que la concevait Baudelaire : une part d'éternel - le senti-
ment humain, toujours identique dans son infinie variété - une autre de transitoire, les derniers feux de la
Russie tsariste et provinciale, incapable de voir sa fin prochaine, aveuglée qu'elle est par sa puissance pour-
tant déclinante et la conviction bien erronée de l'immuabilité des choses.
On attendait donc en trépignant " Trois sœurs ", une adaptation montée au Grand Rond par le Lever du Jour
et l'Agit sous la houlette d'Anne Bourgès. Avec d'autant plus d'impatience que la troupe sort par la même
occasion d'un registre habituellement plus contemporain et/ou orienté vers la comédie.
Elles sont donc trois, tombées du même ventre, orphelines, engoncées dans l'ennui invincible des provinces sans
histoire et rêvant de Moscou, la ville de leur naissance, comme d'un paradis de fastes et de festins. Il y a
Olga, l'aînée, femme de peu de rêves tout entière consacrée au reprisage des liens familiaux ; Macha, mariée
par admiration, infidèle par déception ; Irina, la jeunette, emplie de songes à n'en pas voir les murs qui l'en-
ceignent, jusqu'à ce que l'étouffement l'éveille. Voilà pour les sœurs. Il y a encore le grand frère Andreï, per-
clus de dettes comme un vieux de rhumatismes, ses ambitions ravalées dans la bourbe. Et la pauvre théorie
de ceux qui les suivent, les croisent, s'immiscent jusqu'à devenir une manière de famille : le pur Nicolaï et l'in-
nocent Fédor, Verchinine le militaire philosophe et l'imbuvable Natalia… Bancale, brèche-dent, mais une famille
tout de même.
On le sait d'avance : il n'y aura pas de Moscou, pas d'amour heureux, pas de fin lumineuse. La passion, tou-
tes les passions et les rêves avec elles, ne peuvent rien contre la glaise de certaines destinées, les chroniques
d'une médiocrité annoncée : Irina finira mariée, son époux tué, Verchinine muté, Fédor trompé et le sachant. "
Je suis heureux ", s'obstine le pauvre cornu. " Il faut vivre ", conclut Macha. Noir.
Par économie de moyens, d'abord : décor minimal - trois malles, deux lampes, un paravent un tapis, et moins
encore à mesure que progresse l'action - il n'en fallait pas plus. De belles et sobres lumières, claires aux extré-
mités, plus denses et obscures quand s'exacerbent les passions en lutte contre l'attraction du destin. Un bref
regret pour les costumes, non pour leur côté contemporain mais pour leur aspect un peu dépenaillé, mal assorti
parfois au personnage qu'ils revêtent ; on l'oublie vite. Et une mise en scène sans excès, presque placide, mais
collant avec justesse au mouvement du texte.
Ce qui laisse place suffisante au travail d'interprétation - et du travail il y en a, tant les sentiments jouent à
la bascule sous leur chape de banalité. Mais il y a surtout cette poussée, cette pression, le poids sans cesse
croissant des émotions réprimées, des désirs réfrénés, la libération soudaine et la chute, parfaitement portés
par l'ensemble des comédiens.
Au final ? Tchekhov, sa cruauté tranquille et sa désolation. Il n'y a rien à ajouter.
Jacques-Olivier Badia