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BATIMENT ET ENERGIE
B - PROGRAMMES D’OPERATIONS
PERFORMANTES
Décembre 2007
B1- Recensement
B.1.2 OBJECTIF
L’objectif est de recenser, sélectionner et analyser des opérations très performantes existantes et d’en tirer des
enseignements en matière de conditions de transfert et de mise en œuvre à grande échelle sur le marché
français.
B.1.3 RECENSEMENT
o Neuf / existant,
o Secteurs du parc couverts (résidentiel, non résidentiel, urbain),
o Avance technologique du programme, disponibilité de la technologie,
o Labels avec une spécificité énergétique,
o Partenaires mobilisables (initiative public ou privé).
Il faut noter que dans ce recensement, on attache une importance particulière à des programmes ou labels
développés en Europe et qui sont en train de se développer en France grâce à des initiatives personnelles ou
locales.
On analyse d'autre part les programmes développés par des industriels et qui affichent une volonté de les
développer en France.
Le Label PASSIVHAUS est livré par l’institue de recherche allemande Passivhaus, crée par le Dr. Wolfgang
Feist en 1996 (http://www.passiv.de).
Une plate-forme sur les maisons passives, the Passive House Platform, est développée en Belgique pour
promouvoir la construction passive (www.passiefhuisplatform.be).
Dans les maisons passives, la consommation d’énergie est quatre fois inférieure à la consommation moyenne
des nouvelles habitations construites selon les standards actuels courants.
Ce programme national est entièrement consacré à la rénovation. Tous les bâtiments sélectionnés pour servir
de démonstration ont pour objectif de réduire leur consommation de chauffage et d’électricité de 50%.
Les résultats escomptés sont des concepts spécifiques aux bâtiments existants permettant de réduire leur
consommation énergétique et par ce biais entraîner une réduction des émissions de CO2.
MINERGIE® est un label de qualité destiné aux bâtiments neufs et rénovés en Suisse. La marque est soutenue
conjointement par la Confédération, les cantons et l'économie.
Le confort est un point important : une enveloppe de bâtiment de bonne qualité ainsi qu'un renouvellement
systématique de l'air permettent d'assurer ce confort.
La consommation d'énergie spécifique est une grandeur de référence permettant de quantifier la qualité de la
construction et de procéder à une évaluation fiable. Seule la consommation finale d'énergie est importante.
• le label MINERGIE® qui vise le résidentiel, individuel et collectif, ainsi que le tertiaire, en neuf et en
rénovation.
• le label MINERGIE®-P qui vise essentiellement le résidentiel, individuel et collectif, ainsi que les
bâtiments administratifs. MINERGIE®-P correspond au standard ‘’PassivHaus’’.
Le programme Construire l’Amérique et Maisons zéro énergie sont financés par un budget fédéral d’environ
18M$ annuels. Ils portent sur les maisons individuelles neuves ou réhabilitées.
- Production de bâtiment consommant 30 à 90% d’énergie en moins pour le neuf et 20 à 30% de moins
pour l’existant,
- Intégration de systèmes de production décentralisés afin d’arriver en 2020 à des bâtiments zéro
énergie,
- Soutien aux entreprises pour réduire les temps de construction et les déchets,
- Amélioration de la productivité des entreprises,
- Développement de nouvelles opportunités de marché pour les industriels et les distributeurs,
Dans la pratique bien que le programme soit ouvert aux bâtiments neufs et à la rénovation environ 95% du
budget est employé pour des projets portant sur le neuf. Des travaux portant sur les solutions pour l’existant
ont été menés mais n’ont pas à l’heure actuelle fait l’objet d’une diffusion.
Ce programme fournira des éléments sur les technologies utilisées pour aboutir à des bâtiments zéro énergie
ou basse consommation et des conseils sur la mise en ouvre.
http://www.branz.co.nz/main.php?page=ZALEH%20Survey
Associée à des centres de recherche et des entreprises elle a mis au point le concept connu sous le nom de
‘’maison à 3L’’ pour la rénovation : l’objectif étant que les besoins de chauffage d’une telle maison ne
dépassent pas 30 kWh/ (m².an) soit un équivalent de 3 litres de fioul (on admet alors que 1 L de fioul = 10
kWh).
Luwoge, la filiale logement du groupe BASF, a entrepris la rénovation du quartier Brunck à Ludwigshafen.
Un certain nombre de maisons ont subi une rénovation dite très performante. Les maisons rénovées
remplissent les exigences du standard allemand passivhaus et portent le nom « maison 1L ».
Le Label est géré par l’USGBC (US Green Building Council) qui est une organisation non gouvernementale à
but non lucratif visant à transformer le secteur de la construction.
LEED a été élaboré pour les bâtiments tertiaires neufs et se décline maintenant pour les bâtiments existants
(maintenance et exploitation, réhabilitation de l’intérieur, réhabilitation de l’enveloppe), les maisons
individuelles et le développement de quartier. Les deux derniers secteurs sont encore au stade de
développement.
Le label a une grille de notation pour : le site de construction, l’eau, l’énergie et l’atmosphère, les matériaux et
la qualité de l’ambiance intérieure.
USGBC a élaboré le premier label en 1998 pour les bâtiments tertiaires. À ce jour 356 bâtiments ont obtenus
le label LEED et la majorité sont des constructions neuves.
Les constructeurs japonais sont de plus en plus réputés pour leur approche singulière à la conception et à la
production d'habitations usinées « innovatrices », souvent dotées de systèmes photovoltaïques.
Le recours à des techniques de construction industrialisée pour réduire la quantité de déchets de construction,
et à des technologies de production d'énergies propres et renouvelables pour réduire les émissions de CO2,
peut répondre à ce besoin sociétal au chapitre des maisons écologiques.
Cette nouvelle « conception » est la maison à faible consommation d’énergie, ou la maison équipée « tout
électrique » avec une bonne isolation et une production locale de l’électricité par des modules
photovoltaïques.
- ou « l’Eco Sunny House » de DAIWA HOUSE Industry, qui propose une maison préfabriquée avec
3kWc installé en intégration (tuiles).
L’arrivée sur le marché dès 1994 de produits photovoltaïques adaptés à l’intégration au cadre bâti, a été le
signal fort et déclenchant du développement de maison à faible consommation. D'après les résultats d'une
enquête sur les habitations réalisée en 1997 par la société d'État japonaise de prêts au logement (Government
Housing Loan Corporation), le coût de construction d'une maison traditionnelle était estimé à 175 404 yens (1
698 $US) par mètre carré et celui d'une maison préfabriquée, à 190 033 yens (1 840 $US) par mètre carré. Ces
résultats révèlent que les habitations usinées coûtaient environ 8 % de plus à produire que les habitations
traditionnelles.
Les constructeurs ont par ailleurs tendance à rivaliser entre eux en améliorant la qualité de leurs produits
plutôt qu'en réduisant le prix de vente. Dans ce « surcoût » ils y intègrent notamment toutes les évolutions
technologiques liées aux exigences du développement durable (produits à valeur ajoutée), à l’image de
l’industrie automobile, qui offre dorénavant la plupart des équipements de naguère en « série ».
3. Noyau (Core) = bâtiments vides et bâtiments où un examen de l’enveloppe et des services est
seulement exigé.
Le label est géré et développé par un consortium : "Japan Sustainable Building consortium". À travers ses
comités :
- Comité de pilotage,
- Energie,
- Productivité,
- Qualité d'air intérieur,
- Environnement,
- Maison individuelle,
- L'urbain et le département,
- Ilot de chaleur,
- Développement d'outils et d'études de cas.
- Casbee Conception,
- Casbee Nouvelle construction,
- Casbee Bâtiment existant,
- Casbee Rénovation.
- le renforcement de l'isolation,
- des panneaux photovoltaïques en toitures, en façades de cage d'escalier ou entre deux façades au-
dessus d'une rue pour alimenter l'éclairage public,
- triple vitrage,
- ventilation par des abat-vents capuchons colorés disposés en toiture avec échangeur de chaleur,
Le concept vise l'auto-production (près de 100%) à partir d'énergies renouvelables de l'énergie consommée,
On note une utilisation de pompes à chaleurs marines ou aquifères en sus des capteurs solaires pour la chaleur.
L'électricité est générée par des éoliennes.
La quasi-totalité des déchets sont triés et évacués par un réseau souterrain en vide d’air, technologie suédoise.
Ces trois éco-quartiers sont donnés en exemples pour des projets de rénovation ou de construction neuve. On
note que les approches éco-quartiers se développent dans différentes villes à travers l’europe (Fribourg,
Hanovre, Stockholm, Rotterdam...)
Le tableau ci-dessous donne une vue d'ensemble sur les programmes d'opérations.
Minergie (CH) N, R X x X X
PassivHaus (D) N, R X X
+ (NL) + (B)
CasaKlima (I) N X X
ou KlimaHaus
(A)
Zero Energy N X X
Homes –ZEH –
(US) + Canada
1-liter ou 3-liter N, R X X
Haus
LEED / green N, R X X X
building
initiative (US)
+ (Canada)
BREEAM (UK) N X X X X X
CASBEE (JP) N, R X X X
BEDZED (UK) N X X
Vesterbro (DK° R X
Malmo (S) N X
New Energy N X X X X
technology
(PV)
development
programme (JP)
Les premières analyses détaillées dans le cadre de la comparaison internationale se sont focalisées sur 3 pays :
les États Unis, l'Allemagne et le Japon avec un souci de voir dans un premier temps la diversité des approches.
- le programme LEED "Leadership on Energy and Environmental Design" pour son implication dans le
cadre du tertiaire et le passage de construction neuves à l'existant.
- aux programmes "Passivhaus" et "Maisons 3 litres" qui de part leur proximité géographique
commencent à s'étendre sur le territoire ;
- aux programmes "EnSan" et "Bâtiments à basse consommation dans l’existant" pour leur cible du
bâtiment existant et leur caractère national.
Pour le Japon, le fait qu'un programme se base sur l'utilisation d'une technologie particulière a en soit un côté
innovant. De plus, ce programme favorise l'industrialisation du processus de construction.
- le label Minergie
B2- ALLEMAGNE
Auteurs :
Jean-Christophe Visier (jean-christophe.visier@cstb.fr)
avec la participation de
Frédéric Bougrain (frederic.bougrain@cstb.fr)
et Emmanuel Fleury (emmanuel.fleury@cstb.fr)
Le contexte allemand se caractérise par une consommation d’énergie stable depuis plusieurs années :
• La production d’énergies se répartit entre : 23 % de gaz naturel, 13% de nucléaire, 13% de houille,
11% de lignite et 5% d’énergies renouvelables.
Les combustibles sont importés dans leur quasi-totalité sauf pour le lignite et le renouvelable.
• Une part d’énergies renouvelables est en croissance forte puisqu’elle est passée de 1,9 % en 1995 à
4,6 % en 2005.
Les énergies renouvelables utilisées sont les suivantes : biomasse 46,4%, éolien 14,6%, hydraulique 11,9%,
géothermie 0,9%, photovoltaïque 0,6%, solaire thermique 1,6%.
Les recherches sur l’énergie représentent 4,7% des financements de recherche fédéraux (environ 8% en
France i )
On assiste à une augmentation forte des travaux sur les énergies renouvelables qui pourraient en 2008
représenter respectivement cinq et deux fois les budgets pour la fusion et la fission.
LE SECTEUR DU BATIMENT
L’Allemagne dispose d’un parc de 39 millions de logements. 28% datent d’avant la deuxième guerre
mondiale, 47% ont été construits entre la guerre et le second choc pétrolier de 1978 et 25% après.
Cette répartition est similaire à celle du parc français moins concentré toutefois sur la période 1948-1978.
Nouveaux États
Allemagne Ouest et
Année de construction Ex RFA fédéraux et
Est
Berlin Est
before 1900 2,223,800 1,043,600 3,267,400 8%
1901 – 1918 1,823,500 805,900 2,629,400 7%
1919 – 1948 3,524,100 1,446,700 4,970,800 13%
1949 – 1978 16,024,100 2,070,400 18,094,500 47%
1979 – 1986 3,236,800 953,000 4,189,700 11%
1987 – 1990 915,200 321,700 1,236,900 3%
1991 – 2000 3,000,800 1,002,800 4,003,600 10%
2001 and later 239,500 57,900 297,400 1%
Total 30,987,800 7,702,000 38,689,800 100%
• Les bâtiments d’avant la première guerre mondiale ont fréquemment des caractéristiques
architecturales qui leur donnent une valeur spécifique.
• Les constructions de l’entre deux guerres sont constituées soit de briques, soit de béton. .Dans le
premier cas, les façades sont fréquemment encore en bon état dans le second, elles sont alors très
dégradées.
• Dans les années 50 les besoins de la reconstruction rendaient rares les matériaux de qualité. Les
installations techniques chauffage/sanitaire/électricité de ces bâtiments doivent fréquemment être
refaites.
• Les bâtiments des années 60 utilisent largement le béton. Les toitures sont généralement en état
correct ainsi que les installations électriques. En revanche les installations de chauffage ne
correspondent plus aux critères de qualité actuels.
• Dans les années 70, les toits plats dominent. La ventilation pose aujourd’hui fréquemment un
problème.
Le type de logement préféré en Allemagne est la maison individuelle qui représente 48% des nouvelles
constructions. Ces dernières et les constructions à deux logements constituent 58% de la surface habitable du
parc.
50% des allemands sont propriétaires. Mais les écarts interrégionaux restent importants.
Comme en France, la surface habitable par personne croît chaque année. Elle est en 2004 de 40,8
m²/habitant. Les prévisions pour 2015 et 2030 s’élèvent respectivement à 48m² et 52 m².
L’Allemagne est confrontée à un problème de vieillissement de sa population qui est bien visible quand on
compare les pyramides des âges en 1910, 1950, 2001 et les prévins pour 2050.
100
90
80
In 70
Mrd.60
50
€
40
30
20
10
0
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006
Nouvelles constructions
Neubau Réhabilitation
Modernisierung
Le schéma suivant montre la répartition du parc de logements par époque et par performance énergétique. On
constate :
• une croissance régulière de la consommation des bâtiments jusqu’à 1958,
• La poursuite de la baisse des consommations suite aux réglementations des années 1977, 1984, 1995
et 2002.
En France on associe fréquemment l’Allemagne au programme des « maisons passives ». Les faits indiquent
qu’il existe une série de programmes tout aussi intéressants. Les lignes suivantes en brossent un premier
tableau synthétique.
Programmes Anciens
Bâtiments basse énergie (NEH)
Le terme bâtiment basse énergie n’est pas protégé en Allemagne. Les acceptions peuvent donc varier d’un
partenaire à l’autre et évoluent avec le temps.
On considère généralement comme bâtiment basse énergie un bâtiment qui consomme 30% de moins qu’un
bâtiment conforme à la réglementation du neuf.
Près de 500 000 bâtiments basse énergie auraient été construits en Allemagne depuis 1990.
Maisons solaires.
Les maisons solaires se caractérisent par un recours important à l’énergie solaire active et passive. Ces
maisons sont systématiquement bien isolées.
On estime à un millier le nombre de maisons solaires qui auraient été construites en Allemagne en particulier
à la fin des années 1980.
Autres programmes
A côté de ces programmes qui ont permis de réaliser de nombreux bâtiments on trouve également des
programmes spécifiques qui vont plus loin mais dont le développement en terme de bâtiments est beaucoup
plus réduit.
Bâtiments sans besoins de chauffage
Ces bâtiments n’utilisent pas d’énergie fossile pour le chauffage qui est apporté par des capteurs solaires et
un système de stockage d’énergie.
Une dizaine de maisons neuves auraient été réalisées sur ce principe.
Maisons à énergie positive.
Ces maisons produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment. Pour atteindre ce résultat, elles
comprennent une surface importante de composants photovoltaïques.
LES ACTEURS
• Programme de modernisation des bâtiments existants (2003 – 2005) : 139 000 prêts pour un volume
total de 5,5 milliards d’euros.
• Programme « construire écologique » (depuis 2005) : 10 275 prêts pour un montant de 0,4 milliards
d’euros.
Depuis 1976 l’Allemagne a mis en place et régulièrement renforcé ses réglementations en matière
énergétique. La réglementation actuelle intègre des exigences autrefois séparées sur les aspects isolation,
chaudières… en un texte unique dont le principe se rapproche de celui de la RT2005. Il faut noter que ces
textes sont aujourd’hui développés pour permettre l’application de la directive performance énergétique.
Les démarches « maison passive » et maisons 3 litres ont défini leurs propres référentiels de performances
principalement à partir des consommations de chauffage. En effet, avant 2002, la réglementation allemande
s’intéressait principalement aux consommations de chauffage.
Depuis 2002 la réglementation « EnEV » fixe des objectifs exprimés en énergie primaire qui portent sur les
consommations pour le chauffage, la ventilation, l’eau chaude sanitaire et l’éclairage dans le tertiaire. Elle est
très similaire dans son principe et son niveau de détail aux RT2000 et 2005.
Les programmes de subvention de la banque KfW et le programme bâtiments basse énergie dans l’existant
qui sont plus récents s’appuient fortement sur la réglementation allemande « EnEV ». L’utilisation de cette
référence devrait entrainer une plus grande lisibilité des différents labels développés et permettre de se
rapprocher d’un indicateur homogène exprimé en kWh/m².an.
L’échelle utilisée est la même pour les bâtiments neufs ou en réhabilitation. Certaines réhabilitations offrent
des consommations deux fois inférieures à celles du neuf.
Le tableau suivant permet de mettre en évidence les évolutions des exigences réglementaires
Energie primaire
U moyen
Année chauffage/eau chaude/ Part du parc
W/K.m²
ventilation
Il est à noter que les calculs de consommation sont faits en utilisant les mêmes données climatiques pour
toute l’Allemagne. Ceci explique pourquoi on peut avoir des exigences identiques pour tout le pays que ce
soit pour la réglementation ou les labels. Cela ne signifie pas pour autant que les consommations réelles
seront indépendantes de la région.
Dans le cas de la France, les calculs sont faits sur les bases de la RT2005 avec huit zones climatiques.
Si la maison traditionnelle est le type de construction dominant en Allemagne. Les maisons préfabriquées
connaissent une progression importante, et dans une moindre mesure celles à ossature bois
Les constructeurs de maisons préfabriqués basent leur argumentaire commercial sur les aspects énergétiques.
Cependant la frontière entre maison traditionnelle et maison préfabriquée décroît. En effet, de nombreuses
maisons traditionnelles font appel à des composants préfabriqués complexes tels que les panneaux de façade
complets.
Architecture
Les maisons basse consommation sont généralement compactes avec une forte proportion de fenêtres
orientées au sud. Les surfaces de fenêtres sur les autres orientations sont limitées à ce qui est nécessaire pour
l’éclairage naturel.
Des arbres sont plantés pour permettre un ombrage en été et obtenir un microclimat.
Dans la partie nord des espaces tampons sont mis en place et les zones d’usage restent limitées.
Le zonage thermique adapté aux usages permet d’avoir des niveaux de température différents.
Les installations techniques intégrées en volume chauffé conduisent à une récupération de chaleur.
L’emplacement est choisi pour limiter les longueurs des réseaux de distribution.
Les formes de construction sont simples (pas de fenêtres en saillie ou de lucarnes). Il convient aussi d’éviter
les décrochements de façades de plus de 50 cm.
L’espacement suffisant des bâtiments favorise une bonne solarisation même quand le soleil est bas.
Système d’isolation.
Le tableau suivant présente les niveaux d’isolation requis dans les différents programmes de bâtiments basse
consommation et le compare au niveau réglementaire :
Réglementation Maison 3 litres Maison Passive Maison à énergie
positive
U mur 0,25-0,50 0,15-0,25 <0,16 0,12
U toit 0,20-0,40 0,10-0,20 <0,15 0,12
U sol 0,25-0,40 0,15-0,25 < 0,16 0,12
U fenêtres 1,20-1,40 0,80-1,20 <0,8 0,10
Pour atteindre de tels résultats un grand nombre de prescriptions techniques et organisationnelles doivent être
respectées.
• Les portes extérieures sont systématiquement isolées.
• Pour que les systèmes constructifs mis en place aient peu de ponts thermiques, le concepteur doit
analyser les détails constructifs en amont des projets. Ceci conduit à une organisation différente du
chantier. En effet on ne peut se contenter de concevoir un bâtiment en décrivant les épaisseurs
d’isolants ou leur résistance thermique, il faut également faire une analyse fine des jonctions entre
parois.
Par ailleurs, sur le plan technique cela impose de désolidariser les balcons des murs pour éviter les
ponts thermiques.
• L’isolation s’effectue généralement par l’extérieur sauf dans les cas de rénovation de bâtiments avec
des façades protégées (isolation par l’intérieur dans ce cas). Ceci conduit à conserver une bonne
inertie thermique et limite les risques d’inconfort d’été.
Ces programmes favorisent aussi la diffusion de matériaux d’isolation « naturels » qui représentent
aujourd’hui 4 à 5% du marché.
Le béton cellulaire qui représente environ 20% du marché, est employé sans isolant complémentaire dans les
projets simplement conforme à la réglementation et avec un isolant rapporté dans les projets de bâtiments
basse consommation.
L’isolation transparente et les super isolants sous vide sont parfois employés. Cependant, l’utilisation
d’isolants transparents impose une analyse fine des risques d’inconfort en été.
Perméabilité à l’air
Il convient aussi de définir un concept cohérent pour la perméabilité à l’air et de s’assurer que les membranes
d’étanchéité sont scotchées et pas seulement jointives.
Parois vitrées
Le tableau suivant présente les coefficients U requis dans les différents programmes de bâtiments basses
consommation et les compare au niveau réglementaire :
Réglementation Maison 3 litres Maison Passive Maison à énergie
positive
U fenêtres 1,20-1,40 0,80-1,20 <0,8 0,70
Ces valeurs peuvent éventuellement correspondre à d’excellentes fenêtres doubles vitrage pour la maison 3
litres.
Pour les autres programmes, cela correspond à du triple vitrage. Dans ce cas, il faut conserver de bons
facteurs solaires pour permettre une captation (g>0,5).
Toutes les fenêtres ne sont pas nécessairement ouvrantes.
Système de chauffage
Depuis le début des années cinquante on est passé successivement du chauffage à combustible solide (bois, charbon)
au chauffage à combustible liquide (fioul) puis gazeux. Dans le marché standard, le chauffage à eau chaude domine
aujourd’hui dans le neuf comme dans la réhabilitation. Le gaz est l’énergie de chauffage la plus utilisée. La chaudière à
condensation est devenue un produit standard.
Les systèmes de chauffage à eau chaude utilisés dans les bâtiments basse consommation fonctionnent à basse
température. Une température d’environ 45°C permet une optimisation entre les pertes de distribution et la
consommation d’électricité pour les pompes. Cette basse température favorise également un raccordement à
différentes sources de chaleur (solaire par exemple).
Le chauffage aéraulique qui était absent du parc des logements réapparait aujourd’hui dans les bâtiments
basse consommation notamment via les unités compactes (cf. analyse de ce type de produit)
Les systèmes de chauffage utilisés par exemple dans les maisons passives sont diversifiés :
Systèmes de chauffage
Électricité 6%
Bois 5%
Les réseaux de distribution sont prévus courts et bien isolés y compris les tuyaux intégrés dans la structure.
Ventilation
Les bâtiments basses consommations disposent de manière quasi systématique d’un système de ventilation
mécanique. Ce qui n’est pas toujours le cas des bâtiments standards.
Dans les maisons 3 litres ce système ne dispose pas nécessairement d’une récupération de chaleur alors
qu’elle est systématique dans les maisons passives ou à énergie positive. Les rendements d’échangeur sont
alors de l’ordre de 80%.
La ventilation double flux peut être centralisée ou décentralisée. Dans les immeubles collectifs l’utilisation de
systèmes décentralisés peut permettre de résoudre les problèmes de sécurité incendie et limiter les problèmes
liés aux passages des gaines en particulier lors des réhabilitations.
Un effort important est fait sur la perméabilité à l’air. Dans les maisons passives, la valeur n50<0,6 doit être
vérifiée par un essai à la fausse porte.
L’utilisation d’un puits canadien ou d’un préchauffage de l’air neuf dans une serre est possible mais demande
une conception détaillée.
Énergie solaire
L’utilisation de l’énergie solaire est très fréquente dans les maisons passives (production d’eau chaude
sanitaire). Dans les maisons à énergie positive on a en complément une utilisation systématique de
photovoltaïque.
L’intégration du solaire thermique est conçue en amont des projets pour permettre une réduction des
longueurs des réseaux de distribution.
Les systèmes solaires sont munis de compteurs pour permettre de vérifier leurs performances.
Dans les maisons passives l’utilisation du solaire passif permet de couvrir environ 60% des besoins de
chauffage.
Autres éléments
Dans les maisons passives, des appareils ménagers basse consommation et des lampes fluo compactes sont
également utilisés.
Le point essentiel de la réalisation des maisons basse consommation est le mode de gestion des projets de
construction.
Les phases de conception doivent être détaillées et intégrées de façon précoce une analyse de l’ensemble des
systèmes. Ceci concerne aussi bien l’enveloppe que les équipements. La conception intégrée de l’enveloppe
et du système de chauffage amène alors à de nouveaux optimums énergétiques. Les efforts faits sur
l’isolation se traduisent notamment par des économies drastiques sur le système de chauffage. C’est en
particulier le cas dans les maisons passives où la suppression du système de distribution et des radiateurs à
eau peut être envisagée.
Tous ces détails constructifs contribuent à la performance globale du système.
Le suivi des points critiques En phase de réalisation, le traitement des ponts thermiques et de l’étanchéité à
l’air, doivent faire l’objet d’une attention particulière.
La courbe suivante présente la fourchette des surcoûts en fonction du niveau de consommation de chauffage :
Fig. 1: Surcoûts (« Mehrkosten ») par rapport à une construction standard. La section verte
correspond à plus de 200 projets
MODES DE FINANCEMENT
La plupart de ces programmes bénéficient d’un grand nombre d’aides financières publiques.
• Le gouvernement fédéral finance des projets expérimentaux et accorde des déductions fiscales aux
clients qui acceptent les surcoûts d’investissement initiaux... Par exemple, les bâtiments
consommant neufs moins de 40 ou 60kwh/m² (ceci couvre respectivement les maisons passives et les
maisons 3 litres) bénéficient de prêts à taux réduits.
• Des prêts à taux aidés pour la rénovation des logements sont disponibles. L’aide dépend de
l’ambition du projet. Trois niveaux sont repérables :
Le taux d'intérêt dépend de l’ampleur du crédit octroyé. Plus le projet est important, plus le
taux d'intérêt est favorable.
o Les mesures de la catégorie MIX combinent des mesures standard et des mesures ÖKO-
PLUS.
A côté des aides financières, des structures d’information ont été créées pour aider les acteurs intéressés à se
repérer parmi les différents dispositifs :
• Une structure d’information a été mise en place pour informer les acteurs intéressés des différents
modes de financement possibles pour la recherche : www.foerderinfo.bmbf.de. (le site fait penser à
celui de l’ANR en France).
• Des conseils sur site pour l’amélioration de la performance énergétique sont régulièrement dispensés.
5. Des investissements qui après avis d’un expert autorisé pour le programme, conduisent à une
réduction des émissions de CO2 d'au moins 30 kg par an et m² de surface utile.
Actions régionales
Ce soutien national coexiste avec plusieurs programmes de financement régionaux visant aussi bien les
propriétaires occupants que les propriétaires bailleurs. Ces subventions couvrent une partie des
investissements relatifs à la rénovation du parc, au développement du solaire et du bois et aux diagnostics
énergétiques.
30
25
Heizölverbrauch in l/m²a
20
15
10
0
77/78
79/80
81/82
83/84
85/86
87/88
89/90
91/92
93/94
95/96
97/98
99/00
01/02
03/04
+
Consommation de fioul (« Heizölverbrauch ») de 250 000 bâtiments collectifs résidentiels en chauffage
collectif
Le schéma suivant (« Meilensteine des energiesparenden Bauens » - les différentes étapes des constructions
basse consommation) met en parallèle les consommations énergétiques requises par la réglementation
(« Mindestanforderungen ») entre 1980 et 2004 (courbe haute), le niveau de consommation énergétique
atteint par les constructions courantes innovantes (droite intermédiaire) et le niveau de performance atteint
par des projets de recherche (« Forschung ») successifs (courbe basse).
Cette juxtaposition indique combien les projets de recherche sont moteurs et en avance sur la réglementation
en terme de consommation d’énergie. Ce n’est en fait que lorsque certaines pratiques commencent à se
diffuser que la réglementation les impose à l’ensemble des acteurs.
• Les variations d’un bâtiment à l’autre sont considérables en raison de comportements différents des
usagers du bâtiment.
Le FhG ISE a fait une évaluation du marché des maisons « passives », « 3 litres » et rénovées au standard « 3
litres ».
Evaluation du marché des maisons 3 litres, des maisons passives et des maisons rénovées au standard 3 litres
en unités par an.
Comme l’indique la figure ci-dessus :
• Le marché des maisons économes en énergie enregistre une croissance forte et régulière.
• La maison trois litres occupe une part de marché dominante avec une douzaine de milliers de
réalisations (5000 pour les maisons passives et environ 5000 pour les maisons 3 litres rénovées).
Depuis le début 2006, les programmes de rénovation (CO2 Gebaudesanierung) et ceux dédiés aux maisons
basse énergie (Ökologisch bauen) enregistrent une croissance forte.
25,0
CO2-Gebäudesanierung
Wohnraum Modernisieren
durchschnittl. Tageseingang
15,0
10,0
5,0
0,0
05
05
05
06
05
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5
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Se
Dans le cadre du projet « Vivre dans des maisons passives ou basse consommation » l’institut IWU à
Darmstadt a réalisé une enquête auprès des habitants de vingt maisons passives et sept maisons basse énergie.
Un groupe de contrôle intégrant des habitants de maison conventionnel a également été interrogé.
Presque tous les habitants interrogés étaient satisfaits du confort d’hiver.
Les occupants des maisons passives trouvaient le confort d’été moins bon que le confort d’hiver
La plupart des occupants appréciaient de ne pas devoir ouvrir leurs fenêtres grâce au système de ventilation
mécanique (l’ambiance intérieure était agréable et contrainte de la gestion des fenêtres avait disparu). Un
cinquième des habitants se sentait contraint par le manque d’air frais ou l’absence de contact avec la nature.
Globalement la satisfaction des occupants étaient élevée. Les appréciations négatives ne portaient pas sur le
concept de maisons passives mais sur la réalisation de certains détails. La plupart des habitants
recommanderaient d’ailleurs ce type de maison à un de leurs amis et choisiraient à nouveau de vivre dans une
maison passive.
Une analyse du Fhg ISE s’est interrogée sur les origines du choix d’une maison 3 litres. Les questions ont été
posées à différents professionnels.
Pour tous les professionnels consultés (à l’exception des architectes), le critère financier (aides accordées)
constitue le premier critère de choix. Les perspectives de réduction du coût du chauffage sont mentionnées en
premier lieu par les architectes.
Les programmes de soutiens publics conduisent progressivement à l’émergence d’un secteur important de
bâtiments à basse consommation.
Les programmes initialement réservés au neuf se portent aujourd’hui sur l’existant.
La plupart des acteurs s’impliquent : l’Etat, les régions, les concepteurs, les maitres d’ouvrages, les
industriels…
Les programmes ne se limitent pas aux aspects financiers. Ils intègrent aussi de nombreuses actions de
communication : création de sites internet, organisation régulière de conférences favorisant les échanges
entre acteurs, publication de documents concrets sur la manière de réaliser des maisons, diffusion
d’information sur les performances des opérations suivies et les solutions bien maîtrisées.
Des outils de financement déployés à large échelle conduisent à passer de la notion de surcoût à celle de
surinvestissement. La conscience écologique développée en Allemagne permet justement d’accepter ces
surinvestissements.
Les coûts de construction et de réhabilitation sont élevés en Allemagne. La population accepte d’ailleurs plus
facilement qu’en France de payer plus pour bénéficier de solutions de qualité. Ceci favorise la diffusion des
solutions basse consommation qui représentent un surinvestissement.
La diversité des labels conduit à plusieurs niveaux de performances correspondant à des niveaux de
surinvestissements différents. Cette variété peut attirer différents types d’acteurs ayant des convictions plus
ou moins affirmées.
FAIBLESSES
Le foisonnement des initiatives et la diversité des programmes rendent parfois peu lisibles les approches.
Malgré la forte croissance du nombre de bâtiments réalisés (selon les prévisions, en 2010 un tiers des
maisons nouvellement construites seront à 3 litres), cela ne représente aujourd’hui que 1 à 2% du parc. La
phase de généralisation de ces approches n’est donc pas encore atteinte. Elle n’est envisageable qu’à moyen
terme.
OPPORTUNITES
Les renforcements de la réglementation à la fois dans le neuf et dans l’existant peuvent conduire à généraliser
certaines solutions.
MENACE
La crise que traverse le secteur de la construction limite de fait le nombre d’opérations réalisées.
Les opérations très performantes réalisées (maisons passives) pourraient demeurer un marché de niche
touchant uniquement les personnes à sensibilité écologique forte.
Les subventions importantes dont bénéficient l’ensemble des programmes basse consommation et ceux en
faveur des énergies renouvelables pourraient être remises en cause dans la perspective d’une baisse des
dépenses publiques.
L’approche allemande se caractérise avant tout par la multiplicité des acteurs impliqués et leur
complémentarité : instituts privés et publics, constructeurs, industriels, organismes de financement publics
aux niveaux fédéral et régional, centres de recherche appliqués. Ces acteurs sont en outre stimulés par des
acteurs de la demande dotés d’une conscience environnementale assez marquée. Un juste équilibre s’établit
entre un système d’offre très proactif et une demande assez captive.
Une telle mobilisation et un tel équilibre seraient probablement difficiles à atteindre en France où
l’articulation entre acteurs ne semble pas aussi bonne. Par ailleurs, sur le plan culturel, les propriétaires
français ne marquent pas le même souci pour les questions environnementales. Faute de clients leaders
exigeants, le système semble soumis dans son ensemble à plus d’inertie.
Parmi les acteurs, la banque fédérale KfW joue un rôle central dans le processus de financement des
bâtiments basse consommation. Cet organisme qui a l’origine n’accordait pas de soutien à des programmes
basse consommation, a fait preuve d’une remarquable capacité d’adaptation. A priori, il n’existe pas en
France d’organisme financier qui pourrait jouer un rôle similaire et surtout être impliqué avec la même
ampleur. Par ailleurs, au niveau gouvernemental tant fédéral que régional, le soutien des autorités allemandes
semble beaucoup plus massif qu’en France. En revanche, le mécanisme financier incitatif couplant aides
immédiates et aides différées en cas d’atteinte du résultat annoncé, semble facilement transférable.
La diversité des initiatives participe à la dynamique du mouvement en faveur des programmes basse
consommation. Pour éviter que cela nuise à la lisibilité du système de soutien, l’aspect communication n’a
pas été négligé. .A côté des aides financières, des structures d’information aident les acteurs intéressés à se
repérer parmi les différents dispositifs. Par exemple, une structure a été créée pour informer les acteurs sur
les modes de financement existants.
.Au moment où une telle dynamique se met progressivement en place en France, il semble aussi nécessaire
de favoriser les échanges entre des acteurs motivés. Sur ce plan, l’exemple allemand peut servir de modèle
(création de nombreux sites internet, organisation de conférences, publications de guides de réalisation).
L’exemple allemand semble par contre indiquer que l’usager a été le grand oublié des différents programmes.
Les opérations de suivis ont notamment révélé que d’un bâtiment à l’autre les occupants adoptent des
comportements très différents qui peuvent se traduire par des écarts de consommation allant de 1 à 4. Le
transfert de certains dispositifs relatifs aux maisons basse consommation, nécessiterait d’organiser des
LES LABELS
Il existe en Allemagne plusieurs labels correspondent à des niveaux de performances différents. Ceci a sans
aucun doute l’avantage de dynamiser la démarche allemande. Les banques, les industriels, les constructeurs,
la recherche publique se mobilisent pour faire émerger des solutions et les labéliser.
En revanche cette diversité conduit à une difficulté de lecture. Les usages (chauffage seul, chauffage plus eau
chaude) et les unités (kWh/m² par an, litres de fioul…) pris en compte dans les différents labels diffèrent.
Pour la France, il conviendrait d’arriver à un consensus entre acteurs, portant à minima sur les unités à
employer et les usages à couvrir. La réglementation thermique devrait servir de référence et les résultats
seraient exprimés en kWh/m².
En revanche le fait que des acteurs se mobilisent autour de niveaux de performances différents et de plusieurs
modes de financement ne nuit pas a priori au fonctionnement du système. Au contraire une dynamique
d’entraînement se crée pour le bénéfice du plus grand nombre.
• la réalisation d’un grand nombre d’opérations commerciales qui abordent les problèmes
organisationnels, financiers… Ces opérations sont dirigées par des maitres d’ouvrages
La transposition en France de cette double approche ne pose sur le principe aucun problème. Néanmoins dans
la pratique, son succès dépend de plusieurs facteurs :
• L’acceptation par la main d’œuvre française de nouvelles façons de faire : le cas de l’isolation est
emblématique. Le principe de l’isolation par l’extérieur qui est couramment utilisé en Allemagne,
risque de se heurter aux pratiques françaises où l’isolation par l’intérieur domine 1 .
• La bonne coordination des opérations menant à une mise en œuvre réussie des systèmes constructifs
prédéfinis : La précision requise au stade de la conception puis du chantier contribue aux
performances des systèmes d’isolation, de chauffage et de ventilation. Mais ces nouveaux modes de
conception et d’organisation pourraient requérir de nombreux ajustements dans le cas français. La
réalisation de guides de bonnes pratiques semble un exemple à suivre pour limiter les risques
d’échec.
1
L’analyse du transfert des technologies allemandes vers la France, sera davantage développée dans les rapports
consacrés aux « briques technologies ».
B3 - SUISSE
LE PROGRAMME MINERGIE®
INTRODUCTION .........................................................................................................................................36
1. ETAPE 1 : CONTEXTE, ANTERIORITES .............................................................................................36
1.1 Contexte ...........................................................................................................................................36
1.1.1 Le contexte énergétique ........................................................................................................36
1.1.2 Historique de la mise en place des premières normes et prescriptions (1973 à 90) ............39
1.1.3 La gestation vers la démarche Minergie® .............................................................................41
1.1.4 Etat des lieux des législations cantonales relatives à la performance énergétique des bâtiments
en vigueur en 2003 ................................................................................................................44
1.2 Specificité de la construction en Suisse...........................................................................................45
2. ETAPE 2 : CONTENU DE L’INNOVATION...........................................................................................46
2.1 Description du programme, bâtiments cible, usages pris en compte ..............................................46
2.1.1 Le standard MINERGIE®, Règlement d'utilisation de la marque de qualité MINERGIE® (23)47
2.1.2 Le standard MINERGIE®-P...................................................................................................51
2.2 prise en compte du confort d’été......................................................................................................52
3. ETAPE 3 : MISE EN ŒUVRE ................................................................................................................53
3.1 Origine et génèse du programme MINERGIE®...............................................................................53
3.2 MODALITES DE DIFFUSION DU PROGRAMME ..........................................................................56
3.3 Acteurs du réseau MINERGIE® ......................................................................................................62
3.4 incitation du décisionnaire et des acteurs, synergie, financement ..................................................67
3.5 Difficultés de mise en œuvre, les points délicats dus aux choix techniques ...................................71
3.6 certification des produits et des acteurs...........................................................................................71
3.7 savoir faire des entreprises ..............................................................................................................71
4. ETAPE 4 : EVALUATION ......................................................................................................................72
4.1 Evaluation des niveaux de performances atteints par rapport au niveau de performance vise......72
4.2 surcoûts, gains .................................................................................................................................74
4.3 Perception de l'utilisateur final .........................................................................................................75
4.4 Nombre de réalisations dans le pays d’origine et dans d’autres pays ............................................77
5. ETAPE 5 : REFLEXION CRITIQUE.......................................................................................................78
5.1 Forces ..............................................................................................................................................78
5.2 Faiblesses ........................................................................................................................................80
5.3 Opportunités.....................................................................................................................................80
5.4 menaces...........................................................................................................................................80
6. ETAPE 6 : CONDITIONS DE LA TRANSPOSITION ............................................................................81
6.1 quel label basse consommation ?....................................................................................................81
6.2 Les facteurs qui ont contribué a la diffusion du label.......................................................................82
6.3 Les obstacles ...................................................................................................................................83
RÉFÉRENCES ............................................................................................................................................84
ANNEXE......................................................................................................................................................87
L’objectif de l’étude est d’analyser la démarche MINERGIE® et d’en tirer des enseignements en
matière de conditions de transfert et de mise en œuvre à grande échelle sur le marché français. Il
s’agit d’apprécier l’impact du programme MINERGIE®, de comprendre quels facteurs ont contribué
à son développement en Suisse et d’apprécier en quoi cette approche est transposable à la
France.
1.1 CONTEXTE
• Approvisionnement en énergie
A l’exception de l’énergie hydraulique, la Suisse ne dispose que de ressources énergétiques
limitées, ce qui l’oblige à importer les quatre cinquièmes de sa consommation. Sont importés le
pétrole (pétrole brut, combustibles et carburants), le gaz naturel, le charbon et les produits
houillers, les combustibles nucléaires et, durant l’hiver, de plus en plus d’électricité. Les centrales
hydroélectriques suisses fournissent environ 60% de la production indigène d’électricité, les cinq
centrales nucléaires du pays environ 40%. Les autres modes de production d’électricité (thermique
fossile, incinération d’ordures, bois, éolienne, photovoltaïque, biogaz) ne représentent qu’un faible
pourcentage. Pendant l’été, le courant excédentaire est exporté. En hiver, la Suisse doit
généralement importer de l’électricité.
• Consommation d’énergie
L’évolution de l’économie et de la population exerce une influence déterminante. Le nombre et la
taille des appartements et des véhicules, les distances parcourues, la production industrielle et
l’activité du bâtiment, entre autres, sont étroitement liés à cette évolution. Pratiquement tous ces
paramètres sont à la hausse, en Suisse et dans le monde, avec pour conséquence une
augmentation de la consommation d’énergie, malgré l’amélioration du rendement énergétique.
Les prix exercent aussi une influence sur la consommation d’énergie. Les prix relatifs de l’énergie
ont nettement baissé depuis les années 1970. Alors que les prix du pétrole oscillent fortement,
ceux de l’électricité restent stables. Le progrès technique a permis d’améliorer nettement le
rendement énergétique, mais il engendre par ailleurs de nouvelles utilisations de l’énergie qui
entraînent à leur tour une hausse de la consommation. Les fluctuations conjoncturelles et les
variations de température à court terme font osciller la consommation d’énergie. A moyen terme,
toutefois, elles s’équilibrent et restent sans conséquence à long terme. Une croissance
économique persistante a néanmoins toujours conduit à une augmentation de la consommation
d’énergie.
Depuis 1950, la consommation finale d’énergie a plus que quintuplé en Suisse, alors que l’effectif
de la population a environ doublé. Dans les années 1950 et 1960, le fort accroissement de la
demande a été couvert par les produits pétroliers, d’où une forte dépendance de la Suisse à
l’égard du pétrole. Cette dépendance a culminé au début des années 1970, quand le pétrole
couvrait près de 80% de nos besoins énergétiques. La part du pétrole est depuis lors en baisse.
Cette diminution ne concerne toutefois que les combustibles, la demande de carburants continuant
d’augmenter. Avec le recul du pétrole, le gaz naturel, mais aussi l’électricité, ont peu à peu gagné
en importance. Depuis la fin des années 1960, l’augmentation de la consommation d’électricité a
été couverte essentiellement par de nouvelles centrales nucléaires.
La consommation globale d’énergie est due dans une très large mesure au développement des
transports. Dans ce secteur, elle augmente plus rapidement que la moyenne et que le PIB. Avec
environ un tiers de la consommation finale d’énergie, les transports sont aujourd’hui, en proportion,
le plus gros consommateur d’énergie. La plus forte croissance s’observe dans le trafic aérien. Les
taux d’accroissement de la demande d’énergie des ménages, de l’industrie et des services sont
inférieurs à la moyenne et au taux d’accroissement du PIB. Ce sont avant tout les mesures en
faveur de l’utilisation rationnelle de l’énergie dans le domaine du chauffage qui ont conduit ici à
une amélioration appréciable du rendement énergétique.
Mazout Bois PAC Electricité Gaz Réseau Charbon Solaire autres sans
62,7 7,0 2,4 6,7 17,8 2,6 0,05 0,04 0,16 0,47
1.1.2 HISTORIQUE DE LA MISE EN PLACE DES PREMIERES NORMES ET PRESCRIPTIONS (1973 à 90)
Pour cerner l’ensemble des facteurs sociaux, techniques, économiques, énergétiques et politiques
liés au développement de la démarche Minergie®, il convient de faire une analyse plus
chronologique des facteurs qui ont contribué à la création des normes énergétiques suisses
actuelles.
C’est à partir de 1974 qu’une législation fédérale sur la consommation énergétique des bâtiments
se développe.
En 1975, la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA) 1 fait ses premières propositions
pour une recommandation relative à l'utilisation rationnelle de l'énergie dans le bâtiment pour
aboutir en 1977 à la publication de la recommandation SIA 180 (Isolation thermique des bâtiments)
1 En Suisse, depuis la deuxième moitié du XIXème siècle, les ingénieurs et architectes sont réunis au sein de
la société des ingénieurs et architectes (SIA). Sur la base des expériences et compétences de ses
membres, la SIA définit des normes dans les différents domaines, principalement de la construction. Ces
normes servent de référence aux diverses lois fédérales et cantonales et servent aussi de référence dans
les conflits.
Entre temps, la SIA lance en 1980 la préparation de la norme SIA 380/1 (L'énergie dans le
bâtiment) intégrant pour la première fois la notion du "bilan énergétique" et de la "demande
d'énergie de chauffage" d'un bâtiment.
Le canton de Zürich (1983) adopte sa première loi sur l’énergie.
La Confédération et les cantons initient en 1985, le programme de politique d'énergie commun
entre la Confédération et les cantons afin d'harmoniser et d'accélérer la mise en vigueur des
législations énergétiques au niveau cantonal. Puis en 1990 le peuple suisse accepte le premier
article constitutionnel relatif à l'énergie. La Confédération dispose désormais d'un instrument pour
légiférer en matière énergétique pour toute la Suisse. Cependant, le processus de mise vigueur de
législations cantonales engagé pendant les années 80 veut que la Confédération préserve la
compétence de légiférer des cantons.
Cette mise en vigueur au niveau cantonal de la norme SIA 180/1 ou 380/1 implique, en principe,
que l’obtention du permis de construire de tout projet de construction ou de rénovation d’un
bâtiment est assortie de l’obligation de fournir, en amont, un justificatif des calculs énergétiques
définis par l’une ou l’autre de ces normes.
Les architectes, ingénieurs et maîtres de l’ouvrage sont donc contraints d’effectuer une
optimisation énergétique de leur futur bâtiment avant même de déposer la demande de permis de
construire !
2 En Suisse 100'000 citoyens peuvent déposer une initiative demandant une modification d’un article de la
Constitution – initiative qui fait ensuite obligatoirement l’objet d’une votation populaire.
• Energie 2000 / Stabiliser la demande globale d’agents fossiles à son niveau de 1990
(1990-2000)
3 Les guides sont élaborés par des groupes de travail et/ou des universités, ainsi par exemple, le CUEPE a travaillé dans
le cadre de Pacer. Ces groupes de travail sont aussi subventionnés pour monter des cours. Puis les cours
s’autofinancent grâce au prix payé par les participants.
En 1994, la SIA présente le projet de la norme SIA 380/4, c’est-à-dire les recommandations
relatives à l’utilisation rationnelle de l'énergie électrique dans le bâtiment.
En 1998 la Confédération met en vigueur la loi sur l’énergie qui applique l’article constitutionnel
sur l’énergie adopté par le peuple suisse en 1990. Cette loi transmet définitivement la compétence
de légiférer en matière de consommation énergétique des bâtiments aux cantons. Cependant, la
Confédération se donne la mission de favoriser une évolution harmonieuse des différentes
législations cantonales.
Ces évolutions témoignent d’une prise de conscience progressive des professionnels du bâtiment
vis-à-vis de la question de la maîtrise des consommations énergétiques des bâtiments.
Cependant, rares sont les acteurs qui comprennent réellement les interactions qui existent entre
plusieurs stratégies (par exemple entre les stratégies destinées à optimiser l’enveloppe et celles
destinées à limiter les pertes de chaleur par renouvellement d’air).
A cette époque la Suisse (et surtout la Suisse alémanique) profite des expériences menées en
Allemagne, en Autriche et, plus largement, dans les pays scandinaves qui ont des problématiques
environnementales déjà très avancés. Dans ce contexte, la Suisse romande constitue une
exception parmi les régions francophones d’Europe car elle adopte, avec un décalage temporel de
quelques années, une évolution plutôt « germanique » des standards d’efficacité énergétique des
bâtiments. En l’occurrence, les divers acteurs Suisse romands copient et suivent le mouvement
plus qu’ils ne l’initient.
L’année 2000 voit le développement conjoint entre la Confédération et la "Conférence des
Services Cantonaux de l'Energie" des Modèles de Prescriptions Energétiques des Cantons
(MoPEC), instruments juridiques destinés à la transcription de la nouvelle norme SIA 380/1 (édition
2001) dans les différentes législations cantonales.
Un état des lieux des 26 législations cantonales relatives à l'isolation thermique des bâtiments en
vigueur en 2003 illustre, malgré le pouvoir politique décentralisé propre à la Suisse, une
homogénéité surprenante. Grosso modo, on peut dire que la Suisse dispose de deux normes
(modules 1 et 2 du MoPEC).
Les exigences MINERGIE® définies, dans un premier temps uniquement pour des bâtiments
d’habitation, intègrent une synthèse fort judicieuse entre les dispositifs techniques disponibles et
un prix de revient économiquement acceptable.
Kriesi habite depuis 3 ans dans une maison à très basse consommation d’énergie intégrant les
divers dispositifs tels qu’un volume compact, une enveloppe avec une isolation thermique
performante et étanche à l’air, une ventilation double-flux avec récupération de chaleur, une
pompe à chaleur pour la production de chaleur, des capteurs solaires pour le préchauffage de
l’eau chaude sanitaire et pour le chauffage avec accumulation semi-saisonnière de 20m3.
Il connaît donc bien les avantages et les éventuels inconvénients de l’un ou l’autre de ces
dispositifs et conclut, à juste titre, que le seul composant économiquement et constructivement
relativement problématique est l’accumulation d’énergie solaire semi-saisonnière. Les valeurs
limites définies dans le standard Minergie® sont donc « dimensionnées » afin d’éviter le recours
obligatoire à des installations d’accumulation de chaleur de ce type.
Par contre il exige que le renouvellement d’air puisse se faire sans intervention de l’utilisateur, car
l’ensemble des récentes expériences faites avec une enveloppe étanche à l’air sans ventilation
contrôlée ne garantissent pas une qualité d’air suffisante et présentent un risque accru de
dégradations du bâtiment, parfois assez graves, dues à une humidité relative de l’air trop élevée.
Minergie® se développe ainsi en s’appuyant en partie sur les normes existantes et sur des
dispositifs complémentaires qui dépassent les exigences normatives.
Le calcul du bilan énergétique selon SIA 380/1 est en 1994 déjà une obligation légale dans le
canton de Zürich pour obtenir un permis de construire pour tout bâtiment neuf ou à rénover. Kriesi
fait référence à ce mode de calcul connu et l’utilise sans modification pour calculer la demande
d’énergie de chauffage. Minergie® fait donc recours d’abord à un outil connu et légalement en
vigueur permettant l’optimisation de la qualité thermique de l’enveloppe et des apports solaires
passifs.
- la réduction des pertes de chaleurs par renouvellement d’air obtenue par un monobloc ventilation
à double-flux avec récupération de chaleur sur l’air vicié.
- de divers facteurs de pondération liés au type d’agent énergétique utilisé. Par exemple
l’électricité consacrée au chauffage (par exemple : pompe à chaleur, monobloc ventilation
double-flux avec récupération de chaleur sur l’air vicié) compte double !
La valeur limite Minergie® est donc un indice de dépense d’énergie thermique pondérée.
Ce mode de calcul proposé n’impose pas franchement le recours à une stratégie plutôt qu’à une
autre mais ne laisse en réalité aux acteurs qu’un nombre limité de possibilités. Par exemple, pour
satisfaire l’indice de dépense d’énergie thermique Minergie®, la demande d’énergie de chauffage
ne doit, dans la plupart des configurations possibles, pas dépasser env. 80% de la valeur limite
SIA 380/1. D’autre part, les valeurs limites pour les indices de dépense d’énergie thermique
pondérée Minergie® pour les bâtiments d’habitation neufs et rénovés, sont tout à fait adaptées aux
techniques de construction disponibles à ce moment.
Le justificatif prouvant que le standard MINERGIE® a été atteint doit être fourni au moyen du
formulaire justificatif MINERGIE® (outil excel) disponible sur le site www.minergie.ch. Ce fichier,
assez convivial, guide l’utilisateur par toute une série de « valeurs d’expérience », notamment en
ce qui concerne les rendements des différentes types de production de chaleur, les rendements
des différents types de récupérateurs de chaleur pour la ventilations à double-flux, les
consommations des monoblocs ventilation, etc.
Pour calculer l’indice pondéré de dépense d’énergie d’un bâtiment, on divise le besoin de chaleur
utile pour le chauffage Qh,eff (en tenant compte des déperditions thermiques dues au
renouvellement d’air) et l’eau chaude QWW par les fractions utiles η des producteurs d’énergie
choisis, on le multiplie avec le facteur de pondération g du vecteur énergétique choisi et on
l’additionne avec la dépense d’électricité pour l’aération et la climatisation ELK, également
pondérée avec le facteur de pondération g correspondant. L’indice pondéré de dépense
énergétique ainsi calculé doit être égal ou inférieur à la valeur limite MINERGIE®.
Valeur-U
Elément de construction contre Elément de construction contre
U
climat extérieur ou enterré à locaux non chauffés ou enterrés
W/m²K
moins de 2 m dans le sol. à plus de 2 m dans le sol.
Toiture, Plafond
0,2 0,25
Mur 0,2 0,28
Sol 0,2 0,28
Sol avec chauffage par le sol 0,2 0,25
Fenêtres 1,3 (1 le 01/01/05) 1,6
Portes 1,6 2,0
Ponts thermiques: Pour les ponts thermiques, le respect des valeurs limites définies par la norme
SIA 380/1 doit être assuré au moyen d'exigences individuelles pour le justificatif. La méthode de
justification est définie dans le formulaire justificatif "Justificatif SS".
MINERGIE®-P vise essentiellement le résidentiel, individuel et collectif, ainsi que les bâtiments
administratifs. MINERGIE®-P s’inspire très étroitement du standard allemand ‘’PassivHaus’’. Pour
satisfaire aux sévères exigences de MINERGIE®-P, une maison doit être planifiée, construite et
exploitée comme un système global et optimisée dans toutes ses composantes.
La puissance maximale de chauffage, en moyenne sur le bâtiment, est donnée comme suit :
Dans les constructions MINERGIE®-P, les meilleures conditions permettant une faible
consommation d'électricité doivent être réunies. Ceci exige d'une part des luminaires et des
lampes optimaux et d'autre part l'utilisation exclusive d'appareils électroménagers de la classe
d'efficacité A selon la déclaration E de l'UE (lorsque ce label existe). Pour les réfrigérateurs,
l'utilisation d'appareils de la classe d'efficacité A+ est prescrite.
Exigences supplémentaires
"Éclairage selon la norme SIA 380/4": l'exigence du standard MINERGIE®-P est remplie si la
valeur cible de la SIA 380/4 est dépassée de max. 1/4 de la différence entre la valeur limite et la
valeur cible.
Cette exigence doit être remplie pour la catégorie III Administration, excepté si l'éclairage
n'appartient pas au maître d'ouvrage mais aux locataires (nouvelle construction et rénovation).
Les bâtiments MINERGIE®-P peuvent présenter un surcoût de 15% au maximum par rapport aux
objets conventionnels comparables.
A cette époque, d’autres bâtiments expérimentaux d’une grande qualité architecturale, associant
un volume compact, une enveloppe thermique performante et une ventilation contrôlée avec
récupération de chaleur, sont construits.
A ce stade, où les concepts commencent à être assez clairement identifiés, c’est le marché de la
construction qui présente un certain décalage car il ne propose pas encore l’ensemble des
composants, nécessaires à ce nouveau type de réalisations, à un coût économiquement
acceptable ! En l’occurrence, malgré leur performance énergétique et, dans une moindre mesure,
leur performance économique, démontrées par ces quelques réalisations pionnières, le marché de
la construction ne reproduit guère encore ces concepts novateurs.
• Un progrès technico-économique
C’est donc au début des années 90 que s’engage un processus de progrès technico-économique
au niveau de certains matériaux de construction, de certains composants d’installations techniques
telles que les pompes à chaleur, les monoblocs de ventilation double-flux et des systèmes
constructifs capables d’intégrer des épaisseurs d’isolation importantes, des conduites d’amenées
d’air (ventilation double-flux). Ce processus est la conséquence de la mobilisation des années 80
de la profession, des cantons et de la Confédération.
L’un des progrès techniques les plus notables est réalisé au niveau des fenêtres et des vitrages. A
coûts pratiquement égaux, l’indice d’isolation thermique (valeur isolante) des doubles vitrages
disponibles sur le marché de la construction a chuté d’environ 3,0 W/(m².K), au début des années
1990, au niveau actuel de 1,0 W/(m².K).
D’autre part, la construction en bois se profile parmi les secteurs les plus innovants en matière
d’intégration d’importantes épaisseurs d’isolation thermique dans l’enveloppe des bâtiments.
Vision 2050
En 1998, l'Association Minergie® est officiellement fondée par les cantons de Berne et de Zurich.
Elle regroupe 19 cantons, la Confédération et des représentants du secteur privé. Minergie® sort
ainsi de son berceau zurichois et s’affiche très officiellement comme le nouveau standard de haute
performance énergétique suisse. L’association Minergie® reste privée mais devient un standard
soutenu progressivement par quasiment l’ensemble des cantons suisses. Les services cantonaux
de l’énergie des différents cantons s’occupent désormais, à l’exemple des cantons de Zürich et de
Berne, de la promotion, de la mise en place d’aides financières, de la certification et du contrôle du
standard Minergie®.
En juillet 1998, le directeur du département des constructions du canton de Zürich, procède aux
premières certifications officielles de réalisations MINERGIE®. Il s’agit de 114 réalisations de
maisons et immeubles d’habitation réalisés dans le canton de Zürich entre 1994-1998.
En 2001, le label MINERGIE® atteint une part de marché de 24% dans le canton de Zürich et plus
de 1 million de m² de surface sont certifiés MINERGIE®. Le premier hôtel MINERGIE® est
construit à Saas-Fee et une maison MINERGIE-P® à Kriens.
En 2002, des standards MINERGIE® sont développés pour toutes les catégories de bâtiments et
les premiers modules MINERGIE® pour les fenêtres sont proposés. Cette même année un
premier bâtiment allemand obtient la certification MINERGIE®.
6 Par exemple, fiche technique «Prise en compte des ponts thermiques pour le justificatif de l’isolation », Office fédéral
de l’énergie, 1996.
Mi 2007 : 6900 bâtiments environ sont certifiés MINERGIE® et 130 certifiés MINERGIE-P®.
1200
1100
1000
900
800
700
Nombre
600
500
400
300
200
100
0
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Comité directeur
Finances
Gérance
Présidence : responsable exécutif
Responsable agence construction
Groupe accompagnement
Jury Minergie
Agence Tessin
Certification Minergie-Eco®
Sites de certification
Modules Composants
Les membres de Minergie® portent l’association du même nom et soutiennent ainsi un standard
de construction d’avenir solide. Outre la Confédération, les cantons, l’économie et les écoles,
Minergie® compte de nombreux membres individuels.
Plusieurs partenaires parrainent l’association Minergie® en lui versant une contribution (Fr.
430'000 environ - en 2005). En contrepartie Minergie® offre une plateforme de communication
attrayante.
• Le réseau de partenaires
Au début des années 2000, un groupe de planificateurs s’est associé à des spécialistes et à des
architectes pour fonder l’association Architos qui regroupe actuellement 22 architectes et 10
spécialistes issus des domaines de la statique, du management de la construction, du droit de la
construction, de l’installation technique, de la physique du bâtiment et des systèmes constructifs.
Architos forme, en Suisse, une plate-forme pour la construction en bois optimisée du point de vue
énergétique. Elle se développe également en Allemagne.
o En Immeubles d’habitation
Les collectivités publiques,
Les coopératives d’habitation sans but lucratif et
Les caisses de pension / groupes de gestion de fonds de retraites.
o En maisons individuelles
• Aides fédérales
Contributions globales de la Confédération vers les cantons (en millions de Francs Suisse par an)
Année Minergie Minergie Minergie Efficacité énergétique
bâtiments neufs rénovations total total
2002 2.8 1.1 3.9 35
2003 3.8 2.0 5.8 40
2004 3.3 1.6 4.9 39
P.S. Pour évaluer le montant total des aides financières destinées à l’efficacité énergétique des bâtiments en Suisse,
Confédération et cantons confondus, on peut probablement appliquer un facteur de l’ordre de 2 (contributions de la
Confédération = contributions des cantons).
De cette répartition par mesure, découle une répartition par canton. Un canton qui ne fait la
promotion que d’une seule mesure jugée très efficace touchera proportionnellement beaucoup
plus qu’un canton ayant un politique énergétique plus diversifiée et qui soutient notamment le
solaire. Pour compliquer le tout, l’évaluation faite en l’an t se base sur les données de l’année t-1
et donne droit à des contributions en t+1.
7 Zusammenarbeit zwischen Bund und Kantone in der Energiepolitik, Prof. Urs Klöti, Universität Zürich, März 1998, im
Auftrag des Bundesamtes für Energie, Bern.
8 Wirkungsanalyse kantonaler Förderprogramme in Rahmen von Art 15 EnG, Infras, Juli 2004, im Auftrag des
Bundesamtes für Energie, Bern.
Le fait que plusieurs cantons suspendent actuellement leurs dispositifs promotionnels en raison
d’un épuisement des budgets alloués et/ou d’une révision du mode de leur implication, est
certainement en partie lié au mode de péréquation budgétaire existant actuellement entre la
Confédération et les cantons. D’autre part, les cantons sont actuellement un peu victime du succès
de leurs dispositifs de soutien financier, notamment auprès des maîtres d’ouvrage.
o Le centime climatique
En 2005, la Confédération a instauré le centime climatique sur les carburants en tant que mesure
volontaire au sens de la loi sur le CO2. Celle-ci prévoit l’introduction d’une taxe sur le CO2, sauf si
les mesures dites volontaires se sont avérées assez efficaces pour que la Suisse respecte ses
engagements du protocole de Kyoto, ratifié en 2003.
Le centime climatique consiste en une redevance de 1,5 centimes par litre sur toutes les
importations d'essence et de diesel. Cette redevance génère annuellement environ 100 millions de
francs suisses qui sont gérés par une fondation dont le but est de combler le déficit par rapport à
l'objectif de réduction de CO2. A cette fin, la fondation finance des programmes aussi bien en
Suisse qu’à l’étranger. Un de ces programmes est le « Programme Bâtiments » qui se concentre
essentiellement sur la rénovation énergétique des enveloppes de bâtiments existants et, dans une
moindre mesure, des bâtiments neufs. Les aides sont attribuées par m² d’enveloppe
thermiquement assaini (rénovations) ou intégrant un standard thermique supérieur (bâtiments
neufs). Ce programme se veut un complément aux activités des cantons, et souvent les services
cantonaux de l’énergie procèdent à un examen préalable des demandes. Le centime climatique ne
concerne que les carburants. L’introduction d’une taxe sur le CO2 sur les combustibles est toujours
en débat devant le Parlement.
• Aides cantonales
70% des cantons subventionnent d’une manière ou d’une autre des constructions Minergie® y
compris le nouveau standard de très haute performance énergétique Minergie-P®. A noter, le
canton de Zürich ne subventionne plus le standard Minergie® pour bâtiments neufs, mais
seulement Minergie-Rénovation et Minergie-P®. Cette tendance risque de se généraliser car en
suisse alémanique, la construction de bâtiments neufs intégrant le standard Minergie ne donne
plus des plus-values importantes. Cela semble même devenir le standard.
Les installations de production de chaleur faisant recours au bois (80%) et à d’autres énergies
renouvelables (60%), les installations solaires, thermiques (90%) ou photovoltaïques (70%) sont
également subventionnées par la plupart des cantons.
Energies renouvelables
Production de chaleur
Pompes à chaleur
Solaire thermique
Bâtiments neufs
Chaudières bois
Photovoltaïque
Rénovations
MINERGIE-P
Enveloppe
1 ARGOVIE Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
2 APPENZELL EXT. Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
3 APPENZELL INT. Oui Oui Oui Oui
4 BÂLE-CAMP. Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
5 BÂLE-VILLE Oui Oui Oui Oui Oui Oui
6 BERNE Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
7 FRIBOURG Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
8 GENÈVE Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
9 GLARIS Oui Oui Oui Oui Oui Oui
10 GRISONS Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
11 JURA Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
12 NEUCHÂTEL Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
13 NIDWALD Oui Oui Oui Oui Oui Oui
14 SCHAFFHOUSE Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
15 SOLEURE Oui Oui Oui Oui Oui
16 TESSIN Oui
17 THURGOVIE Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
18 URI Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui
19 VALAIS Oui Oui Oui Oui Oui
20 ZURICH Oui Oui Oui Oui Oui Oui
21 LIECHTENSTEIN Oui Oui Oui Oui
TOTAL (nombre) 14 16 16 8 12 13 17 7 19 15
TOTAL (%) 67% 76% 76% 38% 57% 62% 81% 33% 90% 71%
Cantons dont la législation en la matière est actuellement en révision et/ou dont les budgets sont épuisés (2006)
1 LUCERNE
2 OBWALD
3 SAINT-GALL
4 VAUD
5 ZOUG
L’attribution de droits à bâtir supplémentaires motive depuis peu les promoteurs immobiliers
« ordinaires » et les conduit à envisager la réalisation de bâtiments Minergie®. Par exemple dans
• Aides privés
Certaines banques proposent des hypothèques (prêts) à taux d’intérêt plus bas pour des
réalisations Minergie®.
(11) Hypotheques_a_taux_reduit.pdf
Une étude d’évaluation du label Minergie® réalisée en 2004 [3] pointait cette limite : « les
bâtiments MINERGIE® intègrent certes une enveloppe thermiquement plus performante
(épaisseur d’isolation plus importante) et sont équipés d’installations de production de chaleur
faisant recours dans une plus large mesure à des énergies renouvelables que des bâtiments
conventionnels. Cependant, concernant le travail de planification et de mise en œuvre, ils ne sont
toutefois guère plus exigeants que des bâtiments conventionnels.
La plus grande différence est constatée pour les installations de ventilation contrôlée qui exigent
une coordination renforcée entre les différents planificateurs (architectes, ingénieurs, fabricants,
entreprises et maîtres de l’ouvrage). C’est donc spécifiquement à ce niveau que subsistent
généralement des problèmes : Comme l'enquête l'a montré, l’échange d’information entre les
acteurs se fait soit de manière insuffisante, soit trop lentement. Les différents acteurs ont
également peu de confiance mutuelle, en ce qui concerne les connaissances techniques.
Par conséquent, dans les mesures d'optimisation l'accent doit être mis sur la communication entre
l’ensemble des participants et sur l'amélioration des connaissances techniques ; presque toutes
les propositions (mesures d'optimisation évoquées dans cette étude) visent donc l'information
mutuelle et la formation des acteurs.
On peut toutefois dire que le standard MINERGIE® ne cause ni dans la planification ni dans la
mise en œuvre ou dans l'utilisation des logements de nouveaux problèmes. Ce sont plutôt des
points de conflit déjà connus qui sont accentués par des exigences de qualité en partie plus
élevées. »
Le label MINERGIE® est couplé à des modules Minergie®. Aujourd'hui 56 modules sont certifiés.
D'autres sont en préparation comme les fenêtres, l'éclairage, le chauffage au bois. Les modules
sont des sous constructions du bâtiment du point de vue énergétique.
Les entreprises suisses se caractérisent par un savoir-faire reconnu et leur précision. Soucieuses
de réaliser des bâtiments durables, elles utilisent des techniques de construction et accordent le
plus grand soin à la mise en œuvre afin de garantir la longévité du bâti.
Ce savoir-faire est renforcé par le souci constant des organisations professionnelles d’informer
leurs adhérents des évolutions technologiques. Par exemple à la fin des années 80, la
Confédération, la SIA, le LIGNUM (Union suisse en faveur du bois) ont publié toute une série
d’ouvrages visant à réactiver l’utilisation du bois dans la construction en mettant en avant ses
qualités environnementales en tant que matériau de construction renouvelable et peu gourmand
en énergie grise. Un autre ouvrage (le « Schweizer Energiefachbuch » - Manuel-Energie-Suisse)
parait chaque année depuis 1983 et propose un état des lieux énergétique du marché de la
construction. Il passe en revue des réalisations exemplaires en la matière, les innovations dans le
domaine des matériaux de construction, des modes de mise en œuvre, des installations
techniques mais également des nouveaux modes de financement Il permet ainsi aux
professionnels du bâtiment de se tenir à jour dans ce domaine en constante évolution.
• Performance énergétique
Une étude d’évaluation du label Minergie® a été lancée à l’initiative des services de l’énergie des
cantons [3]. Elle a conduit à la vérification des documents de certification, à des relevés de
consommation d’énergie et à des enquêtes auprès des occupants.
Les relevés effectués dans près de 500 maisons individuelles et logements collectifs (tableau ci-
dessous) montrent que :
- en individuel, tant neuf que rénové, l’indice énergétique moyen est inférieur aux exigences du
label,
(*) : En 2002 la procédure de calcul Minergie® s’est adaptée à l’évolution de la SIA380/1, notamment pour
ce qui concerne les valeurs limites. Cette évolution concerne une vingtaine de site sur l’ensemble de
l’échantillon de l’étude.
Il est difficile d’expliquer le dépassement propre au collectif : selon les auteurs de l’étude il est
possible qu’en maison individuelle la motivation des occupants soit plus forte qu’en collectif où
chacun des occupants ne se sentirait pas directement responsable des consommations
coillectives.
De l’étude, il ressort également que, en moyenne, les indices énergétiques calculés pour la
certification Minergie® sont bien inférieurs aux limites du label et qu’en fait les indices mesurés
restent inférieurs pour les maisons individuelles alors qu’ils deviennent un peu supérieurs pour le
collectif.
« Des articles qui ont traité Minergie® d'un œil critique ont été publiés de temps en temps dans la
presse. Les reproches principaux concernent essentiellement les différences entre l’indice
énergétique Minergie® calculé et les consommations d'énergie effectives mesurées, un manque
de contrôle, la possibilité d'atteindre les objectifs quasi exclusivement au moyen d’installations
techniques spécifiques (par exemple : pompe à chaleur, capteurs solaires thermiques, etc.) sans
Ces reproches n'ont pas pu être confirmés par les résultats de la présente étude. Les contrôles
des justificatifs effectués par les bureaux certificateurs se sont avérés efficaces en amont, et lors
des contrôles de mise en œuvre, aucune différence significative, entrainant des conséquences
négatives sur la consommation d'énergie par rapport aux valeurs annoncées dans le justificatif, n'a
été constatée. L’analyse des données déclarées dans les justificatifs a démontré que les concepts
énergétiques (des bâtiments) étaient, dans la très grande majorité des cas, valables et équilibrés.
Le contrôle de l'indice énergétique de plus de 500 constructions Minergie a également confirmé
que les faibles consommations d'énergie calculées sont atteintes en pratique.
Cette étude propose une analyse assez exhaustive comprenant les données mesurées et
calculées de 58 bâtiments :
Habitat individuel 41
Habitat collectif 11
La figure suivante montre la nature et la fréquence des erreurs constatées par les certificateurs :
Le même rapport mentionnait en fait surtout des difficultés de communication entre les acteurs (cf.
infra 3.5 : « Difficultés de mise en euvre »). Comme l’indiquent les graphiques ci-dessous, ce
décalage semble pour beaucoup résulter des connaissances techniques hétérogènes que
possèdent les acteurs (maître d’ouvrage, architectes et ingénieurs).
Consciente que les bâtiments MINERGIE® réclamaient des réglages plus fins, la CIA a demandé
au bureau d’études qui avait assuré la conception de l’opération d’encadrer pendant trois ans
l’entreprise de chauffage qui s’occupe désormais de la maintenance des installations. L’objectif
était d’éviter que l’entreprise de chauffage prenne l’initiative d’augmenter la température du
chauffage pour répondre aux demandes intempestives et souvent injustifiées des locataires. Au
terme de ces trois ans, la CIA considère que l’entreprise de chauffage pourra intervenir seule. En
cas d’écart par rapport aux trois premières années, elle devra de toute façon se justifier.
Par ailleurs la CIA a accepté de payer davantage son prestataire puisque les installations étaient
plus complexes. Enfin, la CIA a entrepris une action de formation et d’information de ses
locataires.
4.3 PERCEPTION DE L'UTILISATEUR FINAL
Bürgi [81] indique que c’est essentiellement en termes d’usage que le label MINERGIE® apporte
une valeur ajoutée :
• Meilleure protection contre le bruit et les intrusions grâce aux fenêtres fermées,
• Protection contre les pollens et la poussière grâce aux filtres de la ventilation contrôlée,
• Relative indépendance par rapport à l'évolution des prix de l'énergie grâce à une utilisation
rationnelle de l'énergie,
• Maintien de la valeur, car les objets MINERGIE® correspondent déjà aujourd'hui aux
standards de construction de demain. »
Ces éléments sont confirmés par l’étude [3] qui porte aussi sur l’appréciation des utilisateurs de
maisons labélisées :
Les réalisations en Suisse sont en évolution constante comme le montrent les tableaux ci-
dessous. Le label ne fait pas encore l’objet de réalisation en dehors de la Suisse.
5.1 FORCES
• Le programme s’est attaché un ensemble cohérent de partenaires qui sont autant de relais
et de diffuseurs : Confédération, Cantons, industriels, SIA…
• Le programme ne prend pas en compte que les aspects financiers et techniques. Une
action vigoureuse de marketing et de communication a été entreprise pour favoriser la
diffusion du label : création d’un site internet, organisations de conférences régulières,
publication de guides concrets sur la manière de construire.
• Peu d’informations ont été diffusées sur la façon d’assurer le confort en été dans les
bâtiments labélisés Minergie®.
• Le label concerne avant tout les bâtiments neufs alors que les gains à réaliser en matière
de consommations d’énergie concernent en priorité le parc existant.
5.3 OPPORTUNITES
• La diffusion plus large de la technique et des produits pourrait conduire à une baisse des
coûts. Cette baisse alliée à une augmentation du coût des énergies, pourrait conduire à
rendre ces programmes plus attractifs. L’attrait serait d’autant plus grand que cela réduirait
les risques dus à des tensions sur la disponibilité des énergies.
• Dans un marché immobilier serein, le label Minergie® constitue un atout pour la location ou
la revente.
5.4 MENACES
• A ce jour le label Minergie® ne constitue pas de façon claire un atout pour la location ou la
revente [3], notamment à cause de la pénurie actuelle sur le marché immobilier. Si cela
changeait, il constituerait un argument supplémentaire pour la promotion et la diffusion de
Minergie®.
• Une forte et très hypothétique baisse du coût de l’énergie et / ou des études montrant que
les performances enregistrées sur les bâtiments ne sont pas aussi importantes que celles
qui sont annoncées.
Créée fin 2005, l’association française EFFINERGIE a entre autres pour ambition de :
Les bases du label basse consommation EFFINERGIE pour les bâtiments neufs ont déjà été
établies à partir des exigences de la RT2005 (performance énergétique, confort d’été). Les usages
pris en compte sont ceux de la RT2005 et le niveau d’exigence est exprimé en énergie primaire :
• 50 kWh/m² par an en résidentiel à moduler selon les zones climatiques d’un facteur 0,9 à
1,3,
Pour le résidentiel existant, le label prévoit une consommation maximale de 80 kWh/m² par an
modulable selon les régions.
Le label EFFINERGIE, dans un souci de cohérence avec la RT2005, s’appuie sur des méthodes
de calcul différentes de MINERGIE® et il ne prend pas les mêmes surfaces de référence et les
mêmes périmètres d’usages de l’énergie. En outre, les règles de conversion énergie
primaire/énergie finale pour l’électricité ne sont pas les mêmes. Malgré ces différences, les
exigences d’EFFINERGIE apparaissent légèrement supérieures.
Pour concurrencer ce label, l’ONG PRIORITERRE est devenue en janvier 2007 le certificateur
officiel et exclusif du label MINERGIE®.
Sans préjuger du résultat de ces deux démarches parallèles et concurrentes et malgré les
différences entre EFFINERGIE et MINERGIE®, il apparaît opportun de repérer les facteurs qui ont
favorisé ou bloqué la diffusion du label basse consommation suisse et d’examiner si ces facteurs
sont présents ou reproductibles dans le contexte français.
Le succès de la diffusion du label MINERGIE® en Suisse est le fruit d’un ensemble d’actions et de
facteurs qui ne pourront pas toujours être reproduits à l’identique :
• Des guides à destination des professionnels ont été conçus afin de favoriser la diffusion
des bonnes pratiques et s’assurer que le plus grand nombre de professionnels du bâtiment
(architectes, ingénieurs, maîtres d’ouvrage…) allaient adhérer à cette démarche. Un des
objectifs de l’association EFFINERGIE est justement de développer des guides
d’application qui permettent aux différents acteurs de réussir leurs projets.
• Un soutien financier actif : Au-delà de la Confédération, les cantons ont subventionné les
premières opérations de manière à compenser les surcoûts de construction. De plus les
banques proposent des prêts à taux d’intérêt plus faibles pour des réalisations
MINERGIE®.
A priori, l’ensemble de ces éléments qui ont contribué au succès de MINERGIE® pourraient être
reproduits et participer au succès d’un label équivalent en France. Néanmoins, le succès d’un
label basse consommation repose sur la disparition de certains obstacles.
• Certains facteurs qui ont contribué au succès du label suisse ne se retrouveront pas en
France :
(01) Internationaler Vergleich von Energiestandards im Baubereich, Bundesamt für Energie BFE,
3003 Bern, mars 2005, office@bfe.admin.ch · www.ewg-bfe.ch
(02) Comparaison internationale des standards énergétiques dans le bâtiment (résumé),
Bundesamt für Energie BFE, 3003 Bern, mars 2005, office@bfe.admin.ch · www.ewg-bfe.ch
(03) Praxistest MINERGIE® , Erfahrungen aus Planung, Realisierung und Nutzung von
MINERGIE-Bauten / Schlussbericht, juin 2004, www.fhsg.ch/architektur ou www.minergie.ch
(04) Praxistest MINERGIE® , Erfahrungen aus Planung, Realisierung und Nutzung von
MINERGIE-Bauten / Vortrag, juin 2004, www.fhsg.ch/architektur ou www.minergie.ch
(05) Praxistest MINERGIE® , Erfahrungen aus Planung, Realisierung und Nutzung von
MINERGIE-Bauten / Zusammenfassung, juin 2004, www.fhsg.ch/architektur ou www.minergie.ch
(06) Gebäudeausweis in der Schweiz – Mögliche Vollzugsmodelle, octobre 2006, Bundesamts für
Energie,: www.energieforschung.ch; www.ewg-bfe.ch
(07) Stand der Energiepolitik in den Kantonen, printemps 2006, Bundesamt für Energie Sektion
Öffentliche Hand und Gebäude 3003 Bern, bellinda.tria@bfe.admin.ch
(08) Etat de la politique énergétique dans les cantons, printemps 2006, Office fédéral de l’énergie
Section collectivités publiques et Bâtiment 3003 Berne, bellinda.tria@bfe.admin.ch
(09) Marketing und PR Strategie Minergie und Passivhaus, 2002, Bundesamtes für Energie, Linder
Kommunikation AG, zuerich@linder-kom.ch
(10) Aides financières cantonales 2006.pdf
(11) Listing des banques qui accordent des hypothèques à taux reduit.pdf
(12) Listing des logiciels homologués pour le calcul du bilan énergétique selon SIA_380/1.pdf
(50) Vom Niedrigenergiehaus zum Passivhaus - Erfahrungen mit Gebäuden ohne Heizung,
Wolfgang Feist , extrait de «Stadt mit Zukunft - energiebewußt und urban», Landeszentrale für
politische Bildung, Baden-Württemberg, Bad Urach/Stuttgart, Januar 1997
(60) Collection des normes SIA, www.sia.ch, 2005
(61) L’énergie dans le bâtiment: technique de la construction / Introduction, Schweizer
Baudokumentation, www.baudoc.ch, 1999
(62) L’énergie dans le bâtiment: technique de la construction / Energie et écologie, Schweizer
Baudokumentation, www.baudoc.ch, 1999
(63) L’énergie dans le bâtiment: technique de la construction / Isolation thermique et confort /
risque de dommages, Schweizer Baudokumentation, www.baudoc.ch, 1999
(64) L’énergie dans le bâtiment: technique de la construction Assainissement thermotechnique et
énergétique de bâtiments, Schweizer Baudokumentation, www.baudoc.ch, 1999
(65) L’énergie dans le bâtiment: technique de la construction / Exemples tirés de la pratique,
Schweizer Baudokumentation, www.baudoc.ch, 1999
(70) Amélioration thermique des bâtiments; Manuel études et projets, Office Fédéral des
Questions Conjoncturelles, 1980
(71) NiedrigEnergieHäuser, Othmar Humm, 1990, ökobuch Verlag, ISBN 3-922964-51-6
(72) Soleil et architecture – Guide pratique pour le projet (dans le cadre du programme d’impulsion
PACER) , 1991, 140 pages, ISBN 3-905232-05 -7, Office central fédéral des imprimés et du
matériel, 3000 Berne, N° de commande 724.212 f
(73) Isolation thermique et maîtrise de l'énergie dans le bâtiment, élément 29, Industrie suisse de
la terre cuite, Zürich, 1993
(74) Calcul de la valeur-k et catalogue d'éléments de construction, Office fédéral de l'énergie,
1994
(75) Catalogue des ponts thermiques, EnergieSuisse,Office fédéral de l'énergie, 2003
(76) Catalogue d'éléments de construction avec calcul de la valeur-U, Construction neuve,
SuisseEnergie, Office fédéral de l'énergie, 2003
(77) Catalogue d'éléments de construction avec calcul de la valeur-U, Assainissement,
SuisseEnergie, Office fédéral de l'énergie, 2003
(78) Savoir construire Eco-logique –nomique, Guide pour le maître de l’ouvrage, Hansruedi
Preisig, Werner Dubach, Ueli Kasser, Karl Viridén, Werd Verlag, 1999
(79) Öko-logische Baukompetenz, Handbuch für die kostenbewusste Bauherrschaft, Hansruedi
Preisig, Werner Dubach, Ueli Kasser, Karl Viridén, Werd Verlag, 1999
(80) Meier R et S. Frauenfelder, Stratégie MINERGIE pour le canton du Valais – Rapport final,
Département de la santé, des affaires sociales et de l’énergie du canton du Valais, novembre
1998.
(www-01) www.bien-construire.ch
(www-02) http://www.idea-architecture.org
(www-03) http://www.unige.ch/cuepe/virtual_campus/
(www 04) http://www.stiftungklimarappen.ch/
En tant que caisse de prévoyance, la CIA investit 30% de ses fonds dans l’immobilier locatif.
En tant qu’investisseur, gestionnaire de bâtiment la CIA s’est intéressée au début des années 2000 aux
bâtiments à basse consommation. C’est ainsi qu’elle a porté un projet relatif à 120 logements à basse
consommation qui répondaient au label MINERGIE (voir image ci-dessous). Ces logements se
répartissaient sur trois blocs de bâtiments de six étages (avec rez-de-chaussée) pour un total de neuf
entrées.
Le Pommier, au Grand-Saconnex. Ensemble d’Immeubles : rue Sonnex 19, 21, 23, rue Alberto Giacometti 8, 10 et rue Gardiol 8, 10, 12, 14. Construits en
2004 (Etape B1). (© CIA)
1. l’opération fut subventionnée au niveau cantonal (désormais ces aides n’existent plus),
2. l’opération bénéficia d’une dérogation relative à l’installation d’un système de décompte individuel
pour les frais de chauffage. La réglementation du canton de Genève estime effectivement que dans
des bâtiments à basse consommation, ce décompte peut être superflu dans la mesure où il
engendre des surcoûts à l’installation mais aussi aux stades de la gestion et du suivi. Ces coûts
risquaient alors de représenter une part importante de la facture énergétique des logements et
auraient pu être mal perçus par les locataires. Le choix fut donc de construire un bâtiment plus
performant à la source et de faire appel au sens civique de l’usager.
Sur le plan des résultats mesurés, il s’avère que les bâtiments construits selon le standard MINERGIE
consomment deux fois moins qu’un bâtiment classique qui suit la réglementation thermique en vigueur.
• En tant que maître d’ouvrage gestionnaire devant rendre des comptes à son Conseil de fondation, la
CIA voulait un bâtiment durable et était consciente qu’il convenait de mettre en œuvre une gestion
optimale pour que les consommations réelles se situent au niveau des calculs théoriques du label.
• Consciente que ces bâtiments réclamaient des réglages plus fins, la CIA a demandé au bureau
d’études qui avait assuré la conception de l’opération d’encadrer pendant trois ans l’entreprise de
chauffage qui s’occupe désormais de la maintenance des installations. L’objectif était d’éviter que
l’entreprise de chauffage prenne l’initiative d’augmenter la température du chauffage pour répondre
aux demandes intempestives et souvent injustifiées des locataires. Au terme de ces trois ans, la CIA
considère que l’entreprise de chauffage pourra intervenir seule. En cas d’écart par rapport aux trois
premières années, elle devra de toute façon se justifier.
• Le CUEPE de l’Université de Genève fut aussi chargé du suivi de cette opération pilote pendant
trois ans.
• Un contrat de maintenance fut établi pour chaque chaufferie. Les installations étant plus complexes,
le contrat était d’un montant plus élevé que pour des bâtiments traditionnels.
• Après les six premiers mois d’emménagement, la CIA a entrepris une action de formation et
d’information de ses locataires. La caisse a préféré attendre cette période de six mois afin que les
locataires apprennent à vivre quelques temps dans leur logement et que les premiers réglages
propres à de nouveaux bâtiments soient effectués. Ceci permettait surtout de répondre aux
problèmes réels des locataires.
Six mois après l’entrée des locataires, la CIA a distribué le guide MINERGIE, conçu par le service
cantonal de l’énergie et publié en français et en anglais Ce guide didactique fournit des informations
élémentaires et répond à des questions très pratiques (Quelles sont les températures normales
dans un logement MINERGIE ? Qu’est-ce que le double flux ?). A l’occasion de cette distribution, les
locataires furent réunis. L’objectif de la CIA était de leur fournir des explications sur la brochure
MINERGIE, de communiquer les premiers résultats des consommations des bâtiments et de
répondre aux questions en suspens (suite aux premiers ajustements, plusieurs critiques tombèrent
durant la période des six premiers mois).
Pour récupérer son investissement initial, la CIA a augmenté ses loyers en proportion du surcoût initial. Ceci
ne posait pas de problèmes dans la mesure où la région de Genève connaît une pénurie de logements et où
le marché est tendu. Par ailleurs, même si ces logements se situent sur un marché libre, les loyers sont
soumis à un contrôle (la législation prend cependant en compte le surcoût de construction et autorise des
loyers supérieurs de façon à encourager la baisse des consommations d’énergie).
En dépit de ce surcoût les locataires consacrent moins de ressources à leur budget logement qui comprend
le loyer et les provisions sur charges relatives aux consommations d’énergie et au chauffage.
Les enseignements :
Les locataires sont aujourd’hui satisfaits du confort apporté par leur logement. Les plaintes et critiques ont
disparu. Le seul problème qui persistait, a été résolu par le dialogue. Cela concernait un ostéopathe qui
exerce sa profession dans un local (situé dans les arcades du bâtiment). Il se plaignait de la faible
température pour ses clients. La CIA lui a alors demandé d’utiliser un chauffage d’appoint dans les pièces
où cela s’avérait nécessaire. En effet, il était inconcevable d’augmenter la température de 2°C dans
l’ensemble du bâtiment. Cela aurait engendré une hausse des consommations de 14%. Il apparaît donc à
chaque fois nécessaire de maintenir le dialogue avec les locataires de façon à trouver la solution qui se
révèle optimale sur le plan collectif.
Bien que la CIA soit très satisfaite du résultat de cette opération et qu’elle mènera prochainement un second
investissement de nature identique, elle n’envisage pas de systématiser ce type d’opération. Par exemple,
cette première opération a bénéficié d’une subvention qui représentait environ 0,5% du coût de construction.
Ces subventions n’existent plus aujourd’hui. Tout nouvel investissement requiert d’intégrer cette nouvelle
La CIA qui possède un parc de 7100 logements n’envisage pas pour le moment d’appliquer le label
MINERGIE dédié aux bâtiments existants. Elle considère au-delà du coût de ses opérations que cela peut
conduire à dénaturer un bâtiment. Si la problématique énergétique n’a pas été intégrée dès la conception,
cela paraît souvent inopportun de la réintégrer par la suite en modifiant d’une manière lourde l’enveloppe de
l’immeuble, son architecture et son fonctionnement sur le plan technique. Des interventions ciblées sur les
installations techniques, voire certains éléments et un dialogue destiné à modifier le comportement des
usagers des bâtiments, semblent a priori plus adaptés.
B4 – ETATS-UNIS :
LES PROGRAMMES « BUILDING AMERICA»,
« ZERO ENERGY HOMES »
ET « LEADERSHIP IN ENERGY AND
ENVIRONMENTAL DESIGN » (LEED)
- une dépendance énergétique relativement faible (29 % d’énergie primaire est importée).
- Résidentiel : 256 kWh/m² d’énergie primaire ce qui est du même ordre que les bâtiments français,
- Tertiaire : 561 kWh/m² d’énergie primaire ce qui est supérieur aux bâtiments français.
Pour les maisons individuelles la construction bois est très fortement utilisée. Les constructions sont
généralement réalisées sur site et l’isolation est mise en place à l’intérieur des ossatures bois. Des panneaux
sandwichs préfabriqués sont utilisés de manière non négligeable.
Les systèmes de climatisation sont très fréquents mais les systèmes de ventilation spécifique ne sont pas
systématiques.
On peut différencier aux Etats-Unis 6 grands types de climat. Le climat « mixed Humid » qui couvre une
partie de l’est américain est le plus proche du climat Français.
ANTERIORITES
- met en place ou renforce les normes d’efficacité énergétique pour de nombreux équipements utilisés
dans les bâtiments résidentiels ou non résidentiels
- instaure des aides fiscales pour les actions de maîtrise de l’énergie et de sources alternatives
d’énergie
- impose aux états la mise en oeuvre de réglementations sur les bâtiments non résidentiels basés sur une
norme d’efficacité énergétique définie par l’association des ingénieurs de génie climatique (American
Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers - ASHRAE)
Des aides de certains états peuvent couvrir jusqu’à 50 % du coût des systèmes photovoltaïques sous des
formes diverses.
Le ministère de l’Energie (DOE – Department of Energy) a définit une feuille de route qui définit les
performances à atteindre par rapport aux bâtiments du milieu des années 1990. -40 % en 2010, -50 % en 2015,
-70 % en 2020 avec en 2020 une production locale satisfaisant les besoins.
Depuis 1996 le département de l’énergie soutient les programmes « Construire l’Amérique » (Building
America) et « Maisons zéro Energie » (Zero-ENERGY HOMES)qui portent sur les maisons individuelles
neuves ou réhabilitées. Cependant, dans la pratique, environ 95 % du budget est employé pour des projets
portant sur le neuf. Des travaux portant sur les solutions pour l’existant ont été menés mais n’ont pas à l’heure
actuelle fait l’objet d’une diffusion.
Ces programmes sont une des actions visant à mettre en œuvre la feuille de route Ils poursuivent à la fois des
objectifs de baisse des consommations d’énergie et d’amélioration des performances économiques des
entreprises impliquées dans le programme. Le budget fédéral dédié au programme « Construire l’Amérique »
s’élevait à 16M$ pour 2005. Ce budget couvre les activités de conception, de formation, de tests et aussi la
publication des guides.
- L’intégration de systèmes de production décentralisés afin d’arriver en 2020 à des bâtiments zéro
énergie et
- Le soutien aux entreprises pour réduire les temps de construction et les déchets,
Le programme vise notamment à modifier les habitudes individualistes des acteurs. L’idée est de promouvoir
un travail collectif et des approches systèmes (system engineering approches).
Une des hypothèses du programme « Construire l’Amérique » est que des économies d’énergie importantes
peuvent être obtenues à coût nul et marginal via une optimisation globale des systèmes. L’exemple type est la
réduction des coûts des systèmes de chauffage climatisation rendue possible par un surinvestissement dans
l’enveloppe.
LES ACTEURS
Les programmes sont portés par plusieurs consortiums placés sous l’autorité d’un leader qui coordonne des
équipes pluridisciplinaires composées d’architectes, d’ingénieurs, de producteurs d’équipement, de
fournisseurs de matériaux, de collectivités locales, d’entreprises de construction, de sociétés de crédit
immobilier. La plupart des consortiums sont impliqués dans les deux programmes.
Les consultants spécialistes des questions énergétiques, et les constructeurs de maison individuelles forment
les acteurs clés des programmes. :
Ceci explique aussi pourquoi un des points clés du programme est la réalisation de guides de
construction utilisables par les entreprises de construction (gros œuvre et second œuvre). Ces guides
ont été établis progressivement à partir des études menées par les différents consortium. Chaque
consortium a son approche par rapport à ces guides (descriptions succinctes des performances des
composants à mettre en œuvre ou descriptions détaillées de maisons dont les usages sont conformes
aux attentes (60 pages décrivent les plans et vont jusqu’aux détails constructifs).
Les constructeurs de maisons ont une place centrale puisqu’ils portent les produits finaux. Ce ne sont pas les
perspectives liées à une baisse des consommations énergétiques des bâtiments construits qui les motivent. Ce
sont davantage les perspectives d’amélioration de la qualité du bâti et de réduction des risques de litiges et de
malfaçons (en particulier des problèmes de condensation et de moisissures) qui les stimulent. Côtés sur les
marchés financiers, ils réussissent par ce biais à satisfaire des actionnaires sensibles à la baisse du nombre de
litiges et de recours en justice.
En outre, dès que la direction générale est convaincue de l’intérêt d’adopter une approche globale de
la conception des maisons, les entreprises ont les capacités pour mettre en œuvre les nouvelles
techniques avec le support de l’équipe projet Construire l’Amérique et l’aide indirecte des guides.
Les producteurs d’équipement et les fournisseurs de matériaux jouent un rôle moins central. Néanmoins, ils
sont étroitement associés à la rédaction de guides et à l’optimisation des solutions retenues par les consortiums
pour les différentes zones climatiques.
LE MARKETING DU PROGRAMME
Les consultants qui pilotent la plupart des consortiums, présentent sur leur site internet les finalités du
programme « Construire l’Amérique ». Des études de cas exposant les atouts du programme pour les
acheteurs sont exposés. Il est également possible d’acheter en ligne les guides de mise en œuvre qui ont été
conçus pour les différentes zones climatiques.
Les constructeurs n’ont pas négligé les aspects commerciaux. Des documents de promotion destinés aux
acheteurs insistant sur la réduction des factures énergétiques, la possibilité d’acheter autre chose avec l’argent
économisé, le confort, la durabilité et la qualité du bâti pour la santé, ont été diffusés.
Par ailleurs, le programme fournit des exemples concrets de plans de financement prenant en compte les
différentes aides disponibles.
Un système d’évaluation de la performance énergétique des maisons est en place depuis 2002. Il est géré par
le Residential Energy Services Network (RESNET). L’objectif de ce réseau est d’éduquer le public sur les
avantages des maisons économes en énergie. La première version de ce système prenait en compte le
chauffage, la climatisation et l’eau chaude sanitaire. En 2006 le système a été modifié pour intégrer
l’ensemble de la consommation d’énergie de la maison.
Ce système d’évaluation de la performance est utilisé pour la distribution des prêts aidés et pour l’obtention
d’un certificat de performances énergétique via le label ENERGY STAR.
ENERGY STAR est un label sur la performance énergétique qui s’applique en premier lieu à des produits
industriels. Il traite notamment pour le bâtiment des performances des climatiseurs, des chaudières, des
pompes à chaleurs, des ventilateurs, de l’éclairage, des matériaux de couverture, des portes et fenêtres…
Le niveau actuel du label correspond à une réduction de consommation de 30 % par rapport à une maison type
de 1993. Le label peut être obtenu soit via le calcul de la performance énergétique soit par l’application de
packages de solutions standard.
TECHNOLOGIES APPLIQUEES
Les consommations typiques d’une maison américaine se répartissent principalement entre le chauffage
(30 %), l’éclairage (12 %) et la climatisation (11 %). Le reste provenant des usages spécifiques de l’électricité.
Ossature bois : L’épaisseur des ossatures est augmentée pour permettre la mise en place d’une plus grande
épaisseur d’isolant.
Les intercalaires sont éloignées les unes des autres pour réduire les ponts thermiques.
Une membrane d’étanchéité à l’air est mise en place sur la face extérieure.
Les détails des jonctions sont soignés pour éviter les problèmes d’infiltration d’air.
Fenêtres : Les fenêtres métalliques avec vitrage standard sont remplacées par des fenêtres PVC avec vitrage
peu émissif (double vitrage).
Réseau de distribution : Les réseaux de distribution d’air chaud ou froid sont passés en volumes conditionnés
(par exemple en isolant les combles) pour récupérer les pertes.
On recherche des réseaux courts entraînant moins de pertes et plus facile à rendre étanches.
Pour les bâtiments du programme Maisons Zero Energie recours systématique au solaire photovoltaïque et à
un système solaire thermique pour la production d’eau chaude sanitaire.
Chauffage Générateur d’air chaud Générateur d’air chaud Générateur d’air chaud
rendement annuel 90 % rendement 90 % ou rendement 80 % ou
ou PAC sur air avec PAC sur air avec cop PAC sur air avec cop
cop Annuel de 2,1 Annuel de 2,1 Annuel de 2,1
Chauffage Générateur d’air chaud Générateur d’air chaud Générateur d’air chaud
rendement annuel 90 % rendement 80 % ou rendement 90 % ou
ou PAC sur air avec PAC sur air avec cop PAC sur air avec cop
cop Annuel de 2,1 Annuel de 2,1 Annuel de 2,1
toiture Shingle gris brun avec débord de Ardoises blanches avec débord
45 cm de 91 cm
Isolation des murs R=0,7 en intérieur des blocs R= 1,8 en extérieur des blocs
béton béton
Pour favoriser la mise en œuvre du programme « Construire l’Amérique » qui requérait une approche
système, des guides opérationnels ont été conçus par les équipes constitués principalement de consultants, de
constructeurs et d’industriels.
Ces guides qui présentent un recueil des meilleures pratiques en cours ont été réalisés via :
- des travaux de simulation présentant les coûts et bénéfices des différentes solutions de conception retenues,
Les solutions adaptées à chaque zone climatique ont été testées sur la base des premières maisons réalisées en
intégrant les objectifs de réduction des coûts et une réflexion sur les modes de financement.
Ce processus de recherche action portant sur l’assemblage et la réalisation des maisons, a conduit à
l’enrichissement progressif des premières approches.
La réussite du programme « Construire l’Amérique » étant conditionnée par la coordination des acteurs, il a
fallu renforcer le dialogue entre entreprises du chantier. Pour cela plusieurs dispositifs de contrôles ont été
élaborés :
• Les tâches à accomplir sont définies dans un contrat établi entre le constructeur et les entreprises
du second œuvre. Cela couvre l’ossature, les fenêtres, le réseau de distribution, les systèmes
d’isolation, de chauffage et de ventilation.
• Les informations contenues dans les guides de constructions spécifiques à chaque zone climatique
sont affichées sur le chantier.
• Des objectifs de performance à atteindre : ceci concerne les consommations énergétiques relatives
au chauffage et à l’eau chaude sanitaire et la baisse du nombre de recours pour malfaçons.
Cette garantie a constitué un puissant vecteur d’achats (certains industriels impliqués ont même offert une
garantie à vie pour leurs produits). Cependant, certains acheteurs qui considéraient que les objectifs de
performance n’étaient pas atteints, ont porté plainte devant la justice.
Le programme « Maisons Zéro Energie » repose davantage sur la réalisation d’opérations pilotes.
Les équipes qui se sont impliquées dans le programme avaient généralement les compétences techniques pour
mettre en œuvre les solutions envisagées mais avaient besoin d’un support pour le faire. L’absence
d’architectes sur les sites ne permettait pas d’avoir accès aux explications nécessaires. Les guides de
construction ont répondu à ces insuffisances en intégrant les changements de mode de faire.
Des inspections programmées de l’enveloppe et des réseaux de distribution ont été instaurées à des moments
clés pour vérifier la mise en œuvre. Ces inspections ont été généralement faites par une entreprise extérieure.
Par ailleurs, il apparaît que le programme « Construire l’Amérique » s’est intéressé à l’amélioration des
performances et peu à l’amélioration du process constructif. Seul un constructeur a associé ce programme à
une approche innovante de construction rapide.
Dans les projets pilotes du programme « Maisons Zéro Energie », quelques difficultés liées à l’appropriation
des techniques de construction et des équipements par des constructeurs qui n’en avaient pas l’habitude, se
sont faites sentir. Ces difficultés ne sont toutefois pas jugées comme bloquantes.
L’objectif de profitabilité poursuivi par les constructeurs a constitué une barrière beaucoup plus forte pour le
développement des maisons zéro énergie. Dans l’état actuel de la technique et au prix actuel de l’énergie, le
programme n’est pas rentable puisque les temps de retour sur investissement sont beacoup trop longs. Les
systèmes PV sont en effet chers. Réduire les consommations d’énergie jusqu’au point où elles peuvent être
assurées par des systèmes actifs implique donc des niveaux d’investissement très nettement supérieurs. Des
entreprises ayant réalisé des bâtiments zéro énergie ont d’ailleurs indiqué qu’elles ne reproduiraient pas la
démarche.
Les maisons « Construire l’Amérique » sont conçues pour arriver à des surcoûts faibles ou marginaux.
L’approche consiste à transférer les coûts d’un poste à l’autre en améliorant l’efficacité énergétique.
L’approche consiste généralement à surinvestir sur l’enveloppe pour réduire les coûts des systèmes de
chauffage et de climatisation.
Les fonds fédéraux ont permis de couvrir les actions de conception, de formation et de test, ceci inclut la
publication des guides de conception et des guides pratiques. Cette part du budget est variable selon les années
(18,8 M$ annuels demandés pour 2007 alors que le budget 2005 s’élevait à 16M$).
Les propriétaires peuvent généralement financer les investissements d’efficacité énergétique via leurs fonds
propres, des emprunts, des contrats de performance énergétique ou des soutiens des distributeurs d’énergie.
Des prêts pour l’efficacité énergétique sont proposés par plusieurs organisation publiques et privées.
Beaucoup d’acheteurs souhaiteraient bénéficier de taux d’intérêts réduits. Cumulés à une baisse future des
factures énergétiques, ils compenseraient le surinvestissement initial.
Cependant, la logique des prêts pour l’efficacité énergétique n’est pas d’abaisser les taux d’intérêt mais de
permettre aux acheteurs d’accéder à des emprunts plus conséquents. L’idée est que la réduction des factures
énergétiques permettra de rembourser un crédit plus important. Cette approche conduit à faire courir la totalité
du risque associé aux économies d’énergie à l’acheteur.
L’intérêt suscité par ces prêts est jusqu’à présent mitigé. Certains acteurs ont du mal à penser qu’ils
rembourseront plus en réalisant des économies d’énergie. Par ailleurs, le processus administratif d’obtention
de ces prêts manque parfois de fluidité et les prêts classiques proposés sur le marché du crédit offrent des
conditions presque aussi avantageuses. Enfin le coût de la certification exigée par les prêteurs constitue un
autre frein.
Le programme Construire l’Amérique a conduit à la construction de plus de 31 000 maisons. Les leaders des
projets évaluent à 30 à 45 % les réductions d’énergie sur ces maisons.
Environ 500 des maisons construites en 2002-2003 intègrent une production localisée d’électricité en vue
d’aller vers des maisons à énergie nulle. Plus de 2000 maisons de intégrant de ce type sont en cours de
réalisation.
Le programme « Maisons zéro Energie » ne permet pas encore d’arriver généralement à une consommation
nulle d’électricité. Des recherches se poursuivent pour améliorer l’efficacité du système. Selon les estimations
une baisse des taux d’intérêt constituerait un stimulant à la diffusion de ce type de construction.
Ceci confirme très nettement le fait que pour aller vers des maisons à zéro énergie il faut absolument
commencer par réduire drastiquement les besoins de la maison avant d’envisager l’installation de PV.
EVALUATION ECONOMIQUE
Les maisons du programme « Construire l’Amérique » engendrent des surcoûts de construction très faibles
voire nuls. Ceci conduit à des temps de retour très rapides (de 0 à 6 ans) par rapport à des maisons standards.
A l’inverse, le coût du PV ne permet pas, au prix de l’énergie actuelle, un temps de retour rapide pour les
maisons zéro énergie.
D’autre part dans les maisons à zéro énergie, les constructeurs installent un grand nombre de dispositifs
d’économie d’énergie en raison du coût du PV. L’installation a lieu si le coût marginal de l’installation est
inférieur au coût du PV.
En outre, la rentabilité du programme dépend étroitement des subventions liées à l’installation de systèmes
photovoltaïques .Suivant les maisons les temps de retour hors subvention de la partie photovoltaïque vont de
50 à 100 ans. Ces systèmes ne sont donc pas envisageables aujourd’hui sans subvention. Cependant, le rapport
sur la brique « photovoltaïque » montre clairement que le développement de cette technologie doit être
apprécié dans une perspective de long terme visant à réduire son coût de production.
Les coûts de revente des maisons sont plus élevés que celles des maisons standards.
FAIBLESSES
L’industrie a encore une approche très fragmentée. Ce changement organisationnel du mode de construire ne
peut se diffuser que progressivement. Cette fragmentation se traduit aussi par une faible diffusion de
l’information de la part des constructeurs.
Les modes de financement utilisés s’avèrent peu adaptés aux caractéristiques des projets. Leur gestion
administrative est lourde et ils n’apportent quasiment aucun avantage par rapport à des prêts classiques. Par
conséquent, les acheteurs assument la totalité des risques financiers associés aux projets de construction.
L’approche systémique mise en œuvre pour les bâtiments neufs n’a pas encore été appliquée aux bâtiments
existants. Pourtant les enjeux se situent à ce niveau. Il conviendrait notamment lorsque des projets de
réhabilitation/rénovation sont mis en œuvre de réussir à faire travailler ceux qui interviennent sur l’enveloppe
du bâtiment et ceux qui installent les systèmes de chauffage.
Pour les bâtiments neufs l’approche passant par de gros constructeurs de maisons individuelles semble peu
adaptée
Les maisons zéro énergie ne sont pas rentables au prix actuel de l’énergie et au regard du stade de
développement des systèmes PV.
Les coûts de transactions sont élevés en particulier en matière de labellisation et de connexion au réseau des
systèmes PV
Les maisons zéro énergie requièrent de gérer de manière très fine les différents appareils électriques.
OPPORTUNITES
La hausse durable du prix de l’énergie constituerait le meilleur soutien à ce type de programme. En effet, la
plupart des maisons aux USA restent construites en dehors du cadre défini par le programme « Construire
l’Amérique.
Certains habitants fiers de leur maison zéro énergie s’impliquent dans le nettoyage régulier des capteurs pour
conserver les performances du bâti. Même si de tels cas restent très marginaux au regard du nombre de
maisons construites chaque année aux U.S.A., on peut espérer à terme une évolution du comportement des
acteurs allant vers une conscience environnementale plus affirmée.
Des progrès technologiques notables peuvent encore être réalisés en matière de systèmes photovoltaïques, de
cogénération, de logiciels permettant une analyse en coût global… La recherche, le développement et la
démonstration sur les maisons zéro énergie se poursuivent. L’ensemble de ces facteurs améliorera à terme la
rentabilité économique de ce type de programme.
Le renforcement de la réglementation des états fédéraux aux USA conduira progressivement à rendre
systématique l’adoption des mesures qui ont prouvé leur efficacité énergétique.
Les subventions au PV par les distributeurs d’énergie risquent de diminuer au fur et à mesure du
développement de ce type de technologie. Hors subventions les coûts actuels du PV le rendent peu attractif.
La mise en œuvre sans précaution de certaines des mesures d’économies d’énergie peut conduire à réduire la
qualité de l’air intérieur ou entraîner des pourrissements des systèmes constructifs bois. Cela risquerait alors
de nuire à l’image de ce type d’approches.
La segmentation du marché rend difficile la généralisation de solutions qui ont montré leur rentabilité dans le
cadre du programme « construire l’amérique ». On compte ainsi 500 000 constructeurs de maisons
individuelles aux Etats-Unis. Les 5 plus grands ne construisent que 10 % des maisons.
C’est sur le plan organisationnel que les transpositions possibles vers la France semblent les plus intéressantes
TRANSPOSITION TECHNIQUE
La transposition en France est la moins facile du fait des différences de climat et des différences constructives.
Néanmoins il nous semble que les éléments suivants pourraient être envisagés :
Ces systèmes permettent des augmentations importantes d’épaisseur d’isolant et une réduction des ponts
thermiques. Les solutions employées dans le programme Construire l’Amérique semblent permettre de
résoudre les problèmes de perméabilité.
Systèmes de climatisation.
Il semble parfaitement réalisable dans le climat français d’arriver à un confort d’été important sans
climatisation. On peut cependant se poser la question dans le cas où on utiliserait des systèmes
photovoltaïques et des systèmes de chauffage réversibles de la possibilité d’assurer dans certains cas une
climatisation dans les périodes caniculaires.
Systèmes à air
Les systèmes à air pourrait se développer en France dans les bâtiments très basse consommation. La démarche
Américaine en terme de minimisation des longueurs de réseaux et de passage en volumes chauffés ou
climatisé peut probablement être utilisée.
Aller vers des maisons zéro énergie nécessite une prise en compte de l’ensemble des postes de consommations
électriques. Une attention particulière doit notamment être apportée à tous les appareils électro ménagers et à
toutes les charges électriques. Une analyse plus détaillée des approches américaines sur ces points pourrait
être utile.
TRANSPOSITION ORGANISATIONELLE
Les objectifs des deux programmes sont très liés à une feuille de route politique qui fixe des objectifs chiffrés
en matière de réduction des besoins des bâtiments et en matière de production locale.
• Le programme Construire l’Amérique permet d’atteindre rapidement une baisse des consommations
d’énergie sur un nombre conséquent de maisons. Il vise à développer les solutions qui permettent de
généraliser la construction de bâtiments basse consommation.
• Le programme Maisons Zéro Energie vise de son côté le long terme. Il fait émerger des solutions qui
ne sont pas largement diffusables sur le marché sans systèmes d’aide.
L’approche systémique basée sur la collaboration entre acteurs et le centrage sur le constructeur mériterait
d’être examinée de plus prêt pour envisager un essai de transposition au cas français.
Le mode de management des consortiums est un des points les plus originaux du programme et les plus
intéressants à transposer.
Le programme est structuré autour d’un petit nombre de consortiums pérennes qui travaillent ensemble au
cours des différents projets et qui animent des réseaux.
Les consultants spécialistes des questions énergétiques, et les constructeurs de maison individuelles forment
les acteurs clés des programmes.
Les premiers ont formé plusieurs partenariats en associant les entreprises de construction et les fournisseurs et
en assurant une assistance technique. Ce dernier point est déterminant dans la mesure où les modes de
construction liés aux programmes diffèrent des pratiques courantes. Les constructeurs de maisons occupent
aussi une place centrale puisqu’ils portent les produits finaux. Ils sont essentiellement motivés par les
perspectives d’amélioration de la qualité du bâti et de réduction des risques de litiges et de malfaçons (en
particulier des problèmes de condensation et de moisissures).
Cette coopération est en outre facilitée par le soutien fédéral qui a contribué à l’élaboration et à la diffusion de
guides de construction adaptés à chaque zone climatique et aux choix techniques opérés.
On constate que l’on arrive à des évolutions sensibles des pratiques en mettant en avant non pas les industriels
mais les constructeurs. On ne part donc pas des briques technologiques mais du bâtiment à atteindre.
La mise en place d’une organisation similaire n’est transposable en France que si les constructeurs y trouvent
un avantage financier et un argument commercial leur permettant d’augmenter leurs ventes. Cependant à ce
jours la sinistralité lié aux problèmes de moisissures et de pourrissement des systèmes constructifs est moins
importante en France qu’aux Etats-Unis. Cela limite d’autant l’intérêt des acteurs pour ces nouveaux modes
organisationnels de construction. Par ailleurs, le secteur de la construction en France est toujours en forte
croissance. Les carnets de commandes sont remplis pour les années à venir. Ceci ne favorise pas l’adoption de
nouvelles pratiques, jugées a priori comme perturbantes.
En ce qui concerne les maisons zéro énergie on a une approche du même type mais qui se heurte aux
problèmes financiers du financement du photovoltaïque. On peut éventuellement penser que les nouvelles
aides financières au PV mise en place en France pourraient lever en grande partie ce blocage financier.
Cependant, il conviendrait d’avoir un soutien gouvernemental beaucoup plus massif et surtout continu pour
que cette technologie se diffuse à moindre coût.
L’analyse faite par nos partenaires du manque de fluidité des systèmes à la fois du côté des procédures de
raccordement au réseau, des procédures d’aides financières et des procédures de certification doivent nous
conduire à nous préoccuper dans les programmes français des solutions permettant de rendre les procédures
aussi simples que possibles. On peut penser que si nos collègues Américains réputés pour leur pragmatisme en
ce domaine ont des difficultés il sera utile d’être très vigilants en France.
- une dépendance énergétique relativement faible (29 % d’énergie primaire est importée)
- Résidentiel : 256 kWh/m2 d’énergie primaire ce qui est du même ordre que les bâtiments français
- Tertiaire : 561 kWh/m2 d’énergie primaire ce qui est supérieur aux bâtiments français.
Pour les maisons individuelles la construction bois est très fortement utilisée. Les constructions sont
généralement réalisées sur site et l’isolation est mise en place à l’intérieur des ossatures bois. Des panneaux
sandwichs préfabriqués sont utilisés de manière non négligeable.
Les systèmes de climatisation sont très fréquents mais les systèmes de ventilation spécifique ne sont pas
systématiques.
On peut différencier aux Etats-Unis 6 grands types de climat. Le climat « mixed Humid » qui couvre une
partie de l’est américain est le plus proche du climat Français.
ANTERIORITES
- met en place ou renforce les normes d’efficacité énergétique pour de nombreux équipements utilisés
dans les bâtiments résidentiels ou non résidentiels,
- instaure des aides fiscales pour les actions de maîtrise de l’énergie et de sources alternatives
d’énergie,
- impose aux états la mise en œuvre de réglementations sur les bâtiments non résidentiels basés sur une
norme d’efficacité énergétique définie par l’association des ingénieurs de génie climatique (American
Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers - ASHRAE)
Le ministère de l’Energie (DOE - Department of Energy) a élaboré un plan jusqu’à 2007 dans le secteur des
bâtiments non résidentiel à usage des bureaux et des commerces essentiellement. Ce plan se décline en quatre
catégories :
- la mise en place de normes sur les équipements. Cet action renforce les exigences relatives à la
certification EnergyStar.
- la validation de technologies et l’introduction sur le marché. Cette activité analyse les plans de
financement, les moyens de lever les barrières technologiques et institutionnelles.
Le label LEED (Leadership in Energy and Environment Design) est le principal label indépendant aux États
Unis. Le système de notation est élaboré par consensus au niveau national.
Le Label est géré par l’USGBC (US Green Building Council), une organisation non gouvernementale à but
non lucratif visant à transformer le secteur de la construction en l’amenant a mieux intégrer le bien être des
occupants, la performance environnementale et le rendement économique des bâtiments.
LEED a été élaboré en 1998 pour les bâtiments tertiaires neufs par l’USGBC. Il se décline maintenant pour les
bâtiments existants (maintenance et exploitation, réhabilitation de l’intérieur, réhabilitation de l’enveloppe),
les maisons individuelles et le développement de quartier. Ces deux dernières actions sont encore au stade de
développement.
Le label présente un ensemble de critères de performance qui s’articulent autour de cinq catégories :
1/ L’aménagement écologique des sites,
2/ La gestion efficace de l’eau,
3/ L’énergie et l’atmosphère,
4/ Les matériaux et les ressources,
5/ La qualité des environnements intérieurs.
À ce jour 356 bâtiments ont obtenus le label LEED, Ceci concerne principalement des constructions neuves.
LES ACTEURS
Le label est porté par les 6000 adhérents de l’USGBC. On compte parmi ces derniers :
• Des constructeurs,
Ces adhérents appartenant à divers secteurs, la promotion du label s’effectue de manière très diffuse.
Néanmoins l’appartenance à l’USGBC fédère les actions.
Les adhérents de l’USGBC sont motivés par la protection de l’environnement. Pour certains, le label constitue
un moyen de différenciation vis-à-vis de la concurrence. Ils signalent ainsi à leurs clients et à leurs employés
qu’ils se soucient des questions environnementales. C’est notamment le cas des propriétaires qui en
améliorant la qualité de l’environnement intérieur des bâtiments, espèrent en retour bénéficier d’une fidélité et
d’une productivité supérieure.
La certification LEED est aussi soutenue par de nombreux organismes professionnels (ASHRAE, SNACMA,
ASTM...) qui participent à l’évolution des exigences réglementaires. Par exemple, une association telle que
l’ASHRAE, joue un rôle moteur dans l’évolution et la promotion de la certification. L’ASHRAE a développé
notamment des guides pour la promotion de bâtiments commerciaux à faible consommation d’énergie et a
établi un partenariat avec l’USGBC pour développer la certification.
Les Etats fédéraux et de nombreuses agences gouvernementales soutiennent également ces initiatives en
favorisant la construction de bâtiments certifiés pour leur propre usage. Au 19 octobre 2005 parmi les 2069
projets qui demandaient à bénéficier du label, 42 % concernaient des bâtiments gouvernementaux, 20 % des
organisations à but non lucratif et 28 % des sociétés commerciales. 358 projets en cours, étaient localisés en
Californie, Etat dont la réglementation sur la consommation énergétique des bâtiments est une des plus
contraignantes aux U.S.A.
LA PROMOTION DU PROGRAMME
- des conférences internationales « GreenBuild » (la participation est passée de 4200 personnes en 2002
à 9700 en 2005).
Le système de notation (points) de LEED est développé pour la partie énergétique en lien étroit avec les
normes de l'ASHRAE pour le génie climatique. Par exemple LEED NC 2.2, fait référence à :
Le label LEED fait aussi références aux normes développées par l'organisme de test et des matériaux (ASTM
– American Society of Testing and materials) pour la caractérisation de produits.
Ce label s'appuie également sur l'arrêté concernant la politique énergétique nationale (EPACT – National
Energy Policy Act) de 2005. Cet arrêté permet au DOE d'établir des normes sur l'efficacité énergétique des
produits et des équipements. Ces normes incitent d'une part les industriels à mettre des produits plus
performants sur le marché et d'autre part les constructeurs/concepteurs/bureaux d'études à choisir des produits
plus performants afin d'atteindre les exigences du LEED.
TECHNOLOGIES APPLIQUÉES
La certification LEED est basée sur des techniques connues et utilisées par la profession. Le résultat obtenu
sur les bâtiments certifiés LEED est en grande partie due à :
- la mise en place d'une procédure d'assurance qualité dès la phase conception (le process de
"commissioning").
La liaison entre la certification LEED et les normes de type EnergyStar ou EPACT (Energy Policy ACT)
conduit à faire évoluer les exigences donnant lieu à la certification.
Cette certification évalue les améliorations de manière globale. Aucune liste complète des améliorations n’est
exigée. Le personnel de l'USGBC en charge du suivi des opérations, a constaté que dans une majorité des cas,
un effort particulier est réalisé sur le poste éclairage. Ce choix est lié à la répartition des consommations
énergétiques dans un bâtiment tertiaire :
- 21 % pour l'éclairage,
- 12 % pour le chauffage,
- 9 % pour le refroidissement,
La certification LEED est gérée par l'USGBC. La certification LEED est accordée aux projets qui atteignent
les critères de performance relatifs à cinq catégories : l’aménagement écologique des sites, la gestion efficace
de l’eau, l’énergie et l’atmosphère, les matériaux et les ressources, la qualité des environnements intérieurs.
Les projets se voient accorder un ou plusieurs points en vue de leur certification s’ils respectent ou dépassent
les exigences techniques propres à chacune des cinq catégories (plusieurs caractéristiques composent ces
catégories).
Une sixième catégorie, « innovation et processus de conception » récompense une performance ou une
innovation environnementale exceptionnelle qui surpasse nettement les exigences propres à chaque
caractéristique.
Les points s’accumulent en une note finale correspondant à l’un des quatre niveaux de certification possible :
certifié, argent, or ou platine :
La certification LEED n’exige pas de recourir à des technologies innovantes. Elle s'appuie au contraire sur
l’existant. De ce fait, la mise en œuvre liée à la certification ne pose pas de difficulté.
Par ailleurs, la certification LEED étant très souvent portée par la maîtrise d'ouvrage, il existe une forte
volonté d'appliquer une procédure de Commissioning (assurance qualité) améliorée. Cette procédure permet
de réduire les problèmes de mise en oeuvre sur le site.
Les bâtiments qui sont certifiés LEED enregistrent un surcoût de construction. Une étude portant sur 33
projets a montré un surcoût de 2 % en moyenne par rapport à un bâtiment respectant uniquement les normes
de construction de bâtiment "environnementale".
Standard 0.66
Argent 2.11
Or 1.82
Platine 6.50
Par exemple dans la région californienne, pour des coûts de construction compris entre $1600 et $2700/m², le
surcoût serait de l'ordre de $43/m².
L’USGBC a certifié 356 bâtiments depuis 1998. Le nombre de demandes de certification s'élève à 3000 avec
un tiers de demandes au cours de l'année 2005.
NC 2.2 10/2005 0
EB 2.0 07/2005 0
CI 2.0 06/2005 0
EVALUATION ENERGETIQUE
Selon un groupe de chercheurs, qui a mené une étude sur une soixante de cas, les bâtiments enregistreraient
une réduction moyenne de 28 % de la consommation énergétique (par rapport à un bâtiment respectant les
réglementations et les normes en vigueur).
EVALUATION ÉCONOMIQUE
Comme l’indiquait précédemment le tableau relatif aux coûts de construction, les surcoûts d'un bâtiment
certifié sont d’environ 2 %. Cependant, il apparaît que les bénéfices économiques liés à cette procédure, sont
multiples :
• Sur la base des cours pratiqués sur le marché des émissions de gaz à effet de serre, le gain lié à la
réduction des émissions par les centrales de production est évalué à $12.70/m² (en valeur actualisée
sur 20 ans).
• Les bénéfices sur la consommation d'eau s’évaluent à $5.50/m² en valeur actualisée sur 20 ans.
• Les gains économiques les plus importants sont engendrés par l'amélioration de la productivité des
usagers des bâtiments et l'impact des bâtiments "verts" sur la santé. Cela s’explique par un coût des
employés dix fois supérieur au coût du foncier en valeur actualisé sur 20 ans. Les gains de
productivité sont évalués à 1 % pour les bâtiments ayant le LEED-Standard ou LEED-argent et à
1.5 % pour les bâtiments ayant obtenu le LEED-or ou LEED-platine. Cela représente respectivement
$396.90/m² et 595.40/m² de gains en valeur actualisée sur 20 ans.
Le programme est piloté par le secteur privé sur une base volontaire. Il n'est donc pas perçu comme une
nouvelle réglementation.
La certification LEED qui a été développée aux USA s’est diffusée au Canada qui a acheté un accord de
licence.
Les gains économiques engendrés par la certification apparaissent multiples : réduction des consommations
d’énergie et d’eau, gains potentiels sur l’exploitation et la maintenance liés à la procédure de commissionning,
amélioration de la qualité environnementale intérieure occasionnant une meilleure productivité et une santé
supérieure des usagers du bâtiment.
Bien que le programme soit peu diffusé, il bénéficie d’une bonne image de marque. Par exemple, les
propriétaires plébiscitent la certification LEED parce qu'elle véhicule une image de respect de l'environnement
et d'un lieu de travail sain. Cette certification les sensibilise progressivement à investir dans la construction
durable.
FAIBLESSES
Absence d'une méthodologie formelle d'optimisation du bâtiment dans son ensemble similaire à celle
développée lors du programme « Construire l’Amérique ».
Les architectes/ingénieurs conçoivent l'enveloppe et les systèmes techniques de manière à atteindre les
exigences minimales de la certification. Le système de points accordés lorsque les projets respectent ou
dépassent les exigences techniques propres à chacune des cinq catégories se doit d’évoluer constamment dans
le sens de la réglementation afin de pousser aux économies d'énergie.
Le label LEED ne se place pas dans une perspective de long terme. Les bâtiments certifiées enregistrent une
réduction d’environ 28 % des consommations énergétiques. Mais cela est comparable à ce que les bâtiments
fédéraux devront atteindre en 2006. Par ailleurs, des opérations exemplaires sur le plan énergétique qui ne
sont pas sous le label LEED mais bénéficient d’une très large couverture médiatique, sont menées pour des
bâtiments tertiaires.
Le programme manque d’ambition. Des performances supérieures pourraient être requises. Il apparaît enfin
que le label n’est pas encore très diffusé et ne touche qu’une part infime des bâtiments du parc immobilier des
Etats-Unis.
OPPORTUNITÉS
La certification favorise l'utilisation du comptage d'énergie et la gestion de l'énergie dans les bâtiments
commerciaux. Cela permet aux exploitants de mieux gérer les fluctuations des coûts de l'énergie et des
services.
La certification soutien les initiatives pour l'optimisation dès la conception. Ceci implique le développement
de la simulation et de logiciels d'optimisation qui permettront aux concepteurs d'analyser le cycle de vie des
technologies innovantes.
Dans les bâtiments commerciaux existants, les sociétés de services d'énergie jouent un rôle important, en
fournissant l'expertise et le financement afin de soutenir la réhabilitation des bâtiments.
Si les assureurs prennent conscience des atouts de la certification notamment en termes de baisse des risques
lors de la construction des bâtiments mais aussi après au niveau de l’exploitation, et proposent des baisses des
primes d’assurance, alors cela favorisera la diffusion du programme.
MENACES
Il y a une hésitation générale des concepteurs pour inclure les technologies peu répandues (ventilation
contrôlée à la demande, échangeurs pour des systèmes de ventilation, la sur ventilation nocturne) dans leur
analyse pour une optimisation des choix techniques.
Certaines approches pour réduire la consommation énergétique du bâtiment peuvent entraîner une dégradation
de la qualité de l'ambiance intérieure et du bâti. Si ce type de contre-exemple se développait, cela nuirait à
l’image de la certification. La certification doit évoluer pour contenir des liens entre les exigences sur l'énergie
et la qualité d'air.
En revanche, certains concepts qui ont fait leur preuve dans le programme LEED mais sont absents (quelque
fois partiellement) de la HQE française mériteraient d’être analysés de plus prêt dans le cadre d’une éventuelle
transposition :
• Les performances enregistrées aux USA semblent aussi liées à l’application de la procédure de
« commissionning ». Sur ce plan, il conviendrait d’examiner comment cette approche qui semble
contribuer à la qualité des projets de construction aux USA, pourrait être plus rapidement adoptée en
France.
• La certification LEED qui était initialement dédiée aux bâtiments tertiaires neufs, s’est
progressivement déclinée à un ensemble d’opérations (maintenance et exploitation, réhabilitation de
l’enveloppe, développement du quartier). Même si certains de ces programmes sont encore à l’état
1
Cependant cette solution a été choisie au Canada qui n’avait justement pas encore développé un système de certification
comparable)
• L’expérience LEED a donné lieu à plusieurs rapports qui se sont penchés sur l’impact économique
tant en terme de coûts directs de construction qu’indirects au niveau de la santé et de la productivité
des usagers des bâtiments. Les opérations HQE ne semblent pas avoir fait l’objet d’analyses
similaires. De telles études seraient pourtant source d’apprentissage pour de futures opérations et pour
l’évolution de la démarche.
• La démarche HQE a déjà modifié le rapport des acteurs sur le chantier en les amenant à mieux se
coordonner. Ceci donne a priori des opérations de meilleure qualité comme l’atteste l’engagement
d’un assureur en faveur d’une baisse de 10 % de la prime d’assurance relative aux bâtiments tertiaires
certifiés HQE. Aux USA des décisions similaires ont été prises par les assureurs pour des bâtiments
économes en énergie. Ce rôle moteur que peuvent jouer les assureurs mériterait d’être examiné de
plus près. La baisse de la prime d’assurance constitue en effet un gain immédiat et facilement
perceptible pour tout client.
B5 – JAPON :
LE PROGRAMME MAISONS A BASSE
CONSOMMATION
En France des programmes de R&D supportés par les Pôles de Compétitivités des Régions ont récemment placé
comme prioritaire le sujet sur l'optimisation de maisons à faible consommation d'énergie. L’objectif de ce
document est d'examiner le travail effectué par d'autres pays dans ce domaine, aperçu des technologies
existantes et naissantes, et de développer des stratégies de simulation et d'optimisation afin d'apprendre ce qu’il
est nécessaire de mettre en application pour concevoir avec succès, des maisons solaires à basse consommation
d’énergie, dans des conditions climatiques françaises. L’étude se focalisera sur la pratique en la matière du
Japon.
Japon :
La consommation en énergie au Japon a augmenté de façon continue depuis la fin de la deuxième
guerre mondiale, avec simplement un ralentissement pendant les crises pétrolières des années 1970. La
consommation d’énergie finale atteint aujourd’hui un peu plus 350 Mtep. La consommation d’énergie
primaire 1 est d’environ 4,0 tep/habitant, identique à la moyenne des 15 pays de l’Union Européenne
avant 2004 et deux fois plus faible que celle des Etats-Unis 2 .
La sécurité d’approvisionnement a toujours été au centre de la politique énergétique du Japon, obsédé
par sa propre vulnérabilité en ce domaine. Et le Japon ressemble à bien des égards à la France,
notamment par sa pauvreté en ressources énergétiques, et par les réponses apportées à cette situation.
Ainsi, le nucléaire représente plus du tiers de la production d'électricité. On ne saurait en effet occulter
la réalité du développement du nucléaire japonais, entériné par l’adoption du programme énergétique
publié le 12 juillet 2001 (Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie - METI).
Pour autant, et suite à la première crise pétrolière de 1973, le potentiel des énergies renouvelables et
plus particulièrement du solaire photovoltaïque, a été reconnu par le gouvernement japonais, qui a
soutenu un programme de R&D combiné à des subventions pour l’installation de systèmes. La crise
financière des années 1990 (chute des cours boursiers et des prix fonciers) a entraîné une baisse des
investissements privés puis publics dans l’industrie et la construction. Le gouvernement japonais à
adopter en 1997 un large plan de restructuration économique. Le volet énergétique de ce plan d’action
classe le développement et la commercialisation des énergies renouvelables comme l’une des priorités.
Sur le plan législatif, cette loi sur les nouvelles énergies définit la responsabilité de chaque secteur
(gouvernement, consommateurs, fournisseurs, fabricants d’équipements) pour introduire et développer
les nouvelles énergies, qui ont atteint techniquement un niveau d’utilisation pratique mais qui ne sont
pas encore largement utilisées pour des raisons économiques. Cela inclut l’éolien, le photovoltaïque, la
biomasse, l’incinération de déchets et l’hydroélectrique de petite taille (jusqu’à 1 MW).
1
Consommation d’énergie primaire : consommation d’énergie finale + pertes de distribution + consommation des producteurs et des transformateurs
d’énergie. 516 Mtep en 2002.
2
Source : statistiques de l’Agence Internationale de l’Energie.
Les constructeurs de maisons individuelles japonais ont bénéficié à trois reprises de programmes
d'aides gouvernementales avant de proposer sur le marché, le concept de maison « efficiente » :
- en 1963, dans le but d'améliorer l'image des maisons préfabriquées auprès de la population, le
Ministère de la Construction et celui du Commerce International et de l'Industrie ont créé
l'Association japonaise des fournisseurs et fabricants de constructions préfabriquées (Japan
Prefabricated Construction Suppliers and Manufacturer Association).
- en 1976, le gouvernement a lancé à l'échelle nationale le concours « House 55 » pour
encourager les constructeurs à améliorer la qualité de leurs maisons préfabriquées et prouver au
public que ces maisons n'étaient pas forcément de faible qualité et qu'elles pouvaient répondre
aux besoins des consommateurs au chapitre de la qualité [2].
- en 1993 enfin, à travers le déploiement des systèmes photovoltaïques et le programme
d'incitation « Residential Photovoltaic System Dissémination Program » (et son prédécesseur «
Residential Photovoltaic System Monitoring Program ») [3], partie intégrante du programme de
R&D « New Sunshine Project ».
Certains grands constructeurs japonais en ont profité pour mettre au point leur propre procédé de
production, axé sur la qualité, entièrement articulé sur des systèmes de conception informatisés
(R&D), de production à la chaîne et contrôle des stocks (Robotique). Leurs maisons préfabriquées ne
sont plus ces habitations uniformes produites en série que le public a associé aux habitations de
« qualité inférieure » dans les années 70 et 80. Aujourd'hui, les fabricants produisent plutôt des
résidences préfabriquées « personnalisables » (aménagements intérieurs et extérieurs tout autant que
l'organisation spatiale), dotées de systèmes photovoltaïques.
En 2004, 1 160 083 maisons ont été construites au Japon. De ce nombre, 159 224 maisons étaient
préfabriquées [1]. On constate que 13,7 %, soit environ une nouvelle maison sur sept, s'inscrit dans la
catégorie des habitations préfabriquées. L'industrie des habitations préfabriquées a profité de l'aide
gouvernementale.
C’est en 1998 que le constructeur de maisons individuelles Misawa Home Co. a développé le premier,
le concept « Hybrid Z » de maison à haute qualité environnementale, avec un toit photovoltaïque de 12
kWc (premier concept de maison à faible consommation d’énergie, la production d’électricité solaire
compensant la consommation). Après une recherche bibliographique avancée, il semblerait qu’à la
même époque, ce soit le Ministère du gouvernement fédéral canadien qui ait développé un programme
de maison « Super E » pour offrir au marché japonais des maisons confortables, ayant une haute
efficacité énergétique, et soit à l’origine du développement du concept au Japon [22]. Depuis que ce
programme a été lancé, 30 compagnies japonaises auraient fait des alliances avec 10 sociétés
Les acteurs qui accompagnent le développement de maisons à faible niveau énergétique sont :
Il n’y a à proprement parler pas d’acteurs résistants à l’innovation : il semble en effet que tous les
acteurs jouent le jeu, car même si certains suivent une politique prudente, ils sont tous conciliant avec
la NEDO, dans la mesure où cela ne leur coûte rien. Leur volonté d’aboutir à une production
industrielle n’est pas toujours très affirmée, à en juger des annonces d’industrialisation à grande
échelle, pas toujours suivies des effets escomptés. Il n’en reste pas moins que la politique volontariste
du gouvernement leur offre la possibilité de passer rapidement d’une attitude proche d’une veille
active, à une stratégie offensive si l’opportunité commerciale se présente.
Les constructeurs japonais sont de plus en plus réputés pour leur approche singulière à la conception et
à la production d'habitations usinées « innovatrices », souvent dotées de systèmes photovoltaïques.
Leurs habitations sont produites selon une formule de commercialisation axée sur l'efficience qui leur
permet de satisfaire aux besoins et aux désirs des individus tout autant que de la société.
En règle générale, les consommateurs cherchent aujourd'hui une maison « personnalisable » à prix
abordable, apte à s'adapter aux tendances socio-économiques issues des changements démographiques
qui s'opèrent au sein de la société. Pour satisfaire cette demande, les constructeurs adoptent une
nouvelle approche à la conception. Mieux sensibilisés au Développement Durable, préconisé en 1987
par la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, les constructeurs intègrent ces
principes à la production d'habitations respectueuses de l’environnement :
- amélioration de l’efficacité énergétique de la maison (isolation thermique mur-toiture,
vitrage,…),
- utilisation des nouvelles énergies (solaire photovoltaïque et thermique, géothermie, bois,…),
- amélioration des performances énergétiques des appareils électriques (éclairage, cuisson,…),
- utilisation des ressources locales (eau de pluie,…).
Le recours à des techniques de construction industrialisée pour réduire la quantité de déchets de
construction, et à des technologies de production d'énergies propres et renouvelables pour réduire les
émissions de CO2, peut répondre à ce besoin sociétal au chapitre des maisons écologiques.
Cette nouvelle « conception » est la maison à faible consommation d’énergie, ou la maison équipée
« tout électrique » avec une bonne isolation et une production locale de l’électricité par des modules
photovoltaïques.
D’autres concepts existent, comme :
- la maison « Parfait Ex » de SEKISUI Chemical, maison d’un étage à structure métallique et
comportant en série, des installation photovoltaïque d’une capacité de 2 à 5 kW, disposé en
surimposition sur un toit plan, grâce à une patte de fixation adaptée à ce type de toiture
japonaise.
- la maison « Hybrid Z » de haute qualité environnementale de MISAWA Homes, avec 12kWc
photovoltaïque intégré sur les 2 pans de toits (tuiles).
- ou « l’Eco Sunny House » de DAIWA HOUSE Industry, qui propose une maison préfabriquée
avec 3kWc installé en intégration (tuiles).
L’arrivée sur le marché dès 1994 de produits photovoltaïques adaptés à l’intégration au cadre bâti, a
été le signal fort et déclenchant du développement de maison à faible consommation. D'après les
résultats d'une enquête sur les habitations réalisée en 1997 par la société d'État japonaise de prêts au
logement (Government Housing Loan Corporation), le coût de construction d'une maison traditionnelle
était estimé à 175 404 yens (1 698 $US) par mètre carré [6] et celui d'une maison préfabriquée, à 190
033 yens (1 840 $US) par mètre carré [7]. Ces résultats révèlent que les habitations usinées coûtaient
environ 8 % de plus à produire que les habitations traditionnelles.
Les constructeurs ont par ailleurs tendance à rivaliser entre eux en améliorant la qualité de leurs
produits plutôt qu'en réduisant le prix de vente. Dans ce « surcoût » ils y intègrent notamment toutes
les évolutions technologiques liées aux exigences du développement durable (produits à valeur
Les fabricants d'installations photovoltaïques, les compagnies d'électricité et les grands groupes du
bâtiment effectuent un marketing intensif et font beaucoup de publicité à la télévision. Ensemble, ils
ont sorti un «hit» sur le marché : la maison 100% électrifiée, avec option photovoltaïque. Le concept
se définit ainsi : finis le gaz et le mazout, nous offrons un système domestique avec photovoltaïque,
pompe à chaleur, cuisinière électrique, climatisation, aération mécanique. Plus une enveloppe du
bâtiment légèrement améliorée (avec env. 5 à 8 cm d'isolation thermique) – tout en un!
L’association JAHB’Net a également réussi à abaisser ses coûts de construction en mutualisant l’achat
des matériaux, en concentrant ses campagnes de promotion sur de courtes périodes (publicité
également commune), et en éliminant le système de sous-traitant.
L’heure est donc à la réduction des prix des maisons usinées et préfabriquées, répondant à un niveau
de confort de qualité supérieure, avec des systèmes plus performants et de meilleurs rendements.
Dans le domaine des systèmes énergétiques, le METI a annoncé son intention de soutenir la recherche
pour améliorer la durée de vie des piles à combustibles PEFC (5,5 milliards de yens attribués en 2005
par l’intermédiaire de la NEDO). Un consortium de 7 entreprises (comprenant Osaka Gas, Tokyo Gas
et Matsushita Electric) conduira des recherches sur le mécanisme de détérioration des membranes,
l’objectif étant d’atteindre 2,1 millions de kW générés par des piles à combustibles, à la fois dans les
entreprises et les maisons individuelles en 2010, 10 millions en 2020.
Le constructeur de maison particulière Misawa Homes a conclu en 2005 un accord avec Tokyo Gas
pour installer des piles de type PEMFC qui utilisent le gaz de ville comme source d’hydrogène, lors de
la construction d’habitation autour de la capitale.
Sanyo Electric va également fournir des piles PEMFC fonctionnant au gaz de ville pour 26 maisons
individuelles dans un quartier d’Osaka en mars 2005 et 17 en hiver 2005 dans la ville de Mushanino
[19].
La piste de la mini-cogénération (750W) suivie pour le futur, est donc sérieuse, référence faite au
développement stratégique de la filière du photovoltaïque et de l’engagement du gouvernement à
« supporter » la technologie.
Il est étonnant que la durée de vie d'une habitation japonaise soit considérée plus courte que dans
d'autres pays avancés [10]. En 1993, on comptait 45 940 000 habitations, dont seulement 2 150 000
dataient d'avant la guerre. La durée de vie légale des habitations à ossature de bois est de trente ans au
Japon; toutefois, les statistiques révèlent que 10 % d'entre elles disparaissent dans les 18 années qui
suivent leur construction et que près de la moitié des maisons à ossature bois sont détruites dans les 33
années suivant leur construction. Conscients du court cycle de vie de leurs maisons plus anciennes, les
constructeurs japonais s'efforcent d'expliquer au public que les nouvelles maisons usinées sont saines
aux plans structural, environnemental et économique, autrement dit, durables.
Habitations durables
B.5.3.4 IMPACTS
Au Japon, la demande importante pour des habitations et le coût élevé du terrain, de la main d’œuvre
et des matériaux, a conduit à une pénurie de logements abordables. Au même moment, les coûts élevés
de l’énergie ont créé une demande accrue pour des maisons offrant une bonne efficacité énergétique, et
une production d’énergie locale, comme l’électricité solaire (photovoltaïque).
Consommation d’énergie et émission de gaz à effet de serre
La grande majorité des installations photovoltaïques sont aujourd’hui des systèmes de 3 ou 4 kW
installés chez des particuliers et reliés au réseau. On considère qu’un système photovoltaïque possède
un facteur de charge de 12%. Un système de 3,5 kW peut donc fournir 10 kWh par jour, 3,7 MWh par
an, ce qui correspond aux besoins domestiques liés à un niveau de confort moderne incluant télévision,
hifi et électroménager. En 2005, il s’est vendu plus de 58000 installations de type résidentiel, soit près
de 215 GWh produit par l’électricité solaire.
Contenu environnemental
Pas d’information au niveau des déchets que génère ce nouveau type de construction. La seule
référence faite est que certain concept (« Sunny Eco-House » en particulier) récupère et utilise l’eau de
pluie.
La « Sunny Eco-House » possède également un dispositif de récupération des eaux de pluie, qui sont
décontaminées avant d’être réutilisée pour les WC, l’arrosage du jardin ou le lavage des voitures. Ce
dispositif peut réduire l'utilisation de l'eau propre jusqu’à 200 litres par jour.
Pas de précisions sur cet aspect. Il semblerait que les constructeurs de maisons individuelles assurent la
mise en œuvre sur chantier. Pour le concept « Hybrid Z », les modules photovoltaïques sont fabriqués
et assemblés chez MSK Corporation, puis sont intégrés dans la toiture dans l’usine de Misawa Homes
Co. Alors qu’il faut trois jours à Misawa pour construire en usine la maison modulaire, cela prend
seulement huit heures pour qu’elle soit entièrement installée sur le site.
Le concept de « Zero Utility Cost Housing (HYUGAzero) », maison normalisée capable de réaliser
des coûts de service nuls, en combinant un système photovoltaïque de production de l'électricité et une
pompe à chaleur air/eau « économique » avec un équipement « tout électrique », profite des prix
relativement bas de l’électricité du réseau relatifs aux périodes creuses des demandes (priorité au
chauffage de l’Eau Chaude Sanitaire la nuit) pour réduire les coûts de fonctionnement d’environ un
sixième des coûts générés par une chaudière au gaz. Cela profite à la vente d’un maximum de surplus
de la production d’électricité solaire réalisée, en réduisant la puissance d'énergie appelée au cours de la
journée.
Réglementation
Le Japon a connu trois étapes principales dans l’évolution de la réglementation thermique du bâtiment
(secteur résidentiel) : 1980, 1992 et 1999. Les exigences retenues en 1999 pour le coefficient de
déperditions sont de 30 à 40 % plus strictes qu’en 1992, qui étaient d’environ 30 à 40 % plus strictes
1. Mean long-term
2. First year is when the regulation was published in the official Journal, the second year is, when it
became active
3. houses (Type 1); multi-storey residential units (Type 2); residential occupancies for long term or transit
living for a number of unrelated persons such as hotels, motels, aged care facilities and boarding houses
(type 3); and residential unit attached to a commercial building (type 4).
4. Different standards according to single family (S), multi-family residential (M) and non-residential
buildings (NR)
5. The surface to volume ratio A/V measures the compactness of the building. Single family houses have
higher ratios
than multi-family houses
6. Compared to previous step of building code
Remarque : pour les constructeurs, il est proposé des formations aux techniques de construction de
bâtiments répondant à la plus récente des réglementations thermiques et les nouvelles normes
d’économie d’énergie dans les bâtiments non résidentiels.
Campagnes de mesures :
Elles sont en cours d’implémentation dans les nouveaux programmes (cf. Roadmap PV 2030). Les
campagnes de mesures existantes sont uniquement le suivi des consommations électriques, qui sont
comparées à la production d’électricité solaire intégrée en toiture (photovoltaïque), dans le but de
valider la démarche de maison à faible consommation d’énergie (Zero Energy Solar Home).
Source :http://www.misawa.co.jp/misawa/kankyou_e/gizyutu/kaihatu/shoene.html
La génération d’électricité photovoltaïque est de 8300 kWh/an, couvrant ainsi 93% de la consommation.
Caractérisations en laboratoire
Les constructeurs japonais obtiennent souvent les accréditations ISO 9000 et 14000 qui attestent de
l'assurance qualité de leurs habitations, aussi bien que de celle de leur usine. Ils se fixent des normes
plus rigoureuses que ne l'exige le Code du Bâtiment et maintiennent une qualité uniforme en exerçant
un contrôle rigoureux de leurs produits [8]. Plus précisément, la plupart des constructeurs japonais
établissent leurs propres normes de qualité de façon à accroître la résistance structurale, la durabilité et
le confort. C’est le cas pour les maisons haute qualité environnementale à faible consommation
d’énergie. Sur le plan de la résistance structurale, leur norme de qualité est déterminée en fonction du
Grand tremblement de terre du Kanto (142 807 morts en 1923), qui a détruit les maisons avec une
force horizontale d'environ 9 tonnes. La résistance structurale est en effet une préoccupation
d'importance majeure pour l'industrie de l'habitation japonaise. Pour illustrer, Misawa Homes Co.,
produit des maisons modulaires capables de résister à une force horizontale de 1 000 gallons (28,7
tonnes). De même, Sekisui Chemical Co. a récemment mis sur le marché sous l'appellation « GRAND
TO YOU », des maisons dont l'ossature des murs extérieurs qui sont conçues pour résister à une force
horizontale maximale de 1 600 gallons [9].
Les constructeurs japonais d'habitations utilisent généralement les épargnes tirées de la diminution des
coûts de production occasionnée par la production de masse pour doter les maisons d'un plus grand
nombre de composantes standard de grande qualité, ce qui en retour a pour effet de rehausser la qualité
du produit et de démarquer leurs maisons usinées des maisons traditionnelles. En général, les stratégies
de commercialisation ont des effets considérables sur les processus de développement des produits.
Concept « Hybrid Z »
Quartier de Misawa Homes à Aïchi - Coût d’une maison avec le terrain s’élève à environ
50,5 millions de yens (350 000€)
Cette maison a été subventionnée par la NEF (New Energy Foundation) dans le cadre du programme
de subvention pour la diffusion de systèmes photovoltaïques résidentiels. Le taux de subvention
s’élève au tiers (1/3) du coût total de l'installation. En conclusion, le coût additionnel du concept
« Hybrid Z » comparé à une maison standard de référence, est de 7 millions de yens, et l’économie lié
au fonctionnement se situe autour des 300000 yens/an.
Le bénéfice net réalisé sur la production d’énergie solaire est de l’ordre de 70 000 yens/an.
En 1998, une étude conduite par le ministère japonais de la construction a révélé que 48% des ménages
n’étaient pas satisfaits de l’état de leur logement ; les raisons en étaient la vétusté, le manque
d’insonorisation et d’isolation thermique, d’espace intérieur, l’usage au quotidien fastidieux des
équipements de climatisation (qu’il faut en général le déplacer de pièce en pièce) et d'eau. Ce
mécontentement est en partie reflété par l'âge moyen des logements démolis dans la première moitié
des années 90 : autour 26 ans (ceci reflète également l’absence de transaction immobilière - 7 fois
moins qu’en France [7] - et le rapport à l'entretien quasi inexistant de l’habitat au Japon). Pourtant le
Code du Bâtiment avait été mis à jour en 1983, pour forcer l’augmentation de qualité et la longévité
des logements.
C’est seulement suite au dramatique tremblement de terre de Kobe en 1995, qu’une prise de
conscience a réellement opéré et donné de véritables motifs pour l'industrie d’améliorer la qualité de la
nouvelle construction. En 1996, la Government Loan Housing Corporation a mis en application un
programme pour fournir des taux d'intérêt préférentiels sur des prêts pour le logement de haute qualité.
Le sondage de 2003 réalisé par l’association japonaise des fournisseurs et fabricants de constructions
préfabriquées [1] a révélé que la « grande qualité » attribuée aux habitations préfabriquées était le
facteur déterminant de l'intérêt des acheteurs potentiels. En fait, 23 % des propriétaires sondés ont dit
préférer les habitations usinées en raison de la qualité supérieure du produit sur les plans de la
durabilité, de l'isolation et de l'étanchéité à l'air, ce qui donne à penser que la durabilité de l'habitation
est un facteur important de la décision d'achat. Le second facteur en importance était la « fiabilité »
d'une entreprise de renom, ce qui témoigne en quelque sorte de l'incidence de la « marque » sur les
ventes, comme l'ont indiqué 15% des répondants. Le troisième facteur serait, selon 9 % des
propriétaires ayant répondus, les explications que leur avaient données, à propos de leurs produits et
services, les vendeurs d'habitations usinées, dont le prix de vente est en moyenne de 8 % supérieur à
celui des habitations traditionnelles. Ces résultats révèlent que les acheteurs sont portés à considérer la
qualité de l'habitation, laquelle peut se répercuter à la fois sur la valeur d'agrément et sur le coût du
cycle de vie, comme la première priorité, et que le prix de vente pèse moins dans la balance.
Le marché – Commercialisation
76 % des maisons individuelles construites chaque année au Japon sont des maisons à structure bois.
C’est devenue une référence en matière de qualité. Les maisons préfabriquées (13,7% de part de
marché en 2004), sont l’opportunité de créer des maisons à faible consommation d’énergie, avec une
production locale d’électricité et de chaleur, et de diffuser le concept.
Le renouvellement du parc immobilier est d’autre part relativement rapide : l’âge moyen des maisons
individuelles se porte à une trentaine d’années, le marché de l’immobilier « ancien » est dans ce
secteur du résidentiel très réduit. Les Japonais n'achètent qu'une ou deux maisons dans leur vie en
raison de l'investissement considérable que cela représente. Ils sont par conséquent prudents et
sélectifs car la maison doit satisfaire à leurs besoins personnels et tenir compte des changements
démographiques de la société contemporaine.
Les fabricants japonais ont déjà réussi à personnaliser leurs habitations usinées [16], grâce au concept
novateur du sur-mesure en série, ou personnalisation de masse. La conception japonaise des maisons
« personnalisables » intègre les avantages de l'industrialisation des habitations, où la production de
masse des divers éléments contribue à réduire les coûts de conception et de production (maîtrise des
temps de fabrication), et où la production en usine garantit un approvisionnement régulier de produits
de qualité.
La personnalisation des produits fabriqués en série nécessite évidemment une communication forte
avec l'utilisateur. A l'étape de la conception, les constructeurs japonais offre un service « d'aide à
l'aménagement » en encourageant les futurs propriétaires à prendre part à la personnalisation de leur
demeure dans un centre d'information sur l'habitation [5] (produits, technologie, gamme, conception
assistée par ordinateur pour la création, la modification, l'analyse et l’optimisation du couple
produit/coût [17]).
Les éléments standard d'habitation peuvent être classés en trois catégories : structure, extérieur et
intérieur. Les éléments de structure entrent dans la construction du modèle qui déterminera le nombre
de pièces et les dimensions de chacune, tandis que les éléments d'intérieur et d'extérieur permettent
d'agencer les éléments décoratifs et fonctionnels qui interviennent dans la personnalisation. La
préparation en usine est ainsi simplifiée (analogie au jeu de construction Lego), la qualité contrôlée, et
l’assemblage sur le site très rapide.
Les fabricants d'installations photovoltaïques, les compagnies d'électricité et les grands groupes du
bâtiment effectuent un marketing intensif et font beaucoup de publicité à la télévision. Les paramètres
pour la diffusion de l’habitat à haute qualité environnementale, incluant la faible consommation
d’énergie et le recours aux énergies renouvelables, sont ainsi réunis.
S : Strength – Forces
Ce concept :
- répond au défi de réduire les émissions de gaz à effet de serre, en consommant moins et en
utilisant les énergies renouvelables. La sécurité des approvisionnements et la diminution de la
facture énergétique, font toujours partie de l’argumentaire en faveur de ce développement, mais
l’environnement a pris le relais et les objectifs de Kyoto, difficiles à tenir face à une croissance
importante de la consommation, sont désormais en première place.
- trouve un succès grandissant grâce à une volonté sans réserve du gouvernement qui a développé
et assuré la création d'un marché initial pour la filière du photovoltaïque, via des subventions à la
R&D et aux industriels à travers des programmes de démonstration ou de dissémination à grande
échelle des systèmes photovoltaïques intégrés, en particulier dans le secteur résidentiel.
- cette réussite est liée à une forte implication des constructeurs de maisons individuelles, comme
Sekisui, Misawa Homes et Daiwa House, qui ont su développer une offre commerciale sérieuse.
Une grande partie des maisons au Japon sont soit préfabriquées, soit construites avec des
éléments standard, facilitant ainsi l’intégration de panneaux solaires, la réduction du coût de
production, la qualité du produit et ainsi, la conception de « Zero Energy Solar House ».
- un « marketing intensif » de la part des industriels sur le concept de maison à faible
consommation d’énergie, via l’intégration de toiture photovoltaïque, font que les japonais sont
prêts à payer, même un peu plus chère comparée à une maison traditionnelle (de l’ordre de 8%),
une maison ZESH pour les économies d’énergie et le confort additionnel qu’elle procure.
- une maturité exemplaire des japonais et leurs souhaits de faire « quelque chose » contre le
réchauffement climatique. Ils sont également sensibles aux nouveautés techniques.
W : Weakness : Faiblesses
Le concept :
- peut être « victime » du manque de sévérité du Code du Bâtiment, reportant sur le fabricant
l’entière responsabilité de vendre, sans obligation apparente, une construction répondant aux
normes fixées. C’est donc au constructeur de faire valoir le surcoût des maisons à faible
consommation d’énergie, le client restant au final, maître du degré de la personnalisation de son
logement, en fonction de ses moyens. La négociation en amont du contrat est très importante,
d’où un gros effort de la part du constructeur à développer des services « d’aide à
l’aménagement », pour convaincre les futurs propriétaires d’opter pour les ZESH.
- le coût des habitats ZESH est 8 % plus élevé qu’un habitat traditionnel, et la nécessité de réduire
les coûts de la construction. Il semble que seul le marché de la construction usinée ou
préfabriquée puisse répondre à cette attente.
- Enfin, le concept peut à long voire moyen terme, faire évoluer l’habitude comportementale des
japonais, qui a priori semble exemplaire dans le domaine des consommations d’énergie
O : Opportunities – Opportunités
T : Threats – Menaces
Le concept :
- peut, à travers l’image de la communication intensive qui en est faite, ne pas correspondre à la
réalité : à savoir une construction qui pour les raisons économiques précitées (moyens financiers
du client, valeurs limites « réglementaires » non imposées), privilégie le critère de production
décentralisée (installation photovoltaïque « surdimensionnée » notamment), aux critères de
performance de l’enveloppe et de la maîtrise de l’énergie. Ainsi, les bâtiments relativement bien
isolés avec des besoins en énergie de chauffage inférieurs à 120 kWh/m² sont plus difficiles à
trouver que les maisons mal isolées dotées d'installations photovoltaïques. Le risque est, dans la
phase de négociation et « d’aide à l’aménagement », de vendre comme «zéro énergie» une
maison qui présentent généralement des valeurs de besoins supérieures à 100 kWh/m². Seuls
quelques architectes et entreprises de construction sont aujourd’hui capables de construire une
maison ZESH.
Les niveaux d’isolation thermique sont faibles au Japon comparés aux pratiques des labels Minergie-P
ou Passivhaus. Les performances des vitrages sont dans la moyenne de ce qui est aujourd’hui exigé
dans la réglementation thermique en France. Il faut donc être prudent quant à la notion de concept
ZESH.
L’analyse de la transposition en France peut être menée en partant d’une série d’éléments clés du
concept Zero Energy Solar House développé au Japon. Ces éléments sont d’ordre :
- Technique : le développement du marché de constructions usinées ou préfabriquées,
l’intégration de toitures solaires photovoltaïques « standard », l’utilisation d’équipements
électriques de haute performance énergétique, les systèmes de climatisation, les systèmes à
air...
- Organisationnel : une approche basée sur la collaboration entre acteurs, une mutualisation des
savoir-faire pour réduire les coûts de production, de commercialisation (campagnes
« marketing » télévisées),…
Il est à ce stade important d’attirer l’attention sur la nécessité de distinguer le concept de maisons à
« basse consommation » et le concept de maisons « zéro énergie », ce qui n’est pas clairement affiché
au Japon. Le contexte particulier de l’intégration du photovoltaïque au bâtiment, fortement
subventionnée par le gouvernement jusqu’en 2006 afin de créer le marché initial au développement de
la filière, a tendance à orienter le marché de la construction japonaise vers des offres de maisons « zero
énergie », capables de produire localement la quantité d’énergie consommée, sans pour autant avoir
mis en œuvre les solutions techniques adéquates pour minimiser les déperditions de l’enveloppe.
Sur le plan technique, il semble intéressant pour la France de s’inspirer des modèles d’intégration du
photovoltaïque pour pouvoir reproduire l’offre d’une gamme de produits réellement adaptés aux
bâtiments (cf. Briques Technologiques correspondantes).
L’utilisation des maisons préfabriquées semble le vecteur porteur du concept ZESH au Japon. Il
permet également plus facilement l’approche « basse consommation ». Sachant le cheminement
parcouru par les constructeurs japonais pour arriver à proposer des maisons préfabriquées de qualité
(15% de part de marché sur le résidentiel neuf aujourd’hui), il nous faut en France considérer avec
attention la filière de la construction bois, qui offre les mêmes outils et les mêmes garanties de qualité.
A l’instar des pratiques au Japon, cette filière est propice au déploiement d’un programme de
démonstration subventionné, pour valider la réalité du concept et du produit (systèmes à ossature bois),
à travers les différentes étapes de préparation en usine, d’assemblage in situ et de certification en
exploitation.
Pour les autres points (systèmes électriques performants, systèmes de climatisation ou de ventilation),
il semble que la Réglementation Thermique 2005 exige déjà l’essentiel des recommandations
japonaises. Sur la question de la climatisation notamment, il semble parfaitement réalisable dans le
climat français d’arriver à un confort d’été important, sans la climatisation. Malgré ce constat, la
construction d’un bâtiment « zéro énergie » ne justifierait-elle pas de l’installation d’une climatisation
pour répondre à des demandes tout à fait exceptionnelles (périodes de canicule) ?
Les pratiques comportementales sont par contre plus à même d’être soulignées, à savoir de chauffer ou
climatiser uniquement les pièces dans lesquelles il y a une activité. Cela ouvre un large champ
exploratoire sur la définition d’une « gestion technique et dynamique globale des bâtiments », et le
contrôle-commande de systèmes de cogénération ou de composants d’enveloppes multifonctionnels
« communicants ».
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2. J.G. Sackctte, Japan's Manufactured Housing Capacity: A Review of the Industry and Assessment of
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5. M. Noguchi, A. Friedman, Manufacturer-User Communication in Industrialized Housing in Japan,
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7. Residential construction http://www.mckinsey.co.jp/services/practices/pdf/mgi/Rcj.pdf
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Development in Mexico, Journal of Habitat International, Vol. 29. No.2 (2005), p. 325-336.
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22. Retscreen International, Etude de cas – Projet de chauffage solaire passif : maison préfabriquée /
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24. http://www.city.osaka.jp/french/mayors_message/conference/2004_05_26.html
B6- ESPAGNE
LA POLITIQUE ENERGETIQUE DE
BARCELONE – L’ORDONNANCE SOLAIRE
1. INTRODUCTION ..........................................................................................................................................147
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................................................175
Barcelone a également mis sur pied en 2002 un plan d’amélioration énergétique de Barcelone
(PMEB) qui fixe pour 2012 divers objectifs ambitieux en matière d’énergie renouvelable.
L’Etat Espagnol possède une organisation territoriale décentralisée qui influe fortement sur la
gestion énergétique du pays. Trois niveaux administratifs : le gouvernement espagnol, les
communautés autonomes et les collectivités locales, possèdent des compétences législatives et
opérationnelles pour gérer leur territoire.
Enfin, le contexte barcelonais est très proche du contexte catalan. Néanmoins, on peut noter une
consommation élevée d’électricité (41% de la consommation en énergie finale) due à un parc
tertiaire important et qui est chauffé majoritairement à l’électricité.
Tableau de comparaison : Espagne Catalogne Barcelone France
Depuis septembre 2006, le CTE (Código Técnico de la Edificación) fixe les exigences minimales
de qualité pour les bâtiments et leurs installations. Le CTE rassemble en un seul document toutes
les normes de construction espagnoles précédentes et il en augmente les exigences énergétiques
conformément à la directive européenne 2002/91/CE, conformément à l’Ordonnance Solaire
Thermique de Barcelone et à l’ébauche de l’Ordonnance Solaire Photovoltaïque de Barcelone.
2.2.2. Isolation
Le système constructif le plus répandu à Barcelone est la double paroi de brique prenant en
sandwich un isolant. Néanmoins, cette paroi n’est pas assez performante pour le nouveau CTE :
ce système devrait donc être abandonné. Le double vitrage est d’installation courante.
Les systèmes sont majoritairement individuels pour le résidentiel (chaudière à gaz naturel et
radiateurs), les systèmes de chauffage collectifs étant presque exclusivement implémentés dans
les bâtiments tertiaires et fonctionnent à l’électricité. Les constructions tertiaires neuves utilisent le
chauffage électrique couplé à des accumulateurs de chaleur et bénéficient généralement d’un tarif
nocturne préférentiel pour l’électricité : on accumule la chaleur pendant la nuit pour s’en servir le
jour.
La culture du bioclimatisme qui se perd et le bruit de la ville conduisent les habitants à faire
installer des climatiseurs. Et, ni les fournisseurs d’électricité, ni la municipalité n’ont réussi à
sensibiliser les habitants ni à offrir des alternatives raisonnables. L’apparition d’unités extérieures
de climatiseurs sur les façades des bâtiments, été après été, bien qu’interdit par la municipalité,
est un défi majeur pour la ville.
2.2.5. Climat
Le climat de Barcelone est méditerranéen sec, avec une température annuelle moyenne de 17,0
°C. . L’ensoleillement annuel est de 4,2kWh/m², soit égal à la moyenne catalane (en France il est
s’échelonne de 3.4kWh/m² à Lille jusqu’à 4.4 kWh/m2 à Marseille)
Barcelone a également subit des épisodes de canicule durant les étés passés.
BarnaMil
C’est une campagne, lancée par BEE, visant à la promotion de l’énergie socaire qui a débuté en
1997. Son objectif était d’installer 1000 m² de capteurs solaires thermiques dans des maisons
individuelles existantes pour l’année 2000. En 1999, Barnamil s’est constituée en association afin
de prmouvoir l’utilisation de l’énergie solaire dans l’existant car l’OST l’imposait déjà dans les
constructions neuves. Cependant, Barnamil est très limitée par ses ressources financières bien
qu’elle vient de lancer un nouveau slogan « dites oui à Kyoto » afin d’élargir son champ de
sensibilisation.
Barcelone s’est engagée dans différentes initiatives dès 1992 : le sommet de la terre à Rio en
1992, la déclaration d’Amsterdam en 1993, la charte d’Aalborg sur les villes durables en 1994 qui
engage la ville dans un agenda 21, le Plan d’action de Lisbonne en 1996 et en 1997 la campagne
BarnaMil et l’engagement dans la réalisation de projets photovoltaïques sur les bâtiments de
l’adminstration de la municipalité.
En 2002, le Plan d’Amélioration Energétique de Barcelone (PMEB) voit le jour : il a une portée plus
large que le solaire. C’est le cadre générique qui englobe toutes les actions en matière de politique
énergétique et d’impact environnemental à Barcelone. Prévu jusqu’à 2010, il fixe les objectifs
d’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables et d’émissions de gaz à effet de serre. Il établit
un plan d’action en 58 projets dans des champs divers : projets normatifs, amélioration de
l’éfficacité énegétique et économies d’énergie (transport, éclairage et bâtiments publics…),
promotion des EnR, formation, information et sensibilisation mais aussi création de l’Agence de
l’Energie de Barcelone en tant qu’instrument de suivi du PMEB lui-même. L’économie d’énergie
résultant du PMEB est estimée à 4% de la consommation énergétiue de la Barcelone.
L’Observatoire de l’Energie de Barcelone, mis en place par l’Agence de l’Energie, suit le degré
d’execution des projets définis dans le PMEB. 40% des projets sont achevés ou en cours.
Enfin en 2006, l’OST de 1999 est mise à jour et devient plus exigeante.
Ces différents engagements s’inscrivent dans un contexte régional et national plus large ainsi que
l’illustre la chronologie ci-dessous :
Dates
Action Objectifs Résultats
Niveau
97 – 00 Campagne BarnaMil 1000 m² de solaire thermique Echec
BCN installés pour 2000
99 – 06 OST 99 Cf §3 Cf §5
BCN
00 – 05 Plan de financement des 12 % d’EnR en 2010, soit + 6 -En 05, 7,5% d’EnR, soit +1,5%
Les plans plus récents n’ont pas encore donné de résultats. On peut s’attendre à des retours
d’expérience aux alentours de 2010. On remarque néanmoins l’implication de tous les niveaux :
espagnol, catalan et barcelonais. Ils sont repris dans le tableau ci-dessous :
Dates
Action Objectifs
Niveau
05 – 10 PER, Plan d’Energie Renouvelable -12% d’EnR en 2010
ESP dont 30% pour la production électrique et 5,8% de
la consommation en carburant couverte par des
biocarburants
06 – 15 Plan de l’Energie de Catalogne -Economie de 10,6% en énergie final, dont 2,21%
CAT 2006-2015 en électricité
-9,5% d’EnR en 2015 dont 1250000 m² de solaire
thermique et 100 MW de photovoltaïque
-10000 M€ d’investissment
06 OST 06 Cf §3
BCN
06 Decret d’Ecoperformance des Solaire thermiqe obligatoire pour les bâtiments
CAT bâtiments de Catalogne consommant plus de 50 L/jr à 60°C
06 CTE, Code technique de la Reprend les exigeances de la directive
ESP construction 2006 européenne 202/91/CE et de la loi espagnole
38/1999 :
-Limitation de la demande énergétique des
nouveaux bâtiments
-Rendement minimal des installations thermiques,
-Contributions solaires thermique et
photovoltaïque minimales.
Futur OSP, Ordonnance Solaire Déjà reprise en partie dans le CTE mais plus
BCN Photovoltaïque exigeante
De plus, il était, seulement, exigé la mise en place de capteurs solaires thermiques pour des
consommations supérieures à 81 kWh/jr, en moyenne, pour le chauffage de l’ECS. Aujourd’hui,
cette exigence s’étend à tous les bâtiments à hauteur de leur consommation énergétique
pour le chauffage de l’ECS.
La modification de 2006 adapte cette exigence aux minima requis par le Code Technique de la
Construction : elle conserve le minimum des 60% et exige une contribution plus grande dans
les cas de consommation d’ECS plus importante que 10 000 L/jour ou quand le système
d’appoint est électrique. Par ailleurs, la contribution minimale passe à 30% pour le chauffage de
l’eau des piscines couvertes climatisées et à 20% pour le préchauffage de l’eau jusqu’à 60°C
destinée à un usage industriel. Enfin, le chauffage des piscines découvertes est interdit avec
un système autre que solaire.
3.3. EXEMPTIONS
Selon l’OST de 99, les bâtiments dans lesquels il est techniquement impossible d’atteindre une
couverture solaire de 60% sont exemptés. La réduction du pourcentage de 60% est également
autorisée pour les bâtiments qui ne disposent pas en toiture d’une surface minimale de
5m²/logement type (F4). Dans ce cas, on devra utiliser la surface maximale disponible à chaque
fois qu’il est possible d’atteindre 25% de la consommation.
Une réduction du pourcentage de 60% est également accordée dans les cas où une partie de la
consommation est couverte par d’autres sources d’énergies renouvelables, par cogénération ou
par des sources d’énergie issu de déchets ou gratuite. Dans ce cas, l’installation solaire sera
dimensionnée pour couvrir le reste de la consommation jusqu’à 100%.
3.4.1. Matériel
L’OST de 99 stipule que l’installation doit se réaliser à chaque fois avec la meilleure technologie
disponible. Mais elle établit comme système à choisir une installation formée de capteurs solaires
en circuit fermé, d’un échangeur entre le circuit fermé du collecteur et l’eau de consommation, d’un
stockage solaire, d’un appoint avec d’autres énergies et d’un système de distribution et de
L’OST de 99 laisse peu de marge sur l’orientation et l’inclinaison des capteurs solaires afin
d’utiliser la ressource solaire au maximum. La modification de 2006 assouplit ces exigences en se
concentrant sur la couverture solaire minimale de l’ECS, quitte à augmenter la surface de
capteurs.
L’Ordonnance de 1999 responsabilise les concepteurs afin que les capteurs solaires soient
occultés par les acrotères et que les mesures nécessaires pour leur intégration soient prises. Elle
exige que des espaces soient réservés dans les parties communes des bâtiments pour l’ensemble
des canalisations et pour le dispositif d’appoint afin que l’accès soit facilité pour les opérations de
maintenance et de réparation. Quand des bâtiments isolés sont raccordés, les conduites doivent
être enterrées ou placées de sorte qu’elles minimisent l’impact visuel. Sont expressément interdits
la descente des canalisations en façade principale ou par des cours intérieures.
L’Ordonnance de 1999 exige que toutes les installations possèdent un thermomètre, un système
de contrôle de débit et de pression pour pouvoir attester du fonctionnement correct du système.
Elle exige également la réalisation des opérations de maintenance nécessaires pour le
fonctionnement correct et l’efficacité du système.
La modification de 2006 donne une grande importance à cette partie dédiant un chapitre
spécifique à la maintenance. Techniquement, elle suit les mêmes critères que la précédente,
exigeant de plus l’installation d’un compteur de température de l’eau chaude solaire pour
information de chaque utilisateur afin de vérifier le bon-fonctionnement de l’installation. La volonté
de faire en sorte que les installations fonctionnent correctement et qu’elles soient l’objet d’une
maintenance appropriée est manifeste. Un contrôle de qualité et de prestation des installations
certifiée par une entité d’inspection et de contrôle est exigé. Il est exigé de plus un contrat de
maintenance d’une durée minimum de 2 ans avec une entreprise habilitée. Seules les installations
de moins de 7,1 m² sont exemptes de cette obligation : la responsabilité de la maintenance est
laissée au propriétaire. De plus, il est établi que la maintenance doit comporter un plan de contrôle
et un plan de maintenance préventive.
4. MISE EN ŒUVRE
4.1. DIFFICULTES DE MISE EN ŒUVRE
Les premières difficultés à la mise en application de l’ordonnance solaire sont les suivantes :
- Le refus des promoteurs immobiliers d’intégrer les panneaux solaires dans les
constructions,
Après 7 ans d’expérience, on constate aujourd’hui qu’une partie importante des installations
présentent des dysfonctionnements dus à des erreurs de conception ou d’installation.
Au début de l’Ordonnance Solaire, l’intégration des systèmes au bâti a été difficile car les
systèmes n’étaient pas intégrés à la conception mais plutôt ajoutés lors de la mise en œuvre. Cela
a posé des problèmes à l’installation puisque l’OST exige d’occulter les capteurs solaires avec des
parapets ou des balustrades et de faire cheminer les canalisations dans des espaces reservés.
L’autorisation de licence est délivrée par la Municipalité de Barcelone très en amont du projet de
construction, lorsqu’on ne dispose que d’informations basiques sur le projet. Or, elle exige des
informations très précises sur la mise en œuvre qui méritent de connaître les caractéristiques
précises du bâti. Ce déséquilibre conduit alors fréquemment, lors de la phase de réalisation, à
constater des décalages importants entre ce qui a été prévu dans le dossier d’autorisation et ce
qui est effectivement réalisé, décalages qu’il est très difficile de réparer.
L’OST de Barcelone exige la certification des capteurs solaires par un organisme habilité. Cette
exigence a conduit à une augmentation importante de la qualité des capteurs installés, mettant
hors course les capteurs moins chers et de moins bonne qualité.
Par ailleurs, le système existant protectionniste de l’industrie solaire espagnole s’avère obsolète et
inefficace et prévoit d’être modifié dans un futur proche. De fait, la majorité des capteurs solaires
homologués sont importés.
Il n’existe aucune exigence sur la formation des installateurs et la qualité de pose des
installations : aujourd’hui, n’importe quel plombier peut légalement effectuer une installation alors
que le bon fonctionnement du système requiert des compétences minimales en chauffage.
Des discussions ont eu lieu sur une exigence possible de formation et de certification des
installateurs mais elle n’est plus à l’ordre du jour.
L’OST ne fixe aucune procédure d’inspection des installations du fait que le coût d’une telle
inspection serait élevé. Aujourd’hui, la Municipalité de Barcelone exige que le promoteur rende un
certificat de qualité d’installation (émis par une entité d’inspection et de contrôle habilité par la
Municipalité) à la fin de la construction. L’inspection est réalisé par le service d’Urbanisme de la
Ville de Barcelone et a pour but de vérifier le respect des différentes normes (CTE, Décret d’éco-
efficacité de Catalogne et OST).
Dans la phase d’exécution, « tout plombier » est théoriquement autorisé à effectuer l’installation.
Au début de l’OST, ce sont les entreprises membres d’APERCA, car les plus compétentes dans le
domaine, qui prirent en charge les installations. Devant l’augmentation du volume de demandes, la
FERCA a mis en place des cours de formation pour ses membres ce qui a permis d’augmenter
considérablement le nombre d’installateurs. Aujourd’hui, les membres de la FERCA effectuent la
majorité des installations.
Aucune profession n’assure la maintenance des installations : elle est peu attractive et peu
rentable. En effet, elle constitue des petites affaires en direct avec les clients, sans compter
qu’aucune profession n’est véritablement compétente pour ce service.
- ceux qui ignorent tout de l’énergie solaire et qui s’en désintéressent complètement
- ceux qui essaient de profiter au maximum de l’installation en connectant aussi leur système
de chauffage (en maison individuelle), car ils ont compris qu’elle leur permet de réaliser des
économies de chauffage et rentabiliser les frais d’installation.
Dans les installations centralisées de type maisons individuelles, hôtels ou bâtiments tertiaires, qui
sont habituellement dans une démarche de rentabiliser les investissements, l’utilisation et la
maintenance de l’installation sont bien effectuées.
Contrat de maintenance
Les utilisateurs sont sensés effectuer la maintenance. Le problème réside dans le fait qu’aucune
inspection n’est réalisée. C’est pourquoi, la version 2006 de l’OST prévoit un contrat de 2 ans avec
création d’un manuel de maintenance. Ce premier contrat fourni par le promoteur à la livraison du
bâtiment neuf. L’inspection sera exigée par le service d’Urbanisme de la Municipalité et
vraisemblablement sous-traité.
Dans le cas du solaire thermique, les subventions sont limitées aux installations non assujetties à
l’OST. Avec la récente approbation du Decret d’éco-efficacité de Catalogne et du Code
Techniques de la Construction, il semble que les subventions seront restreintes à la promotion
d’intégration d’installations solaires dans les bâtiments existants.
Les aides de financements existent aux 3 niveaux politiques : Etat fédéral, Communauté de
Catalogne et Municipalité de Barcelone. Néanmoins, c’est la Catalogne, via l’ICAEN, qui est
chargé de la gestion des fonds : elle reçoit les fonds de l’Etat et les gère avec ceux de Catalogne.
C’est pourquoi dans les faits, la majorité des projets bénéficient seulement des subventions de
l’ICAEN ; et lorsque le budget est épuisé (1 000 000 € en 2006), les subventions ne sont plus
attribuées. Les démarches administratives sont très lourdes. Au final, les installations sont
subventionnées à hauteur de 30-40% du coût total de l’installation.
L’organisme d’Etat en charge des subventions pour l’énergie solaire a toujours été le Ministère de
l’Industrie, du Tourisme et du Commerce. C’est l’IDAE qui gère les fonds attribués pour le Plan de
Financement des Energies Renouvelables (PFER) et pour la Stratégie d’Economie d’Energie et
d’Efficacité Energétique en Espagne 2004-2012. Les programmes d’aide incluent des prêts à faible
taux en collaboration avec l’Institut de Crédit Officiel (ICO) et des subventions pures.
Financements privés
Certaines banques proposent des offres de prêts à faible taux (définis par l’ICO). Dans le cas du
photovoltaïque, certains prêts établissent un remboursement sur la revente de l’électricité.
L’ICAEN gère les fonds pour les investissements d’économie, d’efficacité énergétique et
d’approvisionnement des ressources énergétiques renouvelables. (1 million d’euros en 2006).
Dans le cas d’installations solaires thermiques, les subventions sont plafonnées à 37% du coût
d’installation de référence. Ce coût a été fixé :
- à 1450 €/kW ou 1015 €/m² pour les installations spéciales avec application de réfrigération
ou applications avec température d’usage supérieure à 60°C et rendement supérieur à
40%.
Solaire photovoltaïque
La Catalogne subventionne les installations photovoltaïques, jusqu’à 22% du coût de référence de
l’installation, soit 12 €/Wp pour les installations isolées avec accumulation et de 9 €/Wp sans
accumulation. La subvention est plafonnée 100 000 euros. Pour le photovoltaïque raccordé au
réseau, la subvention prend la forme d’un tarif de rachat par kW vendu (en 2005 : 44c€/kWh pour
les installations « volontaires » de puissance supérieure à 100 kW, et 7,5 c€ pour les installations
rendues obligatoires dans le cadre du CTE).
La personne qui décide de l’incorporation d’une installation solaire thermique dans un bâtiment est
le promoteur. L’OST de Barcelone a donc fortement poussé les promoteurs à devoir intégrer les
installations dans les nouvelles constructions.
Les coûts dépendent de la taille, des caractéristiques des installations et de la qualité des
équipements. Dans la pratique, les coûts sont compris entre 1000 et 2000 € / m² de panneau
solaire, ce qui représente entre 1 et 1,5% du budget totat des équipements du bâtiment
(Installation + Main d’œuvre).
Par ailleurs, à travers des exigences toujours plus fortes pour l’utilisation de panneaux
homologués, l’OST a contribué à une augmentation des coûts d’installation (et de la qualité des
installations par la même occasion). D’autre part, la croissance de la demande en panneaux
solaires thermiques et l’offre réduite existante sur le marché des installateurs compétents à
provoqué une hausse du prix des installations, avec des prix en Catalogne sensiblement
supérieurs à la moyenne du pays. On attribue cette hausse essentiellement au fait que les projets
d’installation, en devant plus grands, sont devenus plus complexes, d’où une nécessité d’investir
dans du matériel nouveau (pour les études de dimensionnement).
L’OST n’a eu aucune influence sur les prix du marché des capteurs solaires puisque le marché est
mondial ; compte tenu des volumes de la demande actuelle et des niveaux de qualité exigés, la
majorité des panneaux sont importés principalement d’Allemagne et d’Autriche, parfois de Grèce
ou d’Israël. De faible qualité, la production nationale est restée peu compétitive.
La mise en place de l’Ordonnance a conduit à une information et des débats permanents entre les
différents acteurs. La présence sociale et technique de l’ordonnance solaire a été permanente dès
son approbation et la stratégie de communication de la municipalité a maintenu les citoyens
informés des progrès effectifs que cette ordonnance a produit sur les économies énergétiques.
Les façons de communiquer ont été diverses : depuis les articles de presse avec l’évolution
chiffrée de la capacité totale en capteurs solaires installés et de leurs bénéfices
environnementaux, jusqu’aux guides de la ville pour diffuser les concepts et les potentialités de
cette initiative ou les documents et les guides techniques destinés aux professionnels du secteur :
architectes, ingénieurs et installateurs. Les revues techniques et les cours de formation destinés à
ces mêmes professionnels et aux agents impliqués dans l’installation, ainsi que des ateliers pour la
réalisation d’activités concrètes de promotion et de diffusion de l’ordonnance n’ont pas manqués.
Compte tenu du caractère obligatoire établi dans l’Ordonnance, ses effets furent immédiats à partir
de son entrée en vigueur en 2000 et son évolution a été soutenue et constante compte tenu de la
forte activité du secteur de la construction tout au long de ces dernières années. Le graphique ci-
dessous illustre cette évolution année après année.
Le nombre de permis de construire accordés entre 2000 et 2006 constitue une surface
totale autorisée de 36 506 m² de capteurs. Cette surface représentera une économie
énergétique de 29 205 MWh/an, soit en terme de réduction d’émissions de CO2, 5 135 tonnes/an
évitées et une économie financière de 1 618 000 €/an.
Le graphique ci-dessous révèle comment se répartit cette surface de capteurs solaires thermiques
entre les différentes destinations de bâtiments. La majorité des installations concerne l’habitat et,
tout en reflétant la croissance des dernières années du secteur touristique de la ville de Barcelone,
illustre le dynamisme des hôtels qui représentent un poids significatif.
Barcelone, qui possédait en 2000 une surface installée pour 1000 habitants de 1,1 m2, possède
en juin 2006 un ratio de 24,4 m² de capteurs en cours d’installation / 1000 habitants et une surface
totale installée estimée à 12,4 m²/ 1000 habitants. Pour comparaison, voici les données de 2003 :
5 m²/1000 habitants pour la Catalogne, 11 m²/1000 habitants pour l’Espagne et 38 m²/1000
habitants pour l’Europe. Il convient de noter qu’un espace urbain et de forte densité comme la ville
de Barcelone ne peut être facilement comparé avec des étendues de territoires plus génériques.
Finalement, avec la création de l’Agence de l’Energie de Barcelone en 2002, il fut considéré que le
choix le plus raisonnable serait de confier la responsabilité de la gestion technique de
l’Ordonnance à cette agence. Cette décision relevait d’un objectif plus ambitieux. Il permettait en
fait à la Municipalité de centraliser toutes les tâches relatives à l’Ordonnance, c’est-à-dire le
conseil aux professionnels, l’approbation, la publication et le suivi des installations.
Tous les acteurs impliqués ont eu les mêmes problèmes de gestion initiaux depuis les promoteurs
jusqu’aux installateurs en passant par les techniciens chargés de la rédaction des projets. La
méconnaissance de la technologie solaire par de nombreux architectes et ingénieurs, l’utilisation
de méthodes de calcul ou technologies inadaptées, le manque de documentation technique dans
les projets, le manque d’intégration des installations solaires dans la conception des projets avec
l’impact visuel inhérent ou la mise en œuvre par des installateurs non spécialisés impliquèrent
d’importantes difficultés initiales pour l’implémentation de l’Ordonnance.
Le suivi de l’Ordonnance réalisé par l’Agence de l’Energie de Barcelone a permis d’extraire les
points forts et les points faibles de toute l’expérience de ces dernières années, qui ont été des
éléments clés pour la modification de 2006. En tant que points forts, nous pouvons noter :
- le manque d’une structure adaptée aux besoins des différents interlocuteurs définis par
l’Ordonnance
La modification de 2006 a souhaité améliorer la gestion des permis de construire, qui est
apparue être la clé de voûte de l’OST. Désormais, les permis sont délivrés sous réserve de
la présentation d’un certificat final et des spécifications techniques de l’installation émis par
L’Agence de l’Energie a analysé quelques unes des installations réalisées dans le but de disposer
d’une bonne connaissance du développement et de l’implémentation de l’Ordonnance, entre 2004
et 2005. L’échantillon d’analyse fut de 10 opérations en 2004 et 30 en 2005. Les informations
récoltées permettent d’extraire des données significatives :
- pour les copropriétés, la majorité des installations sont de petite dimension (83% dans les
bâtiments de moins de 20 logements et 32% dans les bâtiments de 6 logements). Cela montre que
nous nous trouvons dans une gamme de dimension qui implique des coûts unitaires plus élevés
que ceux des grandes installations.
- La majorité des installations dispose de 0,31 à 0,40 m²/habitant (47%) bien que la moyenne
générale des bâtiments étudiés est supérieure, c’est-à-dire de 0,46m²/habitant. Soulignons que
l’étude des données des permis de construire donnait 0,37m²/habitant, soit moins que ce qui a été
finalement implémenté.
Aucune inspection régulière de la part des pouvoirs publics n’est réalisée sur le bon
fonctionnement et le rendement des installations car cela couterait trop cher. La seule
inspection réalisée à ce jour consiste à vérifier la bonne réalisation de l’installation selon les
critères définis dans le dossier d’attribution de la licence.
Dans le cas de non-respect des normes techniques, le manque d’isolation thermique des
conduites est fréquent.
Dû au manque d’éléments de mesure pour obtenir le rendement énergétique des installations, des
simulations de comportement énergétique ont été réalisées. Les résultats montrent que le
pourcentage de couverture de la consommation d’ECS est souvent inférieur à celle établie à
l’Ordonnance. Les causes sont les pertes de distribution, des lacunes dans la conception
des systèmes, spécifiquement dans le cas de copropriétés, ou l’utilisation d’éléments
inadaptés.
Une grande préoccupation des services municipaux était que les bâtiments qui bénéficieraient
d’une exemption seraient nombreux. D’où la crainte que l’effet de l’Ordonnance ne devienne
anecdotique. La réalité a démenti ces craintes car seulement 13,5% des projets d’immeubles
qui ont sollicité un permis de construire pendant la période de vigueur de l’Ordonnance ont
demandé une exemption d’installation de capteurs solaires thermiques, principalement à cause
de la petite dimension des immeubles à construire (cas d’exemption qui a disparu avec la
nouvelle révision de l’Ordonnance) ou à cause du manque de surface pour couvrir la demande
prévue (dans ce cas, il est exigé de tirer au maximum avantage des apports solaires, autrement
dit l’exemption n’est que partielle)
L’étude réalisée par l’Agence de l’Energie de Barcelone entre 2004 et 2005 sur quelques
opérations a permis de connaître la perception des utilisateurs aux effets de l’Ordonnance. Le
degré de satisfaction des usagers est très différent s’il s’agit d’une installation centralisée
ou individuelle. Dans le premier cas, on remarque une satisfaction importante des usagers
alors que dans le second cas il n’y a pas un grand enthousiasme avec un degré de
De son côté, la Municipalité de Barcelone ne s’est pas arrêtée à la promotion des énergies
renouvelables ni à l’établissement d’une stratégie municipale. Début 2002, elle a ratifié le Plan
d’Amélioration Energétique de Barcelone (PMEB) qui établit le suivi de l’Ordonnance solaire afin
de connaître son degré d’acceptation sociale et de quantifier la qualité et le fonctionnement des
installations en service.
Les promoteurs étaient initialement opposés à l’OST. Ils négocièrent un moratoire d’un an avant
son application. Pendant cette année, le travail de sensibilisation de la municipalité et les rapports
des experts de l’association de promoteurs ont conduit à l’acceptation et à un vision positive de
l’OST lors de son entrée en vigueur : le coût des constructions n’augmentait pas de manière
significative et l’argument de vente écologique compensait complétement l’investissement : il
augmentait même les bénéfices des promoteurs puisque ces derniers se rémunèrent au
pourcentage du coût total de construction.
Une future Ordonnance solaire photovoltaïque est actuellement élaborée afin de prolonger le
développement du solaire. Des bases ont été jetées dans le CTE. Cependant, elles ne permettent
pas d’atteindre les objectifs fixés dans le PMEB. L’Agence de l’Energie de Barcelone a donc
proposé des mesures plus exigentes, de 7 W/m² quelque soit le type de bâtiment tertiaire neuf. Le
texte a aujourd’hui obtenu un consensus à la « Mesa Solar » et devrait prochainement être soumis
à la mairie.
Au début, les architectes étaient plutôt réticents à l’ordonnance car ils appréhendaient les
difficultés pour intégrer cette technologie, nouvelle pour eux et qui allait avoir un impact visuel
direct sur l’architecture. Dans la pratique, ils ont vu qu’il existait différents solutions pour intégrer
les panneaux solaires (panneaux horizontaux, capteurs sous vide,…) qui rendaient quasi nul
l’impact architectural des panneaux.
L’Ordonnance Solaire de Barcelone a été pionnière en 1999 dans son engagement pour l’énergie
solaire devenant la première ville européenne qui approuva une norme destinée à financer
l’utilisation de l’énergie solaire au niveau urbain. De ce fait, les représentants des municipalités ont
été invités à présenter leur initiative, peu après l’approbation de l’ordonnance, et leur expérience à
travers différents forums techniques et politiques.
La communauté autonome des Canaries s’est également engagée dans l’utilisation obligatoire de
l’énergie solaire sur tout son territoire en 2001 et la Catalogne l’a entérinée lors du décret d’éco-
efficacité de février 2006. Plus récemment, c’est le gouvernement espagnol qui a approuvé
cette obligation à l’échelle nationale avec la récente entrée en vigueur du CTE, qui implique
l’obligation d’intégrer ces installations dans tous les bâtiments espagnols. Les exigences de ce
document sont des critères minimaux mais chaque communauté autonome ou municipalité
peuvent élaborer des mesures plus drastiques. De plus, les services techniques de l’agence de
l’énergie de Barcelone ont également offert leur expérience dans l’application de l’ordonnance
solaire pour contribuer à la révision du Règlement des Installations Thermiques dans les
Bâtiments.
6. REFLEXION CRITIQUE
6.1. SWOT
6.1.1. Forces
• L’évaluation montre une satisfaction importante des usagers dans le cas d’une installation
solaire centralisée.
• La mauvaise intégration architecturale des installations au bâti était partiellement dûe aux
limitations de l’OST qui ont été levées en 2006.
• L’absence d’appareils de mesure sur l’eau chaude solaire uniquement rendait impossible
pour les usagers de savoir si leur système fonctionnait correctement et les pannes légères
n’étaient alors pas réparées. Ils sont désomais exigés.
• Dans le cas d’installations solaires individuelles, il n’y a pas un grand enthousiasme avec
un degré de satisfaction moyen et un bon nombre d’usagers clairement insatisfaits.
6.1.3. Opportunités
• L’extension à tout le territoire espagnol de l’OST à partir des succès et des échecs de
l’expérience Barcelonaise illustre la réussite de la politique barcelonaise.
• Le manque d’une structure adaptée aux besoins des différents interlocuteurs définis par
l’Ordonnance : ce rôle a été rempli par l’Agence de l’Energie de Barcelone à partir de 2002.
Système décentralisé
L’Espagne est un Etat fédéral. Dans les faits, la Catalogne et la Ville de Barcelone sont donc
habilitées à établir leurs propres lois. Ce système donne par nature une autonomie dans la
création d’un texte réglémentaire comme l’Ordonnance Solaire Thermique, ainsi que le pouvoir et
les moyens pour le faire appliquer.
Dès lors, cette proximité des citoyens avec leurs entités dirigeantes politiques rend plus court le
chemin entre la réglementation et son application sur le terrain. Cela participe à la dynamique de
l’OST : retour d’expériences plus rapide, nombre réduit d’acteurs, faible inertie, dynamique
locale… Il est possible d’expérimenter à l’échelle de la ville.
Architecture
La majorité des édifices de la ville de Barcelone sont à toiture-terrasse. C’est pourquoi l’impact
visuel des panneaux solaires est très faible et n’a donc pas été un frein à l’application de
l’Ordonnance. En outre, de manière générale, là où il est possible de construire un bâtiment neuf, il
est possible d’y ajouter des panneaux solaires.
Responsabilité de la Municipalité
En Espagne, un projet de construction doit d’abord être déposé au Collège d’Architecture de la
Ville. Après approbation par le Collège, le projet peut alors demander un permis de construire à la
Municipalité. C’est aussi la Municipalité qui effectue l’inspection finale (vérification du respect des
normes pour les installations – chauffage, climatisation, …) avant l’autorisation d’occupation du
bâtiment : c’est donc à la Municalité qu’il revient de veiller au respect des normes du CTE.
L’expérience de l’OST de Barcelone nous apprend que les facteurs clés de succès d’un tel
programme pour la France sont :
L’établissement d’un minimum d’ECS solaire avec une exigence de contribution plus
grande dans le cas d’une large consommation d’ECS.
- dispenser des cours sur les systèmes solaires dans les écoles d’architecture, afin
que le système solaire fasse partie intégrante de la vision des architectes lors de la
conception d’un projet.
L’installation d’un compteur de température d’eau chaude solaire pour vérifier facilement le
bon fonctionnement de l’installation.
Enfin, disposant d’une démarche qualité solaire, une ordonnance solaire en France peut
être tout d’abord appliquée à l’échelle d’une région.
La France a déjà mis en place plusieurs systèmes pour la promotion du solaire thermique et
photovoltaïque tel le plan soleil « Helios 2006 » initié par l’ADEME et piloté en collaboration avec
l'association professionnelle Énerplan (association qui regroupe des professionnels des énergies
renouvelables (industriels et ensembliers, architectes, bureaux d'études, installateurs, …) et plus
particulièrement des filières solaires (Giordano Industries, Viessmann, Clipsol, Tecsol, Apex BP
Solar, Dalkia, EDF, GDF, …). Il avait comme objectifs l'amélioration des matériels, la formation des
installateurs et la diminution du coût des équipements installés ainsi que la mise en place d'un
réseau d'installateurs certifiés (Qualisol).
Lancé en 2000 avec des objectifs ambitieux, le "plan soleil" a dépassé dès 2005 ses objectifs
fixés. Les résultats pour l’année 2005 sont les suivants :
- Chauffe-eau solaires : un total de 16 500 pièces vendues, soit près de 79 000 m², dont 960
CESI avec tubes sous vide représentant 4000 m².
- Systèmes Solaires Combinés : un total de 2 100 pièces, soit près de 26 000 m², dont 96
SSC avec tubes sous vide représentant 840 m².
De la même manière, la loi sur l’énergie, adoptée le 13 juillet 2005, promet un avenir ensoleillé
en France avec le nouveau plan Face Sud. Elle affiche des objectifs ambitieux pour 2010
( 200 000 chauffe-eau solaires et 50 000 toits PV-Sol. Therm. / an).
L’État a pris l’initiative d’un crédit d’impôt à 50% pour le financement des équipements individuels
et les collectivités territoriales accordent des primes à l’installation. Pour le solaire photovoltaïque,
le tarif de rachat de l’électricité produite est de 0,30 c€/kWh (0,55 c€/kWh lorsque le système est
intégré au bâti).
L’attribution des aides est soumise a des conditions de qualité : capteurs solaires répondant à la
certification CSTBat ou à la certification Solar Keymark et systèmes photovoltaïques répondant
aux normes : EN61215 ou NF EN 61646.
Aujourd’hui, quelques banques affichent des offres de prêt type « habitat écologique ». La
première initiative a été celle de la Banque Populaire d’Alsace avec le PreVair (3,35%) associé au
CodeVair (2,35%). D’autres banques prévoient de lancer pour 2007 des prêts destinés à financer
des projets d’écohabitats comme le Crédit Coopératif.
Pour garantir la qualité des installations, la marque QUALISOL a été créée. Elle fédère plus de 9
000 installateurs professionnels qui installent des matériels certifiés. Les entreprises d'installation
sont invitées à souscrire à une charte spécifique, dite Charte Qualisol, élaborée en 1999 par
l'ADEME en concertation avec les professions concernées. Cette charte comporte 10
Le point dur reste à s’assurer que Qualit’enR a bien les moyens financiers, humains et
opérationnels pour effectuer les inspections.
Une des nouveautés de la RT 2005 a été d’introduire les EnR dans les systèmes de référence.
Concrètement pour le solaire thermique, Les exigences de référence pour les systèmes d’ECS
demandent une réduction de 20% des besoins en maison individuelle et de 10% pour les
logements collectifs chauffés à l’électricité (émetteurs effet Joule direct). Cela se traduit par une
part de production d’ECS assuré par 2m² pour les maisons et 1 m² de capteurs en collectif
électrique.
Par ailleurs, l’article 60 dans le chapitre V sur l’eau chaude sanitaire établit que les ballons de
stockage des chauffe-eau solaires préfabriqués doivent avoir un coefficient de pertes thermiques
UA exprimé en W/K inférieur à 0,16.V1/2, où V est le volume de stockage nominal du chauffe-eau
exprimé en litres.
En 2005, 150 000 m² de capteurs solaires ont été installés en France (100 000 m² en Espagne,
200 000 m² en Grèce, 1 million en Allemagne soit 2 millions dans toute l’Europe. Toutes les
technologies de capteurs solaires thermiques et photovoltaïques sont disponibles en France.
Là où il est possible de construire en neuf, il est a priori possible d’intégrer des panneaux solaires
au projet. Du moins, il peut être politiquement justifiable de l’exiger.
Par contre, la plupart des villes françaises ont une tradition architecturale de toits inclinés. Dans
ces cas, l’impact visuel de panneaux solaires est évident. Dans les cas de rénovation de ces types
de bâtiments, un projet sera soumis à l’avis des architectes de France, que ce soit en zone rurale
ou urbaine. De plus, le territoire français comprend de nombreuses zones classées. La diffusion de
panneaux solaires sur l’existant reste donc un véritable défi. La démarche engagée par la France
favorisant les actions volontaires avec des aides financières semble le meilleur moyen qui ait été
trouvé aujourd’hui.
La connaissance du système et la vérification aisée de son bon fonctionnement sont cruciaux afin
de permettre l’appropriation par le propriaitaire. Les actions de sensibilisation et la révision de
l’OST à Barcelone vont dans ce sens.
Un sujet soumis à controverse est le comportement des utilisateurs qui soit seraient du type « je
suis propre donc je consomme », soit seraient sensibilisés et économiseraient. A Barcelone, 3
types d’utilisateurs ont émergé : les écologistes, les économes et les je-m’en-foutistes. L’obligation
d’avoir un compteur sur l’eau chaude solaire produite prévue dans l’OST de 2006 permet
notamment le développement de la catégorie des économes car il permet le calcul des économies
financières réalisées. Couplé à des actions de communication, les économes ont toutes les clés en
main pour utiliser et faire entretenir correctement leur installation solaire. Ce type de comportement
est à promouvoir car il peut concerner la majeure partie de la population notamment avec
l’augmentation du prix des énergies.
Comme le montre l’OST de Barcelone, un texte réglementaire ciblé dédié aux bâtiments neufs est
une première étape pour donner confiance aux acteurs et tester le programme sur des projets où
l’intégration est facilitée en amont lors de la phase de conception. Dans une seconde phase,
l’extension d’un tel texte peut se faire aux bâtiments existants. La réussite dans le neuf est a priori
une bonne façon d’encourager les acteurs à surmonter les difficultés d’intégration qui apparaissent
dans l’existant, difficultés qui pourraient fortement être rédhibitoires sinon.
BOP Nº 181 de 30/7/1999 y correcciones publicadas en el BOP Nº 265 de 5/11/1999. Anexo sobre
captación solar térmica de la Ordenanza General de Medio Ambiente Urbano del Ayuntamiento de
Barcelona
BOP Nº 62 de 14/3/2006. Modificación integral del anexo sobre Captación Solar Térmica de la
ordenanza General de Medio Ambiente Urbano del Ayuntamiento de Barcelona.
“Annex sobre captació solar tèrmica de l’ordenança general de medi ambient urbà 2005. GUIA
D’APLICACIÓ”. Agència de l’Energia de Barcelona. Marzo 2006.
Cataluña
“Estudi tecnològic dels aïllaments tèrmics a Catalunya en l’àmbit de l’edificació” Josep Solé. Grup
Uralita. Institut Català d’Energia. Febrero de 2005.
“Estudi tecnològic d’arquitectura bioclimàtica i les seves millors tecnologies disponibles en consum
d’energia” Christoph Peters. Institut Català d’Energia. Febrero 2005.
“Criteris de qualitat i disseny d’instal·lacions d’energia solar per a aigua caleta i calefacció.”
APERCA. Enero 1999.
“ORDRE TRI/301/2006, per la qual s'aproven les bases reguladores per subvencionar la
realització d'instal·lacions d'energies renovables a corporacions locals i s'obre la convocatòria per
a l'any 2006.” Departament de Treball I Indústria. ICAEN. Junio 2006.
“ORDRE TRI/315/2006, per la qual s'aproven les bases reguladores per subvencionar la
realització d'instal·lacions d'energies renovables a corporacions locals i s'obre la convocatòria per
a l'any 2006.” Departament de Treball I Indústria. ICAEN. Junio 2006.
Estrategia de ahorro y eficiencia energética en España 2004 – 2012. E4. Secretaria de Estado de
Energía. Junio 2003.
Estrategia de ahorro y eficiencia energética en España 2004 – 2012. E4 – Plan de acción 2005 –
2007. IDAE. Julio 2005.
B7 - DANEMARK
LE QUARTIER DE VESTERBRO
(Copenhague)
1. INTRODUCTION 180
ANNEXE 1 202
ANNEXE 2 203
8. BIBLIOGRAPHIE 204
8.1 BIBLIOGRAPHIE GENERALE 204
8.2 BIBLIOGRAPHIE PAR CHAPITRES 204
C’est sur ces deux projets qui porte l’étude présentée dans ce rapport.
La politique énergétique est définie au Danemark par l’Autorité Danoise pour l’Energie (Danish
Energy Authority), crée à la suite des problèmes d’approvisionnement des années 70. L’Autorité
est chargée de l’élaboration des lignes directrices en faveur de l’optimisation de la production et
distribution de l’énergie qui prennent en compte les engagements internationaux, la sécurité
d’approvisionnement et la rentabilité. L’Autorité joue aussi récemment un rôle de gestion des
subventions en faveur des économies d’énergie, de l’introduction de quotas de CO2 , etc.
Le gouvernement danois a présenté son dernier plan en faveur des économies d’énergie en
décembre 2004. Le plan prévoit notamment le maintien du niveau de consommations actuelles
(transports exclus) au fil des années jusqu’à 2025. Les initiatives visent à accroître l’attractivité
économique des mesures pour les économies d’énergie et endurcissent des exigences dans les
réglementations pour les bâtiments neufs et existants.
300
250
Residential Transport
29% 27%
200
[PJ]
150
100
50 service
16% Production
28%
0
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Graphique 2-1 : Evolution des besoins en Graphique 2-2 : distribution d’énergie par secteur
énergie dans le secteur résidentiel– Source: d’activité au Danemark (2004) – Source:
[CENERGIA,06] [CENERGIA,06]
Les bâtiments neufs au Danemark ont généralement aujourd’hui un niveau élevé d’isolation mais
75% des bâtiments existants ont été construits avant 1979, année du début du renforcement des
exigences concernant les performances énergétiques des bâtiments. Au fil des années le
Danemark a mis en œuvre, via les successives réglementations thermiques, une politique de plus
en plus stricte en matière de consommation. La réglementation thermique pour la période 1995-
2006 (RT95) a permis une réduction du besoin de chauffage de 25% dans les bâtiments neufs
par rapport à la réglementation précédente (1982-1995). La RT 95 a aussi introduit pour la
première fois des exigences en matière de consommations énergétiques : la valeur limite pour les
consommations est fixée à 75 kWh/m² (incluant les pertes de transmission et ventilation). La
réglementation successive (RT 06) a renforcé ces exigences et définit la valeur limite à
92kWh/m² (incluant la transmission, la ventilation mais aussi la production de chaleur et les
consommations électriques). La directive européenne sur la Performance Energétique des
- avant la livraison des bâtiments a lieu un audit sur les consommations par un conseiller
agréé (adéquation entre calculs théoriques et réalité),
- pour les bâtiments publics les économies d’énergie doivent avoir un temps de retour
inférieur à 5 ans.
La RT 06 a pour but de faciliter la mise en œuvre de l’EPBD : les exigences ont été renforcées de
25-30% par rapport à la RT95. Elle stipule que les consommations d’un bâtiment résidentiel ne
doivent pas dépasser un « cadre énergétique » calculé sur la base de la formule suivante:
2 classes de bâtiments à faible consommations sont définies au Danemark par rapport à l’atteinte
de niveaux de consommation inférieures à ceux prévus par le calcul du « cadre énergétique » :
- classe 2 pour des bâtiments ayant une consommation totale d’énergie < 75% du cadre
énergétique,
- classe 1 pour des bâtiments ayant une consommation totale d’énergie < 50% du cadre
énergétique.
Ces deux niveaux deviendront les niveaux minimum d’exigences en 2010 et 2015. La
réglementation thermique danoise prévoit aussi des exigences pour la réhabilitation lourde des
bâtiments.
Il existe au Danemark plusieurs sources de financements en faveur d’action de recherche et
développement en matière d’énergie (production, utilisation de l’électricité, énergies
renouvelables, panneaux solaires,…) au niveau de l’Etat (financements accordés par l’Autorité
Danoise pour l’Energie, Energinet.dk…) ou d’associations (Dansk Energi – NET, association des
compagnies de distribution de l’électricité…).
- en termes de production d’énergie, par une alimentation de 7 foyers sur 10 par le réseau
de chaleur urbain (chaleur est produite dans des usines de chauffage ou dans des usines
de cogénération) ou par le gaz naturel,
Solid fuel, 3%
Electricity
Heat pump, heat, 6%
0.4%
Oil, 18%
Co-generated
Natural gas,
heat, 54%
15%
DH without
electricity
generation, 4%
Graphique 2-3 : Production du chauffage pour les 2,5 millions de ménages danois (DH = district heating –réseau
de chaleur urbain) – Source: [CENERGIA,06]
La ville de Copenhague est caractérisée par une forte politique environnementale qui se traduit
dans :
- des actions à caractère exemplaire sur les bâtiments qui abritent les services municipaux
ainsi que sur les bâtiments dont elle est propriétaire ou dont elle finance la réhabilitation.
Pour les projets concernant ces derniers, la municipalité a élaboré en 1998 des
recommandations concernant les thèmes eau, chauffage, électricité, gaz, matériaux, etc.
La 3ème édition de ces recommandations a été publiée en 2006 et préconise, en termes de
consommation d’énergie pour les bâtiments neufs, des valeurs inférieures de 25% à celles
requises par la RT06.
- dans des actions de collaboration avec d’autres municipalités autour d’objectifs
environnementaux. Elle participe notamment au projet Dogme2000 qui rassemble 6
municipalités danoises et Malmö dans le but de réaliser des efforts importants pour
l’environnement. Les municipalités impliquées doivent respecter des « doctrines » dont,
par exemple, la mise en place d’un Agenda21 et le reporting de leur impact
environnemental. Elles sont soumises à des audits annuels extérieurs.
Le renouvellement urbain danois s’appuie sur des agences pour le renouvellement urbain crées
dans les années 50 à but non lucratif chargées de la programmation et de la réalisation des
projets. La politique de renouvellement urbain au Danemark, et donc aussi à Copenhague, est
basée à la fois sur la prise en compte de l’environnement et à la fois sur une forte démocratie
participative, inscrite dans des lois comme la Byfornyelseslov, « loi pour le renouvellement
urbain », de 1982. Cette loi introduit :
- une gestion décentralisée des projets : les collectivités locales sont chargées de définir les
programmes de renouvellement,
- une implication formalisée des habitants : des moments précis pour la concertation sont
intégrés dans le processus de programmation et conception. Les habitants concernés sont,
soit les propriétaires des logements, soit les membres d’associations de logements
coopératifs. Les locataires ont un droit de veto sur les actions susceptibles de générer une
augmentation de loyer comme l’installation d’une nouvelle cuisine ou d’une salle de bain.
On peut aussi mentionner, à propos du loyer, qu’il existe au Danemark des aides pour les
locataires lors de projets de renouvellement urbain ou de réhabilitation
(Byfornyelsesboligsikring). Les augmentations des loyers peuvent être échelonnées sur 5
ans, voire sur 10 ans pour les familles aux revenus les plus faibles, le reste du loyer étant
pris en charge à raison de 50% par l’Etat et de 50% par le gouvernement local,
- des aides économiques conséquents pour la réalisation des opérations de renouvellement
urbain.
Cette loi, en vigueur lors de la programmation et réalisation des projets dans le quartier
Vesterbro qui font l’objet de ce rapport, a été successivement modifiée (2003) :
- le droit de veto attribué aux locataires a été supprimé,
Le Vesterbro est un quartier qui a rencontré des problèmes soit à cause de l’état dégradé et
insalubre des bâtiments, soit par rapport au contexte social : le taux de chômage dans ce
quartier était deux fois plus élevé que la moyenne nationale et le revenu moyen était le plus
faible de Copenhague. Tout le quartier a une densité élevée (immeubles R+5 ou R+6) et la
majeure partie des logements a été construite dans la période 1870-1910. En 1991, la
municipalité de Copenhague dans son Handlingsplan, « Plan d’actions » a décidé de donner une
priorité au renouvellement urbain de ce quartier. A cette époque là, la majeure partie des
logements était des appartements loués, les propriétaires étant la Ville et des particuliers.
Le programme de renouvellement urbain dans le quartier Vesterbro visait à résoudre les
problèmes du bâti dégradé et à attirer des populations de classes moyennes. 22 îlots ont fait
Le projet de l’îlot Hedebygade a été initié en 1994 conjointement par le gouvernement et par ses
habitants. Un conseil formé de représentants de l’agence de renouvellement SBS Byfornyelse et
d’habitants porte le projet et y introduit plusieurs aspects écologiques. A cette époque le
gouvernement avait lancé son programme de subventions en faveur des réhabilitations. L’agence
SBS Byfornyelse présente un dossier de demande de subventions et le Ministère du Logement
décide de soutenir financièrement le projet. Un appel à projets est donc lancé auprès
Comité de pilotage
(Ministère de la Ville et du
Logement, municipalité de
Copenhague)
Secrétariat SBS
Byfornyelse
Groupe de coordination
(Représentants de la ville et du ministère,
municipalité de Copenhague, représentants des
locataires, des propriétaires)
Schéma 2-1 : l’organisation des acteurs dans le projet de l’îlot Hedebygade. Source : SBS Byfornyelse
Le projet de l’îlot Hedebygade, qui s’est déroulé de 1998 à 2003, représente à ce jour le projet de
réhabilitation environnementale de majeure extension et importance au Danemark.
Le projet de l’îlot Hestestalds-Karreen a été initié en 1992 avec la création d’un conseil de
locataires. Les formes de propriété et d’occupation étaient très variées : des logements
appartenant à des privés, à la ville ou à l’agence de renouvellement urbain ou à des bailleurs
sociaux en location, des logements occupés par leurs propriétaires ainsi que des logements
appartenant à des copropriétés. En 1994 l’agence Urban Renewal Copenhagen contacte le conseil
pour réaliser le programme de l’opération incluant des aspects écologiques. Le conseil accepte en
posant des conditions concernant, par exemple, la hausse du loyer, le choix du consultant, le coût
de l’opération, la présence d’un consultant choisi par les locataires, etc.
Le projet de l’îlot, nommé Visual resources balance, « Balance visuelle des ressources » devait
poursuivre les objectifs suivants :
Les objectifs recherchés dans les projets de renouvellement urbain à Vesterbro étaient
principalement la réduction des consommations pour le chauffage, l’ECS et pour l’éclairage
artificiel. Les bâtiments situés dans le quartier Vesterbro étaient des immeubles datant d’il y a
plus que 100 ans privés du moindre dispositif d’économie d’énergie (isolation inexistante et
simple vitrage) (90% du parc de logements) et dotés de systèmes de chauffage individuels. Etant
données les conditions climatiques au Danemark, la réduction des consommations dues à la
climatisation ne constituent pas un enjeu dans les projets.
L’îlot Hedebygade était constitué de 18 immeubles résidentiels et abritant des petites entreprises.
Les appartements, dont les caractéristiques rejoignent celles de la majorité des appartements
dans Vesterbro, étaient des 2 pièces surpeuplées pour la location dont 95% ne disposaient pas de
salle de bain. Le projet de renouvellement visait :
Les solutions mises en place dans l’îlot Hedebygade font appel essentiellement à :
- DP2-Flora. Ce projet propose l’utilisation de plantes pour filtrer l’air, des vitrages peu
émissifs et des oriels…,
- DP4 :-Cuisines vertes. Ce projet propose des cuisines assemblées à partir de composants
préfabriqués en matériaux ayant une longue durée de vie, de la VMC avec récupération de
chaleur, des dispositifs en faveur du tri des déchets ménagers biodégradables, des celliers
rafraîchis avec de l’air provenant des sous-sols…,
L’îlot Hestestalds-Karreen est constitué de 20 immeubles construits entre 1870-1900 dont des
immeubles d’habitation (majorité sans salle de bain), une église, une crèche, des petites
entreprises et des commerces. Le projet comprend l’aménagement du cœur de l’îlot rendu
possible grâce à la démolition de 6 bâtiments, et des actions dans les bâtiments. Comme dans le
cas de Hedebygade, la réduction du nombre d’appartements (de 303 à 269) en faveur
d’appartement plus spacieux était un des objectifs du projet.
Photo 3-4 : îlot Hestestalds-Karreen avant le projet. Photo 3-5 : îlot Hestestalds-Karreen après le projet. Source
Source [CENERGIA,06] D.Belziti, CSTB
Dans les 2 projets, Hedebygade et Hestestalds-Karreen, les habitants sont intervenus dans
l’élaboration des actions mais n’ont pas participé au choix des solutions techniques à mettre en
œuvre.
4. MISE EN ŒUVRE
Les solutions environnementales mises en œuvre dans les 2 projets n’ont pas entraîné des
problèmes de rejets de la part des habitants d’une part pour leur manque de connaissances,
d’autre part car leurs attentes de bénéficier de techniques modernes étaient élevées. Toutes les
actions prévues ont pu être réalisées grâce notamment au soutien financier du Programme de
rénovation.
Les difficultés rencontrés relèvent plus du management du projet que des aspects techniques. A
Hestestalds-Karreen :
- en raison de la complexité du projet, il a fallu l’organiser en plusieurs petits projets, dont
l’échéancier s’est révélé plus difficile à contrôler et à respecter.
- des retards et des dépenses imprévues (dépollution du sol) ont aussi retardé le planning
de réalisation des actions.
4.2 MESURES POUR ASSURER LA QUALITE DES INSTALLATIONS
Aucune exigence spécifique n’a été introduite à l’occasion des 2 projets concernant la certification
du matériel, la formation des installateurs ou l’inspection des installations La construction et les
installations ont respecté les exigences réglementaires. Au Danemark, un certificat de test doit
être produit pour les systèmes de chauffage solaires installés et l’installateur doit avoir obtenu un
certificat d’habilitation à l’installation de systèmes solaires.
Les acteurs moteurs de l’initiation des projets ont été la municipalité et les agences de
renouvellement urbain et un groupe d’habitants dans le cas de Hestestalds-Karreen. En ce qui
concerne la conception, un rôle fondamentale a été joué par les agences de renouvellement
urbain qui ont impulsé la conception environnementale, mais aussi par les consultants ayant
reversé dans les 2 projets les connaissances acquises dans des contextes de recherche européens
(comme Cenergia Energy Consultants et Esbensen Consulting Engineers) et internationaux
(comme Carl Bro byg, COWI rådgivende ingeniører A/S). Les consultants et architectes impliqués
dans les 2 projets ont été choisis via un appel d’offre sur la base de leurs compétences. Les
critères de sélection n’ont pas été définis sur la base d’une volonté de privilégier des acteurs
5. 5. EVALUATION
Graphique 5-2 : Consommations énergétiques annuelles par habitant pour chauffage et ECS à Hedebygade
(2003) (Rumvarme = chauffage Varmt vand =ECS). Source [CENERGIA,06]
- la moyenne des consommations électriques pour des usages collectifs et individuels est
d’environs 1500KWh par personne, ce qui est un critère additionnel d’appréciation
intéressant,
- la consommation du sous-projet DP8 est la plus élevée en raison de la présence d’une
pièce commune utilisée comme laverie par les habitants du bâtiment et de l’utilisation
d’électricité non produite pas des cellules photovoltaïques,
- la moyenne des émissions de CO2 par personne dues au chauffage et électricité est < 10%
de celle du parc de bâtiments de Copenhague,
Graphique 5-4 : émissions de CO2 par personne pour chauffage (Ved varme-produktion) et électricité (Ved el-
produktion). Source [CENERGIA,06]
Le tableau ci-après compare les chiffres clés du projet de l’îlot Hedebygade avec d’autres
projets :
Heat Electricity Water
[kWh/m2] [kWh/person] [Litre per person]
Ecological demonstration and experimental projects
Lowest 78 1073 89
highest 137 2232 153
average 110 1515 120
Urban renewable project
DP11 105 89
DP14 120 2039 120
Average Copenhagen 125 1501 126
Average multistorage houses in Denmark 117
Target for urban renewable project 100 2000 110
Tableau 5-1: performances du projet Hedebygade et performances d’autres projets. Source [CENERGIA, 06]
15
MWh 10
É
3
15
B
R
2
12
14
16
us
us
s
us
3-
.2
-5
A-
AR
hu
3-
ej
gh
rh
48
rh
ej
ej
ej
.g
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.v
42
1
ag
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ad
Fo
Fo
sk
sv
sv
sv
Ba
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e
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rk
+E
.v
D
10
8
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10
8
G
AL
væ
væ
væ
sg
ld
dg
ej
ej
dg
46
ej
ki
+
ej
sv
ST
ld
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as
as
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47
sv
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sv
ki
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væ
ad
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ES
dg
as
as
.g
as
te
as
H
G
br
Is
G
G
V.
Un questionnaire et des interviews ont été réalisées auprès des habitants de l’îlot Hedebygade
afin d’évaluer leur satisfaction par rapport au projet et à l’expérience vécue du processus de
rénovation. Les résultats montrent une satisfaction générale, et plus dans le détail que :
- le projet a soulevé de l’intérêt auprès des habitants et une prise de conscience sur les
aspects environnementaux même si les solutions mises en place n’ont pas complètement
répondu à leurs attentes,
- la maison commune construite au cœur de l’îlot est très appréciée même si les habitants
ne lui reconnaissent pas un rôle de renforcement de la vie sociale,
- les habitants considèrent avoir été informés sur le projet mais la majorité met en avant,
malgré les diverses initiatives d’implication, les difficultés à se « faire entendre »,
- les habitants n’ont pas d’avis homogène sur l’échangeur de chaleur et l’espace crée au
cœur de l’îlot. Ils sont d’avis favorable quant aux panneaux solaires, les vitrages peu
émissifs, l’utilisation des apports solaires passifs. Par contre, ils sont méfiants par rapport
au photovoltaïque.
Les temps long de mise en œuvre du projet ont été d’obstacle à la réalisation d’une étude de
satisfaction auprès des habitants de l’îlot Hestestalds-Karreen. De façon informelle a été relevée
une satisfaction générale. Le seul bémol est représenter par l’axe-énergie placé dans les courts
que les habitants considèrent comme consommateur d’espace et critiquent son manque de
fonction, étant donnée que sa finalité est restreinte à la sensibilisation autour des préoccupations
d’économies de ressources.
5.3 MAINTIEN DES PERFORMANCES
La maintenance des bâtiments des 2 îlots a été confiée à des entreprises spécialisées qui ont mis
en place un protocole de surveillance des performances des bâtiments afin de pouvoir enclencher
Le projet de l’îlot Hedebygade, qui a fait l’objet de rapports d’évaluation, est bien connu au
niveau national et international. Quant au projet de l’îlot Hestestalds-Karreen, le rapport
d’évaluation est prévu courant 2007.
Le renouvellement du quartier Vesterbro a impulsé par exemple :
- la création par la municipalité de Copenhague d’un fond pour l’écologie urbaine qui
subventionne des projets visant au développement de l’écologie urbaine au total à
l’hauteur d’environs 200 000 euros. Ce fond a été fermé en 2007;
- la mise en place d’une base de données des projets urbains à caractère environnementale.
6. ANALYSE CRITIQUE
Prisme) apportant des haute performances énergétiques (respect des exigences de la RT externes entraînant des restrictions dans le déploiement des dispositifs
pour des bâtiments neufs) malgré le bâti ancien performants et réduisant l’efficacité (ex : orientation non optimale des cellules
- un protocole de surveillance des performances des bâtiments mis en place par les photovoltaïques)
entreprises chargées de la maintenance - absence de préoccupations liées à ACV des matériaux
Aspects socio-économiques : Aspects socio-économiques :
- l’évaluation montrant la satisfaction des usagers - maintenance difficile économiquement et techniquement des dispositifs
- utilisation de plusieurs sources de financements (municipalité, Etat, UE) innovants comme Prisme
Management : - danger de démarches pédagogiques excessives qui visent à changer les
- l’implication des habitants dans les phases amont permettant une meilleure acceptation comportements (rejet par la population de l’axe-énergie)
Interne
du projet et, dans le cas de Hestestalds-Karreen, la co-définition des lignes directrice du - difficulté à estimer le budget nécessaire pour chaque sous-projet (non réalisation
projet de diagnostic des bâtiments préalables aux projets)
- l’implication des agences de renouvellement urbain dans la gestion économique - coûts élevés des dispositifs qui rendent les projets difficilement reproductibles en
(demande de subventions), conception des aspects environnementaux et coordinations des absence des financements conséquents mobilisés (surcoûts d’investissement de
différents sous-projets. l’ordre de +10%)
- Implication d’acteurs avec un important know-how et des bons contacts et réseaux à Management :
l’international - non implication des entreprises dans la conception des projets et manque de
- reporting et dissémination sur les résultats en tant que partie intégrante des projets avec connaissances en environnement des entreprises
des financements spécifiques - complexité des projets entraînant leur morcellement en plusieurs sous-projets
dont la coordination a été plus difficile (projet Hestestalds-Karreen)
OPPORTUNITES
Politiques :
(attributs de l'environnement)
Aspects techniques :
- alimentation 7 foyers sur 10 par le réseau de chaleur urbain ou le gaz naturel et pratique
courante d’utilisation d’isolation par l’extérieur et de vitrages peu émissifs
- exigences de certification pour l’installation des systèmes solaires
- pratique courante de suivi individuel des consommations des bâtiments (sensibilisation de
la population et production données sur le parc)
L’expérience de renouvellement urbain du quartier Vesterbro nous apprend que les facteurs
clés du succès de tels projets sont :
- participation pour appropriation, sensibilisation, acceptation :
o mise en place de dispositifs d’accompagnement (ex :
Vesterbrobyfornyelsecentre),
o mise en place de procédures intégrées au processus de programmation et
conception du projet (ex : comités d’immeubles, débats, réunions, …),
- conception intégrée d’architecture et dispositifs techniques (ex : intégration des
cellules photovoltaïques dans les façades),
- association d’acteurs ayant un certain savoir-faire,
- financements permettant de couvrir les coûts d’investissement et, plus généralement,
inscription des projets dans la stratégie environnementale de la collectivité et du pays,
- procédures d’installation, suivi et maintenance des dispositifs (ex : systèmes solaires).
7.2 ERREURS A NE PAS RERODUIRE
Les 2 projets à Vesterbro étaient intégrés dans la stratégie et dans le plan d’actions de la ville
de Copenhague pour améliorer l’efficacité énergétique du bâti. Les villes françaises peuvent
aussi lancer des programmes en faveur des performances énergétiques dans les immeubles
privés. Un exemple de dispositif à disposition des collectivités locales est l'Opération
Programmée d'Amélioration Thermique et énergétique des Bâtiments (OPATB). Les régions
sont aussi à l’initiative en France de programmes en faveur des économies d’énergie.
Plusieurs sources d’aides aux particuliers sont disponibles en France pour la réhabilitation des
bâtiments. Il s’agit d’aides fournies notamment par l’Etat sous forme de crédit d’impôts (pour
l’achat d’équipements de chauffage, matériaux d'isolation, appareils de régulation de
chauffage, équipements utilisant des énergies renouvelables), par les régions (ex :
programme ISOLTO de la région Nord-Pas-de-Calais pour faire réaliser des travaux d’isolation
des logements anciens), par l’ADEME (ex : programme HELIOS 2006), par l’ANAH mais aussi
par les banques proposant des prêts à taux réduit1 (ex : "prêt énergies renouvelables" du
Crédit Agricole). Des financements plus conséquents sont à rechercher dans les programmes
européens comme CONCERTO, ayant comme objectif la promotion de l'efficacité énergétique
et le recours aux énergies renouvelables au niveau local. Chaque projet Concerto associe
plusieurs villes européennes.
Le financement de programmes comme celui du quartier Vesterbro devraient dont pouvoir
trouver des financements en France. Toutefois un dispositif intéressant prévu par la loi est
mis en œuvre à Vesterbro ne semble pas exister en France. Il s’agit de subvention de l’Etat
permettant d’étalonner la hausse du loyer entraînée par les travaux de renouvellement
urbain durable sur plusieurs années.
7.3.4 LA CERTIFICATION DES INSTALLEURS
1 Voir annexe 1, Bâtiments à consommation d'énergie maîtrisée en France E.Loyson (CSTB), 49 p, du rapport de la
première phase du projet », « Comparaison internationale bâtiment et énergie »
Dans les 2 projets des dispositifs de récupération des eaux pluviales ont été mis en place. Il
serait intéressant d’envisager un dispositif pour faciliter l’obtention de dérogations de la
Direction des Affaires Sanitaires et Sociales pour permettre la récupération des eaux pluviales
en vue de leur réutilisation pour alimenter les chasses d’eau des toilettes.
7.3.6 LA MISE EN PLACE DE FINANCEMENTS
Dans ces projets 10% du montant est consacré aux investissements pour les aspects
écologie urbaine et technologies nouvelles, parfois innovantes. Il serait pertinent que l’on s’en
inspire dans les projets de rénovation urbaine en France en se donnant également des
objectifs de temps de retour sur investissement de 5 à 10 ans, voire plus, pour les solutions
mises en place.
7.3.7 DES CAHIERS DES CHARGES POUR DES OBJECTIFS D’EFFICACITE ENERGETIQUE ET
DE DEVELOPPEMENT DURABLE URBAIN
Gabel project
Monitoring
Solar wall
Prism
Flora
DP11
DP12
DP1
DP2
DP4
DP5
DP6
DP7
DP8
DP9
Advanced ecological solutions
Solar wall with PV-modules + +
Solar wall with installations +
Solar wall with preheating + + +
Single pipe heat distribution +
Central placed radiators + +
Heliostat +
Photovoltaic + + + +
Solar air collectors +
PV driven fans +
Vertical hotbed for green plantation +
Green plantation for air filtering + +
Standard urban renewable
inside external wall insulation +
outside external wall isulation + + +
Roof insulation + + + + + + + + +
low energy window + + + + + +
Solar heating system +
Passive solar +
Humidity controlled ventilation +
Mechanical ventilation with heat recovery + + + + + +
Chiller + + +
Prefabricated bath room +
Environmental frindly material +
Waste shaft +
Collection of rain water + +
Building energy management system +
Electricity savings + +
Water savings + +
Monitoring of water, heat and electricty + + + + + + + + + + + +
Tableau 8-1 : solutions et sous-projets à Hedebygade. Source : [CENERGIA, 06]
Management 366,144
108,468
Dissemination 172,181
Evaluation, printing 159,933
Dissemination via EU project 146,154
Conference 33,557
Sum 986,437
Schéma 9-1 : coûts des sous-projets réalisés dans l’îlot Hedebygade (devise : euros). Source :
[CENERGIA,06]
[CENERGIA, 06] Juul Larsen K., Balslev-Olesen.O (Cenergia Energy Consultants). Best
practices on energy savings in new and refurbished buildings, November 2006, 61 p.
[HQE²R] Belziti.D, Charlot-Valdieu C., Outrequin P., Deux exemples de renouvellement
durable de quartiers en Europe, Annexe 2 du Cahier HQE2R n°1, CSTB, La Calade, 2003, 62
p.
ARENE Ile-de-France -IMBE, Quartiers durables. Guide d’expériences européennes, 2005,
146 p.
Rettmeyer M., Hennequin A., Le quartier, une échelle pertinente pour appliquer et évaluer le
développement durable. Etude de sept exemples à travers l’Europe, mémoire DESS
Urbanisme et Aménagement, Institut Français d’Urbanisme, 2006, 245p.
http://u001.arch.cf0uk/petus/
http://www.cardiff.ac.uk/archi/programmes/cost8/index.html
http://papiersphotos.blog.lemonde.fr/papiersphotos/2006/05/vlo.html
www.europeangreencities.com/demoprojects/denmark_copenhagen (Descriptif de l'îlot de
Hedebygade à Vesterbro)
http://www.energie-cites.org
http://www.naec.dk/ (National Agency for Enterprise and Construction)
http://www.ds.dk/179
http://www.ens.dk/graphics/Publikationer/Laws/actsav.html (loi danoise sur les économies
d’eau et d’énergie dans les bâtiments)
8.2.1 CHAPITRE 2